Etude sur le potentiel de la BOAD
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Etude sur le potentiel de la BOAD
Mazars Sénégal BP 22 440 ( DK Ponty Téléphone (221) 33 849 19 49 - Télécopie (221) 33 849 69 37 SOCIETE ANONYME AU CAPITAL DE 30 000 000 FCFA – RESIDENCE ALASANE FALL – 43, RUE WAGANE DIOUF, DAKAR SOMMAIRE PAGES EXECUTIVE SUMMARY ....................................................................... 1 PARTIE 1 : ANALYSE DE L’ENVIRONNEMENT ECONOMIQUE ET FINANCIER DE L’UNION.................................................................... 12 1. INTRODUCTION ................................................................................... 13 2. ANALYSE DYNAMIQUE DES INDICATEURS ECONOMIQUES DE L’UNION ...... 14 2.1. Le PIB régional et la croissance ......................................................15 2.2. L’inflation .........................................................................................16 2.3. Finances publiques et pression fiscale ............................................17 2.4. Dettes extérieures ...........................................................................19 2.5. Les critères de convergence............................................................20 3. ANALYSE DE L’ENVIRONNEMENT FINANCIER ......................................... 21 3.1. Situation monétaire..........................................................................21 3.2. Structure des emplois bancaires......................................................21 3.3. Taux de bancarisation et les conditions de banques........................23 3.4. Dispositif prudentiel : ratio de transformation ...................................24 3.5. Evolution du marché financier régional ............................................24 4. DEMOGRAPHIE ET URBANISATION ........................................................ 29 PARTIE 2 : LE MARCHE HYPOTHECAIRE DE L’UEMOA ....................... 32 1. DEFINITION ET CARACTERISTIQUES DU MARCHE HYPOTHECAIRE DE L’UEMOA................................................................................................ 33 2. LES ENTRAVES DU MARCHE HYPOTHECAIRE ......................................... 37 3. DIAGNOSTIC DE LA PRODUCTION DE CREANCES HYPOTHECAIRES ........... 60 3.1. Approche méthodologique ...............................................................60 3.2. Difficultés rencontrées .....................................................................65 3.3. Production de créances hypothécaires ............................................68 PARTIE 3 : EVALUATION DU POTENTIEL DU MARCHE DE LA TITRISATION DE CREANCES ................................................................................ 99 1. INTRODUCTION ................................................................................. 100 2. LA TITRISATION ................................................................................ 103 2.1. Définition ....................................................................................... 103 2.2. Les avantages de la titrisation ....................................................... 104 2.3. Les risques liés à la titrisation ........................................................ 107 2.4. Schéma de la titrisation ................................................................. 110 2.5. Les acteurs intervenants dans une opération de titrisation ............ 111 2.6. Les actifs titrisables ....................................................................... 114 2.7. Exemples de titrisation .................................................................. 114 2.8. Bilan de la titrisation ...................................................................... 118 3. DIAGNOSTIC DES ACTIFS ELIGIBLES A LA TITRISATION DANS LA ZONE DE L’UEMOA ........................................................................................... 127 3.1. L’encours des crédits bancaires .................................................... 128 3.1.1. Les crédits à court terme ............................................................... 128 3.1.2. Les crédits hypothécaires .............................................................. 129 3.1.3. Le crédit bail .................................................................................. 129 3.2. Les exportations des biens et services .......................................... 130 3.3. Les recettes fiscales ...................................................................... 130 3.4. Transferts des travailleurs à l’étranger ........................................... 131 4. LES CONDITIONS DE DEVELOPPEMENT DE LA TITRISATION DANS LA REGION DE L’UEMOA ...................................................................................... 133 4.1. Les obstacles au développement du marché de la titrisation dans la région 133 4.2. Les facteurs positifs au développement du marché de la titrisation dans l’Union ............................................................................................. 136 5. L’IMPACT DE LA TITRISATION SUR LA CROISSANCE DES ENCOURS ET LA RENTABILITE DES INSTITUTIONS BANCAIRES ET FINANCIERES ................... 142 5.1. L’impact de la titrisation sur la croissance des concours hypothécaires........................................................................................... 142 5.2. L’impact de la titrisation sur la rentabilité des institutions bancaires et financières................................................................................................ 144 6. ACCESSIBILITE AUX MODES DE FINANCEMENT COMPLEMENTAIRES DE REFINANCEMENT .................................................................................. 149 6.1. Les organismes de refinancement hypothécaire ............................ 149 6.2. Les obligations sécurisées............................................................. 159 7. CONCLUSION ................................................................................... 163 8. ANNEXES TITRISATION ET EVALUATION DU POTENTIEL ......................... 165 EXECUTIVE SUMMARY Rapport final 1 Novembre 2008 EXECUTIVE SUMMARY L’étude relative à l’évaluation du potentiel du marché hypothécaire et de la titrisation des créances de l’UEMOA a consisté dans un premier temps à analyser l’environnement économique et financier de l’Union, en vue d’appréhender le cadre, les conditions et perspectives pour la mise en place et le développement d’un marché hypothécaire à l’échelle régionale. De cette analyse a découlé un diagnostic du marché hypothécaire destiné d’une part, à identifier les entraves financières et non financières au développement du marché, et d’autre part à évaluer la production de créances hypothécaires afin de déterminer son potentiel et celui de la titrisation des créances sur les cinq prochaines années. Il ressort de cette étude, que l’environnement économique et financier de la zone UEMOA, offre un certain nombre d’atouts au développement du marché hypothécaire. Toutefois, ces atouts contrastent avec un certain nombre de contraintes majeures dont il est fortement recommandé d’entreprendre des actions appropriées permettant d’une part, de maintenir et développer ce potentiel et d’autre part, de transformer ce potentiel en production de créances hypothécaires facilement re-finançables auprès d’une structure appropriée (caisse de refinancement ou titrisation). Parmi les atouts, nous pouvons citer, la forte préoccupation des populations pour l’accès à la propriété, qui se traduit par une demande potentielle importante en logement. Le phénomène d’urbanisation connaît une forte progression dans la zone UEMOA, avec une forte concentration dans les grandes villes. La population de l’Union, estimée à 87,8 millions d’habitants connaît un taux de croissance prévisionnel démographique de 2,45% par an, contre une croissance économique projetée entre 2,9% et 4,5% par an. Cependant, le taux de croissance projeté à 4,5% restera encore en dessous de la moyenne de 6,2% prévue pour les économies subsahariennes et du niveau de 7% au minimum requis pour réduire la pauvreté et atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement. En effet, les économies de l’espace UEMOA sont caractérisées par une faiblesse des revenus de la population active, des difficultés d’insertion sur le marché du travail et un poids important du secteur de l’informel. Ces indicateurs traduisent pour l’essentiel la faiblesse du taux de bancarisation au sein de l’Union, et limitent fortement l’accès au crédit, bien que des efforts aient été consentis pour limiter le poids et la progression du secteur informel notamment par la mise en place de structures financières spécialisées dans les micro crédits Rapport final 2 Novembre 2008 et un allégement de la procédure de déclaration et d’imposition des entreprises évoluant dans l’informel. Le marché financier de l’Union est harmonisé et placé sous la tutelle d’un seul organe notamment le Conseil Régional de l’Epargne Publique et des Marchés Financiers. Le cadre juridique de l’Union ainsi que la réglementation bancaire et prudentielle sont communs à l’ensemble des pays. Toutefois, ce dispositif réglementaire harmonisé se heurte à certaines contraintes du marché financier, en particulier la faiblesse de la gamme de produits offerts et un cadre juridique ne facilitant pas les innovations, notamment la mise en œuvre de certains instruments financiers. Au regard du secteur bancaire, nous pouvons constater que les banques de l’Union sont d’une manière générale confrontées à l’insuffisance des ressources longues. L’essentiel des placements sur le marché financier s’effectue par le biais d’obligations avec une part de plus en plus prépondérante des Etats. Si le cadre économique et financier semble être un socle favorable au développement du marché hypothécaire et de la titrisation, il apparaît néanmoins primordial que les autorités de l’Union s’attellent à lever les principales entraves financières, c’est-à-dire celles directement liées à des dysfonctionnements des systèmes financiers et à des aspects économiques et celles non financières portant essentiellement sur le foncier, les aspects juridiques, réglementaires, administratifs, et les politiques de développement du marché hypothécaire. Avant de lister les principales entraves au développement du marché hypothécaire, il nous a paru important de mettre en évidence l’existence d’un cadre juridique des affaires harmonisé au niveau de l’espace OHADA. Cette harmonisation du dispositif juridique de l’hypothèque est sécurisante et offre toutes les garanties d’une sûreté réelle immobilière et de recouvrement dans un délai raisonnable. Toutefois, cette harmonisation du dispositif juridique de l’hypothèque, ne devrait pas occulter certains aspects relatifs à la publicité foncière et à l’inscription de l’hypothèque, qui restent encore du ressort des législations nationales et posent la problématique de l’harmonisation des régimes fonciers au sein de l’UEMOA. Les principales entraves non financières identifiées, qu’il conviendrait de lever pour promouvoir le fonctionnement optimal et le développement du marché hypothécaire au sein de l’Union, sont Rapport final 3 Novembre 2008 celles liées au foncier, notamment l’absence d’harmonisation des systèmes et codes fonciers, la planification et la normalisation foncière (morcellement et immatriculation des titres fonciers), ainsi que la gestion de la conservation foncière. A ces entraves liées au foncier, il faut rajouter celles liées aux politiques de gestion urbaine, celles induites par la situation socioéconomique des Etats de l’Union, ainsi que celles imputables aux garanties requises lors du financement de l’immobilier par les banques. Il s’agit notamment du retard considérable dans l’aménagement des quartiers périphériques des villes, de l’insuffisance des équipements et infrastructures de base (voieries et réseaux divers), de l’absence d’implication de l’Etat dans le financement de la viabilisation des assiettes foncières, de l’absence de planification dans la gestion de l’urbanisation, du faible taux de bancarisation de la population active et des modalités et délais d’inscription d’une hypothèque, … Les entraves financières au développement du marché hypothécaire sont liées d’une part, au contexte règlementaire et prudentiel notamment le ratio de couverture des emplois à moyen et long terme par des ressources stables à 75% minimum (ratio de transformation), et l’insuffisance des ressources longues, et d’autre part à l’absence de système de refinancement adéquat et d’instruments financiers permettant de mobiliser des ressources longues du fait de l’inexistence d’un cadre juridique approprié. Elles sont également liées à la forte disparité des conditions de banques au sein de l’Union, aux conditions et politiques drastiques de crédit (niveau d’apport, durée des crédits,…) et en fin à la fiscalité, notamment la forte pression fiscale sur l’immobilier. Toutes ces entraves ont été exposées et développées dans la deuxième partie du présent rapport. Le diagnostic de la production de créances hypothécaires a été effectué sur la base d’un échantillonnage représentatif des banques installées dans l’UEMOA. Une enquête a été réalisée auprès d’un échantillon composé de l’ensemble des banques spécialisées dans l’habitat et des principales banques non spécialisées de sorte à couvrir 56,14% du total des crédits et 57,52% du total bilan des 93 banques de l’Union au 31 décembre 2006. L’enquête a été orientée vers la collecte d’informations qualitatives et quantitatives. Le quantitatif vise à obtenir des informations sur le volume des crédits hypothécaires, les conditions de crédits, les durées initiales et résiduelles et les garanties habituellement Rapport final 4 Novembre 2008 recueillies. Les informations qualitatives ont porté essentiellement sur les politiques et modes de financement et de refinancement des crédits immobiliers, les conditions bancaires généralement appliquées en matière de crédit immobilier, les entraves identifiées au développement du crédit hypothécaire et enfin les politiques de placement privilégiées au sein de l’Union. Les principaux enseignements tirés de l’enquête qualitative sont les suivants : - le défaut ou l’absence de formalisation des politiques en matière de crédit immobilier : en dehors de certaines banques de l’habitat, très peu de banques disposent de politiques clairement définies en matière de crédit immobilier ; - l’intérêt confirmé de la grande majorité des banques pour l’immobilier (comme facteur de fidélisation de la clientèle) ; - la disparité des conditions générales de banques (taux, montant de l’apport, durée…) d’un pays à un autre et d’une banque à une autre de l’Union ; - l’homogénéité des garanties recueillies par les banques : l’hypothèque est quasi systématique lorsque le titre foncier est disponible ; - la quasi similitude des modes de financement de l’immobilier (fonds propres, transformation…) ; - l’inexistence de politique formalisée et de structure de refinancement des emplois longs en général, des encours immobiliers en particulier ; - la méconnaissance du mécanisme de titrisation par nos différents interlocuteurs d’une part, et leur appréhension relative de ce type d’instrument en raison des problèmes récents de « subprimes » survenus au Etats-Unis d’autre part ; - les orientations similaires des différentes politiques de placement (réseau régional, interbancaires, obligations, bons du Trésor…). De nos différents entretiens avec les interlocuteurs des banques de notre échantillon, nous avons tiré un certain nombre de suggestions allant dans le sens d’un développement du marché hypothécaire de la zone UEMOA. Ces axes d’amélioration sont résumés ci-après : - une volonté politique forte des Etats membres dans le domaine de l’habitat social, de l’urbanisme et de la normalisation foncière ; Rapport final 5 Novembre 2008 - la mise en place de mécanismes de refinancement simples (notamment une caisse de refinancement), accessibles à des conditions acceptables ; - la mise en place d’un fonds de garantie pour permettre aux établissements financiers de réduire le risque sur la clientèle peu solvable ; - l’amélioration du cadre prudentiel dans le sens de l’augmentation du ratio de transformation pour permettre la hausse du volume de crédit à long et moyen terme ; - la refonte du dispositif relative au provisionnement des engagements (instruction 94.05), dans le sens de la prise en compte dans la couverture des garanties des hypothèques de rang supérieur et des hypothèques sur le crédit bail ; - l’encouragement de la promotion immobilière et la rationalisation de l’offre pour une meilleure adéquation avec la demande ; - la volonté de voir émerger des instruments financiers nouveaux permettant une gestion plus rationnelle du risque et une plus grande sécurité des investissements. La production de créances hypothécaires au 31 décembre 2007 est estimée à 362 926 millions de FCFA et a évolué comme suit sur les cinq dernières années : (En millions de FCFA) 2 003 2 004 2 005 2 006 2 007 10 815 Bénin 3 842 4 002 6 716 8 299 Burkina 8 864 10 449 12 318 14 520 18 746 41 748 38 330 34 598 31 745 32 046 22 92 545 748 1 040 Mali 67 140 78 339 74 310 67 704 62 767 Niger 1 981 3 162 4 687 6 859 8 233 121 239 146 155 178 319 193 114 212 359 Côte d'Ivoire Guinée Bissau Sénégal Togo 3 254 4 380 5 896 7 937 16 920 Total 248 090 284 909 317 389 330 926 362 926 Cet encours a connu une progression de 46,29% entre 2003 et 2007, soit un taux de croissance moyen annuel de 10,04%. La répartition de cet encours par pays au 31 décembre 2007 est la suivante : Rapport final 6 Novembre 2008 Le Sénégal concentre l’essentiel de l’encours de crédits hypothécaires pour un volume de 212 358 millions de FCFA au 31 décembre 2007, soit 59%. Le Mali arrive en seconde position avec un encours de 62 767 millions de FCFA. Les créances hypothécaires de ces deux pays, qui représentent 76% des concours de l’Union, sont constituées à hauteur de 55% de l’encours des banques de l’habitat. La maturité de la production de créances hypothécaires s’analyse comme suit au 31 décembre 2007. Encours en fonction de la durée initiale Encours en fonction de la durée résiduelle 50% 60% 40% 50% 40% 30% 30% 20% 20% 10% 10% 0% 0% =< 2 ans 2< d =<10 ans >10 ans =< 2 ans 2< d =<10 ans >10 ans D’une manière générale, les banques de l’Union ont une politique prudente en matière de crédit immobilier avec un niveau de couverture de leurs concours par des garanties de 83%. Les hypothèques qui représentent 93% des garanties sont, lorsque cela est possible, systématisées dans la majeure partie des banques pour l’octroi de crédit immobilier. Cette situation est pondérée par le cas Rapport final 7 Novembre 2008 du Sénégal qui se retrouve avec un taux de couverture des crédits par une hypothèque de 74%. Le taux de couverture au Sénégal est négativement impacté par une banque de la place dont l’encours de 57 182 millions de FCFA au 31 décembre n’est adossé sur des hypothèques qu’à hauteur de 12 717 millions de FCFA, sur la base des informations communiquées. La projection de la production de créances hypothécaires à l’horizon 2012 a été effectuée, par extrapolation sur la base : - du PIB moyen de chaque pays, - du taux d’évolution moyen pondéré des créances hypothécaires sur les cinq dernières années ; - du taux de croissance par pays des créances hypothécaires sur les deux dernières années (tendances récentes). Il ressort de ce prévisionnel, les productions hypothécaires suivantes : En millions de FCFA Hypothèses 2008 Basse (suivant le PIB moyen) 379 589 397 041 2009 415 321 2010 434 469 2011 454 526 2012 Haute (suivant le taux moyen d’évolution des encours de 2005-2007 403 581 453 353 510 812 577 468 655 188 Valeur médiane 391 585 425 197 463 067 505 968 554 857 Le système bancaire de la région de l’UEMOA est caractérisé par la prépondérance des crédits à court terme soit 60% de l’encours global. En effet, les banques accordent peu de crédits immobiliers, soit à peine 7,4% en 2007. Cette carence est expliquée en partie par le manque de ressources à long terme. La titrisation est parmi les outils les plus utilisés à l’échelle internationale par les banques pour le refinancement à long terme et l’application de cet instrument dans certains pays a favorisé l’accession à la propriété de logement à 65% des ménages. La titrisation est une technique financière qui permet la transformation d’un ensemble de créances en titres plus liquides et négociables sur le marché financier. Actuellement dans le monde, le volume global des encours des fonds de titrisation dépasse dix mille milliards de dollars dont plus de 60% de créances hypothécaires. Rapport final 8 Novembre 2008 Les premières opérations de titrisation étaient limitées aux créances hypothécaires. Actuellement, le champ d’application de la titrisation s’est élargi à d’autres types d’actifs comme : les crédits classiques, les créances commerciales, les loyers d’actifs mobiliers ou immobiliers, les royalties ainsi que tout autre actif dont on peut raisonnablement prévoir les flux financiers futurs. Les banques et les établissements de crédit qui recourent à la titrisation de leurs créances peuvent en tirer de nombreux avantages. L’opération de titrisation se traduit généralement par la réduction du coût du crédit, la segmentation et le transfert du risque de taux, l’amélioration des procédures internes, ainsi que le respect et l’optimisation du ratio de solvabilité. Bien que la récente crise des subprimes ait terni l’image de la titrisation, cette technique a permis de développer les marchés financiers et ses mérites ne peuvent être ignorés. Toutefois, il faudrait tirer les leçons de cette situation pour s’assurer que cette innovation financière s’accompagne de précautions et de mécanismes de gestion des risques adéquats dès sa création. Les huit pays de la zone de l’UEMOA disposent, d’une expérience de dix ans en matière d’émissions d’emprunts obligataires, d’organisme de contrôle et d’un potentiel de créances éligibles à la titrisation qui dépasse les 18 000 milliards de francs CFA. Ce gisement se compose de 4 500 milliards de F CFA de crédits bancaires sains, de 8 452 milliards de F CFA de créances futures sur les exportations, de 4 329 milliards de F CFA de recettes fiscales et de 718 milliards de F CFA de transferts de fonds des revenus des migrants . Toutefois, l’absence d’une structure juridique permettant l’émission de parts de fonds titrisation entrave la région de bénéficier des avantages de la titrisation. Cet instrument ne pourra assurer sa fonction sans une infrastructure juridique et financière adéquate. L’analyse de l’environnement juridique montre que diverses contraintes entravent la mise en place de cette technique dans la région de l’UEMOA. On peut citer : l’inexistence d’un cadre juridique qui permet la création d’une structure ad hoc apte à acquérir des créances ; le monopole des banques en matière de détention de créances ; l’absence d’une réglementation en matière d’opposabilité aux tiers en cas de cession de créances ; Rapport final 9 Novembre 2008 l’impossibilité pour un organisme privé autre que les sociétés anonymes et les SICAV d’émettre des obligations. Malgré ces obstacles, les conditions de développement de la titrisation sont présentes dans la zone, en raison de l’existence d’un gisement important de créances détenues par les banques, d’un marché obligataire public et privé structuré, d’un cadre juridique et monétaire uniforme et d’un organisme de contrôle et de surveillance des opérations d’appels publics à l’épargne. L’introduction de la titrisation dans la région aura un impact positif sur l’allongement de la durée des prêts, l’accroissement des encours hypothécaires, la baisse du coût de financement, l’amélioration de la rentabilité des banques et l’économie de fonds propres : L’impact de la titrisation sur la croissance des concours hypothécaires : la titrisation permet de synchroniser le remboursement des parts de titrisation aux flux générés par les créances cédées, ainsi favorise –telle l’adéquation des termes et la mobilisation des ressources à long terme. La titrisation facilite l’octroi de prêts de très longues durées qui peuvent atteindre 30 ans. L’allongement de la durée initiale des prêts permet de réduire la charge des échéances par rapport aux revenus des emprunteurs. Ainsi, ces derniers peuvent postuler à des montants plus élevés de crédit. L’allongement de la durée des prêts a un effet multiplicateur sur le volume des encours de crédit. Dans la zone de l’UEMOA, les crédits hypothécaires ressortent à 363 milliards de FCFA soit à peine 7,4% du volume global des crédits bancaires en 2007. L’introduction de la titrisation aura un impact supplémentaire sur le taux de croissance annuel moyen des crédits immobiliers. Selon nos hypothèses, ce taux passera de 10% à 30% et le volume des crédits hypothécaires représentera 15% des crédits bancaires. Impact sur le coût de financement : puisque la titrisation permet de confiner les créances titrisées dans une structure à l’abri des risques du cédant, les parts de fonds de titrisation ont une meilleure signature que les obligations émises par le cédant. La titrisation, permet de diminuer le coût de financement d’au moins de 75 points de base. Impact sur la rentabilité : dans une opération de titrisation, la banque récupère la marge réalisée ente le taux d’intérêt payé par les clients et le taux à servir aux souscripteurs de parts de fonds de titrisation. Cette marge supplémentaire (excess spread) permet de réaliser une Rapport final 10 Novembre 2008 plus value et d’améliorer le rendement sur fonds propres sans que le taux d’endettement de la banque n’augmente. Impact sur les fonds propres : les créances cédées dans le cadre d’une opération de titrisation ne figurent plus dans le bilan de la banque. La titrisation permet aux banques d’éviter une augmentation du capital ou des fonds propres. La titrisation est un moyen d’alléger le bilan et de réaliser une économie en fonds propres pour la banque cédante. Cette dernière n’aura pas à faire appel aux actionnaires pour plus de fonds propres ; le dénominateur du ratio Cooke étant le même. L’impact de la titrisation sera plus important si le champ des actifs éligibles à la titrisation est étendu à d’autres actifs. La titrisation n’est pas un instrument de financement exclusif des créances hypothécaires, d’autres techniques financières comme les obligations sécurisées et les caisses de refinancement hypothécaires peuvent compléter la gamme des outils de refinancement à long terme. Rapport final 11 Novembre 2008 PARTIE 1 : ANALYSE DE L’ENVIRONNEMENT ECONOMIQUE ET FINANCIER DE L’UNION Rapport final 12 Novembre 2008 1. INTRODUCTION Au cours des cinq dernières années, l’activité économique des Etats membres de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) a souvent contrasté avec les performances de l’économie mondiale. En effet, le contexte socio-politique qui a prévalu dans certains Etats de l’Union et précisément en Côte d’Ivoire (environ 35 % du PIB de la sousrégion) n’a pas favorisé la croissance économique. En 2006 notamment, le taux de croissance de tous les pays de l’Union était en recul, sauf au Bénin et au Togo. En 2007, les Etats membres de l’Union ont évolué dans un contexte sociopolitique apaisé (relance du processus de normalisation en Côte d’Ivoire, bon déroulement des élections présidentielles dans plusieurs Etats membres) et une économie mondiale en croissance continue. Malgré les turbulences induites par la crise du secteur de l’immobilier aux Etats-Unis sur les marchés financiers des pays industrialisés (USA et Europe), ainsi que l’envolée des prix des matières énergétiques (principalement le pétrole) et alimentaires, le taux de croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) mondial s’est maintenu à environ 5 % comme en 2006. En réalité, ce dynamisme est principalement impulsé par les économies émergeantes de l’Asie (notamment la Chine comme locomotive, l’Inde, le Japon) et de l’Amérique latine, qui enregistrent des performances records depuis près de trois ans. En 2008, la persistance des risques inflationnistes liés principalement à la volatilité des marchés pétroliers demeure préoccupante pour les perspectives économiques mondiales. Un recul du taux de croissance est notamment envisagé ; il se situerait à 4,1 % en fin d’année. Dans cet environnement, l’activité économique dans l’UEMOA a amorcé un léger redressement en 2007. Le taux de croissance du PIB de cette année se situerait à 3% et est ainsi globalement équivalent à celui enregistré en 2006. Cette situation économique constitue en principe la rampe de lancement des mesures à mettre en œuvre pour répondre aux enjeux de développement des pays membres de l’Union. Il s’agit notamment : - d’une insertion réussie des économies des pays membres de l’Union dans le processus de mondialisation ; - de la construction d’un espace économique, politique et social intégré et dynamique avec la consolidation des acquis enregistrés et la réduction de la pauvreté dans la dynamique internationale des « Objectifs de Millénaire pour le Développement (OMD) ». Rapport final 13 Novembre 2008 Les contraintes de financement des projets immobiliers ainsi que les difficultés de refinancement pour les banques et établissements financiers dans le cadre de leurs activités de crédits immobiliers, caractérisent les pays de l’Union, et ne favorisent pas le développement de la production immobilière. Dans cette première partie de notre étude sur le potentiel de développement d’un marché hypothécaire et de la titrisation de créances dans l’Union, nous dressons un état des lieux de l’environnement économique et financier de l’Union, socle de développement d’un marché hypothécaire, à travers une analyse de : - l’évolution sur les cinq dernières années des principaux indicateurs macro-économiques de l’Union ; - l’implication du système bancaire dans le financement des économies des Etats de l’Union ; - la représentativité et le dynamisme du marché financier de l’UEMOA, pour une bonne attractivité des investisseurs potentiels du marché hypothécaire ; - les perspectives de la demande sur le marché de l’immobilier dans les Etats membres de l’Union. Les informations quantitatives mentionnées dans notre analyse sont issues des rapports semestriels d’exécution de la surveillance multilatérale de la Commission de l’UEMOA, ainsi que des publications et des études menées par les différentes institutions spécialisées financières ou non de l’Union (BCEAO, BOAD, CREPMF, BRVM-DC/BR, etc.). 2. ANALYSE DYNAMIQUE DES INDICATEURS ECONOMIQUES DE L’UNION En 2007, l’activité économique de l’Union s’est déroulée dans un contexte socio-politique plus apaisé, marqué par la reprise du processus de normalisation en Côte d’Ivoire et le déroulement des élections dans plusieurs Etats de l’Union. L’activité économique s’est stabilisée, et s’est traduite par un taux de croissance du PIB estimé à 3% contre 2,9 % en 2006. Les secteurs économiques ayant contribué à cette croissance sont le secteur du Bâtiment et des Travaux Publics, le redressement du secteur tertiaire et le début de sortie de crise du secteur minier au Sénégal après les difficultés des industries chimiques. Rapport final 14 Novembre 2008 2.1. Le PIB régional et la croissance Sur les cinq dernières années, l’évolution du taux de croissance du PIB s’analyse comme suit : En pourcentage Pays 2003 2004 2005 2006 2007 Bénin 3,9 3,1 2,9 3,8 4,6 Burkina Faso 8,0 4,6 7,1 6,4 4,2 Côte d'Ivoire -1,7 1,6 1,8 1,2 1,5 Guinée–Bissau 0,6 3,2 3,8 1,8 2,5 Mali 7,6 2,3 6,1 5,3 1,5 Niger 3,8 -0,8 7,2 4,8 3,1 Sénégal 6,7 5,6 5,3 2,1 5,0 Togo UEMOA 2,0 2,9 2,5 2,8 1,3 4,1 1,9 2,9 2,1 3,0 Sources : BCEAO, Banque de France rapport zone franc – 2006, Rapport semestriel d’exécution de la surveillance multilatérale Après le recul collectif enregistré en 2006 par rapport à 2005, l’année 2007 marque un léger redressement de l’activité économique dans l’Union. Cette situation est principalement la résultante des performances du Bénin, du Burkina-Faso et du Sénégal qui ont bénéficié d’une reprise du secteur primaire, d’un redressement du secteur secondaire (industriel principalement) et d’un dynamisme du secteur tertiaire. Le ralentissement dans les autres pays s’explique principalement, pour le sahel par les résultats insuffisants de l’agriculture vivrière, et par les difficultés de la filière coton dans la plupart des Etats membres. Les conséquences de la hausse des cours du baril de pétrole, ayant induit des tensions inflationnistes notamment une hausse du niveau général des prix dans tous les pays de l’Union, constituent un facteur exogène pouvant expliquer la décélération de la croissance. En 2006, le taux de croissance s’est établi à 2,9% (contre 4,1 % en 2005) soit un niveau quasi identique à celui de la croissance démographique de la zone, et nettement inférieur aux performances de l’Afrique Sub-saharienne dans son ensemble (5,5 %). Pour l’année 2008, ce recul de la croissance devrait être corrigé dans l’ensemble des pays, si les conditions climatiques sont favorables, les tensions socio-politiques sont totalement apaisées, en Côte d’Ivoire notamment, et les travaux de constructions d’infrastructures sont poursuivis. Avec ces hypothèses, le taux de croissance dans l’UEMOA serait de l’ordre de 4,5%. Seules la tendance inflationniste et la persistance de la crise énergétique pourraient obérer les résultats attendus. Rapport final 15 Novembre 2008 Cependant, le taux de croissance projeté à 4,5% restera encore en dessous de la moyenne de 6,2% prévue pour les économies subsahariennes et du niveau de 7% au minimum requis pour réduire la pauvreté et atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement. Le tableau ci-après résume les comptes nationaux de l’Union de 2003 à 2006 : Comptes nationaux de l'UEMOA Agrégation des comptes nationaux des huit pays de l’UEMOA – Chiffres non consolidés en milliards de francs CFA courants RESSOURCES PIB (au prix du marché) Importations de biens et service EMPLOIS Consommation Finale Publique Privée Formation brute de capital fixe * Exportations de biens et services Taux d'investissement (en %) 2003 2004 2005 2006 (a) 29 127,5 21 622,9 31 059,3 22 586,9 34 172,6 24 279,8 36 156,8 25 861,6 7 504,7 8 472,4 892,8 10 295,2 29 127,5 18 635,3 31 060,4 20 313,1 34 172,6 21 973,0 36 156,3 23 186,0 4 569,7 4 698,1 5 066,5 5 582,0 14 065,6 3 674,7 15 615,0 3 650,0 16 906,6 4 383,6 17 604,6 4 369,0 6 817,5 7 097,3 7 815,8 8 601,3 17,0 16,2 18,1 16,9 Variations en pourcentage Taux de croissance du PIB en volume 2,9 2,8 4,1 3,0 Déflateur du PIB (en moyenne) 2,6 1,6 3,7 3,0 Prix à la consommation en moyenne annuelle 1,3 0,5 4,3 2,3 (a) estimations * y compris variation de stocks Source : BCEAO 2.2. L’inflation L’inflation mesurée par la variation de l’indice harmonisé des prix à la consommation a été de 2,4 % en 2007 contre 2,3 % en 2006. Elle avait atteint un niveau record de 4,3 % en 2005, après s’être maintenu en dessous du seuil de 1,3 % en 2003 et 2004. Dans tous les pays de l’Union à l’exception du Sénégal où une hausse significative des prix a été observée en 2006, la décélération de l’inflation observée entre 2005 et 2006, a été rendue possible grâce à l’augmentation de la production vivrière dans plusieurs Etats de l’Union et à l’approvisionnement suffisant des marchés en céréales, notamment après deux bonnes campagnes agricoles consécutives. Rapport final 16 Novembre 2008 En 2007, la hausse des prix a été contenue en général mais enregistre dans le détail une progression relativement marquée des prix des produits alimentaires, les services d’enseignement et la fonction « logement, eau, gaz, électricité et autres combustibles ». Sur l’année 2008, la hausse des prix devrait s’amplifier avec l’augmentation continue des cours du baril de pétrole. Le risque inflationniste qui prévaut dans l’Union n’est pas favorable à l’accroissement de la production immobilière. Les prix des matériaux de construction et de l’énergie vont entraîner le renchérissement des coûts de production, de cession et de location de logements. Évolution des indices des prix à la consommation (a) (en moyenne annuelle – en pourcentage) 2003 2004 2005 2006 (b) Bénin 1,5 0,9 5,4 3,8 Burkina Faso 2,0 – 0,4 6,4 2,4 Côte d'Ivoire 3,3 1,4 3,9 2,5 Guinée–Bissau – 3,5 0,9 3,4 2,0 Mali – 1,3 – 3,1 6,4 1,5 Niger – 1,6 0,2 7,8 0,0 Sénégal 0,0 0,5 1,7 2,1 Togo UEMOA – 0,9 0,4 6,8 2,2 – Prix à la consommation* (en moyenne annuelle) 1,3 0,5 4,3 2,3 – Déflateur du PIB (en moyenne annuelle) 2,6 1,6 3,7 3,0 * Somme des indices pondérés par le poids de chaque État dans le PIB de la zone (a) Indices harmonisés des prix à la consommation (b) Estimations Source : BCEAO 2.3. Finances publiques et pression fiscale En 2007, la situation des finances publiques de l’Union a été caractérisée par une détérioration des soldes budgétaires. Cette dégradation s’explique par une progression des dépenses plus forte que celle des recettes. En effet, les recettes budgétaires ont progressé de 11,8% pour représenter 17,9% du PIB. Cette progression est en liaison avec l’amélioration du taux de pression fiscale de 0,7 point du PIB, ressorti à 15,7%, consécutive aux performances des régies financières. Les recettes non fiscales n’ont pas pu atténuer l’érosion du solde budgétaire, bien qu’ayant progressé de 26,7% pour représenter 2,0% du PIB contre 1,7% en 2006. Rapport final 17 Novembre 2008 Les dépenses totales et prêts nets ont augmenté de 13,9% pour représenter 23,7% du PIB en 2007. Cette progression résulterait de la hausse des dépenses courantes et de celles en capital. Les dépenses en capital ont progressé de 27,3%, imputable à la poursuite de la mise en œuvre des stratégies de réduction de la pauvreté et l’afflux de ressources en soutien au processus de normalisation de la situation socio-politique dans certains Etats. Au total, le déficit global hors dons s’est aggravé en 2007, pour représenter 5,9% du PIB contre 5,2% en 2006. Le déséquilibre budgétaire des finances publiques s’est traduit durant ces deux dernières années, d’une part, par des tensions de trésorerie importantes obligeant les Etats à recourir à un rythme soutenu, et à des taux d’intérêts très compétitifs au marché financier régional, et d’autre part par l’accumulation des arriérés de paiement (Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau et Togo) qui se sont élevés à 349,6 milliards FCFA dont 329,2 milliards au titre des arriérés de paiement extérieurs. A notre avis, les interventions de l’Etat sur le marché obligataire pour financer le déficit des finances publiques pourraient mobiliser une bonne partie des ressources des investisseurs (placement sur le marché financier) au détriment des ressources longues proposées par le système bancaire (les dépôts à terme). Au delà du risque de liquidité du marché financier régional, cette situation, pourrait d’une part limiter la capacité des banques à mobiliser des ressources longues pour financer les crédits immobiliers. D’autre part, un risque de renchérissement du taux d’intérêt pourrait être observé au sein de l’Union qui serait imputable aux coûts de plus en plus onéreux des ressources longues. En 2008, les principaux soldes budgétaires devraient rester stables suite à l’augmentation des recettes budgétaires induites par la poursuite et le renforcement des mesures administratives prises pour l’élargissement de l’assiette fiscale et le début de la mise en œuvre du programme de transition fiscale. L’assainissement progressif des finances publiques et la conduite de politiques budgétaires prudentes dans les Etats de l’Union pourraient permettre de dégager des ressources pour le financement de réformes en faveur du développement du marché de l’habitat. Rapport final 18 Novembre 2008 2.4. Dettes extérieures Suite à la mise en œuvre des initiatives d’allégement de la dette multilatérale, la dette publique de l’Union a entamé un cycle progressif d’amélioration de sa situation. A fin 2007, l’encours de la dette publique était estimé à 45,8% du PIB contre 54,1% à fin décembre 2006. La baisse se poursuivrait en 2008 et l’encours représenterait 40,4% du PIB. En effet, la normalisation attendue des relations avec les institutions financières internationales devrait permettre à la Côte d’Ivoire, à la Guinée Bissau et au Togo de bénéficier également des allègements liés à ces différentes initiatives. Le montant des arriérés de paiement de ces Etats s’est élevé à 329,2 milliards de FCFA. Selon la Banque mondiale, l’encours de la dette extérieure des pays de l’UEMOA s’élevait, fin 2005, à USD 25 768,5 millions. Cet endettement, pour l’essentiel à long terme et concessionnel, est contracté à hauteur de 55% auprès de créanciers multilatéraux. L’endettement de l’Union s’est amélioré suite à la décision d’annulation du G8 en juin 2005. En effet, le Bénin, le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Sénégal ont bénéficié, courant 2006 de l’annulation totale de leur dette visà-vis du Fonds Monétaire International, de la Banque mondiale (AID) et de la Banque africaine de développement (FAD). Le montant global des allègements obtenus par ces cinq États s’est élevé à FCFA 4 384,6 milliards, soit FCFA 570,3 milliards pour le Bénin, FCFA 832 milliards pour le Burkina Faso, FCFA 1 085,2 milliards pour le Mali, FCFA 784,3 milliards pour le Niger et FCFA 112,8 milliards pour le Sénégal. Toutefois, le ratio dette extérieure sur le PIB reste encore élevé au sein de l’Union. Le tableau ci-après présente la situation de la dette extérieure de l’Union de 2002 à 2005 : Rapport final 19 Novembre 2008 DETTE EXTERIEURE DES PAYS DE L'UEMOA (encours en millions de dollars) 2002 2003 2004 2005 DETTE À COURT ET LONG TERME Dette à long terme 26 146,6 23 159,3 27 747,2 25 173,5 27 419,2 25 460,9 25 768,5 23 931,3 Dette publique garantie 23 072,3 23 933,5 24 266,9 22 910,3 Dette privée non garantie Recours aux crédits FMI 1 346,0 1 290,6 1 240,0 1 225,6 1 194,0 1 018,1 1 021,0 765,3 Dette à court terme 1 696,7 1 348,1 940,2 1 071,9 dont arriérés d'intérêts sur dette à long terme 410,7 516,1 675,2 902,3 Envers créanciers publics 201,7 271,1 390,2 563,3 Envers créanciers privés Pour mémoire 209,0 245,0 285,0 339,0 Arriérés sur principal de dette à long terme 403,7 831,4 1 218,7 1 386,1 Envers créanciers publics 688,7 671,4 1 018,7 1 188,1 Envers créanciers privés 179,0 152,0 200,0 198,0 Indicateurs de dette (en pourcentage) Dette totale/ exportations biens et services 271,1 281,1 236,6 203,6 Dette extérieure/PIB 88,6 61,5 59,8 58,9 Service payé de la dette/exportations biens et services 13,3 10,8 10,4 7,5 Service payé de la dette/recettes budgétaires 26,6 17,7 17,0 12,5 Dette multilatérale/dette totale 45,4 48,4 53,7 55,0 Sources : Banque mondiale et BCEAO 2.5. Les critères de convergence Le Pacte de Convergence, de Stabilité, de Croissance et de Solidarité entre les États membres de l’UEMOA est entré en vigueur en 1999. Ce pacte distinguait deux phases : - une phase de convergence, allant du 1er janvier 2000 au 31 décembre 2002, durant laquelle les États membres devaient se rapprocher progressivement des normes communautaires ; - une phase de stabilité, devant débuter initialement au 1er janvier 2003, à partir de laquelle tous les États membres devraient respecter l’ensemble des critères de convergence. Le Pacte introduisait également une hiérarchisation des critères de convergence en identifiant des critères de premier rang (celui sur le solde budgétaire est considéré comme un critère clé dont le non-respect peut entraîner le déclenchement d’un mécanisme de sanction) et des critères de second rang. L’État membre qui ne satisfait pas à un des critères de Rapport final 20 Novembre 2008 premier rang doit élaborer, en concertation avec la Commission de l’UEMOA, un programme de mesures rectificatives dans un délai défini. Les dernières estimations en matière de convergence montrent qu’en 2006 le Niger est le seul Etat à avoir respecté l’ensemble des critères de premier rang. Le Burkina, le Mali et le Sénégal respectent trois des quatre critères, le Bénin en respecte deux, le Togo, la Côte d’Ivoire et la Guinée Bissau n’en respectent qu’un seul. Une revue des politiques communes des pays de l’UEMOA a été réalisée par les services du FMI, dans le cadre des consultations périodiques au titre de l’article IV des Statuts du Fonds. A l’occasion de l’examen de ce rapport, le Conseil d’administration du FMI du 20 avril 2007, a constaté que les progrès en matière de convergence, d’intégration régionale et de réformes structurelles étaient lents. Il a souligné que l’UEMOA restait confrontée à des contraintes fortes, notamment les entraves aux échanges commerciaux intra-zone et la faiblesse des secteurs financiers. Sur le premier point, il a noté les efforts engagés pour l’établissement d’un tarif commun avec la CEDEAO et encouragé des progrès rapides dans les négociations en cours avec l’Union Européenne dans le cadre des Accords de Partenariats Economiques. 3. ANALYSE DE L’ENVIRONNEMENT FINANCIER 3.1. Situation monétaire En 2007, la situation monétaire a été caractérisée par une progression de 19,7% de la masse monétaire, pour s’établir à FCFA 869 milliards au mois de décembre. Cette évolution s’explique à la fois par une hausse du crédit intérieur et une consolidation des avoirs extérieurs nets des institutions monétaires. Les avoirs extérieurs nets se sont accrus de 776,7 milliards FCFA. Cette tendance haussière constatée en 2007, est en phase avec les évolutions réalisées en 2006. En effet, la masse monétaire a progressé de 11,8%, soit un rythme nettement supérieur à celui du PIB nominal et la circulation fiduciaire a accusé une hausse de +8,8 % par rapport à 2005. 3.2. Structure des emplois bancaires Malgré le nombre relativement important des banques et établissements financiers agréés au sein de l’UEMOA (121 établissements dont 97 banques Rapport final 21 Novembre 2008 au 31 décembre 2007 selon la BCEAO), la contribution du système bancaire au financement de l’économie des états de l’Union ne représenterait que 22% en moyenne, là où il est à plus de 90% de l’activité économique dans les pays émergents et développés (Source : Etude réalisée par la Direction de la Prévision et des Etudes Economiques au Sénégal). Ce constat contraste avec les excédents de trésorerie affichés par les établissements de crédit de l’Union. En effet, selon la BCEAO, la trésorerie dégagée par le système bancaire demeure excédentaire de près de 970 milliards de FCFA en 2007 contre 861 milliards de FCFA en 2006. Les avoirs en caisse représentent 32% de l’excédent total et le reliquat étant détenu en comptes auprès de l’institut d’émission ou chez les correspondants. Cette tendance haussière de la trésorerie excédentaire a été enregistrée dans l’ensemble des pays de l’Union, à l’exception de la Côte d’Ivoire et du Togo. Elle est continue depuis l’année 2005 et a dépassé en 2007, le niveau record atteint en 2004 (950 milliards de FCFA). Ce sont tout particulièrement les petites et micro-entreprises qui déplorent les difficultés de financement auprès du secteur financier classique. Les critères d’éligibilité définis par les banques et les coûts de crédit sont généralement inadaptés et très contraignants. Comme l’illustre le tableau ci-après, les crédits déclarés à la centrale des risques de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) sont depuis plus de 5 ans principalement affectés aux secteurs secondaire et tertiaire en privilégiant les activités industrielles et commerciales : Répartition des crédits bancaires par secteur d’activité selon la BCEAO Secteurs d'activité 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 Agriculture, sylviculture et pêche 3% 3% 3% 4% 4% 4% 3% 3% Industries extractives 1% 1% 1% 1% 1% 1% Industries manufacturières 23% 25% 29% 28% 22% 22% 21% 20% Electricité, gaz, eau 5% 2% 2% 3% 4% 4% 3% 4% Bâtiments, travaux publics 2% 1% 1% 2% 4% 4% 5% 5% Commerces, restaurants, hôtels 37% 40% 37% 31% 37% 38% 39% 37% Transports, entrepôts et communications 9% 10% 9% 11% 9% 10% 10% 12% Assurances, immobilier, services aux entreprises 2% 2% 4% 3% 5% 6% 6% 5% 18% 16% 15% 18% 14% 11% 12% 13% Services divers Le rythme de progression des crédits à moyen et long terme (+21,2 %) a été plus soutenu en 2005 (+ 14%) et la part des concours à long et moyen terme dans l'ensemble des crédits reste cependant limitée en une proportion de 34%, en raison, notamment, de la faiblesse du taux d’investissement. Rapport final 22 Novembre 2008 Par ailleurs, il ressort du rapport annuel de la Commission bancaire pour l’exercice 2006, une progression de 10,7% des ressources globales collectées par les établissements de crédits, évaluées à FCFA 6 935 milliards. Les dépôts et emprunts participent à hauteur de 78% de cette hausse et ressortent à FCFA 5 699 milliards en fin décembre 2006, après une progression annuelle de 10,1%. Les fonds propres nets ont été estimés à FCFA 739 milliards, contre FCFA 673 milliards en 2005, soit une progression de 9,9%. 3.3. Taux de bancarisation et les conditions de banques Le taux de bancarisation au sein de l’Union est de 4% selon les données de la Commission de l’UEMOA. En effet, l’importance du secteur informel dans nos économies ne permet pas au système bancaire de rentrer en relation avec un plus large éventail de la population. L’analyse de l’évolution des conditions de banques fait ressortir en moyenne, des taux d’intérêt débiteurs, globalement établis à 7,84% en septembre 2007 contre 7,58% en juin 2007. Cette progression résulte des hausses constatées dans tous les pays de l’Union, à l'exception du Burkina, du Niger et du Sénégal. Comparés au mois de septembre 2006, des taux débiteurs ont augmenté, en moyenne, de 0,07 point de pourcentage au niveau global de l'Union. Le tableau ci-après illustre ce différentiel des taux d’intérêt débiteurs des banques (hors prêts au personnel) au sein de l’Union à fin septembre 2007. Taux d'intérêt débiteurs des banques (hors prêts au personnel) à fin septembre 2007 Pays Niveau du taux débiteur mensuel (en %) Variation annuelle (en point de %) Septembre 2006 Séptembre 2007 Septembre 2007 / 2006 Bénin 9,98 11,82 1,84 Burkina 11,33 8,85 -2,48 Côte d'Ivoire 8,16 6,84 -1,32 Guinée-Bissau 13,23 10,56 -2,67 Mali 9,60 10,10 0,50 Niger 13,55 11,26 -2,29 Sénégal 5,72 6,88 1,16 Togo 12,16 10,59 -1,57 7,77 7,84 0,07 UEMOA Source : BCEAO Rapport final 23 Novembre 2008 3.4. Dispositif prudentiel : ratio de transformation Le dispositif prudentiel dont l’incidence sur le développement du crédit immobilier, du marché hypothécaire et de la titrisation des créances au sein de l’Union est la plus déterminante, est le coefficient de couverture des emplois à moyen et long terme par les ressources stables. Il est exigé un niveau de couverture de 75% des emplois à moyen et long terme par les ressources stables des banques. Ce dispositif vise d’une part à éviter une transformation excessive des ressources à vue ou à court terme en emplois à moyen ou long terme et d’autre part à garantir le respect de la règle d’équilibre financier des banques. En effet, les banques ne sont autorisées à transformer que 25% des ressources à court terme en ressources longues. En 2006, plusieurs banques peinent à respecter cette règle prudentielle. En effet, 62% des banques en activité se sont conformées à cette exigence, contre 59% en 2005. 3.5. Evolution du marché financier régional Dans un contexte économique mondial caractérisé par une activité soutenue dans les pays émergents, le ralentissement de la croissance des Etats-Unis d’Amérique (USA) et des pays européens, la hausse des cours du pétrole et des matières premières, ainsi que les turbulences récentes sur les marchés financiers de l’ensemble des pays développés du fait de la crise des sub-primes, le marché financier de l’UEMOA a poursuivi en 2007 son développement amorcé depuis trois ans. La capitation boursière du marché financier de l’UEMOA a évolué comme suit sur les cinq dernières années : Source : Revues trimestrielles et Bulletins officiels de la cote Compartiments 2003 2004 2005 2006 2007 858 1 005 1 297 2 067 3 726 Actions Obligations Total En milliards de FCFA 250 279 326 409 578 1 108 1 284 1 623 2 476 4 304 Les secteurs qui enregistrent les plus importantes capitalisations boursières sont par ordre décroissant, les finances (banques et sociétés liées), le service public (Eau, Electricité, Télécommunications), l’industrie, l’agriculture et la distribution. Rapport final 24 Novembre 2008 Le marché des actions Le marché des actions a enregistré une hausse des cours amorcée en 2005 qui s’est poursuivie en 2006, pour s’intensifier en 2007, avec des records atteints par les indices boursiers en novembre 2007 : 226,24 pour le BRVM 10 et 200,06 pour le BRVM composite. Selon les informations collectées auprès des responsables de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM), ce phénomène s’expliquerait par : - l’intérêt d’investisseurs étrangers à la zone UEMOA pour les valeurs cotées à la BRVM ; - les bons résultats des sociétés qui profitent de la hausse des matières premières (huile de palme, hévéa principalement) ; - la légère reprise économique en Côte d’Ivoire, pays représentant près de 35% du PIB de l’Union. Le dynamisme du marché des actions est en partie influencé par l’activité économique en Côte d’Ivoire. En effet, le portefeuille des sociétés cotées comprend près de 75% d’entreprises issues du tissu économique de ce pays. La capitalisation boursière est dominée à hauteur de 60% par les titres de la SONATEL (secteur des Télécommunications) et ETI (secteur bancaire). Toutefois, il convient de souligner que le marché boursier de l’Union n’est pas représentatif de l’activité économique et du niveau des placements financiers réalisés dans l’ensemble des pays de l’Union. Les nouvelles introductions en bourse ne sont pas nombreuses. En 2006, c’est l’introduction à la cote de la holding du groupe Ecobank qui a « boosté » la capitalisation boursière de près de FCFA 1 milliard par rapport à 2005. Cette holding est également cotée sur les autres marchés financiers sous-régionaux (Ghana et Nigeria). Le marché des obligations Les émissions obligataires sont principalement réalisées par les Trésors publics (Bénin, Côte d’Ivoire, Togo, Sénégal) et certaines sociétés publiques des pays de l’Union, ainsi que les institutions financières régionales telles que la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), le SFI et l’AFD. Les émissions du secteur privé demeurent encore marginales et les taux d’intérêts servis ont peu évolué ces dernières années, avec de forts écarts entre les différents émetteurs (une fourchette de 4,75% à 6,80%). Rapport final 25 Novembre 2008 Les durées d’émission des emprunts obligataires publics et privés varient entre 2 et 8 ans, avec une moyenne de 5 ans. En définitive, le marché financier de l’Union est tourné vers du moyen terme. L’évolution du marché primaire s’analyse comme suit au cours des dix dernières années : Rubriques 1998 Emprunts obligataires (a) Etats Organisations Régionales et Int. Secteur privé Entreprises publiques 1999 2000 22 000 116 673 30 242 37 171 22 000 49 260 15 505 5 005 0 7 500 2001 2002 2003 67 687 112 370 109 053 0 63 973 65 403 11 948 3 500 0 49 939 37 397 12 650 2004 2005 2006 2007 Total % 84 700 219 696 176 500 256 928 0 131 131 120 500 161 070 25 200 25 000 46 000 22 528 20 500 19 800 10 000 63 130 1 181 112 577 324 171 347 292 176 92,5% 45,2% 13,4% 22,9% 0 0 3 000 5 800 7 500 31 000 39 000 43 765 0 10 200 140 265 11,0% Opérations sur titres de capital (b) 35 546 11 549 4 635 19 976 6 406 1 010 11 829 433 2 562 1 197 95 143 7,5% Offres Publiques de Vente 35 546 11 297 2 470 11 035 4 639 645 11 141 0 2 150 561 79 484 6,2% 1 753 0,1% 8 792 0,7% 5 062 0,4% 52 0,0% Offres Publiques d'Achat Offres Publiques d'Echange Placements Etrangers Offres Publiques de Rachat Total mobilisé (a) + (b) 1 753 8 792 0 252 412 97 1 767 365 688 433 412 636 52 57 546 128 222 20 140 87 663 118 776 110 063 96 529 220 129 179 062 258 125 1 276 255 100,0% L’essentiel des émissions du marché primaire concerne les emprunts obligataires (92,5%). Les Etats constituent les principaux émetteurs (45%), suivi du secteur privé (22,9%), des institutions financières (13,4%) et des entreprises publiques (11,0%). Les opérations sur titres de capital restent encore marginales. Le diagramme suivant illustre l’évolution des emprunts obligataires en milliards de FCFA sur la période 1997 à 2007. Rapport final 26 Novembre 2008 L’évolution du marché secondaire s’analyse comme suit en milliards de FCFA sur les dix dernières années : Nature des opérations Volume des transactions Valeurs des transactions Capitalisation Boursière Marché des actions 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 489 163 4 819 593 1 519 193 912 193 1 015 152 1 118 903 3 025 032 1 330 416 2 781 033 9 717 973 10,6 53,6 1 018,90 1 074,10 36,9 12,6 948,30 976,00 12,3 14,4 37,2 20,6 59,6 68,2 990,50 1 108,38 1 279,49 1 623,37 2 476,17 4 303,15 1 018,90 990,90 828,10 857,90 832,40 858,14 1 000,89 1 297,08 2 067,02 3 725,10 0 83,2 120,2 118,1 158,1 250,24 278,6 326,29 409,15 578,05 Indice BRVM 10 94,61 97,08 77,27 84,11 82,36 88,26 102,7 149,87 130,95 224,85 Indice BRVM Composite 98,05 91,34 74,76 77,46 74,34 76,53 87,61 112,68 112,65 199,45 Nombre de sociétés cotées 36 38 41 38 38 39 39 39 40 38 Nombre de lignes obligataires 13 21 17 17 19 19 20 18 21 27 Marché des obligations Le volume des transactions a atteint 9 717 973 en 2007 correspondant à une valeur de 68,2 milliards de FCFA. La capitalisation boursière est estimée à 4 303,15 milliards de FCFA, composée pour l’essentiel de marché des actions à hauteur de 87% en 2007. Le graphique ci-après illustre l’évolution de la capitalisation boursière en milliards de FCFA sur la période 1997 à 2007: Rapport final 27 Novembre 2008 Les efforts réalisés par les structures centrales du marché financier Les structures centrales du marché financier régional sont composées du Conseil Régional de l’Epargne Publique et des Marchés Financiers (CRPMF), la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM), et le Dépositaire Central/Banque de Règlement (DC/BR). Ces structures ont en charge la promotion et le développement des activités du marché financier régional, entendent soutenir et pérenniser ce marché, en intensifiant les actions suivantes : - la promotion du marché auprès des Etats de l’Union et des potentiels investisseurs, pour attirer de nouveaux capitaux et inciter l’investissement sur le marché financier de l’Union, de fonds privés en provenance de toutes les régions du monde ; - le partage d’expérience avec les autres marchés financiers sousrégionaux (Ghana, Nigéria) et les marchés d’Afrique du Nord, pour renforcer la qualité des prestations offertes ; - la réduction progressive du coût des prestations offertes par la BRVM et le DC/BR, pour encourager l’introduction en bourse d’un plus grand nombre de sociétés ; - l’encadrement technique et la formation des acteurs du marché notamment des Sociétés de Gestion et d’Intermédiation. Le Conseil Régional de l’Epargne Publique et des Marchés Publiques (CREPMF) en tant qu’autorité de régulation des activités du marché financier travaille à l’amélioration et à l’application effective des règles de fonctionnement des activités du marché, ainsi qu’au renforcement des actions de contrôle de l’ensemble des acteurs par l’intensification des mesures de surveillance du marché. En somme, les structures nécessaires à la réglementation, à l’animation et au développement du marché financier de l’UEMOA sont en place et s’efforcent de renforcer leur professionnalisme, pour offrir des services performants répondant aux exigences des standards internationaux en la matière. A notre avis, l’ensemble des Etats de l’Union devrait soutenir le développement du marché financier régional, en instituant des politiques d’incitation à l’inscription à la cote de nouvelles sociétés, et en encourageant les placements financiers par l’allègement des taux d’imposition fiscale des revenus liés. Rapport final 28 Novembre 2008 4. DEMOGRAPHIE ET URBANISATION Suivant les statistiques publiées par la Banque Mondiale sur les indicateurs du développement dans le monde en 2007, il ressort pour l’UEMOA, une population estimée à 87,8 millions d’habitants et un taux de croissance démographique évalué à 2,45%. Ce taux est légèrement en deçà du taux de croissance économique estimé à 2,9% pour la même année. Selon les études d’enquête sur l’emploi, le chômage et les conditions d’activité dans les principales agglomérations de sept Etats membres de l’Union réalisées par le Programme régional d’appui statistique à la surveillance multilatérale des pays de l’UEMOA (PARSTAT), près de 4 personnes sur 10 ont moins de 15 ans et seulement 3% de la population urbaine est âgé de plus de 60 ans. Bien que l’enquête ait été réalisée en 2001-2002 dans les capitales économiques de sept pays de l’Union notamment Abidjan, Bamako, Dakar, Lomé, Niamey et Ouagadougou, ces résultats reflètent la pyramide des âges de la population de l’Union, caractérisée par une forte proportion de jeune. A l’instar des pays développés, l’Union ne dispose pas d’institution permettant de mesurer de façon exhaustive, le taux de chômage de la population active. Pour palier à cette insuffisance, nous nous sommes appuyés sur les résultats de l’enquête citée ci-dessus. En effet, il ressort de cette enquête, des difficultés d’insertion sur le marché du travail par le fait que plus de deux individus sur trois sont affectés par une forme de sous-emploi : chômage et sous-emploi. Le taux de salarisation est très bas (35% en moyenne), à mettre en relation avec le poids prépondérant du secteur informel dans l’emploi (76% des actifs occupés), suivi très loin derrière du secteur privé formel (14%) et du secteur public (8%). Le revenu d’activité mensuel moyen de la zone UEMOA est évalué à 54 000 FCFA mais la moitié des travailleurs gagnent moins de 25 000 FCFA. L’urbanisation au sein de l’UEMOA est un phénomène très actif. En effet, le taux d’urbanisation est compris entre 17% et 45% en 2006 avec une forte concentration dans les principales villes. La population de la plus grande ville représente en moyenne entre 36% et 53% de la population urbaine des Etats. Rapport final 29 Novembre 2008 Urban Population Millions 1990 2006 % of total population 1990 2006 Population city Average annual % growth in largest % of Urban population 1990 2005 1990 ---2006 Benin 1.8 3.5 35 41 4.3 ---- ---- Burkina Faso 1.2 2.7 4 19 4.9 49 36 Cote d’Ivoire 5.1 8.6 40 45 3.3 41 43 Guinee Bissau 0.3 0.5 28 30 3.4 ---- ----- Mali 1.8 3.7 23 31 4.6 42 39 Niger 1.2 2.3 15 17 4.1 36 38 Sénégal 3.1 5.1 39 42 3.1 45 44 Togo 1.2 2.6 30 41 4.9 52 53 Source 228 World Development Indicators – Banque Mondiale Le taux de pression démographique constitue une tendance lourde que même les politiques de populations appliquées par les Etats de l’Union n’infléchiront pas à moyen terme. Cette croissance démographique pourrait agir alternativement comme un frein ou comme un stimulant sur les économies des pays membres de l’Union. Elle est un frein lorsqu’elle amplifie la dégradation du milieu naturel ou accélère un mouvement d’urbanisation sans industrialisation. Elle nécessite une croissance économique soutenue pour faire face aux incidences sur les secteurs sociaux (santé, éducation, habitat, emploi…). Elle est un stimulant lorsqu’elle joue un rôle positif sur l’offre et la demande ou sur l’innovation. Cette sensibilisation à la résolution de la crise du logement dans l’Union s’inscrit dans une démarche plus générale de réduction de la pauvreté. En effet, malgré le taux de croissance économique encourageant dans les différents pays de l’Union, plus de 50% de la population des Etats de l’Union vivent encore en dessous du seuil de pauvreté. CONCLUSION A l’issue de notre analyse, nous pouvons conclure que l’environnement économique et financier de la zone UEMOA, offre un certain nombre d’atouts au développement du marché hypothécaire. Toutefois, ces atouts contrastent avec un certain nombre de contraintes majeures dont il est fortement recommandé d’entreprendre des actions appropriées permettant, d’une part de maintenir et développer ce potentiel et d’autre part de le transformer en production de créances hypothécaires facilement re-finançable auprès d’une structure appropriée (caisse de refinancement ou titrisation). Rapport final 30 Novembre 2008 Parmi les atouts, nous pouvons citer, la forte préoccupation des populations pour l’accès à la propriété, qui se traduit par une demande potentielle importante en logement au sein de l’Union notamment au niveau des grandes villes. En effet, le phénomène d’urbanisation connaît une forte progression, avec une moyenne comprise entre 17 et 45% de la population urbaine, avec une forte concentration dans les grandes villes. La population de l’Union est estimée à 87,8 millions d’habitants avec un taux de croissance prévisionnel démographique de 2,45% par an, contre une croissance économique projetée entre 2,9% et 4,5% par an. Les économies de la zone UEMOA sont, cependant, caractérisées par une faiblesse des revenus de la population active, des difficultés d’insertion sur le marché du travail et un poids important du secteur de l’informel. Ces indicateurs induisent pour l’essentiel la faiblesse du taux de bancarisation au sein de l’Union et limitent fortement l’accès au crédit. Le marché financier de l’Union est harmonisé est placé sous la tutelle d’un seul organe. Le cadre juridique de l’Union et la réglementation bancaire et prudentielle sont communes à l’ensemble des pays. Toutefois, le marché financier de l’Union est caractérisé par la faiblesse de la gamme de produits offerts. Le cadre juridique actuel, en cours de reforme, ne permet pas la mise en œuvre de certains instruments financiers et limite les possibilités de financements structurés, notamment l’introduction de nouveaux produits financiers de type obligations convertibles en action ou des placements à taux variables. Les banques de l’Union sont d’une manière générale confrontées à l’insuffisance des ressources longues. L’essentiel des placements sur le marché financier s’effectue par le biais d’obligations avec une part de plus en plus prépondérante des Etats. Si le cadre économique et financier semble être un levier favorable au développement du marché hypothécaire et de la titrisation, il parait néanmoins primordial que les autorités de l’Union s’attellent à lever les principales entraves qui sont développées dans le présent rapport. Rapport final 31 Novembre 2008 PARTIE 2 : LE MARCHE HYPOTHECAIRE DE L’UEMOA Rapport final 32 Novembre 2008 1. DEFINITION ET CARACTERISTIQUES DU MARCHE HYPOTHECAIRE DE L’UEMOA 1.1. Définitions Pour circonscrire le périmètre de la mission, faciliter l’analyse des résultats et s’assurer que tous les utilisateurs adoptent les mêmes langages et concepts, il nous a paru nécessaire de répondre logiquement à un certain nombre de questions préliminaires : - qu’entend-on par crédit hypothécaire ? - à quoi correspond un marché hypothécaire ? Pour répondre à ces interrogations, nous avons souhaité faire référence à des définitions couramment utilisées et connues par la plupart des acteurs du secteur financier. Le crédit hypothécaire peut recouvrir un périmètre qui peut être plus ou moins large en fonction de la définition retenue. Définition 1 : « Un crédit hypothécaire est un crédit qui est garanti par une hypothèque. Il existe 2 types de prêts hypothécaires : - Le prêt acquisition classique : l'hypothèque intervient comme une garantie au bénéfice du prêteur. - Le prêt hypothécaire au sens large du terme : c'est un prêt financier quel qu'en soit l'objet et garanti par une hypothèque. Ce dernier prêt s'adresse à tout type d'emprunteur ayant les besoins les plus divers. Il lui suffit de posséder un patrimoine à donner en garantie ». Définition 2 : « Il s’agit simplement d’un prêt bancaire garanti par une hypothèque, celle-ci pouvant être prise sur le bien à acquérir ou sur un bien déjà acquis. L’hypothèque est habituellement prise en premier rang, ce qui permet la reprise et le refinancement d’un éventuel crédit existant sur le bien existant, solution intéressante puisqu’elle peut entraîner un ré échelonnement de ce prêt sur une durée plus longue, donc d’en baisser les mensualités, ou également d’en diminuer le taux selon les cas. Le prêt hypothécaire peut être un prêt acquisition classique ou un prêt de trésorerie, quel qu’en soit l’objet ». Rapport final 33 Novembre 2008 Définition 3 : « Un crédit hypothécaire est un prêt bancaire d'une somme d'argent garantie contractuellement par une hypothèque. Cette dernière, concernant en général un bien immobilier ou un patrimoine foncier, est enregistré au registre officiel par l'intermédiaire d'un notaire (ou d'un juge). Une hypothèque constitue donc un droit réel pour le créancier, sans pour autant déposséder le propriétaire actuel. En cas de non remboursement des échéances, le bien hypothéqué peut être saisi et vendu par le prêteur, pour recueillir le restant de la somme prêtée. Les prêts hypothécaires peuvent constituer, en évaluant correctement les risques, une solution alternative pour les emprunteurs ne disposant pas de revenus suffisants... ». Le marché hypothécaire (ou marché du crédit hypothécaire ou marché du refinancement hypothécaire) est quant à lui la combinaison d’une offre proposée par les établissements de crédit hypothécaire et d’une demande représentée par les investisseurs. Il a pour objectif de favoriser la réalisation, par l’ensemble des institutions et organismes pratiquant le crédit hypothécaire, de prêts consentis, dans des conditions acceptables de taux et de durée, en vue de la construction ou de l’acquisition de logements de particuliers. Le fonctionnement du marché est conçu pour permettre, d’une part aux organismes prêteurs de mobiliser en cas de besoin les créances représentatives de leurs prêts, d’autre part de faciliter l’acquisition de telles créances par les organismes habilités à intervenir sur ce marché. Compte tenu des objectifs de l’étude, l’accent sera dans un premier temps centré sur le crédit hypothécaire classique, c'est-à-dire le crédit immobilier garanti par une hypothèque. En fonction des informations disponibles, il pourra être envisagé de fournir des informations générales sur les prêts financiers qui pourraient rentrer dans la définition du crédit hypothécaire. Cependant, les limites des systèmes d’information des banques conduisent à approcher de tels chiffres, s’ils sont disponibles, avec une prudence extrême. 1.2. Le cadre juridique de l’hypothèque Un des acquis majeurs de la zone UEMOA est l’harmonisation du cadre juridique des affaires par l’adoption, par le Conseil des Ministres, des Actes Uniformes depuis le 17 avril 1997. Il s’agit notamment de l’Acte uniforme relatif au droit commercial général, de l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d'intérêt économique et de l’Acte uniforme portant organisation des sûretés. Ces actes sont entrés Rapport final 34 Novembre 2008 pour l’essentiel en vigueur dans les Etats membres de l’UEMOA le 1er janvier 1998. Le Conseil des ministres a également adopté le 10 avril 1998 deux Actes Uniformes importants : l’acte uniforme portant organisation des procédures simplifiées de recouvrement et des voies d'exécution et l’acte uniforme portant organisation des procédures collectives d'apurement du passif. Cette harmonisation du dispositif juridique de l’hypothèque constitue un atout majeur dans la perspective de la création d’un marché hypothécaire, même si certains aspects relatifs à la publicité foncière et à l’inscription relèvent du code foncier de chaque Etat partie. L’hypothèque est prévue et organisée par les articles 117 et suivants de l’Acte uniforme de l’OHADA portant organisation des sûretés. Elle confère à son titulaire droit de suite à l’égard des tiers acquéreurs du bien hypothéqué et droit de préférence à l’égard des autres créanciers (art. 117 Acte Uniforme portant Organisation du droit des Sûretés). Comme toute sureté réelle, l’hypothèque repose sur deux principes : celui de la spécialité et celui de l’indivisibilité. Le droit de suite est exercé par le biais de la poursuite en vente forcée. Cette poursuite débute par la saisie immobilière. La procédure de saisie immobilière, au sens large, est décrite au titre 8 de l’Acte Uniforme relatif aux Voies d’exécution, articles 246 à 323. Cette procédure comprend trois étapes essentielles : la saisie proprement dite, la préparation de la vente et la vente. La saisie immobilière proprement dite est faite au moyen d’un commandement signifié à cette fin, puis publié. Un délai maximal de trois mois sépare la signification du commandement de la publication. Les actes préparatoires de la vente sont : - la rédaction et le dépôt du cahier des charges par le créancier saisissant dans un délai maximal de 50 jours à compter de la publication du commandement; - la sommation au saisi et aux créanciers inscrits de prendre communication du cahier des charges, dans un délai maximal de 8 jours à compter du dépôt du cahier des charges; - l’audience éventuelle dans un délai maximal de 30 jours minimal à compter de la dernière sommation; - la publicité en vue de la vente a lieu 30 jours au plus tôt et 15 jours au Rapport final 35 Novembre 2008 plus tard avant la vente. La vente a lieu au moins 45 jours et au plus tard 90 jours après le dépôt du cahier des charges; la date de la vente est fixée dans l’acte de dépôt du cahier des charges. En cas de causes graves et légitimes, une décision judiciaire peut repousser la date de vente d’un délai maximal de 60 jours. Au total, de la signification du commandement à la vente, il peut s’écouler un délai maximal de 7 mois 3 semaines et, le cas échéant, de 9 mois 3 semaines. Il arrive que les créanciers saisissants soient déclarés adjudicataires, faute d’enchérisseurs, et revendent par la suite. Le défaut d’enchérisseurs peut provenir du manque de dynamisme du marché de l’immobilier et parfois de la réticence des acquéreurs à acheter un bien d’une personne en détresse. La valeur de revente dépend de la mise à prix et du nombre d’enchérisseurs. Il n’y a donc pas d’"habitude". La mise à prix est régie par l’art. 267, point 10 AUVE ainsi qu’il suit : « la mise à prix est fixée par le poursuivant, laquelle ne peut être inférieure au quart de la valeur vénale de l'immeuble. La valeur de l'immeuble doit être appréciée, soit au regard de l'évaluation faite par les parties lors de la conclusion de l'hypothèque conventionnelle, soit, à défaut, par comparaison avec les transactions portant sur des immeubles de nature et de situation semblables. » D’une manière générale, le dispositif juridique mis en place dans le cadre de l’Acte uniforme est sécurisant pour les créanciers et offre toutes les garanties d’une sûreté réelle immobilière et d’un recouvrement dans un délai raisonnable : la procédure de réalisation d’une hypothèque normalement constituée et inscrite est inférieure à une année. Rapport final 36 Novembre 2008 2. LES ENTRAVES DU MARCHE HYPOTHECAIRE Les entraves au fonctionnement optimal du marché hypothécaire peuvent être classées en deux (2) grandes familles : - les entraves financières, c'est-à-dire celles directement liées à des dysfonctionnements des systèmes financiers (banques, établissements financiers, structures de refinancement, organismes de garanties…), et à des aspects économiques ; - les entraves non financières portant essentiellement sur le foncier, les aspects juridiques, règlementaires, administratives, et les politiques mises en œuvre. Certaines entraves peuvent être levées dans le court terme, tandis que d’autres nécessitent une redéfinition des stratégies des Etats ainsi que des plans d’actions à moyen terme et impliquent une réelle volonté politique pour le développement de l’habitat et du marché hypothécaire dans notre sous région. Cependant, la plupart des solutions pour lever ces entraves restent à la portée des autorités étatiques et réglementaires et s’appuie sur un besoin d’harmonisation des pratiques et politiques dans l’espace UEMOA. 2.1. Les entraves non financières 2.1.1. Entraves liées au foncier 2.1.1.1. L’harmonisation des systèmes et codes fonciers Dans les pays de la zone UEMOA, le système foncier est généralement un produit de l’environnement historique, économique et culturel du pays. Ainsi, les situations du foncier présentent des différences notables : - Certains pays ont procédé à des réformes afin d’asseoir un système foncier apte à promouvoir une utilisation rationnelle du sol, en conformité avec les plans de développement économique et social. Ainsi, l’essentiel des sols a été érigé en domaine national. C’est le cas par exemple du Sénégal où près de 95 % des sols relèvent du domaine national. C’est également le cas du Mali où l’Etat est détenteur de la quasi totalité du stock foncier national. Les terres du domaine national ne peuvent être immatriculées qu’au nom de l’Etat et sont donc de fait exclues du marché hypothécaire, sauf à procéder à des immatriculations sur la base de décisions administratives. Rapport final 37 Novembre 2008 - L’architecture et le contenu des titres fonciers est différent d’un pays à l’autre. Le Niger par exemple a créé un titre de propriété spécifique, le titre « Cheyda » (« témoignage » en haoussa) qui correspond à une simple reconnaissance de propriété. Le droit au bail est considéré comme un véritable titre de propriété dans certains pays et fait l’objet d’une inscription hypothécaire, alors que dans d’autres il ne donne pas les mêmes droits. - Le régime foncier est parfois complexe et ne favorise pas l’obtention d’hypothèques fermes. C’est le cas par exemple pour la ville de Touba au Sénégal où il n’existe qu’un seul titre foncier alors que sa population avoisine 550 000 habitants. Afin de mettre en place un marché hypothécaire sécurisé, il est essentiel qu’une harmonisation de l’ensemble des codes fonciers de l’UEMOA soit réalisée de manière à permettre aux futurs intervenants de parler le même langage et de donner le même contenu et les mêmes droits aux différents titres émis. 2.1.1.2. Planification et normalisation foncière Les opérations de normalisation foncière (morcellement, immatriculation …) à grande échelle sont très peu développées au sein de l’Union. Elles sont réalisées au coup par coup suivant les besoins de projets immobiliers ponctuels et de faible envergure. Ce problème entraîne naturellement un recours régulier à des titres précaires du type droit au bail, permis d’occuper parmi lesquels seuls le droit au bail est parfois toléré comme garantie hypothécaire par les établissements bancaires. Le nombre de titres fonciers est particulièrement faible dans certains Etats et décourage le secteur bancaire à s’engager dans l’octroi de crédit immobilier du fait de la précarité des actes de propriété transmis. A titre d’exemple, selon une étude menée par le FMO (août 2007) : - il n’existerait que 3 500 titres fonciers au Mali ; - seules 2% des surfaces au Bénin feraient l’objet de titres fonciers. Cette situation, qui se traduit par une faiblesse des assiettes foncières, reste un frein important au développement de la promotion immobilière et d’une saine urbanisation. Rapport final 38 Novembre 2008 2.1.1.3. Gestion de la conservation foncière La conservation foncière constitue également une faille dans le processus de gestion et de suivi du patrimoine foncier des Etats. Elle est garante de toutes les transactions en matière immobilière et foncière. Lorsqu’elle présente des lacunes quant à son exhaustivité ou à sa fiabilité, les transactions perdent tous les supports informationnels nécessaires à leur sécurisation. La situation du cadastre dans certains pays (enregistrement non exhaustif des actes, retard dans le traitement des dossiers, absence de système d’archivage performant, possibilité d’altérer ou de délivrer en toute illégalité des documents officiels,...) a entraîné une méfiance des principaux acteurs vis-à-vis du système de gestion foncière. Il reste entendu que la sécurisation de la gestion foncière constitue un objectif majeur dans la perspective de la mise en place d’un marché hypothécaire qui repose sur la confiance, notamment le caractère sacré, intangible et inaltérable des opérations foncières réalisées. 2.1.2. Entraves liées aux politiques de gestion urbaine Nos observations et analyses des politiques nationales ont fait ressortir des constats dont la plupart reste valable pour l’ensemble de la communauté. Il s’agit essentiellement : - du retard considérable dans l’aménagement des quartiers périphériques des villes ainsi que dans la réalisation de la voirie primaire et des équipements collectifs du fait de la difficulté à mobiliser les ressources nécessaires ; - de l’insuffisance des équipements et des infrastructures de base (voieries et réseaux divers), qui entraînent souvent d’énormes dépenses préalables d’aménagement et d’équipements par les promoteurs ; - de l’absence d’intervention de l’Etat au niveau du financement de la viabilisation des assiettes foncières mises à la disposition des sociétés immobilières ; ce qui contribue fortement à l’augmentation du coût d’acquisition du logement ; - de l’absence dans certains pays de structures exclusivement dédiées à l’aménagement. Cette carence conduit les promoteurs à réaliser des opérations d’aménagement sur des surfaces réduites correspondant à leur besoin du moment et donc à se priver de véritables économies d’échelle qu’aurait pu générer l’aménagement de plus grandes surfaces. Ceci a bien entendu un impact immédiat sur le coût du foncier et donc le coût final de l’habitation. Il convient également de Rapport final 39 Novembre 2008 noter d’une manière générale l’absence de dissociation entre l’activité d’aménagement et celle de constructeur dans la plupart des Etats ; - de la très faible participation des sociétés concessionnaires à la viabilisation des ensembles immobiliers, malgré le fait qu’elles sont ensuite les principales bénéficiaires des réseaux financés et réalisés par les promoteurs ; - de l’absence de mécanisme de subvention «à la pierre » pour alléger les charges liées à la réalisation des constructions. Cette subvention peut être globale sur tous les matériaux de constructions ou s’adresser spécifiquement à un ou des matériaux en particulier ; - de problèmes d’urbanisation et de gestion de la croissance urbaine : les politiques de décentralisation sont pour l’heure cantonnées à la décentralisation des administrations. Elles ne sont pas suffisamment étendues à l’activité économique par la création de pôles économiques forts en dehors des capitales et quelques capitales régionales. Cette propension à la concentration de l’activité économique impacte directement les flux migratoires internes vers les capitales et villes principales (capitales régionales) avec des taux d’urbanisation à deux chiffres dans presque tous les pays de la zone. Ce phénomène entraine de manière automatique une situation de spéculation foncière en raison de l’augmentation de la demande et une offre limitée. Les besoins d’habitat en milieu urbain évoluent avec la croissance naturelle de la population et une poussée vers les agglomérations urbaines (par exemple 45% des sénégalais vivent en milieu urbain). La particularité du secteur de l’habitat réside dans le fait que les besoins en logement sont toujours aussi pressants pour une population (notamment urbaine) de plus en plus croissante, alors que les possibilités d’acquisition d’un logement sont limitées eu égard à la rareté des assiettes foncières, aux coûts de construction et aux difficultés liées à des schémas de financement inadéquats. 2.1.3. Entraves socio-économiques 2.1.3.1. Le faible taux de bancarisation Le faible taux de bancarisation (moins de 4% dans l’Union selon les données de la Commission de l’UEMOA) et l’importance du secteur informel dans nos économies ne permettent pas au système bancaire de rentrer en relation avec un plus large éventail de la population. Rapport final 40 Novembre 2008 La réalité dans nos pays, est qu’il existe un milieu disparate de petites et micro entreprises individuelles qui œuvrent le plus souvent dans l’informel, défini ici comme l’ensemble des activités économiques qui se réalisent en marge des législations pénales, sociales et fiscales ou qui échappent à la comptabilité nationale. Ces entreprises individuelles ne tiennent pas de comptabilité répondant aux règles applicables en la matière, mais disposent de ressources importantes qui ne transitent pas par le système bancaire. Ces acteurs économiques considèrent trop contraignant le formalisme exigé par les établissements de crédit. Ces constats ont conduit les Etats membres de l’Union, à promouvoir et à inciter la création et le développement de structures de micro-finances pour capter dans une économie formelle « intermédiaire » et peu contraignante, les ressources issues du secteur informel. Ces structures sont plus flexibles et susceptibles d’offrir des possibilités d’accès au crédit adaptées aux revenus modestes. En conséquence, un nombre élevé de travailleurs n’a pas accès aux possibilités de crédit immobilier, soit du fait qu’ils n’ont pas accès au secteur bancaire, soit du fait du caractère informel de leur activité qui ne leur permet pas de présenter un bulletin de salaire ou de justifier des flux financiers réguliers, condition souvent posée par les banques pour l’octroi d’un financement. 2.1.3.2. L’inflation Si jusqu’à un passé récent l’inflation a été globalement maîtrisée dans notre zone, elle constitue aujourd’hui une préoccupation majeure du fait des tendances du marché pétrolier et du marché céréalier, qui peuvent avoir un effet non négligeable sur le développement du marché immobilier. L’inflation a connu une accélération sensible. Elle s’est établie à 5,8% en 2007 - pour une norme communautaire de 3%. Cet indicateur, qui s’établissait à 3% en 2006, a une double incidence sur le développement du crédit immobilier, et se traduit par : - une baisse réelle du pouvoir d’achat des ménages, - une hausse sensible des coûts de construction des logements. Si les tendances actuelles persistaient, l’accès au logement serait de plus en plus difficile pour une partie significative de la région dans les conditions de crédit actuelles. Rapport final 41 Novembre 2008 L’expérience montre que les tensions inflationnistes peuvent contribuer à favoriser l’offre de logement du fait que l’immobilier constitue une valeur refuge pour les investisseurs préférant garder une bonne partie de leur portefeuille en actifs réels pour éviter l’érosion monétaire. Cependant, il est fortement souhaité de juguler les tensions inflationnistes en vue d’éviter l’érosion du pourvoir d’achat des ménages et de préserver la solvabilité des acquéreurs et locataires immobiliers. 2.1.3.3. La demande solvable Les particuliers sont confrontés à la faiblesse des revenus salariaux, ce qui constitue une entrave majeure pour l’accès aux crédits immobiliers. En effet, la proportion de la population active (salariés) disposant d’un revenu net pouvant supporter des annuités mensuelles supérieures à 150 000 FCFA en remboursement d’un crédit immobilier pour un habitat de moyen standing, sur une durée d’emprunt d’environ dix ans est marginale pour la plupart des pays aux conditions actuelles du marché. L’effet combiné - coût du crédit immobilier et faiblesse des revenus salariaux exclu de facto une bonne catégorie de la population active. A titre d’exemple, le tableau ci après récapitule les conditions de revenus nécessaires pour être éligible à des prêts bancaires aux conditions présentées ci après : Tableau 1 : Pourcentage des ménages urbains pouvant accéder à la propriété au Burkina faso Amortissement - années 10 ans 15 ans 20 ans 11,00 % 11,00 % 11,00 % Nombre de périodes Montant du prêt (FCFA) 120 180 240 50 000 000 0% 6% 14% 30 000 000 0% 14% 21% 20 000 000 9% 22% 28% 15 625 000 11% 24% 30% 12 000 000 16% 29% 34% 8 750 000 27% 37% 42% 7 500 000 32% 41% 46% 6 300 000 38% 46% 50% 4 993 750 45% 52% 56% 3 937 500 52% 58% 61% Taux d'intérêt hypothécaire Rapport final 42 Novembre 2008 Tableau 2 : Pourcentage des ménages urbains pouvant accéder à la propriété au Sénégal Amortissement - années Taux d'intérêt hypothécaire 10 ans 15 ans 20 ans 11,00 % 11,00 % 11,00 % Nombre de périodes Montant du prêt (FCFA) 120 180 240 50 000 000 0% 8% 13% 30 000 000 3% 13% 18% 20 000 000 10% 19% 27% 15 625 000 11% 20% 29% 12 000 000 15% 28% 38% 8 750 000 24% 46% 57% 7 500 000 34% 56% 64% 6 300 000 46% 65% 70% 4 993 750 63% 74% 78% 3 937 500 73% 81% 83% Tableau 3 : Pourcentage des ménages pouvant accéder à la propriété au Niger Amortissement - années 10 ans 15 ans 20 ans Taux d'intérêt hypothécaire 11,00 % 11,00 % 11,00 % Nombre de périodes Montant du prêt (FCFA) 120 180 240 8% 50 000 000 0% 4% 30 000 000 1% 8% 11% 20 000 000 6% 12% 14% 15 625 000 6% 12% 15% 12 000 000 9% 15% 17% 8 750 000 14% 19% 21% 7 500 000 16% 21% 26% 6 300 000 19% 27% 32% 4 993 750 26% 35% 39% 3 937 500 35% 45% 53% Toutefois, les indicateurs économiques de la région d’Afrique subsaharienne sont favorables, pour atténuer à terme, la faiblesse des revenus par habitant. Ces projections prévoient une hausse sensible du revenu réel par habitant, qui pourrait doubler d’ici 2020 (rapport FMO : Etude de marché afin d’analyser les perspectives d’extension des activités du FGHM dans la zone UEMOA. Août 2007). Ce qui pourrait en partie atténuer la contrainte liée à la faiblesse des revenus. D’une manière générale, la faiblesse des revenus commande la mise en œuvre de facteurs incitatifs indispensables au développement du marché hypothécaire, notamment en travaillant sur l’amélioration d’un certain nombre de variables telles que : la durée des emprunts, le taux d’intérêt, la réduction des coûts par l’incorporation de matériaux locaux,… Rapport final 43 Novembre 2008 2.1.4. Entraves liées aux garanties Malgré les efforts réalisés sur le plan juridique, par l’adhésion des Etats de l’UEMOA à l’OHADA, il subsiste des difficultés de mise en œuvre pratique du cadre juridique de l’hypothèque dans plusieurs pays. Dans le cadre de notre étude, nous avons fait le choix d’accorder un accent particulier aux problèmes de garanties qui se situent à plusieurs niveaux. 2.1.4.1. Les modalités et délais d’inscription d’une hypothèque Les caractéristiques principales qui ressortent de l’observation des différentes législations foncières de la zone UEMOA sont liées à la prédominance du droit coutumier et à l’étendue importante du domaine national ne pouvant à priori pas faire l’objet d’hypothèque. Ce facteur, associé aux lenteurs administratives des procédures de mutation constitue, un frein important au développement des marchés hypothécaires nationaux. D’autre part, il convient de noter que les banques, du fait de la pression de la demande de leur clientèle, développent une pratique désormais répandue qui consiste à adosser les prêts immobiliers sur des titres autre que les titres fonciers. Bien entendu, les impacts comptables ne tardent pas à se faire ressentir notamment après le passage de la Commission Bancaire qui suggère la comptabilisation de provision pour dépréciation sur les emplois adossés à des « titres dits précaires ». L’inscription de l’hypothèque constitue un enjeu majeur, dans la mesure où elle conditionne l’efficacité des procédures de réalisation. En effet, la réalisation d’une hypothèque suppose d’une manière générale que toutes les conditions de forme aient été préalablement mises en œuvre, notamment l’obtention d’un certificat d’inscription hypothécaire qui est un titre exécutoire, qui doit accompagner la grosse d’ouverture de crédit. L’expérience montre que la procédure d’inscription n’est pas toujours intégralement mise en œuvre pour les raisons suivantes : - des retards importants au niveau des services juridiques des banques et des notaires dans la réalisation des formalités d’inscription, pour diverses raisons dont une bonne partie liée à des problèmes de suivi et de procédures ; - des retards significatifs dans le morcellement des titres fonciers et la délivrance des titres individuels qui peut durer des années. Sans la production d’un tel titre, la délivrance d’un certificat d’inscription hypothécaire n’est pas en principe possible dans plusieurs pays. Toutefois, l’hypothèque peut être enregistrée au livre foncier avec production d’un état des droits réels, qui fait apparaître l’inscription Rapport final 44 Novembre 2008 hypothécaire. Cependant, rappelons que seul le certificat d’inscription vaut titre exécutoire ; - la nécessité pour les droits au bail de recueillir l’autorisation de l’Etat avant l’inscription d’une hypothèque. La délivrance des titres fonciers individuels doit nécessairement être accélérée dans les Etats dans la perspective de faciliter le développement du marché hypothécaire. Ceci suppose la résorption des difficultés et des goulots d’étranglement dans les administrations chargées de la gestion foncière, mais également la mise en place d’une politique volontariste d’immatriculation des titres fonciers. 2.1.4.2. Le rang de l’hypothèque L’un des principes qui régit l’inscription en hypothèque est la possibilité de procéder à plusieurs inscriptions sur un même immeuble. En d’autres termes, l’Acte uniforme de l’OHADA reconnaît le principe selon lequel plusieurs créances peuvent être adossées à un même immeuble. Dans la pratique, les établissements financiers sont confrontés à une difficulté de taille. En effet, la Commission Bancaire tolère les hypothèques de 2ème rang mais ne reconnait pas celle de 3ème rang comme étant des garanties suffisantes, même lorsque la valeur de l’immeuble le permet. Cette situation a pour conséquence de réduire la possibilité des établissements financiers d’octroyer des crédits lorsqu’ils sont adossés à des hypothèques de rang supérieur à 2. 2.1.4.3. La réalisation des garanties Comme souligné plus haut, la réalisation des garanties est régie par l’Acte uniforme sur les sûretés de l’OHADA. D’une manière générale, le délai de réalisation des garanties est raisonnable dans la zone puisqu’inférieure à une année lorsque toutes les conditions de validité requises de l’inscription hypothécaire ont été respectées. L’expérience montre que les difficultés sont souvent liées, d’une part à l’absence de titre exécutoire, donc de certificat d’inscription hypothécaire, et d’autre part à des contraintes pouvant rendre la vente difficile, notamment : - des problèmes culturels dans certains pays qui font que les habitants ne souhaitent pas acquérir des biens qui ont fait l’objet de saisie ; - l’absence dans certains pays de marché immobilier dynamique. Rapport final 45 Novembre 2008 En règle générale, les difficultés de réalisation sont essentiellement liées à la formalisation imparfaite des hypothèques, mais ne résultent pas des insuffisances du dispositif de l’OHADA. 2.1.5. Autres entraves 2.1.5.1. Liquidité du marché immobilier La situation du marché immobilier de l’UEMOA est relativement hétérogène. Si dans certains pays, il existe une liquidité relative avec des opérations fréquentes d’achat et de vente, il en est autrement dans certains pays ou le nombre de transactions est relativement faible et ou un bien immobilier peut rester longtemps sans trouver d’acquéreur. Cette situation pourrait trouver son origine dans plusieurs facteurs, notamment l’inadéquation entre l’offre et la demande, la forte spéculation, la difficulté à trouver les financements pour les acquéreurs,… Elle constitue bien évidemment une entrave au développement du marché hypothécaire qui pourrait cependant en partie être levée par une stimulation de la demande par une politique de financement appropriée, étant donné que le besoin en logement dans la plupart des Etats est largement excédentaire par rapport à l’offre. 2.1.5.2. Professionnalisation du secteur Le secteur immobilier enregistre plusieurs intervenants dont des promoteurs, des agences immobilières, des entreprises de construction, des architectes,… Le secteur semble souffrir d’un déficit de confiance essentiellement lié au comportement de certains acteurs : - existence de beaucoup d’intervenants insuffisamment structurés et parfois à la limite de l’informel. Plusieurs intervenants exercent une activité d’agence ou de courtage, dans la plus stricte illégalité ; - réalisation de constructions sans respect des normes d’architecture d’environnement ou de construction de base ; - surface financière insuffisante ou manque de sérieux de certains promoteurs ;…. Rapport final 46 Novembre 2008 Si le cadre et les dispositions juridiques et techniques existent dans la plupart des Etats de la Communauté, il y a lieu de mettre en œuvre les actions idoines en vue de : - promouvoir des promoteurs immobiliers capables de réaliser des programmes d’envergure avec un niveau de qualité suffisant ; - faire respecter l’ensemble des dispositifs juridiques et techniques relatifs à la construction (intervention d’un architecte, permis de construire, …) ; - mettre en œuvre des dispositions coercitives pour assainir les pratiques du marché. 2.2. Les entraves financières Les entraves financières se définissent comme étant des blocages liés aux dysfonctionnements et aux imperfections des systèmes financiers qu’il s’agisse des banques ou des institutions financières. Elles peuvent être liées à des facteurs internes aux banques et établissements financiers (choix stratégiques, modes de fonctionnement, politiques, priorités commerciales…) ou à des facteurs exogènes liés à l’environnement financier régional ou national. 2.2.1. Entraves liées au contexte règlementaire et prudentiel Afin de sécuriser l’environnement économique et financier au sein de l’UEMOA, la Banque Centrale a instauré une règlementation en phase avec les attentes des investisseurs et des épargnants en matière de sécurité des investissements, des placements et de l’épargne. A cette fin, un dispositif prudentiel a été conçu afin de répondre à cet objectif. Il est structuré autour d’un certain nombre de ratios prudentiels et d’instructions comptables. Nous attirons ci-après votre attention sur les aspects de la réglementation qui peuvent constituer une entrave au développement du marché hypothécaire. 2.2.1.1. Le ratio de couverture des emplois à moyen et long terme par des ressources stables En vue d'éviter une transformation excessive des ressources à vue ou à court terme en emplois à moyen ou long terme, les banques et établissements financiers doivent financer une certaine proportion de leurs actifs immobilisés ainsi que de leurs autres emplois à moyen et long terme, par des ressources stables. Rapport final 47 Novembre 2008 Pour mesurer la "transformation" opérée en raison des activités de prêts, d'emprunts ou de réception des dépôts, la notion de « durée restant à courir » ou « durée résiduelle » supérieure à deux (2) ans est retenue. La norme à respecter pour le coefficient de couverture des emplois à moyen et long terme par des ressources stables est fixée à 75% minimum. L’application de cette norme conduit à n’autoriser la couverture des emplois à moyen et long termes qu’à hauteur de 25% par les ressources de durée résiduelle inférieure à deux ans. Compte tenu de la structure des dépôts dans notre zone qui est présentée ci-après, un tel ratio prive les banques de la possibilité d’effectuer des financements à long terme à des taux intéressants à partir des ressources à court terme qui ne présentent pas de coût onéreux (dépôts à vue). Le tableau des dépôts et emprunts de la zone est présenté ci-après pour les années 2004 à 2006. Zone UEMOA 2004 2005 2006 Dépôts et emprunts à vue 2 363 2 608 2 864 Dépôts et emprunts à terme 2 268 2 567 2 835 Total dépôts et emprunts (1) 4 631 5 175 5 699 Fonds propres Total des ressources (2) Total dépôts et emprunts en % des ressources (1/2) 638 673 739 5 651 6 265 6 935 81,9% 82,6% 82,1% Ces chiffres traduisent l’importance des ressources financières des banques, dont l’essentiel est cependant à moins de deux ans. Il serait souhaitable que les banques étudient avec la BCEAO, la possibilité et les conséquences d’une augmentation du coefficient de transformation dans la zone. Toutefois, cette réflexion devrait tenir compte d’une part, des préoccupations que la crise financière internationale suscite en matière de renforcement du dispositif prudentiel et d’autre part, du volume des transactions et du rôle de la structure de refinancement qui sera mise en place pour combler le déficit de ressources longues au sein de l’UEMOA. Par ailleurs, d’après les informations obtenues, la question de la modification du ratio de transformation fait actuellement l’objet d’une étude au sein de la BCEAO. 2.2.1.2. Le ratio de division des risques Les banques et établissements financiers doivent limiter, dans une certaine proportion, leurs risques sur un même bénéficiaire ou une même Rapport final 48 Novembre 2008 signature, ainsi que sur l’ensemble des bénéficiaires dont les concours atteignent un niveau donné de leurs fonds propres effectifs. Dans un contexte normal de financement de l’habitat avec une promotion de l’habitat individuel, le problème de la division des risques ne se pose pas. Il peut se poser dans une situation où les acteurs de l’immobilier sont en nombre réduit et lorsque le contexte leur impose d’immobiliser des ressources importantes (cas de financement de projets immobiliers d’envergure). Cette situation peut dans une certaine mesure constituer une entrave au respect du ratio de division des risques et freiner des politiques d’habitat social. 2.2.1.3. L’instruction 94-05 sur le engagements en souffrance provisionnement des Ce dispositif précise en particulier que pour les risques privés non garantis par l'Etat, les provisions sont constituées selon les modalités suivantes : - pour les risques répondant à la définition de créances impayées ou immobilisées, la constitution de provisions (capital et intérêts) est facultative ; - pour les risques répondant à la définition de créances douteuses ou litigieuses, les dispositions suivantes doivent être suivies : les risques privés non couverts par des garanties réelles doivent être provisionnés à 100%, au cours de l'exercice pendant lequel les créances sont déclassées en créances douteuses ou litigieuses ; les risques assortis de garanties réelles : la constitution de provisions est facultative au cours des deux premiers exercices. La provision doit couvrir au moins 50% du total des risques le troisième exercice et 100% le quatrième exercice. Les observations et critiques formulées pas les intervenants du secteur bancaire portent sur trois points : - les inscriptions hypothécaires sur le droit au bail ne sont pas toujours reconnues comme une garantie réelle lors des missions de la Commission bancaire ; or ces inscriptions offrent les mêmes droits que ceux sur les titres fonciers ; - les hypothèques de troisième rang ne sont pas considérées dans l’application du dispositif même lorsque la valeur de la garantie excède largement le montant du crédit ; - la politique de constitution de provision appliquée est automatique en fonction de l’ancienneté et doit atteindre un taux de 100% au bout Rapport final 49 Novembre 2008 de la quatrième année, même en présence de garantie couvrant largement la totalité de la créance compromise. Or, la réalisation de la garantie dans notre zone peut prendre du temps du fait des difficultés relatives à la gestion foncière. Par ailleurs, en l’absence de garantie réelle (hypothèque), la créance doit être provisionnée à 100% l’année du déclassement. Si l’instruction peut être perçue par certains comme un frein à l’octroi de crédit immobilier, il constitue cependant, un excellent vecteur d’assainissement des crédits immobiliers et donc de développement d’un marché hypothécaire sain à travers la rigueur qu’elle peut induire auprès des banques et établissements financiers. 2.2.2. Entraves liées à la disponibilité et l’accès aux ressources 2.2.2.1. Stratégie d’utilisation des ressources La décision d’octroi de crédit obéît aux critères d’appréciation du risque : Ces critères sont : - le risque d’immobilisme des ressources à affecter, - le risque de non remboursement des ressources allouées. Le risque d’immobilisme s’apprécie suivant la durée du crédit et les ressources appropriées que la banque devra mobiliser. En effet, les crédits à court terme sont financés par des comptes à vue (dépôts clientèle) qui ne sont généralement pas rémunérés. Cette préférence au court et moyen terme résulte principalement des marges intéressantes engrangées sur les crédits de ce type (exploitation, consommation, équipement,…). Le risque de non remboursement s’apprécie suivant la nature des garanties recueillies qui sont moins contraignantes et faciles à réaliser. Ce risque de remboursement intervient après l’appréciation du risque d’immobilisme. Cette préoccupation est en rapport direct avec le souci des banques et établissements financiers d’optimiser la rotation de leur capital par le développement du court terme. D’une manière générale, les statistiques de la zone montrent une forte proportion des crédits à court terme qui représentent à eux seuls 61% des engagements des banques au 31 décembre 2006. Rapport final 50 Novembre 2008 Aujourd’hui, les marges sur le court terme sont plus intéressantes que sur les crédits à long terme du fait de la rareté des ressources longues et de leur coût de mobilisation largement supérieur. 2.2.2.2. Absence de système de refinancement adéquat Au sein de la zone UEMOA, les mécanismes de refinancement se traduisent essentiellement par les accords de classement de la BCEAO qui offrent sous certaines conditions des possibilités de refinancement des emplois en dessous d’un certain seuil correspondant à la quotité de refinancement autorisée (35%). Les accords de classement constituent un outil de contrôle qualitatif et à posteriori des crédits distribués par les banques et établissements financiers. Le dispositif laisse en effet aux banques et établissements financiers l’entière responsabilité des crédits qu’ils accordent. L’objectif ultime est de mettre à la disposition du système bancaire, un outil de suivi qualitatif du portefeuille de crédit. Le constat effectué à ce sujet est que le recours au refinancement par les accords de classement est à un niveau très bas au sein de la zone pour plusieurs raisons : - le peu d’intérêt pour les banques qui disposent des ressources court terme en volume suffisant et qui utilisent le marché interbancaire en cas de difficultés passagères ; - la collecte des informations nécessaires auprès des entreprises n’est pas aisée, notamment pour les chiffres prévisionnels et les comptes certifiés ; - la difficulté de certaines entreprises à respecter les ratios définis,… Par ailleurs, le dispositif permet essentiellement de se refinancer sur le court terme, pour une durée variant entre 1 et 30 jours. La zone UEMOA se caractérise donc par l’absence de structure et de mécanisme de refinancement pour l’obtention de ressources à long terme. La seule expérience connue est celle de la Côte d’Ivoire qui a mis en place une facilité administrative : le CDMH (Compte de Mobilisation pour l’Habitat). Jusqu’en fin 2007, le CDMH connaissait un succès mitigé en raison des conditions de refinancement pas suffisamment attractives au goût des banques et établissements financiers. Ces conditions se résument comme suit : Rapport final 51 Novembre 2008 Libellés Taux de refinancement 6% Marge bancaire 3% Assurance 0,5% Taux de prêt à l’acquéreur 9,5% Durée 11 à 20 ans Quotité de refinancement 90 à 95% selon la durée du prêt. Ce manque d’attractivité résulte principalement du fait que la marge bancaire est considérée comme insuffisante par la plupart des banques, qui ont tendance à faire le parallèle avec les marges qu’elles dégagent sur des opérations de court terme avec des taux de sortie plus intéressants et un coût de ressource plus faible. 2.2.2.3. L’absence ou l’insuffisance de ressources longues peu onéreuses adaptées aux emplois longs Le tableau ci après présente la structure des emplois de la zone UEMOA. Il fait ressortir le constat suivant : entre 2003 et 2006, la part des emplois longs dans la totalité des emplois a oscillé entre 2,53 et 3,12%. En milliards de FCFA Année 1. Crédits (a+b+c+d+e) 2006 2005 2 004 2 003 4 884,9 4 334,9 3 757,0 3 585,0 a) Crédits à court terme 2 926,1 2 663,9 2 390,0 2 387,0 b) Crédits à moyen terme 1 384,1 1 168,9 858,0 774,0 154,0 140,5 148,0 134,0 38,9 32,3 32,0 28,0 381,8 329,3 329,0 262,0 c) Crédits à long terme d) Opérations de crédit-bail e) Crédit en souffrance Cette situation des emplois dans la zone traduit plus que tout autre développement, l’insuffisance des ressources à long terme. Si pour certaines banques, le développement du crédit à court terme constitue une stratégie volontariste du fait des marges dégagées, beaucoup de banques seraient davantage enclins à effectuer des crédits long terme si les ressources étaient disponibles pour leur permettre d’effectuer un « matching » satisfaisant. Il convient de souligner néanmoins que les banques disposent d’une possibilité d’émission de certificats de dépôt, conformément aux dispositions du Règlement n° 96-03 de la BCEAO. Toutefois les montants mobilisés restent encore marginaux (5 milliards de FCFA seulement sur la période 1997-2007). La durée des certificats de dépôt couvre des échéances allant de 7 jours à 7 ans maximum. Rapport final 52 Novembre 2008 Les ressources disponibles dans notre zone pour le crédit long terme recouvrent en réalité les fonds propres des banques et les montants des dépôts utilisables dans la limite de la transformation. Les ressources collectées par les banques commerciales sont majoritairement à vue ou à moins de deux ans comme le montre le tableau ci après : En Milliards de FCFA Année 2006 Ressources 2005 2 004 2 003 6 935,3 6 265,5 5 651,0 5 428,0 5 699,3 5 175,2 4 631,0 4 515,0 A vue 2 863,9 2 608,1 2 363,0 2 319,0 A terme 2 835,3 2 567,1 2 268,0 2 196,0 Dépôts et emprunts La lecture des bilans des banques permet de constater que les emprunts destinés à des financements à long terme restent marginaux dans la zone. Par ailleurs, il n’existe pas ou peu de structures spécialisées telles que des fonds nationaux pour l’habitat (financement direct ou garantie de financement), facilitant l’accès pour les établissements de crédit à des ressources longues de financement à des conditions douces, ou incitant ces derniers à consentir des crédits immobiliers aux agents économiques à moyens ou faibles revenus. Dans le cadre de leur politique de développement de l’habitat, certains Etats ont mis en place des fonds destinés à faciliter les crédits habitat. C’est le cas par exemple du Sénégal qui a initié un fonds logé au niveau de la banque de l’habitat du Sénégal. Toutefois, ces initiatives restent marginales et inconstantes. Les dispositions fiscales en matière d’imposition des revenus de placements à terme n’incitent pas toujours les épargnants potentiels à constituer des dépôts ou à faire des placements financiers. Les efforts consentis par l’Administration fiscale dans certains Etats de l’Union sont récents. Des efforts ont été accomplis par certaines banques pour développer l’épargne à terme, à travers des comptes d’épargne logement. Cependant, si cette démarche a contribué à augmenter les ressources longues au niveau de certaines banques, elle n’a pas permis de résoudre la problématique des ressources longues du fait de la faiblesse des capacités d’épargne. L’absence de ressource longue à un coût acceptable constitue le principal frein au développement du marché hypothécaire régional. Rapport final 53 Novembre 2008 2.2.3. Entraves liées à l’accès au marché financier et à la disparité des conditions de banques 2.2.3.1. Restrictions du côté des marchés financiers Malgré l’ampleur des besoins, certaines techniques financières propres au financement de l’immobilier ne peuvent pas s’acclimater pour plusieurs raisons : - la réglementation et le cadre juridique n’existent pas encore dans la zone UEMOA pour certaines techniques financières adaptées au marché immobilier. C’est le cas de la titrisation, des obligations foncières, mais aussi d’une manière générale des obligations sécurisées. Une nouvelle réglementation sous régionale est en cours de mise en place par les autorités compétentes. - Certains marchés « nationaux » sont pour l’instant de taille modeste, ce qui ne favorise pas, pour des raisons d’échelle, l’utilisation de certains instruments. 2.2.3.2. Disparité des conditions de banques Les marchés immobiliers présentent dans les pays de l’Union de grandes disparités. Les conditions de crédit d’une place à l’autre sont variables. Les taux d’intérêt par exemple peuvent varier d’un pays à l’autre de 7% à 14%. Cette forte disparité peut constituer une difficulté dans la perspective de la création d’un marché hypothécaire. En effet, dans une telle hypothèse, l’intérêt pour le refinancement pourrait être limité pour les régions qui ont les taux les plus bas. Une option pourrait être de considérer la possibilité d’émettre des titres pour le refinancement à des conditions différentes pour satisfaire plusieurs places différentes. Elle aurait cependant l’inconvénient de réduire les possibilités d’économie d’échelle et d’étalement des coûts d’émission des titres. 2.2.4. Entraves liées aux conditions et politiques de crédit 2.2.4.1. La législation cessible) en matière d’endettement (quotité La législation en matière d’endettement requiert un plafond n’excédant pas un montant déterminé pour les annuités de remboursement. Cette disposition dont l’objectif vise à protéger le salarié du risque de Rapport final 54 Novembre 2008 surendettement, limite ses capacités d’accès au crédit immobilier. Bien que, l’accès à l’habitat soit une préoccupation majeure pour le salarié, le fait d’appliquer ce critère de quotité, combiné à la durée résiduelle du temps de travail du salarié pour la retraite, limite d’avantage l’accès au crédit immobilier. La législation relative à la détermination de la quotité cessible figure dans les codes de procédure civile pour la plupart des Etats. Celle-ci est calculée par application d’un barème précis. Cependant, dans la plupart des banques le tiers est retenu pour des raisons de commodité. Dans la pratique, les banques accordent, au cas par cas des dérogations qui peuvent aller jusqu’à 50% du salaire de l’intéressé lorsque l’emprunteur a des capacités financières qui le permettent ou des revenus complémentaires qu’il est capable de justifier. Cependant, cette situation ne met pas les banques qui ne respectent pas les dispositions légales, à l’abri d’éventuelles poursuites judiciaires pour incitation au surendettement. Nous sommes conscients que la quotité cessible des salaires est fortement régie par la convention internationale sur la protection du salaire de 1949 qui stipule « le salaire doit être protégé contre la saisie ou la cession dans la mesure nécessaire pour assurer l’entretien du travailleur et de sa famille ». Cependant, il serait opportun d’étudier la possibilité de rehausser ce plafond pour les salariés qui le désirent, pour le cas spécifique des crédits immobiliers. En effet, le logement constitue la préoccupation première des habitants qui peuvent accepter le principe d’une quotité cessible plus importante dans la perspective de l’accès à la propriété. 2.2.4.2. La politique et les conditions de crédit Les politiques de crédit mises en œuvre au niveau de chaque établissement ont bien entendu un impact direct sur le développement du marché hypothécaire. Ces politiques concernent le niveau d’apport initial exigé à l’emprunteur, la durée du crédit, le taux d’intérêt. Elles sont fortement influencées par l’environnement du secteur, notamment la disponibilité des ressources longues, la compétitivité du marché financier,…. - La durée des crédits immobiliers est relativement courte du fait de l’insuffisance générale des ressources longues. Dans certains pays de la zone, comme le Bénin par exemple, les crédits immobiliers ont une durée comprise entre cinq et sept ans. Cette situation a un impact direct sur la capacité d’emprunt du client qui doit faire face à des annuités plus importantes que si le crédit était étalé sur 15 ans par Rapport final 55 Novembre 2008 exemple. Cette situation prive une partie significative de la population de l’accès au crédit immobilier. - L’apport exigé pour un crédit immobilier varie d’un pays à l’autre et reste généralement élevé dans notre zone compte tenu de la faiblesse des capacités d’épargne. Certains établissements exigent des apports de 25%, voire 30%. Comme pour la durée du crédit, la diminution du montant de l’apport personnel permettrait d’influer positivement sur la demande de financement de logements, et donc sur le développement du marché hypothécaire. - Les Taux d’intérêt de la zone restent relativement élevés et oscillent autour de 12% en moyenne. La situation est cependant disparate d’un pays à l’autre. Il en résulte un effet d’éviction que nous illustrons ci après par un exemple chiffré. La Banque XXX octroie un crédit aux conditions suivantes : - Coût du logement = 10 millions FCFA + 15% frais, - Apport personnel = 20%, - Crédit demandé = 9,5 millions FCFA, - Durée de 15 ans - Quotité cessible : Hypothèse retenue de 40% Les résultats des calculs effectués ci après sur la base d’hypothèses de taux d’intérêt montrent que plus le taux est élevé, plus le salaire minimum requis augmente, démontrant de ce fait l’importance de l’effet d’éviction : FCFA Taux d'emprunt Remboursement mensuel Revenu minimum mensuel requis 8% 90 786 226 965 10% 102 087 255 218 12% 114 015 285 038 14% 126 515 316 288 D’une manière générale, les indicateurs actuels laissent présager une éventuelle évolution à la hausse du taux de base du fait de la rareté des ressources. Cette rareté s’explique par des taux très compétitifs proposés par le marché financier notamment pour les emprunts obligataires de l’Etat. En plus des taux de rémunération très compétitifs, certaines dispositions fiscales très attractives incitent les investisseurs à souscrire à ces obligations. Rapport final 56 Novembre 2008 Les obligations de l’Etat ont atteint des taux de rémunération de 6 et 7% net contre des taux de rémunération proposés par les banques sur les dépôts à terme et des comptes d’épargne qui varient entre 3 et 6%. En sus des taux d’intérêts plus compétitifs, il convient de rajouter la TVA ou TOB sur les revenus des dépôts à terme versés par les banques. Une situation haussière des taux d’intérêt pourrait être un danger majeur dans la perspective du développement du marché hypothécaire si les actions idoines ne sont pas mises en œuvre pour collecter des ressources longues suivant des mécanismes appropriés et compétitifs. Afin de diminuer l’impact d’éviction des taux, certains pays ont lancé des initiatives. - Le Mali a mis en place en 1996 un Office (Office Malien pour l’Habitat) pour la bonification des taux d’intérêt. L’OMH bonifie pendant une période de cinq (5) ans le taux d’intérêt des prêts consentis pour fins d’habitation par la BHM de 2 % pour les personnes gagnant entre 75.000 et 100.000 FCFA et de 3 % pour celles gagnant moins de 75.000 FCFA. Cette bonification prend la forme d’un versement fait directement par l’Office au débiteur. - Nos entretiens et travaux de recherche ne font pas ressortir de cas similaires de mécanismes de bonification de taux au sein de la zone UEMOA. Il convient cependant de signaler l’existence à une époque de mécanismes assimilables du type prêts à taux zéro notamment au Sénégal. Les taux d’intérêt restent un enjeu majeur dans la perspective du développement du marché hypothécaire. Si des mécanismes de refinancement appropriés peuvent permettre de baisser significativement ce taux, il convient cependant qu’une réflexion soit menée pour mettre en œuvre des solutions complémentaires, à l’instar des expériences de bonification de taux initiées dans certains pays afin de rendre le crédit immobilier accessible au plus grand nombre. Bien évidemment une attention particulière doit être accordée aux coûts souvent importants induits par de telles approches. 2.2.5. Entraves liées à la fiscalité L’analyse de la fiscalité applicable en matière d’opérations immobilières révèle d’une manière générale un poids excessif de la fiscalité qui constitue une entrave majeure au développement du marché hypothécaire. Rapport final 57 Novembre 2008 Le tableau ci-après résume la fiscalité applicable dans les différents pays de l’Union. Pays MALI Fiscalité Un taux proportionnel : entre 5 et 20% sur cessions d’immeubles ; Actes de cession ordinaires : 5% du prix affiché sur acte de vente Lorsque la valeur ne figure sur l’acte : (superficie terrain x 1 000)*5% Titre foncier : Baréme dégressif - 0-5 Millions FCFA : 200 000 Fcfa NIGER - 5-10 millions : 350 000 Fcfa - 10-20 millions : 600 000 Fcfa - 20-30 millions : 1 000 000 Fcfa - > 30 millions : 1 500 000 Fcfa TVA : 19% Droit d’enregistrement Le taux est de 15% pour les montants > 20 millions SENEGAL Le taux est de 5% pour les montants < 20 millions Pour les coopératives le taux est de 1% TVA : 18% GUINEE BISSAU Impôt Général sur les ventes et services : 15% COTE D’IVOIRE Droit commun : 10% Immeuble à usage industriel, commercial ou bureau : 7,5% Acquisition association et fondation reconnue d’utilité publique : 5% Pays Fiscalité TOGO Droit d’enregistrement - 10,2% pour les titres fonciers - 9% pour tous les autres titres TVA : 18% Droit d’enregistrement sur ventes - Ventes 15% - Echanges 5% Baux de durée limitée BURKINA FASO - Immeuble à usage d’habitation 5% - Autres immeubles 10% - Baux à vie ou à durée illimitée 15% - Cession de droit au bail 15% TVA : 18% BENIN Droit d’enregistrement Il est de 8% du prix de l’immeuble. Si par contre, la personne dispose d’un titre foncier de mutation, il faut y ajouter 0,3% Droits proportionnels applicables aux actes et opérations relatifs aux immeubles (de 1% à 12% selon les actes) TVA : 18% Rapport final 58 Novembre 2008 L’analyse de ce tableau appelle les observations suivantes de notre part : - les droits d’enregistrement tournent en moyenne autour de 15 17%. Ce montant renchérit d’autant le coût d’acquisition des biens immobiliers pour les emprunteurs. - La TVA, qui tourne autour de 18% en moyenne, est intégrée dans les coûts de construction. Cumulée au droit d’enregistrement l’impact fiscal global est d’au moins 34 à 35% sur le montant du bien à acheter. Le poids fiscal constitue un levier important dans la mesure où il permet de réduire le coût de revient du bien. Le Bénin par exemple a mis en place un système d’incitation fiscale pour les promoteurs en exonérant de la TVA les intrants destinés à la construction de programmes immobiliers. L’accent nous semble cependant devoir être mis sur les droits d’enregistrement qui contribuent de manière significative au renchérissement des biens, mais aussi à la spéculation immobilière. Pour illustrer cette situation, prenons l’exemple suivant d’un bien qui fait l’objet de deux transactions au mois de février, puis juin de la même année : Prix d’acquisition en février NN 100 millions FCFA Droit d’enregistrement 17% Coût de revient 117 millions FCFA Prix de vente minimum en juin NN Coût de revient après enregistrement 117 millions FCFA (Pas de bénéfice) 137 millions FCFA En conséquence, un bien échangé deux fois au cours du même exercice sans plus value entraîne le paiement de droits cumulés qui représentent 37% de son prix d’achat. Rapport final 59 Novembre 2008 3. DIAGNOSTIC DE LA PRODUCTION DE CREANCES HYPOTHECAIRES 3.1. Approche méthodologique 3.1.1. Introduction Conformément aux termes de références de la mission, ce diagnostic a principalement pour objet de mettre en évidence sur une période de cinq années, la production de créances hypothécaires de l’UEMOA afin d’en apprécier le potentiel à moyen terme. L’étude se veut essentiellement quantitative et vise à obtenir au niveau de la zone, les informations suivantes : - le volume des crédits hypothécaires par nature, - les conditions de crédits (taux), - la durée, - les garanties. Les informations relatives au crédit hypothécaire ne peuvent pas directement être obtenues à partir des états financiers et déclaratifs de la BCEAO. Leur obtention nécessite la mise en place de requêtes appropriées, en fonction du système d’information de chaque banque, afin d’identifier et de compiler les informations suivant la forme souhaitée. 3.1.2. La mise en œuvre d’une enquête dans la zone UEMOA Du fait de l’indisponibilité des informations relatives au crédit hypothécaire, nous avons pris l’option de procéder à une collecte d’information auprès des banques de la zone UEMOA. Cette collecte a été réalisée sous la forme d’une enquête auprès d’un échantillon de banques de l’Union. L’enquête a nécessité une visite des banques par nos différentes équipes et a reposé sur : - des entretiens avec la direction générale, et les directions impliquées dans la gestion opérationnelle du crédit (direction des engagements, Rapport final 60 Novembre 2008 direction du contentieux, direction des risques, direction juridique, direction comptable et financière,…) ; - la prise de connaissance du système d’information et des échanges sur les modalités d’obtention des requêtes nécessaires à la production de l’information souhaitée ; - une analyse des rapports d’activité et des documents de politique générale relative à la gestion des crédits ; - un contrôle de cohérence et de vraisemblance des informations communiquées. L’enquête effectuée auprès des banques a couvert deux dimensions : Une dimension quantitative : Il s’est agi, sur une période historique de cinq ans (2003 à 2007), d’obtenir les informations quantitatives au niveau de chaque banque, relatives au volume de crédit immobilier, au montant des hypothèques adossées, à la durée initiale, à la durée résiduelle de remboursement, au taux d’intérêt appliqué. Les critères de collecte ont également porté sur la nature du crédit immobilier (habitat, usage commercial,…) et le destinataire (particulier, entreprise, coopératives,…). Afin d’obtenir les informations souhaitées, nous avons élaboré des tableaux de collecte qui sont présentés ci-après. Tableau 1 : Structure des crédits (Pour chaque exercice). (En millions de FCFA) Nature de crédit Crédits immobiliers Selon la définition de l’Instruction 94-03 Encours Dont Encours adossé Dont crédit Total aux Sur promoteurs immobiliers hypothèque Taux moyen Taux moyen autres hors garanties Personnel au personnel Sur 16.1 - Particuliers - Personnel - Entreprises Sous total 1 Autres crédits - Crédits à l'exportation 16.2 - Crédits d'équipement 16.3 - Crédits à la consommation 16.4 - Crédits de trésorerie 16.5 Sous total 2 Total général Rapport final - 61 Novembre 2008 Durée Durée initiale résiduelle moyenne moyenne (mois) (mois) Tableau 2 : Information sur les crédits immobiliers (Pour chaque exercice). (En millions de FCFA) Crédit direct aux particuliers Critères d’analyse Habitat + Usage Autres Crédit indirect aux particuliers (coopératives, associations, autres…) Habitat Autres Crédit aux entreprises Total Commercial Dont crédit aux promoteurs immobiliers Crédits accordés sur l'année Montant Nombre Encours au 31 Décembre Montant total Montant des encours de crédits par durée initiale de remboursement 2< d =<10 ans =< 2 ans Montant des encours de crédits par durée résiduelle de remboursement 2< d =<10 ans >10 ans =< 2 ans >10 ans Taux pratiqués (TTC) Plus haut Pour les crédits < 2 ans Plus bas Moyen Plus haut Pour les crédits entre 2 - 10 ans Plus bas Moyen Plus haut Pour les crédits de plus de 10 ans Plus bas Moyen Garanties Inscription hypothécaire effective ou en cours Promesse d’hypothèque Autres Source informations collectées auprès des banques Compte tenu de notre connaissance du système bancaire, nous avons une claire conscience que le renseignement exhaustif des tableaux pourrait constituer une difficulté notable, du fait de l’organisation et des systèmes d’information mis en place dans la plupart des banques. Rapport final 62 Novembre 2008 Une dimension qualitative : Au-delà de la collecte et de l’analyse des chiffres bruts, l’appréciation du potentiel du marché hypothécaire, ne s’aurait être exhaustive et pertinente sans la prise en compte des aspects qualitatifs. Ceci nous a amené à aborder un certain nombre de thèmes, précisés ci-après : - le mode de financement des crédits immobiliers (provenance des ressources…), - les conditions bancaires généralement appliquées : loan to face value (couverture des crédits par la valeur des garanties), taux de charge (ratio échéance sur revenu net), taux d’intérêt actuel pratiqué, niveau d’apport exigé,… - les garanties garanties) ; habituellement recueillies (hypothèques, autres - la politique de refinancement des créances hypothécaires appliquées sur les cinq dernières années ; - les entraves financières et non financières au développement du crédit hypothécaire ; - l’intérêt pour le refinancement de manière refinancement hypothécaire en particulier ; générale et le - l’intérêt pour les modes de refinancement comme la titrisation et les obligations sécurisées ; - la politique de placement de la banque (marché financier, marché monétaire, autres,…) ; - la politique en matière de crédit immobilier (caractéristiques, orientations majeures,…). Un exemplaire complet du questionnaire soumis aux banques est présenté à l’annexe 3. 3.1.3. Critères de sélection de l’échantillon En vue d’obtenir un échantillon représentatif de l’encours des crédits au sein de l’Union, nous avons privilégié les critères ci-après : - le poids représentatif des banques suivant le critère Total Bilan et Total Crédit accordés, - l’intégralité des banques spécialisées dans le crédit immobilier, notamment les banques de l’habitat ; Rapport final 63 Novembre 2008 - le critère pays, pour tenir compte de la représentation de toutes les places financières de l’Union. Les critères combinés ont permis d’aboutir à un échantillon de vingt cinq banques représentant un scope de 57,52% du total bilan et 56,14% du total des crédits de l’Union. La liste des banques sélectionnées est la suivante : POIDS RELATIF DES BANQUES DANS L’UNION En milliards de FCFA Ordre Banques Pays Encours crédit Total bilan 1 SGBCI Côte d'ivoire 467 314 2 CBAO Sénégal 443 243 3 SGBS Sénégal 442 337 4 BDM Mali 335 182 5 BICICI Côte d'ivoire 272 165 6 BOA BENIN Bénin 258 128 7 BNI Côte d'ivoire 236 194 8 BICIS Sénégal 237 166 9 BIAO-CI Côte d'ivoire 187 109 10 BHS Sénégal 181 87 11 ECOBANK Bénin 160 110 12 BIB Burkina 154 104 13 BICIA BURKINA Burkina 146 96 14 BNDA Mali 140 87 15 BOA CI Côte d'ivoire 122 71 16 ECOBANK MALI Mali 103 63 17 ECOBANK Togo 96 56 18 BHM Mali 89 58 19 BIA NIGER Niger 70 45 20 BTD Togo 53 24 21 BOA NIGER Niger 46 24 22 BHCI Côte d'ivoire 41 28 23 BAO Guinée Bissau 19 9 24 BHB Bénin 7 5 25 BHB Burkina 5 1 4 309 2 706 7 491 57,52% 4 820 56,14% TOTAL Source : Rapport annuel 2006 – Commission Bancaire Total (93 banques de l'Union en 2006) Scope Afin, d’une part de parfaire notre compréhension du marché hypothécaire et, d’autre part d’élargir l’analyse à tous les intervenants du secteur, nous avons rajouté à cet échantillon les structures suivantes : Rapport final 64 Novembre 2008 - une institution de micro finance : le réseau des caisses populaires du Burkina Faso, - le Compte de Mobilisation pour l’Habitat de Côte d’ivoire (CDMH), - le Fonds de garantie de l’habitat (FGHM). Le poids de l’échantillon dans chaque pays est présenté ci-après : En milliards de FCFA Population des banques Pays Total Bilan Bénin Total Crédit 769 Burkina Faso Côte d'ivoire Guinée Bissau Mali Niger Sénégal % de l'échantillon Total bilan Encours crédit 470 55,27% 51,70% 807 561 37,79% 35,83% 2 167 1 472 61,14% 59,85% 28 10 67,86% 90,00% 1 035 625 64,44% 62,40% 277 170 41,88% 40,59% 1 954 1 244 66,68% 66,96% Togo 426 259 34,98% 30,89% Total 7 491 4 820 3.2. Difficultés rencontrées La mise en œuvre de la procédure de collecte au sein de l’UMEOA a été particulièrement difficile pour les principales raisons suivantes. 3.2.1. Disponibilité des informations dans le format souhaité Les systèmes d’information de la plupart des banques reposent sur l’utilisation de progiciels paramétrés, notamment DELTA, ATLAS, GLOBUS ou FLEXCUBE, IGOR, … ; elles sont paramétrées pour traiter et stocker l’information sous un format conforme aux obligations légales de tenue de comptabilité et de reporting à la BCEAO. Le guide d’entretien a été conçu essentiellement pour mettre en évidence la structure et ventilation des crédits immobiliers (par type de crédits et type de clients) et l’analyse des encours hypothécaires sur un certain nombre d’axes. D’une manière générale, les applicatifs utilisés ne permettent pas l’obtention directe de l’information dans la forme souhaitée et prévue par le guide d’entretien. Cette situation a rendu fastidieuse la collecte de l’information et le respect des délais initialement définis. Rapport final 65 Novembre 2008 Par ailleurs, nous avons eu à constater que les attributs prévus par le PCB ne sont pas systématiquement renseignés dans de nombreuses banques rendant difficile toute collecte d’information sans retraitements majeurs. 3.2.2. Absence de système décisionnel Compte tenu de l’inadéquation entre la structure de l’information des banques et nos besoins informationnels, il s’est avéré indispensable de procéder à des requêtes pour l’obtention des informations souhaitées. Une telle option a été possible dans les banques disposant d’outils décisionnels comme Business Object. Dans d’autres cas, en l’absence d’outils décisionnels, les services informatiques ont essayé de concevoir des programmes adaptés. Ces programmes n’ont pas toujours donné les résultats escomptés. Des retraitements ont du dans certains cas être effectués sous format excel. Il convient d’une manière générale de regretter l’absence d’outil décisionnel dans de nombreuses banques, permettant de structurer l’information contenue dans les bases de données, de manière flexible et rapide, en fonction des exigences d’analyse et de gestion. 3.2.3. Historisation et sauvegarde des données Nous avons été confrontés dans certains cas à l’indisponibilité des données relatives aux exercices 2003 et 2004 du fait principalement de l’archivage des données relatives à ces exercices. Dans certains cas, les restaurations de sauvegarde n’ont pas pu être réalisées. Il a fallu en conséquence procéder à une reconstitution des données sur la base des taux d’évolution moyen sur la période. 3.2.4. Interfaçage des applications de gestion des garanties et des crédits Il ressort de nos travaux que la gestion des crédits et celle des garanties est souvent effectuée sur des applications différentes, non interfacées entre elles. Pour permettre de déterminer le montant des hypothèques adossées, cette situation a nécessité une des options suivantes : - le développement d’une requête pour extraire des bases garanties et données financières les informations souhaitées à partir des critères numéro client et références crédit ; - le recours à une approche manuelle par les personnes ressources. Rapport final 66 Novembre 2008 3.2.5. Disponibilité des ressources et des systèmes Conformément au chronogramme de la mission, la collecte des informations s’est effectuée durant tout le mois de juillet. Cette recherche a malheureusement coïncidé avec les arrêtés semestriels ainsi que les travaux de reporting, notamment pour les entités qui font l’objet de consolidation. Cette contrainte a été un handicap pour la disponibilité des personnes ressources et des systèmes d’information. 3.2.6. Confidentialité Trois banques de l’échantillon, n’ont pas souhaité fournir les données quantitatives pour des raisons liées à la confidentialité et à leurs procédures internes. 3.2.7. Ventilation non exhaustive de certains tableaux Les banques n’ont pas toujours été en mesure de renseigner de manière exhaustive certains tableaux. Nous pouvons citer à titre d’exemple les informations suivantes : la ventilation des encours par durée initiale et la ventilation des encours par durée résiduelle. Pour ce qui concerne cette ventilation, les options suivantes ont du être prises en l’absence d’information : la ventilation des encours de crédits par durée initiale de remboursement a été effectuée sur la base des informations qualitatives et en s’appuyant sur les hypothèses suivantes : - la durée initiale des prêts aux promoteurs immobiliers fixée à 2 ans ; - la durée initiale de remboursement des autres prêts : 90% de l’encours pour une durée supérieure à 10 ans et 10% pour une durée comprise entre 2 ans et 10 ans. la ventilation du montant des encours de crédits par durée résiduelle de remboursement a été effectuée comme suit en l’absence d’information : - l’encours de crédits dont la durée résiduelle de remboursement est inférieure à 2 ans est égal au montant des encours de durée initiale inférieure à 2 ans auquel est ajouté 1/8 de l’encours dont la durée initiale de remboursement est comprise en 2 ans et 10 ans ; Rapport final 67 Novembre 2008 - l’encours des crédits dont la durée résiduelle de remboursement est comprise entre 2 ans et 10 ans est égal au montant de l’encours dont la durée initiale de remboursement est comprise entre 2 ans et 10 ans auquel est retranché le montant qui est transféré sur les crédits dont la durée résiduelle est inférieure à 2 ans et est ajouté 1/5 de l’encours des crédit dont la durée initiale est supérieure à 10 ans ; - l’encours de crédit dont la durée résiduelle est supérieure à 10 ans est égal au montant des crédits dont la durée initiale est supérieure à 10 ans auquel est retranché le montant transféré à la partie relative aux crédits dont la durée de vie résiduelle est comprise entre 2 et 10 ans. Cependant, cette extrapolation n’a couvert que 20% des banques de l’échantillon. 3.3. Production de créances hypothécaires 3.3.1. Introduction L’échantillon des banques sélectionné a couvert environ 56.14% des crédits de l’Union sur la base des données 2006 de la Commission Bancaire de l’UEMOA. Certaines banques n’ont pas répondu à nos demandes d’information, malgré les nombreuses relances effectuées avec l’appui des représentants locaux de la BOAD. Le poids respectif de l’échantillon qui a répondu à la demande d’information est présenté ci-après. Poids de l'échantillon ayant répondu par pays En milliards de FCFA Population des banques Pays Total Bilan Total bilan Encours crédit Benin 769 470 34,46% 28,30% Burkina Faso 807 561 18,71% 17,29% 2 167 1 472 39,96% 41,24% 28 10 67,86% 90,00% 1 035 625 64,44% 62,40% 277 170 41,88% 40,59% 1 954 1 244 66,68% 66,96% Togo 426 259 22,54% 21,62% Total 7 491 4 820 46,50% 45,52% Côte d'ivoire Guinée Bissau Mali Niger Sénégal Rapport final % de l'échantillon Total Crédit 68 Novembre 2008 Les banques de l’échantillon qui n’ont pas répondu sont les suivantes : En milliards de FCFA Ordre Banques Pays Encours crédit Total bilan 1 BICICI Côte d'ivoire 272 165 3 BIAO-CI Côte d'ivoire 187 109 4 ECOBANK Bénin 160 110 5 BIB Burkina 154 104 6 BTD Togo 44 24 817 512 Total (banques n'ayant pas répondu) 7 491 4 820 Scope 18,96% 18,92% TOTAL L’échantillon couvre de manière adéquate l’ensemble de l’Union et peut constituer une base fiable d’analyse et de projections. 3.3.2. Principaux enseignements de l’enquête qualitative 3.3.2.1. Existence d’une politique en matière de crédit immobilier (caractéristiques, orientations majeures…) En dehors des banques de l’habitat, très peu de banques disposent d’une politique formalisée en matière de crédit immobilier, même si des orientations sont clairement définies en termes de clientèle cible (acquéreur ou promoteur), de zone géographique (centre ville, quartiers résidentiels…). Sur la base des entretiens effectués, les grandes tendances qui se dessinent sont résumées ci après : - En dehors de la Banque de l’Habitat du Sénégal, qui dispose d’une politique et d’une stratégie orientées vers différents segments de clientèle et qui a mis en place une architecture adaptée et efficace essentiellement tournée vers la promotion de l’habitat et le développement du crédit immobilier, les autres banques de l’habitat, à l’exception du Mali, sont de création récente et n’ont pas encore réussi à asseoir une approche efficace dans leurs marchés respectifs. - Le crédit immobilier est d’une manière générale très peu développé dans la plupart des Etats de l’UEMOA. Cette situation, trouve principalement sa source dans l’acuité des entraves, mais également dans l’absence de stratégie claire des banques pour le développement Rapport final 69 Novembre 2008 du crédit hypothécaire. L’expérience montre que le crédit immobilier constitue pour la plupart des banques un moyen d’accompagnement et de fidélisation de la clientèle. Il n’y a pas toujours eu une volonté réelle de développer ce type de produit pour lequel les ressources adaptées ne sont pas de toute évidence, disponibles sur le marché. Cependant, il convient de noter quelques évolutions récentes avec la création de lignes de métier immobilier dans certaines banques commerciales et la mise en place de politique incitative d’octroi de crédit sans apport. - Certaines banques de l’habitat dont l’objectif est de promouvoir l’immobilier ont tendance à effectuer des crédits en dehors de leur métier de base, notamment des crédits à court terme et des crédits de consommation. C’est le cas par exemple de la Banque de l’Habitat de Côte d’ivoire dont la proportion de crédit immobilier ne représente que 18% des crédits octroyés. C’est également le cas du Mali qui a entrepris d’engager une stratégie de diversification de son portefeuille du fait de l’importance des arriérés enregistrés sur une catégorie de clientèle, les promoteurs, ce qui a entraîné la constitution de provisions pour dépréciation des engagements significatifs. - La plupart des banques souhaite développer le crédit acquéreur et minimiser leurs engagements sur les crédits promoteurs. Elles considèrent que les risques sur les promoteurs immobiliers sont importants, du fait d’une part des possibilités d’inadéquation entre la demande et l’offre, et d’autre part du nombre relativement faible de promoteurs professionnels ayant une envergure financière suffisante. Elles ont globalement pris l’option d’orienter leur effort vers la clientèle acquéreur, ce qui permet une certaine dispersion des risques. - Bien que le résidentiel constitue une préoccupation essentielle des banques, l’orientation majeure semble être le développement de la promotion de l’habitat économique qui constitue l’essentiel de la demande dans la zone UEMOA. 3.3.2.2. Conditions générales de banques Lors de l’enquête, nous avons recueilli auprès des banques de l’échantillon des informations sur les conditions générales appliquées aux crédits immobiliers, notamment en ce qui concerne l’apport, les taux et durée de remboursement, le loan to face value. Le tableau ci après synthétise le résultat de notre échantillon qui couvre 56,14% des encours de crédit de la zone. Rapport final 70 Novembre 2008 Pays Bénin Burkina Faso Côte d'ivoire Guinée Bissau Mali Niger Banque Taux appliqué Apport personnel Durée BOA Bénin 9 à 13 % 20 à 30% 10 - 15 ans ECOBANK Bénin 9 à 11 % 10 à 30% 10 - 12 ans BHB Taux usuel : (intervalle : 6,5% et 12%) 10 à 30% 10 - 15 ans BICIAB 8,5 à 11% >= 20% 10 - 15 ans BHBF 5 à 10% >= 10% 5 - 10 ans RCPBF 14% dégressif >= 15% 1 - 5 ans BOA CI >= 10,25% NC 5 - 10 ans BHCI Eligibilité CMDH Autres : 11 à 15% 10% à 30% 10 - 20 ans 9,5% BIAO 9% et 13% 20% minimum 12 - 20 ans BICICI 14,5 à 15% 10% minimum 12 - 20 ans SGBCI 10 et 13% 20% minimum 12 - 20 ans BAO 11% variable 3 ans en moyenne ECOBANK GB 11% 25% minimum BNDA 9% 0% 15 ans maximum BHM - Bonification de l’OMH : 11% - Autres : 14% - Achat et construction : 30% - Coopératives : 20% - Promoteurs : 50% 20 ans maximum BDM N/A N/A N/A ECOBANK Mali 12% 0% 15 ans maximum BIA 15% 30% 10 - 15 ans BOA Niger 8 à 10% 10%. SGBS 9% 20% Maximum : 20 ans CBAO 9 à 11% 10 à 30% Maximum : 20 ans BICIS Particuliers : 8,10 et 9,75% Entreprises : 9,14% et 10% 20 - 30% 15 ans maximum BHS PEL 5 ans : PEL 2 ans : Taux social : Coopérative : Promoteur : 9,5% PEL : Montant de l'épargne Promoteur : apport minimum 10 à 20% pour les promoteurs et particuliers ne bénéficiant pas de PEL Promoteur : 2 ans Autres : maximum 20 ans Sénégal Togo : 8% 5,5% 7% 8% 8% BTD 11% 20% 5-10 ans ECOBANK Togo 9% Non exigé 5-10 ans - La durée de remboursement. A l’exception de certaines banques, la durée de remboursement des crédits immobiliers aux particuliers est généralement inférieure à dix ans. En dehors du Sénégal et du Mali dont les résultats de l’enquête font apparaître une durée de crédit comprise entre 10 et 15 ans avec parfois une pointe de vingt ans pour la BHS, les banques des autres pays octroient généralement des crédits à des durées comprises entre cinq et dix ans. Les crédits immobiliers aux promoteurs ont une durée inférieure à deux ans et sont généralement classés dans la rubrique court terme. Il résulte de cette analyse que la durée générale des crédits immobiliers est relativement courte dans la zone UEMOA et constitue un handicap à lever pour la promotion du marché hypothécaire. Cette situation rend plus actuel le besoin de mobiliser des ressources longues à travers la mise en place d’instruments de refinancement appropriés. - Le niveau d’apport. L’analyse du tableau récapitulatif montre d’une manière générale que le taux d’apport exigé pour les crédits Rapport final 71 Novembre 2008 immobiliers varie entre 10% et 30% d’une banque à l’autre dans la même place financière. Ce taux semble logiquement varier en fonction du niveau de flux financiers, de la qualité de la garantie et de la durée du crédit. Certaines banques, notamment celles du réseau Ecobank ont mis en place une politique d’octroi de crédits sans apport initial, le crédit immobilier s’inscrivant dans une logique de captation et de fidélisation du client. Les banques qui ont initié une politique de plan épargne logement n’exigent pas d’apport. Le montant épargné est logiquement considéré comme constituant l’apport initial. Pour les promoteurs immobiliers, le niveau d’apport exigé est variable et peut parfois atteindre 50% comme c’est le cas au Mali par exemple. - Les taux d’intérêts. Les taux d’intérêts hors taxes effectivement appliqués pour les crédits immobiliers dans la zone connaissent des disparités importantes. Les taux d’intérêts varient dans une fourchette de 5.5% à 15%. Les constats suivants méritent d’être effectués : o Les taux des banques de l’habitat sont généralement plus faibles que les taux des banques commerciales classiques, du fait principalement d’une politique d’incitation à l’épargne, de leur vocation sociale et de l’existence, même à un niveau marginal, de ressources concessionnelles. o Certaines banques ont initié une politique volontariste de développement de l’épargne qui permet de proposer des taux très compétitifs. Par exemple, la BHS propose un taux d’intérêt de 5.5% pour les clients qui ont accepté d’épargner sur 48 mois, et de 7% pour ceux qui épargnent sur 24 mois. Cette épargne est généralement rémunérée aux conditions du marché. o Les taux présentent des différences sensibles d’un pays à l’autre de l’Union. Les taux d’intérêts les plus faibles sont pratiqués au Sénégal et les plus élevés en Côte d’Ivoire. Ceci serait principalement lié au taux de base bancaire qui dans le premier pays ressort à 8-9% en moyenne contre 10.25-11% pour la Côte d’ivoire. Cependant, d’autres facteurs tels que les exigences de rentabilité, les politiques de marge et les stratégies commerciales des banques pourraient également expliquer l’écart. - Loan to face value. L’enquête effectuée permet de constater que d’une manière générale, les banques de l’Union exigent que la valeur du bien corresponde au moins à 100% de la valeur du prêt. Pour certaines banques, nous avons constaté que ce ratio pouvait atteindre 130%. Rapport final 72 Novembre 2008 3.3.2.3. Les garanties habituellement recueillies par les Banques pour la couverture des crédits immobiliers Les garanties recueillies par les banques portent essentiellement sur le bien financé. D’une manière générale, l’hypothèque est quasi systématique lorsque le titre foncier est disponible. Pour le droit au bail, il est procédé à une inscription ferme d’hypothèque lorsque la législation nationale le permet ou à un nantissement du droit au bail dans le cas contraire. Les titres précaires, notamment les permis d’occuper ne sont pas généralement retenus comme garantie dans le cadre des crédits immobiliers. Aux garanties sur le bien financé s’ajoutent les garanties usuelles suivantes : - la délégation de revenus locatifs - la domiciliation de salaires - l’assurance vie ou l’assurance pour perte d’emploi et incendie - l’assurance crédit D’une manière générale, les entraves liées aux hypothèques ont fait l’objet de développement dans la partie 2 du présent rapport. 3.3.2.4. Entraves physiques et financières au développement de ce type de crédit La zone présentant beaucoup de similitudes d’un pays à l’autre, les banques de notre échantillon ont plus ou moins relevé les mêmes entraves. Elles sont résumées ci-après : Entraves financières - Le principal blocage pour le développement du crédit immobilier est surtout l’absence de ressources longues. Il existe une demande sur le marché qui n’est pas satisfaite. - Le coût élevé et la rareté des ressources devant permettre le financement des crédits immobiliers forcent les banques à appliquer des taux importants sur des durées peu compatibles avec la nature des crédits immobiliers. - L’importance des frais liés à l’acquisition d’un logement (droits d’enregistrement, primes d’assurances, frais d’inscription Rapport final 73 Novembre 2008 hypothécaire, droits de mutation, coût de la garantie du FGHM, etc.…). - L’absence d’un véritable système de bonification des taux. En effet, la bonification de taux par l’Office Malien de l’Habitat (OMH) n’est prévue que lorsque le taux est inférieur au plafond de 7%, ce qui est difficile compte tenu du coût des ressources. - Les difficultés liées à la réglementation, notamment le ratio de transformation et l’instruction 94-05 relative au provisionnement des engagements en souffrance. Entraves non financières - La défaillance du système notarial, précarité des titres (permis d’occuper), et la longueur de la procédure d’inscription hypothécaire. - Les problèmes liés au droit coutumier et à la normalisation foncière : planification, morcellement, immatriculation, attribution… - L’évaluation des garanties foncières pose un problème aux banques qui estiment que le manque d’experts évaluateurs ne leur permet pas de s’assurer de la correcte évaluation des garanties. En Guinée Bissau l’évaluation des garanties se fait par le ministère de l’urbanisme. - La pratique en termes de garantie dont l’une des conditions est modalités de cette inscription démarches…) créent des réticences est l’hypothèque du bien financé l’inscription hypothécaire. Les (durée, coût, complexité des de la part des clients. - La sécurisation de l’investissement est également menacée du fait que les banques se retrouvent souvent acquéreurs dans les procédures de réalisation des garanties. Actuellement, le patrimoine des banques maliennes comporte un nombre important d’immeubles improductifs acquis par réalisation de garanties sur des débiteurs défaillants. Les banques envisagent la création d’une société chargée de gérer tout ce patrimoine. - Les principales difficultés sont liées aux garanties hypothécaires. La politique interne exige des garanties hypothécaires de premier rang. Compte tenu de la difficulté d’obtention des certificats de propriété et des nombreux litiges fonciers, certaines banques sont obligées d’accepter les arrêtés de concession provisoire ou les promesses d’affectation hypothécaire. - la mentalité socio-culturelle : les populations ne sont pas habituées à la co-propriété. - La faiblesse des revenus des populations constitue une des entraves majeures au développement du marché hypothécaire. Cette situation expliquerait dans certains pays l’existence de deux étapes dans Rapport final 74 Novembre 2008 l’acquisition d’un logement : l’acquisition du terrain dans un premier temps et la construction dans un deuxième temps. - Promotion immobilière : insuffisance de la surface financière des promoteurs immobiliers et défaillances de certains promoteurs immobiliers : cas de détournements d’objectifs. - Stabilité politique et risque pays : cas de la Côte d’ivoire et de la Guinée Bissau. 3.3.2.5. Financement du marché immobilier 3.3.2.5.1. Mode de financement (provenance des ressources…) Le constat majeur est que les banques ne disposent pas d’outils d’analyse et de suivi de la provenance des ressources affectées au crédit hypothécaire. Très peu de banques ont été en mesure de donner des informations chiffrées sur le sujet. A l’analyse, il n’existe pas de provenance standard des ressources bancaires destinées à l’immobilier. Les prêts immobiliers sont principalement financés sur les fonds propres et les dépôts à court terme ou à vue dans la limite des prescriptions prudentielles (ratio de transformation). Les banques de l’habitat se financement principalement sur les dépôts des clients par des actions soutenues dans le domaine de l’épargne logement. Ces ressources sont complétées par des fonds en provenance de l’Etat et des bailleurs afin de réduire le coût global du financement et de proposer des taux attrayants à la clientèle. Par ailleurs, pour promouvoir le crédit immobilier, les banques commerciales, à l’image des banques de l’habitat, ont presque toutes initié des plans épargne logement (PEL) afin de capter plus efficacement l’épargne à priori destiné à des fins immobilières. Le tableau ci après détaille l’origine du financement des emplois pour les banques de notre échantillon suite à l’enquête qualitative effectuée : Rapport final 75 Novembre 2008 Source de financement Pays Banque Burkina Faso Dépôts (à Fonds vue ou à propres terme) BHB x x BICIAB x x x x Emission obligataire Observations Autres Etat du Burkina Faso dans le cadre de la politique de logement social RCPBH BHB Bénin Côte d'ivoire BOA x x Ecobank x x BHCI x x BIAO x x BICICI x x BNI x x BOA CI x x BAO Guinée Bissau Mali x x Emprunt de 6 milliards contracté auprès du fonds de soutien à l'habitat x Concours bancaires au sein du groupe, prêts syndiqués... x Ecobank Guinée Bissau ne fait pas de crédit immobilier BHM x x x x BHM 7,5% 2002-2007 : 5 000 000 000 Fcfa BNDA x x x x BNDA 6,5% 2004-2009 : 3 500 000 000 Fcfa x x x BOA-MALI 5,75 % 2006-2011:2 000 000 000 Fcfa BOA x x BIA x x BOA x x CBAO x x SGBS x x BICIS x x BHS x x Emprunt obligataire SGBS 6,25%1998-2005 : 10 000 000 000 Fcfa Recours au réseau des Sociétés Générales x Sénégal Togo Emprunts intra-groupe (BOA) APE - BOA Benin 6,60% 2001-2008 : 5 000 000 000 Fcfa Ecobank Ecobank Niger x BTD x x Ecobank x x x Convention affectation de ressources avec l'Etat (Fonds pour l'habitat) Les principaux constats suivants peuvent être tirés : - aucune des banques rencontrées ne procède à une analyse de ses ressources par destination. Il est impossible d’évaluer de manière précise les différentes sources de financement qui servent aux emplois longs notamment les emplois immobiliers ; - toutes les banques de la zone UEMOA financent leurs emplois sur les ressources dites « traditionnelles » à savoir les dépôts et emprunts d’une part, et d’autre part les fonds propres qui représentaient respectivement 5 699 milliards de FCFA et 739 milliards de FCFA à fin 2006 ; - au niveau sous régional, l’information disponible porte sur la proportion des ressources à vue pour 2 863 milliards de FCFA et des ressources à terme pour 2 835 milliards de FCFA, soit 50% environ. Rapport final 76 Novembre 2008 Les ressources à terme sont essentiellement constituées de dépôts à moins de deux ans, donc à court terme ; - comme révélé par l’étude qualitative, des banques ont mis en place des Plans d’épargne logement (PEL) pour capter les ressources longues. Cependant, la classification des ressources actuelles en fonction de leur ancienneté n’est pas disponible du fait que les systèmes d’information des banques ne sont pas paramétrés en conséquence ; - cinq banques ont eu recours à un emprunt obligataire pour un montant global de 25,5 milliards de FCFA sur les dix dernières années. Ce financement n’est cependant pas exclusivement destiné au marché immobilier ; - le niveau des ressources publiques et des emprunts destinés à financer des opérations immobilières reste d’une manière générale marginal. Cette situation a pour conséquence principale l’absence de ressources longues permettant d’opérer des financements adaptés au crédit immobilier. La conclusion majeure est que l’essentiel du financement est assuré à travers des ressources à court terme utilisées dans le cadre du processus de transformation. 3.3.2.5.2. Intérêt des banques pour le financement de projets immobiliers (habitat, immobilier commercial…) Deux tendances se dégagent suite à l’enquête effectuée: - Les banques de l’habitat ont naturellement fait montre d’un grand intérêt pour l’immobilier du fait : o que cette activité constitue leur objet social, leur vocation, leur mission et justifie leur raison d’être ; o la présence comme actionnaire majoritaire, voire significatif des Etats qui ambitionnent de promouvoir le développement de l’immobilier ; o les banques de l’habitat constituent d’une manière générale un des instruments clés de la politique d’habitat. - Les banques ordinaires ont manifesté un intérêt pour le développement de l’immobilier qui constitue une préoccupation majeure de leur clientèle. Elles doivent de plus en plus faire face à la pression de la clientèle et seraient heureuses d’augmenter leurs concours dans ce secteur si les conditions suivantes sont remplies : Rapport final 77 Novembre 2008 o les ressources adaptées, donc longues soient mises en place à des conditions compétitives ; o les promoteurs se professionnalisent ; o les entraves foncières sont levées. Les banques ordinaires indiquent cependant qu’elles sont confrontées à la concurrence des banques de l’habitat qui disposent d’un avantage compétitif évident qui serait essentiellement lié au coût des ressources et à l’effet d’expérience. D’une manière générale, l’immobilier est perçu comme un axe de développement de la plupart des banques qui sont conscientes de l’importance et la pérennité du marché, mais également de l’acuité des besoins. L’intérêt pour l’immobilier commercial semble être limité compte tenu des difficultés rencontrées par certains promoteurs dans un passé récent sur certaines places financières da la zone. 3.3.2.6. Refinancement des créances hypothécaires 3.3.2.6.1. Politique de refinancement des créances hypothécaires De nos échanges avec nos différents interlocuteurs, il ressort que très peu d’établissements, voir aucun, ne dispose d’une politique formalisée de refinancement. Le CDMH en Côte d’Ivoire, offre des facilités administratives de refinancement. Les opérations avec le CDHM restent marginales. Des lignes de refinancement ont, cependant été mises en place par certains bailleurs comme la BOAD. 3.3.2.6.2. Cas du CDMH (Compte De Mobilisation pour l’Habitat) Les résultats sont pour l’instant mitigés du fait que le niveau de sollicitation n’est pas à la hauteur des prévisions et que l’impact sur l’accès des couches moyennes et défavorisées au logement semble peu significatif au regard des besoins des populations cible. Rapport final 78 Novembre 2008 a. Objet Le Compte de Mobilisation pour l’Habitat (CDMH) créé par décret n°87367 du 1er avril 1987 a pour objet de permettre l’amélioration des conditions d’accession à la propriété de l’habitat social et de concourir au refinancement des crédits acquéreurs consentis par les banques et les établissements financiers. Cette caisse de refinancement est placée sous la tutelle de deux ministères (le ministère de la Construction et de l’Urbanisme et celui en charge de l’Economie et des Finances) et n’a pas la personnalité juridique. La gestion financière et comptable de ses fonds est assurée par la Banque Nationale d’Investissement (BNI). b. Conditions d’éligibilité Elles sont de trois (3) ordres : au niveau de la banque ou de l’établissement financier, du programme immobilier et de l’acquéreur. Au niveau de la banque ou de l’établissement financier Il faut obtenir l’agrément du CDMH après une demande expressément formulée. L’agrément est donné aux banques et établissements financiers remplissant les conditions de solvabilité exigées par le fonds et ayant une gestion conforme aux dispositions réglementaires bancaires en vigueur. Huit (8) banques sont agréées au CDMH à ce jour. Ce sont : la BHCI, la BIAO, la BICICI, la SGBCI, la SIB, ECOBANK, la BNI et la COBACI. Au niveau du programme immobilier Les programmes immobiliers éligibles au refinancement auprès de la CDMH doivent répondre aux conditions suivantes : - être exonéré de TVA et TPS (il faut un arrêté d’exonération fiscale du MEF pour la TVA et la TPS), - être composé de logements dont le prix est inférieur ou égal à 15 millions de FCFA (HT), soit 17, 7 millions de FCFA (TTC), - avoir obtenu l’accord préalable d’urbanisation et le certificat d’urbanisme. Rapport final 79 Novembre 2008 Au niveau de l’acquéreur Les crédits immobiliers pouvant faire l’objet de refinancement auprès de la CDMH doivent répondre à des conditions portant également sur l’acquéreur. Elles sont les suivantes : - avoir un revenu mensuel inférieur ou égal à 700 000 FCFA (valable pour le ménage), - solliciter le prêt pour une durée comprise entre 11 et 20 ans, - acquisition d’un logement neuf à titre de première habitation principale, - apport personnel au moins égal à 10% du prix d’acquisition. c. Offre de refinancement Le refinancement CDMH se fait aux conditions suivantes : - Taux de refinancement : 6% - Marge bancaire : 3% - Assurance : 0,5% - Taux de prêt à l’acquéreur : 9,5% - Durée : 11 à 20 ans - Quotité de refinancement : 90 à 95% selon la durée du prêt. d. Données quantitatives - Le Comité de Gestion a agrée au cours de l’année 2007, quatre (4) programmes immobiliers de 917 logements pour un montant prévisionnel de refinancement de 5,1 milliards FCFA. Au total, de 1988 à ce jour, 148 programmes immobiliers comprenant 28 022 logements ont été agréés pour des besoins prévisionnels de refinancement estimés à 173 milliards de FCFA. - Au cours de l’exercice 2007, aucune banque n’a présenté de dossiers à refinancer. Sur l’ensemble des demandes d’accord de refinancement (DAR) agréées depuis 1988, 5117 dossiers ont fait l’objet de refinancement au profit des banques pour un montant global de 25, 5 milliards de FCFA, soit 65% des demandes d’accords de refinancement. - L’encours des crédits refinancés des banques à fin décembre 2007 s’élève à 1, 9 milliards FCFA. Rapport final 80 Novembre 2008 En conclusion, le CDMH ne refinance que 1,250 milliards de FCFA en moyenne par an. Il est donc clair que ce mécanisme n’a pas rempli ses objectifs. La plupart des banques interrogées mette en cause le taux d’intérêt proposé qui ne permet pas de dégager une marge suffisante. Les banques considèrent que 3 points de base ne permettent pas de rémunérer correctement le risque et de couvrir les charges d’exploitation. 3.3.2.6.3. Intérêt pour le refinancement de manière générale et le refinancement sur le marché hypothécaire en particulier De manière générale, les échanges avec nos différents interlocuteurs ont conduit aux conclusions suivantes : - l’inadéquation des rares mécanismes (CDHM) existant pour le refinancement des ressources longues ; - l’existence d’un besoin réel en matière de refinancement de créances hypothécaires. Plus spécifiquement, les banques souhaitent la mise en place d’une caisse de refinancement présentant les caractéristiques suivantes : - taux compétitifs sur le marché ; - rapidité et délai de réaction court. Les banques, en particulier celles de l’habitat, ont fortement souhaité une revue à la baisse du ratio de transformation afin de leur permettre de respecter leur ratio prudentiel ou éventuellement d’augmenter leur production de créances hypothécaires. 3.3.2.6.4. Intérêt pour des modes de refinancement alternatifs comme la titrisation, les obligations sécurisées… Les banques de notre échantillon ont été sondées sur l’intérêt pour les modes de financements alternatifs. Les principales conclusions sont résumées ci après : - La titrisation est pour beaucoup un mécanisme peu ou pas connu qui semble quelque peu complexe et éloigné des préoccupations des banquiers de la sous région. Très peu de banquier ont une claire vision des mécanismes, acteurs et instruments de la titrisation. D’une Rapport final 81 Novembre 2008 manière générale, les banques considèrent que la priorité doit être accordée à la mise en place d’une caisse de refinancement régionale pour bénéficier des possibilités d’économies d’échelle. Si certains grands établissements et réseaux ont montré un intérêt qui reste cependant limité pour la titrisation, il en va autrement des « petites banques », qui outrent le fait qu’elles ne connaissent pas ce mécanisme considèrent qu’il n’est pas adapté à la réalité de leur business et à la taille de leur portefeuille et de leur structure. La crise des « subprime » a contribué à donner dans la sous région une image négative de la titrisation et à créer une certaine méfiance vis-à-vis de celle-ci qui nécessite des actions de communication appropriées. - Les obligations sécurisées ne sont pas connues de la plupart des acteurs interrogés. Certains en ont une vague compréhension à travers les sociétés de droit foncier telles quelles existent en France. 3.3.2.7. Politique de placement D’une manière générale, nous n’avons pas constaté l’existence d’une politique de placement formalisée au sein de la plupart des banques rencontrées. Cependant, les orientations qui se dégagent sont les suivantes : - Le marché interbancaire ainsi que le marché monétaire occupent une place significative dans la gestion des excédents de trésorerie à court terme. - Le recours fréquent aux obligations d’Etat et aux bons du Trésor qui occupent une place très significative compte tenu des taux sensiblement plus élevés lors des dernières émissions, des avantages fiscaux associés et des possibilités de refinancement auprès de la Banque centrale. - Des politiques de réseaux semblent se dessiner sur toute la zone. Nous avons eu à constater que certains réseaux ont une gestion centralisée de leurs excédents de trésorerie en vue de la réalisation d’arbitrages pour optimiser leurs placements. Le marché interbancaire, entre composantes du même réseau, semble se développer progressivement. D’une manière générale, les banques souhaitent l’arrivée de nouveaux instruments, plus rémunérateurs, et apportant une certaine diversification dans les possibilités d’optimisation financière. Rapport final 82 Novembre 2008 3.3.2.8. Développement du marché hypothécaire : suggestions et recommandations Les échanges avec nos interlocuteurs ont permis de noter un certain nombre de pistes constituant de réels leviers d’amélioration pour le développement du marché hypothécaire. Ces axes d’amélioration sont résumés ci-après : - une volonté politique forte des Etats en matière de politique du logement, aménagement urbain, gestion du foncier, mise en œuvre du cadre juridique, allègement de la fiscalité sur les transactions immobilières et les matériaux de construction… ; - la mise en place d’un fonds de garantie pour permettre aux établissements financiers de réduire le risque sur des clientèles peu solvables. Les interlocuteurs souhaitent que ce Fonds ne soit pas aussi coûteux que celui du Mali et reposent sur un principe de partage des risques plus attractif; - la mise en place de mécanismes de refinancement simples, accessibles à des conditions acceptables par les banques (taux, durée…) ; - l’amélioration du cadre prudentiel, en particulier l’augmentation du ratio de transformation pour permettre la hausse du volume de crédit à long et moyen terme ; - la refonte du dispositif relative au provisionnement des engagements en souffrance, dans le sens de la prise en compte dans la couverture des garanties, des hypothèques de rang supérieur, et des hypothèques sur le droit au bail ; l’amélioration urgente du niveau de bancarisation pour réduire le développement de l’immobilier hors banques ; les banques devront s’atteler à développer des produits plus incitatifs pour mieux « capter » les ressources générées par le secteur informel ; - la rationalisation et l’ajustement quantitatif de l’offre immobilière à la demande par l’encouragement de la promotion immobilière ; - l’ajustement qualitatif pour une meilleure adéquation de l’offre et de la demande ; certains promoteurs ont une préférence pour l’immobilier haut de gamme et passent à côté du potentiel énorme que représentent les couches moyennes ; - un souci général auprès de banques importantes de voir émerger des instruments nouveaux et apportant une certaine diversification dans la gestion des risques et dans la sécurisation des investissements. Rapport final 83 Novembre 2008 3.3.3. Evaluation de créances hypothécaires dans l’UEMOA Les résultats de l’échantillon ont été dans un premier temps compilés par pays, puis extrapolés par pays sur la base d’une variable intégrant : - la proportion de crédit immobilier dans les crédits des banques de l’échantillon - la proportion des crédits de l’échantillon par rapport aux crédits du pays Pour éviter de biaiser l’échantillon et fausser les résultats obtenus, les banques de l’habitat du fait de leur spécificité ont été exclues de l’extrapolation. Du fait que les banques de l’habitat ont été couvertes de manière exhaustive, les résultats obtenus ont été directement agrégés dans l’encours hypothécaire. Les résultats obtenus sont présentés ci-après : Analyse historique L’extrapolation des encours de notre échantillon sur les cinq dernières années a donné les résultats suivants : (en millions de FCFA) Benin Burkina 2 003 2 004 2 005 2 006 2 007 3 842 4 002 6 716 8 299 10 815 8 864 10 449 12 318 14 520 18 746 41 748 38 330 34 598 31 745 32 046 22 92 545 748 1 040 Mali 67 140 78 339 74 310 67 704 62 767 Niger 1 981 3 162 4 687 6 859 8 233 121 239 146 155 178 319 193 114 212 359 Côte d'Ivoire Guinée Bissau Sénégal Togo 3 254 4 380 5 896 7 937 16 920 Total 248 090 284 909 317 389 330 926 362 926 L’encours global de notre échantillon a enregistré une progression moyenne de 10,04% sur la période. Excepté la Côte d’Ivoire et le Mali qui ont connu une régression moyenne sur la période respectivement de 6,30% et 1,16%, une évolution positive est en général notée sur les autres pays comme en témoigne le graphe qui suit. Rapport final 84 Novembre 2008 Les plus fortes croissances sont enregistrées au niveau des pays ayant les encours moyens les plus bas : Pays Taux d’évolution moyen Encours moyen (en millions de FCFA) Benin 31,5% 6 735 Burkina 20,7% 12 980 Côte d'Ivoire -6,3% 35 694 219,7% 490 Mali -1,2% 70 052 Niger 43,6% 4 984 Sénégal 15,2% 170 237 Togo 54,3% 7 677 Guinée Bissau Il convient de signaler le cas de la Côte d’Ivoire qui connait une forte décroissance en raison probablement de la crise politique. Analyse par pays L’encours extrapolé des crédits hypothécaires au 31 décembre 2007 se répartit comme suit par pays : Rapport final 85 Novembre 2008 Le Sénégal concentre l’essentiel de l’encours de crédits hypothécaires pour un volume de 212 358 millions de FCFA au 31 décembre 2007 soit 59%. Le Mali arrive en seconde position avec un encours de 62 767 millions de FCFA. Les créances hypothécaires de ces deux pays qui représentent 76% des concours de l’Union sont en majorité composées des encours des banques de l’habitat. En effet, les encours de la Banque de l’Habitat du Sénégal (BHS) et de la Banque de l’Habitat du Mali (BHM), pour respectivement 89 947 millions de FCFA et 60 200 millions de FCFA, représentent 41% de l’encours de la zone extrapolé au 31 décembre 2007. Analyse par bénéficiaire L’encours extrapolé au 31 décembre 2007 des crédits hypothécaires à l’ensemble de la zone se répartit comme suit par bénéficiaire : Rapport final 86 Novembre 2008 L’analyse des résultats révèle une orientation stratégique des banques vers le crédit aux particuliers qui représente environ 69% des concours en matière de crédits hypothécaires au 31 décembre 2007 pour un montant de 249 542 millions de FCFA. Le crédit aux promoteurs n’est développé que dans trois pays à savoir le Sénégal, le Mali et le Bénin. Ce dernier compte moins de 1% de l’encours des crédits aux promoteurs. La catégorie « Autres types de crédit » constituée pour la majorité des crédits faits aux entreprises reste marginale au niveau de la zone. Le Sénégal arrive également en tête sur ce segment avec 83% pour 25 725 millions de FCFA. Comparatif entre l’échantillon et l’encours extrapolé L’analyse des données recueillies sur les banques de notre échantillon banque par rapport à l’extrapolation donne les résultats suivants : (en millions de FCFA) Encours global extrapolé Banque de l'habitat Encours Echantillon/ échantillon Extrapolation Benin 10 815 7 102 9 006 83,27% Burkina 18 746 1 630 4 559 24,30% Côte d'Ivoire 32 046 4 407 15 564 58,56% Guinée Bissau 1 040 0,00% Mali 62 767 60 200 61 703 98,30% Niger 8 233 4 891 3 342 83,85% Sénégal 1 040 212 359 89 947 178 079 5,30% Togo 16 920 - 8 981 113,13% Total 362 926 168 178 282 274 77,77% L’encours de crédit de l’échantillon au 31 décembre pour 282 274 millions de FCFA, représente 77,77% de l’encours extrapolé. Analyse garanties adossées Les garanties recueillies sur les crédits hypothécaires de notre échantillon de banques s’analysent comme suit en millions de FCFA : Rapport final 87 Novembre 2008 (en millions de FCFA) Encours au 31 décembre 2007 Hypothèques Autres garanties Total garanties Total garanties/ Hypothèque/ Encours (%) Encours (%) Benin 9 006 5 650 - 5 650 63% Burkina 4 559 10 - 10 0% 0% 15 564 15 355 209 15 564 100% 99% 43% Côte d'Ivoire Guinée Bissau 63% 1 040 445 595 1 040 100% Mali 61 703 60 628 - 60 628 98% 98% Niger 3 342 3 342 - 3 342 100% 100% 74% Sénégal 178 079 131 509 6 887 138 396 78% Togo 8 981 471 8 509 8 980 100% 5% Total 282 274 217 410 16 200 233 610 83% 77% Les banques de l’Union ont une politique très prudente en matière de crédit immobilier avec un niveau de couverture de leurs concours de 83%. Les hypothèques qui représentent 93% des garanties sont lorsque cela est possible systématisées par la majeure partie des banques pour l’octroi de crédit immobilier. Cette situation est pondérée par le cas du Sénégal qui se retrouve avec un taux de couverture des crédits par une hypothèque de 74%. Le taux de couverture au Sénégal est négativement impacté par une banque de la place dont l’encours de 57 182 millions de FCFA au 31 décembre n’est adossé que sur 12 717 millions de FCFA d’hypothèque sur la base des informations communiquées. Analyse maturité La répartition de l’encours des crédits hypothécaires au 31 décembre 2007 suivant la maturité a donné les résultats ci-après en millions de FCFA : Répartition de l’encours en fonction de la durée initiale =< 2 ans Benin 2 088 Burkina 3 619 Côte d'Ivoire 6 187 201 Mali Niger Total Rapport final Total 10 815 8 577 6 551 18 747 14 661 11 198 32 046 476 364 1 041 12 117 28 716 21 933 62 766 1 589 3 767 2 877 8 233 40 997 97 155 74 207 212 359 Togo 3 266 70 064 88 4 948 >10 ans 3 779 Guinée Bissau Sénégal 2< d =<10 ans 7 741 166 041 5 912 126 821 Novembre 2008 16 919 362 926 Répartition de l’encours en fonction de la durée résiduelle =< 2 ans Benin 1 684 Burkina Côte d'Ivoire Guinée Bissau 2< d =<10 ans >10 ans Total 9 131 - 10 815 4 715 5 361 8 670 18 746 10 682 21 364 - 32 046 594 118 328 1 040 33 938 4 452 23 308 3 057 5 522 724 62 767 8 233 Sénégal 22 647 136 286 53 426 212 359 Togo 15 179 1 740 - 16 920 Total 93 891 200 365 68 670 362 926 Mali Niger Le degré de maturité des créances hypothécaires peut être schématisé comme suit Encours en fonction de la durée initiale Encours en fonction de la durée résiduelle 50% 60% 40% 50% 40% 30% 30% 20% 20% 10% 10% 0% 0% =< 2 ans 2< d =<10 ans >10 ans =< 2 ans 2< d =<10 ans >10 ans L’analyse des résultats révèle une prépondérance de l’encours dont les durées initiale et résiduelle sont comprises entre 2 ans et 10 ans. Cette situation s’explique principalement par le cas spécifique du Sénégal qui totalise 59% de l’encours au 31 décembre 2007. La tendance au niveau des principales banques du Sénégal est à l’octroi de crédits à moyen terme. La Banque de l’Habitat du Sénégal a un portefeuille composé à 50% de crédit à moyen terme (durée inférieure à 10 ans). L’importance relative des crédits à court terme s’explique par le niveau du crédit entreprise (promoteurs) dont l’encours cumulé sur le Mali et Sénégal se chiffre à 50 607 millions de FCFA. Rapport final 89 Novembre 2008 3.3.4. Projection de la production de créances hypothécaires 3.3.4.1. Approche préliminaire Afin de déterminer la production de créances hypothécaires sur la période 2008 – 2012, nous avons procédé aux extrapolations suivantes : - extrapolation sur la base du PIB moyen de chaque pays - extrapolation sur la base du taux d’évolution moyen pondéré des créances hypothécaires sur les cinq dernières années ; - extrapolation sur le taux de croissance par pays des créances hypothécaires sur les deux dernières années (tendances récentes). A l’issue de nos travaux, nous avons obtenu les résultats suivants : Projection de créances hypothécaires (base PIB moyen de chaque pays) – en millions de FCFA Pays Evolution moyen du PIB (2003 - 2007) Bénin Burkina 2 008 2 009 2 010 2 011 2 012 3,66% 11 211 11 621 12 046 12 487 12 944 6,06% 19 882 21 087 22 365 23 720 25 157 Côte d'Ivoire (1) 0,88% 33 170 34 333 35 538 36 784 38 074 Guinée Bissau 2,38% 1 065 1 090 1 116 1 143 1 170 Mali 4,56% 65 629 68 622 71 751 75 023 78 444 Niger 3,62% 8 531 8 840 9 160 9 491 9 835 Sénégal 4,94% 222 850 233 858 245 411 257 534 270 256 Togo 1,96% Total 17 252 17 590 17 935 18 286 18 644 379 590 397 041 415 322 434 468 454 524 (1) Le taux retenu pour la Côte d'ivoire est le PIB moyen de la zone sur la période 2003 - 2007 soit 3,51% Projection des créances hypothécaires (base taux moyen d'évolution des encours entre 2003 - 2007) En millions de FCFA Pays Taux moyen d'évolution des encours 2003 2007 Benin 9,95% 11 891 13 074 14 375 15 805 17 378 Burkina 9,95% 20 611 22 662 24 917 27 396 30 122 Côte d'Ivoire (1) 9,95% 35 235 38 740 46 450 55 693 66 776 Guinée Bissau 9,95% 1 143 1 257 1 382 1 520 1 671 Mali 9,95% 69 012 75 879 83 429 91 730 100 857 Niger 9,95% 9 052 9 953 10 943 12 032 13 229 Sénégal 9,95% 233 489 256 721 282 265 310 350 341 230 Togo 9,95% 18 604 20 455 22 490 24 728 27 188 399 037 438 741 486 251 539 254 598 451 Total 2 008 2 009 2 010 2 011 (1) Côte d’ivoire : 9,95% de croissance en 2008 et 19,90% à compter de 2009 Rapport final 90 Novembre 2008 2 012 Projection des créances hypothécaires (base taux moyen d'évolution des encours entre 2003 – 2007) En millions FCFA Pays Taux moyen d'évolution des encours 2005/2006 - 2006/2007 2 008 2 009 2 010 2 011 2 012 Benin 26,94% 13 729 17 428 22 124 28 085 35 652 Burkina 23,49% 23 150 28 587 35 303 43 596 53 836 Côte d'Ivoire (1) N/A 35 235 42 246 50 653 60 733 72 819 Guinée Bissau 38,14% 1 136 1 242 1 356 1 482 1 619 Mali (2) 9,95% 69 012 75 879 83 429 91 730 100 857 Niger 33,19% 10 965 14 604 19 451 25 906 34 503 Sénégal 9,13% 231 750 252 912 276 006 301 209 328 713 Togo (2) 9,95% Total 18 604 20 455 22 490 24 728 27 188 403 581 453 353 510 812 577 469 655 187 Pour ce dernier cas, les hypothèses suivantes ont été retenues : - Côte d’Ivoire (1) : le taux d’évolution moyen des encours hypothécaires a été retenu pour 2008. Compte tenu de la stabilisation politique en cours, nous avons pris l’option de doubler le taux de croissance des encours hypothécaires à partir 2009. - Mali et Togo (2) : le taux d’évolution moyen des encours hypothécaires sur la période 2003-2007. Sur la base des hypothèses retenues, le potentiel du marché hypothécaire sur les cinq prochaines années s’établit comme suit : En millions de FCFA Hypothèses 2008 2009 2010 2011 2012 Basse 379 589 397 041 415 321 434 469 454 526 Haute 403 581 453 353 510 812 577 468 655 188 Valeur médiane 391 585 425 197 463 067 505 968 554 857 Les projections à l’horizon 2012 de la production de créances hypothécaires se présentent comme suit par pays : Hypothèse basse Rapport final Hypothèse haute 91 Novembre 2008 Nous avons donc retenu une valeur médiane de l’encours de crédit hypothécaire que s’établit à 554 857 millions de FCFA en 2012 contre 362 926 millions de FCFA au 31 décembre 2007, soit une progression de 53% sur la période. La démarche retenue, qui repose sur l’extrapolation, à partir de données réelles et mesurables, a été privilégié à une approche purement statistique pour les raisons suivantes : - les données sur les crédits hypothécaires ne sont disponibles que sur cinq ans, ce qui limite la recherche de corrélation avec d’autres variables ; - il n’existe pas suffisamment d’informations fiables au niveau de la zone relatives aux principaux indicateurs, (l’offre de logement, la demande de logement, l’importance des programmes immobiliers en cours, …) permettant de fonder une approche incontestable. La valeur médiane de 554 857 millions de FCFA, constitue, à notre avis, une approche prudente, de l’estimation des encours hypothécaires à l’horizon 2012. Elle pourrait bien évidement évoluer dans des proportions plus importantes si les principales entraves au développement du marché hypothécaire présentées dans la partie 2 étaient levées. 3.3.4.2. Approche complémentaire Suite aux observations formulées par la BOAD nous avons procédé à une analyse de la régression linéaire et à l’utilisation de la méthode des séries chronologiques. a. Méthode de la régression linéaire Rappel du modèle La principale technique économétrique est la régression. Cette dernière peut être linéaire simple, multiple, logistique, etc. Elle consiste à expliquer une variable Y donnée par des variables X, Z,… Le modèle linéaire simple s’écrit : y = β 0 + β1 x + µ Rapport final 92 Novembre 2008 où β 0 est la constante, β 1 est la pente et µ le terme aléatoire. On parle ainsi de la régression de y = ( y i ) i =1, 2,..., n sur x = ( x i ) i =1, 2,..., n , n la taille de la population, les variables y et x sont appelés : var iable indépendante var iable dépendante var iable exp liquée var iable exp licative y = var iable de réponse , x = var iable de contrôle var iable Pr édictive var iable prédite régressant régresseur La détermination de ce modèle revient à estimer les paramètres x y en utilisant les observations i et i des variables x et y. β 0 et β 1 Une fois le modèle déterminé, il est procédé à des prévisions en passant par la description qui peut exister entre les variables. Outil utilisé L’outil utilisé pour l’analyse statistique est le logiciel SAS (SAS Institut). Le système SAS est un ensemble de modules pour la gestion et le traitement statistique des données (collecte des données, présenter des résultats et modéliser, faire des prévisions). La variable à déterminer est le coefficient de corrélation de PERSON. Résultat Sur la base d’une analyse effectuée sur les cinq années écoulées, la corrélation entre l’évolution du PIB et l’évolution de l’encours des crédits hypothécaires n’est pas significative. Le résultat de l’analyse fait ressortir des données non significatives (absence de corrélation). Le tableau ci-après présente les résultats obtenus. Rapport final 93 Novembre 2008 Pays Sénégal Benin Burkina Faso Mali Togo Côte d’ivoire Guinée Bissau Niger Indicateur de la qualité de régression [Rsquare] Norme : R-square proche de 1 0.5421 0.0556 0.4309 0.1716 0.0400 0.0300 0.8927 0.0525 Probabilité critique de statistique de Fisher (F) [degré de significativité des coefficients de corrélation] Norme : (Prob>F)<0.05 0.2637 0.7642 0.3436 0.5858 0.8001 0.8267 0.0552 0.7709 Commentaires sur le degré de corrélation, l’évolution de l’encours % au PIB Pas significatif médiocre médiocre médiocre médiocre médiocre Significatif médiocre Suite aux résultats infructueux de corrélation du PIB par rapport aux crédits immobiliers selon le coefficient de corrélation de PERSON, nous avons exploré une autre variable en l’occurrence l’évolution de l’épargne logement. Bien que cette corrélation soit mieux établie que la variable PIB, les résultats restent tout de même médiocres. Le tableau ci-après présente les résultats obtenus. Rapport final Pays Indicateur de la qualité de régression [Rsquare] Norme : R-square proche de 1 Sénégal Benin Burkina Faso Mali Togo Côte d’ivoire Guinée Bissau Niger 0.3876 0.0123 0.5459 0.8410 0.7414 0.9871 0.2393 0.6150 94 Probabilité critique de statistique de Fisher (F) [degré de significativité des coefficients de corrélation] Norme : (Prob>F)<0.05 0.3774 0.8890 0.2611 0.0830 0.1390 0.0065 0.5108 0.2158 Commentaires sur le degré de corrélation, l’évolution de l’encours % à l’épargne Médiocre Médiocre Pas significatif Pas significatif Pas significatif Significatif Médiocre Pas significatif Novembre 2008 b. La méthode des séries chronologiques Rappel de la Méthode Une série chronologie ou chronique est une suite d’observations chiffrées d’un même phénomène dans le temps. Dans notre cas, le phénomène observé est l’évolution de l’encours immobilier. Une série chronologie est composée des éléments suivants : - la tendance : elle correspond à l’évolution à long terme de la série, (l’évolution fondamentale de la série). Exemple : l’augmentation de l’encours des crédits immobiliers de 2003 à 2007. - les variations saisonnières : correspondent aux fluctuations périodiques à l’intérieur d’une année, et qui se reproduisent de façons plus ou moins permanent d’une année sur l’autre. - les variations accidentelles ou résiduelles : correspondent aux fluctuations irrégulières et imprévisibles. Elles sont supposées en général de faible amplitude. Principe La prévision consiste à déterminer, sur la base de la connaissance de la série des encours sur une période de cinq (5) ans entre 2003 et 2007, les valeurs des encours entre 2008 et 2012. Il s’agit de déterminer, sur la base de la connaissance de la série (Zt) sur une période de longueur n, les valeurs (ZT) de celle-ci pour T = n+1, n+2, … Pour cela nous avons également utilisé le logiciel d’analyse statistique SAS qui réalise des prévisions de séries chronologiques. Le système expert du logiciel ajuste automatiquement les paramètres de chacun des modèles en compétition et choisit le modèle offrant la meilleure prévision de la série. Résultat du modèle La précision de l’ajustement mesurée par le coefficient RSQUARE fait ressortir des prévisions globalement satisfaisantes au niveau de l’UEMOA (RSQUARE = 0,97) et le principe consiste à tendre vers le coefficient égal à 1. Cependant, la Côte d’Ivoire (RSQUARE = 0,54) et le Rapport final 95 Novembre 2008 Togo (RSQUARE = 0,41) ont des résultats moins satisfaisants. De même, pour le Mali (RSQUARE = -0,25) l’ajustement ne nous permet pas de valider les prévisions. Les paramètres d’ajustement de la série chronologique sont récapitulés ainsi : Pays Sénégal Benin Burkina Faso Mali Togo Côte d’ivoire Guinée Bissau Niger Indicateur de la qualité de l’ajustement [Rsquare] Norme : R-square proche de 1 0,97 0,96 0,98 -0,25 0,42 0,54 0,95 0,99 Erreur quadratique moyenne RMSE (seuil de tolérance) Norme : RMSE permet d’ajuster les prévisions obtenus en plus ou en moins. Il s’agit de l’intervalle de prévision 5 210 MFCFA 507 MFCFA 510 MFCFA 2 601 MFCFA 3 727 MFCFA 2 603 MFCFA 86 MFCFA 280 MFCFA Conclusion Satisfaisant Satisfaisant Satisfaisant Pas satisfaisant Médiocre Médiocre Satisfaisant Satisfaisant Les résultats obtenus sont les suivants : Pays 2008 2009 2010 2011 2012 BENIN 14 407 19 015 25 091 33 100 43 652 BURKINA FASO 21 791 26 159 31 403 37 698 45 255 COTE D'IVOIRE 32 046 32 046 32 046 32 046 32 046 GUINEE BISSAU 1 294 1 563 1 832 2 101 2 370 68 784 68 784 68 784 68 784 68 784 MALI NIGER SENEGAL TOGO Total / pays 9 854 11 473 13 092 14 710 16 329 238 129 261 027 283 924 306 822 329 719 18 776 20 847 23 147 25 701 28 536 405 081 440 914 479 319 520 962 566 691 En définitive, les résultats obtenus restent proches des premières prévisions qui ont tenu compte de notre jugement professionnel et qualitatif du secteur financier et du marché hypothécaire de la sous région. Pays 2008 2009 2010 2011 2012 391 585 425 197 463 067 505 968 554 857 Seconde prévision 405 081 440 914 479 319 520 962 566 691 Différentiel -13 496 -15 717 -16 252 -14 994 -11 834 Première prévision Rapport final 96 Novembre 2008 En conclusion, nous pensons que l’estimation du potentiel hypothécaire à 554 milliards à l’horizon 2012, nous parait raisonnable. Conclusion L’évaluation de la production de créances hypothécaires a été effectuée sur un échantillon regroupant des banques qui représentent environ 45% des encours de crédit de la zone UEMOA. L’enquête à laquelle, nous avons procédé a permis de tirer les principaux enseignements suivants : 1. Les banques déplorent l’absence de ressources longues dans la sous région et souhaitent ardemment la mise en place d’une caisse de refinancement hypothécaire à l’échelle sous régionale pour faciliter le développement du crédit hypothécaire. Elles considèrent que les conditions de viabilité et d’efficacité d’une telle caisse sont la rapidité et le coût du refinancement. 2. Les autres instruments financiers, tels que la titrisation, les obligations sécurisées restent globalement méconnues dans notre zone. La titrisation semble bénéficier d’un préjugé défavorable et d’un certain questionnement lié principalement à la crise du « subprime ». Certaines grandes banques ont cependant souhaité le développement de tels instruments pour permettre une diversification et une meilleure compétitivité des sources de financement. 3. L’étude quantitative montre que le marché hypothécaire de l’Union s’établit au 31 décembre 2007 à environ 362 926 millions de FCFA concentrés à hauteur 76% sur le Sénégal et le Mali. La part prépondérante de ce financement est octroyée par les banques de l’habitat qui représentent 45% du portefeuille des créances hypothécaires de la zone. L’essentiel de ces crédits est octroyé aux particuliers pour 249 543 millions de FCFA (69%) et aux promoteurs pour 82 192 FCFA (23)%. 4. Visiblement, en dehors du Sénégal, la faiblesse des chiffres semble indiquer que l’essentiel du financement de l’immobilier s’opère par d’autres canaux (informel, changement de destination de crédit, autofinancement,….). Les chiffres obtenus dans la plupart des pays sont sans commune mesure avec l’importance, certes limité, des projets immobiliers en cours. Cette situation, reflète plus que toute autre analyse, le potentiel réel de développement du crédit hypothécaire dans la sous région. 5. Le taux de progression moyen des crédits hypothécaires au cours des cinq dernières années s’établit à 10%. La tendance générale est Rapport final 97 Novembre 2008 une évolution sensible du crédit hypothécaire sur les cinq dernières années à l’exception de la Côte d’Ivoire, qui connaît une baisse continue, probablement en raison de la crise politique qui y sévit, et du Mali qui subit une certaine stagnation liée principalement aux difficultés que les banques ont rencontré dans le financement d’un certain nombre de promoteurs immobiliers. 6. L’analyse de la durée résiduelle des crédits immobiliers aux particuliers dans la zone montre que seul 18,7% des crédits immobiliers ont une durée supérieure à 10 ans. Cette situation illustre parfaitement le besoin de se doter d’un instrument efficace pour offrir aux banques des ressources longues. 7. Compte tenu du niveau important de la demande en habitat dans la zone, de la forte progression du taux d’urbanisation, du niveau particulièrement faible des crédits immobiliers dans la plupart des pays, le potentiel de développement du crédit hypothécaire est certes important, mais nécessite que des actions appropriées soient mises en œuvre pour la levée des principales entraves physiques et financières. 8. L’extrapolation des chiffres actuels sur une période de cinq ans aboutit à un potentiel prudent de 554 857 millions de FCFA à l’horizon 2012 dans les conditions économiques actuelles. Toutefois, ce montant pourrait évoluer de manière sensible si les principales entraves foncières et financières étaient levées dans des délais raisonnables. Rapport final 98 Novembre 2008 PARTIE 3 : EVALUATION DU POTENTIEL DU MARCHE DE LA TITRISATION DE CREANCES Rapport final 99 Novembre 2008 1. INTRODUCTION Les différentes réformes entreprises dans la région de l’UEMOA en vue de moderniser le système financier et d’accroître son efficacité et son attractivité n’ont pas pu modifier les caractéristiques du système bancaire qui est dominé, à ce jour, par les crédits à court terme. Les banques accordent, en effet, peu d’intérêt aux financements du logement et plus particulièrement aux demandes émanant des ménages à faible revenu. Cette faible implication est le plus souvent imputée à l’insuffisance de ressources à long terme et à l’absence de possibilités de refinancement en pareilles ressources. C’est pour pallier à cette situation et suite au séminaire tenu à Bamako en février 2005, que la BCEAO, la BOAD et le CREPMF ont entrepris de promouvoir un marché hypothécaire doté d’instruments spécifiques de refinancement. Parmi ces instruments, la titrisation est considérée comme l’outil le plus utilisé dans les marchés financiers internationaux pour drainer des ressources à moyen et long termes. La titrisation consiste en la transformation d’un ensemble de créances en titres plus liquides et négociables sur le marché financier. Les créances sont vendues à une entité ad-hoc qui à son tour émet des titres qu’elle vend à des investisseurs. Le remboursement des intérêts et du principal de ces titres s’effectue par les cash–flows générés par les créances cédées. Cette technique constitue une innovation majeure du système financier international. Elle trouve son origine aux Etats Unis, durant les années soixante dix, suite aux difficultés financières rencontrées par les caisses d’épargnes américaines dans le financement du logement. Les banques et les établissements de crédit qui recourent à la titrisation de leurs créances peuvent en tirer de nombreux avantages. L’opération de titrisation se traduit généralement par l’abaissement du coût de crédit, la segmentation et le transfert du risque de taux sur les tiers, la création de nouvelles procédures de mobilisation de créances, ainsi que le respect et l’optimisation du ratio Cooke dit aussi ratio de solvabilité. Actuellement, le volume global des encours des fonds de titrisation dépasse 10 mille milliards de dollars dont 7 mille milliards de dollars de créances hypothécaires. Aux Etats Unis, les bilans des véhicules de titrisation détiennent plus de créances hypothécaires que les banques et le marché de la titrisation est plus important que celui des bons du Trésor Américain. Rapport final 100 Novembre 2008 Le succès réalisé par cette technique en tant qu’instrument de refinancement a amené plusieurs pays développés et certains pays en voie de développement, à la mettre en place dans l’objectif de dynamiser leurs marchés hypothécaires. De même, le champ des créances éligibles à la titrisation, qui était limité aux créances hypothécaires, ne cesse de s’élargir pour atteindre tous les actifs générant des flux financiers prévisibles. Les huit pays de la zone de l’UEMOA, disposent d’un potentiel de créances éligibles à la titrisation qui dépasse les 18 000 milliards de francs CFA, et bénéficient d’une expérience de dix ans en matière d’émissions d’emprunts obligataire et d’organisme de contrôle. Toutefois, l’absence d’une structure permettant l’émission de parts de fonds de titrisation entrave la région de bénéficier des avantages de la titrisation. Cet instrument ne pourra alors réussir sans pour autant greffer l’infrastructure juridique et financière adéquate afin de permettre à cette technique de se développer et de remplir sa mission de refinancement des institutions de crédit et donc de financement du logement. A cet effet, le modèle instauré par des pays ayant un référentiel juridique similaire peut servir comme base de benchmarking pour la région de l’UEMOA : les cas du Maroc et de la France sont édifiants à cet égard. Par ailleurs, il est important de signaler que la titrisation n’est pas un instrument de financement exclusif et coexiste avec d’autres techniques financières comme les obligations sécurisées et les caisses de refinancement hypothécaires. En France, après l’adoption vers la fin des années quatre vingt des lois relatives aux caisses de refinancement et de la titrisation, le législateur a complété la gamme de ces produits par la promulgation en 1999 de la loi relative aux obligations foncières. Ainsi, la deuxième partie de ce volet permettra dans un chapitre introductif de découvrir la technique de titrisation en mettant l’accent sur ses mécanismes, et l’intérêt qu’elle offre pour les établissements cédants. Seront aussi examinées les principales expériences en matière de titrisation à savoir l’expérience américaine, française et de certains pays en voie de développement comme le Maroc. Le premier chapitre présentera le gisement en matière d’actifs éligibles à la titrisation, tels qu’ils sont identifiés par l’enquête auprès des vingt-cinq banques de la zone de l’UEMOA. Le deuxième chapitre sera réservé aux limites et aux obstacles juridiques à l’avènement de la titrisation dans la région puis aux avantages qui favorisent le développement de cette technique. Dans le chapitre suivant, nous évaluerons l’impact de cet instrument sur la croissance des encours Rapport final 101 Novembre 2008 de crédit hypothécaire et sur la rentabilité des banques. Enfin, nous présenterons les instruments de refinancement complémentaires à savoir les caisses de refinancement hypothécaires et les obligations sécurisées. Rapport final 102 Novembre 2008 2. LA TITRISATION La titrisation est apparue pour la première fois aux Etats unis dans les années 70, suite à la crise de financement du logement. Cette technique consiste en l'adossement d'un titre négociable à un actif financier figurant au bilan des établissements de crédit. Elle s'est ensuite développée pour devenir plus qu’une source de refinancement hypothécaire, mais un instrument de gestion du bilan ; de gestion des risques et de création de valeur. Le succès des opérations de titrisation réalisées aux Etats-Unis a encouragé d’autres pays développés à adopter cette innovation d’ingénierie financière. Cependant ce n’est que récemment que certains pays en voie de développement (le Maroc, la Tunisie…) ont adopté cette technique. Le champ des opérations de titrisation s’est élargi, en terme d’actifs aux créances autres qu’hypothécaires (cartes de crédit, crédit automobile, crédit leasing, financement de projets, recettes offshore …), et en terme de cédants autres que les banques aux entreprises, compagnies d’assurance, Etats et aux collectivités locales. 2.1. Définition La titrisation est une technique financière qui consiste à transformer des actifs non liquides, en des titres liquides et facilement négociables. Elle permet de transférer des actifs ou les risques de crédit correspondants sous une forme structurée à des investisseurs tiers. On distingue trois types de titrisation: - la titrisation déconsolidante «off-balance sheet»: elle consiste à céder à une entité spécifique, le special purpose vehicule (SPV) des créances que l’établissement cédant souhaite mobiliser. Elle engendre un impact direct sur le bilan de l’établissement cédant du fait que les créances cédées ne font plus partie de son actif. - la titrisation consolidante «on-balance sheet» : elle consiste à émettre des titres adossés à un portefeuille de créances, lesquelles demeurent inscrites au bilan de l’établissement cédant mais y sont cantonnées juridiquement. Ces titres sont qualifiés d’obligations sécurisées comme par exemple les pfandbriefe allemands. - la titrisation synthétique : est parmi les dernières innovations financières ; c’est une technique de gestion de bilan qui permet aux banques qui n’ont pas un besoin de refinancement, de transférer le Rapport final 103 Novembre 2008 risque de leurs créances au marché financier moyennant le paiement d’une commission. La différence fondamentale entre la titrisation classique et la titrisation synthétique est que celle-ci ne nécessite pas de transfert de propriété des actifs puisque ces derniers restent dans le bilan du cédant. 2.2. Les avantages de la titrisation L’apport de la titrisation n’est plus à prouver pour tous les intervenants. Les banques et des grandes entreprises demeurent les premières utilisatrices de cette technique. 2.2.1. L'intérêt de la titrisation pour les établissements de crédit Les établissements bancaires ont été les premiers utilisateurs de la titrisation et les premiers bénéficiaires de ses avantages. La titrisation s'est vite imposée dans ce contexte comme un outil de gestion de bilan d'une grande efficacité. Elle apporte en effet des réponses et des solutions pertinentes aux problèmes que rencontrent les établissements financiers confrontés à la triple contrainte de gestion des risque de taux, de liquidité et de crédit. 2.2.1.1. La gestion du risque de crédit Pour des raisons évidentes de rentabilité, un établissement de crédit se soucie beaucoup de la qualité de son portefeuille d'actifs. Dans le cadre de son activité courante d'octroi de crédits, un suivi permanent du risque d'insolvabilité de ses clients est d'une impérieuse nécessité. La banque peut éprouver le besoin de se libérer de certains de ses crédits, et donc du risque de crédit qui leur est associé, pour satisfaire une contrainte de solvabilité. Une des missions de l'organisme chargé du montage de la titrisation est de quantifier l'incidence de cette opération sur le ratio de solvabilité (ratio McDonough) de l'établissement cédant. La cession des créances titrisées permet d'alléger le dénominateur du ratio de solvabilité, défini comme le rapport entre les fonds propres de la banque et ses engagements pondérés. Rapport final 104 Novembre 2008 2.2.1.2. La gestion du risque de liquidité La titrisation permet à la banque d'améliorer non seulement ses ratios de solvabilité, mais aussi ses ratios de liquidité. Le fait de pouvoir sortir de l'actif d'un bilan, et transformer en liquidités des créances qui n'ont pas vocation à être négociables sur un marché secondaire permet d'améliorer la situation de liquidité de l'établissement cédant. La titrisation offre aux établissements de crédit l'avantage de diversifier leurs sources de refinancement en accédant au marché sous une autre signature que la leur. En effet, les mécanismes de rehaussement de crédit sur lesquels sont construits les fonds en titrisation conduisent à leur conférer d'excellentes notations. Ce changement de signature est appréciable même pour les établissements de grande qualité. 2.2.1.3. La gestion du risque de taux Le risque de taux auquel est confronté par nature un établissement de crédit s'explique par les inévitables décalages entre ses emplois et ses ressources. Dans le cas particulier des prêts consentis aux entreprises et aux ménages, le risque de taux peut être notamment exacerbé par des vagues de remboursements anticipés. Titriser des crédits permet donc de se libérer du risque de taux inhérent aux créances appelées à être titrisées. 2.2.1.4. Rationaliser le reporting de la banque Outre la meilleure gestion des trois risques ci-dessus, l'usage de la titrisation favorise la rationalisation des fonctions au sein de la banque. Savoir en effet si une opération de ce type est rentable implique une analyse des lots de créances mais aussi des circuits et procédures d’origination et de recouvrement de ces prêts 2.2.2. L'intérêt de la titrisation pour les entreprises La titrisation est accessible dans les pays anglo-saxons (Etats-unis, Grande Bretagne, Australie…) à toute société détentrice de créances, qu’elle soit organisme financier ou pas. La France a longtemps restreint l'usage de la titrisation aux établissements de crédit. Cela n'a pas empêché quelques grandes entreprises (Bull, Airbus...) de rechercher les avantages de la titrisation sur les marchés anglo-saxons. D'une manière générale, pour les entreprises l'intérêt de la titrisation se situe à trois niveaux: Rapport final 105 Novembre 2008 2.2.2.1. Rendre liquide le poste "créances clients" Le recours au crédit interentreprises est plus important en France que dans beaucoup de pays. Ainsi, la durée moyenne de ce crédit est de 90 jours en France alors qu'elle ne dépasse pas 30 jours au Royaume-Uni et aux EtatsUnis et 15 jours en Allemagne. Le premier des intérêts de la titrisation pour les entreprises est donc de trouver des sources de financement plus avantageuses que l'escompte, l'affacturage, et donc d'élargir leur gamme de refinancements courts. 2.2.2.2. Un meilleur accès au marché des capitaux La titrisation permet aux plus grandes entreprises d'accéder au marché des capitaux dans de meilleures conditions, via des structures dotées de meilleures qualités de signature. Le montage conduit en effet à isoler dans le bilan de l'entreprise un bloc bien défini, de créances (sous-ensemble du poste client par exemple), qui seront cédées par la suite à une structure ad hoc. Le recours à la titrisation permet à l'entreprise de s'assurer un financement à des conditions qui reflètent la qualité du pool d'actifs cédés et de s'affranchir de l'opinion que porte le marché sur sa propre qualité de crédit. 2.2.2.3. Un meilleur équilibre bilanciel Titriser permet d'améliorer les ratios de liquidité de l'entreprise. La sortie du bilan d'un bloc de créances permet en effet d'alléger le besoin en fonds de roulement, d'améliorer la liquidité de l'actif, ainsi que d'éviter d’être soumis à la défiance des prêteurs à court terme. Les ratios d'endettement et de solvabilité sont tout autant favorisés. La titrisation permet en effet en tant qu'outil de refinancement de lever des liquidités sans alourdir l'endettement. Le poids des dettes par rapport aux fonds propres est une clé essentielle pour apprécier la solvabilité de la société. En bonne orthodoxie financière, le risque d'insolvabilité est d'autant plus grand que l'entreprise souffre d'un endettement excessif associé à une carence de fonds propres. Les fonds propres constituent l'amortisseur qui permet de soutenir les dettes de l'entreprise et d'absorber ses pertes en cas de difficulté. C'est en ce sens que la titrisation, en tant que substitut à un endettement additionnel peut être considérée comme un facteur améliorant la liquidité de l'entreprise cédante. Rapport final 106 Novembre 2008 2.3. Les risques liés à la titrisation En dépit que l’origine de la crise financière internationale actuelle, liée à la mauvaise qualité des crédits octroyés, la titrisation a été à plusieurs reprises associée à sa propagation. A l’instar des autres techniques financières, la titrisation comporte des risques. A cet effet, il faut absolument s’assurer que toute innovation financière s’accompagne de précautions et de mécanismes de gestion des risques adéquats. Après une présentation de l’origine de la crise et ses conséquences et son lien avec la titrisation, nous proposerons quelques précautions à prendre en considération pour une gestion saine des risques éventuels. 2.3.1. Le succès des crédits subprimes Tout a commencé vers la fin de l’année 2000 aux États-Unis. Après plus de 8 ans de croissance tirée par les nouvelles technologies, la bulle Internet a éclaté et mis fin à l’ère de la nouvelle économie. Ceci a entraîné la chute des places boursières et enclenché une récession aux Etats Unis. Pour relancer la croissance et rétablir la confiance des consommateurs, la Réserve fédérale américaine a opéré une série de baisses de taux d’intérêts et a massivement dérégulé le secteur bancaire. Du début 2001 jusqu'à la mi-2003, la FED a baissé son taux d'intérêt directeur de 6,5 % à 1 %, le plus bas depuis 40 ans. Ces initiatives ont eu les effets escomptés puisqu’elles ont permis au PIB américain de croître de 0.7% en 2001, de 1.5% en 2002 et de 2.5% en 2003. Profitant de ce taux historiquement bas, des ménages américains dont le profil de risque était élevé, ont afflué vers les prêts immobiliers. Les banques ont fait la supposition forte que le collatéral pris sur les ménages couvrait leur créance. Tant que le prix de l’immobilier augmentait, les banquiers ne voyaient pas de risque et n’envisageaient même pas un retournement de tendance. Les crédits subprimes ont ainsi fortement progressé. En 5 ans, ils ont augmenté à un rythme spectaculaire : de 10% en 2001, leur part dans le total des crédits est passée à 30% en 2006. Pour répondre à leurs besoins de liquidités et pour se conformer aux règles prudentielles, les banques ont cédé leurs portefeuilles de crédits subprimes à d’autres institutions financières par la technique de la titrisation. Transformés en titres, les subprimes ont été introduits dans des fonds de Rapport final 107 Novembre 2008 portefeuille (SICAV, SICAF, banques, compagnies d’assurance, fonds commun de placement, fonds de pension, hedge funds) pour en doper les performances et ont été revendus à tous les établissements financiers. 2.3.2. Le début de la crise Avec les pressions inflationnistes observées en 2006, les banques centrales ont été contraintes de rehausser leurs taux d’intérêt. Une manœuvre qui a renchéri le coût du crédit et c’est ainsi que des millions de ménages se sont retrouvés dans l’incapacité de rembourser leurs mensualités. L’insolvabilité des ménages a entraîné la baisse de la demande de logements, l’arrêt de la hausse de l’immobilier américain puis sa baisse. Les logements ne pouvaient plus être revendus même après des décotes de 20% et 30%. Les crédits subprimes ont été complètement dévalorisés. Et comme ils ont été introduits dans des montages financiers à travers le monde, tout le système financier s’est trouvé contaminé. Les banques accumulaient des créances qui se sont avérées douteuses en pensant qu’il s’agissait de placements rentables. Dans un premier stade, ces banques ont essayé de couvrir leurs pertes par des provisions, mais le problème s’est révélé beaucoup plus grave, la crise des subprimes s’est vite transformée en crise financière mondiale à partir de l’été 2007. 2.3.3. L’éclatement de la crise en 2008 La situation est devenue de plus en plus alarmante surtout depuis le début de cette année. Un manque de confiance général dans le système financier a conduit à la chute des marchés financiers et à une crise de liquidité bancaire. Les banques américaines ont été les premières touchées mais, très rapidement, la contagion s'est étendue aux banques européennes. Les établissements financiers ont commencé à tomber l’un après l’autre ; certains ont été rachetés par des concurrents (Bear Stearns, Merrill Lynch, Washington Mutual, Wachovia aux États-Unis), d’autres ont été nationalisés en des temps records (Northern Rock et Bradford & Bingley en Grande-Bretagne, Fannie Mae et Freddie Mac aux Etats-Unis; Fortis au Bénélux), et un dernier a fait faillite Lehman Brothers (4ème banque d’investissement aux Etats-Unis). Le géant américain de l’assurance AIG’ a failli déposer son bilan et a été sauvé de justesse par la FED. Rapport final 108 Novembre 2008 C’est dans ce contexte de crise que le plan Paulson été annoncé : 700 milliards de dollars pour racheter les créances toxiques des banques et assainir le système bancaire. Face à l’aggravation de la crise, l’Europe a adopté un plan de sauvetage généralisé en augmentant la garantie des déposants. Actuellement, la confiance n’est pas encore rétablie et l’inquiétude est toujours aussi vive sur les marchés. 2.3.4. Le lien de la titrisation avec la crise La crise bancaire a mis en évidence les dangers d’une mauvaise utilisation de la titrisation des crédits. Cette innovation non maîtrisée a abouti en effet à créer une sorte de système bancaire de marché, non régulé et parallèle à celui des banques de dépôt. Il a entraîné une déresponsabilisation massive des organismes de prêt dans l'attribution de leurs crédits, du fait, qu’ils ne gardent plus les prêts accordés dans leurs bilans. Des produits titrisés opaques, évalués à partir de modèles financiers par les agences de notation, ont été acquis par les investisseurs qui ne pouvaient cependant se faire une idée réelle des risques encourus et de leur évolution. 2.3.5. Les précautions à prendre Pour éviter tout dérapage de cette technique, elle doit toujours rester sous la supervision des autorités de régulation bancaire. Ces dernières doivent définir des normes précisant la nature des prêts destinés à être titrisés. La titrisation ne doit être utilisée que pour des prêts sur lesquels figurent des informations exactes sur l'ensemble des emprunteurs. De même, les banques doivent suivre des règles rigoureuses d’octroi des prêts. Il s’agit notamment de déterminer un degré de solvabilité des ménages, en fixant un taux de charge de remboursement mensuel en fonction du revenu et de préciser un taux plafond du montant à financer par rapport à la garantie. Pour que cette règle soit pleinement efficace, un fichier centralisé de la situation des emprunteurs doit être établi par des instances nationales et régionales. Ce fichier permettra à tout établissement de connaître le degré de solvabilité d’un demandeur de crédit en consultant l’encours de ses dettes par exemple via la BCEAO. Rapport final 109 Novembre 2008 Afin que la banque continue à suivre la solvabilité des emprunteurs, la réglementation pourrait aussi l'obliger à garder une partie des crédits titrisés dans son bilan, par exemple les plus risqués. Ces titres pourraient également être cotés sur un marché organisé, afin qu'ils soient suivis dans le détail par des analystes, comme les obligations privées des entreprises. 2.4. Schéma de la titrisation Le mécanisme de titrisation permet le transfert de la propriété des créances et le risque qui leur est associé de l’établissement cédant aux investisseurs. Afin d’assurer le bon fonctionnement de l’opération et veiller sur les intérêts des investisseurs, ce mécanisme implique l’interposition entre le cédant et les investisseurs d’une entité ad-hoc (Special Purpose Vehicule SPV- dans le langage anglo-saxons). L’opération de titrisation fait appel à d’autres intervenants en dehors de ces trois parties pour mieux gérer sa complexité et répondre au niveau élevé de précision qu’elle nécessite. Le schéma suivant illustre le principe de titrisation et montre les phases d’intervention des acteurs-clés dans ce mécanisme. Schématisation d’une opération de titrisation Débiteurs 2. Paiement des échéances, capital et intérêts 1. Octroi de prêts Etablissement de crédit cédant 3. Vente de créances Autorité de tutelle ou de surveillance 6. Produit de l’émission 7. Transfert des flux recouvrés Structure ad hoc de financement SPV / FCC 4. Emission et placement de titres *E. Gestionnaire …………………………… *E. Dépositaire 5. Produit de l’émission Investisseurs Rapport final Etablissement Recouvreur 110 8. Paiement du principal et des intérêts aux investisseurs Novembre 2008 Les étapes ci-dessus sont décrites comme suit: 1. l’établissement de crédit cédant accorde des prêts aux débiteurs ; 2. les débiteurs versent à l’établissement cédant les échéances des prêts obtenus (capital et intérêts) ; 3. l’établissement de crédit cède à une entité spécialement établie pour l’opération appelée SPV (Special Purpose Vehicule) ou FCC (Fonds commun de créance) les titres de créances ; 4. la SPV/le FCC émet et place auprès des investisseurs les titres ou parts du fonds de titrisation ; 5. les investisseurs paient au SPV/FCC le produit de l’émission. 6. la SPV/le FCC transfert à l’établissement de crédit le produit de la vente du portefeuille de créances ; 7. l’établissement recouvreur, responsable de la collecte des échéances des prêts, transfert au SPV/ le FCC les flux recouvrés ; 8. l’établissement gestionnaire se charge du remboursement, à échéance, du principal et des intérêts des parts des investisseurs. 2.5. Les acteurs intervenants dans une opération de titrisation La complexité et le degré élevé de technicité des opérations de titrisation exigent plus de précision dans leur montage, leur réalisation ainsi que dans leur suivi. De ce fait, le mécanisme de titrisation implique l’intervention de nombreux acteurs qui prennent des rôles spécifiques. Ces derniers dans un certain nombre d’opérations de titrisation peuvent cumuler plusieurs rôles (arrangeur et gérant, cédant et recouvreur). Les principaux acteurs intervenants dans une opération de titrisation et leurs rôles respectifs sont résumés ci-après : 2.5.1. L’arrangeur L’arrangeur est typiquement une banque d’affaire ou une maison de titres spécialisée qui a pour principales fonctions: solliciter des cédants potentiels, réaliser le montage et la structure de l’opération de titrisation, veiller au respect des intérêts mutuels du cédant et des investisseurs et la syndication des parts ou de leur placement privé. Rapport final 111 Novembre 2008 2.5.2. Le cédant C’est un établissement de crédit ou une entreprise publique ou privée qui cède le lot des créances au véhicule de titrisation. Le cédant assure généralement le recouvrement des créances pour le compte du fonds de titrisation. 2.5.3. La société de gestion C’est une société commerciale qui gère le fonds et représente les intérêts des détenteurs de parts. Elle a pour principales fonctions : - le contrôle des flux générés par les créances ; - le paiement des échéances aux investisseurs ; - la gestion de la trésorerie du véhicule ; - la mise à disposition des autorités de surveillance des informations requises. 2.5.4. Le dépositaire C’est une institution de crédit qui contrôle les opérations de la société de gestion. Elle assure également la conservation de tout document et titre représentatif ou constitutif des actifs cédés. 2.5.5. L’agence de notation Elle vérifie pour le compte des investisseurs la qualité des parts mises en circulation. Ses principales fonctions sont: l’évaluation du risque inhérent au montage du SPV et le risque de défaut relatif au portefeuille des créances cédées. Ainsi la note globale qu’elle affecte aux titres émis par le SPV reflète le risque de faillite de l’institution chargée du recouvrement des créances. Les agences les plus reconnues dans la notation des opérations de titrisations sont Moody’s, Standard and Poor’s, IBCA et Duff & Phelps Credit Rating. La notation des opérations de titrisation n’est obligatoire que dans les pays où cette pratique est essentielle pour toute émission qui fait appel public à l’épargne. Rapport final 112 Novembre 2008 La crise financière actuelle a soulevé plus d’une question sur le rôle préventif de ces agences. De fait, beaucoup d’investisseurs ont eu une confiance excessive dans ces notations et n’ont pas mené leur propre due diligences. Une mauvaise appréciation des risques de crédit par les agences de notation a contribué au développement rapide des produits complexes de titrisation ainsi qu’à leur chute brutale. En effet, les produits structurés complexes étaient très bien notés par les agences, favorisant ainsi leur essor. Les principales erreurs reconnues par les agences elles-mêmes font ressortir un défaut de prise en compte de l’environnement dans les modèles de notation et une insuffisante adaptation de la notation des produits en fonction de leur évolution. Au niveau international, de nombreuses initiatives ont été lancées, appelant à plus de transparence dans la notation des produits structurés et à l’utilisation d’une échelle de notation différenciée pour les produits de titrisation. 2.5.6.Les sociétés de rehaussement de crédit Leur rôle principal est de fournir des garanties au SPV afin d’améliorer le degré de sécurité des actifs qui lui sont cédés. L’objectif des ces sociétés est de rehausser la notation des titres émis par le SPV. 2.5.7.L’agent payeur Il s’occupe des paiements à effectuer aux investisseurs. 2.5.8.Les autorités de surveillance ou de tutelle Leur rôle varie d’un pays à un autre mais elles sont toujours présentes pour surveiller et autoriser ce genre d’opérations. Rapport final 113 Novembre 2008 2.6. Les actifs titrisables Avec le succès des premières opérations de titrisation basées sur les créances hypothécaires, le champ d’application de la titrisation s’est élargi par l’introduction d’autres types d’actifs. Tout est devenu «titrisable»: les crédits classiques, les créances commerciales, les loyers d’actifs mobiliers ou immobiliers, les royalties ainsi que tout autre actif dont on peut raisonnablement prévoir les flux financiers futurs. La nature des actifs titrisables a permis de distinguer entre trois types d’opérations de titrisation: les «Mortgages Backed Securities», les «Assets Backed Securities» et les « Assets Backed Commercial Papers». - Les MBS «Mortgages Backed Securities»: sont des titres adossés à des créances hypothécaires. Ces titres sont scindés en deux : les RMBS (Residentials Mortgages Backed Securities) concernent les crédits destinés aux particuliers. Les CMBS (Commercials Mortgages Backed Securities) concernent quant à eux les entreprises. - Les ABS «Assets Backed Securities»: sont des titres adossés à des actifs autres que hypothécaires. - Les ABCP «Assets Backed Commercial Papers» : sont une nouvelle catégorie d’ABS qui concerne le marché du papier commercial à court terme. Par ailleurs, le marché de la titrisation a connu ces derniers temps l’introduction d’opérations qualifiées d’exotiques. Elles consistent en l’adossement des titres à des flux futurs, de royalties des artistes ou à des revenues des clubs sportifs (tickets d’entrée, publicité, retransmission des matchs). 2.7. Exemples de titrisation Parmi les cas innovants de titrisation réalisés dans le monde, on peut citer les exemples suivants : 2.7.1. Titrisation d’avion en France (cas Air France) Air France a développé une opération de titrisation des actifs aéronautiques sur 10 ans en juin 2003. Cette opération lui a permis de diversifier ses sources de financement et de disposer de 435 millions d’euro. L’objectif de cette opération est de financer l’acquisition de 16 appareils. Il s’agit d’une opération de titrisation consolidée vue que les avions restent inscrits dans le bilan de la société. Rapport final 114 Novembre 2008 Les seize avions ont été acquis par des filiales d’Air France à 100% et vendus avec clause de réserve de propriété à Air France sur une durée de dix ans. Ces filiales ont contracté des emprunts hypothécaires auprès d’une société ad hoc (Frans 200"), qui a émis des titres (notes) enregistrés en Irlande et ayant des rangs de propriété de remboursement différents. Selon Air France, le placement de cette opération a donné lieu à une sursouscription et a été réalisé auprès d’une trentaine d’investisseurs internationaux. En cas de défaillance, une banque garantit le paiement d’intérêt pendant une certaine durée. Les deux catégories de titres de rang "senior" sont garanties par un assureur (MBIA). Cette opération a bénéficié d’une notation "AAA" par Moody’s. 2.7.2. Titrisation des créances d’assurance (cas d’AXA Assurance) Le groupe Axa Assurance a réalisé une première opération de titrisation d’une partie de son portefeuille français d'assurance automobile «AXA France IARD» en décembre 2005. L’objectif de cette opération est de transférer aux marchés financiers le risque de dérive de la sinistralité du portefeuille qui est caractérisé par une fréquence élevée et une faible volatilité. Le portefeuille titrisé représentait plus d'un milliard d'euros de primes pour près de trois millions de véhicules. Ainsi, le groupe Axa Assurance a pu transférer 200 millions d'euros de risques aux marchés financiers, soit à peu près 85% des primes et des sinistres. La durée de cette opération est de 4 ans, du 1er janvier 2005 au 31 décembre 2008. Le placement a été réalisé avec succès auprès des investisseurs obligataires européens désireux de diversifier leurs risques. 2.7.3. Titrisation des créances fiscales (cas de l’Etat Belge) Le gouvernement belge a titrisé en Septembre 2005 un portefeuille de créances fiscales qui a rapporté un montant total de 500 millions euro. Le portefeuille titrisé est constitué de créances relatives aux impôts sur le revenu qui ont plus de 13 mois d’existence. L’Etat belge a réinvesti 40 millions des recettes de cette opération de titrisation dans l’amélioration du recouvrement et du système informatique mis en place. L’Etat belge a réalisé cette opération par la mise en place d’une société d’investissement en créance (SIC) qui a acquis ces créances fiscales en émettant des obligations destinées essentiellement aux investisseurs institutionnels. Le recouvrement des créances fiscales titrisées étant de la responsabilité de l’administration fiscale. Selon le ministre des finances, le Rapport final 115 Novembre 2008 montage de cette opération de titrisation a coûté moins cher que l’émission d’obligations. La deuxième opération réalisée par le gouvernement belge est la titrisation des créances fiscales relatives aux impôts indirects (TVA et autres impôts indirects) en fin Février 2006. Le montant de cette opération étant de 500 millions euros (sur un montant total de créances de 10 milliards euros). 2.7.4. Titrisation de micro-crédit (cas de BRAC au Bangladesh) BRAC, la plus importante organisation non gouvernementale de lutte contre la pauvreté au Bangladesh, a réalisé en 2006 la première opération de titrisation au monde de micro-crédit et qui a été notée AAA. Cette opération a permis à BRAC de bénéficier de 180 millions USD de financement sur 6 ans avec un coût inférieur à un prêt bancaire au Bangladesh. L’objectif est de permettre à BRAC de disposer d’une capacité de financement plus importante au profit d’environ plus de 1,2 millions de foyers pauvres. 2.7.5. Titrisation globale d’entreprise (cas de Fraikin en France) Fraikin, le leader français et européen de la location de véhicules industriels a réalisé en avril 2008 une opération de titrisation qualifiée de très rare et innovatrice en France. Cette opération lui a permis de bénéficier d’un financement de 800 millions d’euro et à des conditions moins coûteuses qu’un financement classique de LBO (leveraged buy-out). Il s’agit d’une titrisation globale de l’entreprise basée sur la perception des loyers prévus par les contrats de location des camions. L’objectif de l’opération est de sécuriser les processus opérationnels du groupe. Fraikin a crée pour cette opération une société ad-hoc, Fraikin Assets, qui est filiale à 100% du groupe. Fraikin Assets a reçu les actifs titrisés, le parc des camions, les contrats de location, ainsi que les logiciels conçus par Fraikin pour gérer la flotte et les contrats. Le montage de cette opération a fait appel à une structure de gestion substitutive «back-up servicer», les sociétés Kroll et Europe assistance qui sont capables de reprendre la gestion du parc et des contrats en cas de problèmes. Quand au financement de cette opération, il a été entièrement garanti par le rehausseur de crédit MBIA. Rapport final 116 Novembre 2008 2.7.6. Titrisation des crédits accordés à des PME Des établissements bancaires dans certains pays de l’union européenne tels que l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne ont procédé à la titrisation de leur portefeuille des crédits aux PME. Plusieurs pays européens se sont inspirés du modèle américain de titrisation des crédits aux PME qui a évolué grâce à la garantie d’une partie des prêts titrisés par «La Small Business Administration» (SBA). Ils ont développé des politiques de soutien à la titrisation par la mise en place des lois et d’interventions d’organismes spécialisés tels que le fonds européen d’investissement (FEI). En Espagne, la loi de mai 1999 a encouragé le développement des opérations de titrisation des crédits aux PME. L’Etat, via le Trésor espagnol, garantit une partie du portefeuille des prêts titrisés. Il ne fournit pas des flux financiers mais assume le risque de défaut sur une partie du portefeuille. Le volume des opérations de titrisation des crédits aux PME a atteint 7,6 milliards d’Euro entre 2000 et 2003. En Allemagne, la banque publique «Kreditanstalt Fur Wiederaufbau» (KFW) a joué un rôle important dans le développement de la titrisation des crédits aux PME. Elle a crée une plate forme standardisée «PROMISE» qui lui a permis de s’interposer entre les établissements cédants et les investisseurs en faisant bénéficier les premiers de sa pondération Cooke 0%. Elle leur a permis ainsi de réduire le coût de libération de capital réglementaire. Entre 2000 et 2003, le total des opérations de titrisation des crédits aux PME s’est élevé en Allemagne à 15,1 milliards d’Euro. 2.7.7. Titrisation du football professionnel (cas de la FIFAZurich) La FIFA a réalisé une opération de titrisation en 2002 qui lui a permis de disposer d’un financement de 420 millions USD. Elle a vendu ses créances issues de ses contrats de sponsoring des coupes du monde 2002 et 2006 d’un montant total de 536 millions USD, à une entité spécifique (SPV) qui a émis des titres sécurisés placés auprès d’investisseurs institutionnels. Rapport final 117 Novembre 2008 2.8. Bilan de la titrisation Depuis les années 90, le volume des émissions de titres adossés à des créances toutes catégories n’a cessé d’augmenter. Les chiffres ci-après en témoignent : - aux Etats-Unis, on parle de 9 mille milliards de dollars ; - en Europe, 1 253 milliards d’euro ; - dans les pays émergents et en voie de développement, environ 30 milliards de dollars US. 2.8.1. Les Etats-Unis Selon les évaluations de la Bond Market Association, le total des montants titrisés aux Etats-Unis en 2007 s’élevait à plus neuf mille milliards de dollars. D’après la Federal reserve, l’encours des MBS émis par les trois agences Fannie Mae, Freddie Mac et Ginnie Mae a atteint plus de 4 500 milliards de dollars US. Les encours des ABS ont totalisé 2 472 milliards de dollars à fin 2007. Ci- après un tableau qui retrace l’évolution des encours de titrisation de 1 999 à 2007. En milliards dollars américain Année 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 Créances hypothécaires 3 334,3 3565,8 4127,4 4686,4 5238,6 5455,8 5916,6 6504,3 7210,3 1 071,8 1 281,2 1 543,2 1 693,7 1 827,8 1 955,2 2 130,4 2 472,4 (MBS) Autres créances 900,8 (ABS) Source : SIFMA Le tableau suivant permet de situer l’activité des émetteurs de titrisation par rapport aux activités des autres émetteurs sur le marché obligataire aux Etats-Unis : Rapport final 118 Novembre 2008 Comme le montre ce graphique, si l’on exclue les émetteurs d’ABS, les émissions des MBS excédent celles du Trésor. Cependant la crise des Subprimes d’août 2007 a entraîné une baisse dans le volume des émissions de titrisation. C’est en fait un concours de plusieurs facteurs qui se trouve à l’origine de la crise américaine. Il y a tout d’abord le laxisme qui a marqué les procédures bancaires d’octroi des crédits immobiliers destinés aux emprunteurs ne justifiant pas de revenus réguliers. Ce crédit était assorti d’un taux d’intérêt variable qui est passé de 1 à 5%. La baisse par ailleurs de la valeur des biens immobiliers a amplifié ce phénomène. Cette crise a dépassé les frontières américaines pour toucher les investisseurs étrangers qui ont été attirés par le gain qu’offrait le marché hypothécaire américain. 2.8.2. L’Europe La taille du marché européen de la titrisation est de 1 253 milliards d’euros soit 14 % du marché américain. Les créances hypothécaires destinées aux particuliers constituent plus de la moitié des émissions. Montants en milliards d’euros 2007 Créances hypothécaires des particuliers RMBS 649,70 Créances hypothécaires des professionnels CMBS 141,30 ABS 169,50 Flux futurs (WBS) 39,30 Autres 253,10 Total 1 252,90 Source : European Securitisation Forum Rapport final 119 Novembre 2008 D’après l’European Securitisation Forum, les opérations de titrisation réalisées par les pays européens en 2007 sont réparties comme suit : 37% au Royaume-Uni, 13% en Espagne, 10 % aux Pays Bas et 9 % en Italie (voire tableau ci-dessous). Répartition des encours titrisés en Europe. Montants en milliards d’euros Pays Encours en 2007 Part de marché Austria 3,60 0% Belgium 7,10 1% Denmark 6,10 0% France 27,50 2% Germany 66,50 5% Greece 9,50 1% Hungary 0,10 0% 18,00 1% Ireland Italy 111,10 9% Netherlands 127,30 10% 27,10 2% 3,00 0% Portugal Russia Spain 165,60 13% Sweden 0,90 0% Switzerland 0,40 0% Turkey 3,10 0% 466,60 37% 209,30 17% UK Multinational European Total 1 252,80 2.8.3. La France Le marché français de la titrisation s’élève d’à peine à 2% du marché européen, soit un volume de 27 milliards d’euros en 2007. Les transactions de créances hypothécaires accordées à des particuliers (RMBS) ont dominé le marché avec un montant de 16,5 milliards d’euros soit 60% du volume total, alors que les autres actifs (ABS) représentent environ 23%, soit 6,4 milliards d’euros. Rapport final 120 Novembre 2008 2.8.4. Les pays émergents et en voie de développement Même si les pays émergents et en voie de développement n’émettent pas autant de produits de titrisation que les États-Unis ou l’Europe, ils contribuent sensiblement à l’expansion de cette technique. A fin 2007, l’encours des émissions de titrisation dépasse les 25 milliards de dollars avec une nette prépondérance des actifs adossés à des créances non hypothécaires. Les émissions de titrisation dans les marchés émergents par type d’actifs en US $ 35 30 25 20 MBS ABS 15 10 5 0 2002 2003 2004 2005 2006 2007 Source : Dealogic. 2.8.4.1. L’Amérique Latine Le marché de la titrisation a évolué ces dernières années en Amérique Latine. Cependant, il reste toujours dans sa phase de démarrage. Le total des émissions de titrisation a atteint 12 milliards de dollars US en 2005 et se répartit comme suit: crédits aux entreprises 33%, prêts aux particuliers 17% et crédits hypothécaires 14%. Le Brésil et le Mexique représentent le ¾ des opérations de titrisation réalisées en Amérique Latine. Plusieurs facteurs ont stimulé le développement de la titrisation dans ces deux pays par rapport aux autres pays de la région tels que, l’environnement macroéconomique favorable, la politique fiscale et monétaire et la mise en place des lois favorisant le développement de la titrisation. Le tableau suivant présente l’évolution des opérations de titrisation en Amérique Latine entre 2000 et 20051: 1 Rapport trimestriel BRI, juin 2006 Rapport final 121 Novembre 2008 En millions de dollars EU Argentine 2000 2001 2002 2003 2004 2005 1 590 701 130 226 525 1 790 Brésil 184 88 106 1 031 1 652 3 911 Chili 173 220 430 380 293 873 Colombie 55 63 597 510 799 323 Mexique 65 427 414 604 5 444 4 846 Pérou 37 94 7 60 163 295 Venezuela … … … … … … 2 104 1 593 1 684 2 811 8 876 12 038 Total source: Moody's. Le Mexique est considéré comme le premier marché de titrisation en Amérique Latine avec un total des opérations de 4,85 milliards de dollars. La mise en place par le gouvernement fédéral mexicain de plusieurs réformes législatives et réglementaires a contribué au développement du marché des RMBS et par conséquent de répondre au financement de l’habitat. Depuis la création de la société hypothécaire fédérale «SHF» en 2001, le marché d’habitat mexicain a bénéficié: de moyens de financement à long terme, de la maîtrise des risques de crédit et des taux d’intérêt, d’une assurance hypothécaire et du respect des délais de paiement des titres adossés aux créances hypothécaires. De ce fait, ses avantages ont permis de combler l’absence de garantie du gouvernement nécessaire pour l’introduction des MBS au marché secondaire. Les autres opérations de titrisation au Mexique sont adossées aux créances de «l’Instituto para la proteccion al Ahorro Bancario» (IPAB) qui a été crée en 1999 pour gérer la dette issue du sauvetage du secteur bancaire. Le marché de titrisation brésilien n’a commencé à se développer que depuis 2003, le volume des opérations de titrisation est passé de 0,18 milliards de dollars en 2000 à 1,03 milliards de dollars en 2003 pour atteindre 3,91 milliards de dollars en 2005. Cet essor résulte de l’introduction en 2001 des instruments appelés « Fundos de Investimentos em Direitos Creditorios» (FIDC). Ces instruments ont offert aux entreprises brésiliennes de meilleures alternatives aux crédits bancaires traditionnels avec des coûts de structures de titrisation moins élevés. Les types d’actifs titrisables aux Brésil sont: les créances commerciales, les comptes à recevoir sur cartes de crédits, les crédits à la consommation et les crédits automobiles. Le marché des RMBS et des CMBS reste moins développé au Brésil ; il ne représente que 9% du total des opérations de titrisation émises en 20061. 1 Rapport trimestriel BRI, septembre 2007 Rapport final 122 Novembre 2008 2.8.4.2. L’Asie-Pacifique Depuis quelques années, la titrisation des actifs locaux connaît une expansion notable sur les marchés financiers de la région Asie–Pacifique. Ces émissions portent davantage sur les prêts hypothécaires aux ménages et les crédits à la consommation que sur la dette des entreprises. Dans les pays touchés par la crise de 1997, les nouvelles lois et réglementations autorisant la titrisation ont parfois été liées à la nécessité de faire face à l’abondance des prêts improductifs résultant de la crise. Quelques transactions sur la dette des entreprises ont été réalisées, mais pendant la période de redressement, ce sont les ménages qui ont été les principaux emprunteurs. C’est pourquoi la titrisation dans cette région a essentiellement concerné l’endettement des ménages. Dans la région, les émissions de fonds de titrisation proviennent essentiellement de la Corée du Sud. Hong-Kong, la Malaysie, les Philippines, Singapour, Taïwan et la Thaïlande émettent, eux aussi, un flux régulier d’actifs à titriser. En revanche, le phénomène est encore très récent en Chine et en Indonésie. 2.8.4.3. La Tunisie L’introduction de la titrisation au marché tunisien date de l’année 2006. L’encours total des émissions de titrisation est de 118 millions de dollars US. 2.8.4.4. Le Maroc Le marché marocain a connu le lancement de deux opérations de titrisation par l’émission des titres adossés à des créances hypothécaires résidentiels à travers les deux fonds communs de placement collectif en titrisation Credilog I crée en 2002 et Credilog II crée en 2003. Les deux émissions totalisent un montant de 220 millions de dollars US. La titrisation a permis à la banque Crédit Immobilier et Hôtelier (CIH) d’éviter un financement par emprunt obligataire qui lui aurait coûté 300 points de base sans possibilité de négociation vue sa situation financière fragile au début des années 2000. En effet, le premier fonds a permis de drainer 500 millions de dirhams avec une prime de risque de 80 points de base. Le second a bénéficié d’un volume double et d’une prime de risque moindre (à peine 55 points de base). Ainsi, les ressources à long terme Rapport final 123 Novembre 2008 générées par ces deux fonds ont contribué à la restructuration financière de cette banque spécialisée dans le financement de l’habitat. Présentation de Credilog II : second fonds de titrisation Le second Fonds de Placements Collectifs en Titrisation (FPCT) mis en place est appelé CREDILOGII. D’un montant de 1 milliard DH, il a été constitué dans l’unique but d’acquérir des prêts au logement, sains et garantis à plus de 110% par des hypothèques de premier rang. Le porte feuille de créances sur lequel a porté cette deuxième expérience se caractérise comme suit : Tableau : Caractéristiques générales du portefeuille de présélection Nombre de prêts 9 156 Somme totale due 1 007 090 239,11DH Somme totale due minimale 3 777,00 DH Somme totale due maximale 504 918,00 DH Somme totale due moyenne 109 993,00 DH Taux moyen 12,04% Taux moyen pondéré 11,97% Durée moyenne 166 mois Durée moyenne pondérée 172 mois Durée minimale 36 mois Durée maximale 300 mois Durée résiduelle moyenne 118 mois Durée résiduelle pondérée 127 mois Source : rapport d’activité de Maghreb titrisation 2004 Les prêts hypothécaires cédés portent selon la loi relative à la titrisation sur des prêts de premier rang à taux fixe consentis par le CIH à des fonctionnaires. Ils sont amortissables par mensualités constantes et destinés à l’acquisition de logement individuel. Il apparaît donc que l’opération a porté sur des créances sélectionnées qui ne sont ni compromises ni en souffrances à la date de la titrisation, ce qui est de nature à rassurer les investisseurs. L’acquisition de ces créances a été financée par l’émission pour le compte de CREDILOG II, de deux classes de parts (prioritaires et spécifiques) de FPCT, assimilables à des valeurs mobilières à rémunération fixe, pour un montant total de 1 milliard DH. Les parts P bénéficient en priorité des flux de remboursement des créances sous-jacentes. Elles sont, en outre, couvertes, à travers la ristourne, par une Rapport final 124 Novembre 2008 garantie de l’Etat pour le paiement de plus de 100% des intérêts, ainsi que d’un matelas de sécurité d’environ 400 millions DH constitué de parts spécifiques, d’un fonds de réserve, du différentiel d’intérêts et d’une ligne d’avances de liquidité. Les parts spécifiques se composent comme à l’accoutumé des parts subordonnées S et de la part résiduelle R souscrite par le cédant. Elles sont couvertes par la garantie de l’état pour le paiement des intérêts, le fonds de réserve et les hypothèques de premier rang. Tableau : Parts émises par credilog II Taux d’intérêt* (%) Date maturité** Vie moyenne** (ans) Prix émissions (%) 562 000 000,00 5,11% déc-2008 2,65 100% 3 870 387 000 000,00 6,39% sept-2019 8,72 100% S 500 50 000 000,00 6,85% sept-2019 5,81 100% R 1 1 006 830,62 9 991 1 000 006 830,62 Type de parts Nombres de parts Nominal initial total (DH) P1 5 620 P2 Total * Calculé sur la base d’un échéancier prévisionnel théorique (taux de déchéance annuel de 0 % et taux de remboursement anticipé annuel de 0%) **selon un scénario basé sur un taux de déchéance annuel de 3.5 %, un taux de remboursement anticipé annuel de 3 %. Le niveau de garanties attachées à CREDILOG II est d’environ 1,9 milliards DH dont à peu près 1,1 milliards DH sous forme de garanties réelles, 435 millions DH sous forme de ristournes d’intérêts garanties par l’Etat, environ 250 millions DH en différentiel d’intérêt entre, d’une part, le montant des intérêts dus sur les prêts titrisés et, d’autre part, la somme des intérêts payables aux porteurs de parts et des commissions dues par le fonds, 60 millions DH en ligne de liquidité et 40 millions DH en fonds de réserve qui est l’équivalent de 4% du montant nominal des créances à la date de cession . De même, le souci de protéger le fonds contre le risque de liquidité lié aux retards de paiement pouvant être constatés sur les prêts a nécessité la conception des avances techniques gratuites effectuées par le recouvreur. En plus, les porteurs de parts P sont couverts contre les risques de retard de paiement et de défaillance sur les prêts titrisés par l’émission des parts S et de la part résiduelle d’un montant de 51 millions de DH, qui supportent en priorité les risques de défaillance. La couverture bénéficiant aux porteurs de parts P du fait de l’émission des parts S et de la part résiduelle résulte des mécanismes d’allocation des flux. Rapport final 125 Novembre 2008 D’une manière plus générale, le fonds bénéficie des garanties de toutes natures attachées aux prêts titrisés et de garanties de conformité délivrées par le cédant. Rapport final 126 Novembre 2008 3. DIAGNOSTIC DES ACTIFS ELIGIBLES A LA TITRISATION DANS LA ZONE DE L’UEMOA Il est difficile de dresser une liste exhaustive des actifs éligibles à la titrisation, du fait : - de l’accroissement constant du champ des créances titrisables ; - de l’élargissement de la nature juridique des créances à titriser ; - de l’augmentation du nombre de cédants potentiels. On peut citer toutefois : - les créances hypothécaires aux particuliers; - les crédits immobiliers à destination commerciale ; - les crédits à la consommation ; - les crédits automobiles ; - le crédit-bail ; - les encours de cartes de crédit ; - les crédits d’équipements ; - les créances présentes ou futures résultant de d’abonnement téléphonique, de consommation d’électricité ; l’utilisation d’eau ou - les créances des établissements publics ; - les transferts des résidents à l’étranger ; - les recettes des ventes de matières premières. Malgré la diversification des créances susceptibles d’être titrisées, les textes juridiques précisent qu’un fonds de titrisation ne peut acquérir que des créances de même nature. Ainsi la sélection d’un lot de créances homogènes à titriser est basée en premier lieu sur le respect du référentiel juridique, et en second lieu sur les critères qui répondent aux objectifs de la structuration du fonds. Des critères qui doivent satisfaire les attentes financières de l’établissement cédant et les exigences en termes de rendement, de maturité et de sécurité édictées par les investisseurs. La zone de l’UEMOA dispose d’un gisement important d’actifs susceptible d’être titrisé. Toutefois, si on limite les critères de sélection, pour des raisons de disponibilité et d’exhaustivité des informations, qu’aux crédits bancaires, aux revenus des exportations, aux recettes fiscales et aux transferts des résidents à l’étranger, le potentiel global de la titrisation dans la région de l’UEMOA s’élève à 18 000 milliards de FCFA. Ce montant est Rapport final 127 Novembre 2008 composé de 4 500 milliards de FCFA des crédits bancaires sains dont 363 milliards de FCFA de créances hypothécaires, de 8 452 milliards de FCFA de créances futures sur les exportations, de 4 329 milliards de FCFA de recettes fiscales et de 718 milliards de FCFA des fonds des revenus des migrants. 3.1. L’encours des crédits bancaires Les crédits des établissements bancaires et financiers de l’UEMOA ont enregistré une croissance entre 2005 et 2006. Ils sont passés de 4 334 milliards FCFA à 4 884 milliards FCFA. Cette augmentation s’explique par la nette amélioration des crédits à la clientèle et plus spécifiquement des crédits à moyen et à court terme. Les crédits à la clientèle se caractérisent dans la région UEMOA par la forte prédominance des crédits à court terme. Ces derniers constituent 60% des crédits offerts en 2006. Les crédits à moyen terme viennent en seconde position avec un montant total de 1 384 milliards de FCFA, leur part est de 29%. La part des crédits à long terme reste faible, elle ne représente que 3% des crédits offerts à la clientèle (153 milliards de FCFA). L’encours des créances en souffrance est de 382 Milliards de FCFA est constitue 8% de l’encours global. 3.1.1. Les crédits à court terme Les crédits à court terme ont augmenté de 10 % en s’établissant à 2 926 milliards de FCFA. Cette progression est constatée dans tous les pays de l’Union, à l’exception du Sénégal où les encours ont baissé de 4,8%. Les concours à court terme bénéficient principalement aux secteurs du commerce de gros et de détail. En milliards de FCFA 2002 2 003 2 004 2 005 2 006 Benin 178 Burkina 230 229 221 252 277 254 242 311 364 Côte d'Ivoire 900 820 918 872 979 2 3 3 6 9 Mali 311 389 354 354 428 Niger 64 65 69 83 110 Guinée Bissau Sénégal Rapport final 406 526 550 661 629 Togo 63 82 111 126 131 Total 2 153 2 367 2 469 2 664 2 926 128 Novembre 2008 3.1.2. Les crédits hypothécaires D’après les résultats de l’enquête effectuée auprès des banques de la région, le volume global des créances hypothécaires a évolué en moyenne de 10% entre 2003 et 2007 passant ainsi durant cette période de 248 milliards à 363 milliards de FCFA. En milliards de FCFA 2003 2 004 2 005 2 006 2 007 Benin 3,84 4,00 6,72 8,30 10,82 Burkina 8,86 10,45 12,32 14,52 18,75 41,75 38,33 34,60 31,75 32,05 0,02 0,09 0,54 0,75 1,04 67,14 78,34 74,31 67,70 62,77 Côte d'Ivoire Guinée Bissau Mali Niger 1,98 3,16 4,69 6,86 8,23 121,24 146,16 178,32 193,11 212,36 Togo 3,25 4,38 5,90 7,94 16,92 Total 248,09 284,91 317,39 330,92 362,93 Sénégal La répartition de l’encours des créances hypothécaires par pays en 2007 montre que le Sénégal détient, 59% du volume de la région suivi par le Mali avec 17% puis par la Cote d’Ivoire avec 9%. 3.1.3. Le crédit bail Les engagements par crédit bail au 31 décembre 2006 ont atteint un volume de 39 milliards de FCFA et ont connu une hausse de 20,5% par rapport à 2005. La répartition de cet encours par pays est la suivante : En milliards de FCFA 2002 2 003 2 004 2 005 2 006 Benin 1 2 2 2 2 Burkina 3 3 2 3 3 21 15 15 17 25 - - - - - Mali 1 1 2 1 1 Niger - - - - - Sénégal 6 7 7 8 7 Côte d'Ivoire Guinée Bissau Togo - - - - - Total 32 28 29 32 39 Sources : données contenues dans les rapports de la Commission Bancaire. Rapport final 129 Novembre 2008 3.2. Les exportations des biens et services Le montant des exportations de biens et services est estimé à 8 452,9 milliards de FCFA à fin 2007. Ce tableau récapitule le volume global des exportations des pays de l’UEMOA sur les quatre dernières années (y compris les exportations de matières premières). RESSOURCES PIB (au prix du marché) Importations de biens et services EMPLOIS Consommation Finale Publique Privée Formation brute de capital fixe * Exportations de biens et services Taux d'investissement (en %) Variations en pourcentage Taux de croissance du PIB en volume Déflateur du PIB (en moyenne) Prix à la consommation en moyenne annuelle en milliards de francs CFA courants 2006 2007 (a) 2004 2005 30 838,5 22 589,4 8 249,1 838,5 19 900,2 3 371,2 16 529,0 3 644,0 7 294,3 16,1 33 834,8 24 296,0 9 538,8 33 834,8 21 316,5 3 560,3 17 756,2 4 570,4 7 947,9 18,8 35 902,7 25 806,1 10 096,6 35 902,7 22 402,4 4 153,2 18 249,2 4 745,2 8 755,1 18,4 38 172,2 27 456,4 10 715,8 38 172,2 24 434,8 4 376,3 20 058,5 5 284,4 8 452,9 19,2 2,8 1,6 0,5 4,1 3,3 4,3 3,1 3,1 2,3 3,0 3,2 2,4 (a) estimations * y compris variation de stocks S ource : BCEAO / Rapport zone franc 2007 de la Banque de France Le détail des exportations des principaux produits pour chaque pays de l’UEMOA de 2002 à 2006 est présenté en annexe. 3.3. Les recettes fiscales En 2007, les recettes fiscales ont été évaluées à 4 329,8 milliards de FCFA contre 3 907,1 milliards de FCFA en 2006. Le taux de pression fiscale a progressé de 15,1 % à 15,8 % du PIB, mais reste en-dessous de l’objectif communautaire de 17 %, ce qui traduit les difficultés persistantes en matière de recouvrement des impôts et des taxes. Rapport final 130 Novembre 2008 Tableau des opérations financières des États de l'UEMOA Agrégation des TOFE des huit pays de l’UEMOA 2004 RECETTES TOTALES 4 297,7 Recettes 3 731,7 Recettes fiscales 3 340,3 Recettes non fiscales 344,9 Autres recettes 46,5 Dons extérieurs 566,0 DÉPENSES TOTALES ET PRÊTS NETS 4 844,4 Dépenses courantes 3 136,0 Salaires 1 253,8 Intérêts de la dette publique 302,2 intérieure 49,2 extérieure 253,1 Autres dépenses courantes 1 563,1 Dont subventions et autres transferts 526,4 Dépenses en capital 1 522,5 Sur financement interne 697,2 Sur financement externe 825,3 Prêts nets 10,5 SOLDE BASE ENGAGEMENTS (hors dons) – 1 112,7 SOLDE PRIMAIRE (hors dons) (1) 200,7 SOLDE BASE ENGAGEMENTS (dons compris) (2) – 546,7 AJUSTEMENT BASE CAISSE -2,5 Dont variation des arriérés de paiement -8,7 SOLDE (base caisse) (3) – 549,2 2005 4 633,3 3 998,7 3 579,6 370,5 48,5 634,6 5 279,5 3 444,2 1 361,3 283,0 42,5 240,5 1 783,3 579,3 1 672,0 797,4 874,6 46,3 – 1 280,8 40,1 – 646,2 23,0 -12,7 – 623,1 en milliards de francs CFA courants 2006 2007 (a) 4 979,4 5 839,6 4 400,9 5 034,7 3 907,1 4 329,8 422,2 634,7 71,6 70,2 578,5 804,9 5 731,7 6 393,5 3 794,7 4 159,6 1 466,0 1 621,1 226,4 249,9 43,9 77,8 182,5 172,1 2 091,9 2 248,7 834,1 941,4 1 774,8 2 070,6 922,2 1 071,4 852,6 999,2 29,7 – 15,9 – 1 330,8 – 1 358,8 – 89,6 53,6 – 752,3 – 553,9 40,1 21,6 -10,2 -47,0 – 712,3 – 532,3 (a) estimations Source : BCEAO / Rapport zone franc 2007 de la Banque de France Le tableau ci-après récapitule les recettes fiscales par pays de l’UEMOA, sur la base des informations contenues dans la balance des paiements de chaque Pays. Tableau des recettes fiscales (en milliards de F.CFA) 2002 - Benin Burkina Faso Côte d’ivoire Guinée Bissau Mali Niger Sénégal Togo Total UEMOA 2003 - 2004 311,4 318,6 1 241,4 11,8 390,0 167,6 738,5 161,0 3 340,3 2005 334,0 336,8 1 251,2 18,3 445,1 181,3 850,8 162,1 3 579,6 2006 378,8 362,3 1 364,0 18,5 478,6 203,9 921,9 179,1 3 907,1 2007 445,9 405,2 1 468,1 19,7 487,2 233,2 1 074,6 195,9 4 329,8 Sources : données contenues dans le rapport de la zone franc publiées par la banque de France. NB : Pour 2007, les montants ont été estimés 3.4. Transferts des travailleurs à l’étranger Les transferts des migrants ont été évalués à 718 milliards de FCFA (hors statistiques de la Côte d’ivoire). A l’exception de la Côte d’Ivoire dont le montant des transferts est négatif, les autres pays de l’UEMOA ont poursuivi la même tendance haussière en 2006. Les transferts de fonds des Rapport final 131 Novembre 2008 travailleurs du Mali et du Sénégal sont les plus élevés de l’UEMOA. Ils ont atteint respectivement 100,7 Mds de FCFA et 399,5 Mds de FCFA en 2006. Le tableau ci-après récapitule les envois de fonds de travailleurs de 2003 à 2006 par pays. Source : BCEAO, Balance des paiements de chaque Etat membre Rapport final 132 Novembre 2008 4. LES CONDITIONS DE DEVELOPPEMENT DE LA TITRISATION DANS LA REGION DE L’UEMOA L’expérience montre que la réussite et le développement de la titrisation nécessitent un environnement spécifique. Plusieurs points entravent pour le moment l’introduction de cette technique de financement dans la région de l’UEMOA. On peut citer entre autres : - l’inexistence d’un cadre juridique qui permet la création d’un véhicule apte à acquérir des créances ; - le monopole des banques en matière de détention de créances ; - l’absence d’une réglementation en matière d’opposabilité aux tiers en cas de cession de créances ; - l’impossibilité pour un organisme privé autre que les sociétés anonymes et les SICAV d’émettre des obligations. En dépit de ces contraintes, les conditions de développement de la titrisation sont présentes dans l’Union, en raison de l’existence d’un gisement important de créances détenues par les banques, d’un marché obligataire publique et privé structuré, d’un cadre juridique et monétaire uniforme et d’un organisme de contrôle et de surveillance des opérations d’appels publics à l’épargne. 4.1. Les obstacles au développement du marché de la titrisation dans la région Dans les pays où la titrisation est développée, un certain nombre de contraintes a dû être levé. Ces contraintes sont d’ordre juridique, technique, fiscale et économique. 4.1.1. Contraintes d’ordre juridique 4.1.1.1. Véhicule de titrisation Ce qui fait la réussite de la titrisation dans les pays anglo-saxons est l’existence d’une procédure simplifiée de cession des créances qui s’opère par l’intermédiaire d’une structure (trust/SPV) qui confie à un tiers la propriété d’un bien avec la charge de gérer ce dernier conformément à la volonté du constituant. La diffusion de la titrisation nécessite donc des adaptations juridiques dans les pays ne disposant pas de cette procédure dans leurs droits des affaires. Rapport final 133 Novembre 2008 Ainsi certains pays se sont-ils dotés d’un cadre juridique plus approprié basé sur la notion de fonds de titrisation. Ce dernier a pour objet exclusif l’acquisition des créances et l’émission des parts représentatives de ces créances. - Le fonds est une copropriété sans personnalité morale ce qui signifie qu’il peut y avoir une pluralité d’investisseurs, qu’il y a une quotepart d’actif proportionnelle au nombre de parts et enfin que sa gestion est confiée à une société de gestion. - Le fonds a pour objet exclusif d’acquérir des créances c’est pourquoi il y a un élargissement constant du champ des créances titrisables, que se soient des créances résultantes d’opérations de crédit, de l’usage de cartes de crédit, des créances commerciales, des compagnies d’assurance, des créances de crédit-bail, des créances matérialisées par un titre. - Le fonds émet des parts représentatives des créances ce qui signifie que les parts sont des valeurs mobilières, qu’elles ne peuvent pas être rachetées par le fonds commun de créances. Plus précisément, deux conditions sont essentielles : assurer l’immunisation de l’entité juridique contre la faillite ; réaliser une cession parfaite qui puisse assurer une protection juridique au véhicule. L’objectif étant de protéger les actifs, transférés au fonds, contre les éventuelles dettes et engagements du cédant. En effet, l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (Ohada) ni par ses actes uniformes, ni par sa jurisprudence ne prévoit la création d’entité dépourvue de personnalité juridique comme exigé pour la constitution d’un fonds de titrisation. 4.1.1.2. Transfert d’hypothèques La titrisation implique le transfert d’hypothèques aux fonds de titrisation et ce, sans le consentement de l’emprunteur. Cela nécessite un dispositif juridique souple, permettant la libre transférabilité des titres et l’inscription de l’hypothèque au nom du bénéficiaire, ce qui n’est pas le cas des législations foncières de la zone de l’UEMOA qui privilégient à la souplesse, la sécurité dans le processus de transfert des droits. 4.1.1.3. Emission de titres financiers Par ailleurs, la titrisation suppose une émission de titres par une entité qui n’a pas de personnalité morale. Par contre, dans la région de l’UEMOA Rapport final 134 Novembre 2008 seules les entités ayant la personnalité juridique émettent des titres financiers. Seulement, un lien peut être établi ici entre le véhicule de titrisation et les SICAV et les FCP régis par les instructions du CREPMF. En effet, si les SICAV sont des sociétés et ont la possibilité d’émettre des valeurs mobilières, les fonds communs de placement (FCP) sont de simples copropriétés, sans personnalité morale, mais qui émettent des parts classifiés en tant que valeurs mobilières. Les souscripteurs aux parts de FCP sont copropriétaires de son actif composé essentiellement de valeurs mobilières. L’actif du véhicule de titrisation, quant à lui, est formé principalement de créances. 4.1.2. Contrainte technique La titrisation requiert la mise en place de structures nouvelles et de techniques sophistiquées dont la maîtrise nécessite une formation et un certain temps d’adaptation. En effet, cette opération complexe exige un savoir faire dans le domaine de l’analyse, de sélection, et d’évaluation des créances à titriser. Elle nécessite aussi le développement des techniques de simulation des taux de remboursement anticipés et des taux d’impayés. Les établissements intéressés par la technique peuvent constituer ce savoir faire en recrutant des spécialistes en la matière et/ou en procédant à la formation du personnel déjà en place. La titrisation exige aussi l’adaptation des systèmes d’information, ainsi qu’une refonte des procédures comptables et de reporting pour les mettre au niveau des exigences de la réglementation en la matière. 4.1.3. Contrainte fiscale Dans une opération de titrisation, le fonds se charge d’acquérir les créances et d’émettre des titres financiers. Les créances cédées génèrent un flux financier qui est distribué aux différents investisseurs. Ainsi, le fonds est juste une entité intermédiaire entre le cédant et les investisseurs. Chaque investisseur est imposé directement, en fonction de sa quote-part des intérêts reçus. Alors que le fonds est exonéré de tous impôts et taxes. Pour garantir la neutralité fiscale, le fonds de titrisation devrait bénéficier de l’exonération fiscale et notamment de : Rapport final 135 Novembre 2008 - la TVA lors de l’acquisition des créances ; - des droits d’enregistrement des contrats et des conventions ; - des droits de mutation des biens et garanties; - l’impôt sur les résultats réalisés par le fonds. De même, l’harmonisation fiscale des valeurs mobilières dans la zone de l’UEMOA évitera les distorsions d’imposition des rémunérations perçues par les porteurs de parts de fonds de titrisation. A titre indicatif, le taux de l’Impôt sur le Revenu des Valeurs Mobilières (IRVM) des obligations de 5 ans et plus, diffère d’un pays à l’autre: Bénin (13%), Burkina (6%), Côte d’Ivoire (2%), Guinée-Bissau (30 %), Mali (13 %), Sénégal (6 %), Togo (13 %). 4.1.4. Autres obstacles au développement de la titrisation Les autres éléments qui pourraient entraver le développement de la titrisation et qui sont communs à tous les titres négociables portent notamment sur les éléments ci-après : - aucune courbe de taux n’existe actuellement ; - aucun traitement de faveur pour les obligations privées au niveau des réserves techniques des assurances et des fonds de pension et de sécurité sociale ; - le secteur bancaire de la région est très liquide et apparemment les banques perçoivent le développement des marchés financiers comme une concurrence ; - les marchés financiers (créances et actions ordinaires) de la région sont caractérisés par des niveaux de liquidité extrêmement faibles. De même le coût des transactions sur le marché secondaire est élevé. 4.2. Les facteurs positifs au développement du marché de la titrisation dans l’Union L’Union, fondée sur le principe de solidarité et d’égalité des Etats membres, est un espace monétaire homogène reposant sur une série de règles de base organisant notamment : - la libre circulation monétaire et la liberté des transferts entre les Etats membres ; - la centralisation des réserves de change ; Rapport final 136 Novembre 2008 - l’uniformité des réglementations monétaire, bancaire et des changes. L’UEMOA constitue donc un ensemble au sein duquel le degré d’unification du cadre institutionnel du système financier est particulièrement élevé et le volume des transactions de la dette publique et privée est en nette progression. Les parts de fonds de titrisation qui sont classées parmi les titres de créances négociables compléteront les outils de financements existants dans la région. 4.2.1. Le marché de la dette publique dans l’UEMOA En 2001, le cadre réglementaire régissant l’émission des bons du Trésor a été assujetti à plusieurs réformes permettant de répondre aux réalités économiques des Etats membres et d’être conforme aux normes internationales. La BCEAO n’intervient qu’en tant que conseiller financier des Etats. Depuis la mise en place de ces réformes, le marché des bons du Trésor de l’UEMOA a connu une forte croissance. Les volumes des émissions des trésors nationaux se sont élevés à 43 milliards de FCFA en 2001. Ils ont atteint 1 103 milliards de FCFA en 2007. Les opérations d’adjudications de bons ont été réalisées entre 2001 et 15 janvier 2008. Le tableau suivant présente la répartition par pays membres des volumes d’émissions des bons du trésor entre 2001 et 20071: (en milliards de FCFA) 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 Total Bénin 0,0 0,0 0,0 0,0 23,4 45,6 0,0 69,0 Burkina 0,0 51,9 30,9 41,5 43,3 50,9 46,9 265,4 Cote d'Ivoire 0,0 0,0 16,3 15,7 47,5 0,0 133,5 213,0 Guinée-Bissau 0,0 0,0 0,0 0,0 6,0 6,7 0,0 12,7 194,9 Mali 0,0 0,0 15,1 21,0 84,9 20,8 53,1 Niger 0,0 0,0 0,0 0,0 30,0 23,3 30,0 83,3 Sénégal 42,9 0,0 23,0 45,3 35,0 50,8 67,2 264,2 Togo 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 Total 42,9 51,9 85,3 123,5 270,1 198,1 330,7 1 103 Avec un volume de 265,4 milliards de FCFA, le Burkina est le pays ayant le plus recours au marché obligataire dans la région. Il est suivi du Sénégal dont le total des émissions des bons du Trésor est de 264,2 milliards de FCFA. La Côte d’Ivoire est le troisième pays émetteur dans la région avec un total d’émissions de 194,9 milliards de FCFA. 1 Etude de cas : le marché des bons du trésor dans l’UEMOA; Jean Claude Brou; BCEAO Rapport final 137 Novembre 2008 Cette forte croissance des émissions publiques est le résultat de deux facteurs principaux1: - le recours accentué des Etats membres de la région au marché des bons du Trésor pour promouvoir le financement de leurs besoins de trésorerie ; - la mise en place d’un cadre réglementaire conforme aux standards internationaux et adapté aux réalités des économies des Etats membres. Cette réforme offre aux Etats un moyen moderne pour lever, dans l'ensemble de l'Union, les ressources internes nécessaires à la couverture de leurs besoins de financement. Entre 2001 et 2007, les bons émis ont porté exclusivement sur quatre maturités : 3 mois, 6 mois, 12 mois et 24 mois. La maturité à 6 mois représente 54 % du volume total des émissions suivie par celle à 12 mois, qui représente 17,4% du volume global, puis par la maturité à 3 mois qui représente 16,6% du volume total émis. Le détail des émissions des bons du Trésor par maturité et par pays de 2001 à fin 2007 est présenté dans le tableau ci-dessous. 1http://www.banquefrance.fr/fr/eurosys/telechar/zonefr/2006/essor_des_marches_de_la_dette_pub lique_en_afrique_sub_saharienne_le_cas_de_l_UEMOA.pdf Rapport final 138 Novembre 2008 4.2.2. Le marché de la dette privée dans l’UEMOA 4.2.2.1. Aspect juridique des obligations Les obligations sont des valeurs mobilières émises sous forme de titres négociables, qui dans une même émission confèrent les mêmes droits de créance pour une même valeur nominale (art 779 A.U OHADA sur les sociétés commerciales et GIE). L’émission des obligations n’est permise qu’aux Sociétés anonymes et aux Groupements d’Intérêts Economiques (GIE) constitués de Sociétés anonymes, ayant deux années d’existence et qui ont établi deux bilans régulièrement approuvés par les actionnaires (Art 780 Acte Uniforme OHADA). En outre du cadre juridique de l’OHADA, un ensemble de textes réglementaires (Règlements, Instructions, Décisions, Circulaires et Avis) du Conseil Régional de l’Epargne Publique et des Marchés Financiers régit toute opération d’appel public à l’épargne. En vertu de l’article 2 de l’instruction 33/2006, aucun Etat ou toute autre entité ne peut faire appel public à l’épargne sur le marché financier régional de l’UEMOA sans le visa préalable du CREPMF. 4.2.2.2. Marché obligataire privé en chiffres Le marché primaire de l’UEMOA a été crée en 1996 afin d’accroître le taux d’épargne et de diversifier les moyens de financement offerts sur le marché financier de la région tout en réduisant les coûts d’intermédiation financière. Depuis le démarrage des activités du marché primaire en 1997, il a pu contribuer à la mobilisation des ressources au profit des différents opérateurs dans la région. Cependant, le montant des capitaux levés sur le marché primaire a représenté en 2004 à peine 5% du volume de l’investissement annuel dans l’UEMOA et 6% des crédits bancaires au secteur privé1. Les opérations effectivement réalisées sur le marché obligataire privé sont au nombre de 5 en 2006. Ces opérations d’émission ont permis de mobiliser un montant total des ressources s’élevant à presque 32 milliards de FCFA. Le tableau ci-dessous montre l’évolution des émissions du marché primaire depuis 2002 jusqu’à 2006 et par type d’opérations 2 : 1http://www.boad.org/content/dossiers/dossiers_crepmf/Discours%20du%20Gouverneur.pdf 2http://www.crepmf.org/publications/pdf/Rapport_Annuel_2006.pdf Rapport final 139 Novembre 2008 (en millions de FCFA) Rubriques Emprunts obligataires * Etats * Inst. Financières régionales * Privés et autres Opérations sur titres de capital Total 2002 2003 2004 2005 2006 112 370 107 403 95 500 219 700 176 500 63 970 65 400 0,00 131 130 120 500 - - 22 700 25 000 24 000 48 400 42 003 72 800 63 570 32 000 5 516 1 010 11 800 433 2 701 117 886 108 413 107 300 220 133 179 201 Source : Crepmf, rapport annuel 2006 Comparé à 2005, le volume des ressources mobilisées sur le marché primaire a régressé de 50 % en 2006. Il a chuté de 63,5 milliards de FCFA en 2005 à 32 milliards de FCFA en 2006. Les émissions d’emprunts obligataires privées représentent 18% des opérations réalisées en 2006. 4.2.3. Autorités et Institutions du marché financier Le marché financier de la région, et à l’instar des autres marchés, dispose d’autorités et d’institutions qui assurent son bon fonctionnement. La règlementation a permis d’assurer la protection des épargnants : un seul emprunt a fait défaut en 10 ans de fonctionnement et a nécessité l’appel des garanties. Pour un fonctionnement efficace de ce marché, les autorités de l'Union ont adopté, conformément aux normes internationales, le principe de la séparation des missions et des responsabilités des divers intervenants. Ainsi deux pôles ont-ils été créés : - un pôle privé, composé de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières et du Dépositaire Central/Banque de Règlement ainsi que des intervenants commerciaux, à savoir les Sociétés de Gestion et d'Intermédiation, les Sociétés de gestion de patrimoine, les Apporteurs d'Affaires, les Sociétés de Conseils en Valeurs Mobilières et les démarcheurs ; - un pôle public, constitué du Conseil Régional de l'Epargne Publique et des Marchés Financiers. Celui-ci, représente l'intérêt général et garantit la sécurité et l'intégrité du marché. 4.2.3.1. Pôle privé Les acteurs principaux du marché financier régional sont la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) et le Dépositaire Central/Banque de Règlement. L’objectif de la BRVM est d’organiser le Rapport final 140 Novembre 2008 marché boursier et d’assurer la diffusion des informations boursières. La banque de règlement et le dépositaire central garantissent respectivement le règlement et le dénouement des transactions des titres financiers. 4.2.3.2. Pôle public Le Conseil Régional de l’Epargne Publique et des Marchés Financiers Conseil (CREPMF) veille au respect de la réglementation et se charge de l’agrément des acteurs et des opérations d’appel public à l’épargne. Les sociétés émettrices d’obligations sont tenues d’un devoir d’information à l’égard du public, de leurs actionnaires, de même qu’à l’égard du Conseil Régional. Ces informations doivent être exactes et précises, et doivent être déposées au Conseil Régional préalablement à leur publication. L’instruction n° 29/2001 du CREPMF établit les obligations de diffusion et d’information qui sont à la charge des sociétés ayant procédé à une émission d’actions ou d’obligations, par appel public à l’épargne sur le marché financier de l’UEMOA. Rapport final 141 Novembre 2008 5. L’IMPACT DE LA TITRISATION SUR LA CROISSANCE DES ENCOURS ET LA RENTABILITE DES INSTITUTIONS BANCAIRES ET FINANCIERES L’importance de la titrisation repose sur divers avantages qui intéressent tout le système économique et notamment les établissements de crédit. La titrisation améliore la capacité de financement, permet une meilleure répartition des risques, augmente la rentabilité, optimise la gestion des fonds propres et réduit le coût de financement des banques. De même, elle favorise l’accès au logement pour les ménages, à cet effet, le taux des ménages propriétaires de leurs logements dépasse les 60 % dans les pays où cette technique est développée. 5.1. L’impact de la titrisation sur la croissance des concours hypothécaires La titrisation qui a la qualité de faciliter l’adéquation des termes, en synchronisant le remboursement des parts de titrisation aux cash-flows des créances cédées, permet de mobiliser des ressources à long terme. Ce qui favorise l’octroi de prêts de très longues durées qui peuvent atteindre 30 ans ou plus. Situation initiale Montant du prêt en FCFA Durée (ans) Taux Situation A Situation B 10 000 000,00 10 000 000,00 10 15 10 000 000,00 25 8% 8% 8% Echéance 121 300,00 95 565,00 77 182,00 Revenu 270 000,00 270 000,00 270 000,00 45% 35% 29% Revenu/Echéance L’allongement de la durée initiale des prêts permet de réduire la charge de remboursement mensuelle dans les revenus des emprunteurs ce qui leur permettra de postuler à des montants plus élevés de crédit. Comme s’est présenté dans le tableau ci-dessous, l’augmentation de la durée du prêt de 10 à 25 ans a permis de relever le montant du prêt de 10 millions à 15,7 millions de F CFA. Situation initiale Montant du prêt en FCFA Durée (ans) Taux Situation B 12 693 000,00 15 716 000,00 10 15 25 8% 8% 8% Echéance 121 300,00 121 300,00 121 300,00 Revenu 270 000,00 270 000,00 270 000,00 45% 45% 45% Revenu/Echéance Rapport final Situation A 10 000 000,00 142 Novembre 2008 La baisse du coût de refinancement grâce à la titrisation favorise la concurrence entre les banques ce qui se répercute sur les taux des crédits consentis aux clients. La baisse des taux et l’allongement de la durée des prêts ont un effet multiplicateur sur le volume des encours de crédit. Des tendances similaires ont été enregistrées au sein de la plupart des pays qui ont adopté cette technique comme outil de refinancement. Par exemple, la baisse des taux d’intérêts au Maroc a permis de multiplier par trois l’encours des crédits de l’immobilier. Ainsi il a augmenté de 38 Mds de dirhams (2 300 Mds de FCFA) à 105 Mds de dirhams (6 360 Mds de FCFA) en 5 ans et d’allonger la durée de remboursement de 15 ans à 25 ans. Dans la zone de l’UEMOA, les crédits hypothécaires ressortent à 363 Mds de FCFA soit à peine 7,4 % du volume globale des crédits bancaires en 2007, ce qui demeure modeste. Le taux de croissance moyen durant la période 2003/2007 des crédits hypothécaires est de 10 % et reste inferieur au taux moyen des autres crédits. 31/12/2003 31/12/2004 31/12/2005 31/12/2006 2007 estimé Créances hypothécaires 248 090,09 284 909,72 317 388,55 330 924,98 362 927,31 Autres crédits 3 024 993,91 3 211 989,28 3 655 871,45 4 133 204,02 4 547 614,59 Total de bancaires 3 273 084,00 3 496 899,00 3 973 260,00 4 464 129,00 4 910 541,90 7,6% 8,1% 8,0% 7,4% 7,4% crédits Part des créances hypothécaires/Total Si le marché de la titrisation se développe et atteint une taille significative, il en découlera à moyen terme une augmentation importante du volume des créances hypothécaires et de leur part de marché. Ainsi, on suppose que l’introduction de la titrisation aura un impact supplémentaire sur le taux de croissance annuel moyen des crédits immobiliers. Selon nos hypothèses, ce taux passera de 10% à 30%, et que toute chose est égale par ailleurs, c'est-à-dire que les autres crédits, continueront à évoluer selon un taux de croissance moyen de 11%. En cas du développement de la titrisation et en considérant les taux prévisionnels ci-dessus, le volume des crédits hypothécaires serait à l’horizon 2012 de 1 347 milliards de FCFA et représentera 15% des crédits bancaires. Rapport final 143 Novembre 2008 31/12/2008 31/12/2009 31/12/2010 31/12/2011 31/12/2012 Créances hypothécaires 471 805,50 613 347,15 797 351,30 1 036 556,69 1 347 523,70 Autres crédits 5 047 852,20 5 603 115,94 6 219 458,69 6 903 599,15 7 662 995,05 Total de bancaires 5 519 657,70 6 216 463,09 7 016 809,99 7 940 155,84 9 010 518,75 8,5% 9,9% 11,4% 13,1% 15,0% crédits Part des créances hypothécaires/Total 5.2. L’impact de la titrisation sur la rentabilité des institutions bancaires et financières Le développement croissant et la propagation de la titrisation dans les marchés financiers s’explique par ces multiples avantages. Au plan de la baisse du coût de financement, le fonds de titrisation a une meilleure qualité de signature que l’émetteur lui-même. De ce fait, ce mécanisme permet d’augmenter la rentabilité du cédant et d’optimiser l’allocation en fonds propres. 5.2.1. Impact sur le coût de financement et la prime de risque La prime de risque est la différence entre le coût de la dette d’entreprise et les bons du Trésor à durée correspondante. Cette marge est une rémunération du risque de crédit. Dans la zone de l’UEMOA, les marges d’intérêts constatées entre les émissions de meilleures et de moyennes signatures sont souvent proches et ne dépassent pas les 100 points de base. La surliquidité bancaire de la région explique en partie ce resserrement des marges. Mais avec le développement des activités financières et l’absorption des surliquidités, le marché connaîtra la logique des marchés internationaux. Le fait que les créances soient isolées dans des structures indépendantes à l’abri des créanciers et de la faillite de l’émetteur et protégées contre les risques opérationnels et de contamination par d’autres créances de celui-ci, rend ces parts des fonds de titrisation plus sécurisantes pour les investisseurs, et donc, ces derniers sont plus enclins à accepter un rendement inférieur à un titre classique. D’après la logique de la courbe des risques/rendements, les parts de titrisation auront un gain de prime de risque, au moins, de 75 points de base comme ce fut le cas de l’émission en 2006 de la Société Financière Internationale (SFI). Rapport final 144 Novembre 2008 5.2.2. Impact sur la rentabilité Cas d’illustration Illustrons l’impact de la titrisation sur la rentabilité des banques à l’aide d’un exemple : Situation initiale En Md F CFA Fonds propres 170 Dettes 187 Bénéfices 34 Dettes/ fonds propres 110 % Rendement su fonds propres (ROE) 20 % Cas d’une émission d’obligations Une banque a un besoin de refinancement de 30 milliards de FCFA en vue de financer un investissement ou accorder de nouveaux crédits à un taux de 9 %. Une première possibilité qui s’offre à cette banque consiste à émettre des obligations classiques pour se refinancer. Etant donné que le taux d’endettement de la banque est ainsi porté à 128 %, la banque devra payer des intérêts supérieurs aux créanciers (par exemple 6%). Néanmoins, le rendement sur fonds propres passera à 20,9%, soit une légère augmentation par rapport à la situation initiale. En Md FCFA Fonds propres 170 Dettes 187 Emprunt Obligataire 6 % 30 Bénéfices 34,9 Dettes/ fonds propres 128% Rendement su fonds propres (ROE) 20,9% Cas d’une titrisation Une deuxième possibilité pour la banque est de titriser des créances comme actifs générant du cash-flow. Si ces cash-flows sont suffisamment prévisibles et que des garanties suffisantes sont prévues, les titres émis seront d’une qualité supérieure. Etant donné que la banque initiatrice Rapport final 145 Novembre 2008 affiche une solvabilité inférieure au fonds de titrisation, cette différence entrainera un coût inférieur pour les titres émis par la voie de titrisation. Ainsi la banque conserve le cash-flow des créances après déduction du coût de refinancement et réalisera un bénéfice de 3,75 % (soit 1 125 Md F CFA), soit un rendement sur fonds propres de 21,1 %, alors que le taux d’endettement de la banque reste invariable. En Md F CFA Fonds propres 170 Dettes 187 Titrisation 5.25 % 30 Bénéfices 35,125 Dettes/ fonds propres 110% Rendement su fonds propres (ROE) 21,1% Pour les actionnaires, une opération de titrisation est plus rentable. 5.2.3. Impact sur les fonds propres La Titrisation est un moyen d’alléger le bilan et de réaliser une économie en fonds propres pour la banque cédante. C’est une alternative efficace à l’augmentation du capital et au financement obligataire ; elle devient un point de passage obligé lorsque lever des fonds s’avère coûteux et/ou temporairement impossible pour quelques raisons que ce soit. La titrisation permet de financer une demande de prêts qui ne cesse de croître, en cédant une partie du portefeuille et en replaçant le produit de cette cession dans de nouvelles créances. Théoriquement, la banque cédante peut augmenter sa capacité de financement à l’infini. Sans la titrisation, cela ne serait pas possible en raisons des contraintes du ratio Cooke ; chaque nouveau prêt se traduit par une augmentation en fonds propres de 8% (ou 4% selon la pondération) fois le montant du prêt. Les 92% (ou 96%) qui restent doivent être financés par des ressources à long terme. Exemple : Le financement de 30 milliards de FCFA de prêts hypothécaires pondérés à 50%, nécessite : - 1,2 milliards de FCFA : Fonds propres (8%x 50%x 30 milliards de F CFA) et - 28,8 milliards de FCFA : Emprunt obligataire (96% x 30 milliards de F CFA) millions de dirhams) Rapport final 146 Novembre 2008 Le coût de financement étant : 96% x (Coût d’emprunt brut) + 4% x (Coût des fonds propres brut) Supposons que le coût des fonds propres des banques sur la place soit de 25% brut. Le coût d’emprunt dépendra de la signature de l’institution et de sa santé financière. Dans le cas d’une émission obligataire, une prime de risque de 100 points de base s’ajouterait à la rémunération d’un titre financier sans risque de 5 %. Il faudrait rajouter à ce coût, les frais et commissions du montage et de l’émission, d’environ 0.1%. En plus du coût élevé de l’emprunt, il faut que les actionnaires acceptent de donner 1,2 milliards de FCFA et que la banque puisse leur assurer 25% de retour sur leur investissement ! Tout cela ramènerait le coût du financement obligataire réel à 6,856%. [96% x (5% + 1%+0,1%)] + [4% x 25 %] L’alternative serait d’isoler une partie de l’actif dans un fonds de titrisation indépendant de la banque cédante et de se financer sous la signature de ce fonds ; c’est à dire de titriser 30 milliards de FCFA de créances et de le replacer dans de nouvelles créances. En plus, le fonds étant juridiquement indépendant de la banque cédante, pourrait se financer en fonction du risque du portefeuille titrisé et non pas celui de la banque. La prime de risque relative aux parts adossées à un portefeuille de créances, consenties à des particuliers, avec une hypothèque, à échéance prélevée automatiquement, serait, à titre d’exemple, de 30 points de base dans le meilleur cas de figures. La banque se serait donc financé, dans le meilleurs des cas, en cédant une partie de son actif à (5 %+0,3%+0,3%) = 5.6%, pour 30 points de base de prime de risque des parts et 0,3 % de frais et commissions. Dans ce cas de figure, la banque se serait financé à un coût inférieur à celui de l’emprunt obligataire (5.60%<6,85%) et aurait gagné 1,25 points de base. En plus, la banque n’aurait pas à faire appel aux actionnaires pour plus de fonds propres ; le dénominateur du ratio Cooke étant le même (les nouveaux prêts, de même nature et pondération, remplacent sur le bilan les prêts cédés au fonds.) Rapport final 147 Novembre 2008 5.2.4. L’impact des opérations de titrisation sur les résultats consolidés des banques de la région de l’UEMOA Les chiffres présentés dans le tableau ci-dessous sont extraits du rapport de l’année 2006 de la commission bancaire de la zone de l’UEMOA. Situation initiale En Md de F CFA Fonds propres 739 Dettes 5 699 Bénéfices 89 Dettes/ fonds propres 771% Rendement su fonds propres (ROE) 12,04% Cas de titrisation Durant l’année 2006, le volume des émissions obligataires dans la zone a atteint plus de 200 milliards de FCFA avec un taux moyen de 6,50%. Supposons qu’un volume de 100 milliards de FCFA aurait été émis exclusivement sous forme de parts de fonds de titrisation, l’impact serait comme suit : - une baisse de la prime de risque de 0,75 %; - le résultat aurait augmenté de 750 millions de F CFA; - une économie de fonds propres de 8 milliards de FCFA pour les créances commerciales soit une pondération du ratio de solvabilité de 8 % ou de 4 milliards de FCFA pour les créances hypothécaires avec une pondération du ratio Cook de 4%. En Md de F CFA Fonds propres 739 Dettes 5 699 Titrisation à 5,60 % 100 Bénéfices 89,750 Dettes/ fonds propres (invariable) 771% Rendement su fonds propres (ROE) 12,14% En réalité l’impact de la titrisation est largement plus important que les résultats présentés ci-dessus vu que dans cet exemple pour des raisons de simplicité et de disponibilité d’informations, le champ des actifs éligibles à la titrisation a été limité aux créances bancaires. Rapport final 148 Novembre 2008 6. ACCESSIBILITE AUX MODES DE FINANCEMENT COMPLEMENTAIRES DE REFINANCEMENT La titrisation ne constitue pas l’unique possibilité pour drainer des ressources financières stables et à long terme pour les établissements de crédit et notamment pour ceux qui ne disposent pas de suffisamment de dépôts bancaires nécessaires à la couverture des crédits accordés. La titrisation est caractérisée d’opération contractuelle, privée et souple ; donc à chaque fois qu’un établissement de crédit, organisme public ou privé, a besoin de financer des crédits hypothécaires, des infrastructures ou des déficits de trésorerie, il peut constituer un fonds de titrisation dédié à cet effet. Pour les établissements spécialisés dans le financement de l’immobilier, d’autres instruments de refinancement très réglementés ont été mis à leurs disposition par les autorités gouvernementales pour faciliter l’accès des citoyens à la propriété, il s’agit notamment des : - Organismes de refinancement hypothécaire : qui sont des structures juridiques dotées de la personnalité morale qui rachètent les créances hypothécaires de plusieurs établissements de crédit ou accordent des garanties aux titres émis par ces derniers; - Obligations sécurisées : qui sont des obligations émises par des sociétés spécialisées dans l’acquisition des prêts bancaires destinés à l’immobilier ou des créances destinées à des personnes publiques. Les détenteurs de ces obligations bénéficient de privilèges juridiques supplémentaires sur les créances cédées. 6.1. Les organismes de refinancement hypothécaire Les systèmes de financement du logement ont connu plusieurs mutations et changements depuis le début des années 30. Le gouvernement américain a été le premier gouvernement innovateur en matière de mécanismes et outils de financement de l’habitat. Les changements apparus dans l’environnement économique et financier l’ont contraint à trouver des solutions qui permettent de mieux répondre aux besoins de financement du logement. A cet effet, le gouvernement américain a jugé nécessaire de créer des institutions spécialisées dans le refinancement hypothécaire. Ceux sont des organismes d’intermédiation financière à double fonctions : ils permettent de fournir aux établissements de crédit des ressources à long terme pour financer les prêts à l’habitat et en même temps de développer le marché hypothécaire secondaire. Rapport final 149 Novembre 2008 La pertinence et la réussite des organismes de refinancement hypothécaire aux Etats-Unis a encouragé plusieurs pays développés à instaurer des organismes ayant le même objectif mais utilisant des mécanismes plus appropriés aux spécificités de leurs environnements socio-économiques et financiers. L’expérience de ses organismes de refinancement hypothécaire a réussi à répondre aux besoins des pays développés en terme de création de liquidité, d’offre de logements à coût abordable et de dynamisation des marchés hypothécaires secondaires. Le succès d’organismes de refinancement hypothécaire a encouragé plusieurs pays en voie de développement, dont le Mali, à l’adopter dans leurs pratiques financières et à bénéficier de ses avantages ce qui est susceptible d’être généralisé à tous les pays de la zone UEMOA. 6.1.1. Les organismes de refinancement hypothécaire dans les pays développés Les pays européens ont secondé les Etats Unis et le Canada dans l’adoption de la titrisation hypothécaire et la mise en place de politiques de refinancement de logement plus adaptées à leurs environnements. La France est le deuxième pays Européen après l’Angleterre à introduire cet instrument. Ainsi, les pouvoirs publics français ont créé en 1985 la caisse de refinancement de l’habitat. 6.1.1.1. Cas des Etats-Unis En vue de répondre au besoin de financement des établissements de crédit immobilier et de permettre de réaliser le rêve américain « offrir un logement à tout citoyen américain », le gouvernement américain a mis en place un environnement juridique et financier adéquat et a crée deux organismes: la Federal Home Loan Bank (FHLB) en 1932 qui arrêta la réglementation applicable aux caisses d'épargne avec pour objectif de créer un marché secondaire; et la Federal Housing Authority (FHA) en 1934 qui propose une assurance contre le risque de défaillance sur le marché hypothécaire. En outre, afin d’inciter les institutions d’épargne américaines à investir dans le financement hypothécaire et de permettre à ces investissements de devenir liquides, les pouvoirs publics ont créé en 1938 l’agence fédérale FNMA (Federal National Mortgage Association) connue sous le nom de Fannie mae. Son rôle principal était la création d’un marché hypothécaire secondaire liquide à travers l’achat des prêts hypothécaires de FHA. Or ses apports s’étant révèles trop limités, le gouvernement américain a scindé en Rapport final 150 Novembre 2008 1968 cette structure en deux organismes séparés: la Fannie mae qui a gardé les fonctions initiales et la Government National Mortgage Association connue sous le nom de Ginnie mae. Sa mission étant de fournir les garanties de paiement pour le marché hypothécaire des prêts répondant aux standards de FHA ainsi que ceux de deux autres organismes gouvernementaux: the Veterans administration (VA) et the Farmers Home Administration (FMHA). En 1970, le gouvernement américain a créé une nouvelle agence fédérale: la Federal Home Loan Mortgage Corporation connue sous le nom de Freddie mac, spécialisée dans le financement hypothécaire. Elle a été créée dans le cadre des FHL Banks (les banques fédérales de crédit au logement) afin d’accroître les liquidités des S&L (les agences d’épargne et de crédit). Les trois organismes ont le statut d’agence gouvernementale. Fannie mae et Freddie mac sont des entreprises privées. Ginnie mae est la seule entreprise publique qui fait partie du département de l’habitat et du développement urbain. Les titres de cette dernière sont les seuls titres qui bénéficient de la garantie du gouvernement américain. Par contre les titres émis par Fannie mae et Freddie Mac ne bénéficient d’aucune garantie explicite du gouvernement américain. Une large perception surtout au niveau des investisseurs continue de doter ces deux organismes et les titres qu’ils émettent de la garantie implicite du gouvernement américain. Le tableau suivant permet d’avoir un aperçu comparatif des trois organismes de refinancement américain. Fannie Mae Freddie Mac Ginnie Mae Date de création 1938 1970 1968 Statut de l’entreprise Entreprise privée Entreprise privée Entreprise publique Mission Promotion de l’accession à la propriété aux Etats Unis (E.U) Promotion de l’accession à la propriété aux E.U. Promotion de l’accession à la propriété aux E.U. Rôle de l’entreprise Développer le marché secondaire aux hypothèques garanties par la FHA. Accroître la liquidité des institutions d’épargne et de crédit (S&L). Titrisation des prêts hypothécaires assurés par le gouvernement (prêts de la FHA et du département des anciens combattants). Activité 1938 : achat des prêts hypothécaires assurés par le gouvernement (prêts FHA). émission des titres adossés à des créances hypothécaires avec flux identiques. Fournir les garanties de paiement pour les prêts assurés par le gouvernement. investissement dans des portefeuilles de créances hypothécaires. 1970 : émission des titres adossés à des créances hypothécaires avec flux identiques. du Garantie implicite du gouvernement américain. Garantie explicite du gouvernement américain. du Paiement du capital et du coupon Paiement à temps capital et du coupon 1968 : gestion des portefeuilles de prêts hypothécaires conventionnels (non assurés par le gouvernement). 1981: émission des titres adossés à des créances hypothécaires (MBS). Type de Garantie du gouvernement Garantie implicite gouvernement américain. Garantie des titres émis Paiement coupon Rapport final du capital et 151 Novembre 2008 du Ces trois organismes ont ainsi intervenu différemment dans l’évolution du système de financement du logement américain. Les politiques adoptées par ces trois institutions ont permis d’accroître la liquidité et de dynamiser le marché hypothécaire secondaire ce qui a aidé le gouvernement américain à réaliser sa mission de faciliter l’accession à la propriété à des populations cibles et à coût réduit. Les volumes considérables de fonds drainés par ces institutions sur les marchés obligataires, les ont conduites à explorer d’autres sources de financement et à utiliser la qualité de leurs créances comme un outil de réduction des coûts de financement. C’est ce besoin de refinancement qui a fait démarrer le marché de la titrisation aux États-Unis. La première opération de titrisation fut réalisée pour le compte de Ginnie-Mae en 1970. Fannie Mae quant à elle réalisa sa première opération en 1971. Dans le contexte actuel de la crise financière des subprimes, déclenchée par le ralentissement du marché de l’immobilier américain et la hausse des taux d’intérêt sur lesquels sont indexés les remboursements, Fannie Mae et Freddie Mac, ont perdu 80 % de leur valeur boursière. En outre, depuis plus d’un an, de nombreux foyers américains ne peuvent faire face à leurs mensualités, et les défauts de paiement se répercutent sur les entreprises spécialisées dans le refinancement hypothécaire. Aux Etats-Unis, 2,2 millions de procédures de saisies immobilières ont été lancées en 2007. Un ménage américain sur trois est débiteur (ou proche de l’être) d’un emprunt immobilier supérieur au prix de sa maison. Afin, d’assurer la survie des deux organismes hypothécaires et de permettre aux propriétaires défaillants d’honorer leurs échéances, et de garder leur logement ; le gouvernement américain a conçu un plan de sauvetage qui se résume en deux points : - Fannie Mae et Freddie Mac seront placées sous l'autorité d'un nouvel organisme de contrôle, aux pouvoirs renforcés. Le Trésor sera autorisé jusqu'à la fin 2009 à acheter des actions émises par les deux organismes privés ou à leur prêter de l’argent à concurrence de 25 milliards de dollars sur deux ans, en soulignant qu’il y a de fortes chances que le Trésor n’ait pas besoin de recourir à un tel dispositif. - Le plafond des prêts immobiliers qui peuvent obtenir une garantie de l’Etat sera relevé. Ainsi le montant des crédits hypothécaires ainsi garantis par l’Etat sera de 300 milliards de dollars. Rapport final 152 Novembre 2008 6.1.1.2. Cas du Canada Devant la pénurie des logements qui a succédé à la deuxième guerre mondiale, le gouvernement canadien s’est octroyé un rôle important pour résoudre le problème d’habitat. Il a mis en œuvre deux axes majeurs: la réforme de la législation par l’adoption de la loi nationale sur l’habitat en 1944, et la création de la société centrale d’hypothèques et de logement en 1946 (devenue en 1979 la Société canadienne d'hypothèques et de logement). La Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) est l'organisme fédéral responsable de l'habitat. Sa principale mission est d’assurer aux canadiens l’accès à des logements de qualité à des taux compétitifs. La SCHL a quatre pôles centraux d’activités: l'application des programmes de logement, l'octroi de prêts, l'assurance et la titrisation. Les activités d'application de programmes de logement et d'octroi de prêts destinés à des Canadiens ayant un revenu modeste ne génèrent pas de profit. Les activités d'assurance et de titrisation sont exercées sur une base de rentabilité. Le bénéfice net de la Société est principalement tiré des activités d'assurance et de titrisation. Les sources de financement des activités de la SCHL diffèrent selon leur nature. Les activités d'application des programmes de logement bénéficient de l’aide du gouvernement fédéral. Pour les activités d’octroi de prêts, elles sont financées grâce à l'émission d'obligations et de papier commercial sur les marchés financiers. Par contre les activités commerciales, dans les domaines de l’assurance hypothécaire et de la titrisation ne bénéficient d’aucune aide gouvernementale directe. Les programmes de titrisation permettent à la SCHL d’améliorer la liquidité du marché hypothécaire et de faciliter l'accès à des prêts à faible coût. 6.1.1.3. Cas de la France Le système financier français disposait depuis 1966 d’un marché hypothécaire dont la fonction principale était de permettre au système bancaire de mobiliser les ressources d'épargne et de les transformer en prêts à long terme garantis par des hypothèques. Cependant, le marché hypothécaire ne répondait pas aux attentes du système financier. Il était critiqué pour être peu dynamique et ayant une faible profondeur: son encours maximum avait été de 100 Milliards de Francs Français, soit Rapport final 153 Novembre 2008 environ 25 % de l'encours des prêts éligibles et 7 % de l'encours des prêts au logement1. Afin de remédier aux limites du marché hypothécaire, le régime réglementaire français à mis en place la loi n° 85-695 du 11 juillet 1985 dont l’objectif principal est de mobiliser des ressources plus longues et plus abondantes. Il a autorisé l'émission d'obligations de longue durée par des organismes agréés ayant en contrepartie des créances hypothécaires. Seule la Caisse de Refinancement Hypothécaire, devenue aujourd'hui la Caisse de Refinancement de l'Habitat (CRH), a été créée et agréée par les pouvoirs publics en 1985. Elle bénéficiait donc d’une situation de monopole d'émission. L'unique objet de la CRH est de refinancer les prêts au logement consentis par les établissements de crédit actionnaires en émettant des obligations visées par l'article 13 de la loi du 11 juillet 1985. Les prêts refinancés sont uniquement des prêts au logement dotés d'une hypothèque de premier rang ou dans certaines conditions des prêts cautionnés, respectant les critères définis par la loi, et les critères complémentaires définis par la CRH. 6.1.2. Organismes de refinancement hypothécaire dans les pays en voie de développement Le développement de l’urbanisation dans plusieurs pays asiatiques et d’’Amérique Latine au début des années quatre-vingt dix et le besoin en liquidité des établissements de crédit à l’habitat ont poussé leurs gouvernements à intervenir afin de créer un environnement financier et juridique adéquat au développement des instruments de refinancement hypothécaire. Plusieurs pays asiatiques et d’Amérique Latine tels que l’Indonésie, la Corée, la Malaisie, le Mexique et le Chili se sont inspirés des modèles des pays développés. Ils se sont dotés d’une législation et d’agences para gouvernementales pour favoriser le développement des organismes de refinancement hypothécaire. Parmi ces pays, la Malaisie est considérée comme étant pionnier. Son expérience s’est concrétisée par la mise en place de l’agence de refinancement hypothécaire nommée Cagamas berhad «la Société Nationale Hypothécaire». 1http://www.senat.fr/rap/r05-261/r05-26189.html Rapport final 154 Novembre 2008 L’expérience la plus récente en refinancement hypothécaire dans le continent africain est celle du Mali. Elle date de l’an 2000 par la création du Fonds de Garantie Hypothécaire du Mali (FGHM). Ledit fonds se charge de la garantie hypothécaire et du refinancement des banques et des établissements financiers opérant dans le domaine de l’habitat. Outre son capital social, le FGHM bénéficie des subventions octroyées par le fonds commun de développement Mali/Canada (FCD). Le FGHM a réussi au bout de quatre ans d’existence à émettre plus de 11 milliards de FCFA d’engagements cumulés. 6.1.2.1. Cas de la Malaisie Le développement rapide de l’urbanisation à la fin des années soixante-dix a incité le gouvernement malaisien à mettre tous les efforts nécessaires pour que l’environnement économique, financier et réglementaire permette aux citoyens et notamment les catégories sociales à faible revenus d’avoir des logements salubres et à moindre coût. A cet effet plusieurs mesures ont été adoptées, à savoir : - la mise en place des programmes de logements sociaux ; - la libéralisation du secteur financier tout en plafonnant par le biais de la banque centrale les taux d’intérêt à l’habitat ; - l’obligation de dédier une part des ressources des établissements de crédit aux financements des prêts à l’habitat ; - la promulgation des lois et des réglementations favorisant le développement des logements à coût abordable. Plus spécifiquement, le gouvernement malaisien est intervenu dans le secteur financier pour remédier aux problèmes de financement et réaliser ses objectifs de logement. Il a créé en Décembre 1982 sous l’acte 1965 l’organisme de refinancement hypothécaire malaisien nommé Cagamas berhad «la société nationale hypothécaire». Durant ses premières années d’existence, Cagamas a bénéficié d’une situation de monopole sur le marché financier secondaire. Elle a stimulé le financement des établissements de crédit par la mise en place des sources de financement durables et à moindre coût tout en réduisant le degré d’intervention du gouvernement dans le financement de l’habitat à travers des subventions ou des réglementations des quotas de prêts à l’habitat. La création de Cagamas a eu un impact positif sur le marché financier. Le portefeuille des prêts à l’habitat a quadruplé entre 1986 et 1997. Il est passé Rapport final 155 Novembre 2008 de 18 billions de ringgit en 1986 à 70 billions de ringgit en 1997 avec un taux d’accroissement annuel moyen de 13%. Cagamas est considérée aussi comme le principal émetteur des emprunts obligataire privés en Malaisie. Son volume d’émission de titres obligataires est passé de 100 millions RM en Octobre 1987 à 21 385 millions RM en Décembre 20061. 6.1.2.2. Cas d’un pays de la région de l’UEMOA : Mali Le continent africain connait un retard par rapport aux autres continents. Il n’a introduit le refinancement hypothécaire dans ses pratiques financières que durant ces dernières années. Le besoin d’avoir des logements adéquats et à moindre coût ne s’est fait ressentir par plusieurs pays africain et plus spécialement de l’Afrique Ouest que très récemment, dans le début de cette décennie. Cependant, le financement du secteur de l’habitat a été freiné par l’absence d’un environnement financier et juridique prometteur. Le Mali, comme tout pays de la zone de l’UEMOA, a connu dans les années quatre-vingt dix des vagues débridés d’urbanisation. Le gouvernement malien s’est trouvé devant la contrainte de soutenir le développement du secteur de l’habitat pour permettre aux maliens l’accès à des logements salubres et à coût abordable. Assisté par des organismes internationaux tels que la banque mondiale, l’agence canadienne de développement international (ACDI) et la société canadienne d’hypothèque et de logement, le gouvernement a mis en place plusieurs réformes : - la création en 1992 d’une agence de cession immobilière (ACI) ; - la stratégie nationale du logement en 1995 ; - la création de la banque d’habitat du Mali (BHM) et l’office malien de l’habitat (OMH) en 1996 ; - l’adoption en 1999 de plusieurs lois sur le financement de l’habitat et la promotion immobilière ; - la création en 2000 du fonds de garantie hypothécaire du Mali (FGHM). Fruit de la coopération entre le Mali et le Canada, le FGHM depuis sa création joue un rôle déterminant dans le développement du secteur de 1http://www.cagamas.com.my/caga-docs/html-dir/ceo.html Rapport final 156 Novembre 2008 l’habitat. Il permet de soutenir le gouvernement malien dans sa politique de l’habitat et le secteur financier dans son activité de crédit hypothécaire. A travers la garantie hypothécaire, le FGHM appuie les établissements financiers en leur offrant un outil d’accès à des ressources adaptées pour le financement des prêts à l’habitat et en leur permettant la mobilisation des créances hypothécaires. Le FGHM opère en partenariat étroit avec la BHM vue les objectifs assignés à cette dernière par le gouvernement malien pour promouvoir le financement de l’habitat et la réticence des autres établissements financiers à développer leurs activités de crédits hypothécaires. Ce manque de diversification de partenaires freine l’expansion de l’activité du FGHM. L’absence aussi d’un marché hypothécaire secondaire en Mali ne permet pas à la FGHM de stimuler sa seconde fonction de mobilisation des créances hypothécaires. 6.1.2.2.1. Présentation du FGHM Le FGHM est une société anonyme ayant pour mission de promouvoir l’accès des populations à des logements sanitaires et à moindre coût, et ce en fournissant l’appui aux banques et autres établissements financiers dans leur activité de crédit hypothécaire. Son actionnariat est constitué par plusieurs institutions de renommée, notamment le secteur bancaire, les compagnies d’assurance, le secteur de la micro finance et des démembrements de l’État intervenant dans la filière de l’immobilier. Le Fonds dispose d’un capital social de 330 millions FCFA et d’un fonds de réclamation de 500 millions de FCFA octroyé sous forme de subvention par le Fonds Commun de Développement Mali/Canada (FCD). Le FGHM a pour objectif de fournir aux établissements financiers des ressources de longue durée adaptées aux besoins de financement des prêts à l’habitat tout en mobilisant leurs portefeuilles de créances hypothécaires. Assisté par son partenaire canadien à travers le PAFHAM, le FGHM met à la disposition des banques et autres établissements financiers un mécanisme de garantie hypothécaire. Il leur permet de couvrir les risques de pertes encourus en cas de défaillances des emprunteurs. 6.1.2.2.2. Le développement de l’activité du FGHM Le manque de ressources permanentes de financement et d’un marché hypothécaire secondaire n’ont pas permis au Fonds de répondre aux Rapport final 157 Novembre 2008 besoins du marché financier malien en financement hypothécaire. Les transactions de mobilisation des créances hypothécaires réalisées par le FGHM ont montré leur limite en terme de liquidité vis-à-vis des investisseurs. Ces derniers se trouveront plus encouragés à investir dans la mobilisation des créances hypothécaires s’ils arrivent à disposer d’instruments ayant un degré de liquidité plus élevé. Le mécanisme offert actuellement par le FGHM les contraint à attendre la date d’échéance pour récupérer leurs investissements. Des actions ont été mises en œuvre pour répondre aux besoins de financement à long terme et par conséquent permettre au FGHM de développer son activité de refinancement hypothécaire: - l’extension du capital du fonds de 330 millions à 2 milliards de FCFA en 2006 et ce par l’ouverture à des partenaires financiers internationaux. Cette opération selon Moussa Baba Diarra, le président du conseil d’administration du fonds, permet de disposer de moyens financiers nécessaires pour l’extension de ces potentialités et ce en négociant avec des partenaires crédibles à l’étranger ; - la mise en place d’un marché hypothécaire secondaire qui permet d’accroître la liquidité des créances hypothécaires mobilisées ; - encourager la mise en place d’un marché financier sous régional dans l’espace UEMOA vue la similitude des besoins de financement dans la région. Cette action permettra d’élargir l’activité du FGHM en faisant bénéficier le marché financier régional de son expérience déjà acquis dans le refinancement hypothécaire. 6.1.3. Caisse de refinancement régionale En conclusion, les expériences malaysienne et malienne méritent d’être examinées de plus près et éventuellement reproduite en accompagnement à la titrisation. En effet, de ces expériences on peut tirer les leçons suivantes : - Avec un refinancement à travers une caisse qui achète toute hypothèque conforme aux normes établies, les institutions financières sont en mesure d’obtenir des liquidités immédiatement, ce qui leur permet d’octroyer de nouveaux prêts hypothécaires et d’accroître le volume de leurs opérations. - La Malaisie a développé son marché hypothécaire au moyen d’un instrument consistant à fournir aux prêteurs des liquidités à taux fixe, sans assumer le risque de crédit. Ceci a maintenu la discipline parmi les prêteurs et permis de développer le marché primaire. Rapport final 158 Novembre 2008 - Grâce à la solidité de ses actionnaires, à la tête desquels se trouve la Banque centrale du pays, grâce à celle de son portefeuille, confirmée par des notations AAA, et aussi grâce à l’importance de ses émissions, la caisse est en mesure de mobiliser des volumes importants de ressources à très bon marché. La création d’une société de refinancement régionale fondée sur un mécanise de liquidité simple, tel que l’achat des hypothèques sans assumer le risque de crédit, c’est à dire, n’offrant que des liquidités aux prêteurs, constitue un instrument très efficace, sinon indispensable pour faire sortir, le système de financement de l’habitat de la région, de sa situation actuelle, pour assurer son expansion et pour abaisser les coûts du crédit par la concurrence et ainsi élargir l’accès des ménages au financement hypothécaire. La mission de la caisse de refinancement régionale serait comme suit : 1. Encourager les institutions financières à émettre davantage de prêts à l’habitat : - en leur fournissant des liquidités leur permettant d’octroyer de nouveaux prêts à un coût plus faible ; - en leur fournissant des fonds à long terme leur permettant de souscrire des prêts hypothécaires à échéance longue. 2. Encourager les prêteurs à offrir aux acquéreurs des prêts à taux fixe en achetant leurs prêts sur une base de taux fixe. 3. Promouvoir le marché de la dette dans la région en émettant des titres qui ajouteront volume et profondeur au marché obligataire de la zone de l’UEMOA. 6.2. Les obligations sécurisées Ces titres appartiennent à la catégorie des titres sécurisés. Ce critère est généré par le fait qu’ils offrent à l’investisseur un degré très élevé de sécurité en raison de la qualité des actifs financés et des garanties qui leur sont adossés. Un établissement spécialisé émet des titres adossés à un portefeuille de créances, lesquelles demeurent inscrites à son bilan mais y sont cantonnées juridiquement. Parmi les obligations sécurisées les plus connus dans le monde, on peut énumérer : les pfandbriefe allemands, les covered bonds aux Etats unis, et les obligations foncières en France. Rapport final 159 Novembre 2008 Les obligations sécurisées se sont répandues en Europe et ont atteint un volume de 2 000 milliards d’euros en 2007. Créés en 1899, les Pfandbriefe allemands sont les plus anciens programmes d’obligations sécurisées en Europe. Les pays européens qui ont recourt au mécanisme des obligations sécurisées en dehors de l’Allemagne sont: la suisse, la France, l’Espagne, le Danemark, le Luxembourg, L’Irlande et la Finlande. 6.2.1. Les caractéristiques des obligations sécurisées 6.2.1.1. Définition Les obligations sécurisées ou obligations hypothécaires font partie des actifs financiers sécurisés en raison de la double protection qu’elles offrent aux investisseurs. Elles sont émises par les établissements agréées, qui assument la responsabilité de leur remboursement, et elles sont garanties par un panier de sûretés – composé de prêts hypothécaires de première qualité ou de prêts au secteur public – sur lesquels les investisseurs jouissent d’un droit préférentiel. La structure juridique, le financement de l’émetteur et le nantissement d’actif de qualité en cas de défaillance de l’émetteur sont tous des facteurs qui attribuent à ces titres leur qualité «d’obligations sécurisées». 6.2.1.2. Etats des obligations sécurisées en Europe A l’exception de l’Allemagne et quelques pays européens tels que le Danemark, l’utilisation des obligations sécurisées comme instrument de refinancement par les établissements de crédit reste trop restreinte et un moyen de dernier recours. L’absence d’un régime juridique réglementant le marché des obligations foncières et le recours aux dépôts bancaires des clients sont parmi les principaux facteurs qui ont freiné le développement des obligations foncières dans le monde. Ce n’est que récemment, fin des années 90 et début du 21eme siècle, que certains pays européens tels que l’Espagne, le Royaume Uni, l’Autriche et l’Irlande ont été poussés par le succès des pfandbriefe allemands à adopter le système des obligations foncières et à bénéficier de ses avantages. Comparé aux autres pays européens, la part des obligations foncières dans le financement des crédits hypothécaires est trop faible en France. Elle ne Rapport final 160 Novembre 2008 représente que 20% du PIB alors qu’elle représente en Allemagne 60% du PIB1. Les obligations foncières françaises introduite par la loi n° 99-532 du 25 juin 1999 reposent sur le mécanisme suivant: un établissement cède ses créances qui disposent d’une forte garantie (par la sûreté rattachée ou le caractère public du débiteur) à un établissement spécialisé appelé société de crédit foncier. Cette dernière en contrepartie émet sur le marché obligataire des titres sécurisés par un privilège sur les créances sousjacentes, garantissant au porteur le principal et les intérêts. La faible utilisation des obligations foncières s’explique aussi principalement par l’existence d’importantes ressources alternatives dont notamment les dépôts et l’épargne logement. En effet, les établissements de crédit en France peuvent couvrir jusqu’à 83% des crédits par les dépôts2. L’épargne logement offre aussi une ressource importante de financement pour les établissements de crédit. Ces derniers utilisent en premier lieu l’épargne logement pour financer les prêts aux logements. D’où, la part dédiée au financement par les obligations foncières est trop restreinte. Le recours aux obligations foncières reste ainsi limité aux seuls établissements spécialisés qui ne sont pas autorisés à collecter les dépôts de leur clientèle. Or ces derniers ne représentent que 12% du marché des crédits immobiliers français. 6.2.2. Les conditions de réussite des obligations sécurisées dans la zone de l’UEMOA L’activité du marché de la dette privée de l’UEMOA s’est nettement améliorée ces dernières années. En dehors des opérateurs locaux de la région, le marché primaire a suscité l’intervention de nombreuses institutions financières étrangères pour lever des ressources de financement. Cependant, pour mieux accompagner le développement du marché primaire et mieux répondre aux attentes des différents intervenants sur ce marché des réformes sont à mettre en place. Les institutions spécialisées de la région telles que la BOAD, la BCEAO et le CREPMF ont initié plusieurs projets et études de développement du marché financier régional de l’UEMOA. L’objectif de ces efforts est de permettre au marché financier de jouer pleinement son rôle de catalyseur du financement de développement économique de la sous région. 1 http://www.senat.fr/rap/l98-3001/l98-300121.html 2http://www.senat.fr/rap/r05-261/r05-261100.html Rapport final 161 Novembre 2008 Le renforcement des intérêts des épargnants ne peut qu’attirer davantage d’investisseurs ; à cet effet, les obligations sécurisées répondent à cette exigence et permettent aux émetteurs de se refinancer à un coût inférieur par rapport aux obligations classiques. Les principales caractéristiques à mettre en place dans les huit pays de l’Union en vue de créer un cadre juridique propice à ces instruments financiers sont : - la protection des porteurs d’obligations contre toute procédure de redressement et de liquidation à l’encontre de l’émetteur, de ses actionnaires ainsi que, le cas échéant, de l’établissement chargé de la gestion et du recouvrement des créances pour le compte de la société émettrice des obligations sécurisées ; - le transfert complet, en cas de litige, des suretés et garanties attachées aux créances accordées en gage; - la désignation du statut et la délimitation de l’objet des sociétés spécialisées qui auront pour rôle l’acquisition auprès des établissements de crédit des créances hypothécaires ; - la définition des critères de sélection des créances à céder aux sociétés de financement spécialisées ; - la détermination des modalités de transfert des créances et des caractéristiques du bordereau de cession ; - l’élaboration des procédures de recouvrement et de suivi des prêts adossés aux obligations sécurisées. Rapport final 162 Novembre 2008 7. CONCLUSION La zone de l’UEMOA dispose d’un gisement très important de créances éligibles à la titrisation et qui dépasse les 18 000 milliards de francs CFA. Toutefois, ce montant peut être largement dépassé si le champ de la titrisation s’élargi aux créances des établissements publics et aux recettes futures des grands projets. Le marché obligataire de l’UEMOA présente, de manière générale, les caractéristiques d’un marché naissant et une réglementation assurant la protection des épargnants. Le caractère régional du marché permettra de surmonter les difficultés liées à l’étroitesse des marchés nationaux. L’introduction de la titrisation dans le marché financier de la région aura un impact immédiat sur la mobilisation des ressources à long terme, l’amélioration de la rentabilité des établissements cédants, l’optimisation des exigences en matière de fonds propres, et des effets à moyen et long terme sur la réduction des taux d’intérêts et l’allongement de la durée des crédits. L’inexistence de la possibilité légale de création d’une entité ad hoc, ayant la capacité d’émettre des titres financiers et d’acquérir des créances, constitue un handicap pour la région, d’autant plus que l’acquisition des créances est du ressort des établissements de crédit, et donc relève de la loi bancaire. L’autre caractéristique du droit codifié est la complexité du transfert des créances suite à la relation bilatérale qui unit traditionnellement le créancier et le débiteur. Pratiquement, la titrisation, dans la mesure où c’est une technique qui distingue le droit de gestion et le droit de propriété est un outil juridique étranger au droit codifié tel qu’il est connu dans les pays de la région. Il parait indispensable de créer un cadre juridique en vue d’éluder, les perturbations sur le reste du système juridique existant, tout en facilitant la cession des créances et l’opposabilité aux tiers des suretés qui y sont attachées, ainsi que le transfert et la gestion des créances. L’objectif du nouveau cadre juridique de la titrisation est de faciliter la cession de créances via le fonds de titrisation. A cet effet, le fonds qui achète les créances et émet des titres doit être exempté de la loi bancaire. La loi relative à la titrisation doit préciser les modalités par lesquelles un portefeuille de créances pourrait être cédé à une entité ad hoc. De même, il est important que la cession de la créance entraine de plein droit le transfert de la sureté et son opposabilité aux tiers. Rapport final 163 Novembre 2008 Vue la similitude des principes réglementaires entre la zone de l’UEMOA, la France et le Maroc ; les structures juridiques adoptées par ces pays peuvent servir de référence. Grâce à la mise en place d’un cadre juridique approprié, la titrisation deviendra certainement un outil largement utilisé dans les huit pays de l’UEMOA, à l’instar de ce qui se fait au niveau des pays émergeants. Si d’autres pays à économies semblables ont appliqué et réussi de tels dispositifs, pourquoi les pays de la région n’y arriveraient-ils pas ? Rapport final 164 Novembre 2008 8. ANNEXES TITRISATION ET EVALUATION DU POTENTIEL Annexe 1 : Liste des abréviations ABS : Asset Backed Securities ABCP : Asset Backed Commercial Paper CDO : Collaterized Debt Obligations CMBS : Commercial Mortgage Backed Securities FCC : Fonds Commun de Créances FPCT : Fonds de Placements Collectifs de Titrisation LBO : Leveraged Buy Out MBS : Mortgage Backed Securities RMBS : Residentiel Mortgage Backed Securities SIC : Société d’Investissement en Créance SPV : Special Purpose Vehicule Rapport final 165 Novembre 2008 Annexe 2 : Bibliographie - La notation en matière de titrisation - http://www.amf-france.org/documents/general/6476_1.pdf La titrisation ; Note pédagogique MIC n°16 ; François Leroux - - - http://wwwpmieurope.fr/pdf/titres_garantis.pdf Air France : titrisation d’avions « finalisée dans quelques jours » http://www.sud-aerien.org/breve278.htmi http://www.melchior.fr/Le-financement-des chez.6710.0.html AXA récompensé pour la titrisation du portefeuille d’assurance automobile de particuliers avions français - http://www.axa.com/fr/actualites/2006/5CoAgj8Tv5K3c6y31w3e .aspx AXA : première titrisation d’un portefeuille d’assurance automobile - http://.www.boursier.com/vals/FR/axa-premiere-titrisation-dun-portefeuille-d-assurance-automobile(news-159877.htm la titrisation rapportera 500 millions à l’Etat belge - Rapport final http://www.cetai.hec.ca/leroux/Note%20pedagogique%20MIC16. pdf Titres adossés à des créances hypothécaires et obligations foncières : ne prenons pas de gants ; David Liu ; PMI Europe http://www.lalibre.be/index.php?view=article&art_id=242875 Les (fausses ?) recettes de l’Etat belge ; Ariane van Caloen ; le 18/02/2006 - http://www.lalibre.be/index.php?view=article&art_id=269607 Titrisation de micro-crédit au Bengladesh : cas de Citigroup - http://citi.com/citigroup.fin/data/ar06_fr.pdf Fraikin boucle unetitrisation globale d’entreprise - http://www.agefi.fr/articles/fraikin-boucle-une-titrisationglobale-d-entreprise-1042379.html clôture des comptes de la titrisation ;rapport financier de la FIFA 2006 166 Novembre 2008 - - Rapport final http://www.fr.fifa.com/mm/document/affederation/administrati on/2006_fifa_ar_fr_1767.pdf Securitization in Latin America ; rapport trimestriel BIS, septembre 2007 Titrisation en Amérique Latine ; rapport semestriel BIS, juin 2006 Quelle est l’ampleur de l’activité de titrisation aux Etats-Unis et en Europe ? Etudes et analyses ; Direction de la régulation et des affaires internationales de l’AMF ; Anne Demartini & Fabrice Pansard http://www.amf-france.org/documents/general/6245_1.pdf « subprimes » : explications d’une crise www.lesechos.fr/info/finance/300194636.htm « subprimes : topographie d’une crise » ; problèmes économiques n°2945 ; 9 avril 2008-08-09 167 Novembre 2008 Annexe 3 : Questionnaire soumis aux banques Etude relative à l’évaluation du potentiel du marché hypothécaire et de la titrisation de créances au sein de l’UEMOA Séquence d’entretien pour la collecte des données auprès des banques Lieu : Date : Heure : Interlocuteur 1 : Fonction : Interlocuteur 2 : Fonction : Interlocuteur 3 : Fonction : PRELIMINAIRE A L’ENTRETIEN Dans le cadre de l’étude relative à l’évaluation du potentiel du marché hypothécaire de l’UEMOA et de la titrisation de créances, la collecte d’informations quantitatives et qualitatives constitue une phase cruciale. Elles constituent le socle sur lequel les autorités économiques et financières de la sous région prendront des options déterminantes pour les établissements financiers et les agents économiques spécifiquement en matière immobilière et hypothécaire. Le contenu des entretiens est strictement confidentiel. Le cabinet Mazars garantit une sécurité totale des informations fournies. Les informations et autres données quantitatives seront utilisées sous une forme agrégée au niveau des 25 banques de notre échantillon. Elles n’apparaitront aucunement sous une forme individualisée. Elles alimenteront des rapports destinées aux autorités économiques et financières de l’UEMOA de manière à leur fournir les éléments nécessaires à la prise de décisions en matière de titrisation de créances hypothécaires. Rapport final 168 Novembre 2008 Nous comptons sur votre entière collaboration pour nous fournir les informations les plus précises et les plus complètes possibles. Ceci n’est ni une mission d’audit, ni une mission d’inspection. A. INFORMATIONS QUALITATIVES 1. Questions générales a. Progiciel métiers b. Taux de base bancaire c. Politique de placement (Marché financier, Marché monétaire, autres, etc.) d. Existence d’une politique en matière de crédit immobilier (caractéristiques, orientations majeures…) 2. Financement du marché immobilier Rapport final a. Mode de financement (provenance des ressources…) b. Entraves physiques et financières au développement de ce type de crédit (exemples) c. Intérêt de votre structure pour le financement de projets immobiliers (habitat, immobilier commercial…) sur les cinq dernières années et les cinq années à venir d. Conditions bancaires généralement appliquées : loan to value (couverture des crédits par la valeur des garanties), taux de charge (Ratio Echéance/ Revenu net), taux d’intérêt actuel pratiqué, Niveau d’apport exigé au client 169 Novembre 2008 e. Les garanties habituellement recueillies par votre Banque pour la couverture des crédits immobiliers avec si possible des informations sur le niveau de couverture des encours. 3. Refinancement a. Politique de refinancement des créances hypothécaires appliquée sur les cinq dernières années en spécifiant la contribution des fonds spécifiques, des emprunts, des dépôts, et des fonds propres b. Intérêt pour le refinancement de manière générale et le refinancement sur le marché hypothécaire en particulier c. Intérêt pour des modes de refinancement alternatifs comme la titrisation, obligations sécurisées… 4. Développement du marché hypothécaire : suggestions et recommandations Rapport final 170 Novembre 2008 B. INFORMATIONS QUANTITATIVES Tableau 1 – Structure des crédits (à établir pour chacun sur les exercices 2003 à 2007) (en millions de FCFA) Nature de crédit Crédits immobiliers Selon la définition de l’Instruction 94-03 Encours Total Dont Encours adossé Dont crédit aux promoteurs immobiliers Sur hypothèque Sur autres garanties Taux moyen hors personnel Taux moyen au personnel Durée initiale moyenne 16.1 - Particuliers - Personnel - Entreprises Sous total 1 Autres crédits - Crédits à l'exportation 16.2 - Crédits d'équipement 16.3 - Crédits à la consommation 16.4 - Crédits de trésorerie 16.5 Sous total 2 Total général Rapport final 171 Novembre 2008 Durée résiduelle moyenne Tableau 2 – Informations sur les crédits immobiliers (à établir sur les exercices 2003 à 2007) (en millions de FCFA) Crédit direct aux particuliers Critères d’analyse Habitat Autres Crédit indirect aux particuliers (coopératives, associations, autres…) Habitat Autres Crédit aux entreprises Total Crédits accordés sur l'année Montant Nombre Encours au 31 Décembre Montant total Montant des encours de crédits par durée initiale de remboursement =< 2 ans 2< d =<10 ans >10 ans Montant des encours de =< 2 ans crédits par durée 2< d =<10 résiduelle de ans remboursement >10 ans Taux pratiqués hors impôts et taxes Pour les crédits entre 2-5 ans Pour les crédits entre 5-10 ans Pour les crédits de plus de 10 ans Plus haut Plus bas Moyen Plus haut Plus bas Moyen Plus haut Plus bas Moyen Garanties Inscription hypothécaire effective ou en cours Promesse d’hypothèque Autres C. Rapport final COLLECTE DOCUMENTAIRE a. Rapport d’activité sur les cinq dernières années b. Eléments prévisionnels sur les cinq (5) prochaines années - horizon 2012 172 Novembre 2008 Dont crédit aux promoteurs immobiliers Annexe 4 : Exportations des pays de l’Union BENIN Tableau : Evolution des exportations par principaux produits de 2002 à 2006 (en millions de F.CFA) RUBRIQUES 2002 2003 2004 2005 2006 Produits du coton 100 278,6 117 251,1 114 350,7 97 077,6 56 063,8 Produits du palmier 101,4 1 692,0 1 177,9 230,4 2 309,2 Autres produits 67 145,3 38 903,3 43 204,4 55 941,2 58 333,0 dont: - Graines et fruits oléagineux 1 204,0 3 903,7 3 052,0 2 409,0 2 991,2 - Noix d'anacarde 11 946,2 8 198,7 8 776,0 10 524,1 8 602,0 - Crustacés 2 151,6 1 082,6 329,9 646,7 521,1 - Sucre 6 160,0 10129,8 64,4 1 455,6 2 546,1 - Métaux précieux 9 273,1 3 160,8 380,5 3 720,9 3 576,2 TOTAL (stat. officielles) 167 525,3 157 846,4 158 733,0 153 249,2 116 706,0 Source : INSAE BURKINA Tableau : Présentation détaillée des exportations par principaux produits de 2005 à 2006 (en millions de F.CFA) RUBRIQUES 2002 2003 2004 2005 2006 Animaux vivants ND ND ND 3.277 3.213 Fruits et légumes ND ND ND 5.056 4.031 Coton en masse ND ND ND 130.313 161.418 Amandes de karité et autres oléagineux ND ND 9.634 14.257 Céréales ND ND ND 1.354 4.888 TOTAL (stat. officielles) ND ND ND 149 634 187 807 Sources : Institut National de la Statistique et de la Démographie (INSD) COTE D’IVOIRE Tableau Evolution des exportations de marchandises par principaux produits (en millions de F.CFA) 2002 2 069 521 51 406 30 126 50 807 24 688 50 94 744 1 196 199 377 130 1 110 18 771 32 287 192 203 A. Produits alimentaire Banane Ananas Café vert Huile de palme Huile de palmiste Conserves de poissons Café en fèves Cacao produits transformés Ananas usinés Sucre et sucreries Café soluble Divers 2003 2004 1 812 806 1 623 293 50 993 53 593 28 966 28 230 45 863 49 184 30 463 37 187 31 62 79 050 81 138 1 007 604 850 113 364 937 296 664 681 1 100 21 685 16 572 36 733 19 538 145 800 189 913 2006 512 669 60 404 36 951 57 942 33 949 84 63 022 743 338 319 782 640 4 112 28 973 163 472 1 279 548 1 060 668 218 879 1 747 629 1 569 495 178 133 B. Autres biens de consommations Produits pétroliers Divers 695 205 405 805 289 400 615 781 408 381 207 400 C. Matières 1ère et produit semi-finis Caoutchouc Bois en grumes Bois débités Ciment Coton fibre Tissus Divers 539 858 61 660 20 198 156 210 27 954 93 444 17 992 162 400 569 363 72 620 19 298 136 919 6 101 103 143 9 882 221 400 591 994 87 865 20 935 160 559 26 678 81 466 7 509 206 983 608 325 108 245 21 321 157 962 28 142 73 708 7 635 211 311 617 326 168 269 12 376 148 290 27 194 59 056 8 045 94 095 2 997 950 3 061 884 2 412 499 2 877 624 Total statistiques officielles 3 304 584 846 597 640 357 206 240 2005 524 626 49 712 24 953 36 688 36 216 35 51 065 777 859 309 493 367 11 875 23 042 203 321 Source : BCEAO, balance des paiements de la CI Rapport final 173 Novembre 2008 GUINEE BISSAU Tableau Evolution des exportations des principales marchandises (en millions de F.CFA) Noix de cajou Coton Bois Autres Total statistiques officiels 2002 33 727 920 624 2003 29 920 132 134 2004 38 193 0 1 35 271 30 186 38 194 2005 33 658 0 31 74 33 763 2006 28 902 18 103 1 270 30 292 Source : Direction Générale des Douane / BCEAO NIGER Tableau Evolution des exportations des principales marchandises (en millions de F.CFA) 2002 62.456 24.614 4.936 2.036 94 042 Uranium Bétail Ognon Niébé Total statistiques officiels 2003 65.520 26.265 12.628 1.619 106 032 2004 70.140 22.383 14.511 1.355 108 389 2005 78.540 19.325 12.419 1.325 111 609 2006 79.632 26.692 11.738 385 118 447 Source : Institut National des Statistiques MALI Tableau Evolution des exportations (FOB) des principales marchandises (en millions de F.CFA) 2002 130 946 402 563 27 327 33 087 593 923 Coton Pierres et métaux précieux Animaux vivants Autres Total statistiques douanières 2003 194 850 330 073 24 535 28 001 577 459 2004 187 887 270 567 22 904 37 913 519 271 2005 140 494 369 019 27 829 34 602 571 944 2006 131 951 588 315 27 544 45 485 793 295 Sources : BCEAO et DNSI. Rapport final 174 Novembre 2008 SENEGAL Tableau Evolution des exportations de marchandises par principaux produits (en millions de F.CFA) Sel marin Produits pétroliers Produits arachidiers Phosphates Coton Produits de la pêche Ciment Acide phosphorique Engrais Articles manufacturés Total statistiques officielles 2002 7.168 95.292 48.203 12.200 9.700 181.491 7.554 119.150 26.210 72.513 579 481 2003 6.845 109.303 25.300 5.300 12 400 164.100 7.323 69.300 28.922 7.543 436 336 2004 6.690 115.200 17.400 7.894 15.301 163.300 14.692 80.664 36.453 65.351 522 945 2005 5.011 162.767 20.800 755 1.229 166.437 27.057 85.287 18.597 66.115 554 055 2006 7.994 220.146 31.961 719 12.768 145.559 41.271 40.327 5.246 69.504 575 495 Source : ANSD/MEF TOGO Tableau Evolution des exportations des principales marchandises (en millions de F.CFA) Produits agricoles (café, cacao, coton fibres,..) Produits miniers (phosphate, clinker) Produits pétroliers Produits industriels (ciments, chimiques,….) Total statistiques officiels 2002 55 278 37 197 44 500 97 321 234 296 2003 71 806 48 212 26 500 146 840 293 358 2004 66 934 51 532 14 497 114 887 247 850 2005 35 021 50 278 32 704 115 108 233 291 2006 27 863 47 488 87 292 132 318 294 961 Source : Balance paiement 2006 Rapport final 175 Novembre 2008 Annexe 5 : Synthèses des constats et recommandations Constats relatifs à l’environnement économiques Recommandations Le taux de croissance du PIB projeté à 4,5% restera encore en Nous recommandons les Autorités en charge des politiques dessous de la moyenne de 6,2% prévue pour les économies macroéconomiques de l’Union de redoubler d’effort pour subsahariennes et du niveau de 7% au minimum requis pour atteindre cet objectif d’ici l’horizon 2015. réduire la pauvreté et atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement. Le risque inflationniste qui prévaut dans l’Union n’est pas Nous recommandons les Autorités en charge des politiques favorable à l’accroissement de la production immobilière. Les prix monétaire de l’Union de redoubler d’effort pour juguler des matériaux de construction et de l’énergie vont entraîner le d’avantage l’inflation. Ce souhait est d’autant plus important du renchérissement des coûts de production, de cession et de location fait de la faiblesse des revenus des ménages dont la capacité de logements. d’endettement reste faible. Le déséquilibre budgétaire des finances publiques s’est traduit A notre avis, les interventions de l’Etat sur le marché obligataire durant ces deux dernières années, d’une part, par des tensions de pour financer le déficit des finances publiques pourraient trésorerie importantes obligeant les Etats à recourir à un rythme mobiliser une bonne partie des ressources des investisseurs soutenu, et à des taux d’intérêts très compétitifs au marché (placement sur le marché financier) au détriment des ressources financier régional, et d’autre part par l’accumulation des arriérés longues proposées par le système bancaire (les dépôts à terme). de paiement (Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau et Togo) d’un montant qui se sont élevés à 349,6 milliards FCFA dont 329,2 milliards au Au delà du risque de liquidité du marché financier régional, titre des arriérés de paiement extérieurs. cette situation, pourrait d’une part limiter la capacité des banques à mobiliser des ressources longues pour financer les crédits immobiliers. D’autre part, un risque de renchérissement du taux d’intérêt pourrait être observé au sein de l’Union qui serait imputable aux coûts de plus en plus onéreux des ressources longues. Le déficit des transactions courantes s'est aggravé en raison Nous recommandons que des actions plus soutenues de principalement d'une mauvaise performance du commerce promotions de la compétitivité des exportations soient mises en extérieur. Hors dons, le déficit courant passerait de 5,4% du PIB en œuvre au sein de l’Union. Au-delà du secteur primaire, une 2006 à 7,8% du PIB en 2007. La détérioration de la balance problématique de mise en place un tissu industriel de commerciale est imputable d’une part, à la baisse des exportations transformation totale ou partielle des matières premières de 5,3%, notamment le repli des ventes à l'étranger de coton, d'or s’impose et mérite d’être prise en charge par les pouvoirs publics et de pétrole, et d’autre part, à l’accroissement des importations de dans une vision à moyen et long terme. Cette vision devrait se 5,2% induit principalement par la hausse des acquisitions de biens faire au niveau communautaire. d'équipement et de produits alimentaires. Les dernières estimations en matière de convergence montrent Nous sommes conscients des efforts déployés dans le sens du qu’en 2006 le Niger est le seul Etat à avoir respecté l’ensemble des respect des critères de convergences, toutefois ses efforts critères de premier rang. Le Burkina, le Mali et le Sénégal méritent d’être soutenus d’avantage. respectent trois des quatre critères, le Bénin en respecte deux, le Togo, la Côte d’Ivoire et la Guinée Bissau n’en respectent qu’un seul. Rapport final 176 Novembre 2008 Constats relatifs à la démographie et l’urbanisation Recommandations Des difficultés d’insertion sur le marché du travail par le fait que La plus de deux individus sur trois sont affectés par une forme de sous- nécessairement par la création d’une demande solvable. emploi : chômage et sous-emploi. Il est important que les efforts consentis dans le sens de Le taux de salarisation est très bas (35% en moyenne), à mettre en renforcés au sein de l’Union. promotion du crédit immobilier passe la lutte contre le chômage et l’insertion des jeunes soient relation avec le poids prépondérant du secteur informel dans l’emploi (76% des actifs occupés), suivi très loin derrière du secteur privé formel (14%) et du secteur public (8%). Ceci impliquerait des mesures coordonnées, planifiées dans chaque Etats et au niveau Communautaire dans le cadre de politiques de promotion du secteur privée, de Le revenu d’activité mensuel moyen de la zone UEMOA est évalué à 54 création d’emploi et d’insertion des diplômés et de 000 FCFA mais la moitié des travailleurs gagnent moins de 25 000 réduction du poids du secteur informel dans nos FCFA. économies. L’urbanisation au sein de l’UEMOA est un phénomène très actif. Le Malgré le taux de croissance économique encourageant taux d’urbanisation est compris entre 17% et 45% en 2006 avec une forte dans les différents pays de l’Union, plus de 50% de la concentration dans les principales villes. population des Etats de l’Union vivent encore en Le taux de pression démographique constitue une tendance lourde que même les politiques dessous du seuil de pauvreté. La réduction de cette de populations appliquées par les Etats de l’Union n’infléchiront pas à pauvreté passe nécessairement par la capacité de nos moyen terme. économies à générer un taux de croissance du PIB supérieur à la croissance démographique. Rapport final 177 Novembre 2008 Constats relatifs à l’environnement financier Recommandations Le taux de bancarisation au sein de l’Union reste faible, Nous recommandons que les efforts entrepris évalué à 4% selon les données de la Commission de pour limiter le poids du secteur informel dans les l’UEMOA. Le poids du secteur informel dans nos économies économies de l’Union notamment la promotion de ne permet pas au système bancaire de rentrer en relation avec systèmes financiers décentralisés soient renforcés. un plus large éventail de la population. Parmi les pistes de réflexion nous pouvons explorer des actions d’allégement de la fiscalité des structures travaillant dans l’informel, et des conditions de banques. Le marché boursier de l’Union n’est pas représentatif de A notre avis, l’ensemble des Etats de l’Union l’activité économique et du niveau des placements financiers devrait soutenir le développement du marché réalisés dans l’ensemble des pays de l’Union. financier régional, en instituant des politiques d’incitation à l’inscription à la cote de nouvelles Les nouvelles introductions en bourse ne sont pas nombreuses. sociétés, et en encourageant les placements financiers par l’allègement des taux d’imposition fiscale des revenus liés. Les durées d’émission des emprunts obligataires publics et privés varient entre 2 et 8 ans, avec une moyenne de 5 ans. En Par ailleurs, les titres émis par le marché financier définitive, le marché financier de l’Union est tourné vers du régional devraient être au moins inférieur ou égal moyen terme. à la durée résiduelle des crédits immobiliers refinancés dont la maturité pourrait excéder le moyen terme. Entraves liées aux politiques de gestion urbaines Recommandations Un retard considérable dans l’aménagement des quartiers Nous recommandons la mise en place de périphériques des villes ainsi que dans la réalisation de la voirie politiques d’envergure d’aménagement des sites primaire et des équipements collectifs du fait de la difficulté à périphériques des villes. mobiliser les ressources nécessaires. Cette situation entraîne Rapport final souvent d’énormes dépenses préalables d’aménagement et Cette politique du ressort des pouvoirs publics d’équipements par les promoteurs et contribue fortement à permettrait de réduire considérablement le coût l’augmentation du coût d’acquisition du logement. d’accès à l’immobilier. 178 Novembre 2008 Entraves liées aux garanties Recommandations Les caractéristiques principales qui ressortent de l’observation La délivrance des titres fonciers individuels doit des différentes législations foncières de la zone UEMOA sont nécessairement être accélérée dans les Etats dans liées à la prédominance du droit coutumier et à l’étendue la perspective de faciliter le développement du importante du domaine national ne pouvant à priori pas faire marché hypothécaire. Ceci suppose la résorption l’objet des difficultés et des goulots d’étranglement dans d’hypothèque. Ce facteur, associé aux lenteurs administratives des procédures de mutation et de morcellement les des foncière, mais également la mise en place d’une titres fonciers constitue, un frein important au développement des marchés hypothécaires nationaux. administrations chargées de la gestion politique volontariste d’immatriculation des titres fonciers L’Acte uniforme de l’OHADA reconnaît le principe selon lequel Nous recommandons que la possibilité soit plusieurs créances peuvent être adossées à un même immeuble. offerte aux établissements de crédits d’octroyer La Commission Bancaire tolère les hypothèques de 2ème rang des mais ne reconnait pas celle de 3ème rang comme étant des hypothèques de rang supérieur à 2. crédits lorsqu’ils sont adossés à des garanties suffisantes, même lorsque la valeur de l’immeuble le permet. Le délai de réalisation des garanties n’excède pas une année, Nous recommandons que les contraintes liées au lorsque toutes les conditions de validité requises de l’inscription titre exécutoire soient levées de sorte à faciliter hypothécaire ont été respectées. délivrance de titre exécutoire nécessaire à la réalisation des garanties. Dans la pratique, cette disposition juridique peine à être appliquée du fait de l’absence de titre exécutoire (certificat d’inscription hypothécaire) et de contraintes culturelles dans certains pays qui font que les habitants ne souhaitent pas acquérir des biens qui ont fait l’objet de saisie. Rapport final 179 Novembre 2008 Entraves non financières Le système foncier Recommandations est généralement un produit de Afin de mettre en place un marché hypothécaire l’environnement historique, économique et culturel du pays. sécurisé, il est essentiel qu’une harmonisation de L’architecture et le contenu des titres fonciers est différent d’un l’ensemble des codes fonciers de l’UEMOA soit pays à l’autre. réalisée de manière à permettre aux futurs Le régime foncier est parfois complexe et ne favorise pas l’obtention d’hypothèques fermes. intervenants de parler le même langage et de donner le même contenu et les mêmes droits aux différents titres émis. Les opérations de normalisation foncière (morcellement, Nous recommandons que les opérations de immatriculation …) à grande échelle sont très peu développées normalisation foncière soient récurrentes et à au sein de l’Union. Elles sont réalisées au coup par coup suivant rythme soutenu, afin de limiter la faiblesse des les besoins de projets immobiliers ponctuels et de faible assiettes foncières. Cette faiblesse reste un frein envergure. Ce problème entraîne naturellement un recours important au développement de la promotion régulier à des titres précaires du type droit au bail, permis immobilière. d’occuper parmi lesquels seuls le droit au bail est parfois toléré comme garantie hypothécaire par les établissements bancaires. La conservation foncière constitue une faille dans le processus Nous recommandons que les actions soient prises de gestion et de suivi du patrimoine foncier des Etats. au niveau de l’Union permettant de garantir une bonne gestion de la conservation foncière. La situation du cadastre dans certains pays (enregistrement non exhaustif des actes, retard dans le traitement des dossiers, Elle est garante de toutes les transactions en absence matière immobilière et foncière. de système d’archivage performant, possibilité d’altérer ou de délivrer en toute illégalité des documents officiels,...) a entraîné une méfiance des principaux acteurs vis-àvis du système de gestion foncière. Rapport final 180 Novembre 2008 Entraves financières Recommandations En vue d'éviter une transformation excessive des ressources à Compte tenu de la structure des ressources des vue ou à court terme en emplois à moyen ou long terme, les banques banques et établissements financiers doivent financer une composée pour l’essentiel de ressources à vue, il certaine proportion de leurs actifs immobilisés ainsi que de nous semble opportun et dans la limite du respect leurs autres emplois à moyen et long terme, par des ressources du dispositif prudentiel permettant de garantir la stables. Un seuil de couverture de 75%. solvabilité et l’équilibre financier des banques, dans l’espace financier UEMOA, qu’une réflexion de concert entre la BCEAO et les L’application de cette norme conduit à n’autoriser la établissements couverture des emplois à moyen et long termes qu’à hauteur rehausser la capacité de transformation des de 25% par les ressources de durée résiduelle inférieure à deux ressources à vue pour financer les emplois long en ans. l’occurrence les crédits immobiliers. L’instruction 94-05 ne reconnaît par l’inscription hypothécaire Nous sur le droit au bail comme une garantie réelle de même que particulières à formuler. n’avons de crédit, pas de soit être perçue par certains comme un frein à l’octroi de crédit immobilier, il constitue cependant, un excellent vecteur des crédits immobiliers et donc de développement d’un marché hypothécaire sain à travers la rigueur qu’elle peut induire auprès des banques et établissements financiers. Rapport final 181 pour recommandations garanties sur les titres fonciers de 3ème rang. Si l’instruction peut d’assainissement initiée Novembre 2008 Entraves liées à l’accès aux marchés et à la disparité des Recommandations conditions de banques Les marchés immobiliers présentent dans les pays de l’Union de Nous grandes disparités. Les conditions de crédit d’une place à l’autre formuler. n’avons pas de recommandations à sont variables. Les taux d’intérêt par peuvent varier d’un pays à l’autre de 7% à 14%. Cette forte disparité peut constituer une difficulté dans la perspective de la création d’un marché hypothécaire. La législation en matière d’endettement requiert un plafond il serait opportun d’étudier la possibilité de n’excédant pas un montant déterminé pour les annuités de rehausser ce plafond pour les salariés qui le remboursement (10%, 20%, 30% et 40% suivant les tranches de désirent, pour le cas spécifique des crédits revenu). Cette disposition dont l’objectif vise à protéger le salarié immobiliers. En effet, le logement constitue la du risque de surendettement, limite ses capacités d’accès au préoccupation première des habitants qui peuvent crédit immobilier pour des ménages à faible revenu. accepter le principe d’une quotité cessible plus importante dans la perspective de l’accès à la propriété. Entraves liées à la fiscalité Recommandations L’analyse de la fiscalité applicable en matière d’opérations Nous recommandons qu’une fiscalité spécifique à immobilières révèle d’une manière générale un poids excessif de l’immobilier soit mise en place par le législateur. la fiscalité qui constitue une entrave majeure au développement A titre de rappel, le taux de TVA est de 18% et le du marché hypothécaire. droit d’enregistrement compris entre 15 et 17% sur chaque transaction immobilière. Rapport final 182 Novembre 2008