Séquence : Formes et fonctions de l`apologue

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Séquence : Formes et fonctions de l`apologue
Lycée Vaucanson Tours (37)
Classe : 1ère S 633
Manuel utilisé : Textes analyse littéraire et expression, Aurégean, Cadet et alii, édition Nathan
Séquence 1 : L’autojustification dans l’entreprise d’écriture biographique
Objet(s) d'étude,
perspectives et
orientations
principales
Objet : le biographique
Problématique : Quelles justifications diverses de leur entreprise donnent les
auteurs de biographies et autobiographies dans une séquence initiale de leur
œuvre ?
1. Ernest Renan Souvenirs d'enfance et de jeunesse (1883) - Préface
2. S.G. Colette La naissance du jour (1928) - Incipit
Lectures
analytiques
3. André Maurois Lélia ou la vie de George Sand (1952) – Note liminaire
Ce texte est lu intégralement, mais seule la partie des lignes 1 à 57 fait l’objet d’une
lecture analytique
4.Jacques Lanzman Le têtard (1976) – Incipit
5. H.R Lottman Albert Camus (1978) - Avant-propos
Activités
complémentaires
- lecture de la légende de la ville d’Ys (en écho au texte de Renan)
- lectures cursives : incipits des Essais de Montaigne et des Confessions de
Rousseau (manuel p. 309 et 310)
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CLASSE : 1ère S
633
Séquence 2 : Lecture d’un récit autobiographique : Mes départs de Panaït Istrati
* Texte utilisé : Édition Folio N°4195
Objet(s) d'étude,
perspectives et orientations
principales
Objet : le biographique
Perspective : genre et registres
Problématique : comment le récit sert de support ou prétexte à
réflexions sur soi-même et sur le monde, quels épisodes-clés sont
choisis et à quelles fins.
1. (Trouver une place)
p.14 à 15 de « Par un matin » à « bonne nouvelle. »
Lectures analytiques
(passages examinés en cours)
2. (Pour l’enfant)
p.27 à 28 de « Créature fragile » à « …et que vous estropiez »
3. (La lecture du quotidien)
p.52 à 53 de « Par les après-midi » à « mes livres d’école »
4. (Le Dictionnaire Universel)
p.59 à 60 de « Plus de cafard » à « ... soigneusement possible »
5. (Adieu à l’enfance)
p.81 à 83 de « Le jour de l’enterrement » à « Adieu, mon
enfance ! »
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CLASSE : 1ère S
633
Séquence 3 : Découverte d’un recueil poétique : Une vie ordinaire de Georges Perros
* Texte utilisé : Édition Poésie- Gallimard
Objet(s) d'étude,
perspectives et orientations
principales
Objets : la poésie – le biographique
Problématique : quels registres et quelle forme sont à l’œuvre
pour donner en poésie une représentation de soi-même ?
1. p.19 « On m’a bien dit que j’étais né... »
2. p. 28 « Je suis né dans une mansarde… »
Lectures analytiques
(poèmes examinés en cours)
Lectures et activités
complémentaires
3. p. 51-52 « Nous avions tous deux le même âge »
4. p. 132-133 « Anecdotique je le suis »
- Chaque élève, individuellement ou en binôme, prend en charge le
commentaire oral d’un poème du recueil (au-delà de la liste ci-dessus)
- Lecture cursive d’autres poèmes du même recueil
- Lecture cursive : dialogue sur la poésie de Serge Gaubert, préface à
son anthologie des Poètes français des XIXème et XXème siècles, Livre
de poche N°4277
- « Parcours libre » dans l’anthologie procurée par Jacques Roubaud
128 poèmes en langue française d’Apollinaire à mai 68, édition La
bibliothèque Gallimard
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Séquence 4 : Découverte d’une œuvre théâtrale du XXème siècle : Le roi se meurt de Ionesco
* Texte utilisé : Édition Folio N° 361
Objet(s) d'étude,
perspectives et orientations
principales
Objets : le théâtre, texte et représentation
Perspective : les registres comique et tragique
Problématique : quelles représentations théâtrales sont mises en
œuvre pour traduire l’angoisse de la mort ?
1. p.11 à 14 (entrée dans la pièce)
De la description du décor à la réplique : « … nettoyer le living-room »
Lectures analytiques
(passages examinés en cours)
2. p. 71-72 (sans moi)
De « sans moi » à «…que l’on m’implore »
3. p. 78 à 81 (cérémonie)
De « les répliques qui suivent » à « …s’éteignent en moi »
4. p. 135 à la fin de la pièce
De « Il perçoit.. » à « une sorte de brume »
Lectures et activités
complémentaires
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Visionnage de l’enregistrement vidéo de la pièce dans la mise en
scène de J. Lavelli
Lecture d’une interview de J. Lavelli sur ses choix de mise en
scène
Lecture complémentaire recommandée : Rhinocéros
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CLASSE : 1ère S
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Séquence 5 : la représentation du tyran au théâtre
Objets : le théâtre, texte et représentation
Objet(s) d'étude,
perspectives et orientations
principales
Perspective : les registres comique et tragique
Problématique : quelles formes théâtrales sont mises en oeuvre pour
représenter l’exercice abusif du pouvoir ?
1. Racine Britannicus (1689) acte II sc. 6
Lectures analytiques
2. Jarry Ubu Roi (1896) Acte III sc.2 (Dans la trappe)
3. Camus Caligula (1945) acte I sc.11, manuel p 295-297
4. Ionesco Le Roi se meurt , p. 42 à 44
de « d’abord, lève-toi » à « c’est mauvais signe »
Lectures et activités
complémentaires
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Visionnage de l’interprétation vidéo d’Ubu Roi par JeanChristophe Averty (extraits)
Visionnage d’un extrait du film de K. Brannagh Henry V d’après
Shakespeare
Lecture cursive : lettre d’Alfred Jarry à Lugné-Poe (1896)
Lecture intégrale demandée : Ubu Roi de Jarry
Lecture cursive : extrait de Les Mouches de Sartre
CLASSE : 1ère S
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Séquence 6 : l’Encyclopédie, une arme pour les Lumières
Objet : un mouvement littéraire et culturel, les Lumières
Objet(s) d'étude,
perspectives et orientations
principales
Perspective : initiation à l’histoire culturelle
Problématique : sur quels principes et sur quels moyens s’appuie le
combat des philosophes du XVIIIème siècle ?
1. Kant Réponse à la question : qu’est-ce que les Lumières ? (1784)
manuel p. 40
Lectures analytiques
2. Damilaville article « Paix » de l’Encyclopédie
manuel p. 46-47
3. Diderot article « Encyclopédie »
manuel p. 45
4. Diderot Article « Agnus Scythicus »
L’ensemble de cet article est lu, seule la partie
Lectures et activités
complémentaires
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Lecture cursive : article « Philosophe » - manuel p. 48)
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Séquence 7 : Formes et fonctions de l’apologue
Objet : convaincre et persuader
Objet(s) d'étude,
perspectives et orientations
principales
Perspectives : les registres, l’argumentation
Problématique : L’apologue a-t-il toujours un sens universel, ou bien la
« leçon » qu’il donne est-elle liée au contexte historique et culturel ?
1. Évangile selon St Matthieu Parabole du semeur
Lectures analytiques
2. La Fontaine Le laboureur et ses enfants (1688)
3. Diderot Pensées sur l’interprétation de la Nature (1753)
4. D’Holbach Conte oriental in Le Bon Sens, ou les idées naturelles
opposées aux idées surnaturelles (1772)
5. De Gourmont Fable parue dans Le Gaulois
Lectures et activités
complémentaires
Lectures intégrales demandées :
2 contes philosophiques de Voltaire :
• Le monde comme il va
• Jeannot et Colin
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CLASSE : 1ère S
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« Monsieur,
Vous me demandez de venir passer une huitaine de jours chez vous, c'est-à-dire
auprès de ma fille que j'adore. Vous qui vivez auprès d'elle, vous savez combien je la
vois rarement, combien sa présence m'enchante, et je suis touchée que vous m'invitiez
à venir la voir. Pourtant, je n'accepterai pas votre aimable invitation, du moins pas
maintenant. Voici pourquoi : mon cactus rose va probablement fleurir. C'est une plante
très rare, que l'on m'a donnée, et qui, m'a-t-on dit, ne fleurit que sous nos climats tous
les quatre ans. Or, je suis déjà une très vieille femme, et, si je m'absentais pendant que
mon cactus rose va fleurir, je suis certaine de ne pas le voir refleurir une autre fois...
Veuillez donc accepter, Monsieur, avec mon remerciement sincère, l'expression de mes
sentiments distingués et de mon regret. »
Ce billet, signé « Sidonie Colette, née Landoy », fut écrit par ma mère à l'un de mes
maris, le second. L'année d'après, elle mourait, âgée de soixante-dix-sept ans.
Au cours des heures où je me sens inférieure à tout ce qui m'entoure, menacée par
ma propre médiocrité, effrayée de découvrir qu'un muscle perd sa vigueur, un désir sa
force, une douleur la trempe affilée de son tranchant, je puis pourtant me redresser et
me dire : « je suis la fille de celle qui écrivit cette lettre, - cette lettre et tant d'autres, que
j'ai gardées. Celle-ci, en dix lignes, m'enseigne qu'à soixante-seize ans elle projetait et
entreprenait des voyages, mais que l'éclosion possible, l'attente d'une fleur tropicale
suspendait tout et faisait silence même dans son coeur destiné à l'amour. Je suis la fille
d'une femme qui, dans un petit pays honteux, avare et resserré, ouvrit sa maison
villageoise aux chats errants, aux chemineaux et aux servantes enceintes. Je suis la fille
d'une femme qui, vingt fois désespérée de manquer d'argent pour autrui, courut sous la
neige fouettée de vent crier de porte en porte, chez les riches, qu'un enfant, près d'un
âtre indigent, venait de naître sans langes, nu sur de défaillantes mains nues... Puissé-je
n'oublier jamais que je suis la fille d'une telle femme qui penchait, tremblante, toutes ses
rides éblouies entre les sabres d'un cactus sur une promesse de fleur, une telle femme
qui ne cessa elle-même d'éclore, infatigablement, pendant trois quarts de siècle... »
Maintenant que je me défais peu à peu et que dans le miroir peu à peu je lui
ressemble, je doute que, revenant, elle me reconnaisse pour sa fille, malgré la
ressemblance de nos traits... A moins qu'elle ne revienne quand le jour point à peine, et
qu'elle ne me surprenne debout, aux aguets sur un monde endormi, éveillée, comme
elle fut, comme souvent je suis, avant tous...
Avant presque tous, ô ma chaste et sereine revenante ; mais je ne pourrais te
montrer ni le tablier bleu chargé de la provende des poules, ni le sécateur, ni le seau de
bois... Debout avant presque tous, mais sur un seuil marqué d'un pas nocturne, mais
demi-nue dans un manteau palpitant hâtivement endossé, mais les bras tremblants de
passion et protégeant -ô honte, ô cachez-moi- une ombre d'homme, si mince...
« Ecarte-toi, laisse que je voie, me dirait ma très chère revenante... Ah ! N'est-ce pas
mon cactus rose qui me survit, et que tu embrasses ? Qu'il a singulièrement grandi et
changé ! ... Mais, en interrogeant ton visage, ma fille, je le reconnais. Je le reconnais à ta
fièvre, à ton attente, au dévouement de tes mains ouvertes, au battement de ton coeur
et au cri que tu retiens, au jour levant qui t'entoure, oui, je reconnais, je revendique tout
cela. Demeure, ne te cache pas, et qu'on vous laisse tous deux en repos, toi et lui que tu
embrasses, car il est bien, en vérité, mon cactus rose, qui veut enfin fleurir. »
Sidonie-Gabrielle COLETTE La naissance du jour (Flammarion, 1928)
Lycée VAUCANSON Tours (37)
CLASSE : 1ère S
633
Une des légendes les plus répandues en Bretagne est celle d' une prétendue ville
d'Is, qui, à une époque inconnue, aurait été engloutie par la mer. On montre, à divers
endroits de la côte, l'emplacement de cette cité fabuleuse, et les pêcheurs vous en
font d'étranges récits. Les jours de tempête, assurent-ils, on voit, dans le creux des
vagues, le sommet des flèches de ses églises ; les jours de calme, on entend monter
de l'abîme le son de ses cloches, modulant l'hymne du jour. Il me semble souvent que
j'ai au fond du coeur une ville d'Is qui sonne encore des cloches obstinées à
convoquer aux offices sacrés des fidèles qui n' entendent plus. Parfois je m'arrête
pour prêter l'oreille à ces tremblantes vibrations, qui me paraissent venir de
profondeurs infinies, comme des voix d'un autre monde. Aux approches de la
vieillesse surtout, j'ai pris plaisir, pendant le repos de l'été, à recueillir ces bruits
lointains d' une Atlantide disparue.
De là sont sortis les six morceaux qui composent ce volume. Les Souvenirs
d'enfance n'ont pas la prétention de former un récit complet et suivi. Ce sont, presque
sans ordre, les images qui me sont apparues et les réflexions qui me sont venues à
l'esprit, pendant que j'évoquais ainsi un passé vieux de cinquante ans. Goethe choisit,
pour titre de ses mémoires, vérité et poésie, montrant par là qu'on ne saurait faire sa
propre biographie de la même manière qu'on fait celle des autres. Ce qu'on dit de soi
est toujours poésie. S'imaginer que les menus détails sur sa propre vie valent la peine
d'être fixés, c'est donner la preuve d'une bien mesquine vanité. On écrit de telles
choses pour transmettre aux autres la théorie de l'univers qu'on porte en soi. La forme
de Souvenirs m'a paru commode pour exprimer certaines nuances de pensée que
mes autres écrits ne rendaient pas. Je ne me suis nullement proposé de fournir des
renseignements par avance à ceux qui feront sur moi des notices ou des articles.
Ernest RENAN Souvenirs d'enfance et de jeunesse, préface (1883)
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CLASSE : 1ère S
NERON
Je pouvais de ces lieux lui défendre l'entrée;
Mais, Madame, je veux prévenir le danger
Où son ressentiment le pourrait engager.
Je ne veux point le perdre. Il vaut mieux que lui-même
Entende son arrêt de la bouche qu'il aime.
Si ses jours vous sont chers, éloignez-le de vous
Sans qu'il ait aucun lieu de me croire jaloux.
De son bannissement prenez sur vous l'offense;
Et soit par vos discours, soit par votre silence,
Du moins par vos froideurs, faites-lui concevoir
Qu'il doit porter ailleurs ses voeux et son espoir.
JUNIE
Moi! Que je lui prononce un arrêt si sévère!
Ma bouche mille fois lui jura le contraire.
Quand même jusque-là je pourrais me trahir,
Mes yeux lui défendront, Seigneur, de m'obéir.
NERON
Caché près de ces lieux, je vous verrai, Madame.
Renfermez votre amour dans le fond de votre âme.
Vous n'aurez point pour moi de langages secrets
J'entendrai des regards que vous croirez muets;
Et sa perte sera l'infaillible salaire
D'un geste ou d'un soupir échappé pour lui plaire.
JUNIE
Hélas! si j'ose encor former quelques souhaits,
Seigneur, permettez-moi de ne le voir jamais.
SCENE IV
NERON, JUNIE, NARCISSE
NARCISSE
Britannicus, Seigneur, demande la Princesse
Il approche.
NERON
Qu'il vienne.
JUNIE
Ah! Seigneur.
NERON
Je vous laisse.
Sa fortune dépend de vous plus que de moi.
Madame, en le voyant, songez que je vous vois.
[...]
SCENE VI
JUNIE, BRITANNICUS, NARCISSE
BRITANNICUS
Madame, quel bonheur me rapproche de vous ?
Quoi? je puis donc jouir d'un entretien si doux?
Mais parmi ce plaisir quel chagrin me dévore!
633
Lycée VAUCANSON Tours (37)
CLASSE : 1ère S
Hélas! puis-je espérer de vous revoir encore ?
Faut-il que je dérobe, avec mille détours,
Un bonheur que vos yeux m'accordaient tous les jours ?
Quelle nuit ! Quel réveil! Vos pleurs, votre présence
N'ont point de ces cruels désarmé l'insolence ?
Que faisait votre amant? Quel démon envieux
M'a refusé l'honneur de mourir à vos yeux ?
Hélas! dans la frayeur dont vous étiez atteinte,
M'avez-vous en secret adressé quelque plainte ?
Ma Princesse, avez-vous daigné me souhaiter ?
Songiez-vous aux douleurs que vous m'alliez coûter ?
Vous ne me dites rien ? Quel accueil! Quelle glace!
Est-ce ainsi que vos yeux consolent ma disgrâce ?
Parlez. Nous sommes seuls : notre ennemi trompé,
Tandis que je vous parle, est ailleurs occupé.
Ménageons les moments de cette heureuse absence.
JUNIE
Vous êtes en des lieux tout pleins de sa puissance.
Ces murs mêmes, Seigneur, peuvent avoir des yeux;
Et jamais l'Empereur n'est absent de ces lieux.
BRITANNICUS
Et depuis quand, Madame, êtes-vous si craintive ?
Quoi ? déjà votre amour souffre qu'on le captive ?
Qu'est devenu ce coeur qui me jurait toujours
De faire à Néron même envier nos amours ?
RACINE Britannicus (1689)
633