8. jamaican legends
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8. jamaican legends
CHÂTEAUVALLON MUSIQUE A L’OCCASION DE CINQUANTIEME ANNIVERSAIRE DE L’INDEPENDANCE DE LA JAMAÏQUE JAMAICAN LEGENDS Ernest Ranglin: guitare Monty Alexander: piano Sly Dunbar: batterie Robbie Shakespeare: basse Vendredi 30 novembre à 20h30 Théâtre couvert www.montyalexander.com www.chateauvallon.com LE PROJET Jamaican Legends 2012 est un projet unique qui réunit sur scène quatre musiciens hors pair, quatre légendes de la musique jamaïcaine pour célébrer le cinquantième anniversaire de l’indépendance du pays : le guitariste Ernest Ranglin, le pianiste Monty Alexander, le bassiste multi primé Robbie Shakespeare et le batteur Sly Dunbar. Chacun d’eux a fait émerger le son jamaïcain dans le courant international de la musique. Aujourd’hui c’est ensemble qu’ils jouent au sein du Jamaican Legends 2012, qui vient de triompher pour sa première au Japon avant de continuer sa tournée à travers le monde. ERNEST RANGLIN Ernest Ranglin est né en 1932 et a grandi dans la petite ville de Robin’s Hall une communauté rurale située en plein cœur de la Jamaïque. La passion de la musique commence pour Ranglin quand deux de ses oncles lui montrent, alors qu’il n’est encore qu’un enfant, les rudiments de la guitare et devant ses dons, lui achètent un ukulélé. C’est par imitation d’abord que Ranglin apprend à jouer mais son jeu est rapidement influencé par les disques du grand guitariste de jazz américain Charlie Christian. Mais pour satisfaire ses ambitions musicales pas question de rester dans son village. Il déménage alors pour Kingston, officiellement pour finir ses études au Bodmin College mais en réalité pour étudier sérieusement la guitare. Il poursuit sa formation dans les livres mais surtout en allant voir sur scène les orchestres de danse jamaïcaine les plus réputés du moment. Il a alors seize ans et son talent émergeant s’est déjà fait une solide réputation dans toute la ville. En 1948, il rejoint son premier groupe, le Val Bennett Orchestra qui se produit dans les hôtels de la région et attire rapidement l’attention. Au tout début des années 50 il devient membre de l’orchestre le plus réputé de Jamaïque, l’orchestre d’Eric Dean qui se produit dans toutes les Caraïbes et jusqu’aux Bahamas. C’est avec ces grands orchestres qu’il apprend l’orchestration et les arrangements. Les tournées lui permettent d’aller à la rencontre d’artistes venus d’autres traditions. Il eut par exemple l’occasion de jouer à Nassau devant Les Paul qui, admiratif, lui offrit une guitare. C’est cependant en revenant en Jamaïque qu’il fait la rencontre décisive pour sa carrière. En 1958, Ranglin a son propre orchestre. Un de ses contrats l’amène à jouer un spectacle acheté par jeune aspirant producteur, Chris Blackwell. Immédiatement impressionné par le talent de Ranglin, Blackwell lui offre sa chance en le faisant enregistrer le premier album de son label, Island Record. C’est le début d’une longue série de collaborations. L’année suivante il se joint à Cluett Johnson et son groupe de musiciens de studio appelé Clue J and His Blues Blasters dont le style était très différent de celui des grands orchestres. La musique jamaïcaine était en perpétuelle évolution, les rythmes traditionnels étant largement influencé par la R&B américaine. Johnson et Ranglin enregistrent de nombreuses fois ensemble. Le premier de ces enregistrements, Shuffling Bug, est considéré comme le premier album de ska. Mouvement musical très vite assimilé à la musique populaire jamaïcaine et entraîne dans son sillage tous les autres courants, reggae, ragga … Les grandes qualités d’arrangeur de Ranglin et son jeu souple et limpide de Ranglin font de lui un des musiciens incontournables du ska. Chris Blackwell qui veut lancer Island Records en Grande Bretagne l’amène à Londres en compagnie d’un jeune chanteur jamaïcain, Millie. Ils leur fait enregistrer My boy Lollipop, première incursion du ska se faufilait dans le vocabulaire de la pop music et véritables succès planétaire. Ces dernières années, Ranglin est retourné a multiplié les croisements entre les cultures musicales. Below the Bassline reprend quelques une des plus grandes chansons du rock and roll. Memories of Barber Mack est un hommage au saxophoniste jamaïcain Barber Mack. The Search of the lost Riddim ramène Ranglin au Sénégal où il n’était pas revenu depuis sa tournée avec Jimmy Cliff dans les années 70. Cet album représente pour Ranglin l’accomplissement d’un rêve de plus de 20 ans : enregistrer en Afrique avec les musiciens africains. Modern answer to old problems est un mélange audacieux de sophistication jazz et de rythmes syncopés de l’afro-pop. Son dernier album Gotcha ! nous montre à quel point il est et reste un instrumentiste de génie. MONTY ALEXANDER Depuis cinq décennies, le pianiste Monty Alexander s’est construit une réputation d’explorateur des mondes du jazz américain, de la chanson populaire et de la musique de sa Jamaïque natale. Il a joué et enregistré avec des artistes venant tous d’horizons musicaux très différents : Frank Sinatra, Ray Brown, Dizzy Gillepsie, Sonny Rollins, Clark Terry, Quincy Jones, Ernest Ranglin, Barbara Hendricks, Sly Dunbar et Robbie Shakespeare entre autres. Il est né le jour du débarquement (le 6 juin 1944) et a grandi à Kingston, Jamaïque. Il prend sa première leçon de piano à six ans mais s’est surtout formé en autodidacte. Adolescent, il a l’occasion de voir deux artistes qui influenceront profondément son style, Louis Armstrong et Nat « King » Cole au Kingston Carib Theater. Alexander immigre aux Etats-Unis avec sa famille en 1961. Moins de deux ans plus tard, alors qu’il joue à Las Vegas avec l’orchestre de Art Mooney, il est repéré par le propriétaire d’un club de New York, Jilly Rizzo et son ami, Frank Sinatra. Rizzo engage le jeune pianiste dans son club, le Jilly’s, pour accompagner Sinatra et d’autres artistes. C’est là qu’il fait la connaissance du vibraphoniste Milt Jackson qui l’engage et lui fait rencontrer le légendaire bassiste Ray Brown, ex- collaborateur de Charlie Parker. Alexander enregistrera à de nombreuses reprises avec Ray Brown et Milt Jackson. La gamme de ses collaborations musicales s’étend à de nombreux genres et ses projets sont très variés : il participe aussi bien en 1991 à l’album Unforgettable, hommage de Nathalie Cole à son père, Nat « King » Cole, qu’à l’interprétation de la Rhapsodie in Blue de George Gerschwin sous la direction de Bobby McFerrin au festival Verbier en Suisse ou qu’à l’enregistrement des parties piano pour le film de Clint Eastwood, Bird, sur la vie du géant du jazz, Charlie Parker. En août 2000 Monty Alexander est décoré du titre de Commandeur de l’Ordre de distinction pour le gouvernement jamaïcain pour services rendus à la Jamaïque en tant qu’ambassadeur mondial de la musique de la Jamaïque. Monty Alexander a un emploi du temps chargé, entre clubs de jazz et salle de concerts, entre le festival de Montreux et l’Afrique du Sud, le Japon ou l’Australie. A ce jour il a enregistré plus de 70 albums en tant que leader. De sa collaboration avec le label Telarc, sont nées des sessions en trio telles que Impressions in Blue, et des enregistrements live de concerts tel que Goin’Yard. Fin 2005 il se rend à Kingston en Jamaïque pour enregistrer dans le studio Tuff Gong de Bob Marley avec les plus grands musiciens du pays, Concrete Jungle, douze compositions écrites par Bob Marley et réinterprétées par le piano d’Alexander dans des arrangements jazzy. Une union musicale qui fouille dans la légende Marley et réunit les deux mondes qu’Alexander chérit le plus. The Good Life, sous le label Chesky Records est une collection de chansons composées et popularisées par un de ses artistes préféré et ami de toujours, Tony Bennet. Le second enregistrement avec ce label, Calypso Blues, est un hommage à un de ses héros, Nat « King » Cole. En 2008, à l’invitation de Wynton Marsalis, Alexander a monté et dirigé Lords of the West Indies pour le Jazz at Lincoln Center, télévisé et diffusé dans tout le pays. Il y retourne en 2009 avec un nouveau programme, Harlem Kingston Express dans lequel il fait se côtoyer les rythmes du jazz classique avec les vibrations de sa Jamaïque natale. Suivront deux enregistrements en 2011 dans lesquels on sent vivre l’énergie débordante d’Alexander sur scène : Uplift, et Harlem-Kingston Expres. SLY DUNBAR Sly Dunbar est né en 1952 à Kingston. Il choisit son pseudo en hommage à Sly Stone. Mais l’artiste qui lui donna la vocation fut le batteur des Skatalites : Lloyd Knibbs. Dès l’adolescence, il participe à des groupes de reggae comme Yardbrooms. Mais il va débuter, professionnellement parlant, au sein du studio de Lee Perry. En effet, c’est là qu’il fait ses premières apparitions à la batterie sur le morceau Night Doctor. Il joue également pour Ansell & davec Collins sur leur album : Double Barrel. C’est trois ans plus tard, en 1972, qu’il fait une rencontre déterminante pour la suite de sa carrière : Robbie Shakespeare, un bassiste qu’il ne quittera plus. ROBBIE SHAKESPEARE Robert "Robbie" Shakespeare est né en 1953 à Kingston. Au début des années 70 il se produit dans divers clubs de sa ville natale sous le nom de Evil People. Il est remarqué puis engagé par le producteur Bunny Lee comme membre du backing-band The Aggrovators. C’est en fréquentant les studios d’enregistrement qu’il rencontre Sly Dunbar. Ils ne joueront ensemble pour la première fois qu’en 195 au sein du groupe The Revolutionaries. SLY AND ROBBIE Les deux jeunes « rude boy » se croisaient dans les clubs et autres sounds systems de Kingston. Ils partageaient la même histoire, la même idée de la musique et étaient fortement marqués par les légendaires sons de la Motown et de Studio One ou Treasure Isle. Les producteurs et frères Ho Kim les firent jouer pour la première fois ensemble en 1975 avec The Revolitionaries, backing band du tout nouveau label Channel One. En 1976, ils jouent sur l'album Two Seven Clash de Culture, accompagnent U Roy pour sa tournée anglaise. Puis Peter Tosh les embauche et à sa suite les ex Wailers, Bunny Wailer, Max Romeo, Prince Far I, The Mighty Diamonds, Gregory Isaacs, Prince Jammy, Dennis Brown, The Abyssinians... Moteurs de Black Uhuru ils accèdent à la renommée mondiale avec le succès du groupe, un Grammy Award et une tournée en première partie des Rolling Stones. En 1979, Serge Gainsbourg les contacte pour produire son premier album reggae Aux Armes et cætera. Expérience étrange pour tous, mais qui se passe tellement bien que Sly & Robbie rejoignent Gainsbourg pour sa tournée française. Non contents de jouer sur une pléiade d'albums de légende du reggae, ils sont aussi crédités de certaines évolutions du genre. Le beat de batterie Rockers, évolution du One Drop, est crédité selon toutes les sources à Dunbar. Toujours à la pointe de l'évolution, ils sont aussi présents lors de l'introduction des machines dans le reggae et le développement du Rub-a-Dub. Dans les années 1980, outre les albums de plus en plus expérimentaux réalisés avec Black Uhuru, ils continuent de produire de nombreux morceaux à succès sur leur label Taxi Records : Fort Augustus (Junior Delgado), Revolution (Dennis Brown), Baltimore (The Tamlins). En 1993, ils produisent les tubes mondiaux de Chaka Demus & Pliers Murder She Wrote et She Don't Let Nobody et imposent le nouveau son "bam bam" de Murder She Wrote qui préfigure avec le Body Workshop de Steelie & Clevie le rythme dancehall "bogle". En 1995, ils participent à l'avènement du nouveau son « new-roots » en collaborant avec les labels en vogue X-terminator, X-rated ou Star Trail. En 1997 et 2001 ils participent à l'enregistrement de deux albums de Pierpoljak, Kingston Karma, Je fais c’que j’veux. Loin de se restreindre à la scène jamaïcaine, ils jouent ou produisent des superstars du rock et de la pop comme Bob Dylan, Mick Jagger, the Rolling Stones, Grace Jones, Gilberto Gil, Joe Cocker, Serge Gainsbourg, Simply Red, Michael Franti, Sting, Khaled, Carlos Santana, Sinead O’Connor.