Texte femmes enceintes et jeunes enfants

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Texte femmes enceintes et jeunes enfants
Grossesse, petite enfance et environnement
Moments de bonheur... mais aussi de risque !
La santé de l’enfant à naître est largement conditionnée par le comportement de sa mère au moment de sa grossesse ou de
son allaitement. Ainsi, des consignes de base, bien relayées par les médias et les professions de santé sont généralement bien
connues du grand public :
- Pas d’alcool durant la grossesse et l'allaitement (risque de retard mental du bébé)
- Ne pas fumer (risque de retard de développement du bébé, diminution du poids de naissance, risque de prématurité...).
- Un bon équilibre alimentaire
- Une activité physique modérée (demander conseil à son médecin)
- En cas de non immunisation contre la toxoplasmose (confirmée par une prise de sang), laver bien les fruits et les légumes,
cuire suffisamment les viandes, éviter le contact des chats
- Pour éviter la listériose qui peut-être redoutable pour le fœtus : éviter le lait cru, les fromages au lait cru, les rillettes, pâtés et
charcuteries en gelée, retirer la croûte des fromages
- Attention à la consommation de médicaments (nombre d’entre eux peuvent comporter des risques pour le fœtus).
La mise en application même stricte de ces recommandations est malheureusement quasiment inopérante sur la
contamination du fœtus ou du lait maternel par les polluants de synthèse. Il conviendrait donc de sensibiliser la future mère à
d’autres risques, ceux ci pouvant très souvent être largement réduits.
Il convient aussi lorsque l’on parle de la contamination du lait humain de bien rappeler l’intérêt de l’allaitement pour la santé
du bébé. Tout laisse à penser que les intérêts de l’allaitement sont largement supérieurs aux risques potentiels (qui restent
d’ailleurs pour beaucoup à confirmer).
Cependant, nier la réalité de cette contamination serait tout autant dangereux ne serait ce que du fait qu’aucune mesure
d’évitement ne serait alors recommandée...
Mais d’ailleurs, de quels contaminants parle t-on ?
La contamination du lait humain
Notre alimentation contient divers polluants qui se concentrent dans les chaînes alimentaires dont nous sommes souvent le
dernier maillon (mécanisme de bio-accumulation).
Notre organisme est donc contaminé par divers polluants (polluants
organiques persistants de type dioxines, PCB1..) qui se stockent dans divers
organes notamment dans le tissus graisseux car la plupart de ces
Perte de poids et contamination
substances sont liposolubles. Or, le tissus graisseux peut être utilisé par la
Perdre des kilos en trop ne serait pas toujours
femme qui allaite pour la production du lait (très riche en matières grasses)
un gage de meilleure santé. En effet, une
qui sera, à son tour contaminé.
équipe de chercheurs de la Faculté de
Limiter l'amaigrissement (et surtout éviter de pratiquer un régime) durant
médecine et de la Faculté des sciences de
l’allaitement limite le destockage des corps gras de la femme et limite
l'agriculture et de l'alimentation de Laval a
donc très sensiblement la contamination de son lait. D’autre part, on sait
démontré qu'un régime amaigrissant pouvait
que l’âge de la femme est un paramètre important sur la contamination
provoquer un accroissement allant jusqu'à 30
de son lait : Plus elle est âgée, plus la contamination de son lait est
% des concentrations sanguines de pesticides
importante (5 ans de plus augmente de 24% la contamination dans
et de BPC. Ces polluants sont normalement
certaines études). La corpulence est un autre facteur important : une
stockés dans les réserves adipeuses de
charge lipidique plus importante diminue la contamination du lait (par un
l'organisme, mais ils sont libérés dans la
phénomène de dilution des polluants).
circulation sanguine lorsqu'une personne
Rappelons à nouveau que les intérêts de l’allaitement sont, pour autant,
soumise à un régime amaigrissant métabolise
largement supérieurs aux risques et que l’allaitement reste donc
ses réserves de gras.
clairement à privilégier !
"Les taux augmentent parce que la quantité
de gras corporel diminue et que notre corps
Alertez les bébés !
élimine très difficilement les produits
« Les enfants présentent une sensibilité élevée aux polluants de
l'environnement, en raison de leur croissance rapide, de leur
organochlorés, explique Angelo Tremblay (un
physiologie particulière , de leur petite taille et de leurs activités de
des auteurs de l’étude). Leur demi-vie dans
découverte. » (Extrait du “Plan National Santé-Environnement 2004-2008”
l'organisme est de plusieurs décennies. Le
- France).
mécanisme d'élimination le plus efficace est,
Pour certains scientifiques les enfants sont considérés comme les
malheureusement, l'allaitement naturel."
"sentinelles" de notre environnement.
Paru dans “International Journal of
Cette sensibilité particulière des enfants (comme d’ailleurs des femmes
Obesity” (en 2004)
enceintes) et les moyens à mettre en place pour limiter les expositions ne
fait pourtant que très rarement l’objet d’informations de la part des
Les Polychlorobiphényles (PCB) sont des substances de synthèse très largement utilisées depuis leur mise sur le marché en 1929. Leur forte
capacité à se fixer dans les tissus organiques et leurs effets sur la santé (atteinte de la fertilité, de l’immunité, cancers...) ont poussé à leur
interdiction progressive. Malheureusement, leur grande stabilité fait qu’on les retrouve encore aujourd’hui dans divers compartiments de
notre environnement et jusque dans le lait maternel.
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professionnels de santé (eux mêmes très mal formés -pour le moins !- au sujet). Le fait de “marcher à 4 pattes”, un
comportement habituel du très jeune enfant les expose plus particulièrement aux contaminants de l’habitat : ils
ramassent les poussières sur les mains puis les portent à la bouche.
Métaux lourds : le cas du mercure
Les Ministères de l’Agriculture et de la Pêche, de l’Economie, des Finances et de l’Industrie et celui de la santé et des
solidarités rédigeait (suite à un avis de l'AFSSA) un communiqué commun le 25 juillet 2006 :
"Les Ministères (....) recommandent, uniquement pour les femmes enceintes ou allaitantes, et pour les enfants de moins de
trente mois : d’éviter la consommation d’espadon, de marlin et de siki ; de ne pas dépasser plus d’une portion par semaine
(150 g pour les femmes enceintes et allaitantes et 60 g pour les enfants jusqu’à trente mois) de poisson prédateur sauvage 2,
en plus des autres poissons consommés. Le système nerveux central du fœtus et de l’enfant en bas âge (jusqu’à 30 mois)
présente en effet une sensibilité particulière à l’action toxique du méthylmercure."
Je rajouterai à cet avis que le déclin préoccupant de nombreuses de ces espèces (et donc les menaces de leur
disparition) ne fait que donner encore plus d’intérêt à cette recommandation !
Pour finir, ne perdez pas de vue qu'une des principales sources d'exposition au mercure est l'usage d'amalgames dentaires
(qui en contiennent près de 50%). L'exposition est la plus forte lors de la pose et la dépose de ces amalgames (étape à
éviter absolument lors de la période de la grossesse). En France, en 1998 le Conseil Supérieur d'hygiène publique de France
recommandent d’éviter ces opération pour les femmes enceintes.
Edulcorants
“Il y a lieu de croire que la consommation d'aspartame par les femmes enceintes est inoffensive pour la santé. Cependant,
comme les produits alimentaires sucrés à l'aspartame ou à l'aide d'autres édulcorants artificiels pourraient se substituer à
des aliments nutritifs qui contribuent à l'apport énergétique, il convient de mettre en garde les femmes enceintes contre
une consommation excessive de tels produits.”
“La saccharine et les cyclamates sont déconseillés durant la grossesse en raison de leurs effets indésirables possibles”
Extrait d’un document du site “Santé Canada” (10/2004)
D'autre part, une étude3 réalisée par une équipe danoise auprès de 60 000 femmes enceintes met en lien la consommation
quotidienne d’une boisson édulcorée artificiellement et le risque d'accouchement prématuré (le risque serait accru de 38 %
chez les femmes en consommant au moins une fois par jour et 78 % chez celles en consommant au moins 4 fois par jour). Les
auteurs de l'étude précisent toutefois qu'il est nécessaire de confirmer ou infirmer ces résultats par d'autres études.
Huiles essentielles et femmes enceintes :
Les propriétés remarquables des huiles essentielles ne doivent pas nous faire oublier que leur actions sont souvent puissantes
et nécessitent donc quelques précautions surtout à ces époques de la vie.
Toutes les huiles essentielles ne sont pas déconseillées pour les femmes enceintes ou allaitantes (sauf en diffusion : dans ce
cas, toutes les huiles essentielles sont alors à proscrire).
Des effets peuvent apparaître :
- chez le fœtus : risques d'avortement (Sauge officinale, Armoise...), retards de croissance, malformations...
- chez l'enfant en bas âge : Atteintes du système nerveux et respiratoire...
- chez la femme enceinte, des effets secondaires peuvent apparaître (d'autant plus que son organisme est déjà affaibli) :
certaines huiles peuvent rapidement devenir neurotoxiques, hépatotoxiques, néphrotoxiques, épileptisantes...
Par prudence, aucune huile essentielle ne devrait être utilisée à ces époques sans s'être, au préalable renseigné auprès
d'un spécialiste. L'usage de toutes les huiles essentielles est déconseillé lors du premier trimestre de la grossesse (quelque soit
le mode d'administration).
Quelques huiles essentielles à éviter pendant la grossesse (notamment celle à phénols ou cétones) :
Menthe poivrée, Achillée, Angélique, Anis, Armoise, Basilic, Cèdre, Camomille romaine, Camphre, Cannelle, Coriandre,
Citronnelle, Cumin, Cyprès, Fenouil, Genévrier, Hysope, Jasmin, Lavande, Laurier, Mandarine, Marjolaine, Mélisse, Menthe
verte, Myrrhe, Origan, Persil, Romarin, Sarriette, Sauge officinale, Thuya, Thym, Verveine...
Cosmétiques
Les période de la grossesse, de l’allaitement et de la petite enfance constituent sans nul doute les périodes les plus sensibles à
l’exposition aux cosmétiques (c’est aussi couramment la période où l’on utilise le plus !). Une famille de composés les plus
connus du grand public est sans doute celle des parabènes. Ces molécules ont un (faible) effet œstrogénique (attention
notamment aux Propylparaben et Butylparaben suspectés d’effets sur la reproduction). Sans vouloir établir une liste
exhaustive (et fastidieuse) de composés à déconseiller, le mieux est encore de faire au plus simple : l’eau, le gant de toilette,
l’huile d’amande douce, le liniment oléo-calcaire. Evitez donc les lingettes comme les parfums !
Lotte, loup de mer, bonite, anguille et civelle, empereur, grenadier de roche, flétan, cardine, rouger-barbet, brochet, Palomette,
Capelan de Méditerranée, raie et pocheteau, dorade-sébaste et rascasse du nord, voilier de l'Atlantique, sabre, dorade rose, dorade
rouge et pageot, requin (darne), saumonette et roussette (état pelé), escolier noir et escolier, rouvet, esturgeon, thon, listao et thonine
2
« Intake of artificially sweetened soft drinks and risk of preterm delivery: a prospective cohort study in 59,334 Danish pregnant women »,
Halldorsson et al. Am J Clin Nutr. 92(3):626-33 (sept. 2010)
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L’attention doit d’autant plus se porter sur les cosmétiques lorsqu’ils sont utilisés fréquemment, lorsqu’ils sont appliqués sur une
surface corporelle importante et lorsqu’ils ne sont pas destinés à être rincés.
Filtres solaires
Certains filtres solaires présentent une activité œstrogénique et seraient de nature à provoquer des anomalies du
développement hormonal et sexuels (selon une étude de l’université de Zurich4 ). Ces molécules seraient à déconseiller aux
femmes enceintes et allaitantes et aux jeunes enfants. Les filtres concernés : le benzophénone-3 (oxybenzone), le 4méthylbenzylidène camphre (4- MBC), l'homosalate (HMS), l'octyl ou éthylhexyl methoxycinnamate (OMC), et l'octyldymethyl-PABA (OD-PABA).
Parfums
Eviter les parfums (au moins en contact direct avec la peau). Certains de leurs composés (muscs artificiels, phtalates 5)
passent la barrière cutanée et sont retrouvés jusque dans le sang du cordon ombilical... et donc du fœtus.
Evitez les colorations pour cheveux, certains composants peuvent être allergènes ou toxiques. Eviter de même de vous
faire poser de faux ongles (l'utilisation de produits toxiques peut menacer la santé du bébé).
Peintures
Dans un document d’août 2007, L’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et
du travail (Afsset) attire l’attention sur les risques sanitaires potentiels, notamment pour les
femmes enceintes, liés à l’utilisation de peintures contenant du propylène glycol
monométhyléther (PGME) ou son acétate. Les résultats obtenus par l’Agence montrent que
dans le cas de l’application de peinture, il peut exister un risque pour la femme enceinte au
regard des effets de ces substances sur le développement et la reproduction, aux
concentrations considérées. Il serait donc vivement souhaitable d’éviter pour une femme
enceinte de manipuler des peintures (mais aussi colles, vernis...). On peut aussi recommander de
L’éco-label européen
bien ventiler la chambre de l’enfant, particulièrement si des matériaux de décoration (peinture,
permet au consommateur de
moquettes...) ou des meubles neufs (notamment ceux contenant des panneaux de particules) y
repérer des produits plus
respectueux de
ont été introduits récemment. Le mieux étant d’effectuer ces transformations bien avant l’arrivée
l’environnement (et donc
6
de bébé et de bien ventiler ensuite. On peut aussi privilégier les meubles d’occasion (ils ont déjà
souvent de la santé).
largement émis les composés organiques volatils 7 qu’ils contenaient) ou ceux en bois massif (s’ils
Les peintures ainsi
labellisées émettent très
n’ont pas été peints ou vernis trop récemment !).
nettement moins de COV
Une autre solution serait de privilégier les peintures ou produits de décoration portant l’éco-label
européen (voir ci-contre) pour une moindre émission de composés nocifs. D'autre part, une
étiquette indiquant les émissions de COV sur de nombreux produits de décoration (dont les peintures) apparait sur les
emballages : De "A+", le produit le moins émissif au "C" le plus émissif (le A+ sera de rigueur dans les chambres d'enfants).
Enfin, de nombreuses peintures à base d'argile ou de chaux sont aujourd'hui disponibles avec d'excellents résultats quant à
la qualité de l'air dans les pièces ainsi rénovées.
Pesticides
S’il y a des périodes de grande sensibilités à cette famille de polluants, c’est, sans nul doute, celle-ci ! Evitez donc absolument
l’exposition aux pesticides lors de la grossesse, de l’allaitement tout comme lors des premières années de la vie. Privilégiez
pour l’alimentation de la mère comme de l’enfant des aliments issus de l’agriculture biologique (surtout les produits complets
et les corps gras animaux. Ils sont de nature à être plus contaminés). Une étude de l’INSERM8 établissait en 2006 un risque
accru de développement de leucémie chez les enfants qui y étaient exposés in-utero ou lors de leur premières années de vie.
Conditionnements alimentaires
Diverses molécules (ou familles de molécules) de synthèse contenues dans les plastiques à usage alimentaire sont, elles aussi,
sur la sellette. Les phtalates (utilisés pour rendre les plastiques plus souples) et le BPA : Bisphénol A (cette substance est le
monomère du polycarbonate, un plastique habituellement transparent et rigide) sont à éviter. Les phtalates sont des
substances qui se détachent très facilement des matrices de plastique. Elles s’en décrochent d’autant plus facilement que la
température du contenu est élevé.
Etude de 2001 de Margret Schlumpf, toxicologue à l'Institut de pharmacologie et de toxicologie de Zurich : M. Schlumpf et al., "In vitro
and in vivo estrogenicity of UV Screens", Environmental Health Perspectives, vol.109 3, mars 2001, p. 239-244
4
5
Ces deux familles de composés perturbent notamment les mécanismes hormonaux (action œstrogénique essentiellement)
6
De nombreuses associations vous proposent de tels meubles souvent en excellent état à des prix très intéressants !
les composés organiques volatils (COV), constituent une grande famille de composés pouvant être redoutables (formaldéhyde,
benzène...)
7
INSERM. Menegaux F, Baruchel A, Bertrand Y, Lescoeur B,Leverger G, Nelken B, [et al]. Household exposure to pesticides and risk of
childhood acute leukaemia. Occupational Environ Med. 2006; 63: 131-134.
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Evitez donc d’utiliser des anciens biberons contenant du BPA9 (le BPA est aujourd'hui interdit dans les biberons comme bientôt
dans l'ensemble des emballages alimentaires). On peut repérer les plastiques contenant du polycarbonate (le plastique qui
contient du BPA) en regardant sur la base du biberon : la mention de PC (pour polycarbonate) indique donc la présence de
BPA ou le chiffre “7” dans un triangle signifie “autre plastique” et donc souvent “polycarbonate”. Des biberons en inox ou en
verre existent et devraient être privilégiés.
De la même façon, pour éviter l’exposition aux phtalates, le contact entre les aliments chauds et/ou gras et les plastiques
souples est à éviter (notamment lors du chauffage des aliments dans un four micro-ondes par exemple). Utilisez de
préférence un contenant en verre ou en céramique résistant à la chaleur et évitez d'utiliser un film plastique en contact
avec les aliments (plus particulièrement lorsqu’ils sont gras). Evitez que les enfants de mordillent des plastiques sauf les objets
dédiés à cet usage (les jouets destinés a être mis en bouche par des enfants de moins de trois ans et contenant des
phtalates sont aujourd'hui interdits dans toute l’Union européenne).
Pollution de l’air
Une étude suisse10 a évalué l’impact de l’exposition à la pollution de l’air au cours de la grossesse sur la fonction respiratoire
du nouveau-né (étude prospective sur 241 enfants nouveau-nés de 5 semaines)
l’exposition maternelle aux particules de diamètre inférieur à 10 µm (PM10), au dioxyde d’azote (NO2), et à l’ozone (O3)
accroît la ventilation par minute, et l’inflammation des voies aériennes du nouveau-né.
Ces effets délétères, survenant précocement au cours du développement pulmonaire, pourraient, selon les auteurs, retentir
sur la morbidité respiratoire à long terme (des études concernant le tabagisme maternel prénatal donnent des résultats
similaires).
Une autre étude 11 américaine indique que les femmes exposées à une mauvaise qualité de l'air pendant leur grossesse
risquent plus que les autres de donner vie à un enfant porteur de malformations cardiaques (étude sur le CO et l'O3 sur 9000
bébés nés entre 1987 et 1993.). L'exposition déterminante semble être celle du 2ème mois de grossesse.
Dans les cuisines, éviter le séjour prolongé des personnes asthmatiques ou des très jeunes enfants (comme de ceux sensibles
aux maladies respiratoires) ou veiller à une bonne ventilation de la pièce. En effet, les gazinières (comme toutes sources de
combustion) libèrent des oxydes d’azote (NOX) qui sont de puissants irritants de la fonction respiratoire (ils augmentent
notamment la sensibilité des voies aériennes aux allergènes et aux agents infectieux). Ils sont connus pour leur rôle dans la
progression inquiétante des bronchiolites du nourrisson.
Attention aussi au redoutable monoxyde de carbone pour la femme enceinte (risque de mort fœtale et de séquelles graves
chez l’enfant). L’utilisation d’encens doit, lui aussi être évité : sa combustion constitue une source très préoccupante de
nombreux contaminants (particules, hydrocarbures aromatiques polycycliques, monoxyde carbone, oxydes d'azote).
Attention enfin, à l’‘usage des produits ménagers domestiques (désinfectants, aérosols désodorisants...) par les femmes
enceintes : Une étude12 récente menée sur 7162 enfants indique que les enfants des mères qui se servent plus
fréquemment de produits chimiques domestiques en fin de grossesse et peu de temps après la naissance, ont plus de
sifflements respiratoires durant leur enfance et une diminution de leurs capacités respiratoires à l'âge de 8 ans. Précisons au
passage que les risques d’asthme chez l’adulte sont aussi dans certaines études corrélés à l’usage de ces produits.
Exposition aux rayonnements ionisants
L’exposition médicale aux rayons x lors de la grossesse ou lors de la petite enfance doit être justifiée et optimisée (comme
d’ailleurs pour l’ensemble de la population13 ). Comme pour tout acte médical, le bénéfice attendu doit être supérieur au
risque encouru. L’effet des rayons sur l'embryon ou le fœtus varie selon les doses et le stade de la grossesse. Il est donc
recommandé d’éviter tout examen radiographique non urgent chez une femme enceinte.
Concernant l’exposition à une contamination radioactive (par administration d’un isotope radioactif), le cas particulier des
femmes enceintes est pris en compte, en revanche, ce n’est par toujours le cas pour l’allaitement. Le lait peut cependant
subir une contamination radioactive, l’allaitement doit alors être arrêté.
9
La présence de cette molécule à d’ailleurs été interdite dans les biberons par les autorités canadiennes en octobre 2008
Latzin P et coll. : Air pollution during pregnancy and lung function in newborns. 8eme congrès international de pneumologie pédiatrique
(Nice) : 29-31 mars 2008.
10
Américan Journal of Epidemiology. Epidémiologiste Beate Ritz. Equipe de l'Institut de Santé Publique de Californie-Los Angeles et du
Programme californien de surveillance des malformations à la naissance.
11
Etude du Pr John Henderson (université de Bristol, Royaume-Uni) et de ses collègues publiée en mars 2008 dans le Journal Européen de
Pneumologie.
12
Directive Européenne 96/29 du 30 juin 1997 : La justification et l’optimisation. Le principe de justification interdit des examens irradiants qui
n’auraient pas d’utilité et le principe d’optimisation vise à réduire au strict minimum la dose reçue.
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Exposition aux rayonnements non ionisants
L’utilisation d’un téléphone portable près du ventre de la femme enceinte est tout particulièrement à déconseiller (attention
à ne pas perdre de vue que le téléphone en veille continue d’émettre par intermittence). Attention plus généralement à
l’environnement du très jeune enfant. L’éloignement constituant un moyen très efficace de réduire très sensiblement les doses
d’exposition, mettre à distance les appareils tels que les bornes wifi (et mieux : coupez dès que possible les émissions de
radiofréquences pour revenir aux câbles !).
L'usage des tablettes tactiles se généralise peu à peu dès le plus jeune âge. Il est alors indispensable de couper leur émissions
WIFI
Le babyphone est sans doute la première exposition rapprochée des enfants aux radiofréquences. Non seulement cette
exposition se produit tôt dans la vie mais, en regard du temps que l’enfant passe dans son lit, elle peut durer près de 15
heures chaque 24h ! Si l’usage de ce produit est inévitable, on éloignera l’appareil du lit de l’enfant, on recommandera
l’achat d’un appareil se déclenchant à la voix (il ne fonctionne pas en continu) et on évitera aussi les appareils équipés de
vidéo (émissions continues).
Attention aussi aux téléphones fixes sans fils (technologie DECT) dont la base (sur laquelle se raccroche le téléphone) émet
des radiofréquences en permanence (même le téléphone raccroché !). Cette base devrait se tenir à distance de la tête du
lit de l'enfant (attention à ne pas oublier que les murs ne constituent pas une protection !). Un téléphone filaire est
recommandé, sinon, sachez qu'il existe depuis peu des téléphones (ECO-DECT) qui limitent très sensiblement les expositions
(en plus de réduire significativement leur consommation d'énergie).
Pour conclure
La période de la naissance est un moment fort de la vie. Les parents veulent ce qu’il y a de mieux pour leur enfants. Le
commerce et le marketing ont malheureusement fait de ces instants une autre façon de nous convaincre de l’impérieuse
nécessité de consommer en offrant à notre progéniture les cosmétiques, accessoires ou mobilier dernier cri. Pourtant, c’est
bien souvent au travers de ces objets ou comportements dictés par le marketing que vont s’effectuer une bonne partie de
ces expositions peut recommandables.
Et si nous revenions aux fondamentaux ?
L’enfant à d’abord besoin d’amour et d’attention. Sachons laisser à leur place les “gadgets” du modèle consumériste et
vivons simplement et pleinement ces moments intenses en construisant pour ces enfants un avenir de santé et d’un
environnement protégé.
Ce texte n’a aucunement pour but de provoquer angoisse ou anxiété !
La plupart des recommandations, si nous prenons le recul nécessaire, sont simples d’application. En permettant de mieux
contrôler les facteurs influant sur notre santé et celle de nos enfants, elles nous apportent plus de liberté.
Bien d'autres sujets auraient pu être traités, à vous de poursuivre les recherches !
A lire sur le sujet
“Polluants chimiques, enfants en danger” de Anne-Corinne Zimmer
Editions de L’Atelier - Novembre 2008- 285 pages - 19€
A voir et connaître
Des ateliers pour permettre aux femmes enceintes et aux jeunes parents de mieux connaître et prévenir les risques de
l'environnement domestiques sur la santé de leur enfants :
Les ateliers de "Nesting" du WECF France : BP 100. 74103 Annemasse Cedex. Tél : 04 50 49 97 38. Site : www.wecf.eu
www.projetnesting.fr
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