Méthodes chromatographiques
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Méthodes chromatographiques
ARTICLE TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR L’expertise technique et scientifique de référence Techniques de l'Ingénieur p1445 p2645 Spectrométrie de masse - Principe Méthodes chromatographiques - Introduction et appareillage 10/04/1996 Date de publication : 12/09/2014 Par : Guy BOUCHOUX Marcel CAUDE Professeur à l’université Paris XI (Orsay), École DCMR, Palaiseau Ingénieur du Conservatoire National des Arts et Polytechnique, Métiers (CNAM), Docteur ès sciences, Directeur de Recherche au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) Michel SABLIER Alain JARDY Chargé de recherches au CNRS, École Polytechnique, DCMR, Palaiseau Ingénieur CNAM, Docteur ès sciences, Maître de Conférences à l'École Supérieure de Physique et Chimie de Paris Guy BOUCHOUX Professeur à l’université Paris XI (Orsay), École Polytechnique, DCMR, Palaiseau Michel SABLIER Chargé de recherches au CNRS, École Polytechnique, DCMR, Palaiseau Cet article fait partie de la base documentaire : Mesures - Analyses Chromatographie et techniques séparatives Dans le pack : Techniques Mesures - Analyses d'analyse Mesures - Analyses et dans l’univers : Technolgies de l’information Cet article peut être traduit dans la langue de votre choix. Accédez au service Traduction à la demande dans votre espace « Mon compte ». (Service sur devis) 15/09/2015 Document délivré le : 23/06/2014 7200045062 universite de toulouse////marie 194.214.185.129 Pour le compte : 7200100403 -- techniques ingenieur LESAVRE // 217.109.84.129 Pour toute question : Service Relation clientèle - Techniques de l’Ingénieur 249 rue de Crimée - 75019 - Paris par mail [email protected] ou au téléphone 00 33 (0) 1 53 35 20 20 Copyright © © 2014 2015 | Techniques Techniques de de l’Ingénieur | tous droits réservés Copyright l'Ingénieur Ce document a été délivré pour le compte de 7200045062 - universite de toulouse // 194.214.185.129 Méthodes chromatographiques Introduction par Marcel CAUDE Ingénieur du Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM) Docteur ès sciences Directeur de Recherche au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) et Alain JARDY Parution : avril 1996 - Ce document a été délivré pour le compte de 7200045062 - universite de toulouse // 194.214.185.129 Ingénieur CNAM Docteur ès sciences Maître de Conférences à l’École Supérieure de Physique et Chimie de Paris tiwekacontentpdf_p1445 1. Principe....................................................................................................... 2. 2.1 2.2 2.3 Classification selon la finalité .............................................................. Chromatographie analytique...................................................................... Chromatographie préparative .................................................................... Analyse de traces et traitement de l’échantillon...................................... PE 1445 - 3 — — — — 5 5 7 7 Bibliographie ...................................................................................................... — 7 ien que certains historiens fassent remonter l’origine de la chromatographie jusqu'à l’Antiquité, on retient, généralement, les travaux du botaniste russe Tswett, qui, en séparant les pigments de la chlorophylle sous la forme d’anneaux colorés sur une colonne remplie de carbonate de calcium, a donné le nom de chromatographie (séparation selon les couleurs) à la méthode (1903). Ont été rassemblées ici quelques grandes dates de l’évolution de la chromatographie : 1903 − Séparation de pigments (Tswett) 1931 − Séparations préparatives (Kuhn et Lederer) 1938 − Chromatographie sur couche mince (Ismailov et Shraiber) 1939 − Chromatographie par échange d’ions (Samuelson) 1941 − Chromatographie de partage (Martin et Synge) 1952 − Chromatographie en phase gazeuse sur colonnes remplies (James et Martin) 1954 − Séparation des acides aminés par chromatographie d’échange d’ions (Moore et Stein) 1959 − Chromatographie en phase gazeuse sur colonnes capillaires (Golay) 1962 − Chromatographie en phase supercritique (Klesper) 1968 − Chromatographie en phase liquide à haute performance (Giddings et Kirkland) Comme on le constate, peu de techniques analytiques ont connu un essor comparable ni aussi diversifié que la chromatographie au cours de cinq dernières décennies. Ce succès tient, dans une large mesure, au fait que se trouvent associés une méthode séparative rapide et performante et des détecteurs sensibles et variés permettant non seulement, une quantification des espèces séparées, mais aussi, pour certains d'entre eux, une identification des espèces. De ce fait, la chromatographie se prête bien à l’analyse de mélanges complexes tels ceux que l’on peut rencontrer dans des domaines aussi différents que les produits pétroliers, les polymères ou les fluides biologiques et à l’ana- B Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation Ce document a été délivré pour le compte de 7200045062 - universite de toulouse // 194.214.185.129 PE 1 445 − 1 Ce document a été délivré pour le compte de 7200045062 - universite de toulouse // 194.214.185.129 lyse de traces dans des milieux aussi variés que l’étude de l’environnement ou le contrôle de la pureté optique de molécules thérapeutiques. Abréviations et sigles couramment utilisés avec les méthodes chromatographiques Général HEPT Hauteur équivalente à un plateau théorique HETP Height equivalent to a theoretical plate CGV Chromatographie à grande vitesse HSC High speed chromatography CPG Chromatographie en phase gazeuse GC CGS Chromatographie gaz-solide GSC Gas-solid chromatography CGL Chromatographie gaz-liquide GLC Gas-solid chromatography Chromatographie en phase gazeuse Gas chromatography Parution : avril 1996 - Ce document a été délivré pour le compte de 7200045062 - universite de toulouse // 194.214.185.129 Chromatographie en phase liquide tiwekacontentpdf_p1445 CPL Chromatographie en phase liquide LC Liquid chromatography CLHP Chromatographie en phase liquide à haute performance HPLC High-performance liquid chromatography CLS Chromatographie liquidesolide LSC Liquid-solid chromatography CLL Chromatographie liquideliquide LLC Liquid-liquid chromatography CPPI Chromatographie de partage à polarité de phases inversée RPC Reversed-phase chromatography NPC Normal-phase chromatography BPC Bonded-phase chromatography IEC Ion-exchange chromatography CEI Chromatographie d'échange d’ions CI Chromatographie ionique IC Ion chromatography CII Chromatographie d’interactions ioniques IIC Ion-intersection chromatography CES Chromatographie d’exclusion stérique SEC Size-exclusion chromatography CPG Chromatographie de perméation sur gel GPC Gel permeation chromatography CFG Chromatographie de filtration sur gel GFC Gel filtration chromatography CEL Chromatographie d’échange de ligands LEC Ligand-exchange chromatography FFF Fractionement flux force FFF Field flow fractionation CP Chromatographie planaire PC Planar chromatography CCM Chromatographie sur couche mince TLC Thin-layer chromatography CPC Chromatographie de partage centrifuge CPC Centrifugal partition chromatography CCC Chromatographie à contre-courant CCC Counter-current chromatography CLLC Chromatographie liquideliquide centrifuge CLLC Centrifugal liquid-liquid chromatography PSC Phase stationnaire chirale CSP Chiral stationary phase PE 1 445 − 2 Ce document a été délivré pour le compte de 7200045062 - universite de toulouse // 194.214.185.129 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation Ce document a été délivré pour le compte de 7200045062 - universite de toulouse // 194.214.185.129 _____________________________________________________________________________________________________ MÉTHODES CHROMATOGRAPHIQUES Abréviations et sigles couramment utilisés avec les méthodes chromatographiques Chromatographie en phase supercritique CPS Chromatographie en phase supercritique SFC Supercritical fluid chromatography Traitement de l’échantillon EPS Extraction en phase solide SPE MEPS Microextraction en phase solide SPME Solid-phase microextraction SFE Supercritical fluid extraction EPS Extraction en phase supercritique Solid-phase extraction Méthodes électrophorétiques EC Électrophorèse capillaire CE Capillary electrophoresis ECZ Électrophorèse capillaire de zone CZE Capillary zone electrophoresis Parution : avril 1996 - Ce document a été délivré pour le compte de 7200045062 - universite de toulouse // 194.214.185.129 CEM tiwekacontentpdf_p1445 Chromatographie électrocinétique micellaire 1. Principe Dans toute méthode chromatographique, les séparations sont fondées sur la distribution des solutés entre deux phases non miscibles, l’une fixe dite phase stationnaire, l’autre en mouvement dite phase mobile (figure 1). De la sorte, l’opération de partage des espèces à séparer entre les deux phases se trouve répétée automatiquement un très grand nombre de fois pour chaque espèce de manière continue permettant ainsi l’exploitation de différences minimes du coefficient de distribution des espèces entre les deux phases. Alors que la phase mobile tend à entraîner les espèces à séparer dans son mouvement, la phase stationnaire tend à les retarder, d’autant plus fortement que les interactions mises en jeu sont plus intenses, nombreuses et plus énergétiques ; il en résulte que les analytes ont, pour la plupart, des vitesses de déplacement différentes et inférieures à celle de la phase mobile, d’où la notion de rétention et la possibilité de séparations. Couplé à un système d’injection des échantillons à analyser et à un système de détection en continu au sein d’un chromatographe, un tel système de séparation permet des analyses fines d’une grande qualité dans la mesure où les différents constituants des mélanges sont séparés avant d’être déterminés quantitativement (figure 1). De plus, des développements technologiques récents ont mené à des appareils entièrement automatique pilotés par microprocesseur. HPCE High performance capillary electrophoresis MEC Micellar electrokinetic chromatography Phase mobile Échantillon Système d'injection Système de séparation Phase stationnaire Système de détection Chromatogramme Figure 1 – Schéma d’un système chromatographique La phase stationnaire peut être disposée : — soit dans une colonne et la phase mobile percole celle-ci à débit (ou pression) constant : c’est la chromatographie sur colonne ; — soit en couche mince sur un support plan (plaque de verre, film plastique...) et la phase mobile se déplace par capillarité : c’est la chromatographie planaire. Dans le premier cas, l’analyste exploite les différences de vitesses de déplacement des différentes espèces en déterminant le temps mis par chacune pour parcourir une longueur égale à celle de la colonne (les solutés sont injectés en mélange à une extrémité de la colonne et détectés à l’autre) : on étudie la distribution isoplane des espèces (c’est-à-dire à distance parcourue fixée). Dans le second cas, l’analyste exploite ces mêmes différences en termes de distance parcourue par chaque espèce à temps de développement donné : quand le « front » de solvant a parcouru une distance fixée, on repère la position de chaque soluté, par révélation par un système adéquat et on détermine le rapport des vitesses de déplacement (rate factor) que l’on identifie comme étant identique à celui des distances parcourues ; on étudie la distribution isochrone (c’est-à-dire à temps de développement constant). Suivant l'état physique de la phase mobile, on distingue : Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation Ce document a été délivré pour le compte de 7200045062 - universite de toulouse // 194.214.185.129 PE 1 445 − 3 Ce document a été délivré pour le compte de 7200045062 - universite de toulouse // 194.214.185.129 MÉTHODES CHROMATOGRAPHIQUES ______________________________________________________________________________________________________ Parution : avril 1996 - Ce document a été délivré pour le compte de 7200045062 - universite de toulouse // 194.214.185.129 — la chromatographie en phase gazeuse (CPG) : la phase mobile est un gaz, dit gaz vecteur, et les solutés sont introduits sur la colonne directement s’il s’agit d’un échantillon gazeux ou après volatilisation dans la chambre d’injection chauffée s’il s’agit d’un échantillon liquide (éventuellement après dilution ou dissolution dans un solvant adéquat) ; — la chromatographie en phase liquide (CPL) : la phase mobile est constituée d’un solvant pur ou le plus souvent d’un mélange plus ou moins complexe de solvants de grande pureté ; elle est introduite sur la colonne à débit constant par un système de pompage ; — la chromatographie en phase supercritique (CPS) : la phase mobile est un fluide supercritique, c’est-à-dire porté au-delà des coordonnées en pression et température du point critique, point à partir duquel il n’existe plus de frontière définie entre les états liquide et gazeux. La nature de la phase mobile régit l’étendue du domaine d’applications de la méthode et la variété des interactions entre les espèces à séparer et les deux phases. Ainsi, la chromatographie en phase gazeuse qui nécessite la volatilisation des espèces à séparer − et en conséquence leur stabilité thermique − ne permet de séparer que 20 % environ des molécules organiques connues sans modification préalable de celles-ci. Par ailleurs, comme le montre le tableau 1, les interactions des différentes espèces n’ont lieu qu’avec la phase stationnaire ; la nature du gaz vecteur a peu d’influence sur la qualité de la séparation. Celle-ci est donc régie uniquement par deux paramètres : nature de la phase stationnaire et température de la colonne chromatographique qui gouvernera la volatilité des différentes espèces. tiwekacontentpdf_p1445 Au contraire, les chromatographies en phases liquide et supercritique montrent des interactions tripartites soluté − phase stationnaire − phase mobile (tableau 1). La chromatographie en phase liquide ne connaît pas de limitation en ce qui concerne la nature des solutés. La qualité de la séparation est régie par deux paramètres principaux : natures de la phase stationnaire et de la phase mobile. Les séparations ont lieu généralement à une température voisine ou légèrement supérieure à la température ambiante, ce qui explique le vaste domaine d’applications de la technique et son apport déterminant dans le domaine biologique (espèces thermosensibles) et dans celui de l’environnement (espèces souvent ionisées non volatiles). Comme le montre le tableau 1, la chromatographie en phase supercritique possède un degré de liberté supplémentaire par rapport à la chromatographie en phase liquide ; en effet on peut modifier la masse volumique de la phase supercritique et partant son pouvoir solvant par l’intermédiaire du couple pression-température. Malgré cela, la chromatographie en phase supercritique est encore peu utilisée, ce qui s’explique par la raison suivante ; la chromatographie en phase liquide forte des ses premiers succès a mobilisé la majorité des efforts de recherche et de mise au point tant sur le plan méthodologique que technologique et a connu de fait un développement sans précédent qui a entravé celui de la chromatographie en phase supercritique. Malgré cela, cette jeune technique, encore dans l'enfance, connaît d’ores et déjà des applications importantes en particulier dans les domaines pétrolier et pharmaceutique (séparation des isomères optiques). Tableau 1 – Interactions et paramètres gouvernant la rétention des solutés et la sélectivité des méthodes chromatographiques Méthode chromatographique CPG CPL CPS interactions paramètres régissant la rétention et la sélectivité • température • nature de la phase stationnaire 2. Classification selon la finalité 2.1 Chromatographie analytique Dans l’optique d’une mise en œuvre à des fins analytiques (séparation, identification et/ou quantification de tout ou partie des constituants d’un mélange plus ou moins complexe), on procède par développement par élution : le système de phases est choisi de façon à ce que les espèces d’intérêt aient plus d’affinité pour la phase stationnaire que les constituants de la phase mobile et l’on n’injecte qu’une très petite quantité de l’échantillon ; les différentes espèces migrent dans la colonne (ou sur la plaque) à des vitesses différentes, sous l’influence de la phase mobile agissant par action PE 1 445 − 4 Ce document a été délivré pour le compte de 7200045062 - universite de toulouse // 194.214.185.129 • nature de la phase stationnaire • composition de la phase mobile • (température) • nature de la phase stationnaire • état physique de la phase mobile (T,P) • composition chimique de la phase mobile (modificateur) de masses, et il en résulte, après un parcours sur une longueur suffisante, une séparation complète, dans des conditions bien choisies, des bandes de solutés. Chaque espèce apparaît dans l’effluent de la colonne chromatographique sous la forme d’un pic de concentration de forme sensiblement gaussienne ; la concentration au maximum du pic est inférieure à celle dans l’échantillon injecté et cet effet est d’autant plus prononcé que la rétention dans la colonne est plus prononcée : c’est l’effet de dilution dû au processus chromatographique. L’aire du pic observé est proportionnelle, pour chaque soluté, à la quantité injectée ; partant, une dilution croissante entraîne un élargissement du pic. En définitive, les conditions opératoires retenues doivent permettre aux différentes bandes des constituants du mélange à analyser de se séparer entre elles plus vite qu’elles ne s’étalent lors de leur progression dans la colonne (figure 2). Pour atteindre une bonne détectabilité (c’est-à-dire la détection et la quantification de faibles quantités injectées, ce qui est détermi- Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation Ce document a été délivré pour le compte de 7200045062 - universite de toulouse // 194.214.185.129 _____________________________________________________________________________________________________ MÉTHODES CHROMATOGRAPHIQUES milligrammes à quelques dizaines de milligrammes (échelle semipréparative) ; — pour permettre des tests cliniques dans le cas de principes actifs de médicaments (échelle préparative). Injection Détection Parution : avril 1996 - Ce document a été délivré pour le compte de 7200045062 - universite de toulouse // 194.214.185.129 Figure 2 – Schéma d’une séparation en développement par élution : évolution des bandes de solutés entre leur injection et leur passage dans le détecteur tiwekacontentpdf_p1445 nant dans le cas de l’analyse de traces) et une grande capacité de pics (possibilité de séparer un grand nombre de composés dans une fenêtre de temps donnée) on cherche à limiter l’étalement des bandes. C’est ce qui a conduit à la dilution du diamètre des particules de la phase stationnaire dans le cas des colonnes remplies (CPL, CPS) et à la mise en œuvre des colonnes capillaires de faible diamètre et à film mince de phase stationnaire (CPG). Dans les deux cas, l’objectif est de diminuer le parcours moyen d’une molécule de soluté entre deux sites d’interaction avec la phase stationnaire. Les gains en efficacité, grandeur caractérisant, à travers le nombre de plateaux théoriques, l’étalement de la bande rapporté au temps de séjour dans la colonne, ont été tels que les auteurs ont qualifié la méthode de « haute performance » (chromatographie liquide à haute performance, CLHP ou high performance liquid chromatography, HPLC) ou encore de « haute résolution ». Dans le cas de mélanges complexes, comportant des molécules d’affinités très différentes pour la phase stationnaire, on est amené à modifier graduellement les conditions opératoires au cours de l’analyse, de façon à diminuer la rétention des espèces les plus fortement retenues, sans pour autant nuire à la séparation des espèces plus faiblement retenues : c’est la technique de l’élution graduée. Selon la méthode chromatographique mise en jeu on trouve ainsi, outre la programmation de débit : — la programmation de température en CPG ; — la programmation de la composition de la phase mobile (gradient l’élution), visant à une augmentation progressive de sa force éluante, en CPL ; — la programmation de la masse volumique du fluide et de la composition de l’éluant par ajout de modificateur polaire en CPS. Il est clair que ces techniques, qui requièrent un appareillage plus sophistiqué, doivent néanmoins être réservées au cas d’analyses difficiles dans la mesure où, avant toute injection correspondant à une nouvelle analyse, il y a une étape de régénération ou de reconditionnement nécessaire, de façon à ce que les phases mobile et stationnaire soient ramenées dans l’état correspondant aux conditions initiales du gradient. De plus, la précision des analyses se trouve conditionnée par la reproductibilité de la programmation. 2.2 Chromatographie préparative L’objectif assigné à la méthode chromatographique peut être la séparation et la récupération, après fractionnement, de quantités plus importantes des espèces : — pour permettre la mise en œuvre de méthodes physico-chimiques d’identification (RMN, spectrométrie de masse, détermination de la masse molaire) ce qui correspond à une échelle de quelques Deux possibilités s’offrent alors à l’analyste : — soit toujours opérer par élution, mais en injectant des quantités plus importantes ; on dit provoquer une surcharge de la colonne chromatographique laquelle peut être volumique (on augmente le volume injecté), massique (on augmente la concentration de l’échantillon injecté) ou les deux simultanément ; — soit opérer par développement par déplacement : le déplacement des espèces à séparer initialement fixées en tête de colonne est effectué par phase mobile ayant une affinité pour la phase stationnaire supérieure à celle des constituants du mélange. Il résulte, après un parcours suffisant, un état stationnaire où ces derniers migrent à vitesse constante, régie par le déplaceur, sous la forme de bandes adjacentes. L’intérêt principal de cette technique réside dans le fait que contrairement au développement par élution, elle permet de recueillir les solutés à séparer sans dilution, par le choix adéquat de la concentration du déplaceur. 2.3 Analyse de traces et traitement de l’échantillon Les méthodes chromatograpiques reçoivent également des applications dans le domaine des analyse de traces et du traitement des échantillons y afférant, qu’il s’agisse d’opérations de préconcentration, d’extraction des solutés de matrices chargées ou des deux à la fois. Ainsi l’extraction en phase solide (EPS) (ou solid phase extraction, SPE) est largement développée pour l’analyse de traces et ultratraces dans les domaines biologiques et environnementaux. La mise en œuvre d’absorbants sélectifs placés dans des cartouches ou des disques d’extraction permet de retenir sélectivement les composés recherchés en traitant de grands volumes d’échantillons. On a recours à cette technique lorsque l’injection directe est impossible, soit parce que les quantités qui seraient injectées sont bien inférieures aux limites de détection, soit parce qu’il existe de multiples interférents empêchant la quantification des espèces d’intérêt. La fixation à partir de grands volumes, dont la limite peut être déterminée expérimentalement à partir des fronts de percolation, suivie d’une élimination des interférents par un lavage adéquat de la cartouche ou du disque (clean up) et de l’élution des analytes par un très petit volume d’un solvant de transfert permettent de lever les difficultés précédentes. De plus cette technique se prête bien à une automatisation complète, garante de la qualité des analyses. De même l’extraction en phase supercritique (ou supercritical fluid extraction, SFE) constitue une alternative aux techniques habituelles d’extraction par solvants (Soxhlet). Les avantages de cette extraction (rapidité, grande sélectivité par le choix de la masse volumique du fluide et de la température, quantitativité, coût, récupération aisée des solutés, absence de pollution des composés extraits et de l’environnement) sont essentiellement dus aux propriétés physico-chimiques des fluides supercritiques qui sont intermédiaires entre celles des liquides et des gaz. Enfin, la microextraction en phase solide (ou solid phase microextraction, SPME) apporte un moyen d’accroître les performances des techniques dites d’espace de tête (headspace) pour l’analyse des composés volatils par CPG. Cette technique consiste à fixer les composés organiques contenus dans des matrices liquides ou gazeuses sur une fibre de silice recouverte d'un polymère de polydiméthylsiloxane. Cette fibre est plongée soit dans l’échantillon liquide, soit dans le volume gazeux situé au-dessus de la phase liquide ou solide. Il y a alors partage des solutés entre la phase polymérique et le liquide ou le gaz. Les solutés sont ensuite désorbés par chauffage puis analysés par chromatographie en phase gazeuse. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation Ce document a été délivré pour le compte de 7200045062 - universite de toulouse // 194.214.185.129 PE 1 445 − 5 Ce document a été délivré pour le compte de 7200045062 - universite de toulouse // 194.214.185.129 MÉTHODES CHROMATOGRAPHIQUES ______________________________________________________________________________________________________ On peut rattacher aux méthodes chromatographiques « classiques », d'autres méthodes de séparation récentes (voir encadré). Techniques apparentées ■ Chromatographie électrocinétique micellaire : cette méthode se situe dans le domaine de l’électrophorèse capillaire, laquelle exploite la mobilité des espèces ionisées sous l’influence d’un champ électrique. Ici, la formation de micelles résultant de l’introduction dans le solution d’un tensio-actif ionique à une concentration supérieure à la concentration critique micellaire, permet le transport d’espèce hydrophobes, voire non chargées ; en effet, ces espèces se partagent, selon leur degré d’hydrophobie entre la phase extérieure et le cœur hydrophobe des micelles, alors que les charges de surface de celles-ci permettent leur déplacement dans le champ électrique. Parution : avril 1996 - Ce document a été délivré pour le compte de 7200045062 - universite de toulouse // 194.214.185.129 ■ Chromatographie de partage centrifuge (CPC) : elle utilise le partage des espèces entre deux phases liquides non miscibles, l’une mobile et l’autre stationnaire, cette dernière se trouvant immobilisée dans la colonne, constituée d’enroulements de tubes capillaires ou de canaux placés en série, par la force centrifuge résultant d’une mise en rotation du système dans un mouvement de type planétaire ou centrifuge. tiwekacontentpdf_p1445 ■ Fractionnement par couplage flux-force (flow field fractionation, FFF). Dans cette technique, un champ (ou un gradient de champ) est appliqué orthogonalement au flux, liquide, dans un canal en forme de ruban de faible épaisseur ; les molécules ou particules qui interagissent fortement avec le champ sont « plaquées » contre le paroi où la vitesse est beaucoup plus faible que celle observée loin des parois. Les types de champs utilisés le plus couramment sont : thermique, gravitationnel, électrique, magnétique. L’analogie avec le processus chromatographique réside dans la distribution entre une région relativement « stationnaire » (au voisinage de la paroi) et une région relativement « mobile » (loin de la paroi) ; néanmoins on notera l’absence de phases distinctes. Cette technique a fait l’objet de développements dans le domaine des macromolécules et des particules de petite dimension (submicrométriques). Bibliographie Dans le traité Caractérisation des l’Ingénieur Analyse Techniques et de CAUDE (M.) et JARDY (A.). – Chromatographie en phase liquide. P 1455 (10-94) ; P 1456 et Doc. P 1458 (4-95). PE 1 445 − 6 Ce document a été délivré pour le compte de 7200045062 - universite de toulouse // 194.214.185.129 CAUDE (M) et THIEBAUT (D.). – Chromatographie en phase supercritique. P 1460 (1-92). LESEC (J.). – Chromatographie par perméation de gel. P 1465 (4-94). CAUDE (M.) et BARGMANN-LEYDER (N.). – Séparations chirales par chromatographie en phases liquide, supercritique et gazeuse. P 1470 (1093). SIOUFFI (A.M.), POSTAIRE (E.) et PRADEAU (D.). – Chromatographie planaire. P 1475 ; P 1475, 1 (4-91). TRANCHANT (J.). – Chromatographie en phase gazeuse. P 1485 (7-69). Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation Ce document a été délivré pour le compte de 7200045062 - universite de toulouse // 194.214.185.129 TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR UNE APPROCHE GLOBALE DE VOS BESOINS Parution : avril 1996 - Ce document a été délivré pour le compte de 7200045062 - universite de toulouse // 194.214.185.129 Plus de 8000 articles scientifiques et techniques en français et les services associés pour aller plus loin dans vos recherches documentaires et bibliographiques. 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Techniques de l'Ingénieur A retourner à : Techniques de l’Ingénieur 249 rue de Crimée 75925 Paris cedex 19 Tél. : 01 53 35 20 20 Fax : 01 53 26 79 18 email : [email protected] ❏ Mme Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72/WQ/VBM1201 Parution : avril 1996 - Ce document a été délivré pour le compte de 7200045062 - universite de toulouse // 194.214.185.129 DICTIO N N A IRE T E CH N IQ U E MULTILINGUE : cet outil en ligne pro- Société / Organisme : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . CP : |__І__|__І__І__| Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Tél. : |__І__|__І__|__І__|__І__|__І__| Fax : |__І__|__І__|__І__|__І__|__І__| Email : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Effectif : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . NAF : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ce document a été délivré pour le compte de 7200045062 - universite de toulouse // 194.214.185.129