le médicament

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le médicament
P.09 une formation vachement bien
P.13 monalisa construit sa toile
P.28 Quand les générations se passent le témoin
Mensuel / Septembre 2013
136
Le médicament
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La recherche
des bons
compromis doit
s’accompagner
de lisibilité
sur les
objectifs et de
transparence
sur les enjeux”
Qu’il me soit permis d’ouvrir cet éditorial par un hommage, celui que
j’adresse à l’ancien président de la FNSEA, Jean-Michel Lemétayer, figure
du monde agricole qui nous a brutalement quittés cet été. Un homme de
conviction, dont le franc-parler résonne encore aux oreilles de tous, mais
aussi un homme de dialogue, attentif aux arguments de ses contradicteurs e
­t
respectueux de la parole donnée.
Ces qualités, nous aimerions qu’elles animent le débat public. La recherche des
bons compromis est certes nécessaire, mais elle doit s’accompagner de lisibilité
sur les objectifs et de transparence sur les enjeux. Nul n’ignore ainsi que le ­projet
de réforme sur les retraites est indissociable d’une réflexion plus large sur le contenu et le financement pérenne de la protection sociale, comme en témoignent les
­réactions aux premières annonces gouvernementales sur ce dossier. Pour autant, la
tentation est grande de tronçonner le débat, de gagner du temps par des ­annonces
parfois contradictoires ou de jouer la lassitude de l’opinion face à l’avalanche des
réformes.
Très concrètement, cela signifie pour la MSA qu’elle va être saisie pour avis, dans les
jours prochains, d’un projet de loi sur les retraites dont la portée exacte ne pourra
être véritablement appréciée qu’après les examens du projet de loi de fi
­ nancement
de la sécurité sociale et du projet de loi de finances pour 2014 qui fixeront les modalités et l’exacte mesure de l’effort contributif demandé. Nul doute au demeurant
que les cabinets ministériels travaillent déjà aux amendements, ­susceptibles de
modifier sensiblement l’économie du projet et qui pourraient, selon les circonstances, être présentés en dernière minute aux parlementaires. Ces procédés ne
sont certes pas nouveaux, mais faut-il pour autant s’en satisfaire ?
En cette rentrée, je me prends donc à rêver de conviction dans les idées, de clarté
dans les débats, de transparence dans les compromis, des qualités que nul n’oserait
utiliser spontanément pour caractériser le débat public, mais qui me permettent
d’adresser un clin d’œil complice à notre ami Jean-Michel.
Gérard Pelhâte
Président de la MSA
Caisse centrale de la Mutualité sociale agricole
Les Mercuriales - 40, rue Jean-Jaurès - 93547 Bagnolet Cedex
Tél. : 01 41 63 77 77 – www.msa.fr
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ACTUALITÉS………………………04-08
FOCUS…………………………………24-25
Du nouveau dans les régions et dans notre
environnement social et agricole.
L’exercice de la médecine rurale.
Atexa : les plus de la MSA.
TERRITOIRES …………………09-12
RENCONTRES…………………26-33
Une formation vachement bien.
Contrats de prévention : reçu 25/25.
Quand les générations se passent le témoin.
Risque routier : les élus veillent au grain.
Diabète : le dépistage sur le bout des doigts.
ENJEUX………………………………13-14
Monalisa construit sa toile.
DOSSIER
………………………
LE MÉDICAMENT
15-23
Il est particulier à plus d’un titre : réglementé,
il ne peut être distribué que s’il a obtenu une
autorisation de mise sur le marché ; actif, il
est susceptible de comporter des risques ;
généralement délivré sur prescription médicale,
il n’est pas mis en vente n’importe où et est placé
sous la responsabilité des pharmaciens. Incursion
dans l’univers d’un produit d’exception.
EN IMAGES…………………………34-35
Jeunes : action 2013 ! SUR NOTRE SITE WEB :
d’autres articles et reportages,
plus de photos et d’informations
régionales.
www.lebimsa.fr
le bimsa septembre 2013 3
En régions
LOIRE-ATLANTIQUE – VENDÉE /
Concours
Innov’idée 2013
La MSA Loire-Atlantique –
Vendée organise un concours
de prévention professionnel qui
s’adresse aux salariés et aux
non salariés agricoles, ainsi
qu’aux entreprises agricoles des
deux départements.
L’objectif est de récompenser
les réalisations concrètes
concernant la sécurité et
les conditions de travail
sur l’exploitation ou dans
l’entreprise. Dépôt des dossiers
avant le 31 octobre 2013.
Pour en savoir plus :
www.msa44-85.fr
Nord /
© Téo Lannié/CCMSA Image(s)
Prévention
de l’obésité
La distorsion de concurrence induite par la proximité avec les pays voisins s’accentue aujourd’hui. Elle entache le système
économique et social agricole, met en péril certaines productions locales et fragilise l’entrée dans la vie active des jeunes
agriculteurs.
Alsace /
Distorsion
de concurrence
Une directive de 2008 autorise les
entreprises européennes à proposer
des salariés intérimaires dans les
autres pays de l’Union. Une situation qui impacte notamment les
régions frontalières françaises, dont
l’Alsace. Ces entreprises prestataires
s’acquittent des cotisations auprès
du pays dans lequel leur siège est
établi : selon leur implantation, des
écarts de salaires, des différences
de niveaux de cotisations sociales
et des exigences différentes en
matière de protection sanitaire et
sociale sont observés.
Certains producteurs allemands
proches du marché alsacien, qui ont
recours à ces prestataires, ont ainsi
4 Septembre 2013 le bimsa
toute latitude pour vendre en France
à un prix défiant toute concurrence
et dégager des marges. Idem pour
des exploitants français qui usent
de cette possibilité pour avoir des
prix de revient bien moins élevés
que ceux employant leurs salariés
directement en France.
Deuxième source d’inquiétude,
les conditions sanitaires au sein
de la chaîne de production. Certains pays appliquent des règles
d’hygiène beaucoup moins strictes
que celles en vigueur en France.
Enfin, le recours à un prestataire
étranger pour fournir de la maind’œuvre n’apporte que peu à la
France, puisque ces entreprises
s’acquittent des cotisations dans
leur pays d’origine.
Pour lutter contre ce phénomène, la
MSA d’Alsace s’engage à davantage
communiquer avec les bureaux
étrangers de la lutte contre le travail
illégal, à informer les exploitants
français tentés par le recours à des
entreprises étrangères d’intérim
sur les points de vigilance et les
risques encourus (voir, à ce sujet,
notre article « Recourir à un prestataire de services » paru dans Le
Bimsa 130 de janvier 2013), et à
se mobiliser, en lien avec les filières
agricoles concernées, pour tenter
de faire évoluer la réglementation
européenne. —
Les élus de la MSA Nord-Pas de
Calais se mobilisent pour des actions
de prévention de l’obésité. Après
une initiative, début septembre,
du comité de l’échelon local de la
Flandre maritime à l’occasion de la
« Karyole Feest » à Hondschoote
pour faire découvrir aux enfants et
aux parents une alimentation saine
et équilibrée, les membres du comité
de l’échelon local de la Métropole
Lilloise proposeront également une
animation sur ce thème lors de la
fête de la citrouille, les 28 et 29
septembre, à Marquillies.
Au programme : dégustation de
petits déjeuners équilibrés et des
fruits et légumes sous toutes leurs
formes.
Informations sur le site :
www.msa59-62.fr
1,2
million d’actifs
au régime
agricole au
1er janvier 2012.
www.lebimsa.fr
© Getty Image - imagesource/CCMSA Image(s)
AIN /
dES JEUNES
Récompensés
12
HAUTE-VIENNE /
Médiation familiale
pour les familles
agricoles
Aider les familles agricoles à recréer du lien et à sortir
des conflits familiaux, c’est l’objectif du partenariat
conclu entre la MSA du Limousin et le service de
médiation familiale de la Haute-Vienne, géré par
l’ADPPJ (Association départementale pour la protection de la jeunesse). Les conflits familiaux peuvent
entraver, dans certains cas, la conduite de l’exploitation agricole : il peut s’agir d’une séparation et de
ses conséquences sur la prise en charge des enfants,
de conflits intergénérationnels, de discorde dans la
fratrie, du problème de la transmission du patrimoine,
du partage des tâches, etc. Le médiateur familial, en
lien avec les autres partenaires (centre de gestion,
MSA, Chambre d’agriculture…), devra aider chacun
à repenser les règles de vie, l’organisation familiale
et professionnelle, et le « vivre ensemble » dans cette
communauté de vie qu’est l’entreprise agricole. Par
l’apaisement des tensions, la médiation familiale
facilitera l’intervention des autres techniciens du
monde agricole qui pourront jouer pleinement leur
rôle de conseil. Article complet sur www.lebimsa.fr—
C’est le nombre de groupes de
jeunes primés dans le cadre du
dispositif partenarial, « Projets
jeunes de l’Ain », qui encourage
et soutient l’initiative des jeunes
du département. Cofinancé
par la MSA Ain-Rhône, la
Direction départementale de
la cohésion sociale, le Conseil
général, la caisse d’allocations
familiales, le Crédit Agricole et
la DPJJ, ce dispositif permet
aux jeunes de faire l’expérience
de l’autonomie, des réalités
budgétaires, des contraintes
législatives, d’une démarche
citoyenne, de l’engagement…
Les groupes de jeunes du
département issus du milieu
rural, s’ils répondent aux
critères spécifiques fixés dans le
cadre de l’appel à projets MSA
« Mieux vivre en milieu rural »,
peuvent également bénéficier
d’une 2e chance de financement
si leur initiative est sélectionnée
par le jury du concours national
MSA. Article complet sur
www.lebimsa.fr
AUBE /
Une terre de bulles
tations suivront le reste de l’année, comme le­
« Chapiteau agricole » aux Foires de champagne,
les émissions « Terres de l’Aube » diffusées sur
le canal 32... Plus d’informations sur le site :
www.terres-et-vignes.org —
© DR
Pour promouvoir l’agriculture et la viticulture de
l’Aube, le collectif Ferme Aube/Terres&Vignes
a décidé de lancer une campagne de communication sur son territoire. Ce groupement
fédère les principales organisations professionnelles agricoles du département, dont la MSA
Sud Champagne, la chambre d’agriculture de
l’Aube… et différents partenaires agroalimentaires de la région.
Plusieurs événements ont déjà été organisés
par le collectif. « Les rencontres Agri citadines »
ont permis aux agriculteurs d’aller à la rencontre
des Troyens avec des animations en centre-ville,
en avril dernier. « La route du champagne en
fête » proposait à tous de découvrir, fin juillet,
les fines bulles du terroir. D’autres manifes­
© MSA Gironde
GIRONDE /
Suicide :
des « sentinelles »
en formation
Le suicide, on en parle parfois, mais souvent
après coup, pour évoquer des tentatives ou
des décès. Savoir repérer la crise suicidaire,
en parler avec la personne ou simplement
savoir qui avertir, comment agir… voilà le
hic ! Dans le cadre du programme régional
de santé, la MSA Gironde a été sollicitée
par l’agence régionale de santé d’Aquitaine,
pour participer au développement de deux
actions : un colloque de sensibilisation et
des sessions de formation de « référents/
sentinelles ».
Justement intitulée « Prévenir le suicide :
en parler, repérer, agir », cette rencontre
a sonné le coup d’envoi, en termes de
communication, du plan de prévention
adapté à la Gironde. En 2013, quatre sessions de formation de 15 à 20 « référents/
sentinelles » vont être organisées sur le
Libournais, le Nord Gironde, le Médoc et
Bordeaux centre.
Il s’agit de sensibiliser et de former des travailleurs sociaux des différentes institutions,
des professionnels de santé et paramédicaux
locaux, des bénévoles d’associations caritatives, des professionnels d’associations
locales, des infirmières, des policiers, des
gendarmes, des pompiers…, pouvant être
en contact avec des personnes présentant
des idées suicidaires, au repérage et à la
conduite à tenir en pareille situation.
Le but est d’améliorer la qualité de réponse des professionnels et des bénévoles
aux personnes accompagnées, afin de
diminuer d’ici à trois ans le nombre de
recours à l’hospitalisation pour tentative
de suicide et le nombre de décès par suicide en­­Gironde. Si ce département est
globalement moins touché par le suicide
que les autres départements d’Aquitaine,
le problème reste cependant important,
notamment chez les jeunes jusqu’à 45 ans
et sur les territoires ruraux : Libournais,
Nord Gironde, Médoc.
Plus d’infos sur www.lebimsa.fr
—
le bimsa septembre 2013 5
En régions
SUD CHAMPAGNE /
La solidarité pour soutenir les aidants
Une trentaine d’aidants familiaux se sont retrouvés à
Colombey-les-Deux-Églises, au cours du deuxième
trimestre, pour une journée de répit et d’échanges. Ils
sont originaires des cantons de Chaource, Chavanges,
Langres, Saint-Dizier et Vendeuvre-sur-Barse. Ils
ont tous participé aux différentes actions d’aide aux
aidants mises en place par la MSA Sud Champagne
ces dernières années.
Et ils ont eu l’idée de faire tomber les barrières cantonales et départementales afin de tous se retrouver
pour une journée de répit, mais aussi d’échanges et
de dialogue. Tout simplement parce que les activités auxquelles ils ont participé les ont aidés, parce
qu’ils ont trouvé chez les autres participants une
écoute sans jugement et que des solidarités sont
ainsi nées afin de résoudre ensemble des problèmes
communs à tous.
Sur ces cantons, les participants ont souhaité continuer à se voir. À Vendeuvre, un atelier yoga est
organisé chaque semaine à la maison pour tous.
Ain
« L’Aincontournable »
Du 20 au 22/09. Cette fête
© MSA Sud Champagne
À Chavanges, le groupe de parole perdure, porté par
l’association « Santé et vitalité », et à Saint-Dizier,
tous les participants s’impliquent activement dans
l’organisation des « cafés Alzheimer ». N’en déplaise
aux esprits chagrins, la solidarité et l’entraide sont
visiblement des valeurs qui n’ont pas disparu, et
c’est tant mieux. —
ARDÈCHE DRÔME LOIRE /
Nouvelle Marpa à Rémuzat
Née d’un partenariat entre la MSA
Ardèche Drôme Loire, le Conseil
général de la Drôme et les communes de Rémuzat et des alentours, la maison d’accueil rurale
pour personnes âgées (Marpa)
« Les Baronnies » a ouvert ses
portes le 2 septembre, après
trois années de travaux. Dans
un cadre exceptionnel en Drôme
provençale, 24 résidents au total
pourront mener un projet de vie le
plus proche possible de celui de
leur domicile. Située à proximité
des commerces et des services,
la Marpa est composée de 23
logements individuels de plainpied, aménagés pour répondre aux
besoins des personnes à mobilité réduite. De type T2 pour les
couples (45 m2) et de type T1 bis
(33 m2) pour les personnes seules,
les logements sont équipés d’un
coin cuisine et d’une salle de bain
avec toilettes, et disposent tous
d’un accès individuel et d’une
terrasse privative. Des services de
restauration et de blanchisserie sont
proposés pour les résidents qui le
6 Septembre 2013 le bimsa
souhaitent. Une présence continue
du personnel est assurée 7 jours
sur 7, de 7 h 30 à 20 h 30, et un
système de veille de nuit est mis
en place. Un accueil temporaire
à la semaine dans un logement
meublé est également possible.
Initiées par la MSA, ces petites
structures d’accueil à taille humaine permettent la convivialité et
l’indépendance en toute sécurité.
Véritable interface entre le domi-
cile et la maison de retraite, elles
apportent les réponses à l’isolement et aux petites difficultés de
la vie quotidienne dans un cadre
de vie familial.
Contact : Christophe Glanois,
responsable de la structure (tél. :
04 26 78 37 00 et 06 49 88 47 54),
est à la disposition des personnes intéressées pour les
accueillir et leur faire visiter
ce nouvel établissement. —
agricole à ciel ouvert, cadre
de la 60e finale nationale
de labour, se tiendra
à Ars-sur-Formans (Ain).
La MSA Ain-Rhône
sera présente à cette
manifestation orchestrée
par les Jeunes agriculteurs,
pour renseigner les visiteurs
sur ses différentes actions
et les sensibiliser sur des
problématiques liées à
l’activité agricole.
Plus d’infos :
www.aincontournable.com
et www.msa01-69.fr.
—
Lorraine
Stan’élevage
Les 21 et 22/09. À
l’occasion du salon Stan’
élevage à Lunéville (Meurtheet-Moselle), la MSA Lorraine
attend les visiteurs sur son
pôle « santé-sécurité au
travail ». www.msalorraine.fr
—
Alsace
Saveurs et soleil
d’automne
Du 27 au 29/09. Pour sa
sixième édition, le salon
Saveurs et soleil d’automne
proposera trois jours
d’activités autour des métiers
maraîchers, de la santé et de
la découverte des saveurs
de saison. La MSA d’Alsace
y sera présente et proposera
diverses animations pour
toute la famille sur les thèmes
de la nutrition et du sport.
Plus d’infos sur le site de
l’événement : www.saveurssoleil-automne.com
—
Maine-et-Loire
Le temps des aidants
LE 10/10. Lorsque l’on aide
© MSA Ardèche Drôme Loire
un proche au quotidien, il est
essentiel de s’accorder des
moments de répit. La MSA
de Maine-et-Loire et ses
partenaires proposent,
le temps d’une journée,
un forum gratuit et
ouvert à tous.
Au programme : une
conférence « aider sans
s’épuiser », des stands
d’informations, des ateliers
bien-être… En savoir plus :
www.msa49.fr
—
www.lebimsa.fr
Vie de l’institution
Allocation de
rentrée scolaire
© Jean-Michel Delage/CCMSA Image(s)
Les 35 caisses de MSA ont versé
l’allocation de rentrée scolaire
(ARS) à près de 87 000 familles
et au bénéfice de 142 000
enfants, pour un montant global
de 52,3 millions d’euros. L’ARS
aide à financer les dépenses
occasionnées par la rentrée
scolaire des enfants âgés de 6 à
18 ans. Elle a été versée à partir
du 20 août 2013.
Maternité :
retour chez soi
en douceur
411 000
familles
bénéficiaires
de prestations
familiales,
de logement,
de solidarité
et/ou liées au
handicap
(en MSA, fin 2012)
Intempéries : la MSA
se mobilise
Tempêtes, orages, inondations,
crues… les régions du Sud-Ouest
notamment n’auront pas été épargnées cette année. Les intempéries
ont affecté l’ensemble du secteur
agricole, avec des répercussions sur
les productions, les outils de travail
et les personnes. La MSA assure
sa solidarité aux exploitants et aux
entreprises agricoles en difficulté,
et met en place des mesures pour
leur venir en aide.
Ainsi, à la MSA Midi-Pyrénées Sud,
conseillers en protection sociale et
assistantes sociales accueillent les
adhérents pour les conseiller dans
leurs démarches et faire connaître
les dispositifs d’aides existants. Un
numéro spécial pour les victimes
(05 62 53 35 46) a été activé. Les
chefs d’exploitation et les entreprises
agricoles éprouvant des difficultés
pour régler leurs charges sociales
peuvent bénéficier d’un échelonnement des paiements des cotisations et d’une prise en charge
de cotisations dans la limite de
l’enveloppe déléguée par la caisse
centrale de la MSA.
La MSA Gironde propose aussi
un échéancier des paiements
des cotisations et un dispositif
d’accompagnement et d’écoute
pour les viticulteurs affectés par les
violents orages de grêle. Un numéro
de téléphone (05 56 01 83 63)
avec interlocuteur unique leur est
dédié pour une étude au cas par
cas des situations. Les 20 et 27
août, l’antenne MSA de Libourne
a organisé deux journées d’« accueil de crise ». La caisse a réuni
ses compétences accueil, action
sanitaire et sociale, et cotisations
pour guider les personnes sinistrées, lors d’entretiens individuels.
La MSA Gironde prend aussi en
charge, dans le cadre des fonds
d’action sanitaire et sociale, des
mesures de type accompagnement
psycho­logique et social, service de
remplacement, déplacements... —
Les rendez-vous prestations
plébiscités
Lancés en 2008,
les rendez-vous
prestations MSA
prennent chaque
année un peu plus
d’ampleur. Ces
entretiens sont
réalisés dans le but
de vérifier qu’un affilié
à la MSA bénéficie de
toutes les prestations
sociales auxquelles
il peut prétendre.
Environ 12 000
entretiens ont été
réalisés en 2012,
contre 8 500 en
2011. Une réussite
donc, d’autant plus
que ces rendez-vous
ont permis d’ouvrir
plus de 9 000 droits,
principalement dans
les domaines de la
santé (prestations
en nature, carte
vitale, CMU-C)
et de la famille
(RSA, allocations
familiales…). Au-delà
du succès social,
l’initiative est très
appréciée des
pouvoirs publics qui
soulignent l’originalité
et l’étendue de ce
service visant à
assurer la plénitude
des droits des
assurés.
© Téo Lannié/CCMSA Image(s)
Testé depuis 2012 dans trois
MSA (Ain-Rhône, Maine-et-Loire
et Provence Azur), le service de
retour à domicile se généralise
progressivement à l’ensemble du
réseau MSA. Chaque adhérente
pourra être accompagnée d’une
sage-femme libérale de son
choix, à domicile, pour l’aider
dans la réalisation des premiers
soins et ce, dès son retour à
la maison. L’occasion pour les
mamans de faire aussi le point sur
leur santé postaccouchement.
Pour bénéficier de ce service
entièrement pris en charge par
la MSA, un conseiller rend visite
à la maman le lendemain de
l’accouchement et avec l’accord
de l’équipe médicale. Il complète
les formalités administratives avec
l’adhérente.
Plus d’infos sur www.msa.fr
le bimsa septembre 2013 7
autour de nous
Ces vingt dernières années, l’état de santé buccodentaire des enfants s’est nettement amélioré avec
un recul sensible des caries. Mais des inégalités
sociales et territoriales de recours aux soins et
de santé demeurent et ce, dès le plus jeune âge
(voir l’étude de la Drees, « Santé bucco-dentaire
des enfants : des inégalités dès le plus jeune
âge » – www.drees.gouv.fr).
En 2008, huit enfants de cadres sur dix ont
consulté un chirurgien-dentiste au cours des douze
derniers mois, contre six enfants d’ouvriers. Et à
six ans, 8 % des enfants de cadres ont déjà eu
une carie, contre 30 % des enfants d’ouvriers.
En métropole, 70 % des enfants de 5 à 15 ans
ont eu recours au dentiste dans l’année, contre
46 % dans les DOM. Pour réduire ces inégalités,
un programme de prévention a été mis en place
par l’assurance maladie en 2007. Il propose des
consultations gratuites à 6, 9, 12, 15 et 18 ans.
Objectif : donner aux enfants l’habitude du
suivi médical, éviter les problèmes dentaires
qui nécessitent des traitements lourds et coûteux, et prévenir les risques graves associés à
une mauvaise santé bucco-dentaire (maladies
cardio-vasculaires, pulmonaires, obésité, accouchements précoces…). —
8 Septembre 2013 le bimsa
Voie d’accès à l’exercice de
la médecine du travail en
agriculture, le diplôme de
médecine agricole, délivré par
l’Institut national de médecine
agricole (INMA), situé à Tours,
nécessite de valider le contrôle
des connaissances de dix
modules d’enseignement et
de soutenir un mémoire de fin
d’études. Organisée au choix
de l’étudiant sur une durée
totale d’une ou deux années,
la présence aux cours dans les
locaux de l’INMA n’est que de
six semaines et est compatible
avec la poursuite des études
médicales ou d’une activité
professionnelle. Destiné aux
étudiants désirant exercer la
médecine du travail, le diplôme
de l’INMA peut aussi être une
formation complémentaire pour
tous les praticiens exerçant en
milieu rural. Contact : Institut
national de médecine agricole –
14 rue Auguste Comte – 37000
Tours – Tél. : 02 47 66 62 63
– Mél : [email protected] –
Site : www.inma.fr (dossier
pédagogique en téléchargement).
Aidants,
prenez la parole
© Absolut 100/Istock/CCMSA Image(s)
Devenir médecin
du travail en
agriculture
L’association
française des
aidants lance
une enquête
nationale à leur
destination,
sur le thème :
« Les aidants, une question privée et sociétale ».
La MSA, très impliquée dans l’accompagnement des proches qui s’occupent au quotidien
de personnes en perte d’autonomie et dépendantes, s’associe pour relayer cette initiative qui
permettra de mieux comprendre les attentes et
les messages que les aidants souhaitent faire
passer auprès des pouvoirs publics et de la
société en général.
Les réponses fournies à l’occasion de cette enquête (qui se clôture le 14 octobre) permettront
à l’association de « trouver les arguments et
les mots pour sensibiliser l’opinion publique,
les professionnels du soin et du prendre soin,
les entreprises ainsi que les décideurs publics,
sur l’importance du rôle et de la place des­
8,3 millions d’aidants qui, au quotidien, accompagnent un proche ».
Le questionnaire, qui peut être complété en 15
minutes, est en ligne sur le site www.aidants.fr.
Les résultats seront dévoilés à l’occasion d’un
colloque organisé par l’association française
des aidants, le 10 décembre 2013, à Paris. —
Vers une installation
plus encadrée
© Téo Lannié/CCMSA Image(s)
© Téo Lannié/CCMSA Image(s)
Inégalités
bucco-dentaires
chez les jeunes
Les assises de l’installation se sont réunies
au ministère de l’Agriculture, le 11 juillet
dernier, pour faire la synthèse des consul­
tations régionales, dirigées par les préfets des
différents territoires depuis plusieurs mois.
Cette réunion devait conclure l’ensemble des
assises de l’installation, mais les retours des
rassemblements régionaux ont mis en lumière
plusieurs points à étudier avant de proposer
une réforme du système d’installation. Le
rassemblement a tout de même permis
de définir les grandes lignes à suivre pour
aider au mieux les nouveaux agriculteurs,
comme l’amélioration de l’efficacité du Plan
de professionnalisation personnalisé (PPP)
ou encore l’élargissement des missions des
Points info installation (PII). Ces derniers
assureront désormais l’accompagnement
des candidats qui partent « de zéro ». Ces
grandes lignes seront affinées et détaillées
en septembre, lors d’une nouvelle réunion,
et devraient s’inscrire dans la loi d’avenir
agricole. —
www.lebimsa.fr
Photos : Franck Rozé/Le Bimsa
Territoires
Une formation
vachement bien
L’agriculture recrute − on le sait − mais ne trouve pas toujours chaussure à son pied. Pour répondre aux
besoins de qualification que réclame la filière polyculture élevage, la MSA de Picardie et ses partenaires
forment depuis quatre ans des salariés compétents. Retour sur une success-story.
A
«
u début, on me disait que
ça n’allait pas le faire…
Et puis, finalement, je me
débrouille. Aujourd’hui, je suis
opérationnel. Je n’ai que des
compliments. Mon maître de stage me dit que
je ferais un très bon vacher, par exemple. » À
38 ans, Loïc Belleperche, ancien soudeur,
a dit « stop » à l’industrie. Sa réorientation
professionnelle, il a choisi de la mener à la
ferme (à droite sur la photo ci-dessus, en
compagnie de Vincent Frété, exploitant,
et d’un autre stagiaire).
Loïc fait partie des huit stagiaires de la­
8e session de formation RCC, pour « reconnaissance convention collective », un nom
de code qui souligne d’emblée une de ses
principales qualités. Ce n’est donc pas la
seule. Née dans la Somme, sur l’arrondissement de Montdidier, elle s’avère être le fruit
particulièrement abouti d’un partenariat
très actif entre les organisations professionnelles agricoles (OPA) et Pôle emploi.
Pour comprendre, retour aux sources.
Émile Foirest, délégué MSA du 3e collège
(employeurs de main-d’œuvre agricole) et
président du service de remplacement de
la Somme, explique : « On a un problème
récurrent de qualification. » En agriculture, le département est de ceux où les
employeurs rencontrent le plus de difficultés
à recruter. En 2013, il vient en quatrième
position nationale, avec 63 % des projets
de recrutement jugés difficiles, derrière
le bimsa septEmbre 2013 9
territoires
Mayotte, l’Essonne et le Doubs (86 %) (1).
Dès 2007, l’élu et le conseiller Pôle emploi
de Montdidier, Laurent Donnet, après avoir
proposé de travailler sur le sujet à Najat
Ezzahar, conseillère sociale du service
action sanitaire et sociale de la MSA de
Picardie, et Patrick Jacob, responsable
de la relation avec les élus, montent un
groupe de travail en association avec Antoine Roisin et Claire Lobbé, chargé de
formation et chargée de mission emploi
de la Chambre d’agriculture de la Somme.
La vocation de ce dernier est de mettre
en adéquation l’offre et la demande dans
le secteur agricole. Un tiers des offres
d’emploi formulées par les exploitants ne
sont pas satisfaites en raison d’un manque
de qualification des salariés.
Enseigner in situ
Pour mener au mieux sa mission, le groupe
réunit d’autres acteurs indispensables du
monde agricole : la FDSEA (fédération
départementale des syndicats d’exploitants agricoles), le Fafsea (fonds national
d’assurance formation des salariés des
exploitations et entreprises agricoles) et
l’Asavpa (association de salariés de l’agriculture pour la vulgarisation du progrès
agricole). Ce ne sera pas de trop. Chacun
apportera sa pierre à l’édifice.
Car les freins à la réalisation auraient pu
avoir raison de la formation. Le premier
d’entre eux, condition sine qua non pour faire
adhérer à la démarche tant les employeurs
que les salariés : la reconnaissance au titre
de la convention collective des exploitations
Une rigueur
constante
Les élus locaux de
la MSA et ceux de la
FDSEA ont fortement
accompagné ce projet,
et il faut signaler qu’il
y a eu un excellent partenariat entre les
OPA et avec Pôle emploi. Au préalable,
les enquêtes menées sur le terrain ont
permis de monter une formation très
concrète : on apprend le matin et on
met en application l’après-midi. On est
parvenu à convaincre les centres de
formation de se déplacer sur le terrain
et ils sont venus main dans la main. On
a responsabilisé les agriculteurs locaux
en les impliquant et cela a fait tache
d’huile. De part et d’autre, la rigueur
a été constante. Pour les employeurs,
désormais, trouver un salarié qualifié qui
soit tout de suite opérationnel, ce n’est
plus le mouton à cinq
pattes.
Émile Foirest,
élu de la MSA.
agricoles de polyculture et d’élevage, et des
entreprises de travaux agricoles et ruraux
du département de la Somme. C’était là
l’une des attentes exprimées par les uns
et les autres dans le diagnostic partagé
effectué par l’ensemble des partenaires en
amont : « Un niveau de compétence. » Soit
une formation qualifiante, garantissant
un savoir-faire, d’une part, un niveau de
rémunération, d’autre part. La formation
donne accès à un emploi spécialisé de
niveau II (coefficient 2.2).
« Pour appuyer la demande de reconnaissance convention collective [auprès de la
commission paritaire mixte départementale
de la Direccte], nous sommes passés par le
comité d’orientation emploi-formation de
la Chambre d’agriculture de la Somme »,
indique Thomas Quennehen, juriste emploi
à la FDSEA. De là à penser que le tour est
joué… loin s’en faut.
Pour monter une formation, il faut des formateurs. « Oui », répondent-ils de concert,
qu’ils soient issus du public ou du privé.
Maison familiale rurale, lycée agricole et
centre de formation professionnelle et de
promotion agricoles (CFPPA) se donnent
la main pour prodiguer un enseignement
de neuf semaines au cœur même des
exploitations. Ce sont les formateurs qui
viennent aux stagiaires et non l’inverse.
Antoine Roisin se charge de coordonner
les interventions des différents centres
de formation sur le terrain. Les sessions
sont modulables en fonction du secteur
où elles se déroulent (plaine ou élevage).
Elles jouissent également d’une grande
Photos : Franck Rozé/Le Bimsa
Ici, dans la plaine, les stagiaires apprennent la conduite du matériel et le travail du sol. Des compétences indispensables
qu’ils pourront mettre à profit sur le marché de l’emploi.
Jean-Pierre Bonart est l’un des deux
exploitants qui ont accepté d’accueillir
les stagiaires de la formation RCC sur leur
ferme support.
Retrouvez son témoignage et celui de
Vincent Frété sur notre site.
10 septembre 2013 le bimsa
www.lebimsa.fr
souplesse, en fonction des conditions
météorologiques, par exemple. La ventilation est la suivante : sept semaines sur
une exploitation et cinq modules (travail
du sol, récolte, préparation et application
des produits, conduite et entretien courant
du matériel, élevage) ; deux semaines en
stage chez un exploitant. Le tout pour un
total de 350 heures.
Plus on avance, plus on envisage les aspérités. Si l’on veut enseigner in situ, il faut
que le terrain s’y prête. Vous en connaissez
beaucoup, vous, des agriculteurs qui sont
prêts à confier leurs bêtes et leur matériel
au premier quidam venu, tout stagiaire
­soit-il ? Faites l’expérience avec votre propre
véhicule : imaginez qu’un moniteur d’autoécole vous propose de l’emprunter pour
une petite séance d’apprentissage avec
un novice de la conduite. Alors ?
Eh bien ! ça se trouve pourtant. Premièrement, parce que les délégués de la MSA
sont là. Et si Colette Fournier, élue du
1er collège, n’a pu accueillir de stagiaires
cette fois-ci, pour raisons personnelles,
elle s’est démenée pour se trouver un
« remplaçant » en la personne de Vincent
Frété, exploitant en polyculture élevage à
Béthencourt-sur-Mer. Et, deuxièmement,
parce que les garanties légales sont là : les
centres de formation sont assurés pour
tous dommages corporels ou matériels.
Par ailleurs, les parcelles mises à disposition
pour les travaux de labour et de semis sont
enregistrées sous le code « AU » (autres
utilisations) dans le cadre des déclarations
PAC. Encore un petit détail qui aurait pu
gêner le dispositif. Et enfin, pour monter
une formation, il faut des stagiaires. Et pas
n’importe lesquels, pour ainsi dire. « Ce
n’est pas une formation offerte, souligne
Patrick Jacob, responsable de la relation
avec les élus de la MSA de Picardie. Tout
repose sur la motivation ! » Accessible
aux salariés en poste, aux saisonniers,
aux jeunes diplômés de l’agriculture et
aux demandeurs d’emploi, elle nécessite
cependant une sélection des candidats,
via un parcours de réunions collectives et
d’entretiens individuels (lire ci-dessous).
Environ 80 salariés ont suivi la formation
RCC à ce jour : 75 % ont trouvé un travail
en CDI ou en CDD au sortir des sessions,
soit 52 % dans le secteur agricole et 23 %
dans un autre secteur. —
Franck Rozé
(1) Chiffres provenant de l’enquête « Besoins en
­main-d’œuvre » (BMO) de Pôle emploi :
www.bmo.pole-emploi.org
Ne pas choisir l’agriculture
par défaut
Pour optimiser les candidatures, une sélection est effectuée. Après une communication
auprès des partenaires (les agences locales
de Pôle emploi, les Missions locales, les
associations d’insertion...), les postulants
sont conviés à assister à une réunion d’information collective. Antoine Roisin, chargé
de formation de la Chambre d’agriculture,
Simon Merceille, président de l’Asavpa, et
Laurent Donnet, conseiller Pôle emploi,
présentent le contenu de la formation, les
outils pédagogiques et le déroulement. À
l’issue de cette séance, ne restent que ceux
qui se déclarent intéressés. Tous sont reçus
par un conseiller Pôle emploi en entretien
individuel (motivation, attrait pour le secteur, expérience). Un groupe de 10 à 15
personnes est ainsi constitué. Ce dernier
participe alors à l’« Avenir en soi », un
programme d’accompagnement proposé par la MSA.
« Beaucoup de demandeurs
d’emploi choisissent l’agriculture par défaut », constate
Patrick Coevoet, conseiller social
de la MSA de Picardie et co-animateur avec
Najat Ezzahar d’« Avenir en soi ».
« Il s’agit de vérifier qu’ils sont prêts à s’engager
dans cette formation. Pendant six jours, on va
partir de leur expérience pour identifier leurs
ressources et leurs compétences techniques
et transversales, comme la ponctualité ou
l’esprit d’initiative, par exemple. Puis on leur
explique comment les mettre au service de
leur projet professionnel. Lors de la dernière
session d’« Avenir en soi », nous avons reçu
onze personnes. Quatre d’entre elles se sont
engagées dans la formation RCC ».
—
Photos : Franck Rozé/Le Bimsa
Depuis le début des sessions, environ 80 salariés
ont suivi la formation qualifiante Reconnaissance convention collective
(RCC). Lors de la dernière, ils étaient huit, âgés de 17 à 55 ans.
Des membres du groupe de travail : Eugénie Vasseur, animatrice départementale du
service de remplacement en agriculture de la Somme et coordinatrice régionale ;
Patrick Coevoet, conseiller social de la MSA de Picardie ; Patrick Jacob, responsable
de la relation avec les élus de la MSA de Picardie ; Émile Foirest, élu de la MSA ;
Thomas Quennehen, juriste emploi à la FDSEA ; Colette Fournier, élue de la MSA ;
Antoine Roisin, chargé de formation de la Chambre d’agriculture de la Somme.
le bimsa septembre 2013 11
territoires
iLS ONT DIT
Portraits de stagiaires
Loïc Belleperche
a 38 ans.
Détenteur d’un CAP serrurier
métallier, il a travaillé 19 ans
dans l’industrie, mais c’est
un amoureux de la nature.
Et plutôt du genre motivé.
Pendant sa formation, il
honorera avec ponctualité
les traites bien matinales,
non sans avoir absorbé
en scooter les quelque
30 kilomètres d’asphalte
qui séparent Abbeville de
Béthencourt-sur-Mer.
« Dans mon métier d’origine,
il n’y a plus trop de boulot
par ici. J’avais lu dans Le
Courrier Picard une offre de
formation en machinisme, au
lycée agricole d’Amiens. Cela
ne me convenait pas mais
c’est là qu’on m’a donné les
coordonnées téléphoniques
d’Antoine Roisin. Grâce
à cette formation, je sais
maintenant tout faire, de
la traite aux réglages des
machines. C’est vrai qu’en
huit semaines, c’est un peu
du bourrage de crâne. Mais
comme il y a une bonne
entente entre les stagiaires
et avec les formateurs, on
apprend bien.
Je me suis inscrit à la Bourse
d’emploi de la Chambre
d’agriculture et au service
de remplacement de la
Somme. Cet été, je suis déjà
embauché pour la moisson. »
Clément Dupont
accumule depuis
une dizaine
d’années les petits
contrats dans
l’agriculture.
À 26 ans, il sait déjà conduire
un tracteur (préparation
de champ, labour, semis,
moisson). Issu d’une famille
d’agriculteurs − oncles et
grands-parents − il est aussi
titulaire d’un BTA gestion de
la faune sauvage, ce qui lui a
permis de travailler pendant
quatre ans à la fédération
des chasseurs de la Somme
et durant un an à l’Office
national de la chasse et de
la faune sauvage (ONCFS).
Mais les débouchés restent
compliqués. Après deux
ans passés à osciller entre
demandeur d’emploi et
saisonnier, sa conseillère
Pôle emploi lui a proposé la
formation RCC.
« C’est une reconnaissance
par le diplôme de mes
acquis dans la profession.
Les différents modules me
permettent principalement de
réviser mes connaissances.
Sauf sur la préparation et
l’application des produits ou
certains réglages de machine
où j’ai plus à apprendre. Le
fait de passer le Caces 8
[Certificat d’aptitude à la
conduite d’engins en sécurité
catégorie 8] est également
un plus. »
Ci-dessus, à gauche, Romain Fayeulle, enseignant à la MFR de
Villers-Bocage (Somme) et agriculteur dans l’Oise, prodigue
quelques conseils aux stagiaires avant de partir dans la plaine.
12 septembre 2013 le bimsa
Photos : Franck Rozé/Le Bimsa
Sur les sept semaines passées en exploitation, les stagiaires vont
étudier le travail du sol, la récolte, la préparation et l’application
des produits, la conduite et l’entretien courant du matériel,
et l’élevage.
▶ Patrick Jacob, responsable
de la relation avec les élus de
la MSA de Picardie.
Le coût de la formation et les
salaires des stagiaires sont
pris en charge par le Fafsea
pour les salariés en CDI ou en
CDD et par Pôle emploi pour
les demandeurs d’emploi dont
le projet professionnel a été
validé par un conseiller. La MSA
finance une partie des frais de
déplacement des stagiaires et les
déjeuners, avec l’Asavpa. L’exploitant qui accueille la formation
est indemnisé par la Chambre
d’agriculture. L’évaluation finale
est assurée par un jury composé
de deux employeurs de maind’œuvre et de deux salariés.
Chaque candidat est évalué
pendant une heure environ sur
une exploitation.
▶ Eugénie Vasseur, animatrice
départementale du service de
remplacement en agriculture et
coordinatrice régionale.
Les salariés qui suivent la formation constituent un vivier de
main-d’œuvre. On propose à
tous de s’inscrire au service de
remplacement. C’est pour eux
une chance supplémentaire d’être
embauchés par nos adhérents.
Ceux qui ont choisi de le faire
ont rapidement été placés.
▶ Antoine Roisin, chargé de
formation de la Chambre d’agriculture de la Somme.
Il y aura probablement une formation RCC 2. Le Fafsea a lancé
les appels d’offres. Deux contrats
de qualification professionnelle
devraient se mettre en place :
agent de service de remplacement et salarié d’exploitation en
polyculture (niveau III). Le tout
sera bien sûr soumis à la validation des partenaires sociaux.
▶ Romain Fayeulle, enseignant
à la MFR de Villers-Bocage et
agriculteur dans l’Oise.
La formation sur le terrain est un
avantage pour les stagiaires : ils
acquièrent d’emblée une expérience. Pour nous, formateurs,
se déplacer est aussi une façon
de montrer notre motivation.
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enjeux
Monalisa
construit sa toile
Le 12 juillet 2013, Jean-François Serres, secrétaire général de l’association les petits frères des Pauvres, a remis à
Michèle Delaunay, ministre déléguée en charge des Personnes âgées et de l’Autonomie, le rapport Monalisa.
La « mobilisation nationale contre l’isolement social des âgés » est en marche…
Dépréciation de soi,
sentiment d’inutilité,
accélération de la perte
d’autonomie, pensées
suicidaires… l’isolement
social et la solitude font
des ravages chez certaines
personnes âgées.
En réponse, la ministre
Michèle Delaunay a créé
le collectif Monalisa
(MObilisation NAtionale
contre L’Isolement Social
des Âgés). Il comprend une
trentaine d’associations et
d’organismes engagés dans
la lutte contre l’isolement,
parmi lesquels la MSA.
Objectif : déployer le
bénévolat, faire de la lutte
contre l’isolement des
âgés un axe majeur de
l’implication citoyenne,
mettre en cohérence les
actions menées et assurer
le maillage territorial. Car
« lutter contre l’isolement,
c’est prévenir la dégradation
physique et psychique des
personnes », déclare Michèle
Delaunay. C’est aussi alléger
le coût que représentent
la perte d’autonomie et la
© Ève Dusaussoy/Le Bimsa
Trois millions de
retraités auraient
une vie sociale
très restreinte
(source Cnav 2013)
et 24 % des plus
de 75 ans sont
aujourd’hui touchés
par l’isolement
(étude publiée par
la Fondation de
France en 2013).
grande dépendance pour la
sécurité sociale.
Ces six derniers mois, le
groupe Monalisa, animé
par Jean-François Serres,
s’est réuni une dizaine
de fois pour émettre des
propositions concrètes.
Développer l’implication
citoyenne
Le rapport lance un appel à
la solidarité entre citoyens et
au déploiement du bénévolat
dans la lutte contre
l’isolement des personnes
âgées. « L’engagement pour
l’intérêt général fait partie
de notre responsabilité de
citoyen », rappelle Martin
Hirsch, président de l’Agence
du service civique. ­JeanFrançois Serres insiste sur
l’importance de la fraternité
et des liens de proximité,
indispensables à la cohésion
sociale.
La création d’« équipes
citoyennes », à partir
de septembre 2013,
permettra aux bénévoles de
s’associer, de travailler en
complémentarité avec les
professionnels et d’agir sur
le terrain, au plus près des
personnes isolées, pour leur
apporter un soutien.
L’accompagnement des aînés
peut également entrer dans
le cadre du service civique.
Une belle occasion de créer
des liens de réciprocité entre
générations.
L’an dernier, 2 000
volontaires ont eu des
missions en rapport avec
les personnes âgées.
Messaouada, volontaire en
service civique, s’est engagée
dans le programme « Une
visite, un sourire » d’UnisCité. Avec son binôme, elle
rend visite à des personnes
âgées et leur propose un
cocktail 100 % vitalité :
jeux, sorties culturelles,
ateliers culinaires, jardinage,
manucure… sans oublier
l’initiation aux nouvelles
technologies.
Faire cause commune
« Il n’y a pas aujourd’hui,
concernant la lutte contre
l’isolement, d’espace de
coopération où construire les
modes d’intervention de façon
stratégique », indique JeanFrançois Serres.
le bimsa septembre 2013 13
enjeux
La MSA apporte sa touche
Dès le début, la MSA s’est
impliquée dans le travail de
réflexion et de concertation
de Monalisa. Elle a même
piloté avec la Cnav deux
des quatre ateliers qui ont
14 septembre 2013 le bimsa
« l’engagement pour
l’intérêt général fait partie
de notre responsabilité
de citoyen »
abouti à la définition des
grandes lignes des actions
à lancer : le premier sur la
définition du label et les
modalités de partenariat
avec le ministère, le second
sur le modèle économique et
les partenariats financiers du
programme.
Au cours des réunions du
groupe Monalisa, la MSA
a insisté sur la notion de
diagnostic territorial partagé.
Identifier, au préalable, les
zones dépourvues d’actions,
d’associations de retraités et
où les acteurs de proximité
sont peu nombreux, permet
par exemple de déterminer
des territoires prioritaires et
de développer des dispositifs
qui sont en adéquation avec
les réalités et les actions
déjà engagées. Une nécessité
selon la MSA.
Par ailleurs, les chartes
territoriales des solidarités
avec les aînés, initiées par la
MSA, ont retenu l’attention
de Michèle Delaunay. Elles
ont pour vocation de lutter
contre l’isolement, en
développant les solidarités et
les services autour des aînés
sur les territoires ruraux
les plus isolés : prévention
santé, accès aux soins,
mobilité, aide aux aidants,
hébergement… —
Ève Dusaussoy
Solitude et solidarité
© Ève Dusaussoy/Le Bimsa
Avec Monalisa, chaque
groupe fait partie d’un seul
et même réseau. Les actions
menées jusqu’à présent
de façon distincte sur les
territoires convergent,
donnant lieu aux échanges
de bonnes pratiques. Cette
mobilisation favorisera
l’intelligence collective et
l’émergence de nouvelles
équipes citoyennes dans
des lieux vides de toutes
initiatives solidaires ou
auprès des personnes
difficiles à atteindre du
fait de leur situation
spécifique de fragilité,
de marginalisation ou
d’exclusion.
Au niveau national, le
rapport prévoit la promotion
d’une « charte Monalisa »
pour favoriser et valoriser
les initiatives, et sécuriser
les partenariats. « Le label,
je l’espère, va rassurer,
encourager et donner envie de
s’engager », déclare Michèle
Delaunay.
Pour l’heure, le collectif se
donne deux objectifs : créer
une association Monalisa et
un comité national de suivi
pour le printemps 2014, afin
d’inscrire la mobilisation
dans la durée et d’assurer le
pilotage entre implication
citoyenne et politique
publique. Et pour sa
pérennisation, Monalisa est
inscrite dans le Plan de lutte
contre la pauvreté et pour
l’inclusion sociale, et dans le
Plan Villes du gouvernement.
Michèle Delaunay intégrera
les préconisations aux
réflexions qu’elle conduit
sur la loi d’adaptation de la
société au vieillissement,
prévue à la fin de l’année.
Des binômes bénévoles/personnes âgées témoignent.
Au niveau local, les
initiatives sont variées et
montrent que les bénévoles
sont des vecteurs de lien
social essentiels. Elles
sont portées par des
associations comme les
petits frères des Pauvres, la
Croix-Rouge, Unis-Cité, les
centres sociaux et socioculturels.
Chantal, bénévole aux
petits frères des Pauvres,
rend visite chaque semaine
à Germaine, 101 ans.
Elles se retrouvent pour
papoter autour d’un thé et
savourer des petits gâteaux.
« Cette relation m’apporte
beaucoup. Il y a un véritable
échange amical et fraternel
qui s’est créé entre nous. »
Une amitié réciproque
et une attention envers
l’autre qui se révèlent très
protectrices. Madeleine,
accompagnée depuis huit
ans par des bénévoles,
apprécie ces instants de
compagnie : « Je suis seule,
je n’ai pas d’enfant. Ces
visites sont salutaires pour
mon équilibre psychique.
Elles me procurent du bienêtre et m’aident à garder
ma dignité. » Les bénévoles
prêtent une oreille attentive
et bienveillante aux seniors
et les aident pour les tâches
quotidiennes. Ils ont aussi
une mission d’alerte et sont
les porte-parole de ces
personnes parfois oubliées
de leur famille et dont les
amis disparaissent
peu à peu.
Quant aux seniors,
ils apportent aux
accompagnants leur
expérience et un certain
recul sur la vie. Ils
endossent même parfois le
rôle du grand-parent absent.
Ahmed, lui, a appris à
utiliser la tablette et Internet
grâce aux ateliers organisés
pour les seniors par le
Relais 59. Il lit désormais le
journal en ligne et ne se sent
plus déconnecté du monde
extérieur et de celui de ses
enfants.
Les haltes répit détente
Alzheimer, créées par la
Croix-Rouge, prennent en
charge, deux après-midis
par semaine, des personnes
atteintes de la maladie
d’Alzheimer, afin d’offrir
aux aidants un moment
de liberté. « Après une
période d’isolement social,
j’ai découvert dans cette
structure des personnes
dans la même situation que
moi. On m’a écouté, on m’a
compris et cela a été un
immense soulagement »,
témoigne Gérard, dont la
femme est atteinte de cette
pathologie.
www.lebimsa.fr
Dossier
Le médicament
© Kristian Sekulic-iStock/CCMSA Image(s)
Il est particulier à plus d’un titre : réglementé, il ne peut être distribué que s’il a obtenu une autorisation
de mise sur le marché ; actif, il est susceptible de comporter des risques supérieurs aux bénéfices ;
délivré en officine généralement sur prescription médicale, il est placé sous la responsabilité des
pharmaciens. Le médicament relève en outre d’un mode de financement spécifique avec une prise
en charge possible par les organismes de protection sociale, c’est-à-dire la collectivité. En raison
de la part qu’il occupe dans les comptes de l’assurance maladie et des écarts de prix entre pays
européens, son financement est susceptible d’être remis en cause et diverses mesures visant à en
réduire le coût pour la collectivité ont été prises au fil des ans : baisse de prix, substitution générique,
remboursement adapté au service médical rendu, franchises médicales et, plus récemment, tiers
payant contre générique. Incursion dans l’univers d’un produit d’exception.
le bimsa septembre 2013 15
Dossier
Le médicament
En prescription
surveillée
L’affaire du Mediator® a entraîné un déploiement de nouvelles mesures pour assurer la sécurité
des patients, notamment avec la loi n°2011-2012 publiée au Journal officiel en décembre 2011.
De la conception du médicament à sa mise sur le marché, en passant par les déclarations
d’effets secondaires, un réel maillage se met en place pour éviter au maximum les risques, le
tout chapeauté par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé
(ANSM).
A
vant de
­v e­n i r
soulager
votre mal
de tête ou
vos douleurs lombaires, le médicament vit
un véritable parcours du combattant qui
dure souvent plus de dix ans.
Comme point de départ, il y a évidemment
la volonté de soigner une maladie. Et pour
ce faire, les laboratoires passent par une
étape de recherche exploratoire au cours
de laquelle plus de 10 000 molécules sont
identifiées puis, après choix industriel, une
centaine testées en laboratoire et ensuite
sur l’homme au cours d’études cliniques
encadrées. Quand l’une d’entre elles est
sélectionnée, le laboratoire dépose le
brevet pour protéger l’innovation liée à
cette molécule jusqu’à 20 ans maximum.
L’ANSM a pour mission de vérifier que le
médicament est conforme au cahier des
charges, notamment sur la composition,
le conditionnement et l’étiquetage, et s’il
apporte plus de bénéfices que de risques.
Les étapes avant mise sur le marché com­
portent trois phases. La première est réalisée
en laboratoire, la deuxième sur un petit
nombre de volontaires sains pour juger de
la sécurité du médicament. La troisième
est effectuée sur des groupes de malades.
Cette dernière phase permet de faire des
16 septembre 2013 le bimsa
essais comparatifs entre le médicament
à tester et un placebo ou même avec un
médicament déjà connu notamment avec
un processus de double aveugle ; dans ce
cas, patients, malades et prescripteurs
ne savent pas si c’est le médicament ou
le placebo qui est testé. Cette phase peut
concerner des milliers de patients. Un
comité de surveillance et de suivi peut, si
besoin, décider de l’arrêt des tests d’un
médicament. Après les essais cliniques, la phase admi­
nistrative débute et peut parfois durer
plusieurs années. Une fois l’autorisation
de mise sur le marché obtenue, le médi­
cament peut être commercialisé mais ne
sera pas remboursable par l’assurance
maladie. Pour que le médicament soit
éventuellement pris en charge, son dossier
doit être examiné par la commission de
la transparence (CT) à la Haute autorité
de santé (HAS) qui va déterminer l’intérêt
pour la collectivité de l’admission de ce
médicament au remboursement, grâce
à plusieurs critères : le service médical
rendu (SMR) de ce médicament (gravité
de l’affection traitée, intérêt pour la santé
publique...) et l’amélioration du service
médical rendu (ASMR). En fonction de cette
appréciation, le taux de remboursement du
traitement par la sécurité sociale est fixé.
Son prix de vente est ensuite négocié par le
comité économique des produits de santé
(CEPS) avec le laboratoire pharmaceutique
qui le commercialise. Enfin, après toutes
ces étapes, le médicament est inscrit sur
la liste des spécialités pharmaceutiques
remboursables (publication au Journal
officiel) et peut être proposé aux patients.
Le médicament vit
un véritable
parcours
du combattant
qui dure souvent
plus de dix ans
Le suivi des médicaments se poursuit tout
au long de leur commercialisation. Ainsi,
à tout moment, l’agence peut décider la
suspension ou le retrait de leur autorisation
de mise sur le marché.
Stop aux conflits
d’intérêts
Les différentes agences sanitaires, telles
l’ANSM et la HAS, tentent de prévenir les
conflits d’intérêts entre professionnels de
la santé, membres des diverses commis­
sions intervenant dans ce processus, et
laboratoires. À cet effet, les articles 1 et 2
de la loi n° 2011-2012 demandent à tous
ces acteurs de déclarer les liens poten­
tiels qu’ils ont pu avoir avec l’industrie
pharmaceutique durant les cinq années
précédant leur prise de fonction. L’objec­
tif est évidemment d’éviter un nouveau
scandale comme celui du Mediator®, en
menaçant de sanctions pénales les re­lations
qui pourraient induire des biais de pres­
cription. Médicament antidiabétique, le
www.lebimsa.fr
© Daniel Eugène/CCMSA Image(s)
Mediator® a été notamment prescrit à des
patients comme coupe-faim ; il a engendré
des insuffisances cardiaques chez certains
et a été interdit définitivement en France
depuis 2010.
Effets secondaires,
ayez le bon réflexe
La loi s’attache aussi à développer la
pharmaco­vigilance. Cela permet notam­
ment de signaler à l’ANSM tous les effets
indésirables qui pourraient être liés à un
médicament. Auparavant, seuls les pro­
fessionnels de santé pouvaient réaliser
cette déclaration. Depuis la loi d’octobre
2011, la déclaration peut être faite par
toute personne.
Ainsi, pour prévoir au mieux les risques
sanitaires, les patients peuvent désormais
signaler à n’importe quel moment un effet
secondaire gênant lié à leur traitement. Il
suffit de s’adresser à un professionnel de
santé ou de télécharger un formulaire via
le site de l’ANSM (http://ansm.sante.fr/).
Pour être entièrement considéré, le patient
doit joindre des informations sur son âge,
son traitement, son sexe, etc. Que déclarer ? Les effets indésirables ressen­
tis par soi ou par un proche et dont l’origine
pourrait être la prise d’un médicament.
Quand et comment ? Dès le premier doute
d’effets secondaires non répertoriés dans
la liste de la notice, via le formulaire dis­
ponible sur le site de l’ANSM ou sur papier
libre. Ce formulaire est à envoyer au centre
régional de pharmacovigilance (CRPV) dont
le patient dépend géographiquement. Si
cela vous arrive, vous pouvez demander
à vous faire aider par votre pharmacien
pour ces démarches.
Les e-pharmacies
débarquent
Il est désormais possible de se procurer
des médicaments, disponibles sans pres­
cription médicale obligatoire, sur Inter­
net : un commerce strictement encadré
en France avec, pour toile de fond, le
monopole du pharmacien qui garantit
l’imperméabilité du circuit de distri­bution
français. En effet, afin de garantir la sécu­
rité sanitaire des Français, la vente sur
Internet n’est possible que si le site est lié
à une pharmacie autorisée sur le territoire
national. La vigilance s’impose en effet car
la qualité et la sécurité des médicaments
achetés sur un site non autorisé ne sont
pas garanties. Selon l’Organisation mon­
diale de la santé (OMS), environ la moitié
d’entre eux sont des contrefaçons : falsifiés,
ils sont inefficaces (absence de substance
active), voire dangereux.
Dans notre pays, depuis le 12 juillet 2013,
35 e-pharmacies autorisées proposent
anti-douleurs, antitussifs ou encore trai­
tements contre le rhume. Au total, plus de
4 000 produits non soumis à prescription
obligatoire — dont l’Agence du médica­
ment estime qu’ils peuvent être utilisés
sans intervention d’un médecin pour le
diagnostic, l’initiation ou la surveillance
d’un traitement — sont susceptibles d’être
proposés à la vente en ligne. La liste des 35
sites agréés — tous obligatoirement ratta­
chés à une pharmacie d’officine installée
en France — est consultable sur les sites
des Agences régionales de santé (ARS),
du conseil de l’ordre des pharmaciens et
du ministère chargé de la Santé. —
Jérémy Lemière
En savoir plus
http://www.assemblee-nationale.fr/13/
dossiers/renforcement_securite_sanitaire_
medicament.asp (lecture définitive de la loi
en décembre 2011).
le bimsa septembre 2013 17
Dossier
Le médicament
Mode d’emploi
et précautions
Une mauvaise consommation de médicaments peut entraîner des conséquences pour la santé. Leur
bon usage s’impose, notamment pour les personnes âgées. À chacun d’être vigilant. Pour soi et pour
son entourage.
L
«
es médicaments, ne les prenez
pas n’importe comment » : telle
était la signature de la cam­
pagne nationale d’information
et de sensibilisation, menée en
2012 par le ministère chargé de la Santé.
Ce message est toujours d’actualité : le
médicament n’étant pas un produit comme
les autres, il ne doit pas être banalisé. En
effet, pour être efficace, c’est-à-dire pour
traiter, soulager ou prévenir une mala­
die, il est composé d’une ou de plusieurs
substances actives et d’excipients qui ont
des effets sur l’organisme. Ce n’est donc
pas un produit anodin. Il est fait pour
soigner, mais s’il est mal utilisé, il peut
être dangereux pour la santé.
C’est pourquoi il est nécessaire de bien
suivre son traitement. Pour cela, il faut
respecter la prescription de son médecin
conformément à l’ordonnance, ainsi que
les conseils donnés par le pharmacien au
moment de son achat. Des questions sur
les nouvelles spécialités, les génériques ?
Il ne faut surtout pas hésiter à interroger
les professionnels de santé. C’est leur rôle
de renseigner les patients.
Toujours respecter
la posologie
Lors de la visite, il est indispensable d’indi­
quer à son médecin tous les traitements en
cours, afin d’éviter d’éventuelles interactions
avec de nouveaux remèdes. Deux médi­
caments utilisés simultanément peuvent
en effet voir leur efficacité diminuer ou
leur toxicité augmenter. Signaler égale­
ment ses antécédents médicaux (allergie,
grossesse, opération chirurgicale, maladie
chronique…) quand on consulte un nou­
veau médecin. Penser à lui amener ses
dernières ordonnances.
Il faut toujours respecter la posologie pré­
conisée (quantité, fréquence des prises,
18 septembre 2013 le bimsa
horaires par rapport aux repas, durée
du traitement…). Sinon, pris à mauvais
escient, le médicament peut nuire à la
santé. Par mésusage, il faut entendre
soit une surconsommation, soit une
sous-consommation ou bien encore un
arrêt en cours de traitement. Dans tous
les cas, la mauvaise observance diminue
l’efficacité du traitement et peut avoir de
lourdes conséquences sur la santé. Une
consommation excessive de médicaments
peut entraîner non seulement des effets
indésirables (maux d’estomac, tension
artérielle…), mais aussi un affaiblissement
des effets bénéfiques, voire des addictions.
Une sous-consommation est source d’échec
thérapeutique. Un traitement interrompu
trop tôt expose à des récidives ou à de
graves complications.
Quelques chiffres pour mieux cerner la
problématique : la France est le premier
pays européen consommateur de médi­
caments. 3,6 % des hospitalisations, soit
144 000 par an, sont liées aux effets indé­
sirables des médicaments.
10 % des admissions hospitalières de per­
sonnes âgées sont, pour tout ou partie,
liées à un accident médicamenteux. Ces
l’automédication
L’automédication consiste à acheter de
sa propre initiative des médicaments
sans ordonnance. Ces médicaments, qui
ont reçu une autorisation de mise sur le
marché (AMM), sont dits de prescription
médicale facultative car ils peuvent être
prescrits par le médecin ou bien achetés
sans ordonnance. Dans le cas de l’automédication, ils ne sont pas remboursables,
parce que non prescrits. Ils ne sont pas
en libre accès – contrairement à ceux
vendus devant le comptoir selon une
liste fixée par l’ANSM (1) – mais ils sont
délivrés par le pharmacien qui s’assure
qu’ils sont bien adaptés aux besoins du
patient qu’il doit également conseiller.
Ils sont achetés dans le but de soigner
les affections bénignes de la vie courante
(douleurs, fièvre, maux de tête, coups,
bleus, maux de gorge, rhume, toux, diarrhée, constipation…) qui ne nécessitent
pas de consulter systématiquement un
médecin. Huit Français sur dix avouent
y recourir. Selon l’Observatoire européen
de l’automédication, celle-ci a représenté,
en 2012, dans notre pays, 15,9 % des
ventes totales de médicaments, ce qui
est bien en deçà de la moyenne européenne (23,3 %).
Un médicament vendu sans ordonnance
ne signifie pas qu’il est sans danger : il
peut exister des contre-indications, des
interactions et des effets indésirables.
Les recommandations du pharmacien
permettent de lever les doutes et d’éviter
les risques. Réutiliser un médicament
prescrit sans l’avis d’un professionnel
de santé est une pratique dangereuse
pour la santé. Il en est de même pour un
médicament utilisé en dehors du cadre
pour lequel il a été recommandé. En
cas de doute ou de questionnement,
toujours demander l’avis du pharmacien
car il y a un danger à s’autodiagnostiquer
et à se soigner seul. Il ne faut pas non
plus faire d’Internet son unique source
d’information médicale.
(1) Près de 400 médicaments.
www.lebimsa.fr
Le médicament
n’étant pas
un produit
comme
les autres,
il ne doit pas
être banalisé
Signaler tout
effet indésirable
Les médicaments étant prescrits pour une
raison précise, il ne faut pas les prendre dans
des conditions qui paraissent identiques,
sans un avis médical. Chaque traitement
correspondant à un cas particulier, il ne
faut pas consommer de médicaments
prescrits pour une autre personne. Il ne
faut ni prendre un médicament dont on
n’a pas réellement besoin, ni acheter de
médicaments d’avance.
© Téo Lannié/CCMSA Image(s)
derniers font entre 8 000 et 12 000 vic­
times chaque année.
On estime à 13 millions le nombre de per­
sonnes polymédiquées, c’est-à-dire avalant
au moins quatre médicaments par jour.
L’observance s’impose, surtout pour les
personnes âgées qui présentent plusieurs
facteurs de risque : outre la prise de plu­
sieurs médicaments et les interactions
entre eux, s’ajoutent le vieillissement des
organes, la perte de mémoire, d’audition
et de vue.
Toute personne consommant des médi­
caments doit lire attentivement la tota­
lité des informations figurant sur la boîte
et sur la notice (précautions d’emploi,
contre-indications, interactions, effets
indésirables…) qui doit être conservée
dans sa boîte d’origine. Toujours vérifier
la date de péremption avant utilisation.
Pour ne pas oublier de les prendre, un
pilulier peut s’avérer très utile, surtout
pour les personnes âgées polymédiquées.
Cela permet aussi de ne pas se tromper
dans les prises. Il existe maintenant des
piluliers électroniques avec alarme sonore
et visuelle, que tout professionnel de santé
est habilité à remplir.
Si cela se produit, ne pas oublier de signaler
à son médecin traitant ou à son pharmacien
tout événement indésirable lié à la prise
d’un médicament, même s’il parait bénin
(maux d’estomac, par exemple). Depuis
juin 2011, les patients sont invités à le faire
eux-mêmes, en se rendant sur le site de
l’Agence nationale de sécurité du médica­
ment (ANSM), www.ansm.sante.fr, pour y
télécharger le formulaire de signalement,
le remplir et l’envoyer ensuite au centre
régional de pharmacovigilance (liste au
dos du formulaire).
Le médicament n’étant pas la panacée, il
faut aussi prendre sa santé en main, en
ayant une bonne alimentation, des temps
de repos suffisants et une bonne hygiène
de vie (trente minutes d’activité physique
par jour au minimum…). —
Anne Pichot de la Marandais
le bimsa septembre 2013 19
Dossier
Le médicament
repères
Au régime
agricole
En 2011, le régime agricole a remboursé plus de 165 millions de boîtes
de médicaments délivrées en officine
de ville, l’équivalent de 1 762 millions
d’euros remboursés et la prise en charge
de plus de 2 000 spécialités (source :
Tableau de bord du médicament – Médic
MSA). Depuis 2008, ces montants sont
en baisse.
Le prix des médicaments.
Une boîte de médicaments coûte en
moyen­
n e 10,68 euros en 2011. Ce
montant varie en fonction de la date
de création du médicament : s’il est
« ancien », son prix moyen est de 7,59
euros, si la spécialité est récente, son
coût est en moyenne de 21,32 euros.
Les génériques.
Ils sont beaucoup moins chers que les
médicaments de marque et sont tout
aussi fiables car ils contiennent le même
principe actif à l’origine de l’efficacité
du médicament.
C’est pourquoi la MSA encourage ses
assurés à accepter la substitution, un
geste responsable et économique qui
participe à la baisse des dépenses de
santé.
Ces économies peuvent servir à améliorer la prise en charge de certaines
maladies et à renouveler ou moderniser
les équipements dans les centres de
soins.
En 2011, les ventes de génériques ont
représenté 32,7 % des cent premiers
produits les plus prescrits.
Les médicaments remboursés. Les
trois premiers produits présentés au
remboursement concernent le traitement du cholestérol et la prévention des
accidents cardio-vasculaires (Tahor®),
le ralentissement de la dégénérescence
maculaire liée à l’âge ou maladie de la
rétine (Lucentis®) et le traitement continu
de l’asthme (Seretide®). Le Lucentis®
a progressé de près de 30 % en 2011,
passant de la 6e à la 2e place. —
20 septembre 2013 le bimsa
10,68 €
c’est le prix moyen unitaire
d’une boîte de médicaments
(chiffre 2011).
Des remboursements
concentrés :
15 %
des médicaments vendus
engendrent 77,5 % des
remboursements
(chiffre 2011).
Avec
18,5 %
des prescriptions,
les antalgiques à base
de paracétamol seul
arrivent en tête
des produits
les plus délivrés
(chiffre 2011).
27,1 % c’est la part des génériques
dans les unités prescrites,
soit 44,8 millions de boîtes
(chiffres 2011).
www.lebimsa.fr
en bref
L
a légitimité des médicaments géné­
riques n’est plus à prouver. Aussi sûrs
que les médicaments de marque, plus
économiques, ils ont un rôle à jouer dans
la maîtrise des dépenses de santé. Le dis­
positif « tiers payant contre générique »
permet d’inciter pharmaciens et assurés à
accepter la substitution par les génériques.
Le droit de substitution a été accordé au
pharmacien en 1999. Celui-ci peut donc
proposer au patient un produit générique
si le médecin ne l’a pas exclu expressément
sur son ordonnance (mention manuscrite
« non substituable » en toutes lettres) et
si la substitution entraîne une économie
pour l’assurance maladie. Pour continuer
d’encourager le recours aux génériques,
des accords lient la sécurité sociale et
les syndicats de pharmaciens. Dernières
mesures en date : appliquer, à l’ensemble
du territoire, la règle du tiers payant contre
générique et garantir la stabilité de la déli­
vrance de la même marque de génériques
pour les patients de plus de 75 ans.
Développer la substi­
tution : après une perte de vitesse
en 2011, le marché des génériques a signi­
ficativement progressé en 2012, permet­
tant une économie de près d’1,4 milliard
d’euros dans les comptes de la sécurité
sociale. Une montée en puissance des
génériques qui fait de la substitution un
levier incontournable du plan d’économies
de l’assurance maladie. Les génériques sont
des copies de médicaments de marque
www.lebimsa.fr
@
Plus d’infos sur notre site.
ayant perdu leur brevet, appelés princeps.
Ils sont composés du même principe actif
et sont donc reconnus comme aussi effi­
caces ; et cela à moindre coût. Antibiotiques,
antalgiques, antidiabétiques, antiulcéreux,
antihypertenseurs, anti-inflammatoires,
anxiolytiques... ils occupent désormais
le terrain et représentent plus de 25 % du
marché pharmaceutique remboursable,
soit 675 millions de boîtes vendues en 2012.
Bien, mais pas suffisant. En Allemagne et
au Royaume-Uni, la part des médicaments
génériques dépasse les 50 %.
Les génériques s’im­
posent : cette progression en 2012
s’explique en grande partie par la géné­
ralisation du plan « tiers payant contre
générique ». Dans le cadre de la maîtrise
des dépenses de santé, cette mesure vise
à encourager la consommation des géné­
riques, moins coûteux que les princeps.
Un accord national, conclu en 2006 entre
l’Uncam (union nationale des caisses
d’assurance maladie) et les syndicats de
pharmaciens d’officine, fixe les objectifs de
délivrance des spécialités génériques. L’ave­
nant n° 6, publié en 2012, vient renforcer le
dispositif tiers payant contre générique, en
le généralisant. Il incite aussi fortement les
pharmaciens à remplacer les princeps par
des génériques, pour atteindre l’objectif de
85 % de substitution en 2013. Désormais,
le tiers payant est réservé aux assurés qui
acceptent la délivrance de médicaments
génériques correspondant aux médicaments
qui leur ont été prescrits. S’ils refusent,
ils doivent faire l’avance des frais et se
faire rembourser ensuite par leur caisse
d’assurance maladie. Ils ne bénéficient
donc pas du traitement électronique de
la feuille de soins. Le générique devient la
règle. Exception : si le médecin prescripteur
appose la mention « non substituable »
© Téo Lannié/CCMSA Image(s)
Le tiers payant au
service des génériques
sur l’ordonnance. Dans ce cas, le patient
bénéficie du tiers payant. Cette nouvelle
mission de santé publique des pharma­
ciens, inscrite dans leur convention, leur
permet de bénéficier d’une rémunération
s’ils atteignent l’objectif de substitution de
85 %. A contrario, une officine qui réalise
moins de 60 % de substitutions peut être
sanctionnée par la Commission paritaire
locale.
Précaution supplémen­
taire : depuis 2012, les phar­
maciens doivent s’engager à assurer la
délivrance des mêmes génériques pour
les personnes de 75 ans et plus (la marque
du produit de substitution choisie devra
être maintenue lors des renouvellements
successifs). Objectif : éviter les risques de
confusion entre les médicaments et favoriser
la bonne prise des traitements. Car bien que
la loi autorise les fabricants à reproduire
à l’identique l’apparence des princeps,
en matière de génériques, il y en a pour
tous les goûts, toutes les formes, toutes les
tailles, toutes les couleurs. Les confusions
sont possibles et peuvent engendrer des
erreurs dans la prise des médicaments. —
ève Dusaussoy
le bimsa septembre 2013 21
Dossier
Le médicament
Anticoagulants oraux :
patients sous contrôle
Depuis le 1er juillet 2013, les pharmaciens d’officine peuvent accompagner les patients atteints
de pathologies chroniques traités par antivitamines K. Une première étape dans la valorisation
de leur engagement par de nouvelles missions de santé publique. Interview de Brigitte Bouzige,
pharmacienne.
2012 organisant les relations entre les
pharmaciens d’officine et l’assurance
maladie. Point d’actualité avec Brigitte
Bouzige, pharmacienne en zone rurale
dans le Gard et vice-présidente de l’Union
des syndicats de pharmaciens d’officine
(USPO).
© DR
Dans quels cas les AVK sont-ils
­prescrits ? Quels en sont les risques ?
Les anticoagulants par voie orale AVK −
Préviscan®, le plus délivré, Sintrom®
et Coumadine® − sont utilisés dans le
traitement ou la prévention de la for­
mation ou de l’extension d’une thrombose
[caillot dans un vaisseau sanguin] ou
d’une embolie [obstruction d’une veine ou
d’une artère] : cardiopathies, fibrillation
auriculaire, valvulopathies, prothèses
valvulaires, infarctus du myocarde… Ce
sont des médicaments à marge théra­
peutique très étroite. Une infime dose
de plus ou de moins peut faire varier la
coagulation du sang. L’état du patient
peut alors évoluer vers l’hémorragie ou
la thrombose.
L
a loi « HPST » du 21 juil­
let 2009 portant réforme
de l’hôpital et relative aux
patients, à la santé et aux
territoires donne de nou­
velles perspectives aux missions et au
rôle du pharmacien d’officine. Parmi
celles-ci, la participation rémunérée à
l’accompagnement des patients par des
22 septembre 2013 le bimsa
entretiens avec un pharmacien. Première
concrétisation avec le sujet des patients
atteints de pathologies chroniques trai­
tés par antivitamines K (AVK). Le coup
d’envoi de ces entretiens pharmaceutiques
a été donné le 1er juillet dernier. Leurs
modalités sont encadrées par un arrêté
du 24 juin 2013 qui approuve l’avenant
n° 1 de la convention nationale du 4 avril
On comprend la nécessité
d’un accompagnement. Les patients
sont-ils bien informés ?
Pour ma part, j’ai déjà mené plusieurs
entretiens pharmaceutiques. Les patients,
plutôt âgés, s’avèrent très bien informés
et conscients des risques iatrogènes. Ils
sont très observants quant à la prescrip­
tion des médecins. Cela dit, beaucoup de
choses restent à faire connaître : la totalité
des patients que j’ai reçus en entretien
ne possédaient ni carnet d’information
et de suivi du traitement, qui permet
notamment d’assurer la coordination des
soins entre les professionnels de santé, ni
carte à glisser dans le portefeuille, bien
www.lebimsa.fr
© Thierry Borrédon/CCMSA Image(s)
Le pharmacien doit prévoir, dans son officine, un espace de confidentialité où il peut recevoir isolément les patients.
utile, voire vitale, en cas d’accident. En
outre, leur connaissance de la mesure
de l’INR [International normalized ratio,
un des indicateurs de la coagulation san­
guine] reste approximative. Ils ne savent
pas trop où se situe leur valeur « cible »,
celle qu’on recherche pour obtenir un
traitement efficace.
Où se déroulent les entretiens ?
Les pharmaciens ont-ils été formés
pour les mener ?
Dans la convention, il est clairement sti­
pulé que le pharmacien doit prévoir, dans
son officine, un espace de confidentialité
où il peut recevoir isolément les patients
[article 8]. Aujourd’hui, la plupart des
pharmacies sont mises aux normes pour
accueillir les patients dans le cadre de nos
nouvelles missions. Personnellement, je
reçois sur rendez-vous. Comme convenu
par le texte de loi, je dispose d’un guide
Les patients,
plutôt âgés,
s’avèrent très
bien informés et
conscients des
risques
iatrogènes
d’accompagnement des patients sous
AVK et d’une fiche de suivi pour mener
à bien mes entretiens. Des formations
spécifiques mais non obligatoires sont
proposées aux pharmaciens. Ils ont tout
intérêt à l’inclure dans le cadre du DPC
[développement professionnel continu].
Comment les entretiens sont-ils
­rémunérés ?
Il est clairement indiqué dans l’avenant que
le pharmacien reçoit une rémunération
forfaitaire sur objectif. À savoir, « dès lors
qu’il réalise au moins deux entretiens au
cours de l’année civile de référence ou au
moins un entretien si l’adhésion intervient
à compter du second semestre de l’année ».
Le montant de cette rémunération est de­
40 euros par an et par patient. La déclaration
de réalisation des entretiens est effectuée par
télétransmission et le versement intervient
au cours du premier trimestre de l’année n+1.
Il faut signaler que les premiers entretiens
durent de 30 à 40 minutes, les seconds
environ un quart d’heure. Je précise enfin
que, pour éviter tout malentendu, il est
souhaitable que le pharmacien avertisse
son entourage médical quand il s’engage
dans le dispositif.
—
Propos recueillis par Franck Rozé
le bimsa septembre 2013 23
FOCUS
Santé
L’exercice de la médecine rurale
La MSA porte une attention particulière à l’installation des jeunes médecins en milieu rural.
à l’heure où le gouvernement développe les contrats de praticien territorial de médecine générale, le point de vue
du docteur Aurélien Vaillant, récemment installé en Côte-d’Or (Bourgogne).
Pourriez-vous décrire
brièvement votre secteur
d’installation ?
Je suis installé à Seurre,
au sud de la Côted’Or, à 5 km d’une
zone déficitaire.
Ce village, qui
compte quelque
2 700 habitants,
se situe à environ 25 minutes
de voiture de
Beaune et 45 minutes
© DR
de Dijon. Je n’ai pas repris de patientèle. Je me suis associé à
deux confrères quinquagénaires. Sur les
­six médecins de Seurre, deux ont plus de­
60 ans, trois ont environ 50 ans et j’ai
33 ans. Quelques années avant mon installation, en janvier 2012, deux médecins sont déjà partis à la retraite sans être
remplacés. Depuis cet été, dans un rayon
de 20 km autour de Seurre, deux médecins ont pris leur retraite sans trouver
de remplaçants et trois jeunes ont cessé
l’activité pour raisons personnelles. J’ai
un planning très chargé.
Quelles raisons vous
ont poussé à vous
installer à la campagne ?
Disons que face au manque de médecins en
zone rurale, les relations avec les patients
sont différentes. Avant de m’installer, j’ai
eu l’occasion de remplacer à Dijon, où
l’offre de soins est importante : j’y faisais
plus de « bobologie » ; je subissais le
consumérisme de certains patients. En
zone rurale, le clientélisme est moins
prégnant. J’ai remplacé pendant un an
et demi mes associés actuels avant de
m’installer et leur manière de travailler
m’a beaucoup plu. Les types de pathologies et leurs variétés rendent l’exercice
de la médecine générale en campagne
très stimulant et attrayant mais aussi plus
compliqué et stressant.
24 septembre 2013 le bimsa
Des
doutes subsistentils quant à votre choix
d’exercer en milieu rural ?
Oui, beaucoup : charge de travail importante ; temps de gestion administrative
plus prenant que je ne l’imaginais, alors
que je pensais en avoir une bonne connaissance ; peu de revenu supplémentaire par
rapport à mes années de remplacement…
Cependant, la permanence des soins est
bien assurée grâce à la maison médicale de
garde du Pays beaunois. Et les astreintes
de l’hôpital local de Seurre ne sont pas
trop contraignantes : une semaine sur
six actuellement, la nuit et le week-end.
L’isolement ne se fait pas ressentir car je
travaille en cabinet. Une infirmière Asalee
[action de santé libérale en équipe] se
charge de l’éducation thérapeutique pour
nos patients cardiaques, diabétiques et
bronchitiques chroniques.
Quelle connaissance
des mesures incitatives
avez-vous ? Bénéficiezvous d’une aide ou d’un
accompagnement ?
Je connaissais les aides proposées via le
site de l’Agence régionale de santé mais je
n’entrais pas dans les critères d’attribution.
Si je bénéficiais d’une aide quelconque,
je prendrais un temps de secrétariat supplémentaire afin de diminuer ma charge
administrative. Avec l’augmentation du
numerus clausus, dans cinq à dix ans, il n’y
Rappel
La caisse régionale MSA de Bourgogne
est précurseur en matière de sensibilisation à l’exercice en milieu rural de
la médecine. Dès 2008, elle organise
des rencontres à destination des futurs
professionnels de santé, en partenariat
avec le conseil régional de Bourgogne.
Plus d’infos sur www.lebimsa.fr
aura plus de problème de démographie
médicale, sachant qu’on est déjà suffisamment nombreux mais mal répartis. Je pense
qu’il est également bon de s’interroger sur
le soutien, voire le sauvetage, de ceux qui
sont déjà installés en zone rurale, pour
éviter le burn-out.
Avez-vous des
propositions pour
inciter les étudiants à
venir s’installer sur les
territoires ?
Il faut inciter les médecins ruraux à
­devenir maîtres de stage pour accueillir
des étudiants et leur donner envie de venir
exercer la médecine générale en milieu
rural. Vous l’aurez compris : les médecins
de campagne ont besoin d’un temps de
secrétariat supplémentaire pour tenir le
coup. Ce qui aura pour effet non seulement
d’augmenter l’offre de soins mais également
de créer des emplois localement. Enfin,
il faut défendre l’idée d’une médecine
rurale globale, incluant la prévention, la
santé publique et le soin.
—
Franck Rozé
www.lebimsa.fr
Assurance
ZOOM
© Mary Gascho Istockphoto/CCMSA Image(s)
Les chefs d’exploitation o
­u
d’entreprise agricole ont l’obligation
de s’assurer pour être couverts
en cas d’accidents du travail ou
de maladies professionnelles.
Cette assurance accidents, l’Atexa,
gérée par la MSA, les protège
contre ces risques professionnels.
Atexa : les plus de la MSA
L’Atexa
L’assurance accidents du travail
des exploitants agricoles (Atexa)
couvre les accidents de travail,
de trajets et les maladies professionnelles. Elle est obligatoire
pour les chefs d’exploitation ou
d’entreprise agricole, les membres
non salariés de sociétés, les mandataires de sociétés ou de caisses
locales d’assurances mutuelles
agricoles, les cotisants de solidarité (1) (sous certaines conditions),
les aides familiaux, les associés
d’exploitation et les collaborateurs
d’exploitation ou d’entreprise agricole (qu’ils soient mariés, concubins ou partenaires Pacs). Sont
également couverts les enfants
âgés de 14 à 16 ans (ou jusqu’à
20 ans dans certains cas) participant occasionnellement aux
travaux et non déclarés en tant
qu’aides familiaux.
Les prestations
L’Atexa prend en charge à 100 %
les frais médicaux, chirurgicaux,
pharmaceutiques, de transport…
nécessités par le traitement, dans
la limite du tarif de responsabilité,
et sans avoir à faire l’avance des
frais. Elle verse des indemnités
journalières forfaitaires en cas
d’incapacité temporaire de travail (après un délai de carence
de sept jours). Elle sert une rente
accident du travail à partir d’un
taux d’incapacité de travail de
30 % pour le chef d’exploitation
ou d’entreprise et le membre de
société, et de 100 % pour le collaborateur d’exploitation, l’aide familial,
l’associé d’exploitation, l’enfant
âgé de 14 à 20 ans et le cotisant
de solidarité. Elle verse une rente
aux ayants droit (conjoint, concubin, partenaire Pacs et enfants)
en cas d’accident mortel du chef
d’exploitation ou d’entreprise, du
membre de société et du cotisant
de solidarité. Elle prend en charge
forfaitairement les frais funéraires.
La gestion
Elle est assurée par la MSA ou
bien par un organisme assureur
agréé. Pour adhérer à cette assurance obligatoire, les non salariés
agricoles choisissent la MSA ou un
assureur parmi ceux figurant dans
la liste des organismes habilités
par le ministère de l’Agriculture,
de l’Agroalimentaire et de la Forêt.
La cotisation
Elle est identique, quel que soit
l’assureur choisi. Elle est annuelle
et forfaitaire. Son montant varie
en fonction du statut de l’assuré, du secteur d’activité selon le
niveau de risques (sauf pour les
cotisants de solidarité) et proportionnellement à la durée d’affiliation pendant l’année considérée.
Les plus de la MSA
En s’assurant en Atexa auprès de
la MSA, les chefs d’exploitation ou
d’entreprise agricole bénéficient de
trois avantages : un interlocuteur
unique pour toute leur protection
sociale (Atexa, Amexa, prestations familiales, prévention santé,
action sanitaire et sociale…) ;
des formalités simplifiées (moins
de démarches administratives,
une seule facture, rapidité du
traitement des dossiers…) ; des
conseils et des solutions personnalisées pour l’amélioration de
la santé, de la sécurité et des
conditions de travail (voir ci-contre).
L’adhésion auprès
de la MSA
Les chefs d’exploitation ou d’entreprise agricole ayant déjà souscrit
un contrat auprès d’un assureur
privé doivent dénoncer leur contrat
s’ils veulent adhérer à l’Atexa auprès de la MSA. Ils ont jusqu’au
30 septembre de chaque année
pour le faire et s’assurer auprès
de la MSA avec un effet au
1er janvier de l’année suivante. Les
nouveaux installés peuvent souscrire un contrat Atexa auprès de la
MSA au moment de leur installation.
Le bulletin d’adhésion est téléchargeable sur le site : www.msa.fr
(1) Les cotisants de solidarité soit
exploitent une superficie comprise
entre 1/8 et ½ SMI, soit se consacrent
à une activité agricole comprise entre
150 et 1 200 heures par an.
www.msa.fr
@
Plus d’infos
sur le site de
la MSA.
Prévention
des risques
La MSA propose à tous ses
cotisants Atexa une politique
de prévention pour améliorer
leurs conditions de travail,
préserver leur santé et réduire
les risques d’accidents. Elle
est mise en œuvre par plus
de 600 professionnels :
médecins du travail et
conseillers en prévention.
—
Accompagnement
individuel
Il prend divers aspects :
diagnostic des risques et
recherche de solutions,
informations et conseils sur
l’organisation du travail,
accompagnement des
projets d’aménagement ou
de conception de bâtiment,
appui pour la mise en œuvre
d’obligations réglementaires
(matériel agricole, document
unique d’évaluation des
risques…), documentations
techniques…
—
Visites médicales et
professionnelles
Tout jeune installé peut
bénéficier d’une consultation
médicale et d’un diagnostic
de sécurité et des conditions
de travail de son exploitation.
—
Accompagnement
collectif
Les formations, les
réunions d’information…
sont l’occasion pour les
professionnels d’échanger
sur les thématiques de santésécurité au travail (SST).
Préserver son dos, utiliser
des produits phytosanitaires
en toute sécurité, se
prémunir contre les maladies
transmissibles de l’animal à
l’homme... sont quelquesunes des formations
proposées.
—
le bimsa septembre 2013 25
rencontres
Contrats de
prévention : reçu 25/25
a MSA et le Service de remplacement de Loire-Atlantique (SR44)
peuvent se féliciter. Les 25 associations de remplacement du
département ont toutes signé
un contrat de prévention. « C’est un petit pas
pour le réseau, mais un pas de géant pour
les salariés remplaçants », s’enthousiasme
en fin de discours le président de SR44,
Jacques Poulain. C’est aussi l’aboutissement
d’un travail de près de trois ans, ponctué
de séances de réflexion, de réunions, etc.
Le tout dans le but de délimiter un cadre
toujours plus sûr pour les salariés remplaçants. Et pour parapher ces contrats,
la MSA, le SR44, l’inspection du travail
et les associations se sont retrouvés à la
ferme du Blanc Verger à Sucé-sur-Erdre.
Du café et des idées
C’est café à la main que les participants
déambulent sur la ferme du Blanc ­Verger.
L’occasion pour eux de découvrir les astuces
qu’Hubert Jahan a inventées pour rendre
son quotidien plus simple et plus sûr. Trois
ateliers : la salle de traite, l’alimentation
des animaux et le parcellaire fourmillent
de trouvailles à reproduire sur son exploitation. Une promenade instructive pour
les visiteurs, qui leur permet aussi de réfléchir encore et toujours à la manière de
mettre en place les actions visant à assurer
une sécurité maximale aux remplaçants :
« Il serait plus pratique d’avoir un tableau
d’informations plus petit que celui proposé »,
« Il ne faut jamais oublier de faire un état
des lieux de tout le matériel agricole avant
de passer la main au remplaçant », etc.
Les idées fusent durant ce brainstorming
www.lebimsa.fr
Plus d’infos sur notre site.
26 Septembre 2013 le bimsa
géant et proposent un aperçu du contenu
des réunions précédentes. Une synergie
soulignée, lors de leurs discours, par les
orateurs : « Rien n’aurait été possible sans
la participation de tous. » Les félicitations
sont effectivement de rigueur mais chacun
sait que le plus dur est peut-être à venir
avec l’application de ces belles idées.
Des risques identifiés
Le président de la MSA Loire-Atlantique – Vendée,
Jean-Marc Loizeau, a tenu à souligner l’engagement
de la MSA dans le domaine de la prévention au travail.
Durant les trois prochaines années, les
associations signataires des contrats recevront un cofinancement de la MSA. Une
aide dédiée à la mise en place d’éléments
visant à diminuer les risques spécifiques
au secteur, tels que les accidents liés au
matériel agricole ou aux animaux. À titre
d’exemple, pour prévenir les accidents lors
Hubert Jahan,
Le Géo Trouvetou de l’exploitation agricole
Photos : Jérémy Lemière/Le Bimsa
L
Le salarié de remplacement intervient seul sur une exploitation et intègre une organisation qu’il ne
connaît pas forcément. D’où des risques d’accidents. Pour les prévenir,
la MSA Loire-Atlantique - Vendée a signé des contrats de prévention avec les 25 associations
de Loire-Atlantique. Elles se sont retrouvées début juillet sur une exploitation de Sucé-sur-Erdre.
Au programme de la journée : paraphe des contrats et ateliers pratiques. Reportage.
Si le jury du concours Lépine passait par
Sucé-sur-Erdre, nul doute qu’il s’arrêterait
à la ferme de Hubert Jahan. Sur l’exploi-
tation, une « foultitude » de trouvailles et
d’inventions mériterait le premier prix. Du
tracteur chasse-neige pour nettoyer les
tables d’alimentation au balai-aspergeur
pour faciliter l’entretien de la salle de traite,
en passant par la cellule-abreuvoir pour
nourrir le veau. Pour l’agriculteur, tout est
bon pour éviter les efforts et gagner du
temps : « Quand je travaille, je regarde les
plus que je peux apporter sur mes outils ou
sur mes déplacements et j’améliore tout
ça. C’est avant tout pour ne pas user mon
corps mais aussi pour pouvoir consacrer
mon temps libre à des activités extérieures. »
Faciliter le travail quotidien et garder du
temps pour des activités extérieures, c’est
aussi ce que le SR 44 et la MSA LoireAtlantique – Vendée veulent promouvoir
auprès des agriculteurs.
—
www.lebimsa.fr
© Jérémy Lemière/Le Bimsa
Prévenir les
accidents par
des formations ou
une communication
plus importante
entre remplaçant
et remplacé”
de la manipulation de bovins, les salariés
remplaçants pourront suivre une formation
de trois jours sur le thème du comportement animal. Autre illustration, pour aller
au-devant des incidences — notamment
psychologiques — liées à l’insuffisance
de communication, l’association pourra
prendre en charge une partie de la facture
téléphonique du salarié remplaçant isolé. Au
total, 14 risques d’accidents sont répertoriés
et, pour chacun, plusieurs actions sont
proposées pour y remédier. Une charte a
été établie en collaboration entre la MSA,
les quatre premières associations signataires
et l’animateur du SR44 (voir encadré). « Le
salarié remplaçant est très souvent jeune
et manque parfois d’expérience, constate
Philippe Hubert, conseiller en pré­vention
à la MSA Loire-Atlantique – Vendée. Il est
Pour une sécurité
maximale
Les contrats de prévention signés entre
les associations de remplacement et
la MSA ont pour but de diminuer les
risques qu’encourent les salariés remplaçants. Au terme de plusieurs réunions de préparation réunissant quatre
associations de remplacement, le SR44
et la MSA Loire-­Atlantique – Vendée,
les principaux dangers ont pu être
identifiés : risques liés à l’utilisation
d’outils agricoles dont la désileuse, à la
manipulation d’animaux, à un accueil
sommaire, à une insuffisance de communication, etc. Et, pour chacun d’entre
eux, une solution de prévention et un
accompagnement financier ont été
proposés pour éviter les accidents.
Résultat : une charte de plusieurs pages
dédiée à la sécurité des salariés remplaçants. Les contrats de prévention
ont alors pris forme avec ces quatre
premières structures. Une initiative
désormais étendue aux 25 associations
de Loire-Atlantique.
important de prévenir les accidents par des
formations ou une communication plus importante, notamment entre le remplaçant
et le remplacé. »
Un exemple à suivre
Le département Loire-Atlantique dispose
d’un réseau de remplacement très important. Les 25 associations présentes sur le
territoire ont notamment effectué 229 000
heures de remplacement en 2011. Ce qui
correspond à 141 personnes à temps plein
toute l’année. Cette présence permet d’accompagner tous les agriculteurs durant
les moments difficiles, notamment lors
de maladies, ou à l’occasion de vacances.
Après la Loire-Atlantique, les signatures de
contrats de prévention devraient s’étendre
à la Vendée dans les prochaines années.
« Notre but, c’est développer ce genre d’initiative sur tout le territoire couvert par la MSA
Loire-Atlantique – Vendée, souligne Philippe
Hubert. Et si on pouvait donner des idées
aux autres associations de remplacement
des autres départements, ce serait encore
mieux. » Reste la difficulté de déployer
cette initiative vers toutes les associations
qui disposent souvent de fonctionnements
très différents les unes des autres. —
Jérémy Lemière
le bimsa septembre 2013 27
rencontres
quand les Générations
se passent le témoin
L
© Jérémy Lemière/Le Bimsa
Les enjeux des contrats de génération sont multiples : transmettre la connaissance d’un métier, d’une entreprise,
mais surtout recruter un jeune en CDI et maintenir un senior dans l’emploi. La MSA Côtes Normandes s’inscrit dans
cette démarche en signant quatre de ces contrats parrainés par le ministre du Travail, Michel Sapin.
Les contrats de génération ont permis d’embaucher quatre jeunes en CDI et maintenu autant d’emplois seniors.
es locaux de la MSA Côtes Normandes, à Caen, sont en effervescence quelques minutes
avant l’arrivée du ministre
du Travail. En témoignent
les allées et venues à tous les étages, et
les discussions animées à l’entrée du bâtiment. Mais au-delà du symbole de la venue
d’un représentant de l’état, la visite sonne
avant tout comme la reconnaissance d’une
action menée depuis longtemps : « Cela
fait plusieurs années déjà que notre politique
de ressources humaines (RH) se développe
autour de l’intégration des nouveaux arrivants dans l’entreprise », rappelle Brigitte
David, responsable du service RH, juste
avant d’apercevoir le convoi gouvernemental approcher.
Cette halte dans les locaux de la MSA,
Michel Sapin l’a proposée de lui-même,
pour signer quatre certificats de parrainage suite à l’accord collectif « Contrats
28 Septembre 2013 le bimsa
Les contrats de
génération, comment
ça marche ?
Toutes les entreprises sont concernées mais
à différents niveaux. Celles justifiant d’un
effectif de moins de 50 salariés peuvent
en souscrire sans accord préalable avec
les représentants des salariés, pendant
que les entreprises de 50 à 299 salariés
peuvent conclure un accord collectif.
Dans ces deux cas, l’entreprise bénéficie
d’une aide financière pour ­embaucher
en CDI un jeune de moins de 26 ans et
maintenir un senior de plus de 57 ans
durant trois ans. Les entreprises de plus
de 300 salariés n’ont droit à aucune prime,
mais ont l’obligation de s’accorder avec
les représentants des salariés pour fixer
des objectifs jeunes et seniors, sous peine
d’une pénalité financière.
de génération », signé le 24 juin 2013 dans
l’entreprise. C’est dans la bonne humeur que
débute la visite des lieux sous la ­houlette
de Marie-Claire Quesnel, présidente de
la MSA Côtes Normandes, et de Gilles
­Chandumont, directeur général. Une visite
d’une heure qui respecte les séquences
d’un protocole soigneusement préparé.
Visite au pas de course
Quelques poignées de mains plus tard,
Michel Sapin, accompagné entre autres (1)
du préfet de région, Michel Lalande, arpente les locaux de la MSA pour aller à la
rencontre des signataires des contrats de
génération. Et dans les bureaux fraîchement adoptés par les nouvelles recrues,
ce sont des sourires francs, quoiqu’un
peu gênés, qui accueillent un ministre
du Travail ravi de côtoyer ses filleules :
« Je suis heureux de parrainer cet accord.
Et j’ai beau être le parrain de beaucoup
www.lebimsa.fr
de personnes, c’est toujours un grand plaisir d’avoir de nouvelles filleules. » S’ensuit
un détour par la plate-forme de services
avec explications sur son fonctionnement,
avant de rencontrer les partenaires sociaux
pour un retour sur la température des
négociations.
Un accord sans accroc
Comme prévu dans le texte de loi, les
contrats de génération ont fait l’objet d’une
discussion entre la MSA Côtes N
­ ormandes et
les syndicats CFDT, CFTC et SUD. « L’échange
s’est parfaitement déroulé », se félicite Gilles
Chandumont, avant d’ajouter que « cette
initiative allait dans l’intérêt de tous — et tout
le monde s’en était rendu compte bien avant
le lancement des discussions — et témoigne
de l’exemplarité de la MSA sur la question
de l’emploi ». Du côté syndical, les représentants estiment important que « les gens
soient volontaires pour effectuer un tutorat »
et louent les bienfaits de cet accord qui
« valorise le senior avant son départ ». Des
paroles qui ont satisfait Michel Sapin. Il a
évoqué « le gâchis humain quand on pousse
les plus âgés vers la sortie ».
Les discours des différents participants et
l’apposition de la signature ministérielle
viennent finalement clôturer la visite. Moins
Et la MSA
dans tout ça…
Au 30 septembre, toute entreprise de plus
de 300 salariés doit avoir engagé des négociations en vue d’un accord collectif ou a
minima avoir engagé un plan d’action pour
les jeunes et les seniors, sous peine de
pénalité financière. Et pour rester dans les
temps, tous les organismes MSA justifiant
de cet effectif ont engagé des négociations ou des travaux préparatoires. Mais
pour l’instant, la MSA Côtes Normandes
est la seule entreprise dans laquelle cette
négociation a abouti. Inutile de paniquer
puisque plusieurs caisses ont d’ores et
déjà établi un diagnostic sur la situation
de l’emploi des jeunes et des seniors dans
l’entreprise, notamment les MSA Haute-­
Normandie, Auvergne, Sud ­Aquitaine, Beauce
Cœur de Loire, île-de-France, Bourgogne,
Grand Sud et la CCMSA. Il n’y a pas, à ce
jour, d’accord de branche encadrant une
démarche collective, mais un ensemble
d’outils et un accompagnement sont proposés par l’institution aux organismes pour
la mise en place du dispositif.
d’une heure après son arrivée, l’homme
d’état salue déjà l’assistance, tout en souhaitant les meilleures choses aux binômes
intergénérationnels. Une courte apparition
qui suffit à Lisa Hec (l’une des filleules, voir
ci-dessous), pour « marquer le coup » . —
Jérémy Lemière
(1) Étaient également présents les conseillers de Michel
Sapin, le député-maire de Caen, Philippe Duron, la
vice-présidente de l’Assemblée nationale, Laurence
Dumont, plusieurs députés du Calvados, le directeur
de la Direccte et des médias régionaux.
Marie-Claire Quesnel et Gilles Chandumont ont présenté
les locaux de la MSA au ministre du Travail et à sa
délégation.
Lisa et François
Je me suis
tout de suite
sentie intégrée”
ment. Psychologiquement, c’est important.
Mais ce tutorat qui est professionnel et
social permet surtout de créer un lien inter­
générationnel. » De quoi laisser François
partir serein à la retraite et Lisa envisager
une longue carrière à la MSA.
—
Photos : Jérémy Lemière/Le Bimsa
Lisa Hec et François Besneville font partie
des bénéficiaires d’un contrat de génération.
L’aîné des deux connaît bien la maison avec
38 années passées sur le site de Saint-Lô,
dans la Manche, au service prestations
familiales. Et depuis 2009, il assure la formation de salariés sur ces prestations.
Lisa a donc naturellement rejoint l’atelier.
Et malgré les 30 ans d’écart, la cohésion
du duo est parfaite : « Je me suis tout
de suite sentie intégrée, s’enthousiasme
Lisa. C’était plus facile pour moi de me
projeter dans l’entreprise en sachant que
j’étais en CDI et François m’a réellement
aidée. » Un constat partagé par le tuteur,
heureux de pouvoir transmettre les clés du
métier : « Je suis content de me dire que
mon emploi ne restera pas sans remplace­
le bimsa septembre 2013 29
rencontres
Risque routier : les
élus veillent au grain
A
Sur les 22 aires de stockage de céréales des sept cantons du Vendômois, de curieux panneaux
jaunes et noirs ont fleuri cet été. L’action, menée par les élus locaux et le service prévention de la
MSA Berry-Touraine, vise à sensibiliser les agriculteurs aux risques liés à la conduite des engins
agricoles au moment des moissons.
u cours de ces deux dernières années, trois accidents impliquant des engins
agricoles (tracteurs attelés
d’une remorque en charge)
et d’autres usagers de la voie publique
(automobilistes, conducteurs de deux
roues) ont particulièrement choqué les
esprits des professionnels, l’un d’entre eux
ayant entraîné le décès de deux personnes.
Interpellés par ces accidents, les délégués
MSA du Vendômois décident de porter
une action de sensibilisation d’ampleur
avec l’aide du service prévention de la
MSA Berry-Touraine. Dès la 1re quinzaine
de juillet, les délégués MSA des cantons
de Morée, Vendôme, Selommes, Droué,
Mondoubleau, Montoire-sur-le-Loir et
Savigny-sur-Braye, aidés du service prévention de la MSA Berry-Touraine, mettent
en place les visuels de cette campagne,
baptisée « Opération silos ». Ils y restent
encore jusqu’à la fin septembre, après les
récoltes de tournesol et de maïs.
L’objectif de cette démarche ? « Attirer
l’attention des professionnels sur les risques
liés à la conduite d’engins agricoles, explique
Laurent Girard, délégué du canton de
Selommes, notamment au moment des
moissons, en leur rappelant, par des graphiques simples mais explicites accompagnés
de messages courts, des règles importantes.
Une vitesse à respecter, une distance d’arrêt
en rapport direct avec la charge… Et puis
qu’ils n’oublient pas de se rendre visibles
de tous. »
En parallèle, les délégués MSA veulent
susciter l’attention du grand public, utilisateur lui aussi de la route, sur l’attitude
à adopter par prudence à l’abord d’un
engin agricole en déplacement (tracteur
attelé, moissonneuse-batteuse…). « Une
30 Septembre 2013 le bimsa
Raccord
avec les
professionnels
« Cette campagne de sensibilisation
portée par la MSA Berry-Touraine cor­
respond tout à fait à notre politique de
prévention », apprécie Sarine Vichard,
responsable sécurité et environnement de la société Axéréal, l’un des
partenaires de l’opération avec Agri
négoce et ­Pissier SA.
En période de moisson, 200 000 tonnes
de céréales sont réceptionnées par
le groupe coopératif sur l’ensemble
des sites concernés par l’opération.
« Dans le domaine de la sécurité de nos
salariés et de nos adhérents agriculteurs,
toute participation à des actions de
prévention des risques liés à l’exercice
de leur métier nous semble judicieuse
et de bon sens.
« La démarche de prévention des risques
liés à la conduite des engins agricoles
initiée par la MSA Berry-Touraine sur
­sept cantons du Vendômois, et à laquelle
notre groupe Axéréal s’est associé
par la mise en place de panneaux
de sensibilisation sur les 22 aires de
réception de céréales du Vendômois, se
révèle totalement complémentaire de
nos propres actions. Celles-ci étaient
jusqu’à maintenant essentiellement
ciblées sur la protection des agriculteurs
lors du transport et de l’utilisation des
produits, en particulier de protection des
cultures, que nous leur fournissons. »
remorque en charge peut se mettre en portefeuille si le conducteur du tracteur est amené
à freiner brutalement, ajoute Catherine
Provendier, présidente de l’échelon local
de Selommes. Il est important que chacun
prenne conscience de la présence de l’autre
et la respecte. Partageons la route ! »
« à vide, un tracteur roule à la vitesse maximale de 40 km/h. En charge, il ne doit pas
dépasser 25 km/h. Une lenteur qui peut
exaspérer l’usager lambda l’amenant à un
comportement imprudent ou manquant de
civilité : dépassement brutal, franchissement
de ligne continue, etc. Par cette campagne,
nous souhaitons éveiller l’intérêt et la tolérance
de l’ensemble des usagers de la route pour la
sécurité de tous. » L’initiative est appelée
à être étendue au reste du département,
puis à l’ensemble du territoire de la MSA
Berry-Touraine (Indre, Indre-et-Loire et
Loir-et-Cher).
Partager la route
Rencontré sur son exploitation familiale
située à Tourailles, dans le Loir-et-Cher,
Laurent Girard exprime sa satisfaction :
« Nous n’avons aucun mauvais écho en
retour. Au contraire, ce n’est que du positif !
Placés pour être largement visibles de tous
les usagers de la route, les panneaux ont
interpellé les professionnels et tout autant
la population locale. Ils se sont intéressés
aux raisons qui nous ont poussés à lancer
cette campagne, ont apprécié que la MSA
Berry-Touraine l’accompagne et reconnu
qu’elle avait du sens. »
Catherine Provendier confirme ce ressenti.
« Les panneaux ont beaucoup fait parler,
réagir, questionner ; du coup, l’opération
a fonctionné. Elle a contribué à remettre
en cause certaines mauvaises habitudes. »
Comme effectivement le gyrophare éteint !
www.lebimsa.fr
© MSA Berry-Touraine
De gauche à droite : Catherine Provendier, présidente de l’échelon local de Selommes, Michel Corbin, délégué du canton de Vendôme, Jean Lecomte, président de
l’échelon local de Montoire-sur-le-Loir/Savigny-sur-Braye, et Michel Gautier, conseiller en prévention à la MSA Berry-Touraine.
« à la différence des axes routiers qui ont
peu évolué, les engins agricoles atteignent
maintenant des dimensions très importantes,
occupant toute la largeur de certaines voies
en milieu rural, souligne Laurent Girard. Les
tracteurs modernes peuvent rouler à une
vitesse supérieure aux limites à respec­
ter… Cette campagne de sensibilisation
a donc permis d’échanger avec les uns et
les autres sur les dangers liés à la conduite
des matériels agricoles. »
Et de faire ainsi lever le pied aux jeunes
conducteurs « pour lesquels tout doit aller
vite. Cette année cependant, je les ai trouvés
beaucoup plus respectueux des limitations
de vitesse ». Mais aussi de faire prendre
conscience aux plus âgés, appelés en
renfort en cette période de moisson, que
« les routes se partagent désormais avec
une multitude d’usagers pour la plupart
n’appartenant plus au monde agricole ».
Les délégués doivent se réunir prochainement pour décider de l’après-campagne.
« Il est certain que l’opération sera renou­
velée, voire étendue. Dans sa continuité,
nous allons réfléchir avec les services
animation et prévention de la MSA à une
nouvelle action de sensibilisation à mettre
en œuvre. » Cette fois avec une mise en
situation grandeur nature ! —
Damien Poussin,
responsable du site Axéréal
de Tourailles (Loir-et-Cher).
et la prudence
est de mise.
Les chauffeurs
des convois,
et notamment
les plus jeunes
Avant la mise en place des panneaux de
saisonniers, ont
prévention par la MSA Berry-Touraine,
fait remarquer
le site ne possédait qu’un plan de cir­
qu’ils étaient
sensibles aux
culation. Or, sur la plate-forme, pendant la
messages vé­
moisson, on enregistre un trafic d’en­viron
hiculés.
200 remorques par jour. Cela repré­sen­ © DR
te une collecte quotidienne de 200 à­ Je verrais d’un bon œil que les panneaux
1 000 tonnes : colza, orge, blé tendre et restent à demeure, surtout en période
blé dur principalement. La plupart des de moisson, quand le matériel et les
convois pèsent entre 12 et 18 tonnes, hommes sont fortement sollicités. Avec le
pouvant aller jusqu’à 24 tonnes. Le matériel rythme de travail, on pourrait facilement
agricole a beaucoup évolué, les tonnages aboutir à des dérives : vitesse excessive,
transportés sont de plus en plus lourds remorque trop chargée… —
Une Initiative
appréciée par
les saisonniers”
le bimsa septembre 2013 31
Photos : Jérémy Lemière/Le Bimsa
rencontres
Conseil, dépistage, aide : les infirmières du stand se sont employées à sensibiliser au mieux les visiteurs sur la maladie.
Diabète : le dépistage
sur le bout des doigts
«
C
Chaque année, la foire aux fromages de La Capelle, dans l’Aisne, accueille des milliers de visiteurs
le premier week-end de septembre. L’occasion, pour la MSA de Picardie, de dresser un stand de
prévention du diabète, en espérant toucher le maximum de personnes.
’est un pari un peu fou de vouloir
monter un stand de prévention
au centre d’un événement aussi
festif. » Jacques Marquette,
président du comité départemental de l’Aisne, se souvient de sa réaction
lorsque l’initiative lui fut présentée par
Claude Alexandre, en 2008. Le délégué
du canton de la Thiérache, mais aussi viceprésident de l’association des diabétiques
de Cambrai, bien informé sur la maladie,
voyait l’urgence d’agir : « Étant touché
indirectement par le diabète, je désirais
passer un message au moins préventif via
32 Septembre 2013 le bimsa
Avec une goutte de sang seulement, le Dextro indique
instantanément la glycémie du patient.
la MSA. Et comme près de 15 % des diabétiques ignorent qu’ils le sont, j’ai décidé de
passer à l’action. »
Cinq éditions plus tard, l’opération remporte toujours l’adhésion générale avec
de nombreux dépistages réalisés. L’année dernière, sur 577 tests, 30 résultats
­anormaux ont été relevés. En 2013, mal­
gré une fréquentation plutôt stable de la
foi­re aux fromages, le stand a vu défiler
619 personnes dont dix ont été contrôlées
avec une glycémie dépassant la norme,
parmi lesquelles une future maman à­
14 semaines de grossesse. Des chiffres encou-
www.lebimsa.fr
Pour informer
et sensibiliser
les visiteurs, un
questionnaire
sur le sucre dans
les aliments est
proposé”
rageants car il reste difficile de sensibiliser
les gens sur la maladie ; même les sourires
des infirmières et des délégués cantonaux
présents sur le stand n’échappent pas
aux « non merci, tout va bien » ou aux « ne
me parlez pas de ça ! ». Pour d’autres, le
passage sur le stand est indispensable.
Alain et Josiane viennent tous les ans pour
faire leur « seul dépistage de l’année ». Une
habitude « utile et rapide » prise depuis la
première édition. « Ça me permet de faire
le point puisque, avec une mère et un frère
diabétiques, on n’est pas à l’abri. »
Au-delà du caractère génétique de la maladie, le comportement alimentaire ou encore
le surpoids peuvent être responsables du
diabète. Véronique Brébant, éducatrice
pour la santé, propose avec édith Pezaire
et Michèle Texier, un questionnaire sur «­ le
sucre dans les aliments » pour sensibiliser
les visiteurs sur ce point. « Tous les aliments
www.lebimsa.fr
Plus d’infos sur le diabète
sur notre site.
Le dépistage,
étape par
étape
Sur le stand, l’infirmière entame un
questionnaire précis et anonyme pour
cibler au mieux le patient éphémère :
âge, sexe, poids, taille, traitements
divers, antécédents familiaux, heure
du prélèvement, etc. Des éléments
importants qui permettent à Stéphanie
Lebon, infirmière bénévole, de « mieux
cerner l’environnement du patient ».
La petite piqûre s’effectue ensuite sur
le bout du doigt où les terminaisons
nerveuses, nombreuses, facilitent
l’apparition d’une goutte de sang à
la surface. Puis, à l’aide d’un dextro,
petit boîtier électronique, l’infirmière
teste la glycémie du patient. Quelques
secondes suffisent pour connaître le
taux de glucose dans le sang et savoir
s’il est en dehors des limites fixées
par le médecin de la MSA, à savoir
entre 0,60g/l et 1,60g/l pour les personnes non à jeun. En cas d’anomalie,
l’infirmière remet une lettre indiquant
le taux de glycémie constaté, que le
patient pourra transmettre par la suite
à son médecin traitant. Voilà, le test
est terminé avec, pour seul stigmate,
le pansement autour du doigt piqué.
contiennent du sucre, parfois en grande
quantité. Beaucoup de personnes l’ignorent
encore. » Et les questionnés restent souvent pantois lorsqu’ils se rendent compte
qu’un litre 100 % jus de fruit contient­
18 morceaux de sucre ou que 450 grammes
de chocolat en poudre en comptent
68. C’est notamment le cas de Sandra,
16 ans, qui se résout à « faire plus attention
dorénavant ».
Une mobilisation
pour pérénniser l’action
Malgré le franc succès du stand de prévention,
l’initiative reste chaque année dépendante
de la mobilisation des différents partenaires
de la MSA. « Les stylos autopiqueurs à usage
unique nous sont fournis gratuitement par
des laboratoires, précise Sylviane Houde,
animatrice de l’échelon local de l’Aisne. Sans
cela, il serait difficile de réaliser une action
aussi importante. Il faut aussi remercier les
infirmières qui acceptent de consacrer une
journée à cette initiative. Aujourd’hui, on peut
encore compter sur du personnel des centres
hospitaliers de Guise et de Laon, mais rien
n’est certain pour les prochaines éditions. »
Pourtant, les visiteurs du stand autant que
les administrateurs de la MSA s’accordent sur
la nécessité de préserver l’initiative, comme
Thierry Manten, premier vice-­président de la
MSA de Picardie, qui souligne « l’importance
de continuer le dépistage du diabète sur un
événement aussi populaire que la foire aux
fromages, afin de toucher le maximum de
personnes possible ». —
Jérémy Lemière
Le Réseau de soins laonnois pour les diabétiques (Résoladi)
participe au stand de prévention de la MSA depuis 2009 et p
­ ermet
aux visiteurs atteints de diabète de réaliser un examen de l’œil
via un rétinographe itinérant. L’appareil permet de prendre une
photo précise du fond d’œil pour déceler les possibles lésions
sur la rétine, la papille optique ou encore la macula. En effet,
les problèmes oculaires restent un mal récurrent pour les diabétiques. Chaque année, ils doivent réaliser cet examen pour
prévenir les problèmes pouvant entraîner la cécité du patient.
« Nous venons pallier le manque d’ophtalmologistes sur le
territoire, en sillonnant avec notre rétinographe les communes
de la région », assure Cécile Descamps, infirmière de Résoladi.
Une minute est suffisante pour prendre un cliché de l’œil et le
transmettre ensuite à un ophtalmologiste. À distance, il peut
alors signaler une anomalie. En 2012, cette initiative a permis
à Résoladi de faire 1 600 fonds d’œil.
© Jérémy Lemière/Le Bimsa
En complément, le rétinographe ambulant
Le rétinographe itinérant de Résoladi permet de diagnostiquer rapidement
les lésions de la rétine.
le bimsa septembre 2013 33
Jeunes : Ac
journées nationales de Familles rurales à Talmont-SaintHilaire, les 23 et 24 août, est lancé. Pas de long discours. Carte blanche à 1 700 jeunes âgés de
Le mot d’ordre des
Photos : Christophe Gatschiné/Le Bimsa
15 à 25 ans pour exprimer leurs prises d’initiatives et leurs actions d’intérêt général culturelles, humanitaires
ou éducatives. Autour du plan d’eau de la Chapelle, une semaine après la fête de l’agriculture
de Longeville-sur-Mer, 3 000 participants ont à nouveau fait rimer Vendée avec convivialité.
Des quatre coins de la France, et même de la Réunion, les délégations affluent avec leur bardat. Tee-shirts, chapeaux, on affiche son appartenance et l’on se distingue
des autres « tribus ».
De gauche à droite : Pierre
Berthomé, maire de TalmontSaint-Hilaire et vice-président
du Conseil général de
Vendée, Dominique Marmier,
administrateur central de la MSA,
Thierry Damien, président de
la fédération nationale Familles
rurales, et Dominique Paillat,
président de la fédération de
Vendée, accueillent Jacky
Hautier (au centre), sous-préfet
des Sables d’Olonne, dans une
ambiance décontractée. Ce
dernier se fait le porte-parole
de Valérie Fourneyron, ministre
des Sports, de la Jeunesse, de
l’éducation populaire et de la
vie associative. Son message :
« Soyez des acteurs de projets de
société audacieux. »
34 SEPTEMBRE 2013 le bimsa
www.lebimsa.fr
tion 2013 !
Retrouvez d’autres photos
et infos sur notre site.
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Composé de nombreux stands (citoyenneté, mobilité en Europe, emploi et formation, prévention), le « village » présente plus de 100 initiatives qui concrétisent
l’engagement des jeunes. Deux chapiteaux accueillent concerts et spectacles des talents de demain, mais aussi forums intergénérationnels : participation à la vie des
territoires et aux associations, insertion professionnelle, usage des nouvelles technologies, santé.
Sous le regard complice (et avisé)
de son président, Jean-Marc
Loizeau (à gauche sur notre photo),
la MSA Loire-Atlantique – Vendée
inaugure sur son stand l’animation
institutionnelle « Avec tes idées,
deviens Président » (et gagne un
week-end AVMA).
Photos : Christophe Gatschiné/Le Bimsa
Et des idées, face à l’objectif, près de 240 apprentisélus en ont eu : thèmes de société, logement,
insertion professionnelle, santé.
Le message des gagnants est quant à lui immédiatement relayé par Karine Brunier, chargée de mission jeunesse
à la direction du développement sanitaire et social de la caisse centrale, lors de son interview radio in situ sur les
dispositifs de la MSA pour l’accès des jeunes aux soins en milieu rural (https://www.facebook.com/mymsa).
le bimsa SEPTEMBRE 2013 35
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