Le mot des petities soeurs
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Le mot des petities soeurs
N° 4 – Février 2009 Le mot des petites sœurs Le Bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis. St Jean, X, 11. Bien chers amis, L’Eglise entière résonne de l’actualité de ces jours : la levée des excommunications des évêques de la Fraternité saint Pie X, et l’immense espérance qu’elle fait naître chez tous ses enfants. Nous partageons évidemment cette joie et cette espérance, mais nous savons aussi que l’Eglise vit plus profondément qu’au niveau de l’actualité, si sympathique et religieuse soit-elle ! Ce qui fait vivre l’Eglise, c’est l’Esprit de son fondateur, Notre Seigneur Jésus-Christ. Ce qui fait vivre l’Eglise, ce sont tous les fidèles chrétiens qui vivent de cet esprit. Ce qui fait vivre l’Eglise, ce sont les chrétiens qui écoutent l’appel de Dieu et y répondent, toutes ces vocations qui ont fleuri au cours des siècles et continuent aujourd’hui, silencieusement souvent, de porter le poids de l’évangélisation du monde. Oui, l’Eglise est riche surtout de cela, et là sont les plus beaux signes de la bénédiction de Dieu. Nous sommes alors conscients de la grâce de notre petite fondation de sœurs qui s’approfondit de jour en jour, travaille déjà au champ du Maître, et surtout se prépare dans le silence aux grandes responsabilités futures. Nous pensons aussi aux vocations à venir… Plusieurs jeunes filles veulent nous visiter les mois prochains, attirées par l’idéal de la vie apostolique. Nous ferons donc une neuvaine de prière au Saint-Esprit et à la Sainte Vierge du 16 au 24 février prochain pour demander à Dieu des vocations, vous proposant d’y participer, chacun à votre place, par la récitation des litanies du saint Esprit et du souvenez-vous à la Sainte Vierge. Pour des nouvelles plus matérielles, nous avons été très touchés de votre générosité, dons en nature pour beaucoup, dons financiers aussi, qui nous remplissent d’une vraie reconnaissance pour votre soutien. Grâce à ces dons, nous avons pu acheter et installer des chauffages portatifs pour les sœurs qui ne souffrent plus du tout du froid : le moral est au beau fixe ! Les sœurs prient spécialement pour chacun de vous au cours de leur adoration du soir, et font célébrer une Messe par mois à toutes vos intentions. Au travail pour l’Eglise ! Que la Sainte Vierge vous garde tous ! Abbé Henri Forestier La confiance Souviens-toi, ô homme, que tu es poussière et que tu retourneras en poussière (Gen, III, 19). Ce sont les paroles que nous entendons quand le prêtre met les cendres sur nos fronts. Le mercredi des Cendres commence le Carême, qui est le temps de la pénitence, de la mortification et du grand jeûne, en vue de préparer notre âme à la grande fête de Pâques. 2 Il ne faut pas oublier que le jeûne va de pair avec la prière, et notre prière doit être humble, persévérante et confiante. L’humilité est représentée par les cendres ; la persévérance, nous avons quarante jours à l’exercer ; reste la confiance. Ecoutons ce que nous propose l’Eglise, notre bonne Mère, dans le Graduel de cette Messe du mercredi des Cendres : Ayez pitié de moi, Seigneur, ayez pitié de moi, car mon âme en Vous se confie. C’est à la confiance que nous invite l’Eglise au début de chaque Carême. Certes, notre 2 bagage, le lourd poids de nos péchés, nous pèse beaucoup. Et encore plus si l’on pense : quelle offense pour le Bon Dieu ! Pour Celui qui est la Charité même, la Miséricorde infinie ! Voilà la clef de notre conversion : la miséricorde de Dieu. Car c’est justement en cela que consiste notre préparation à Pâques, notre jeûne, notre pénitence et notre prière. Il faut se convertir ! Il faut abandonner le mauvais chemin pour prendre le bon, abandonner le bon pour prendre le meilleur… et aimer toujours davantage. C’est un vrai combat. Et dans ce combat, il faut se tourner vers la miséricorde divine. C’est dans l’amour que notre misère va se consumer, c’est en plaçant notre confiance en Dieu et non en nos propres forces que nous irons vers la sainteté, que nous remporterons ce combat, que nous gagnerons le ciel, en luttant contre nous-mêmes, contre nos défauts, en faisant de plus en plus plaisir au bon Dieu. Le psaume 84 nous dit : Yahvé des armées, heureux l’homme qui se confie en Vous ! (Ps. 84, 13). Oui, heureux est-il, car il sera dans son combat comme cette armée de l’Ancien Testament : Ils furent aidés contre eux, et les Agaréens et tous ceux qui étaient avec eux furent livrés entre leurs mains. Car ils avaient crié vers Dieu pendant le combat, et Il les avait exaucés parce qu’ils s’étaient confiés en Lui (1 Chr.V, 20). Et, dans un autre passage : Eux, se confient dans leurs armes et des charges 3 hardies ; nous, c’est en Dieu, Maître de toutes choses, qui peut d’un signe renverser ceux qui viennent nous attaquer et l’univers même, que nous mettons notre confiance (2 Mac. VIII, 18). Faisons donc notre choix : nos propres forces ou celles du bon Dieu. Pensons aux paroles d’Isaïe : Jamais on n’a entendu, nul œil n’a vu un Dieu autre que Vous, agir ainsi pour qui espère en Lui (Is. LXIV, 3). Et disons avec lui : Voici le Dieu de ma délivrance ; j’ai confiance et je ne crains pas ; car ma force et ma louange, c’est Yahvé ; Yahvé a été pour moi le salut (Is. XII, 2). Seulement, n’oublions pas qu’une conversion est un combat, et qu’un combat, ce n’est pas le moment de se reposer, de paresser au soleil et de ne rien faire. Non ! C’est tout le contraire ! Le ciel n’est pas pour les paresseux. C’est à nous de faire le premier pas. Regrettons donc nos péchés, tâchons de plaire au bon Dieu, et jetons-nous dans ses bras sans regarder en arrière ! Il fait noir ? Ce n’est pas grave, Dieu est Lumière. Vous êtes faible ? Cela ne fait rien, Dieu est fort. Vous ne comprenez rien ? Peu importe, Dieu sait tout. Vous avez beaucoup péché ? Ce n’est rien. Vous avez regretté vos péchés ? Alors, que faites-vous encore là ? Le bon Dieu, votre bon Père du ciel, vous attend. Jetez-vous dans ses bras, ayez confiance, aimez, ne Le faites plus attendre ! C’est cela qui Le fait souffrir. Il nous aime, et nous hésiterions à nous donner complètement, à Lui offrir nos faiblesses pour qu’Il nous transforme dans le feu de son amour et de sa miséricorde ? Courage, mes fils ; criez au Seigneur, et Il vous arrachera à la puissance, aux mains de vos ennemis (Bar. IV, 21). Sœur Maria Maksymiliana 4 Au pays des sœurs… Les enfants sont au rendez-vous ce samedi 20 décembre pour le patronage. Ils confectionnent avec soin de jolies étoiles en origami dont ils ne sont pas peu fiers ! Et pour bien préparer Noël, ils récitent une dizaine de chapelet et chantent un cantique devant la crèche. Au goûter, nous souhaitons un joyeux anniversaire à Rose-Anne qui a préparé pour l’occasion un excellent gâteau. 5 Début janvier : il fait froid au pays des sœurs ! Le thermomètre atteint les -15°, les vitres gèlent à l’intérieur, et plus de poêle à bois … il est en réparation ! Résultat : Deux des sœurs tombent malades et nous nous voyons contraintes de suspendre Laudes et Complies pour une semaine ! Après la Messe de Minuit, un bon chocolat chaud attend les paroissiens sur le parvis, et c’est dans une ambiance très chaleureuse que nous nous réunissons tous autour des tables garnies de gâteaux. Mardi 20 Janvier : Premier cours avec M. l’abbé Perrel. Au programme : les épîtres de St Paul… et, à l’occasion, un peu de liturgie ! Depuis quelques semaines, nouvelle activité : les corvées de bois et l’entretien des feux de la chapelle et de la maison rythment nos journées d’hiver. Ce mois-ci, sœur Maria Maksymiliana nous fait découvrir la cuisine polonaise et les spécialités de sa ville natale : soupe de betteraves et crèmes au goût de bonbons ! Merci à sa maman qui nous a envoyé d’excellentes de chocolat ! Béatrice Lundi 6 Sainte Marguerite de Cortone Marguerite naquit en 1247 à Laviano, petit village de l’Ombrie ; son père, Tancrède Barthélémy, était un très modeste cultivateur ; sa mère l’éleva avec un soin tout religieux, mais elle mourut alors que Marguerite n’avait encore que sept ans. Tancrède se remaria deux ans plus tard et donna à sa fille une marâtre au cœur dur. Aussi Marguerite ne tardat-elle pas à chercher hors de la maison paternelle une diversion à ses chagrins. A quinze ans, c’était une jeune fille d’une grande beauté. Insouciante, ardente, abandonnée à elle-même, elle devait être la proie du premier qui saurait toucher son cœur. Elle n’avait que dix-sept ans quand Guillaume del Pecora, fils du seigneur de Valiano, lui promettant de l’épouser, réussit à la séduire et l’emporta dans sa villa, près de Montepulciano. Le mariage n’eut pas lieu, mais la malheureuse jeune fille consentit à rester avec son séducteur, qui lui donna un fils. Du reste, il la traitait avec honneur, l’entourait d’hommages, lui formait comme une cour dont elle était la reine adulée. Mais Marguerite, dans ce bonheur humain, entendait parler haut sa conscience : A Montepulciano, dit-elle plus tard, j’ai tout perdu : l’honneur, la dignité, la paix, tout hormis la foi. C’était la foi toujours vivante en elle qui lui arrachait parfois d’étranges paroles : Oh ! Qu’on serait bien ici ! s’écriait-elle en visitant une solitude. Qu’il ferait bon d’y prier ! Qu’on y ferait bien pénitence ! Malgré les troubles de son âme et son chagrin secret, malgré les appels de la grâce, Marguerite demeurait dans son péché. Pour l’en faire sortir, il fallait un coup de foudre. Un jour, Guillaume partit pour un court voyage. Le surlendemain, Marguerite vit venir à elle un chien qui toujours accompagnait le seigneur de Valiano. L’animal poussait des cris plaintifs, tirait sa maîtresse par sa robe, cherchait à l’entraîner. Inquiète, elle le suivit ; il la mena dans la forêt. Là, sous un amoncellement de feuilles mortes, la 7 jeune femme découvrit le cadavre, déjà en décomposition, de son séducteur : il avait été assassiné et enfoui sous ce feuillage. A cette vue, toute sa foi remonta à son cœur ; ses larmes éclatèrent. Elle revint en hâte à la ville ; sa résolution était prise, aussi soudaine que définitive. Elle quitta ses riches vêtements, reprit sa robe de bure paysanne et, son fils à la main, se dirigea vers Laviano. Il y avait neuf ans qu’elle avait quitté la maison paternelle. Mais le temps n’avait pas adouci la rancune de sa marâtre ; elle força Tancrède à fermer à sa malheureuse fille la porte de la chaumière. Marguerite, tête basse sous l’affront, s’éloigna sans parole et alla pleurer dans le jardin. Alors la tentation lui vint : puisqu’elle était rejetée, bannie même par son père, pourquoi essayer une vie qui ne lui apporterait que des douleurs ? Jeune, belle, connue déjà pour ses charmes et son esprit, elle n’aurait pas de peine à trouver un de ces protecteurs qui donnent l’or du moins, en paiement du déshonneur. Mais dans ce violent assaut la grâce fut encore la plus forte ; Marguerite décida : plutôt mendier mon pain que de recommencer mes années écoulées ! Si mon père de la terre me repousse, mon Père du ciel m’accueillera. Elle se leva et entendit une voix : va à Cortone et cherche la direction des Frères Mineurs ! Aussitôt elle prit la route montueuse de Cortone, emmenant avec elle son enfant. Marguerite s’agenouilla en pleurs dans l’église des Frères Mineurs. Elle fixait les yeux sur le crucifix, perdue dans une contemplation angoissée ; sur son visage se lisaient la honte, le repentir, l’immense désir d’un pardon qu’elle n’osait peut-être même pas solliciter. Et voici que des lèvres du Christ une voix miséricordieuse se fit entendre à l’âme désolée : Que veux-tu, pauvrette ? Et elle, sans hésitation, de répondre : Je ne cherche, je ne veux rien que vous, ô Seigneur Jésus ! Ce fut le Père Giunda Bevegnati qui se chargea de l’âme de Marguerite ; sous sa forte et miséricordieuse direction, elle fit sans tarder les plus merveilleux progrès. La pauvrette n’avait plus qu’un vœu : pleurer ses fautes et les réparer dans l’humiliation et la douleur. Elle coupa son opulente chevelure, noircit son visage, se vêtit en pauvresse ; dans le réduit qui lui avait été prêté, elle ne vécut que de pain, de légumes et d’eau, et multiplia les austères pratiques de pénitence corporelle. Elle ne souffrait pas qu’on 8 l’appelle autrement que la grande ou la pauvre pécheresse. Les yeux baissés toujours, elle demandait et quêtait les réprimandes et les outrages. Elle aurait voulu obtenir du Père Bevegnati la permission de se faire traîner à Montepulciano, qui l’avait vue parée et triomphante, en haillons, tête rasée, visage voilé, corde au cou, tandis que la femme qui la conduirait crierait à haute voix : La voilà, cette infâme pécheresse qui par son orgueil et ses scandales a perdu tant d’âmes dans cette ville ! Il lui accorda seulement de faire amende honorable de ses égarements dans son village natal. En même temps, Marguerite donnait ses soins aux malades et aux pauvres. Elle se faisait mendiante, afin de les soulager, et put ainsi fonder un hôpital de la Miséricorde ; elle ouvrit aussi aux pèlerins, fréquents à cette époque, un hospice qui les reçut, et fonda, en la mettant sous la direction des Frères Mineurs, une congrégation de femmes qui pourvoirait plus constamment aux besoins des hospitalisés. Cependant elle consacrait de longues heures à la prière, dans l’église des Frères, devant ce crucifix qui lui avait miraculeusement parlé, ou dans sa petite cellule. Ses extases se multipliaient : Dieu lui révélait alors que ses péchés lui étaient pardonnés ; Il lui disait qu’Il la destinait à être une preuve éternelle qu’Il était toujours prêt à ouvrir les bras de sa miséricorde à l’enfant prodigue qui revenait dans la sincérité de son cœur. Enfin Il lui manifesta sa volonté de la voir s’enfermer dans une solitude plus profonde ; Il lui en désigna le lieu : une masure bâtie sur les glacis de la citadelle de Cortone et contiguë à un vieux sanctuaire bénédictin dédié à Saint Basile le Grand. C’est là qu’elle s’enferma en 1288, avec une compagne. Dès lors elle vécut dans la contemplation. Elle entendit son divin Maître lui demander, comme à saint Pierre : Marguerite, m’aimes-tu ? - Ah ! Seigneur, répondit-elle, non seulement je vous aime, mais je voudrais habiter dans votre cœur. - Pénètres-y donc, reprit Jésus, et qu’il soit ton refuge ! Une autre fois, Il lui ordonna de mettre son doigt dans les plaies de ses mains divines, et soudain lui découvrit, béante et resplendissante de lumière, la plaie de son côté et son cœur blessé d’amour pour elle. Elle demeura dans sa réclusion huit années entières. Enfin, le 3 janvier 1297, un ange lui annonça que le 22 février suivant l’hiver 9 ferait place au printemps éternel du paradis. Alors la maladie s’empara de son pauvre corps qu’elle avait tant mortifié. Depuis le 5 février, elle fut incapable de prendre aucune autre nourriture que la sainte Eucharistie. Et, le 22 au matin, ayant reçu les sacrements, elle rendit le dernier soupir, tandis qu’aux yeux d’un saint contemplatif de Citta del Castello, elle s’élevait au ciel sous la forme d’un globe de feu, accompagnée d’une escorte d’âmes délivrées du purgatoire en vertu de ses mérites. Sainte Marguerite de Cortone est fêtée le 22 février, mais son nom de ne figure pas dans le calendrier de l’Eglise universelle. D’après la Vie des Saints du Père R. Moreau Marie Cartier Au centre, sainte Marie-Madeleine aux pieds de Notre-Seigneur ; à gauche de la scène, sainte Marguerite de Cortone ; à droite, la bienheureuse Angèle de Foligno. (Couvent des frères Capucins de Clermont-Ferrand) Les petites sœurs du Bon Pasteur Tél. : 06 66 06 47 94 1, place Alexandre Rillié 28 290 Courtalain site Internet : http ://asibp.free.fr email :sœ[email protected] 10