Syrie Mai 2015 - Collectif pour la Syrie

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Syrie Mai 2015 - Collectif pour la Syrie
Syrie-Combats entre armée et islamistes dans la province de Lattaquié
Reuter 01/05/2015
De violents combats ont opposé jeudi des islamistes à des unités de l'armée syrienne dans la province de Lattaquié, non loin du foyer
ancestral du clan Assad, ont déclaré des militaires et des rebelles.
De source militaire, on déclarait à l'agence de presse syrienne SANA que des avions de combat avaient pilonné des positions des
insurgés et fait "des dizaines de tués et de blessés" dans le nord de la province de Lattaquié.
Lattaquié, dans le nord-ouest de la Syrie, est le plus grand port du pays, et constitue un objectif crucial pour les rebelles dans leur lutte
pour renverser le régime de Bachar al Assad.
Selon deux sources proches des rebelles, les combats ont fait rage jeudi près des montagnes du Djabal al Akrad, près de certains des
plus hauts sommets de Syrie, dont Nabi Younis, qui dominent des villages alaouites, et près de Kardaha, ville d'où est originaire la
famille Assad.
"La conquête des sommets signifierait que les villages alaouites seraient dans notre ligne de tir", a déclaré un chef rebelle du groupe
Ahrar al Cham, basé à Idlib.
Les régions côtières de Syrie et la ville de Lattaquié sont les bastions de la minorité alaouite, branche du chiisme à laquelle appartient
le clan Assad.
Les insurgés se sont emparés ces dernières semaines de secteurs stratégiques de la province d'Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, se
rapprochant ainsi de Lattaquié.
En août 2013, des islamistes épaulés par des combattants étrangers avaient déjà réussi à prendre brièvement des villages à population
alaouite.
Les insurgés, dit-on dans les milieux diplomatiques, cherchent à éprouver sur le plus grand nombre de fronts possibles une armée
syrienne déjà débordée. (Souleiman al Khalidi; Eric Faye pour le service français)
Syrie: violents combats entre jihadistes sur le plateau du Golan
Par RFI 30 avril 2015
Deux groupes jihadistes, le Front al-Nosra, branche syrienne d’al-Qaïda, et un autre groupe composé de plusieurs factions islamistes
ayant récemment prêté allégeance à l’organisation Etat islamique (EI), sont engagés dans une violente bataille. Chacun veut obtenir le
contrôle de certains territoires dans cette région. Une quarantaine de combattants ont péri durant les dernières 48 heures.
Jihadistes contre jihadistes, une nouvelle fois les groupes islamistes syriens se font la guerre. Une bataille sans merci, selon Tariq alDimashqi, militant de l’opposition syrienne. « Il y a une lutte acharnée entre l’Etat islamique et le Front al-Nosra, sur le plateau du
Golan. Le Front al-Nosra tente de se débarrasser définitivement de l’armée du jihad », assure-t-il.
L’armée du jihad est composée de plusieurs factions extrémistes. Toutes ont récemment prêté allégeance à l’organisation Etat
islamique. Sur le plateau du Golan, la faction la plus importante est baptisée les Martyrs de Yarmouk et ce groupe affiche la même
volonté expansionniste que l’EI. « Des affrontements sont en cours entre le Front al-Nosra et les Martyrs de Yarmouk. Les Martyrs de
Yarmouk, c’est Daech. Ils contrôlent déjà certaines régions du plateau du Golan et annoncent maintenant leur volonté de s’emparer
de nouveaux territoires », ajoute l'opposant syrien.
En Syrie, le Front al-Nosra et l’organisation Etat islamique n’en sont pas à leur premier conflit. Ils se sont déjà entretués à Raqqa dans
l’est du pays ou Alep, grande métropole du nord.
Syrie : 150 soldats assiégés
BBC 01 mai 2015
L’Observatoire syrien des droits de l'Homme qui rapporte l'information indique par ailleurs que le sort de près de 200
soldats, combattants loyalistes et leurs familles qui avaient été capturés dans la ville et ses environs par Al-Qaïda et ses alliés
reste inconnu.
En début de semaine, le régime syrien avait fait état du "massacre" de 200 civils dans une localité proche de Jisr al-Choughour.
Après quatre jours de combats, Jisr al-Choughour , Proche de la frontière turque et à la périphérie de la province de Lattaquié, fief de
Bachar Al Assad, a été prise le 25 avril par le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda et ses alliés.
Depuis samedi, près de 150 soldats et quelques civils sont assiégés dans un bâtiment de l'hôpital par des rebelles, selon Rami Abdel
Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
Lundi, le ministère syrien des Affaires Etrangères avait affirmé que "des terroristes ont massacré près de 200 civils, principalement
des femmes et des enfants à Ichtabraq, près de Jisr al-Choughour".
Ichtabraq est une localité à majorité alaouite, une branche du chiisme, communauté dont est issu le président Bachar al-Assad.
Le régime syrien a perdu beaucoup de terrain ces dernières semaines.
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Selon des analystes, les parrains régionaux de la rébellion que sont la Turquie, l'Arabie saoudite et le Qatar ont décidé de faire fi de
leurs rivalités pour donner plus d'armes aux rebelles, afin de stopper l'avancée du régime syrien et contenir l'influence de leur rival
régional l'Iran, un des principaux alliés de Bachar Al Assad.
Bien qu'ils soient tous deux d'idéologie jihadiste, le Front Al-Nosra et l'Etat islamique sont rivaux sur le terrain syrien.
Le conflit a également fait des victimes à Alep dans le nord, où selon les médias d'Etat, sept civils y ont été tués et 35 autres blessés
par des obus tirés par les rebelles sur le centre-ville.
25 combattants de Daech périssent dans une explosion
Par : Di avec Médias | 30 avr 2015 |
25 membres de l’Etat Islamique auraient été tués suite à l’explosion qui a eu lieu dans un atelier de fabrication d’explosifs à Dir Zour
à l’Est de la Syrie, a affirmé l’observatoire syrien des droits de l’Homme mercredi 29 avril 2015 et que 20 autres ont été blessés, a t’-il
ajouté.
Toutefois l’observatoire a ajouté que les raisons de cette explosion ne sont pas encore déterminées.
Des milliers de Frères Kouachi ravagent le
Nord syrien avec l’aide de l’Occident
Bahar Kimyongür
Le cheikh saoudien Abdallah al Mouhaysni et l’émir Al Muslim le tchétchène,
2 des commandants de la bataille de Jisr al Choughour
Jeudi 30 avril 2015
Plus personne ne met en doute le soutien apporté par les USA au terrorisme djihadiste en Afghanistan du temps de l’URSS et à l’un
de ses chefs, le Saoudien Oussama Ben Laden. Cette vérité fait partie de ces généralités que Monsieur tout le monde sort volontiers
dans une discussion de comptoir ou au coin du feu sans que cela ne choque. Aujourd’hui, la collaboration machiavélique entre les
barbares de Washington, leurs alliés « sunnites » du Conseil de coopération du Golfe, Ankara et Al Qaeda est accueillie avec le même
flegme. Mais attention au retour de flamme. Car la Syrie n’est qu’à mi-chemin entre Paris et Kaboul.
Un « tout petit carnage » à Charlie Hebdo de 12 morts, tout petit comparé aux dizaines de milliers d’Arabes victimes du terrorisme et
de la guerre au Moyen Orient, et le président Hollande déclarait la France « touchée dans son coeur ».
Depuis 4 ans, le coeur des Syriens est chaque jour criblé de balles, des mêmes balles que celles qui ont décimé la rédaction de Charlie
Hebdo. Rien que ces dernières semaines, des centaines de soldats et de civils syriens ont été massacrés à Alep et Idlib au Nord, à
Hama au centre et à Deraa au Sud. Depuis un mois, le coeur des Yéménites saigne aussi. Ce pays du bout de la Péninsule arabique est
pris en étau entre une « coalition sunnite » aérienne conduite par l’Arabie saoudite et une « coalition sunnite » au sol conduite par Al
Qaeda.
Les auteurs du carnage de Paris, les frères Kouachi, se revendiquaient précisément d’Al Qaeda au Yémen, cette organisation terroriste
appuyée par le Conseil de Coopération du Golfe (CCG) lui-même allié de l’OTAN contre les forces patriotiques yéménites.
Au même moment, une autre « coalition sunnite » conduite par le Front al Nosra, branche syrienne d’Al Qaeda lançait une offensive
sans précédent dans le Nord syrien depuis le territoire turc.
En moins d’un mois, cette coalition qui se fait nommer « l’Armée de la Conquête » (Jaysh al Fath) s’est emparée de deux villes
stratégiques situé à quelques kilomètres seulement de la Turquie : Idlib et Jisr al Choughour.
Des milliers de Frères Kouachi ont ainsi déferlé depuis la province d’Antioche en territoire turc sur la province d’Idlib armés de
missiles anti-tanks américains TOW et de MANPAD anti-aérien américains.
Rien ne semble pouvoir arrêter cette armada terroriste qui ravage tout sur son passage à coup d’attaques kamikazes de masse.
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Seule la noria d’ambulances turques évacuant les combattants terroristes vers les hôpitaux de la ville turque d’Antakya semble
témoigner du degré d’implicaton d’Erdogan dans les batailles faisant rage à Idlib.
Mais il y a aussi des indices clairs d’une implication US directe tant du point de vue de la logistique que de la stratégie. L’invasion du
Nord de la Syrie par le Front al Nosra depuis la Turquie survient en effet au moment du lancement par Washington et Ankara d’un
programme d’entrainement sur mesure pour les « rebelles syriens modérés » (« modérés » par rapport à Daech, c’est dire…) dans les
casernes de la gendarmerie turque.
Ce programme appelé en turc ’Egit-Donat’ (Formation et Equipement) a suscité la colère de la population d’Antioche qui a manifesté
ce samedi en arborant des drapeaux syriens et des portraits d’Assad.
Les experts en stratégie militaire sont unanimes sur un point : « l’Armée de la Conquête » pro-Al Qaeda doit son succès dans le Nord
syrien à la réconciliation entre le sultan turc Erdogan, le Roi saoudien Salmane et l’émir qatari Tamir. Cet aveu révèle les liens
profonds qui existent entre l’organisation de Ben Laden et les alliés « sunnites » de l’Occident. (*)
Il banalise l’idée que l’organisation barbare qui a abattu les tours jumelles à New York en 2001, ensanglanté Madrid en 2004, Londres
en 2005 et Paris en 2015 est l’allié de l’Occident contre tous les Etats et entités non alignés du Moyen-Orient : la Syrie, l’Iran, le
Yémen et le Hezbollah.
Un simple rappel à toutes les belles âmes qui considèrent Al Qaeda comme un moindre mal en Syrie : les terroristes qui occupent
aujourd’hui Jisr al Choughour se sont livrés à des exécutions publiques et autres scènes d’horreur dans toute la campagne de la
province d’Idlib.
Ces mêmes terroristes ont envahi la côte syrienne le 4 août 2013, massacrant et prenant en otage des centaines de villageois alaouites
de la province de Lattaquié. L’ONG HRW a publié un rapport accablant à ce sujet intitulé : « On peut encore voir leur sang ».
Au printemps 2014, ils ont occupé et pillé le village arménien de Kessab dans la province de Lattakieh avant d’être repoussés par
l’armée syrienne et les Forces de défense nationale (NDF).
Il y a quelques jours, le village d’Ichtibraq dans la province d’Idlib a subi un raid terroriste. Les survivants de ce village aujourd’hui
désert évoquent le massacre d’une trentaine de civils, vieillards et enfants inclus, par le Front al Nosra (Al Qaeda en Syrie). Le crime
des suppliciés ? Simplement être des alaouites, des « mécréants noussayris » selon la rhétorique de leurs bourreaux. Bienvenue dans la
Syrie « libérée » par Al Qaeda !
(*) Le mot « sunnite » est placé entre guillemets pour 2 raisons : 1. Tous les Etats sunnites ne se sentent pas forcément représentés par
la coalition saoudienne. L’Algérie sunnite et le Sultanat d’Oman, membre du CCG, n’en font pas partie de la coalition anti-Yemen. 2.
Les cibles visées par les différentes coalitions pro-Saoud sont elles aussi sunnites : l’armée syrienne est majoritairement composée de
soldats sunnites et la rébellion houthie au Yémen est elle aussi alliée à plusieurs tribus sunnites.
Dans la tête du Turc Erdogan
Valeurs Actuelles Par Frédéric Pons 30 avril 2015
Emouvante à Erevan, inquiétante à Ankara, la commémoration du centenaire du génocide des Arméniens (1915-1923) en dit
long sur la relative indifférence d’une partie du monde occidental, en dépit de ses propres racines chrétiennes. Seuls 24 pays
ont reconnu le génocide. À Erevan, François Hollande, Vladimir Poutine et le président chypriote Níkos Anastasiádis étaient présents,
pas Barack Obama ni aucun autre chef d’État occidental.
Cet anniversaire illustre surtout ce que les Turcs d’aujourd’hui ont en tête, à commencer par leur président, Recep Tayyip Erdogan,
dont la dérive néo-ottomane s’affirme de jour en jour. Son attitude à l’égard des chrétiens persécutés de Syrie et d’Irak, comme la
discrimination dont souffrent ses compatriotes chrétiens montrent la face sombre de la Turquie moderne, si ressemblante avec celle de
1915. Erdogan et ses amis ne reconnaissent que 100 000 morts il y a un siècle (au lieu de 1,2 à 1,5 million).
Cette approche négationniste du gouvernement islamo-conservateur d’Ankara éclaire d’un jour encore plus révoltant les persécutions
actuelles des assyriens, des chaldéens, des grecs ou des yazidis par les islamistes syriens et irakiens. En Syrie, les Turcs soutiennent le
Front al-Nosra et d’autres groupes islamistes, qui bénéficient ou ont profité de leur mansuétude dans leur campagne antichrétienne. Le
21 septembre 2014, des militaires turcs auraient même prêté main-forte à l’État islamique pour dynamiter le Mémorial du génocide
arménien de Deir ez-Zor (Syrie), un lieu d’études et de pèlerinages situé sur un ancien camp de déportation. Aujourd’hui comme hier,
cette barbarie traduit la même volonté d’épuration religieuse de ces terres bibliques.
Si quelques courageux intellectuels turcs n’hésitent plus à parler de “génocide”, aucune autorité politique, religieuse ou intellectuelle
d’Ankara ou d’Istanbul n’a osé le faire. Ce déni de la Turquie moderne suscite le doute, une nouvelle fois, sur la compatibilité de ce
pays de 82 millions d’habitants (100 millions en 2050) avec l’Union européenne, sur l’opportunité à l’intégrer le moment venu,
comme le prévoit l’imprudente promesse qui lui fut faite par les Européens en 1963.
Ces djihadistes qui rêvent d’être califes
La Liberté 01.05.2015 PASCAL FLEURY
Islam • Aux quatre coins du monde musulman, des islamistes radicaux revendiquent la création d’un califat qui restaurerait
l’unité originelle de l’islam. Un projet utopique qui se heurte à la réalité des luttes fratricides.
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C’était le 29 juin 2014. Dans la principale mosquée de Mossoul, la deuxième ville d’Irak, le chef du mouvement djihadiste Etat
islamique (Daech), jusque-là sans visage, monte en chaire pour proclamer un nouveau califat en Irak et Syrie. Abou Bakr al-Baghdadi
s’investit calife - c’est-à-dire «successeur» du prophète Mahomet - et prend le nom d’Ibrahim. «La Syrie n’est pas pour les Syriens et
l’Irak n’est pas pour les Irakiens. La Terre appartient à Allah!», déclare-t-il avec aplomb.
En novembre, dans une vidéo authentifiée, le djihadiste irakien pousse plus loin ses pions, affirmant fièrement avoir accepté des
serments d’allégeance de la part de partisans en Libye, Egypte, Arabie saoudite, Algérie et au Yémen. A croire ce coup de marketing
politique, le grand territoire qui doit restaurer l’unité originelle des musulmans serait en train de renaître de ses cendres, bien éteintes
depuis la chute de l’Empire ottoman.
Son annonce triomphale est aussitôt contestée au Yémen, où l’organisation terroriste al-Qaïda dans la péninsule Arabique (AQPA)
considère ce califat autoproclamé comme «illégitime», les autorités religieuses refusant de le reconnaître. En février toutefois, selon la
société américaine SITE Intelligence Group, des combattants d’AQPA auraient signifié leur ralliement au chef de l’Etat islamique.
Des projets tous azimuts
En réalité, le projet de restauration du grand califat historique des musulmans n’émane pas que de Daech. Il est partagé par de
nombreux mouvements radicaux et djihadistes. Ainsi, en août dernier, le groupe islamiste Boko Haram a proclamé un califat dans le
nord-est du Nigeria, embryon d’un «califat africain» qui refuse de se ranger sous la bannière de Daech.
En septembre, c’est le chef du réseau al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, qui a annoncé la création d’une nouvelle branche du mouvement
islamiste dans le sous-continent indien, avec l’objectif de créer un califat qui s’étendrait de la Birmanie à certaines parties de l’Inde et
du Bangladesh.
Pour sa part, Omar Khalid al-Khurasani, leader du Mouvement des talibans du Pakistan lié à al-Qaïda, a déclaré en 2012 que son
groupe mènerait le djihad jusqu’à ce que «le califat soit instauré à travers le monde». En 2007 déjà, le courant intégriste sunnite
indonésien Hizbut-Tahrir, comptant deux millions de partisans, manifestait en masse pour réclamer la résurrection du califat dans tout
le monde islamique. Pareil programme politique est aussi défendu historiquement par les Frères musulmans, leur fondateur Hassan elBanna ayant prôné le retour à l’unité de la Oumma - la communauté de tous les musulmans.
L’historien Alexandre Adler, auteur de l’essai «Le califat du sang» (Ed. Grasset, 2014), recense finalement quatre territoires
principaux qui aspirent à la restauration du califat: l’axe Irak/Syrie de Daech, les régions pachtounes d’Asie centrale, le front de
l’Azawad (nord du Mali) - où les combattants d’al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) rejettent également le projet de Daech - et
enfin «le chemin du pèlerinage de La Mecque», qui part du nord-est du Nigeria et passe par la République centrafricaine, où sévit le
Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (ex-Seleka).
«Dans l’esprit des plus fous, commente l’historien, une réunification de l’ensemble de ces territoires ne serait pas à exclure un jour.
Nous en sommes loin, mais pas dans l’intention de ses protagonistes.» Oussama Ben Laden s’en réjouirait, lui qui affirmait, au
lendemain des attentats du 11 septembre 2001, que les musulmans étaient en deuil depuis 1924, année où Mustafa Kemal Atatürk,
premier président de la République de Turquie, avait aboli le califat.
Nostalgie de l’âge d’or
Pareil engouement des islamistes radicaux pour un modèle politique suranné peut surprendre, alors que le califat avait déjà perdu
l’essentiel de son éclat au XIIIe siècle, après les dynasties omeyyades et abbassides. Dès le XVIe siècle, les califes ne revêtaient plus
qu’une fonction religieuse et d’apparat face aux puissants sultans, une tradition qui n’a pas survécu à l’Empire ottoman.
L’actuel regain d’intérêt tient en fait à l’aura extraordinaire des quatre premiers califes qui ont succédé au prophète, après sa mort en
l’an 632, pour préserver l’unité de la jeune communauté musulmane et en assumer les pouvoirs civils, militaires et religieux. Ces
califes modèles, appelés «bien guidés» et magnifiés par la légende, ont marqué l’âge d’or des califats. Une époque «idéale» qui a
précédé les guerres fratricides ayant mené à la séparation des sunnites et des chiites, puis des kharidjites, troisième branche dissidente
de l’islam qu’on trouve aujourd’hui encore par exemple au sultanat d’Oman.
Cette époque glorieuse de propagation de la foi, de victoires militaires et d’essor de la civilisation arabo-islamique a toujours fasciné
les djihadistes. Tout comme d’ailleurs la puissance politique, religieuse, militaire et judiciaire des premiers califes omeyyades au
pouvoir dès 661. Pour les djihadistes, «seul est licite, pour gagner le paradis, ce qu’ont permis, prescrit et rendu exemplaire au
VIIe siècle le Coran, la Sunna, la vie du prophète et des pieux ancêtres, ces trois premières générations ayant côtoyé Mahomet ou reçu
des témoignages directs», explique l’historien Rochdy Alili dans «Le Monde des Religions» (janv.-fév. 2015). Un «retour à la
tradition des ancêtres» (c’est le sens de «salafisme») qui peut être vécu comme projet politique mais aussi comme lutte armée.
Un échec programmé
Du rêve nostalgique à la réalité, il y a toutefois un pas que les observateurs se gardent bien de franchir. Dans «Géopolitique des
islamismes» (Ed. PUF, 2014), l’historienne Anne-Clémentine Larroque estime d’ailleurs qu’il est «formellement impossible
d’évoquer aujourd’hui une Internationale islamiste homogénéisée». Le projet de califat se heurte en fait à la réalité des incessantes
luttes fratricides entre factions sunnites, sans parler de la «guerre mondiale» qui déchire les sunnites et les chiites depuis plus de trente
ans, selon les termes du politologue Antoine Sfeir, fondateur des «Cahiers de l’Orient», dans «L’islam contre l’islam» (Ed. Grasset)
en 2013.
Et ce n’est en tout cas pas Daech qui fera avancer le projet. L’Union internationale des savants musulmans (oulémas) a en effet
déclaré, dès la proclamation de juin 2014, que l’Etat islamique «viole la charia», et que le titre de calife doit être «accordé par la
nation musulmane entière» et non par «un groupe connu pour ses atrocités et ses vues radicales qui desservent l’islam».
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Reste tout de même l’effet propagandiste de l’annonce du retour du califat. «Il apparaît clairement que la proclamation du califat joue
un rôle de représentation symbolique de l’unité (à l’image de l’unicité divine) du commandement», observe l’historien Pierre-Jean
Luizard dans «Le piège Daech» (Ed. La Découverte, 2015). Le califat, comme image de l’unité de l’islam, une belle récupération de
l’histoire. Pas sûr que Mahomet s’y retrouverait…
> Le documentaire «Juifs et musulmans, si loin, si proches», dimanche sur RTS 2, évoque la fulgurante conquête musulmane au
VIIe siècle.
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Portrait d’un Etat embryonnaire
En proclamant son califat, en juin 2014 à Mossoul, Abou Bakr al-Baghdadi a développé une nouvelle stratégie de communication et
de propagande, l’organisation d’idéologie salafiste ayant jusque-là plutôt soigné son image terroriste avec des scènes macabres. Se
revendiquant dès lors comme «Etat islamique», les djihadistes ont affiché leur volonté de poser les bases d’un véritable Etat.
Mais qu’en est-il de cet Etat embryonnaire, dont les frontières floues chevauchent l’Irak et la Syrie? Dans son dernier ouvrage*,
l’historien Pierre-Jean Luizard, directeur de recherche au CNRS, en fait la description détaillée, secteur par secteur. Ainsi, observe-til, il n’existe pas de ministères au sens strict au sein de l’Etat islamique, mais on y trouve une division fonctionnelle du travail et des
départements administratifs spécialisés. «La nomenclature même de ces fonctions et départements évoque à la fois la recréation
imaginaire des premiers Etats musulmans de l’époque des compagnons du prophète et la spécialisation bureaucratique d’un Etat
moderne», commente-t-il. Le territoire a été subdivisé en sept administrations provinciales, celle de l’Euphrate étant transnationale.
Un pouvoir judiciaire a été mis en place, avec des juges religieux, une police chargée de faire respecter la charia et une police des
mœurs. Des brigades féminines al-Khansa, composées en majorité d’Occidentales, sont chargées de surveiller les jeunes femmes et la
séparation des sexes dans les transports publics.
L’appareil d’Etat comprend aussi un secteur financier pour la gestion des fonds confisqués dans les banques, issus du trafic du pétrole
ou de dons. Un impôt islamique est prélevé. Quant à la formation, dans les écoles encore ouvertes, elle privilégie l’apprentissage du
Coran. Les universités de Mossoul fonctionnent à nouveau, mais les sciences, comme la biologie darwinienne, sont sous
surveillance. PFY
* «Le piège Daech - L’Etat islamique ou le retour de l’Histoire», La Découverte, 2015.
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Repères
Vicaire de Dieu
> Les califes sont considérés comme les «successeurs» - «al khalifa» - du prophète Mahomet. A l’origine, ils dirigent la Oumma, la
communauté des musulmans, et ont pour tâche de veiller à l’unité de l’islam.
> Le premier calife, Abou Bakr As-Siddiq, est proclamé en 632. Digne et courageux compagnon du prophète, il est préféré à Ali ibn
Abi Talib, cousin et gendre de Mahomet. «Fils spirituel» du prophète, ce dernier deviendra toutefois plus tard le 4e calife. La tension
entre ces deux lignées est à l’origine de la séparation entre sunnites, partisans de la tradition, et chiites, partisans d’Ali.
> Vicaires de Dieu et responsables politiques sous la dynastie omeyyade (661 - 750), les califes vont perdre peu à peu leur puissance
temporelle face aux sultans à l’époque abbasside. Ils conserveront toutefois une aura religieuse et symbolique jusqu’à la fin de
l’Empire ottoman. Le 101e et dernier calife, Abdülmecid II, a été destitué en 1924.
La Hijra des temps modernes
SENENEWS.com | 01/05/2015
Plus d’un millier de migrants ont perdu la vie depuis le début de l’année entre la Libye et l’Italie. En effet, des tombeaux
ambulants pour femmes, enfants, hommes à la quête d’un meilleur récit, sombrent entre la Libye et Lampedusa.
Lampedusa cette demeure funeste, et certainement pas «Lampe Fall»!
En masse bravent-ils l’océan, la limite, cette frontière presque indépassable? Elle est prise comme un frein à la réalisation, aux
réussites, de cette armée de soldats fuyant misère, guerre, famine et pauvreté, ou tout simplement poursuivant un rêve. Voilà la Hijra
des temps modernes, la Hijra de ces braves à la recherche d’une sorte de «Fat-houl Akbar» (la grande ouverture). Dans un sens
premier, la Hijra (Hégire) commémore l’émigration du Prophète (saws) de la Mecque à Médine. Il correspond à son émigration et à
celle de ses premiers adeptes, qui abandonnèrent la Mecque pour s’installer dans l’oasis de Yathrib (Médine), leconsensus des
traditions islamiques et des historiens la situe en 622. L’Hégire marque le début de l’ère islamique. Symboliquement c’est des
perspectives nouvelles, une chance de survie, la liberté de conscience et de culte. Pour les musulmans persécutés à la Mecque,
Médine devient une terre promise, un espoir, un horizon à atteindre. Aujourd’hui, pour les populations gangrenées par la pauvreté et
ses conséquence, la guerre et les conflits de toutes sortes, ou tout simplement le désir de voir ailleurs, certains pays du monde restent
et demeurent cette nouvelle Médine. Idéalisée peut être, à tord ou à raison certainement, la réalité persistante et les cadavres parlent
d’eux mêmes.
Non l’afflux des migrants, des pays sous-développés vers les pays développés ne s’arrêtera pas!
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ça Fatou Diome l’a bien dit. ça ne s’arrêtera jamais. Premièrement, les puissances occidentales à force de droit-de-l’hommisme
forcené partout et sans y associer les peuples concernés, sèment la zizanie, déstructurent des états, créent des réfugiés (sans le
statut)… La Libye sous khadafi un enfer? La Libye sans Khadafi un état faillis, aux mains de bandes et de clans rivaux qui se
disputent le contrôle des richesses et du territoire. L’Irak sous Saddam un purgatoire à ciel ouvert? Mais sans Saddam c’est le paradis
sur terre pour vierges embrigadées et bandits enturbannés! La Syrie avec Bashar, c’est le père noël pour de vrai? Mais sans Bashar…
sans Bashar? impossible! c’est les Bandits enturbannés qui prospèrent! De vrais mâles en chaleur, en rut, assoiffés de sang!
Deuxièmement face à un monde progressivement construit comme un village planétaire, interconnecté par les réseaux de transport,
de communication et de télécommunication comment établir une liberté de circulation partiale et partielle? Pourquoi certains ont le
droit de voyager et la liberté de s’installer tandis qu’à d’autres c’est un droit qu’on refuse, qu’on contrôle ou qu’on néglige? Mieux
dans ce monde où on naît à Dakar, étudie en France, travaille aux USA et épouse une chinoise sommes-nous en face d’un système
international en phase? Plus clairement l’ONU et les institutions d’après guerre froide, sont-elles adaptées pour réguler la scène
internationale actuelle? une scène internationale qui assiste à la naissance de nouveaux états, l’émergence de nouvelles forces
économiques et militaires en passe de dépasser d’anciennes puissances en mal d’influence. N’est-il pas urgent de mettre en place un
nouveau mode de gouvernance mondiale, équitable et reflétant la scène internationale actuelle?
Dans un monde caractérisé par une sorte d’interdépendance radicale et surtout complexe, urgent est-il de comprendre que ni la
xénophobie, ni le racisme, ou l’ostracisme quelques formes qu’ils prennent, ne paraissent viables. Est-ce la fin des territoires dans un
monde retourné? Tension entre une mort des frontières et une volonté de re-clôture. Mais enfin, les voyageurs ne cesseront de
voyager, afin de perpétuer la formidable aventure de l’humanité.
À Damas, un train touristique reprend du service
La Presse. Ca Publié le 01 mai 2015 Rim HADDAD Agence France-Presse
Le «Qitar al-Nouzha» est composé d'une locomotive et d'un wagon jaune avec des sièges en cuir pouvant transporter environ 100
personnes. PHOTO LOUAI BESHARA, AFP
Les Damascènes l'appellent le «train de promenade»: ce tortillard touristique, synonyme de vacances, mais paralysé depuis le début
du conflit en Syrie, fait de nouveau la navette entre la capitale et sa banlieue, insufflant de l'espoir dans la morosité quotidienne.
Le «Qitar al-Nouzha» est composé d'une locomotive et d'un wagon jaune avec des sièges en cuir pouvant transporter environ 100
personnes. Il a été relancé officiellement vendredi par les autorités et sera ouvert au grand public à partir de samedi.
Avant la guerre qui ravage le pays depuis plus de quatre ans, ce petit train parvenait à des localités de la grande province de Damas
aujourd'hui sous contrôle des rebelles, comme Zabadani. Donc, il n'effectuera que des va-et-vient entre la capitale et des banlieues
toutes proches sous le contrôle du régime, comme celle de Doummar.
Pour beaucoup de Damascènes, la locomotive est synonyme de vacances dans les villégiatures en province, une région arboricole où
on allait pique-niquer, mais qui est actuellement en proie aux bombardements et combats.
«C'est le train de mon enfance. Je veux le prendre de nouveau pour me souvenir des beaux jours», confie à l'AFP Nour, une
adolescente qui prépare son baccalauréat.
En 2009, le train est devenu centenaire. Il partait auparavant de la station Hijaz, dans le centre-ville, aujourd'hui fermée.
«Cela rendra les gens heureux», affirme Samir Khoury, ingénieur de 43 ans.
Pour 50 livres syriennes (0,20 $), la locomotive, qui fonctionne au fioul, servira également en milieu de semaine de moyen de
transport alternatif dans une capitale embouteillée.
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«Nous avons décidé de redémarrer ce train pour redonner de l'espoir et de redessiner le sourire sur le visage des Damascènes»,
explique à l'AFP Zouheir Khalil, un des responsables de la gestion du véhicule.
Le train part de Rabwé, près de la célèbre place des Omeyyades dans l'ouest de la capitale, longe le fleuve Barada avant d'arriver à
Doummar, banlieue du nord-ouest.
L'inauguration s'est déroulée en présence de dizaines de personnes, avec une affiche géante du président Bachar al-Assad installé pour
l'occasion.
Avec le conflit, l'ensemble du réseau routier - notamment les bus - a été perturbé en raison des combats et des enlèvements.
«Ce train était la fierté de notre quartier et je me suis sentie désemparée quand il s'est arrêté. Deux jours avant les promenades avec
mes amis dans ce train, je préparais le taboulé, des desserts et surtout le narguilé. Je vais pouvoir recommencer», assure Safaa alBeyrouthi, une infirmière qui habite près de la gare.
La guerre en Syrie a fait depuis le 15 mars 2011 quelque 220 000 morts, jeté la moitié de la population hors de chez elle et laminé
l'économie, dont le tourisme qui représentait 12 % du PIB.
Déclenchée par la répression d'un mouvement de contestation par le régime, elle oppose le régime aux rebelles, mais l'implication en
2013 des groupes djihadistes dont les membres sont venus pour la plupart de l'étranger a rendu le conflit encore plus complexe.
En Syrie, l’armée passe à l’offensive contre Lattaquié
La Croix 1/5/15
Ayant essuyé plusieurs défaites ces dernières semaines, les forces loyalistes cherchent à protéger la ville, fief de Bachar Al Assad,
d’une éventuelle attaque des forces rebelles.
L’armée syrienne a lancé, vendredi 1er mai, une offensive contre un site stratégique de la ville de Lattaquié, dans la province du
même nom, bastion de la famille de Bachar Al Assad situé au nord-ouest du pays. Les forces du régime ayant essuyé une série de
défaites dans la province limitrophe d’Idleb, elles entendent protéger les environs de la ville d’un éventuel assaut rebelle.
Dans la nuit du jeudi 30 avril au vendredi 1er mai, l’armée est ainsi passée à l’attaque contre des positions des insurgés dans le nordest de la province de Lattaquié. D’après l’Observatoire syrien des droits de l’homme (SDH), sept rebelles et dix soldats et miliciens
pro régime auraient été tués.
Défaite dans la province voisine pour le régime
Si les forces du régime parvenaient à avancer, elles pourraient réaliser la jonction avec l’armée dans la province voisine de Idleb, et
tenter d’y reprendre la ville de Jisr al-Choughour.
Celle-ci est tombée, samedi 25 avril, entre les mains du Front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaida, et de ses alliés rebelles, après
quatre jours de combat. Réunis dans un hôpital, environ 150 soldats y sont assiégés, rapporte l’OSDH, qui ajoute que le sort de près
de 200 personnes, des combattants loyalistes ainsi que leur famille, y reste inconnu.
Soutien des parrains régionaux
Le régime syrien a perdu de nombreuses régions ces dernières semaines. Selon des analystes, les parrains régionaux de la rébellion –
la Turquie, l’Arabie saoudite et le Qatar – ont décidé de lui donner davantage d’armes afin de stopper l’avancée du régime et de
contenir l’influence de leur rival régional l’Iran, un des principaux alliés de Bachar Al Assad.
Syrie: 52 civils tués dans des raids de la coalition sur un village
Par Lefigaro.fr avec AFP Publié le 02/05/2015
Au moins 52 civils sont morts dans des raids aériens de la coalition anti-jihadistes sur un village du nord de la Syrie, a affirmé samedi
l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"Des raids de la coalition menés tôt vendredi sur le village de Birmhale, dans la province d'Alep, ont fait 52 morts", a précisé le
directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane. Parmi les victimes se trouvent 7 enfants, tandis que 13 personnes sont encore portées
disparues, prises sous les décombres, a-t-il ajouté.
Selon M. Rahmane, des miliciens kurdes et des rebelles combattent les jihadistes de l'organisation Etat islamique à quelque 2km de
Birmhale. Mais le village "n'est habité que par des civils. Il n'y a pas de positions de l'EI, pas de heurts".
Pas "un seul combattant de l'EI" n'a été tué dans les raids sur Bermhale, a-t-il ajouté, mais d'autres raids non loin ont tué sept
jihadistes.
Une coalition internationale initiée par les Etats-Unis et comprenant des pays arabes mène depuis fin septembre des raids en Syrie
contre les positions des jihadistes de l'EI. Des pays européens participent en outre aux opérations de la coalition en Irak.
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Ces bombardements ont notamment permis aux combattants kurdes et rebelles syriens de reprendre la ville de Kobané, frontalière de
la Turquie, après des semaines de batailles avec les jihadistes.
Mais le Pentagone a reconnu en avril que l'EI avait "maintenu son influence globale" en Syrie malgré ces frappes.
Selon l'OSDH, 66 civils avaient été tués dans des raids en Syrie avant celui de Bermhale. Au total, l'ONG, basée en Grande Bretagne
et qui bénéficie d'un vaste réseau de sources à travers la Syrie, estime que la coalition a tué plus de 2.000 personnes, dont 1.922
jihadistes de l'EI.
Commencé en mars 2011 par des manifestations pacifiques contre le régime, réprimées dans le sang, le conflit syrien a dégénéré en
une complexe guerre civile aux alliances mouvantes. Plus de 220.000 personnes sont mortes en quatre ans et près de 10 millions de
Syriens ont du fuir leur foyer.
Daech: Grièvement blessé, le leader du groupe terroriste pourrait être
définitivement remplacé selon "The Guardian"
La rédaction du HuffPost Maroc Publication: 02/05/2015
TERRORISME – Le calife autoproclamé de l’"Etat islamique" (ou Daech), Abou Bakr al-Baghdadi, serait grièvement blessé selon les
informations recueillies par The Guardian.
Dans son édition du 1er mai, le quotidien britannique indique que le leader du groupe terroriste est handicapé "à cause d’une blessure
à la colonne vertébrale", et qu’il est actuellement soigné "par deux médecins qui font le trajet depuis le QG du groupe à Mossoul (en
Irak), jusqu’à sa cachette".
Blessé le 18 mars dernier dans une attaque aérienne menée par l’armée américaine, le "calife" n’a pas repris ses fonctions depuis cette
date. Selon trois sources proches de Baghdadi, ses blessures pourraient l’empêcher de reprendre un jour les commandes de
l’organisation terroriste.
Daech est désormais dirigé par un autre haut responsable du groupe, Abou Alaa al-Afri, qui avait été nommé chef adjoint lorsque son
prédécesseur avait été tué dans un raid aérien à la fin de l’année dernière.
"Si Baghdadi meurt, c’est lui qui dirigera le groupe", a indiqué au Guardian un conseiller du gouvernement irakien, spécialiste de
Daech.
Plus de 100 morts au djihad étaient partis de France
Par lefigaro.fr Publié le 02/05/2015
Le djihad est un voyage sans retour. La barre des 100 morts parmi les islamistes partis de France pour mener le djihad enSyrie et
en Irak a été franchie, selon un décompte des services antiterroristes français. Parmi les derniers décès sur les 104 désormais
identifiés figure celui de deux adolescents de 12 et 14 ans qui étaient partis il y a deux ans avec leur mère, une femme radicalisée
originaire de la région de Toulouse, a précisé la source sans plus de détails sur leur identité.
Le taux de mortalité parmi les djihadistes français est particulièrement élevé, relève cette source, qui la met en rapport avec les plus de
800 personnes qui sont allées en Syrie et en Irak, dont quelque 450 y sont encore et environ 260 ont quitté la zone. En ajoutant ceux
qui ont émis le souhait de se rendre sur place ou ceux qui sont en route, 1.600 personnes environ sont impliquées dans les filières
cjihadistes.
Des jeunes originaires de Trappes, Toulouse ou Lunel
Les deux mineurs toulousains étaient apparus dans des vidéos de propagande djihadiste. Si l'information a été très récemment vérifiée,
l'un des deux a perdu la vie en mars lors de combats près de la frontière entre la Syrie et la Turquie. Deux autres frères, majeurs cette
fois, originaires de Trappes, dans les Yvelines, ont également perdu la vie. L'un était parti en 2013, l'autre l'a rejoint en 2014. Ils
appartiennent à une famille connue, puisque l'un de leurs proches a été récemment interpellé dans une enquête antiterroriste, a précisé
la source.
Parmi les derniers décès identifiés, figure également un des jeunes de Lunel, la petite ville de l'Hérault d'où sont originaires entre dix
et vingt jeunes hommes de 18 à 30 ans partis faire le jihad, dont sept sont décédés. Le dernier en date est l'un des auteurs du triple
attentat suicide à un poste-frontière de Touraibil entre l'Irak et la Jordanie, qui a fait quatre morts côté irakien, a précisé la source.
Outre le Français, deux autres francophones, un Sénégalais et un Belge, comptent parmi les kamikazes de cette attaque revendiquée le
25 avril par l'organisation de l'Etat islamique (EI).
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Le retour dans leur pays des djihadistes est considéré par les autorités françaises comme le principal facteur de risques d'attentats sur
le sol national. Sur les projets déjoués ces derniers mois, quatre ont été fomentés par d'anciens jihadistes.
Des Français soupçonncés d'atrocités en Syrie et en Irak
Les auteurs des attaques de Paris en janvier, qui avaient fait 17 morts, Amédy Coulibaly et les frèresKouachi, ne semblent pas s'y
être rendus. Mais plusieurs de leurs proches y sont partis et eux-mêmes ont notamment invoqué l'influence de l'EI avant d'être tués par
les forces de l'ordre.
Les enquêteurs pensent que l'étudiant algérien Sid Ahmed Ghlam a pu être téléguidé par un homme installé en Syrie dans son projet
présumé d'attaquer au moins une église en banlieue parisienne. Sid Ahmed Ghlam est l'assassin présumé d'une femme de 32 ans, un
crime qu'il aurait commis à Villejuif (Val-de-Marne) sur la route des attentats qu'il est soupçonné d'avoir projetés. Selon les derniers
chiffres, quelque 125 procédures antiterroristes en lien avec la Syrie sont ouvertes en France. Sur les 166 personnes mises en examen,
113 sont en détention provisoire.
Les services d'enquête soupçonnent des Français de s'être rendus coupables d'atrocités en Syrie et en Irak. Les enquêteurs sont ainsi
convaincus que Sabri Essid, un très proche de Mohamed Merah, le tueur au scooter de Toulouse et Montauban, est le djihadiste qui
apparaît sur une vidéo diffusée par l'EI début mars: on voit cet homme aux côtés d'un enfant, sans doute son beau-fils, qui exécute un
homme d'une balle dans le front avant de tirer plusieurs fois sur son cadavre.
En novembre, la justice française avait ouvert une enquête après la diffusion par le groupe EI d'une autre vidéo dans laquelle les
enquêteurs pensent avoir identifié deux convertis français parmi les égorgeurs de soldats syriens. Un lycéen de Nice, mineur au
moment des faits, s'est lui-même dénoncé après son retour et a été écroué. Certains des jeunes djihadistes de Lunel apparaissent
également sur des vidéos montrant des atrocités de l'EI.
Pourquoi laisse-t-on l’Arabie saoudite détruire la Syrie ?
Par SXM INFO 02/05/2015
Personnellement j’ai l’impression que l’Arabie saoudite n’est pas seule à vouloir détruire la Syrie ( parce qu’il est clair que si
par malheur le gouvernement syrien et son président venaient à tomber la Syrie va connaître un chaos auprès duquel ces 4
années de martyr ne seront rien ) d’autres puissances impérialistes sont à associer à ce projet funeste : USA , UKD , France ,
Belgique , Canada , Qatar , Turquie , Jordanie , et le petit dernier par la taille mais tellement grand par la nuisance ….Israël .
La Syrie avant 2011 était une puissance régionale de nature à jouer un rôle de résistance à la volonté d’expansion d’Israël. La Syrie a
toujours soutenu le peuple palestinien, le Hezbollah dans leur résistance face à l’agresseur sioniste. De par son alliance avec la Russie,
la Syrie a refusé le passage sur son sol du gazoduc qatari destiné à concurrencer les gazoducs russes. La Syrie, demain, sera un gros
producteur de gaz (sa part dans l’immense site gazier découvert dans le bassin oriental de la Méditerranée est conséquente). La Syrie
est un allié de L’Iran. De bonnes raisons pour les impérialistes de vouloir détruire la Syrie.
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Tous ces éléments plaident en sa défaveur au vu des prédateurs impérialistes qui veulent affaiblir tous les obstacles en travers de leurs
objectifs et régionalement, affaiblir le Hezbollah et l’Iran (ce que ne manquera pas de faire l’installation du chaos en Syrie), la Russie
moins proche.
Comme en Libye, un terreau se présentait favorablement pour déclencher une situation conflictuelle : des takfiri terroristes de longue
date (et là on touche l’influence spécifique de l’ Arabie Saoudite) voulaient renverser les Assad pour imposer une société uni
confessionnelle de laquelle serait extraite toute minorité religieuse . Une aubaine pour les impérialistes : Pas d’investissement humain
à engager, aucun compte à rendre à une opinion publique qui n’aime pas voir ses soldats mourir pour des causes qu’elle ne comprend
pas.
Alors on a rameuté tout le monde, tout ce que la planète comporte de terroristes en herbe, 83 pays sont représentés dans la « nébuleuse
» djihadiste. Certes, petit à petit, la vérité fait son chemin et l’opinion subodore que l’on n’a pas toujours eu une attitude très claire
avec les djihadistes. Qu’importe on fait croire à l’opinion qu’on est contre l’état islamique et que ce dernier va voir de quel bois on se
chauffe : Sauf, qu’en Libye, on avait 4500 raids /mois aériens des « coalisés » contre la Libye alors que contre l’état islamique tout
juste 300 pour la même période et d’une telle inefficacité qu’on se demande si ces raids aériens ne sont pas à blanc !
Si l’armée syrienne s’effondre ….non elle ne s’effondrera pas!…….ce sera un chaos pire qu’en Libye et ça tout le monde le sait ! Les
mêmes qui auront soutenu ou laisser faire ce crime viendront pleurer quand les bateaux de réfugiés syriens couleront au beau milieu
de la Méditerranée, quand les chrétiens, les alaouites syriens seront décapités à la chaîne, quand ces takfiris terroristes seront devenus
incontrôlables et déborderont dans les pays limitrophes ou au-delà (tout en prenant soin d’épargner Israël.)
Je compatis, parce que moi aussi ce drame que je redoute (mais après tout rien ne nous dit qu’il est inéluctable et je crois aux
ressources du peuple syrien et de son armée) serait un drame incommensurable y compris pour les connards qui jugent bon de soutenir
« l’état islamique », Al Nosra et tous les fêles mercenaires de l’Arabie saoudite dont-on a parfaitement dépeint le caractère violent et
antidémocratique.
Syrie: le régime progresse à l'est de Damas
Par Lefigaro.fr avec AFP Publié le 03/05/2015
L'armée syrienne a renforcé son emprise autour de la Ghouta orientale, un bastion rebelle situé à l'est de Damas, en coupant la
dernière route qui permettait de ravitailler les assiégés, ont indiqué dimanche une ONG et l'agence officielle syrienne.
"Le régime a coupé la dernière des principales routes d'accès à la Ghouta orientale", a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de
l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Cette voie de communication, qui passe par le village de Maydaa dont l'armée vient de prendre le contrôle quasi total selon l'OSDH,
servait à la rébellion à acheminer de la nourriture et des renforts dans les secteurs assiégés.
L'agence officielle syrienne Sana a fait état dimanche de la prise de Maydaa, citant un responsable militaire, et de la fermeture par
l'armée "de la dernière route utilisée par les terroristes", terme choisi par le régime syrien pour qualifier les rebelles qu'ils affrontent
depuis quatre ans.
"Un grand nombre de terroristes seraient morts", a ajouté Sana.
La malédiction des chrétiens d'Orient
Télérama - Vincent Remy Publié le 03/05/2015.
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Cibles de l'organisation Etat islamique après l'avoir été de l'Empire ottoman, les chrétiens d'Orient fuient les terres qui ont vu
naître leur religion. Avec leur exode, un rempart contre l'islamisme cède. Au risque de déstabiliser un peu plus le MoyenOrient. L'historien Sébastien de Courtois retrace leur histoire.
Durant l'été 2014, alors que les chrétiens du nord de l'Irak fuyaient les islamistes de Daech, Sébastien de Courtois est allé à leur
rencontre. Il en a tiré un livre magnifique, Sur les fleuves de Babylone, nous pleurions (éd. Stock, 192 p., 18,50 €). Historien et
doctorant à l'Ecole pratique des hautes études, à 41 ans Sébastien de Courtois anime l'émission Chrétiens d'Orient sur France Culture.
Il retrace pour nous l'histoire de ces communautés et analyse leur avenir compliqué dans cette partie du monde où elles vivent depuis
deux millénaires.
En Orient depuis toujours
Etudiant aux Langues orientales, je découvre il y a quinze ans le livre d'un vice-consul français, Gustave Meyrier, témoin en 1895
d'un premier massacre des chrétiens syriaques de Diyarbakir, au sud-est de l'actuelle Turquie. On ne peut comprendre le génocide
arménien de 1915, ni ce qui se passe aujourd'hui en Syrie et en Irak, si on oublie le délitement de l'Empire ottoman à la fin du XIXe
siècle, et d'une société musulmane qui n'accepte plus une présence qu'elle considère comme étrangère. Or, ces chrétiens qu'on appelle
syriaques ou assyriens, dont 700 000 ont été exterminés en 1915, en même temps qu'un million et demi d'Arméniens, ne sont pas des
étrangers : ce sont les ancêtres de cette société musulmane. De moins en moins de gens le savent, en particulier en Orient, mais
chronologiquement, il y a d'abord eu le monde assyrien, le monde juif, le monde chrétien, et enfin le monde musulman. Les «
chrétiens d'Orient » ne sont pas nés des croisades, encore moins du colonialisme, ce sont des locaux, des gens qui sont là depuis
toujours.
Vestiges d'un Empire cosmopolite
L'Empire ottoman était une mosaïque de peuples et de religions. Un quart de la population était chrétienne. Qu'on les appelle
assyriens, syriaques, araméens, chaldéens, ou assyro-chaldéens, ces chrétiens ont une langue commune, l'araméen. Une langue
sémitique, proche de celle qu'on parlait dans l'ancienne Judée. Sa forme écrite, l'alphabet syriaque, dont découle la calligraphie arabe,
est très proche de l'écriture hébraïque. D'ailleurs, les rabbins comprennent l'araméen, langue dans laquelle est écrit le Talmud de
Babylone. Au nord de l'Irak, dans le village d'Alqosh, l'église jouxte une synagogue du Xe siècle. Il y a vraiment eu continuité
historique. Certes, des non-juifs sont devenus chrétiens, parce que Paul de Tarse voulait évangéliser le monde entier. Mais dans ces
régions de Mésopotamie, on peut penser que ce sont les juifs qui se sont convertis au christianisme.
Chrétiens, mais orientaux avant tout
Ces gens ne se définissent pas comme des « chrétiens d'Orient », mais comme des « Orientaux chrétiens ». Parle-t-on des « chrétiens
d'Occident » ? Non, alors qu'on serait pourtant davantage fondé à le faire puisque le christianisme est né en Orient ! Ne soyons pas
condescendant, évitons les raccourcis historiques. Il y a eu des ruptures dans les Eglises d'Orient, donc beaucoup d'obédiences,
catholique, orthodoxe, et parfois même protestante, mais n'enfermons pas ces « Orientaux chrétiens » dans des cases. Certes, un
chrétien du Liban vous dira qu'il est maronite, un chrétien d'Irak vous dira qu'il est chaldéen, mais aujourd'hui, ils précisent de moins
en moins le rite. Ils disent : ''Je suis chrétien de telle région...'' Ils vivent dans des mondes compliqués mais se définissent comme
citoyens de leur pays, tous confrontés aux mêmes questions : on s'en prend à nous, que fait-on ? Faut-il rester ou partir ? Et si l'on
part, où va-t-on ? Il y avait 1,3 million de chrétiens en Irak, contre 300 000 aujourd'hui, 1,2 million en Syrie, contre 500 000
aujourd'hui. Plus de la moitié sont réfugiés au Liban et en Jordanie.
Le Liban accueille près de 2 millions de réfugiés, pas seulement des chrétiens, pour 4,2 millions de Libanais — c'est comme si la
France accueillait 30 millions de réfugiés. Les Syriens, chrétiens ou pas, fuient en Jordanie. Les chrétiens irakiens, après l'offensive de
Daech sur Mossoul à l'été 2014, se sont réfugiés à Erbil, capitale du gouvernement régional du Kurdistan [lire p. 26 le cas de la
famille rencontrée à Nantes, NDLR]. Ankawa, village devenu un faubourg d'Erbil, héberge 150 000 chrétiens et yézidis, un groupe
ethnique kurde dont la religion plonge ses racines dans l'Iran antique. Chrétiens et yézidis s'entendent très bien, y compris dans l'exil.
Un évêque de la région m'a dit : « Ne parlez pas que de nous, parlez aussi des yézidis. » Les chrétiens, Daech leur laisse le choix entre
l'exil ou la conversion. Les yézidis, ils les exterminent et vendent leurs femmes au marché.
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Les Kurdes, ouverts par pragmatisme
Le Kurdistan abrite près de 2 millions de réfugiés, appartenant à toutes les composantes des sociétés syrienne et irakienne. Les Kurdes
acceptent toutes les confessions. Ils n'ont pas vraiment le choix, les gens affluent, et il n'y a pas de frontières. Mais ils ont aussi
compris qu'ils s'attiraient la sympathie internationale avec cette ouverture aux autres. Les Kurdes sont de grands pragmatiques. Ils ont
été le bras armé des Turcs lors du génocide arménien, il y a un siècle. Et ils sont les premiers à le reconnaître. Ils savent regarder leur
passé. Etant eux-mêmes une minorité, ils peuvent dire : on s'est trompé, et on comprend maintenant — après avoir été massacrés par
Saddam Hussein — ce qu'on a fait vivre aux Arméniens et aux Assyriens.
La crainte de la perte d'altérité
Les chrétiens d'Orient n'acceptent pas qu'on parle d'eux comme de « minorités ». C'est vrai qu'en nombre, ils sont minoritaires. Mais
la notion de minorité les renvoie à l'Empire ottoman — 1299-1923 — où ils avaient un statut discriminatoire, la « dhimmitude ».
Donc, ils disent : nous sommes citoyens, à l'égal de nos compatriotes musulmans. Et c'est souvent vrai dans les lois. Ils ajoutent, et
cela leur a causé tort parce qu'on les considérait comme des agents de l'Occident : « nous sommes des passerelles entre les cultures ».
Vivant dans des villes ouvertes, les chrétiens parlaient plusieurs langues, appartenaient aux élites intellectuelles. Regardez les
fondateurs des premiers partis palestiniens, beaucoup étaient chrétiens, imprégnés des idées venues de l'extérieur, le marxisme
notamment. Le drame, à long terme, pour le Moyen-Orient, c'est la perte d'altérité. Au moment où l'Occident, qui n'était pas mélangé,
se mélange, accepte d'autres cultures, l'Orient mélangé devient un bloc monoculturel, monoreligieux. La grande majorité des
musulmans du Moyen-Orient connaissent ce rôle des chrétiens et ne souhaitent pas qu'ils partent.
La chute précipitée par les Américains
La situation a commencé à se dégrader pour les chrétiens d'Irak dans les années 1980, avec la guerre de Saddam Hussein contre l'Iran.
Il a mobilisé ses troupes en exaltant le nationalisme sunnite. Mais le coup d'accélérateur pour la déstructuration de la région, c'est
l'intervention américaine de 2003. Je n'ose imaginer le nombre d'Irakiens qui ont depuis perdu la vie (1) . Quoi qu'on pense de
Saddam Hussein, jamais il n'aurait eu le temps de tuer autant de personnes. L'insurrection islamiste n'a commencé qu'après le
limogeage, par le consul américain Paul Bremer — dans les mois qui ont suivi l'intervention —, de tous les officiers baasistes dans
l'armée. Les Irakiens n'ont aucune nostalgie de Saddam Hussein, ils ont la nostalgie de l'Etat.
Au sein de Daech, qui a émergé en Irak en 2006 avant de s'étendre en Syrie, les convertis commettent les pires atrocités,
particulièrement les Français. Je mets dans la même catégorie le converti d'une famille athée et le jeune d'origine algérienne ou
tunisienne. Car il y a une rupture avec l'islam traditionnel des parents. C'est vrai également des djihadistes de Tchétchénie ou
d'Afghanistan, où le salafisme n'existe pas. Les films de recrutement de Daech sont très bien faits. On n'a pas affaire à une bande
d'illuminés, ce sont des gens organisés, construits, infiniment dangereux.
L'indifférence coupable des Occidentaux
Les Occidentaux ont longtemps été indifférents au drame des chrétiens d'Orient. C'est lié à une méconnaissance de leur histoire et de
leur sort. Les chrétiens d'Orient ont longtemps été « un sujet catholique », réservé à la presse de droite. Quand j'ai commencé à écrire
sur eux, je n'ai été publié que par Le Figaro magazine et la presse catholique. Et encore : en 2004, lorsque j'ai publié mon livre sur les
monastères (2) ,La Croix m'a dit : « On parle trop des chrétiens d'Orient. » On n'en parlait pas du tout ! Je pense que c'est lié à la
culpabilité coloniale d'un pays de culture chrétienne. La Syrie et l'Irak, ce n'était pourtant pas l'Algérie ! Arrêtons de projeter nos
divisions, nos préjugés, nos clichés. Le paysan de Qaraqosh ou le chauffeur de taxi de Beyrouth ne méritent pas ça !
L'« Appel de Paris » en soutien aux chrétiens, lancé par les responsables musulmans de France en août 2014, a été courageux car le
risque qu'ils courent n'est pas négligeable. Il n'a pas eu un grand impact, mais il était important qu'ils le fassent. Au même moment, la
lettre, en arabe, des 126 intellectuels du monde musulman a eu davantage de retentissement : elle démontre pourquoi Daech est hors
de l'Islam.
En France, ce sont les juifs qui se sont montrés particulièrement attentifs au sort des chrétiens d'Orient. Certains diront qu'il y a un peu
de politique là-dedans, parce qu'on a le même ennemi, le fondamentalisme musulman. Mais il y a autre chose : la proximité du monde
araméen et du monde juif n'est plus à démontrer. Les araméens sont un peu pour les juifs les cousins de province. Et je pense que les
juifs ont plus ou moins consciemment le sentiment que les chrétiens ont un destin proche du leur, en tant que minorité. C'est ce que je
comprends des propos de Jean-Christophe Attias, spécialiste de la mystique juive au Moyen Age, lorsqu'il dit que les chrétiens ont
oublié leurs racines d'Orient.
Faut-il encourager l'exil ?
Les hiérarchies chrétiennes en Orient n'encouragent pas les départs, au contraire, elles appellent les chrétiens à rester dans leurs
villages. Les évêques tentent de mettre fin à l'hémorragie. De leur côté, les consulats accordent très peu de visas, sauf quand les
chrétiens sont déjà à l'étranger, dans une capitale voisine, Istanbul ou Amman. D'où qu'il vienne, l'appel à l'exil fait le jeu des
fondamentalistes. Encourage le nettoyage ethnique. Car, une fois les chrétiens partis, très peu reviennent. Le fait que la France ait
décidé de n'accorder que 1 500 visas ne me choque pas : les fonctionnaires font bien leur travail, en tenant compte des urgences
extrêmes. Contentons-nous d'accueillir les gens qui sont vraiment en danger de mort, et manifestons par ailleurs notre soutien aux
communautés d'Orient par tous les moyens. La réunion du Conseil de sécurité de l'ONU, à la demande de la France, a été
symboliquement forte. Voir le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius aux côtés du patriarche des chaldéens Mgr Sako et de
la députée yézidie Vian Dakhil, a marqué les esprits. La France va par ailleurs présenter un projet pour la sauvegarde du patrimoine en
Irak et en Syrie, notamment les 8 000 manuscrits de Mossoul et Qaraqosh emportés à Erbil.
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Un État, mais pour qui ?
Il faut trouver des solutions locales, au cas par cas. L'idée de créer un foyer national pour les chrétiens d'Orient, prônée par des gens
de la diaspora en Californie, est absurde. Où créer cet Etat ? Qui le protégerait ? Ce n'est pas un projet viable. Que l'on se contente de
permettre aux chrétiens réfugiés à Erbil, les déplacés du mois d'août 2014, de revenir dans la région de Mossoul, dans leurs villages.
Les peshmergas pourront assurer leur protection. N'imaginons pas implanter une force de l'ONU pour un demi-siècle.
En revanche, la bonne nouvelle, c'est que Daech oblige le monde sunnite à reconsidérer ses positions. Les Saoudiens ont compris le
danger pour eux. En Jordanie, l'attachement à la dynastie des Hachémites est réel — le roi descend du prophète — et Daech a commis
une erreur en brûlant vif un pilote jordanien, car cela a ressoudé l'identité nationale. Les frontières sont peut-être artificielles, mais un
Jordanien se sent jordanien, un Irakien se sent irakien, un Syrien se sent syrien. Des sentiments d'appartenance nationale sont nés pardelà la religion. Même les Kurdes du nord-est de la Syrie, qui ont une quasi-autonomie, se sentent syriens, sont fiers de parler l'arabe.
Seul le Kurdistan irakien, région enclavée, constitue une unité culturelle, géographique et linguistique. La prochaine grande question,
c'est donc l'indépendance ou non de ce Kurdistan. Mais les Kurdes sont très prudents. Ils pouvaient programmer leur Etat depuis
longtemps, et ils ne l'ont pas fait. Ils doivent s'assurer en amont de la reconnaissance des grands pays, mais je ne pense pas que la
communauté internationale reconnaîtra de nouvelles frontières dans cette région. Les idées séduisantes ne font pas forcément de
bonnes politiques.
Un nouveau cosmopolitisme ?
La Turquie moderne s'est construite sur l'homogénéité musulmane. A Istanbul il reste 30 000 juifs, 80 000 Arméniens, quelques
milliers de Grecs et de Syriaques. C'est très peu. Et voilà qu'on assiste à un afflux de réfugiés. Les Turcs en accueillent plus de 2
millions. Paradoxe de l'histoire, les églises sont à nouveau pleines à Istanbul ! Pleines, non pas des chrétiens locaux, mais des Syriens,
des Irakiens, et même des Noirs d'Afrique qui cherchent à transiter par la Turquie. Comme l'Europe a fermé ses frontières, beaucoup
vont rester. L'Istanbul cosmopolite et ouverte pourrait renaître...
Syrie: interrogations sur la mort de 52 civils
Par Le Figaro.fr avec AFP Publié le 04/05/2015
L'armée américaine a démenti dimanche que des raids aériens de la coalition anti-jihadistes dans le nord de la Syrie aient
coûté la vie à 52 civils le 30 avril, affirmant que les victimes étaient des combattants.
Le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, avait affirmé samedi qu'au moins 52
civils étaient morts dans des raids de la coalition sur le village de Birmhale, dans la province d'Alep. Il avait précisé que sept enfants
figuraient parmi les victimes et que le bilan pouvait augmenter, 13 personnes étant bloquées sous des décombres.
"Le commandement central américain peut confirmer que les forces de la coalition ont mené des frappes aériennes dans les environs
de Birmahle, en Syrie, le 30 avril, détruisant plusieurs positions militaires de l'EI (Etat islamique) et atteignant plus de 50 combattants
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de l'EI", indique un porte-parole du commandement, le major Curt Kellogg, dans un communiqué. "Nous n'avons aucune indication
que des civils ont été tués dans ces frappes", ajoute-t-il.
Des miliciens kurdes et des rebelles syriens affrontaient des combattants du groupe EI dans une ville à environ deux kilomètres de
Birmahle au moment des raids. "Avant les frappes aériennes, les forces kurdes, qui contrôlaient la ville avant de partir après une
attaque de l'EI, ont rapporté qu'il n'y avait pas de civils présents à cet endroit depuis deux semaines", affirme le major Kellogg. Une
coalition internationale initiée par Washington mène depuis fin septembre des raids contre les positions de l'EI qui occupe de vastes
régions du nord syrien.
Analyse: Israël est impliqué de facto en Syrie
I24 News Alex Fishman Publié 04 Mai 2015
La fréquence accélérée des frappes attribuées à Israël pourrait en faire une partie intégrante au conflit
"Qu'ils saignent!" est la consigne officielle donné par le ministre de la Défense Moshe Yaalon aux responsables de la sécurité face aux
événements en Syrie. Sur le plan stratégique, en d'autres termes, cela veut dire que nous n’intervenons en faveur d'aucune des parties.
Du point de vue d'Israël, c’est l'Iran qui mène cette guerre contre les membres du djihad mondial et les groupes islamistes syriens dans
le but de préserver son plus ancien allié dans le Moyen-Orient, le régime du président Bachar al-Assad.
Israël doit encore décider lequel des protagonistes il préfèrerait avoir comme voisin à sa frontière nord. Mais jusqu'à ce qu'une telle
décision soit prise, laissons- les donc continuer à s'entretuer.
Israël ne va peut-être pas intervenir dans la guerre civile en Syrie; mais en ce qui concerne les intérêts de Jérusalem, il a été dit
qu’Israël serait jusqu'au cou dans le chaos syrien. Rien ne survient par hasard à la frontière avec la Syrie. Il est extrêmement peu
probable que l’avion de l’armée de l’air israélienne, qui a tué quatre terroristes qui tentaient de poser une bombe à la frontière du
Golan la semaine dernière, ait été dépêchée à cet endroit par hasard.
Des nationalistes druzes syriens ont mené, sous la direction du Hezbollah, une attaque similaire il y a 18 mois, blessant grièvement un
officier de Tsahal. On peut supposer sans risque de se tromper que les membres de cette cellule terroriste ne sont plus de ce monde et
qu'ils ne sont pas morts de causes naturelles.
Le timing de l'attaque de janvier 2015 contre le convoi de Djihad Mughniyeh, le responsable des activités du Hezbollah dans le Golan,
n’était pas non plus une coïncidence. Elle a eu lieu trois jours seulement après une interview des plus aggressives du chef du
Hezbollah, le cheikh Hassan Nasrallah, dans laquelle il a menacé de punir Israël pour ses attaques présumées en Syrie.
Certaines personnes au Moyen-Orient l’ont pris au sérieux et ont décidé de s’attaquer à ce bras punitif dont Nasrallah parlait. Yaalon a
déclaré quelques jours plus tard que l'infrastructure du Hezbollah sur le plateau du Golan avait été détruite. Il disait vrai, mais ce n’est
pas resté ainsi très longtemps.
La guerre entre autres les guerres
Israël fait des efforts considérables en termes de collecte de renseignements et de contribution aux opérations le long de la frontière
avec la Syrie pour empêcher que les combats ne débordent sur son territoire. Cette lutte quotidienne, que Tsahal appelle “la guerre
entre les autres guerres", semble être la raison pour laquelle l'unité 504 (une unité de renseignement militaire) a récemment été
décorée pour son travail.
Le succès de l'Unité 504 le long de la frontière est clair. Elle a créé un effet de dissuasion durable et a empêché les infiltrations. En
effet, depuis que l'armée syrienne a été repoussée de la zone frontalière et que ses positions ont été prises par des organisations
islamiques radicales comme le Front al-Nusra, il n'y a pas eu une seule attaque menée par un groupe djihadiste contre Israël. Cela
semble indiquer qu’Israël a le contrôle total, au niveau des renseignements et des opérations, des deux côtés de la frontière.
Il existe deux exceptions à la stratégie "Qu'ils saignent!": lorsque la souveraineté d'Israël est violée et quand certains systèmes
d'armement en provenance de Syrie se retrouvent dans les mains du Hezbollah au Liban.
Dans la plupart des cas où des sources citées dans les médias étrangers ont rapporté qu’Israël a attaqué des cibles en Syrie, hormis en
cas de mesures dissuasives ou de rétribution, il s’agissait d’opérations militaires qui ne laissent pas d’empreintes et ne sont pas
revendiquées.
Depuis le déclenchement de la guerre civile en Syrie il y a quatre ans, cette tactique a fait ses preuves. Dans certains cas, Israël est
pointé du doigt mais l'adversaire s’abstient de mener des attaques de représailles vu que l'ouverture d'un nouveau front contre Israël ne
figure pas sur sa liste de priorités.
La Syrie, l'Iran et le Hezbollah sont bien conscients des lignes rouges d'Israël. Tant qu'Israël adhère à ses propres règles et mène des
attaques de basse intensité qui ne servent pas directement les intérêts des forces rebelles anti-Assad, ils sont prêts à ravaler leur fierté.
Ce risque calculé a fait ses preuves jusqu’aujourd'hui et c’est précisément là que réside le danger. Plus le temps passe, plus la branche
opérationnelle et les responsables à Jérusalem auront tendance à apprécier ses résultats, ce qui les amènera à vouloir gager sur de plus
gros enjeux et à prendre plus de risques.
La sélection de cibles deviendra de moins en moins stricte et Israël pourrait finir par devenir partie intégrante du conflit en Syrie.
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Il est vrai que le Hezbollah pourrait se retrouver avec moins de missiles avancés et précis au Liban, mais le plateau du Golan
deviendra une zone de combat. Le ministre de la Défense et le Premier ministre ont un rôle clé à jouer pour s’assurer que cela ne se
produise pas.
La vague de rapports dans les médias étrangers au sujet de frappes israéliennes en Syrie a commencé en janvier 2013, quand Israël a
été accusé d'avoir mené une attaque contre un convoi transportant des missiles anti-aériens à destination du Hezbollah. Le convoi a été
attaqué dans la région de Damas. Il y a eu neuf ou dix rapports sur des frappes semblables depuis lors. Israël n'a pas revendiqué la
responsabilité pour aucune de ces frappes.
La fréquence de ces rapports augmente. Une telle série d’incidents, même si Israël n’en prend pas la responsabilité, l'implique en
Syrie, même s'il ne le souhaite pas.
Alex Fishman est commentateur des affaires militaires israéliennes au Yediot Aharonot. Cette analyse est publiée avec l'autorisation
de Ynet.
Les Américains veulent faire tomber Bashar al Assad au profit du Front
al-Nusra et du mouvement Ahrar al-Sham
Mediapart 03 mai 2015 | Par Jean-Paul Baquiast
Ces deux mouvements sont constitués de djihadistes durs, représentants Al Qaida en Syrie, et combattant ensemble contre le
gouvernement légitime de Damas, présidé par Bashar al Assad. Ils sont depuis quelques semaines fortement soutenus par la CIA, tant
en dollars qu'en matériels. Contrairement à leurs prédécesseurs prétendument représenter l'opposition dite modérée, qui n'avaient
jamais réussi à s'imposer contre le régime, ils semblent pouvoir mettre celui-ci en difficulté. C'est ainsi que depuis quelques jours, ils
ont conquis la capitale régionale Idlib et mettent les forces gouvernementales en difficulté dans la province côtière de Latakis, un des
points forts de Bashar al Assad.
Sans l'aide de l'Amérique (qui rappelons prétend combattre non loin de là l'Etat islamique, composé pratiquement des mêmes types de
mouvements islamiques djihadistes sunnites) le Front Al Nusra et ses alliés ne pourraient mettre à bas le régime de Bashar al Assad.
Si ceci se produisait, il est bien évident que le régime serait immédiatement remplacé par des représentants de l'Etat islamique. Celuici s'étendrait alors dans pratiquement tout le Moyen-Orient, menaçant directement l'Iran et la Russie, indirectement l'Europe. Mais les
Américains, bien à l'abri de l'autre côté de l'Atlantique, n'en auraient cure. Leur objectif stratégique à long terme, affaiblir l'Iran et la
Russie pour restaurer leur influence et celle de leurs alliés, notamment l'Arabie saoudite, dans les champs pétrolifères et les détroits,
obtiendrait un plein succès recherché depuis plusieurs années.
N'oublions non pas que les Etats-Unis agissent en grande partie contre Damas par délégation informelle d'Israël, relayée en Amérique
par le puissant lobby juif dit AIPAC. Les principaux ennemis d'Israël aujourd'hui ne sont pas l'Etat islamique mais la Syrie de Bashar
et l'Iran. La chute de Bashar renforcerait sensiblement le crédit américain à Tel Aviv. Quant aux Européens, il serait vain d'espérer
d'eux qu'ils freineraient les projets anti-Bashar désastreux de la CIA et de l'Us Navy. Il faut se rappeler qu'il y a quelques mois,
François Hollande, lui aussi poussé par le lobby juif, était à deux doigts d'engager nos Rafales contre Damas. Seule l'opposition ferme
de Moscou l'en avait au dernier moment dissuadé.
Aujourd'hui ce serait encore de Moscou que Bashar al Assad pourrait espérer un soutien. Mais sous quelle forme, diplomatique,
militaire ou par Iran interposée? L'avenir proche le dira. Nous pensons pour notre part que face à une politique américaine qui aura de
nouveau pour résultat de mettre le Moyen Orient à feu et a sang, la Russie aurait le devoir d'agir, secondée en tant que de besoin par la
Chine dont les projets de Nouvelle Route de la Soie dans la région seraient mis en péril par un triomphe durable des Islamistes, à
Damas et ailleurs.
Syrie : et si le bastion de la famille Assad tombait?
Marie Kostrz, correspondante à Beyrouth (Liban) - Le Journal du Dimanche - dimanche 03 mai 2015
Le fief de la famille Assad et bastion de la communauté alaouite sur la côte syrienne est désormais à portée de canon des
rebelles, qui multiplient les victoires militaires dans la province voisine d’Idlib.
L'adage selon lequel l'union fait la force prend ces jours-ci tout son sens dans le nord de la Syrie. Après la prise d'Idlib le 28 mars, la
coalition rebelle de l'"Armée de la conquête" s'est emparée le 25 avril de Jisr Al-Choughour, libérant dans sa quasi-totalité la province
d'Idlib. "L'unité des factions dans cette bataille a commencé à porter ses fruits, avec plus de dix check-points [du régime] libérés en
une vitesse record", a affirmé à Al-Jazira un chef de Jabhat Al-Nosra, groupe lié à Al-Qaida qui mène cette coalition avec les
salafistes de Ahrar Al-Sham. Le régime syrien, qui a demandé cette semaine un renforcement de sa coopération militaire avec l'Iran,
semble en grande difficulté. "Il n'y a pas eu beaucoup de combats, l'armée a vite fui", confie au JDD Ahmad, un activiste originaire de
la région de Jisr Al-Choughour. Affaiblie au sol, l'armée réplique par les airs : le 30 avril, pas moins de six raids aériens ont été menés
sur la localité, selon l'Organisation syrienne des droits de l'homme (OSDH).
Cette dernière victoire de l'Armée de la conquête est loin d'être insignifiante. "Jisr Al-Choughour est au pied de la montagne alaouite
et cette ville faisait barrage sur la route menant à la côte, elle la protégeait", explique Fabrice Balanche, directeur du Groupe de
recherches et d'études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (Gremmo) à Lyon. à une soixantaine de kilomètres de Jisr AlChoughour se trouve le port de Lattaquié, capitale de la région côtière où vivent de nombreux Alaouites, minorité à laquelle appartient
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Bachar El- Assad. L'ouverture sur la mer, par lesquelles transitent les armes livrées par la Russie, est d'une importance toute
stratégique.
Danger pour les Alaouites?
Selon Fabrice Balanche, la menace sur Lattaquié est réelle. "Les villages au nord de la ville sont mixtes, il y a des Alaouites mais
aussi beaucoup de localités sunnites opposées au régime où les rebelles peuvent trouver un appui", analyse-t-il. Le régime a lancé de
son côté le 30 avril l'offensive sur la région de Salma, dans le Jabal Al-Akrad. C'est de cette montagne au nord-est de Lattaquié que
deux bataillons de l'Armée syrienne libre attaquent régulièrement la zone alaouite. Qardaha, ville natale de Hafez El-Assad, n'est qu'à
une trentaine de kilomètres de leurs positions.
"Les Alaouites de la côte, à Lattaquié ou Tartous, ont vraiment peur, c'est nouveau, explique Mohamad Dibo, écrivain alaouite syrien
opposé au régime. Jusqu'à présent, ils pensaient que le régime était assez fort pour les protéger, ils se rendent compte maintenant que
ce n'est plus certain." Depuis le début du conflit, la côte, considérée comme le fief de Bachar El-Assad et sa possible zone de repli,
était restée en effet relativement préservée des combats.
Pour le moment, la priorité de l'Armée de la conquête n'est pourtant pas de prendre Lattaquié. Les rebelles avancent vers le sud. "Ils
veulent avant tout relier la province d'Idlib à celle de Hama, car sans cela il est dur d'attaquer Lattaquié", explique Nicolas Toumani,
un activiste de la région d'Idlib joint par le JDD via une liaison Skype. Pour y parvenir, les rebelles doivent prendre la vallée du Ghab,
point de jonction entre les deux régions, une bande de terre d'une vingtaine de kilomètres peuplée d'Alaouites au sort incertain. "Les
rebelles ont dit qu'ils allaient tuer tous les hommes s'y trouvant", dit Ahmad. Le réseau téléphonique étant coupé dans cette zone, il est
très dur d'avoir des informations précises sur la situation actuelle.
"Des ordres de l'étranger"
Opposé au régime, l'activiste a pourtant du mal à se réjouir d'une telle victoire. "On craint de grandes représailles de la part des
Alaouites sur les sunnites présents sur le reste de la côte." Lattaquié est en effet une ville composée des deux communautés et les
antécédents existent : en mai 2013, le quartier sunnite de Banias ainsi que le village sunnite de Baida avaient été attaqués par des
miliciens pro-régime. La côte accueille aussi 786.000 réfugiés venant d'autres régions de Syrie, parmi lesquels de nombreux sunnites.
La prudence est aussi de mise. "Les gens sur le terrain ne décident pas seuls des combats à mener, les ordres viennent de l'étranger",
soupire Ahmad. Si rien n'a encore été prouvé, plusieurs médias et chercheurs évoquent un soutien conjoint de l'Arabie saoudite, du
Qatar et de la Turquie à l'Armée de la conquête. Le but serait avant tout de placer Bachar El-Assad en position de faiblesse. Le
médiateur de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, doit d'ailleurs entamer demain à Genève des "consultations séparées" avec les
différentes parties prenantes au conflit syrien, en vue d'une sortie de crise.
Syrie: attaque à la frontière libanaise
Par LeFigaro.fr avec AFP Publié le 04/05/2015
La branche syrienne d'al-Qaïda et des groupes rebelles islamistes alliés ont lancé aujourd'hui une attaque préventive contre les forces
du régime près de la frontière avec le Liban, où les combats font rage, a affirmé une ONG. L'Observatoire syrien des droits de
l'Homme (OSDH) a précisé que le Front al-Nosra et d'autres groupes ont attaqué des positions tenues par le régime et son allié le
Hezbollah, la milice chiite libanaise, dans la région de Qalamoun, au nord de Damas.
"De violents combats ont lieu depuis ce matin entre le Hezbollah, l'armée et les milices pro-régime d'un côté et les factions islamistes
et al-Nosra de l'autre", assure l'OSDH, basé en Grande Bretagne, qui s'appuie sur un vaste réseau de sources en Syrie. "Il s'agit d'une
attaque préventive (...) contre le Hezbollah qui lui se prépare à une offensive contre les insurgés à Qalamoun dans les prochains jours"
selon le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
L'an dernier, les forces gouvernementales, appuyées par le Hezbollah, avaient chassé les rebelles de la plus grande partie de
Qalamoun, situé sur le versant syrien du massif montagneux de l'Anti-Liban séparant les deux pays.
Riyad sur tous les fronts
COURRIER INTERNATIONAL - PARIS Publié le 04/05/2015
Les Saoudiens s’impliquent toujours plus dans les pays voisins, au Yémen, mais également en Syrie. Pour la presse du Golfe, c’est le
résultat du grand retour de Riyad sur la scène locale.
Il y a deux semaines, l’Arabie Saoudite annonçait qu’elle interrompait ses frappes aériennes au Yémen, engagées le 25 mars pour
contrer l’insurrection des milices houthistes, soutenues par l’Iran, l’autre géant régional. Or non seulement les bombardements se sont
poursuivis mais on apprenait le 3 mai qu’une opération au sol avait débuté, ce que l’Arabie Saoudite a démenti.
“La plupart des sources s’accordent pour dire que des soldats de la coalition arabe ont été déployés à Aden, dans le sud du
Yémen”, écrit Abdelabari Atouan, rédacteur en chef du site panarabe Rai Al-Youm.“Le démenti officiel saoudien n'a convaincu
personne.” Et d'ajouter :“Quoi qu’il en soit, la guerre au sol avait de toute façon commencé, puisque les combats font rage à la
frontière saoudo-yéménite.”
Ce qui est sûr, par ailleurs, c’est que les Saoudiens “soutiennent des commandos yéménites” et “fournissent des renforts sous la
forme d’armes, de munitions et d’autres équipements”, selon les quotidiens saoudiens Al-Watan et Al-Makkah.
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Grand tournant
Depuis le début de l’intervention au Yémen, la presse saoudienne souligne qu’il s’agit d’un tournant dans la politique
régionale. “C’est un signal d’arrêt pour l’influence iranienne au Moyen-Orient”, affirme ainsi le site saoudien Al-Arabiya. Et cela se
traduira par une politique plus offensive non seulement au Yémen mais aussi en Syrie, annonce-t-il. A l’appui l’article cite le chef de
file des sunnites libanais, Saad Hariri, selon lequel cette nouvelle politique se traduira, “inévitablement”, par une “couverture
aérienne pour l’opposition syrienne”, et ce “avec ou sans l’accord de Washington”.
“Les Saoudiens sont bien occupés au Yémen”, écrit l’éditorialiste saoudien Jamal Khashoggi dans Al-Hayat. Mais, en Syrie
aussi, “les choses vont vite” : “Le régime de Damas est en train de s’effondrer. Il faut saisir l’occasion. Les différentes composantes
de l’opposition syrienne doivent prendre les choses en main. [...] Les Saoudiens et les Turcs ont assez à faire par ailleurs, mais ils
donneront leur bénédiction à ceux qui entreront, victorieux, à Damas.”
Nouveau roi
“La politique du nouveau roi saoudien Salmane [monté sur le trône le 23 janvier] est très différente de celle de son prédécesseur,
principalement grâce au rapprochement avec la Turquie et le Qatar”, résume pour sa part le site Arabi21. “Cela remonte le moral
aux conservateurs et à certains courants islamistes en Arabie Saoudite.”
C’est plus généralement dans les milieux sunnites du Golfe que la nouvelle politique étrangère saoudienne est applaudie : “L’Iran se
vantait d’étendre son empire dans le monde arabe”, souligne Ali Al-Dhafiri sur la chaîne qatarie Al-Jazira. “Mais qui a dit que
l’humiliation devait être le destin des Arabes ? Riyad a décidé d’occuper la place qui doit être la sienne, de puissance dirigeante,
pour rétablir l’équilibre” des pays arabes face à l’Iran.
Des observateurs étrangers pointent toutefois la face sombre de la nouvelle gouvernance.Kenneth Pollack, spécialiste des affaires
saoudiennes, rappelle ainsi, sur un blog du think tank Brookings Institution que la nouvelle équipe dirigeante saoudienne est
largement dominée par des membres d’une branche particulière de la famille régnante, les Soudayris, qui “a été associée à des
dépenses excessives, à de la corruption [...] et à une politique étrangère [...] que les Etats-Unis ont jugée risquée, voire dangereuse”.
Qatar, Arabie saoudite : Hollande soigne ses relations avec les monarchies
sunnites
My TF1 News Edité par F.A. le 04 mai 2015.
Après avoir assisté lundi matin à Doha à la signature contrat de vente du Rafale avec le Qatar, le président de la République
s'est ensuite rendu à Ryad. Il sera mardi le 1er chef d'Etat occidental à assister au Conseil de coopération du Golfe.
Que ce soit sur la situation en Syrie et la lutte contre Bachar al-Assad, l'intervention saoudienne au Yémen contre les chiites qui
tentent de prendre le pouvoir ou la manière de limiter les visées régionales de l'Iran (en se montrant notamment très dur sur le dossier
du nucléaire), François Hollande et les monarchies sunnites du Golfe, c'est une affaire qui roule.
Petit à petit, le chef de l'Etat est devenu leur principal allié et leur principal relais dans le monde occidental à la place de Barack
Obama, qui a fait d'un accord sur le nucléaire iranien le principal cheval de bataille diplomatique de son second et dernier mandat.
Suprême honneur, le locataire de l'Elysée assistera donc mardi, en tant qu'"invité d'honneur", en Arabie saoudite au sommet du
Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui regroupe l'Arabie saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Koweït, Oman et
le Qatar. Il est le premier chef d'Etat occidental à recevoir cet honneur.
Le Rafale, conséquence concrète du rapprochement
Avant de se rendre à Ryad, où il est arrivé lundi après-midi, François Hollande a fait un crochet par Doha. Il y a assisté, avec le cheikh
Tamim ben Hamad Al-Thani, à la signature du contrat de vente de 24 Rafale, pour une valeur de 6,3 milliards d'euros, au Qatar. La
conclusion de ce contrat est évidemment bien sûr liée aux bonnes relations entretenues par la France avec les pays du Golfe.
En Arabie saoudite, François Hollande est aussi le premier dirigeant occidental à s'entretenir avec le roi Salmane depuis le vaste
remaniement annoncé la semaine dernière à la tête du royaume. Objectif : valider une déclaration commune franco-saoudienne portant
sur une "feuille de route" politique, économique, stratégique et militaire.
Soutien des jihadistes en Syrie
Même s'il est un succès pour l'influence de la France au Proche-Orient et pour l'économie française, ce voyage de François Hollande
fait néanmoins grincer beaucoup de dents. Tout d'abord car sur le plan géostratégique ces monarchies sunnites, notamment le Qatar et
l'Arabie saoudite, sont soupçonnées de soutenir une partie des jihadistes qui combattent Bachar al-Assad en Syrie. Ces mêmes
jihadistes qui menacent aussi la France d'attentats terroristes...
Ensuite, car, au niveau des droits de l'homme et de la démocratie, ces pays sont loin d'être irréprochables. Le chef de l'Etat abordera-til ainsi le cas de Raif Badawi, ce blogueur saoudien emprisonné et condamné à des coups de fouet pour "insulte à l'islam" ?
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François Hollande, président préféré des pétromonarchies du
Golfe : qu’y gagne vraiment la France ?
François Hollande est l'invité d'honneur du Conseil de coopération des pays du Golfe où il doit se rendre ce lundi 4 mai. Une
première pour un dirigeant occidental.
Atlantico Publié le 4 Mai 2015
Frédéric Encel
Frédéric Encel est professeur de relations internationales à la Paris Business School et maître de conférences à Sciences-Po Paris.
Il a notamment publié De quelques idées reçues sur le monde contemporain ainsi qu'un Atlas de la géopolitique d'Israël, parus aux
éditions Autrement. Il est l'auteur de Géopolitique du printemps arabe (PUF) paru en septembre 2014. Il a assuré la chronique
internationale quotidienne de France Inter en 2013-2014. Il est l'auteur de Géopolitique du printemps arabe (septembre 2014,
PUF).
Atlantico : C'est la première fois qu'un dirigeant occidental est invité à participer au Conseil de coopération des pays du
Golfe, invitation qui aurait été motivée par le fait que "la France a une approche rationnelle de la région", selon des propos
recueillis par le JDD. Comment expliquer cette soudaine proximité avec les pays du Golfe ?
Frédéric Encel : Cette proximité est rationnelle, oui, si l'on s'attache à deux réalités concrètes et immédiates, l'une politique,
l'autre économique. La politique d'abord : les régimes sunnites sont bien plus nombreux que les régimes chiites (au pouvoir à
Téhéran, Bagdad et Damas seulement) dans le monde arabo-musulman.
L'économique ensuite : on la voit à l'œuvre en ce moment ; les pétromonarchies du Golfe disposent de ressources financières
extrêmement importantes, ce qui les rend bien entendu solvables. D'où l'espoir pour la France de leur vendre des matériels civils et
militaires à haute valeur ajoutée, à commencer par nos Rafale.
Mais attention à la rationalité à courte vue ; ne perdons pas de vue que le Qatar et l'Arabie saoudite sont dirigés par des pouvoir ultra
conservateurs sinon clairement théocratique, l'idéologie wahhabite incarnant la branche la plus rigoriste des interprétations
théologiques de l'islam. Pire : le Qatar (qui exploite des centaines de milliers de travailleurs dans des conditions pitoyables) est
fortement soupçonné d'avoir financé des groupes islamistes radicaux, y compris en Syrie et... au Mali.
Concrètement, la France pourrait-elle en retirer des avantages ? Qu'a-t-elle à gagner de cette relation plus que cordiale ?
De substantielles rentrées d'argent frais ! A cet égard, on ne peut pas reprocher au président de chercher à renflouer les caisses de
l'Etat tout en faisant fonctionner l'une des rares parties de notre industrie encore debout.
D'un point de vue plus diplomatique, on y gagne aussi en influence dans une région qui était jusqu'alors dominée par les
Britanniques et surtout les Américains. Mais là encore, prudence ; les États bédouins du Golfe sont très fragiles car intégralement
dépendants des cours et de l'écoulement du brut. Par ailleurs, cette grande proximité avec eux nous vaudra d'une façon ou une autre
l'inimitié du camp chiite, un ensemble disparate mais depuis une décennie au moins en pleine montée en puissance.
Qu'attendent les dirigeants des pétro-monarchies en retour ?
Un nouveau fournisseur d'armements de pointe. Ce qui leur permet de ne plus mettre tous leurs œufs dans le même panier, au
regard du rééquilibrage américain en faveur de l'Iran, l'adversaire commun.
C'est aussi un moyen pour eux d'exprimer leur colère vis-à-vis d'Obama sur ce dossier. Et au pire, en cas de montée aux extrêmes avec
Téhéran, un soutien militaire direct ; après tout, la France a déjà une base militaire et une douzaine de Rafale positionnés aux
Émirats arabes unis...
Etat islamique : 300 Yazidis de nouveau massacrés en Irak
Osama al-Nujafi, le vice-président irakien a qualifié ce massacre "d'affreux et de barbare" auprès de la BBC.
Atlantico - Publié le 4 Mai 2015
L'Etat islamique a encore frappé. Dans le Nord de l'Irak, les djihadistes du groupe terroriste viennent de massacrer au moins 300
Yazidis. Dénoncés par le gouvernement irakien et relayés par certaines sources locales, ces massacres de Yazidis mettent en péril
l'existence même de la minorité religieuse. Osama al-Nujafi, le vice-président irakien, qualifie ce massacre "d'affreux et de barbare",
selon la BBC.
Si les conditions d'exécutions ne sont pas encore très claires, le Parti du Progrès Yazidi dénonce un "crime haineux".
Capturés lors de la bataille de Sinjar l'été dernier par l'EI, des centaines de Yazidis ont déjà été exécutés par les djihadistes, quand les
femmes sont utilisées comme esclaves sexuels. Des dizaines de milliers d'autres ont fuit dans les montagnes du Sinjar, pour échapper
à la captivité et à la mort.
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Les Yazidis, communauté religieuse très fermée, pratiquent une religion pré-islamique, en partie issue du zoroastrisme. Les Yazidis
d'Irak sont estimés entre 100 000 et 600 000. Cette communauté n'est malheureusement pas la seule à souffrir du "califat" décrété par
l'EI, qui contrôle environ un tiers de la Syrie et de l'Irak.
Le divorce improbable du couple américano-saoudien
Huffington Post Publication: 04/05/2015
Quand, le 3 mars, Benyamin Netanyahou s'est adressé au Congrès américain à la barbe de l'administration Obama, il ne parlait pas
que pour son gouvernement. C'est la volonté d'une constellation hétéroclite désireuse de pousser à fond l'affrontement américanoiranien qu'il exprimait.
On y retrouvait aussi les «néocons» américains, le lobby sioniste aux États-Unis, le gouvernement français et l'Arabie saoudite. Cette
dernière aurait pu représenter le groupe, n'eût été le fait qu'un dirigeant israélien est pratiquement chez lui aux États-Unis, même
admissible à la fonction de chef de facto de l'opposition officielle à un président en exercice. Aussi «spéciale» que puisse être la
relation américano-saoudienne, elle n'a pas atteint le degré d'interpénétration symbiotique de la relation américano-israélienne.
Quoi qu'il en soit, États-Unis et Arabie saoudite sont liés depuis 70 ans sur le plan politique et depuis 82 ans sur le plan pétrolier.
L'appariement entre la grande puissance capitaliste, prétendante au rôle de porte-drapeau du libéralisme, et du royaume à la structure
sociale jusqu'à récemment tribale et héraut de l'islam fondamentaliste, n'a rien de prédestiné. Mais nécessité fait loi. Après Israël,
l'Arabie saoudite est le pilier principal de la position américaine au Moyen-Orient. Non que cette relation ait été sans vicissitudes ou
tensions. De fait, mésententes et divergences ont à quelques reprises laissé présager la rupture. Mais trop d'intérêts communs ou
l'absence d'alternatives retiennent les partenaires en tandem.
Dans la conjoncture actuelle, la question iranienne s'apparente à une pomme de discorde régionale et un miroir grossissant des soucis
que suscitent les grandes évolutions des (dés)équilibres mondiaux. À peine instaurées, l'unipolarité post-guerre froide et l'hégémonie
américaine amorcent leur déclin, annonçant d'importants réalignements internationaux. Quid de l'alliance américano-saoudienne? Si
ce partenariat n'en est pas à sa première épreuve, la mutation en cours est-elle susceptible d'en venir à bout? Pour y répondre, il
convient d'abord de scruter l'expérience du passé, ensuite d'évaluer si une recomposition internationale entraînerait des changements
dans la relation américano-saoudienne.
1945-1973 : pétrole contre sécurité
La relation américano-saoudienne est d'origine pétrolière. La précieuse huile jaillit en Perse en 1908, puis en Irak en 1927. L'Arabie
saoudite accorde une concession à la Standard Oil of California (SOCAL) en 1933. Contre un paiement forfaitaire de 30 000 £, tout le
pétrole trouvé en Arabie orientale lui reviendrait. C'est le contrat du siècle, la caverne d'Ali Baba. Le concessionnaire découvre en
1938 un vaste champ pétrolifère et d'énormes réserves. D'autres sociétés américaines font leur entrée.
Du coup, l'Arabie saoudite, devenue un royaume seulement en 1932, accède à la catégorie des producteurs de premier rang. Les
intérêts américains s'invitent ainsi dans une région soumise, comme son pétrole, à l'influence prépondérante de la Grande-Bretagne et
des pétroliers britanniques. Les tentatives britanniques de prendre pied dans la péninsule durant la Seconde Guerre mondiale sont
repoussées.
À base économique, la relation acquiert une dimension politique d'État à État lorsque le président Roosevelt, de retour de la
conférence de Yalta en février 1945, rencontre le roi saoudien Abd el-Aziz à bord du USS Quincy sur le canal de canal de Suez. Le
marché conclu consiste en une garantie saoudienne des approvisionnements pétroliers des États-Unis et américaine de la sécurité de
l'Arabie saoudite. La construction d'une base aérienne par les États-Unis concrétise l'entente. Avec le pacte de Quincy, les États-Unis
se procurent un allié au Moyen-Orient, en fait un quasi-protectorat.
Outre son pétrole, ce partenaire a deux autres atouts: son idéologie wahhabite, version rigoriste et puritaine de l'islam, et sa détention
des lieux saints de la Mecque et de Médine. Durant la Guerre froide, la carte de l'islam est mise à contribution pour condamner
l'athéisme dont l'URSS et le communisme seraient des vecteurs. Elle sert aussi contre le nationalisme panarabe et le républicanisme,
menaçants pour les monarchies. Les nassériens sont en conflit ouvert avec ces pouvoirs qu'ils condamnent comme bastions de la
réaction et valets de l'impérialisme.
Dans ce contexte, États-Unis et Arabie saoudite sont proches, sauf lorsque les États-Unis courtisent l'Égypte nassérienne afin de
l'éloigner de l'URSS. Ici pointe la configuration typique du différend américano-saoudien. Si leurs intérêts dictent aux États-Unis des
réorientations politiques ou des rééquilibrages, leurs alliés sont appelés à s'en accommoder et à s'ajuster en conséquence. En
l'occurrence, les divergences de vues entre Américains et Saoudiens ne remettent pas en question l'alliance.
1973-1980 : pétrole, dollar et sécurité
Compensant la dévalorisation de leurs revenus due à la dépréciation du dollar, les pays exportateurs de pétrole quadruplent les cours
du brut, mettant fin à l'ère du pétrole bon marché. Tandis que leurs rentrées montent en flèche, se pose la question de l'emploi de ces
masses de pétrodollars. Les pétromonarchies s'engagent à recycler leurs nouveaux revenus dans le système bancaire occidental.
Avec la fin du système de Bretton Woods et de la convertibilité dollar-or, le dollar flotte. Libellé en dollars, l'or noir se substitue de
facto à l'or jaune comme garantie du dollar, lequel repose désormais sur le pétrole. Le maintien, notamment par l'Arabie saoudite, du
lien pétrole-dollar soutient la demande mondiale de la monnaie américaine, devise de paiement des factures pétrolières. Grands
bénéficiaires d'un statut spécial qui les exempte de frais de change, les États-Unis ont ainsi la faculté d'importer meilleur marché et
d'emprunter à de plus faibles taux sur les marchés internationaux, autrement dit de vivre au-dessus de leurs moyens.
19
Les États-Unis ont d'autres raisons d'être redevables à l'Arabie saoudite. Financés par la manne pétrolière, ses achats d'armements
augmentent brusquement, tout en demeurant soumis à l'autorisation du lobby israélien aux États-Unis. L'Arabie saoudite est le pays
qui dépense le plus per capita au monde pour sa défense (un tiers du budget, 10% du PNB). [1] Elle n'a pas la capacité d'absorber ou
de se servir par elle-même d'autant de moyens. Les plus complexes sont destinés à être utilisés conjointement avec des forces
américaines. Entre-temps la politique d'achats remplit les carnets de commande des industries militaires américaines, mais aussi
françaises et britanniques, et finance leur recherche-développement.
À côté de tels facteurs de solidarité américano-saoudienne, la hausse des prix pétroliers, l'appui de Ryad à l'Égypte et à la Syrie durant
la guerre de 1973 et la critique des accords de Camp David de 1979 laissent peu de traces durables. Complétant le pacte de Quincy, la
«doctrine» Carter (janvier 1980) déclare le libre accès au Golfe persique un intérêt vital des États-Unis, justifiant une intervention
militaire de leur part.
1980-2001 : exportation du wahhabisme, naissance du djihadisme
En 1979, le renversement du shah d'Iran et l'intervention soviétique en Afghanistan sont l'occasion d'ajouter une fonction à la palette
de l'Arabie saoudite. Devant la version khomeyniste de l'islam, le fondamentalisme wahhabite est dressé comme concurrent. Il est, par
ailleurs, sollicité pour fournir des combattants intégristes en Afghanistan, le tout dans le cadre de la stratégie américaine d'enliser
l'URSS dans une réédition de la guerre du Vietnam. Il est d'autant plus aisé de trouver des recrues à la guerre sainte que le reflux du
nationalisme arabe dégage la voie aux courants islamistes. D'Arabie saoudite arrivent volontaires et financement.
En Afghanistan, les moudjahidines font le lit des talibans, tandis qu'émerge Al-Qaïda, matrice du djihadisme parrainé par l'Arabie
saoudite, la CIA et les renseignements militaires pakistanais. Empruntant au wahhabisme, couvé dans l'incubateur afghan, le
djihadisme est surtout un fait militaire, soit des milices armées formées pour mener la guerre irrégulière à l'échelle mondiale. Actifs
dans le démantèlement de la Yougoslavie (Bosnie, Kosovo), les djihadistes le sont aussi en Tchétchénie.
De concert avec les États-Unis, l'Arabie saoudite fait office de foyer idéologique et pécuniaire du djihadisme mondial, l'entraînement
s'effectuant en Afghanistan. À la demande de la Maison-Blanche, et entre autres services, elle en vient à financer les Contras au
Nicaragua. Les relations américano-saoudiennes sont étroites et, quoique embarrassante, l'intimité américano-israélienne ne leur fait
pas ombrage.
2001-2005 : revirement américain et brouille
Tout change suite au retournement d'Al-Qaïda contre ses commanditaires, le djihadisme étant une arme à double tranchant.
Déçu que son organisation n'ait pas été chargée de combattre l'armée irakienne au Koweït en 1990, Ben Laden aurait été ulcéré de
voir des centaines de milliers de soldats étrangers profaner la terre sainte de l'islam. Et c'est l'Arabie saoudite qui assume le coût de la
guerre contre l'Irak! S'adonnant désormais aux attentats lointains et spectaculaires, Al-Qaïda s'en prend directement aux États-Unis le
11 septembre 2001. Devenus cibles du djihadisme, les États-Unis changent d'attitude à son égard. En présence du soudain désaveu
américain de leur progéniture commune, l'Arabie saoudite est prise à contre-courant.
Quinze des 19 kamikazes étant saoudiens, il y aurait une «Saudi connection». Médias et politiciens américains se déchaînent contre le
royaume, accusé de complaisance, sinon de complicité et de duplicité. L'allié d'hier, y compris dans le parrainage du djihadisme, est
dépeint sous les couleurs les plus sombres. Tyrannique, corrompu, fanatique, infesté de qaïdistes, il serait sur le point de tomber aux
mains des terroristes. Les jours de la monarchie seraient comptés.
Pourquoi la démesure? Parce que l'argument de la «perte» imminente de l'Arabie saoudite facilite l'accréditation de l'idée d'occuper
l'Irak pour en faire le nouveau point d'appui américain au Moyen-Orient, d'autant plus attirant que son abondant pétrole permet de
compenser pour le saoudien «perdu». Les néoconservateurs, dont c'est le dessein, sont à la manœuvre. Dans leur «Grand MoyenOrient», recomposition géopolitique de la région, l'Arabie saoudite est vouée au morcellement au même titre que tous les autres pays
arabes.
2005-...: cauchemars iraniens, cible syrienne
Les relations américano-saoudiennes sont au nadir et la rupture se profile à l'horizon mais l'épopée libératrice en Irak tourne au
désastre au premier contact avec la réalité de l'administration du pays. L'Arabie saoudite revient dans les bonnes grâces américaines.
Ses réserves au sujet de l'invasion de l'Irak se sont vérifiées. La dislocation de l'Irak renforce par ricochet l'Iran, lui-même objet de
menaces américaines. Contre l'Iran, l'union se refait. À partir de 2005, Israël et son lobby aux États-Unis font campagne en faveur
d'une attaque militaire. Arabie saoudite et Israël sont désormais atteints de l'obsession iranienne, l'une prétextant un danger chiite,
l'autre un péril nucléaire.
Battant de l'aile, le plan de remodelage de la région est relancé lors du «Printemps arabe». Culbuter le régime syrien aurait le double
avantage de permettre la dislocation de la Syrie en mini-entités communautaires et la dissolution de l'alliance Iran-Syrie-Hezbollah.
Ben Laden éliminé, le djihadisme est orienté contre les musulmans «égarés» plutôt que contre les «Croisés» occidentaux. La crise
libyenne catalyse le mouvement et la coalition anti-syrienne, dont l'Arabie saoudite, joue la carte djihadiste. Pressentant l'échec, les
États-Unis se tiennent en retrait. Instruits par les fiascos en Afghanistan et en Irak, ils redoutent une conflagration générale dans la
région.
Aussi une esquisse de changement de stratégie se fait-elle jour en 2013: mettre fin à l'affrontement avec l'Iran. Le projet s'intègre dans
la redéfinition de la politique mondiale des États-Unis, l'«unique superpuissance» n'ayant pas réussi à mettre en place le «nouvel ordre
mondial» et n'étant pas en état de mener seule une politique de force urbi et orbi. L'hypothèse d'un arrangement américano-iranien
hante les alliés inconditionnels des États-Unis que sont Israël et l'Arabie saoudite. Le cauchemar iranien prend une forme nouvelle.
Néoconservateurs et lobby israélien sont en ordre de combat contre le péril d'une accalmie entre Washington et Téhéran.
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Perspectives
Il serait hasardeux de prédire une rupture américano-saoudienne. Même le tort fait au pétrole de schiste américain par la baisse des
prix saoudiens est à relativiser, les deux parties se rejoignant sur la politique antirusse. Les États-Unis n'envisagent pas un
renversement d'alliance, et ni Israël ni l'Arabie saoudite ne peuvent compter sur un autre garant international dans un avenir
prévisible. L'Arabie saoudite n'a aucune assurance de pouvoir tenir à distance d'elle le djihadisme qu'elle entretient hors de ses
frontières.
Plus réaliste est l'acquiescement israélien et saoudien à une entente américano-iranienne, advenant que l'accord intérimaire du 2 avril
2015 se traduise en accord définitif. [2] L'espoir des États-Unis est sans doute de ramener l'Iran dans leur giron, ce qui rappelle
l'époque du shah à laquelle Israël et l'Arabie saoudite n'avaient rien à redire. S'il est très improbable que l'Iran se prête au rôle de roue
du carrosse américain au Moyen-Orient, les relations américano-iraniennes s'apaiseraient à tout le moins.
Ce texte est signé par Samir Saul, professeur d'histoire, Université de Montréal
[1] En 2014, elle accède au statut de premier importateur au monde d'équipements militaires.
[2] Samir Saul, « Vers une nouvelle architecture internationale », Le Devoir, 17 avril 2015, p. 7.
L’Etat islamique sera vaincu
LE MONDE | 30.04.2015 | Par Gérard Chaliand (Géostratège)
Le djihadisme, forme extrême de l’islamisme, est loin d’avoir épuisé sa capacité de mobilisation. Après avoir eu pour creuset
l’Afghanistan, soutenu par la logistique pakistanaise et les finances de l’Arabie saoudite et du Golfe, ce courant s’est particulièrement
imposé en Syrie et en Irak.
En 2014, l’Etat Islamique en Irak et au Levant (Daech) proclamait un « califat » après la prise-éclair de Mossoul. Ces événements,
ponctués par une politique de terreur, destinés à semer la panique, ne pouvaient qu’attirer des volontaires croyant que la victoire était
au bout du fusil.
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Un front de plus de 1 000 km
Une année plus tard, la situation de Daech en Irak est loin d’être triomphale. Grâce aux bombardements américains et européens, sa
liberté d’action s’est très sensiblement réduite dans le plat pays sans couvert forestier qu’est la Mésopotamie. Quant à la partie
orientale de la Syrie tenue par Daech, elle est, sauf aux abords de l’Euphrate, un semi-désert pierreux. Nombre des puits de pétrole
tenus par ce mouvement ont été bombardés, le privant partiellement de ressources financières.
Les Kurdes réorganisés et équipés par les Occidentaux tiennent un front statique de plus de 1 000 km. La menace aérienne interdit
toute offensive massive. Il faut pour Daech agir par temps couvert ou par surprise. On constate, par ailleurs, sur le front irakien la
présence d’éléments du PKK (Kurdes de Turquie) et du Al-Qods (combattants iraniens). Les troupes et milices chiites soutenues par
l’Iran ont investi Tikrit, dont la valeur symbolique est grande (c’est la ville de Saddam Hussein) et dont une partie importante de la
population sunnite s’est enfuie. Reconquérir une région sunnite avec des troupes chiites équivaut à vouloir libérer des Polonais avec
des troupes russes.
On est dans une guerre d’usure où Daech connaît un recul par rapport à l’année dernière. Nuisance considérable, le djihadisme, très
coûteux à contrer, doit être évalué à son aune : il ne peut remettre en cause le statu quo mondial – ce que la Chine, grâce à sa
croissance économique, est en mesure de faire.
Un danger marginal
Le djihadisme est-il même capable de susciter un autre ordre au Proche-Orient ? On peut symboliquement supprimer une frontière,
mais la nouvelle configuration évacue-t-elle la complexité des entités ethniques et religieuses tissée au Levant ? Faudrait-il pour
réaliser l’utopie prônée par Daech supprimer tous les chrétiens, les yézidis, les Druzes, les chiites, et, de surcroît, les sunnites
nombreux opposés aux valeurs et aux normes prônées par le califat ? En Irak, à terme Daech sera perdant. En Syrie, il faudra compter
avec le Jabhat Al-Nosra et d’autres organisations djihadistes ou non plus proprement syriennes.
En ce qui nous concerne, la menace terroriste est réelle, mais constitue un danger relativement marginal ; conséquence chez nous de
trois décennies d’aveuglement volontaire ou de lâcheté à gauche comme à droite. Il était plus facile de fermer les yeux sur les
économies parallèles fondées sur le trafic de la drogue et le développement de zones de non-droit.
L’attrait du djihad peut conforter une petite partie de ceux qui sont en mal d’identité et d’estime de soi. Mais il ne sera mobilisateur
que s’il rencontre des succès sur le terrain. Or, ceux-ci tiennent d’abord à la maîtrise des réseaux sociaux et de la communication, dont
les djihadistes ont récemment fait preuve. Le terrorisme se joue d’abord dans les esprits et les volontés. On souhaiterait, à cet égard,
que nos médias ne servent pas indirectement la propagande des djihadistes.
Faiblesse fondamentale
Cependant, maîtriser la communication n’est pas maîtriser une situation. Dans les territoires qu’il domine, quelles perspectives
économiques offre Daech ? Quel programme, en dehors de la moralisation de la vie publique ?
Les méthodes de Daech sont fondées sur la terreur à forte charge symbolique. Il s’agit, à chaque fois, d’augmenter le niveau
d’horreur, de façon à occuper l’espace médiatique, et d’inquiéter des populations qui, en Europe, n’ont plus de la violence qu’une
perception de spectateur lointain et apeuré.
Les djihadistes dissimulent ainsi leur faiblesse fondamentale en matière de projets économiques et sociaux. A l’heure où la Chine
s’efforce de devenir le banquier du monde, Daech en est encore à couper des têtes et instaure un califat dont le pouvoir principal se
borne à la nuisance. Il ne faut pas confondre les lames de fond avec l’écume des choses.
Syrie: attaque kamikaze d'al-Qaida à Damas
Par Le Figaro.fr avec AFP Publié le 04/05/2015
Le Front al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaida, a revendiqué ce jour un attentat suicide survenu quelques heures plus tôt dans un
quartier contrôlé par le régime dans le nord de Damas.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), trois membres des forces de sécurité et trois assaillants -dont le kamikazeont péri dans l'attaque. Un responsable de sécurité syrien a pour sa part affirmé qu'aucun homme du régime n'avait été tué. "Un groupe
terroriste, circulant à motos, a attaqué des forces de sécurité dans le quartier de Roukneddine. Quand ses membres se sont aperçus
qu'ils étaient encerclés et ne pouvaient pas fuir, l'un d'eux a fait exploser sa ceinture d'explosifs", a détaillé ce responsable.
L'attaque s'est déroulée près des bureaux du département de logistique de l'armée, mais cette dernière a démenti que le chef de ce
bureau, le général Mohammad Aïd, ait été blessé dans l'explosion, comme l'affirme l'OSDH. "Avec l'aide de Dieu, trois de nos lions
ont pu s'infiltrer dans le bâtiment des services de logistique" de l'armée, a commenté quelques heures après les faits le Front al-Nosra
sur Twitter. Selon un responsable de l'hôpital Hisham Sinan, qui se trouve à proximité du lieu de l'attaque, six personnes ont été
blessées et hospitalisées.
Roukneddine, dans le nord de Damas, est un quartier résidentiel contrôlé par le régime, qui y a installé plusieurs points de contrôle.
Des témoins interrogés par l'AFP ont fait état d'une explosion suivie d'une fusillade qui a duré 15 minutes environ. Des groupes
rebelles sont implantés à l'est de Roukneddine, dans la Ghouta orientale, d'où le régime tente de les chasser. La guerre en Syrie a fait
plus de 220.000 morts en quatre ans, et quelque 10 millions de personnes, soit la moitié de la population, ont été déplacées dont
environ 3 millions ont fui le pays.
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"La France VEND SON ÂME AU DIABLE"
Mediapart 05 mai 2015 | Par khaled Youssef
J'avoue être choqué et déçu! Qu´un pays producteur d'armes collabore avec des pays peu fréquentables ce n'est pas nouveau; la France
a toujours participé dans la provocation des guerres et leurs entretien, sortie de la colonisation il a fallu trouver un autre moyen pour
enrichir d'avantages les plus riches, et l'exemple de la guerre entre l'Irak et l'Iran où les armes chimiques ( entre autres) utilisées par
Saddam contre les iraniens ont été fourni par notre joli pays, n'est pas très loin pour l'oublier ou faire semblant de l'oublier.
mais à notre époque nous ne pouvons pas prétendre ne pas savoir ou ne pas être informé, et donc être en mesure de protester au nom
du peu d'humanité qui nous reste! Force est de constater les voix de lever pour crier victoire et défendre ces contrats sous prétexte que
Ca améliorera l'économie française !!! Vraiment? Les ventes des armes à Qatar améliorera l'économie française? Ca va retentir sur le
peuple Qui va vivre dans la prospérité?
Et même si c était le cas, à quel prix? Le soutien des pays moyenâgeux? Fermer les yeux sur le Djihad et les Fatwas? Vendre nos
biens a Qatar er l'Arabie saoudite? Détruire petit a petit nos entreprises publics? Accepter de détruire la Syrie, d'agresser le Yemen, et
participer au chaos au moyen orient? Faire la promotion du wahhabisme en France ensuite venir pleurnicher par les jeunes des cités se
radicalisent ? Soutenir les frères musulmans?
Nous, franco-syriens, ne reconnaissons plus la France... Il y a encore des voix justes mais ils sont étouffées par ke conformisme et le
politiquement correct!
Crier victoire pour ces contrats est un crime, ceux qui se réjouissent pour "l'économie française" ont des mains tachés de sang, et des
cerveaux remplie de résidu du colonialise! Oui, la France continue à commettre des crimes, en Libye et en Syrie, et à développer le
terrorisme Aves ses partenaires du pétromonarchie !
Voici l'avis de la Communauté Syrienne en France, que je partage pleinement...
"La France VEND SON AME AU DIABLE...
La France est aux abois... Chômage, crise, déception... un gouvernement en échec, une popularité misérable, perspective noire, espoir
quasi inexistant, avenir sombre...
Le Qatar n'est pas en guerre, mais il achète des rafales ! Il ne discute même pas le prix. Ce que François veut le Qatar le veut ! ou estce plutôt l'inverse !!!! Le Qatar a de l'argent, donc il décide de ce que doit être la politique de la France.
Le journal Le Monde révèle que le Qatar « a eu gain de cause » concernant l’attribution de nouveaux droits de trafic aériens vers la
France. « Les avions de Qatar Airways, qui desservent déjà Paris, pourront désormais atterrir à Lyon et à Nice, vraisemblablement
trois fois par semaine », a précisé le quotidien. Air France, en difficulté, pourrait accuser le coup si l’accord venait à être confirmé.
En échec total en France, le pauvre François ne sait plus quoi faire pour exister et prouver qu'il fait quelque chose. Mais s'il y a
recrutement en Aquitaine grâce aux ventes des rafales, combien il y en a en France qui cherchent un emploi sans en trouver HELAS !
Qui paye le lourd tribut de ces contrats, que ce soit celui avec le Qatar ou celui avec l'Egypte ? C'est le sang syrien qui coule par la
volonté de plusieurs pays terroristes ; en tête de liste, le Qatar et l'Arabie Saoudite, qui financent des barbares recrutés directement par
eux ou via la Turquie. Et la France les soutient en faisant tourner ses usines d'armes.
La Qatar n'est pas en guerre que je sache ! Pour quelle raison a-t-il donc besoin de ces rafales si ce n'est pour acheter la politique du
gouvernement français vis-à-vis de la Syrie ? Et nos politiques exécutent les quatre volontés des bedonnants du désert, laissant se
poursuivre le massacre d'un peuple qui n'a rien demandé à personne."
Je ne suis pas triste, je suis toute la tristesse...car dans ma poitrine il y a un pays qui pleure...
Que la paix soit sur vous, ce n'est pas le cas des syriens...
Al-Nosra menace de liquider les militaires libanais otages (an-Nahar)
OLJ 05/05/2015
Le Front al-Nosra, branche syrienne d'el-Qaëda, aurait menacé le gouvernement libanais de liquider les militaires retenus en otage si
les bombardements dans le jurd de Ersal (Békaa) se poursuivent, rapporte mardi le quotidien an-Nahar. Al-Nosra aurait transmis le
message au gouvernement via un médiateur de l'armée libanaise, précise le quotidien.
En août 2014, des jihadistes venus de Syrie s'étaient emparés brièvement de la ville frontalière d'Ersal, prenant en otage des dizaines
de militaires libanais. Depuis, quatre ont été exécutés et 25 autres policiers et soldats sont toujours aux mains des jihadistes d'al-Nosra
et du groupe État islamique
Syrie : à Alep, rebelles et armée accusés de « tenir la population en otage »
Le Monde.fr avec AFP | 05.05.2015
La ville syrienne d'Alep est le théâtre de graves violations des droits de l'homme, de la part des forces gouvernementales mais aussi
des rebelles, qui en occupent une partie, selon un rapport d'Amnesty International. La population est victime au quotidien d'abus et
de « crimes de guerre » commis par les deux camps, dénonce l'ONG.
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« Certaines actions du gouvernement équivalent à des crimes contre l'humanité. En visant de manière délibérée et continuelle les
civils, [le pouvoir en place] semble avoir adopté une politique insensible de punition collective contre la population à Alep. »
Documents à l'appui, elle dénonce enfin « la torture à grande échelle, les détentions arbitraires et les enlèvements menés aussi bien
par le gouvernement que par les groupes d'opposition armés ».
•
Bombardements et barils d'explosif.
Le régime d'Assad, qui occupe la partie ouest de la ville depuis 2012, est accusé de mener des raids aériens incessants contre
l'ancienne capitale économique du pays, contraignant les habitants « à mener une existence souterraine ».
L'utilisation de barils d'explosif, une arme destructrice et tuant la population de manière aveugle, provoque « une terreur pure et une
souffrance insupportable ». L'ONG a estimé qu'avec ces seules armes l'armée a tué plus de 3 100 civils entre janvier 2014 et
mars 2015.
Bachar Al-Assad a toujours nié leur usage par son armée, malgré les affirmations contraires des militants, des ONG et de pays
occidentaux.
•
Exactions et « armes imprécises »
Les rebelles, eux, sont accusés de mener des exactions contre les populations qui leur sont hostiles. Ils utilisent « des armes
imprécises, comme les obus de mortier et des roquettes artisanales fabriquées à partir de bouteilles de gaz [qu'ils surnomment] “les
canons de l'enfer” ». Ces projectiles ont causé la mort de 672 civils – 137 enfants, 80 femmes et 455 hommes – en 2014, d'après le
bilan établi par l'Observatoire syrien des droits de l'homme, cité par l'ONG.
L'indifférence internationale
Dans ce contexte, Amnesty International fustige l'incapacité de la communauté internationale à punir les abus et violations dans le
pays, qu'elle décrit comme l'« expression d'une froide indifférence ».
« La persistance de l'inaction est interprétée par les auteurs de crimes de guerre et contre l'humanité comme un signe qu'ils peuvent
continuer à tenir la population d'Alep en otage sans crainte de châtiment. »
M. Luther plaide pour un transfert du dossier syrien à la Cour pénale internationale pour mettre un terme à l'impunité et que les
belligérants « soient traduits en justice ». Plus de 220 000 personnes ont été tuées dans le pays depuis le début du conflit, déclenché
en mars 2011 à la suite de la répression par le régime d'un mouvement de contestation pacifique.
Le Hezbollah promet d'attaquer le Front al-Nosra en Syrie
ats / 06.05.2015
Le chef du Hezbollah a annoncé mardi que le mouvement chiite libanais allait passer à l'offensive contre les islamistes sunnites
syriens du Front al-Nosra dans la région qui longe la frontière entre les deux pays. Des combats ont éclaté le même jour du côté
libanais.
Les médias libanais et l'opposition syrienne ont dit depuis plusieurs jours s'attendre à une intervention du mouvement chiite libanais
dans la région de Qalamoun, alors que les forces du président syrien Bachar al-Assad ont accumulé ces dernières semaines les revers
face aux insurgés.
Le "parti de Dieu" s'est déjà impliqué massivement dans le conflit syrien, dans lequel il a perdu des dizaines d'hommes, dont plusieurs
commandants. Il a fortement contribué l'an dernier à desserrer l'étau autour de Damas.
Mais le rapport de forces sur le terrain semble à nouveau s'être inversé depuis que le Front al-Nosra, renforcé par le ralliement d'autres
brigades rebelles, est repassé à l'offensive dans le nord-ouest de la Syrie, où il s'est notamment emparé de la ville d'Idleb.
Incursions au Liban
"Perdre une bataille ne veut pas dire perdre la guerre", a assuré le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dans un discours retransmis
mardi à la télévision. L'offensive dans les monts Qalamoun "se produira quand elle se produira", a-t-il dit. Quant à "son objectif, son
lieu et son ampleur, nous n'en dirons pas plus pour le moment."
Les islamistes sunnites syriens ont multiplié depuis le début du conflit les incursions au Liban, attaquant des positions de l'armée
comme du Hezbollah.
Mardi, de violents combats ont éclaté près des localités de Toufeïl et de Britel, à proximité de la frontière. Les accrochages ont fait
"de nombreuses victimes", a-t-on déclaré de source proche du Hezbollah.
D'après une source militaire libanaise, des combattants du mouvement chiite ont pris en embuscade des membres du Front al-Nosra.
Aucun bilan précis n'a été communiqué.
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Assad doit partir pour battre l'EI (Washington)
Par Lefigaro.fr avec AFP Publié le 06/05/2015
Le problème du groupe Etat islamique (EI) en Syrie et dans d'autres parties du Moyen-Orient ne pourra pas être résolu tant que le
président syrien Bachar al-Assad n'aura pas quitté le pouvoir, a affirmé mardi l'ambassadrice américaine auprès des Nations unies,
Samantha Power.
"La conviction intime du président (Barack) Obama est qu'il n'est pas possible de traiter de manière durable le problème de l'EI tant
que le problème d'Assad n'aura pas été résolu", a estimé Samantha Power, interviewée par la chaîne publique de télévision PBS.
"L'une des raisons pour lesquelles les combattants terroristes étrangers affluent en Syrie est qu'ils veulent combattre Assad, qu'ils le
voient se livrer à des attaques aux barils d'explosif et au chlore. On ne peut pas séparer ces deux choses", a poursuivi la diplomate.
Les Etats-Unis, ainsi que la Grande-Bretagne et la France, accusent le pouvoir du président Assad d'utiliser du chlore contre les civils
en Syrie.
La Russie maintient pour sa part qu'il n'existe pas de preuve solide de la responsabilité de Damas.
Samantha Power a affirmé en outre qu'il était vital de persuader la Russie et l'Iran de cesser de soutenir Bachar al-Assad.
"Les partisans d'Assad doivent absolument comprendre l'avertissement que le régime n'est pas légitime et que la guerre civile ne
s'arrêtera pas tant que Assad n'aura pas quitté le pouvoir", a encore affirmé l'ambassadrice.
Début à Genève des consultations sur la question syrienne (SYNTHESE)
Publié le 2015-05-06 | french.xinhuanet.com
GENEVE, 5 mai (Xinhua) -- Une série de consultations bilatérales séparées sur la question de la Syrie ont débuté mardi à Genève, a
annoncé Staffan de Mistura, envoyé spécial du secrétaire général des Nations Unies pour la Syrie, lors d'une conférence de presse.
Les consultations ont pour but d'étudier la faisabilité d'un autre round de négociations sur la Syrie, a-t-il indiqué.
Des progrès limités ont été obtenus dans les efforts pour mettre fin au conflit syrien depuis l'adoption du Communiqué de Genève en
juin 2012, a-t-il poursuivi, soulignant la nécessité de redoubler d'efforts afin de trouver une solution politique à la crise.
Il a précisé qu'une quarantaine de groupes syriens, en plus du governement syrien, ainsi qu'une vingtaine de parties prenantes
régionales et internationales, ont été invités à prendre part aux discussions pour le moment, ajoutant que d'autres parties intéressées
pourraient les joindre en cas nécessaire.
De sources onusiennes, Staffan de Mistura, et l'envoyé spécial adjoint Ramzy Ezzeldine Ramzy, doivent mener des consultations
séparées et à huis clos avec les participants.
Il n'y aura pas de déclarations publiques pendant et à la fin des consultations, et l'envoyé spécial doit rendre compte des résultats des
consultations au secrétaire général des Nations Unies après leur clôture.
Le Communiqué de Genève sur la question syrienne a été adopté en juin 2012 qui a fixé les principes et les lignes directrices d'une
transition en Syrie.
Il prévoit notamment que le gouvernement de transition syrien puisse inclure des membres du gouvernement actuel. "L'organe de
gouvernement transitoire exercera les pouvoirs exécutifs. Il pourra inclure des membres du gouvernement actuel, de l'opposition et
d'autres groupes, et doit être formé sur la base d'un consentement mutuel",selon le communiqué.
Mais le Communiqué de Genève n'a jamais été mis en application, pour raison de changement drastique de la situation en Syrie. Le
gouvernement syrien s'efforce de mettre fin à la violence dans le pays, tandis que les forces d'opposition tentent de préparer un
gouvernement de transition sans le président syrien Bachar al-Assad.
Malgré les efforts de la communauté internationale qui ont abouti à la tenue début 2014 de la Conférence internationale sur la Syrie
"Genève II", le processus du règlement de la crise syrienne piétine toujours, à cause de profondes divergences entre le gouvernement
et l'opposition. A quoi s'ajoute la naissance de la force des djihadistes radicaux dans le pays, ce qui rend la situation syrienne encore
plus complexe.
Selon Staffan de Mistura, les consultations en cours à Genève visent à ouvrir la voie à la mise en application du Communiqué de
Genève. Mais vu la complexité de la situation, il reste très incertain sur la tenue éventuelle de la "Genève III", bien que tout le monde
le souhaite.
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Visite de François Hollande à Riyad: la diplomatie et les affaires
Par RFI 05/05/2015 Avec notre envoyé spécial à Riyad, Nicolas Falez
Le président français achève à Riyad une visite dans le Golfe. François Hollande est ce mardi 5 mai l'invité d'honneur d’un sommet du
Conseil de coopération du Golfe consacré aux nombreuses crises du Moyen-Orient. Le volet bilatéral franco-saoudien n'est pas oublié,
plusieurs contrats sont en discussion entre les deux parties.
A propos du Yémen, le président français a rencontré le chef d’Etat en exil de ce pays, Abd Rabbo Mansour Hadi. François Hollande
soutient l’idée d’une conférence de paix inter-yéménite, qui pourrait être organisée à Riyad. Une perspective pour l’instant rejetée
par la rébellion chiite du Yémen comme par l’Iran.
Lors du sommet de ce mardi, il est aussi question de la Syrie. La France et les monarchies du Golfe ont aujourd’hui des positions
extrêmement proches sur ce dossier, estimant que Bachar el-Assad n’a pas d’avenir à la tête de ce pays. François Hollande et ses
interlocuteurs partagent aussi l’analyse selon laquelle le régime de Bachar el- Assad continue de s’affaiblir.
Autre dossier : l’Iran. La France est appréciée pour sa position ferme dans les négociations sur le nucléaire au moment où les pays
arabes du Golfe s’inquiète des conséquences d’un possible accord sur le programme nucléaire de l’Iran dans les prochaines semaines.
Le CCG créé pour contenir la puissance iranienne
Le Conseil de coopération du Golfe réunit six pétromonarchies arabes et musulmanes : l'Arabie saoudite, Oman, le Koweït, Bahreïn,
les Émirats arabes unis et le Qatar. C'est sous l'impulsion du géant saoudien, avec l'aval et même des pressions des Etats-Unis qu'il est
créé le 25 mai 1981. Officiellement, il s'agit d'assurer la stabilité économique et politique de la région. Mais même si aucun des pays
ne l'admet ouvertement, c'est par crainte du poids de l'Iran dans la région, et de l'Irak à l'époque, que l'organisation est mise sur pied.
Le Conseil réunit donc les monarchies pétrolières sunnites du Golfe, à l'exception du Yémen, seule République démocratique et dotée
d'un véritable Parlement. Le Yémen devrait en principe rejoindre l'organisation en 2016, si toutefois la guerre actuelle se termine par
un accord politique entre les bélligérants qui satisfasse surtout le voisin saoudien. Au niveau militaire, les forces armées des pays du
Conseil de coopération du Golfe organisent depuis 1983 des manœuvres communes baptisées Bouclier de la Péninsule.
Des contrats pour l’industrie française
Le volet bilatéral franco-saoudien n'est pas oublié. « Le partenariat entre l’Arabie saoudite et la France est passé à une nouvelle
vitesse », a déclaré à RFI ce matin le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui est aussi en charge du
Développement international. Paris et Riyad discutent actuellement de 20 projets qui, potentiellement, représentent « plusieurs
dizaines de milliards d’euros ». Il n'y a pas encore de précision sur la nature de ces projets mais on sait qu’ils concernent les domaines
de l’aéronautique, de l’énergie solaire, du nucléaire civil, des infrastructures de transport, de la santé et aussi de l’armement. Selon nos
informations, les discussions sont bien avancées pour la vente par la France de patrouilleurs et de frégates à l’Arabie saoudite.
Alep Alep Alep! AU SECOURS!
Mediapart 05 mai 2015 | Par Adeline Chenon Ramlat
J'ai reçu ce matin un SMS d'un ami d'Alep qui est maintenant privé d'internet depuis presque 2 mois. Les quartiens chrétiens sont
dévastés pour la plupart et ce qu'il en reste vit sous menace permanente d'écroulement complet. C'est la panique. Si Alep tombe,ce ne
serait pas que la chute de la seconde ville de Syrie, mais aussi celle de son poumon économique...
Nous tergiversons encore en France pour reprendre contact avec la seule autorité syrienne qui ait pour l'instant du pouvoir, à savoir
l'Etat.
C'EST UNE HONTE.
Voici ce qu'en dit l'Oeuvre d'Orient (peu suspectable d'exagération):
"La douloureuse situation à Alep
Nous avons des échos très difficiles de la ville d’Alep où il y a de nombreux chrétiens, six évêques catholiques et des évêques
orthodoxes. Des églises, des maisons de chrétiens ont été bombardées. La population est dans l’affolement devant ce qui se
passe. Nous sommes très inquiets car la chute de la ville d’Alep serait une catastrophe pour l’ensemble de la Syrie et pour les
chrétiens en particulier.
Nous demandons encore une fois solennellement que les moyens soient pris pour arrêter les combats en Syrie. Il faut que ces
combats s’arrêtent. Ils n’ont plus aucun sens. Il faut absolument que la population puisse être aidée."
C'EST NOTRE HONTE
Je vais réécrire à Laurent Fabius.
Y'aurait-il quelqu'un à la rédaction de Médiapart, qui m'entende? En tant que média, VOUS AVEZ UN ROLE D'INFORMATION.
J'écris au sujet de la Syrie depuis 5 ans.
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Syrie: Assad annonce des renforts imminents
Par LeFigaro.fr avec Agences Publié le 06/05/2015
Bachar al Assad, lors d'une rare apparition en public à Damas, a affirmé aujourd'hui que des renforts de l'armée syrienne arriveraient
prochainement à Djisr el Choughour, une ville du nord-ouest du pays dont la prise fin avril par les islamistes armés a rapproché les
lignes de front de la côte méditerranéenne. Des soldats syriens sont toujours assiégés dans un faubourg de cette ville de 50.000
habitants.
Faisant apparemment allusion aux revers essuyés par l'armée syrienne, Bachar al Assad, cité par la télévision syrienne, a souligné que
dans toute guerre, il y avait des avancées et des reculs. La capture de Djisr el Choughour par une alliance de groupes islamistes, dont
le Front al Nosra, branche syrienne d'Al Qaïda, a marqué un nouveau revers pour les forces gouvernementales qui avaient déjà perdu
Idlib en mars. "Perdre une bataille ne signifie pas perdre la guerre", a ajouté Bachar al Assad.
En prenant cette ville pour la première fois depuis le début de la guerre civile, il y a quatre ans, les insurgés se sont rapprochés de la
province côtière de Lattaquié, d'une importance cruciale pour le régime syrien.
Electricité: une compagnie allemande a signé un contrat avec la Syrie
de Bachar el-Assad
Slate.fr Repéré par Bachir El Khoury 06.05.2015
Signe des temps qui changent ou manœuvre médiatique, le régime de Bachar el-Assad a signé un mémorandum d'entente avec une
société allemande pour la construction d'une centrale électrique en Syrie.
Après l'annonce par le secrétaire d'État américain, John Kerry, le 15 mars, de la disposition de son pays à négocier avec Bachar elAssad, suivie, début avril, de déclarations tunisiennes laissant penser à un dégel des relations diplomatiques avec Damas, et de la
récente «déferlante» médiatique, notamment l'entretien de France 2 avec l'un des dictateurs jusque-là des plus infréquentables, le
secteur privé semble emboîter le pas.
Une société allemande a, en effet, signé début avril un protocole d'entente avec le gouvernement syrien pour la construction d'une
centrale électrique dans le pays, ravagé par quatre ans de guerre, rapporte The Syria Report (sur abonnement).
Le 2 avril, Richard Wagner, directeur général de Power International, spécialisée dans l'énergie et basée à Bleckede, à moins de 100
km de Hambourg, a conclu un accord avec Damas pour livrer une usine de 360 mégawatts (MW) qui serait alimentée au gaz, précise
la publication, selon laquelle aucun détail sur l'emplacement, le coût, le financement ou le calendrier de livraison n'a été communiqué.
Il s'agit d'un «cas très rare», sinon le seul depuis 2011, précise The Syria Report.
Les sanctions européennes, qui concernent notamment le secteur financier, n'interdisent pas de manière explicite les investissements
dans le secteur de l'énergie ou des contrats avec le gouvernement syrien. The Syria Report s'interroge néanmoins sur l'utilité du projet,
face à «l'absence de pénurie» énergétique (en termes de capacité potentielle de production, non d'alimentation en gaz ou en fioul, qui
se fait désormais rare), ainsi que sur la capacité financière des autorités syriennes, et la portée médiatique de l'accord, aussi bien du
côté du régime que de celui de la société.
Le régime syrien a bénéficié ces dernières années de plusieurs aides substantielles, notamment en provenance de son allié iranien, qui
a ouvert deux lignes de crédit d'un total de 4 milliards de dollars depuis le début du conflit.
Ce mémorundum d'entente intervient au moment où un décret présidentiel, signé le 3 mai, autorise, pour la première fois depuis plus
de quarante ans, la privatisation de la gestion des villes syriennes. Cela devrait paver la voie à l'entrée de nouvelles sociétés privées
sur le marché, et déblayer le terrain, par ailleurs, pour le lancement de l'éventuel chantier de reconstruction, en cas d'arrêt permanent
des hostilités.
Le conflit en Syrie a déjà occasionné des pertes abyssales, qui pourraient atteindre 240 milliards de dollars d'ici la fin de l'année, selon
une étude de la commission économique des Nations unies pour l'Asie de l'Ouest (Cesao).
La France a fourni des armes à la révolution syrienne dès 2012,
explique François Hollande dans un livre
Slate.fr Robin Verner 06.05.2015
Le président français s'est confié au journaliste Xavier Panon, qui révèle que François Hollande a décidé de livrer des armes lourdes
aux rebelles syriens, malgré l'embargo européen.
La France a fourni des armes à des groupes rebelles syriens dès 2012 alors que l’Union européenne avait imposé un embargo sur de
telles livraisons. Et c’est le président Hollande qui le dit lui-même dans un livre à paraître le 13 mai aux Editions de l’Archipel,
intitulé Dans les coulisses de la diplomatie française, de Sarkozy à Hollande, écrit par le journaliste Xavier Panon.
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«Nous avons commencé quand nous avons eu la certitude qu’elles iraient dans des mains sûres», explique le chef de l’Etat à l’auteur
du livre, en mai 2014. Les livraisons ont débuté dès la fin de l’année 2012, alors que l’embargo européen, établi à l'été 2011, est
toujours en vigueur. Il ne sera levé qu’à la fin du mois de mai 2013.
Ce cavalier seul contraint l’Elysée à la prudence. Officiellement, la France se contente d’envoyer de l’équipement non-létal: gilets
pare-balles, outils de communication cryptée, masques contre les armes chimiques, lunettes nocturnes. Mais c’est un tout autre
matériel qu’elle dépêche sur place: canons de 20 mm, mitrailleuses, lance-roquettes, missiles anti-chars. Seuls les missiles anti-aériens
restent tabous. François Hollande n’en enverra pas car ils s’avéreraient trop dangereux si des djihadistes venaient à s’en emparer.
Mille et une précautions
Les armes sont envoyées grâce aux soins de la DGSE (la Direction générale de la sécurité extérieure). Les Français marchent sur des
œufs car il s’agit de s’assurer que les armes parviendront à la bonne destination... et que ces transferts ne seront pas surpris en flagrant
délit par la communauté internationale. Les dates de livraison sont donc très irrégulières et les précautions nombreuses.
Il faut, tout d’abord, trouver des fournisseurs discrets, effacer les marques de la provenance des armes avant leur départ. Et puis,
comment être certain qu’elles seront bien réceptionnées à l’arrivée par des hommes de l’armée syrienne libre, alors dirigée par le
général Sélim Idriss, interlocuteur privilégié de l’Elysée? Les services français utilisent leurs propres réseaux, les autres leur
paraissant moins fiables.
Sur la scène publique, la France s’enferre dans une valse-hésitation sur la question des armes. Une fois, le 15 mars 2013, l’Elysée
tente de lever l’embargo européen et d’entraîner ses partenaires à envoyer des armes mais le 28, François Hollande rétropédale:
«Nous ne fournirons pas d’armes tant que nous n’avons pas la certitude que ces armes seront utilisées par des opposants légitimes et
coupés de toute emprise terroriste.»
Si la diplomatie française est aussi embarrassée, c’est qu’elle se heurte aux atermoiements de ses alliés européens, mais aussi des
Etats-Unis peu désireux de prendre part à un nouveau conflit au Moyen-Orient. D’autant que celui-ci devient de moins en moins
lisible au fil des mois, au fur et à mesure de la montée en puissance des groupes djihadistes. L’affirmation sur le front anti-Bachar elAssad d’islamistes radicaux comme les soldats de Jabhat Al-Nosra par exemple fragilise la position française: il est désormais quasi
impossible d’assumer la livraison d’armes en Syrie alors que ce sont les djihadistes qui tendent à incarner la révolution syrienne.
Dans son livre, Xavier Panon transcrit les propos d’un responsable du Quai d’Orsay:
«François Hollande et son ministre ont été bien imprudents sur la Syrie et l’embargo. Faute d’avoir la capacité d’influer réellement
sur le rapport de forces, la posture reste morale. Or, la morale est rarement bonne inspiratrice en politique étrangère. Livrer des
armes sans garantie de destination, c’est être cobelligérant. Il y a davantage de raisons de ne pas le faire que de le faire.»
L’action de la France semble, de toute façon, avoir eu peu de portée sur le terrain. En 2015, la Syrie est toujours enlisée dans une
guerre meurtrière. Un conseiller de l’Elysée admet auprès de Xavier Panon:
«Oui, nous fournissons ce dont ils ont besoin, mais dans la limite de nos moyens et en fonction de notre évaluation de la situation.
Dans la clandestinité, vous ne pouvez agir qu’à petite échelle. À moyens limités, objectifs limités. Au final, est-ce que notre aide
permettra à la révolution de gagner? Non.»
Horizon dégagé pour le Rafale de Dassault
Les Echos Stephan Bourcieu / Directeur général du Groupe ESC Dijon-Bourgogne et spécialiste du commerce extérieur | Le 07/05
Après l'Egypte et l'Inde, le Qatar a passé une commande de 24 Rafale au constructeur aéronautique Dassault. Un succès qui
ouvre de nouvelles opportunité au chasseur français.
Après plus d’une décennie d’insuccès, Dassault Aviation vient d’engranger un troisième contrat en moins de six mois pour le Rafale.
Le Qatar, client traditionnel du constructeur aéronautique français, a en effet passé une commande ferme de 24 appareils plus 12
autres en option . Loin d’être un feu de paille, ces succès ouvrent une séquence qui devrait être très favorable au chasseur multi-rôle
français.
Contexte géopolitique tendu
La décision du Qatar intervient dans un contexte géopolitique qui s’est considérablement dégradé au cours des douze derniers mois.
D’une part, les conflits armés en Syrie et Irak inquiètent les pays voisins. D’autre part, le rapprochement entre l’Iran et les Etats-Unis
initié par Barack Obama en personne contribue à raviver les tensions entre les musulmans chiites et sunnites. La récente intervention
militaire saoudienne au Yémen, sévèrement condamnée par Téhéran, est une étape supplémentaire dans l’escalade. Enfin l’instabilité
en Libye et en Afrique subsaharienne ajoute une tension supplémentaire.
Ce regain de tension conduit les pays du Proche et Moyen Orient à se réarmer rapidement et sans compter. Ainsi, l’Arabie Saoudite
peut se targuer du titre de premier importateur mondial d’armes en 2014, pour un montant avoisinant les 6,5 milliards de dollars (en
hausse de 54% par rapport à l’année précédente). L’Egypte a fait l’acquisition de 24 Rafale, et l’on évoque désormais des
opportunités de contrat pour le Rafale aux Emirats Arabes Unis et au Koweït. Face à la montée des menaces géopolitiques, le prix
élevé du chasseur français n’est plus un obstacle.
Conditions économiques et concurrentielles favorables
Tout comme le contexte géopolitique, les conditions économiques ont également évolué favorablement. En février 2011, Serge
Dassault déclarait que ses avions étaient 30 % plus chers que ceux des constructeurs américains en raison du différentiel de taux de
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change. Pour le propriétaire de Dassault Aviation, le seul moyen de vaincre le signe indien et d’arriver enfin à conclure une vente à
l’export pour son avion passait nécessairement par une baisse de l’euro. Son vœu a manifestement été exaucé, la valeur de l’euro
passant de 1,44 dollar pour 1 euro en avril 2011 à 1,08 dollar pour 1 euro en mars 2015.
Le Rafale bénéficie aussi d’un contexte concurrentiel enfin favorable. Les appareils américains de quatrième génération (F15 Eagle et
F16 Falcon) qui lui ont causé beaucoup de tort sur les marchés internationaux au début des années 2000 (Corée du Sud, Singapour,
Maroc) arrivent en bout de course. Conçus dans les années 1970, ils accusent clairement le poids des ans, en dépit des modernisations
successives. Désormais éprouvé sur les champs de bataille, le Rafale les surclasse dans tous les domaines.
Parallèlement, les appareils américains de cinquième génération n’ont pas encore fait leurs preuves. Le F22 Raptor est certes un
appareil exceptionnel, mais l’armée américaine s’en est réservée l’usage. En outre, son prix prohibitif a amené l’US Air Force à
limiter le nombre d’appareils à 187 unités et la chaine de montage du constructeur Lockheed Martin a cessé son activité depuis avril
2012. Quant au F35 Lightning II, il accumule les difficultés et retards. Programme d’armement le plus cher de l’histoire, il ne devrait
pas être opérationnel avant 2017. Dans le même temps, le Typhoon d’EADS doit faire face aux critiques (défauts de fiabilité,
polyvalence insuffisante) et tout laisse penser que la production pourrait être arrêtée en 2018.
La preuve du terrain
Mais surtout, celui qui a pendant longtemps été qualifié de « meilleur chasseur au monde » a fini par démontrer ses qualités
exceptionnelles sur le terrain, en Afghanistan, en Libye, au Mali et en Irak. Il a ainsi pu prouver sa supériorité sur ses rivaux
américains, suédois, russes et européens. En outre, son expérience du combat a mis en lumière sa polyvalence et la maitrise des coûts
d’exploitation ; ces deux dimensions permettant de compenser un prix de vente considéré jusque-là comme trop élevé.
Ces résultats sur le terrain facilitent la tâche des négociateurs français, qu’il s’agisse des équipes commerciales de Dassault Aviation
ou des services de l’Etat, enfin coordonnés et alignés derrière un Ministre de la Défense qui prend très à cœur son rôle de VRP de
luxe.
Dernier élément, et non des moindres en matière commerciale, le Rafale bénéficie désormais de solides références à l’export. La
première vente étant toujours la plus difficile à concrétiser, l’horizon est désormais dégagé pour que le Rafale devienne le digne
successeur des chasseurs Mirage partout sur la planète.
Syrie: les Etats-Unis ont commencé à entraîner des rebelles modérés
Par lefigaro.fr avec AFP
Publié le 07/05/2015
Les Etats-Unis ont annoncé aujourd'hui avoir commencé à entraîner un petit groupe de rebelles syriens modérés en Jordanie pour
lutter contre le groupe Etat islamique (EI), les responsables américains estimant par ailleurs que le régime de Damas était sur le
déclin. "Nous pouvons annoncer aujourd'hui que l'entraînement au combat a commencé pour un groupe de la taille d'une compagnie
pour les nouvelles forces syriennes", a déclaré le secrétaire à la Défense Ashton Carter lors d'une conférence de presse.
"Ce programme est une partie critique et complexe dans nos efforts pour contrer l'EI. Nous attendons un deuxième groupe qui doit
commencer l'entraînement la semaine prochaine", a ajouté Carter. En Jordanie, le porte-parole du gouvernement Mohamed alMomani a confirmé que l'entraînement des rebelles syriens avait bien "commencé depuis plusieurs jours" dans le cadre des "efforts de
la Jordanie en complémentarité avec les pays frères et amis, membres de la coalition". La Jordanie avait déjà annoncé en mars qu'elle
allait former des combattants de "tribus syriennes" pour combattre l'EI.
Environ 90 rebelles modérés syriens ont commencé à suivre cette formation aux compétences militaires de base délivrée par des
instructeurs américains, selon Ashton Carter. Ce programme de formation de rebelles modérés doit ensuite être étendu en Turquie, en
Arabie saoudite et au Qatar.
En annonçant ce programme de formation, les Etats-Unis avaient évoqué l'objectif de former 5.000 combattants par an. Mais les
militaires américains se heurtent notamment aux difficultés de sélection des candidats, les Etats-Unis voulant limiter les risques que
ces combattants ne se retournent contre eux. "Nous avons étudié de près ces rebelles que nous allons entraîner dans des installations
dont l'emplacement est gardé secret. Nos formateurs sont extrêmement compétents pour ce type d'entraînement", a repris le secrétaire
à la Défense.
Elément de stabilisation
Selon les plus récents chiffres communiqués par le Pentagone, 3.750 Syriens s'étaient portés candidats, dont 400 avaient subi avec
succès une présélection. Cette première étape devait être complétée ensuite par d'autres vérifications. Le Congrès américain, qui a
fortement poussé l'administration Obama à entreprendre ce programme, a voté 500 millions de dollars pour le financer.
Les Etats-Unis avaient annoncé que près de 1.000 militaires américains seraient déployés pour ce programme. Pour l'instant, 450 sont
arrivés sur place, selon les responsables américains.
Le Pentagone a tenu à noter que les Etats-Unis allaient continuer à surveiller et à soutenir ces rebelles une fois qu'ils seront déployés
sur le terrain. "Nous avons en quelque sorte une responsabilité pour protéger ces forces de combat. Leur mission est de lutter contre
l'EI, c'est ce que nous attendons d'eux. Mais si les forces du régime (de Damas) s'en prenaient à eux, nous serions en mesure de
répliquer", a encore dit Ashton Carter.
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"Nous n'avons pas encore décidé comment, mais cela pourrait être par le biais d'un soutien aérien. Tout dépend où ils se trouvent,
mais nous avons des obligations envers ces gens. Ils se battent pour leur pays", a souligné Carter. Certains partenaires de Washington
comme la Turquie reprochent aux Etats-Unis de vouloir diriger l'action des rebelles uniquement contre le groupe Etat islamique, au
détriment du combat contre le régime du président syrien Bachar el-Assad.
A ce propos, les responsables américains ont noté que le régime de Damas semblait en perte de vitesse. "L'élan du régime a été ralenti.
De ce fait, nous pouvons certainement en déduire que la situation semble moins favorable au régime. Si nous étions à leur place, nous
profiterions de cette opportunité pour tenter de négocier", a déclaré le général Martin Dempsey, le plus haut gradé américain. "Nous
avons toujours ce problème fondamental d'arriver à trouver une opposition syrienne modérée pour l'entraîner et qui pourrait devenir
un élément de stabilisation au fil du temps", a encore dit Dempsey.
Syrie: la France aurait livré des armes aux rebelles
Par LeFigaro.fr avec AFP Publié le 07/05/2015
La France a livré des armes offensives aux rebelles syriens en 2012 en dépit d'un embargo européen (levé le 29 mai 2013), assure un
ouvrage intitulé Dans les coulisses de la diplomatie française à paraître le 13 mai.
Selon Xavier Panon, spécialiste des questions diplomatiques et militaires, la France a remis aux rebelles syriens en guerre contre le
régime de Bachar al-Assad, des canons de 20 mm, des mitrailleuses de 12,7 mm, des lances-roquettes et des missiles antichars.
De Nicolas Sarkozy à François Hollande, l'ouvrage revient sur une série d'avancées et de reculades diplomatico-militaires, alimentées
par des citations des acteurs impliqués dans la vie diplomatique et militaire française.
Progrès de l'armée syrienne et du Hezbollah dans le Qalamoun
OLJ/Agences 07/05/2015
"L'armée libanaise ne participera à aucune bataille contre des groupes armés syriens, sauf pour défendre nos positions et notre
territoire", affirme un haut responsable militaire libanais.
L'armée syrienne a bombardé une zone de montagne limitrophe du Liban, tuant des dizaines de rebelles, a annoncé jeudi le Hezbollah.
La chaîne montagneuse du Qalamoun, qui s'étend sur une centaine de kilomètres le long de la frontière libano-syrienne, est depuis des
mois le théâtre de violents affrontements entre les rebelles et les forces régulières de Bachar el-Assad, soutenues par des combattants
du Hezbollah.
Les forces syriennes, épaulées par le parti chiite, ont repris un territoire d'importance stratégique dans le Qalamoun, Aassal al-Ward, a
indiqué jeudi la chaîne al-Manar, relevant du Hezbollah. Plus tôt dans la journée, la chaîne avait indiqué que des dizaines de jihadistes
avaient été tués ou blessés dans cette zone.
Les extrémistes auraient subi ces pertes lors de combats avec l'armée syrienne, selon al-Manar. L'armée syrienne et le Hezbollah ont
également repris la région de Qarna, d'où des groupes insurgés lançaient des attaques contre le Hezbollah, a déclaré à Reuters un
responsable du mouvement chiite.
De son côté, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a rapporté que "le Hezbollah et le régime syrien ont pris des collines
dans la région du Qalamoun après l'avoir intensément bombardé avec des missiles iraniens de type 'Bourkane' (Volcan) et des missiles
sol-sol de moyenne portée". L'ONG fait état de blessés dans les deux camps. "Les combats sont menés depuis hier (mercredi) par le
Hezbollah, avec la participation de l'armée syrienne, dans les environs d'Aassal al-Ward", a précisé à l'AFP le directeur de l'ONG,
Rami Abdel Rahmane.
De son côté, une source militaire syrienne sur le terrain a indiqué à l'AFP que "l'armée syrienne et ses alliés ont avancé dans les
environs d'Aassal al-Ward, ajoutant que des "dizaines de terroristes ont été tués", en référence aux rebelles.
D'après M. Abdel Rahmane, cette bataille du Qalamoun, contrôlée en majorité par l'armée syrienne et le Hezbollah, vise surtout à
"remonter le moral du régime" après ses revers face aux rebelles notamment dans le nord du pays ces dernières semaines. "Cette
bataille n'est pas aussi stratégique que ne tentent de le montrer le Hezbollah et le régime. Cela s'apparente plus à un battage
médiatique", a assuré M. Abdel Rahmane.
Un porte-parole du Front al-Nosra, la branche syrienne d'el-Qaëda, a pour sa part nié toute avancée du Hezbollah. "Les combats se
poursuivent dans la région d'Aassal al-Ward", a-t-il dit à l'AFP.
Al-Nosra avait annoncé sur Twitter il y a quelques jours la formation de l'Armée de la conquête à Qalamoun, s'inspirant du nom de la
coalition qui a chassé le régime de la capitale provinciale d'Idleb (nord-ouest), de la localité proche de Jisr al-Choughour et de bases
militaires dans cette région frontalière de la Turquie.
Jeudi soir, une source des services de sécurité libanais a rapporté la chute dans la Békaa de deux obus tirés du côté syrien de la
frontière par les rebelles, sans faire état de victimes. Un des obus est tombé à deux kilomètres et l'autre à 10 km de Baalbeck, grande
ville de l'est du Liban et un bastion du Hezbollah.
Mercredi, des combattants du Hezbollah ont attaqué un rassemblement du Front al-Nosra sur une colline au niveau du massif
montagneux de l'Anti-Liban séparant le pays de la Syrie, connue sous le nom de Kherbat al-Nahla, qui domine la partie syrienne du
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Qalamoun. Le mouvement chiite a par la suite annoncé que ses combattants l'avaient reconquis, mais un groupe rebelle a dit avoir
repoussé cet assaut que, d'après des rumeurs, le Hezbollah planifiait depuis des mois.
Mardi, c'est du côté de Brital, dans la partie nord de la Békaa, et de Tfaïl, un village libanais enclavé en territoire syrien, que des
combats violents se sont produits entre des combattants du Hezbollah et des jihadistes d'al-Nosra, toujours selon la chaîne du parti
chiite. Le même jour, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a annoncé le déclenchement, "le moment venu", d'une
offensive contre les islamistes du Front al-Nosra dans la région du Qalamoun.
Par ailleurs, l'armée libanaise était en état d'alerte jeudi dans la zone de Soueiri (Békaa-Ouest), a rapporté la LBCI. Des hélicoptères
de la troupe ont survolé la région à la recherche d'éventuels éléments armés. La veille au soir, des obus de mortier avaient atterri près
de Soueiri. Selon la LBCI, ces obus auraient été tirés à partir de la Syrie voisine. "L'armée libanaise ne participera à aucune bataille
contre des groupes armés syriens, sauf pour défendre nos positions et notre territoire", a affirmé jeudi un haut responsable militaire
libanais à l'agence de presse pro-gouvernementale turque, Anatolie.
Turquie : arrestation de procureurs ayant saisi des armes pour la Syrie
AFP / 07 mai 2015
Ankara - Les autorités turques ont arrêté jeudi quatre procureurs et un officier de l'armée dans l'affaire controversée d'une saisie de
livraison d'armes à destination de la Syrie l'an dernier, a annoncé l'agence de presse officielle Anatolia.
L'ancien procureur de la région d'Adana (sud), Suleyman Bagriyanik, et ses adjoints Ozcan Sisman, Aziz Takci et Ahmet Karaca ont
été arrêtés et ont comparu devant le tribunal d'Adana.
L'ancien colonel Ozkan Cokay a également été arrêté du fait de son rang de plus haut gradé de la région, toujours selon Anatolia.
Les quatre procureurs avaient été mutés, puis suspendus après avoir ordonné la fouille de plusieurs camions et bus dans les provinces
d'Adana et Hatay, frontalières de la Syrie, en janvier 2014, parce qu'ils les suspectaient de contrebande de munitions et armes à
destination de la Syrie.
Une série de documents avaient alors circulé sur Internet affirmant que les camions saisis étaient en réalité des véhicules de l'Agence
de renseignements nationale (MIT) livrant des armes aux rebelles islamistes syriens combattant le président Bachar al-Assad.
La Turquie a vivement démenti apporter une quelconque aide aux rebelles islamistes en Syrie, comme le groupe Etat islamique (EI),
tout en désirant la chute du régime de Damas.
Le gouvernement a imposé un silence médiatique, y compris sur les réseaux sociaux Facebook et Twitter, interdisant la publication de
ces allégations.
Les quatre procureurs sont accusés de chercher à renverser le gouvernement et de paralyser ses opérations. Ils encourent la perpétuité
s'ils sont reconnus coupables, a précisé Anatolia.
Nous venons de vivre une nuit qui a vu la loi être bafouée et l'ordre des choses renversé, a déclaré M. Bagriyanik, l'ancien procureur
général d'Adana, alors qu'il était détenu par la police.
Je suis détenu maintenant uniquement parce que je n'ai pas suivi les menaces et l'ordre de M. le ministre : +Ne fouillez pas les
camions+, et n'ai pas empêché mes collègues de le faire. Que puis-je dire de plus', a-t-il ajouté.
La controverse a éclaté le 19 janvier 2014, quand des forces turques ont arrêté des camions en direction de la Syrie, soupçonnés de
contenir des chargements d'armes. Mais ils ont alors découvert que du personnel du MIT était à bord.
Les autorités turques ont attribué la responsabilité du scandale à Fethullah Gulen, que le président Recep Tayyip Erdogan accuse de
diriger un Etat parallèle, via ses partisans dans le système judiciaire et dans la police, afin d'usurper le pouvoir.
Les partisans de M. Gulen, cibles d'une vague d'arrestations ces derniers mois, rejettent cette allégation.
Des organisations étrangères de défense des droits de l'homme ont exprimé leur inquiétude, dénonçant une campagne judiciaire visant
les pro-Gulen.
La situation humanitaire s'aggrave en Syrie
Par RédactionThe Associated Press 7 mai 2015
BEYROUTH – Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a prévenu jeudi que la situation humanitaire en Syrie s’était
aggravée significativement, au coeur d’affrontements accrus dans plusieurs régions du pays entre les forces gouvernementales et les
groupes rebelles, de même qu’entre factions rivales de l’opposition.
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La mise en garde du CICR est publiée à la suite d’une visite de deux jours du directeur des opérations de l’agence, Dominik Stillhart,
dans la capitale syrienne, Damas, où il a rencontré des responsables gouvernementaux, appelant à un meilleur accès aux secteurs
touchés par les combats, incluant le camp de réfugiés palestiniens assiégé de Yarmouk.
Le camp a été le théâtre d’affrontements entre des combattants locaux et le groupe extrémiste État islamique depuis le début d’avril.
Auparavant, les réfugiés avaient subi un siège dévastateur du gouvernement pendant deux ans qui a aggravé la famine et les maladies
dans le camp.
Environ 18 000 personnes se trouvent encore dans le camp, un secteur ayant accueilli autrefois quelque 160 000 Palestiniens et
Syriens. L’ONU a exprimé un sentiment d’urgence, en fin de semaine, à l’égard des combats persistants, de l’usage d’armes lourdes
et des frappes aériennes.
Les combats se sont aussi intensifiés ailleurs en Syrie ces dernières semaines, alors que les avancées des rebelles ont repoussé les
forces gouvernementales de secteurs contestés dans le sud et le nord du pays.
Jeudi, les forces du gouvernement syrien et des combattants alliés du Hezbollah libanais ont repris de nouveaux secteurs contrôlés par
des combattants islamistes près de la ville frontalière d’Assal al-Ward.
Al-Manar TV, affiliée au Hezbollah, a affirmé que des dizaines de militants islamistes avaient été tués ou blessés. L’Observatoire
syrien des droits de l’homme, établi au Royaume-Uni, a déclaré que des tirs d’obus et des frappes aériennes intenses dans le secteur
avaient fait des victimes dans les deux camps.
Syrie: un accord Ankara/Riyad pour aider les rebelles à faire tomber Assad
I24NEWS 07 Mai 2015
Les USA ont commencé l'entraînement de rebelles syriens modérés en Jordanie pour lutter contre l'EI
Des responsables turcs ont confirmé l'existence d'un accord entre Ankara et l'Arabie saoudite visant à aider les rebelles syriens à
combattre le régime de Bachar al-Assad, rapporte jeudi Associated Press.
Par ailleurs, un responsable américain a indiqué à Washington que les Etats-Unis ont commencé l'entraînement de rebelles syriens
modérés en Jordanie pour lutter contre le groupe Etat islamique (EI).
"C'est parti", a indiqué ce responsable sous couvert de l'anonymat, précisant que cette formation aux compétences militaires de base
serait étendue ensuite en Turquie, en Arabie saoudite et au Qatar.
En annonçant ce programme de formation, les Etats-Unis avaient évoqué l'objectif de former 5.000 combattants par an.
Mais les militaires américains se heurtent notamment aux difficultés de sélection et de filtrage des candidats, les Etats-Unis voulant
limiter les risques que ces combattants ne se retournent contre eux.
Selon les plus récents chiffres communiqués par le Pentagone, 3.750 Syriens s'étaient portés candidats, dont 400 avaient subi avec
succès un premier filtrage. Ce filtrage devait être complété ensuite par d'autres vérifications.
Le Congrès américain, qui a fortement poussé l'administration Obama à entreprendre ce programme, a voté 500 millions de dollars
pour le financer.
Les Etats-Unis avaient annoncé que près de 1.000 militaires américains seraient déployés pour ce programme. Pour l'instant, 450 sont
arrivés sur place, selon les responsables américains.
Certains des partenaires de Washington au sein de la coalition reprochent aux Etats-Unis de vouloir diriger l'action des rebelles contre
le groupe Etat islamique, au détriment du combat contre le régime de Bachar al-Assad.
La Turquie se prépare-t-elle à envahir la Syrie de Bachar el Assad ?
MEDIAPART 07 MAI 2015 | PAR JEAN-PAUL BAQUIAST
Selon diverses sources 1) la Turquie se préparerait à envahir la Syrie de Bashar al Assad. Si ce n'est pas encore décidé, cela le serait
bientôt. On imagine l'ajout de conflits qu'ajouterait cette décision irresponsable de Recep Tayyp Erdogan dans un Moyen-Orient où
tout le monde bombarde déjà tout le monde 2).
Mais sa portée catastrophique ne se limiterait pas au Moyen-Orient et à la Turquie. Comme nous l'avons souvent exposé, la chute de
Assad entrainerait la mise en place immédiate de l'Etat prétendu islamique (ISIS) qui depuis le Moyen Orient lancerait des actions
terroristes en Europe, en Russie et bien entendu en Turquie elle-même. Très vite aussi, il est probable que l'Iran et la Russie ne
laisseraient pas faire, se confrontant ainsi directement aux Etats-Unis qui se préparent depuis longtemps à riposter pour protéger leurs
intérêts pétroliers et maritimes, ainsi que ceux de leurs alliés dans le Golfe.
Pour des raisons variées, la Turquie a toujours voulu faire tomber Bashar al Assad, notamment du fait que celui-ci participait à
l'ancien « couloir chiite » allant du Liban, de l'Irak de Malaki, de la Syrie jusqu'à l'Iran. De plus aujourd'hui, on note un sérieux
rapprochement entre la Turquie et l'Arabie saoudite. Enfin, depuis des mois, il était avéré que les services secrets turcs collaboraient
avec ISIS, tandis que l'armée turque n'a jamais rien fait pour protéger les kurdes en lutte contre ISIS. Dans tous ces domaines, Bashar
al Assad et son armée puissante contraient les agressions diverses de la Turquie.
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Manifestement aujourd'hui Erdogan pense qu'il lui est possible de passer à la phase supérieure, la chute du régime de Damas, ainsi
que celle des Alaouites et de leurs protégés les Chrétiens d'Orient. L'Union européenne européenne n'est pas sans moyens de pression
sur Ankara, diplomatiques, économiques et aussi éventuellement militaires. Il serait inadmissible aujourd'hui qu'elle ne s'en serve pas
pour rappeler Erdogan à la raison.
1.
2.
voir notamment http://www.hurriyetdailynews.com/turkey-to-enter-syria-in-a-day-or-two-chp-officialclaims.aspx?PageID=238&NID=82075&NewsCatID=509
http://www.dedefensa.org/article-enqu_te_de_robert_fisk_qui_bombarde_qui_au_moyen-orient__06_05_2015.html
Sauvons Alep, la ville martyre du conflit en Syrie
Aleteia - 07.05.2015
Les habitants d’Alep sont contraints à vivre dans des caves ou des sous-sols. Beaucoup se sentent abandonnés. La communauté de
Sant’Egidio invite à signer l’appel « Save Alep ».
La Communauté de Sant’Egidio invite à relayer l’appel « Save Alep », lancé il y a un an par Andrea Riccardi : « Ne rien faire ou
attendre trop longtemps avant d’agir équivaut à laisser Alep mourir d’abandon… Il faut que le nombre de ceux qui ne veulent pas
accepter qu’une population entière soit abandonnée à elle-même augmente », explique le fondateur de l’organisation catholique, au
lendemain de la publication d’un nouveau rapport d’Amnesty International sur les terribles violations humaines subies par les
habitants d’Alep depuis trois ans.
Carnages et destructions massives
Le dernier rapport d’Amnesty International « Mort partout : crimes de guerre et autres violations des droits de l’homme à Alep »,
publié le 5 mai dernier, dresse un tableau particulièrement effroyable lié aux carnages et destructions massives que subissent les
habitants d’Alep quotidiennement. Selon Geneviève Garrigos, la présidente d’Amnesty, l'accusation de crimes contre l'humanité faite
au gouvernement et aux groupes d’opposition dans ce rapport n’est pas trop forte à la lumière du véritable calvaire enduré par ces
habitants, contraints à vivre sous terre, dans des caves et des sous-sols pour échapper aux bombes-barils remplies d'explosifs et de
fragments de métal lâchées sur des écoles, des hôpitaux, des mosquées et des marchés bondés.
Les dernières statistiques font état de plus de 3 000 civils tués dans le gouvernorat d'Alep l'année dernière. Pas moins de 85 attaques
de ce genre ont été recensées dans la seule ville d'Alep le mois dernier, faisant au moins 110 morts parmi la population civile. Le
rapport fait également état de la pratique généralisée de la torture, de la détention arbitraire et de l'enlèvement, aussi bien par les
forces du régime que par les groupes armés d'opposition.
Honte à la communauté internationale
Les habitants d'Alep vivent dans la peur et le désespoir. Beaucoup se sentent abandonnés. Nous sommes face à « une guerre
dévastatrice » face à laquelle le mot le plus approprié est « honte », dénonce Andrea Riccardi. La honte de la communauté
internationale qui n’a toujours pas réussi à « faire ce qu’il était possible de faire pour arrêter le massacre d’une ville syrienne symbole
millénaire de cohabitation entre religions et cultures différentes, lieu d’art et de culture, avec le nombre le plus important de chrétiens
au Moyen-Orient ». Mais aussi la honte d’une opinion publique européenne et occidentale « trop distraite pour pouvoir s’occuper de
milliers de morts et de milliers de déplacés ».
« Un monde est en train de disparaître »
Relayer à nouveau l’appel « Save Alep » peut constituer une base pour une intervention urgente, proposition qui a reçu le
consentement, il y a une semaine à peine, des plus grands représentants des Églises orientales durant le premier sommet interchrétien
sur le thème « Chrétiens au Moyen-Orient : quel avenir ? », organisé par la communauté Sant’Egidio et par le diocèse de Bari, en
Italie, auquel participaient des représentants des gouvernements européens, et le secrétaire pour les relations avec les États du SaintSiège, Mgr Paul Richard Gallagher qui ont convenu de « l’urgence vitale » de ne pas céder devant ces massacres continus. Au cours
de la conférence, Andrea Riccardi a parlé de « nettoyage ethnique dramatique dans des régions entières, qui n’a sans doute pas de
précédent dans l’histoire et qui représente presque la fin de l’histoire », avant d’ajouter : « Un monde est en train de disparaître : c’est
un drame pour les chrétiens, un vide pour les sociétés musulmanes, une perte pour l’équilibre de la Méditerranée et pour la
civilisation ».
C'est officiel: Les États-Unis collaborent avec al-Qaïda (Moon of Alabama)
arretsurinfo.ch 07/05/05
La propagande contre la Syrie exploite la prise d'Idlib par Jabhat al-Nusra et d'autres groupes islamistes. Le ton général est que «
Assad est en train de perdre« , assorti, contre toute logique, de la demande que les Etats-Unis bombardent les troupes
gouvernementales syriennes. Pourquoi cela serait-ce nécessaire si le gouvernement syrien était vraiment en train de perdre le
contrôle?
Le meilleur exemple de ce que je viens de dire, nous est donné par Foreign Policy (*) de Charles Lister, un analyste du Brookings
Doha center financé par des fonds qataris, mais qui coopère souvent avec l'administration Obama. Son grand titre dit qu'Assad est en
train de perdre et l'article parle de l'assaut contre Idlib en termes dithyrambiques. Puis son auteur reconnait que c'est uniquement parce
qu'al-Qaïda menait l'assaut que cette petite victoire contre les troupes syriennes, qui battaient en retraite, a été possible.
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Il reconnait aussi que les Etats-Unis, qui veulent maintenir l'équilibre entre al-Qaïda et les forces gouvernementales syriennes afin de
prolonger le conflit dans l'espoir que les deux camps le perdront, était derrière ce mouvement:
« La participation de groupes de l'Armée syrienne libre révèle, en fait, que les soutiens de ces factions ont changé leur fusil d'épaule
concernant la coordination avec les islamistes. Plusieurs commandants impliqués dans la direction des opérations récentes à Idlib
m'ont confirmé que le centre des opérations sous commandement américain installé au sud de la Turquie et qui coordonne la
fourniture d'un appui létal et non létal à des groupes d'opposition triés sur le volet, a contribué à faciliter leur participation à
l'opération à partir du début d'avril.
Ce centre d'opérations – ainsi qu'un autre en Jordanie qui couvre le sud de la Syrie – semble également avoir considérablement
augmenté son niveau d'assistance et de fourniture de renseignements à des groupes triés sur le volet au cours des dernières semaines.
Considérant que ces centres d'opérations multinationaux avaient précédemment exigé que les bénéficiaires de l'aide militaire cessent
toute coordination directe avec des groupes comme Jabhat al-Nusra, la dynamique récente à l'œuvre à Idlib semble indiquer que les
choses ont changé. Non seulement les livraisons d'armes aux soi-disant « groupes triés sur le volet », ont augmenté mais le centre des
opérations a spécifiquement incité à une coopération plus étroite avec les islamistes commandant des opérations en première ligne. »
Le centre des opérations dirigé par les États-Unis a encouragé la coopération entre les islamistes de la soi-disant Armée syrienne libre
et du groupe d'al-Qaïda. Un drone américain, abattu au-dessus de Lattaquié, en mars, collectait du renseignement pour l'attaque d'alQaïda sur Idlib. Plus de 600 missiles américains antichars TOW ont été utilisés contre les troupes syriennes au nord de la Syrie. Ils
font partie des 14 000 missiles que les Saoudiens avaient commandés à son fournisseur étasunien.
Même si les Etats-Unis ne vont pas jusqu'à pousser officiellement leurs mercenaires à coopérer avec Jabhat al-Nusra, cette
coopération n'a jamais échappé à ceux qui avaient des yeux pour voir:
« Au sud de la Syrie [..] des factions qui prétendaient n'avoir rien à voir avec des extrémistes comme Jabhat al-Nusra à la mi-avril, ont
été surprises en train de coopérer activement avec ce même groupe à Deraa, quelques jours plus tard. »
La réalité est que les mercenaires djihadistes dit « modérés » de l'Armée syrienne libre (ASL) que les Etats-Unis soutiennent, équipent
et payent directement, sont tout aussi hostiles à d'autres factions que l'affilié d'al-Qaïda, Jabhat al-Nusra, et l'État islamique. Ils ne
décapitent peut-être pas ceux qu'ils considèrent comme des incroyants mais ils les tuent tout autant.
Pendant que les Etats-Unis alimentent al-Qaïda en Syrie, la Turquie prend soin de l'État islamique. Des tonnes de sulfate
d'ammonium, qui sert à fabriquer des bombes, passent en « contrebande » de la Turquie à l'État islamique au su et au vu des officiels.
Des recruteurs turcs incitent les musulmans du peuple Ouïghour ou Turkmène de Chine de l'ouest et du Tadjikistan à émigrer vers
l'Etat Islamique.
Ils leur donnent des passeports turcs pour qu'ils puissent aller en Turquie d'où ils passent en Syrie et en Irak. Pendant ce temps les
Saoudiens bombardent toute la population et toutes les infrastructures du Yémen à l'exception des villes et des zones prises par alQaïda dans la péninsule arabe.
Les États-Unis et leurs alliés soutiennent maintenant totalement les djihadistes sunnites violents dans tout le Moyen-Orient, tout en
utilisant la « menace d'al-Qaïda » pour semer la peur et réprimer l'opposition dans leurs propres pays.
Charles Lister et les autres propagandistes de l'institut Brookings veulent que les Etats-Unis bombardent la Syrie pour amener le
gouvernement d'Assad à la table des négociations. Mais quel est le gouvernement syrien avec lequel il faut négocier? Al-Qaïda?
Qui gagnerait si le gouvernement syrien devait vraiment perdre la guerre ou capituler? Les « rebelles modérés » islamistes, soutenus
par les États-Unis, qui n'étaient pas capables de l'emporter sur le gouvernement syrien, prendraient alors la relève et vaincraient alQaïda et l'Etat Islamique?
Qui croit encore aux contes de fée ?
Moon of Alabama
Traduction : Dominique Muselet
Pourquoi l'Occident gagnerait à cesser de vouloir exporter son modèle
L'idéal occidental consistant à vouloir exporter -parfois par la force- ses valeurs démocratiques et morales, considérées
comme supérieures, est remis en question depuis plusieurs décennies.
Atlantico Publié le 8 Mai 2015
Alexandre del Valle est un géopolitologue renommé. Ancien éditorialiste à France Soir, il enseigne les relations internationales à
l'Université de Metz et est chercheur associé à l'Institut Choiseul. Il a publié plusieurs livres sur la faiblesse des démocraties, les
Balkans, la Turquie et le terrorisme islamique.
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Il est notamment auteur des livres Le Chaos Syrien, printemps arabes et minorités face à l'islamisme (Editions Dhow
2014), Pourquoi on tue des chrétiens dans le monde aujourd'hui ? : La nouvelle christianophobie (éditions Maxima), Le dilemme
turc : Ou les vrais enjeux de la candidature d'Ankara (Editions des Syrtes) et Le complexe occidental, petit traité de
déculpabilisation (Editions du Toucan).
David Engels est historien et professeur à l'Université Libre de Bruxelles. Il est notamment l'auteur du livre : Le déclin. La crise
de l'Union européenne et la chute de la République romaine. Quelques analogies, Paris, éditions du Toucan, 2013.
Atlantico : Alors que la crise ukrainienne continue et ce malgré les échecs de l'Union européenne, l'idéal occidental consistant
à exporter les valeurs démocratiques est remis en question. D'où sont partis les premiers foyers de résistance, et aujourd'hui
qui sont les plus grands opposants au modèle occidental ?
Alexandre del Valle : Les premiers foyers de résistance sont partis des expériences anti-coloniales et même, avant, de l’ex-Union
soviétique qui portait un projet global de lutte contre "l’impérialisme" occidental et les sociétés libéral-démocratiques. Mais les anticolonialistes anti-occidentaux - qui ont combattu le modèle occidental et la domination des coloniale européenne – et les marxistes
soviétiques s’inspiraient encore de références occidentalo-européennes (marxisme-léniniste ; nationalisme, socialisme, etc).
Après la chute de l’ex-URSS, on a assisté à une mutation dans l’anti-impérialisme et dans le tiersmondisme, car la lutte contre la
domination occidentale ne s’est plus faite au nom d’idées européennes, mais au nom d’une exigence de "seconde décolonisation". Je
m’explique : si jadis les anti-colonisateurs luttaient physiquement contre les dominateurs européens au nom de valeurs et idéologies
progressistes ou subversives d’origine européenne, à partir de la fin de la Guerre froide, l’idéologie marxiste-léniniste et le vieil antiimpérialisme de gauche ont perdu leur "sponsor" russe post-soviétique et ont dû chercher d’autres sources idéologiques dans leur lutte
contre l’Occident. C’est alors que dans le monde arabe et même musulman, le nationalisme kémaliste et progressiste ou le
nationalisme arabe anti-impérialiste ont été détrônés par l’islamisme. Celui-ci s’est présenté comme la seule formule réellement
susceptible de se débarrasser de la domination occidentale d’un point de vue politique, idéologique et spirituel.
Le nationalisme laïc a donc peu a peu été remplacé par une formule "national-islamiste" supposée plus "indigène". Dans nos
banlieues, on a observé aussi les conséquences de cette véritable lame de fond identitaire et géopolitique mondiale : l’identité
nationale des pays d’accueil européens et même l’identité nationale d’origine des parents d’immigrés musulmans ont été détrônées par
une nouvelle identité transnationale islamique, "muslim", à la fois capable de répondre à un besoin d’indigénisme, à un rejet (à la
mode) de tout ce qui ressemble à l’Occident-blanc-judéo-chrétien, et d’être en phase avec la mondialisation, elle-aussi transnationale.
Cela ne veut pas dire que la mondialisation a supprimé l’identité, mais que le double phénomène de mondialisation marchande et de
fin du monde bipolaire ont fait ressurgir les appartenances identitaires de type civilisationnelles.
Dans ce contexte, et durant ces années 1990 marquées par des embargos et guerres "humanitaires" livrés au nom du "droit
d’ingérence" et des droits de l’homme contre des pays souverains jugés "non occidentaux" ou "ennemis de l’Occident" (SerbieYougoslavie ; Irak de Saddam, Syrie, Iran, Cuba, Libye, Afghanistan, etc), nos valeurs universelles comme l’humanisme, les droits de
l’Homme, la laïcité et la démocratie ont été grandement discréditées car associées à des entreprises "impérialistes". La demande
d’islamisme, d’indigénisme, d’identité "locale", de "désoccidentalisation" est depuis observée partout, de l’Amérique latine avec les
mouvements amérindiens indigénistes anti-occidentaux (Bolivie, Equador, Perou, Vénézuela, Chiapas, etc), à l’Asie (Singapour,
Malaisie, Indonésie, Chine, etc), sans oublier les sociétés islamiques. Cette "seconde décolonisation" ne concerne pas seulement des
dictatures "anti-impérialistes" tiersmondistes socialistes, comme Cuba et le Vénézuéla "bolivariste", ou staliniennes, comme la Corée
du Nord, mais aussi des pays en phase avec la mondialisation marchande et la modernité technologique, comme Singapour, qui prône
un modèle "confucéen" autoritaire, la Malaisie, marquée par "l’asiatisme islamique" du vieux leader Mahatir, sans oublier la Chine
post-maoiste qui allie le capitalisme mercantiliste, le nationalisme, le néo-confucianisme et le marxisme dans le cadre d’une stratégie
globale de lutte asymétrique contre l’Occident et ses valeurs au nom d’un ordre multipolaire.
David Engels : Tout d’abord, insistons sur le fait que ces valeurs "universalistes" ne sont pas le propre de la culture occidentale, mais
un phénomène typique pour la phase terminale de toute civilisation historique. Marquées par la lassitude, le multiculturalisme, la
remise en question de soi et une certaine désillusion, toutes les civilisations développent graduellement un cadre de vie basé sur des
valeurs essentiellement cosmopolites, rationalistes, individualistes et désincarnées. Pensez à la société multiculturelle de la Rome
impériale, au Caire des Fatimides ou au Xi’an des Han : vous trouverez partout le même type de valeurs, peut-être pas dans les mots,
mais dans les faits. Ainsi, la "démocratie" à l’occidentale n’a de véritablement démocratique que le nom, et désigne désormais un
croisement entre oligarchie et technocratie. Le respect des droits de l’homme, au lieu de se fonder sur une véritable définition
humaniste de l’homme et de sa dignité spirituelle, a engendré une notion de droit entièrement chosifiée exaltant l’individu au
détriment de la communauté. La "liberté", finalement, s’est muée en libéralisme et a mené au capitalisme ultralibéral dont le continent
paie les frais en ce moment même.
La résistance à cette situation a des racines très diverses, venant à l’origine tantôt de gauche (par l’opposition à l’exploitation du
travailleur), tantôt de droite (par l’opposition à la destruction de nos valeurs culturelles), et tantôt de la part des peuples non-européens
(par l’opposition à l’impérialisme économique ou politique). Cette dispersion idéologique ne facilite pas la tâche à ceux qui
s’opposent au système, d’autant plus que le décalage entre l’idéal abstrait des valeurs universalistes et leur réalisation concrète dans la
vie quotidienne est habilement exploité par ses défenseurs. Ainsi, qui s’oppose aux dérives technocratiques est décrié comme "antidémocratique", celui qui critique l’individualisme outrancier est fustigé de "réactionnaire", et celui qui se lève contre l’ultralibéralisme est libellé "nationaliste", etc. À l’extérieur, parmi les opposants les plus importants au modèle "universaliste" occidental,
on notera évidemment tout d’abord l’islam fondamentaliste, dont toute la genèse et la diffusion sont beaucoup moins des phénomènes
inhérents à la dynamique du monde musulman qu’à celle du monde occidental lui-même ; le modèle dictatorial chinois,
essentiellement basé sur la volonté acharnée de retrouver le statut perdu de puissance mondiale d’abord par la voie économique, puis
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politique ; et finalement l’État russe, rejetant les dérives idéologiques et économiques de l’Occident afin de légitimer son propre
régime autoritaire.
Les populations migrantes qui cherchent aujourd'hui à atteindre les côtes européennes sont-elles toujours attirées par les
valeurs occidentales d'égalité et d'accueil ou sont-elles poussées par d'autres motivations ?
Alexandre del Valle : Une minorité de ces migrants, légaux ou illégaux (notamment les militants laïques des droits de l’homme, les
chrétiens persécutés fuyant la christianophobie, et les libéraux persécutés en pays musulman ou dans les dictatures africaines ou
asiatiques), est réellement attirée par nos valeurs qui représentent pour eux une voie de salut et un idéal. Il faudrait d’ailleurs selon
moi enfin définir une stratégie globale "d’immigration choisie" visant à privilégier le plus possible l’accueil des personnes qui
viendraient chez nous par amour de nos valeurs. Il est d’ailleurs regrettable qu’à l’époque des sondages, de l’intelligence artificielle et
du neuromarketing, nos politiques n’ont rien d’autre à répondre qu’il est impossible de "trier" donc de choisir qui peut venir chez
nous. Aux termes d’une funeste confusion, l’idée même de sélection est assimilée aujourd’hui une forme de "discrimination" et de
"racisme". Ce "démographiquement correct", fondée sur une vision immigrationniste de principe et sur l’idée que l’accueil sans
limites des migrants illégaux ou légaux a conduit nos élites terrifiées par la bienpensance médiatique à subir une immigration
incontrôlée puis à abdiquer toute politique d’assimilation, elle aussi jugée "discriminatoire"…
En revanche, on ne peut nier qu’une grande part des migrants, légaux ou clandestins, issue d’Afrique noire, des pays arabes, de
Turquie ou d’Asie, ne vient pas chez nous parce par amour de nos valeurs, mais simplement par esprit de survie ou par opportunisme
économique (appel d’air des aides sociales et rêve d’Eldorado européen). Cette lapalissade n’en est pas moins impossible à énoncer
aujourd’hui sans être stigmatisé, tant le lobby immigrationniste radical a réussi à criminaliser les termes réalistes de ce débat pourtant
vital pour notre avenir collectif. En fait, c’est toute la conception européenne et française du droit d’asile, de la gestion des frontières,
puis nos politiques d’intégration et d’immigration qui doivent être repensées de façon à la fois réaliste et à l’aune des intérêts bien
compris de nos concitoyens puis de nos capacités d’intégration sociales et économiques.
David Engels : C’est une question complexe dont la réponse définitive ne pourrait être donnée que par les statistiques ; et
malheureusement, vu la nature de plus en plus délicate de la discussion sur l’immigration, les chiffres s’y rapportant sont de plus en
plus difficilement accessibles ou ne sont même plus prélevés. Néanmoins, je crois que les raisons qui poussent la majorité des
populations migrantes à se déplacer en Europe sont essentiellement d’ordre matériel : il ne s’agit que rarement d’une population
cultivée et prospère qui est simplement à la recherche de plus de démocratie et de liberté, mais plutôt d’une population vivant dans la
misère économique et l’oppression politique et prête à se rendre n’importe où pour autant que cela leur assure à la fois la survie et la
sécurité. Évidemment, il va de soi que la misère et l’oppression dont souffraient ces immigrés chez eux sont souvent causées (ou
accompagnées) par une situation politique marquée par la corruption, la persécution, l’autoritarisme et l’incompétence, de manière à
ce que motivation humanitaire et motivation politique deviennent inséparables.
Toutefois, si l’on examine le comportement de beaucoup de migrants après leur arrivée dans leur société d’accueil, il semble que la
volonté de s’assimiler et d’adopter les valeurs occidentales disparaisse de plus en plus. Au contraire, l’oppression de la femme, la
soumission à l’autorité religieuse, le choix d’activités économiques opérant souvent en dehors de la légalité et une attitude très
revendicatrice face à l’État et à la société d’accueil en général suggèrent que l’enthousiasme pour les valeurs de la société d’accueil
n’a dû être que bien rarement la motivation principale de l’immigration. Et notre société actuelle, au lieu de faciliter l’intégration,
exalte une "tolérance" sans restriction face à l’"autre" et, tout en se vautrant littéralement dans le rejet de sa propre identité culturelle
en raison de ses nombreux "crimes", en appelle à la "compréhension" des "spécificités culturelles" des étrangers ...
Quel prix l'Occident paie-t-il pour cette résistance à ses valeurs ? Le terrorisme ?
Alexandre del Valle : Le terrorisme islamiste de type salafiste-djihadiste que nous connaissons depuis des décennies - et qui a de plus
en plus tendance à se "démocratiser" à travers les cas de "loups soi-disant solitaires" à la Merah ou à la Ghlam – n’est selon moi que la
partie immergée la plus tragique de ce vaste phénomène qu’est la "seconde décolonisation" antioccidentale. Celui-ci passe en effet
aussi par le rejet des valeurs universelles des droits de l’homme, perçues comme une "arrogance néo-impériale". On retrouve ce
phénomène aussi en Turquie, à travers la voie apparemment "douce" - mais non moins anti-occidentale (sur le plan philosophique) du nationalisme islamiste du président-néo-sultan Erdogan, qui démantèle progressivement la laïcité kémaliste, issue de l’idéologie
occidentale, donc "apostate".
Pour les islamistes turcs qui votent en faveur d’Erdogan, lutter contre les idées laïques d’Atatürk, père de la Turquie moderne face aux
envahisseurs européens vainqueurs de la première guerre mondiale, est la nouvelle façon de lutter pour l’indépendance de la Nation
turque. Face à l’apostat Mustapha Kémal Atatürk, qui a aboli le Califat et supprimé la Charià’, l’AKP au pouvoir prépare le
rétablissement informel du Califat sunnite pendant que Da’ech le rétablit concrètement…
Le rejet de l’influence des idées occidentales se traduit aussi par une nouvelle façon de concevoir la démocratie elle-même : l’Iran
khomeinyste et les Frères musulmans portent un modèle de "démocratie islamique" différent du modèle individualiste et matérialistelaïque occidental ; de même, la Russie, l’Egypte d’Al-Sissi ou le Venézuéla proposent un modèle de "démocratie contrôlée" ou
"souveraine". Quant à la Chine, elle explique sans complexe que la démocratie n’est pas le meilleur modèle puisqu’il conduit à
l’anarchie et au chaos… La Chine maoïste-capitaliste montre qu’un pays dictatorial peut briguer le statut de première puissance tout
en rejetant la démocratie libérale. Pour les nations du nouveau monde multipolaire, l’universalité des droits de l’homme n’est qu’un
cache-sexe de "l’arrogance occidentale". A ce titre, la globalisation, pas toujours si "heureuse" que ne l’estiment les mondialistes,
n’est en fait qu’un champ de déploiement de puissances, d’échanges et de concurrences au sein d’un monde de plus en plus
multipolaire et de moins en moins occidental.
David Engels : Certes, le terrorisme est l’une des voies les plus spectaculaires par lesquelles s’exprime l’opposition à l’universalisme
ultra-libéral. Mais ce n’est que le pic de l’iceberg, car il y a bien pire.
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D’un côté, pensons à la transformation de plus en plus accélérée de notre propre société par l’immigration de masse et par la
redistribution de la fortune. Ces deux phénomènes risquent non seulement de cliver de plus en plus nos sociétés de manière politique,
mais aussi de provoquer, à la longue, la disparition pure et simple du modèle de vie occidental. Déjà maintenant, la ville de taille
moyenne, peuplée dans sa large majorité d’Européens de souche, animée essentiellement par l’activité de la classe moyenne et ayant
comme principaux constituants sociaux des familles nucléaires, a pour ainsi dire disparu suite à l’immigration, la paupérisation, la
désindustrialisation et la destruction de la famille traditionnelle. Il ne s’agit que d’une question de temps avant que n’éclatent de
violentes luttes motivées à la fois par la haine communautaire et le ressentiment économique.
Et d’un autre côté, notre mécompréhension totale du monde non-européen et notre volonté missionnaire d’exporter ces mêmes valeurs
universalistes ainsi que le modèle politique et économique qui les sous-tend a profondément déstabilisé nos États voisins, déjà
largement animés par des ressentiments post-coloniaux. Ainsi, parce que les médias nous montraient nuit et jour des foules promenant
des bannières où figuraient des mots comme "liberté", "démocratie" ou "égalité", nous avons accueilli avec empressement la
déstabilisation du Maghreb, du Moyen Orient, de grandes parties de l’Afrique et de l’Ukraine ; puis, une fois ces pays sombrés dans
l’anarchie et un grand nombre de ces prétendus combattants pour la "liberté" identifiés comme fondamentalistes et radicaux, nous
avons simplement fermé les yeux et attendu que quelqu’un intervienne, idéalement les États-Unis, que nous aurions pu, du même
coup, critiquer pour leur interventionnisme. Le résultat : de la Tunisie en passant par la Libye, l’Égypte, le Soudan, la Palestine, la
Syrie, l’Iraq, l’Iran, le Caucase, l’Ukraine et la Russie (et j’en passe), nous sommes entourés d’États qui non seulement ont un piètre
avis de notre crédibilité politique et morale, mais qui, de manière largement justifiée, attribuent leurs malheurs actuels au
dilettantisme, à la lâcheté et à l’hypocrisie de notre politique extérieure.
Que perdrait l'Occident à renoncer à étendre ses valeurs au monde ? Que pourrait-il y gagner ?
Alexandre del Valle : Les pays d’Occident ne pourront relever ces défis du monde en voie de multipolarisation et de
désoccidentalisation idéologique qu’en renouant avec la realpolitik et en effectuant un recentrage autour de leurs intérêts
géocivilisationnels bien compris. Cela ne signifie aucunement un "repli" sur soi, comme l’insinuent les partisans de l’utopie du
Village Global et de "Mc World", mais qu’au lieu de tenter sans succès aucun d’exporter nos valeurs chez les autres à coups
d’embargos et de "bombardements humanitaires", nous ferions mieux de défendre chez nous ces mêmes valeurs universelles qui ne
sont pas forcément celles d’autres nations.
Avant de vouloir démocratiser l’Egypte, la Syrie, la Tunisie, le Yémen ou la Libye, lors des révolutions arabes, ou jadis l’Irak lors des
deux guerres de 1990 et 2003, sans oublier l’Ukraine et la Géorgie depuis les années 2000 avec les "révolutions de couleur" appuyées
par l’Occident pour affaiblir la Russie dans son ‘étranger proche’, les dirigeants occidentaux seraient bien inspirés de défendre chez
eux la démocratie affaiblie par l’incurie des politiques irresponsables, la laïcité menacée par le communautarisme et l’islamisme, et
bien sûr leurs frontières, mises en danger non pas par la République islamique iranienne, Da’ech, la Chine, l’Irak de Saddam, Kadhafi,
ou la Russie de Poutine, mais par des politiques de court terme de renonciation au principe de souveraineté. Mais les partisans d’une
conception assimilationniste de l’intégration ont été habilement discrédités et soumis à la reductio ad hitlerum par les nouveaux
inquisiteurs du "cosmopolitiquement correct". Je décrits les armes rhétoriques et procédés de manipulation-désinformation de ces
derniers dans mon ouvrage Le Complexe occidental, petit traité de déculpabilisation (Toucan).
Il y a tout de même une bonne nouvelle dans le constat apparemment pessimiste de l’émergence d’un monde multipolaire de moins en
moins d’accord avec l’universalisme arrogant de l’Occident ex-colonial: si l’avenir est au retour de la Realpolitik et à l’apparition de
pôles géopolitiques autonomes défendant leurs intérêts de façon décomplexée (monde sino-confucéen, Inde ; Russie OCS-CEI ;
Occident ; monde arabo-musulman sunnite et pôle chiite pro-iranien ; Amérique latine néo-indigéniste, Sud est asiatique, etc), alors
les nations occidentales confrontées à une adversité déclarée et multiforme se sentiront elles-aussi de plus en plus autorisées à
défendre leurs propres intérêts de façon décomplexées. Ainsi, de même que la christianophobie planétaire (qui menace les chrétiens,
de la Chine au Nigéria en passant par l’Irak, la Syrie, la Libye ou l’Inde et tout récemment jusque dans nos banlieues) va pousser les
Européens désenchantés à redevenir fiers de leur identité, de même, la montée d’une haine anti-occidentale planétaire va conduire de
nombreux Occidentaux à se décomplexer.
Immanquablement, nombre d’Occidentaux qui constatent le rejet de notre modèle partout où nous l’avons imposé par les "guerres
humanitaires" à la BHL-Kouchner et qui déplorent les conséquences de l’échec de l’intégration dans nombre de nos banlieues vont
exiger de plus en plus dans l’avenir que nos politiques défendent nos intérêts chez nous au lieu de l’exporter sans succès aucun
ailleurs. Le recentrage civilisationnel et géopolitique que je prône dans le "complexe occidental" va se faire naturellement et
logiquement.
David Engels : Je ne peux parler ici que de l’Europe, non pas des États-Unis. Le problème réside dans l’ambiguïté propre à notre
"universalisme", car les valeurs qui le caractérisent se manifestent essentiellement, dans la réalité, par la création d’une structure
économique basée sur le modèle de la croissance et de la spéculation et qui a donc besoin d’expansion pour perdurer. Ainsi, l’ultralibéralisme doit impérativement tenter de transformer l’ensemble de la terre habitée en zone de libre-échange afin d’assurer un
maximum de mobilité et donc un maximum de rentabilité pour la production, la vente et, surtout, la spéculation. Cela implique aussi
l’exportation d’un modèle politique encourageant et protégeant ce système économique et remplaçant donc obligatoirement toute
expression immédiate de la volonté populaire par un régime oligarchique et technocratique, empêchant tout phénomène d’opposition
par l’exaltation de l’individualisme et de l’égoïsme, et déconstruisant tous les réseaux de solidarité comme les régions, nations,
religions et civilisations par l’affaiblissement des États et la promotion de grands mouvements de population par l’immigration. Dès
lors, il est impossible de changer de politique extérieure sans changer de système intérieur, et il est logique qu’un tel changement de
système s’accompagnerait tout d’abord par l’ostracisation économique et politique d’une telle Europe par les autres puissances
"universalistes".
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Quelles seraient les conséquences de cette nouvelle donne sur l'équilibre des puissances ?
Alexandre del Valle : Les pays européens et les Etats-Unis vont devoir tirer les leçons du passé. Ils seront tôt ou tard obligés
d’accepter un nouvel ordre international multipolaire fondé sur l’équilibre des puissances et donc le respect de la souveraineté et de la
différence de chaque pôle géo-civilisationnel composant ce nouvel échiquier planétaire. Cela devra inciter tôt ou tard à rééquilibrer la
répartition des pouvoirs au niveau global en fonction des nouveaux rapports de force géopolitiques et économiques : l’Inde, l’Afrique
du Sud, le Nigeria et le Brésil devront intégrer le club décideur privilégié qu’est le Conseil de Sécurité permanent des Nations Unies.
Les Etats Unis devront accepter que le dollar soit concurrencé par les puissances européennes et asiatiques. Le FMI et d’autres
instances mondiales conçues par les Occidentaux seront réformées et adaptées. L’Otan devra être adaptée à la réalité qu’est la
disparition de la menace soviétique marxiste planétaire. Elle devra prendre acte et traduire dans les décisions stratégiques le fait que la
Russie poutinienne n’est plus un empire soviétique à prétention mondiale mais une nation souveraine décidée à ne pas être affaiblie
ennuyée dans son étranger proche".
Je pense que l’acceptation de cet ordre multipolaire sera la seule façon d’empêcher le spectre d’un "choc multipolaire global". Comme
l’a bien montré Vilfredo Pareto, face à une évolution des rapports de force, soit on accepte et l’on accompagne une nécessaire
"circulation des élites", donc on partage un peu le gâteau avec les autres, ne serait-ce que pour conjurer une révolte convulsive, soit on
s’y refuse et la réalité des nouveaux rapports de force fera accéder ces nouvelles élites au pouvoir plus tard mais de façon plus
violente…
David Engels : Je ne crois pas que l’Europe, en refusant de continuer dans sa voie actuelle consistant à jouer à la fois l’apôtre de la
démocratie tout en accélérant systématiquement la libéralisation et donc la paupérisation de la population mondiale, doive abandonner
toute prétention à faire de la politique extérieure ; tout au contraire. Mais cette politique extérieure future devrait tout d’abord être
basée sur le sain respect du bien-être de notre continent : il est tout simplement absurde que l’Europe continue à payer de l’aide au
développement à la Chine, comme c’est toujours le cas maintenant, et finance donc la mise en place d’industries qui supplantent
systématiquement les nôtres !
De plus, si l’Europe veut être prise au sérieux par le reste du monde, elle devrait enfin se déclarer loyale à son propre modèle culturel
et le protéger partout où il est en danger au lieu de se comporter comme un genre d’avatar des Nations Unies. Un exemple : les États
arabes financent massivement la construction de nouvelles mosquées et d’instituts de recherche partout dans le monde européen, mais
les Européens eux-mêmes, insistant sur leur laïcité, regardent sans ciller l’éradication du christianisme partout dans le Proche-Orient !
Et finalement, l’Europe devrait penser enfin à ses nécessités stratégiques et donc, au lieu de s’isoler de partout juste pour conserver
l’appui des lointains États-Unis, se souvenir des liens culturels et économiques qui l’unissent à la Russie, tenter de créer une zone de
sécurité de l’autre côté de la Méditerranée et développer une position amicale claire face aux tentatives de la Chine de s’approprier de
plus en plus l’espace de l’Asie Centrale.
Ceci est d’autant plus urgent que le résultat de l’actuel mélange entre lâcheté et hypocrisie est l’émergence de régimes de plus en plus
totalitaires et ethniquement et culturellement de plus en plus homogènes partout à nos frontières, alors que l’Europe elle-même
devient un ensemble multiculturel de plus en plus rapiécé et sans aucune cohérence ou solidarité interne. Avec cette politique, il est
inévitable que nous devenions, tôt ou tard, le champ de bataille des conflits entre les grands groupements culturels et idéologiques qui
s’affermissent de jour en jour et que nous soyons donc déchirés de l’intérieur, tout comme le fut l’Allemagne de l’époque de la Guerre
des Trente Ans. Cessons enfin de vouloir européaniser le monde afin d’au moins empêcher la mondialisation et donc la dissolution de
l’Europe !
Un tel scénario est-il seulement possible ? Quand bien même l'Occident voudrait se désengager, le pourrait-il ?
Alexandre del Valle : Oui. L’Occident peut se désengager. Je vous donne trois exemples de cette faisabilité qui ne signifierait pas
une perte d’intérêts: 1/ la Libye : les 3 puissances occidentales bélligérantes qui ont attaqué la Libye en 2011, détruit l’Etat et fait tuer
Kadhafi ont-elles remporté et gagné quelque chose ? NON. Kadhafi était bien plus enclin à composer avec les grandes compagnies et
les gouvernements de ces pays avant sa chute que ne le font les clans qui se partagent le nouveau pouvoir révolutionnaire depuis la
chute du Guide libyen. 2/: la Russie : Moscou est-il plus ouvert qu’avant aux investissements des compagnies pétrolières occidentales
et aux biens et services américains et européens depuis que nous avons soutenu ses ennemis géorgiens et ukrainiens puis fait entrer
dans l’OTAN ou dans l’UE la Pologne, les Pays baltes foncièrement revanchards-anti-russes? La réponse est également non.
L’Occident voit maintenant la Russie humiliée et revancharde se jeter dans les bras de la Chine qui rêve de bouter les Américains hors
de la Mer de Chine, de Corée du Sud, du Japon, des Philippines et de Taïwan... 3/ L’Irak est il plus "pro-occidental" depuis 2003
(renversement du régime nationaliste laïque de Saddam Hussein) qu’avant ? Trois fois non, car la République islamique iranienne
chiite et l’islamisme radical sunnite de Da’ech sont les grands vainqueurs. Tous deux combattent l’Occident dans ses intérêts et ses
valeurs profondes. Et le pétrole n’est pas plus facilement exploité par les compagnies occidentales qu’avant.
L’Occident pourrait donc écouter Pareto : organiser la circulation des élites mondiales avant qu’elles ne se rebellent toutes contre lui ;
composer avec des modèles alternatifs ou opposés du point de vue idéologique, mais capables de trouver des terrains d’ententes
économiques et géopolitiques. L’Inde demeure par exemple un pays Non-Aligné, mais nous avons trouvé maints point d’ententes
avec ce pays, tout comme nous le faisons déjà avec des pays comme la Turquie ou l’Indonésie ou la Malaisie. On peut avoir des
modèles fort différents et s’entendre si chacun accepte que l’autre soit différent. L’Occident a tout à gagner à accepter le monde
multipolaire tel qu’il est, sauf à se préparer à faire la guerre à tous de façon continuelle, ce qui a déjà montré ses limites, puisque les
Occidentaux ne peuvent plus assurer le services après vente de leurs guerres aériennes contre-pruductives (Kosovo, Afghanistan, Irak,
Libye, et même Mali).
En revanche, il est clair que si l’Occident cesse de donner des leçons de morale au reste du monde, s’il cesse de discréditer ses valeurs
en intervenant dans les affaires des autres, personne ne lui reprochera de défendre ses intérêts idéologiques, économiques, sécuritaires
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et identitaires chez lui. Finalement, lorsque des nations non-démocratiques qui persécutent leurs minorités ou la liberté d’expression
chez elles nous donnent des leçons de morale en termes de lutte contre l’"islamophobie" ou le "racisme", ces pays bien plus
intolérants que nous à la christianophobie et la judéophobie décomplexées ne font que retourner contre nous et nos valeurs
universalistes notre propre discours moralisateur. Si nous cessons de nous mêler de leurs affaires et si nous cessons de professer un
droitsdelhommisme ambivalent, souvent cache-sexe d’un néo-colonialisme idéologique, alors ils n’auront plus de prises sur nous. Et
chacun pourra respecter la différence de l’autre. Bref, des nations occidentales décomplexées, plus souverainistes et moins
universalistes seront plus respectées par les nouveaux acteurs du monde multipolaire dont ils partageront en fait le souci de la défense
de l’intérêt national. Car l’Etat-nation est en pleine renaissance et la mondialisation marchande, qui ne l’a pas tué et que les
Occidentaux ont confondue avec leur utopie universaliste, n’est qu’un champ d’action, de concurrence et de mise en relation des
Nations.
David Engels : Possible, oui. Mais non sans une réforme fondamentale, peut-être même un écroulement préalable du système actuel.
Les Européens seront-ils prêts à payer un tel prix afin de rétablir une véritable solidarité entre citoyens et à transformer l’Europe en un
bloc politique fier de sa culture et prêt à renoncer en partie au luxe importé à grands frais afin de devenir économiquement
autarcique ? Pas encore, je crois. Mais, dans un certain sens, je suis "optimiste" : tous les indicateurs nous montrent que le système
actuel va, du moins en Europe, vers sa perte, et que le prochain crash n’est plus très loin. C’est peut-être à ce moment que les citoyens
se réveilleront et se solidariseront afin de construire une nouvelle Europe construite à la fois autour du respect de notre propre passé et
de la lutte intransigeante contre l’exploitation sociale.
Accord sur le nucléaire ou pas, l'avenir du Moyen orient s'annonce sombre
Huffington Post Publication: 07/05/2015 Trita Parsi (Président
du Conseil national Américain Iranien)
Ce post fait partie d'une série d'articles qui célèbre le 10ème anniversaire du Huffington Post à travers les points de vue exprimés par
des experts sur les perspectives de la décennie à venir dans leurs champs respectifs.
INTERNATIONAL - L'accord entre les grandes puissances et l'Iran sur le programme nucléaire de Téhéran aura un impact
significatif, c'est le moins qu'on puisse dire. Il marquera le début d'une nouvelle ère; une ère où les Etats-Unis et l'Iran ne chercheront
plus à déstabiliser l'autre à chaque fois qu'ils en ont l'occasion. Dans cecontexte de trêve, les Etats-Unis et l'Iran peuvent entamer un
dialogue sur les questions régionales plutôt que de voir le vide diplomatique exacerber les tensions existantes. Mais malgré cette
percée historique à venir, c'est un avenir sombre qui attend le Moyen orient.
Tout remonte à la désastreuse décision de George W. Bush d'envahir l'Irak. Les répercussions de la guerre d'Irak se feront sentir plus
fortement encore au cours de la décennie à venir que durant les 10 années qui ont suivi le conflit. Voici brièvement pourquoi:
l'invasion de l'Irak a affaibli à tel point les Etats-Unis que l'ordre régional établi par l'Amérique a commencé à s'écrouler. L'instabilité
que nous observons actuellement au Moyen orient s'explique en partie par le processus de recherche d'un nouvel équilibre; et ce genre
de processus est quasiment toujours très meurtrier. C'est en quelque sorte la tempête avant le calme.
Mais cette tempête n'est pas une tempête comme les autres, car la guerre d'Irak n'a pas simplement détruit l'ordre régional, elle a lancé
la destruction de la structure étatique même, sur laquelle tout ordre se construit. En fin de compte, l'administration Bush n'a pas
simplement changé le régime de Bagdad, elle a détruit l'Etat irakien dans son ensemble. Conjugué avec les profonds problèmes
sociétaux dont souffrent nombre de pays arabes - amplement dus à leurs systèmes politiques verrouillés et au pacte sécuritaire que les
régimes arabes ont conclu avec Washington, qui donnait la prime à la stabilité de court terme plutôt qu'à un processus de libéralisation
politique à long terme - le déchaînement de ces forces a répandu le chaos et a fait passer plusieurs Etats autoritaires de la région au
rang de failed states (Etats en déliquescence).
Aussi difficile et douloureux que soit ce processus de mise en place d'un nouvel ordre régional en soi, il est pratiquement impossible
de construire un équilibre durable sur les fondations d'Etats en situation d'échec.
Au cours des 10 prochaines années, ces deux problèmes indissociables apporteront encore plus de souffrances et de chaos au Moyen
orient. La situation empirera -et de beaucoup- avant de pouvoir s'améliorer.
Rien de surprenant à ce que les Etats-Unis et l'Iran aient choisi ce moment pour surmonter leur inimitié historique, qui remonte à
presque quarante ans. Leur environnement se dégrade en un chaos et des menaces tels que le coût que représente une poursuite de
cette inimitié devient tout bonnement insupportable. Washington n'a plus les moyens de faire face à Al Qaeda, à l'EI, aux talibans et
aux activités déstabilisatrices de ses propres alliés en plus de sa confrontation avec l'Iran. De la même manière, Téhéran n'a pas la
capacité de contenir la propagation de mouvements sectaires et de gérer sa rivalité et sa guerre par procuration avec l'Arabie saoudite
en plus du différend avec les Etats-Unis sur son programme nucléaire.
Autant les rivalités des grandes puissances ont déterminé les évolutions politiques du Moyen orient au cours des dernières décennies,
autant les Etats forts - même s'ils ont été rivaux - doivent désormais faire face à une menace commune: les Etats en déliquescence et le
chaos qu'ils engendrent. Nonobstant leur rivalité, l'Iran et les Etats-Unis ont besoin l'un de l'autre pour relever le double défi de
stabilisation et de reconstruction de ces Etats faillis et établir une nouvelle architecture de sécurité régionale qui apporte un nouvel
équilibre au Moyen orient. Les Etats-Unis et l'Iran ne peuvent bien entendu pas mener seuls ce projet à bien. Par définition, le
processus doit être inclusif - aucune architecture de sécurité n'aboutira si elle ne recueille pas un large assentiment dans la région. Ceci
nécessite l'implication de tous les acteurs de premier plan, dont font partie l'Arabie saoudite, la Turquie et Israël.
Grâce à la solidité de ses structures étatiques, l'Iran peut jouer un rôle stabilisateur crucial dans la région. La chef de la politique
étrangère européenne, Federica Mogherini, l'a admis en déclarant que l'accord sur le nucléaire pouvait
"ouvrir la voie à un rôle différent pour l'Iran dans la région " qui annoncerait sécurité et stabilité régionales. Comme l'a souligné
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Mogherini, l'Iran pourrait jouer un "rôle de premier plan, mais positif " dans les conflits qui agitent le Moyen orient, en particulier en
Syrie.
La tâche est titanesque. Et les espérances doivent être tempérées. Il n'existe pas de solution rapide. Mais au moins, un obstacle majeur
semble avoir été surmonté: les Etats-Unis et l'Iran peuvent désormais discuter, se consulter et même discrètement coordonner leurs
actions alors que la région doit faire face au chaos qui embrase le Moyen orient. C'est rien moins qu'un changement de paradigme.
LA TURQUIE PRÊTE À INTERVENIR MILITAIREMENT EN SYRIE
IHS News (Un regard catholique sur le monde) Le 08/05/2015 P. N. Harrister
Le principal parti d’opposition de la Turquie affirme que le gouvernement turc a prévu d’envoyer des forces terrestres en Syrie dans
les prochains jours pour intervenir militairement chez son voisin.
Selon Gürsel Tekin, le vice-président du principal parti d’opposition de la Turquie, du parti républicain (CHP) populaire, les forces
terrestres turques sont programmées pour être expédiées vers la Syrie dans les deux jours, a rapporté le journal Zaman.
Il a en outre précisé que les forces seront envoyées vers le nord de la Syrie, ajoutant qu’il a reçu les informations de la Turquie pour
une intervention en Syrie d’une source fiable.
Le fonctionnaire a en outre noté que le parti (AKP) au pouvoir perd de sa popularité et vise à arrêter la tendance ascendante de son
impopularité en impliquant la Turquie dans une « aventure » militaire en Syrie.
Il a par ailleurs mis en garde contre les répercussions d’une telle intervention, soulignant que le parti au pouvoir vise à étendre sa
domination dans le pays en faisant glisser la Turquie dans un bourbier.
Le même jour, ironie du sort, le chef d’état-major interarmées des Etats-Unis, Martin Dimpsey, déclarait au Congrès que
l’établissement d’une zone de sécurité au nord de la Syrie était envisageable sur un plan militaire. « Nous sommes préparés à une telle
éventualité depuis quelques temps », a-t-il dit avant de poursuivre : « C’est possible militairement, mais ce serait une décision
politique importante ». Et pour qu’elle soit appliquée efficacement, « elle devra impliquer des partenaires dans la région ».
Le Huffington Post a rapporté en avril que la Turquie et l’Arabie saoudite sont en pourparlers au plus haut niveau pour établir une
alliance militaire dans le but d’intervenir en Syrie et tenter de renverser le président Bachar al-Assad.
Comme toujours dans ce genre de situations, les propos tenus par une opposition sont à prendre avec beaucoup de prudence, mais cela
indique une tendance toujours forte à vouloir renverser Bachar et à prendre le contrôle sur la Syrie.
Traces de gaz sarin découvertes en Syrie
Par Le figaro.fr avec AFP Publié le 08/05/2015
Des inspecteurs de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) ont découvert en Syrie des traces de gaz sarin et de
gaz innervant VX dans un centre de recherches militaire qui n'avait pas été signalé aux experts internationaux, a-t-on appris vendredi
de sources diplomatiques.
Des échantillons recueillis en décembre et janvier derniers par les spécialistes de l'OIAC se sont révélés correspondre aux éléments
nécessaires à la fabrication de ces agents chimiques.
"C'est une forte indication qui laisse supposer qu'ils (les Syriens) ont menti sur ce qu'ils faisaient avec le sarin", a dit l'une des
personnes interrogées. "Jusqu'ici, ils sont incapables de fournir une explication satisfaisante à la suite de ces découvertes."
Islamisme : plus de 500 cas d'élèves radicalisés en France
536 signalements de suspicion de faits de radicalisation ont été recensés dans les établissements scolaires entre septembre 2014
et la mi-mars 2015.
Atlantico Publié le 8 Mai 2015
Plus de 530 "signalements de suspicion de faits de radicalisation" (536 précisément) ont été recensés dans les établissements scolaires
entre septembre 2014 et la mi-mars 2015, selon la ministre de l'Éducation, Najat Vallaud-Belkacem, qui a dévoilé cette donnée lors de
son audition le 6 mai par la commission d'enquête sur "la surveillance des filières et des individus djihadistes" à l'Assemblée.
"Ce chiffre montre que l'on est capable de compter les jeunes en question", a expliqué la ministre. Ces signalements d'élèves
proviennent majoritairement de familles qui ont contacté directement l'établissement scolaire ou appelé le numéro vert créé il y a un
an.
Ces signalements regroupent "des cas allant de jeunes partageant des vidéos inquiétantes sur le Net à ceux qui font clairement part de
leur intention de partir faire le djihad", selon l'entourage de la ministre, interrogé par Le Figaro. Il s'agit "aussi bien des personnes en
difficulté sociale que des enfants d'avocats ou de médecins. Ce phénomène d'emprise mentale touche tous les milieux et tous les
territoires, y compris ruraux".
Les réponses apportées "peuvent aller jusqu'à mobiliser les services sociaux et des équipes médico-sociales", indique-t-on au
ministère.
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Syrie: contre-offensive de l'armée dans le nord-ouest
AFP / 09 mai 2015
Beyrouth - L'armée syrienne progressait samedi en direction de Jisr al-Choughour, ville du nord-ouest perdue au profit des rebelles il
y a deux semaines et d'où elle veut sauver 250 soldats et leurs familles assiégés dans un hôpital de la cité, rapporte une ONG.
Proche de la frontière avec la Turquie --pays favorable à la rébellion-- et à la périphérie de la province de Lattaquié --fief du régime--,
Jisr al-Choughour est tombée le 25 avril aux mains du Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, et ses alliés rebelles.
L'armée a lancé une contre-offensive mercredi pour tenter de sauver près de 250 personnes, dont des soldats, leurs familles, et des
civils pro-régime bloqués dans l'hôpital de Jisr al-Choughour depuis la chute de la ville.
Cet hôpital se situe à la périphérie sud-ouest de la ville, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Les forces du régime et les combattants loyalistes se trouvent désormais à deux km de l'hôpital et veulent à tout prix sauver les 250
personnes qui y sont assiégés, a affirmé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'ONG.
De violents combats se déroulaient samedi entre l'armée et les rebelles qui tentent depuis deux semaines de prendre d'assaut l'hôpital,
précise M Abdel Rahmane.
Il n'était pas clair dans l'immédiat de savoir comment les soldats bloqués sont parvenus à résister pendant deux semaines.
Le régime syrien a subi ces derniers mois une série de revers militaires, dont notamment la perte d'Idleb, la capitale de la province
éponyme, et de Jisr al-Choughour, après plus d'un an de victoires successives face aux rebelles qui tentent de le renverser depuis
2011.
A Alep (nord), ex-capitale économique du pays, cinq civils ont été tués et 19 autres, dont des femmes et des enfants, ont été blessés
samedi par un tir d'obus des rebelles sur le quartier de Salaheddine sous contrôle gouvernemental, ont rapporté les médias du régime.
L'armée de l'air largue quotidiennement des barils d'explosifs sur les secteurs rebelles de cette deuxième ville du pays, tandis que les
insurgés tirent des obus sur les quartiers tenus par le régime.
Sur un autre front, dans la région de Qalamoun frontalière du Liban, le Hezbollah chiite libanais allié du régime a annoncé à travers sa
télévision Al-Manar avoir pris avec l'armée syrienne une base d'Al-Nosra, Sahlet al-Maaysra, affirmant qu'il s'agit de la plus grande
base à Qalamoun d'Al-Qaïda en Syrie.
Jeudi, le chef de la puissante formation armée, Hassan Nasrallah, avait menacé de chasser les insurgés retranchés dans cette région.
Depuis, le parti y a pris plusieurs collines et positions, avec l'appui de l'armée de l'air syrienne, selon l'OSDH et des sources militaires
syriennes sur le terrain.
Et dans la province de Hassaké (nord-est), au moins 22 combattants du groupe jihadiste Etat islamique (EI) ont péri samedi dans des
combats contre les forces kurdes et dans des bombardements aériens de la coalition dirigée par Washington sur différents village
s'étendant entre les localités de Ras al-Aïn, à la frontière turque, et Tall Tamer, plus au sud, selon l'OSDH.
Plus de 200 combattants de l'EI ont péri dans cette région depuis leur offensive lancée en février, après leur déroute à Kobané, ville
kurde du nord de la Syrie d'où ils ont été chassés grâce notamment aux raids de la coalition internationale.
Débuté en mars 2011 par des manifestations anti-régime pacifiques réprimées dans le sang, le conflit a dégénéré en une guerre civile
complexe, faisant plus de 220.000 morts.
Damas dénonce la visite du Premier ministre turc en Syrie
Le Point - Publié le 10/05/2015
Pour Damas, cette visite en Syrie est une "agression flagrante" alors que la Turquie est un allié de la rébellion contre le régime de
Bachar el-Assad.
Damas a dénoncé comme une "agression flagrante" la visite dimanche du Premier ministre turc Ahmet Davutoglu sur le site dans le
nord de la Syrie de la tombe du grand-père du fondateur de l'Empire ottoman Osman. La visite, qui n'avait pas été annoncée, est la
première d'un dirigeant politique turc sur la nouvelle tombe de Souleïmane Shah, située du côté syrien à juste 200 mètres de la
frontière. La Turquie est un allié essentiel de la rébellion contre le régime syrien de Bachar el-Assad, qui accuse pour sa part Ankara
de soutenir des "terroristes". Sana a dénoncé une "infiltration sans autorisation gouvernementale en territoire syrien, qui constitue une
agression claire contre un État souverain membre de l'ONU et une violation du droit international".
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Le tombeau de Souleïmane Shah, qui serait mort en 1236, est considéré comme faisant partie du territoire turc selon un traité conclu
en 1921 entre les autorités turques et la France, qui contrôlait alors la Syrie placée sous son mandat. En février, des militaires turcs
avaient effectué une incursion sans précédent à 37 kilomètres à l'intérieur du territoire syrien pour mettre la dépouille en sécurité, car
elle se trouvait dans une zone tenue par le groupe État islamique (EI).
Une intervention militaire turque en Syrie ?
La visite de M. Davutoglu sur le tombeau intervient dans un contexte de spéculations autour d'une possible intervention militaire
turque en Syrie. Le Premier ministre a démenti samedi les allégations de responsables de l'opposition affirmant que le régime islamoconservateur au pouvoir pourrait recourir à une telle intervention pour relancer sa popularité avant les élections législatives du 7 juin.
L'agence Sana a estimé que la visite sur le tombeau intervenait dans "le cadre d'une propagande de campagne électorale" par le parti
au pouvoir en Turquie faisant face "à une chute de popularité significative".
Syrie: 72 morts dans des combats dimanche
Par LeFigaro.fr avec AFP Publié le 11/05/2015
Au moins 72 personnes ont été tuées hier dans des combats autour de l'hôpital de Jisr al-Choughour, dans le nord-ouest de la Syrie, où
sont retranchés 250 soldats et civils assiégés par des rebelles et des combattants d'Al-Qaïda, a indiqué ce matin une ONG.
Ces violents affrontements ont coûté la vie à 32 soldats du régime et à 40 rebelles et djihadistes, selon un décompte de l'Observatoire
syrien des droits de l'Homme (OSDH). La situation était "calme" ce matin, a indiqué le directeur de l'ONG, Rami Abdel Rahmane. Le
siège du complexe hospitalier a commencé le 25 avril, date de la prise de cette ville de la province d'Idleb par les combattants antirégime.
L'armée syrienne a lancé une contre-attaque mercredi et une unité s'est rapprochée hier à environ deux kilomètres de l'hôpital lorsque
les rebelles et les djihadistes ont lancé l'assaut en menant un attentat à la voiture piégée attribué au Front Al-Nosra, la branche
syrienne d'Al-Qaïda.
Environ 250 personnes, dont au moins 150 soldats bien armés et des membres de leurs familles, sont retranchées dans l'hôpital. Le
président syrien Bachar al-Assad, que les rebelles combattent depuis quatre ans dans un conflit qui a fait plus de 220.000 morts, a
promis que les assiégés seraient bientôt secourus. La province d'Idleb est à la fois proche de la frontière avec la Turquie, pays
favorable à la rébellion et hostile à Assad, et de la province de Lattaquié, fief du régime syrien.
La carte, outil de (dé)légitimation de l’intervention occidentale en Syrie
Orient XXI 11 mai 2015
La carte n’est pas un document objectif et les représentations des conflits armés encore moins. Un passage en revue de quelques cartes
publiées dans des médias américain, français, saoudien et russe montre que dans le cas du conflit syrien, le discours politique oriente
fortement la production cartographique.
«Carte des conflits au Moyen-Orient, aquarelle et sang». Thierry Erhmann, La Demeure du chaos, opus IX, 24 mars 2014.
À la suite des attaques chimiques du 21 août 2013 dans la banlieue de Damas, les États-Unis, le Royaume-Uni et la France ont
annoncé qu’ils envisageaient une intervention de leurs armées en Syrie. Partout dans le monde, les médias et la presse écrite en
particulier ont beaucoup commenté cette menace, publiant de multiples articles, eux-mêmes souvent illustrés par des cartes. Parmi
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elles, quatre cartes, publiées respectivement par The Wall Street Journal, Le Monde, Al-Arabiya et Kommersant, dont l’étude fait
apparaître des différences dans le traitement cartographique, sur le plan des échelles, des éléments représentés ainsi que dans les choix
sémiologiques. On se rend compte alors que ces représentations cartographiques font largement écho aux positions diplomatiques des
pays dans lesquels elles sont publiées.
Les cartes occidentales mettent d’abord l’accent sur la représentation de leurs propres forces armées, puis sur celle de leurs alliés, et
ignorent presque les capacités militaires de leur(s) opposant(s). La carte américaine (carte 1) évoque les « alliés » des États-Unis
mais ne donne aucun détail sur les pays susceptibles, en cas d’attaque militaire de la Syrie, de former une coalition avec eux. Le
Royaume-Uni n’est pas mentionné ; pourtant, le 27 août 2013, date de parution de l’article, les Britanniques ne se sont pas encore
désengagés du conflit. Quant à la France, elle n’est pas citée non plus. La carte ignore également l’arsenal russe déployé en
Méditerranée. En revanche, elle présente en détail, par de nombreux figurés, l’arsenal militaire américain.
Carte 1 Source : Wall Street Journal, 27 août 2013.
Un territoire syrien vide
C’est exactement le même procédé qu’a choisi le journal Le Monde pour présenter l’arsenal militaire français (carte 2). Les figurés
représentent les forces françaises ; en revanche, aucune trace des forces militaires syriennes. Sur les deux cartes, le territoire syrien
est représenté à petite échelle, sans détail, et figure au centre de l’image, comme une cible. Et si la carte américaine indique les sept
sites militaires syriens, elle le fait sous la forme d’un point rouge, et précise qu’il s’agit des cibles des missiles Tomahawk. Une
démonstration du tir de ces missiles est d’ailleurs intégrée à la cartographie ; elle insiste en particulier sur la précision de ce type
d’armement. Cette infographie fait écho aux déclarations du sénateur Bob Corker qui, le 25 août 2013, soit deux jours avant la
parution de la carte, était le premier à parler de « frappes chirurgicales » pour évoquer l’intervention américaine en Syrie. Cette
démonstration ressemble davantage à une promotion et la simplification à l’extrême du territoire syrien, sur lequel ne figurent que les
sites militaires majeurs destinés à être bombardés, renforce l’impression que des frappes « chirurgicales » sans dommages
collatéraux seraient possibles.
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Carte 2 Source : Le Monde, 20 septembre 2013.
Les éventuelles opérations militaires représentées par ces deux journaux semblent alors faciles et sans obstacles. Le territoire syrien
est vidé, déshumanisé. Tout semble montrer qu’il ne s’agirait pas d’une guerre mais d’une simple intervention efficace et maîtrisée.
Une autre carte, publiée par Le Monde le 5 septembre 2013, représente la position des pays arabes par rapport à une éventuelle
intervention occidentale (carte 3). Elle a pour titre « Le soutien des monarchies du Golfe à l’intervention », mais c’est en réalité le
sous-titre qui nous apprend son véritable objet : les différentes positions des pays arabes, représentées par un code couleur simple
mais pas anodin. Les pays appelés « interventionnistes » sont représentés en vert franc, les pays dits « légalistes » sont en vert clair
et les « anti-intervention » en rouge. Ce choix est très significatif car, comme l’explique dans ses écrits Michel Pastoureau, les
couleurs ont un ancrage culturel et psychologique. En Occident, le rouge marque le refus ou le danger, tandis que le vert a une
connotation plus positive : c’est la couleur de l’autorisation. D’ailleurs, c’est la même couleur verte, plus ou moins foncée, qui
représente des positions pourtant différentes, comme si le cartographe souhaitait qu’on les confonde, créant ainsi l’illusion d’un
soutien à l’intervention des Occidentaux qui serait plus important qu’il ne l’est en réalité.
Carte 3 Source : Le Monde, 5 septembre 2013.
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La carte saoudienne, quoique plus fantaisiste, ressemble beaucoup aux cartes occidentales (carte 4). Un avion de guerre s’apprête à
survoler un territoire syrien vidé et présenté comme une cible. Le choix d’une vue satellite donne au lecteur une impression de réalité
et laisse penser que l’intervention militaire, pourtant encore à l’état de projet, a déjà commencé. Le titre de la carte, par sa légèreté,
dédramatise l’action militaire. Tout est fait pour que le lecteur n’ait plus aucun doute quant à la légitimité d’une intervention armée.
Cette opération occidentale en Syrie était, il faut le rappeler, largement souhaitée par les dirigeants saoudiens.
Carte 4 Source : Al-Arabiya, 29 août 2013.
La carte russe est très différente des cartes occidentales et saoudienne (carte 5). Elle est la seule à faire apparaître les capacités
militaires syriennes — mais pas comme des cibles — et indique les soutiens logistiques russes. Elle met en avant la complexité de la
situation : la présence des populations, les territoires contrôlés par les différents belligérants (gouvernements, insurgés, kurdes) et les
zones de confrontation. Le gros plan sur la ville de Damas donne l’idée d’une intervention militaire risquée. En effet, le plan simplifié
de la capitale figure six bâtiments : l’aéroport militaire, le ministère de la défense, le palais présidentiel, le Parlement – soit autant de
cibles potentielles pour les frappes occidentales, mais également la mosquée des Omeyyades et la citadelle : deux monuments
historiques situés à proximité des bâtiments précédemment cités. La carte évoque de façon implicite les risques de dégâts que des
frappes pourraient causer au patrimoine culturel. Elle évite ainsi l’image du jeu de pions et l’idée d’une attaque qui serait facile et
propre. À cet égard, la carte reflète la position des dirigeants russes opposés depuis le début du conflit à une offensive militaire
extérieure qui risquerait, selon les mots du ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov, de « plonger le pays dans le chaos ».
Carte 5 Source : Kommersant, 28 août 2013.
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Lecture humanitaire contre lecture communautaire
Au-delà des simples différences de traitement, les thématiques abordées témoignent du point de vue adopté par les cartographes. Une
étude de l’ensemble des cartes relatives au conflit syrien publiées dans ces quatre médias depuis le soulèvement de mars 2011
jusqu’en juin 2014 montre que chacun d’entre eux insiste sur une dimension spécifique du conflit. Une insistance qui rappelle, là
encore, les positions diplomatiques de leur propre pays. Par exemple, les cartes d’Al-Arabiya mettent davantage en avant la
catastrophe humanitaire, qui devient le support d’un discours offensif à l’égard du régime de Bachar Al-Assad, alors que les cartes du
Kommersant reflètent l’attention des dirigeants russes à la dimension communautaire du conflit.
Carte 6 Source : Al-Arabiya, 7 octobre 2012.
Le média saoudien construit une représentation du conflit dans lequel la catastrophe humanitaire occupe une place centrale. La
majorité des cartes du conflit syrien publiées par Al-Arabiya, de mars 2011 à juin 2014, en décline en effet les différents aspects
(morts, réfugiés, déplacés, pauvreté résultant du conflit, destructions des biens). Cette focalisation sur les victimes semble venir
relayer le discours offensif des dirigeants saoudiens à l’égard de Bachar Al-Assad, qu’ils qualifient régulièrement de « boucher ».
Les éléments que les cartes font apparaître ne laissent d’ailleurs aucun doute sur le message qu’elles entendent délivrer. La carte
publiée le 7 octobre 2012 (carte 6) représente le nombre de morts dans chaque région de Syrie. À côté figure une photographie de
Bachar Al-Assad sur laquelle il adopte une attitude stupide ou scandaleuse, selon les interprétations, mais qui suggère en tout cas sa
responsabilité dans le bilan humain établit immédiatement en-dessous.
Sur les cartes publiées les 4 septembre et 3 décembre 2013 (cartes 7 et 8), des photographies de femmes et d’enfants aux visages
défaits ont été incrustées.
Carte 7 Source : Al-Arabiya, 4 septembre 2013.
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Ce recours à l’iconographie stéréotypée de la douleur et de la faiblesse participe d’une mise en scène de la détresse des populations
visant à émouvoir le lecteur, rendu alors plus sensible au discours politique saoudien offensif à l’égard du régime syrien. Il est par
ailleurs intéressant de noter la multiplication de ce type de cartes à la suite de la déclaration officielle saoudienne en faveur d’une
intervention armée après les attaques à l’arme chimique au mois d’août 2013. Lors d’une réunion tenue au Caire le
1er septembre 2013, le ministre saoudien des affaires étrangères déclarait devant ses homologues de la Ligue arabe qu’il était « temps
de demander à la communauté internationale d’assumer ses responsabilités et de prendre des mesures de dissuasion » contre le
régime syrien, considérant que toute opposition à une intervention serait « un encouragement pour le régime de Damas à poursuivre
ses crimes ». Au cours des trois mois qui ont suivi cette déclaration, Al-Arabiya a publié autant de cartes relatives à la catastrophe
humanitaire que pendant les deux premières années du conflit, et ce alors même que le nombre de réfugiés restait en augmentation
régulière sans connaître de pic soudain. Ainsi, la focalisation du regard sur les victimes par la profusion des cartes, la dramatisation de
la situation humanitaire ainsi que la mise en cause du régime syrien au moyen des photos deviennent des outils de condamnation de ce
dernier et rendent légitime voire moralement nécessaire la demande saoudienne d’intervention militaire.
Carte 8 Source : Al-Arabiya, 3 décembre 2013.
Pendant cette même période, Kommersant consacre la majorité de sa cartographie à la représentation des communautés ethnoreligieuses. Un choix qui fait écho à la lecture communautaire du conflit syrien adopté par les dirigeants russes dès le printemps 2011.
Mettant au centre des débats diplomatiques la question des minorités et notamment celle des chrétiens, le ministre des affaires
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étrangères Sergueï Lavrov faisait de Bachar Al-Assad en 2012, « le garant de (leur) sécurité ». À la cinquantième conférence sur la
sécurité qui s’est tenue à Munich du 31 janvier au 2 février 2014, il exprimait son inquiétude face au « conflit sanguinaire en Syrie
(qui) a transformé ce pays en un bastion pour les extrémistes et les terroristes à travers le monde. » Il se disait très pessimiste face
aux « atrocités commises par ces derniers à l’encontre des chrétiens et d’autres minorités des pays du Proche-Orient ». L’historien
Frédéric Pichon explique que le soutien russe au régime baasiste tient notamment à l’attachement de l’orthodoxie à l’idée d’une
Russie protectrice des minorités chrétiennes dans le monde arabe. Le pays renouerait également avec la tradition impériale, où la
communauté chrétienne orthodoxe servait de levier à l’influence russe dans la région1.
Cette importance donnée aux minorités par les dirigeants russes se reflète également dans le contenu des cartes de Kommersant. La
carte publiée le 30 août 2012 est particulièrement éloquente. (carte 9). La légende exagère la proportion des minorités au sein de la
population et en particulier celle des chrétiens. Alors qu’ils pèsent moins de 5 % de la population selon les estimations de Youssef
Courbage2, la carte annonce le double (10 %). Si l’on s’en tient aux chiffres du démographe, la proportion réelle des alaouites et des
Kurdes est également moindre (10,2 % d’alaouites au lieu de 12 % annoncés par la légende et 8,3 % de Kurdes au lieu de 10 %). La
carte fait également apparaître une région chrétienne à l’ouest de la région alaouite. Si cette zone abrite effectivement des petites
poches chrétiennes, elle est davantage peuplée par les sunnites et les alaouites. Le jaune clair figurant la population sunnite tranche
avec les couleurs foncées utilisées pour représenter les minorités et qui les rendent ainsi d’autant plus visibles.
Carte 9 Source : Kommersant, 30 août 2012.
Si certaines cartes peuvent se lire comme de simples relais des discours politiques, d’autres sont des moyens de légitimation, voire de
justification des positions adoptées par les élites politiques par rapport au conflit syrien. Enfin les cartes peuvent témoigner des
préoccupations plus profondes des dirigeants et traduisent graphiquement les raisons véritables de leur positionnement diplomatique.
Elles sont alors davantage le produit de représentations culturelles qui dépassent le cadre politique. Outil d’information, les cartes
semblent être aussi révélatrices d’un conflit de représentations qui se superpose au conflit armé.
Lucile Housseau
1
Frédéric Pichon, « La Syrie, quel enjeu pour la Russie ? », Politique étrangère, janvier 2013.
2
Les recensements depuis 1970 ne mentionnent plus la religion ni la confession précise. Les estimations de Youssef Courbage sont
fondées sur des projections démographiques réalisées à partir de données issus des recensements précédents qui donnaient la religion
(1947 et 1960), sur des évaluations de spécialistes de la Syrie (Fabrice Balanche, Étienne de Vaumas, Jacques Weulersse) et sur des
imputations de certains paramètres démographiques à partir de données régionales (Youssef Courbage « Ce que la démographie nous
dit du conflit syrien », Slate.fr, 2012).
Lucile Housseau
Étudiante en géopolitique à l’université Paris 1 et à l’École normale supérieure.
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Syrie « L'Armée de Conquête » Soutenue Par L'Alliance Turquie Arabie
Saoudite Pour se Substituer à l'EI ?
Planète non violente Dimanche 10 Mai 2015 Mireille Delamarre
Ces dernières semaines le Nord de la Syrie a subi de violentes attaques des terroristes de « L'Armée de Conquête » une
alliance entre Les Frères Musulmans protégés de la Turquie et du Qatar et les Wahhabites d'al Nusra & C° sous protection de
l'Arabie Saoudite. A terme elle vise progressivement à se substituer en Syrie à l'EI devenu incontrôlable et cible de
bombardements mous des US et leurs alliés avec toujours le même objectif depuis 4 ans : chasser le président syrien Bashar al
Assad du pouvoir s'emparer de la Syrie.
Les deux ennemis régionaux, la Turquie et l'Arabie Saoudite ont mis de côté leurs querelles hégémoniques pour soutenir une nouvelle
coalition anti Assad en Syrie mettant fin à la « Guerre Froide » turco saoudienne qui dure depuis plusieurs années.
Le parti turc d'Erdogan « Justice et Développement » a toujours entretenu un lien étroit avec les Frères Musulmans. Avant même
qu'Erdogan arrive au pouvoir c'est surtout le Qatar qui jouait le Parrain de la Confrèrie sous l'impulsion des deux derniers rois
quataris.
L'Arabie Saoudite a toujours vu avec méfiance les Frères Musulmans et quand ils sont arrivés au pouvoir aprés la chute de Moubarak
en Egypte les Saoud n'ont eu de cesse de les en chasser plaçant à la tête de l'Egypte le Gl el Sissi qui en contrepartie d'aides
généreuses en pétro dollars suit au Moyen Orient la ligne politique de la dictature monarchique saoudienne. A la suite de cela les
Fréres Musulmans en Syrie combattant le gouvernement d'al Assad s'en sont pris aux Wahhabites envoyés par l'Arabie Saoudite dans
le but de les évincer de la chasse au pouvoir.
Dans le bras de fer opposant Doha à Ryad concernant les Frères Musulmans pour la main mise sur la Syrie c'est finalement l'Arabie
Saoudite qui a eu le dessus. Les Saoudiens ont commencé à négocier avec la Turquie qui entretemps avait plus ou moins évincé sur le
devant de la scène le Qatar pour le parrainage des combattants de la Confrèrie en Syrie.
Quand les Wahhabites veulent s'accorder avec les Frères Musulmans en Syrie c'est Erdogan qui joue les entremetteurs bien que Doha
ait toujours son mot à dire et conserve une influence importante sur le groupe al Nusra en Syrie affilié à al Qaeda. Le regroupement
Frères Musulmans, Wahhabites et al Nusra est la base de cette nouvelle « Armée de Conquête » en Syrie.
« L'Armée de Conquête » la nouvelle armée anti Assad qui a lancé plusieurs offensives meurtrières contre l'Armée Nationale Syrienne
ces dernières semaines dans le Nord de la Syrie prés de la Turquie est soutenue par Erdogan et son parti « Justice et Développment »
proches de la confrérie des Frères Musulmans et le roi Salman d'Arabie Saoudite épicentre du Wahhabisme au Moyen Orient
principale force de déstabilisation de cette région.
« L'Armée de Conquête » regroupe les combattants des Frères Musulmans, des Wahhabites d'Ahrar al sham, d'al Nusra, quelques
restes de la défunte « Armée Syrienne de Libération » créée par la France et d'autres groupuscules de combattants. Alors
qu'auparavant ils passaient une partie de leur temps à se combattre et se décapiter, désormais ils ont regroupé au sein de cette armée
leurs milices terroristes pour chasser Assad du pouvoir un objectif que leurs sponsors la Turquie le Qatar – pour les Frères Musulmans
- et l'Arabie Saoudite pour les terroristes wahhabites ont réactualisé.
En Mars le président turc Erdogan s'est rendu à Ryad pour s'entretenir avec le nouveau roi d'Arabie Saoudite, Salman. Suite à cette
rencontre les deux frères ennemis, Frères Musulmans et Wahhabites ont décidé de coopérer sur le champ de bataille en Syrie.
Tout comme l'a fait l'EI l'an dernier surtout en Irak en rassemblant une myriade de groupuscules terroristes, confortant leur succés sur
le terrain et provoquant le ralliement d'autres groupuscules les terroristes ont rallié dans le Nord de la Syrie la toute nouvelle « Armée
de Conquête »
L'EI en Syrie est la cible de bombardements mous des US et de leurs alliés aprés leur avoir servi de supplétifs au sol. Mais son
objectif chasser Assad n'a pas été atteint. 4 ans aprés le début de la guerre il est toujours au pouvoir et soutenu par la majorité des
Syriens.
L'EI, marque déposée CIA &C° tout comme al Qaeda , ne va pas disparaître du jour au lendemain Les US par la voix de leur
ambassadrice au CSONU, Samantha Power, a d'ailleurs confirmé vouloir conserver l'EI (tout en le bombardant?) :
« La conviction intime du président (Barack) Obama est qu’il n’est pas possible de traiter de manière durable le problème de
l’Émirat islamique tant que le problème d’Assad n’aura pas été résolu ».
l’EI est certes présent en Syrie, mais principalement en Irak et partiellement en Libye. Que vient faire le prétexte du président Assad
dans les combats en Irak et en Libye ?
Les bombardements mous US et alliés en Syrie contre l'EI sont de la poudre aux yeux jetés à l'opinion publique occidentale pour
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justifier les milliards en armement dépensés dans cette « guerre contre le terrorisme » sponsorisée et dirigée en fait par les US et leurs
alliés ainsi que pour justifier les mesures liberticides prises comme la Loi sur le Renseignement en France.
L'EI a néanmoins perdu une partie des faveurs des Occidentaux et des Pays du Golfe comme avant garde des coups de force pour
imposer un changement de régime dans les pays considérés comme hostiles à l'Empire du Chaos USSioniste et ses vassaux. C'est sous
la pression de ce dernier que Turcs et Saoudiens sont devenus les maîtres d'oeuvre codirigeant le nouveau chantier de destruction
systématique de la Syrie. Turquie et Arabie Saoudite- mais aussi Qatar- sont chargés sous supervision américaine/OTAN d'entraîner
les nouvelles recrues de l' »Armée de Conquête » version EI 2.0 et de les armer et financer.
C'est comme cela que l'on retrouve dans les caches d'armes des terroristes d'al Nusra en Syrie des armes françaises tels des missiles
Milan découverts par l'Armée Nationale Syrienne qui vient de chasser avec l'aide du Hezbollah dans le Qalamoun prés de la frontière
syro libanaise des combattants d'al Nusra.
C'est le type de « guerre contre le terrorisme » que mène Hollande en les armant là bas pour qu'ils viennent ensuite nous tuer ici. Pas
étonnant aprés que des jeunes fanatisés partent faire le « djihad » en Syrie puisque le Président français lui-même est du côté des
terroristes al Nusra EI & C°.
Les Frères Musulmans ont établi en France depuis plusieurs années un réseau d'adeptes dont le plus connu est l'UOIF (Union des
Organisations Islamiques de France). Sur le sujet lire :
Les Frères musulmans représentent-ils une menace en France ?
L'Arabie Saoudite est sans conteste l'épicentre des campagnes de déstabilisation au Moyen Orient et plus particulièrement de la
destruction de la Syrie dans ses vélléités hégémoniques dans la région qu'elle est prête à partager avec l'entité coloniale judéo sioniste
occupant la Palestine.
Pour se faire l'Arabie Saoudite a établi une coopération étroite avec 3 partenaires disparâtres.
Dans le contexte Israël contre Iran l'Arabie Saoudite s'est rangée du côté d'Israël : un état s'identifiant comme wahhabite (déviance
politico religieuse extrémiste de l'Islam) allié à un « état » s'identifiant comme judéo sioniste ( une déviance politico religieuse du
Judaïsme).
Dans le contexte Egypte contre Yemen l'Arabie Saoudite a utilisé des milliards de pétro dollars pour asservir le président égyptien el
Sissi dont l'armée participe à la destruction du Yemen.
Dans le contexte Turquie contre Syrie l'Arabie Saoudite et son Wahhabisme a fait ami ami avec la Turquie et les Frères Musulmans
d'où est né le dernier Golem made in Cia & C° :« L'Armée de Conquête » lâchée depuis quelques semaines dans le Nord de la Syrie
venue pour renouveler les bataillons de terroristes de l'EI. Dirigée de la Turquie elle est pour l'heure plus facilement contrôlable
notamment quant aux cibles choisies : établir une zone de contrôle au Nord de la Syrie y créer un gouvernement provisoire sous
tutelle US/OTAN pour chasser le président syrien Bashar al Assad un plan concocté depuis longtemps à Washington et Tel Aviv qui a
le soutien de la France, les pays du Golfe avec qui cette dernière a établi une « relation spéciale » qui se chiffre en milliards de $ de
transactions commerciales.
En France des milliers d'emplois de l'industrie de l'armement sont ainsi pérénisés sur les cadavres de milliers de civils syriens.
Lors d'une interview avec une chaîne TV américaine, Assad a accusé Erdogan d'être un « fanatique des Frères Musulmans »
soutenant le terrorisme en Syrie. Alors qu'on lui demandait si Erdogan pouvait stopper l'afflux de terroristes en Syrie Assad a
répondu :
« Oui bien sûr absolument. Non seulement il est au courant des terroristes qui passent en Syrie mais ils les soutient logistiquement et
militairement. Directement. Au quotidien »
Et cela vaut pour les fanatisés ici en France dont certains partent avec toute la smala en camping car faire le djihad en Syrie via la
Turquie devenue 1ère destination « touristique » pour le djihad de l'EI.
L'affront du roi d'Arabie saoudite à Obama
Le Point - Publié le 11/05/2015
Le roi Salmane, ainsi que trois autres monarques du Golfe, ne participera pas au sommet organisé par le président américain les
13 et 14 mai à Camp David.
Le roi d'Arabie saoudite et trois autres monarques du Golfe ne participeront pas au sommet entre les États-Unis et le Conseil de
coopération du Golfe (CCG), organisé par Barack Obama les 13 et 14 mai pour resserrer les liens avec ces États troublés par les
négociations États-Unis-Iran. En l'absence du roi Salmane, la délégation saoudienne sera dirigée par le prince héritier Mohammed ben
Nayef et comprendra également le fils du roi et ministre de la Défense, le prince Mohammed ben Salmane, a annoncé le ministre des
50
Affaires étrangères saoudien, Adel al-Jubeir, dans un communiqué publié dimanche par l'ambassade d'Arabie saoudite à Washington.
Washington et les États du Golfe doivent mettre au point un nouvel ensemble de mesures de sécurité au Proche-Orient.
Six dirigeants du CCG avaient été invités à la Maison-Blanche mercredi et devaient participer le lendemain au sommet à la résidence
présidentielle de Camp David. Malgré cette invitation prestigieuse de Barack Obama, seuls deux dirigeants, représentant le Qatar et le
Koweït, feront le déplacement à Washington. L'émir de Bahreïn, Hamad ben Issa al-Khalifa, manquera le sommet, et sera remplacé
par son héritier, ont annoncé dimanche des sources officielles. Malade, le sultan d'Oman sera représenté par son vice-Premier
ministre. Quant aux Émirats arabes unis, ils seront représentés par le prince héritier d'Abu Dhabi, le cheikh Khalifa étant également
souffrant.
Pacte avec le diable
Les États-Unis tiennent à rassurer les États du Golfe, inquiets du désengagement croissant de Washington de la région et de
l'éventualité que les accords en cours de finalisation avec l'Iran ne permettent à ce pays de se doter de la bombe atomique, des accords
décrits par les pays du Golfe comme un pacte avec le diable. Certains diplomates du Golfe s'inquiètent également en privé de
l'influence grandissante de la diplomatie iranienne dans la région.
Les responsables du Golfe pressent les États-Unis de leur fournir des armes sophistiquées comme le chasseur F-35, ainsi qu'une clause
de sécurité mutuelle face à la menace iranienne. Le ministre saoudien des Affaires étrangères a précisé que le roi Salmane serait
absent "en raison de la date du sommet, du calendrier du cessez-le-feu au Yémen et de l'inauguration du Centre Roi Salmane pour
l'aide humanitaire", selon le communiqué de l'ambassade d'Arabie saoudite.
Structure de défense commune
Adel al-Jubeir "a réaffirmé l'engagement du roi Salmane à rétablir la paix et la sécurité au Yémen et sa volonté de livrer rapidement
une aide humanitaire au peuple frère du Yémen", souligne le texte. Le secrétaire d'État américain John Kerry a rencontré la semaine
dernière à Paris les ministres des Affaires étrangères des États du Golfe pour préparer ce sommet, auquel participeront Bahreïn, le
Koweït, Oman, le Qatar, l'Arabie saoudite et des Émirats arabes unis.
Ce sommet était "attendu de longue date", selon un diplomate du Golfe. Un responsable américain a confié qu'un des objectifs
majeurs de cette rencontre serait la création d'une structure de défense commune dans le Golfe, concernant "l'antiterrorisme, la
sécurité maritime, la cybersécurité et le système de défense antimissiles balistiques". Washington et les États du Golfe devraient
également aborder les conflits en cours en Irak, en Libye et en Syrie.
Cessez-le-feu au Yémen
Après plus de six semaines de frappes aériennes saoudiennes destinées à les empêcher de conquérir l'ensemble du Yémen, les insurgés
chiites houthis, soutenus par l'Iran, ont déclaré qu'ils réagiraient "positivement" aux efforts de cessez-le-feu. Des militaires, partisans
de l'ex-président yéménite Ali Abdallah Saleh et alliés aux houthis, ont quant à eux accepté le cessez-le-feu. Riyad a proposé une
trêve humanitaire de cinq jours, à partir de mardi à 22 heures, mais l'artillerie saoudienne continuait de pilonner des positions rebelles
après que de nouvelles roquettes eurent blessé quatre civils dimanche sur son territoire, a indiqué la coalition arabe.
L'Arabie saoudite a annoncé que ce cessez-le-feu était soumis à une condition de réciprocité et à ce qu'il ne soit pas exploité par les
rebelles pour prendre un avantage militaire. Le souverain saoudien a longuement justifié la campagne déclenchée le 26 mars au
Yémen dans une adresse lue en son nom à La Mecque par son conseiller, le prince Khaled al-Fayçal. L'opération a empêché "un
complot visant à ébranler la sécurité des pays de la région", agissant pour que le Yémen ne devienne pas "un théâtre pour le
terrorisme, la discorde et les luttes internes", a-t-il déclaré.
L'Iran est fermement opposé à l'intervention militaire au Yémen de la coalition rassemblée par Riyad contre la rébellion chiite
houthie, à qui Téhéran est accusé d'apporter un soutien logistique et militaire. Plus de 1 400 personnes ont été tuées dans ce conflit
depuis mars dernier, selon les Nations unies. Des organisations humanitaires ont indiqué que 70 000 personnes, dont 28 000 enfants,
ont fui dimanche la province de Saada, le fief rebelle des houthis, dans le nord-ouest du Yémen, sous le feu des bombardements
aériens. Dix-sept ONG ont signé un communiqué appelant à un cessez-le-feu immédiat.
Guerre et paix à Camp David
Le Journal de Montréal
Dimanche, 10 mai 2015
Camp David évoque, à l’extérieur des États-Unis, davantage que la résidence de campagne du président américain. C’est là, at-on le sentiment, que se négocient des accords qui peuvent changer le monde. N’est-ce pas ce qu’a été l’entente entre Anouar
al-Sadate et Menahem Begin? Barack Obama, cette semaine, veut répéter le coup.
La rencontre sera haute en couleur, mais moins riche en symboles qu’en ce fameux mois de septembre 1978, alors que pour la
première fois un leader arabe faisait la paix avec un Israélien. L’enjeu au cœur des discussions dépassera considérablement toutefois
ce qu’Égyptiens et Israéliens avaient convenu il y a 37 ans.
Le président américain s’est posé comme défi de convaincre les six dirigeants du Conseil de coopération du Golfe – le Qatar, les
Émirats arabes unis, le Bahreïn, le Koweït, Oman et surtout, l’Arabie saoudite – que son flirt avec l’Iran ne compromet en rien leur
alliance.
On est encore ébranlé là-bas par cet accord de principe sur le programme nucléaire iranien, un accord que le gouvernement Obama
présente comme la meilleure garantie que Téhéran ne développera pas la bombe atomique et que les pays qui lui font face de l’autre
côté du golfe Persique voient plutôt comme une mise en piste vers un rapide décollage nucléaire iranien.
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Acheter la paix
Barack Obama recevra donc – mercredi, lors d’un souper à la Maison-Blanche, puis jeudi pour une longue journée champêtre à Camp
David – cheikhs et autres émirs afin de leur vanter les vertus de son entente avec l’Iran, mais aussi leur promettre de les aider à se
protéger contre ce grand voisin inquiétant.
Barack Obama va encourager le développement d’un système de défense à la grandeur de la région, mais les souverains arabes ont
aussi leurs listes en poche. Ils veulent de l’armement et ils en veulent beaucoup: des drones, de l’équipement de surveillance, des
missiles antimissiles et, cerises sur le sundae, des avions de combat, particulièrement le tout nouveau et très sophistiqué F-35.
Fort possible, que malgré sourires et salamalecs, tout se termine dans la déception
Aussi tenté pourra-t-il être de tout leur donner pour acheter leur résignation, sinon leur approbation, le président américain ne pourra
jamais leur accorder autant que ce qu’il fournit à Israël. Le Congrès, où l’amour aveugle pour l’État hébreu ravage les cœurs, ne
permettra pas que le petit allié méditerranéen puisse un jour être menacé par de l’équipement militaire américain qui devait servir à
autre chose.
Vendre la guerre
Qu’à cela ne tienne, s’ils n’achètent pas chez les Américains, les émirs vont s’approvisionner ailleurs. Chez les Français, par exemple
qui, tout heureux, viennent de vendre aux Qataris 24 avions de combat Rafale pour 8,5 milliards de dollars.
Précisons que les Iraniens, pas plus fous, se sont fait livrer des missiles antiaériens S300 par les Russes. Bref, l’«aide militaire» vient
de partout et Barack Obama, avec pour but de stabiliser la région, risque de contribuer à la militariser encore plus.
Fort possible, de toute façon, que malgré sourires et salamalecs, tout se termine dans la déception. Les monarchies du golfe veulent
que les États-Unis apaisent l’Iran, contribuent à la chute de Bachar al-Assad en Syrie et résolvent le conflit israélo-palestinien.
Washington a plutôt envie de se tourner vers l’Asie et de laisser derrière ce bourbier qu’est le Moyen-Orient. Et je crains que même le
décor bucolique de Camp David n’y change rien.
Les 5 principaux acheteurs d’armement
1.
Inde
2.
Chine
3.
Pakistan
4.
Émirats arabes unis
5.
Arabie saoudite
Les 5 principaux vendeurs d’armement
1.
États-Unis
2.
Russie
3.
Allemagne
4.
Chine
5.
France
Plus de 300 djihadistes, en Syrie ou sur le retour, recherchés
Source : Reuters 11/05/15
Les autorités françaises recherchent 306 djihadistes, en Syrie ou "sur le retour", selon le procureur de la République de Paris, François
Molins.
Dans un entretien à paraître mardi dans Le Figaro, il cite trois types de personnes : "il y a les aguerris d'autant plus dangereux qu'ils
reviennent endurcis par les combats (...). Puis il y a les déçus (...). Enfin, la dernière catégorie est le profil du déséquilibré
psychiatrique ou psychique qui peut avoir prêté la main à des actions abominables et qu'il faut à la fois punir et traiter".
"Nous voulons juger le plus rapidement possible les dossiers syriens", poursuit François Molins. "A ce jour, seuls 11 individus l'ont
été. Le plus lourd est à venir puisque nous traitons actuellement des dizaines de dossiers avec 169 personnes mises en examen, dont
106 en détention provisoire".
Il ajoute que Sid Ahmed Ghlam, arrêté le mois dernier et soupçonné d'avoir préparé un attentat contre au moins une église de
Villejuif, "a été téléguidé depuis la zone irako-syrienne".
Quant à Amedy Coulibaly, un des auteurs des attentats qui ont fait 17 morts en France en janvier: "selon toutes hypothèses en cours
de vérification, Amedy Coulibaly a lui aussi reçu des instructions depuis l'étranger".
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Entretien avec Bernard Heyberger – Les chrétiens au Moyen-Orient
Les clés du Moyen Orient Article publié le 11/05/2015 Questions de Mathilde Rouxel
Bernard Heyberger, agrégé d’histoire, titulaire d’une licence d’arabe, ancien membre de l’Ecole française de Rome, est directeur
d’études à l’Ecole des hautes Etudes en sciences sociales (EHESS) et à l’Ecole pratique des hautes études (EPHE, Section des
Sciences Religieuses). Il a dirigé l’Institut d’études de l’Islam et des sociétés du monde musulman (IISMM) à l’EHESS de 2010 à
2014.
Il a publié en 2013 Les chrétiens au Proche-Orient. De la compassion à la compréhension, Payot Rivages, récompensé par le prix
littéraire de l’Oeuvre d’Orient.
Il est par ailleurs l’auteur de : Les chrétiens du Proche-Orient au temps de la Réforme catholique (XVIIe – XVIIIe s.), Rome, Ecole
Française de Rome, 1994, rééd. 2014 ; Hindiyya, mystique et criminelle 1720 – 1798, Paris, Aubier, 2001 (traduit en arabe et en
anglais).
Aujourd’hui, dans tout le Moyen-Orient, et particulièrement en Syrie et en Irak, les chrétiens sont les cibles des mouvements
djihadistes qui ont émergé à la faveur de la chute des régimes. Cependant, ces derniers jours ont été célébrés les centenaires de
plusieurs massacres de chrétiens, du Mont-Liban, d’Arménie, ou à la même époque des assyro-chaldéens. Pouvez-vous revenir
brièvement sur cette histoire, centenaire, à l’encontre des chrétiens ?
Les massacres du XIXe siècle et du XXe siècle avaient peut-être des points communs avec ce qui se passe de nos jours :
la mobilisation du référent religieux islamique, pour des mobiles et des objectifs de pouvoir qui n’ont pas forcément grand chose à
voir avec la religion. Ce qui peut se traduire par des gestes symboliques : attaques contre les églises, destruction d’images, de croix,
de cloches.
les chrétiens ont été ciblés parce qu’ils représentaient aux yeux de ceux qui les attaquaient une certaine modernité liée à l’Occident,
et dont ils pensaient qu’elle est tournée contre eux.
Mais les massacres de 1915 se sont caractérisés par leur planification, ce qui fait qu’on leur reconnait le caractère de génocide. La
destruction des Arméniens s’est faite suivant un plan déterminé, avec des consignes venant de haut. Les responsables de cette
« ingénérie » n’étaient pas des religieux obscurantistes, mais des officiers modernistes, se réclamant d’une conception darwiniste et
raciste. Ce n’est pas l’idéologie islamiste actuelle. Mais le dossier publié par le Spiegel sur le leader de « Daesh » indique une
ressemblance avec ce type de pensée rationnelle.
Quelle est de nos jours la proportion des chrétiens au Moyen-Orient ? Combien de communautés peut-on décompter ? Que
peut-on dire d’un point de vue géopolitique sur cette répartition ?
Il faut un peu se garder d’une vision globale des chrétiens du Moyen-Orient. C’est pour cela que j’évite l’expression courante
« chrétiens d’Orient », qui laisse entendre qu’ils sont tous dans la même situation et qui d’autre part, depuis son origine (les massacres
de 1860) est connotée avec la persécution et l’aide humanitaire. Donc, d’un pays à l’autre, la situation est quand même très différente.
Et ce n’est pas qu’une question de nombre ou de proportion, mais de la place que le système leur accorde. Au Liban, ils sont la plus
forte proportion (un tiers environ), mais surtout le système constitutionnel leur accorde une place prépondérante dans les institutions.
Actuellement, leur place dans le système politique est de plus assurée par le fait que chiites et sunnites s’affrontent dans l’arène
politique. Etant divisés, ils sont des deux côtés, ce qui peut avoir des avantages. En Egypte, ils sont les plus nombreux (entre 5 et 8
millions), soit entre 6 et 10 %. Mais le système politique les marginalise : la référence culturelle dominante et presque exclusive est le
sunnisme. En Jordanie, ils sont peu nombreux, et une faible proportion, mais le fonctionnement de la monarchie hachémite, qu’on a
appelé « un autoritarisme pluraliste », leur reconnaît une place dans la politique et la société. En Turquie, leur nombre et leur
proportion sont insignifiants, mais ils occupent une place non négligeable dans les débats actuels sur le pluralisme, et sur les enjeux
mémoriels dans la société turque.
Notez enfin que le nombre et la proportion de chrétiens est extrêmement forte et en croissance dans les pays du golfe et en Arabie
saoudite, mais il ne s’agit pas de chrétiens autochtones. Mais la question du traitement des chrétiens dans ces pays est une question
importante. On ouvre constamment des églises au Koweït, Qatar, Emirats.. Par contre, l’Arabie, qui compte le plus grand nombre de
chrétiens non autochtones, ne leur accorde aucun droit. Cela peut-il encore durer longtemps ?
Quelle est l’influence des chrétiens parmi les différentes communautés religieuses qui composent les populations orientales ?
Ici encore, cela dépend des pays. En Palestine / Israël, les chrétiens ne sont plus qu’une infime minorité, mais les institutions
chrétiennes, liées à la « terre sainte » (hôpitaux, écoles, activités touristiques liées au pèlerinage) y occupent une place sans rapport
avec le nombre de chrétiens encore présents. Dans l’ensemble, l’influence chrétienne, à travers ce type d’institution, dépasse très
souvent la place que les chrétiens occupent du point de vue démographique. En Syrie, les associations philanthropiques et
humanitaires chrétiennes, souvent liées à des réseaux transnationaux, ont été très actives sous Bachar al-Assad. Elles affichaient un
caractère non-confessionnel, et accordaient aussi leurs services à des non-chrétiens, mais en réalité, comme tout en Syrie, c’était la
façade « laïque », elles avaient un caractère confessionnel très marqué. Au Liban, même chose.
La situation actuelle des chrétiens d’Orient est une cause qui touche particulièrement l’Occident. Que pourraient faire les
instances internationales pour protéger la présence chrétienne au Moyen-Orient ?
Il faut se méfier de la compassion de l’Occident pour les « chrétiens d’Orient ». La « protection des minorités » a été un des
principaux arguments de l’interventionnisme occidental dans l’Empire ottoman, et a laissé de mauvais souvenirs, y compris chez les
chrétiens, qui ont parfois payé cette « protection » très cher, notamment lorsqu’elle se traduisait par des promesses non tenues.
Il faut bien sûr porter secours aux populations dans la détresse, et secourir les chrétiens agressés ou menacés à cause de leur foi. Mais
plus globalement, il ne faut surtout pas transformer les violences actuelles en combat eschatologique de la chrétienté contre l’islam.
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Par contre, il faut poser la question du pluralisme, du respect de toutes les minorités en général, dans la région. Il faut se battre pour la
démocratie et le pluralisme.
Quels buts poursuivent les djihadistes en s’en prenant aux chrétiens ?
Les djihadistes ont un fantasme de pureté religieuse, qui s’atteindrait par la purification violente : élimination des chrétiens, mais aussi
des « mécréants » à l’intérieur de l’islam. La haine paranoïaque de l’Occident est une chose presque universellement partagée au
Proche-Orient. Elle vient de loin, elle remonte aux luttes coloniales, et doit beaucoup à la lancinante question de la Palestine, et au
soutien inconditionnel de l’Occident à Israël. Elle a bien sûr été alimentée par le désastre de la politique de Bush.
S’en prendre aux chrétiens, c’est une façon d’afficher la lutte qu’on est censé mener contre l’Occident. Lorsqu’en Irak, l’évêque
chaldéen de Mossoul a été enlevé par des malfrats « islamistes », ils ont voulu lui faire avouer qu’il était un suppôt des Américains. Ils
ont été très étonnés de son patriotisme irakien et de sa détestation de l’Amérique.
Doha-Riyad-Ankara : un axe sunnite au secours des rebelles de Syrie
LE MONDE | 12.05.2015 | Par Marie Jégo (Istanbul, correspondante) et Benjamin Barthe (Doha, envoyé spécial)
Dans la guerre d’usure syrienne, les rebelles ont repris l’avantage. Après avoir penché en faveur du régime pendant plus d’un an et
demi, entre le printemps 2013 et l’automne 2014, l’équilibre des forces est reparti en sens inverse. En l’espace d’un mois et demi, une
nouvelle alliance militaire, Jaish Al-Fatah (Armée de la conquête), regroupant des combattants djihadistes, salafistes et proches des
Frères musulmans, s’est emparée de la plus grande partie de la province d’Idlib, dans le nord de la Syrie, à la frontière avec la
Turquie.
De l’avis de plusieurs bons connaisseurs du champ de bataille syrien, ce retour en force de la rébellion est le produit dérivé du pacte
scellé entre l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie, sous l’impulsion du roi saoudien Salman, arrivé au pouvoir en janvier. Après des
années de défiance, ces trois puissances régionales, farouchement hostiles à Damas, ont entrepris d’unifier leurs efforts.
Ce rapprochement, qui s’est traduit par de nouvelles livraisons d’armes, quoique en quantité encore limitée, participe de la diplomatie
beaucoup plus active à l’initiative de Salman pour contrer l’influence croissante de Téhéran au Proche-Orient. De même qu’il a pris la
tête de la coalition arabe partie en guerre au Yémen, contre les milices houthistes pro-iraniennes, le monarque saoudien paraît pressé
de renforcer la main des rebelles, pour hâter un départ de Bachar Al-Assad, principal allié de la république islamique dans la région.
Regain d’assurance des rebelles
« Il y a un effet Salman très net, dit Ahmed Tomeh,...
Bogdanov : Les relations entre la Russie et la Syrie sont privilégiées et historiques
Sana Mardi 12 mai 2015
Moscou / Le représentant spécial du président russe pour les Affaires du Moyen-Orient et des pays africains, vice-ministre des
Affaires étrangères, Michaël Bogdanov, a qualifié de « privilégiées » et d’« historiques » les relations existant entre son pays et la
Syrie.
Dans une interview avec le correspondant de Sana à Moscou, Bogdanov a précisé que les relations syro-russes ne se limitent pas au
dialogue politique approfondi basé sur la confiance mutuelle, mais elles se basent sur un partenariat économique et des liens culturels
et humanitaires. « Nous étions toujours avec le peuple syrien dans le temps critique, lors des guerres et des crises et nous avions
contribué à édifier des grands projets, comme le barrage de l’Euphrate et des usines en Syrie», a-t-il précisé.
Il a souligné le rôle de dizaines de milliers de citoyens syriens qui ont fait leurs études dans les universités et les instituts russes et de
la grande communauté syrienne en Russie dans le renforcement des relations entre les deux pays, mettant l’accent sur les visites
mutuelles entre Damas et Moscou à tous les niveaux.
Bogdanov a ajouté que les relations entre les deux pays ne cessent de se développer, précisant que la Russie veut aider les Syriens à
dépasser leur épreuve dans les plus brefs délais et établir un dialogue politique global inter-syrien.
Il a ajouté que son pays s’oppose aux tentatives d’imposer la volonté politique des autres au peuple syrien et œuvre pour trouver des
solutions convenables et accélérer la solution politique.
Il a affirmé que son pays encourage et accueille favorablement tout pas visant à trouver une solution politique à
la crise en Syrie, exprimant l’espoir de la réussite des consultations de De Mistura avec le gouvernement
syrien, l’opposition syrienne et des parties régionales et internationales concernées par cette crise, appelant ces
dernières à œuvrer pour encourager les parties syriennes à rapprocher leurs positions et à prendre les pas
nécessaires urgentes et sérieux.
L’État islamique a-t-il perdu la tête ? La guerre qui se profile entre
Irakiens et Syriens pour remplacer al-Baghdadi
Le "Conseil de la Choura" de l'EI réfléchirait à nommer un chef temporaire pour remplacer Abou Bakr al-Baghdadi, qui
aurait été très grièvement blessé lors d'une frappe américaine en mars dernier. Une guerre des chefs fait rage au sein de
Daesh, et elle pourrait nuire au califat autoproclamé.
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Atlantico Publié le 13 Mai 2015
Alain Rodier est drecteur de recherche au sein du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R). Il est particulièrement
chargé de suivre le terrorisme d’origine islamique et la criminalité organisée. Il est l’auteur en 2007 de « Iran : la prochaine guerre ? »
et en 2006 de « Al-Qaida. Les connexions mondiales du terrorisme », deux ouvrages édités par les éditions ellipses. Il collabore avec
les revues RAIDS et PolicePro. Il a également publié en 2012 "Les triades, la menace occultée" et en 2013 "Le crime organisé du
Canada à la Terre de feu" aux Editions du Rocher.
Atlantico : Selon des transfuges de Daesh, le "Conseil de la Choura" de l'État islamique réfléchirait à nommer un chef
temporaire pour remplacer Abou Bakr al-Baghdadi, qui aurait été très grièvement blessé lors d'une frappe américaine en
mars dernier. Comment l’Etat islamique s’organise-t-il dans ces conditions ? Est-il ralenti ?
Alain Rodier : Il faut rester prudent. Pour l'instant, aucune confirmation de la mise hors de combat d'Al-Bagdhadi n'est parvenue aux
autorités ni aux médias. Nous sommes donc dans le domaine des des rumeurs. Ce qui peut aller dans ce sens, c'est qu'aucune
déclaration affirmant que le "calife" est bien opérationnel n'est venue contredire ces mêmes rumeurs. Sur le terrain, Daech piétine en
Syrie depuis la bataille de Kobané mais grignote du terrain en Irak, particulièrement dans la province d'Al-Anbar. Il est donc
impossible pour l'instant de tirer des leçon sur une absence éventuelle du "commandant suprême".
Une poussée à l'international est aussi sensible, notamment dans le Sinaï, en Libye et en Tunisie. Il convient de rester très prudent
dans les pronostics avancés.
Deux Irakiens et un Syrien seraient en concurrence pour ce poste, selon les mêmes sources. Peut-on s’attendre à une guerre
des chefs ?
Le problème réside dans le fait qu'Al-Bagdhadi n'a pas désigné de successeur (comme l'a fait Al-Zawahiri au sein d'Al-Qaida en
désignant de facto l''émir d'Al-Qaida dans la Péninsule Arabique -AQPA-). Il y a donc un certain nombre de prétendants. Il est
probable qu'une guerre des candidatures aura lieu. Techniquement, c'est à la "choura" (le conseil consultatif fort de neuf membres) de
désigner un successeur.
Qui est le plus susceptible de l’emporter dans ces luttes d’influence ?
Là aussi, rien n'est certain. Les Américains semblent placer Abd al-Rahman Mustafa al-Qaduli, un ancien professeur de physique
irakien en bonne place : d'où la mise à prix de sa tête pour sept millions de dollars depuis quelques jours. Cet individu était jusqu'alors
peu connu. On parlait plutôt d'Abou Ali al-Anbari, un ancien major-général irakien responsable du front syrien de Daech ou d'Abou
Muslim al-Turkmani, responsable du front irakien. Abou Luqman Ali Moussa al-Hawikh, le "gouverneur" de Raqqa, la "capitale" de
l'Etat Islamique est aussi évoqué. Il peut en sortir d'autres de la besace.
Quelles peuvent en être les conséquences pour l’organisation ?
Certains chefs locaux risquent de vouloir retrouver leur indépendance. Il ne faut pas penser que la situation est simple pour Daech qui
fonctionne grâce à de multiples alliances conclues avec des tribus et d'anciens cadres du parti Baas irakien. Cette unité est volatile.
Cela pourrait conduire à une dislocation du "noyau" de l'Etat Islamique établi à cheval sur l'est de la Syrie et l'ouest de l'Irak. Cela dit,
rien ne dit que Daech est "touché au cœur". Il faut attendre la suite. Personnellement, je pense que si al-Baghdadi était mort, il y aurait
eu une revendication proclamant qu'il avait rejoint les "martyrs de la cause". Il est peut être que blessé comme le laisse prétendre la
rumeur. Les affaires courantes sont alors réglées par la choura. Viendra le moment où la nomination d'un remplaçant, même
temporaire, sera rendue obligatoire car les activistes islamiques ont besoin d'un chef qui les guide et leur sert d'exemple. Attendons la
suite.
"L'Arabie saoudite sent son influence menacée par l'Iran partout au
Moyen-Orient"
La Tribune – 13/05/15
Denis Bauchard estime que les relations entre l'Arabie Saoudite et les Etats-Unis est parasitée par une méfiance réciproque
engagée au lendemain du 11 septembre 2001. (Crédits : DR) Propos recueillis par Nabil Bourassi | 13/05/2015, 7:55 - 948 mots
Alors que s'ouvre mercredi à Washington un sommet des pays du Golfe, le roi saoudien a fait savoir qu'il ne fera pas le déplacement.
Ce geste a été interprété comme une défiance vis-à-vis de l'allié et protecteur américain. Pour Denis Bauchard, spécialiste du MoyenOrient à l'IFRI et ancien ambassadeur de France en Jordanie, il faut néanmoins se garder de toutes interprétations car l'alliance entre
les deux pays reste forte. Et ce, malgré leurs nombreuses divergences stratégiques.
sur le même sujet
Le roi Salman d'Arabie saoudite a signifié qu'il ne sera pas présent au sommet du Golfe à Washington. Est-ce la traduction
d'un nouveau refroidissement des relations entre l'Arabie saoudite et les Etats-Unis ?
Il faut nuancer cette information qui peut effectivement être interprétée comme telle. Cette absence peut également être justifiée pour
des raisons de santé. Mais l'Arabie saoudite sera représentée à très haut-niveau à Washington puisque le prince héritier s'y rendra
accompagné du vice-prince héritier, c'est à dire les deux hommes forts de la monarchie. C'est donc le signe que l'Arabie saoudite
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accorde encore de l'importance à ses relations avec les Etats-Unis, et ce malgré les griefs qui sont néanmoins réels. On peut cependant
noter que parmi les six souverains et chefs d'attendus, seuls deux seront présents : l'émir du Qatar et celui de Koweït.
Quelles sont les motifs des tensions entre ces deux pays pourtant alliés ?
Il y a effectivement de nombreuses sources au mécontentement saoudien et qui durent depuis plusieurs années. C'est d'abord la
complaisance des Etats-Unis à l'égard d'Israël qui n'exercent pas sur celui-ci des pressions réelles pour trouver un accord de paix et
régler le conflit israélo-palestinien. Ce problème s'est accentué ces dernières années. Il y a également la gestion du printemps arabe.
Les Saoudiens ont mal perçu la façon dont les Américains ont lâché Hosni Moubarak (ancien président Egyptien, ndlr). Ryad a jugé
que la promotion de la démocratie durant cette période a surtout été source de déstabilisation au Moyen-Orient. Sur le dossier Syrien,
l'Arabie saoudite s'attendait à ce que Washington intervienne comme il l'avait promis en cas de franchissement de la ligne rouge, à
savoir l'utilisation de gaz militaires contre les civils. Le royaume voudrait renverser le pouvoir de Bachar el-Assad et ainsi briser une
alliance vieille de plus de quarante entre la Syrie et l'Iran. Enfin, la politique de Barack Obama avec l'Iran a suscité, dès le départ, le
mécontentement des Saoudiens. Ils craignent un basculement des alliances dans la région, alors que je ne pense pas que ce soit la
volonté des américains. Ces derniers veulent plutôt rétablir la politique des deux piliers, qui était en vigueur à l'époque du Shah d'Iran.
Mais pour l'Arabie saoudite, un accord sur le nucléaire est un moyen de renforcer l'influence de l'Iran à travers le monde arabe.
L'Arabie saoudite est-elle à ce point menacée par l'Iran ?
Ryad s'est toujours senti menacé par l'Iran en raison de sa position géographique mais également à cause du déséquilibre
démographique. L'Iran pèse près de 80 millions d'habitants, contre une trentaine pour l'Arabie saoudite. Par ailleurs, l'Iran dispose
d'une armée beaucoup plus opérationnelle que sa rivale. Le pays a deux armées : une armée régulière et les gardiens de la révolution
dont on constate encore la force aujourd'hui en Irak contre Daesh. Enfin, Téhéran n'a pas renoncé à sa volonté d'étendre son influence
au Moyen-Orient, c'est là que réside la plus grande crainte de Ryad. Que ce soit au Liban, en Syrie, en Irak ou au Yémen, l'Arabie
saoudite sent son influence menacée partout dans la région... D'ailleurs, les deux pays se battent déjà militairement par procuration en
Syrie ou au Yémen.
Est-ce que l'Arabie saoudite aurait joué la carte de l'Etat Islamique pour déstabiliser l'Irak par exemple dirigé par un
gouvernement chiite proche de l'Iran ?
Aujourd'hui non, car Daesh apparait clairement comme une menace à la sécurité de l'Arabie saoudite. Avant juin 2014 lors de
l'avènement du « califat » entre la Syrie et l'Irak, cette organisation a probablement reçu des financements en provenance de pays du
Golfe, pas nécessairement à l'initiative des Etats, mais avec leur complaisance comme l'a souligné encore récemment le soussecrétaire américain au Trésor.
Côté américain, n'y-a-t-il pas une méfiance à l'endroit de l'Arabie saoudite également ?
Effectivement, les griefs existent aussi de ce côté. Avant cela, il faut comprendre qu'il n'y a pas de volonté d'abandonner le MoyenOrient mais plutôt un désengagement approuvé par l'opinion publique américaine de ce qui apparait de plus en plus comme un
bourbier. Il n'est pas dit que Washington serait intervenu en Irak si Daesh n'avait pas décapité un journaliste américain. Mais,
l'alliance avec l'Arabie saoudite ne va plus de soit à Washington. Il y a un courant « arabiesaouditophobe » depuis le 11 septembre
2001 : en effet 15 des 19 terroristes étaient saoudiens. Ce pays est perçu comme un promoteur d'un islam intolérant, rigoriste et
violent.
Qu'est ce qui retient les Américains en Arabie saoudite ? Le pétrole ?
Les Etats-Unis vont, comme chacun sait, vers l'autosuffisance pétrolière. Mais le Golfe reste une région stratégique sensible où
d'autres puissances ont également des intérêts comme la Russie ou la Chine. L'Arabie saoudite est également le seul pays au monde à
pouvoir agir sur les prix grâce à l'ampleur de sa production et sa position de swing producer qui lui permet de réduire ou d'augmenter
très rapidement ses exportations
Pensez-vous que l'Arabie saoudite mise d'ores et déjà sur l'après-Obama ?
Non, car les problèmes existaient déjà avant lui, et continueront probablement après lui. Sous Bush fils, l'intervention en Irak ou le
soutien à Israel étaient des griefs importants. Il est vrai que si une administration républicaine devait succéder à Obama, l'attitude visà-vis de l'Iran serait plus conforme aux attentes du Royaume. Mais Barack Obama travaille à rendre l'accord avec l'Iran irréversible.
La Havane-Riyad-Doha oui, Moscou-Damas non : diplomatie
française recherche cohérence désespérément
Alors que la visite de François Hollande à l'ex-leader cubain Fidel Castro crée la polémique, la question de la cohérence de la
diplomatie française se pose. Entre la vente d'avions Rafale au Qatar et le refus d'assister aux commémorations du 9 mai en
Russie, François Hollande est tiraillé entre intérêts économiques et respect des droits de l'homme.
Atlantico Publié le 13 Mai 2015
Cyrille Bret, ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure, de Sciences-Po Paris et de l'ENA, et anciennement auditeur à l'institut des
hautes études de défense nationale (IHEDN) est haut fonctionnaire et universitaire. Après avoir enseigné notamment à l'ENS, à
l'université de New York, à l'université de Moscou et à Polytechnique, il enseigne actuellement à Sciences-Po. Il est le créateur avec
Florent Parmentier du blog Eurasia Prospective.
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Xavier Panon est journaliste, ancien rédacteur en chef à RMC et BFM, et éditorialiste au quotidien La Montagne. Il est l’auteur, entre
autres, d'un livre d’entretiens avec Michel Sapin et Jean Arthuis (La France peut s’en sortir, L’Archipel, 2012) et de Chirac, les 5
visages d'un président (L'Archipel, 2012). En mai 2015, il publie Dans les coulisses de la diplomatie française, de Sarkozy à
Hollande (L'Archipel).
Atlantico : Alors que la France a refusé l'invitation de la Russie pour les commémorations du 9 mai 1945 et refuse toute
relation diplomatique avec la Syrie car le pays ne respecte pas les droits de l'homme, François Hollande s'est pourtant rendu à
La Havane et entretien des relations avec le Qatar et l'Arabie Saoudite. Faut-il y voir une forme de contradiction dans la
façon dont la France mène sa diplomatie ?
Cyrille Bret : Les quatre positions diplomatiques que vous mentionnez ne sont contradictoires qu’en apparence.
Elles sont en réalité fortement cohérentes avec les objectifs de la France sur le moyen terme dans chaque région concernée. Chacune
doit être appréciée pour elle-même. La position extérieure de la France est pragmatique au sens où elle varie selon les régions du
monde. Je les passerai rapidement en revue.
Les relations avec le Qatar et l’Arabie Saoudite sont structurantes depuis plusieurs décennies maintenant pour la position, la visibilité
et l’action de la France dans le Golfe. C’est une région essentielle pour la sécurité collective en raison de son triple rôle pour les
approvisionnements en hydrocarbures, pour l’endiguement des programmes nucléaires iraniens et pour la détection des menaces
terroristes. Entretenir des relations régulières et approfondies avec ces puissances du Moyen-Orient – qui plus est rivales l’une de
l’autre – est à la fois nécessaire et habile pour la France. Quand à la question des droits de l’homme, elle est en retrait dans cette
région dans la mesure où elle passe au second plan derrière le traitement des questions de sécurité.
Concernant la Syrie, la France reste cohérente avec sa position traditionnelle dans ce pays : sans intérêt économique direct et massif
dans la région, et dans une situation de guerre civile caractérisée – deux différences notables avec les cas saoudiens et qatari - la
France peut mettre l’accent sur le respect non pas des droits de l’homme mais sur celui du droit humanitaire. A ses yeux, les modes
d’action du gouvernement Al Assad sont en rupture avec le principe de discrimination entre civils et combattants. Elle est cohérente
avec sa position depuis le début du conflit et insiste sur la nécessité de trouver une solution politique aux affrontements meurtriers.
Concernant la tension dans les relations avec la Fédération de Russie, que j’ai abondamment commenté dans vos colonnes, le refus de
l’invitation est cohérent avec le langage de fermeté tenu à Moscou. Il est dans doute contreproductif car il alimente la rhétorique du
double standard (deux poids deux mesures au détriment de la Russie) déployée par la Russie.
A Cuba, les intérêts et les objectifs français sont plus flous : il s’agit d’une visite d’exploration immédiatement après le début de
l’ouverture de l’île. Dans le sillage de la normalisation engagée par l’administration Obama, la France explore les possibilités de
relance des relations structurellement limitées avec Cuba.
La cohérence des positions internationales françaises ne doit pas s’apprécier dans leur totalité – comme si la France n’avait que des
valeurs et pas d’intérêt. Elle se mesure à la constance dans les alliances et dans les intérêts de la France dans chaque région. En
d’autres termes, la position extérieure de la France est pragmatique, régionalisée et relativement constante.
Xavier Panon : Ce sont des problèmes de natures différentes. Dans le cas de la Russie, vu le problème de stabilité de l’Europe, il était
très compliqué pour François Hollande d’aller assister à un défilé militaire. En revanche, cela ne l’empêche pas d’avoir de longues
discussions avec Vladimir Poutine, comme Angela Merkel d’ailleurs, depuis des mois. Pour l’Arabie Saoudite et le Qatar, la
diplomatie économique prime. L’intérêt commercial de la France passe avant tout. Cela n’a pas empêché le Président de pointer du
doigt des pratiques telles que le financement indirect, par des fondations privées, de Daesh par le Qatar. Ces pays ne sont pas des
références en matière de Droits de l’Homme donc François Hollande est obligé d’assumer cette "realpolitik".
Il y a différents niveaux de lecture et différentes pratiques selon les pays. En ce qui concerne Cuba, par exemple, le Président n’a
jamais caché son aversion pour la dictature de Fidel Castro, qu’il avait dénoncée dans une tribune en 2003. L’ouverture commence :
Barack Obama a ouvert le bal et Laurent Fabius y était déjà allé l’an dernier. François Hollande a fait un geste historique mais de
manière peu ostentatoire. Il n’a pas fait de discours enflammé car il sait que la réalité de la démocratie cubaine n’est pas encore
parfaite.
En ce qui concerne la Syrie, Nicolas Sarkozy avait renoué avec Bachar el-Assad avant de rompre et de fermer l’ambassade à Damas.
François Hollande est arrivé là-dessus, face au leader syrien qui a depuis refusé la formule de transition de Genève 1, notamment.
Si les relations avec le Qatar et l'Arabie saoudite peuvent se justifier de par l'intérêt économique que représentent ces
puissances, pourquoi s'être rendu à La Havane dont l'intérêt commercial pour la France peut être questionné ? Pourquoi être
allé à Cuba s’il n’y a aucun contrat en jeu ?
Cyrille Bret : Vous avez raison de souligner les poids respectifs des Etats de la péninsule arabique pour l’économie française.
Clientes fortement solvables des industries de sécurité et de défense françaises face aux menaces notamment iraniennes, ces
économies sont des sources d’activité et d’emploi pour notre BITD (base industrielle et technologique de défense) depuis plusieurs
décennies.
L’intérêt de Cuba est bien moindre pour l’économie française : la France est dans les limbes des classements des partenaires
commerciaux pour Cuba, elle a peu de chances de trouver des débouchés sur l’île en raison de la puissance américaine toute proche.
Toutefois, Cuba a un intérêt stratégique diffus : la France est présente dans l’arc caraïbe à travers la Martinique et l’archipel de
Guadeloupe ; elle contribue à la stabilité de cette région notamment en termes de trafics de drogue, d’êtres humains, etc. ; Cuba peut
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constituer, sur certains dossiers, un allié occasionnel et non aligné sur les Etats-Unis dans les relations internationales… Bref, l’intérêt
commercial de Cuba est secondaire. Son intérêt politique est évident.
Xavier Panon : C’est la France latino-américaine que revendique là François Hollande. On retrouve le caractère de puissance
moyenne à influence mondiale qu’a toujours revendiqué la France. Le Président était depuis plusieurs mois dans la posture du chef de
guerre anti-djihad, il veut maintenant jouer un rôle géopolitique.
Dans ce cas, n'y aurait-il pas aussi un intérêt économique à améliorer nos relations avec la Russie ?
Cyrille Bret : C’est l’évidence : la France et la Fédération de Russie auraient tout intérêt, l’une et l’autre, à trouver les moyens
d’apaiser leurs tensions, de résoudre leurs différents et de faire jouer leurs complémentarités, technologiques, économiques,
culturelles, financières, etc. De ce point de vue, la position actuelle de la France – plus dure que d’ordinaire – vis-à-vis de la Russie
est en inflexion avec la posture pro-russe de la veine gaullienne.
Avec la Russie, la France fait passer ses intérêts stratégiques – stopper le supposé come back de l’empire russes – devant ses intérêts
économiques. L’annulation de la livraison des BPC (bâtiments de projection et de commandement) de classe Mistral à la Fédération
de Russie en atteste.
Xavier Panon : La France a un intérêt économique important en Russie mais elle ne peut pas passer outre les sanctions européennes.
Il y a de plus en plus l’idée que la France doit avoir son intérêt propre et donc prendre en compte l’importance de la Russie.
Cependant, Poutine a dernièrement remis en cause la stabilité de l’Europe. Nicolas Sarkozy avait pour idée au début de son
quinquennat que l’on arriverait, par l’évolution économique des pays ex-satellites notamment, à juguler la Russie, voire à la
"dépouiller" de ses possessions, comme cela a été dit parfois. Mais Poutine a redonné à la Russie son statut de grande puissance et il
va bien falloir trouver un arrangement avec lui. Les intérêts économiques de la Russie, même s’ils sont actuellement un peu gelés,
sont importants. Quand le chef d’Etat Russie aura engrangé certains buts de guerre, comme la Crimée, un nouveau dialogue pourra
s’instaurer. C’est pour l’instant très difficile.
Jusqu’à quel point la France organise-t-elle ses relations internationales selon les Droits de l’Homme et selon les intérêts économiques ? Quelle est la part
de chaque ? Y-a-t-il d'autres indicateurs qui entrent en ligne de compte ? Comment les choix de la diplomatie française sont-ils tranchés ?
Cyrille Bret : La diplomatique française porte traditionnellement haut et fort les messages concernant les droits de l’homme et le
droit humanitaire. Toutefois, elle veille constamment à ce que ces messages ne brouillent pas les intérêts des exportateurs, des
industriels et des commerciaux français. L’équilibre est difficile à trouver mais il est constamment recherché. D’une certaine façon,
cette position est doublement insatisfaisante : d’une part, il s’agit d’une compromission inacceptable avec les grands principes
français pour les droits-de-l’hommiste ; d’autre part, il s’agit d’un handicap insurmontable pour les pragmatiques épris des intérêts
nationaux.
Mais c’est la situation paradoxale de la France depuis plusieurs siècle : elle est messianique dans sa rhétorique et ses valeurs et
pragmatique dans la défense de ses intérêts. Cela fait partie de sa singularité.
Bien d’autres facteurs influent sur les modalités de cet équilibre : le passé colonial de la France, les alliances nouées pendant la guerre
froide, la solidarité avec l’Allemagne et, plus largement le souci de cohérence avec les partenaires européens. La position
internationale de la France – les positions internationales de la France sur chaque dossier – est non pas le fruit d’une doctrine
chimiquement pure mais la résultante de multiples objectifs.
N’oublions pas non plus les contraintes qui pèsent sur un appareil diplomatique, une structure d’exportation et un outil militaire sur le
recul. C’est un indicateur très fort : la France a les positions internationales qu’elle peut tenir, compte-tenu de l’atonie de son
économie. En faisant tourner ses capacités militaires à plein régime sur plusieurs théâtres d’opération (Mali, Moyen-Orient, etc.) elle
peut provisoirement faire illusion mais elle se heurte à des limites structurelles.
Xavier Panon : Il y a de grands invariants dans la diplomatie française : la paix, la stabilité, la gouvernance mondiale, la Justice et les
Droits de l’Homme, qui ne sont pas l’alpha et l’oméga d’une politique étrangère. Les héritiers du gaullo-miterrandisme militent pour
la défense des intérêts du pays avant les grands discours sur le respect des Droits de l’Homme. Défendre des valeurs telles que la
liberté, l’égalité, la fraternité et, surtout depuis janvier, la laïcité, c’est bien, mais les proclamer à tort et à travers et prétendre les
propager dans le monde n’est pas forcément efficace, d’autant que la France n’est elle-même pas toujours irréprochable. Et tout le
monde ne partage pas forcément les mêmes valeurs. Comme le disait récemment le ministre des Affaires étrangères marocain,
Salaheddine Mezouar, "la France n’est pas la conscience du monde", malgré sa prétention à l’universalité.
Il n’y a pas de code de conduite prédéterminé qui subordonnerait tous les choix diplomatiques au respect des Droits de l’Homme,
sinon nous ne ferions plus affaire avec personne. La diplomatie n’oublie pas forcément les Droits de l’Homme au profit du tiroircaisse mais elle les affiche davantage à certains moments qu’à d’autres. C’est une sorte d’opportunisme.
Y-a-t-il une rupture entre Nicolas Sarkozy et François Hollande dans la façon de gérer les affaires diplomatiques ?
Cyrille Bret : Les présidences françaises sont traditionnellement soucieuses de la continuité des engagements de la France et de la
cohérence régionale des positions de notre pays. Ainsi, le choix de la dissuasion nucléaire, le non alignement sur les Etats-Unis, le
messianisme des droits de l’homme, l’investissement dans les structures de sécurité collectives, le maintien d’une tradition militaire
forte et spécifique, la souveraineté technologique et industrielle, l’universalité du positionnement, la lutte contre toutes les formes de
terrorisme, etc. tous ces points font l’objet d’un consensus si ce n’est national du moins présidentiel. La grandeur de la France tient à
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la fidélité de ses présidents successifs. Il est en conséquence inexact de diagnostiquer une rupture entre les deux présidences. La
continuité entre les deux livres blancs de la défense et de la sécurité est évidente.
On observe néanmoins des inflexions de style et des modulations de priorités. Le style sarkozyste était volontiers provocateur en
apparence : les liens affichés avec le président russe, la complicité soulignée avec le président du conseil italien, l’américanophilie
revendiquée du début du quinquennat sont propres à la présidence Sarkozy et ont disparu de la présidence Hollande. Dans ses
priorités, le président de la République actuel a fait entendre une voix légèrement différente : la France a pour priorité de veiller à ce
que la voix de la France soit associée à celle de ses partenaires européens. Mais il s’agit là de deux façons d’interpréter la même
partition.
Xavier Panon : Il y a une continuité sur les fondamentaux : la paix, la sécurité, la gouvernance mondiale, la Justice, le dialogue et le
respect de l’environnement.
Les différences se situent notamment sur la manière de gérer la diplomatie. Nicolas Sarkozy, au nom de l’efficacité, a marginalisé le
fonctionnement institutionnel au profit d’actions personnelles avec Claude Guéant. François Hollande a remis en place une méthode
plus collective, un fonctionnement plus classique des institutions avec l’aide des diplomates et du Quai d’Orsay, qui a repris toute son
importance. Le Président s’est lancé dans une sorte de "calinothérapie" diplomatique avec beaucoup plus de calme et d’écoute des
autres, il a joué la prévisibilité et la transparence, notamment avec Angela Merkel. L’ex-Président revendiquait quant à lui un
atlantisme exacerbé, c’est-à-dire un rapprochement avec les Etats-Unis et une vraie amitié avec George Bush, la défense d’Israël et
des valeurs occidentales.
François Hollande n’a pas élaboré une théorie diplomatique nette. C’est la conjoncture qui a fait sa stature. Il a une sorte de
pragmatisme proche de la SFIO, en friction avec les Américains, avec l’usage de la force.
Tous deux ont malgré tout toujours cherché à marquer leur indépendance, même si cette revendication est de plus en plus forte chez
François Hollande. On retrouve là une tradition bien française qui vise à la fois à entretenir des alliances mais aussi à marquer
l’autonomie de la France.
Syrie: 48 morts dans des combats entre l'armée et l'EI dans la province de Homs
Le Parisien 13 Mai 2015,
Les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) ont pris au régime une grande partie d'une localité située sur une route stratégique
de la province de Homs, dans le centre de la Syrie, après des combats ayant fait 48 morts, rapporte mercredi une ONG.
Parallèlement, les forces gouvernementales et les combattants du Hezbollah libanais ont capturé le plus haut sommet du
Qalamoun, sur la chaîne montagneuse séparant le Liban de la Syrie, a affirmé une source syrienne sur le terrain.
Dans la province de Homs, l'EI s'est emparé de larges pans de la localité d'Al-Soukhna et de ses environs après des combats
déclenchés dans la nuit, selon l?Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Le gouverneur de Homs, Talal Barazi, a confirmé à l'AFP que les jihadistes étaient entrés "dans certains quartiers de la ville", et que
l'offensive de l'EI se poursuivait.
Située à 320 km au nord-est de Damas, cette ville se trouve sur l'autoroute reliant Deir Ezzor, place forte de l'EI, à Palmyre, l'un des
joyaux archéologiques du pays. Al-Soukhna est aux mains du régime depuis octobre 2013, tout comme Palmyre.
"L'EI a réussi à avancer à Al-Soukhna, et à s'emparer de larges parties (de la ville) ainsi que des régions environnantes", note l'OSDH.
L'Observatoire a fait état d'au moins 28 morts parmi soldats et supplétifs et 20 dans les rangs des jihadistes de l'EI, outre 100 blessés
des deux côtés, dans les combats.
"Al-Soukhna est une zone d'infiltration pour les éléments de Daech (acronyme arabe de l'EI) qui viennent d'Irak et de Deir Ezzor", a
souligné le gouverneur de Homs. "Daech vise certains points militaires pour détourner l'armée des autres lieux (de combats). Notre
armée utilise l'artillerie et l'aviation (pour les combattre). Les (jihadistes) de Daech ont mené leur assaut ici car ils subissent des pertes
à Idleb et dans le Qalamoun".
- Plus haute montagne du Qalamoun Une source de la sécurité syrienne a précisé que l'offensive avait également visé la périphérie nord et nord-est de Palmyre.
La capitale provinciale de Homs est sous le contrôle quasi total du régime, mais les insurgés et l'EI sont fortement présents dans les
régions rurales et désertiques.
La province de Homs, la plus vaste de Syrie, est particulièrement importante car située dans le centre du pays, reliant Damas au nord
du pays. Elle abrite aussi le champ gazier de Chaar, aux mains du gouvernement.
A Qalamoun, "les forces syriennes et combattants de la Résistance (Hezbollah) ont pris le contrôle total de la hauteur stratégique de
Tallet Moussa", selon une source syrienne sur place.
La télévision officielle syrienne a déclaré que "les forces armées en coopération avec la résistance libanaise (Hezbollah) pourchassent
ce qui reste des forces terroristes dans le secteur de Tallet Moussa", la plus haute montagne de la région qui domine tout la frontière
avec le Liban.
Selon l'OSDH, "la prise de cette hauteur est un vrai progrès pour le régime et le Hezbollah". Depuis le début des combats dans ce
secteur, le 4 mai, 18 militants du Hezbollah et 31 soldats et miliciens pro-régime des Forces de défense nationale (FDN) et 36 rebelles
islamistes et du Front al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda, ont été tués.
En avril 2014, le régime et le Hezbollah avaient pris le contrôle de la majeure partie du Qalamoun mais des centaines de rebelles
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s'étaient réfugiés sur les hauteurs, où se trouvent de nombreuses grottes.
Les jihadistes avaient lancé des attaques au Liban à partir de leurs positions et le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a affirmé la
semaine dernière que les rebelles postés dans le Qalamoun représentaient une menace inacceptable pour la sécurité du Liban. "Ce
problème nécessite une solution radicale", a-t-il prévenu.
Dans la région d'Idleb (nord-ouest), les combats se poursuivaient dans la région de Jisr al-Choughour où l'armée essaie de faire la
jonction avec des soldats bloqués dans l'hôpital de la ville, selon une source syrienne de sécurité.
Succès de l'armée et du Hezbollah dans l'Ouest syrien
Reuters Publié le 13-05-2015 (Tom Perry, Mariam Karouny et Laila Bassam; Nicolas Delame et Guy Kerivel pour le service
français)
L'armée syrienne et des combattants du Hezbollah ont pris mercredi le contrôle de la colline stratégique de Talat Moussa, à la
frontière entre la Syrie et le Liban, ont annoncé les médias officiels syriens et le mouvement chiite libanais.
Dans le centre du pays, au moins 30 soldats gouvernementaux et 20 combattants de l'Etat islamique (EI) ont péri dans une attaque
menée durant la nuit par le groupe djihadiste, rapporte l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Les combats étaient
concentrés dans la province de Homs, autour de la ville d'Al Soukhna, à 300 kilomètres au nord-est de Damas.
Dans l'Ouest, la prise de Talat Moussa est un succès notable pour les forces syriennes et leurs alliés libanais qui cherchent à chasser
les rebelles, parmi lesquels les islamistes du Front al Nosra, la branche syrienne d'Al Qaïda, du secteur stratégique des monts
Qalamoun.
"L'armée syrienne et les combattants de la résistance contrôlent totalement la colline", a affirmé le Hezbollah.
La télévision publique syrienne, chose inhabituelle, a signalé le rôle de la "résistance libanaise" dans la prise de la colline.
Selon l'OSDH, les violents bombardements de l'artillerie du Hezbollah dans le secteur ont forcé de nombreux groupes d'insurgés à
abandonner le terrain.
La chaîne montagneuse du Qalamoun qui s'étend sur une centaine de kilomètres le long de la frontière occidentale de la Syrie est
depuis des mois le théâtre de violents affrontements.
Les forces syriennes, épaulées par la milice chiite, avaient déjà repris un territoire d'importance stratégique, Assal al Ward, ainsi que
la région de Qarna, d'où des groupes insurgés lançaient des attaques contre le Hezbollah.
Ces succès tombent à pic après les revers subis récemment par les gouvernementaux, notamment dans le nord-ouest du pays.
Depuis mars, les forces loyalistes ont perdu de vastes territoires dans la province d'Idlib, près de la frontière turque.
Le point de passage de Nassib, à la frontière jordanienne, est également tombé aux mains des rebelles.
Syrie : Ali Mamlouk apparaît près d'Assad, suite à des informations sur son
arrestation
AFP 13/05/2015
Le chef des services de sécurité en Syrie Ali Mamlouk, dont un journal britannique avait fait état de sa mise en résidence surveillée,
est apparu lors d'une réunion entre le président Bachar al-Assad et un responsable iranien, selon une photo diffusée par la présidence.
Le général Mamlouk, directeur du bureau de la sécurité nationale depuis juillet 2012, apparaît juste à côté du chef de l'État lors d'une
réunion avec le chef la commission du Parlement iranien pour la politique étrangère et de la sécurité nationale Alaedine Boroujerdi,
selon une photo diffusée par l'agence officielle Sana et la présidence.
Le fait que l'agence signale spécifiquement sa présence est exceptionnel et vient contredire l'information lundi du quotidien The
Telegraph affirmant qu'il avait été écarté. Le journal britannique avait rapporté lundi qu'Ali Mamlouk avait été mis en résidence
surveillée après avoir pris contacts avec des pays soutenant l'opposition ainsi qu'avec des anciens responsables du régime ayant fait
défection.
La présence d'Ali Mamlouk à cette réunion est également symbolique puisque The Telegraph avait affirmé qu'il était mécontent de la
présence grandissante de l'Iran en Syrie. Téhéran, un allié clé du régime syrien, a envoyé des conseillers pour aider l'armée syrienne
depuis le début de la révolte en mars 2011.
Syrie: l'antique Palmyre menacée par l'EI
Par lefigaro.fr avec AFP Publié le 14/05/2015
Les jihadistes du groupe État Islamique (EI), qui se vantent d'avoir détruit des sites antiques en Irak, menaçaient désormais Palmyre,
un joyau antique dans le désert syrien inscrit au Patrimoine mondial de l'Humanité de l'Unesco, selon une ONG.
"Palmyre est menacé", a affirmé Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). "La
bataille se déroule à 2 km à l'est de la ville après que l'EI se soit emparé de tous les postes de l'armée entre al-Soukhna et Palmyre", at-il précisé.
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Cette ville abrite les ruines monumentales d'une grande cité qui fut l'un des plus importants foyers culturels du monde antique et sa
valeur est inestimable. Son architecture unit, selon l'Unesco, les techniques gréco-romaines aux traditions locales et aux influences de
la Perse. Talal Barazi, le gouverneur de la province de Homs, dont fait partie Palmyre, a indiqué qu'après la chute d'al-Soukhna, 1.800
familles avaient fuit vers Palmyre où trois centres d'accueil.
Depuis la nuit de mardi à mercredi, les combats dans cette zone ont fait 110 tués, dont 70 membres des forces du régime, parmi
lesquels six officiers, et 40 jihadistes, dont deux chefs. L'un de ces derniers avait mené l'offensive, selon l'OSDH. Une vidéo diffusée
il y a un mois sur les réseaux sociaux a montré les jihadistes de l'EI détruire à coups de bulldozers, de pioches et d'explosifs le site
archéologique irakien de Nimroud, joyau de l'empire assyrien fondée au XIIIe siècle.
L'archevêque d'Alep craint que sa ville se vide des chrétiens comme Mossoul
AFP 13/05/2015
L'archevêque chaldéen d'Alep, Mgr Antoine Audo, a émis la crainte mercredi que sa ville qui comptait 150.000 chrétiens au début du
conflit syrien, "soit vidée d'ici quelques mois" des chrétiens "comme Mossoul".
"Je crains très fortement, en tant qu'évêque, qu'Alep ne soit vidé d'ici quelques mois des chrétiens", a dit à l'AFP Mgr Audo, président
de Caritas Syrie, qui assistait à Rome à l'assemblée générale de Caris internationalis. "Ils étaient 150.000, peut-être les deux-tiers sont
partis. Il n'y a plus de désir de rester, d'espérer et de résister", a-t-il déploré.
Évoquant des bombardements de groupes rebelles ayant touché des quartiers chrétiens, Mgr Audo a affirmé que "ce sont des
messages très clairs pour faire partir les chrétiens d'Alep, comme c'est arrivé surtout à Mossoul", lors de l'offensive du groupe Etat
islamique (EI), en Irak l'été dernier. "Les groupes armés deviennent de plus en plus forts" et "j'ai l'impression depuis plusieurs
semaines qu'on va toujours plus vers un refus d'une solution politique", a déploré le prélat. "Je crois, a-t-il accusé, que, sur place, c'est
la Turquie qui rassemble tous ces groupes armés, c'est l'Arabie Saoudite et le Qatar qui les financent pour des buts bien particuliers,
c'est à dire pour la puissance sunnite dans la région".
"La disparition de la présence chrétienne intéresse davantage l'Arabie Saoudite et la Turquie que la présence de chrétiens actifs et
ayant une vision un peu séculière d'un Etat moderne", a-t-il observé. "Les chrétiens d'Alep se tournent spontanément vers le pape et le
Vatican. Le pape a pu faire une oeuvre de réconciliation à Cuba. Pourquoi pas une solution pour la Syrie?", a remarqué Mgr Ando.
La grande ville syrienne, jadis prospère et porteuse d'une brillante histoire, vit un long martyre, assiégée et bombardée par les groupes
rebelles et l'armée syrienne. La communauté catholique Sant'Egidio a lancé une campagne d'opinion pour "sauver Alep", suggérant
des corridors humanitaires et un statut de "ville ouverte" sous contrôle d'une force d'interposition de l'ONU.
Mgr Audo a exprimé son découragement personnel: "au début (du conflit), je faisais le pari sur la réconciliation, le salut, une solution
de paix. Maintenant, je ne suis plus dans l'espérance, j'essaie de me maintenir dans ma foi chrétienne, qui est très secouée et très
perturbée".
Mort de Ben Laden : Seymour Hersh cible l'administration Obama et se
retrouve au cœur de la controverse
Actualités Juives Par Steve Nadjar Le 13/05/2015
Seymour Hersh (Wikipedia)
Le journaliste publie une enquête sur l’élimination d’Oussama Ben Laden dans laquelle il accuse la Maison-Blanche de
manipulations. Des critiques s'élèvent déjà contre certaines incohérences de la démonstration.
A la première impression, on jurerait que l’on tient entre les mains le script d’un épisode de la série « 24h Chrono » ou d’« Homeland
». Sobrement intitulé « The Killing of Osama bin Laden », l’article est paru le week-end dernier sur le site de la London Review of
Books, provoquant assez vite la saturation de son serveur. Dans une longue enquête – 10 000 mots, l’équivalent d’une vingtaine de
pages – Seymour Hersh passe à la moulinette la thèse délivrée par l’administration Obama au sujet de l’assassinat du leader d’Al
Qaïda, le 2 mai 2011, à Abbottabad, au nord du Pakistan. L’opération « Trident de Neptune » aurait été menée par les seuls SEAL
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américains, sans en avertir le Pakistan ? « C’est faux » rétorque le Prix Pulitzer 1970, « tout comme beaucoup d’autres éléments de la
version de l’administration Obama ».
La CIA aurait collaboré avec le Pakistan
Selon M. Hersh, la CIA n’aurait pas découvert la cache du terroriste grâce aux informations obtenues, sous la torture, des prisonniers
de Guantanamo, mais par l’intermédiaire d’une source des renseignements pakistanais grassement rémunérée (25 millions de dollars),
en août 2010. L’information est transmise à M. Obama trois mois plus tard mais le président n’y croit pas et exige des preuves
tangibles. C’est dans cette optique que la CIA aurait finalement convenu de collaborer avec le Pakistan – qui aurait secrètement
capturé Ben Laden en 2006 sans en informer Washington – pour élaborer une sorte de joint-(a)venture : en échange de versements
massifs de dollars aux responsables de l’armée et de l’ISI, la branche la plus puissante des renseignements pakistanais, les Américains
bénéficieraient de l’appui pakistanais pour mener à bien leur mission. Le soir du raid, Ashfaq Parvez Kayani et Ahmed Shuya Pasha,
respectivement chef d’état-major interarmées et patron de l’ISI, auraient ainsi fait le nécessaire pour que les deux hélicoptères
américains ne soient pas détectés par les radars pakistanais. Face à Ben Laden, grabataire selon Hersh, les SEAL auraient ouvert le feu
sans ménagement, criblant de balles le corps du terroriste, avant de le découper en morceaux et de le jeter en mer.
Vision complotiste
Au regard de la portée de l’affaire – la plus importante opération antiterroriste de l’histoire contemporaine - et du prestige de la plume,
les réactions n’ont pas tardé. Et elles ne ménagent pas Seymour Hersh. A l’instar de Bobby Ghosh dans Quartz et de Max Fisher dans
Vox, elles relèvent les incohérences du journaliste dont les dernières enquêtes – sur l’Iran et les attaques chimiques en Syrie – ont
prêté le flan aux critiques pour leur inexactitude et la vision complotiste qu’elles sous-tendaient. Comment imaginer les Américains
faire confiance aux Pakistanais qui auraient en effet très bien pu saboter l’opération en déplaçant Ben Laden à la dernière minute ?
Quel intérêt pour Karachi de participer à une mission qui exposerait sa duplicité et entérinerait la violation de sa souveraineté par les
hélicoptères de la CIA ? Pourquoi les Saoudiens auraient-ils financé l’exil doré de Ben Laden, comme l’écrit Hersh, alors que celui-ci
avait pour idée-fixe de chasser du pouvoir les Saoud alliés au « Grand Satan » ?
Autre point faible de la démonstration, et non des moindres : la minceur de ses sources. Hersh n’en présente que deux, un « officiel du
renseignement » américain à la retraite, dont l’identité demeure anonyme et dont la connaissance avec le dossier est indirecte, et
Assad Durrani, l’ancien patron de l’ISI... au début des années 1990. Autant dire pas grand-chose, aucun document officiel n’étant
produit en outre par Hersh pour étayer sa thèse.
Un expert des questions de sécurité, le journaliste de CNN Peter Bergen, auteur d’un livre pointu sur le sujet en 2012 (“Chasse à
l’homme”, Robert Laffont), a contacté ce même Durrani pour en avoir le cœur net. Le Pakistan savait-il pour Abbottabad ? « Je n’en
ai de preuve d’aucune sorte » lui a répondu Durrani mais c’est une estimation « qui pourrait être plausible ». Conclusion de Bergen : «
Des tas de choses sont, bien évidemment plausibles, mais tant dans le journalisme que dans l’écriture de l’histoire, on doit chercher
des preuves, pas de la plausibilité ».
Quand le ministre des affaires étrangères qatari défend Al-Qaïda
Mondafrique - Par Jacques Marie Bourget - Publié le 13 Mai, 2015
Dans un entretien au Monde, le ministre des affaires qatari, Khaled Al-Attiyah défend à demi mot le Front al-Nosra, branche officielle
d'al-Qaïda qui combat le régime syrien de Bachar Al-Assad.
Il y a dix jours, quand le marchand d’armes Hollande paradait au Qatar, serrant la main des tyrans locaux, toute la France qui compte,
celle des élus d’importance, celle des patrons huppés, applaudissait. Il fallait être bien aigri ou un pacifiste attardé pour ne pas aider
les esclaves locaux à étirer le tapis rouge sous les escarpins de notre président. Bien sûr formulées par des atrabilaires mal dans leur
peau, des critiques avançaient -outre les Droits de l’Homme bafoués- que ce micro pays est complice du terrorisme. Outrage ! Les
porte-cotons de l’émir, du genre Alexis Bachelay un député PS ami numéro un du dictateur-roi, montaient aux échauguettes. Pour
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certifier cette réalité, celle d’un Qatar terroriste, les odieux critiques adeptes du « Qatar bashing », avaient beau s’appuyer sur un
rapport de Trésor Américain ou sur le travail du CRS, un groupe d’enquête du Congrès US : ils ne faisaient pas le poids.
Les gentils d'Al Nosra
Manque de chance pour ce vaste club sans frontière, droite-gauche, celui des amis de Doha, Khaled Al-Attiyah, le ministre des
Affaires étrangères de la petite dictature, vient de cracher le morceau. La scène se passe à Paris. Où Christophe Ayad, candidat déclaré
à la direction du quotidien de référence, interroge le susnommé Al-Attiyah, membre d’une des deux tribus qui « gouvernent » le pays
depuis plus de cinquante ans. Avec le calme qui sied aux pasteurs du désert, l’excellent Khaled explique au sourcilleux Ayad :
« Nous sommes contre tout extrémisme. Mais, à part Daech, tous ces groupes combattent pour la chute du régime (syrien). Les
modérés ne peuvent pas dire au Front Al-Nosra : « Restez à la maison, on ne travaille pas avec vous. » Il faut regarder la situation et
être réaliste ». Pour ceux qui auraient manqué un épisode, le Front Al-Nosra est une métastase d’Al-Qaïda née, sous la lampe
couveuse de la guerre en Syrie, des efforts conjugués de l’Arabie Saoudite, de la Turquie et du Qatar. On aurait pu imaginer que notre
confrère Ayad sursaute, et même saute à la gorge du ministre. Lui fasse une clé à la langue afin de lui faire avouer comment son pays
s’est allié aux disciples de Ben Laden. Et de quelle façon cet amour fou allait se prolonger ? Rien du tout. « Le Monde » adhère aux
desseins du peloton conduit par l’Arabie Saoudite et Doha afin de fracasser l’Iran. Dans le quotidien les articles élogieux de
Benjamin Barthe, sur les vaillants et démocrates frères ou cousins royaux de Riyad, avaient annoncé la couleur. Elle est noire comme
le drapeau du djihad.
Cette posture est aussi celle de Laurent Fabius, grand ami du Qatar qui, lors d’un passage au Maroc a benoîtement déclaré que : « La
décision des États-Unis de placer le Front Al-Nosra, sur leur liste des organisations terroristes, a été vivement critiquée par des
soutiens de l’opposition syrienne. Tous les Arabes étaient vent debout contre la position américaine, parce que, sur le terrain, ils font
un bon boulot ». C’était très net, et le président de la Coalition était sur cette ligne. »
Le maestro du Quai ne donne-t-il pas le « la » ?
L'El Dorado iranien
Comme Pascal Boniface, grand ami du Qatar et géo-politologue aussi inlassable qu’un moulin à prière, pourrait l’écrire : à partir de
l’automne nous assistons à une redistribution des cartes ! Pour faire court, depuis que les Américains ont compris que l’avenir de leur
business était dans la signature de la paix avec l’Iran, ils ont retiré le pied des bourbiers qu’ils ont eux-mêmes créés en Irak et en
Syrie. A Téhéran les femmes conduisent des voitures, étudient et facilitent la production d’un très bon cinéma. Une réalité plus facile
à défendre en public que le fouet de Riyad appliqué à ses blogueurs, sans compter les coups de sabre. L’Iran et son arrière-pays
d’Asie centrale, sont des marchés prometteurs dont il serait sot de se priver. Déjà des Chrysler neuves roulent sur les routes de la
République Islamique alors que toutes les Renault et Peugeot du pays, jadis pionnières, sont des autos vintage, fonctionnant à coup de
rustines. L’embargo levé, l’Iran va pomper à plus soif dans sa nappe de gaz, celle qui est commune avec le Qatar. Et la nouvelle
défrise l’émir de Doha et ses cousins.
Israël, allié improbable de Doha et Riyad
Bien sûr Israël face à cette paix Perse, en dépit de ses tonnes de bombe H, continue d’avoir besoin d’un ennemi officiel. Pour
justifier l’accroissement continu d’un arsenal de « défense », pourtant essentiellement utilisé pour bombarder les palestiniens. Et nous
vivons un clash feutré entre Obama et Netanyahou. Ce dernier, par une politique aussi habile que secrète, a réussi à réunir sur sa ligne
anti Téhéran, un pays aussi improbable que l’Arabie Saoudite. Il y a quelques jours, pour la première fois de l’histoire, un avion de
ligne Saoudien s’est posé à Tel Aviv. Sur cet accord non écrit entre Riyad et Netanyahou, le prince Al-Walid, fleuron de la famille
royale saoudienne, met de la lumière en déclarant à la chaine américaine Bloomberg : «L’Arabie saoudite, les Arabes et les
musulmans sunnites n’affirment pas ce soutien à Israël publiquement mais ils l’expriment lors de rencontres secrètes». Les Arabes
estiment que le danger auquel ils sont confrontés vient de l’Iran et non pas d’Israël».
Voilà donc un étonnant duo qui semble fonctionner, et même un trio puisque le Qatar et Israël sont, les meilleurs amis du monde
depuis 1995. Cette année-là Clinton a donné son feu vert au coup d’état d’Hamad Al-Thani contre son père. En échange il devait
s’engager à soutenir Israël et Doha a derechef ouvert une ambassade.
Aligné sur les positions de Netanyahou, Fabius a convaincu Hollande que le parti qu’il fallait prendre était celui de la « Coalition »,
celle qui bombarde actuellement le Yémen et rêve, à court terme, d’installer des amis à Damas et en Irak. Ceux-là sont les gentils
démocrates du Front Al-Nostra. Déjà, traversant le plateau du Golan, des combattants de ce Front, blessés, viennent se faire soigner en
Israël qui par son armement et ses conseils appui également ces vaillants guerriers qui ont toujours un portrait de Ben Laden gravé au
fond du cœur. Pour marquer son soutien à ces monarchies, les plus réactionnaires au monde, la France a déjà expédié des hommes de
ses Forces spéciales chargées d’appuyer leurs nouveaux amis saoudiens dans leur campagne au Yémen. Pour être cohérent, et battre
froid une Russie considérée comme trop amicale avec l’Iran, le Président de la République française s’est abstenu d’assister à la
commémoration, organisée par Moscou, afin de fêter l’anniversaire de la défaite nazie. Les vingt-huit millions de morts soviétiques,
civils et militaires, auront ainsi reçu un crachat sur leurs tombes. Au nom de Riyad et Doha, les deux nouvelles capitales de la liberté.
Jacques Marie Bourget, Grand reporter et écrivain: Il commence sa carrière chez Gallimard à la NRF puis enchaine l’ORTF,
L’Aurore, Le Canard Enchainé, L’Express, VSD, le Sunday Times, Paris-Match et Bakchich.
En 1986 a obtenu le Prix Scoop pour avoir révélé l’affaire Greenpeace.
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Syrie: Les djihadistes de Daesh exécutent 26 civils près de Palmyre
20 Minutes avec AFP Publié le 14.05.2015
Les djihadistes de Daesh, qui se vantent d'avoir détruit des sites antiques en Irak, menaçaient jeudi Palmyre, un joyau antique dans le
désert syrien inscrit au Patrimoine mondial de l'Humanité de l'Unesco. Les membres du groupe ont exécuté jeudi 26 civils, dont 10
par décapitation, dans des villages à la lisière de l'antique Palmyre, dans l'est de la Syrie, a indiqué une ONG.
«Les djihadistes de l'EI ont exécuté 26 civils, dont 10 par décapitation, pour collaboration avec le régime» dans des villages où
l'armée s'était retirée, tout près de Palmyre, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
«Palmyre est menacé»
«Palmyre est menacé», a affirmé Rami Abdel Rahmane, le directeur de cette ONG. «La bataille se déroule à 2 km à l'est de la ville
après que l'EI se soit emparé de tous les postes de l'armée entre al-Soukhna et Palmyre».
La valeur historique de cette oasis située à environ 240 km au nord-est de Damas est inestimable car elle abrite les ruines
monumentales d'une grande cité qui fut l'un des plus importants foyers culturels du monde antique. Son architecture unit les
techniques gréco-romaines aux traditions locales et aux influences de la Perse, selon l'Unesco.
Alarmé, le directeur des Antiquités et des musées syriens (DGAM), Maamoun Abdulkarim, a lancé un appel à l'aide à la communauté
internationale.
Les rebelles ont contrôlé la ville de février à septembre 2013
«Il faut qu'elle se mobilise avant et non après les destructions comme ce fut le cas jusqu'à présent. Si l'EI entre à Palmyre, ce sera sa
destruction, une catastrophe internationale car vous pouvez cacher des objets mais comment voulez vous protéger l'architecture
antique?», a-t-il déclaré.
«Ce sera la répétition de la barbarie et de la sauvagerie qui s'est produite à Nimroud, Hadra et Mossoul», a-t-il averti, faisant référence
à des sites antiques visés par les jihadistes ces derniers mois.
Les rebelles ont contrôlé la ville de février à septembre 2013 avant que Palmyre ne soit reprise par l'armée. Durant les combats le
temple de Baal avait subi quelques flétrissures en raisons des échanges d'artillerie.
Quand l'armée israélienne soigne les rebelles syriens blessés...
OLJ 14/05/2015
L'armée israélienne aurait traité 1600 combattants et civils syriens depuis le début de la guerre civile en 2011, selon la presse
israélienne.
L'armée israélienne a rendu public samedi dernier des images rares montrant ses soldats en train de porter secours à un rebelle syrien
en territoire israélien.
Sur une vidéo, on voit un combattant syrien blessé par balle et par des éclats d'obus pris en charge par des soldats de la brigade
d'infanterie Givati, en poste sur le plateau du Golan, à la frontière entre la Syrie et Israël.
Sur ces images, le lieutenant-colonel Itzik Malka, l'officier en charge de la division médicale de la brigade, explique que le blessé a
été transféré le long de la frontière syro-israélienne par des forces rebelles qui travaillent en collaboration avec l'armée israélienne.
Dans un état critique, il a été évacué vers un hôpital civil israélien dans la région. Le site du quotidien israélien Yediot Aharonot
explique que le blessé est depuis retourné en Syrie.
Selon la presse israélienne, l'armée israélienne aurait traité environ 1 600 combattants anti-Assad et civils syriens depuis le début de la
guerre en 2011.
Ces derniers mois, le Golan syrien a été le théâtre de combats opposant des groupes rebelles anti-régime de Bachar el-Assad et des
jihadistes liés à l'organisation Etat islamique (EI).
Israël occupe depuis 1967 quelque 1 200 km2 du plateau du Golan, qu'il a annexés, une décision que n'a jamais reconnue la
communauté internationale. Environ 510 km2 restent sous contrôle syrien. Bien qu'Israël et la Syrie soient officiellement en état de
guerre, la ligne de cessez-le-feu était considérée jusqu'à présent comme relativement calme depuis l'armistice de 1974. Les tensions se
sont toutefois accentuées avec le début de la guerre en Syrie en 2011.
La Syrie, à fronts renversés
Le Temps vendredi 15 mai 2015 Luis Lema
La rébellion syrienne multiplie les victoires. Pour la première fois, les groupes agissent de manière coordonnée sous la bannière du
Front Al-Nosra, affilié à Al-Qaida
Ils sont entre 150 et 200, piégés dans les sous-sols de l’hôpital national de Jisr al-Choughour, une ville tombée il y a deux semaines
aux mains des rebelles, dans le nord-ouest de la Syrie. Le président Bachar el-Assad en a fait une cause nationale. «L’armée viendra
délivrer ces vaillants et courageux soldats», assurait-il en début de semaine. Mais les jours passent, et malgré leurs dires, les troupes
syriennes n’ont pas réussi jusqu’ici à s’approcher de leurs camarades, assiégés par plusieurs milliers de combattants ennemis.
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Si l’issue finale de Jisr al-Choughour est un emblème, comme le proclame le président syrien, il pourrait ne pas être rose pour lui.
Surnommée «la bataille de la Victoire» par les rebelles syriens, cette opération pourrait bien être le signe d’un tournant dans la guerre
syrienne, après quatre années de conflit meurtrier.
Le 22 avril au matin, une voiture piégée explose devant une caserne, dans ce fief de l’armée loyale aux forces de Bachar el-Assad.
Une escarmouche de plus dans cet interminable conflit? Jisr al-Choughour est le verrou qui mène à la côte syrienne, le pays alaouite
dont est issue la famille Assad. La ville n’avait jamais été attaquée jusqu’ici. Mais, surtout, dans les rangs des rebelles se pressent une
bonne quarantaine de groupes distincts. Tous unis, des brigades de l’Armée syrienne libre (composée à l’origine de déserteurs de
l’armée, aux aspirations démocratiques) jusqu’au Front Al-Nosra (affilié à Al-Qaida), en passant par une ribambelle de groupements
plus ou moins fondamentalistes. L’Etat islamique, qui de son côté contrôle un bon tiers du pays, est quant à lui resté à l’écart de cette
bataille.
Ces troupes hétéroclites se sont donné un nom commun: l’Armée de la conquête, Jaish el-Fatah. Les combats sont acharnés, mais les
rebelles l’emportent. «La côte, tenue par le régime, est maintenant à portée de nos fusils», triomphe un commandant.
Cette soudaine unité de la rébellion, si elle se prolongeait, pourrait se révéler décisive. Or, hormis dans la brutalité montrée par
l’armée syrienne, il faut chercher ses origines à l’extérieur de la Syrie. «Aujourd’hui, pour résumer, la grande majorité des groupes
armés ont tous le même bailleur de fonds. Ils n’ont donc plus besoin de se battre entre eux pour se disputer des financements»,
constate abruptement Fabrice Balanche, l’un des meilleurs connaisseurs du conflit.
Le même bailleur de fonds? L’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie ont en effet décidé de taire leurs divisions. Jusqu’ici, chacun de
ces pays avait son – ou ses – favori, qu’il actionnait au gré de ses intérêts. Aujourd’hui, cette rivalité est terminée. C’est là que se
trouve l’explication de cette nouvelle unité sur le terrain. Dans la foulée, le tabou a été levé: bien qu’Al-Nosra ait été placé par les
Etats-Unis sur la liste des organisations terroristes (ce qui interdit à leurs alliés de l’aider), c’est bien cette émanation d’Al-Qaida en
Syrie qui constitue l’épine dorsale de la coalition de l’Armée de la conquête.
Cette mise en sourdine des rivalités entre les trois parrains de la rébellion correspond grosso modo, dans le temps, aux efforts
américains pour parvenir à un accord avec l’Iran à propos de ses ambitions nucléaires. Un signe de la réalité de cette nouvelle union:
le Qatar – dont le soutien aux Frères musulmans hérissait le pouvoir à Riyad – a décidé de dissoudre il y a quelques mois le Front du
Levant (Jabhat al-Shamiyya), l’un de ses principaux pions en Syrie. Ses membres ont depuis lors intégré sans sourciller la coalition
menée par Al-Nosra.
La force décuplée de la rébellion prend à revers une armée syrienne qui garde encore l’illusion de pouvoir contrôler la totalité du
territoire syrien. C’est ce que The Institute for the Study of War (ISW) nomme la stratégie d’une «armée dans tous les coins». En
clair: une présence maintenue grâce à des bastions fortifiés dans les endroits les plus reculés du pays, qui s’accompagne, ailleurs,
d’une politique de la terre brûlée: bombardements aériens, largages de barils d’explosifs, utilisation de gaz chimiques… Autant de
moyens de faire fuir la population civile et de radicaliser encore les groupes de la rébellion.
Alors que l’armée syrienne a de plus en plus de mal à recruter de nouveaux soldats (les hommes de 18 à 30 ans fuient maintenant en
masse le pays), cette stratégie se révèle inopérante du fait que le conflit syrien est loin de se dérouler en vase clos. Les frontières
restent largement ouvertes en Turquie ou en Irak. «Le flot de nouveaux combattants est constant, souligne Fabrice Balanche. Qu’il
s’agisse de mercenaires venus d’Asie centrale ou d’ailleurs, ou de jeunes réfugiés syriens qui après avoir passé des années en Turquie,
en Jordanie ou au Liban décident de prendre les armes et s’enrôlent dans les groupes islamistes.»
Une grande partie de la suite dépendra de l’ampleur du soutien que continuera d’accorder l’Iran au régime de Bachar al-Assad. Mais,
dans tous les cas, il est difficile d’imaginer à court terme la possibilité d’une vaste offensive de l’armée syrienne visant à reconquérir
tous les territoires perdus dans le nord du pays.
«Le régime pourrait fort bien être contraint de se résoudre à une partition de la Syrie, au moins temporaire», conclut Fabrice
Balanche. Et ce, encore plus sûrement si la nouvelle coalition de l’Armée de la conquête venait à se rapprocher encore de la côte et
menaçait la ville de Lattaquié. Ce sont alors les Alaouites qui exigeraient de Bachar el-Assad qu’il oublie le reste du pays et concentre
toutes les forces disponibles pour les défendre.
Syrie : l’armée progresse au nord de Damas, perd du terrain dans le centre
Euronews Par Sandrine Delorme | Avec APTN, REUTERS 14/05
Les forces d’Assad et du Hezbollah libanais luttent côte à côte avec succès contre les insurgés dans les montagnes de Qalamoun le
long de la frontière avec le Liban.
Depuis hier, les batailles s’intensifient. Les insurgés du Front al-Nosra et d’Etat islamique reculent devant l’avancée des troupes
syriennes qui contrôleraient 80 % de cette zone qui commence au nord de la banlieue de Damas.
D’autres groupes d’insurgés progressent en revanche dans le centre du pays.
Hier, les forces d’Etat islamique ont fini par s’emparer d’Al Soukhna, et de tous les postes de l’armée jusqu‘à Palmyre.
La bataille se déroule maintenant à environ deux kilomètres de la cité antique, classée au Patrimoine mondial de l’humanité
par l’Unesco.
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Après la chute d’Al Soukhna, 1 800 familles ont fui vers Palmyre où trois centres d’accueil ont été ouverts.
Dans cette zone, les combats auraient fait 110 morts dans la nuit de mardi à mercredi : 70 membres des forces du régime et 55
jihadistes.
La lassitude des chrétiens de Syrie après quatre ans de guerre
Radio Vatican 14/05/2015
(RV) Entretien – Front mouvant en Syrie : les djihadistes de l’Etat islamique se sont emparés de la localité d’Al-Soukhna, située sur
une route stratégique de la province de Homs, dans le centre du pays, et jusque-là tenue par l’armée gouvernementale. Ils menacent
maintenant la ville antique de Palmyre. Parallèlement, des combattants du Hezbollah libanais et des soldats du régime ont pris le
contrôle du plus haut sommet du Qalamoun, la chaîne montagneuse séparant le Liban de la Syrie.
Autre point sensible, la ville d’Alep, dans le nord-ouest du pays. La seconde ville syrienne est l’objet de combats permanents entre
rebelles, islamistes et fidèles du régime de Bachar al Assad. L’évêque chaldéen de la ville, Mgr Antoine Audo, actuellement présent
à l’assemblée générale de Caritas Internationalis à Rome, est de plus en plus pessimiste sur l’avenir de sa cité. Il ne cache plus son
amertume, surtout en ce qui concerne une issue politique au conflit.
Cela fait quatre ans qu’il alerte la communauté internationale et l’Église sur ce qui se passe dans son diocèse. « Le Pape a fait une
œuvre de réconciliation entre Cuba et les Etats-Unis, pourquoi pas avec la Syrie », déclare-t-il sans paraître vraiment convaincu, car
il a « l’impression que rien sur le terrain ne se fait ». « Les chrétiens d’Alep sont dans un état de découragement » confie-t-il. Il
éprouve la « crainte qu’Alep soit vidé de ses chrétiens », subissant le même sort que Mossoul, en Irak. Preuve d’une certaine lassitude
après quatre ans de guerre : « Je ne suis plus dans l’espérance », reconnait Mgr Audo.
Comment faire alors pour venir en aide à Alep ? « Ce n’est pas une question d’alléger mais de trouver une solution, et là, on est entre
deux orientations » explique Mgr Audo au micro de Xavier Sartre.
Témoignage. Conflit syrien : une «fabrique de réfugiés»
Ouest France - 14 Mai Thierry Brigaud, président de Médecins du Monde.
Thierry Brigaud, président de Médecins du Monde raconte l'horreur de la crise humanitaire en Syrie et l'urgence pour la
communauté internationale d'y répondre.
En 2013, j'avais pu rejoindre, avant Noël, le nord de la Syrie pour inaugurer un centre mère-enfant. Au milieu de l'effroi de la guerre
civile, il restait un espace tenu qui permettait aux humanitaires internationaux d'accompagner et de soutenir les efforts des Syriens qui
luttaient contre la guerre, des Syriens qui faisaient le pari de la solidarité.
Déjà, les témoignages entendus nous glaçaient le sang : torture, disparitions forcées, bombardements de populations civiles... En
2014, le professeur Henry Laurens, du Collège de France, introduisait dans nos débats la notion de « fabrique de réfugiés » à propos
du conflit syrien. Quatre ans après le début du conflit, les témoignages de nos équipes qui travaillent en Syrie confirment que cette
fabrique tourne toujours à plein régime.
L'horreur de cette crise humanitaire est indescriptible. Personne n'ose en prédire la fin. Pire, en s'exportant, le chaos syrien a rattrapé
l'échec irakien. Certains acteurs armés font de la violation des droits humains leur signature. La mise en scène et en images d'actes de
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barbarie sème l'effroi et la terreur. Les populations toujours plus nombreuses fuient sans perspective de retour. On parle aujourd'hui de
plus de quatre millions de réfugiés et les déplacés internes seraient deux fois plus nombreux, probablement 8 millions.
Dans ce contexte de guerre civile durable, Médecins du Monde déploie des moyens accrus pour répondre au mieux aux demandes des
populations. C'est la proximité, le co-agir, le partage des savoirs, qui nous guident pour être le plus pertinent possible dans nos
interventions. En Jordanie et au Liban, nous continuons des activités de soins de santé primaires et de prise en charge des problèmes
de santé mentale.
Nous développons aussi des activités en Turquie où plus de deux millions de réfugiés sont désormais présents. Dans la zone kurde
irakienne, avec le soutien d'anciens partenaires, nous prenons en charge des déplacés « Yezidis ». Les témoignages et les récits de leur
fuite sont bouleversants. En Irak et en Syrie, nos équipes soignantes sont elles-mêmes essentiellement composées de professionnels
déplacés. Les contraintes de sécurité sont énormes.
« Tergiversations européennes »
Alors comment expliquer au monde les risques de laisser se développer un chaos contagieux qui ne peut qu'engendrer plus de
violences, plus de folies meurtrières ? Comment dire à nos responsables politiques que sans négociations véritables, ce huis clos
effrayant va contaminer tout le bassin méditerranéen ?
Pourquoi ne pas accueillir de façon beaucoup plus massive des réfugiés qui fuient toutes ces violences ? Comment ne pas être
scandalisé quand on essaie de nous faire croire que l'Europe ne peut pas organiser d'opération de sauvetage digne de ce nom en mer
Méditerranée ?
L'impression d'impuissance que donnent les dirigeants de l'Europe est grave. Ce ne sont pas les humanitaires qui ont la clé des
solutions. Le HCR (Haut commissariat de l'Onu pour les réfugiés) pourrait organiser ce sauvetage en mer, si les dirigeants européens
continuent de tergiverser. Les Nations unies ont la responsabilité de protéger les populations civiles en Syrie, en Irak.
Il y a urgence à prescrire plus de protection, plus de solidarité, plus de fraternité.
La Coalition nationale snobe l’ONU
Le Temps Luis Lema vendredi 15 mai 2015
L’opposition de l’étranger refuse de jouer le jeu des consultations à Genève lancées par l’envoyé spécial en Syrie Staffan de
Mistura
Un coup d’épée dans l’eau? Le signe, en tout cas, d’une grande exaspération. C’est en effet au moyen d’un communiqué au ton glacial
que la Coalition nationale syrienne (l’opposition reconnue comme «légitime» par l’Occident) a annoncé qu’elle snoberait les
«consultations» qui sont menées à Genève par l’émissaire de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura.
Pendant plusieurs semaines, le responsable de l’ONU s’est donné pour mission de recevoir au Palais des Nations une palette aussi
large que possible d’acteurs afin, dit-il, «de comprendre la variété des idées et des perspectives visant à résoudre l’escalade du conflit
syrien».
C’est un camouflet: la coalition envoie bien l’un de ses membres à Genève, l’opposant Haitham al-Maleh. Mais il ne sera nullement
question d’échange. Il a apporté jeudi avec lui un document (destiné au secrétaire général, Ban Ki-moon, et non à Staffan de Mistura)
dans lequel figure le plan de résolution du conflit, tel qu’il avait été adopté par la coalition en… février dernier. Une manière, sans
doute, de suggérer aux responsables de l’ONU qu’ils considèrent l’exercice actuel comme une simple perte de temps.
«Pas surpris»
«Les consultations ne sont pas terminées, explique au Temps Staffan de Mistura. Elles sont compliquées par nature, bien sûr, à cause
des différentes sensibilités liées à ce conflit.» En ce sens, ajoute-t-il, il n’est «pas surpris» par les critiques qui peuvent surgir.
Ces critiques, en réalité, ne manquent pas. C’est Ban Ki-moon qui a donné instruction à l’envoyé spécial de tenter une nouvelle
initiative à l’approche du troisième anniversaire de l’accord de Genève, conclu le 30 juin 2012 et resté jusqu’ici lettre morte.
Un diplomate occidental note, au-delà de la mauvaise humeur affichée par la Coalition nationale syrienne, l’absence de tout
commandant militaire. De même, la Syrie, loin d’envoyer des membres du gouvernement, n’était représentée que par son
ambassadeur à Genève. «On se contente de recevoir quelques opposants d’opérette et des soi-disant membres de la société civile. Tout
cela est totalement déconnecté de ce qui se passe réellement sur le terrain», assure le même diplomate.
«Il faudra juger la substance et l’utilité de ces consultations une fois qu’elles seront terminées, pas avant, répond Staffan de Mistura.
Nous sommes, et nous continuerons d’être, en contact avec toutes les parties.»
L’envoyé spécial a notamment inscrit sur la liste des invités les représentants des pays qui ont du poids sur les acteurs en présence en
Syrie, au premier rang desquels l’Arabie saoudite et l’Iran.
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« La France n’est plus dans une logique de protection des minorités dans le
monde arabe »
L'Institut français du Liban a accueilli mercredi un débat sur le thème « La France dans le monde arabe. Le monde arabe en France ».
Anthony SAMRANI | OLJ 15/05/2015
Protection des minorités, position de la France en Syrie, visibilité des voix arabes en France, politique(s) française(s) dans le monde
arabe... Ces sujets ont été abordés, mercredi, par des chercheurs ainsi que par l'ambassadeur de France au Liban, dans le cadre d'un
débat sur le thème « La France dans le monde arabe. Le monde arabe en France », organisé mercredi à l'Institut français du Liban.
« Fort heureusement, la France n'est plus dans une logique de protection des minorités dans le monde arabe puisque cette logique
amène nécessairement à une clientélisation des minorités religieuses. Aujourd'hui, c'est l'être humain qui est menacé au Levant. Pour
protéger les chrétiens d'Orient, il faut régler les problèmes politiques en Syrie et en Irak, autrement dit, il faut protéger les majorités »,
a estimé Karim Émile Bitar, directeur de recherche à l'Institut français de recherches stratégiques, au cours de ce débat organisé par la
Fondation Samir Kassir à l'occasion du « printemps de Beyrouth ». « Le problème, c'est qu'il y a actuellement un retour en force d'une
vision culturaliste qui défend l'idée d'une exception arabe, c'est-à-dire que le monde arabe est incompatible avec la démocratie.
Politiquement, cela se traduit par un soutien aux régimes dictatoriaux, sous prétexte qu'ils sont un rempart contre l'islamisme. Or,
l'expérience a montré à quel point cette thèse était radicalement infondée », a ajouté M. Bitar.
« Pas assez crédible »
C'est sur la position de Paris par rapport à la guerre en Syrie qu'est revenu, pour sa part, Patrice Paoli, ambassadeur de France au
Liban, estimant qu'elle n'a jamais changé. « La France souhaite un règlement politique, mais considère que le régime en place n'a pas
de rôle à jouer dans l'avenir de la Syrie », a-t-il explicité. À la question de savoir pourquoi la France n'a pas davantage soutenu
l'opposition syrienne, l'ambassadeur a répondu : « Elle n'est pas apparue assez crédible. Peut-être parce qu'elle n'a pas été assez
soutenue. Peut-être que la France n'avait pas les moyens de sa politique. » Dans tous les cas, selon lui, ni la France ni les pays
occidentaux ne peuvent régler à eux seuls les conflits dans la région.
Revenant sur le rôle de la colonisation dans la dégradation des rapports entre la France et le monde arabe, le troisième intervenant,
François Burgat, directeur de recherche à l'Institut de recherches et d'études sur le monde musulman, a, de son côté, souligné que le
problème de la France est d'avoir méconnu ses valeurs. Le problème, « c'est le décalage entre l'énonciation de valeurs universelles et
les difficultés à les appliquer comme telles », a-t-il indiqué. « Un jour, un député jordanien des Frères musulmans m'a dit : "Si les
Occidentaux avaient été capables de respecter leurs valeurs, nous serions tous devenus occidentaux." Cela démontre qu'il y a une
matrice commune des valeurs humaines et que cela doit être la base de toute discussion entre ces deux mondes », a précisé M. Burgat.
Concernant les choix géopolitiques de la France dans le monde arabe, M. Bitar a admis que la France a, d'une certaine manière, choisi
le camp sunnite, alors que M. Burgat a considéré que la France recueillait les dividendes de la dépréciation des relations entre les
États-Unis et les monarchies du Golfe.
Amin Maalouf et Zaha Hadid
Tout au long de la discussion, animée par Noor Akl, journaliste à la Future TV, les trois intervenants ont également débattu de la
visibilité des voix arabes en France, de la ou des politique(s) française(s) dans le monde arabe, du rôle de passerelle que doivent jouer
les intellectuels et surtout des politiques qui doivent être mises en place pour rapprocher les deux rives de la Méditerranée.
Sur ces points, M. Burgat a tenu à rappeler qu'il n'y a pas de définition monolithique du monde arabe et qu'il est préférable de parler
« des mondes arabes ». « Les voix arabes en France sont le produit d'un rapport de force inégalitaire. Il y a d'un côté un petit monde
qui a une connaissance plurielle et diversifiée de la région, mais dont la voix est quasiment inaudible, et de l'autre un contre-courant
puissant qui utilise des arguments qui relèvent de l'ordre de l'irrationnel et qui occupe en permanence l'espace médiatique. Il y a donc
un clivage entre des informations qui émanent d'une connaissance rationnelle et des informations qui reflètent des imaginaires
hérités », a expliqué M. Burgat. « Quand je pense aux voix arabes en France, les deux premiers noms qui me viennent sont ceux
d'Amin Maalouf et de Zaha Hadid », a-t-il ajouté.
Écorchés vifs/Oncle Tom
Rebondissant sur les propos de M. Burgat, M. Bitar a noté que ce qui manque actuellement, c'est une critique à double tranchant,
comme pouvait l'être celle de Samir Kassir. « De façon caricaturée, on peut dire qu'il y a actuellement deux écoles, deux sons de
cloche, parmi les voix arabes qui pèsent en France. Il y a d'une part les "écorchés vifs", dont les discours sont encore marqués par un
fort sentiment anticolonial et, d'autre part, les "Oncle Tom" qui sont toujours d'accord avec la majorité, jouant un peu le rôle des
"gentils musulmans" », a analysé M. Bitar. Selon lui, « il y a actuellement une dérive dans le rapport français à la laïcité. La laïcité
devient une arme contre l'islam alors que la loi de 1905 renvoie à la neutralité de l'espace public ».
Finalement, les trois intervenants sont tombés d'accord sur le fait qu'il y a un manque de connaissance du monde arabe en France,
notamment dû au fait que la langue arabe, deuxième langue étrangère la plus parlée en France, est très peu enseignée. Pour Patrice
Paoli, « il faut que les élites politiques prennent conscience de l'importance de l'enjeu, puisque le monde arabe et la France partagent
une communauté d'histoire, mais aussi une communauté de destin ».
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La bataille du Qalamoun. Les enjeux et les risques
L'Hebdo Magazine – 15 mai 2015 - Paul Khalifeh
La bataille du Qalamoun a commencé le mercredi 6 mai par une série d’affrontements, qui ont déjà fait des dizaines de morts
et de blessés et permis au Hezbollah et à ses alliés d’avancer significativement. Les combats ne se termineront pas par
l’éradication des groupes extrémistes mais par leur confinement dans le jurd de Ersal, en attendant les négociations pour une
éventuelle exfiltration. Quelle est l’importance de cette bataille? Quelles sont les forces en présence? Quel sera l’impact de ces
combats sur le Liban?
Le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme, basé à Londres et proche de l’opposition syrienne, Rami Abdel-Rahman,
a déclaré la semaine dernière que la bataille du Qalamoun n’a pas d’intérêt stratégique. Il s’agit, selon lui, d’une offensive uniquement
destinée à remonter le moral de l’armée syrienne, après les revers qu’elle a subis en avril à Idlib et à Jisr el-Choughour, dans le nord.
Mais plusieurs experts militaires interrogés par Magazine ne partagent pas cet avis. Ils assurent que la destruction de ce maquis
islamiste revêt une importance militaire de premier plan. Ces spécialistes soulignent que les groupes armés, implantés dans cette
région montagneuse depuis plus de quatre ans, constituent une menace potentielle pour l’autoroute M5, qui relie Damas à Homs dans
le centre, et qui passe dans la plaine qui s’étend au pied des hauteurs du Qalamoun. De plus, la présence de ces groupes islamistes est
une double épine plantée dans le flanc ouest de Damas et dans le nord de la Békaa, principal bastion du Hezbollah au Liban. Les
enjeux sont donc cruciaux. En anéantissant le maquis du Qalamoun, l’armée syrienne et ses alliés sécuriseront définitivement la route
Damas-Homs, élimineront toute menace contre la Ghouta occidentale de la capitale syrienne et isoleront totalement le fief rebelle de
la Ghouta orientale, qui verrait s’éloigner durablement toute perspective de recevoir des renforts venant du Qalamoun.
Sachant qu’au stade actuel, l’acheminement de tels renforts est une manœuvre particulièrement risquée.
Autre considération qui n’est pas à négliger, la prise du Qalamoun permettrait de dégager huit à dix mille soldats syriens, volontaires
de l’Armée de défense nationale (ADN) et combattants du Hezbollah, qui pourraient être redéployés sur d’autres secteurs, à l’heure où
le gouvernement syrien et ses alliés manquent cruellement d’effectifs pour garnir les 70 fronts sur lesquels ils se battent dans le pays.
C’est d’ailleurs à cause de la faiblesse des effectifs affectés pour les défendre que les villes d’Idlib et de Jisr el-Choughour sont
tombées aussi facilement aux mains des rebelles.
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Une géographie difficile
Si le Qalamoun n’était pas aussi important, comme l’affirment Abdel-Rahman et d’autres milieux de l’opposition syrienne, pourquoi
les belligérants y livrent-ils d’âpres batailles pour son contrôle?
Car les combats en cours sont très violents et se déroulent sur un terrain difficile. Le Qalamoun est, en effet, une région composée
d’une succession de plaines et de collines escarpées, à l’accès rocailleux, avec des sommets culminant à plus de 2 500 mètres
d’altitude. C’est aussi une région très vaste, à cheval entre le Liban et la Syrie, longue de 70 kilomètres, et large de 15 kilomètres au
nord et 10 kilomètres au sud. Sa superficie est de 900 kilomètres carrés, dont près de la moitié se trouve en territoire libanais.
Côté libanais, le Qalamoun est adossé aux localités (du nord au sud) de Qaa, al-Aïn, Laboué, Ersal, Ras Baalbeck, Younine, Nahlé,
Brital, Ham et Toufeil. Ce dernier est un village libanais enclavé en Syrie. Côté syrien, du sud au nord: Serghaya, Assal el-Ward, alJebbeh, Ras el-Maarra, Flita, al-Sahel, al-Jarajir, Jurd Qara... (voir carte).
Jusqu’à l’automne 2014, un grand nombre de groupes et de «brigades» islamistes aux multiples allégeances et les débris de l’Armée
syrienne libre (ASL) se partageaient ce territoire, coexistant tant bien que mal. Mais il y a quelques mois, un phénomène de
regroupement a été amorcé, souvent de force, pour ne laisser sur le terrain que deux groupes principaux: l’Etat islamique et le Front
al-Nosra. L’organisation d’Abou Bakr el-Baghdadi contrôle la moitié nord du Qalamoun, qui va du jurd de Qara à celui de Ersal. Elle
dispose de lignes de ravitaillement très risquées vers la «badia» syrienne (le désert de Homs et de Palmyre, à l’est), en passant par les
villages syriens de Mahin et de Qaryatein, dans la province de Homs. Le Front al-Nosra, la branche syrienne d’al-Qaïda, contrôle la
partie sud du Qalamoun, qui s’étend du jurd de Assal el-Ward, au sud, à Ersal. Le jurd de Ersal est une zone d’influence commune.
Al-Nosra disposait d’une ligne de ravitaillement vers la ville de Zabadani, contrôlée par les rebelles syriens, à l’ouest de Damas. Son
objectif stratégique est d’ouvrir des lignes de ravitaillement vers Qoneitra, au sud de la capitale, une province qu’il contrôle en partie
avec d’autres groupes islamistes. Mais au stade actuel, cette entreprise paraît très difficile.
Les forces en présence
Les sources du Renseignement libanais et du Hezbollah estiment le nombre de rebelles dans le Qalamoun entre 3 500 et 5 500. Cet
écart important s’explique par le fait que les groupes armés ont la possibilité de recruter des combattants dans les quelque 50
campements de réfugiés syriens implantés à Ersal et ses environs. C’est d’ailleurs pour éloigner cette menace qui pèse sur ses zones
de déploiement que l’Armée libanaise a décidé de démanteler un grand nombre de ces camps pour les installer ailleurs. Toujours selon
les mêmes sources, al-Nosra, qui a regroupé sous sa houlette plusieurs brigades islamistes, disposerait du plus grand nombre de
combattants, évalué à 2 500. Les effectifs de Daech sont estimés entre 1 200-1 500 hommes. Il faut y ajouter plusieurs centaines de
miliciens appartenant à divers groupuscules, comme «la brigade verte», «le Front du Qalamoun-Ouest»… alliés à l’une ou l’autre des
deux grandes organisations extrémistes.
Les «jihadistes» du Qalamoun disposent de dizaines de véhicules tout-terrain et de pick-up Toyota, surmontés de mitrailleuses lourdes
(12,7 mm et 14,5 mm), de nombreux tanks et transports de troupes blindés, pris dans les dépôts de l’armée syrienne à Zabadani, de
mortiers de divers calibres, dont des120 mm, et des lance-roquettes multitubes B10 et Grad. Ils possèdent également des missiles
antichars de type Tow (américains), Konkurs (russes) et Milan (français), sans compter les RPG7.
Trois forces, déployées sur un front qui s’étire sur près de 160 kilomètres, encerclent ce maquis. L’Armée libanaise tient un front de
35 kilomètres, adossé à la partie nord du Qalamoun, du côté libanais, s’étendant de Ersal à Qaa en passant par Ras Baalbeck et Fakiha.
Il s’agit de localités à majorité chrétienne. 4 000 militaires y sont affectés, y compris des unités d’élite comme les régiments
d’intervention rapide. L’Armée libanaise ne participe pas à l’offensive en cours, mais elle a renforcé ses positions en prévision
d’éventuels débordements.
Le Hezbollah, pour sa part, tient, seul, une portion du front qui va de Younine jusqu’au village de Toufeil, plus au sud, soit 35
kilomètres. En remontant de cette localité vers le nord, du côté syrien de la frontière, jusqu’au jurd de Qara, le front est tenu par le
Hezbollah, l’armée syrienne et des unités de l’Armée de défense nationale (ADN), une armée supplétive créée il y a près de deux ans.
Pour cette bataille, le Hezbollah aurait mobilisé, selon des sources sûres, quelque 3 500 combattants, dont 1 500 soldats d’élite des
«wahadat el-Khassa» (unités spéciales). L’armée syrienne et l’ADN déploient environ 5 000 hommes.
Le Hezbollah a, en outre, posté des dizaines de lance-roquettes multitubes (les fameuses Katioucha de divers calibres), des canons de
mortier, des pièces d’artillerie de campagne de gros calibres (175 mm), des missiles antichars Kornet et des missiles Burkan à forte
capacité de destruction. Le parti utilise aussi des drones de surveillance. Des dizaines de chars syriens, ainsi que des chasseursbombardiers et des hélicoptères sont également engagés dans les combats.
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Déroulement de la bataille
Dotées de cette formidable puissance de feu, les troupes communes Hezbollah-armée syrienne ont lancé leur offensive, mercredi 6
mai, à partir de Assal el-Ward, à l’extrême sud-est du Qalamoun. Après de violents combats, elles ont avancé vers Wadi el-Sahrige,
Wadi el-Daar, Wadi el-Saabine, Wadi el-Zaarour, occupant la totalité du jurd de cette région, soit 45 kilomètres carrés.
La prise de cette région a permis de séparer totalement le Qalamoun de Zabadani et de couper toutes les voies de ravitaillement des
groupes rebelles vers cette ville.
Les opérations se sont ensuite concentrées vers jurd el-Jebbeh, plus au nord. Avançant sous un barrage d’artillerie, les combattants du
Hezbollah ont pris, lundi, la région de Sahlet el-Maaysra, qui abritait la plus importante base du Front al-Nosra dans le Qalamoun. Au
cours de ces affrontements, un grand nombre d’avant-postes d’al-Nosra ont été détruits et occupés. D’importantes quantités
d’équipements militaires et d’armes, dont des missiles Milan, ont été abandonnées par les éléments d’al-Nosra, qui se sont repliés vers
d’autres positions. Le Hezbollah a occupé le sommet de Jabal el-Barouh (2 460 m), puis ceux de Kornet Machrouh Hakl Zéaïter et
Jouar Beit Abdel-Haq (2 428 m), qui surplombent le jurd de Nahlé, côté libanais. Lundi soir, la totalité du jurd d’el-Jebbeh était
tombée aux mains de l’armée syrienne et de ses alliés, soit environ 40 km2.
Mardi et mercredi, l’offensive s’est poursuivie dans le Jurd de Ras el-Maarra. Le Hezbollah a occupé les hauteurs de Khachaat, qui
dominent le jurd de Nahlé et une partie de celui de Ersal, ainsi que Tallat Moussa qui, avec ses 2 580 m d’altitude, est l’un des plus
hauts sommets du Qalamoun. L’étape suivante sera le jurd de Flita, où culmine à 2 590 m Tallat el-Boustan, puis le jurd d’el-Jarajir.
Jusqu’à présent, le Hezbollah et ses alliés ont repris quelque 180 kilomètres carrés de territoire à al-Nosra et ses alliés qui auraient
perdu plus d’une centaine de combattants.
Selon des sources proches du Hezbollah, l’objectif de la bataille n’est pas d’éradiquer les groupes jihadistes du Qalamoun, mais de les
confiner dans un espace géographique plus étroit, sans voies d’approvisionnement, de manière à ce qu’ils ne constituent plus une
menace potentielle à l’avenir. Et c’est vers le jurd de Ersal que les combattants d’al-Nosra et leurs alliés seront finalement poussés.
Pour des considérations d’ordre communautaire, il n’est pas question pour le Hezbollah de prendre d’assaut les dernières positions
jihadistes, afin de ne pas se heurter à la population libanaise, à majorité sunnite, de cette localité.
A ce stade de l’opération, c’est l’Armée libanaise qui sera aux premières lignes, car c’est elle qui est déployée dans cette région
sensible.
Reste à savoir quelle sera l’attitude des groupes armés? Opteront-ils pour la fuite en avant, en attaquant à nouveau l’armée, comme ils
l’ont fait en août 2014? Tenteront-ils de se venger en perpétrant des attentats terroristes contre les fiefs du Hezbollah? Ou accepterontils leurs nouvelles conditions, bien qu’elles soient désavantageuses?
L’armée israélienne soigne les rebelles syriens !?
Direct Info| 15 mai 2015 |
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Les rebelles syriens se font soignés dans le territoire israélien et par des israéliens. c’est en tout cas des photos publiés samedi dernier
par l’armée israélienne qui le démontre. Dans ses images rares ont y découvre une grande majorité de djihadistes du Front Al-Nosra.
Un officier en charge de la division médicale de la brigade, explique que les blessés ont été transféré le long de la frontière syroisraélienne par des forces rebelles qui travaillent en collaboration avec l’armée israélienne et que une fois guéris ils se font évacués
aussitôt en Syrie.
Selon la presse israélienne, Tsahal aurait traité environ 1 600 combattants anti-Assad et civils syriens depuis le débutde la guerre en
2011. Ces derniers mois, le Golan syrien a été le théâtre de combats opposant des groupes rebellearégime de Bachar el-Assad et des
jihadistes liés à l’organisation Etat islamique (EI).
Butterlin : "Il faut se préparer à une bataille de Palmyre"
Le Point - Publié le 15/05/2015 Propos recueillis par Christophe Ono-dit-Biot
Pour l'archéologue Pascal Butterlin*, la cité antique est devenue l'otage du conflit syrien. Il s'en explique au "Point". Entretien.
Le Point : Daesh s'approche de Palmyre, l'un des joyaux archéologiques du monde antique. Après Mari, Nimroud ou Hatra, la
série noire archéologique risque donc de se poursuivre?
Pascal Butterlin : Après tous les dégâts constatés sur les sites de Syrie et d'Irak, la perspective de nouveaux combats à Palmyre
suscite évidemment une immense inquiétude dans la communauté scientifique. Classée au patrimoine de l'humanité, la cité
caravanière de Palmyre est un site absolument unique qui témoigne des contacts entre le monde gréco-romain et l'Orient, et son musée
abrite la plus belle collection de bustes funéraires du II et IIIe siècle. Palmyre, c'était aussi la capitale de la reine Zénobie, la
"Cléopâtre des Syriens", qui a résisté aux Romains. C'était enfin un carrefour dans la route de la soie, à mi-chemin entre la
Méditerranée et l'Euphrate. Nous sommes catastrophés à l'idée qu'un joyau pareil soit pris en otage par le conflit.
Le site a-t-il souffert depuis le début du conflit ?
Oui, il a déjà subi d'importants dommages. C'est un des bastions des forces gouvernementales qui contrôlent la route stratégique de
damas à Deir ez-Zor et qui sont postés notamment dans la forteresse qui surplombe les vestiges. Si Daesh entre dans la ville, la ville
sera pilonnée et comme le site est au milieu, il risque de servir de champ de bataille comme ça a été le cas pour Apamée, où les
blindés ont carrément manoeuvré le long des remparts. Il faut probablement se préparer à une bataille de Palmyre. Le site paie une
fois de plus, comme à l'époque des invasions mongoles, sa position stratégique. C'est le chemin vers Damas.
Le directeur des Antiquités et des musées syriens, Maamoun Abdelkarim, a appelé la communauté internationale à se
mobiliser pour empêcher une éventuelle destruction de Palmyre. Que peut-elle faire concrètement ?
Après les destructions à Doura et Mari, sans parler d'Hatra et de Mossoul, on se demande en effet combien de temps on pourra tolérer
la destruction irréversible de ces trésors inestimables. Il faut obtenir d'une manière ou d'une autre la sanctuarisation des zones
archéologiques, obtenir que le patrimoine de ces peuples soit tenu à l'écart du conflit et ne soit pas instrumentalisé par les forces en
présence.
On comprend bien, mais concrètement que faire ? Pourquoi est-ce qu'on n'a pas bombardé les pick-up de Daesh qui fondaient
sur Nimroud ?
Il ne m'appartient pas de prendre des décisions politiques ou militaires. Je suis archéologue. Mais je note qu'il y a une résolution qui a
été adoptée à l'unanimité le 12 février dernier par le conseil de sécurité, la résolution 2199, qui "condamne fermement la destruction
des patrimoines culturels irakien et syrien". L'Unesco a fait son travail, et son travail n'est pas d'avoir une armée. Si un acteur doit
prendre des décisions ad hoc dans ce conflit, c'est le conseil de sécurité. La balle, si je puis dire, est dans leur camp.
*Pascal Butterlin est professeur d'archéologie orientale à l'université Paris-1-Panthéon-Sorbonne. Il dirige depuis 2005 la mission
archéologique française de l'exceptionnel site de Mari, en Syrie.
Expliquez-nous... la cité de Palmyre
France Info par Alice Serrano vendredi 15 mai 2015
La cité de Palmyre dans le désert syrien © Maxppp
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Les djihadistes du groupe Etat Islamique menacent Palmyre, un joyau antique dans le désert syrien inscrit au Patrimoine mondial
de l'Humanité de l'Unesco. Alice Serrano nous explique ce que représente la cité de Palmyre.
Il faut imaginer les ruines d'une grande ville en plein désert. Nous sommes là au centre de la Syrie à 200 km au nord-est de Damas.
Dans une Oasis. Quand vous arrivez, vous voyez de la végétation, des palmiers et un peu plus loin, se dressent de hautes colonnes et
un immenses batiment ocre : le temple de Bel ou Baal, construit au 1er siècle après Jésus-Christ en 32 exactement et dédié au Dieu
protecteur de la cité, Bel. Ce sanctuaire est entouré de portiques, ornées de dizaines de statues, celles des bienfaiteurs qui ont
contribué à son édification. C'est le bâtiment phare de cette cité. Le plus imposant et le mieux conservé qui a déjà semble-t-il souffert
ces deux dernières années dans les combats entre l'armée syrienne et les rebelles.
Vous trouvez aussi un théâtre romain très bien conservé, une rue à colonnades surmontée d'un arc triomphal qui part du temple et
conduit au reste de la ville antique et un peu plus loin des tours funéraires.
Palmyre a joué un rôle important au temps de l'empire Romain
C'était un eville très riche. Une oasis qui se trouvait tout simplement sur la route de la soie, à l'Ouest : la méditerranée.l'empire
romain auquel elle est rattachée au premier siècle après Jésus Christ. À l'Est l'Inde, la Perse, la Chine et le commerce de soie, d'huile,
de coton, d'épices, de pierres précieuses...
C'est entre le 1er et le 3ème siècle que Palmyre connait son apogée. Sur cette route caravanière, à Palmyre on vend, on achète, on s'y
installe. Les vestiges de maisons de riches marchands ont été retrouvées. Il y avait là de nombreux hôtels, des caravansérails.
On a d'ailleurs mis la main sur la loi fiscale de Palmyre, le document réglemente l'activité commerciale. On y énumère les taxes
douanières qui frappent l'entrée et la sortie des chameaux, chargées ou non, les peaux, les soies, les parfums.
A l'époque la cité est riche économiquement mais aussi culturellement. Elle brasse différents peuples, cultures, religions. Chacun
introduit sa divinité, une soixantaine de divinités avaient leur culte à Palmyre. Entre autre le Dieu Arsou protecteur des caravanes ou
la déesse arabe de la fécondité Allat. Une ville symbole de tolérance, un pied de nez à l'obscurantisme qui menace la région mais hélàs
peut-être plus pour très longtemps.
Raid américain en Syrie: une «nouvelle claque» pour l’EI
Par RFI Avec notre correspondant à Washington, Jean-Louis Pourtet 16 mai 2015
Satisfaction aux Etats-Unis après le raid réussi des forces spéciales contre un haut responsable du groupe Etat islamique. C'était la
première opération de ce genre en Syrie, à l'exception d'une tentative manquée l'an dernier pour essayer de délivrer des otages.
Une « nouvelle claque pour l'Etat islamique », c'est en ces termes que le secrétaire à la Défense Ashton Carter a qualifié l'opération
au sol menée par les forces Delta. Selon la Maison Blanche et le Pentagone, Bachar el-Assad n'a pas été prévenu à l'avance. Le raid
avait au départ pour objet de s'emparer d'Abou Sayyaf. Mais il a été tué lors d'échanges de tirs avec les forces américaines qui ont fait
également une douzaine de morts chez les jihadistes.
D'origine tunisienne, Abou Sayyaf est considéré par les Américains comme le financier de l'organisation, ayant la haute main sur le
gaz et le pétrole vendu au noir et qui rapportait un million de dollars par jour à l'EI. « On pourrait le qualifier de directeur financier
de l'Etat islamique », a déclaré un responsable américain ayant requis l'anonymat.
Selon notre journaliste David Thomson, spécialistes des mouvances jihadistes, Abou Sayyaf avait en effet une place prépondérante
au sein de l'organisation.
La femme d'Abou Sayyaf, qui joue elle-aussi un rôle important au sein du groupe EI, a été capturée et transférée dans une prison
irakienne. Les Etats-Unis espèrent obtenir d'elle des renseignements sur les activités du groupe.
Le commando Delta a également récupéré des ordinateurs et des documents qui vont être soigneusement examinés. Mais en dépit de
ce succès, le représentant Adam Schiff, de la commission du renseignement, a mis en garde contre un excès d'optimisme, rappelant
combien les jihadistes sont rapides à remplacer leurs commandants disparus et leurs sources de financement.
Syrie: Près de 300 morts dans la bataille de Palmyre
20 Minutes avec AFP Publié le 17.05.2015
Au moins 295 personnes, en majorité des djihadistes et des soldats du régime syrien, ont péri depuis le début mercredi de l'offensive
du groupe Etat islamique (EI) contre la ville antique de Palmyre, rapporte dimanche l'Observatoire syrien des droits de l'Homme
(OSDH).
Le bilan de cette ONG qui se base sur un large réseau de sources civiles, médicales et militaires à travers la Syrie comprend 123
soldats et miliciens loyalistes, 115 combattants de l'EI et 57 civils, dont des dizaines ont été exécutés par le groupe extrémiste.
Ce dimanche, les forces du régime syrien ont chassé les djihadistes du nord de la ville antique de Palmyre, a affirmé un haut
responsable syrien, moins de 24 heures après la prise de contrôle de cette zone par l'organisation extrémiste.
Les djihadistes chassés de certains sites stratégiques
«L'attaque de l'EI a été avortée et les djihadistes ont été chassés des périphéries nord et Est de Tadmor (nom de Palmyre en arabe)», a
affirmé Talal Barazi, le gouverneur de Homs, province du centre de la Syrie dont fait partie cette ville vieille plus de 2.000 ans.
Talal Barazi a indiqué en outre que l'armée avait repris une série de sites stratégiques, dont des collines, des barrages et la tour de la
radio et télévision de Palmyre, dans le nord-ouest de la ville.
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Samedi en début de soirée, l'EI avait pris le contrôle de la majeure partie du nord de Palmyre où des affrontements intenses les ont
opposés aux forces loyalistes. Selon l'OSDH, ils ont fait au moins 29 morts parmi les djihadistes et 23 parmi les membres des forces
gouvernementales. D'après Talal Barazi, l'armée a tué «130 djihadistes».
«L'armée continue de nettoyer la zone de bombes plantées (par l'EI) afin de rétablir la circulation», a ajouté le gouverneur.
Les ruines se trouvent au sud ouest de la ville occupée
La plupart des ruines monumentales, qui comportent notamment des colonnades torsadées romaines, des temples et des tours
funéraires, se trouvent au sud-ouest de la ville. Ce site, qui fut l'un des plus importants foyers culturels du monde antique, est inscrit
au patrimoine mondial de l'Humanité de l'Unesco.
La ville est importante pour la propagande de l'EI, puisque son importance culturelle attire l'attention des médias du monde entier et a
poussé l'Unesco à appeler le Conseil de sécurité de l'ONU à agir pour la préserver.
Le directeur des Antiquités et des musées syriens, Maamoun Abdelkarim, a confié sa peur de voir Palmyre subir le même sort que des
sites archéologiques dans le nord de l'Irak, notamment Nimroud et Hatra, endommagés ou détruits par l'EI.
Une zone stratégique
L'EI a lancé mercredi l'assaut sur Palmyre, qui se trouve dans la province d'Homs (centre) et revêt également une importance
stratégique pour lui puisqu'elle ouvre sur le grand désert syrien, limitrophe de la province irakienne d'Al-Anbar, en grande partie
contrôlée par ce groupe ultraradical sunnite.
Les djihadistes de l'Etat islamique repoussés à Palmyre, la menace demeure
Par Challenges.fr Publié16-05-2015
A Palmyre, après de violents combats contre l'armée syrienne, l'EI "s'est retiré de la plupart des quartiers du
nord" moins de 24 heures après s'en être emparé.
Des
Les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) ont été repoussés dimanche 17 mai par les forces syriennes à la périphérie de la ville
antique de Palmyre, mais ont poursuivi leur conquête de la ville irakienne de Ramadi. Les deux batailles ont été très meurtrières avec
plusieurs centaines de morts parmi les combattants et dans la population, tandis que des milliers de civils prenaient la fuite.
A Palmyre, après de violents combats contre l'armée syrienne, l'EI "s'est retiré de la plupart des quartiers du nord" moins de 24 heures
après s'en être emparé, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Le gouverneur de Homs, province dont fait partie
Palmyre, a indiqué de son côté que l'attaque de l'EI dans le nord de la ville avait "avorté".
Mais la menace demeure car les djihadistes sont présents presque tout autour de la ville, et notamment à un kilomètre du célèbre site
archéologique de Palmyre (Tadmor en arabe). "Les ruines n'ont pas subi de dommages mais cela ne veut pas dire que nous ne devons
pas être inquiets", a affirmé à l'AFP le directeur des Antiquités syriennes, Maamoun Abdelkarim.
La plupart des ruines monumentales, qui comportent notamment des colonnades torsadées romaines, des temples et des tours
funéraires, se trouvent au sud-ouest de la ville. Ce site, qui fut l'un des plus importants foyers culturels du monde antique, est inscrit
au patrimoine mondial de l'Humanité de l'Unesco, qui a tiré la sonnette d'alarme.
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Plus de 300 morts
De mercredi à dimanche, la bataille de Palmyre, notamment dans ses environs, a fait au moins 315 morts selon l'OSDH qui se base sur
un large réseau de sources civiles, médicales et militaires à travers laSyrie.
Parmi eux figurent 123 soldats et miliciens loyalistes, 135 combattants de l'EI et 57 civils, dont des dizaines ont été exécutés par le
groupe extrémiste.
A l'est de Palmyre, des combats se déroulaient dimanche autour de la prison de la ville --tristement célèbre pour le massacre de
centaines de détenus par le régime dans les années 80--. Au moins 20 jihadistes ont été tués dans un baril d'explosif du régime alors
qu'ils tentaient d'attaquer la prison.
Et au nord-est de la ville, les combats faisaient rage dans le champ gazier d'Al-Hél, où l'EI est parvenu à prendre deux positions de
l'armée, selon l'OSDH et le groupe jihadiste.
L'EI avait lancé mercredi l'assaut sur Palmyre, qui revêt une importance stratégique pour lui puisqu'elle ouvre sur le grand désert
syrien, limitrophe de la province irakienne d'Al-Anbar, en grande partie contrôlée par ce groupe ultraradical sunnite.
Nouvel assaut à Ramadi
C'est justement à Ramadi, la capitale provinciale d'Al-Anbar, que les jihadistes de l'EI se sont emparés dimanche du quartier général
des forces de sécurité de la province, renforçant encore leur emprise sur le chef-lieu de cette région de l'ouest irakien, ont rapporté des
responsables.
"Le centre de commandement des opérations dans la province d'Al-Anbar a été déserté", a affirmé à l'AFP Muhannad Haimour, le
porte-parole et conseiller du gouverneur de la province.
Environ 500 personnes ont été tuées en deux jours de combats à Ramadi où vendredi, les djihadistes avaient déjà pris le complexe
gouvernemental. les combats ont entraîné la fuite de 8.000 personnes de la ville, selon l'Organisation internationale des migrations
(OIM).
L'EI contrôle depuis 2014 de larges territoires en Syrie et en Irak où il a proclamé un califat islamique.
Washington frappe l'EI
L'organisation a subi une claque vendredi dans l'est de la Syrie lorsqu'un commando américain a mené une rare opération au sol dans
ce pays, tuant notamment un de ses chefs en charge du pétrole, Abbou Sayyaf.
Selon l'OSDH, l'opération aurait coûté la vie à 32 membres de l'organisation extrémiste au total, dont Abbou Sayyaf et trois autres
chefs.
Un responsable de la Défense américaine avait indiqué samedi que les forces américaines avaient tué "une douzaine" de combattants
en plus d'Abou Sayyaf, au cours de cette opération au sol en Syrie. Interrogé par l'AFP dimanche, un reponsable au Pentagone a
maintenu son bilan.
Outre Abbou Sayyaf, l'adjoint du "ministre de la Défense" du groupe, un responsable des communications et un quatrième chef non
identifié, ont été tués selon l'OSDH. Trois d'entre eux sont originaires du Maghreb.
Cette opération au sol, la première revendiquée explicitement par les Etats-Unis contre l'EI pour capturer un de ses responsables, a été
menée à Al-Omar, l'un des plus grands champs pétroliers de laSyrie, sous contrôle de l'EI.
Irak Syrie Libye : pourquoi les pays destabilisés par l’Etat islamique
ne ressusciteront pas
Alors que les Etats-Unis ont revendiqué samedi 16 mai avoir tué un haut responsable de l'Etat islamique, les djihadistes
continuent de resserrer leur étau autour de Palmyre en Syrie. Le gouvernement irakien peine à susciter une union nationale
entre kurdes, chiites et sunnites.
Atlantico Publié le 17 Mai 2015
Pierre-Jean Luizard, historien, est chercheur au CNRS et membre du Groupe de sociologie des religions et de la laïcité (GSRL) à
Paris. Spécialiste du Moyen-Orient, il a séjourné en Irak, au Liban, en Syrie, dans le Golfe et en Egypte. Il est l’auteur de plusieurs
ouvrages, dont La Formation de l’Irak contemporain (CNRS Éditions, 2002) ; La Question irakienne (Fayard, 2002 ; nouvelle édition
augmentée 2004) ; La Vie de l’ayatollah Mahdî al-Khâlisî par son fils (La Martinière, 2005) ; Le piège Daech (Ed. La découverte,
2015).
Atlantico : Dans Le piège Daech, votre ouvrage paru récemment, vous décortiquez les raisons de la construction de la
puissance de l'Etat islamique. De nombreux espoirs occidentaux se portent sur un Kurdistan démocratique, et pourtant, de
nombreux rapports révèlent que les pratiques violentes à l'égard des sunnites locaux. Quel pourrait être le rôle des kurdes
dans la stabilisation régionale ?
Pierre-Jean Luizard : Les pratiques des forces de sécurité kurdes (peshmergas, police kurde et Asayesh, les services de
renseignements) ne peuvent en aucun cas être comparées aux crimes commis par l’Etat islamique ni même aux exactions des milices
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chiites contre les habitants des villes et villages repris à l’Etat islamique. L’Etat islamique a tenté d’entraîner les forces kurdes dans un
cycle de représailles, notamment en diffusant sur internet des scènes de décapitations de peshmergas. Il y a eu des actes de vengeances
dans les villages repris par les forces kurdes, mais ils sont demeurés circonscrits.
De façon générale, les Kurdes ont évité d’occuper des zones à majorité arabe sunnite, préférant laisser Bagdad faire le travail. La
vieille animosité entre les paysans kurdes et les tribus arabes, que l’Etat islamique a su réveiller lors de la bataille de Kobané en Syrie,
n’est jamais très loin.
Le contrôle du parlement kurde sur ces différents corps est certainement bien plus effectif que celui du parlement irakien de Bagdad
où le ministre de la Défense, un dirigeant de la puissante milice chiite Badr, a la haute main sur les services de renseignements, ce qui
lui donne une autorité également sur les forces armées. Le très bon score du mouvementGoran (Changement) lors des élections de
2013 au Kurdistan illustre bien l’émergence d’une société civile kurde qui mène la vie dure aux deux grands partis, le Parti
démocratique du Kurdistan (PDK de Barzani) et l’Union patriotique du Kurdistan (UPK de Talabani), notamment dans la lutte contre
la corruption.
Troisième force politique du Kurdistan, Goran a même dépasse l’UPK dans plusieurs villes et a obtenu la présidence du Parlement
kurde. Toutefois, les années de guerre ont structuré le système politique kurde irakien autour de réseaux clientélistes et de pratiques de
contrôle autoritaires. Le PDK et l’UPK disposent de milices dont Goran est dépourvu.
Comment l'organisation terroriste a-t-elle pu utiliser les fractures sociales entre irakiens (chiites, kurdes, sunnites
principalement) pour conforter sa position jusqu'à aujourd'hui ?
Ce n’est pas l’Etat islamique qui porte la responsabilité de la tripartition du territoire irakien et de la déliquescence de l’Etat irakien.
C’est la déliquescence de l’Etat irakien qui a permis à un groupe salafiste parmi d’autres de se propulser au rang d’acteur dans la
construction revendiquée d’un nouvel Etat. L’Etat islamique est venu combler un vide politique chez l’une des trois grandes
communautés irakiennes. Les Arabes sunnites (20% de la population irakienne) avaient accepté, en 1920, le jeune Etat proclamé par
les Britanniques parce que la puissance mandataire leur en offrait le monopole. Ils refuseront sans le moindre doute le sort qui sera
immanquablement le leur dans le cadre des institutions en place : celui d’une minorité marginalisée sans pouvoir et sans ressources.
L’Etat islamique ne propose d’ailleurs pas de solution politique dans le cadre de l’Etat irakien dont il a annoncé la mort en
s’engageant dans une régionalisation de sa guerre. Souvent désigné comme responsable de la situation actuelle, l’autoritarisme
présumé de l’ancien premier ministre chiite Nouri al-Maliki n’a été qu’un leurre. Car Nouri al-Maliki n’avait pas les moyens d’un tel
autoritarisme, si dépendant qu’il était de mille réseaux de clientélisme régionaux, partisans et confessionnels. En fait, il était à la tête
d’un gouvernement qui ne fonctionnait pas parce qu’il n’y avait pas d’Etat irakien. Au-delà de l’échec de l’intégration des Arabes
sunnites, malgré plusieurs tentatives, c’est bien l’édifice politique légué par les Américains qui s’effondre sous nos yeux.
De nombreux analystes estiment qu'une victoire militaire contre l'Etat islamique permettrait de rétablir une stabilité
régionale. Les états tels que l'Irak ou encore les régions occupées en Syrie pourraient-ils renaître de leurs cendres ?
Les Etats irakien et syrien sont dans une situation de non-retour. De façon éclairante, on constate que l’occupation étrangère en Irak
(2003) et le printemps arabe en Syrie (2011) ont abouti au même résultat : la division du territoire sur des bases confessionnelles et
ethniques et la dégénérescence du gouvernement central qui apparaît de plus en plus comme un acteur parmi d’autres. En Irak, trois
entités à prétention étatique se font face. Les Kurdes n’ont plus avec Bagdad qu’un lien utilitaire qui leur permet d’éluder pour
l’instant la proclamation d’une difficile indépendance.
Les Arabes sunnites demeurent attachés à l’Etat irakien unitaire par nostalgie d’un passé qui les avait gâtés et par conscience de leurs
liens historiques avec les chiites. Beaucoup ne se sont donnés à l’Etat islamique qu’en désespoir de cause. La perversité du système
confessionnaliste a fini par convaincre que les institutions n’étaient pas réformables. En Syrie, les choses sont moins avancées.
Paradoxalement, la large majorité arabe sunnite y rend les choses plus difficiles pour l’Etat islamique même si sa capacité
d’expansion y est en théorie bien plus grande qu’en Irak. Dans ce contexte, une victoire militaire contre l’Etat islamique n’aurait
aucun sens. Car la force de l’Etat islamique n’est pas militaire. Elle réside dans la faiblesse de ses adversaires.
Pourquoi une union nationale irakienne vous semble-t-elle inimaginable aujourd'hui, et quelle responsabilité les occidentaux,
et à fortiori les Américains, ont-ils dans le ravivement de la défiance entre les communautés ?
Que pourrait signifier une union nationale en Irak ? La manifestation d’un attachement à l’Etat irakien en place par les dirigeants des
trois grandes communautés est-elle envisageable ? Les Kurdes voguent déjà vers une indépendance inavouée. Sera-t-il possible, après
l’expérience des Conseils de Réveil, de retourner à nouveau la majorité des Arabes sunnites qui forment la base politique et militaire
de l’Etat islamique ? Pour cela, il faudrait leur donner plus que ne leur offre aujourd’hui l’Etat islamique. C’est probablement ce
constat qui a poussé début mai le Congrès américain à voter un projet prévoyant que les Etats-Unis armeraient les Kurdes et les
Arabes sunnites d’Irak comme s’il s’agissait d’ethnies indépendantes, sans passer par le gouvernement de Bagdad. Car il semble
évident que Bagdad, dominée par les milices chiites, ne réussira pas à rallier à sa cause les tribus sunnites. Dès lors, travailler à jeter
les bases d’une Garde nationale sunnite dans la perspective d’un fédéralisme poussé à l’extrême paraissait une voie possible. Las !
Une telle perspective s’est aussitôt heurtée à une levée générale de boucliers des chiites. Moqtada al-Sadr, le premier, a menacé
Washington au cas où ce projet "américano-sioniste de division de l’Irak" serait mis à exécution. A sa suite, le premier ministre chiite
a dénoncé le plan de division du pays, tandis que l’ayatollah Sistani exprimait tout haut sa réprobation. Les chiites se retrouvent ainsi
être les seuls gardiens du temple "Etat irakien", ce qui a toujours été leur attitude. Majoritaires en Irak, mais se sachant minoritaires à
l’échelle du Moyen-Orient arabe, ils ont toujours opté pour des visions "irakistes". Le confessionnalisme, qui a présidé à la
refondation des institutions irakiennes par les Américains, semble ainsi condamner à l’échec toute solution politique.
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PHOTOS – Syrie : ces magnifiques vestiges de Palmyre sur lesquels Daech
veut mettre la main
Metronews Créé : 17-05-2015
Les combats continuent de faire rage autour de Palmyre entre les forces du régime syrien et l'organisation terroriste Etat
islamique. Si les combattants de Daech ont été repoussés dimanche du nord de cette ville, ils restent tout proches du célèbre cite
antique.
La plupart des ruines monumentales, qui comportent notamment des colonnades torsadées romaines, des temples et des tours
funéraires, se trouvent au sud-ouest de Palmyre. Photo : AFP
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Un petit kilomètre. C'est ce qui sépare les djihadistes de Daech du célèbre site archéologique de Palmyre (Tadmor en arabe), situé
dans le sud-ouest de cette oasis du centre de la Syrie. Dimanche, l'armée syrienne a chassé du nord de la ville les djihadistes, qui en
avaient pris le contrôle la veille. Le gouverneur de Homs, province du centre de la Syrie dont fait partie cette ville vieille plus de
2.000 ans, a par ailleurs affirmé que l'armée avait repris une série de sites stratégiques, dont des collines, des barrages et la tour de la
radio et télévision de Palmyre. Mais les violents combats se poursuivent. Depuis le début mercredi de l'offensive des terroristes du
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groupe Etat islamique, au moins 295 personnes, en majorité des combattants des deux camps, ont été tués, a rapporté dimanche
l'Observatoire syrien des droits de l'Homme.
L'Unesco s'alarme
Palmyre revêt une importance stratégique pour Daech, puisqu'elle ouvre sur le grand désert syrien, limitrophe de la province irakienne
d'Al-Anbar, en grande partie contrôlée par ce groupe ultraradical sunnite. Mais la ville est également importante pour la propagande
de l'organisation terroriste, son importance culturelle attirant l'attention des médias du monde entier. Ce site, qui fut l'un des plus
importants foyers culturels du monde antique, est inscrit au patrimoine mondial de l'Humanité de l'Unesco depuis 1980. "
"Nous sommes très inquiets", s'était alarmé vendredi Irina Bokova, la directrice générale de l'Unesco, appelant le Conseil de sécurité
de l'ONU à agir. Le directeur des Antiquités et des musées syriens, Maamoun Abdelkarim, a égalementconfié sa peur de voir Palmyre
subir le même sort que des sites archéologiques dans le nord de l'Irak, notamment Nimroud et Hatra, endommagés ou détruits par l'EI.
A Palmyre, "la perte d'un trésor inestimable"
Juliette Demey - Le Journal du Dimanche 17 mai 2015
INTERVIEW - Cheikhmous Ali, docteur en archéologie du Proche-Orient ancien et fondateur de l’Association pour la
protection de l’archéologie syrienne, s’alarme de la situation à Palmyre.
La cité antique de Palmyre, chef-d'œuvre archéologique miraculeusement préservé au cœur du désert syrien, sera-t-elle à son tour
victime de la guerre civile qui déchire le pays depuis 2011? Samedi soir, les djihadistes du groupe État islamique, déjà auteurs de
destructions de sites emblématiques comme Nimroud, Hatra ou Mossoul, auraient pris le contrôle du nord de la ville selon
l'Observatoire syrien des Droits de l'homme. Dimanche, les forces armée du régime ont repoussé les djihadistes au nord de la ville.
L'Unesco, qui a classé le site au patrimoine mondial de l'humanité en 1980, avait sonné l'alerte vendredi. En contact quotidien depuis
la France avec ses correspondants à Palmyre, l'archéologue d'origine syrienne Cheikhmous Ali est consterné.
Pourquoi est-ce si important de préserver Palmyre?
C'est un des royaumes les plus importants du Ier siècle avant notre ère au IIIe siècle. Un carrefour stratégique entre la Mésopotamie,
la Syrie et la côte de la Méditerranée. Les vestiges actuels de cette ville sont inestimables : le théâtre romain, des tours funéraires, des
tombes souterraines, des temples, dont celui de Baal, qui date de 32 avant notre ère, une grande partie de la rue principale avec des
colonnes et un arc de triomphe. Palmyre avait son identité propre par rapport à l'influence romaine. Dans l'art, cela donne un mélange
unique. Une statue de Palmyre est d'emblée identifiable à la sculpture des yeux, des genoux, des mains… Vers 270, sous la reine
Zénobie, Palmyre s'est révoltée contre les romains. L'empereur Aurélien a capturé Zénobie, l'a emmenée à Rome, où elle est morte
dans de sombres circonstances…
Quels dégâts a déjà subis la ville?
Elle a connu un premier "séisme archéologique" à partir de 2012. Un campement militaire s'y est établi. Sur Google Earth, on voit que
des tunnels ont été creusés dans la zone archéologique par l'armée du régime. Des armements lourds ont été installés, des postes de
snipers et des chars stationnés à côté des monuments. En 2013, ils ont ouvert des routes qui traversent toute la zone archéologique.
Des tombeaux ont été pillés. Des colonnes, et le temple de Baal, ont été très endommagés par des bombardements.
Et aujourd'hui?
Depuis quatre jours, on assiste à la deuxième vague de ce séisme. La crise est d'abord humanitaire : les habitants n'ont plus d'eau.
L'État islamique essaie de prendre le contrôle, des combats se déroulent près de la zone archéologique, il y a des bombardements de
l'armée sur la colline de la citadelle… Mais Daech n'est pas encore entré dans la zone archéologique.
«"La communauté internationale ne s'exprime que par de belles paroles. Rien n'est fait."»
Que se passera-t-il si Daech s'empare de la cité?
Des barils de TNT seront largués par hélicoptère, la vie de civils sera en danger. Les combats causeront des dégâts irréparables sur le
patrimoine. Les principales œuvres du musée ont déjà été évacuées à Damas. Mais la majeure partie du site archéologique n'a même
pas encore été fouillée! Un pan de notre histoire serait perdu pour toujours. Un trésor inestimable. Pour Daech, détruire est un acte de
barbarie idéologique. Difficile de dire quel sera leur choix à Palmyre : dynamiter, comme à Nimroud, ou laisser les gens piller,
comme à Doura Europos? À Apamée, on a compté 14.000 trous de fouilles sauvages. Sur les photos, on dirait une attaque au napalm.
Qui sont ces pilleurs?
Ils se divisent en ce moment en cinq catégories : la population qui vit dans les villages autour des sites et creuse en espérant trouver
quelques objets, les rebelles, certains généraux et soldats de l'armée syrienne, la mafia internationale et Daech. Ces objets sont vendus
à des commerçants à proximité, ou transportés vers la Turquie, la Jordanie, le Liban.
L'argent de ce trafic finance-t-il des groupes armés?
La revente représente une source de revenus peu importante, bien moindre que le pétrole. On ne trouve pas de l'or et des statues
partout. Revendre un objet archéologique n'est pas si simple. Idem pour les objets pillés dans des musées comme à Mossoul et à
Rakka qui sont archivés et numérotés.
L'Unesco a sonné l'alarme vendredi et veut alerter le Conseil de sécurité de l'ONU. La communauté internationale en fait-elle
assez?
Non. Son soutien ne s'exprime que par de belles paroles. Rien n'est fait. Ni en collaboration avec la Direction générale des antiquités
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et des musées de Syrie, ni avec les associations de terrain. Cela fait quatre ans qu'on a lancé cet appel à l'aide. Il n'y a pas de réponse.
Il n'y en aura pas. Je n'y crois plus.
Palmyre: Merci à l'armée syrienne
Mediapart 18 mai 2015 | Par khaled Youssef
Beaucoup a été dit, et Palmyre la grandiose certains ici l'ont déjà visité, certains connaissent l'histoire, l'ouverture d'esprit de Zenobia
et sa lutte contre le pouvoir de Rome. Sa victoire était proche sauf qu'elle a fait confiance a un réfugié politique romain qui s'est avéré
un espion...
Pour nous elle demeure un symbole, de la femme syrienne libre et ouverte, un symbole d'indépendance. Et Palmyre, pour moi, le
souvenir du festival du désert, des événements culturels, du levée du soleil sur les palmiers...
Face aux dangers de destruction et de tueries de ses habitants, Palmyre ne peut compter que sur ses fils, son armée, qui vient de
montrer son héroïsme face à Daech et accomplir ce que la coalition internationale factice est incapable ( ou n'a aucune intention de
faire) face à ces criminels Wahabites
Cette armée faite de syriens de toutes les religions, qui est en train combattre Al Qaida, le front de l'islam, l'armée de l'islam, ahrar al
sham... Que des salafistes mercenaires de Qatar et de l'Arabie saoudite que vous aimez appeler "Rebelles" pour soulager votre
conscience! Des djihadistes venus du monde entier pour participer à ce que certains appellent faussement "guerre civile! Une guerre
civile qui compte des dizaines de milliers de combattants étrangers en augmentation jour après jour grâce à la Turquie "voisine! Des
combattants salafistes incultes qui détruisent, qui tuent, et qui montrent fièrement leurs crimes sur YouTube et FB depuis 4 ans!
Certains pose un "dilemme"; faut il que la France ou des forces internationales protègent Palmyre? Au risque "d'aider le régime" !!!
Drôle d'interrogation, quand on sait que la France arme les islamistes et que la coalition internationale est cosmétique, quand on sait
que quand les journalistes ou des visiteurs viennent en Syrie ils sont protégés par l'état syrien ; à ces gens je dis: Gardez vos efforts,
vous ne viendrez jamais secourir Palmyre ni les syriens puisque vos pays sont impliqués dans le terrorisme et signent des contrats
avec les banquiers des salafistes... Notre héritage, ce sont nos frères qui l'ont défendu et qui continue à le défendre autant que possible
( une pensée pour Alep et son souk, brûlé par ces criminels islamistes pour faire barrage et empêcher l'armée syrienne d'avancer, Alep
l'économiste qui a vu ses usines démantelées et vendues en Turquie au rabais)
L'armée syrienne ne peut pas être partout, et malgré ça elle paie du sang de nos jeunes frères syriens pour défendre les villes et
sécuriser les régions qu'elle contrôle.
Ils veulent effacer notre histoire, ils veulent nous ramener des siècles en arrière, ils ont commencé par détruire les infrastructures puis
déclarer une fausse guerre religieuse, ils veulent que l'on ressemble a Qatar ou l'Arabie aux ancêtres de chameaux, ils veulent pas
qu'on rivalise avec Israël qui peine à trouver des traces archéologiques des mythologies bibliques.
Ils veulent nous deviser, nous effacer, nous vendre une fausse "Démocratie" pendant qu'ils vendent et achètent des rafales et des
armes, ils veulent nous convaincre de leur volonté de protéger les droits de l'homme pendant qu'ils arment les terroristes. Ils veulent
nous faire la guerre comme ils ont fait en Irak ou en Libye!
Merci à l'armée syrienne, merci à ces héros, et paix à l'âme des civiles tués par les soldats de l'Europe et du golfe...
Merci à nos héros, Palmyre est là nous dessine des châteaux de rêves dans le sable, et nous rappelle qui nous sommes, petits enfants
d'Ishtar et de Zenobia, descendants d'Adonis et de Baal, créateur des Dieux et des civilisations.
Syrie, le pays du soleil, tu vas gagner contre les incultes et les terroristes, contre les wahhabites et les salafistes
grâce à tes fils...
Double revers pour Daech en Syrie
La Croix 17/5/15 - Agnès Rotivel avec AFP
Après plusieurs revers militaires, le régime syrien a repris le 17 mai la ville antique de Palmyre aux forces de Daech. Un
commando américain a lancé une attaque au sol en Syrie tuant quatre leaders du groupe Daech, dont Abbou Sayyaf, en charge du
pétrole au sein de l’organisation islamique.
Les forces du régime syrien ont chassé le 17 mai du nord de Palmyre les combattants de Daech qui avaient lancé mercredi 13 mai
l’assaut sur la ville antique. Celle-ci revêt pour eux une importance stratégique puisqu’elle ouvre sur le grand désert syrien, limitrophe
de la province irakienne d’Al-Anbar, en grande partie contrôlée par ce groupe ultraradical sunnite qui souhaite établir un califat à
cheval sur l’Irak et la Syrie.
Ses combattants se trouvaient encore hier à un kilomètre du site archéologique de Palmyre, situé dans le sud-ouest de cette oasis du
centre de la Syrie. Mais dans le nord de la ville, et après de violents combats avec l’armée, Daech « s’est retiré de la plupart des
quartiers » moins de vingt-quatre heures après s’être emparé de la zone septentrionale, selon l’Observatoire syrien des droits de
l’homme (OSDH).
Des combats se poursuivaientdans la banlieue nord d’Amiriya entre forces loyalistes et djihadistes, selon Rami Abdel Rahmane,
directeur de l’ONG qui dispose d’un large réseau de sources civiles, médicales et militaires.
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Un acquis symbolique important
Selon Talal Barazi, gouverneur de Homs, province dont fait partie la ville antique, l’armée loyaliste avait repris une série de sites
stratégiques, dont des collines, des barrages et la tour de la radio et télévision de Palmyre, dans le nord-ouest de la ville.
Pour Damas, c’est un acquis symbolique important. Ces dernières semaines, après l’échec de la tentative de reprise de contrôle de
l’ensemble d’Alep, deuxième ville syrienne au nord, le régime a en effet enregistré une série de revers militaires face aux djihadistes.
Les villes d’Idleb, de Jisr al Choghour sont tombées sous le contrôle des djihadistes qui progressent ainsi vers la côte méditerranéenne
et de la ville de Lattaquié, fief de la famille al Assad.
Une opération commando américaine du sol
Par ailleurs, on apprenait samedi 16 mai que les Américains avaient lancé une opération commando au sol, à Al-Omar, l’un des plus
grands champs pétroliers de la Syrie, à l’est du pays, dans la province de Deir Ezzor, qui se trouve sous le contrôle de Daech depuis
juillet 2014.
Les Américains ont tué Abbou Sayyaf, l’un de ses responsables en charge du pétrole au sein de Daech. « Il a joué un rôle capital dans
la supervision des opérations illicites de Daech dans le pétrole et le gaz, une source clé de revenus qui permet à l’organisation
terroriste de poursuivre ses tactiques brutales et d’oppresser des milliers de civils innocents », ont affirmé les Américains. Sa femme
a été faite prisonnière et transféré dans une prison américaine en Irak.
Outre Abbou Sayyaf, 32 membres de l’organisation ont été tués dont l’adjoint du « ministre de la défense » du groupe, un responsable
des communications et un quatrième chef non identifié, selon l’OSDH.
Washington a assuré ne pas avoir prévenu Damas de l’opération contre Daech. Quoi qu’il en soit, c’est plutôt une bonne nouvelle
pour le régime qui a enregistré dernièrement une série de grosses défaites.
Armes françaises contre Alep....et contre Palmyre bientôt?
Mediapart 15 mai 2015 | Par Adeline Chenon Ramlat
L’association « Chrétiens de Syrie pour la Paix » a publié un communiqué pour « demander une action forte en faveur de la Paix en
Syrie. »
En effet, le site antique de Palmyre classé au patrimoine de l’UNESCO est en ce moment même menacé par l’Etat Islamique.
L’association qui dispose de nombreuses sources d’informations sur place en Syrie, explique que « depuis deux jours Daech est passé
à l’offensive » et qu’actuellement des « combats font rage dans la cité Antique de Palmyre. » Selon leurs informations: « 21 civils ont
été exécutés par ces islamistes et plus de 1000 familles ont été chassées de leur village d’Al-Soukhna près de Palmyre.«
L’association insiste dans son communiqué sur le fait qu’au delà « de sa richesse culturelle et antique, Palmyre est un point
stratégique qui permettra à Daesch de contrôler tout le désert syrien avec toutes les ressources naturelles qu’il contient.
»L’association Chrétien de Syrie Pour la Paix dénonce le fait que cette situation n’a été possible qu’à cause du soutien de nombreux
combattants étrangers au pays et venus combattre aux côtés de l’Etat Islamique via la Turquie.
« Pour protéger le patrimoine syrien et empêcher les persécutions des civils par les islamistes. » l’association franco-syrienne
demande au « gouvernement français de faire pressions sur la Turquie, l’Arabie Saoudite et le QATAR pour mettre fin aux transferts
des djihadistes via le territoire turc, d’arrêter de financer et d’apporter toutes aides logistiques ou militaires aux islamistes qui tuent
le peuple syrien. » insistant sur le fait « qu’ il est dommageable de retrouver des armes françaises utilisées pour tuer des civils
syriens à l’instar de celles qui ont été utilisées à Alep contre les quartiers chrétiens.«
Syrie: le groupe EI s'empare de champs gaziers, des morts à Palmyre
Le Point avec AFP - Publié le 18/05/2015
Le groupe jihadiste Etat islamique (EI) s'est emparé lundi de deux champs gaziers près de la ville syrienne antique de Palmyre, où au
moins cinq civils dont deux enfants ont été tués par des obus, a rapporté une ONG.
Les champs d'Al-Hél et d'Arak, respectivement à 40 et 25 km au nord-est de Palmyre, étaient importants pour le régime de Bachar alAssad qui, privé des champs dans l'est de la Syrie sous contrôle de l'EI, utilisait ce gaz pour alimenter ses régions en électricité.
Les combats pour la prise des champs ont fait 56 morts en 24 heures dans les rangs de l'armée, selon l'Observatoire syrien des droits
de l'Homme (OSDH). Le champ d'Al-Hél est le deuxième champ en importance après celui de Chaer contrôlé par le régime, dans la
province de Homs (centre).
Au total, depuis le début le 13 mai de l'offensive jihadiste pour prendre Palmyre, près de 370 personnes ont péri en majorité des
combattants des deux bords. Ce bilan inclut aussi 62 civils, a indiqué l'ONG syrienne.
Une source de sécurité syrienne a cependant affirmé que "l'on ne peut parler de contrôle de ces champs car l'EI est incapable de rester
trop longtemps dans une position. Nous les pourchassons et les bombardons".
A la périphérie de Palmyre, les violents combats se sont poursuivis entre les troupes du régime et l'EI qui tente de capturer cette ville
vieille de plus de 2.000 ans située dans le désert syrien, limitrophe de la frontière irakienne, selon l'OSDH.
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Photo publiée le 17 mai 2015 par l'agence syrienne Sana montrant la ville de Palmyre contre laquelle les jihadistes de l'EI ont lancé
une offensive © SANA/AFP - -
Samedi, l'EI s'était emparé de la majeure partie des quartiers nord de la ville avant d'en être repoussé par le régime 24 heures plus tard.
Désormais les jihadistes se trouvent tout autour de la ville et sont à un km des ruines.
"La situation militaire est sous contrôle dans la ville mais les combats se poursuivent au nord et nord-ouest" de la cité, a affirmé à
l'AFP Talal Barazi, gouverneur de la province de Homs dont fait partie Palmyre.
- 'Peur de sortir' "Au moins cinq civils, dont deux enfants, ont péri dimanche soir lorsque l'EI a tiré des roquettes sur plusieurs quartiers" de Palmyre,
selon l'OSDH.
Dans la ville, "chacun est cloîtré chez soi", a affirmé au téléphone à l'AFP Khalil al-Hariri, directeur du musée, présent sur place. "Les
gens ont peur de sortir".
Contacté par l'AFP, le directeur des Antiquités syriennes, Maamoun Abdelkarim, a affirmé que "deux roquettes se sont abattues dans
le jardin du musée, situé près des ruines, sans faire de dégâts".
"Le musée de Palmyre a été vidé il y a quelques semaines et les principaux objets ont été transférés dans des lieux secrets sûrs", a-t-il
ajouté. Mais, "il reste des pièces fixées au mur".
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M. Abdelkarim s'est dit inquiet du sort de la cité inscrite au patrimoine mondial de l'Humanité de l'Unesco, notamment des
sarcophages sculptés", et a souhaité qu'elle soit "sanctuarisée" .
Ailleurs dans le pays en guerre depuis plus de quatre ans, les rebelles et la branche d'Al-Qaïda en Syrie se rapprochaient de la base
d'al-Mastouma, une des dernières bases militaires du régime dans la province d'Idleb (nord-ouest).
Syrie: "La chute de Damas, c'est la bataille d'Armageddon"
BFM TV 18/05/2015
Après la reprise à l'Etat islamique de la ville de Palmyre par les forces du régime syrien, la situation reste des plus précaires dans
la région. Au delà de l'influence du groupe islamique qui se joue, c'est bien la conquête de Damas qui est en jeu pour les deux
parties. Explications.
La situation à Palmyre, ville au centre de la Syrie, reste tendue. Dimanche, les forces du régime syrien ont annoncé avoir chassé les
combattants de l'Etat islamique du nord de la cité antique au terme de violents combats. Malgré tout, les jihadistes se trouveraient
toujours à seulement un kilomètre de ce site archéologique. Pour les observateurs, l'inquiétude est vive concernant la préservation des
ruines de la ville antique. Si l'Etat islamique s'emparait des lieux, il pourrait détruire, comme lors du sac du musée de Mossoul ou le
saccage de la cité antique d'Hatra en Irak, les vestiges de Palmyre inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco.
Mais plus que la préservation de la ville, c'est bien un point stratégique qu'il faut protéger: Palmyre est le passage obligé vers la
capitale Damas, une ville très convoitée par Daesh et par "l'armée de la conquête" financée par l'Arabie Saoudite, comme l'explique
pour BFMTV, Gilles Kepel, politologue et spécialiste de l'islam et du monde arabe contemporain.
Pourquoi la ville de Palmyre est-elle menacée par Daesh?
Gilles Kepel: Le véritable objectif aujourd'hui, c'est la ruée vers Damas pour étendre son influence à tout le Moyen-Orient. L'Arabie
Saoudite et toutes les forces sunnites alliées ont mis beaucoup d'argent dans "l'armée de la conquête", qui comprend des anciens d'alQaïda, divers groupes islamiques opposés à l'Etat islamique (Daesh) qui est l'ennemi de l'Arabie Saoudite. Cette coalition voudraient
faire tomber Damas pour affaiblir le régime iranien, lui-même allié du régime syrien de Bachar el-Assad.
De son côté, l'Etat islamique met le cap vers Damas pour essayer de faire tomber le régime de Bachar el-Assad avant les groupes qui
sont financés par l'Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie.
Le régime de Bachar el-Assad peut-il tenir face aux menaces lancées par des forces concurrentes mais qui ont le même
objectif?
C'est à celui qui va arriver le premier, sachant qu'ils ne sont pas sûrs que Damas tombe un jour. Toutefois, aujourd'hui le régime syrien
est très affaibli, il y a de très graves dissensions à son sommet. Les principaux leaders des services secrets du régime se battent entre
eux: l'un d'eux a été tabassé par un rival puis est mort empoisonné dans une clinique, un autre est aux arrêts. On sent bien qu'il y a
quelque chose qui chancelle. De plus, l'alliance entre le régime syrien et ses mentors iraniens est compliquée. Avec la baisse des prix
du pétrole, l'Iran n'a plus d'argent pour financer le régime syrien.
Pour toutes ces raisons, les adversaires du pouvoir de Damas espèrent que la ville va tomber et veulent en tirer un bénéfice.
Quelle conséquence aurait la chute de Damas?
Si l'Etat islamique arrive à Damas en premier et fait tomber la ville, c'est une catastrophe pour l'Arabie Saoudite. Dans le monde arabe
sunnite, la chute de Damas, c'est la bataille d'Armageddon, c'est l'arrivée de l'antéchrist. C'est la hantise de l'Arabie Saoudite et de ses
alliés sunnites. Avec la prise de Damas, l'Etat islamique aurait une espèce d'aura extraordinaire qui renforcerait son attractivité dans la
base sunnite dans toute la région.
En Arabie Saoudite, en Jordanie, vous avez toutes sortes de gens qui sont des sympathisants de l'Etat islamique et qui voient là
l'occasion de se débarrasser de leurs régimes. Le nouveau roi saoudien, Salmane Ben Abdel Aziz, a chassé tous les conseillers de son
prédécesseur qui avaient plus ou moins flirté avec l'Etat islamique, car il y a réellement péril dans la demeure.
Syrie : le lourd tribut de la cité antique de Palmyre à la guerre civile
Metro News Créé : 18-05-2015
CONFLIT - Les combattants de Daech se sont rapprochés ce week-end de la périphérie de la ville antique de Palmyre. Une
épreuve de plus pour la cité, inscrite au patrimoine mondial de l'Humanité de l'Unesco, qui a déjà fait les frais du conflit opposant
les rebelles à l’armée de Bachar al-Assad.
Après celui de Nimroud en Syrie et celui d'Hatra en Irak, Palmyre pourrait s’ajouter à la liste des sites archéologiques aveuglément
détruits par Daech. Les djihadistes sont en effet au porte de cette cité antique, inscrite au patrimoine mondial de l’Humanité. Une
menace de plus sur la ville, située entre Damas et l’Euphrate, qui a déjà beaucoup souffert du conflit syrien.
En décembre dernier déjà, l'ONU avait tiré la sonnette d’alarme. Près de 300 sites du patrimoine culturel syrien ont en effet été
détruits, endommagés ou pillés en plus de trois ans de guerre, notamment à Alep. Preuves à l’appui : l'Institut des Nations unies pour
la formation et la recherche (Unitar) a analysé 18 zones, où il a repéré 290 sites directement touchés. Parmi eux, 24 ont été détruits,
104 ont subi des dégâts importants, 84 ont été partiellement endommagés et 77 le sont probablement.
Une route a été tracée à travers la nécropole
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Sur les 18 zones citées, six sont inscrites au Patrimoine mondial de l'Unesco : les vieilles villes d'Alep, de Bosra et de Damas, les
villes mortes du nord de la Syrie, le krak des Chevaliers et Palmyre. Les vestiges de cette dernière paraissent en effet peu de choses
face aux besoins de la guerre : les images de l’Unitar montrent qu'une route a été tracée à travers la nécropole, endommageant
plusieurs tombeaux anciens.
Le plus beau site de Syrie porte également des stigmates - notamment la chute de piliers et des chapiteaux corinthiens - des combats
qui opposèrent entre février et septembre 2013 les rebelles à l'armée qui prit le dessus. La ville intra muros compte aujourd’hui près
de 35.000 habitants, le double avec la banlieue. Et dire qu’avant le début de la crise en Syrie en 2011, plus de 150.000 touristes
visitaient la cité aux 1000 colonnes...
Syrie. Sauver Palmyre
Courrier International Publié le 18/05/2015
L’antique cité syrienne sera-t-elle détruite ? Selon le site Al-Arabiya, les combats entre l’armée syrienne et l’organisation de l’Etat
islamique continuaient le 18 mai près des ruines vieilles de 2000 ans. Plus de 300 personnes seraient déjà mortes dans l’assaut de
Daech contre Tadmur, la ville moderne qui jouxte les ruines antiques.
“La perte de Palmyre serait une atrocité culturelle encore plus grande que la destruction des Bouddhas de Bamiyan (par les talibans
en Afghanistan an mars 2001)”, écrit Rowan Moore qui tient une chronique sur l’architecture au quotidien britannique The
Guardian.
Les djihadistes de l’Etat islamique ont déjà détruit de nombreux joyaux antiques sur leur passage, dont notamment les cités
assyriennes d’Hatra et Nimroud, et plusieurs monuments à Mossoul, en Irak.
Syrie: les USA font tout ce qu'ils veulent, sans aviser personne
Sputnik 18.05.2015
"Toutes les opérations menées par les Etats-Unis dans le cadre de la «guerre contre l'EI» ne sont rien d'autre que des actes
terroristes perpétrés dans la lutte pour leurs propres intérêts", estime un conseiller militaire du gouvernement syrien.
Des forces spéciales américaines ont éliminé un haut responsable du groupe djihadiste Etat islamique (EI), Abou Sayyaf, lors d'une
opération effectuée en Syrie sans l'autorisation de Damas.
Selon l'agence Associated Press, un groupe de combattants de la Delta Force est arrivé de l'Irak à bord d'hélicoptères Black Hawk et
d'avions à rotors basculants Osprey. Après un échange de tirs nourris, les commandos américains ont tué Abou Sayyaf et capturé sa
femme. L'agence fait également état de 12 morts parmi les djihadistes de l'EI.
La porte-parole du Conseil de sécurité nationale des Etats-Unis, Bernadette Meehan, a fait savoir à cette occasion que le
"gouvernement américain ne coordonnait pas ses actions avec les autorités syriennes et ne les avait pas informé au préalable de cette
opération".
"Nous avons dit au régime d'Assad de ne pas s'ingérer dans nos efforts visant à combattre l'EI sur le territoire syrien", a déclaré Mme
Meehan. Ce régime "n'est pas notre partenaire dans la lutte contre l'EI et ne peut pas l'être", a-t-elle ajouté.
La déclaration de la porte-parole traduit la tendance de Washington à faire tout ce qu'il veut sur le territoire d'un autre pays sans en
aviser les autorités légitimes, estime le conseiller militaire du gouvernement syrien, le général Hassan Hassan.
"Toutes les opérations menées par les Etats-Unis dans le cadre de la prétendue «guerre contre l'EI» ne sont rien d'autre que des actes
terroristes perpétrés dans la lutte pour leurs propres intérêts", a déclaré le général à l'agence Sputnik.
"Les Etats-Unis n'ont pas obtenu de résultats dans leur opération militaire en Syrie et ailleurs. Ils n'ont aucune intention d'éradiquer le
terrorisme dans la région. Washington apporte à l'EI un soutien financier, militaire et logistique", a indiqué Hassan Hassan.
"L'élimination d'Abou Sayyaf peut parfaitement s'expliquer par le fait qu'il a refusé de faire à la place des Américains une partie de
leur travail et non pas parce qu'il était dirigeant d'un groupe terroriste", a conclu le conseiller militaire du gouvernement syrien.
Vers une nouvelle réalité en Syrie ? (1/2)
Sputnik. 18.05.2015 Alexandre Latsa
Les récents développements militaires en Syrie ont relancé la machine de guerre médiatique qui affirme que désormais la
chute du régime Syrien est proche.
Pour Libération ça craque à Damas tandis que le JDD se demande si le bastion d'Assad (la cote Syrienne et la région de Lattaquié)
n'est pas lui aussi sur le point de tomber.
Même scénario pour la presse anglo-saxonne que l'on pense par exemple au « national-interest » ou à de nombreux sites spécialisés
affirmant que la dynamique d'une défaite militaire de l'Etat syrien était engagée. Dans la presse des Etats du Golfe, on affirme qu'il est
temps de reconsidérer la vie après Assad.
Ce regain d'intensité du Bachar-bashing coïncide il est vrai avec une situation militaire qui au cours de ces dernières semaines n'a pas
été favorable au régime. Comme les lecteurs de Sputnik avaient pu le lire dans mon précédent texte sur le dossier Syrien, une telle
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inflexion de la situation ne peut être due qu'à « une intervention extérieure très appuyée ». C'est peut-être ce qui est en train de se
passer.
Résumons les évolutions récentes sur le terrain:
Il y a tout d'abord eu au début de l'année 2015 le déclenchement d'un assaut militaire rebelle d'envergure au sud du pays, dans la zone
frontalière avec la Jordanie. La Jordanie fournit du reste aux rebelles de solides appuis stratégiques et logistiques qui proviennent en
réalité principalement des pays occidentaux et des pays du Golfe. Au cours des mois de février et mars le Front rebelle sud a remporté
des succès militaires en évinçant le régime d'une grande zone le long de la frontière avec la Jordanie, comme on peut le voir sur cette
carte, les zones en vert étant celles tenues par les rebelles.
Il y a ensuite eu l'échec de l'opération militaire gouvernementale de février 2015 qui visait à terminer l'encerclement d'Alep. Après
l'échec de cette opération la ville reste quasiment encerclée (comme on peut le voir sur cette carte) mais cet épisode a sans doute eu un
impact psychologique négatif pour l'armée gouvernementale qui surfait sur une vague de succès jusque-là. A l'est de la ville, dans la
zone sous contrôle de l'Emirat Islamique, une base militaire gouvernementale (Kuweyres) est en outre totalement encerclée et soumise
aux assauts quotidiens des kamikazes de l'Emirat islamique.
Aux confins Est de la Syrie, les forces loyalistes sont aussi aux prises avec l'Emirat Islamique principalement dans deux sites
sensibles qui sont la ville de Deir ez-Zor mais aussi le tracé de la route reliant la capitale à l'aéroport (la zone en blanc sur cette carte),
route qui passe par le joyau historique qu'est Palmyre et ou se déroulent actuellement de très violents combats.
Mais c'est surtout dans la province d'Idlib que le régime a connu sa défaite militaire la plus lourde du moins sur les plans tactique et
psychologique alors même qu'elle semblait inévitable depuis un certain temps.
Plusieurs milliers de rebelles ont attaqué une bande de territoire (en blanc sur cette carte) contrôlée par les forces loyalistes, mais
isolée au sein d'une province majoritairement contrôlée par divers groupes fédérés autour du Front al-Nosra, la version syrienne d'AlQaïda. En seulement quelques semaines au cours des mois de mars et avril les rebelles ont pris le contrôle des villes d'Idlib et de JisrShughour à l'Est et l'Ouest de cette bande, prenant en étau les milliers de loyalistes s'y trouvant, dont plusieurs centaines de soldats
des troupes d'élites Tigres.
La rapidité avec laquelle les rebelles ont conquis ces villes, en seulement quelques jours, s'explique par plusieurs facteurs. Tout
d'abord l'utilisation intensive des attentats suicide contre les check-points syriens (des sources parlent de plus d'une 40aine pour la
seule ville d'Idlib), comme le fait l'Emirat islamique à l'Est du pays à Deir ez-Zor.
Il y a aussi eu, pour la première fois l'utilisation massive de missiles américain anti-char TOW (plus de 250 missiles tirés en mars et
avril dans cette zone) qui ont permis aux rebelles de réduire la mobilité des troupes syriennes qui ont subi des pertes importantes et
qui ne peuvent désormais compter que sur l'appui aérien.
Ensuite, la présence de mercenaires étrangers en grand nombre semble avérée. On parle de membres du parti Islamique du Turkistan
et aussi de nombreux mercenaires Turcophones, Saoudiens ou Tchétchènes.
De plus, les troupes d'élite Syriennes n'étaient pas en grand nombre dans la région et surtout pas au sein des deux villes en question
qui étaient principalement défendues par les forces de défenses locales, un corps de volontaires civils peu entrainés et incapables de
faire face à un assaut d'une telle ampleur.
Mais en toile de fond de ces événements récents, un élément essentiel vient de faire son apparition. Depuis le début de la guerre en
Syrie, les trois principales puissances sponsorisant les groupes rebelles et anti-Assad n'étaient pas unies pour des raisons de stratégie
régionale. Conséquence directe, sur le terrain la kyrielle de groupes qui s'opposaient au pouvoir Syrien se combattaient les uns et les
autres pour obtenir le soutien financier, logistique et militaire de La Turquie, du Qatar, des Emirats-arabes ou de l'Arabie Saoudite.
Vers une nouvelle réalité en Syrie ? (2/2)
Sputnik. 19.05.2015 Alexandre Latsa
Ces différentes puissances qui apportent de l'aide aux anti-Assad ont visiblement conclu un accord, une sorte de pacte visant à
faire tomber le régime Syrien. Cet accord a entrainé une unification, une coordination militaire mais surtout une union
politique des différents groupes d’opposition.
Cette alliance entre deux puissances du golfe et un pays de l'Otan, accompagne donc maintenant une coalition militaire composée de
combattants djihadistes proche des frères musulmans et de salafistes, dans une coalition hétéroclite et radicale qui pourrait rassembler
jusque 70.000 combattants.
Lors de l'assaut contre Idlib, de nombreuses sources bien informées affirment que si l'équipement était majoritairement fourni par
Riyad, plusieurs milliers de combattants se sont infiltrés en quelques heures sur le territoire Syrien par la frontière Turque, frontière
d'où un soutien médical a même été apporté aux Djihadistes blessés qui ont pu franchir la frontière pour être traites dans les hôpitaux
en Turquie (source ici et là). Les mêmes sources affirment que Riyad et Ankara envisageraient des opérations militaires en Syrie,
même si cela semble à ce jour encore improbable, et il faut rappeler que la Turquie a déjà proposé l'établissement par voie militaire
d'une zone tampon, aérienne et au sol, dans le nord du pays.
En outre, avec l'aide des Etats-Unis, ce nouvel axe va former dans les prochains mois un contingent de 5.000 hommes pour combattre
tant le pouvoir Syrien que l'Emirat Islamique. Ces changements importants interviennent dans un contexte international et régional
mouvant lié à l'Iran.
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L'accord sur le nucléaire Iranien et la plausible levée des sanctions ont créé une vive inquiétude au sein des monarchies du golfe qui
craignent par-dessus tout l'influence régionale de Téhéran. La mort du roi Abdallah au début de l'année 2015 et l'accession au trône de
son demi-frère Salman a eu pour conséquence un retournement de la politique étrangère Saoudienne, accéléré sans doute par
l'opération au Yemen que Riyad mène contre les rebelles Houtis qui ont le soutien de Téhéran.
En lien direct avec l'Iran, le Hezbollah semble de plus en plus devenir une des clefs du dossier Syrien sur le plan militaire. A la
frontière avec le Liban, le Hezbollah augmente son implication sur le terrain Il a lancé au cours de ce mois de mai une opération
militaire de très grande envergure dans les monts Qalamoum, visant à sécuriser la frontière et cette zone stratégique qui donne
directement accès à la capitale Syrienne.
Jusque-là, le Hezbollah se contentait d'intervenir dans des zones périphériques et plus ou moins frontalières du Liban, hormis de rares
exceptions. Mais le 12 décembre dans un discours d'importance, Hassan Nasrallah a clairement laissé entendre que le Hezbollah allait
désormais combattre partout où il le faudrait sur le territoire Syrien pour ne pas permettre la défaite du régime. Il semble du reste
plausible qu'après la bataille de Qalamoun le Hezbollah soit déployé dans le sud du pays, accentuant de fait la crainte de la Jordanie
de voir l'influence de Téhéran s'approcher de ses frontières, tandis que dans le même temps l'Emirat Islamique semble de son côté
vouloir s'implanter en Jordanie.
Que peut-il se passer maintenant en Syrie?
Sur le plan intérieur
On peut imaginer que l'Etat Syrien ne devrait pas s'effondrer après la perte de plusieurs centaines de soldats et de dizaines de tanks
dans la terrible bataille en cours pour la province d'Idlib. La montée en puissance du Hezbollah semble montrer clairement le
problème principal auquel fait face l'armée Syrienne pour garder le contrôle sur la totalité du territoire syrien: la dispersion des forces
sur des fronts de plus en plus nombreux et étendus. En quatre ans de guerre l'armée Syrienne et les forces de défense nationale ont
perdu plusieurs dizaines de milliers d'hommes. Il est donc de plus en plus difficile de mener des opérations importantes sur plusieurs
fronts à la fois, tout en sécurisant les territoires sous contrôle de l'état.
Il faudra observer dans les prochains mois si le régime peut continuer à se maintenir dans ces avant-postes que sont Alep ou Deir-EzZor mais aussi et surtout continuer à contrôler les axes routiers menant à ces villes. De cela dépendra beaucoup l'avenir de la Syrie qui
pourrait voir le régime choisir d'abandonner, au moins provisoirement, le nord et l'est du pays qui tomberaient ainsi sous contrôle total
de l'Emirat Islamique (de l'Est d'Alep à la frontière Irakienne) et du Front Al-Nosra donc d'Al-Qaïda pour ce qui est de la province
d'Idlib.
Mais ce scenario de repli des forces gouvernementales reste une option qui dépendra de l'évolution de la situation militaire dans les
semaines qui viennent et de la capacité du régime à alimenter en hommes les nombreux fronts militaires.
Sur le plan extérieur
Une ligne de rupture semble se dessiner entre les préoccupations prioritaires des occidentaux et celles des acteurs régionaux.
Les occidentaux sont désormais focalisés sur l'Emirat Islamique et les risques qu'il fait courir à la région mais aussi aux états d'Europe
puisque plusieurs milliers de ressortissants européens musulmans ont rejoint les rangs de l'organisation. Par contre, pour Ankara ou
les puissances du golfe, la priorité est clairement de contrecarrer l'influence Iranienne et surtout de ne pas laisser l'axe TéhéranDamas-Hezbollah prendre le dessus dans ce conflit syrien. Tout dépendra de la pression que l'Iran peut exercer. Téhéran peut décider
de passer à la vitesse supérieure (mais sous quelle forme?) pour maintenir Assad au pouvoir et appuyer le processus en cours
visiblement de transformation du Hezbollah en « état dans l'état » au sein du système étatique syrien.
De toute manière, le conflit Syrien ne semble pas près de se terminer, le pays voit se dérouler sur son territoire une terrible guerre
proxy, entre une bien étrange coalition des démocraties occidentales, des dictatures du golfe et de la Turquie, contre un axe regroupant
la Syrie laïque, l'axe Chiite Téhéran-Hezbollah et en arrière-plan la Russie.
Difficile d'imaginer quelle nouvelle réalité est en train d'émerger en Syrie.
SYRIE. La cité antique de Palmyre échappe, pour l'instant, à
l'emprise de DAESH
Par Sciences et Avenir avec AFP Publié le 18-05-2015
Après avoir fait une incursion dans le nord de cette ville inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco, samedi 16 mai 2015, les
islamistes ont été repoussés par les forces syriennes.
COLONNADES. Que se passe-t-il dans la cité antique de Palmyre ? Plusieurs secteurs au nord de la ville syrienne étaient tombés
samedi 16 mai 2015 aux mains des islamistes de DAESH. L'assaut avait été lancé trois jours plus tôt. Mais dans un communiqué daté
du lendemain l'agence de presse syrienne SANA affirme que "l’armée arabe syrienne a éliminé, en collaboration avec des habitants,
les derniers rassemblements des terroristes dans le village d’al-Amiriyah evilt aux collines qui entourent la ville de Palmyre et la ville
antique". "La ville antique de Palmyre est sécurisée et l’autoroute de Homs – Palmyre est complètement sûre" affirme le gouverneur
de Homs dans ce même communiqué. La plupart des ruines monumentales, qui comportent notamment des colonnades torsadées
romaines, des temples et des tours funéraires, se trouvent au sud-ouest de la ville.
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Une vue sur l'amphithéâtre de Palmyre. Cliché pris en 2014 JOSEPH EID / AFP
Le site, qui fut l'un des plus importants foyers culturels du monde antique, est inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco. Le 14 mai
2015, Irina Bokova, la directrice générale de l'Unesco avait appelé le Conseil de sécurité de l'ONU à agir pour la préserver. "Le site a
déjà souffert de 4 années de conflit, il a souffert du pillage, et représente un irremplaçable trésor pour la peuple syrien et pour le
monde. J'en appelle à toutes les parties en conflit à protéger Palmyre et à tout mettre en œuvre pour empêcher sa
destruction" déclarait-elle dans un communiqué.
L'EI "va tout faire exploser" s'il pénètre dans le site
La bataille de Palmyre a fait au moins 315 morts - 123 soldats et miliciens loyalistes, 135 combattants de l'EI et 57 civils - depuis
mercredi 13 mai 2015 selon l'OSDH qui se base sur un large réseau de sources civiles, médicales et militaires. Mais la menace
demeure car les jihadistes sont présents presque tout autour de la ville, et notamment à un kilomètre du célèbre site archéologique de
Palmyre (Tadmor en arabe). "Les ruines n'ont pas subi de dommages mais cela ne veut pas dire que nous ne devons pas être inquiets",
a déclaré à l'AFP le directeur des Antiquités syriennes, Maamoun Abdelkarim. Ce dernier avait confié sa peur de voir Palmyre tomber
et la cité antique rasée par les jihadistes, qui ont déjà détruit des sites archéologiques dans le nord de l'Irak, notamment Nimroud et
Hatra.
"Je suis terrorisé", a-t-il indiqué à l'AFP par téléphone. L'EI "va tout faire exploser" s'il pénètre dans le site. Selon lui, "ce sera pire
que lorsque Palmyre a été vaincue à l'époque de la reine Zénobie". Au 3e siècle, la reine Zénobie a régné sur toute la Syrie depuis
Palmyre avant d'être battue par les Romains, défaite qui marqua le début du déclin de la cité. Palmyre, qui se trouve dans la province
d'Homs (centre), revêt une importance stratégique pour l'EI puisqu'elle ouvre sur le grand désert syrien, limitrophe de la province
irakienne d'Al-Anbar, en grande partie contrôlée par ce groupe ultraradical sunnite. Une éventuelle prise de Palmyre aurait permis à
l'EI d'étendre son influence au-delà de l'est et du nord de la Syrie où ce groupe est bien implanté.
Pourquoi Daech avance en Irak et piétine en Syrie
Tribune de Genève – 18 mai 2015
Moyen-OrientL’Etat islamique vient de lancer deux assauts quasi simultanés contre Ramadi et Palmyre. Avec des succès
divers. Décryptage.
On le disait en perte de vitesse, affaibli par les frappes aériennes de la coalition conduite par les Etats-Unis. Or, en lançant dimanche
deux assauts quasi simultanés à plusieurs centaines de kilomètres de distance contre la ville syrienne de Palmyre et celle de Ramadi en
Irak, le groupe Etat islamique (Daech en arabe) a une fois encore démontré son extraordinaire capacité à rebondir. Et à faire la guerre.
Si les hommes en noir du «califat» autoproclamé par Abou Bakr al-Baghdadi ont remporté la victoire à Ramadi, mettant en déroute
les forces irakiennes à Palmyre, les soldats fidèles au régime de Bachar el-Assad semblent être parvenus à les repousser. Ecartant pour
l’heure le danger de destruction qui pesait sur le joyau archéologique de la partie antique de la ville. En revanche, les hommes de
Daech auraient pris, hier, le contrôle de deux champs gaziers au nord-est de la cité. Comment expliquer ses fortunes diverses des
combattants de Daech. Tentative de décryptage avec Alexandre Vautravers, rédacteur en chef de la Revue militaire suisse, historien et
stratégiste, professeur à la Webster University à Genève.
Le facteur confessionnel
Pour comprendre ce qui se passe, commente d’emblée Vautravers, «il faut rappeler que Daech est parvenu à se développer à partir et
parmi les populations sunnites du nord et de l’est de l’Irak – pays dans lequel elles sont minoritaires. Face à cette menace, la riposte
du gouvernement irakien (chiite) et de son allié iranien se devait d’être forte.»
En Syrie, au contraire, poursuit le spécialiste, «les sunnites sont majoritaires face à un régime minoritaire d’obédience chiite. A cela il
faut ajouter l’adhésion de nombreux groupes rebelles à Daech, sans parler des soutiens extérieurs. Enfin, il ne faut pas oublier que
jusqu’ici, la riposte internationale a été faite de demi-mesures – notamment des bombardements dont on connaît l’inefficacité.»
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Une armée irakienne faible
Les revers subis par les forces de Bagdad n’étonnent guère l’analyste. «L’armée irakienne n’existe que sur le papier. En réalité, le
gouvernement de Bagdad en a exclu les sunnites depuis sa création. Les Américains n’ont jamais voulu recréer une armée forte et ont
donc accepté le morcellement de cette armée, faite de formations locales ou provinciales. Il n’existe guère d’unité de commandement.
Dès le début, les milices chiites du sud de l’Irak ont constitué les forces armées les plus aguerries et les plus loyales au gouvernement
de Bagdad.» Hier, d’ailleurs, ce sont des milices chiites qui ont été mobilisées pour tenter de lancer une contre-offensive pour
reprendre Ramadi.
Daech bien équipé
En dépit des bombardements de la coalition, les combattants de Daech restent redoutables et bien équipés, assure Vautravers.
«L’Etat islamique s’est initialement doté d’armes abandonnées par l’armée de Saddam. Mais, depuis, elle a pu se procurer dans la
région de nombreux équipements et armes légères. L’argent venu des pétromonarchies (pas nécessairement des gouvernements
d’ailleurs) a permis d’acheminer des missiles et des engins plus sophistiqués. Enfin, les défaites cuisantes de l’armée irakienne – une
division en déroute à Mossoul et une brigade en fuite à Ramadi en été 2014 – ont permis à Daech de se doter de moyens lourds et
modernes, de fabrication américaine.»
«Ce point est un sujet de contentieux entre Washington et Bagdad, poursuit Vautravers, les Etats-Unis ayant choisi de geler la
livraison de centaines de chars lourds M1A1 et d’avions de combat F16.» Hier, après la prise de Ramadi par Daech, le Pentagone
reconnaissait un «revers» et promettait la reprise prochaine de la ville.
Nouvelle stratégie d’Obama?
Faut-il voir un changement de stratégie d’Obama dans le raid des forces spéciales américaines contre des dirigeants de Daech, la
semaine dernière en Syrie? Oui et non, répond Vautravers.
«Les forces américaines et alliées opèrent au sol en Syrie depuis des années, pour former et encadrer des groupes rebelles. On peut
imaginer que si les renseignements le permettent, des actions directes (attaques, destructions, captures) ponctuelles soient tentées
contre des buts à haute valeur. En revanche, il est difficile d’envisager qu’Obama engage des forces terrestres à large échelle en Syrie.
Cependant, la Turquie et d’autres pays ont plusieurs fois proposé leur concours à de tels projets d’opérations de stabilisation.» (TDG)
L’Arabie saoudite recrute huit bourreaux
Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 19.05.2015
En octobre 2011, des comédiens bangladais miment l'exécution de 8 Bangladais en Arabie saoudite. © Andrew Biraj / Reuters /
L’Arabie saoudite recrute : huit bourreaux manquent dans le royaume. Aucune compétence particulière n’est requise, le poste
consistant principalement à administrer la mort et exécuter les peines comme les amputations et les coups de fouet. L’annonce publiée
sur le site de recrutement du service public précise que les impétrants commenceront au plus bas de l’échelle des salaires des
fonctionnaires religieux.
Le royaume saoudien est régulièrement critiqué par des organisations de défense des droits de l’homme pour les exécutions de
condamnés à mort, en général par décapitation au sabre. La peine est de plus en plus fréquente : selon un décompte de l’AFP, 85
exécutions ont eu lieu depuis le 1er janvier, contre 87 sur l’ensemble de l’année dernière. Le chiffre pour 2014 atteint 88 selon Reuters
et Human Rights Watch, 90 selon Amnesty International.
Nombre d’exécutions en hausse
Viol, meurtre, apostasie, vol à main armée et trafic de drogue sont passibles de la peine capitale dans le pays régi par une version
rigoriste de l’islam. La plupart des exécutions visent des condamnés à mort pour meurtre, mais beaucoup concernent également des
89
trafiquants de drogue. La moitié des condamnés sont des sujets du royaume, les autres viennent du Pakistan, du Yémen, de Syrie, de
Jordanie, d’Inde, d’Indonésie, de Birmanie, du Tchad, d’Erythrée, des Philippines et du Soudan.
Les autorités saoudiennes ne se sont pas expliquées sur la hausse du nombre d’exécutions depuis le début de l’année. Des diplomates
en poste l’attribuent à l’augmentation du nombre de magistrats qui a permis d’examiner toutes les affaires en souffrance dans les
tribunaux du royaume. D’autres estiment qu’il s’agit d’une manière d’envoyer un message de fermeté alors que la région traverse une
zone de turbulences.
Lors d’une conférence de presse à Riyad, où il faisait une visite en grande pompe, le président François Hollande a rappelé que la
France milite pour l’abolition de la peine de mort. A l’occasion de cette visite, Amnesty International a déploré que, près de cent jours
après son arrivée au pouvoir, le roi Salman n’ait pas pris de mesures pour « améliorer un bilan épouvantable ».
En 2014, la Chine était le pays qui avait mis à exécution le plus de condamnations à la peine capitale, avec plusieurs milliers de mises
à mort, suivie par l’Iran et l’Arabie saoudite, rappelait l’ONG en mars dans son rapport annuel sur la peine de mort
Alerte destruction sur Palmyre
Exponaute Florence Bousquet • 18 mai 2015
La cité antique de Palmyre en Syrie, a été préservée de justesse, dimanche 17 mai, des assauts des jihadistes du groupe Etat
Islamique (EI). Aujourd'hui, les attaquants se trouvent toujours à un kilomètre de ce site archéologique d'une rare richesse.
Revue des trésors qu'il conserve.
Cité antique de Palmyre et colonnade, © Jerzy Strzelecki via Wikimedia Commons
La ville antique de Palmyre se situe au nord-est de Damas, en bordure du désert syrien. Datant de l'âge de bronze, elle s'est surtout
développée du Ier au IIIème siècle, sous l'égide de l'empire romain. Sa position stratégique au carrefour de plusieurs civilisations en
a fait l'un des plus importants foyers culturels du monde antique, mêlant aux traditions romaines des influences perses, chinoises et
indiennes. La cité a été redécouverte par des voyageurs au XVIIème siècle (ce qui a renouvelé l’intérêt pour l'architecture orientale en
Occident) ; elle est classée aujourd'hui au patrimoine mondial de l'UNESCO.
"C'est un trésor pour le monde entier"
Certains vestiges de la ville antique ont été très bien conservés. Même si les habitations de briques ont disparu, on peut toujours se
promener dans la rue pavée flanquée d'une colonnade à bas-côtés couverts (ancien axe principal de la ville et caractéristique des
villes romaines) qui relie le temple hellénistique de Bel (un des plus important monument religieux du premier siècle en Orient,
célèbre pour le traitement des sculptures sur son arc monumental), le Camp de Dioclétien, l'Agora et le Théâtre (conservés en très bon
état). On y a retrouvé également des bustes funéraires de style original mêlant des ornementations gréco-romaines à des influences
perses. « Palmyre est un des sites les plus importants au Moyen-Orient. Un chef-d'œuvre d'architecture. Il n'y a pas d'autres endroits
comme celui-là au monde. C'est un lieu qui a déjà souffert de la guerre. C'est un trésor pour les Syriens, mais c'est aussi un trésor pour
le monde entier », explique Peter Deraine de l’Unesco.
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Palmyre: 300 morts d'arabes...pfff
Mediapart 18 mai 2015 | Par Adeline Chenon Ramlat
Palmyre : Alors que dire ? Alors qu’est-ce qu’on fait ? Qu'est qu'on dit?
300 morts dont la moitié de l’armée d’un côté et puis la belle
Zénobie toujours debout de l’autre.
Et l’Etat Islamique renvoyé pour un temps chez sa mère…. (au fait, qui c'est sa mère ?)
Ah ben là, ça va poser problème dans les rédactions françaises…
ESPERONS que Caroline Fourest dise une connerie ou que Nabila nous montre ses fesses, histoire d’avoir une actualité plus
importante que ces chieurs de morts arabes qui sont impossible à comprendre morts ou vivants.
Ben oui…parce que là…d’un côté "l’antique citée chère à nos cœurs » à été sauvée des haches et des marteaux....
....mais de l’autre, c’est l’armée du gros méchant qui a fait le coup.
Eh ben merde.
On peut dire que les syriens auront emmerdés jusqu’au bout les spécialistes des rédactions françaises.
Ya haram !
300 morts juste pour discréditer la presse
J'écris au sujet de la syrie
française, …quel gros malin ce Bachar…à croire que c’est lui qui était sur le front !
depuis 5 ans.
Syrie : Palmyre, quel enjeu pour l'organisation Etat islamique ?
TV5Monde 18 mai 2015 par Laura Mousset
Le 27 septembre 2002, une mise en scène dans l'ancienne ville de Palmyre représente la prospérité du commerce à l'époque de la
Reine Zénobie. AP Photo/Bassem Tellawi
L’offensive de l’organisation Etat islamique se poursuit sur la ville de Palmyre, en Syrie. L’armée syrienne tente de repousser les
djihadistes loin de ce site antique inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Quels sont les enjeux de cette ville pour l’EI ?
Eléments de réponse.
Les islamistes de l'organisation l’Etat Islamique ont pris le contrôle de la ville irakienne de Ramadi. Dans le même temps, ils tentent
d'assiéger la ville antique de Palmyre, à environ 200 km au nord de Damas, en Syrie. Le site est l'un des plus importants foyers
culturels du monde antique, inscrit au patrimoine mondial de l'Humanité de l'Unesco. L’armée syrienne a déjà repoussés les
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islamistes en dehors de Palmyre mais ils poursuivent leur offensive. Pourquoi les djihadistes s’attaquent-ils à cette cité historique ? En
quoi est-elle stratégique ?
Symbole et propagande
Le monde entier se souvient encore des images de destruction de statues au musée de Ninive, à Mossoul (au sud de l'Irak), par les
islamistes de l’EI, en février dernier. La directrice de l'Unesco avait alors demandé une "réunion de crise" du Conseil de sécurité de
l'ONU.
Moins de trois mois après, les djihadistes veulent désormais détruire les vestiges de la cité de Palmyre, vieille de 2 000 ans. « La
destruction aveugle, sauvage, des cultures anciennes est devenue une caractéristique de leur comportement. Le saccage, le carnage,
l’exécution des personnes, ne suffisent plus, il y a la volonté absurde d’éradiquer toute civilisation qui ne serait pas celle du
Prophète », écrit Jean Levallois dans le quotidien La Presse de la Manche.
Situées dans le désert syrien, les ruines comportent des colonnades torsadées romaines, des temples, des tours funéraires, des
sarcophages sculptés… La valeur historique de cette cité est inestimable. Son architecture unit les techniques gréco-romaines aux
traditions locales et aux influences de la Perse, selon l’Unesco.
La ville de Palmyre est donc très importante en terme de propagande pour l’Etat islamique. Son importance culturelle attire l’attention
du monde entier. Les islamistes « savent très bien que toute la communauté internationale ne va parler que de Palmyre pendant
quelques jours. En termes de communication, c’est très important », assure sur Europe 1, Agnès Levallois, consultante spécialiste du
Moyen-Orient. Pour Slimane Zeghidour, éditorialiste à TV5MONDE, si l'EI prenait Palmyre, cela aurait "galvanisé ses troupes et
renforcé l'attrait que l'EI exerce sur ses admirateurs dans le monde entier".
Monique Raux, journaliste à l’Est Républicain, est persuadée que Palmyre est un « enjeu stratégique et symbolique ». Mais pas
seulement. Les vestiges de cette cité antique représente également d'importants revenus à leurs voleurs. « Les antiques trophées pris
dans la capitale de la Reine Zénobie ne sont pas perdus pour tout le monde. Le trafic qui en découle sert à financer le terrorisme ».
Carte du Moyen-Orient. © TV5MONDE
Palmyre permet de contrôler le désert syrien
« Palmyre est une ville qui permet de contrôler le désert syrien. C’est la porte vers l’Euphrate, vers Deir ez-Zor aujourd’hui, Europos
Doura dans l’Antiquité, c’est le débouché de ce que l’on appelle la trouée de Homs », explique à la RTBF, Didier Vier, professeur
d'archéologie à l'Université Libre de Bruxelles. « Quand on contrôle cela, on a évidemment toute la voie vers l’Orient, mais quand on
vient de l’est, quand on vient d’Irak, c’est bien évidemment la voie vers Damas et vers la Méditerranée ».
La prise de Palmyre permettrait aux islamistes de l'Etat islamique de faire sauter deux verrous : "un qui mène vers Homs, un vers
Damas, la troisième ville à l’Ouest qui commande l’accès au littoral méditerranéen", affirme
l'éditorialiste Slimane Zeghidour. « De Palmyre, vous pouvez aussi aller vers la ville de Homs, verrou stratégique, qui permet d’aller
ensuite vers la Syrie alaouite », explique Agnès Levallois, à Europe 1.
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La prise de Palmyre achèverait également de rattacher au domaine irakien de l'Etat islamique, un pan stratégique important du
territoire syrien.
Prison de Palmyre et champs gaziers
Palmyre est un symbole du régime d'Hafez el-Assad, père de l'actuel président syrien, a rappelé sur I-télé, Romain Caillet chercheur
et consultant sur les questions islamistes. Dans les années 80, des islamistes ont été massacrés par le régime à la prison de Palmyre.
"Libérer la prison est un moyen d'infliger un revers aux occidentaux, mais aussi de s'attirer la sympathie dans les milieux rebelles
syriens", assure le chercheur.
Le groupe Etat islamique s'est emparé, lundi 18 mai, de deux champs gaziers, Al-Hél et Arak, respectivement à 40 et 25 km au nord
de Palmyre. Au moins cinq civils dont deux enfants ont été tués par des obus, selon une ONG. Ces champs étaient très importants
pour le régime de Bachar al-Assad qui, privé de champs dans l'est de la Syrie sous contrôle de l'EI, utilisait ce gaz pour alimenter les
régions en électricité.
Syrie: les rebelles prennent la dernière base du régime dans la
province d'Idleb
Par LEXPRESS.fr avec AFP , publié le 19/05/2015
Une coalition de groupes rebelles et de djihadistes, dont le Front al-Nosra, se sont emparés ce mardi du camp d'Al-Mastouma, la
dernière grande base militaire du régime de Bachar el-Assad dans la province d'Idleb.
Encore un revers pour le régime syrien. Après la chute de la ville d'Idleb en mars, et la progression du groupe Etat islamique vers
Palmyre ces derniers jours, l'armée du régime vient de perdre sa dernière grande base militaire dans la région, ce mardi. C'est une
coalition de rebelles et du front Al-Nosra qui s'en sont emparés.
Al-Mastouma, le plus grand camp de l'armée syrienne dans la province d'Idleb, est tombé en moins de 48 heures après une offensive
qui a débuté dimanche soir, d'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Ce camp était l'une des dernières positions militaires du régime de Bachar al-Assad dans cette province contrôlée en majorité par les
rebelles et située à la frontière avec la Turquie, qui soutient l'opposition.
La mère d'un otage américain en Syrie implore Washington et Damas
Le Monde.fr | 19.05.2015
La mère du journaliste américain Austin Tice, disparu il y a plus de mille jours en Syrie, a exhorté mardi 19 mai Washington et
Damas à coopérer pour obtenir sa libération. Le journaliste, qui travaille notamment pour le groupe de presse McClatchy et le
Washington Post, a été enlevé en août 2012 dans la capitale syrienne.
Le département américain d'Etat a annoncé en mars que Washington était périodiquement en contact direct avec le gouvernement
syrien pour évoquer son sort. « On nous dit qu'il va bien, qu'il est indemne, ce qui est bien sûr très important, et le plus important
pour nous, c'est de rester patients », a déclaré Deborah Tice à Beyrouth, citant des informations de sources non spécifiées, obtenues il
y a quelques semaines. Selon sa famille, on ignore précisément quel groupe détient Austin Tice en otage.
D'après l'organisation Reporters sans frontières (RSF), 25 journalistes sont actuellement retenus en captivité en Syrie par des groupes
radicaux, dont cinq étrangers. Trente autres, principalement des Syriens, sont détenus par le régime. « Le gouvernement syrien nie
détenir Austin, mais nous espérons qu'il fera tout son possible afin de le ramener à la maison sain et sauf », a déclaré le secrétaire
général de RSF, Christophe Deloire, lors d'une conférence de presse.
L'axe sunnite Riyad-Doha-Ankara contre l'arc chiite iranien
France TV Info Par Alain Chemali | Publié le 19/05/2015
Tournant significatif au Moyen-Orient, les récentes victoires de la rébellion syrienne sur le terrain ont mis en lumière un nouvel axe
stratégique dans la région. Pacte ou accord tacite, «le triangle Riyad-Doha-Ankara a commencé de fonctionner», selon un expert
jordanien, «et le positionnement de Salman comme nouveau commandant du monde arabe pousse les brigades rebelles à se
réorganiser».
De nombreux analystes s’accordent à attribuer cette progression à l’accession du roi Salman au trône saoudien en janvier 2015 et au
rapprochement auquel il a procédé avec le Qatar et la Turquie sur la base de la lutte contre l’influence croissante de Téhéran au
Proche-Orient. Une stratégie du plus petit dénominateur commun qui a pour principal objectif d’abattre le régime de Bachar al Assad,
pièce maîtresse du dispositif de la République Islamique dans le grand affrontement en cours entre sunnites et chiites.
Objectif commun, abattre Bachar al Assad
Depuis le mois de mars, une nouvelle coalition militaire syrienne armée et financée par ces trois pays est apparue sous le label
l’Armée de la conquête. Une alliance rendue possible par un assouplissement de la position saoudienne qui refusait jusque là tout
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soutien aux Frères Musulmans. Au total, sept groupes islamistes, ayant pour objectifs communs de lutter contre le régime de Bachar al
Assad et le mouvement de l’Etat Islamique à la fois, sont désormais regroupés dans des «chambres d’opérations locales» qui ont
permis à la rébellion de s’emparer des villes d’Idlib et Jisr al Choughour et de devenir une menace pour le pays alaouite, principale
position de repli du pouvoir à Damas.
Changement d'attitude de Riyad
Le changement d’attitude de Riyad permet désormais au Qatar d’officialiser son soutien à la lutte contre le régime syrien et les
combattants de Daech tout en réclamant que «l’Iran donne des assurances de sa bonne foi aux Etats voisins», selon le chef de la
diplomatie qatarie. «Ce dont nous avons peur, explique encore Khaled Attiyah, c’est que la question communautaire (entre chiites et
sunnites) ne dégénère en conflit entre les Arabes et l’Iran. Et nous n’en voulons pas !»
Quant à la Turquie, en dépit de ses dénégations, elle poursuit son appui logistique au Front al Nosra, filiale d’al Qaida en Syrie
intégrée à la nouvelle coalition, ainsi qu’au groupe Ahrar al Cham. Cette formation, la plus puissante dans le nord du pays, «a reçu
d’importantes livraisons d’armes via la Turquie en prévision de la bataille d’Idlib. Et les a ensuite distribuées à d’autres groupes»,
selon un expert occidental.
Téhéran veut garder la carte syrienne
L’apparition d’un axe sunnite doté pour la première fois d’un objectif commun n’est toutefois pas une garantie de victoire rapide.
Inquiet de voir la carte syrienne lui échapper, l’Iran a lancé une contre-attaque sur les flancs du mont Qalamoun à la lisière entre la
Syrie et le Liban. Le Hezbollah, bras armé chiite de Téhéran au Pays des cèdres, affirme avoir repoussé les rebelles de cette région
montagneuse frontalière, et le principal conseiller du guide suprême iranien pour les affaires internationales, de passage à Beyrouth,
s’est félicité des victoires du mouvement chiite libanais. Pour Ali Akbar Velayati, «cela va renforcer l’axe de la résistance, non
seulement en Syrie et au Liban mais dans toute la région».
Syrie: 170 djihadistes tués en 48 heures
Par LeFigaro.fr avec AFP Publié le 20/05/2015
Au moins 170 djihadistes de l'Etat islamique ont été tués par d'intenses bombardements aériens de la coalition sous commandement
américain en Syrie sur une période de 48 heures cette semaine, rapporte l'Observatoire syrien pour les droits de l'homme (OSDH).
Ces frappes ont été menées en coordination avec les combattants de la milice kurde YPG dans la province d'Hassaka dans le nord-est
de la Syrie.
A la Une: L’Etat islamique ne désarme pas
RFI Par Frédéric Couteau mercredi 20 mai 2015
« Irak-Syrie : l’État islamique gagne toujours du terrain » : c’est le grand titre du Figaro. Certes, constate le journal, « dix mois de
bombardements aériens ont porté leur leçon. La coalition internationale a empêché la chute de Kobané et favorisé la reconquête de
Tikrit. Mais, après 5 300 raids, le “califat” n’est pas fondamentalement affaibli. Il vient de s’emparer du verrou de Ramadi, à 100 km
de Bagdad, et menace la cité antique de Palmyre, à 200 km de Damas. En mettant en déroute les forces irakiennes, il a fait main
basse sur des armes lourdes livrées par les États-Unis. » Et attention, prévient Le Figaro, « si les stratèges de la coalition ne révisent
pas rapidement leurs plans de campagne, les événements à venir les y forceront. Daech se rapproche lentement, mais sûrement, de
ses deux objectifs suprêmes : Bagdad et Damas. Le jour où les capitales de l’Irak et de la Syrie seront directement menacées, chacun
comprendra que cette guerre peut être perdue si l’on n’engage pas les moyens nécessaires pour la gagner. »
Justement, comment repousser Daech ? Une « présence au sol renforcée des Occidentaux, États-Unis en tête », est nécessaire,estime
Le Figaro. « Washington en mesure déjà la nécessité, comme l’a montré le raid des forces spéciales Delta qui a permis d’éliminer un
haut responsable de l’EI et de saisir une mine de renseignements. »
Et puis « des clarifications stratégiques s’imposent, pointe encore Le Figaro. En Irak, l’absence d’une armée digne de ce nom met en
péril l’unité du pays. Tandis que les Occidentaux ont formé 7 000 soldats réguliers, les milices chiites affiliées à l’Iran alignent
35 000 hommes. Un accord politique est indispensable pour intégrer ces combattants aux forces nationales, comme ceux des tribus
sunnites tentées de rallier l’EI. »
D’ailleurs, Bagdad a franchi le pas, relève Libération. Bagdad qui « a décidé d’envoyer des milices chiites pour tenter de reconquérir
Ramadi, prise dimanche par les jihadistes de l’Etat islamique. Une colonne de 3 000 combattants des Unités de mobilisation
populaire a déjà rejoint Habbaniya, à une vingtaine de kilomètres de Ramadi. » Seulement voilà, des milices chiites qui interviennent
en territoire sunnite, le risque de dérapage est important. Les responsables irakiens étaient divisés, les américains aussi, rapporte
Libération : « officiellement, Washington déclare que les milices chiites ont “un rôle à jouer, à Ramadi, tant qu’elles sont sous le
contrôle du gouvernement irakien”. Mais les sénateurs républicains John McCain et Lindsay Graham s’en sont à l’inverse alarmés.
“Quels que soient les succès opérationnels que les milices chiites pourront avoir, ils seront largement dépassés par les dommages
stratégiques causés par leurs violences sectaires et par la peur et les suspicions qu’elles inspireront aux Irakiens sunnites”, ont-ils
déclaré. »
En tout cas, hier soir, rapporte Libération, « le gouvernement irakien n’avait toujours pas lancé de contre-attaque. Des forces se
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massaient à Houssayba, à 7 kilomètres de Ramadi. Les jihadistes, eux, continuaient à installer leurs drapeaux noirs sur les
principaux bâtiments de la ville tout en bâtissant des lignes de défense et en enfouissant des mines. »
Syrie: la Turquie accusée de livrer des armes
Par LeFigaro.fr avec AFP Publié le 20/05/2015
Le dirigeant de l'opposition turque Kemal Kiliçdaroglu a accusé aujourd'hui le gouvernement de livrer des armes aux rebelles
islamistes en Syrie, promettant de bloquer hermétiquement la frontière à ce trafic s'il arrive au pouvoir. La Turquie est sous le feu des
critiques, accusée d'avoir livré des armes aux rebelles islamistes en guerre contre le régime de Bachar al-Assad, des accusations que
nie farouchement Ankara.
"Il y a des vidéos qui montrent comment les caisses ont été ouvertes dans les camions et des images des bombes", a affirmé Kemal
Kiliçdaroglu, du parti républicain du peuple (CHP, centre gauche) dans une interview au journal Hürriyet. "Il n'y a rien à cacher là", at-il poursuivi. Kemal Kiliçdaroglu a promis de renforcer la sécurité à la frontière turco-syrienne si son parti, en deuxième position
derrière l'AKP au pouvoir selon les derniers sondages, gagnait les élections législatives du 7 juin.
"Avec le CHP au pouvoir, la frontière reviendra à ce qu'elle était auparavant, et nous assurerons la sécurité de la frontière", a-t-il
assuré. Ses propos interviennent alors que la polémique enfle autour de l'arrestation de dizaines de militaires, policiers et magistrats
accusés d'avoir stoppé et fouillé, début 2014, des véhicules qui appartiendraient à l'Agence de renseignement nationale, les services
secrets (MIT). Une série de documents avaient alors circulé sur internet affirmant que les véhicules étaient soupçonnés de livrer des
armes aux rebelles islamistes syriens.
Syrie: La cité de Palmyre dans les mains de Daesh
20 Minutes avec AFP Publié le 20.05.2015
Les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) se sont emparés ce jeudi de la totalité de la cité antique de Palmyre selon plusieurs
sources, marquant un nouveau point contre le régime syrien et suscitant l’inquiétude pour ses trésors archéologiques. Le groupe
extrémiste contrôlant désormais la moitié du territoire syrien, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
L'OSDH et des militants ont affirmé à l'AFP que les troupes du régime syrien s'étaient retirées de toutes leurs positions dans et à la
périphérie de Palmyre, notamment des renseignements militaires de toute la Badiya (désert syrien), l'aéroport militaire et la prison
dans lesquels les jihadistes de l'EI se sont introduits dans la nuit.
Dans l’Irak voisin, une contre-offensive se prépare pour reprendre Ramadi, capitale de la province majoritairement sunnite d’AlAnbar tombée dimanche aux mains de l’EI. Les Etats-Unis, à la tête d’une coalition internationale anti-djihadiste, procèdent eux à un
«réexamen» de leur stratégie en Irak promettant qu’ils « aideraient » les autorités à reprendre cette ville « dès que possible ».
Le « retrait massif des forces du régime de tous les secteurs »
La situation sera au coeur d’une réunion internationale le 2 juin à Paris, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius
soulignant qu'« il faut faire le point sur la façon dont la coalition souhaite procéder..».
Le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, Rami Abdel Rahmane, faisait état mercredi d’un «retrait massif des
forces du régime de tous les secteurs». Il a cependant précisé que les djihadistes n’étaient pas entrés dans la prison (est) ni au siège des
services de renseignement militaires (ouest) où se trouvent un grand nombre de soldats.
« Situation très mauvaise »
L’EI s’était déjà emparé du tiers nord de la ville mercredi après-midi. Le directeur des Antiquités syriennes, Maamoun Abdelkarim,
avait alors affirmé que «la situation était très mauvaise», s’inquiétant du sort du site archéologique inscrit au patrimoine mondial de
l’Humanité.
«Je suis vivement préoccupée par la situation du site de Palmyre. Les combats menacent l’un des sites les plus significatifs du MoyenOrient et la population civile », a pour sa part déclaré mecredi la directrice générale de l’Unesco Irina Bokova appelant à « un arrêt
immédiat des hostilités sur le site».
L’EI a déjà détruit des trésors archéologiques en Irak. La cité de Palmyre, vieille de plus de 2.000 ans, revêt une importance
stratégique pour l’EI puisqu’elle ouvre sur le grand désert syrien, limitrophe de la province d’Al-Anbar en Irak, qu’il contrôle déjà en
grande partie.
Syrie: pourquoi la prise de Palmyre par l'État islamique fait craindre le pire
Challenges - Par Antoine Izambard Publié20-05-2015
INTERVIEW Les djihadistes du groupe Etat islamique se sont emparés de la totalité de la cité antique de Palmyre, dans le
nord de la Syrie. Le point sur la situation avec l'islamologue Mathieu Guidère.
Les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) se sont emparés jeudi 21 mai de la totalité de la cité antique de Palmyre, marquant un
nouveau point dans leur bataille contre le régime syrien et suscitant l'inquiétude pour ses trésors archéologiques.
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La cité de Palmyre, vieille de plus de 2.000 ans, revêt une importance stratégique pour l'EI puisqu'elle ouvre sur le grand désert syrien,
limitrophe de la province d'Al-Anbar en Irak, qu'il contrôle déjà en grande partie.
En Irak voisin, l'armée aidée de milices chiites se prépare à lancer une contre-offensive pour reprendre Ramadi, capitale de province
d'Al-Anbar tombée aux mains de l'EI, Washington cherchant à accélérer la formation des tribus sunnites pour aider le pouvoir.
Challenges.fr fait le point sur la situation avec le spécialiste de l’islam radical et enseignant à l’Université Toulouse 2, Mathieu
Guidère. Interview.
L’État islamique vient de s’emparer de Palmyre. Est-ce une surprise pour vous?
Non. Depuis quelques semaines Daech se prépare à cela. Les djihadistes ont pris dimanche Ramadi, la capitale de la province d’AlAnbar en Irak. Ils sont sur une dynamique positive et cela rappelle les offensives de l’été dernier, lorsqu’ils avaient infligé une sévère
défaite à Mossoul aux milices tribales et à l’armée irakienne. Ces conquêtes de Daech illustrent bien la déroute totale des armées
syriennes et irakiennes.
Pourquoi les armées de ces deux pays sont à ce point défaillantes?
L’armée irakienne pâtit d’un jeu politicien suicidaire. Les différentes factions irakiennes ne veulent pas du statu quo, elles s’opposent
aux solutions américaines. Que ce soit les chiites, les kurdes, les sunnites, chacun veut avoir son État. Haider Al-Abadi, le Premier
ministre de ce gouvernement à majorité chiite, aurait très bien pu envoyer des renforts à Ramadi mais il a laissé pourrir la situation et
il a ensuite appelé les milices chiites à rallier Ramadi. Il a décidé d’asphyxier l’armée régulière pour laisser faire les milices chiites qui
procèdent à une sorte de nettoyage ethnique. C’est un scénario semblable à ce qui s’est passé en ex-Yougoslavie.
Quant à l’armée syrienne, elle ne tient que grâce au soutien de l’Iran et de la Russie. L’Iran fournit notamment 50.000 hommes et le
Hezbollah environ 20.000. Sans eux, le régime tombe et Daech s’empare de Damas. Avant la révolution en 2011, l’armée syrienne
était tenue par des alaouites (chiites, Ndlr) et les soldats étaient des sunnites. Puis en 2011, la quasi-totalité des soldats ont déserté. Ils
étaient 250.000 à l’époque et sont aujourd’hui 70.000.
Une réunion internationale pour évoquer "l'ensemble de la situation en Syrie et en Irak" aura lieu le 2 juin à Paris. Que peuton en attendre ?
Peu de choses. Le problème n’est pas militaire mais politique. Il n’y a aucun projet politique dans cette région. Que fait-on après
Bachar? En Irak, c’est pareil, quel type de régime met-on en place? Comment s’attaque-t-on aux milices tribales?
Les Etats-Unis vont probablement accélérer la formation des tribus sunnites mais cela est ridicule. Cela concerne 500 hommes formés
en Turquie, les Américains veulent arriver à 15.000, mais cela prendra du temps. La formation dure 18 mois…
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Comment voyez-vous l’évolution de la situation à Palmyre ?
Tout va dépendre de la résistance des milices chiites. Si c’est comme à Tikrit où les milices ont chassé Daech, cela va être sanguinaire
et les sunnites risquent de basculer du côté de l’État islamique. Mais en même temps, Daech devrait être plus résistant, les
combattants peuvent apprendre de leurs erreurs. En tout cas, c’est une zone de chaos terrible puisque 40.000 personnes ont fui de
Ramadi ces derniers jours.
Pourquoi la guerre de l’Etat islamique contre les trésors archéologiques est
aussi motivée par des raisons n’ayant rien à voir avec la pureté religieuse
Depuis le début de la semaine, de violents combats opposent l'Etat islamique aux troupes de Bachar el-Assad autour de la ville
syrienne de Palmyre, connue pour ses inestimables ruines antiques, qui valent très cher sur le marché noir.
Atlantico - Publié le 21 Mai 2015
Fabrice Balanche est maître de conférences à l’Université Lyon 2 et directeur du Groupe de Recherches et d’Etudes sur la
Méditerranée et le Moyen-Orient à la Maison de l’Orient.
Le site archéologique de Palmyre a une valeur inestimable. Crédit Wikimédia
Atlantico : Les djihadistes se trouvent aujourd'hui à seulement un kilomètre du site archéologique de Palmyre. Doit-on de
nouveau s'attendre aux destructions systématiques d'objets d'art comme au musée de Mossoul ou à Hatra ? Sur quelles
justifications religieuses s'appuient-elles ?
Fabrice Balanche : Si l’Etat islamique s’empare de Palmyre, le musée et le site archéologique seront détruits tout comme cela est
arrivé en Irak. Daech considère que tout ce qui existait avant la venue de l’Islam doit être éliminé, car cela appartient à des
temps "barbares" ("al jahylya" en arabe). Lorsque Mahomet est entré dans la Mecque en 632, il a commencé par détruire les
idoles qui se trouvaient dans la Kaaba.
L'Etat islamique ne fait que reproduire cet épisode. Mais il n’est pas le seul, de tout temps les Eglises furent transformées en
Mosquée et les monuments hérités des périodes pré-islamiques éliminés. On se souvient de mars 2001, lorsque les Talibans
avaient détruit à coups de canon les bouddhas de Bamiyan, en Afghanistan.
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Un des portes-parole de l'EI a récemment déclaré que l'organisation n'était pas intéressée pas les "millions de dollars" que ces
antiquités pouvaient générer à son bénéfice. Difficile à croire cependant, Daech ayant besoin d'argent pour faire fonctionner
son "califat". Les statues présentes dans les vidéos sont énormes, donc seraient difficiles à écouler sur le marché noir, mais
qu'en est-il du trafic d'objets plus discrets ?
L'Etat islamique vend du pétrole et laisse des intermédiaires commercer avec ses ennemis. L’organisation terroriste a besoin
d’argent pour payer ses troupes et ses cadres n’agissent pas tous dans un but idéologique. Dans toute prise d’otage, il existe
toujours une question d’argent, tout comme dans la main mise sur les richesses archéologiques. Les pièces les plus importantes et
les plus connues ne peuvent pas être vendues, en revanche le petit matériel : monnaies, mosaïques, statuettes, tablettes, etc.
sont facilement négociables sur le marché parallèle. La Turquie est devenue la plaque tournante d’un vaste trafic d’œuvre d’art en
provenance de Syrie et d’Irak. Il n'y a pas que Daech qui se livre à cetrafic, toutes les organisations rebelles vendent les richesses
archéologiques de Syrie. Dans les années 1980, ce trafic, via le Liban, était l’apanage de Rifaat el-Assad, l’oncle de Bachar el-Assad,
réfugié en France depuis 1984.
A chaque fois qu'il y a des destructions de telles antiquités, l'Etat islamique les met en scène à grand renfort de vidéos incluant
un tournage digne d'un film d'action accompagné de psalmodies religieuses. Quel effet Daech cherche-t-il à produire avec ces
images ? En quoi peuvent-elles convaincre certaines personnes à adhérer à la thèse de l'EI ?
Dès que le groupe terroriste touche à du patrimoine archéologique, les élites intellectuelles et les médias s’émeuvent. C’est donc un
excellent moyen d’avoir de la publicité à bon compte. Il faut comprendre que Daech, tout comme les autres mouvements jihadistes,
ont un fonctionnement fasciste : "lorsque j’entends parler de culture, je sors mon revolver", disait un dignitaire nazi. C’est exactement
la même chose pour Al Baghdadi, il n’y a d’autre culture que celle véhiculée par une lecture fondamentaliste du Coran. Cela
convient parfaitement à ses recrues qui nourrissent une haine pour la culture et la connaissance en général. Car ce sont les symboles
d’une société dans laquelle ils n’ont pas leur place.
Les vidéos s’inscrivent donc dans la campagne de recrutement de l’organisation terroriste. C’est un moyen de promouvoir sa
conception de l’Islam : frustre, radicale et exclusive. En touchant au patrimoine de l’humanité en toute impunité, ils renforcent leur
conviction qu’ils sont dans le "droit chemin" (selon l'expression arabe "al tariq al moustaqim").
La destruction des antiquités pré-islamiques par Daech choque profondément les opinions occidentales. Mais finalement
n'occulte-t-elle pas celle d'autres destructions de monuments plus récents comme des mosquées, des églises, ou des temples
yézidis, qui sont entreprises à grande échelle en Irak et en Syrie ?
Les opinions occidentales se passionnent peu pour les monuments religieux des minorités. L’Eglise arménienne des quarante
martyrs d’Alep, un monument vieux de cinq siècles, a été détruite la semaine dernière. La cathédrale maronite d’Alep s’est effondrée
sous les tirs des rebelles en avril. En Irak, les mosquées chiites sont rasées par Daech dans l’indifférence générale.
Les opinions occidentales ne comprennent pas que, par certains aspects, nous sommes dans une guerre de religion au ProcheOrient. Les lieux de culte de l’adversaire sont donc des cibles privilégiées des groupes fondamentalistes.
Le fait que nous vivions dans une société sécularisée ne permet sans doute pas de comprendre les véritables enjeux des conflits
au Proche-Orient. Dénoncer la destruction d’une Eglise en Syrie par les rebelles, c’est prendre le risque d’être taxé de "croisé" voire
d’islamophobe. La défense du patrimoine antique est plus neutre.
Palmyre, joyau antique du désert syrien
Par A.S. avec AFP 21/05/2015
Palmyre, cité antique érigée il y a plus de 2.000 ans dans le désert syrien, classée au patrimoine mondial de l'Unesco, est tombée
aux mains des jihadistes de l'Etat islamique, ce jeudi matin, laissant craindre des destructions à venir. Zoom sur ce joyau du
patrimoine syrien.
Comme d'autres cités antiques irakiennes avant elle, Palmyre est tombée aux mains des jihadistes. Cette cité antique du désert
syrien, à la valeur inestimable, a été prise ce jeudi matin par les combattants de l'État islamique (EI), qui ont d'ores et déjà pénétré sur
le site. Palmyre est réputée pour ses colonnades torsadées romaines, ses temples et ses tours funéraires, vestiges d'un brillant passé.
Une ancienne place forte du commerce
Située à 210 km au nord-est de Damas, la "perle du désert", inscrite par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité en 1980, est
une oasis dont le nom apparaît pour la première fois sur une tablette au 19e siècle avant notre ère. Elle fut un point de passage des
caravanes entre le Golfe et la Méditerranée et une étape dans la route de la soie.
Mais c'est avec la conquête romaine à partir du 1er siècle avant Jésus-Christ et durant quatre siècles, que Palmyre (Cité des palmiers) dont le nom officiel en Syrie est Tadmor (qui signifie "Cité des dattes")- connaît un essor remarquable. Elle devient une place
luxueuse et luxuriante en plein désert grâce au commerce d'épices et de parfums, de la soie et de l'ivoire de l'est, des statues et du
travail du verre de Phénicie.
Des temples érigés au 2e siècle
En 129, l'empereur romain Hadrien en fait une cité libre et elle prend le nom d'Adriana Palmyra. C'est à cette époque que les
principaux temples, comme celui de Bel, ou l'Agora ont été construits.
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La trinité composée du dieu babylonien Bel, équivalent de Zeus, de Yarhibol (le soleil) et Aglibol (la lune) y était vénérée avant
l'arrivée du christianisme au 2e après Jésus-Christ. Au 3e siècle, profitant des difficultés de l'empire romain, la ville s'érige en
royaume. Elle défie les Perses et Zénobie devint reine.
En 270, Zénobie conquiert toute la Syrie, une partie de l'Égypte, et arrive même en Asie mineure. Mais l'empereur romain Aurélien
reprend la ville, la reine Zénobie est conduite à Rome. Palmyre entame alors son déclin.
Des milliers de visiteurs quotidiens
Avant le début du conflit en Syrie, en 2011, plus de 150.000 touristes visitaient la ville aux 1.000 colonnes, aux statues, et à la
formidable nécropole de 500 tombes où les riches Palmyréniens avaient construit une série de monuments funéraires somptueusement
décorés, dont certaines ont été récemment pillés.
Le plus beau site de Syrie porte des stigmates -notamment la chute de piliers et des chapiteaux corinthiens- des combats qui
opposèrent entre février et septembre 2013 les rebelles à l'armée, qui prit le dessus.
D'après le gouverneur de la province, la ville intra-muros compte près de 35.000 habitants et déplacés qui s'y sont installés depuis le
début du conflit, et le double avec sa banlieue. La majorité des habitants sont au chômage faute de touristes. Mais selon
l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), plus de 100.000 personnes peuplent la région de Palmyre.
La chute de cette ville, vieille de plus de 2.000 ans, fait craindre pour le sort de ses célèbres ruines, l'EI ayant déjà détruit des trésors
archéologiques en Irak. La directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, s'est dite mercredi "vivement préoccupée" par la situation
dans la cité antique et appelé à la cessation "immédiate" des hostilités.
Les derniers jours de Palmyre ?
Herodote – 20 mai 2015
Située sur une route caravanière à mi-chemin entre la Méditerranée et l'Euphrate, Palmyre a su profiter pendant deux millénaires de
cet emplacement idéal pour rayonner sur le Proche-Orient. La cité antique, au coeur de la Syrie, est aujourd'hui menacée par l'État
islamique (Daech).
À la croisée des chemins
À l'origine de Palmyre, il y a l'eau. Ici ce sont les sources souterraines qui ont permis aux premiers habitants, 2000 ans av. J.-C., de
s'installer au milieu du désert de Syrie. L'endroit présente un autre avantage, considérable : l'oasis se situe sur l'axe MéditerranéeEuphrate et devient donc un relais privilégié pour les caravanes. « Port du désert », elle s'enrichit des taxes qui frappent les produits
de passage dans ses murs.
Vers l'an 1000 av. J.-C., les Araméens, ayant choisi de se sédentariser, s'installent dans cette oasis qu'ils appellent Tadmor. C'est sous
ce nom qu'elle est citée dans la Bible. Les Romains, plus tard, convoitent ses richesses. Mais en 41 av. J.-C., lorsque le général Marc
Antoine entre dans la ville, sa déception est grande : les habitants ont fui, emportant avec eux tous leurs biens précieux !
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En 17 av. J.-C. enfin, l'empereur Auguste oblige la rebelle à faire allégeance à Rome tout en lui laissant une large autonomie. Tibère
scelle son entrée dans l'Empire avec la construction sur quatre hectares d'un imposant temple en l'honneur du dieu Bêl, version locale
du dieu Mardouk de Babylone.
Avec les années, la cité mérite d'accueillir les empereurs romains. Hadrien y fait étape lors d'un grand voyage dans ses provinces
orientales, en 129 ap. J.-C.
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Palmyra Hadriana
Partenaire à la fois de Rome à l'ouest et des Parthes à l'est, Palmyre devient une grande puissance commerciale. Elle connaît une
prospérité exceptionnelle à laquelle peu d'autres villes de la région peuvent prétendre, à l'exception de Pétra, plus au sud, la cité
caravanière des Nabatéens.
Ses « nouveaux riches », de souche arabe, adoptent le modèle politique et culturel de l'Empire, latinisent leur nom et reçoivent des
titres honorifiques romains tout en conservant leur mode de vie oriental.
Ils couvrent la ville de monuments, de temples et de tombeaux grandioses d'inspiration hellénistique, le long de sa grandiose
colonnade.
Palmyre devient un incontournable horizon pour tous les Orientaux qui veulent réussir dans le commerce. Les caravaniers savent
qu'ils y trouveront non seulement guides et chameaux, mais aussi une escorte pour les accompagner sur leur route. Certes, leurs
marchandises y sont taxées à 25 % de leur valeur, mais la sécurité n'a pas de prix !
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Les années folles de Zénobie
La ville est érigée en colonie sous le règne de Caracalla, au début du IIIe siècle. Mais cet âge d'or arrive à son terme. Au milieu du IIIe
siècle, les Perses sassanides passent à l'attaque et fragilisent les routes commerciales.
Le prince Odenat reçoit de l'empereur Gallien mission de défendre l'Orient romain contre ces perturbateurs. Il s'acquitte avec succès
de sa tâche et remporte des victoires éclatantes sur les Perses jusque sous les murs de leur capitale Ctésiphon (au sud de l'actuelle
Bagdad.
Comme à Rome le gouvernement s'enlise dans des luttes de pouvoir, le prince commence à montrer des velléités d'indépendance et en
vient à gouverner toute l'Asie romaine comme roi de Palmyre. Hélas pour lui, il est assassiné en 268, sans doute à l'instigation de sa
femme Zénobie...
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La reine Zénobie et son fils n'hésitent pas à se déclarer Augusta et étendre leur domination jusqu'en Égypte et en Anatolie. Mais en
272, l'empereur Aurélien frappe de ses foudres la souveraine qui terminera sa carrière comme prisonnière d'honneur, couverte de
chaînes d'or, lors du triomphe de son vainqueur.
C'est la fin pour Palmyre : la ville est pillée, la population passée par les armes. Devenue un abri pour la garnison romaine, elle ne
reçoit plus comme constructions nouvelles majeures que quelques églises byzantines.
Les Arabes musulmans s'en emparent en 634 et érigent bien plus tard, au XIIe siècle, un château, gardien des ruines qu'il surplombe.
Ruinée par un tremblement de terre au XIIe siècle, la cité hellénistique sera redécouverte en 1678 par des voyageurs anglais.
Cinq mille ans de patrimoine
Herodote – 20 mai 2015
Parce qu'elle est située géographiquement dans une position stratégique, la Syrie est depuis des millénaires une terre d'envahisseurs et
de bâtisseurs. Alors que l'actualité la place de nouveau sous les projecteurs, allons visiter les plus grands sites de ce pays pour
découvrir la richesse infinie de son histoire.
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Au bord de l'Euphrate : Mari (3e millénaire avant JC)
Remontons au 3e millénaire avant notre ère, dans l'est de la Syrie, aux frontières de l'actuel Irak. Devant nous s'étend la ville
mésopotamienne de Mari, bâtie de toutes pièces pour profiter de la position stratégique du site : s'installer dans cette plaine revenait en
effet à contrôler le trafic sur l'Euphrate.
Devenue rapidement prospère, la cité-État était protégée par une digue et reliée au fleuve par un canal. Le système de canalisation
était d'ailleurs sa fierté, puisqu'elle pouvait s'enorgueillir de la construction d'un autre canal de près de 120 km, reliant l'Euphrate au
fleuve Khabur.
De forme circulaire, ses bâtiments en briques s'organisaient autour d'une ziggourat et d'un palais royal dont les 300 pièces aux décors
peints étaient protégées par des murs atteignant parfois 4 mètres de haut. C'est ici qu'on a retrouvé une exceptionnelle collection de
15.000 tablettes éclairant l'organisation du pays sous le règne de son dernier roi (vers 1800 avant JC), avant que les troupes du roi de
Babylone Hammourabi ne la détruisent.
Les lions néo-hittites : Aïn Dara (XIe siècle avant JC)
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Originaires d'Anatolie, les Hittites ont étendu leur royaume
jusqu'au nord de la Syrie, construisant au XIe s. av. J.-C. une
cité près de la source d'Aïn Dara.
La ville était placée sous la protection de son temple,
certainement dédié à la déesse de l'amour et de la fertilité
Ishtar. Pour entrer dans le bâtiment en basalte noir, dont la
base des murs est toujours ornée de bas-reliefs, il faut passer
devant un impressionnant lion, gardien du lieu.
La magnificence romaine : Apamée et Bosra
Au 1er millénaire av. J.-C., Assyriens, Babyloniens puis
Perses se disputent la Syrie qui tombe vite entre les mains
d'Alexandre le Grand grâce à sa victoire d'Issos en 333 avant
JC. À sa mort, le pays passe aux mains de son général
Seleucos Nicator et de ses descendants, les Séleucides, jusqu'à
l'arrivée des armées de Pompée en 64 avant JC qui en fait une
province romaine.
La pax romana s'étend alors sur la région, permettant aux
riches cités hellénistiques de se développer sur les routes des
caravanes. C'est le cas d'Apamée qui profite de la
sédentarisation de la population pour développer un cadre de
vie grandiose.
La ville, qui tient son nom de l'épouse de Seleucos, a compté
jusqu'à 500.000 habitants avant d'être frappée par plusieurs
tremblements de terre. On peut encore imaginer sa grandeur
passée en se promenant sous les 400 colonnes ouvragées du
cardo maximus, long de presque 2 kilomètres.
À l'autre bout du pays, à la frontière jordanienne, se dresse un
autre exemple du savoir-faire romain : le théâtre de Bosra.
Pratiquement intact, il doit son exceptionnel état de
conservation à son utilisation militaire et à l'accumulation du
sable et des gravats à l'intérieur, au fil des siècles.
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Palmyre, cité de légende (1er-IIIe siècles)
Depuis 3.000 ans, Palmyre est l'aimant qui attire les voyageurs au centre de la Syrie... En 1691, c'est cependant par hasard que des
marchands anglais redécouvrent les ruines au milieu du désert.
L'ancienne oasis, déjà citée dans la Bible sous le nom de Tadmor, est située idéalement sur les grandes routes des caravanes
commerçant avec l'Orient (...).
Les chrétiens au Liban, craignant l’Etat islamique et Jabhat AlNusra, cherchent à s’armer et à obtenir la protection de la
communauté internationale et du Hezbollah
Par E. B. Picali, chercheur à MEMRI 21 mai 2015
Alors que les organisations djihadistes gagnent en puissance au Moyen-Orient, et notamment au Liban, en particulier après que de
larges secteurs de la Syrie et de l’Irak sont tombés sous le contrôle de l’Etat islamique (EI), qui tente d’y imposer un islam radical, les
minorités chrétiennes et la minorité druze au Liban commencent à craindre pour leur avenir, et même pour leurs vies.
Plusieurs incidents se sont récemment produits au Liban, qui ont exacerbé cette crainte : au début du mois d’août 2014, l’EI et Jahbat
Al-Nusra (JN) ont envahi la ville frontalière d’Irsal, au nord-est du Liban, et enlevé plusieurs dizaines de soldats et d’agents de
sécurité libanais, en coopération avec des citoyens libanais et des réfugiés syriens. Ultérieurement, des militants affiliés à l’EI et à JN
ont également tenté de mener une attaque contre la ville de Brital, au sud d’Irsal. Suite aux combats entre le régime d’Assad et les
rebelles dans la zone d’Al-Qalamoun en Syrie, près de la frontière orientale et nord-orientale du Liban, ces organisations
planifieraient, selon certaines informations, de nouvelles incursions au Liban.
En outre, au début octobre 2014, des groupes armés affiliés à l’EI et à JN, aidés par des réfugiés syriens, ont affronté l’armée libanaise
à Tripoli et dans d’autres régions du Nord. Selon des sources militaires libanaises, ces affrontements s’inscrivaient dans un plan global
de l’EI et de JN pour créer une continuité territoriale avec la zone d’Al-Qalamoun en Syrie occidentale.
Par ailleurs, au cours de l’année passée, des graffitis pro-EI sont apparus à proximité d’églises et d’écoles chrétiennes dans différentes
parties du Liban, menaçant d’instaurer un Etat islamique et de massacrer les chrétiens.
Les minorités au Liban redoutent une intrusion de l’EI et de JN à la frontière orientale du Liban et le soutien actif que ces
organisations reçoivent de la part de groupes extrémistes sunnites et de réfugiés syriens à l’intérieur du pays ; mais également que la
guerre civile syrienne s’étende au Liban. La préoccupation des chrétiens est exacerbée par la faiblesse du gouvernement central,
l’incapacité de l’armée libanaise à les protéger, et la crainte qu’aucun élément extérieur ne vienne à leur aide, sinon peut-être en leur
accordant des permis d’immigration.
En réaction à cette situation, de larges pans de la population chrétienne ont commencé à s’armer et à chercher la protection de
différents éléments – y compris du Hezbollah, qui exploite leurs souffrances dans son propre intérêt. Ils ont également tenu des
conférences et publié des communiqués exhortant à la tolérance religieuse et demandant la protection et l’assistance de la
communauté internationale.[1]
Le présent rapport examine les appréhensions de la minorité chrétienne au Liban, les signes de tensions entre les chrétiens et les
éléments sunnites extrémistes, et la tentative de certains chrétiens de s’armer et/ou de se rapprocher du Hezbollah afin d’obtenir sa
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protection. Il examine également leurs efforts pour attirer l’attention publique sur leur sort et réfréner l’extrémisme sunnite, avec
l’aide de la direction sunnite modérée au Liban et ailleurs.
Tensions entre sunnites et chrétiens : des chrétiens brûlent des drapeaux de l’EI et de JN ; des sunnites vandalisent des croix
et inscrivent des graffitis menaçants
Fin 2014, les médias libanais ont largement fait état de la crainte des chrétiens à l’égard des organisations musulmanes extrémistes –
en premier lieu l’EI et JN – et du soutien dont ces organisations bénéficient parmi les sunnites libanais et les réfugiés syriens à travers
tout le Liban. Ce soutien a trouvé une expression tangible dans les violents affrontements qui ont éclaté à Irsal en août 2014 et à
Tripoli deux mois plus tard, entre l’armée libanaise et des groupes armés libanais s’identifiant à l’EI et à JN, et également dans les
slogans pro-EI et anti-chrétiens apparus sur les murs des églises, des écoles et même des maisons dans différentes parties du pays.
Craignant l’influence de ces éléments extrémistes, et en protestation contre leurs crimes, tels que l’exécution de deux soldats libanais
le 30 août 2014, plusieurs jeunes hommes d’Al-Ashrafiya, quartier chrétien de Beyrouth, ont brûlé un drapeau de l’EI portant le
message de la shahada (proclamation de foi musulmane, « Il n’y a pas d’autre Dieu qu’Allah et Mahomet est son prophète »). Des
activistes chrétiens sur Internet ont aussi lancé un « défi pour brûler le drapeau de l’EI » et appeler d’autres à faire de même.[2] Le
ministre de la Justice libanais Ashraf Rifi, de la faction sunnite Al-Mustaqbal, a appelé à punir avec sévérité les auteurs de ces actes,
au motif qu’ils pouvaient semer la guerre civile. A l’inverse, le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil, du parti chrétien de
Michel Aoun, a appelé les chrétiens à faire la distinction entre l’EI et l’islam.[3]
Le lendemain, 31 août 2014, plusieurs sunnites de Tripoli ont réagi en brûlant deux croix, et en taguant des graffitis « L’EI arrive »
sur plusieurs églises de la ville.[4]
Au cours des semaines suivantes, plusieurs messages pro-EI et anti-chrétiens sont apparus dans différents secteurs. « L’EI arrive » a
été inscrit sur le mur d’une église à Zghata, dans le nord du Liban et sur les murs d’une ville proche de Tyr au Sud ; [5] le message
« Il n’y a pas d’autre Dieu qu’Allah – Etat islamique » est apparu sur les murs de Ghaza dans la vallée de la Bekaa occidentale,[6]
« l’Etat islamique brisera la croix » a été peint à la bombe sur le mur d’une église à Al-Mina dans le nord,[7] et le message « Nous
sommes venus pour vous massacrer, adorateurs de la croix » a été inscrit sur le mur d’une école chrétienne à Tripoli.
Conférences et déclarations appelant à une protection internationale
Les chrétiens du Liban ont répondu à la menace par plusieurs autres méthodes également. Au niveau médiatique, ils ont tenu des
réunions et des conférences et publié des déclarations pour tenter d’attirer l’attention sur leur sort au Liban et ailleurs et d’obtenir une
protection internationale. Lors de ces réunions, ils ont évoqué la nécessité de combattre l’extrémisme sunnite, en coopération avec la
direction sunnite modérée au Liban et dans le monde arabe. Ainsi, le 7 août 2014, les patriarches des églises orientales au Liban ont
tenu une conférence au cours de laquelle ils ont appelé les dirigeants religieux sunnites et chiites à prononcer des fatwas contre
l’assassinat de chrétiens.[8]
Le 3 septembre, les archevêques maronites du Liban, sous la direction du patriarche Bechara Boutros al-Rahi, ont publié un
communiqué déclarant leur opposition à « toutes les formes de discrimination, d’oppression, d’expulsion et de meurtres commis par
des groupes extrémistes et tafkir, qui exploitent la religion pour promouvoir des intérêts et des projets qui n’ont rien à voir avec les
valeurs bien connues de l’islam ».
Cette déclaration appelle également la communauté internationale, le Conseil de sécurité des Nations unies et la Cour pénale
internationale de La Haye à « prendre les mesures nécessaires afin de mettre fin à la tragédie [des chrétiens] ».[9] Lors d’une
conférence qui s’est tenue à Washington du 9 au 11 septembre, évoquant la situation des chrétiens dans l’Orient arabe, Al-Rahi a
exhorté les Etats-Unis à protéger les chrétiens.[10]
S’armée pour se défendre ou faire confiance à l’armée et au Hezbollah pour une protection ?
Dans le même temps, les chrétiens ont pris des mesures pour se défendre contre les extrémistes par les armes, en coopération avec
l’armée libanaise et avec les forces de sécurité du Hezbollah. Le 17 septembre 2014, le quotidien libanais pro-Hezbollah Al-Akhbar a
publié une série d’articles faisant état de préparatifs militaires et sécuritaires des chrétiens, dans différentes parties du Liban : dans le
nord de la Bekaa, zone contrôlée principalement par le Hezbollah à la frontière avec l’EI et JN ; dans les villes et villages de la Bekaa
centrale, proches de la frontière syrienne ; dans la région de Tyr et au Sud, sous contrôle du Hezbollah ; dans la région du mont Liban,
peuplée principalement de druzes ; et dans le Nord, peuplé surtout de sunnites, dont certains soutiennent les organisations extrémistes
dans une certaine mesure.
Ces articles affirment que les chrétiens dans le pays s’arment de manière indépendante ou avec l’aide des partis politiques chrétiens,
afin de se défendre des organisations extrémistes le moment venu ; d’autres comptent sur le Hezbollah pour les protéger, et certains
prennent des mesures de sécurité, en coopération avec l’armée ou les conseils municipaux, telles que patrouiller dans leurs régions,
contrôler les réfugiés syriens et leur imposer un couvre-feu la nuit. [11]
Il semble que plusieurs considérations influencent les chrétiens des différentes régions, sur la décision de s’armer et de savoir sur qui
compter pour assurer leur défense. La première est celle de leur affiliation politique : certains chrétiens sont affiliés au Courant
patriotique libre (CPL) de Michel Aoun, qui fait partie de l’Alliance du 8 mars, dirigée par le Hezbollah ; tandis que d’autres sont
affiliés au parti Kataeb et au parti des Forces libanaises, qui font partie du courant rival, les Forces du 14 mars. Ce dernier s’oppose à
la détention d’armes par des éléments non gouvernementaux, y compris le Hezbollah.
Une autre considération est la proximité avec la frontière syrienne et avec la zone où l’EI et JN combattent le régime d’Assad et le
Hezbollah, et où les hommes armés mènent leurs incursions à Irsal et dans d’autres villes du nord-est du Liban. Naturellement, les
chrétiens qui vivent près de la frontière ressentent un besoin accru de s’armer.
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Un troisième facteur est la réticence à prendre les armes ressentie par certains chrétiens, en particulier dans la région du mont Liban,
en raison de leur expérience amère de la guerre civile libanaise. Les articles publiés dans Al-Akhbar expriment un certain écart entre la
position de la population chrétienne, qui attend de ses dirigeants, tous partis et courants confondus, qu’ils prennent des mesures pour
un armement, et celle des dirigeants eux-mêmes, opposés au recours aux armes.
Selon l’un des articles d’Al-Akhbar, tous les chrétiens de la ville frontalière d’Al-Qa’a, au nord de la Bekaa – toutes factions et
courants confondus – ont organisé des patrouilles nocturnes armées dans leur ville, en coopération avec la police locale, pour se
protéger des infiltrations de miliciens armés et le mouktar de la ville avait déclaré que « l’armée libanaise et le Hezbollah
n’abandonneront pas » les chrétiens.
Un autre article cite un responsable du parti Al-Kataeb d’Amine Gemayel, dans la région de Zahlé au centre de la Bekaa. Il affirme
que les partisans de son parti appellent à armer les chrétiens, et que le parti, en dépit de son opposition, avait succombé à la pression et
informé ses partisans qu’ils étaient libres de créer des liens sécuritaires avec toute force ou parti [y compris le Hezbollah] en cas de
besoin.
Cet article cite également le coordinateur du parti des Forces libanaises de Samir Geagea dans la même région, affirmant : « Nous ne
fournissons d’armes à personne, mais nous conseillons à ceux qui doivent se défendre d’acquérir des armes à leurs frais ». Le
coordinateur local du parti de Michel Aoun, le Courant patriotique libre, a affirmé que son parti était « opposé à l’idée de recourir aux
armes… mais que si la situation empirait, nous ne resterons pas les bras croisés, bien entendu ».
Un troisième article cite un marchand d’armes dans le nord de la Bekaa, affirmant que de nombreux chrétiens achètent des armes à
feu personnelles, voire des armes plus lourdes, et que les différentes factions et partis chrétiens dans la région avaient vidé leurs
entrepôts et livré des armes à leurs partisans. Il ajoute que les militants chrétiens des Forces du 14 mars se sont même adressés au
Hezbollah pour obtenir des armes et ont exprimé leur souhait de combattre à ses côtés le cas échéant.[12]
Le quotidien Al-Safir, qui soutient également les Forces du 8 mars, a rapporté que le Hezbollah avait promis sa protection aux
chrétiens du nord de la Bekaa.[13]
Rejoindre les Brigades de la résistance : des milices chrétiennes sous commandement du Hezbollah
De manière surprenante, il semble que certains chrétiens aient décidé non seulement de se fier au Hezbollah pour les sauver le
moment venu, mais de rejoindre des milices opérant dans le cadre de cette organisation. Plusieurs articles récents publiés dans les
médias libanais indiquent que le Hezbollah œuvre au recrutement d’un grand nombre de chrétiens dans les Brigades de la résistance
(Saraya Al-Muqawama), constituées de mercenaires au service du groupe.
Le 12 novembre 2014, le quotidien Al-Nahar rapportait que le Hezbollah s’efforce de recruter des chrétiens, des druzes et des sunnites
au sein des Brigades de la résistance pour combattre l’EI et JN. Selon l’article, le Hezbollah fournit aux recrues un entraînement et des
armes, et leur verse même un salaire mensuel, de 1 500 à 2 500 dollars par mois. Et d’ajouter que les chrétiens qui rejoignent le
Hezbollah sont des jeunes qui craignent pour leur sort en raison de la montée de l’EI, et d’autres qui ont des difficultés financières.
[14]
Le même jour, Al-Nahar a publié une interview du commandant des Brigades de la résistance, sous couvert d’anonymat, qui affirmait
que des milliers de jeunes de toutes appartenances religieuses souhaitent rejoindre ses rangs, des chrétiens pour la plupart. Il reconnaît
qu’il existe deux groupes purement chrétiens à Deir Al-Ahmar et à Ras Ba’albek – deux villes frontalières au nord du Liban – de
plusieurs centaines d’hommes.[15]
La plupart des informations publiées indiquent que les chrétiens qui rejoignent les Brigades de la résistance du Hezbollah sont des
partisans du Courant patriotique libre, dirigé par l’allié de longue date du Hezbollah, Michel Aoun.
Ainsi, Al-Nahar rapportait le 13 septembre 2014, citant des chrétiens opposés au Courant patriotique libre, que le mouvement avait
établi conjointement avec le Hezbollah des brigades chrétiennes à Jezzine, au Liban-Sud.[16] Une autre information, publiée par le
site de presse libanais Nowlebanon le 4 octobre 2014, citait un activiste des droits de l’Homme, sous couvert d’anonymat à Sidon,
affirmant que des réunions secrètes se tenaient dans des maisons de Jezzine entre des représentants du Hezbollah et des partisans du
Courant patriotique libre, pour discuter de la création de brigades chrétiennes constituées de ces derniers. Et d’ajouter que le
Hezbollah arme des jeunes chrétiens pour défendre leurs villages, leur versant un salaire mensuel de 500 dollars. Il convient de
mentionner que des représentants du Courant patriotique libre ont démenti cette information, affirmant qu’ils étaient opposés à l’idée
d’armer les chrétiens.[17] L’union des villages de la région de Jezzine a également démenti cette information.[18]
Toutefois, selon un article du quotidien Al-Akhbar sur les chrétiens au Sud-Liban, certains chrétiens – même parmi ceux appartenant
aux Forces du 14 mars – ont demandé au Hezbollah de les former secrètement et de les armer dans le cadre des Brigades de la
résistance, et certains chefs de villages et dirigeants à l’est de Sidon ont demandé la protection du Hezbollah, au cours d’une réunion
avec l’ancien membre du bureau politique de l’organisation, Ghaleb Abou Zainab.[19]
Le 12 novembre 2014, le secrétariat des Forces du 14 mars a condamné « le phénomène répandu d’armement sous la supervision du
Hezbollah, et sous l’égide des soi-disant ‘Brigades de la résistance’… [phénomène] qui menace la stabilité de la société
libanaise ».[20]
Le Hezbollah alimente la crainte des groupes djihadistes pour rallier le soutien chrétien et druze
Le Hezbollah et les médias qui le soutiennent ont intérêt à alimenter la crainte de l’EI et de Jabhat Al-Nusra parmi les minorités
chrétiennes et la minorité druze au Liban et à les armer, afin de justifier l’existence des armes de l’organisation et son implication
militaire en Syrie, de se présenter comme le seul élément qui peut défendre les minorités du pays, et de les inciter à rejoindre ses
rangs, ainsi que ceux de Saraya Al-Muqawama.
108
Le Hezbollah espère gagner le soutien politique de ces deux minorités, en particulier des chrétiens qui soutiennent les Forces du 14
mars et des druzes qui défendent Walid Joumblatt. A ce sujet, le chef du Parti de l’option libanaise, Ahmad Al-As’ad, un chiite antiHezbollah – a déclaré : « Le Hezbollah opère parmi les jeunes chrétiens, sunnites et druzes dans la Bekaa, cherchant à faire des
recrues et à les attirer par de l’argent… et les effrayant sur l’avenir… En sus des jeunes chiites, le Hezbollah attire également d’autres
sectes dans le jeu de la mort [en Syrie]… Le Hezbollah submerge le pays d’armes afin de se [blanchir] et de gagner le soutien des
différentes sectes ».[21]
Des déclarations similaires ont été faites par l’ancien rédacteur en chef du quotidien Al-Sharq Al-Awsat, basé à Londres, Tariq
Alhomayed, qui a écrit dans un éditorial daté du 15 novembre 2014 : « Le Hezbollah a besoin d’un soutien confessionnel pour
justifier sa présence en Syrie et affirmer ainsi qu’il n’est pas le seul élément [au Liban] qui se bat pour défendre le criminel Assad, ni
le seul élément qui applique l’ordre du jour communautaire iranien ».[22]
Notes :
[1] Ainsi, le 3 décembre 2014, Al-Azhar a accueilli une conférence internationale au Caire, appelant à s’opposer à la violence et à
l’extrémisme, avec la participation de centaines de chefs religieux musulmans et chrétiens venus de 120 pays. Al-Mustaqbal (Liban),
5 décembre 2014.
[2] Lbcgroup.tv, 8 septembre 2014.
[3] Al-Hayat (Londres), 30 août 2014. Le quotidien libanais Al-Nahar a rapporté que des graffitis contre les réfugiés syriens étaient
apparus à Al-Ashrafiya.
[4] Alquds.co.uk, 31 août 2014 ; Al-Safir (Liban), 1er septembre 2014.
[5] Lbcgroup.tv, 31 août 2014 ; Al-Nahar (Liban), 5 septembre 2014 Al-Mustaqbal (Liban), 7 novembre 2014.
[6] Saida-facts.com, 3 septembre 2014.
[7] Al-Akhbar (Liban), 5 septembre 2014.
[8] Al-Mustaqbal (Liban), 8 août 2014.
[9] Aljadeed.tv, 3 septembre 2014.
[10] Al-Mustaqbal (Londres),11 septembre 2014.
[11] Pour un compte-rendu du couvre-feu nocturne imposé aux réfugiés dans certaines villes chrétiennes, voir Al-Sharq Al-Awsat
(Londres), 16 août 2014.
[12] Al-Akhbar (Liban), 17 septembre 2014.
[13] Al-Safir (Liban), 9 septembre 2014.
[14] Al-Nahar (Liban), 12 novembre 2014.
[15] Al-Nahar (Liban), 12 novembre 2014.
[16] Al-Nahar (Liban), 13 septembre 2014. Voir aussi Al-Mustaqbal (Liban), 16 septembre 2014.
[17] Now.mmedia.me, 14 octobre 2014.
[18] Al-Mustaqbal (Liban), 14 septembre 2014.
[19] Al-Akhbar (Liban), 17 septembre 2014.
[20] Al-Mustaqbal (Liban), 13 novembre 2014.
[21] Al-Mustaqbal (Liban), 14 novembre 2014.
[22] Al-Sharq Al-Awsat (Londres), 15 novembre 2014.
Syrie: l'EI exécute 17 personnes à Palmyre
Par LeFigaro.fr avec Reuters Publié le 21/05/2015
Les djihadistes de l'Etat islamique (EI) ont tué au moins 17 personnes, dont des membres des forces de sécurité syriennes et des civils
partisans du gouvernement, dans la ville de Palmyre dont ils viennent de prendre le contrôle, rapporte jeudi l'Observatoire syrien des
droits de l'homme (OSDH).
Certaines des victimes ont été décapitées, ajoute l'ONG basée à Londres mais qui dispose de nombreux informateurs sur le terrain.
Selon l'OSDH, le groupe islamiste a tué au total 49 personnes dans le secteur lors de son avance vers la cité antique, classée au
patrimoine mondial de l'Unesco.
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L'EI prend le dernier point de passage entre la Syrie et l'Irak
Par LeFigaro.fr avec Reuters Publié le 21/05/2015
Les djihadistes de l'Etat islamique (EI) ont pris le contrôle du dernier point de passage entre la Syrie et l'Irak qui était encore aux
mains des gouvernementaux, rapporte ce soir l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
Les forces gouvernementales syriennes se sont retirées du point de passage d'Al Tanf, désigné sous le nom d'Al Oualid du côté irakien
de la frontière, dans la province syrienne de Homs, ajoute l'OSDH.
Un djihadiste de l'EI a confirmé la prise du point de passage, à 240 km de Palmyre, qui est tombée mercredi aux mains des islamistes.
Armes/Syrie: des agents turcs impliqués
Par LeFigaro.fr avec Reuters Publié le 21/05/2015
Les services de renseignement turcs ont contribué à des livraisons d'armes dans des secteurs de Syrie aux mains de djihadistes, fin
2013 et début 2014, selon des documents juridiques. Les autorités turques nient avoir founir des armes aux insurgés et, a fortiori, avoir
favorisé l'émergence de l'Etat islamique qui est désormais une source d'inquiétude pour elles aussi.
Dans sa hâte de voir le président Bachar al Assad écarté du pouvoir, elles ont laissé armes et combattants franchir la frontière turcosyrienne et certains seraient venus grossir les rangs de l'Etat islamique, disent des alliés occidentaux d'Ankara et le gouvernement
syrien. Depuis quelques mois, les contrôles sont toutefois plus stricts, selon des sources officielles et diplomatiques.
D'après les dépositions de gendarmes entendus par la justice, des roquettes en pièces détachées, des obus de mortier semi-finis et
d'autres types de munitions ont été acheminés par camions et sous escorte des services de renseignement dans des zones de Syrie
tenues par des extrémistes islamistes. Quatre camions ont été fouillés par la gendarmerie - le premier le 7 novembre 2013 et les trois
autres le 19 janvier 2014 - dans la province d'Adana sur ordre du parquet local, qui avait été alerté de la présence d'armes à bord, selon
les procureurs qui font maintenant eux-mêmes l'objet de poursuites.
Le premier camion a été saisi mais les trois autres ont pu poursuivre leur route grâce à l'intervention des agents des services de
renseignement nationaux (MIT), qui ont menacé les gendarmes et se sont physiquement opposés à la fouille.
Syrie - Palmyre : défaite d'une civilisation
Par Olivier Ravanello | Le Monde selon Ravanello – 21 mai 2015
La ville antique de Palmyre
Les djihadistes de l'organisation État islamique (EI) se sont emparés ce mercredi de la ville antique syrienne de Palmyre, joyau de
la civilisation. Découvrez en images les vestiges menacés d'une destruction totale.
La ville antique de Palmyre. AFP
Palmyre est tombée. Ce n’est pas la première fois de sa longue histoire, elle qui a vu passer Alexandre, Antoine et Saladin, et les
forces françaises libres. Mais cette fois, on se demande si les djihadistes de Daesh la laisseront debout.
Palmyre est aux mains des barbares. Devant eux s’étendent des colonnades prêtes pour leur triomphe. Un amphithéâtre, un marché,
une école, des boutiques, les ruines d’une ville bâtie selon le modèle de la ville telle que nous la connaissons encore. Une ville phare
du monde romain, d’où les tisserands envoyaient leurs étoffes jusqu’à Rome et Pompéi. Devant eux, les djihadistes ont l’emblème de
cette culture gréco-romaine qui a jeté les fondements de notre civilisation, autour de cette mer commune, "mare nostrum". Cette
méditerranée, qui fait que quelque chose nous parle toujours lorsque l’on est en Syrie, en Grèce, en Tunisie, à Rome, à Grenade, à
Alès, à Nîmes ou à Aix. Quelque chose qui résonne. Les restes de mare nostrum. Ce bout de nous tous est désormais entre leurs
mains.
Damas n'aurait plus d'autre choix que de se tourner vers le Liban
En prenant Palmyre, les combattants de Daesh prennent le contrôle d’une ville clé. Au sud, elle ouvre vers le désert qui plonge vers
l’Irak et permet de consolider ce croissant sunnite qu’ils tracent jusqu’à Ramadi, près de Bagdad. De l’autre côté, elle ouvre l’accès à
la mer. En progressant, les djihadistes pourraient couper l’accès à Lattaquié, le fief alaouite de Bachar Al-Assad, à Homs la
commerçante, isolant Damas, qui n’aurait plus d’autre possibilité que de se tourner vers la plaine de la Bekaa et le Liban pour
s’approvisionner.
Autant de gains qui ne sont pas pour autant une stratégie longuement pensée. Al Bagdadi n’est ni Montgomery ni Rommel, penchés
sur leur cartes d’état-major, poussant les unités comme des pions dans un vaste mouvement tactique. Les avancées se font au gré des
katiba, des chefs locaux souvent tribaux qui ont rallié Daesh par opportunisme. Ils mènent leur petite guerre, renforcent leur influence
locale, agissent selon les opportunités qui se présentent. Al Bagdadi, lui, inspire, mobilise, guide, comme autrefois le prophète, mais il
ne commande pas à une armée hierarchisée, déployée de Ramadi à Palmyre.
Bientôt une civilisation perdue ?
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Enfin, la prise de Palmyre est une victoire symbolique dont le récit lui sera murement travaillé et divulgué. Daesh abat les marqueurs
d’une présence préislamique. Avant le prophète, il n’y avait rien. Ils ont commencé avec la frontière en Syrie et en Irak, gommée pour
effacer le souvenir des accords Sykes Picot. Puis les chrétiens d’orient. Et les vestiges irakiens. Le Bardo à Tunis. Puis Palmyre.
Obama est focalisé sur Ramadi. Militairement il a raison, mais on pourra toujours reprendre Ramadi à Daesh. Il s’agit juste d’une
question de moyens. On aurait pu espérer une prise de conscience plus forte et plus rapide. Que des moyens soient mis sur Palmyre
puisque désormais, les Américains mènent des opérations au sol en Syrie. Car si Palmyre est détruite ce sera pour toujours. Et nous
auront perdu une bataille de civilisation...
Syrie : la difficile protection du patrimoine culturel
L’Unesco redoute une destruction des trésors archéologiques de Palmyre.
La Croix 22/5/15 SABINE GIGNOUX
© Stringer . / Reuters/REUTERS
Le site gréco-romain de Palmyre, mardi 19 mai, niché dans l’oasis où vivent 35 000 habitants et réfugiés syriens.
Le site a déjà souffert de combats en 2013.
Que faire ? L’appel lancé mercredi 20 mai par la directrice de l’Unesco, Irina Bokova, « en faveur d’un arrêt immédiat des hostilités
sur le site de Palmyre » et pour que « la communauté internationale fasse tout ce qui est en son pouvoir pour protéger la population
et sauvegarder ce patrimoine culturel unique » semble bien dérisoire à l’heure où Daech s’est emparé de la totalité de la ville.
Art gréco-romain et influences persanes
Peuplée de 35 000 habitants et réfugiés, cette oasis, au carrefour de routes commerciales entre le Golfe et la Méditerranée, abrite le
plus beau site archéologique de Syrie, mêlant art gréco-romain et influences persanes. Avec ses temples et son théâtre majestueux, ses
colonnades, son arc triomphal et ses tours-tombeaux richement sculptées, il attirait 150 000 touristes par an avant la guerre. Classé en
1980 au patrimoine mondial de l’Unesco, il a déjà souffert de chutes de piliers et de chapiteaux corinthiens en février et
septembre 2013 lors des combats opposant l’armée de Bachar Al Assad aux rebelles.
La démolition récente de Nimroud, en Irak, autre site classé par l’Unesco, fait redouter le pire, même si jusqu’à présent de telles
destructions massives et délibérées n’ont pas été perpétrées en Syrie. « Il faut être très prudent, car l’emballement de la presse autour
de Palmyre peut entraîner paradoxalement la destruction du site. N’oublions pas qu’il s’agit aussi d’une guerre psychologique et
médiatique qui vise la négation de l’autre, de sa culture, de ses valeurs », souligne Nada Al Hassan, chef de l’unité des États arabes
au centre du patrimoine mondial de l’Unesco.
Les pillages, source de financement des terroristes
L’ampleur inégalée des destructions visant le patrimoine culturel a pris de court la communauté internationale, reconnaît-elle. « Il y
avait bien eu, en 2001, la destruction des bouddhas de Bâmiyân, mais aujourd’hui le nombre et l’ostentation des destructions ont
atteint un niveau sans précédent, qui exige des réponses nouvelles. »
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La convention de La Haye de 1954, sur la protection des biens culturels en cas de conflit armé, stipule que les pays belligérants ne
doivent pas militariser ou prendre des sites patrimoniaux pour cible. Mais elle paraît bien impuissante, dès lors que ces sites
deviennent un enjeu central dans la guerre.
En février dernier, le Conseil de sécurité de l’ONU, saisi par la directrice générale de l’Unesco, a adopté une résolution étendant le
moratoire sur la vente d’objets culturels en provenance d’Irak, à ceux venus de Syrie, afin de contrer les pillages, source de
financement des terroristes. Quant aux sites patrimoniaux eux-mêmes, « des pays comme l’Italie commencent à évoquer l’idée de
casques bleus spécialement dédiés à leur protection », rapporte Nada Al Hassan. Car à travers les pierres, c’est tout un pan de
l’humanité, de son histoire, de ses racines, qui est visé.
« Bachar Al Assad reste l’acteur le plus puissant dans le conflit syrien »
En dépit des revers subis par le régime de Bachar Al Assad, ses alliés iranien et russe continuent à le
soutenir.
La Croix 22/5/15 - Recueilli par François d’Alançon Entretien avec Aron Lund, spécialiste de la Syrie (1).
Le régime de Damas est-il en train de s’effondrer ?
Aron Lund : Le régime se trouve dans une situation très difficile pour différentes raisons. Bachar Al Assad n’a plus l’argent qu’il
avait au début du conflit. Le cours de la livre syrienne est en chute libre, les réserves de change font défaut. La chaîne de télévision
pro-Assad, Addounia, a récemment lancé un appel aux expatriés syriens pour les inciter à acheter de la monnaie syrienne pour la
soutenir.
Depuis la fin de l’été 2014, les prix du carburant ont augmenté. Le gouvernement ne peut plus subventionner comme auparavant le
prix des denrées de base comme l’huile ou la farine. C’est un problème sérieux car environ deux tiers de la population syrienne vit
dans la zone sous contrôle du gouvernement. Il aurait du mal à contenir une crise sociale.
L’approvisionnement en pétrole devient également problématique. Le gouvernement contrôle toujours la raffinerie de Banias sur la
côte, mais le pétrole payé par l’Iran et fourni par l’Irak se raréfie.
Le soutien de l’Iran semble constant…
A. L. : Au cours d’une récente visite à Damas d’Ali Akbar Velayati, conseiller du Guide suprême iranien Ali Khamenei pour la
politique étrangère, une série d’accords commerciaux et industriels a été conclue, notamment dans les secteurs du pétrole et de
l’électricité. Depuis 2011, l’Iran a accordé des lignes de crédit au régime pour payer ses importations, mais il semble que, cette fois, le
gouvernement syrien n’a pas réussi à obtenir les mêmes conditions.
Si l’on ajoute à cela les difficultés rencontrées par le régime dans le recrutement de ses troupes, régulières ou non, les informations sur
la mort du chef du renseignement Rustum Ghazaleh au mois d’avril et les rumeurs, non prouvées, sur la maladie et la mise en
résidence surveillée du général Ali Mamlouk, chef de la sécurité nationale, on pourrait croire l’effondrement du régime imminent.
En réalité, Bachar Al Assad reste l’acteur le plus puissant dans la guerre, ses alliés continuent à le soutenir et ses opposants restent
trop faiblement organisés pour diriger le pays.
Les soutiens de l’opposition dans la région – l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie –, semblent avoir mis de côté leurs
désaccords pour se coordonner de façon plus efficace. Est-ce que cela peut changer les choses ?
A. L. : Il faut voir si cette unité va durer. La coalition de groupes armés islamistes soutenus par ces pays n’a pas réussi à arrêter la
progression de Daech. Par ailleurs, le Front Al-Nosra (2) a marqué des points dans le nord-ouest de la Syrie, en particulier dans la
province d’Idlib et dans les parties ouest de la province d’Alep, contre d’autres groupes armés soutenus par les pays occidentaux, au
point d’être aujourd’hui devenu l’organisation la plus puissante au sein de cette coalition. La question se pose de savoir jusqu’où les
États-Unis sont prêts à aller dans leur soutien. Une progression trop rapide d’Al-Nosra pourrait les indisposer.
Le soutien de l’Iran et de la Russie au régime est-il indéfectible ?
A. L. : Il leur a permis de se faire reconnaître comme les acteurs incontournables d’un règlement politique. Ce succès diplomatique a
cependant un coût économique. L’Iran doit compter avec les sanctions et la baisse des prix du pétrole, tout comme la Russie. L’Iran
est également engagé en Irak dans le soutien à la lutte contre Daech. De même, la Russie soutient les séparatistes en Ukraine.
Il n’empêche que l’Iran, la Russie et le Hezbollah libanais restent très clairs sur leur volonté de soutenir le régime. Dans la coalition
des pays qui soutiennent l’opposition, chacun a ses motivations et leur niveau d’engagement n’est pas équivalent.
La mort ou le départ de Bachar Al Assad entraînerait-elle forcément la fin du régime ?
A. L. : Bachar Al Assad est un élément clé du régime. C’est le liant indispensable entre différents intérêts. En cas de vacance du
pouvoir, certains pourraient tenter de désigner rapidement son successeur pour assurer la continuité mais personne ne sait si cela
marcherait.
Dans l’hypothèse d’un effondrement du régime, les forces armées et les paramilitaires ne cesseraient pas forcément d’exister, ni de se
battre. Ceux qui resteraient dans le pays pourraient se fondre dans une nouvelle configuration de milices et de chaos. La guerre civile
continuerait alors dans un État en décomposition, où personne ne saurait vraiment à quoi ressemblerait la victoire.
(1) Rédacteur en chef de Syria in Crisis, publié par la Fondation Carnegie pour la paix internationale.
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(2) Branche locale d’Al-Qaida.
Syrie : "Il faut se rapprocher de Bachar al-Assad pour mieux détruire Daesh",
dit Thierry Mariani
Les Occidentaux doivent-ils tendre la main au régime de Bachar al-Assad, dernier rempart contre une victoire totale de l'État
islamique en Syrie ? Le député UMP le pense.
RTL par Philippe Corbé , Loïc Farge publié le 22/05/2015
"La France et les autres pays occidentaux sont aujourd'hui devant un danger grandissant", prévient Thierry Mariani. "Si la Syrie
s'effondrait, ce serait non seulement une victoire extrêmement importante pour Daesh, mais aussi une menace pour toute notre
civilisation", poursuit-il.
Le député UMP interroge : "Peut-on continuer éternellement à traiter sur le même pied les deux ennemis que sont Bachar al-Assad et
l'État islamique ?" Pour lui, il est "temps de se poser la question de savoir s'il n'est pas utile, non pas bien sûr de soutenir le régime
syrien, mais éventuellement de coordonner nos efforts pour lutter contre Daesh".
Le supérieur du monastère Mar Elian, en Syrie, enlevé par Daech
La Croix 22/5/15
Le P. Jacques Mourad, prêtre syrien-catholique et membre de la communauté Al Khalil – fondée par le P. Paolo Dall’Oglio – a été
enlevé jeudi 21 mai 2015 par les islamistes à Qaryatayn en Syrie, petite ville située à 40 km au sud-est de Homs, sur la route de
Palmyre qui vient d’être investie par les troupes de Daech.
Selon le P. Zyad Hilal, jésuite de Homs qui rapporte l’information sur Twitter, un autre chrétien de Qaryatayn aurait été enlevé avec
lui, prénommé Boutros.
Le P. Jacques est le supérieur du monastère Mar Elian (saint Elie), lié à celui de Mar Moussa.
L’association des Amis de Mar Moussa indique sur son site Internet avoir reçu, quelques heures, avant, un courriel alarmiste du P.
Jacques. « Nous vivons en ce moment un temps difficile beaucoup de tension car les extremistes qui s’appellent ‘Daech’approchent de
notre ville de Quaryatayn après leur domination de Palmyre ou ils ont tué beaucoup de gens en coupant les têtes... C’est terrible ce
que nous vivons... Aujourd’hui nous sommes la, demain on ne sait pas... La vie devient compliquée. Priez pour nous S.V.P. Jacques. »
Palmyre, cette mémoire que Daech veut détruire
Le Figaro Par Valérie Sasportas Publié le 21/05/2015
La perle du désert syrien, tombée jeudi aux mains des djihadistes de l'État islamique et réputée pour ses colonnades torsadées
romaines, ses temples et ses tours funéraires, pourrait disparaître.
C'était un must des amoureux des vieilles pierres, où certains partaient même en voyage de noces. Mais Palmyre, située à 210 km au
nord-est de Damas, «perle du désert» en Syrie inscrite par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité, pourrait disparaître. Sous le
contrôle total depuis jeudi des djihadistes de l'État islamique (aussi appelé Daech), ceux-ci pourraient détruisent ses vestiges
archéologiques comme ils l'ont fait déjà en Irak, en Libye, en Afghanistan, au Mali.
Jusqu'au dernier moment, Irina Bokova, la directrice générale de l'Unesco, aura lancé son cri d'alarme pour sauver la cité antique. «Je
réitère mon appel en faveur d'un arrêt immédiat des hostilités sur le site», déclarait-elle mercredi, implorant «la communauté
internationale de faire tout ce qui est en son pouvoir pour protéger la population civile concernée et sauvegarder ce patrimoine culturel
unique». Désormais, elle dit que «toute destruction de Palmyre serait une énorme perte pour l'humanité».
Une centaine de statues en lieu sûr
Ce sont les Romains qui lui ont donné ce nom, Palmyre (la Palmeraie). Mais avant eux, l'oasis s'appelait Tadmor. Pline l'ancien l'a
décrite comme une «petite cité située au milieu d'une oasis, entre les deux grands empires, celui des Parthes et celui des Romains, qui
tous deux la sollicitent, dès que renaissent leurs conflits». «Ce fut une ville très puissante sur le parcours des Caravanes reliant l'Asie à
l'Empire romain. Un des plus grands sites urbains du Proche-Orient, avec une architecture, des sanctuaires, des temples et des tombes
uniques dans leur état de conservation. Le Louvre en possède des reliefs funéraires», note Gilles Sauron, professeur d'archéologie
romaine à l'université de Paris-Sorbonne.
Une centaine de statues du musée et du site de Palmyre auraient été mises en lieu sûr. «La crainte reste pour les grands monuments
comme les tombes et les temples», s'inquiète Mamoun Abdelkarim, directeur général des antiquités et des musées de Syrie. Basma
Kodmani s'attend, elle, à voir «des actes de destruction spectaculaires sur les temples». «La barbarie est des deux côtés, tient à
souligner l'ancien membre du Conseil national Syrien et directrice de l'initiative arabe de réforme. Le patrimoine syrien n'a jamais été
protégé en raison d'un régime qui s'en moque. Il a organisé lui-même le commerce de ses trésors dont il connaît la valeur. Et Daech
est une monstruosité».
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«Palmyre, oasis de beauté et de culture au fond du désert»
LA DEPECHE 22/05/2015
International - Maurice Sartre Professeur émérite d'histoire ancienne à l'université de Tours, spécialiste de l'histoire de la
Méditerranée orientale
«Palmyre, oasis de beauté et de culture au fond du désert»
La prise de Palmyre par Daech et les menaces de destruction du patrimoine suscitent une immense émotion. En quoi cette cité
est-elle unique dans le patrimoine ?
Chaque bien culturel est unique. Mais, cela posé, il y a plusieurs raisons à cette émotion particulière. Palmyre n'est pas que le plus
beau site de Syrie, c'est l'un des plus beaux que l'on puisse voir sur la planète, comme Petra, le Macchu Picchu, Angkor. Un site connu
mondialement à double titre : sa beauté et son histoire. il serait criminel, dramatique de priver l'humanité d'un tel patrimoine, d'un site
qui a une histoire et une culture uniques...
Palmyre apparaît surtout comme un carrefour de cultures métissées, ce que déteste Daech ?
Palmyre a une importance historique considérable, la ville que les gens voient ne témoigne que d'un tout petit moment de l'histoire de
la cité, son apogée entre le Ier et le IIIe siècle, sans doute la quintessence de la ville. Cette oasis au fin fond du désert a d'abord et
longtemps servi de refuge aux pillards avant de devenir une ville frontière de l'empire romain, une ville de contact entre cet empire et
l'empire perse tout en gardant ses traditions syriennes. En somme, un carrefour de cultures, une cité métissée, mélangée (tout ce que
n'aime pas Daech, en effet), avec des strates de populations successives à commencer par les Araméens et les Bédouins arabes du
désert. Et puis, il y a son rôle dans les échanges entre la Méditerranée et les pays situés à l'est, Mésopotamie, Inde, Chine. C'est par
Palmyre que les soies chinoises, les épices, les aromates, les perles du golfe, certains métaux précieux, arrivent à Rome.
Il ne s'agit pas seulement d'un carrefour d'échanges commerciaux. Palmyre, c'est table ouverte au Panthéon des dieux...
Dans ce que j'appelle le Panthéon de Palmyre, on trouve en effet les dieux qui sont autant de reflets des courants de population. Au
contraire de tous les monothéismes, Palmyre les intègre, l'exact contraire de ce qui se produit dans tous les monothéismes. On trouve
des dieux purement indigènes comme le grand dieu de l'oasis, Bôl, des dieux de la Syrie des sédentaires, des dieux phéniciens, des
dieux arabes, des dieux mésopotamiens, des dieux grecs, sans parler du culte impérial romain. Les différentes influences se retrouvent
également dans les costumes, l'architecture qui mélange les éléments, notamment dans les temples, d'apparence gréco-romaine à
l'extérieur, mais avec des structures internes indigènes pour la pratique des rites. Palmyre, c'est un melting-pot. Une séduisante
multiculture.
Encore ne décrit-on là que la partie émergée du désert...
On n'a fouillé qu'une petite partie, reste à découvrir toute la période hellénistique du IIIe au Ier siècle avJC et tout ce qui s'est passé
auparavant. La première fois qu'on trouve mention de la ville, c'est au début du deuxième millénaire avJC. Avec la succession des
époques et des cultures, on a là une ville charnière entre des mondes différents.
L'histoire de Zénobie et les fantasmes qui en découlent ont aussi joué un grand rôle dans la réputation de Palmyre ?
L'oasis du désert, le romantisme du Bédouin, et effectivement Zénobie, devenue un personnage mythique appelé «reine de Palmyre»
parce que son mari était nommé le «roi des rois» des Perses qu'il a chassé de Syrie. J'ai l'impression de me battre contre des moulins
mais Zénobie ne pouvait pas être reine d'une ville qui était une colonie de l'empire romain ! On essaie, dans le livre écrit avec mon
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épouse (1), de montrer comment le mythe a été forgé. Zénobie ne s'est pas non plus révoltée contre Rome comme veut le faire croire
le nationalisme syrien. Elle a fait mieux en se proclamant impératrice de Rome, en faisant battre monnaie en son nom et celui de son
fils Wahballath. Pour la population, Palmyre est le symbole majeur de la grandeur de la Syrie. Et dans le monde, il y a deux catégories
de personnes : ceux qui ont été à Palmyre et ceux qui rêvent d'y aller.
(1) Auteur de nombreux ouvrages, certains co-écrits avec son épouse Annie Sartre-Fautriat, notamment le dernier : « La reine
Zénobie » (Perrin, 2014)
Matzneff : Palmyre, ma chère Palmyre !
Le Point - Publié le 21/05/2015 Par Gabriel Matzneff
Amoureux de la cité antique, Gabriel Matzneff fustige l'Occident d'avoir abandonné son berceau, la fabuleuse cité de la reine
Zénobie.
"Nous tremblons pour le destin de Palmyre, mais les destructions des merveilles archéologiques d'Irak et de Libye par les bombes
américaines sont aussi effroyables", affirme Matzneff. © Guerric Poncet/Le Point.fr
Un artiste vieillissant, qu'il soit peintre, sculpteur, écrivain, compositeur, est habitué à ce que ses amours les plus belles ne soient plus
que des amours mortes, qu'elles aient cessé d'exister dans la vie réelle et ne survivent que dans les toiles, les marbres, les livres, les
musiques qu'elles lui ont inspirés.
En ce qui regarde les villes, c'est plus rare. L'imbécillité criminelle de la politique américaine en Syrie, l'aveugle assujettissement de
l'Europe à Washington vont peut-être, dans les heures, les jours à venir me contraindre à faire cette douloureuse expérience avec
Palmyre, ma chère Palmyre. Avant que les fanatiques barbus que notre aveugle presse française a longtemps appelés "les rebelles" ne
déclarent la guerre au pouvoir légitime, celui du président Assad, garant de la laïcité de l'État, protecteur des chrétiens, ami de la
France, Le Carnet arabe, que j'ai publié en 1971, était un livre qui donnait envie à mes lecteurs de se rendre en Syrie pour y découvrir
les lieux que j'y décris, et en particulier Palmyre, la fabuleuse cité de la reine Zénobie.
Les Européens n'ont pas de leçons à donner
Demain, parce que notre lâche Occident non seulement n'aura pas soutenu le gouvernement légitime et laïc du président Assad, mais
aura tout fait pour l'affaiblir et livrer le pays à une bande de destructeurs cinglés, la Palmyre que je décris, les fabuleux vestiges où je
me suis abandonné à mes rêveries et pris des notes, vont cesser d'exister. Ma Syrie ne sera plus qu'imaginaire, le fruit de ma fantaisie.
D'un coup, l'écrivain voyageur se transformera en auteur de science-fiction, et la beauté de ce lieu enchanteur en poudre désertique.
Si les chefs de l'État islamique devaient détruire Palmyre, ils ne seraient pas les premiers. Aurélien, qui signait les lettres qu'il écrivait
à la reine Zénobie de Palmyre "Aurélien, empereur du monde romain et vainqueur de l'Orient", au troisième siècle de l'ère chrétienne,
les a précédés. Ce ne furent pas des hordes sauvages venues on ne sait d'où qui anéantirent Palmyre, mais l'armée romaine, celle qui
était censée diffuser dans le monde méditerranéen les lumières de la connaissance, les bienfaits de la Pax Romana. Nous autres,
Européens, nous n'avons pas de leçons à donner aux Arabes, nous ne sommes pas meilleurs qu'eux. Nous aussi, parfois, trop souvent,
nous sommes capables du pire.
Le génie occidental en pleine action
Aurélien, que ses soldats avaient surnommé "Aurélien fer en main", Aurelianus manus ad ferrum, n'avait rien d'un illuminé style néocalife Abou Bakr al-Baghdadi. Pourtant, ce fut sans état d'âme particulier qu'il détruisit Palmyre, cette cité célèbre dans le monde
entier pour ses beautés, ses richesses ses jardins, ses temples, ses dieux, ses prêtres, ses courtisanes. La lettre où l'empereur de Rome
décrit le sac de Palmyre par ses troupes nous est parvenue : "Nous n'avons pas fait grâce aux mères ; nous avons tué les enfants,
égorgé les vieillards, massacré les habitants des campagnes..."
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Que le lecteur distrait ne se trompe pas : il ne s'agit pas d'une lettre d'un président des États-Unis sur les exploits de ses soldats au
Vietnam, en Afghanistan ou en Irak. Non, il s'agit bien de l'empereur de Rome Aurélien et de Palmyre. Le génie occidental en pleine
action.
Un Occident qui, en Irak, en Libye, en Syrie aura depuis plus de vingt ans (ce fut en janvier 1991 qu'eut lieu la première agression
américaine contre le peuple irakien) mené la pire des politiques. Nous tremblons pour le destin de Palmyre, mais les destructions des
merveilles archéologiques d'Irak et de Libye par les bombes américaines sont aussi effroyables que celles perpétrées par la
soldatesque de l'État islamique. Les barbares, hélas, sont dans l'un et l'autre camp.
"Le but de l'Etat islamique est de nous entraîner dans une guerre au sol"
Par L' Obs Propos recueillis par Alexis Orsini jeudi 21 mai
Pour Pierre-Jean Luizard, chercheur au CNRS, la prise de Palmyre permet à Daech d'asseoir son autorité sur les groupes
salafistes locaux tout en provoquant l'Occident.
Pour Pierre-Jean Luizard, chercheur au CNRS, la prise de Palmyre permet aussi à l'Etat islamique de souligner l'échec de la stratégie
militaire américaine. (Chris Melzer/DPA /dpa Picture-Alliance/AFP)
Avec sa prise de la ville antique de Palmyre, jeudi 21 mai, l'Etat islamique (EI) contrôle désormais la moitié du territoire syrien, selon
l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Pierre-Jean Luizard, chercheur au Groupe Sociétés, Religions, Laïcités du CNRS (Centre national de la recherche scientifique) et
auteur d’un ouvrage sur l’Etat islamique ("Le piège Daech", La Découverte), analyse les conséquences de l'expansion du groupe
djihadiste.
Quelle est la portée concrète de la prise de Palmyre par l’Etat islamique ?
- Elle relève plus du domaine de la provocation et des symboles que de la conquête territoriale. L’objectif de l’Etat islamique - qui n’a
pas de frontières, comme son nom l’indique -, c’est sa guerre contre l’Occident. La prise de Palmyre est donc avant tout une
provocation, car il s’agit des racines mythologiques de l’Europe.
Mais c’est aussi une façon, pour Daech, d’asseoir son autorité sur les groupes salafistes locaux, notamment le front djihadiste AlNosra, et de montrer que la stratégie militaire américaine est un échec : les bombardements durent depuis presque un an et l’Etat
islamique est toujours là.
Les trésors antiques de Palmyre ont-ils plus de chances d’être détruits ou vendus par Daech ?
- Le sort des antiquités reste flou. On a entendu des rumeurs selon lesquelles l’Etat islamique se livrerait à un trafic d’antiquités mais
aussi d’autres bruits selon lesquels Daech aurait déclaré ce trafic illégal puisque, selon lui, ces antiquités n’ont aucune valeur étant
donné qu’elles ne relèvent pas de l’islam.
La prise de Palmyre est aussi un moyen d’annoncer qu’ils vont mettre en avant l’islam, en se réappropriant des symboles
antéislamiques : dans leur idéologie, l’islam est le début de toute chose, avant lui il n’y a rien à part des ténèbres. C'est un peu l’antiLumières.
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On va voir quel tri l’Etat islamique va opérer sur les trésors de Palmyre, mais il y a fort à parier que les vestiges de l’époque romaine
et de l’époque perse sont en danger.
Vous affirmez qu’il s’agit d’une prise symbolique plutôt que d’une conquête territoriale, mais Palmyre se trouve malgré tout
au centre de la Syrie, dont l’Etat islamique occupe désormais 50% du territoire…
- La position centrale de Palmyre est effectivement idéale pour Daech puisqu’elle peut lui permettre de s’emparer de nombreux puits
de pétrole et de gaz. Mais l'Etat islamique n’a pas d’obsession des frontières car sa volonté d’expansion est infinie.
Son but est d’envoyer un message à de multiples destinataires (l’Occident, l’Arabie Saoudite…) et de nous entraîner dans une guerre
au sol. La force de Daech n’est pas militaire, il peut enchaîner les revers puisqu’il renaîtra toujours tant que les causes de sa naissance,
comme l’effondrement du régime irakien, sont là.
Comment lutter contre Daech, dont la progression semble inarrêtable malgré les revers qu’il a subi ?
- Il est impossible de vaincre militairement l’Etat islamique sans volet politique. Tant qu’on ne comprendra pas que la chute des
régimes actuels (d’abord à Bagdad puis à Damas) est irréversible, on ne pourra pas avancer : toute solution qui ne prend pas en
compte l’effondrement de ces gouvernements est vouée à l’échec.
Comment expliquez-vous l’immobilisme des puissances occidentales face au régime de Bachar al-Assad ?
- Il tient à plusieurs causes, à commencer par le conservatisme habituel des diplomaties, qui rechignent à se débarrasser d’un allié
historique. Et puis il y a la peur que l’effondrement de Bachar al-Assad entraîne l’Etat avec lui, comme ça avait été le cas avec
Saddam Hussein en Irak.
Mais il faut arrêter de passer uniquement par le gouvernement mis en place à Bagdad. Les puissances occidentales doivent proposer
mieux aux populations sous contrôle de Daech que ce que celui-ci leur donne.
Il ne sert par exemple à rien d’espérer réussir à intégrer les arabes sunnites dans l’Etat irakien actuel, majoritairement chiite. Il faut
leur proposer autre chose : pourquoi pas une partie sunnite indépendante ?
Il est nécessaire de définir de toute urgence des solutions politiques, car on ne sait pas jusqu’où peut aller ce mouvement : en Afrique,
en Asie…
Avec les prises de Ramadi, en Irak, et de Palmyre, en Syrie, Daech se trouve aujourd’hui près de Bagdad et de Damas. Les
deux capitales sont-elles menacées ?
- Je ne pense pas que Daech puisse prendre Bagdad et ses cinq millions de chiites, il s’y casserait les dents. La ville de Damas n’est
pas encore menacée mais tout va très vite.
Partagez-vous l’avis de l’Institut américain d’études de la guerre (cité par Business Insider) qui affirme que "l’ultime objectif
de l'Etat islamique est une guerre mondiale" ?
- Oui, je suis d’accord avec l’Institut. C’est là tout le paradoxe de l’Etat islamique : il repose sur un ancrage local, puisqu’il délègue le
pouvoir à des acteurs locaux, mais il leur fait convoiter un universalisme qui est par définition sans frontières.
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Syrie: les rebelles ont pris un hôpital
Par LeFigaro.fr avec AFP Publié le 22/05/2015
Les jihadistes d'Al-Qaïda en Syrie et leurs alliés rebelles ont pris aujourd'hui un hôpital de la ville de Jisr al-Choughour (nord-ouest)
où sont assiégés 150 soldats et leurs familles depuis près d'un mois, rapporte l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"Le Front Al-Nosra et des rebelles islamistes ont pris le contrôle total de l'hôpital de Jisr al-Choughour. Des dizaines de soldats ont
pris la fuite, d'autres ont été tués sur place et à l'extérieur de l'établissement, ou ont été capturés", a affirmé Rami Abdel Rahmane, le
directeur de l'OSDH.
Syrie: Que se passe-t-il à Palmyre depuis qu’elle est tombée aux mains de Daesh?
20 minutes Publié le 22.05.2015
Depuis mercredi et la prise de la ville syrienne de Palmyre par les djihadistes du groupe Etat islamique (EI), peu d’informations
filtrent sur ce qui s’y passe, qu'il s'agisse de la façon dont sont traités les 70.000 habitants que comptait la cité antique avant sa chute,
ou des 50.000 déplacés y avaient trouvé refuge.
La bataille, déclenchée le 13 mai, a fait près de 500 morts et poussé des milliers d’habitants à la fuite, selon l’Observatoire syrien des
droits de l’Homme (OSDH).
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Une vidéo postée sur YouTube par une chaîne proche de Daesh montre l’entrée de Palmyre avec une longue rue déserte, des positions
abandonnées par l’armée et un drapeau de l’EI hissé sur un bâtiment. D’autres vidéos, postées sur le site de Daesh et reprises par la
chaîne RT, montrent l’arrivée des combattants dans Palmyre.
Sur la première, on peut voir un groupe d’hommes, probablement des habitants sunnites, qui se regroupent autour de djihadistes qui
patrouillent dans les rues. La caméra pénètre ensuite dans un bâtiment, où les visages des portraits de Bachar al-Assad et de son père
ont été arrachés.
Dans la deuxième, les combattants sont d’abord sur le champ gazier T3, dont ils se sont emparés cette semaine, puis pénètrent et
inspectent une maison abandonnée, où ils arrachent un portrait du président syrien et piétinent une bannière.
Si la communauté internationale craint pour les trésors archéologiques qui jouxtent la cité, menacés par les fondamentalistes qui ont
déjà détruit d’autres sites en Irak (Nimroud, musée de Mossoul,…) aucune vidéo de ce type n’a encore été diffusée par l’EI. En
revanche, il est certain que les populations civiles tombées sous la coupe des djihadistes sont aujourd’hui exposées aux multiples
exactions que le groupe a déjà commises dans les autres territoires qu’il contrôle.
Dès jeudi, des rumeurs d’exécutions publiques massives ont commencé à circuler. Une information que confirme le New York Times.
« Jeudi, après leur entrée dans la ville, les djihadistes ont commencé à exécuter ceux qu’ils estimaient proches du régime. De
nombreux habitants se sont terrés chez eux et dans les sous-sols, effrayés par les combattants qui patrouillaient dans les rues », écrit
Anne Barnard, qui a contacté des habitants, rencontrés il y a un an, qui lui ont rendu compte de la situation sur place.
« Les civils sont terrifiés »
« Les civils sont terrifiés. (…) La seule boulangerie est contrôlée par l’EI », lui explique ainsi Khaled al-Homsi, un membre du comité
qui a organisé les premières manifestations anti-Assad dans la cité en 2011. L’article souligne ainsi que dans le peu de rues
commerçantes de la ville, les rideaux de fer sont baissés.
Un commerçant, qui n’était pas à Palmyre lors de sa prise par Daesh, a indiqué au journal que ses parents, restés sur place, lui ont
raconté que les djihadistes avaient fait passer un message via les haut-parleurs des minarets pour inciter les habitants à leur livrer les
combattants loyalistes, mais aussi des civils accusés de collaboration avec le régime. Au même moment, les combattants ont
commencé à travailler dans la ville. « Ils ont même donné du pain aux gens », a-t-il souligné.
Chrétiens menacés en Syrie : « Ils coupent les têtes »
BP le 23/05/2015
Le père Jacques Mourad, enlevé jeudi à Qaryatayn. Capture d’écran
La communauté chrétienne de Qaryatayn, ville proche de Palmyre, subit-elle déjà le joug de l’État islamique ? Un prêtre syrien a
laissé un dernier message inquiétant à ses amis helvètes.
«Daech approche de notre ville de Qaryatayn après leur domination de Palmyre, où ils ont tué beaucoup des gens en coupant les têtes.
C’est terrible ce que nous vivons. Aujourd’hui nous sommes là, demain on ne sait pas… Priez pour nous S.V.P ». C’est le dernier
message adressé jeudi midi par le père syrien Jacques Mourad à l’association suisse « Les Amis de Mar Moussa », du nom du
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monastère réputé du centre de la Syrie, situé à cent kilomètres de Palmyre. Depuis, plus de nouvelles du religieux, alors que la cité
antique, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, tombait aux mains des troupes de l’État islamique. Le père Mourad, ainsi qu’un
diacre de sa communauté, ont selon toute vraisemblance été enlevés, alors même qu’ils préparaient l’accueil de réfugiés en
provenance de Palmyre.
Jointe hier, Laure Speziali, présidente suisse de l’association, confirme : « Nous n’avons plus de nouvelles… D’habitude, c’est
quelqu’un de plutôt confiant, mais d’un coup, on l’a senti devenir désespéré ». Ces derniers mois, la situation s’est « clairement
détériorée », expose-t-elle, pour les cinq cents chrétiens installés à Qaryatayn. De retour de Syrie, Roberto Simona, autre ressortissant
suisse et ancien de la Croix-Rouge, rapportait, il y a à peine une semaine dans Le Matin « le niveau d’étrangeté de Qaryatayn », où «
chrétiens, rebelles et soldats de Daech se côtoyaient en toute décontraction, les gens faisant la guerre à l’extérieur ». Le vent semble
avoir tourné. La fin du miracle de Qaryatayn ? « Déjà, certains combattants ne respectaient plus l’accord… »
Un lien entre les deux communautés
Le père Mourad, lui, avait été chargé il y a une dizaine d’années par le père Paolo Dall’Oglio, fondateur italien de Mar Moussa (où
resteraient cinq moines syriens), de restaurer celui, voisin, de Mar Elian. « J’y suis allée souvent », poursuit la représentante
associative, « le père Mourad travaillait énormément pour les deux communautés, chrétienne et musulmane, c’était un principe de
base. Il disait entretenir de très bonnes relations avec les autorités religieuses locales ». Depuis le début du conflit en Syrie, il avait
accueilli dans son prieuré des centaines de réfugiés, toutes religions confondues. Mais la pression des djihadistes de Daech s’est
intensifiée. « Le prêtre avait réussi à négocier avec toutes les parties pour que personne ne rentre dans la ville », souffle, émue, Laure
Speziali, « mais il semble qu’à Qaryatayn, des gens favorables à Daech ont facilité l’intrusion… ». Des « cellules dormantes »
souvent utilisées par l’État islamique pour faciliter son implantation locale. L’oasis de Qaryatayn, citée dans les textes bibliques,
intéresse aussi les islamistes stratégiquement, car elle se situe sur la route d’Homs et de Damas.
Les religieux chrétiens payent un lourd tribut, rappelle l’association : le père Frans, un jésuite, a été assassiné en avril 2014 à Homs ;
le père Paolo Dall’Oglio, d’abord expulsé de Syrie parce qu’il avait soutenu les rebelles contre le régime syrien de Bachar al-Assad, a
disparu en juillet 2013. Il était parti à Raqqa négocier auprès de Daech la libération d’otages. « Tout le monde l’en dissuadait », se
souvient son amie helvète, Paolo avait dit ‘’ne vous inquiétez pas, sauf au bout de deux jours. Depuis ce rendez-vous avec l’État
islamique, on n’a jamais eu de nouvelles fiables de lui ».
D’après le récent classement de l’ONG Portes Ouvertes sur la persécution des chrétiens dans le monde, l’Irak et la Syrie occupent les
3e et 4e rangs derrière la Corée du Nord et la Somalie. En Syrie, on estime que 40 % de la population chrétienne a quitté le pays.
Les ravages du groupe État islamique en Syrie et en Irak
(FRANCE 3)Francetv info publié le 23/05/2015 |
La prise de Palmyre n'est qu'un reflet des exactions des jihadistes. La Syrie souffre de bien des manières face à leurs offensives.
Les précisions de France 3.
Palmyre, joyau de l'Antiquité, est tombée entre les mains du groupe État islamique. Cette prise de guerre ouvre la route vers Homs et
Damas aux combattants. Parce que les jihadistes détruisent ce qui semble contraire à leur loi, on craint qu'ils ne détruisent les ruines
de la cité de Palmyre, vieilles de 2 000 ans.
Mais le drame humain est aussi effroyable. "C'est dur à entendre : l'Occident pleure plus sur des ruines que sur la mort présente dans
toutes les rues", déclare Maria Grazia Masetti-Rouault, directrice d'études à l’École pratique des hautes études. La moitié de la Syrie
est contrôlée par l'EI.
Bachar al-Assad résiste
Néanmoins, le régime syrien tient bon. Bachar al-Assad ne semble pas prêt de lâcher prise, ce que confirme à France 3 Wassim Nasr,
journaliste à France 24 : "Il peut tenir longtemps (...) parce qu'il se concentre sur les zones vitales. Il ne faut pas imaginer que dans un
ou deux mois, toute la Syrie sera sous la coupe des jihadistes".
Ce 22 mai, le groupe État islamique a revendiqué un attentat dans une mosquée d'Arabie Saoudite. Une manière de montrer qu'il peut
frapper partout.
Des agents turcs impliqués dans des livraisons d'armes en Syrie
OLJ/Reuters 22/05/2015
Les services de renseignement turcs ont contribué à la fourniture d'armes dans certains secteurs de Syrie contrôlés par les jihadistes,
entre fin 2013 et début 2014, selon des documents juridiques dont l'agence Reuters a pu prendre connaissance. Les autorités turques
démentent avoir fourni des armes aux insurgés et, a fortiori, avoir favorisé l'émergence du groupe État islamique (EI) qui est
désormais une source d'inquiétude pour Ankara.
Dans leur hâte de voir le président Bachar el-Assad écarté du pouvoir, les services turcs ont laissé armes et combattants franchir la
frontière turco-syrienne et certains seraient venus grossir les rangs de l'EI, affirment certains alliés occidentaux d'Ankara ainsi que le
gouvernement syrien. Depuis quelques mois, les contrôles sont toutefois plus stricts, selon des sources officielles et diplomatiques.
D'après les dépositions de gendarmes entendus par la justice, des roquettes en pièces détachées, des obus de mortier semi-finis et
d'autres types de munitions ont été acheminés par camions et sous escorte des services de renseignement dans des zones de Syrie
tenues par des extrémistes islamistes.
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Quatre camions ont été fouillés par la gendarmerie - le premier le 7 novembre 2013 et les trois autres le 19 janvier 2014 - dans la
province d'Adana sur ordre du parquet local, qui avait été alerté par la présence d'armes à bord, selon les procureurs qui font
maintenant eux-mêmes l'objet de poursuites.
Le premier camion a été saisi mais les trois autres ont pu poursuivre leur route grâce à l'intervention des agents des services de
renseignement nationaux (MIT), qui ont menacé les gendarmes et se sont physiquement opposés à la fouille.
Les trois camions interceptés le 19 janvier, qui appartiennent aux MIT, transportaient du matériel humanitaire, a assuré le président
turc Recep Tayyip Erdogan. "Notre enquête a montré que certains fonctionnaires ont aidé ces personnes à livrer leur chargement", a
déclaré le 4 mai à Reuters le procureur Ozcan Sisman, qui a ordonné la fouille du 7 novembre. Ce dernier ainsi qu'un de ses collègues
ont depuis été arrêtés sur ordre du procureur national pour avoir ordonné des fouilles illégales.
Dans le mandat d'arrêt délivré pour Ozcan Sisman, dont Reuters a également pu prendre connaissance, le Conseil supérieur des juges
et procureurs l'accuse d'avoir révélé des secrets d’État et terni l'image du gouvernement en faisant croire à sa complicité avec les
terroristes.
Syrie: des élus français manifestent à Toulouse pour un cessez-le-feu à Alep
Le Parisien 22 Mai 2015,
Une dizaine de parlementaires et d'élus se sont rassemblés vendredi à Toulouse avec quelque 200 manifestants pour réclamer un
cessez-le-feu dans la ville syrienne d'Alep et déplorer "l'attentisme" de la communauté internationale face à la progression des
jihadistes en Syrie et en Irak.
Aux côtés du maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc (UMP), des députés et sénateurs de droite comme de gauche participaient à
ce rassemblement, sur le parvis de l'église Saint-Aubin, à l'initiative du parlementaire socialiste Gérard Bapt.
L'archevêque de Toulouse, Mgr Robert Le Gall, s'est dit "extrêmement inquiet" de la progression de l'organisation Etat islamique en
Syrie et en Irak et des exactions commises. Il a évoqué l'enlèvement jeudi d'un prêtre de l'Eglise syriaque catholique, le père Jacques
Mourad, dans un monastère de la province de Homs (Syrie).
"Nous pouvons déplorer combien la communauté internationale - mais aussi l'Europe - est bien molle face à ces mesures criminelles
et antihumaines!", a dit le prélat, entouré des élus et de représentants de diverses religions.
Lançant "un appel aux dirigeants français et européens", le député Gérard Bapt a affirmé: "l'attentisme en ce qui concerne la situation
en Syrie n'a plus lieu d'être (...) Le danger le plus imminent et le plus menaçant, quelles que soient les critiques qu'on peut faire au
régime de Bachar al-Assad, c'est bien le danger du jihadisme".
Dans un communiqué, dix élus avaient auparavant appelé "les autorités françaises et européennes à soutenir les efforts de Staffan de
Mistura, l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie, pour un cessez-le-feu à Alep".
Les manifestants étaient ensuite invités à une prière "en soutien aux chrétiens d'Orient et aux minorités religieuses persécutées".
Alep est divisée depuis juillet 2012 entre secteurs loyalistes à l'ouest et secteurs rebelles à l'est.
Les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) contrôlent désormais la moitié de la Syrie, ravagée depuis plus de quatre ans par une
guerre civile, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Syrie: les USA comprennent qu'Assad n'a pas d'alternative
sputniknews 22.05.2015 Rossiïskaïa gazeta
"Washington a réalisé qu'il n'y avait actuellement aucune alternative au président syrien Bachar al-Assad", affirme Mikhaïl
Bogdanov, représentant spécial du président russe pour le Moyen-Orient et l'Afrique, rapporte vendredi le quotidien
Rossiïskaïa gazeta.
Cette réaction intervient après les récentes consultations russo-américaines avec la participation du représentant spécial des USA pour
la Syrie, Daniel Rubinstein.
"Si je comprends bien, nos collègues américains ont compris qu'il n'y avait actuellement aucune alternative à Bachar al-Assad et au
gouvernement actuel. S'il lui arrivait quelque chose, le pouvoir et tout le territoire syrien seraient pris par les terroristes et les
extrémistes de l'État islamique et du Front al-Nosra. Bref, on revivrait un nouveau scénario somalien ou libyen, très dangereux, qui ne
serait pas du tout dans l'intérêt du peuple syrien. Cela déstabiliserait également la situation dans la région en général", estime Mikhaïl
Bogdanov.
D'après ce dernier, "un tel déroulement des faits renforcerait la menace terroriste envers les intérêts nationaux et de sécurité nationale
aussi bien des USA, de la Russie, que de la communauté internationale dans l'ensemble".
"Il m'a semblé que nos partenaires américains avaient commencé à en prendre conscience. A cet égard, ils ont constaté que nous
avions perdu beaucoup de temps pour réfléchir à comment mettre en œuvre le communiqué de Genève, en attendant qu'il
s'accomplisse de lui-même ou que les parties syriennes deviennent plus actives", ajoute le diplomate russe.
C'est à la compréhension de cette triste perspective que le vice-ministre associe le message américain à la Russie: "S'il arrivait
quelque chose au gouvernement actuel, l'alternative serait le chaos et le déchaînement du terrorisme à une plus grande échelle
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qu'aujourd'hui, qui se répandrait sur tout le pays et dépasserait ses limites. C'est pourquoi il y a aujourd'hui un tel intérêt pour coopérer
avec nous. Il faut, sans perdre de temps, réfléchir aux initiatives pour assurer ses arrières", pense Mikhaïl Bogdanov.
Il a souligné également que la partie russe était prête à étudier diverses options, "tout en sachant qu'en définitive ce sera aux Syriens
de décider".
Toutefois, en dépit de cette compréhension de la gravité de la situation, la partie américaine n'a pour l'instant formulé aucune
proposition concrète.
Peut-on lutter contre les pillards de l'Etat islamique ?
Marianne Vendredi 22 Mai 2015
Julien Leclerc
La barbarie de l'Etat islamique est à la mesure de son besoin d'argent. Daech, qui vient de prendre la ville de Palmyre, se livre ainsi
bassement au pillage et à la revente d'œuvres d'art antiques au marché noir. Avec la complicité de collectionneurs privés peu
regardants sur l'origine de la marchandise... Mais est-on "équipé" pour combattre ce désolant mais juteux commerce ?
La cité antique de Palmyre - NEWSCOM/SIPA
Cantonnés mardi à près d’un kilomètre au nord des murs de la cité de Palmyre en Syrie, les soldats de Daech, après avoir pilonné sans
relâche leurs adversaires, ont conquis finalement la totalité de la ville, marquant ainsi une victoire stratégique contre les troupes de
Bachar Al-Assad. Située aux portes du grand désert syrien, Palmyre constitue une base arrière à toute armée souhaitant s’étendre à
l’ouest de la Syrie. Mais derrière la victoire militaire et symbolique se cache un autre dessein, plus prosaïque celui-là : la captation des
richesses culturelles et archéologiques de la ville qui, une fois passées par le marché noir, consitueront un sérieux apport financier à
cet Etat islamique.
Pillages et destructions : un artifice doublé d’un coup médiatique
Le but revendiqué des destructions du patrimoine culturel en Syrie et en Irak est clair : en défigurant les statues, en dynamitant les
fresques, l’Etat islamique souhaite effacer toute trace des civilisations antérieures à Mahomet. Des actes qui prennent tout leur sens
lorsque la planète entière assiste à la mise à sac des sites archéologiques et culturels sur Youtube et Twitter. Ainsi, fin février 2015,
Daech mettait en ligne une vidéo où l’on assistait à la destruction à la masse et au marteau-piqueur de nombreuses œuvres d’art au
musée de Mossoul en Irak. Un événement qui n’a pas manqué de faire réagir autant les instances internationales que les internautes
devant l’ampleur du désastre.
« Les terroristes ont compris que le patrimoine émeut. Il y a une stratégie médiatique, qui relève parfois de la mise en scène. Dans les
vidéos de destruction postées sur Youtube, on s’aperçoit que beaucoup de sculptures sont faites en plâtre » note ainsi Nada
Al Hassan, chef d’unité de la section des Etats arabes au sein du Centre du patrimoine mondial de l’Unesco. « Il n’existe que très peu
d’informations sur les pillages et les destructions. On ne sait pas dans ces vidéos mises en ligne quelle part prend la propagande et ce
qui relève de la réalité. » D'autant que cette stratégie médiatique, outre la publicité qu'elle procure au groupe terroriste, servirait aussi
de leurre. « Les experts pensent que derrière ces destructions médiatisées s’est organisé un trafic d’œuvres d’art » explique Nada
Al Hassan.
Des œuvres pillées et éparpillées aux quatre coins du monde
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Troisième trafic illicite de la planète, le marché noir des œuvres d’art serait devenu le deuxième moyen de financement de Daech. Une
rente qui s’élèverait, selon nos confrères d’Arte, à près de 6 milliards de dollars. L’Etat islamique aurait accès à près de 2 000 sites
archéologiques irakiens, sur les 12 000 que compte le pays. De quoi inonder le marché, et ce pour des années. « Les objets d’art volés
et mis sur le marché noir vont entrer en dormance, en particulier les plus précieux » estime France Desmarais, directrice des
programmes et des partenariats à l’ICOM, l'organisation qui rassemble les professionnels des musées à l'échelle internationale. « C’est
notamment le cas des objets dits “hot” : leur vente est trop risquée car l’œuvre est trop précieuse. Il faut alors attendre au minimum
cinq ans avant de les voir réapparaître sur le marché, à un prix faramineux, car à ce moment-là l’actualité se sera détournée du vol
en question. » Ainsi en 2014, la vente aux enchères de la statue du scribe Sekhemka avait suscité l’émoi du gouvernement égyptien,
qui la jugeait illicite. Vendue pour la somme pharaonique de 20 millions d’euros, cet événement rappelle à quel point le marché
illicite des biens culturels est juteux.
Le phénomène des objets d'art volés est d’autant plus difficle à appréhender que les circuits de revente sont impossibles à tracer
précisément. « Il n’y a pas de parcours type, car les cas typiques des saisies antérieures ne sont plus représentatifs des cas
d’aujourd’hui » explique France Desmarais, soupçonnant « le déplacement d’un marché noir vers le Golfe ». Car ce qui constitue un
défi de taille pour les organisations internationales dédiées à la lutte contre ce trafic, c’est la mise sur le marché légal d’œuvres d’art
vendues illégalement. « Ce qui alimente aujourd’hui le marché noir, ce sont les collectionneurs privés » explique la responsable de
l'ICOM. « Les collectionneurs qui aujourd’hui enrichissent leurs collections par des objets illégalement acquis risquent de léguer
celles-ci à des musées dans quelques années, ce qui peut doter ces derniers — contre leur gré — d’objets achetés au marché noir. »
Ainsi, les œuvres pillées aujourd'hui en Irak et en Syrie par l’Etat islamique peuvent se retrouver, demain, dans des musées aux quatre
coins du monde. « C'est pour cela qu'il faut assurer une pratique muséale déontologique au niveau international, avec un standard
commun, le Code de déontologie pour les musées publié par l'ICOM, qui doit être respecté par tous les professionnels des musées »
plaide ainsi la directrice des programmes de l'organisation. On comprend donc que les musées sont doublement pénalisés par le trafic
illicite : d’une part du fait des vols et des pillages, d’autre part du fait de la possible acquisition qu'ils pourraient faire d’objets dotés
d’un certificat falsifié, provenant du marché noir.
L’ICOM, justement, est en première ligne pour assurer la déontologie des acteurs du marché de l’art. « Nous dotons le monde entier
de moyens pour identifier les œuvres d’art volées. C’est notamment le cas avec la “liste rouge” : elle énumère les objets d’art
protégés par la législation sous la forme de plusieurs listes classées par catégories. » Pour France Desmarais, « le travail réalisé sur
la déontologie a changé les mentalités. C'est grâce à des pratiques professionnelles plus rigoureuses, comme la conduite de
recherches sur la provenance des œuvres, que les musées ne sont plus les principaux destinataires d’objets spoliés, comme cela
pouvait être le cas avant » explique-t-elle fièrement.
Une lutte régionale et internationale
Ainsi, en engrangeant des informations sur les œuvres d’art volées, l’ICOM permet aux Etats de lutter contre le tentaculaire marché
noir des biens culturels, enrichi comme jamais par les pillages auxquels se livre l’Etat islamique. C’est notamment grâce au
programme ARCHEO, qui permet aux douaniers ayant un doute sur la provenance légale d’une œuvre d’art d’envoyer un message à
l’ICOM. Celui-ci peut réaliser une première expertise de l’objet et demander ensuite aux douaniers, si nécessaire, de le bloquer afin de
mener une enquête plus poussée par la suite. Une initiative dont le bon fonctionnement est garanti par l'accès, de la part de l'ICOM, à
près de 35 000 experts internationaux divers.
Mais pour lutter efficacement face au trafic, il faut l’endiguer à la source. C’est ainsi que l'Egypte, l'Arabie saoudite, les Emirats
arabes unis, l'Irak, la Jordanie, le Koweït, le Liban, la Libye, le Soudan et le Sultanat d'Oman se sont concertés récemment pour la
mise en place d’un « groupe de travail » afin de lutter contre le pillage des sites archéologiques et des centres culturels par le crime
organisé et les groupes terroristes tels que l’EI.
Une mesure qui va dans le bon sens selon Nada Al Hassan, pour qui la lutte contre le marché noir se fait aussi aux frontières : « Le
marché est d'abord régional avant que cela ne soit revendu ailleurs dans le monde. Avant d’arriver en Europe, aux Etats-Unis, en
Asie ou encore dans les pays du Golfe, les biens culturels passent par les pays limitrophes. Ainsi, la coopération régionale est
extrêmement importante dans la lutte contre ce trafic. » « C’est dans ce but, précise-t-elle, que l’Unesco et Interpol ont décidé
d’organiser la formation des forces de l’ordre des pays de la région. Cela, afin qu'elles soient en mesure de déterminer quels sont les
biens qui ont été pillés. »
Interpol dispose ainsi d'une base de données regroupant des informations sur les œuvres d’art volées et mise à la disposition à la fois
des Etats, mais aussi des particuliers puisqu’en libre accès sur Internet. La France aussi dispose de sa propre base de données.
Baptisée Treima, elle est accessible aux différents services de police et de douanes. Dotée d’une technologie de pointe permettant
d’associer les images envoyées par les services à celles déjà présentes dans ses fichiers afin de trouver des similarités, elle permet
d’établir très rapidement si l’objet en question a été volé. Enfin, le ministère de l’Intérieur travaille via l’Office central de lutte contre
le trafic des biens culturels (qui dispose de trois groupes d’enquête dédiés à la répression) avec des organismes internationaux dédiés à
la lutte contre le trafic d’œuvres d’art volées. Ainsi, l’OCBC tient à la fois un rôle de consultant policier pour l’Unesco et l’ICOM,
mais aussi d’instance représentative de la France auprès d’Interpol dans le cadre du programme de l’Internationnal Tracking Task
Force, spécialisée dans la lutte contre le traffic de biens culturels dans les zones en guerre, à l’image de celui auquel se livre l’EI en
Syrie et en Irak.
Des outils juridiques internationaux pour lutter contre le trafic
D’aucun pense qu’il faudrait, pour protéger le patrimoine culturel en Syrie et en Irak, créer une nouvelle instance, comme un tribunal
international. Pour Vincent Negri, chercheur au CNRS, la multiplication des instances judiciaires et pénales ne permettra pas de lutter
efficacement contre le trafic illicite de biens culturels dont Daech a fait une de ses spécialités : « L’outil pénal existe déjà. Il se trouve
à l’article 8 du statut de la Cour pénale internationale, qui traite des crimes de guerre. La destruction du patrimoine est déjà
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sanctionnée. ». Aussi, pour ce docteur en droit et expert-consultant pour l’Unesco et l’ICOM, « il faut renforcer les capacités
d’intervention des organes existants. Or, les Etats devraient déjà adhérer au statut de la Cour pénale internationale pour bénéficier
des voies offertes par une saisine de la Cour. » Ce qui n’est ni le cas de la Syrie, ni le cas de l’Irak. « La condamnation et la
criminalisation des atteintes au patrimoine n’est pas un phénomène récent. Une convention datant du XIXe siècle, relevant
aujourd'hui du droit international coutumier, et donc toujours active, édicte que toute destruction d’œuvres d’art pendant un conflit
armé doit être poursuivie. »
Quant aux procédures judiciaires visant les intermédiaires du marché noir par lesquels l’Etat islamique est à l'évidence contraint de
passer, elles s’appliquent au cas par cas. « Il existe aujourd’hui une panoplie de dispositifs permettant de créer un panel d’obligations
pour les acteurs du marché de l’art » explique Vincent Negri. « Parmi les outils classiques de poursuite des intermédiaires, se trouve
le recel. Le voleur de l’œuvre lui-même commet une infraction instantanée, c’est une infraction sujette à prescription. Il va cependant
l’écouler rapidement à un receleur, qui lui se trouve être l’auteur d’une infraction dite continue : le délai de prescription ne court
qu'à compter de la découverte du recel ! ».
Enfin, des mesures concrètes pour répondre au problème de l’exploitation du patrimoine syrien par Daech sont aujourd’hui mises en
œuvre par la communauté internationale. C’est ce que démontre l’étude de la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU du 12 février
2015, réalisée par Vincent Negri. Celle-ci, portant entre autre sur la lutte contre les moyens de financement du terrorisme, formule de
nouvelles obligations pour préserver le patrimoine culturel syrien en mettant en exergue une discipline collective entre les Etats
membres et prônant un « intérêt général de l’humanité à la protection et à la sauvegarde du patrimoine culturel des peuples. » Une
réponse d'abord symbolique (et aux mesures un peu floues) dont on espère quand même qu'elle finisse par influencer
une communauté internationale paralysée face au drame de Palmyre…
Chronique géopolitique
Radio Notre Dame Animée par : Hubert de Beaufort Émission du Samedi 23 mai 2015
Les réalités 2015. Le fanatisme de l’Islam révolutionnaire menace désormais l’équilibre géopolitique du Moyen Orient, détruit
les souvenirs de l’histoire et persécute les Chrétiens. Ce nouveau totalitarisme est maintenant à nos portes.
Le fanatisme de l’Islam révolutionnaire menace désormais l’équilibre géopolitique du Moyen Orient, détruit les souvenirs de l’histoire
et persécute les Chrétiens. Ce nouveau totalitarisme est maintenant à nos portes.
Médias et politiques rapportent bien cette montée de l’Islamisme fanatique, mais de façon presque anecdotique, comme des faits
divers. Il est probable que l’Occident a du mal à reconnaître que ses erreurs d’analyse d’hier ont aujourd’hui des conséquences
catastrophiques. Que de louanges devant les printemps arabes, quel unanimité pour les guerres d’Irak et de Libye : on renversait des
tyrans, nous assistions à la naissance de nouvelles démocraties. Il était alors difficile de faire comprendre que les civilisations se
créent par étapes historiques, même si certains alertaient sur les faiblesses émotionnelles de nos démocraties. Relatons deux faits : Qui
a rapporté que Poutine dans une entrevue avec le Pape Benoit s’est présenté comme le défenseur de l’Occident et de la Chrétienté ?
Personne. Qui en France, après la rupture des relations diplomatiques avec Damas, a signalé que l’ambassadrice de Syrie à Paris était
une chrétienne ? Personne.
Résumons la situation actuelle du Moyen Orient : En Egypte, le nouveau président, le général Sissi fait preuve d’une volonté
répressive qui ferait passer Moubarak pour un agneau : Morsi, son prédécesseur renversé est condamné à mort ainsi qu’une centaine
de suspects. Quant à l’économie, elle est exsangue et les fins de mois sont assurées par l’Arabie saoudite qui financera d’ailleurs les
achats de Rafales. En Lybie, l’anarchie est totale : l’armement de Kadhafi est aux mains des islamistes et le pays devient le premier
exportateur de l’immigration. En Syrie, le régime Assad lutte avec peine contre la coalition des différents islamistes et est
discrètement soutenu par les USA, ce qui n’empêche malheureusement pas le massacre de Chrétiens, la destruction des symboles
antiques, la prise de Palmyre ville symbole et carrefour stratégique. A quand une conversion européenne et française. « Errare
humanum est, perseverare diabolicum ». Saurons-nous méditer ce proverbe latin ?
En Irak, après l’institution du Kalifa nous assistons a la progression de Daech qui serait aux portes de Bagdad et ne cache pas ses
visées sur la Syrie. Daech disposerait de 30 000 hommes fanatisés. Ces invasions fanatiques n’épargnent désormais ni l’Europe, ni la
France. Si les immigrations font quotidiennement la Une des médias, l’action des minorités fanatiques est sous-estimée. Plus de 1 500
Djihadistes français combattraient en Syrie et en Irak, ce qui pose une question majeure : combien de Djihadistes intérieurs et
masqués hébergeons-nous ? Un feu rouge est déjà allumé : le saccage de nos églises. Il ne se passe pas de semaine sans que soit
signalé un nouveau vandalisme. Doit-on envisager la possibilité d’un attentat durant une cérémonie religieuse ? Soyons lucides :
parallèlement à la nouvelle immigration un fanatisme islamique se développe. Les persécutions dont sont victimes les Chrétiens
d’Orient nous le confirment : soyons lucides et vigilants. Défendons notre civilisation et sa chrétienté.
Arabie saoudite : le sursaut de la maison Saoud
L'Obs Par Pierre Haski Publié le 22-05-2015
MONDOVISION. Avec le remplacement du défunt roi Abdallah par Salmane. le monde sunnite a trouvé un leader, mais son
programme conservateur et autoritaire est à l’opposé des aspirations apparues lors des révolutions arabes.
Depuis la mort, à plus de 90 ans, le 23 janvier dernier, du roi Abdallah Ben Abdelaziz al-Saoud, l’Arabie saoudite s’est réveillée, et
l’impact de ce sursaut se fait sentir dans tout le Moyen-Orient, et jusqu’à Washington et Paris.
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C’est son frère Salmane, 79 ans, qui lui a succédé et a déclenché une véritable contre-attaque saoudienne – et sunnite – tous azimuts :
contre l’ennemi juré iranien – et chiite –, qui a le vent en poupe dans la région, du Liban au Yémen en passant par l’Irak ; contre les
alliés de l’Iran dans le monde arabe, comme les Houthis du Yémen ; contre les extrémistes sunnites de l’Etat islamique, dont les
racines idéologiques puisent pourtant dans les fondements de l’Arabie saoudite, tout comme certains de leurs financements initiaux ;
enfin, contre les Etats-Unis et leur président, Barack Obama, accusés de céder aux sirènes de Téhéran, aux dépens de leurs alliés
traditionnels, et longtemps indispensables que sont les monarchies conservatrices du Golfe.
Ça fait beaucoup d’adversaires à la fois, et il fallait, pour s’y attaquer, secouer la belle endormie saoudienne. Depuis 2011 et le début
des révolutions arabes, qui ont plongé la région dans des convulsions d’ampleur historique, le royaume wahhabite semblait tétanisé
entre les mains d’une gérontocratie dépassée.
Conséquences internationales
Le remplacement d’Abdallah par Salmane à la tête du royaume a donné le signal du changement. Le nouveau souverain, pas vraiment
un jeunot lui-même, a bouleversé les équilibres à Riyad en choisissant comme prince héritier son neveu de 55 ans, Mohammed Ben
Nayef, et surtout en nommant son fils Mohammed Ben Salmane, âgé de 35 ans à peine et sans grande expérience, vice-prince héritier,
ministre de la Défense, chef du conseil suprême d’Aramco, la toute-puissante compagnie pétrolière…
Les effets de ce coup de balai se sont vite fait sentir sur le plan international. A peine intronisé, Salmane a bâti une coalition arabe
pour combattre les Houthis du Yémen après leurs avancées décisives. Et il a marqué son mécontentement face à Barack Obama en
boycottant ostensiblement le sommet informel organisé à Camp David le 13 mai pour les pétromonarchies du Conseil de coopération
du Golfe.
Il n’a pas dû le regretter car les participants en sont sortis déçus par la faiblesse des garanties de sécurité américaines au moment où
Washington apparaît déterminé à conclure l’accord nucléaire avec l’Iran esquissé début avril. Un dépit qui profite à la France, apparue
plus ferme face à Téhéran, et plus engagée dans le "camp" sunnite, non sans ambiguïtés.
Rapprochement avec les Frères musulmans
Le corollaire de ces changements est un rapprochement avec un islam politique sunnite jusque-là honni, celui des Frères musulmans.
Au Yémen, Riyad soutient des forces incluant la branche locale de la confrérie, et, surtout en Syrie, le royaume a décidé d’armer
massivement, en lien avec la Turquie et le Qatar, dont il se méfiait autrefois, les rebelles proches des Frères musulmans et opposés
aux djihadistes de l’Etat islamique.
Ce réalignement a de profondes conséquences géopolitiques, mais aussi sur le plan intérieur saoudien : l’heure n’est assurément pas à
la libéralisation des mœurs et à la levée du carcan idéologique, au contraire. Le monde sunnite a trouvé un leader, mais son
programme, à la fois conservateur et autoritaire, est à l’opposé des aspirations apparues lors des révolutions arabes.
A court terme, cela peut lui permettre de repousser les menaces, à défaut d’offrir à cette région en mouvement le cadre de
l’introuvable modernité à laquelle elle aspire.
Syrie : "La France a une absence totale de vision", dit un spécialiste
du Moyen-Orient
INVITÉ RTL – par Christophe Pacaud , Agnès Bonfillon , James Abbott publié le 22/05/2015
Le spécialiste du Moyen-Orient, Frédéric Pichon, est revenu sur la prise de la ville stratégique de Palmyre par l'État islamique en
Syrie jeudi 21 mai.
Un constat sévère. Frédéric Pichon, chercheur et consultant en géopolitique spécialiste du Moyen-Orient et auteur du livre Syrie,
pourquoi l'occident s'est trompé (éditions du Rocher), n'est pas tendre avec la politique française au Moyen-Orient. Jeudi 21 mai, le
groupe jihadiste État islamique (EI) s'est emparé de la ville de Palmyre en Syrie après avoir conquis celle de Ramadi en Irak, deux
victoires significatives qui lui ont permis d'élargir sa zone d'influence de part et d'autre de la frontière.
Le spécialiste a confirmé que cette défaite est la "perte d'un symbole et d'un endroit stratégiquement important pour le
régime syrien". "Cela ouvre la voie du désert syrien pour Daesh et la voie vers Damas (la capitale), précise-t-il. C'est un coup dur
pour l'État et le gouvernement syrien."
Je ne pense pas pas que la destruction du patrimoine soit l'objectif de Daesh
De nombreuses personnalités du monde entier, dont la présidente de l'Unesco, ont appelé à sauver le patrimoine culturel de la cité
antique, mais les jihadistes ne comptent pas forcément le détruire. "Je ne pense pas pas que la destruction soit leur objectif mais
plutôt la prise de la garnison, les pipelines et la prison", rectifie Frédéric Pichon.
La stratégie d'affaiblissement de l'état syrien va nous revenir en pleine figure un jour où l'autre.
Frédéric Pichon est assez critique concernant la politique de la France de ces dernières années. "Au moment où on s'aperçoit que l'État
islamique est aux portes du pouvoir dans la région, enfin on se pose la question de savoir s'il ne faudrait peut-être pas que,
malgré ses défauts, cet État syrien se maintienne. Car on n'a pas de plan B. Pourquoi frapper l'EI en Irak et pas en Syrie ? La
stratégie d'affaiblissement de l'état syrien va nous revenir en pleine figure un jour où l'autre."
Je crois qu'il y a une absence totale de vision, on n'a plus de politique arabe en France.
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"Le régime syrien est imparfait mais il faut faire des choix, poursuit-il-t-il. Et le choix est très simple, si demain l'EI ou des groupes
terroristes arrivent à Damas, on a un Moyen Orient qui connaîtra des soubresauts totalement incontrôlables qui nous
toucheront de toutes façons par ricochet."
Frédéric Pichon est également revenu sur les alliés de la France dans la région, et notamment l'Arabie Saoudite "qui est devenu un
grand ami de la France". "En réalité on joue avec le feu, juge-t-il. On a laissé nos alliés intervenir massivement. Indirectement on a
laissé faire, on a livré des armes. Je crois qu'il y a une absence totale de vision, on n'a plus de politique arabe en France. À la limite,
les USA ont une vision plus claire dans la région".
L’UE émet un avertissement sur l'occupation de Palmyre par Da'esh
La Croix 21-05-2015
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La chef de la politique étrangère européenne Federica Mogherini a déclaré aujourd'hui qu’avec l'occupation de la ville antique de
Palmyre par Da'esh, « encore une fois des centaines de personnes ont été tuées et des milliers d'autres risques d'être exposées à des
actions violentes et arbitraires et plusieurs actions de destruction de sites culturels pourraient être perpétrés ».
Palmyre est un symbole du riche patrimoine culturel de la Syrie et a été un carrefour des civilisations à travers l'histoire, a-t-elle dit,
avertissant que les massacres perpétrés par Da'esh ainsi que la destruction délibérée du patrimoine culturel et archéologique en Syrie
et en Irak équivalaient à un crime de guerre.
Elle a ajouté que l'UE avait pris des mesures appropriées pour empêcher le commerce illégal de biens culturels, en ajoutant que ce
trafic contribuait au financement de Da'esh et d'autres organisations terroristes.
« Nous soutenons les efforts des Nations Unies pour trouver une solution politique qui pourrait mettre fin au conflit syrien qui dure
depuis 4 ans et les efforts de la coalition anti-Daesh pour arrêter la expansion de cette organisation terroriste. »
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