rapport d`expertise technique sur la biodiversite oasienne en

Transcription

rapport d`expertise technique sur la biodiversite oasienne en
[Année]
RAPPORT D’EXPERTISE TECHNIQUE SUR LA
BIODIVERSITE OASIENNE EN TUNISIE
Mohamed Ben Salah
Novembre 2012
LEXIQUE
AECID :
Agence Espagnole de Coopération Internationale pour le Développement
ASM :
Association de Sauvegarde de la Medina-Gafsa
ASOC :
Association de Sauvegarde des Oasis de Chenini
BNG :
Banque Nationale de Gènes
CFRA :
Centre de Formation et de Recyclage Agricole
CRDA :
Commissariat Régional au Développement Agricole
CRPH :
Centre de Recherches Phoenicicoles
CRRAO :
Centre Régional de Recherche en Agriculture Oasienne
FEM :
Fond de l’Environnement Mondial
GDA :
Groupement de Développement Agricole
GIC :
Groupement d’Intérêt Collectif
ICRA :
Centre International pour la Recherche Agricole orientée vers le
développement
IPGRI :
Institut International des Ressources Phytogénétiques
IRA :
Institut des Régions Arides
MARP :
Méthode Appliquée de Recherche Participative
PACO :
Programme d’Actions Concertées des Oasis
PMF :
Fond de Micro Crédits du FEM
PNUD :
Programme des Nations Unies pour le Développement
PRODESUD :
Projet de Développement du Sud
RAD :
Recherche Agricole pour le Développement
RADDO :
Réseau Associatif pour le Développement Durable des Oasis
RG :
Ressources Génetiques
SIPAM :
Systèmes Ingénieux du Patrimoine Agricole Mondial (GIAHS)
1
GLOSSAIRE
Adila :
Gros couffin fabriqué en fibres végétales de la plante Stipa lagascae
Aiguadier : Responsable de la distribution équitable de l’eau pour l'irrigation sur une base
d’horaires qui dépendent de la superficie des parcelles
Anthour :
Méthode de conservation de dattes par séchage sans extraction des graines
Besr :
Stade de développemet de dattes où le fruit prend sa couleur distinctive : jaune,
rouge ou verdatre
Certaines variétés sont consommables pendant ce stade
Bssissa :
Préparation alimentaire à base d’orge ou de blé, d’huile et de dattes
Cheddakh : Dans les oasis littorales, technique de conservation des dattes Besr et Rtob dans
des grosses Jarres (Zir)
Dhokkars : Pieds de palmier mâle utilisé pour sa fonction de pollinisateur
Fakha :
Méthode de piégage des oiseaux utilisant des sous produits de dattier
Foggara :
Technique de distribution de l'eau par des galeries souterraines, connue sous
plusieurs noms locaux : Flaj, Ganat, Khettara dans les autres pays
Foua :
La garance des teinturiers, jadis cultivée dans les oasis pour son usage en
teinturerie
Hammam : Bain maure
Houche :
Maison de style arabe avec une cours intérieure
Legmi :
Sève élaborée extraite du bourgeon teminal du palmier par incision, appelée jus du
palmier
Lif :
Mfassi :
Fibrillium, gaine qui entoure le stipe entre les bases du rachis foliaire, utilisé en
corderie
Méthode de conservation de dattes par séchage après extraction des graines
Mulk :
Propriété privée
Rob :
Sirop de dattes ou miel de dattes
Sajada :
Tapis de prière
Sirocco :
Vent chaud et sec dans le sud tunisien
Tmar :
Stade final de développement des dattes
Zembil :
Paire d’Adila (couffin) installée sur le dos d’ânes pour le transport de fumier ou
d'autres produits oasiens
2
PREAMBULE
Suite aux pratiques et au savoir-faire développés dans la composante «Gestion Durable des
Ressources» du projet PACO (Programme d’Actions Concertées des Oasis), le RADDO
(Réseau Associatif de Développement Durable des Oasis) cherche à capitaliser cet acquis et à
développer une expertise technique afin d’être en mesure de formuler des recommandations et
d’être un interlocuteur crédible pour les pouvoir publics. Dans cet objectif, un travail sur l’état
de la biodiversité oasienne a été mené par le biais de l’Association de Sauvegarde de l’Oasis
de Chenini-Gabes (ASOC) qui assure le rôle de point focal du réseau RADDO en Tunisie.
Ce travail tente d’inventorier et d’analyser les études réalisées dans le milieu oasien,
permettant d’avoir une meilleure vision de l’état de connaissance de la biodiversité existante
ainsi que des efforts en matière de conservation, autant sur le plan institutionnel que sur le
plan des acteurs de la société civile, constituée entre autres par les associations de
développement et le milieu paysan.
Le présent rapport répertorie donc les différents travaux d’inventaire et de caractérisation
réalisés dans les oasis, concernant la biodiversité. Le plus souvent, les travaux réalisés n’ont
traité que de la biodiversité végétale, parfois se limitant même à la biodiversité phoenicicole.
Pour les ressources génétiques faunistiques, il présente les rares listes dressées par quelques
travaux réalisés dans l’oasis de Gafsa, qui reflètent plus ou moins l’état des autres oasis
tunisiennes qu’elles soient de montagne, sahariennes ou littorales.
Il tente également d’analyser l’ampleur des pressions et des risques pesant sur la
biodiversité, se basant sur les avis des agriculteurs (principale cible de cette analyse), mais
aussi des autres usagers : tissu associatif, institutions opérant au niveau des oasis et
institutions nationales s’intéressant aux ressources génétiques.
Cette étude concerne donc une dizaine de travaux, souvent initiés par les associations
oasiennes s’intéressant à l’environnement oasien et à la préservation de l’écosystème oasien.
Elle constitue une première contribution qui pourra servir de base pour continuer à collecter et
à valoriser les travaux réalisés pour renforcer la biodiversité oasienne.
Les efforts faits par les institutions de recherche et formation sur le plan local, ont été
considérés et cités, ainsi que l’effort réalisé ces dernières années par la Banque Nationale des
Gènes, récemment créée pour consolider les travaux d’inventaire, de caractérisation et de
préservation de la biodiversité.
Enfin ce travail présente les recommandations rassemblées lors des rencontres et discussions,
ainsi que des rapports provenant des études d’inventaires de la biodiversité et des diagnostics
participatifs réalisés au niveau des zones oasiennes.
3
REMERCIEMENTS
Je tiens tout d’abord à remercier le RADDO, représenté par son point focal en
Tunisie l’ASOC, de m’avoir chargé de la réalisation de ce travail passionnant et
enrichissant autant pour moi que pour les associations oasiennes en Tunisie et
dans le monde.
Je tiens à remercier l’ensemble des membres de l’ASOC au nom de son président
Mr Abdelbacet HAMROUNI, ainsi que son équipe permanente à savoir Mr
Jacem FERJANI et Melle Amélie MORGAUT et ce pour leur disponibilité et
leur fructueuse collaboration durant la réalisation de ce travail.
Mes remerciements s’adressent également aux représentants d’associations et
aux personnes ressources qui m’ont aidé dans la phase d’identification et de
collecte de données, je cite en particulier Messieurs Abdallah BEN KHLIFA et
Ridha ZAMMOURI en tant qu’acteurs du tissu associatif et Messsieurs
Loumirem Mohame LOUMIREM et Naceur ABDELALI en tant que chercheurs
impliqués dand le domaine de la conservation et la valorisation des ressources
phytogénétiques oasiennes.
4
SOMMAIRE
LEXIQUE
0
GLOSSAIRE
2
PREAMBULE
3
REMERCIEMENTS
4
SOMMAIRE
5
INTRODUCTION
8
I- LE CONSTAT DE LA BIODIVERSITE DANS LES OASIS
9
1- LE SYSTEME OASIEN ET LA BIODIVERSITE
9
2- PRESENTATION DES OASIS TUNISIENNES
2.1- LES OASIS LITTORALES
2.2- LES OASIS SAHARIENNES
2.3- LES OASIS DE MONTAGNE
10
10
11
11
3- ETAT DE LA BIODIVERSITE DES PRODUCTIONS AGRICOLES DANS LES OASIS TUNISIENNES
3.1- LES ETUDES DE BIODIVERSITE DANS LES OASIS LITTORALES
3.1.1- Oasis de Chenini
3.1.2- Oasis de Bouchemaa
3.1.3- Oasis de Kettana
3.1.4- Oasis de Metouia
3.2- LES OASIS DE MONTAGNE
3.2.1- Oasis de Gafsa
3.2.2- Oasis d’El Guettar
3.3- LES OASIS SAHARIENNES
3.3.1- Oasis de Degache
3.3.2- Oasis d’El Hemma
12
12
12
17
21
25
30
30
34
36
36
38
4- INVENTAIRE DES SEMENCES OASIENNES
4.1- DANS L’OASIS DE CHENINI GABES
4.2- DANS L’OASIS D’EL FERCH TATAOUINE
40
40
42
5- ETAT DE LA BIODIVERSITE DES PLANTES AROMATIQUES DANS LES OASIS TUNISIENNES
5.1- DANS L’OASIS DE CHENINI GABES
5.2- DANS L’OASIS DE BOUCHEMAA
43
43
44
6- ETAT DE LA BIODIVERSITE DES PLANTES SAUVAGES DANS LES OASIS TUNISIENNES
44
5
7- ETAT DE LA BIODIVERSITE DE LA FAUNE DANS LES OASIS TUNISIENNES
47
II- LA CONSERVATION DE LA BIODIVERSITE OASIENNE
50
1- LA CONSERVATION DES RESSOURCES VEGETALES OASIENNES
1.1- CONSERVATION EN COLLECTIONS VEGETALES
1.2- CONSERVATION EN MUSEE
1.3- CONSERVATION IN-SITU
50
50
50
51
2- LES RISQUES PESANT SUR LA BIODIVERSITE
2.1- LES RISQUES BIOTIQUES
2.2- LES RISQUES ABIOTIQUES
51
51
52
3- LES PARTENAIRES POTENTIELS POUR LA CONSERVATION DE LA BIODIVERSITE
3.1- ASSOCIATIONS OASIENNES
3.2- INSTITUTIONS DE RECHERCHES LOCALES
3.3- BANQUE NATIONALE DES GENES
52
52
53
53
4- LES USAGES DES SOUS PRODUITS DE LA BIODIVERSITE OASIENNE
4.1- DANS LES OASIS LITTORALES
4.2- DANS LES OASIS DE MONTAGNE
4.3- DANS LES OASIS SAHARIENNES
54
54
56
56
5- LA DIVERSITE DES MODES DE CONSERVATION ET DE TRANSFORMATION DES DATTES
5.1- DANS LES OASIS SAHARIENNES
5.2- DANS LES OASIS LITTORALES
57
57
57
III- LES RECOMMANDATIONS POUR LA SAUVEGARDE DE LA BIODIVERSITE
59
1- AU NIVEAU DES ASSOCIATIONS ET DE LA SOCIETE CIVILE
59
2- AU NIVEAU REGIONAL : INSTITUTIONS DE FORMATION, DE RECHERCHE ET DE
DEVELOPPEMENT
60
3- AU NIVEAU NATIONAL (TUNISIE): BNG
60
CONCLUSION
61
REFERENCES
62
ANNEXES
63
ANNEXE 1 : TERMES DE REFERENCES
63
ANNEXE 2 : LISTE DES PERSONNES RENCONTREES
65
6
ANNEXE 3 : RECAPITULATIF DES ETUDES D’INVENTAIRES DE LA BIODIVERSITE DANS
LES OASIS DU SUD TUNISIEN
66
ANNEXE 4 : RECAPITULATIF DES PRINCIPALES CARACTERISTIQUES DES ETUDES DE
BIODIVERSITE REALISEES PAR LES ASSOCIATIONS OASIENNES
67
ANNEXE 5 : LISTE DES ESPECES VEGETALES DE LA ZONE COTIERE DU SUD TUNISIEN
DECRITES OU REPERTORIEES DANS LES TRAVAUX
68
ANNEXE 6 : LISTE DES ESPECES CONSERVEES AU NIVEAU DES 8 JARDINS BOTANIQUES
ET NOMBRE DE VARIETES
69
ANNEXE 7 : VARIETES DE FIGUIER REPERTORIEES ET DECRITES DANS LES OASIS
70
ANNEXE 8 : VARIETES DE PALMIERS DATTIERS COLLECTIONNEES DANS LA PARCELLE
ATILET-KEBILI DE L’IRA
71
ANNEXE 9 : VARIETES DE FIGUIER COLLECTIONNEES A L’IRA DE MEDENINE
73
ANNEXE 10 : VARIETES DE PISTACHIER REPERTORIEES ET DECRITES DANS LES OASIS
74
ANNEXE 11 : LES SCENARIOS DE DEVELOPPEMENT ET LEURS FACTEURS
DETERMINANTS ETUDE SIPAM (GAFSA)
75
7
INTRODUCTION
Les écosystèmes oasiens constituent des systèmes adaptés au développement durable. Ce sont
des systèmes viables et vivables à travers leurs différentes composantes : climat, eau, sol,
végétation, microorganismes, animaux et hommes. Ils sont très riches sur le plan de la
diversité biologique et permettent, outre la fixation des populations, de garantir leur stabilité
socio-économique à travers les activités que génère l’oasis en permanence pour la vie
quotidienne des populations, de leurs élevages et de leurs agricultures locales. Ils peuvent
aider efficacement à la préservation de l’environnement à travers le recyclage et la
réutilisation in-situ des déchets et sous produits des activités de l’agriculture et de l’élevage.
Les écosystèmes oasiens rendent une série de services en faveur, entre autre, de la sécurité
alimentaire (réduction des risques face aux aléas climatiques, diversification des revenus …).
La large biodiversité des variétés de fruits et légumes est d’un grand intérêt pour répondre
aux besoins et aux usages variés comme la consommation en frais, la conservation ou la
transformation en produits divers : vinaigre (dattes), confiture (grenades), jus de fruits divers,
conservation de piment (Harouss local), etc.
Outre la sécurité alimentaire, la biodiversité a aussi beaucoup d’intérêts environnementaux
notamment parce qu’elle a un potentiel génétique qui permet la résistance aux maladies.
La biodiversité a des impacts certains sur le milieu, et sa préservation est une condition pour
un meilleur développement des ecosystèmes et de l’écosystème oasien en particulier : intérêt
des cultivars de dattier pour la recherche de variétés résistantes aux maladies, intérêt des
agriculteurs pour les différentes espèces de plantes dans la lutte biologique, sélection des
variétés de plantes ou des races animales adaptées au terroir et au climat, préservation et
valorisation de productions spécifiques aux oasis.
Le besoin de capitalisation de toutes les actions réalisées dans le domaine de l’inventaire, de
la sauvegarde et de la conservation des ressources génétiques oasiennes sont les priorités des
initiatives de préservation des écosystèmes.
Cette capitalisation s’intéresse à tous les efforts réalisés et programmés de la recherche, du
développement et du travail associatif.
Un effort de collecte de l’information et sa mise en forme est nécessaire. Cet état des lieux
constituera une base de travail à compléter et à parfaire.
Sa diffusion servira entre autres à renforcer les moyens, orienter les efforts (par priorités) et
diffuser les acquis à tous les utilisateurs.
Le présent travail tente de capitaliser et inventorier les travaux réalisés dans le domaine de la
biodiversité dans les oasis tunisiennes. Il est basé sur la collecte des travaux réalisés que ce
soit des inventaires exhaustifs ou par échantillonnage. Il est également basé sur des enquêtes
avec les agriculteurs oasiens et les associations s’intéressant à la biodiversité, et avec les
institutions de recherche qui ont, entre autres pour mission, la caractérisation et la
préservation des ressources phytogénétiques.
Une analyse critique des travaux réalisés, fait ressortir les faiblesses et les points forts de ces
études. Sont présentées aussi, les principales recommandations auxquelles ces études ont
aboutit et qui sont adressées aux associations et aux institutions régionales et nationales
s’intéressant à la biodiversité oasienne.
8
I- LE CONSTAT DE LA BIODIVERSITE DANS LES OASIS
1- Le système oasien et la biodiversité
Une étude de la diversité biologique en Tunisie, réalisée en 1998, a permis de donner une
description des écosystèmes tunisiens, notamment des écosystèmes oasiens, et a permis de
décrire leur état actuel et les perspectives de leur évolution ainsi que des facteurs essentiels de
la modification de leur état.
Cette étude a permis de dresser un état complet de l’état de la biodiversité oasienne et a mis
l’accent sur les potentialités et les pressions exercées sur ses composantes. Il en est ressorti
que la flore vasculaire terrestre comporte 2 163 espèces locales, auxquelles il faudra ajouter
toutes les espèces introduites depuis le début du siècle qui sont aujourd’hui acclimatées et
remplissent, pour la plupart, leur fonction ornementale, forestière, pastorale, etc.
Les oasis qui constituent un milieu très riche en biodiversité, restent cependant peu connues,
peu analysées et peu exploitées.
Le palmier dattier est l’arbre de base du système oasien. Il est considéré comme son pilier et il
joue le rôle d’ombrage à différentes autres cultures grâce à son aspect parasol. Son
dégagement au sol permet l’optimisation de l’espace et la cohabitation avec d’autres
végétaux : arbres fruitiers et cultures herbacées diverses.
La population de palmiers dattiers est souvent issue d’une multiplication naturelle par les
graines de pieds de dattiers sélectionnés, par la suite, par les agriculteurs oasiens. De ce fait,
dans toutes les oasis il existe une diversité très grande des cultivars sélectionnés. Des études
préalables évaluent le nombre de cultivars aux environs de 250 en Tunisie.
Une multitude d'espèces d'arbres fruitiers pousse à l'ombre des palmiers dattiers et constituent
le deuxième étage de ce système de culture. Parmi elles, les principales espèces sont
représentées par le grenadier, l’abricotier, le figuier et la vigne de table. Il y a d'autres espèces
qui sont moins cultivées, mais tout autant connues depuis l'antiquité comme le pommier, le
poirier, le pêcher, le bananier et le mûrier.
Les oasis sont également très riches en diverses cultures et plantes maraichères, fourragères,
aromatiques et industrielles. Les oasis littorales se distinguent par l’importance de leurs
cultures maraîchères (carotte, navet, oignon, ail, tomate, piment...).
Du fait de son emplacement entouré de zones arides et sèches, et tirant avantage de la
présence d’eau, de nombreuses espèces végétales sauvages (annuelles, bisannuelles ou
pérennes) cohabitent avec les espèces cultivées. Certaines bordent l’espace de production et
profitent aux oasiens, à travers des usages multiples (condimentaire et/ou médicinal). D’autres
constituent des plantes indésirables et parfois envahissantes, que les agriculteurs oasiens
combattent continuellement pour réduire la concurrence pour l’eau avec les espèces cultivées.
Le microclimat oasien permet l'existence d'une importante diversité végétale et animale. Dans
l'oasis, l'agriculture était étroitement liée à l'élevage. Ainsi, l'homme a, dès l'Antiquité,
sélectionné et domestiqué des espèces animales qui lui permettaient d'avoir une autonomie
dans ces îlots de vie. Les espèces traditionnellement domestiquées sont les ovins, les caprins,
les ânes, les mulets, les chevaux, les lapins et les volailles.
Les oasis abritent également une faune riche en petits mammifères, reptiles, mollusques et
insectes, et une faune associée composée pour l’essentiel d’oiseaux transsahariens, migrateurs
et hivernants qui représentent un intérêt international.
9
2- Présentation des oasis tunisiennes
Les oasis tunisiennes couvrent une superficie totale de près de 36 000 ha. Elles se répartissent
au sud du pays selon les unités géo-topographiques suivantes :
Figure 1: Répartition des différents types d’oasis en Tunisie
Les proportions des surfaces et des effectifs de palmiers selon le type d’oasis sont indiquées
dans le tableau ci-dessous :
TYPE D’OASIS
Gouvernorat
Kebili
Tozeur
Oasis littorales
Gabès
Oasis de montagne Gafsa
Médenine
Zones secondaires
Tataouine
TOTAL
Oasis sahariennes
Superficie
ha
%
15 450
43
8 000
22
7 000
19
4 500
13
750
2
300
1
36 000
100
Effectif palmiers
Pieds
%
2 190 072
49
1 575 130
35
510 000
11
188 723
4
40 000
0.8
7 000
1.5
4 510 925
100
Tableau 1 : Répartition des oasis tunisiennes par Gouveronorat
2.1- Les oasis littorales
Les oasis littorales couvrent une superficie de 8 000 ha (19% environ de la superficie totale
oasienne en Tunisie) et sont situées dans la région côtière de Mareth au sud, jusqu’à Oudref et
Aouinet au nord. On classe aussi parmi ces oasis celles d’El Hemma qui se trouvent à 20 km
de la côte et qui comportent des variétés littorales de palmiers dattiers avec une présence de la
variété ‘Deglet Nour’ (variété à fort potentiel commercial très utilisée par les producteurs) qui
ne dépasse pas 0.1 % de l'effectif total. La tradition de la culture du palmier dattier est très
ancienne dans les oasis littorales à côté d’arbres fruitiers divers et des cultures maraîchères,
fourragères et industrielles.
10
Figure 2 : L’oasis littorale de Gabès
Dans les oasis littorales, Ben Salah (1992) a dénombré 45 variétés cultivées. Cinq variétés
constituent à elles seules la moitié de l’effectif. La variété ‘Kenta’ occupe la première place
avec 28% de l’effectif total. Elle est suivie par ‘Bouhattam’ et ‘Rochdi’, dont chacune
représente 9% de l’effectif total des dattiers cultivés dans ces oasis. ‘Eguiwa’ et ‘Lemsi’
suivent avec 3% chacune de l’effectif. Les variétés continentales ‘Alligh’ et ‘Deglet Nour’,
moins adaptées au milieu, ne constituent que moins de 1%, et sont cultivées dans des zones
intermédiaires comme dans les oasis d’El Hemma.
Les autres variétés regroupées représentent 50% de l’effectif total. Les variétés les plus
présentes sont : ‘Smiti’, ‘Ksebba’, ‘Garn Ghazel’, ‘Ammari’, ‘Halwai Abiadh’ et ‘Mermella’.
Certaines variétés, pourtant appréciées, sont assez rares comme par exemple ‘Mattata’.
2.2- Les oasis sahariennes
Les oasis sahariennes ou continentales, situées dans les régions de Nefzaoua et de Jerid,
couvrent une superficie représentant 65% de la superficie oasienne tunisienne, et sont
caractérisées par la dominance de la variété ‘Deglet Nour’. La part des variétés communes
dans les oasis de Nefzaoua et du Jerid ne dépasse pas 35% de l’ensemble de l’effectif des
palmiers. Dans les oasis du gouvernorat de Gafsa, les variétés communes dépassent 50% de
l’effectif total.
Rhouma (1994) a répertorié la majorité des variétés de palmier dattier du Djerid et de
Nefzaoua, et les a décrit brièvement.
2.3- Les oasis de montagne
Les oasis de montagnes, situées à Gafsa (Tameghza, Chebika et El Guettar), couvrent une
superficie de près de 14% du total de la superficie oasienne tunisienne. Elles comportent une
diversité variétale avec une présence plus ou moins importante de ‘Deglet Nour’. Les oasis de
montagne n’ont pas suffisamment bénéficié de travaux décrivant leur patrimoine génétique,
mis à part quelques uns concernant l’arboriculture fruitère dans l’oasis de Gafsa.
11
Figure 3 : L'oasis de Chbika
Il est à noter que l’oasis de Gafsa est classée parmi les Systèmes Ingénieux du Patrimoine
Agricole Mondial (SIPAM) depuis quelques années et que l’oasis d’El guettar est l’une des
dernières oasis tunisiennes ayant utilisé les Foggara comme source d’eau pour l’agriculture
irriguée. Les oasis de montagne constituent une attraction touristique remarquable.
3- Etat de la biodiversité des productions agricoles dans les oasis
tunisiennes
Ce recueil se base sur les différentes évaluations de la biodiversité locale effectuées le plus
souvent par les associations oasiennes.
3.1- Les études de biodiversité dans les oasis littorales
Metouia
Bouchemaa
Chenini
Kettana
Figure 4 : Situation géographique des oasis littorales étudiées
12
3.1.1- Oasis de Chenini
Dans le cadre du projet : « Protection des ressources génétiques et gestion intégrée de l’oasis
de Chenini : TUN/98/G52/04 » par l’ASOC en 2001, avec le soutien du PNUD/FEM-PMF,
un travail d’inventaire de la biodiversité a été réalisé. L’objectif du travail consistait à
connaître l'état de la biodiversité phoenicicole et arboricole de l’oasis de Chenini ainsi que des
recommandations pour renforcer sa sauvegarde.
Pour la réalisation de cette étude la méthode adoptée est l’enquête par questionnaire qui s’est
faite auprès de 125 exploitants agricoles dispersés dans les différents secteurs de l’oasis. La
liste des enquêtés a été prise au hasard et répartie sur six lots suivant trois classes d’âge et
deux classes de superficie des exploitations. En outre, 15 personnes ressources ont été
indiquées par l’ASOC et les agriculteurs enquêtés.
Caractéristiques de la propriété :
La propriété foncière de l’oasis de Chenini se distingue par la faiblesse des superficies des
exploitations. 73% des agriculteurs possèdent des superficies inférieures à 15 ares et
seulement 12% des agriculteurs exploitent des superficies supérieures à 25 ares.
L’oasis de Chenini se caractérise par l’existence de cinq systèmes de production : les éleveurs,
les éleveurs maraîchers, les maraîchers, les arboriculteurs et les absentéistes.
SPECULATION
Cultures maraîchères
Cultures maraîchères + autres (tabac / luzerne)
Henné
Arbres fruitiers
Fourrages
Fourrages + arbres fruitiers
Arbres fruitiers +Cultures industrielles (Henné)
Abandon
% d’agriculteurs pratiquant
cette spéculation
13.8
5.2
13.8
8.6
5.2
3.5
1.7
17.2
Tableau 2 : Répartition des différentes spéculations oasiennes à Chénini - Source : Estivin (2000)
Biodiversité végétale :
a) Le palmier dattier
Les variétés les plus répandues dans l’oasis de Chenini sont typiquement littorales. Leurs
fruits sont précoces et en majorité consommés à l’état frais au stade Blah.
Le palmier dattier est représenté par plus de 17 cultivars, dont les plus fréquents sont Rochdi,
Bouhattam, Lemsi, Routbi, Louzi, Kenta, Eguiwa, Smiti, Hammouri, Khaddouri, Chetoui,
Dengui et Halwai.
La variété Bouhattam abonde dans les oasis littorales, elle est présente dans les oasis de
Chenini dans presque 90% des exploitations. C’est l’une des variétés les plus répandues dans
les oasis. Ses palmes sont bien appréciées en vannerie. Cette variété est productive, mais du
fait que ses fruits mûrissent après Lemsi et Rochdi, elle rencontre un problème de
commercialisation.
13
La variété Lemsi est présente dans 19% des exploitations à raison de 13 pieds par exploitation.
Elle était appréciée pour la qualité de son «Cheddakh», une méthode traditionnelle de
conservation des dattes Rtob dans des grosses jarres en terre cuite.
Kenta est une variété très fréquente dans
les oasis d’El Hemma et Bechima. Elle
est également bien présente dans l’oasis
de Chenini, dans 58% des parcelles,
avec une fréquence de 7 pieds par
exploitation. C’est une variété très
appréciée pour la qualité de ses dattes.
Les dattes de Kenta sont consommées
au stade Tmar (voir lexique) ce qui
facilite
sa
conservation
et
sa
commercialisation. Cette qualité lui
donne une importance économique qui
la classe juste après les variétés
hautement commerciales comme Deglet
Nour et Allig.
La variété Eguiwa est une variété
résistante à la sécheresse. Elle est très
fréquente dans les zones montagneuses.
Ses dattes sont consommées aux stades
Rtob et Tmar. Elle est cultivée dans 44%
des vergers, avec une fréquence
moyenne de 5 pieds par exploitation.
Le nombre d’arbres pollinisateurs
recensés chez les agriculteurs enquêtés
Figure 5 : Récolte de datte de la variété Rochdi
atteint 5% de l’effectif des pieds
femelles ce qui est considéré comme suffisant (le nombre exigé varie entre 4 et 10 pieds
mâles pour 100 pieds femelles).
Toutefois, on note un manque de pollinisateurs précoces, et on se retrouve le plus souvent en
début de saison avec une pénurie de pollen, ce qui oblige les producteurs à en acheter sur le
marché, parfois importé d’autres régions.
b) Les arbres fruitiers
- Les grenadiers :
Le grenadier est représenté par le cultivar Gabsi présent dans environ 67% des vergers et ce à
raison de 40 pieds/verger.
Parmi les autres cultivars on peut rencontrer dans l’oasis de Chenini, Tounsi et Zehri, au goût
plus acidulé, et Garoussi.
14
Figure 6 : Cueillette des grenades
- La vigne de table :
- Cépage Medina : il se rencontre dans environ 13% des vergers à raison de 3
pieds/exploitation. C’est un cépage à baies rougeâtres, arrondies et très sucrées. Le problème
de ce cépage est sa grande sensibilité au mildiou.
- Cépage Meski : c’est est un cépage local à baies blanches à jaunâtres. Ses fruits mûrissent
en juillet. Il est présent dans 12% des parcelles oasiennes à un taux moyen de 3
individus/exploitation. Meski est aussi parfois appelé Mguergueb ou aussi Bidh Hamam.
- Cépage Bazzoul Kalba : cépage à baies fusiformes de couleur jaune ou rougeâtre à maturité,
il est cultivé dans 30% des exploitations à raison de 3 individus/exploitation. C’est le cépage
le plus productif, le plus fréquent et le plus adapté aux conditions oasiennes. C’est un cépage
moyennement précoce.
- Le bananier :
On trouve deux cultivars (clones) : le bananier appelé Guebsi, et celui appelé l’Espagnol. Le
cultivar Guebsi est plus tolérant et plus productif. Le port est plus trapu et les bananes sont
légèrement plus petites, à pelure arrondie et sont plus sucrées.
- Le prunier :
La variété de prunier majoritairement cultivée est le cultivar rouge qui se rencontre dans 16%
des exploitations. Dans 13% des exploitations on trouve d’autres cultivars tels que le petit
rouge appelé aussi prune-cerise, le blanc ainsi que quelques variétés introduites.
c) Les autres espèces
Le maraîchage est la plus importante production de l’oasis de Chénini. La répartition des
productions met clairement en évidence la dominance des surfaces réservées aux cultures
maraîchères.
15
PRODUCTIONS
SUPERFICIES
Maraîchage
d’été
27
Maraîchage
d’hiver
10.8
Cultures
fourragères
16.1
Cultures
industrielles
12.1
Autres
11.3
Tableau 3 : Répartition de la strate herbacée cultivée dans l’oasis de Chenini (ares)
Le maraîchage est surtout pratiqué en hiver, période pendant laquelle l’eau est plus abondante.
Les principales espèces maraîchères cultivées sont les cucurbitacées, l’oignon, la carotte, le
piment, la tomate et très peu de pomme de terre.
Le concombre, dit « fagousse », est la plus importante culture d’été dans l’oasis alors que les
autres cucurbitacées telles que la pastèque (delaa), le melon (bettikh), les citrouilles (graa ou
kabao) et les courgettes (boutazina) sont rarement cultivées.
Les variétés locales sont les plus utilisées. Celles-ci ont fait l’objet d’une sélection naturelle
depuis des siècles et ont acquis des stratégies d’adaptation aux différents stress des conditions
oasiennes.
Le concombre local, est en fait un type de melon ou concombre serpent, consommé avant
maturité.
L’oignon bulbe est une des principales cultures d’été dans l’oasis. L’oignon rouge de Gabès
est la variété locale cultivée dans l’oasis de Chenini. Les semences d’oignon sont
autoproduites à partir de gros bulbes.
De la famille des ombellifères, la carotte est cultivée en annuelle dans l’oasis. Elle constitue
aussi un aliment essentiel dans les plats oasiens. La variété locale n’est plus cultivée en raison
du manque d’eau à cette période. La demi-nantaise de Chantenay est la variété la plus cultivée
dans l’oasis.
La culture de la tomate de saison est pratiquée dans l’oasis de Chenini. Des variétés anciennes
(Cal J, Roma,) persistent encore dans l’oasis. La pépinière des jeunes plants de tomates est
généralement réalisée sur place dans l’oasis.
Les cultures fourragères occupent généralement une place importante dans les exploitations
oasiennes. C’est une activité qui relève de la tradition des oasis. Elle représente environ 36%
de la surface oasienne. La principale espèce fourragère cultivée est la luzerne. L’orge en vert
est aussi très cultivé, et plus rarement l’avoine et le sorgho.
La variété locale de luzerne Gabès est la seule cultivée à Chenini. Cette variété est très
productive et permet de 10 à 14 coupes par an.
Les principales espèces industrielles cultivées sont le henné et le tabac. L’oasis de Chenini est
la principale région de production de henné en Tunisie. C’est une plante pérenne dont la durée
de vie peut atteindre une vingtaine d’années. Les feuilles se récoltent trois fois par an à deux
mois d’intervalle entre juin et novembre.
Le tabac est l’autre production industrielle de l’oasis. La superficie totale cultivée est de 3 ha
à Chenini. La production est contrôlée par l’Etat qui gère la distribution des semences et
récupère toute la production.
16
L’inventaire des ressources végétales dans l’oasis de Chenini décèle une diversité biologique
très riche.
L’oasis de Chenini est connue pour des cultures telles que la laitue frisée, l’oignon, la carotte
et d’autres légumes divers.
La luzerne et le sorgho sont les cultures fourragères connues dans l’oasis et les cultures
industrielles sont le tabac à priser, le henné et la corète.
3.1.2- Oasis de Bouchemaa
L’étude a été réalisée en 2007, dans le cadre du projet « Préservation de l’oasis de Bouchemaa
TUN/OP3/2/06/11» financé par le FEM, qui vise la préservation de l’écosystème oasien et la
valorisation des composantes naturelles et sociales de l’oasis.
Elle concerne la partie Est de l’oasis qui s’étend sur environ 56 hectares. Cette partie de
l’oasis se trouve à cheval entre le village de Bouchemaa et la zone industrielle de Gabes. Elle
est menacée par plusieurs éléments tels que les facteurs agro-socio-économiques qui ont
provoqué son délaissement et abandon.
L’oasis de Bouchemma fait partie du groupe des oasis de Gabès. Elle se situe dans la
délégation de Gabès Ouest, Gouvernorat de Gabès, et s’étend sur 145 ha morcelés en 858
parcelles.
La méthodologie adoptée lors de cette étude est une enquête exhaustive (276 agriculteurs)
couvrant la partie Est de l’oasis. L’objectif d’inventorier toutes les espèces et les variétés
végétales, a été conçu en tenant compte des aspects suivants :
- Les superficies des parcelles exploitées et abandonnées,
- La composition des parcelles (biodiversité végétale) en particulier des plantations fruitières,
- Les variétés et espèces végétales disparues ou menacées de disparition,
- Les menaces et pressions diverses exercées sur la biodiversité et l’oasis de Bouchemaa en
général.
Caractéristiques de la propriété :
Cette zone est partagée en 311 parcelles qui sont exploitées par 276 exploitants. Il est fréquent
de trouver des exploitants propriétaires de 2 ou 3 parcelles oasiennes. Ceci est dû aux
héritages successifs et à l’achat de parcelles distantes au sein de l’oasis.
L’oasis de Bouchemaa, connait depuis quelques décennies, un changement accéléré de
propriétaires du fait de l’acquisition de certaines parcelles abandonnées ou exploitées par des
nouveaux habitants. Cette catégorie de personnes, provenant d’autres régions, viennent à la
recherche d’emplois dans la zone industrielle. Cette affluence s’est souvent soldée par une
installation définitive dans le village de Bouchemaa surtout pendant les années 80 et 90. Le
nombre d’habitants de Bouchemaa est passé de 9 500 en 1995 à presque 13 000 habitants en
2005.
17
La proportion des exploitants possédant plus qu’une parcelle (2 ou 3) représente 13% du
nombre total d’exploitants (36 exploitants sur 279). La superficie parcellaire moyenne dans
l’oasis de Bouchemaa est comprise entre 13 et 19 ares sur 5 des 6 zones de l’oasis. Il y a une
seule zone où cette moyenne est proche de 80 ares.
L’enquête a révélé que la moyenne d’âge des chefs d’exploitation est de 60 ans. Cela
renseigne qu’en moyenne les chefs des ménages sont âgés et que la transmission de la
propriété aux jeunes ne se fait pas aisément.
La répartition de la biodiversité végétale :
a) Le palmier dattier
Le nombre total de palmiers dattier dans cette partie de l'oasis est de 3 459 pieds. La zone de
Sbekha groupe presque le tiers des effectifs de palmier (1 229 pieds), suivie de Chraket puis
de Ziadet et Rogaat el Henna, et enfin du Henchir. Du point de vue de la répartition variétale,
Bouhattam occupe la première place avec 1 350 pieds, elle est suivie de Garn Ghazel et
Rochdi. Le nombre de Dhokkars est d’environ 8% de l'effectif total de palmier.
Ras El
Rogaat El
Chraket
Henchir Sebkha
Aïn
Henna
Bouhattam
174
67
343
153
153
459
Garn Ghazel
61
21
100
48
31
170
Eguiwa
22
15
47
20
10
44
Lemsi
2
9
21
10
33
22
Rochdi
9
6
18
4
75
79
Halwai
4
0
18
4
0
19
Kenta
2
8
1
2
6
18
Rtob
1
2
4
0
0
17
Nefzaoui
0
0
28
0
0
0
Smiti
0
0
6
0
0
20
Halwai dar Farhat
0
0
0
2
0
14
Ammari
3
1
0
0
0
9
Korkobbou Kettana
0
0
0
0
0
12
Degla
0
0
2
0
0
10
Dengui
1
0
0
0
0
8
Ain Hanach
0
0
3
0
0
0
Khalt
102
7
305
139
54
300
Dokkar
4
5
20
5
39
28
Total
385
141
916
387
401
1 229
Tableau 4 : Répartition des variétés de dattier dans l’oasis de Bouchemaa
Variétés \ Zones
Ziadet
Total
1 349
431
158
97
191
45
37
24
28
26
16
13
12
12
9
3
907
101
3 459
b) Le grenadier
Le grenadier constitue le deuxième étage du système oasien et est présent dans l’ensemble de
l’oasis. L’effectif total dépasse 5 000 pieds. Les variétés les plus cultivées dans l’oasis sont :
Guebsi, Garoussi et Hammouri. Guebsi est aussi appelée Jawhari à Bouchemaa.
18
Variétés \ zones
Guebsi
Hammouri
Garoussi
Total
Ziadet
622
35
62
719
Rass El
Ain
329
20
13
362
Chraket
1 538
95
124
1 757
Rogaat El
Henna
453
27
10
490
Henchir
Sebkha
Total
325
5
5
335
1 599
92
93
1 784
4 866
274
307
5 447
Tableau 5 : Nombre de pieds de grenadier par zone de culture dans l’oasis de Bouchemaa
c) Autres espèces
Comme cultures sous-jacentes, l’oasis de Bouchemaa comporte des diverses cultures. Les
cultures fourragères occupent la première place avec 8,3 hectares cultivées principalement en
luzerne. Les cultures industrielles et surtout le henné occupent la seconde place avec 3.3
hectares suivies des légumes (2.2 ha) et enfin des condiments (0.2 ha).
PRODUCTIONS
Fourrages
Cultures industrielles
Légumes
Condiments
Total
SUPERFICIE en ares
830
331.2
218.4
15.8
1 395.4
Tableau 6 : les cultures sous-jacentes dans l’oasis de Bouchemaa
d) Espèces maraîchères
Les associations fréquentes sont notamment les cultures maraichères en intercalaires avec le
henné, la laitue et le navet ou le radis, ou encore la carotte et le navet.
Les espèces sont diversifiées : des légumes feuilles sont cultivées comme la blette et la laitue,
des légumes racines comme la carotte et le navet, des légumes bulbes tels que l’oignon, et des
légumes fruits comme la tomate, le piment et le concombre.
Les cultures maraichères se répartissent selon les saisons. Les légumes d’hiver sont l’oignon,
la carotte, le navet, et les
légumes de printemps et
d’été sont la tomate, le
piment et le concombre.
La corète comme légume
feuille est aussi cultivée
dans
l’oasis
de
Bouchemaa.
Parmi
les
cultures
fourragères, la luzerne est
l’espèce la plus cultivée
avec 80% de la superficie
occupée par les plantes
fourragères.
D’autres
espèces sont cultivées
comme l’orge en vert et la
vesce.
Figure 7 : Culture de la luzerne dans l’oasis de Bouchemaa
19
La culture du henné est très répandue. La culture du tabac est également pratiquée mais sur
une superficie plus réduite. Il s’agit de la variété Soufi pratiquée depuis longtemps dans les
oasis littorales. C’est la sensibilité des feuilles de tabac aux facteurs climatiques et à la
pollution de l’air qui ont incité les agriculteurs de Bouchemaa à réduire sa production.
Toute la production de tabac doit être vendue au monopole d’Etat qui fournit aux agriculteurs
les semences et les produits phytosanitaires correspondant au poids défini par le contrat liant
les exploitants et le monopole. La commercialisation en dehors de la livraison de la
production à la Régie est interdite et elle est fortement pénalisée.
L’oasis de Bouchemaa est également connue pour ses espèces condimentaires et aromatiques.
La culture du persil et de la menthe sont particulièrement bien présentes dans l’oasis. Elles
sont suivies par celles de l’épinard, de l’aneth et de la coriandre en feuilles. Parmis les plantes
à fleurs, le rosier est particulièrement abondant dans l’oasis. Autrefois existait aussi la culture
de la «Foua» ou garance des teinturiers comme dans toutes les oasis de Gabes. Le laurier
sauce est également présent sur les bordures de parcelles ou dans les jardins de maison.
L’enquête révèle aussi l’existence de quelques arbres forestiers disséminés dans l’oasis. Les
espèces sont le peuplier, le caroubier et l’eucalyptus.
e) Les espèces et variétés menacées
Une évaluation participative a été réalisée sur les espèces et les variétés de palmiers et
d’arbres fruitiers qui sont menacées de disparition. Au sein du paysage variétal de l’oasis de
Bouchemaa, on peut citer par exemple, la variété de palmier Halwai dar Farhat. Autrefois
très présente, elle n’est aujourd’hui plus représentée que par quelques pieds (moins de 2% de
l’effectif total de palmiers).
D’autres espèces, variétés ou cultures sont en voie de disparition : la vigne de table de la
variété Saoudi et les cultures industrielles de tabac qui a beaucoup régressé.
Certaines plantes sont potentiellement menacées comme les variétés de palmier
dattier (Dengui, Ammari et Ain Hanach), de grenadiers autres que Guebsi, de vigne (Asli),
ainsi que certaines espèces fourragères comme la vesce.
De point de vue biodiversité l’étude a permis de déceler dans l’oasis de Bouchemaa :
 La domination de certaines variétés pour certaines espèces, à savoir : Bouhattam et Garn
Ghazel pour le palmier dattier, Guebsi pour le grenadier, Sboo Jwane pour la vigne de
table, Chemlali pour l’olivier, et Bayoudhi pour le figuier.
 Une faible diversité d’arbres fruitiers (10 espèces) avec une domination du pommier et du
citronnier nouvellement introduit dans l’oasis.
 Une domination de certaines espèces dans l’étage herbacé à savoir : luzerne pour les
cultures fourragères, henné pour les cultures industrielles et légumes racines et feuilles
pour les cultures maraichères.
 Une bonne diversité en matière de cultures condimentaires et aromatiques (6 espèces).
20
3.1.3- Oasis de Kettana
L’étude de la biodiversité à Kettana a été réalisée en 2010 dans le cadre du projet
«Réhabilitation de l’activité agricole dans le secteur Kettana1». Elle a permis d’inventorier les
espèces et variétés végétales et de mettre l’accent sur le degré de menaces qui pèsent sur la
biodiversité végétale locale et ainsi, de recommander quelques mesures afin de freiner ces
menaces.
La genèse de ce travail a commencé suite au diagnostic participatif réalisé dans le secteur
Kettana1 en Mai 2009. L’objectif de ce diagnostic était d’essayer d’approcher les priorités
d’intervention pour la réhabilitation de l’oasis de Kettana1. Cette étude a permis de déceler
l’existence d’une riche biodiversité végétale, jamais réellement répertoriée, et a aussi révélé
des menaces qui pèsent sur le patrimoine végétal local, qui se traduit par des risques sérieux
de disparition de certaines variétés fruitières et la raréfaction de certaines autres.
Figure 7 : Diagnostique participatif dans l’oasis de Kettana
Une enquête exhaustive a été réalisée chez tous les agriculteurs du secteur, elle s’est
intéressée aux types de propriété, aux ressources naturelles (superficie, eau disponible,
fertilité du sol), ainsi qu’à la composition de la parcelle en palmier dattier, arbres divers (une
attention particulière aux variétés fruitières) et les autres spéculations maraîchères,
fourragères et industrielles présentes.
La présence et le type d’élevage a aussi été relevé. L’enquête comprend également le
témoignage d’un agriculteur sur les espèces et variétés végétales disparues ou menacées de
disparition, et les mesures qu’il préconise pour la préservation de la biodiversité sur ses terres.
Caractéristiques de la propriété :
L’oasis de Kettana1 s’étend sur environ 98 hectares et se situe dans la partie la plus proche de
la côte. L’oasis de Kettana1 compte 125 exploitants (hommes et femmes) possédant 133
exploitations agricoles, elle est composée de 7 zones. L’âge moyen des exploitants est de 61
ans. Le nombre de femmes exploitantes est de 33, soit 27% du total des exploitants.
21
Dans le secteur 1, le mode de faire valoir qui prévaut est la propriété alors que la location ne
représente que 14% des cas.
D’autre part seulement 53 exploitants sont des agriculteurs à plein temps, les autres mènent
cette activité en tant qu’amateurs ou comme complément de ressource.
L’apport de la fertilisation organique est très répandu dans le secteur Kettana1. La moyenne
d’apport de fertilisant organique s’élève à 2.6 tonnes par hectare.
Biodiversité végétale :
a) Le palmier dattier
L’effectif total des palmiers dattiers est d’environ 886 pieds. L’oasis de Kettana1 regroupe
presque 16 variétés de palmier dattier à savoir : Kerkobbi, Bouhattam, Rochdi, Halwai, Rtob,
Halwai Jabnoun, Lemsi, Eguiwa, Smiti, Mattata Ain Hanach (Baht), Khaddouri, Kenta et
Khalt en plus de quelques autres rares variétés représentées par quelques pieds comme Halwai
Abiadh, Ksebba ou Bochboch.
L’ensemble des 886 pieds pour tout le secteur représente une moyenne de 9 pieds par hectare.
Cette moyenne reflète l’état de dégradation de l’étage palmier dans le secteur.
En effet, le fléau numéro un que connait le palmier est l’abandon et l’extraction de la sève
«Legmi». La présence des pieds mâles pollinisateurs est réduite (2% seulement de l’effectif),
ce qui crée un problème de disponibilité de pollen.
b) Les espèces fruitières
Le grenadier à lui seul représente plus des deux tiers de l’effectif total des arbres fruitiers
(65%), suivi un peu de loin par l’olivier qui représente le cinquième de l’effectif (20%). Les
agrumes représentent prés de 10% de l’effectif arboricole et celui-ci représente l’image de
l’oasis de Kettana : oasis à grenadier et agrumes. La vigne de table quand à elle représente 3%
de l’effectif. Toutes les autres espèces représentent moins de 1%.
ESPECE
Grenadier
Olivier
Vigne de table
Agrumes
Abricotier
Pommier
Figuier
Pêcher
Poirier
Prunier
Murier
Cognassier
Laurier
Total
EFFECTIF
19 807
6 188
862
2 617
278
248
164
47
87
20
5
10
1
30 334
% du total
65
20
3
9
0.9
0.8
0.5
0.2
0.3
0.07
0.02
0.03
0.00
100.00
Tableau 7 : Effectif des espèces fruitières dans le secteur Kettana1
22
- Le grenadier :
Le nombre élevé de pieds de grenadier fait de Kettana, une vraie oasis à grenadier. Il
approche les 20 000 pieds. Il existe 4 populations de grenadier à Kettana : la plus présente est
la variété Guebsi appelée aussi Khaddouri à Kettana, et les 3 autres sont Hammouri, Garoussi
et Jerbi.
Ces dernières années, la variété Guebsi a obtenu l’appellation «Produit de terroir» du
ministère de l’agriculture, et est appelée à se développer encore par l’amélioration de la
qualité du produit.
- Les agrumes :
La tradition de culture des agrumes existe depuis longtemps dans l’oasis de Kettana. Elle est
favorisée par un emplacement géographique particulier à côté de la mer permettant la maturité
précoce des oranges et notamment de la clémentine. On reporte que la clémentine murit à
Kettana une semaine avant le Cap Bon, qui est la région de culture habituelle. L’oasis compte
5 espèces d’agrume cultivées avec un effectif total d’environ 2 600 pieds.
VARIETE
Clémentinier
Citronnier
Oranger
Bigaradier
Limettier
Total
EFFECTIF
1 780
524
284
27
2
2 617
% du total
68.0
20.0
10.9
1.0
0.1
100.0
Tableau 8 : Effectif d’agrumes par espèce et variété dans le secteur Kettana1
- L’olivier :
Divers variétés d’olivier existent dans l’oasis, certaines proviennent de la zone côtière sud
(Chemlali, Sehli), d’autres de la montagne des Matmata (Jemri, Zarazzi) et d’autres sont
introduites par les programmes de développement de l’olivier comme Toffahi, Neb Jmel et
Khaliji ou Gafsi. La variété Chemlali représente plus de la moitié de l’effectif total et
approche même les 2/3.
- La vigne de table :
Le cépage Meski représente à lui seul près de la moitié de l’effectif total de pieds de vignes.
Les autres cépages sont constitués par Bazzoul Kelba, qui représente près de 15% des vignes,
suivi par Dalia et Bidh Hamam, chacun d’eux représentant 5% environ de l’effectif. Puis
Cardinal et Mdina sont moins représentés avec 2% de l’effectif. Les autres sont Sifi, Ahmar,
Limaoua et Sboo Boujoan, représentés uniquement par quelques pieds chacun.
- L’abricotier :
Les variétés cultivées sont Mechmech (abricotier local multiplié par noyau) à fruits petits,
Badri, Amor Leuch, Louzi, Khoukhi, Khaddouri. Amor Leuch représente la moitié de l’effectif
total des abricotiers. En raison du vieillissement et du périssement des arbres, le nombre
d’abricotier a beaucoup diminué.
- Le figuier :
Les variétés les plus répandues sont Bither Abiadh et Slatni ou Soltani (il existe deux Slatni,
l’une noire l’autre rouge). Les deux variétés produisent bien dans les conditions oasiennes
profitant surtout de l’irrigation et de la protection contre les coups de Sirocco du fait de la
densité élevée des plantations dans l’oasis.
23
c) Autres espèces
Les espèces cultivées en étage bas dans le secteur, sont très diversifiées mais réduites en
superficie. Les cultures fourragères sont les plus présentes en termes de surface, mais
beaucoup d’espèces de légumes sont aussi cultivées. Les cultures industrielles sont plus rares
dans le secteur Kettana1.
Les quatre espèces fourragères généralement présentes dans les oasis (luzerne, vesce, sorgho
et orge en vert) sont également représentées dans le secteur Kettana1. La pratique de la
culture de luzerne est aussi la plus répandue : près de la moitié des parcelles oasiennes
produisent de la luzerne. Les autres productions fourragères existent mais sont moins
répandues (orge en vert, vesce et maïs fourrager). Comme culture céréalière l’orge existe
aussi dans quelques rares exploitations.
Parmi les cultures industrielles, seule la culture de tabac existe dans le secteur, celle du
Henné est presque absente.
Figure 9 : Culture de Tabac dans l’oasis de Kettana
Les cultures légumières abondent dans l’oasis de Kettana. Plus de 16 espèces sont cultivées
dans le secteur. Il s’agit de légumes feuilles, légumes racines et légumes fruits. La culture de
piment est la plus répandue, elle est pratiquée par 17% des exploitations agricoles suivie de
l’oignon, de la culture de courge et de carotte. Certaines espèces sont rares mais présentes
dans le secteur, il s’agit du fenouil cultivé pour les feuilles et les graines, de la carotte, de la
laitue et du choux pommé.
24
SPECULATION
NOMBRE D’EXPLOITATIONS
PRATIQUANT LA CULTURE
% du total
23
9
8
6
5
4
4
4
2
2
2
1
1
1
1
1
1
17
7
6
5
4
3
2
2
2
2
2
1
1
1
1
1
1
Piment
Oignon
Courge
Carotte
Fève
Petit pois
Melon
Pastèque
Concombre
Persil
Tomate
Blette
Navet
Chou pommé
Laitue
corète
Fenouil (besbes)
Tableau 9 : Cultures légumières dans le secteur Kettana1
Cette étude a démontré une orientation vers une spécialisation de production des grenadiers et
des agrumes au sein de l’oasis de Kettana. Cette orientation a lésé le palmier dattier et a
affecté la biodiversité. Cependant l’oasis garde une certaine richesse végétale locale, en
variétés de palmier dattier (16 variétés) et d’espèces arboricoles (16 espèces et 45 variétés
fruitières).
Les pratiques des cultures légumières et fourragères sont largement répandues. Cette oasis tire
avantage d’un élevage abondant, source d’une fumure organique bénéfique pour la fertilité des
sols.
Des changements profonds dans la composition végétale et surtout, un appauvrissement de la
population végétale ont été remarqués par les agriculteurs durant les dernières décennies. La
diversité de l’étage fruitier est menacée, en effet dans certaines parcelles il ne subsiste que
l’olivier, le grenadier et les agrumes. L’étage du palmier est largement touché par
l’exploitation abusive du palmier dattier pour l’extraction du ‘Legmi’.
3.1.4- Oasis de Metouia
L’étude du patrimoine végétal dans l’oasis de Metouia a été réalisée dans le cadre du projet
«Sensibilisation et mobilisation de la population pour la sauvegarde de l’oasis de Metouia»
financé le PNUD-FEM.
25
Caractéristiques de la propriété :
L’oasis de Metouia est divisée en six secteurs. L’irrigation est assurée par 4 forages équipés
par des électro-pompes qui débitent un total de 140 l/s sur 107 bornes d’irrigation. La salinité
varie de 2.95 à 3.90 g/l. Chacune des bornes permet d’irriguer 2 à 3 ha. L’eau est amenée aux
parcelles dans des seguias en terre.
Un aiguadier est chargé de piloter le système dans chaque secteur. L’eau est allouée par heure
et à la demande.
Associé au réseau d’irrigation, le réseau de drainage est tout aussi important. Les drains sont
des fossés à ciel ouvert. Constitués souvent par les anciens canaux d’irrigation, appelés des
néchiaas qui déversent dans un collecteur principal. Malheureusement l’entretien actuel de
ces drains est loin d’être suffisant, l’ancienne tradition de nettoyage de ces fossés par
l’ensemble des agriculteurs d’un secteur de l’oasis s’est perdue avec la mise en place du
nouveau réseau d’irrigation et des GIC. Il en découle une augmentation de la salinité dans
certaines parcelles de l’oasis.
L’oasis est divisé en six secteurs et 15 personnes par secteur ont été enquêtées pour cette
étude. La taille des exploitations se distingue en quatre plages de superficies : moins de 0,2
ha; de 0,2 à 0,5 ha ; de 0,5 à 1 ha ; plus de1 ha. Trois personnes ressources ont étés choisies
pour mener l’enquête dans chaque secteur.
Biodiversité végétale :
On constate qu’un grand nombre d’espèces, autres que le palmier dattier et le grenadier, sont
cultivées dans l’oasis de Metouia. Il s’agit surtout de l’abricotier, la vigne, l’olivier, le figuier,
le pommier, le poirier, le prunier, le pêcher, le mûrier et le rosier.
Mais les deux espèces dominantes restent le grenadier et le palmier dattier, elles se
rencontrent presque dans la totalité des parcelles. Le figuier, l’olivier, le poirier et le rosier
représentent de très faibles pourcentages comparés aux espèces dominantes. Le pommier et le
pêcher, sont représentés par des effectifs encore plus faibles et peuvent être considérés comme
secondaires.
Les autres espèces telles que le prunier (132 pieds) et le mûrier (11 pieds) sont très rares et ne
sont représentées que par quelques individus.
a) Le palmier dattier
Outre son rôle économique, le palmier reste toujours la principale composante de l’oasis de
Metouia. La variété Bouhattam est dominante : 53% de l’effectif total. La variété Rotb occupe
la deuxième place avec un pourcentage de 16%. L’appellation Rtob désigne une multitude de
cultivars de dattes consommables par l’homme à une étape de maturation située entre Besr et
Tmar. L’importance de ces cultivars s’explique par la précocité de leur production et leur goût
apprécié par le consommateur.
La variété Khalteit Belkhir occupe une place non moins importante avec un pourcentage de
10%. Elle présente, outre sa consommation à l’état frais, d’autres utilisations : conservation en
«Manthour» et «Mfassi».
26
Les autres variétés repertoriées (Mermella, Ammari, Kenta, Feliane, Eguiwa, et Rechti)
totalisent ensemble un effectif de 21% du total de palmiers. Bien qu’elles ne représentent pas
séparément des effectifs importants, elles restent néanmoins très utiles par leur diversité et
l’enrichissement de la mosaïque variétale de l’oasis, et assurent également un plus pour
l’auto-consommation.
Sur un effectif total de 29 983 pieds de palmier dattier, les proportions des différentes variétés
sont présentées dans le tableau ci-dessous :
POURCENTAGE DE
L’EFFECTIF TOTAL
VARIETE
Bouhattam
53
Rtob
16
Belkir
10
Mermella
5
Ammari
5
Kenta
3
Feliane
2
Eguiwa
2
Rechti
0,5
Atig
0,5
Khoddars
3
Tableau 10 : Proportion des variétés de palmier dattier dans l’oasis de Metouia
b) Les arbres fruitiers
Les différentes espèces arboricoles, dont l’effectif total est de 76 783 pieds, sont : Grenadier
83% ; Abricotier 6% ; Vigne 4% ; Figuier 2% ; Olivier 2% ; Poirier 1%. Les autres arbres
fruitiers (2%) sont le pommier, le pêcher, le prunier et le mûrier.
- Le grenadier :
Durant la dernière décénie, cette culture a connu une évolution considérable : certaines
parcelles sont devenues de véritables vergers consacrés à cette espèce.
La variété Guebsi est la plus répandue à Metouia. Très appréciée par le consommateur, cette
variété est rustique et s’adapte bien aux conditions locales. Quelques individus de la variété
Tounsi sont répertoriés et viennent contribuer à la richesse de la biodiversité. Les fruits de
cette variété présentent une acidité relativement élevée ce qui les rend appréciés sur le
marché.
- L’abricotier :
L’effectif total de cette espèce ne dépasse pas 4 276 individus, avec une densité moyenne de
20 pieds par ha. On rencontre deux types de variétés :
- variétés locales, dites Bargoug avec un pourcentage de 40%. Il s’agit du Mechmech des
oasis littorales à petits fruits, à chair claire, fragiles au transport, à qualité gustative médiocre
et destiné au marché local. Cette variété possède une bonne capacité d’adaptation au milieu.
27
- variétés introduites (Badri, Baccour, Elech, Bayoudi), avec un pourcentage de 60% et
dominées par la variété Baccour, précoce et auto-fertile, le fruit est moyen à petit, de couleur
jaune pâle, à qualité gustative moyenne et ayant l’avantage de bien supporter le transport et
donc d’être exportable.
- La vigne :
La vigne est, la plupart du temps, disposée sur les bordures des parcelles et soutennue par
d’autres espèces arboricoles et notamment les stipes des palmiers. Malgré l’effectif
relativement réduit de cette espèce (3 065), la plupart des parcelles se trouvent ornementées
par quelques individus de variétés différentes :
- les variétés locales (Bezoul Kelba, M’dina, Hammouri, Razzagui…) représentent 36% de
l’effectif total. Ces variétés, résistantes et bien adaptées au milieu oasien, présentent
l’inconvénient d’être tardives et d’une qualité gustative moyenne.
- les variétés introduites (Meski, Cardinal, Sultanine…) sont introduites pour enrichir
l’étalage des raisins de table pour leur bonne qualité gustative et leur valeur commerciale
significative, mais elles restent néanmoins sensibles aux conditions du milieu favorables à
l’attaque de l’oïdium, à cause de l’humidité, et gènent leur pollinisation d’une manière
homogène. L’effectif total de ces variétés ne dépasse pas 1 966 individus.
- L’olivier :
Cette espèce connaît un essor depuis quelques années, son effectif en effet atteint désormais
1 819 individus. Les deux variétés rencontrées dans l’oasis de Métouia sont Chemlali et
Zarrazi représentant respectivement 69% et 31% de l’effectif total. La dominance de
Chemlali est expliquée par le fait que cette variété est destinée à l’extraction de l’huile
d’olive. La variété Zarrazi présente l’avantage d’être aussi utilisée comme olive de table.
- Le figuier :
Peu apprécié par le fait qu’il développe un système radiculaire assez ramifié gênant ainsi les
cultures avoisinantes, le figuier est représenté par deux variétés Bither et Figue, représentant
respectivement 68% et 32% de l’effectif total. Le Bither a une valeur commerciale plus
importante à cause de sa précocité et sa double production.
- Le poirier :
L’effectif de poirier dans l’oasis de Métouia est composé de 80% de variétés introduites et
20% de variétés locales.
- Le pommier :
Cette espèce présente dans l’oasis de Métouia se caractérise par une diversification variétale
importante, son effectif total est de 353 pieds. Les variétés introduites cultivées dans l’oasis
de Métouia (Lorka, Chahla, Douce de Djerba, Douce de Sfax, Zina et Aziza) totalisent 74%
de l’effectif total des pommiers. Les autres variétés locales Arbi ne représentent que quelques
pieds chez certains exploitants.
- Le pêcher :
Le pêcher est représenté par les variétés dites Bouchkara et Boumoungar (41%) ; elles sont
tardives, avec une qualité du fruit assez bonne, et de gros calibre, présentant un problème au
niveau de la fécondation. Les variétés étrangères introduites par les services techniques
agricoles dans l’oasis de Métouia, sont recherchées pour leur précocité et leur valeur
commerciale importante. Les variétés locales et introduites totalisent ensemble un effectif
total de 334 pieds.
28
- Le prunier :
Cette espèce est très peu cultivée par les exploitants avec un effectif total de seulement 132
pieds dans toute l’oasis de Métouia. L’effectif est composé de 80% de variétés introduites et
20% de variétés locales. Sa production est destinée à l’autoconsommation.
- Le mûrier :
Cette espèce n’est représentée que par quelques individus (11 pieds), et n’a pas trouvé sa
place dans le milieu oasien en raison de sa grande frondaison encombrante et des difficultés
de récolte, de conservation et de commercialisation de ses fruits.
c) Les autres cultures
La répartition des cultures au sol dans l’oasis de Metouia se présente ainsi :
- cultures fourragères 157 ha, soit 77% du total ;
- cultures industrielles 24,5 ha, soit 12% ;
- culture maraîchères 22,5 ha, soit 11%.
Les cultures fourragères restent les plus répandues. Elles viennent en tête et occupent une
surface de 157 ha. La principale production est la luzerne (80%) puis l’orge en vert et le
sorgho fourrager. Les exploitants produisent eux-mêmes leurs semences pour préserver les
qualités agronomiques et génétiques de ces variétés.
Les cultures industrielles sont représentées par la culture du henné et de la corète. Le henné
couvre une superficie de 14 ha. La culture de corète connaît un essort remarquable depuis
quelques années (10 ha). Elle a le mérite d’assurer un revenu encourageant avec un rendement
de 750 kg/ha.
Les superficies des cultures maraîchères d’été et d’hiver occupent un total de 23 ha, soit 11%
de la superficie des cultures au sol. Ces cultures sont essentiellement représentées par les
légumes à feuilles (blette, persil, céleri…) et les solanacées (piment, aubergine). La
production est destinée à l’autoconsommation bien qu’une partie soit parfois commercialisée
sur le marché local.
d) Les cultures spécifiques
Il faut noter que cette étude a fait ressortir un effectif relativement important de rosiers (654
individus). Cette espèce arbustive est considérée comme plante à vocations multiples. En plus
de son utilisation à caractère décoratif et ornemental, le rosier présente d’autres perspectives
d’utilisations dans les domaines pharmaceutique, cosmétique et culinaire.
29
L’oasis de Metouia présente une grande richesse en biodiversité. La présente étude fait état de
10 variétés de palmier dattier, de 10 espèces fruitières.
La pratique des cultures fruitières est très ancienne et de nombreuses espèces sont cultivées
dans cette oasis (palmier dattier, grenadier, vigne, abricotier, pêcher, etc…).
L’étude traite également de cultures basses : maraichères, fourragères et industrielles, sans
trop préciser leurs nombres et le nom des espèces cultivées mis à part les légumes feuilles et
la culture du henné et de la corète.
Le rosier est cité comme une plante aromatique bien développée.
3.2-Les oasis de montagne
Gafsa
El Guettar
Figure 10 : Situation géographique des oasis de montagne étudiées
3.2.1- Oasis de Gafsa
Une étude a été réalisée en 2008, dans le cadre du projet «Conservation de la diversité
génétique arboricole dans l’oasis historique El Kasba de Gafsa TUN OP3/2/06/02 », elle vise
le répertoire et le recensement des espèces et variétés fruitières cultivées dans l’oasis de Gafsa
en mettant l’accent sur les variétés locales et celles les plus menacées de disparition.
Les principaux objectifs que vise ce travail sont les suivants :
- Approcher la biodiversité végétale,
- Recenser les espèces et variétés fruitières locales reconnues utiles par leur qualité de
production ou par leur intérêt environnemental,
- Initier un processus de préservation et de conservation des variétés les plus menacées,
- Recenser le savoir faire local en matière d’usage et de conservation des variétés
fruitières locales.
Le recueil des données quantitatives s’est basé sur une enquête d’un échantillon stratifié
privilégiant les exploitations ayant une biodiversité arboricole en espèces et variétés. Un
30
échantillon de 82 exploitations oasiennes enquêtées, triées des 350 exploitations au niveau de
l’oasis.
Des entretiens ont aussi été menés axés principalement sur les ressources arboricoles qu’il
convient de préserver, enrichir et valoriser, et les usages des espèces et variétés fruitières. Une
attention particulière a été donnée sur les principales menaces à la biodiversité et aux
principaux risques de disparition de ces variétés fruitières locales.
Caractéristiques de la propriété :
L’oasis d’El Kasbah (700 ha), l’oasis du Sud-Ouest de la ville (700 ha) et celle d’El Ksar (600
ha) constituent l’oasis de Gafsa qui s’étend sur 2 000 ha.
La superficie des exploitations est réduite et la proportion d’exploitations ne dépassant pas 1
ha de superficie est de 75% dans l’oasis d’El Kasbah, 24% dans les oasis sud-ouest et de 86%
dans l’oasis de Ksar.
Le système des cultures est
très intensif. La fumure est
essentiellement organique
(d’origine
animale
ou
humaine). La traction est
principalement
animale
(mulet ou bœuf de trait).
Le travail agricole oasien
permet de garantir presque 2
500 emplois permanents et 5
000 emplois saisonniers
(200 jours/an).
Une grande répartition de
maturité
des
variétés
arboricoles sur la saison de
Figure 11 : Vue de l’oasis de Gafsa
production a été relevée avec
une nette orientation vers les variétés introduites (variétés dites Souri) et un délaissement des
variétés autochtones mis à part le figuier et l'olivier.
Etat du patrimoine arboricole dans les oasis de Gafsa :
L’étude de la diversité arboricole a répertorié un effectif d’arbres fruitiers de presque 20 000
pieds sur les 86 parcelles enquêtés.
Les espèces recensées ont été classées comme suit :
a) Les espèces très abondantes
L’olivier représente, à lui seul, presque la moitié des arbres fruitiers des oasis de Gafsa. Le
nombre d’arbres, aussi bien d’olives à huile que d’olives de table, s’élève à 9 666 pieds.
31
b) Les espèces abondantes
Grenadier : Il est souvent planté en association avec l'olivier et le dattier. Parfois on réserve
de petits carrés pour la culture du grenadier dans les parcelles à la place de l’olivier qui a un
port encombrant.
Figuier : C’est une espèce fruitière traditionnelle. Les figues produites dans l’oasis sont
souvent destinées à la consommation familiale ou à la vente en frais.
Abricotier : C’est une culture traditionnelle dans les oasis de Gafsa, la variété Arbi est très
ancienne et souvent citée dans les écrits décrivant l’oasis.
Citronnier : C’est l’espèce la plus abondante parmi les agrumes cultivés dans les oasis. Le
citronnier «Quatre-Saisons» est le plus fréquemment rencontré.
c) Les espèces rares
Oranger : Il est cultivé depuis longtemps dans les oasis de Gafsa. Il s’agit souvent, comme
les autres agrumes (citronnier, limettier), d’espèces introduites des régions traditionnelles de
culture des agrumes, à savoir le Nord Est (Cap Bon).
Prunier : Conduit dans les conditions oasiennes, la taille du prunier est moyenne, et sa
maturation est relativement précoce. Sa longévité qui atteint normalement 30 à 50 ans, est
relativement réduite à cause des conditions d’humidité dans les oasis.
Pommier : La culture du pommier est moins répandue, mais elle est toujours présente dans
les oasis. La forme de conduite est le gobelet ou bien, dans les zones exposées au vent, en
buisson (forme naturelle).
d) Les espèces très rares
Pêcher : Il est relativement rare dans les oasis de Gafsa en partie à cause de sa sensibilité à
l’humidité quand il est greffé sur des portes greffes sélectionnés pour la culture en sec ou dans
les conditions plus aérées et ventées.
Mûrier : Il est connu depuis longtemps dans les oasis de Gafsa comme dans les oasis
littorales de Gabes. La tradition de l’élevage de vers à soie existait aussi et n’a disparue qu’au
début du siècle passé. La soie du sud tunisien était jadis très appréciée et on reporte même
dans les écrits anciens qu’elle était commercialisée en orient.
Caroubier : Comme dans toutes les oasis du sud on retrouve quelques pieds de caroubier
éparpillés dans les oasis. Leurs fruits qui ne sont pas gros, sont délicieux et souvent ramassés
par les enfants ou par les exploitants, et vendus au marché. La tradition d’en faire un jus après
trempage dans l’eau ou de les mélanger à la « Bssissa » est de plus en plus rare. Les caroubes
sont également connues pour leurs propriétés médicinales.
Amandier : Il est présent mais avec un effectif très réduit. Habituellement il est cultivé ou
utilisé comme porte greffe pour l’abricotier, le pêcher et le prunier. Mais étant donné que
l’amandier ne tolère pas les sols imbibés des oasis, on lui substitut le franc d’abricotier et le
prunier.
32
e) Les espèces rarissimes
Il s’agit d’espèces rarissimes dont les effectifs ne dépassent pas les quelques pieds. Soit elles
étaient autrefois présentes dans l’oasis et ont aujourd’hui disparu comme c’est le cas du
batoum, soit elles sont d’introduction récente comme le Kaki. Certaines ne sont pas utilisées
pour leurs fruits, ou sont sous utilisées comme le jujubier.
Il a été jugé que ces espèces sont importantes à répertorier et à étudier en profondeur. En effet
les raisons de leur disparition ou introduction sont particulièrement importante à connaître
pour la durabilité de l’écosystème oasien et l’économie oasienne.
ESPECES
Olivier
Grenadier
Figuier
Abricotier
Citronnier
Oranger
Prunier
Vigne
Poirier
Pommier
Pêcher
Néflier du japon
Mûrier
Noyer
Caroubier
Pistachier
Amandier
Autres
Total
NOMBRE
9 666
4 845
2 618
1 157
1 086
263
174
122
99
87
53
46
29
12
8
6
6
10
20 277
%
47,67
23,89
12,90
5,71
5,36
1,30
0,86
0,60
0,49
0,43
0,26
0,23
0,14
0,06
0,04
0,03
0,03
0,05
100
Tableau 11 : Effectif des espèces fruitières dans l’oasis de Gafsa
Menaces qui pèsent sur la biodiversité :
Ce travail a permis aussi de recenser plusieurs menaces et risques qui pèsent sur la
biodiversité et sur la durabilité des ressources. Ces menaces ont été remarquées lors des
visites de l’oasis à savoir :
Menace de l’invasion par l’urbanisation anarchique,
Difficultés d’écoulement des produits agricoles,
Parcellement et morcellement fonciers des exploitations,
La difficulté de commercialisation.
STATUT DES ESPECES
Très menacées
Espèces Menacées
Peu menacées
ESPECES ARBORICOLES
Abricotier, pêcher, prunier, poirier, pistachier, raisin de
table, néflier,….
Grenadier, Figuier, Palmier dattier
Olivier
Tableau 12 : Statut des espèces cultivées dans l’oasis de Gafsa (source GIAHS)
33
Un inventaire des espèces arboricoles cultivées dans l’oasis de Gafsa a été réalisé et a permis
d’inventorier une riche diversité variétale arboricole : Le nombre total recensé est de 66
variétés, cultivars et variétés-populations.
Une grande richesse de variétés arboricoles a été remarquée dans les oasis de Gafsa : parmi
les 14 espèces fruitières cultivées, 66 variétés sont répertoriées entre les variétés locales ou
populations de l’oasis, et les variétés introduites et bien acclimatées aux conditions oasiennes
de gafsa.
Les espèces les plus riches en diversité variétales sont le figuier (11 variétés), l’abricotier (10
variétés), l’olivier (8 variétés), le poirier (7), le grenadier (6), le prunier et l’oranger (5), le
pistachier, le pommier, la vigne et le mûrier (3), le citronnier (2) et enfin le pêcher et le
cognassier (1).
La richesse variétale fruitière de l’oasis de Gafsa ne suit pas la logique des effectifs. Certaines
espèces, ne présentant pas un grand effectif, renferment un nombre important de variétés
populations comme le pistachier (3 variétés populations) bien que son effectif ne dépasse pas
0.3% de l’effectif total dans l’échantillon enquêté : le mûrier (3 populations) et le pommier (3
variétés populations). Par contre l’olivier qui représente à lui seul presque 50% de l’effectif
total arboricole ne présente que 8 variétés.
3.2.2- Oasis d’El Guettar
L’oasis d’El Guettar couvre une superficie de 427 ha avec un nombre total d’agriculteurs de
2 464. C’est une oasis subdivisée en deux rives : une rive Nord et une rive Sud.
Figure 12 : Vue de l’oasis de Guettar
Les ressources hydrauliques de l’oasis proviennent de 4 forages dont les débits totalisent 180
litres par seconde.
Les deux projets «Amélioration de la qualité des sols par le compostage des matières vertes de
l’oasis pour préserver les écosystèmes oasiens : cas de l’oasis traditionnelle de Gafsa» 20042006 et « Gestion participative des ressources génétiques du palmier dattier au Maghreb »
2006- 2009 sont une étude et un diagnostic de la biodiversité réalisés dans l’oasis d’El
Guettar.
34
La méthodologie adoptée est l’enquête par échantillonage stratifié. Les enquêtés ont été
subdivisés en deux lots égaux (chaque lot est composé de 100 agriculteurs). Le premier est
localisé dans la rive Nord (où la culture de palmier dattier est dominante) et le deuxième lot
est localisé dans la rive Sud de l’oasis (où l’arboriculture fruitière est dominante).
Les sols argileux sont dominants dans l’échantillon étudié (90.5%), les sols sableux et sabloargileux caractérisent la moyenne des parcelles (18 parcelles de l’échantillon).
L'aspect foncier des parcelles étudiées dans l’oasis d’El Guettar révèle qu’il y a deux
régimes : collectif et mulk. La majorité des terrains sont la propriété des exploitants (mulk à
raison de 84.85%), les autres terrains étant collectifs (15.5%).
Diversité du palmier dattier :
La répartition variétale du palmier dattier de l’échantillon des parcelles étudiées à El Guettar,
montre qu’il y a une grande richesse en matière de ressources génétiques phœnicicoles : 22
variétés de différentes caractéristiques ont été recensées.
Pour le nombre des pieds par variété, c’est la variété Deglet Nour qui vient en premier lieu
avec un effectif de 1 126. Les autres variétés les plus dominantes sont : Ftemi avec 411 pieds,
Kenta avec 326 pieds, Chaken avec 281 pies, Aligue avec 244 pieds et R’tobb avec 241 pieds.
Certaines variétés sont très faiblement représentées dans l’oasis EL Guettar et sont donc
considérées comme menacées de disparition : Bent, Bou Faggous, Hamra Bechri, Hamraya,
Helouwa et Legou, Hisi et Horra.
VARIETE DE PALMIER
DATTIER
Deglet Nour
Ftemi
Kenta
Chaken
Aligue
R'tobb
Ammari
Besr Helou
Ksebba
Dokhar
Kebrechou
Guenda
Hammouri
Guasbi
Hamra Bechri
Legou
Hamraya
Hisi
Horra
Bent
Helouwa
Bou Faggous
Total
NOMBRE DE PIEDS
PAR VARIETE
POURCENTAGE
1126
411
326
281
244
241
86
77
43
35
28
26
18
15
7
6
6
4
2
1
1
1
2 985
37.72
13.77
10.92
9.41
8.17
8.07
2.88
2.58
1.44
1.17
0.94
0.87
0.60
0.50
0.23
0.20
0.20
0.13
0.07
0.03
0.03
0.03
100
Tableau 13 : Effectif des variétés de dattier dans l’oasis d’El Guettar
35
Les ressources génétiques phœnicicoles de l’oasis d’El Guettar montrent une large diversité
variétale. Le nombre de variétés est de 22 mais des menaces pèsent sur ce patrimoine végétal.
En effet 5 variétés sont représentées par moins de 5 individus et risquent donc de disparaitre
prochainement. Toutefois, la situation est moins grave que celle de l’oasis de Gafsa au niveau
de la pression sur les ressources.
3.3- Les oasis sahariennes
El Hamma
Degache
Figure 13 : Situation géographique des oasis sahariennes étudiées
3.3.1- Oasis de Degache
Dans cette oasis, une étude a été réalisée par une équipe de l’International Centre for
development oriented Research in Agriculture (ICRA) en collaboration avec un projet
maghrébin de préservation de la diversité génétique du palmier dattier mené par l’IPGRI en
2002.
Une méthodologie a été ensuite développée pour répondre à des questions formulées sous
forme d’un plan de recherche provisoire. Elle suit la démarche interdisciplinaire de la
Recherche Agricole pour le Développement (RAD) promue par l’ICRA.
La méthodologie s’est basée sur un certain nombre d’étapes. Le travail a commencé par
l’exploitation de données dites secondaires sur les systèmes agricoles oasiens et la production
de dattes, le développement du sud-tunisien, les résultats des inventaires de la diversité
phœnicicole, les aménagements hydrauliques et d’autres sujets.
Elle a été suivie par une enquête d’exploitation sous forme d’entretiens individuels guidés par
un questionnaire. Les objectifs étaient les suivants :
- Faire un inventaire de la diversité génétique phoenicicole dans les deux secteurs
étudiés,
- Identifier les systèmes de valorisation des produits du palmier dattier,
36
-
Identifier les besoins en plants et les perspectives d’évolution de la diversité génétique
dans les exploitations.
Situation de la diversité génétique dans l’oasis de Degache :
La palmeraie de Degache est caractérisée par une grande diversité génétique. En effet, le
nombre de variétés identifiées dans la zone d’étude est de 55, soit 1/5 du patrimoine génétique
phoenicicole inventorié en Tunisie. L’importance de ces variétés dans les exploitations nous a
permis d’identifier quatre classes selon l’abondance des individus pour chaque variété :
1 ère classe : Deglet Nour
2 ème classe : Alig, Okht Alig, Kentichi
3 ème classe : Ammari, Besser Helou, Bou faggous, Ghars Metig, Goundi, Horra, Lagou
4 ème classe : Angou, Arechti, Khalt Bajjou, Cheddakh, Deglet Hosin, Gasbi, Hamraya, Kenta,
Mahmoudia, Menakher, Om Laghlez, Tazerzit Safra, Tazerzit, Khalt Khadraia, Takermest,
Tantabecht, Troundja, Degla Bidha, Deglet Senaga, Deglet Gharb, Fermla, Halwaya, Asbaâ
Aldjia, Fezzani, Chekenet El Yatima, Chekenet Elgasab, Khalt El Fahl, Khalt Malti, Om
Lane, Khalt Bouafar, Khalt Gharb, Khalt Ali Meskine, Bidh Hammam, Tazerzit Kahla,
Chekenet Kahla, Chekenet Safra, Remtha, Sarouti, Chekenet Lems, Chekenet Om Essayed,
Chekenet Messaia, Khalt Kheneg Rouhou, Khalt Ezzarssani, Khalt Seghir, Khalt Kebir.
Dans les oasis traditionnelles, au niveau des exploitations agricoles, la diversité génétique est
caractérisée par une monoculture variétale très rare. En effet seuls 6,7% des exploitants
enquêtés dans la zone d’étude ont de la Deglet Nour à 100%. Le nombre de variétés par
parcelle varie entre 1 à 16.
Cette étude montre que les causes de la dégradation génétique du palmier dattier sont
principalement d’ordre économique. En effet la production est orientée vers un marché
dominé par quelques variétés, particulièrement la Deglet Nour qui est très bien cotée aussi
bien sur le marché national qu’international vu sa haute qualité dattière. Cette variété apporte
une forte valeur ajoutée grâce à des prix incitatifs et une organisation de la filière. Le
changement d’habitudes alimentaires, dans la région aussi bien que dans l’ensemble de la
Tunisie, a également contribué au délaissement des variétés communes de dattes.
Une autre cause de la dégradation de la diversité génétique phoenicicole est le morcellement
des exploitations qui fait que les faibles superficies (0,5 ha en moyenne) ne permettent pas la
plantation d’autres variétés.
Incités par les prix attractifs du marché, les petits producteurs remplacent souvent les palmiers
âgés par des pieds de Deglet Nour.
Le nombre de variétés identifiées dans la zone est de 55 variétés soit 1/5 du patrimoine
génétique phoenicicole tunisien recensé.
Cependant cette biodiversité se montre fragile, et la classification de ses variétés selon leur
importance dans la zone et leur répartition par exploitation montre que la classe des variétés
très rares est très importante. Cette classe regroupe 80% des variétés identifiées. Leur fragilité
réside dans le fait que ce sont des variétés qu’on retrouve chez peu d’exploitants et en nombre
très réduit (1 à 2 pieds au maximum).
37
La localisation de l’oasis de Degache à l’Est du Chott El Djérid et au pied du djebel de Bou
Hellel (prolongement du djebel Dghoumès), lui confère un climat favorable pour la
production de dattes de qualité.
Elle bénéficie d’une hygrométrie estivale qui serait la plus élevée de la région. La nature des
sols est favorable à la culture du palmier dattier.
La zone d’étude est caractérisée par une diversité génétique assez large. Le nombre et le type
de variétés existant varient d’une exploitation à une autre. Cette diversité reste cependant très
fragile car un nombre important de variétés (80% des variétés identifiées), sont classées
variétés rares et menacées. On les trouve chez peu d’agriculteurs et en nombre très réduit. Ces
variétés sont conservées surtout pour des raisons personnelles (héritage, valeurs affectives,
prestige, etc.). Une intervention pour la protection de ces palmiers s’impose afin de
sauvegarder le patrimoine génétique.
3.3.2- Oasis d’El Hemma
Un travail de diagnostic a été réalisé dans l’oasis de Hammet El Jerid. Il s’inscrit dans le cadre
d’une des activités du projet RAB98G31, «Gestion participative des ressources génétiques du
palmier dattier dans les oasis du Maghreb» 2006-2009, et de l’instauration d’une collaboration
entre ce projet et des associations et organismes non gouvernementaux, pouvant intervenir
d’une façon ou d’une autre au niveau de la conservation de ces écosystèmes.
Afin de réaliser ce travail impliquant plusieurs catégories de personnes, la méthode adoptée
est celle dite « Méthode Active de Recherche et de Planification Participatives » (MARP).
Caractéristiques de l’oasis :
L’oasis, dont le réseau hydraulique actuel a été réalisé en 1982, couvre une superficie totale
de 423 ha. Elle est composée de trois entités foncières : El Erg, M’hareb et Nemlette
correspondant chacune aux principales fractions sociales existantes. Elle compte près de 1 330
parcelles.
D’après les statistiques agricoles, l’occupation du sol de l’oasis est répartie entre les
différentes cultures comme suit : 109 265 pieds de palmier dattier répartis en Deglet Nour
(26%), Alig Khouat Alig (23%) et variétés communes (51%) ; arbres fruitiers (7 750 pieds
d’olivier, vignes, grenadiers et autres espèces) ; cultures maraichères pratiquées sur 70 ha et
cultures fourragères sur 75 ha.
38
Diversité variétale du palmier dattier :
Une liste des variétés de palmier dattier cultivées ou signalées à El Hamma est dressée. Cette
liste comporte 55 variétés. Sur les 55 variétés listées par les agriculteurs, 40 sont connues dans
la région et 15 sont spécifiques à l’oasis d’El Hamma. Ces variétés sont :
-
Deglet nour
Ghars mettigue
Hamra
Aligue
Khouat aligue
Chekenet essad
Sebaa bedhraa
Gondi
Boufegous
Kenta
M’ghaiba
Kentichi
Tazerit soda
Tazerzit safra
Khalt dhahbi
Kharroubi
Arechti
Khalt gbir
Lagou
-
Om lan
Boumerzoug
Om laghlaz
Chedakh
K’sebba
Khalt mkhasseb
Yemyouli
Gasbi
Bouaffar
Angou
Deglet senaga
Remtha
Khalt jallouli
Beser Ragga
Bidh hamam
Halwaya
Bejou
Beser helou
Ammari
-
Khalt sokkar
Sbaa arous
Gabbouri
Malti
Fehal
Khadhraya
Mokh begri
Deglet zaouch
Sabounia
Meftah
Naffakha
Yatima
Khonfes
Ras hanech
M’ouachem
Bent telba
Garguiti
Les variétés cultivées diffèrent au niveau de l’oasis d’un secteur à l’autre. En effet, la variété
Deglet Nour est concentrée au niveau de Nemlette et M’hareb (jar Elhofra) et représente
environ 90 % de l’effectif total dans l’oasis. Besser Helou est dominant au niveau de Jar
Essbakh et Jar Elerg. Ce dernier est caractérisé par une densité importante des variétés dites
communes avec environ 300 pieds/ha. La variété Khouat Aligue domine au niveau de Jar El
Ghedrawa.
Le diagnostic participatif mené à El Hamma vise entre autres objectifs, la caractérisation de
la diversité génétique du palmier dattier. Il a permis de constater :
- une importante diversité génétique du palmier dattier (55 variétés identifiées), mais
plusieurs sont menacées de disparition ;
- une bonne connaissance de la diversité génétique par les agriculteurs et un attachement
particulier à des variétés de second ordre qu’ils veulent promouvoir (Kenta, Besser helou,
Boufegous, etc.).
39
4- Inventaire des semences oasiennes
4.1- Dans l’oasis de Chenini Gabès
Le travail d’inventaire des semences, a été réalisé dans le cadre de deux projets consécutifs
dans le temps : Le projet de gestion durable des semences de l'oasis « Bioasis: Sauvegarder la
biodiversité de l'oasis de Chenini », et le projet «Gestion des semences oasiennes
"PACO/Agir" ». Les deux projets ont été mis en œuvre par l'ASOC avec Cives Mundi et le
financement de l'Agence Espagnole de Coopération Internationale pour le Développement
(AECID).
Des suivis ont été réalisés durant
les saisons : 2009-2010, 20102011 et 2011-2012 pour évaluer
les quantités des semences
produites et échangées entre les
paysans oasiens.
Durant la saison 2009-2010,
seulement neuf espèces ont étés
suivies, la production totale était
de 493.9 kg et la production la
plus élevées est enregistrée pour
le persil avec un total de 163.5 kg
et une moyenne de 20 kg de
semences par producteur.
Figure 11 : Production de semences d’oignon à l’oasis de chenini
ESPECES
PRODUCTION
EN KG
NOMBRE DE
PRODUCTEURS
MOYENNE PAR
PRODUCTEUR
Persil
Radis
Laitue
Blette
Navet
Carotte
Luzerne
Sorgho
Piment
163.5
134
66
35.5
34
26
23.6
5.75
5.55
8
5
6
2
2
2
2
1
2
20.44
26.8
11
17.75
17
13
11.8
5.75
2.775
Total de semences produites
493.9
Tableau 14 : Production des semences par les agriculteurs, saison 2009-2010
Durant la saison 2010-2011, le nombre d’espèces suivies est de 22 espèces et la production
totale atteinte est de 699 kg. La plus haute production de semences enregistrée concerne la
luzerne avec un total de 143 kg et une moyenne de 20 kg par producteur.
40
ESPECES
PRODUCTION EN
KG
NOMBRE DE
PRODUCTEURS
MOYENNE PAR
PRODUCTEUR
Luzerne
Gombo
Laitue
Radis
Oignon
Navet
Blette
Persil
Concombre
Céleri
Poireau
Aneth
Corète
Coriandre
Courge
Courgette
Carotte
Chou pommé
Piment
Chou rave
143
0.25
16
77.55
65
46.35
108.5
80.5
15.9
25.5
61.25
15.5
7
18
2.4
0.3
3.5
0.45
11
1.5
7
1
19
14
16
15
15
10
20
8
16
7
3
5
4
2
2
2
3
2
20.4
0.3
0.8
5.5
4.1
3.1
7.2
8.1
0.8
3.2
3.8
2.2
2.3
3.6
0.6
0.2
1.8
0.2
3.7
0.8
Total de semences produites
699.45
Tableau 15 : Production des semences par les agriculteurs, saison 2010-2011
Les prévisions de la production des semences pour la saison 2011-2012, d’après les
estimations basées sur les superficies semées, sont calculées sur la moyenne des deux
années précédentes.
ESPECES
PRODUCTION EN
KG
NOMBRE DE
PRODUCTEURS
MOYENNE PAR
PRODUCTEUR
Luzerne
Gombo
Oignon
Poireau
Concombre
Radis
Salade
Persil
Choux rave
Piment
Blette
Corète
Coriandre
Courgette
Aneth
Courge
Melon
Fève
Tomate
Céleri
Navet
Fenouil
27
0.2
46.25
146
14.5
62
26.25
65.5
2.2
8.5
81
1
50
1.5
9
1
0.5
20
1
9
15.5
2
4
1
11
11
11
15
20
8
6
6
11
2
4
2
5
2
1
1
3
5
8
1
6.8
0.2
4.2
13.3
1.3
4.1
1.3
8.2
0.4
1.4
7.4
0.5
12.5
0.8
1.8
0.5
0.5
20.0
0.3
1.8
1.9
2.0
Total de semences produites
589.9
Tableau 16 : Production de semences par les agriculteurs, saison 2011-2012 (Prévisions)
41
Figure 15 : Agriculteurs producteurs de semences (oasis de chenini)
4.2- Dans l’oasis d’El Ferch Tataouine
Le présent projet, intitulé «Production des Semences paysannes et évaluation de ce patrimoine
génétique dans d’autres oasis et périmètres irrigués de la région de Tataouine » réalisé de
2006 à 2010, rentre dans le cadre de la stratégie de développement durable et de lutte contre
l’érosion génétique des espèces cultivées dans les oasis de Tatouine.
Ce projet visait principalement à soutenir les paysans oasiens pour assurer la valorisation et la
préservation des ressources phytogénétiques en espèces végétales traditionnellement cultivées
dans l’oasis d’El Ferch. Il concerne les oasis et périmètres irrigués de la région de Tataouine
menacés par les phénomènes d’érosion génétique des espèces cultivées.
Il comprend principalement une composante valorisation des résultats de recherches, dont la
réalisation sera confiée à l’Institut des Régions Arides (IRA) de Médenine, et une composante
développement, visant le renforcement des capacités des paysans, qui a été réalisée
directement par le GDA avec un appui technique du projet de développement du sud
(PRODESUD) et du CRDA de Tataouine.
Le projet s’est focalisé sur deux espèces maraîchères principales : le piment et la carotte
produites localement. Il a permis d’initier un échange des semences de ces deux espèces entre
les agriculteurs locaux ainsi qu’un travail de purification des semences.
42
Figure 16 : Vue de l’oasis d’El Ferch
5- Etat de la Biodiversité des plantes aromatiques dans les oasis
tunisiennes
5.1- Dans l’oasis de Chenini Gabès
Ce travail a été réalisé dans le cadre d’un stage de Licence de 3ème année Biologie,
Environnement (Parcours : Ecologie-Aménagement) à l’Université de Lorraine d’une
étudiante française parrainée par l’ASOC sous la direction d’un chercheur de l’IRA. Il s’agit
d’une enquête réalisée chez des ménages (en majorité auprès des femmes oasiennes).
Un répertoire de 10 espèces différentes appartenant à 5 familles distinctes a été réalisé. La
menthe a été recensée dans l’oasis sous quatre variétés différentes. La citronnelle et la
marjolaine ont été observées 1 fois, la coriandre, le romarin et le thym 2 fois, la lavande, le
persil plat et la rose arabe 3 fois, le Pélargonium (Atrchia) 6 fois, et la menthe (Naânaâ) a été
observée dix fois.
Les usages de ces plantes sont
en majorité condimentaires.
Certaines espèces ont des
vertus
médicinales
non
négligeables, toutefois, peu de
personnes à Chenini utilisent
ce mode de soins aujourd’hui.
Dans la majorité des cas, la
consommation est personnelle.
Peu de personnes vendent leurs
productions sur les marchés.
En effet, les conditions
oasiennes actuelles et le
manque d’eau en particulier ne
facilitent pas la culture à
grande échelle et donc la vente
Figure 17 : Champs de menthe (oasis de Chenini)
43
au grand public. Certains chiffres ont toutefois pu être collectés pendant les entretiens. La
menthe (Naânaâ) est vendue à 1 dinar tunisien le kg. Sur une superficie cultivée d’environ 1
are on peut produire entre 50 et 60 kg. De même pour le persil (Maâdnouss), et la coriandre
(Tabel) le prix du kg avoisine 1 dinar tunisien.
ESPECE
Cymbopogon citratus
Coriandrum sativum
Lavandila sp
Origanum majorana
Mentha sp
Pelargonium capitatum Ait
Petroselinum crispum var. neapolitanum
Rosmarinus officinalis
Rosa gallica
Thymus capitatus
FAMILLE
Poacées
Apiacées
Lamiacées
Lamiacées
Lamiacées
Géraniacées
Apiacées
Lamiacées
Rosacées
Lamiacées
NOM LOCAL
Mantha
Tabel
Khezama
Mardkouche
Naânaâ
Atrchia
Maâdnouss
Klil
Ward arbi
Zaâtar
NOM FRANÇAIS
Citronnelle
Coriandre
Lavande
Marjolaine
Menthe
Géranium
Persil plat
Romarin
Rose
Thym
Tableau 17 : Espèces aromatiques répertoriées dans l’oasis de Chenini
5.2- Dans l’oasis de Bouchemaa
L’étude de la biodiversité végétale realisée dans l’oasis de Bouchemaa s’est interessée, entre
autres, aux espèces rares. Dans cette oasis cinq espèces condimentaires ont été recensées sur
un total de superficie de 16 ares. Les espèces les plus cultivées sont le persil (11 ares) suivi
par la menthe, puis l’épinard.
Espèce \ Zone
Ziadet
Persil
Coriandre (tabel)
Epinard
Aneth (chebt)
Menthe
Total
0.2
0.2
0
0
0
0.4
Rass El Ain Chraket
0.8
0
0
0
0
0.8
3.2
0
0
0
1.6
4.8
Rogaat El
Henna
1
0
0.2
0
1.2
2.4
Henchir Sebkha
2.2
0.4
0.4
0.4
0
3.4
3.8
0
0.2
0
0
4
Total
11.2
0.6
0.8
0.4
2.8
15.8
Tableau 18 : Espèces condimentaires et aromatiques dans l’oasis de Bouchemaa
6- Etat de la biodiversité des plantes sauvages dans les oasis
tunisiennes
Certaines espèces particulières sont présentes dans les oasis littorales. Le prosopis
stephaniana est une plante classée sur la liste rouge des espèces menacées de disparition, ses
derniers sites du sud tunisien où on peut la rencontrer sont les oasis de Gabès. Astragalus
tenuifoliosus, Dactylis glomerata, Cenchrus ciliaris et Gomphocarpus fruticosus sont des
espèces qui deviennent rares et ne se rencontrent qu’à proximité des oasis.
D’autres sont souvent citées pour des intérêts ou usages particuliers comme Launaea
resedifolia et Lycium arabicum, très appréciées comme fourrage par les caprins. Nitraria
retusa, Peganum harmala, Plantago albicans et Polygonum equisetifore présentent un intérêt
médicinal pour les populations locales. Le Tamarix gallica est souvent utilisé comme brisevent et pour la fixation des dunes de sable invasif.
44
L’état des espèces végétales sauvages autour et dans les oasis cotières révèle une richesse
considérable : 91 espèces de plantes sauvages ont étés recencées.
NOMS COMMUNS
Arthrocnème
Arnébia décombante
Atriplex
Astérisque nain
Anacyclus
Atractylis
Ail
Asperge hérissée
Asphodèle
Argyrolobe uniflore
Astragale épineux
Adonis denté, Goutte de
sang
Astragale (Astragalus des
chèvres)
Anarrhinum à courtes
feuilles
Bugrane
Cenchrus cilié
Carotte de la Syrte.
Coris de Montpellier
Cistanche violet
Calycotome soyeux
Diplotaxis harra
Diplotaxis de Syrte.
Emex épineux
Fer à cheval cornu.
Ficoïde glaciale
Ficoïde nodiflore
Fausse vipérine
frutescente
Hyparrhenia hérissée
Halocnème à petits cônes
NOMS LATINS
Arthrocnemum indicum (Willd.). Moq. = A.
macrostachym (Moric.) Moris.
Arnebia decumbens (Vent.) Coss. et Kral
Atriplex Atriplex halimus
Asteriscus pygmaeus Coss.
et Kral. = Odontospermum pygmaeum Neck
Anacyclus cyrtolepidioides Pontel = A.
Alexandrina Batt. Non Willd
Atractylis serratuloides Sieb.
Allium roseum
Asparagus stipularis
Asphodelus tenuifolius Cavan
Argyrolobium uniflorum (Deene.) Jaub. et
Spach
Astragalus armatus Willd
L G’taf
Mousmar Laredh
Aire de
Distribution*
Aut.
Aut.
Cosm.
Aut.
Kraa Djaja
End. S.S.
Sarr
Azoul
Aut.
End. N.A.
Aut.
Aut.
Tazia
Reguigua bel groun
Aut.
Kettat
Aut.
Aut.
Astragalus caprinus L
Reguigua bel groun
Aut.
Anarrhinum brevifolium Coss
jefjef
Aut.
Ononis natrix L
Cenchrus ciliaris L
Daucus Syrticus
Coris. monspeliensis
Cistanche violacea (Desf.) Beck
Calycotome villosa (Poir.) Link
Diplotaxis harra (Forsk.) Boiss.
Diplotaxis simplex (Viv.) Spreng. = Diplotaxis
virgata ssp. syrtica Murb
Emex spinosus
Hippocrepis biocontorta Lois
Mesembryanthemum critallinum L.
Mesembryanthemum nodiflorum
Echiochilon fruticosum Desf
Shem
Khothrat B’haiem
Aut.
Pt.
End. L.T.
Tartouth
Guandoul
Harra
End. N.A.
Aut.
Aut.
Mejjigh
End. Cy.
Ghassoul
Ghassoul
Aut.
Aut.
Aut.
Aut.
Yedma
Aut.
Hyparrhenia hirta (L) Stapf
Halocnemum strobilaceum (Pall.) M. Bieb
Helianthemum kahiricum Del
Impériale cylindrique
Jonc maritime
Jujibier
Koelpinia Pallas
Koeleria pubescente
Launée à feuilles de
réséda.
Imperata cylindrica (L.) P. Beauv
Juncus maritimus Lamk
Ziziphus Lotus (L) Desf
Koelpinia linearis Pal.
Koeleria pubescens (Lamk.) P. Beauv
Liseron
Lotier (Lotus de Crète)
Laurier rose
Luzerne maritime
H’madha
Adonis dentata L
Helianthème du Caire
Launée à feuilles étroites
NOMS
VERNACULAIRES
Aut.
Aut.
Reguigua bel
kramiss
Diss
Smar
Seder
Launaea resedifolia (L.) O. Kuntze
Launaea angustifolia (Desf.) Muschler = Z.
arabica Boiss
Convolvulus liniatus L
Lotus creticus L
Nerium oleander L
Medicago marina L
45
Aut.
Aut.
Aut.
Aut.
Aut.
Aut.
Aut.
Aut.
Khitaa
Defla
Aut.
Aut.
Aut.
Aut.
Luzerne à feuilles
laciniées
Linaire d’Egypte
Lyciet d’Arabie.
Marrube
Mauve des bois
Matthiola à longs pétales.
Nolletia
(Nitraire) Nitraria à
feuilles rétuses
Oursin épineux
Pergulaire tomenteuse
Plantain blanchâtre
Plantain corne de cerf.
Passerine à petites feuilles.
Passerine hirsute
Patience, Oseille
vésiculeuses
Pennisetum élancé.
Pituranthos à fleurs vertes
Pituranthos tortueux
Petite Luzerne
Renouée à tiges de prêle
Réséda blanc
Retam
Roseau à balai
Rhanterium
Réaumuria vermiculaire
Saligne à balai
Salicorne
Soude
Suaeda
Senecio corne de cerf.
Stipe géante
Sainfoin, « Sulla »
Sainfoin épineux.
Sparte
Tragan dénudé
Tricholone de ténériffe
(Tamaris) Tamarix de
Bové.
Tabac glauque
Vesce à fleurs solitaires
Vipérine
Zygophyllum blanc
Medicago laciniata (L.) Mil
Aut.
Linaria aegyptiaca (L.) Dum. Cours
Lycium arabicum Boise. = L. afrum Munby
Marrubium alysson L
Malva sylvestris
Matthiola longipetala (Vent.) D.C
Nolletia chrysocomoides (Desf.)
Khitâa
Sekkoum
Oum Erroubia
Khobbiza
Chandgoura
Aut.
Aut.
Aut.
Aut.
Aut.
Aut.
Nitraria retusa (Forsk.) Asch
Ghardegue
Aut.
Echinops spinosus L
Pergularia tomontosa L
Plantago albicans L
Plantago coronopus L
Thymelaea microphylla Coss
Thymelaea hirsuta (L.) Endl
Ynem
Ynem
Meknan
Methnan
Aut.
Aut.
Aut.
Aut.
Aut.
Aut.
Emex vesicarius L
Gourrissa
Aut.
Pennisetum elatum Hochst
Pituranthos Chloranthus
Pituranthos tortuosus (Coes.) Maire
Medicago minima Grufb
Polygonum equisetiforme S. et Sm.
Reseda alba L
Retam Retama reatam (Forsk.) Webb
Phragmites communis Trin
Rhanterium suaveolens Desf.
Reaumuria Vermiculata
Hamada scoparia = Arthrophytum scoparium
Pom.) Iljin = H. scoparium Pom
Salicornia arabica L. - S. fruticosa L. - S.
frutescente
Salsola tetrandra Forsk.
Suaeda mollis
Senecio gallicus L. ssp. coronopifolius (Desf.)
Maire
Stipa lagascae R. et Sch. Adem Gabès/
Oum Rokba
Aljane
Gouzzeh
Reguigua bel groun
Khitâa
Dhil Khrouf
R’tem
Ksab
Arfej
Oum Enda
Hedysarum Spinosissimum
Sulla
Aut.
Sparte Lygeum spartum L
Traganum nudatum Del.
Tricholaena Teneriffae Parl
Halfa mahboula
Aut.
Aut.
Pt.
Tamarix gallica L
Tarfa
Aut.
Jelbanet Tyour
Aut.
Aut.
Nicotiana glauca
Vicia monantha L
Echium pycnanthum Pomel = E.
angustifolium Lam
Zygophyllum album L
Oryzopsis miliacea (L.) Asch. et Schweinf.
Stipagrostis pungens Desf
Peganum harmala L
End. L.T.
Aut.
Aut.
Aut.
Aut.
Aut.
Aut.
Aut.
End. N.A.
Aut.
Remth
Aut.
H’madha
Aut.
H’madha
Suaeda
Aut.
Aut.
Gahouana
Aut.
End. Tn.
Aut.
Bougriba
Sbat
Harmel
Aut.
Aut.
Aut.
Aut.
* End. Tn. : Endémique tunisien, End. N.A. : Endémique Nord Africaine, End. L.T. : Endémique
Libyco tunisienne, End. S.S. : Endémique Sahara septentrionale, End. Cy. : Endémique depuis la
Cyrénaïque, Aut. : Autochtone, Cosm. : Cosmopolite, Pt. : Paléotropicale
Tableau 19 : Espèces végétales sauvages dans la région de Gabès
Source : Ministère de l’Environnement et du Développement Durable, CDCGE, 2010
46
7- Etat de la Biodiversité de la faune dans les oasis tunisiennes
Ce travail a été réalisé pour les oasis de Gafsa, qui sont classée GIAHS 2009.
La faune aquatique dulcicole de l'oasis semble réduite et n'est représentée que par des
protozoaires, quelques invertébrés et vertébrés et une espèce de poisson d’eau douce. La
faune terrestre de l'oasis est plus riche et est représentée par plusieurs groupes : Nématodes,
Annélides, Mollusques, Aranéides, Scorpionides, Myriapodes, Insectes, Reptiles et
Mammifères. Ces espèces ont une grande importance par leur rôle biologique et écologique et
leur impact sur les autres composantes biologiques de l'écosystème oasien.
Cette étude a permis de recenser, entre autres, de nombreux oiseaux vivants dans les oasis
d’une façon permanente ou temporaire, et de définir leur statut :
FAMILLES
Ardeidae
Ciconiidae
Accipitridae
Falconidae
Phasianidae
Rallidae
Burhinidae
Glareolidae
Scolopacidae
Columbidae
Cuculidae
Strigidae
Tytonidae
Caprimulgidae
Apodidae
Alcedinidae
Upupidae
Meropidae
Picidae
Alaudidae
Hirundinidae
Motacillidae
NOMS COMMUNS
Héron crabier
Héron bihoreau
Aigrette garzette
Héron cendré
Héron pourpré
Cigogne blanche
Milan noir
Busard des roseaux
Buse féroce
Faucon lanier
Faucon crécerelle
Perdrix gambra
Poule d'eau
Foulque macroule
Oedicnème criard
Courvite isabelle
Bécassine des marais
Tourterelle des bois
Tourterelle maillée
Coucou gris
Chouette chevêche
Hibou petit-duc
Chouette effraie
Engoulevent d'Europe
Martinet à ventre blanc
Martinet noir
Martinet pâle
Martin-pêcheur d'Europe
Huppe fasciée
Guêpier d'Europe
Torcol fourmilier
Cochevis huppé
Hirondelle de rivage
Hirondelle de fenêtre
Hirondelle de cheminée
Pipit des arbres
Pipit farlouse
Bergeronnette grise
Bergeronnette printanière
NOMS SCIENTIFIQUES
Ardeolla ralloides
Nycticorax nycticorax
Egretta garzetta
Ardea cinerea
Ardea purpurea
Ciconia ciconia
Milvus migrans
Circus aeruginosus
Buteo rufinus
Falco biarmicus
Falco tinnunculus
Alectoris barbara
Gallinula chloropus
Fulica atra
Burhinus oedicnemus
Cursorius cursor
Gallinago gallinago
Streptopelia turtur
Streptopelia senegalensis
Cuculus canorus
Athene noctua
Otus scops
Tyto alba
Caprimulgus europaeus
Apus melba
Apus apus
Apus pallidus
Alcedo atthis
Upupa epops
Merops apiaster
Jynx torquilla
Galerida cristata
Riparia riparia
Delichon urbica
Hirundo rustica
Anthus trivialis
Anthus pratensis
Motacilla alba
Motacila flava
47
STATUT*
MP
MP
H
H
MP
MP
MP
H
SNN
SNN
SNN
A
H
A
A
H
H
MN
SN
MP
SN
MP
SN
MP
MNN
MP
MNN
H
SN
MNN
MP
SNN
MP
MP
MNN
MP
H
H
MP
Pycnonotidae
Turdidae
Sylviidae
Muscicapidae
Paridae
Timaliidae
Laniidae
Corvidae
Oriolidae
Sturnidae
Passeridae
Fringillidae
Emberizidae
Bulbul des jardins
Rossignol philomèle
Agrobate roux
Rouge-gorge familier
Tarier pâtre
Rouge-queue noir
Rouge-queue de Moussier
Rouge-queue à front blanc
Traquet motteux
Traquet oreillard
Merle bleu
Merle noir
Merle à plastron
Grive musicienne
Rousserole effarvate
Rousserole turdoïde
Phragmite des joncs
Cisticole des joncs
Hypolaïs opaque
Hypolaïs ictérine
Fauvette des jardins
Fauvette grisette
Fauvette à tête noire
Fauvette mélanocéphale
Fauvette orphée
Fauvette passerinette
Pouillot véloce
Pouillot fitis
Pouillot de siffleur
Gobe-mouche gris
Gobe-mouche noir
Gobe-mouche à collier
Mésange maghrébine
Gobe-mouche nain
Cratérope fauve
Pie-grièche méridionale
Pie-grièche à tête rousse
Grand corbeau
Loriot d'Europe
Etourneau sansonnet
Moineau soulcie
Moineau domestique
Pinson des arbres
Serin cini
Linotte mélodieuse
Chardonneret élégant
Verdier d'Europe
Roselin githagine
Bruant proyer
Bruant striolé
Pycnonotus barbatus
Luscinia megarhynchos
Cercotrichas galactotes
Erithacus rubecula
Saxixola torquata
Phoenicurus ochruros
Phoenicurus moussieri
Phoenicurus phoenicurus
Oenanthe oenanthe
Oenanthe hispanica
Monticola solitarius
Turdus merula
Turdus torquatus
Turdus philomelos
Acrocephalus scirpaceus
Acrocephalus arundinaceus
Acrocephalus schoenobaenus
Cisticola juncidis
Hippolais opaca
Hippolais icterina
Sylvia borin
Sylvia communis
Sylvia atricapilla
Sylvia melanocephala
Sylvia hortensis
Sylvia cantillans
Phylloscopus collybita
Phylloscopus trochilus
Phylloscopus sibilatrix
Muscicapa striata
Ficedula hypoleuca
Ficedula albicollis
Parus teneriffae
Ficedula parva
Turdoides fulvus
Lanius meridionalis
Lanius senator
Corvus corax
Oriolus oriolus
Sturnus vulgaris
Petronia petronia
Passer domesticus
Fringilla coelebs
Serinus serinus
Acanthis cannabina
Carduelis carduelis
Caeduelis chloris
Bucanetes githaginea
Miliaria calandra
Emberiza striolata
A
MP
MN
H
H
H
H
MP
A
A
H
SN
H
H
MP
MP
MP
SN
MN
MP
MP
MP
H
H
MN
MP
H
MP
MP
MN
MP
MP
SN
A
SNN
SNN
MN
SNN
MP
H
H
SN
SN
SN
H
A
H
A
H
SN
* H : hivernant, SN : sédentaire nicheur dans les oasis, SNN : sédentaire nicheur dans les environs des
oasis et qui s'y observe régulièrement, MN : migrateur nicheur dans les oasis, MNN : migrateur
nicheur dans les environs des oasis et qui s'y observe régulièrement, MP : migrateur de passage, A :
accidentel
Tableau 20 : Liste des oiseaux associés à l’oasis de Gafsa
48
Parmi les reptiles, on compte 5 espèces de lézard, 3 espèces de serpent et 3 espèces de tortue :
REPTILES
Lézards
Serpents
Tortues
NOMS COMMUNS
Sceps ocellé
Acanthodactyle de bose
Mabuya d’Egypte
Tarente
Hemidactyle
Couleuvre viperine
Vipère des sables
Couleuvre de Montpellier
Tortue d’eau douce
Grenouille verte
Discoglosse peint
NOMS SCIENTIFIQUES
Chalcides ocellatus
Acanthodatylus boskianus
Mabuya Vittata
Tarentola mauritanica
Hemidactylus turcicus
Natrix maura
Cerates Vipera
Malpolon monspessulanus
Mauremis leprosa
Rana Saharica
Disglossus pictus
Tableau 21 : Liste des reptiles associés à l’oasis de Gafsa
Pour les Mammifères, il a été recensé 7 espèces différentes :
MAMMIFERES
Sanglier
Genette
Renard
Chauve-souris
Herisson
Rat noir
La souris
Gerbille commune
NOMS SCIENTIFIQUES
Sus Scrofa
Genetta genetta
Vulpes rupelli
Chiroptères
Hemiechinus aethiopicus
Rattus ratus
Mus musculus
Gerbillus campesrtus
Tableau 22 : Liste des mammifères associés à l’oasis de Gafsa
49
II- LA CONSERVATION DE LA BIODIVERSITE OASIENNE
1- La conservation des ressources végétales oasiennes
1.1- Conservation en collections végétales
De nombreuses stations de recherche dans le milieu oasien abritent des collections variétales
de palmiers et de fruitiers (CRRAO de Degache, Station IRA Kebili, Station IRA de Gabes).
La Banque de Gènes de Tunisie (BNG) s’est impliquée après sa création, au maintien et au
renforcement des collections variétales.
Une implication des associations et des paysans dans les efforts de conservation aurait un
effet bénéfique sur le patrimoine du fait de leur relation directe avec la flore oasienne.
L’implication de paysans dans la conservation de la biodiversité aiderait au maintien des
populations viables d’écotypes locaux dans leurs habitats naturels.
Le jardin de la biodiversité réalisé par l’ASOC comporte les principales espèces et variétés de
palmier et d’arbres fruitiers des oasis littorales.
Figures 18 et 19 : Jardin de la biodiversité de l’ASOC (oasis de chenini)
Il est le résultat de nombreux efforts de collecte et plantations de ressources végétales dans un
cadre respectant l’architecture et l’organisation de la parcelle oasienne. Il constitue une
ressource pour les agriculteurs en leur fournissant certains plants d’espèces ou de variétés
rares et un support pédagogique pour les écoliers et étudiants ainsi qu’un lieu d’attraction
touristique.
1.2- Conservation en musée
La conservation des espèces locales est souvent reliée au savoir-faire local et aux usages. Elle
pourrait se faire sous forme de semences (noyaux, grains) et d’illustrations dans des musées.
Un musée des arts locaux existe à Chenini. Il comporte certains produits et sous produits
oasiens et des semences oasiennes. Un autre musée a été récemment inauguré à Tozeur à
orientation touristique qui comporte une collection de plantes et d’animaux oasiens, ainsi
qu’une représentation historique de la région du sud tunisien.
50
1.3- Conservation in-situ
La sauvegarde du patrimoine local oasien est affichée comme priorité des institutions de
recherche, des associations de la société civile s’intéressant aux oasis (quelques 20 ONG
locales) et opérant dans le milieu oasien, ainsi que de quelques agriculteurs « conservateurs »
convaincus de l’importance du patrimoine local.
Le projet IPGRI (RAB 98/G13)
de gestion participative des
ressources phytogénétiques de
palmier dattier dans les oasis du
Maghreb, a initié un travail de
sauvegarde in-situ, et a oeuvré à
la réintroduction de certaines
variétés de palmier dattier
devenues très rares dans les
oasis, comme Menakher (oasis
de Tozeur) ou Mattata (oasis
littorale).
La conservation in-situ peut être
pratiquée dans les oasis. Pour
cela il convient de mettre à
contribution les organismes de
Figure 20 : Les Pêches de l’oasis : au cœur de la
conservation in situ
recherche à l’échelle régionale
afin d’identifier des exploitations à potentiel génétique local.
Les ressources génétiques phoenicicoles ont été préservées grâce aux pratiques traditionnelles
des agriculteurs de l’oasis qui jouent le double rôle de conservateur de la diversité agricole de
ce patrimoine et de sélectionneur de nouvelles variétés génétiques adaptées. Il s’agit de
poursuivre et de renforcer ces pratiques tout en appliquant les techniques agricoles modernes
dans une approche coordonnée et rationnelle.
2- Les risques pesant sur la biodiversité
Les différentes études de biodiversité végétale réalisées dans les oasis ont permis la réalisation
de la liste des menaces majeures qui pèsent sur la diversité biologique sous l’effet de la
pression anthropique qui est se manifeste sous plusieurs formes.
2.1- Les risques biotiques
Les facteurs biotiques qui menacent sérieusement la biodiversité génétique au niveau des
espèces et au niveau des variétés sont les suivants :
- La carence en eau ;
- Le faible entretien général des oasis, et en particulier la taille des arbres fruitiers ;
- Les choix orientés parfois vers des variétés introduites depuis d’autres régions et même de
l’étranger du fait de leur réputation de production et sans prendre en compte les caractères
d’adaptation aux conditions locales ;
- L’orientation sélective pour quelques variétés locales ayant une bonne compétitivité sur le
marché au dépend du groupe variétal autochtone ;
- Le manque d’attention aux bonnes conditions de transport et de manutention des fruits ;
51
- Le manque ou l’absence de circuits sûrs et stables pour la commercialisation des fruits
produits dans les oasis ;
- La déperdition des habitudes traditionelles de séchage et de conservation des fruits ;
- Le manque de disponibilité du matériel végétal pour sa propagation. Mise à part pour
l’olivier, l’inexistence de pépinières spécialisées pour la multiplication des espèces fruitières
locales, oblige les agriculteurs à s’approvisionner dans des pépinières du centre et du Nord, en
plants parfois inadaptés aux conditions oasiennes.
- La fréquence de problèmes phytosanitaires pour la plupart des espèces fruitières.
2.2- Les risques abiotiques
Les risques abiotiques qui pèsent sur la biodiversité végétale sont dûs à plusieurs facteurs
dont :
- La pollution industrielle émanant de la zone industrielle et surtout du groupe chimique
avoisinant la zone Est de l’oasis de Gabès (Ghannouche, Bouchemma, Chott Essalam…) ;
- L’urbanisation qui gagne des terrains aux dépends des parcelles agricoles ;
- L’extraction abusive du Legmi provoquant la mort de nombreux palmiers, surtout dans les
oasis littorales ;
- La salinisation des sols qui est due au mauvais entretien des drains et au manque de travail
du sol.
3- Les partenaires potentiels pour la conservation de la
Biodiversité
Il existe différents types de partenaires potentiels pour la conservation de la biodiversité dont
les rôles, les actions et les objectifs se complètent.
TYPE
LOCALISATION
NOMS
ONG
Oasis littorales
Oasis de Montagne
Oasis sahariennes
ASOC, GDA Metouia, GDA Bouchemma, GDA Kettana
ASM Gafsa, GDA El Guettar
GDA Degache, Club Unsesco El Hamma
Institutions de
Recherche et
de Formation
Institution
Nationale
Oasis littorales
Oasis sahariennes
Tunis
IRA, CFRA Zerkine
IRA, CRAO
BNG
Tableau 23 : Quelques partenaires d’évaluation et de conservation de la biodiversité
3.1- Associations oasiennes
Le tissu associatif dans les oasis tunisiennes est particulièrement riche. Certaines associations
ont pour objectifs la connaissance et la sauvegarde du partrimoine oasien local. Parli ces
assocaitions, on trouve, entre autres :
- Oasis littorales : ASOC, GDA Metouia, GDA Bouchemma, GDA Kettana
- Oasis de montagne : ASM Gafsa, GDA El Guettar
- Oasis sahariennes : GDA Degache, Club Unsesco El Hemma
52
3.2- Institutions de recherches locales
Le CRRAO (Centre Régional de Recherche en Agronomie Oasienne), ancien Centre de
Recherche Phoenicicole (CRPH), créé en 1984, mène des travaux de recherche agronomique
(fertilisation, pollinisation, irrigation) et élabore des méthodes de lutte biologique contre les
ravageurs des palmiers dattiers. Il s’occupe particulièrement de l’érosion de la diversité des
palmiers dattiers et a mis au point des techniques de multiplication in vitro des variétés rares
pour un stockage ex-situ.
Le Centre Sectoriel de Formation Professionnelle Agricole (CFRA Degache) en
phoeniciculture de Degache permet de former une main d’œuvre agricole spécialisée
supposée travailler dans la phœniciculture.
L’Institut des Régions Arides (IRA) comporte dans sa structure de recherche un laboratoire
(Laboratoire d'Aridoculture et des cultures oasiennes) qui s’intéresse, entre autres, aux
ressources végétales oasiennes. Sa tâche consiste dans le renforcement des travaux de la
caractérisation et de l'évaluation du patrimoine génétique dans les oasis et les lieux de
production du sud tunisien. Il cherche à multiplier et renforcer les collections de référence et à
améliorer les moyens de caractérisation du matériel génétique, notamment par des méthodes
biochimiques et par la biologie moléculaire et ce, afin de faciliter l'utilisation des ressources
phytogénétiques.
En plus du système oasien, qui comporte la majorité des espèces cultivées au Sud (Palmier
dattier, Grenadier, Olivier de table, Pistachier, Henné, Pêcher, Pommier, Agrumes, Luzerne,
etc.), le laboratoire s’intéresse également aux autres systèmes agricoles : irrigation avec puits
de surface et périmètres irrigués en milieu steppique (Millet, Pomme de terre, etc.), cultures
sous abris (Tomate, Melon, Autres cucurbitacées) et culures en sec (Figuier, Olivier, Orge,
fève, lentille, etc.).
L’IRA comporte 3 collections variétales : une au siège comportant des arbres fruitiers divers,
une à Kebili dédiée aux variétés de palmier dattier des oasis de Nefzaoua et une collection
variétale de palmiers et arbres fruitiers à Chenchou. Il collabore avec le CRDA régional et le
CFRA pour gérer et conserver une autre collection variétale de grenadier à Zerkine.
3.3- Banque nationale des gènes
La Banque Nationale des Gènes (BNG) a été récemmment créée à Tunis. Elle a pour tâches,
en collaboration avec les insitutions de recherches régionales, de réaliser les travaux suivants :
-
Inventaire des Ressources Génétiques (RG) arboricoles,
Caractérisation des RG en utilisant toutes les méthodes (morphologie, moléculaire….),
Conservation des RG,
Consolidation des acquis des institutions nationales en matière de conservation des RG,
Aider à la valorisation des RG,
Soutien des efforts des ONGs en matière de valorisation et conservation des RG.
Un ensemble de 514 variétés fruitières a été collecté et conservé dans les jardins botaniques à
travers le pays. Un nombre important de ces variétés et espèces proviennent des oasis ou des
zones arides environnantes.
Il existe 8 jardins botaniques spécialisés par espèce, dont un consacré au palmier dattier et aux
espèces fruitières oasiennes qui est installé à Tozeur.
53
Figure 21 : Banque Nationale de Gènes de Tunis
4- Les usages des sous produits de la biodiversité oasienne
La culture dont les sous produits sont les plus utilisés en zone oasienne, est incontestablement
le palmier dattier. La valorisation de ces produits et sous produits est commune à toutes les
oasis, certains usages diffèrents d’une zone ou d’une région à une autre. Les recueils réalisés à
partir des études de la biodiversité renseignent sur certains usages selon les oasis ou les types
d’oasis.
4.1- Dans les oasis littorales
Dans les oasis littorales, les usages des sous produits sont variés. Neufs usages, différents des
sous produits du dattier de 24 variétés locales, en plus des pollinisateurs, ont été repertoriés.
Ces usages concernent tous les sous produits tirés du palmier dattier : bois du stipe, palmes et
folioles.
Figure 22 : Valorisation des sous produits de palmiers : la vannerie
54
Usages
Variétés
Feliane
Khaddouri
Rochdi
Eguiwa
Kenta
Lemsi
Bouhattam
Ammari
Grin Ghazel
Dengui
Mattata
Smiti
Halwai Abiadh
Halwai dar
Rjeb
Halwai Hedhri
Halwai Zrig
Khatl Echine
Korkobbi
Ain Hanach
Hammouri
Sbaa Araiess
Maagli
Louzi
Temri
Chetoui
Dokkar
Couture
de
couffins
Legmi
Lif
bois
xxx
xx
xxx
xxx
xxx
xxx
Tapis
de
prière
éventail
couffin
xx
xx
x
xx
xx
xx
xx
xxx
xx
xx
xxx
xx
xx
xx
xx
xxx
xx
xx
xx
xx
xx
xxx
xx
xx
xx
xx
xx
xxx
xx
xx
xx
xx
xx
x
xx
xx
xx
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
xx
xx
xx
xx
xx
xx
xx
xx
xx
xx
x
xx
xx
xx
xx
xx
xx
xx
xx
xx
xx
x
x
x
xx
xx
xx
xx
xx
xx
xx
xx
xx
x
x
x
x
x
x
Clôture
xx
xx
xxx
xx
xx
xxx
xxx
x
x
x
x
xxx
x
xx
x
x
x
x
X
x
chapeau
x
xxx
xx
xx
x
x
xx
x
x
Tableau 24 : Usage des sous produits de palmier selon les variétés dans les oasis littorales
L’ASOC a lancé avec la coopértion italienne un projet de valorisation des déchets de palmier
dattier en les transformant en compost qui est distribué aux agriculteurs oasiens pour
améliorer la qualité organique des sols.
Figure 23 : Station de compostage de déchets de palmiers (ASOC, oasis de Chenini)
55
4.2- Dans les oasis de montagne
A Gafsa, certains sous produits des cultures sont utilisés dans l’oasis. Le palmier est la plante
la plus prisée pour ses sous produits divers, mais d’autres arbres fruitiers sont également
exploités pour divers usages. Par exemple, les branches et rameaux verts de grenadier sont
utilisés par les enfants pour confectionner des pièges à oiseaux (Fakha) profitant de leur
souplesse. Les grosses branches d’oliviers sont utilisées pour la fabrication des Chkabous.
Les principaux usages de sous produits du dattier sont les suivants :
- Stipe (tronc) pour les toits de maisons,
- Régimes utilisés comme balais,
- Palmes sèches découpées et taillées pour avoir de petites baguettes utilisées pour un jeu
très original appelé Sig.
- Folioles jeunes sèches pour la confection de couffins, nattes, éventails à main et
chapeaux.
4.3- Dans les oasis sahariennes
A Degache et El Hamma, les productions indirectes du palmier dattier comprennent le bois et
les palmes sèches entiers ou transformés et destinés à l’autoconsommation ou au marché.
Environ 22% des exploitants utilisent les troncs du palmier âgé et les palmes sèches pour la
construction (toitures, petites cabanes, portes) et l’équipement (tables, chaises, étagères et
lits).
La deuxième forme de valorisation utilise les palmes sèches comme brises vent et pour les
clôtures (délimitation de l’exploitation). Ces palmes constituent aussi une source de revenu
supplémentaire pour l’exploitant en les vendant aux services des forêts (protection de
l’environnement) qui les utilisent dans la lutte contre l’ensablement ou comme combustibles
aux bains maures (hammams) (7% des exploitants).
Certaines activités de valorisation sont spécifiquement réalisées par les femmes. Le tableau cidessous récapitule les sous produits utilisés, les variétés concernées et les produits artisanaux
réalisés principalement par les femmes.
TYPE DE
VALORISATION
Chapeau
Eventail
Panier
Sajada
(Tapis de prière)
VARIETES
UTILISEES
SOUS PRODUITS UTILISES
Besser Helou,
Kentichi, Ammari,
Hamra
Palmes jeunes (cœur du palmier) :
1 à 2 palmes par pied
Adila
Toutes variétés
Corde
Toutes variétés
Zembil
Toutes variétés
Palmes jeunes (cœur du palmier) :
1 à 2 palmes par pied
Lif
Palmes jeunes (cœur du palmier) :
1 à 2 palmes par pied
Tableau 25 : Usage des sous produits du palmier selon les variétés dans les oasis sahariennes
56
Les palmes jeunes de la variété Besser Helou diffèrent des autres par leur coloration. C’est
pourquoi cette variété est la plus utilisée dans la vannerie (fabrication des éventails, paniers,
tapis, chapeaux, corbeilles, sacs, adila). Les jeunes palmes sont prélevées du cœur du palmier
(2 palmes par pied au maximum). A défaut de la disponibilité du Besser Helou, les femmes
utilisent d’autres variétés que Deglet Nour, Alig et Okht Alig à cause de leur valeur
commerciale et des risques supposés pour les palmiers. En effet, l’extraction des jeunes
palmes d’un arbre fragilise celui-ci. Les exploitants de Degache refusent donc dde les arracher
de leurs palmiers, créant ainsi un sérieux problème d’approvisionnement pour les femmes
artisanes. Ces dernières doivent acheter, à prix assez élevé, leur matière première auprès des
commerçants ambulants venant des localités voisines : El Hamma, Chebika, Kébili, Tamerza,
Tozeur.
La commercialisation des sous produits de plamier se fait de deux manières : soit localement
pour une grande part, par vente directe au niveau de la maison (houche), soit auprès des
commerçants revendeurs de Tozeur.
5- La diversité des modes de conservation et de transformation
des dattes
5.1- Dans les oasis sahariennes
La conservation des dattes utilise une technique locale communément appelée Btayen. Après
lavage et séchage des fruits, on conserve les dattes enduites d’huile d’olive dans une peau de
chèvre. Les sachets ou les boites de lait sont également utilisées. La conservation directe dans
le réfrigérateur est souvent pratiquée.
Les variétés conservées sont surtout Deglet Nour, Ghars Metig, Goundi, Bou Faggous et Alig.
Les deux types de transformations, à savoir traditionnelle et industrielle, sont pratiquées à
Degache.
La pâte de datte (Aboud) est obtenue en utilisant de préférence les variétés Alig et Okht Alig.
L’Aboud est une pâte de datte consommée exclusivement par les femmes. Elle se prépare à
partir de toutes sortes de variétés communes. Les fruits utilisés proviennent généralement de
l’exploitation familiale. La commercialisation de l’Aboud se fait au village seulement entre
familles.
5.2- Dans les oasis littorales
Dans les oasis littorales, la conservation de dattes molles nécessite des techniques locales
comme le Cheddakh qui utilise les dattes Lemsi trés appréciées, surtout dans les oasis de
Chenini et Ghannouche.
La technique de dénoyautage est souvent pratiquée pour les variétés demi-molles comme
Kenta et Garn Ghazel.
Les dattes dénoyautées (Mfassi) sont souvent mélangées au Thym pour améliorer leur
conservation et leur goût.
57
Les techniques de transformation des dattes en Rob (Sirop de dattes) et pour la production du
vinaigre local est fréquente dans les zones oasiennnes littorales.
Le Legmi est aussi souvent consommé, que ce soit comme boisson fraîche, fermentée ou
transformé en Rob et vinaigre.
Figure 24 : Utilisation des dattes dans la patisserie, oasis de Chenini
58
III- LES RECOMMANDATIONS POUR LA SAUVEGARDE DE
LA BIODIVERSITE
Afin de limiter les menaces qui pèsent sur la faune et la flore oasienne et de sauvegarder la
biodiversité génétique, des actions doivent être menées à plusieurs niveaux par les acteurs
oasiens.
1- Au niveau des associations et de la société civile
 Etendre les inventaires de la biodiversité pour constituer des bases de données qui puissent
couvrir toutes les autres oasis ;
 Organiser à l’échelle national et du RADDO des visites d’échanges entre les agriculteurs
oasiens, notamment dans les oasis où sont menées des actions pilotes en matière de
sauvegarde de la biodiversité ;
 Impliquer les paysans dans la conservation in-situ de la biodiversité par le maintien des
populations, d’écotypes locaux dans leurs habitats naturels ;
 Evaluer et préserver le savoir-faire socioculturel relatif à l’utilisation des ressources
naturelles dans les oasis ;
 Conserver les variétés locales sous forme de jardins de biodiversité à l’égard de ce qui a été
réalisé dans l’oasis de Chenini ;
 Encourager les agriculteurs conservateurs à continuer les efforts de conservation in-situ des
variétés rares ;
 Promouvoir la commercialisation des produits végétaux par la création de points de vente et
la promotion du label Oasis.
 Lutter contre l’usage abusif des palmiers pour l’extraction du jus du palmier (Legmi) en
appliquant les mesures déjà existantes en matière d’interdiction et de pénalisation d’abattage
de palmiers ;
 Encourager les jeunes à poursuivre les activités de leurs parents afin de continuer à
réhabiliter et rénover les oasis ;
 Sensibiliser la population oasienne sur l’intérêt de la diversité afin d’aider à la préservation
in situ de la biodiversité ;
 Renforcer le tissu associatif concerné par la biodiversité dans les différentes oasis
tunisiennes et dans les autres pays abritant des écosystèmes oasiens, aussi bien en Tunisie
qu’à l’échelle du RADDO.
 Renforcer via le réseau RADDO, ou une autre palteforme, la dynamique de valorisation des
expériences entre les associations oasiennes et entre les oasiens.
59
2- Au niveau régional : Institutions de formation, de recherche et
de développement
 Contribuer à la résolution des problèmes quotidiens qui préoccupent les agriculteurs
(notamment les problèmes d’eau d’irrigation) en partenariat avec toutes les structures
gouvernementales et non gouvernementales ;
 Encourager la substitution de la monoculture variétale en Tunisie (Deglet Nour) par la
plantation d’autres variétés appropriées répondant aux besoins des agriculteurs ;
 Démarrer et renforcer des programmes de multiplication in-vitro des variétés autochtones et
menacées de la disparition ;
 Organiser des sessions de formation et de vulgarisation afin de montrer aux agriculteurs les
caractéristiques des variétés qui sont actuellement menacées et l’intérêt de leur préservation
sur le plan économique et social ;
 Encourager la multiplication et la protection des pieds mâles de palmier (Dhokkar), car dans
le futur, le manque de pollen pourrait créer des problèmes de pollinistaion, obligeant ainsi les
producteurs à en importer depuis d’autres régions ou pays ;
 Renforcer les programmes de conservation ex-situ et in-situ en vue d’assurer une meilleure
gestion de la diversité biologique existante, ainsi que la mise en place d’actions de
restauration du patrimoine biologique ;
 Soutenir et renforcer la conservation dans des musées sur l’exemple de ceux de l’oasis de
Chenini et de Tozeur en Tunisie, pour la conservation des espèces autochtones et du savoirfaire local ;
 Initier et renforcer les études qui traitent de la faune et flore oasiennes et dans les zones
limitrophes des oasis.
3- Au niveau National (Tunisie): BNG
 Renforcer les initiatives de conservation dans les jardins de biodiversité, tel que celui de
l’ASOC, par l’introduction et la multiplication de toutes les espèces végétales autochtones ;
 Inscrire la luzerne, le henné et la corète de Gabès dans la liste des espèces locales à protéger
par crainte de pollution génétique dûes aux importations et à l’introduction d’autres
semences ;
 Renforcer les efforts pour une meilleure connaissance des ressources génétiques oasiennes ;
 Publier et diffuser une liste des «variétés protégées» de palmier dattier par l’Etat ;
 Réaliser un inventaire de la faune sauvage complète dans les oasis ;
 Mettre en œuvre un programme de valorisation de produits et sous produits oasiens, cela
pourra également aider à la protection du patrimoine génétique arboricole, à sa réhabilitation
et la valorisation traditionnelle des produits oasiens.
60
CONCLUSION
Ce travail inclut autant les recherches réalisées par les institutions nationales chargées des
ressources phytogénétiques, que celles des différentes institutions opérant dans les oasis
(recherche, formation) et celles des associations oasiennes qui ont un grand rôle à jouer dans
ce domaine.
Il a permis de synthétiser et d’analyser huit études de biodiversité effectuées par les
associations : quatre dans les oasis littorales, de loin les plus riches en biodiversité, deux dans
des oasis sahariennes et deux dans des oasis de montagnes. L’une de ces études est consacrée
aux semences oasiennes et une autre traite plus particulièrement des plantes aromatiques dans
les oasis de Chenini.
Cette enquête a aussi permis d’étudier la liste de la faune présente dans l’oasis de Gafsa qui
fait partie des systèmes ingénieux SIPAM. Des approches d’usages des sous produits oasiens
ont été aussi présentées et analysées.
Il a été également pris en compte les expériences faites en matière de conservation des
ressources phytogénétiques sous ses différentes formes : in-situ, en collection variétale
végétale ou en musée pour ce qui est de la faune et des semences oasiennes.
De même, ce travail a dressé les risques présentés par les différentes études, ainsi que les
recommandations faites pour une meilleure gestion des ressources. Ces recommandations
s’adressent principalement à la population et aux paysans oasiens afin de multiplier les efforts
et les actions de conservation de la biodiversité oasienne, d’étendre les évaluations de la
biodiversité et les études des savoirs-faire (usages) à toutes les régions oasiennes.
L’analyse de ces études réunies montre que plusieurs espèces et variétés sont clairement
menacées de disparition. Parmi celles-ci on compte : le pêcher dans les oasis de Chenini, le
groupe des arbres fruitiers (abricotier, pêcher, prunier, poirier, pistachier, raisin de table,
néflier) dans les oasis de Gafsa, et certaines variétés de palmier dattier tel que Mattata dans
les oasis littorales et Boufaggous dans les oasis du Djerid.
Dans les oasis sahariennes et de montagne, on note aussi que de nombreuses variétés de
palmiers dattiers deviennent de plus en plus rares et sont menacées de disparition à long
terme, en raison de la forte tendance à la culture monovariétale de Deglet Nour.
On remaarque également que la région de Nefzaoua (région oasienne d’essort) est
relativement peu étudiée, à part des répertoires réalisés par l’Institut des Régions Arides sur le
palmier dattier et le figuier mais qui restent incomplets.
On déplore que peu d’études aient été réalisées sur la faune locale et notamment sur les
insectes. Ces insectes jouent un rôle essentiel et induscutable dans l’équilibre des écosystèmes
notamment pour la gestion des ravageurs et donc, l’état phytosanitaire des plantes cultivées et
sauvages. En outre, compte tenu des nombreuses menaces qui pèsent, actuellement et depuis
plusieurs années, sur les écosystèmes oasiens (pollution…), il est fort probable que des
espèces d’insectes soient fortement menacées d’extinction ou aient déjà disparu de ces
milieux fragiles.
La connaissance, la conservation et l’utilisation de ces auxiliaires pourraient constituer un
atout pour mettre en place des moyens de lutte biologique en faveur des cultures et ainsi,
favoriser l’équilibre de ces écosystèmes et donc la conservation de la biodiversité oasienne.
61
REFERENCES
- ASOC. 2004. Ressources génétiques de palmier dattier et usages des dattes et sous produits.
Diagnostic participatif dans l’oasis de Chenini. IPGRI-INRAT-IRA.
- ASOC. 2009. Etude de la biodiversité végétale dans le secteur de Bouchemaa EST. FEMPNUD 2009. PNUD-FEM.
- ASOC. 2012. Rapport d’inventaire des semences. Projet PACO-AGIR : Gestion des
semences locales dans l’oasis de Chenini. ASOC-RADDO-CIVES-MUNDI. 2012.
- Ben Salah M. 2011. La palmeraie de Gabès. Issued by Phoenix Project, France-Italy 2011
- Ben Salah M. 1992. Premier répertoire des variétés de palmier dattier dans les oasis littorales
tunisiennes. Séminaire les oasis en Tunisie : Patrimoine Mondial : Fédération Tunisienne des
Clubs UNESCO, ALECSO Chenini- Gabès du 27 au 30/12/1992.
- Ben Salah M. et Rhouma A. 2008. Etat de la diversité arboricole de l’oasis historique d’El
Kasba de Gafsa. Projet : “Conservation de la diversité génétique arboricole dans l’oasis
historique de Gafsa (oasis d’El Kasba)” TUN/OP3/2/06/02. ASM Gafsa (Association pour la
Sauvegarde de la Medina de Gafsa-FEM Fonds pour l'Environnement Mondial-Programme de
Micro-Financements
- Ben Salah M., Ferchichi A. et Jeder H. 2001. Etude de la biodiversité végétale dans l’oasis
de Chenini-Gabès, ASOC, PNUD-FEM/PMF, 87p.
- Estivin A. E. 2000. Itinéraires techniques des cultures maraîchères en milieu oasien (Oasis
de Gabès, Tunisie). Mémoire d’Obtention de Diplôme d’Ingénieur des techniques agricoles.
Ecole Nationale d’Ingénieurs des Travaux Agricoles (ENITA) France- Institut des Régions
Arides (IRA) Tunisie. 42 pages.
- GDA Bouchemma. 2007. Etat de l’oasis de Bouchemma : problèmes et solutions. Rapport
de Diagnostic Participatif. FEM 2007.
- GDA Kettana1. 2009. Orientations de développement agricole oasien dans l’oasis littorale
de Kettana. Diagnostic participatif pour l’établissement d’un projet de développement du
secteur Kettana1. FEM/CRDA 2009.
- GDA Kettana1. 2010. Etude de l’état de la biodiversité végétale de l’oasis de Kettana Gabès. GDA Kettana1. FEM-PNUD 2010.
- Haj Naceur A., Boukraa C. et F. Ben Hmida. 2002. Inventaire de la biodiversité végétale
dans l’oasis de Metouia. GDA Metouia-FEM-PNUD.
- Riviere L. 2012. Inventaire et fonction d’un échantillon de plantes aromatiques cultivées
dans l’oasis de Chenini-Gabès. Rapport de stage Licence 3ème année Biologie,
Environnement - Parcours Ecologie-Aménagement. Université de Lorraine. Association de
Sauvegarde de l’Oasis de Chenini sous la direction de Mohamed Ben Salah.
62
ANNEXES
ANNEXE 1 : TERMES DE REFERENCES
Préparation d’une note de concept
sur la biodiversité oasienne et son étude en Tunisie
RADDO
-Objectif du travail à faire :
Le besoin de capitalisation de toutes les actions réalisées dans le domaine de l’inventaire, de
la sauvegarde et de la conservation des ressources génétiques oasiennes, est ressenti à tous les
niveaux.
Il nécessite un effort de collecte de l’information, sa mise en forme et sa diffusion pour
renforcer les moyens, orienter les efforts (par priorités) et diffuser les acquis à tous les
utilisateurs.
La volonté d’entamer une capitalisation de l’état des lieux de la biodiversité oasienne en
milieu paysan en Tunisie et de définir une approche pour améliorer sa connaissance, son suivi
et sa préservation, sont les objectifs du présent travail. Il s’intéresse à tous les efforts réalisés
et programmés de la recherche, du développement et du travail associatif ainsi que leurs
impacts vis-à-vis de notre cible principale : les producteurs.
Il est attendu que l’ensemble des études réalisées soit utilisé comme base de travail qui sera
complétée afin d’initier une procédure de travail.
-Etapes du travail :
L’étude comportera plusieurs étapes :
i. Identifier l’intérêt de la conservation de la biodiversité pour les producteurs (notre cible
principale) et les oasis :
Recueillir les dires de producteurs sur les contraintes et avantages de la biodiversité et
de sa conservation : intérêt de préserver les variétés pour le travail agricole, impact dans
leur travail de la perte de biodiversité, l’intérêt et les contraintes des nouvelles variétés
ii. Faire un état des lieux du travail de conservation existant dans les oasis tunisiennes par
les centres de recherche ainsi que par les associations oasiennes :
- Identifier les projets de préservation de la biodiversité et analyser ce qui a réussi,
ce qui n’a pas fonctionné ainsi que les besoins et les attentes dans ce domaine ;
- Enquêter auprès des bénéficiaires pour recueillir leur avis sur la préservation de
la biodiversité et l’intérêt des projets ;
63
- Une attention particulière sera portée au projet de production de semences de
l’ASOC à Chenini. L’état des lieux devra en plus recenser le savoir-faire acquis
par l’ASOC en termes de multiplication de semences et les résultats obtenus.
iii. Faire ressortir les questions qui restent en suspend dans le domaine de la conservation
et définir les axes de travail à venir pour le secteur et ses acteurs.
-Résultats attendus :
Un rapport écrit de 45 pages maximum illustrées de photos et portant sur le travail réalisé
suivant les activités citées précédemment et une partie analyse et recommandations. Il devra
permettre d’avoir une meilleure conscience de l’état de connaissance de la biodiversité
existante en milieu oasien ainsi que des efforts à faire en matière de conservation, autant sur le
plan institutionnel que sur le plan des acteurs de la société civile dont les associations de
développement et le milieu paysan. Les annexes porteront sur la liste des personnes
rencontrées et leurs coordonnées, la liste des sites étudiés ainsi que sur divers aspects
techniques selon les besoins.
64
ANNEXE 2 : LISTE DES PERSONNES RENCONTREES
NOMS ET PRENOMS
FONCTION
Hamrouni Abdelbacet
Président de l’ASOC
Zammouri Ridha
Président GDA Kettana1
Loumirem Samir
Chercheur IRA Medenine
Abelali Naceur
Président du Groupe Arboriculture fruitière BNG
Ferchichi Ali
Chef du département de recherches LACO-IRA
Abdallah Ben Khlifa
Président GDA Enouail
Namsi Ahmed
Président Club Unesco Nafta
Rhouma Abdelmajid
Chercheur, CRRAO Degache
65
ANNEXE 3 : RECAPITULATIF DES ETUDES
D’INVENTAIRES DE LA BIODIVERSITE DANS LES OASIS
DU SUD TUNISIEN
OASIS
PRODUCTION
DOMINANTE
ANNEE
DE
L’ETUDE
TYPE
Chenini
Production
végétale
2001
Echantillonnage
(125 exploitations)
Bouchemma
Production
végétale
2007
Exhaustif
(276 exploitants)
60
145
Gafsa
(Gasba)
Arboriculture
Exhaustif
56
140
Kettana
Arboriculture
Exhaustif
(133 exploitants)
98
423
El Guettar
Palmier dattier
Metouia
Production
végétale
2002
Echantillonnage
(90 exploitants)
Degache
Palmier dattier
2002
Diagnostic
participatif
863
El Hemma
Palmier dattier
2003
Diagnostic
participatif
400
2009
SUPERFICIE SUPERFICIE
EXPLOREE
TOTALE
(ha)
(ha)
170
Echantillonnage
(100 exploitants)
66
427
270
270
ANNEXE 4 : RECAPITULATIF DES PRINCIPALES
CARACTERISTIQUES DES ETUDES DE BIODIVERSITE
REALISEES PAR LES ASSOCIATIONS OASIENNES
OASIS
Chenini
Caractéristiques
favorables à la
Biodiversité
Tissu associatif riche
Tradition touristique
Caractéristiques
menaçant la Biodiversité
Faible disponibilité en eau
Morcellement du foncier
Abandon des parcelles
Bouchemma Disponibilité en eau
Vieillesse des propriétaires
Pollution de proximité
Abandon des parcelles
Changement de propriété
Présence de femmes
agricultrice
Eau suffisante
Vieillesse des propriétaires
Kettana
Spécialisation en arbres
fruitiers et cultures fourragères
Abandon des parcelles
Metouia
Facilité de commercialisation
Gafsa
Liste d’espèces menacées et
en cours de disparition dressée
Fertilisation abondante
Travail du sol adéquat
Fort tissu associatif
Perspectives de tourisme
Oasis à arboriculture
Elguettar
Présence d’une ancienne
Foggara
Morcellement du foncier
Prix elevé de l’eau
Tissu associatif faible
Degache
Savoir faire local
Palmier dattier dominant
Manque d’intérêt aux variétés
communes
Savoir faire local
Palmier dattier dominant
Manque d’intérêt aux variétés
communes
El Hemma
67
Etat de la Biodiversité
Richesse en variété de
palmier…
Richesse en étage
arboricole
Richesse en maraichage
Existence de certaines
variétés menacées de
disparition
Risque de perte de
variétés locales (palmier,
pêcher, vigne)
Abondance de la culture
d’agrumes et de grenadier
Produit de terroir
Perte de l’étage palmier
Elevage abondant (source
de fumier)
Risque de déperdition de
variétés de palmier et
d’arbres fruitiers
Riche biodiversité
arboricole
Non dominance d’une
espèce
Riche biodiversité
phoenicicole :
22 variétés de dattier
Riche biodiversité
phoenicicole
Usages des sous produits
de dattier
Présence de dattes de
qualité (Deglet Nour)
Présence de dattes de
qualité (Deglet Nour)
Présence d’une richesse
arboricole
ANNEXE 5 : LISTE DES ESPECES VEGETALES DE LA
ZONE COTIERE DU SUD TUNISIEN DECRITES OU
REPERTORIEES DANS LES TRAVAUX
ESPECES
VARIETES DECRITES
OLIVIER A
HUILE
Zarazzi, Nabli, Merhavilla, Leccilio,
Franttoio, Chemchali Sfax, Chemchali
Kabilye, Zalmati Zarsisse, Chemlali
Jerba, Morallo, Chemcheli Gafsa, Neb
Jmel, Guillaume (Oueslati)
OLIVIER DE
TABLE
Barouni, Ascolane, Picholine, Lucques,
Coratina, Sevillane, Tanche,
Manzanille, Marsaline, Salonenque,
Sigoise, Saint Augustino, Meski,
Verdale, Grossane
VIGNE DE
TABLE
Mdina, Saoudi, Bazzoul Kalba ahmar,
Bazoul Kalba akhdar, akhal,
Mguergueb, Khalt, Meski
GRENADIER
VARIETES REPERTORIEES
Guebsi, Tounsi, Zehri, Garoussi
PECHER
(variétés population)
Falougui, Asfar, Ahmar, Bedri, Mazouzi
PALMIER
(Oasis littorales)
Besser helou, Chétoui, Dengui, Gosbbaa,
Halwai asfar, Halwai bousaid, Halwai dar
rjeb, Halwai jebnoun, Halwai zrig
Hammouri, Hargy, Khachem bhime,
Khaddouri, Khalt chine, Khalt zwaiel,
Louzi, Maagli, Nafoukhi akhdar,
Nafoukhi asfar, Rtobb abyad, Rtobb
asfar, Rtobb, Hammouri, Tamri,
Nefzaoui, Bramel, Chekkane, Mougali,
Arich, Ain Hanech, Dengui,Temri, Sbaa
Areiss, Mogzazi, Baht , Rotbai, Horra,
Hammouri, Bramel
Chakkane, Dengui
Ammari, Bouhattam, Eguiwa, Féliane,
Ftimi, Garn Gazel, Halwai abiadh,
Kenta, Korkobbi, Ksebba, Lemsi,
Mattata, Mermella, Rochdi, Smiti
68
ANNEXE 6 : LISTE DES ESPECES CONSERVEES AU
NIVEAU DES 8 JARDINS BOTANIQUES ET
NOMBRE DE VARIETES
ESPECES
NOMBRE DE VARIETES
Abricotier
22
Vigne
157
Olivier
43
Amandier
50
Pistachier
10
Agrumes
43
Palmier dattier + Arbres fruitiers (oasis)
169
Grenadier
20
Total
514
69
ANNEXE 7 : VARIETES DE FIGUIER REPERTORIEES ET
DECRITES DANS LES OASIS
REPERTORIEES OU
DECRITES
OASIS
VARIETES DE FIGUIER
GAFSA
Saoudi, Soltani, Gaa Ziz, Khaddouri
Décrites
KEBILI
Tbessi, Souadi, Boujleda, Limi, Khaddouri,
Jbeli
Décrites
CHENINI
GABES
Jebali, Bayoudhi, Khaddouri, Nourchi,
Slatni, Bither Akdhar, Saoudi, Zidi
70
Répertoriées
ANNEXE 8 : VARIETES DE PALMIERS DATTIERS
COLLECTIONNEES DANS LA PARCELLE
ATILET-KEBILI DE L’IRA
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
VARIETES
Gosbi
Cheddakh ben Gbir
Kenta
Halwa hamra
Malti
Halwa Safra
Chaddakh
Hamraya
Om Ennes
Chebh Degla
Akhouet Alligh
Rtob
Chebh Gonda
Chebh Hamra
Chaddakh Maa
Lagou
Mdaouar
Rtob Arigh
Besr Zaied
Ksebba
Chebh Hessa
Chebh Horra
Bidh Hamam
Guebsi
Om Essaied
Bajou
Hessa
Alligh
Bessr Helou
Khalt
Sninet Jaddi
Rtiba
NOMBRE DE PIEDS
11
3
1
1
1
1
2
2
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
2
1
1
1
2
2
2
3
1
4
8
1
1
1
71
33
34
35
36
37
38
39
40
41
42
43
44
4
2
2
1
6
1
3
2
2
3
1
1
Fermla
Ghars Souf
Rtob Houdh
Adhimet Hanach
Horra
Sninet Meftah
Marmar
Rtibet Sadi
Chebh Helou
Korkob Chetoui
Hlima
Ammari
72
ANNEXE 9 : VARIETES DE FIGUIER COLLECTIONNEES
A L’IRA DE MEDENINE
NOMS DES VARIETES
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
33
34
35
36
37
38
39
40
41
42
43
44
45
46
47
48
49
50
51
52
53
54
Tayouri akdar
Hamouri
Safouri
Sawoudi
Bayoudi
Khadouri
Rogabi
Makbech
Hami
Magouli
Zidi
Magouli akhel
Hammi
Bayoudi
Sawoudi
Wedlani
Bither
Sawoudi bdar
Ragoubi kchine
Ragoubi
Makbech
Tayouri jwayed
Bayoudi
Makbech sawoudi
Magouli ekchine
Thokar bou harrak (male)
Bither thokari (male)
Romani
Minouri
Makbech
Jbeli
Soltani
Zidi
kahli
Ragoubi
Wedlani
Croussi
Bither
Bither
Besbassi
Chetoui
Magouli
Tayouri ahmer
Romani
Bayoudi
Bither
Marsa matrouh
Felyoui
Minouri
Safouri
Sawoudi
Tayouri asfer
hamouri
Jemaâoui
ORIGINE
ETAT
Beni Kdeche - Zammour
Tataouine -Chenini
Décrites
Tataouine - Edwiret
Zarzis
Mesjed aissa
Kalaa kebira
Beni kheddache
Zarzis
Maghni
Zammour
Zammour
Ras el oued
Ras el oued
Bir amir
Maghni
Ras el oued
Ras el oued
Dwiret
Beni kheddache
Ras el oued
Ras el oued
Nekrif
Zammour
73
Répertoriées
ANNEXE 10 : VARIETES DE PISTACHIER REPERTORIEES
ET DECRITES DANS LES OASIS
OASIS
VARIETES
El Guettar
Mateur
El Guattar
Chenchou
Mateur (Tunisie)
Mumtez (Iran)
Kermizi (Turquie)
Maknassy
Liby Rouge (Libye)
Liby Blanc (Libye)
Elguettar
Achouri (Syrie)
Kerman (Iran)
74
ANNEXE 11 : LES SCENARIOS DE DEVELOPPEMENT ET
LEURS FACTEURS DETERMINANTS
ETUDE SIPAM (GAFSA)
SCENARIOS
POLITIQUE
AGRICOLE
POSITIF
Scénario
« Dynamisme
et diversité »
Scénario
« Le marché
pour la
diversité »
Scénario
« La
palmeraie
réhabilitée»
NEGATIF
Contractualisation de
la recherche
Incitations
liées à la
biodiversité
Contractuali
sation de la
recherche
MARCHE
POSITIF
NEGATIF
RECHERCHE
POSITIF
NEGATIF
MODE
D’EXPLOITATION
POSITIF
-Multiplication des
variétés rares
-Valorisation des
écarts de tri des
variétés communes
-Résolution des
problèmes
phytosanitaires
-Etablissement des
conditions
optimales de
stockage
-Emergence
des variétés
communes
produites en
Tunisie
-Elargissement
du marché
Diminution
de la main
d’œuvre
Emergence
sur le
marché
international
d’autres
variétés non
produites en
Tunisie
-Multiplication des
variétés rares
-Valorisation des
écarts de tri des
variétés communes
-Résolution des
problèmes
phytosanitaires
-Etablissement des
conditions
optimales de
stockage
Extension
du
système
oasien
amélioré
Emergence
sur le
marché
international
d’autres
variétés non
produites en
Tunisie
Mise au point de
moyens de
mécanisation
Extension
des
systèmes
oasiens
améliorés
75
NEGATIF

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