s o m m a i r e - Livre et lecture en Bretagne
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s o m m a i r e - Livre et lecture en Bretagne
Pages Septembre 2010 Gwengolo 2010 23 de Bretagne sommaire Pajennoù Breizh Spécial édition jeunesse À la une : Yves Pinguilly, l’Africain Marc Lizano, illustrateur et éditeur Serge Picard, une écriture photographique Les 30 ans des éditions Folle Avoine Yannik Bigouin, nouveau président de Livre et lecture Alib : une association des libraires indépendants Bannoù-Heol : sklerijenn war an embann © Serge Picard Salon de Paris : quel avenir pour le stand Bretagne ? Suppression de la TP : dans le dédale des nouvelles taxes Publics éloignés : Les Champs Libres en pointe a c t u a l i t é dulivre e t d e l a lecture é d i t o Nouveau président de l’EPCC Livre et lecture en Bretagne, je tiens ici à remercier toutes les personnes qui ont permis à cet outil au service de la filière du livre de se construire et de poursuivre une politique publique de coopération entre les collectivités de Bretagne, l’État et les professionnels du livre et de la lecture. Avec vous, nous irons plus loin encore. Aussi, n’hésitez pas à critiquer, à apporter votre soutien et vos idées. Toute l’équipe est à la disposition des professionnels pour une meilleure visibilité et structuration de la filière bretonne du livre. © E. Pain - CRB L’année commencera par une journée sur l’édition jeunesse, à Brest, le 30 septembre 2010, construite en collaboration avec le réseau des bibliothèques de cette ville. En effet, le livre a un succès particulier auprès des parents et des enfants, dans notre région. Est-ce un hasard si le nombre de professionnels dans ce domaine est supérieur à la plupart des autres régions, avec une trentaine d’éditeurs jeunesse – ou qui ont une part non négligeable de leur catalogue consacrée à la jeunesse – et vingt-six librairies spécialisées jeunesse ? Les librairies et les médiathèques jouent parfaitement leurs rôles. Et la dizaine de salons du livre jeunesse qui existent en Bretagne sont une preuve de plus de la grande diversité d’une production éditoriale dans laquelle tous les genres sont représentés. Car on lit jeune en Bretagne. Et alors qu’au fil des générations les supports de lecture évoluent, la lecture y reste bien ancrée dans les habitudes culturelles et éducatives. Le proverbe « Deskadurez d’ar vugale a zo gwelloc’h eged leve » (L’instruction pour les enfants vaut mieux que de l’argent) prend ainsi tout son sens, par la place si particulière du livre jeunesse dans le cœur des Bretons ! Devant ce lectorat qui s’affirme, force est de constater que les professionnels répondent bien à la demande et que Livre et lecture en Bretagne se doit d’accompagner celle-ci. Puisse cette journée favoriser rencontres, synergies, interactions et volonté de coopération. Setu-me prezidant nevez Levrioù ha lennadennoù e Breizh. Mil bennozh a lavaran d’an holl re o deus savet an ti-mañ. Un ti da sevel ha da gas war-raok politikerezh al levrioù, asambles gant kêrioù ha departamantoù Breizh ha gant sikour ar Stad ha tud micherioù al levrioù. Asambles ganeoc’h ez aimp pelloc’h c’hoazh. Setu lavarit deomp ho soñj, ar pezh a zo mat hag ar pezh n’eo ket. Ober a raimp hor mad deus kement meno ha kement skoazell a vo. Prest an holl e skipailh Levrioù ha lennadennoù e Breizh da sikour tud ar vicher d’ober gwelloc’h o labour ha reiñ brud d’al levrioù e Breizh. Kregiñ a raio ar bloavezh-skol gant un dervezhiad labour war al levrioù evit ar re yaouank e Brest d’an 30 a viz Gwengolo 2010. Un dervezh aozet asambles gant levraouegoù Kêr-Vrest. Berzh bras a ra al levrioù gant ar re vras hag ar re yaouank e Breizh. N’eo ket souezh e ve amañ e Breizh un tregont ti-embann da ginnig levrioù evit ar re yaouank nemetken, pe dreist-holl evit ar re yaouank, ha 26 stal-levrioù troet ouzh ar re yaouank, pa n’eus nemet ur 14 anezho er rannvro « PACA » hag ur 5 bennak en Akiten ! 10 saloñs a vez aozet bep bloaz e Breizh d’ober ton da labour an embannerien hag ar stal-levrioù a ginnig a bep seurt levrioù d’ar re yaouank e Breizh an dervezh a hirio. Rak stagañ a reer ez-vihan gant al lenn e Breizh, zoken m’ eo bet cheñchet doare al levrioù evit ar re yaouank a rumm da rumm ez eo dalc’het atav ar Vretoned yaouank gant ar c’hoant lenn hag ar c’hoant deskiñ. Aze emañ dalc’h ar c’hrenn-lavar « Deskadurezh d’ar vugale a zo gwelloc’h eget leve », ken tomm m’eo kalon ar Vretoned ouzh al levrioù ! Setu klask terriñ naon levrioù ar Vretoned a ra merc’hed ha paotred al levrioù e Breizh ha ret deomp, tud Levrioù ha lennadennoù e Breizh, reiñ dorn dezho. Gant ma vo tennet gounit deus an dervezh-se gant an holl ha bec’h d’ar c’henlabour hag ar c’henskoazell e bed al levrioù e Breizh ! Yannik Bigouin, président de Livre et lecture en Bretagne Kadoriad Levrioù ha lennadennoù e Breizh Yannik BIGOUIN Mercredi 30 juin, Yannik Bigouin a été élu président de Livre et lecture en Bretagne par le conseil d’administration. Il remplace Sylvie Robert dans cette fonction. Yannik Bigouin a quarante ans et vit dans le bas Léon (Finistère Nord). Il possède une double formation d’agent de développement culturel et de responsable de centre socioculturel. Passionné des patrimoines de Bretagne, mais aussi de démocratie locale, d’économie et des formes d’entreprenariat la remettant au service de l’homme, il a dirigé l’écomusée de Plouguerneau avant d’être missionné pour structurer l’économie sociale et solidaire dans le Finistère. En parallèle, il s’est investi dans la troupe de théâtre Ar Vro Bagan, avec laquelle il mène des projets d’écriture collective et a fondé l’association Divskouarn, qui a pour objet de développer le bilinguisme précoce de langue bretonne avant l’école. Il est également collaborateur des revues Ar Men et Hopala ! Les nouveaux représentants de la Région Bretagne au conseil d’administration de Livre et lecture en Bretagne : Titulaires : Yannik Bigouin, conseiller régional, Europe Écologie Bretagne ; Jean-Michel Le Boulanger, vice-président chargé de la culture et des pratiques culturelles ; Anne Troalen, conseillère régionale, PS. Suppléantes : Valérie Garcia, conseillère régionale, UMP ; Hind Saoud, conseillère régionale, PS ; Kaourintine Hulaud, conseillère régionale, PS. Portrait de lecteur - Quimper Loeiza dévore la littérature jeunesse Avec plus de trois cents livres par an au compteur, Loeiza, qui vient d’avoir 12 ans, collégienne au collège Diwan de Quimper, peut apparaître comme une lectrice boulimique. Pourtant, elle passe aussi beaucoup de temps à jouer avec ses copines, à bricoler, et aussi à s’exercer à l’accordéon. « Ce que j’aime dans les livres ? Apprendre des choses que je ne savais pas. Et aussi qu’il y ait du suspense, qu’on ne sache pas à l’avance ce qui va se passer. Ça peut être dans un polar, mais pas forcément. Ce que je n’aime pas, ce sont les histoires inintéressantes ou trop romantiques, et les histoires cul-cul, avec des animaux, des chevaux, tout ça. À la médiathèque, je prends un peu de tout. Des fois, rien qu’en voyant la présentation, ça me décourage, d’autres fois, j’ai de bonnes surprises. » 2 Sur l’étagère où figurent les dix livres préférés de Loeiza, on trouve une bande dessinée (Pico Bogue : Question d’équilibre), et les romans Tobbie Lolness, Harry Potter, Une île trop loin, L’étang aux nénuphars, Mamie mémoire, Je suis née en Chine, de la poésie, aussi, avec Mon cœur a des dents. « La première lecture dont je me souvienne, c’est La petite poule rousse, mais je ne sais pas si c’est ça qui m’a donné envie de lire. Souvent, j’emprunte à la médiathèque des livres pour les 13-14 ans, et je ne m’en aperçois qu’après les avoir lus. Je lis aussi des livres prévus pour les adultes, parfois. J’aime bien quand un livre fait un peu pleurer, même si c’est rare. Quand on lit Je suis née en Chine, par exemple, on se dit qu’on se plaint pour pas grand-chose, par rapport à ce que vivent d’autres gens. » Lectrice parfaitement bilingue, Loeiza préfère la lecture des ouvrages en français, si elle a le choix avec une version en breton. « Sans doute par habitude. Parce qu’il y a moins de choix, aussi. On trouve beaucoup de livres dans le même style. Mais j’ai quand même apprécié Ar pemp skoed a Vreizh, d’Evelyne Brisou-Pellen, ou Abati an aon, de Pierre-Emmanuel Marais. » Loeiza trouve toujours matière à lecture. Quand elle n’a pas un livre sous la main, elle lit la presse ou feuillette son dictionnaire. Et à force de lire, bien sûr, elle éprouve l’envie d’écrire des histoires, aime rédiger des dossiers pour le collège, ou s’adonner à l’exercice de la rédaction. « Mes rédactions sont souvent trop longues. J’aime ça, mais je ne sais pas si j’en ferais mon métier, d’écrire. » Portrait d’auteur - Coadout Yves Pinguilly, l’Africain Yves Pinguilly est un auteur prolifique, avec plus de 120 ouvrages publiés. À l’origine de la charte des auteurs jeunesse, il revient ici sur son parcours, expose sa vision de la littérature pour la jeunesse et constate la vitalité de la filière du livre en Bretagne. tiques succès de librairie. En tête, Ballon d’or, plus de 800 000 exemplaires vendus, quatre ou cinq ouvrages à plus de 300 000, et une quarantaine d’ouvrages traduits. Il ne faut pas pour autant chercher à expliquer ce succès par quelque formule magique. « Je ne pense jamais à un môme, quand j’écris. Je me méfie beaucoup de la qualité d’inspiration de ces femmes qui disent : “Je me suis mise à écrire pour mes petits-enfants.” Non. J’ai juste envie de raconter des histoires. La seule chose que je m’interdis, c’est la perversion sexuelle. » Socialement engagé, Yves Pinguilly l’est aussi sur la question africaine. « Parfois, on m’invite dans une manifestation, à l’étranger, et les gens sont surpris que je ne sois pas noir de peau. Pourtant, quand j’étais enfant, mon seul contact avec l’Afrique c’étaient ces caméléons qui arrivaient sur le port de Nantes, cachés dans des régimes de bananes. Et puis, un jour, j’ai été invité à animer un stage, au Togo. Ça a été le coup de foudre. Maintenant, je passe plusieurs mois par an en Afrique, et je peux dire que je connais bien le continent noir dans sa diversité, ses différentes cultures, son histoire. » Installé à la campagne, aux environs de Guingamp, Yves Pinguilly se félicite de la vitalité de l’édition en Bretagne, même s’il émet quelques réserves sur la qualité discutable de certains polars régionaux. « Dans le domaine de la jeunesse, il y a des gens très talentueux et de gros succès d’édition, avec Évelyne Brisou-Pellen et Yvon Mauffray, par exemple. L’activité est intense dans toute la filière du livre. Les médiathèques sont très agréables et ont une bonne fréquentation. Nous leur devons beaucoup dans le développement de l’édition jeunesse. Je suis revenu en Bretagne, et je m’y sens bien. Une chose que je n’aime pas, cependant, c’est que les Bretons restent entre eux et ne s’intéressent pas aux autres. Je regrette aussi que Livre et lecture en Bretagne ne prenne pas plus en compte les auteurs, © Serge Picard Né à Brest en 1944, fils d’ouvrier de l’arsenal, Yves Pinguilly grandit à Nantes, à l’ombre des chantiers navals. Plus tard, apprenti dans les mêmes chantiers, son destin d’ouvrier semble tout tracé. Mais vivre dans un port, observer le va-et-vient des bateaux a troublé plus d’un enfant. De plus, Nantes est une ville très littéraire, et les jeunes gens que fréquente l’adolescent sont des lecteurs exaltés. Chez Yves, on ne lit pas beaucoup, pourtant, à part les journaux militants. À seize ans, Yves ne résiste pas à cet appel d’air. Il écrit aux compagnies maritimes, dans l’espoir d’un embarquement. « Je ne pouvais me satisfaire de ce qui m’attendait. Mon modèle, c’était Blaise Cendrars. Il fallait que je voie autre chose. » Sur les bateaux, Yves lit beaucoup, entre deux coups de pinceau. Après huit ans dans la marine marchande, il met sac à terre. À Paris. Avec une seule idée en tête, saugrenue seulement en apparence : devenir un grand écrivain. Il est publié tout de suite dans quelques revues de poésie. Et puis, muni d’un certificat d’aptitude à la fonction de bibliothécaire, il part au Havre, où il travaillera pendant dix ans dans les secteurs peinture et littérature, pour la maison de la Culture. C’est en 1974 que se produit le déclic qui va changer sa vie. « Dans une librairie de Vannes, ma femme me montre un livre pour enfants, publié chez Robert Laffont : “Tiens ! Regarde ça, c’est pas mal.” Je lui réponds : “Je pourrais en faire autant.” Et pour le prouver, avant la fin de l’été, j’avais écrit mon premier roman pour la jeunesse, L’Été des confidences et des confitures. » De nouvelles collections pour adolescents voient alors le jour chez les éditeurs. Yves Pinguilly arrive à point nommé. Cent vingt ouvrages de sa plume, essentiellement pour la jeunesse, verront le jour, dont d’authen- dont les interventions, lors des débats, par exemple, sont souvent très judicieuses. » Yves Pinguilly est l’un des auteurs à l’origine de la Bibliographie 2009-2010 : Zalissa & Yamba, éd. Le Toucan Awa & Dodi, éd. Autrement fameuse Charte des auteurs jeunesse qui est la réfé- Si j’étais pirate sur le « Vengeur noir », rence, aujourd’hui, pour le traitement des contrats et éd. L’Élan vert la tarification des interventions des auteurs. C’est au Si j’étais footballeur, éd. L’Élan vert cours de ce combat, qui a commencé voici trente-cinq ans, qu’Yves Pinguilly rencontre Florence Kœnig, une illustratrice avec laquelle il constitue un véritable couple de travail, allant jusqu’à écrire spécialement pour elle, même s’il continue à collaborer avec divers illustrateurs. « Aujourd’hui, les conditions de l’édition jeu- Celui qui voit avec ses pieds, éd. du Jasmin Fausse note pour un vrai crime, éd. Oskar Les Prisonniers du vent, éd. Oskar Bangui allowi, éd. Oslo Le Voyage du chat, éd. Volpilière nesse sont plus difficiles qu’il y a quelques années. Les Frissons de foot à Bangui, éd. Rue du monde livres ne bénéficient plus de la même longueur de vie, Le Bleu du ciel biani biani, avec Adrienne alors que le secteur jeunesse était jusqu’alors préservé. Yabouza, éd. Le temps qui passe Et il y a beaucoup de jeunes sur le marché, qui sortent Si j’étais chercheur dans le Grand Nord, des écoles, si bien que certains talents ne pourront jamais trouver leur place, en particulier chez les illustrateurs. C’est dommage. » illustrations Bruno Pilorget, éd. L’Élan vert Patrice Lumumba, la parole assassinée, éd. Oskar www.yvespinguilly.fr 3 D O S S I E R Éditeurs jeunesse en Bretagne Si l’on en croit les chiffres, le livre jeunesse se porte bien en Bretagne. Avec des auteurs comme Yves Pinguilly, Évelyne Brisou-Pellen ou Yvon Mauffray comme têtes de file. Avec vingt-six librairies spécialisées sur le territoire, soit beaucoup plus, en proportion, que dans les autres régions françaises. Avec de jeunes maisons qui fleurissent, ici et là, des salons spécialisés qui prospèrent et des formules bien différentes, qui vont du secteur jeunesse d’une maison généraliste à la maison d’édition associative, en passant par l’édition spécialisée dans le secteur éducatif, ou la petite maison s’intéressant à un secteur particulier. En voici quelques exemples, avec une prédominance pour Nantes, qui bénéficie d’un réseau de librairies efficace et solidaire. Rennes Nantes Planète Rêvée MeMo Écologie et diversité culturelle au programme de la petite maison qui monte Le choix de la qualité et de la proximité Dès 2007, Suzanne Jestin a commencé à choisir les auteurs et illustrateurs des sept premiers ouvrages de la maison qu’elle allait créer : Planète Rêvée. Ils sont sortis en même temps, en mars 2009. Une naissance tout de suite couronnée par le coup de cœur d’Étonnants Voyageurs, octroyé à Noureddin Zarrinkelk, pour ses quatre livres et en particulier L'Éléphant et la Fourmi et Si seulement... Aujourd’hui, la jeune maison compte onze ouvrages au catalogue, avec une ligne éditoriale axée sur la connaissance et la protection de la nature. « De la belle littérature, en premier lieu », précise Suzanne Jestin. « Je tiens à ce que les livres soient bien écrits et à ce qu’un petit message passe. » On peut également remarquer les origines très diverses des auteurs... ainsi que le petit accent de l’éditrice. « Ma mère est russe, mon père, iranien. Dans la famille, il y a cinq nationalités différentes. Mes origines me poussent naturellement à choisir des auteurs qui nous aident à regarder le monde avec d’autres yeux. » Diffusée jusqu’alors par la Cedif, Planète Rêvée change de diffuseur. Au programme, fin octobre, deux nouveaux ouvrages signés, l’un par deux Hongroises, l’autre par deux Italiennes : Toi aussi tu es née princesse et Les caprices de Rosabella. Mais la petite maison a déjà la cote chez les libraires. Et cela intrigue les « gros » : « Nathan m’a commandé tous mes livres et Science magazine de Lafont presse nous a consacré tout un article dans son numéro de cet été ; ça doit vouloir dire qu’on n’est pas trop mauvais », s’amuse Suzanne Jestin, qui raconte ainsi son désir de devenir éditrice : « Toute petite, j’étais déjà une bonne lectrice. Et quand j'étais première de la classe, mes parents m'offraient des livres. J’ai été professeur de musique, et j’ai eu beaucoup de plaisir à m’occuper déjà des enfants. Je suis sûre qu’on apprend mieux et plus naturellement à ces âges-là le respect de la planète et de l’humanité. » 4 Depuis 1994, MeMo publie des livres d’images. Alors, MeMo fait forcément partie des maisons d’édition « jeunesse ». Car, comme le dit l’éditrice, Christine Morault, « les livres illustrés, historiquement, s’adressent surtout aux enfants ». Elle apprécie particulièrement la phrase d’Eluard dans Le Cœur à pic : « Ce livre d’images a l’âge que vous souhaitez avoir. » Pourtant, si le marché de l’édition jeunesse vise des lecteurs qui ne sont pas les acheteurs, et tente donc de séduire les parents par des aspects pédagogiques, ce n’est guère le choix économique de MeMo. « De toute façon, ces considérations me dépassent. On est devenus significatifs parce qu’on s’adresse aux gens qui aiment ce type de livre, c’est tout. » Qualité du papier bouffant épais, qualité de l’impression, qualité des auteurs, qualité de l’objet. MeMo dispose d’un photograveur « maison », permettant, par exemple, ce qui ailleurs serait considéré comme une folie, de créer un livre à vingt-quatre couleurs. « Cette qualité, nous l’obtenons parce que nous sommes sur la machine de bout en bout. Mais aussi parce que nous avons fait un choix de proximité : les trois imprimeurs avec qui nous travaillons sont situés dans un rayon de quinze kilomètres, et nos livres sont reliés à Tours. » Seule exception à la règle : la réalisation de quelques jeux graphiques pour lesquels il n’y a plus de fabricants en Europe. Chez MeMo, une belle affinité est recherchée avec les auteurs. « À 80 %, nous faisons appel à des auteurs-illustrateurs. Ce sont, à mon avis, les projets les plus porteurs de sens et les plus à même de toucher les tout-petits. » Le catalogue MeMo, qui compte une centaine de titres, est riche et diversifié. On y remarque des livres anciens que l’éditeur s’emploie proprement à « ressusciter ». C’est le cas par exemple de Quand la poésie jonglait avec l’image, du constructiviste russe Lebedev. « Nous avons tenu à ce qu’il apparaisse tel qu’il était à l’époque de sa première impression, et non pas comme un vieux bouquin. La traduction de Françoise Morvan apporte beaucoup de fraîcheur. » MeMo publie une quinzaine d’ouvrages par an. « Au bout de quinze ans, affirme Christine Morault, je pense qu’on sait faire des livres, mais prévoir le tirage et savoir quels livres vont se vendre, alors là… Dans un pays comme la France, on a beaucoup de chance parce qu’on peut encore compter sur un réseau de librairies indépendantes, un vrai service de lecture publique, et des imprimeurs aux compétences graphiques solides. Du coup, les petits éditeurs peuvent exister en proposant des livres qui ne sont pas immédiatement consommables. » Animaux à mimer, Alexandre Rodtchenko, Serge Tretiakov, mars 2010 Spézet Beluga Le secteur jeunesse de chez Coop Breizh affiche une belle santé C’est en 2007 que les éditions Coop Breizh adoptent le label Beluga pour leur production destinée à la jeunesse. Depuis, chaque ouvrage édité ou réédité porte le logo à la petite baleine blanche. Clin d’œil à la langue bretonne, Beluga est aussi l’anagramme de bugale (« enfant », en breton). Florent Patron, éditeur, rappelle que « cela fait belle lurette que Coop Breizh édite pour la jeunesse ». Avant l’avènement de Beluga, il y eut même certains fleurons, comme La Fin des bonshommes de neige, ce magnifique livre de Pierre Péron, écrit en captivité en Allemagne et réédité avec un appareil pédagogique. On pourrait aussi citer Les Chevaliers de la Table ronde, de Polig Monjarret, ou Des mégalithes et des hommes, de Michel Politzer. Le premier grand succès dans ce domaine fut la série des vaches d’Yves Cotten, aux multiples retirages et traductions dans le monde entier, y compris en coréen ! Plus de quarante livres figurent à présent au catalogue. « La première raison de cette appellation distincte est le besoin d’identification d’une collection dédiée à la jeunesse, par les libraires et les bibliothécaires. Et puis, à Grenoble, Coop Breizh est immédiatement associée à la Bretagne et nous prive d’acheteurs potentiels. Cela nous a aussi permis d’attirer des auteurs et des illustrateurs de renom. » Parmi ces derniers, Laurent Richard et Benoît Broyart, ainsi que Christophe Boncens, auteur de vingt-deux livres chez Beluga, depuis 2007, avec des collections qui atteignent les 60 000 exemplaires vendus. Bien entendu, en jeunesse comme dans l’édition en général, Coop Breizh publie essentiellement des ouvrages centrés sur la Bretagne. « Mais, comme le souligne Florent Patron, l’édition jeunesse permet d’élargir le catalogue, de breton à maritime, à la ruralité, au jardinage, aux autres cultures minoritaires, etc. Les vaches de Cotten n’ont rien de breton, tout comme Les carottes sont cuites, de Richard et Broyart. » Autre caractéristique de la production estampillée Beluga : la volonté d’offrir à des prix très abordables une production de qualité. « Cela nous permet d’être très bien placés en grandes surfaces, par rapport à la concurrence. » Par ailleurs, la plupart des livres sont fabriqués et imprimés en Bretagne – notamment chez Cloître, près de Landerneau –, même si le circuit de fabrication passe parfois par l’Italie.En projet, le troisième tome de Gwen la Bigoudène, un coffret de dix chansons de Gérard Delahaye, illustrées par Siobhàn Gately, l’intégrale des textes et partitions des Ours du Scorff, illustrés par Bernard Collet, et l’envie d’élargir le lectorat, pour l’instant concentré sur les 3-8 ans, à l’ensemble de la jeunesse. Auray Millefeuille Des livres pour inciter les jeunes à goûter au patrimoine Les éditions Millefeuille ont cinq ans d’existence et une ligne éditoriale qui n’a pas varié : jeunesse et patrimoine. « Ça remonte à notre enfance, rappelle l’éditrice, Marjolaine Pereira. Nos parents nous traînaient de calvaires en châteaux, mais on ne trouvait pas d’ouvrages sur le sujet, pouvant donner envie à des enfants de s’intéresser à ça. » Jadis enseignante en lettres, Marjolaine avoue avoir éprouvé beaucoup de frustration, dans ce métier. « J’avais du mal à trouver des moments de liberté en dehors des programmes, pour aller vers ce qui était pour moi la culture. » Aujourd’hui, l’éditrice n’a pas perdu tout lien avec la sphère pédagogique, mais c’est pour agir en amont, par les animations scolaires, par exemple. Mariée à un Breton, elle a naturellement choisi la région pour s’installer, avec cette idée simple et efficace : « Publier de petites histoires pour permettre aux enfants d’accéder à la grande Histoire. » Des livres jeunesse pour goûter au patrimoine, donc, ludiques et attrayants, à la fois pour donner envie de visiter des sites chargés d’histoire et pour prolonger la visite. « Au départ, on ne voulait pas publier trop de livres liés à la Bretagne, mais nous avons constaté que cela était plus que nécessaire. D’abord, nous vivons dans une région au patrimoine très riche et de nombreux thèmes qui y sont liés sont intéressants à aborder ; ensuite, c’est une nécessité économique, vis-à-vis de nos partenaires. » Le catalogue de Millefeuille comporte vingt-six ouvrages, avec de cinq à sept parutions par an. La maison compte trois permanents, dont un commercial. Elle pratique l’autodiffusion et l’autodistribution, mais envisage dans une prochaine étape de son évolution de confier ses ouvrages à un distributeur. « Tout simplement, parce qu’il ne sera bientôt plus possible de mettre tous les livres dans la voiture, ni de les stocker chez nous », dit Marjolaine en plaisantant. Bientôt également, une assistante d’édition et attachée de presse viendra grossir les rangs de l’entreprise. Parmi les projets, le lancement d’une collection de romans jeunesse, toujours axés sur le patrimoine, comportant un lexique, et destinés aux 7-9 ans d’une part, et aux collégiens, d’autre part. Nantes Tête de litote Une association qui allie édition et animation Tête de litote est une association née il y a cinq ans, regroupant une dizaine de bénévoles, et vouée à l’édition, à la lecture et à l’animation d’ateliers d’écriture. Maud Biron, l’un de ses membres, définit ainsi la ligne éditoriale : « L’édition pour la jeunesse, même si on ne se donne pas de limites. » Six ouvrages figurent au catalogue et Tête de litote ne se donne pas d’impératif précis de production. Les ouvrages sont autodiffusés avec le soutien actif du réseau de libraires nantais. La vente s’effectue également lors de salons et par l’intermédiaire du site internet. Le premier livre, C’est grand la mer, par Maud et Fanny Biron a été tiré à 1 000 exemplaires et retiré depuis. Les autres se situent plutôt dans les 500 exemplaires. La particularité de Tête de litote est d’associer à l’activité édition des animations de qualité et très créatives, grâce au collectif Passage de livres. Ainsi, Les Causeuses est un dispositif grâce auquel des comédiens, par l’intermédiaire d’un étrange tuyau, glissent à des oreilles réjouies des textes fort bien choisis. Bientôt, Le Phoniculaire, dispositif analogue mais fixe, permettra d’aborder des textes plus longs, toujours dans le même esprit d’intimité qui engendre une qualité d’écoute maximale. Durant l’été dernier, un parcours d’écriture était proposé, mêlant diverses disciplines, comme le slam ou l’illustration. 5 D O S S I E R « Nous éloignant des codes de la lecture classique à haute voix, nous jouons avec les espaces et les types d’adresse au public afin de créer un lien privilégié entre lecteur et auditeur. » Ces inventions ne sont pas éloignées des projets d’édition, bien au contraire : les livres de Tête de litote proposent également de nouveaux modes de lecture, notamment en établissant un lien original entre lecture et image. L’ouvrage Comme un trait au milieu de la figure en est un exemple : « À la fois un livre d’images et un carnet de dessin construit autour de cette contrainte : un tracé fait au hasard nous invite à dessiner ce qu’on y voit. » Un livre dont la création est aussi l’affaire du lecteur. Nantes Le pOisson bOrgne Une association pour défendre l’originalité et la qualité graphique Les éditions Le pOisson bOrgne ont trois ans d’existence sous forme associative. Au départ, Delphine Vaute, illustratrice, et son amie Liza Diaz, pour les textes, écrivent des histoires pour enfants, mais les réponses des éditeurs se font attendre. Elles se renseignent un peu et décident d’éditer elles-mêmes leurs deux premiers livres, avec le soutien du ministère de la Jeunesse et des Sports et de la Région Pays de la Loire. Et puis, de fil en aiguille… Le 15 septembre de cette année est sorti le quatrième ouvrage au catalogue. Mais Le pOisson bOrgne ne se contente pas d’éditer des livres. Il publie aussi des petits carnets graphiques que les adultes s’approprient aussi, comme des sortes de cartes cadeaux. Il organise des événements, des rencontres, des expositions, pour faire connaître les artistes de la région et d’ailleurs. « Non pas que nous soyons furieusement régionalistes, précise Delphine Vaute, mais tout simplement parce que nous avons envie de faire connaître les artistes que nous apprécions. » Ainsi, une exposition sera présentée durant le troisième week-end d’octobre, au Loroux-Bottereaux, avant de migrer vers la librairie spécialisée jeunesse, Les Enfants terribles, à Nantes, en février 2011. Le pOisson bOrgne bénéficie, comme les autres éditeurs de la région, du soutien appréciable du réseau de librairies nantais. « Chez nous, tout le monde est bénévole. Je suis illustratrice par ailleurs. Il y a toutes sortes de gens dans l’association, une bibliothécaire de Saint-Nazaire, par exemple. On prend notre temps. On se fait plaisir. » La qualité graphique et l’originalité sont en effet recherchées. Au programme, en 2011, un carnet graphique par mois. Vient de sortir, Le Nouveau Nez, signé Fanny Robin et Delphine Vaute. Saint-Brieuc TES (Ti-embann ar skolioù) Une institution au service de l’enseignement bilingue TES, centre régional multimédia de production pédagogique en langue bretonne, est né il y a dix-sept ans de la volonté, affirmée par le conseil régional de Bretagne, d’encourager l’enseignement bilingue. Le contrat de plan stipulait dès le départ que l’État apportait le financement de six ou sept emplois, et que la Région apportait l’équivalent financier pour couvrir les frais d’impression et assurer la distribution gratuite des ouvrages dans les établissements scolaires 6 dans lesquels l’enseignement du breton est gratuit (Éducation nationale, Diwan et privé confessionnel). Le catalogue de TES compte à présent plus de 200 titres touchant les cinq matières de l’enseignement bilingue : breton, arts, histoire et géographie, mathématiques, éducation physique et sportive. TES édite également des affiches, des cartes, des CD-Rom, des DVD. Pour Jean Le Clerc de La Herverie, l’une de ses chevilles ouvrières, certaines maisons spécialisées dans l’édition en langue bretonne voient à tort TES comme un concurrent. « Nous, on nous demande des choses très précises en rapport avec les programmes. Les romans jeunesse, par exemple, sont très calibrés et accompagnés de dossiers pédagogiques. Et puis, les autres éditeurs en breton sont aussi subventionnés que nous. » Les ouvrages publiés par TES sont à présent distribués par Coop Breizh, en librairie. « Nous le faisons à perte, pour répondre à la demande des parents, car aujourd’hui, ce sont les enfants qui apprennent le breton à leurs parents. » Le programme éditorial de TES est établi par une commission réunissant des enseignants, en fonction de priorités. « Et toutes les œuvres sont relues par des gens qui ont le breton comme langue maternelle. » En projet, le manuel de mathématiques pour les classes de seconde, ainsi que ceux d’histoire et géographie pour les lycées, des romans de Serge Richard et de Maguy Kerisit et une adaptation des Clients du Bon Chien Jaune, de Mac Orlan, par la troupe Strollad ar vro Bagan. Autre particularité de TES, un site avec beaucoup de matière pédagogique mise régulièrement en ligne, ainsi que la publication régulière de CD accompagnant les ouvrages, « afin, comme dit Jean, que les enfants entendent les accents des différents niveaux de langue qui correspondent à leurs lectures ». Rennes Gargantua Une nouvelle maison, sans se prendre la tête Le dessinateur Marc Lizano vient tout juste de fonder – avec son compère Joël Legars – la maison d’édition Gargantua. « La première idée, c’est de publier des choses qu’on a envie de lire et qu’on ne trouve pas ailleurs. Et aussi de s’éloigner des façons de procéder qui ont cours dans certaines maisons et qui ne me conviennent pas. Et puis, puisqu’on nous dit que c’est pas le moment de se lancer, alors autant se faire plaisir. » Marc n’en est pas non plus à sa première expérience, et il a déjà abordé la microédition avec Oh la vache !, Hybrid Comix et Koclikot. Gargantua s’intéresse donc à toutes sortes d’ouvrages liés à l’image et à la jeunesse, remettant au goût du jour la nouvelle illustrée, et s’appuyant sur une vision humaniste du monde. A priori, elle ne compte pas publier de SF ou d’heroic fantasy, mais de la BD, bien sûr. Mais pourquoi la jeunesse ? « C’est lié au fait que Joël a deux enfants et moi, j’ai une fille. Je lui ai appris que le livre était un ami, et c’est une grande lectrice. Dans l’édition jeunesse, je crois qu’il y a de la place. C’est comme dans toute forme d’entreprise : ça dépend des moyens dont on dispose, des charges que l’on a, et des ambitions. Or, nous avons d’autres activités, et Gargantua n’a pas d’obligation de rentrer de l’argent tous les mois pour nous faire vivre. » Et Marc Lizano reste convaincu d’une chose : « Si tu fais des bons livres, on te suit. » Au programme de Gargantua, l’impression en septembre et le lancement début 2011 d’un premier opus sur Georges Beuville, illustrateur, écrivain, sculpteur et aviateur décédé en 1982, les éditeurs ayant eu accès aux archives familiales. « C’est un formidable dessinateur auquel se réfèrent tous les grands d’aujourd’hui. » En tout, cinq ouvrages seront publiés en 2011, pour une première année d’activité. Ils seront diffusés par EDI et distribués par la Sodis. Maisons d’édition jeunesse en Bretagne Angel Éditions 14, rue de Gouedic 22000 Saint-Brieuc Tél. : 02 96 61 95 54 www.lescontesagrandir.com Asphodèle Éditions 23, rue de la Matrasserie 44340 Bouguenais Tél. : 06 43 35 49 14 www.asphodele-edition.pagesperso-orange.fr Ateliers Art Terre 42, bd Jacques-Cartier 35000 Rennes Tél. : 02 23 42 40 00 www.acdesbestioles.com Bannoù-Heol 140, rue de Pont-l’Abbé 29000 Quimper Tél. : 06 08 88 57 55 www.b-heol.com Éditions du Barbu 323, route du Rocher-de-l’Impératrice 29470 Plougastel-Daoulas Tél. : 06 86 78 81 85 www.editiondubarbu.fr Beluga – Coop Breizh ZA Kerangwenn 29540 Spézet Tél. : 02 98 93 83 14 www.coop-breizh.fr Bleu Turquoise éditions 17, allée Guy-Ropartz 35235 Thorigné-Fouillard Tél. : 08 75 47 16 49 Entrepont 6, allée de Beauvais - 35830 Betton Tél. : 02 99 55 82 69 Éditions Nathalie Beauvais/Trop Mad 25, rue du Manio - 56100 Lorient Tél. : 06 63 08 04 50 Éditions Gargantua 60, rue Saint-Hélier 35000 Rennes www.jardin-gourmand.fr www.editions-gargantua.fr Éditions Jean-Paul Gisserot ZA de Saint-Éloi 29800 Plouédern Tél. : 02 98 21 36 63 www.editions-gisserot.eu Grandir d’un monde à l’autre 39, rue de la Commune-de-1871 44400 Rezé Tél. : 09 50 23 79 68 www.mondealautre.com Gulf Stream Éditeur Impasse du Forgeron - CP 910 44806 Saint-Herblain Cedex Tél. : 02 40 48 06 68 www.gulfstream.fr Keit’ Vimp Bev 22, Grand-Rue - 29520 Laz Tél. : 02 98 26 87 12 http://keit-vimp-bev.info Éditions Kensington Pudding BP 87227 - 29600 Morlaix Cedex Tél. : 02 98 63 37 80 www.editions-mangeclous.eu www.au-bord-des-continents.com www.editionsmemo.fr Chadoré Le Rocher Abraham - "Calvados" 35720 Saint-Pierre-de-Plesguen Tél. : 06 14 04 44 63 Éditions du Men du Treskaou - 29910 Trégunc Tél. : 02 98 50 00 89 www.coyote.apinc.org Elor 10, rue du Chandelier 56350 Saint-Vincent-sur-Oust Tél. : 02 99 91 22 80 www.elor.com Emgleo Breiz 4, rue Yves-Collet - 29200 Brest Tél. : 02 98 02 68 17 www.emgleobreiz.com Lez emóleriy au sórgarr La ville Allain - 22230 Trémorel www.sorgarreditions.free.fr Le Palémon 10, rue André-Michelin ZA de Troyalac’h 29170 Saint-Évarzec Tél. : 02 98 52 78 78 www.palemon.fr Hervé Peaudecerf Éditions Ty Izella - 29430 Plouescat Tél. : 06 28 22 85 19 Pêcheur de lune 5, rue de l’Île-Drénec - 56610 Arradon Tél. : 02 97 44 86 30 www.pecheur-de-lune.fr Planète Rêvée Éditions 35, avenue de la Chaise 35170 Bruz Tél. : 02 99 83 88 11 Éditions MeMo 4, rue des Olivettes, passage Douard 44000 Nantes Tél. : 02 40 47 98 19 Coyote Jeunesse 10, bd des Druides 35160 Montfort-sur-Meu http://oeuf.buzzkompany.net Mangeclous 34, avenue Kennedy 56260 Larmor-Plage Tél. : 09 54 37 30 31 Au Bord des Continents... BP 87227 29672 Morlaix Cedex Tél. : 02 98 63 37 80 www.lescheminsbleus-hentouglas.com Collectif l’Œuf 22, boulevard Paul-Painlevé 35000 Rennes Tél. : 08 72 80 03 96 Les Petits Chemins Le Rest - 22290 Tréguidel Tél. : 09 77 89 59 12 www.bleuturquoiseeditions.fr Les Chemins bleus – Hentou Glas Pépinière d’entreprises Kervidanou 3 29300 Mellac Tél. : 02 98 35 16 80 www.odin-editions.com Les Mandarines Kergouarec - 56400 Brec’h Tél. : 02 97 24 56 43 Nathalie Massé 30, route du Cosquer - 22470 Plouézec www.editions-chadore.fr Odin Éditions 3, impasse Losquettant - 44300 Nantes Tél. : 02 40 29 63 20 Éditions Millefeuille 84, rue Amiral-Coudé 56400 Auray Tél. : 02 97 50 72 19 www.editionsmillefeuille.fr www.planeterevee.com Les Éditions du pOisson bOrgne 58, rue Noire - 44000 Nantes www.poissonborgne.fr Éditions P’tit Louis 4, allée Émile-Marie-Besnard 35000 Rennes Tél. : 02 99 35 19 86 www.editionsptitlouis.fr Rubéüs Éditions 24, rue des Cormorans 29250 Saint-Pol-de-Léon Tél. : 02 98 69 17 91 Mille graines Kerbras - 29300 Mellac Tél. : 09 54 18 12 72 TES – CRDP de Bretagne 30, rue Auguste-Brizeux 22015 Saint-Brieuc Cedex Tél. : 02 96 68 14 50 http://ed.millegraines.free.fr www.crdp.ac-rennes.fr/crdp/services Éditions du Mouton à plumes Espace du Mouton à plumes 5c, bd de la Tour-d’Auvergne 35000 Rennes Tél. : 06 61 21 73 73 Tête de litote 25 bis, rue de la Tour-d’Auvergne 44200 Nantes Tél. : 02 28 23 58 29 www.mouton-a-plumes.fr www.tetedelitote.org Mouton cerise 8, Park Poul - 22140 Saint-Laurent Tél. : 06 74 67 72 32 Éditions Trois D Jeunesse 6, rue des Orfèvres - 56000 Vannes Tél. : 09 81 85 20 40 www.moutoncerise.com www.editions-troisdjeunesse.com Freddy Mut Éditions 46, rue Jean-Mermoz - 44300 Nantes Tél. : 02 43 76 76 06 Yellow Concept 2, route du Mont-Garrot - 35430 Saint-Suliac Tél. : 02 23 15 09 29 www.freddymut.com www.yellowconcept.fr 7 Espace critique Par Jacques Josse (écrivain, président de la Maison de la Poésie de Rennes) Rennes © Emmanuel Pain Trente ans de Folle Avoine Le Poème du Grand Inquisiteur, traduction André Markowicz, dessins Nicolas Fedorenko s’ouvrir en créant de discrètes et remarquables passerelles alentour. 1980-2010. À l’occasion des trente ans des éditions Folle Avoine, la Maison de la Poésie invite Yves Prié, Heather Dohollau et Alain Kervern. « Ce qui m’intéresse, ce n’est pas la forme pour elle-même, mais plutôt la relation entre l’expérience d’un individu et l’expression qu’il va en donner », Yves Prié. Nées en décembre 1980 avec la publication de La Venelle des portes de Heather Dohollau, les éditions Folle Avoine offrent, trente ans plus tard, un catalogue impressionnant. Plus de 260 titres y figurent. La plupart ont été imprimés par l’éditeur lui-même, Yves Prié, typographe œuvrant dans le silence d’un atelier où il se retrouve, tels Guy Lévis Mano ou René Rougerie avant lui, seul, s’emparant « de la voix d’un autre pour la transcrire en pages d’une évidente lisibilité1 ». Cette voix est la plupart du temps celle d’un poète contemporain. Il vient d’ici ou d’ailleurs et intègre la belle compagnie que l’éditeur a réussi à créer. Éditer de Pour fêter les trente ans de ses éditions, Yves Prié sera accompagné de deux de ses auteurs : Heather Dohollau, poète d’origine galloise qui a élu domicile en Bretagne en 1947 et dont toute l’œuvre est publiée chez Folle Avoine, et Alain Kervern, poète, essayiste, traducteur de plusieurs poètes japonais et auteur des cinq volumes du Grand Almanach japonais. la poésie, ce n’est pas seulement donner à lire et à partager. C’est également – et tout le catalogue Folle Avoine nous le prouve – savoir ouvrir des fenêtres presque invisibles, peu exposées à la lumière, mais néanmoins capables de transmettre des éclats lumineux à ceux – lecteurs attentifs – qui s’y accoudent. Il arrive assez souvent qu’ici les peintres décident de faire un bout de chemin avec tel ou tel auteur rencontré en des creux secrets d’atelier où l’éditeur aime mettre en contact des connivences, des émotions et des fragilités communes. Cela se passe sous le regard de quelques grands anciens (Palante, Guilloux, Grenier) qui ont longuement fréquenté la baie de Saint-Brieuc, là même où les éditions Folle Avoine ont vu le jour. Non pas pour s’y cantonner à demeure mais bien pour prendre l’air du large (sans jamais oublier la terre) et pour Mercredi 15 décembre 2010, à 19 h 30, à la Maison internationale de Rennes, 19, quai Chateaubriand. Exposition des ouvrages de Folle Avoine à la bibliothèque universitaire de Rennes 2 en décembre. 1. Yves Prié présentant Guy Lévis Mano. © Solenn Georgeault L EVRIOÙ E BREZHONEG - LIVRES EN BRETON Gant Solenn Georgeault Bannoù-Heol : un rayon de soleil dans l’édition en breton L’association Bannoù-Heol a été créée en janvier 1999 par Arno Elegoet, alors professeur au collège Diwan de Quimper. Ayant constaté qu’il y avait pénurie de titres pour la jeunesse 8 en breton, notamment depuis la fin des éditions An Here, il s’est lancé dans la traduction de bandes dessinées. Désormais, des héros célèbres, tels que Titeuf, Boule et Bill, Thorgal, Petit Ours Brun… parlent breton. Au fil des ans, l’association s’est étoffée ; son catalogue aussi, pour atteindre près de quarante-cinq titres. Bannoù-Heol : sklerijenn war an embann E miz Genver 1999 e oa bet krouet ar gevredigezh Bannoù-Heol gant ar pal embann levrioù e brezhoneg evit ar re yaouank. Hiziv an deiz e kinnig ur 45 titl bennak evit ar re vihan koulz hag ar grennarded. Titeuf, Boulig ha Billig, Thorgal, Tom-tom ha Nana, Arzhig Du, Leo ha Popi… kement a dudennoù hag a c’heller lenn o zroioù-kaer e brezhoneg hiviziken a-drugarez da labour Bannoù-Heol. An holl vrezhonegerien yaouank (pe get !) a c’hell tennañ o mad eus troidigezhioù ar bandennoùtreset brudet-se. « O kelenn e skolaj Diwan Kemper e oan pa ‘m boa merzet pegen dister e oa niver al levrioù brezhoneg evit ar grennarded » eme Arno Elegoet. « Ul labour a-feson a oa bet graet gant Keit Vimp Bev pe gant ti embann An Here, graet freuz-stal gantañ siwazh. Dispar em boa kavet ar fed e vefe bet troet troioù-kaer Tintin ganto, da skouer. Evidon, ha me krennard da neuze, e oa dreist lenn oberennoù hollvrudet ha modern en ur yezh a oa skeudenn an traoù kozh warni. » Setu ma ‘neus Arno Elegoet soñjet e oa e dro da ginnig bandennoù-treset mil anavezet d’ar vrezhonegerien yaouank. Billig, da skouer. A-youl vat e vez graet an troidigezhioù, o toujañ ouzh live yezh an oberennoù orin. A-benn lakaat Titeuf da gomz evel krennarded ar skolioù divyezhek e oa bet goulennet digant Gwenole Bihannig, unan eus o c’helennerien er Relek-Kerhuon, da dreiñ avañturioù lampon e guchenn velen gant e skolajidi. Ha deuet eo brav ganto. Digresk ar gwerzhioù Berzh ‘forzh pegement a ra bandennoù-treset Titeuf, re Arzhig Du ivez met nec’het eo Arno Elegoet o verzout e vez gwerzhet nebeutoc’h a A-du an tier embann E-unan en deus Arno Elegoet kroget ganti. Gant ti Dargaud eo aet e darempred, « hep kaout re a spi » emezañ. Koulskoude en deus an embanner gallek asantet diouzhtu da droidigezh Boulig ha Billig gant Bannoù-Heol. Ha lorc’het e oa ar mekanik. « Bremañ e vez embannet al albomoù e galleg war un dro gant ar re e brezhoneg. Eus ar c’hentañ eo ! » a lâr Arno Elegoet. Sikour en deus bet tamm-ha-tamm, a-benn ober war-dro kontoù Bannoù-Heol, an deuliadoù met ivez an troidigezhioù. Maurice Hamon eo a ra, gant kalz a varregezh hag a fent, war-dro re vBoulig ha levrioù abaoe un tri bloaz bennak. Abalamour da-se n’ez eus ket bet roet lañs da droidigezhioù all (war bouez Leo ha Popi, memes tra, diwar un ali gant skolaerezed). « Dav eo deomp gwerzhañ al levrioù a zo ganeomp da gentañ penn. » Da c’houde e c’hellfe ar vrezhonegerien kavout troidigezhioù istorioù modern en o yezh c’hoazh ha perak ket troioù-kaer bet savet war-eeun e brezhoneg. Daou pe dri raktres a seurt-se a zo bet kinniget da vBannoù-Heol. Evit degemer anezho avat e vo dav da werzhioù ar bandennoùtreset mil-anavezet bezañ diazezet mat da gentañ. Lire en breton, autant qu’en français Mai fait son entrée en sixième au collège Diwan de Quimper cette année. Elle adore lire. Des bandes dessinées, des romans, des revues… Élevée en breton, elle avoue préférer lire dans sa langue maternelle, mais constate que ses lectures sont principalement en français. Elle aimerait trouver « des romans pour filles en breton aussi, des livres comme La Cabane magique ou Le Grand Galop ». Lenn e brezhoneg koulz hag e galleg Plijadur. Sell aze ar pezh a zegas al lenn da Mai, er c’hwec’hvet klas e skolaj Diwan Kemper abaoe an distro-skol. E brezhoneg e vez desavet ha gwell eo dezhi lenn en he yezh-vamm daoust ma vez peurliesañ gant levrioù e galleg, niverusoc’h ha liesseurtoc’h anezho. Mai a lenn kalz. Romantoù ma vez bugale an tudennoù pennañ, bandennoù-treset a bep seurt ha kelaouennoù evit ar re yaouank diwar-benn ar skiantoù da skouer. Dre ar golo, an titl hag alioù he mignonezed e tibab he levrioù er stalioù pe e levraouegoù Kemper, Pluguen ha Penhars. Ar rummadoù a blij kalz dezhi evel La Cabane magique, Sarah Kay, Winx Club, Yakari e galleg hag e brezhoneg… Brezhonegerez a-vihanik eo Mai hag en he yezh-vamm e plij dezhi lenn, evel-just : « Lucky Luke, Boulig ha Billig, levrioù Lenn ha Dudi er skol... Titeuf a gavan un tammig droch ! C’hoant am befe da lenn romantoù evit ar merc’hed pe levrioù doare manga e brezhoneg. Siwazh e vez nebeud diouto evit merc’hed a zo etre 8 ha 10 vloaz. Ha pa vez diouto e vez alies paotred harozed an istorioù » emezi un tamm dipitet. Diskoulm an treiñ C’hoarvezet eo da dud Mai treiñ levrioù e brezhoneg, hag he mamm Ninnog da zisplegañ : « Ma zad-kozh a rae an dra-se evit ma mamm hag he breudeur. Boazet on bet o welet levrioù peget warno troidigezhioù e brezhoneg. Gant tad Mai hon eus bet graet ivez neuze, dreist-holl a-raok na ouife lenn he-unan. Kaer hor boa klask treiñ an istorioù en ur lenn anezho dezhi e verze an diforc’hioù setu m’hor boa dibabet skrivañ anezho. Evit modernelezh o zresadennoù hag o istorioù e veze dibabet al levrioù troet ganeomp. Daou rann berr gant Sarah Kay hon eus lakaet e brezhoneg ivez, o plantañ enno anvioù tud a anvezomp. » « Farsus e oa » a eilgêr Mai. Dreist eo al labour graet gant Hipolenn (s.o. niv. 18 Pajennoù Breizh), hervez Ninnog eta. Ar gevredigezh a ginnig troidigezhioù graet hag all, o toujañ ouzh maketenniñ al levrioù a ro tro da begañ tammoù paper moullet brav hag a zere d’an oberennoù troet. Evit Kiwa, c’hoar vihan Mai, pemp bloaz anezhi, eo dispar. Sikour a ra da binvidikaat c’hoazh roll al levrioù brezhonek evit ar re yaouank. Ar brinsez Elea « Strivoù a chom d’ober evit ar vugale etre 8 ha 12 vloaz, avat » a gav da Ninnog. « Heuliadoù a vefe dreist, troidigezhioù evel Harry Potter ivez. Ne vefe ket fall lenn troioù-kaer dañsourezed, boudiged, marc’hegerezed… hag istorioù laouen o fin, burzhudus ha yael o aerglec’h. Levrioù roz ha mouk o golo, kea ! » Ur seurt levr a zo bet savet gant Mai, gant sikour he mamm-gozh. « Istor ar brinsez Elea am boa ijinet. Treset em boa ar skeudennoù, skrivet testennoù berr da vont asambles ganto ha savet ur golo zoken ! Plijout a rafe din skrivañ levrioù » a lâr Mai. Ar wellañ kammed a ra ar bleiz eo an hini a ra e-unan. 9 Portrait d’illustrateur Marc Lizano : pour n’avoir aucun regret © Marc Lizano Rennes Marc Lizano a commencé par le scénario, s’est imposé comme illustrateur et se lance à présent dans l’édition. L’auteur ne compte pas ses heures, certes, mais surtout l’homme fait ce qu’il a toujours aimé. Alors, l’évolution, la carrière, les projets, tout ça paraît tout à fait naturel. qui arrivent sur le marché. Disons que j’ai la chance d’avoir des potes auteurs qui font appel à moi. » Installés à Rennes, Marc et Marie-Christine sont bien contents d’être partis de Montrouge, il y a cinq ans. « Je me sens bien ici. Je fais du jardinage dans un jardin ouvrier. C’est génial ! Je pratique le jogging, le tennis. J’écoute beaucoup de musique, notamment quand je travaille. Du coup, je passe pas mal de temps avec mes amis musiciens dans une journée. Et je les croque dans les concerts. D’où l’idée d’une collection de petits carnets, où chaque musicien aurait carte blanche. Le premier à sortir sera signé Dominique A. » Car Marc Lizano a fini par se faire éditeur. Avec son compère Joël Legars, il a fondé les éditions Gargantua (lire dans le dossier « Édition jeunesse »). « Mais à notre rythme, sans se prendre la tête. » Avec le même complice et François Ravard, il était déjà à l’origine, en 2006, de la Fédération française de Comix, un petit laboratoire de microédition, qui lança Mazette, Moka et Ticket. Bien que travaillant intensément, on l’aura compris, Marc Lizano ne perd rien de sa décontraction et de sa bonne humeur. Un gage de fraîcheur, sans aucun doute. Et puis, ce qui fait surtout plaisir à l’intervieweur, c’est que, bien qu’adepte du jardinage, Marc n’ait pas le « melon ». http://lizano.canalblog.com Que du bonheur ! Éditions Gargantua, septembre 2010 « Je suis comme tous les dessinateurs : dans la vie, il y a ceux qui dessinent et ceux qui ont arrêté de dessiner. Disons que je n’ai jamais arrêté, en espérant en faire mon gagne-pain. » Marc Lizano vit de son art depuis 1998. Sa première publication date de 1990. Né en 1970, à Vannes, il a grandi à Ploërmel et fait ses études à Rennes. Sa mère est une bonne lectrice de romans, qui lui a donné probablement le goût du livre. « D’ailleurs, ma sœur et moi, nous avons fait des études littéraires. Et ma sœur est libraire, aujourd’hui. » Un moment, Marc a envisagé de devenir professeur de philosophie et de pratiquer la microédition à côté. « Mais j’ai eu peur d’être frustré et de plonger dans la dépression ou l’alcoolisme. En fait, je ne voulais pas avoir de regrets, dans la vie. » Profitant de deux ans de chômage rémunéré, Marc Lizano se rend à Paris, en se disant : « Voilà, j’ai deux ans devant moi pour m’y mettre. » Il rend visite aux plus grandes maisons spécialisées jeunesse et trouve tout de suite à placer ses scénarios dans le journal Je bouquine. Il adapte Dracula, Les Hauts de Hurlevent. Et trouve bientôt sa place comme illustrateur. « Je n’ai jamais arrêté depuis, alternant commandes pour la jeunesse et bouquins perso, BD et dessins pour la presse, chez 10 Bayard, par exemple, pour Images Doc. Ça force à dessiner des choses que l’on n’attaquerait pas spontanément. C’est une bonne formation. Mon travail est relativement “grand public”. Je ne joue pas à l’artiste. En BD, on arrive facilement à se faire un petit salaire, mais il ne faut pas compter ses heures. » Depuis 1990, Marc Lizano a écumé à peu près toutes les maisons d’édition spécialisées : Famili, Bayard, Milan, Le Rouergue, Nathan, Casterman, Glénat, Delcourt, Carabas, Les Rêveurs… Alternant les livres jeunesse et les récits intimistes, il a publié une quarantaine d’ouvrages. Et aujourd’hui, les projets ne manquent pas. Citons la sortie de L’Île aux trente cercueils, adaptation du roman de Maurice Leblanc, un album autour d’une petite Juive cachée pendant l’Occupation, en collaboration avec Loïc Dauvillier, la réédition de Louise, écrit en collaboration avec sa compagne Marie-Christine Queillé, et inspiré des trois premières années de vie de leur fille ; également, en collaboration avec Nicoby, un récit intimiste sur le deuil d’un enfant... « Je cherche à faire des livres que les enfants ont envie de lire et ça me plaît. C’est vrai qu’il y a profusion d’illustrateurs, aujourd’hui, et que c’est difficile pour ceux Bibliographie partielle jeunesse : Princesse charmante, textes de Justine Curatolo, éd. Le Rouergue, 2002 Noé et les couleurs, scénario de Marc Lizano, dessins de Matthieu Maudet, éd. Casterman, 2008 Le pirate couve la grippe, textes d’Amélie Sarn, éd. Nathan, 2008 Les Endives au jambon, textes de Rémi Chaurand, coll. « Mes premiers J’AIME LIRE », Bayard Éditions, 2009 Bibliographie partielle tous publics : Bluette-sur-Mer, éd. Glénat, 2003 The end, flipbook dessiné pour Julie C. Fortier, éd. Prospektus, 2005 Ventricule, scénario de Marc Lizano, dessins de Philippe Gillot, éd. Carabas Louise, scénario de Marc Lizano et MarieChristine Queillé, éd. Charette, 2008 Être un auteur de romans noirs, texte de Claude Bathany, Fédération française de Comix, 2008 Portrait de photographe É t a b l e s - s u r- M e r Serge Picard, une écriture photographique Partageant sa vie entre la Bretagne et Paris, Serge Picard propose une véritable « écriture » photographique qui le rend reconnaissable entre tous. Débarrassés de tout folklore et de tout a priori, non datés, non situés, ses clichés, qu’ils soient portraits ou paysages, s’avèrent d’une grande © Gérard Alle force intérieure. Ils tendent à l’universel. Né à Saint-Brieuc il y a quarante-neuf ans, Serge Picard y a vécu jusqu’à l’âge de vingttrois ans. Au début des années 1980, il joue du banjo dans un groupe de musique bretonne, en compagnie de son frère jumeau, Fabrice. « Nous étions toujours ensemble, et j’étais en recherche d’identité. J’ai été le premier à aller vers la photo. Aujourd’hui, Fabrice est également photographe, dans la même agence, chez VU, mais nous avons des approches très différentes. » Serge Picard photographie des paysages, en noir et blanc, altérés, surprenants, graphiques, intériorisés. Mais lorsqu’on voit ses portraits d’Isabelle Huppert, par exemple, le travail apparaît si différent au premier abord, qu’on en vient à se demander : est-ce vraiment le même Serge Picard ou son frère jumeau ? Ou alors, y a-t-il plusieurs Serge Picard ? Quoique, à y regarder de plus près... « Pour moi, le paysage et le portrait, c’est la même chose. Je mets le sujet en scène, j’élimine toute référence au temps, au lieu. Quand je photographie quelqu’un, je ne veux pas connaître sa vie, son histoire. Je ne veux pas être influencé, avoir une idée préconçue, pour pouvoir prendre vraiment la personne telle que je la ressens, à partir de ce qu’elle donne et de ce que je peux prendre. Bien entendu, quand je photographie la Bretagne, c’est un peu particulier, parce qu’il y a là des paysages de l’enfance. Mais comme je suis parti et revenu, je ne les regarde plus de la même façon. Et j’essaie de les rendre accessibles, même à quelqu’un qui ne les connaîtrait pas. Il y a de la nostalgie, là-dedans, qui s’exprime par ces négatifs abîmés. Mais dans tous les paysages du monde, il y a des aspects symboliques. Je prends des cales, des phares, des lignes d’horizon. C’est très graphique. Je ne donne ni date, ni indication du lieu. Cette série de paysages en noir et blanc s’intitule Au bord du monde. Mais chacun peut imaginer son propre bord du monde. Tout n’est pas dit au spectateur. À lui de faire le reste du chemin, s’il en a envie. Il n’est pas obligé non plus. » À son arrivée à Paris, Serge suit des cours de photo à l’école américaine. Son professeur lui demande d’enlever toute référence au passé et de se poser la question : qu’est-ce que j’ai envie de dire ? « Il nous faisait faire des exercices comme tirer le portrait de quelqu’un sans qu’il soit sur la photo. » Après avoir survécu en faisant le croque-mort, le convoyeur de voitures ou l’employé de labo, Serge Picard travaille pour le quotidien Libération, à partir de 1986, grâce à un choix éditorial qui privilégie le cliché complémentaire et créatif, en noir et blanc, plutôt que la photographie illustrative et redondante. Dans la foulée, Serge publie ses premiers clichés en couleurs dans des magazines. Dès l’instauration de cette rubrique, il travaillera beaucoup pour le portrait de dernière page, dans Libé. « J’ai su très vite que je n’étais pas un photographe de reportage. J’ai l’esprit d’escalier, et il me faut du temps pour voir et comprendre ce qui se passe. » Faire partie de l’agence VU n’est pas une garantie absolue, car vivre de son art, pour un photographe, aujourd’hui, est de plus en plus difficile. « Les Anglo-Saxons veulent toujours de la photo illustrative. Ils me demandent de prendre ArthusBertrand avec un appareil photo, ou Botero, avec ses peintures d’Abou Ghraib, en arrière-plan. Finalement, Time Magazine a choisi mon autre portrait du peintre, non illustratif. Heureusement. » Après la crise de la presse, il y a eu la crise économique, et puis l’arrivée du numérique, ainsi que d’un nombre considérable de jeunes sur le marché. « Ils sortent des écoles, contrairement aux photographes de ma génération. Et ils maîtrisent parfaitement la technique, mais aussi l’art de monter un dossier. Je travaille avec du moyen format, 6x6, en argentique, ou en 24x36 numérique. Pour faire du 6x6 en numérique, il faudrait que j’investisse 30 000 euros. On entend dire que, dans l’avenir, il y aura encore des photos, mais plus de photographes. La faute au journalisme à sensation. » Serge trouve ses revenus dans la vente de tirages, quelques expositions, son travail pour la presse, l’animation de stages, et du corporate, c’est-à-dire de la photo pour les entreprises. Il restaure une maison, à Étables-sur-Mer, vit en Bretagne dix jours par mois et pendant les vacances scolaires. Il aime les sessions de musique irlandaise, dans les cafés de chez nous, trouve quelques références chez les peintres expressionnistes nordiques, comme Munch ou Nolde, mais pas chez les photographes, son objectif premier étant d’affirmer sa différence. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il y est admirablement parvenu. www.sergepicard.com www.agencevu.com/photographers/photographer.php?id=67 Image extraite de la série Au bord du monde Bibliographie : Sponte Sua, textes de Nathalie Papin, éd. Filigranes, 1997 Cadr’ages, itinéraires photographiques en Côtes-d’Armor, textes d’Yvon Le Men, 1997 Le Marais poitevin, éd. Vis à Vis, 1998 La Bretagne, collection photographique de l’Imagerie, éd. Filigranes, 1999 80+80 photo_graphisme, éd. Filigranes, 2006 Agence VU’ galerie, éd. Actes Sud, 2006 Memory of liquid days, éd. Filigranes, 2008 À paraître : Au bord du monde, éd. Filigranes 11 A CTUALITÉ DE LA LECTURE PUBLIQUE Brest Des fresques à Ponta « Quand les travaux du futur tramway et de réhabilitation ont commencé, il y a un an, on se serait cru à Beyrouth ! » Aude Escudié, qui venait d’arriver en tant qu’animatrice à la médiathèque de Pontanézen, quartier excentré de Brest – une cité, comme on dit communément aujourd’hui – s’est dit qu’il fallait « faire quelque chose, positiver, donner de la vie et de la couleur ». Elle a rencontré les animateurs du centre d’animation de Ponta, ceux du centre culturel l’Escale, les associations du quartier – dont Ponta-jardine, qui gère des jardins partagés –, les éducateurs de rue. « On bosse tous sur le quartier, on a le même public. La difficulté, c’était d’instaurer la mixité des participants, notamment des générations. » Tout le monde s’est dit partant. « On a commencé par de toutes petites choses, des cahiers d’écriture pour que les gens expriment leur sentiment, mais ça n’a pas été concluant. Les instituteurs ont travaillé avec leurs élèves sur la transformation. Une illustratrice, Hélène Ner, est venue pendant trois jours. Et puis, durant deux semaines, en juin et juillet, nous avons lancé la réalisation de fresques, autour de la médiathèque. » L’opération a le mérite de réunir enfants, ados et adultes, malgré des goûts parfois divergents. Chacun y a trouvé sa place, comme l’explique Nazim, qui a encadré l’atelier « graff ». « Ce sont des ados pas faciles à gérer. Ils sont parfois agressifs. On rame un peu. C’est difficile de travailler avec eux, en amont, et on ne peut pas aller trop loin, question exigence. L’autre jour, je ne les ai pas reconnus. Ils ont commencé à s’énerver vers 16 heures, mais avant, ils avaient été très calmes, concentrés. » Après Hélène Ner pour les tout-petits, Nazim pour les adolescents et les jeunes adultes, Mohamed Idali est venu apporter son savoirfaire en matière de calligraphie arabe et latine. Aude Escudié y tenait : « Autour de la médiathèque, je voulais qu’il y ait aussi des mots. » Les handicapés, encadrés par l’association Planète Loisirs, ont été également associés. Au final, les habitants du quartier glissent un petit mot en passant, pour dire leur bonheur de voir un peu de couleur dans leur environnement, même s’ils pouvaient douter de la faisabilité du projet, au départ. L’opération a été financée par le réseau des bibliothèques de Brest et le contrat urbain de cohésion sociale. Dans quelques mois, la vie du quartier, désenclavé par l’arrivée du tramway, va quelque peu changer. Les fresques auront, à leur manière, préparé cette ouverture sur la ville. Le lien social, c’est aussi le rôle d’une médiathèque. Belle-Île-en-Mer La chasse à l’enfant Le 27 août 1934, au pénitencier de Belle-Île-en-Mer, des enfants se révoltent et s’enfuient. Îliens et vacanciers participent activement à ce qu’on peut qualifier de véritable traque… Jacques Prévert est de ceux qui s’engagent pour l’abolition du régime pénitencier des mineurs. Fin 1934, il écrit le poème « Chasse à l’enfant », qui débouchera également sur le projet de film éponyme de Marcel Carné, resté inachevé. Une exposition itinérante, conçue par le photographe Philippe Bertin, est proposée aux bibliothèques. Elle entend rappeler le contexte de l’époque et le fol espoir des enfants d’échapper à leur condition. Elle donne également la parole à quatre écrivains, sensibles à l’évolution de la protection de l’enfance aujourd’hui, et institue une plate-forme d’échanges et de rencontres. Autour du cahier central des vingt-quatre images de Philippe Bertin, quatre écritures poétiques signées Françoise Ascal, Erwann Rougé, Yves Jouan et Benoît Schwartz. Chacun a élaboré, dans le temps et à son propre rythme, une écriture s’adressant à tous depuis un univers intime qu’avaient immédiatement rencontré les propositions du photographe. Ces photos, la révolte des enfants du bagne, la chasse aux enfants, l’échappée (vers quoi ?) de l’un d’entre eux, l’idée même de bagne pour des enfants souvent coupables du seul fait d’être à la rue : tel est le socle commun d’où ont (re)surgi de l’enfoui, de l’inattendu, chez les quatre écrivains. L’exposition, accompagnée du livre, est disponible à la location pour les bibliothèques. Diverses animations pourront également être envisagées : lecture publique, animation scolaire, débat, atelier d’écriture, atelier peinture autour du poème de Prévert, etc. Contact : Philippe Bertin, Productions Grand Angle - Tél. : 06 69 77 75 68 / www.productions-grandangle.com Bibliothèques en fête ? Depuis la suppression de l’opération « Lire en fête », initiée par le ministère de la Culture et de la Communication, nombreuses ont été les structures, petites et grandes, qui ont manifesté leur volonté de maintenir un temps fort de promotion de la lecture et des bibliothèques. D’où la naissance de « Bibliothèques en fête », à l’initiative de la BDP de Loire-Atlantique, adoptée par de nombreuses bibliothèques départementales de prêt. Hélas, elles ne pourront bénéficier des aides du CNL, lesquelles étaient à la base du succès de la manifestation précédente, permettant notamment d’inviter des auteurs. Comme le souligne Élisabeth Fabart, de la BDP 44, à l’origine de « Bibliothèques en fête », « le CNL préfère soutenir la manifestation nationale “À vous de lire”, dont la première édition s’est déroulée en mai dernier, sans grand succès, cette période étant peu propice aux animations dans les bibliothèques ». www.adbdp.asso.fr 12 Ille-et-Vilaine Inventer la nouvelle bibliothèque La journée départementale de la lecture publique, organisée par la MDIV le 19 octobre, aura pour thème « Inventer la nouvelle bibliothèque ». Au programme : des projections de films, une intervention de Claude Poissenot, enseignant-chercheur en sociologie à l’IUT Nancy-Charlemagne, intitulée « Le public au cœur de la bibliothèque ». L’après-midi, des échanges sous la forme d’ateliers permettront d’aborder les expériences en cours aux Pays-Bas concernant la mutualisation des services, le projet « Vie du citoyen » qui fait de la bibliothèque un « centre d’information local », ainsi que la question du lien social à travers l’offre de jeux en bibliothèque. Inscriptions et programme détaillé sur www.mediatheque35.fr Rennes Journée professionnelle accessibilité numérique Une journée professionnelle intitulée « Biblio thèques et accessibilité numérique » aura lieu aux Champs Libres le jeudi 30 septembre. Coorganisation : Bibliothèque publique d’information (Bpi) et Bibliothèque de Rennes Métropole (Champs Libres), en partenariat avec le ministère de la Culture et de la Communication (Service du livre et de la lecture) et de la commission Handicap de l’Association des Bibliothécaires de France. A CTUALITÉ DES ÉCRITURES CONTEMPORAINES Quimper Couleurs et Littérature La Ville de Quimper, les médiathèques de Quimper communauté, les libraires et les acteurs culturels se sont associés pour créer l’Odyssée des mots, un événement festif et fédérateur autour des mots. Comme en 2009, en amont de l’événement, durant un mois, des expositions, des ateliers et des conférences seront proposés. Durant la semaine du 19 au 24 octobre, le programme deviendra plus dense, pour s’achever sur la « Librairie éphémère » des 22 et 23 octobre. La thématique 2010 est celle des « couleurs », qui vont investir la ville de Quimper et les médiathèques de l’agglomération. Une approche littéraire, scientifique, historique, linguistique et artistique. http://bibliotheques.quimper-communaute.fr Morlaix Rencontres autour de la petite édition d’artistes Organisé par l’association Les Moyens du Bord, Multiples, qui est devenu un rendez-vous incontournable autour de la petite édition d’artistes, propose cette année des rendez-vous en amont de son salon, dans le but d’élargir son public et son rayon d’action. Les 16 et 17 octobre : découverte de l’atelier typographie des éditions Isabelle Sauvage à Plounéour-Ménez. Le 16 octobre également, à 18 h 30, au café-librairie L’Autre Rive, à Berrien, rencontre entre éditeurs, auteurs, imprimeurs, libraires, artistes, avec présentation de leur production de livres et éditions d’artistes, autour de la question : « Pourquoi des artistes et des éditeurs font-ils le choix de proposer des éditions à faible tirage ? » Au rez-de-chaussée sera présentée une exposition des œuvres de l’artothèque (sérigraphies et multiples…), ainsi qu’au premier étage, une exposition des productions des Moyens du Bord. Durant tout le mois d’octobre, au café-librairie Le Bel Aujourd’hui, à Tréguier : présentation de quelques livres d’éditeurs participant au salon, en libre à la manipulation sur table. La librairie La Nuit Bleu Marine, à Morlaix et la galerie Les Stèles, à Huelgoat, seront également associées à l’événement, ainsi que la bibliothèque Les Ailes du Temps qui présentera la collection de livres et œuvres d’artistes du poète morlaisien Daniel Kay. Du 23 au 31 octobre, au Caplan, à Guimaëc : présentation des vidéos de 68 Septante, ainsi que de la collection de Bertrand Menguy et de l’Urgence de l’art. En projet, une soirée au ciné art & essai La Salamandre (Morlaix) en collaboration avec l’association 68 Septante. Le Salon de la petite édition d’artiste aura lieu les 23 et 24 octobre (de 11 h à 18 h 30), à Morlaix et investira trois salles de la mairie ainsi que de nouveaux lieux en ville. http://lesmoyensdubord.free.fr Un nouveau président à la SGDL Jean-Claude Bologne, essayiste, nouvelliste et romancier, a été élu président de la Société des gens de lettres à l’issue de l’assemblée générale de l’association, le 16 juin 2010. Il succède à Alain Absire, qui l’a présidée pendant sept ans. La nouvelle composition du bureau et du comité est disponible sur le site de la SGDL. www.sgdl.org Lorient Journée professionnelle du Salon du livre jeunesse Le Salon du livre jeunesse du Pays de Lorient, qui se tiendra du 27 novembre au 2 décembre au Palais des congrès de la ville, organise sa journée professionnelle le jeudi 2 décembre. La thématique retenue par le groupe de travail piloté par le CDDP du Morbihan, composé des médiathèques du Pays de Lorient, de la Ligue de l’enseignement, de documentalistes de collège et lycée et de Livre et lecture en Bretagne, est « La poésie ». Au programme : une conférence de Jean-Pierre Siméon, « La poésie pas peur ! », une présentation des éditions Møtus par François David, et des ateliers, au cours desquels seront abordés : l’animation d’un atelier d’écriture jeunesse, l’accueil d’un auteur en résidence, l’organisation d’un atelier autour du livre de poésie, les modes d’accès à la poésie, et la transmission orale du poème. Brest Langues du tonnerre Le 29 mai dernier, malgré le crachin qui tombait sur la place de la Liberté, la dixième Fête des langues organisait un débat sur la diversité linguistique, animé par Jean-Yves Le Disez, fondateur de la manifestation. L’occasion pour l’occitaniste Joëlle Cordesse de demander « l’égalité des langues, au même titre que celle des citoyens et des peuples », et de rappeler qu’ « on apprend beaucoup à travers les langues des autres ». Pour Hsiu Chin Soreal, « il faudrait parler cinq langues par jour, comme le corps a besoin de cinq fruits par jour ». Rozenn Milin a rappelé que la grande majorité des humains était plurilingue, et Marc Mangin, qu’en matière de langues, le sous-développement ne se situait pas au sud, mais au nord du monde. L’écrivain haïtien Gary Victor a ajouté que « le meilleur moyen de servir une langue minoritaire est d’améliorer sans cesse la qualité de ses productions ». Tout au long de l’année, l’association organisatrice multiplie les contacts entre défenseurs des langues à travers le monde, s’appuyant sur la diversité d’origine des habitants de l’agglomération brestoise. Chaque année, la Fête des langues est le point d’orgue de leur action et l’occasion de la parution d’un recueil multilingue : Écritures en partage. www.langues-du-tonnerre.asso.fr Pays de Lorient Carnet de voyage Les 16 et 17 octobre 2010 aura lieu le premier Salon du voyage à thème et du carnet de voyage au pays de Lorient. Les organisateurs annoncent avoir pour objectif « de réunir les acteurs du tourisme autrement et de mettre en valeur la thématique des carnets et livres de voyage. Notre volonté est d’en faire un événement qui à lui seul fasse rêver et voyager les visiteurs. » Madagascar sera le pays à l’honneur. Des habitats nomades (tipi, yourte, tente berbère) sont annoncés, ainsi que diverses animations (contes, dégustations, ateliers...). Tél. : 02 97 21 81 10 www.facebook.com > Voyages Et Carnets Lorient www.livrelecturebretagne.fr > S’inscrire à 13 A CTUALITÉ DE LA LIBRAIRIE Association des librairies indépendantes de Bretagne (ALIB) a également pour objectif de fournir des moyens simples, souples et peu coûteux pour la mise en place de sites internet personnalisés : PL2i (la société qui gère le site, qui compte trente-six librairies actionnaires et deux associations de libraires) fournira un site internet au libraire qui en fait la demande. Celui-ci peut être un site vitrine d’information sur la vie de la librairie, voire un site e-commerce complet, permettant la réservation, la vente en ligne d’ouvrages physiques, la vente en magasin et en ligne d’ouvrages numériques et la relation avec les collectivités. La vente en ligne des ouvrages sera gérée par PL2i, qui percevra le paiement, exécutera la livraison et le SAV. Il est prévu que le libraire perçoive une commission sur les ventes en ligne réalisées sur son site dès l’équilibre financier du portail. 1001librairies.com fournira enfin des moyens d’administration, de maintenance et de logistique performants associés (logistique mutualisée de 60 000 références). Un accord définitif a été signé en ce sens avec Electre, qui offrira 250 000 fiches de données bibliographiques, afin de donner à ce portail une véritable existence. Présidée par Yann Kerbrat, responsable de la librairie Au bouquin malin (Landivisiau), l’Association des librairies indépendantes de Bretagne est née le 28 juin dernier, notamment grâce au travail d’accompagnement de Livre et lecture en Bretagne. Les objectifs d’Alib sont de promouvoir l’existence et la reconnaissance des librairies de proximité, de créer des lieux de rencontres et de débats professionnels, de concourir à la diversité culturelle et de favoriser la coopération interprofessionnelle (partenariats avec les bibliothèques, les établissements scolaires, les théâtres, les musées, les cinémas, les associations culturelles, etc.). La création de l’ALIB a également été l’occasion d’élaborer la Charte de la librairie en Bretagne, téléchargeable sur www.livrelecturebretagne.fr > Ressources > Vous êtes libraire. http://pl2i.org Numérique : un vade-mecum à l’usage des libraires Alib Librairie de la Cité 6, rue Fontaine-Blanche - 29800 Landerneau Tél. : 02 98 24 74 93 - [email protected] © Ouest-France Après le rapport « Accueillir le numérique ? » en 2008, le SLF (Syndicat de la librairie française) et l’Alire (Association des librairies informatisées et utilisatrices des réseaux électroniques) publient un guide pratique à l’usage des libraires qui souhaitent développer une plate-forme de commerce en ligne papier et numérique en lien avec leur magasin. De gauche à droite : Éric Wiethaler (Maison de la presse, Landivisiau), Yann Kerbrat (Au bouquin malin, Landivisiau), Carole Marc (Livres in room, Saint-Pol-de-Léon), Christian Ryo (Livre et lecture en Bretagne), Sophie Mallet (Rendez-vous n’importe où, Pontivy), Olivier Pennaneac’h (Livre et lecture en Bretagne), Bernard Gentil (Librairie de la cité, Landerneau) Portail de la librairie indépendante Récemment baptisé 1001libraires.com, le Portail de la librairie indépendante devrait ouvrir ses portes au mois d’octobre. Initié par le SLF en 2006, ce projet a été construit sur la base de deux études. La première, « Impact du numérique sur la librairie indépendante », mandatée par l’ARPEL et le SLF, avait pour objectif d’identifier les tendances numériques en cours pouvant impacter l’activité des librairies indépendantes. La seconde résumait succinctement la mission établissant la stratégie de mise en œuvre du portail de la librairie indépendante. Aujourd’hui, tel qu’il est conçu, le portail a pour mission première de donner la priorité au passage dans la librairie physique, sans perdre les ventes en ligne potentielles. Lorsqu’un internaute demandera à 1001libraires.com où il peut se procurer un livre disponible, les librairies de son voisinage qui ont ce livre en stock lui seront indiquées par le site. Le client pourra alors faire une réservation dans la librairie de son choix, et aller chercher le livre. 1001libraires.com ne percevra pas de commission. Une transmission quotidienne de l’état des stocks d’ouvrages en vente devra être effectuée entre la librairie et le site, afin de diffuser une information actualisée. La plupart des logiciels de gestion de librairie comportent cette possibilité, utilisée en particulier dans le cadre de DATALIB. Le portail 14 Créer son site de vente, choisir ses prestataires informatiques ; contractualiser avec les diffuseurs numériques ; gérer ses bases de données ; mettre en place une politique d’affiliation avec le monde de la blogosphère et des autres acteurs du web ; construire une communication appropriée vers sa clientèle ; animer sa plateforme et valoriser l’offre des éditeurs… Tels sont quelques-uns des thèmes abordés ici, avec toujours en fil conducteur la nécessité de bien comprendre que pour le libraire, vendre en ligne, c’est aussi vendre des livres papier. Ce guide est, par ailleurs, complété par un tableau annexe présentant les différents métiers du marché du livre et leur transformation face à l’économie numérique. Avec l’arrivée massive des nouveaux outils de lecture électronique, le libraire a désormais la possibilité d’exister sur le web et de permettre aux clients de commander leurs livres depuis chez eux, en toute fiabilité, qu’ils soient en format papier ou numérique. Informations pratiques : La librairie et le numérique. Vade-mecum à l’usage des libraires Publication de l’Alire et du SLF avec le soutien du MOTif, observatoire du livre et de l’écrit en Île - de - France. Ré daction du document : Caroline Tachon. Le vade-mecum est consultable et téléchargeable sur www.livrelecturebretagne.fr > Ressources > Vous êtes libraire. A CTUALITÉ DE LA LIBRAIRIE Rennes La librairie Le Failler a changé de mains Dominique Fredj et Valérie Hanich ont repris, le 2 mai dernier, la librairie Le Failler, véritable institution rennaise. Elle gardera son nom. La reprise a été facilitée par Didier Grevel, de l’Association pour le développement de la librairie de création (Adelc). Créée à Rennes en 1925, la librairie a changé plusieurs fois de propriétaire. M. Le Failler la tenait depuis 1984. Longtemps installée place du Parlement, la librairie a emménagé dans un ancien magasin de tissus, rue Saint-Georges, en 2001. Elle dispose de trois étages et d’une grande vitrine. C’est la dernière grande librairie généraliste indépendante de Rennes. À signaler que l’enseigne conserve ses quatorze employés, dont la plus ancienne a quarante-trois ans de maison. Le couple a longtemps exercé à Paris, notamment au sein de la Fnac. Mais, en optant pour une librairie indépendante, Dominique Fredj et Valérie Hanich entendent imposer de vrais choix de libraires. Le scolaire, le parascolaire et l’universitaire tiendront toujours une large place dans l’établissement, qui entend développer les rayons littérature et beaux-arts, jeunesse, bande dessinée et vie pratique, mais également faire de la librairie Le Failler un lieu de vie, de rencontres avec les auteurs et de débats, en s’ouvrant à la vie culturelle et universitaire rennaise. Librairie Le Failler, 8-14, rue Saint-Georges, ouvert du mardi au samedi, de 10 h à 19 h, et le lundi, de 10 h 30 à 19 h. B e r rie n Échange de livres Le café-librairie L’Autre Rive organisait au mois de mai dernier son premier « Kula », nom emprunté aux Papous de Nouvelle-Guinée qui pratiquent le don sans contrepartie, histoire de faire circuler les biens et que tout le monde en profite. « L’idée nous a été soufflée par des clients qui déménageaient et ne voulaient pas partir avec leurs cartons de bouquins », dixit Marc Ledret, le libraire. « Le principe est simple : les gens arrivent avec leurs livres et les rajoutent sur le tas. Chacun se sert et repart avec les ouvrages de son choix. Même ceux qui n’ont rien apporté ou sont là par hasard. Et les participants s’avèrent raisonnables. Personne ne repart avec plus de trois ou quatre bouquins. Il n’y a pourtant pas de règle établie. » Malgré la quasi-absence de publicité, les clients sont venus nombreux. Marc Ledret compte renouveler l’opération tous les trois mois. Elle ne fera qu’attirer de nouveaux clients, dans un lieu décidément toujours à l’affût d’idées nouvelles, dont la fréquentation était en augmentation de 20 % au mois de juillet par rapport à l’an dernier. Betton Des images et des mots « Pénétrer dans une librairie c’est partir… c’est aller à la rencontre de… changer de regard et d’humeur, s’ouvrir en appréhendant de nouveaux horizons. Riche d’un terrain d’aventures aux contours infinis, le visiteur oscille entre rêve et réalité, croise le libraire et échange. Qu’est-ce-qui guide les choix ? Éditeurs ? Auteurs ? Collections ? Le libraire se réjouit alors de souligner la présence d’auteurs mettant leurs compétences au service de la littérature, contribuant à donner plus de qualité encore au talent des auteurs. » C’est dans cette perspective que la librairie Gargan’Mots organise « Des images et des mots », du 21 septembre au 16 octobre. De multiples rencontres avec, chaque fois, la présence d’un éditeur et de plusieurs auteurs. Au programme : le 21 septembre, rencontre avec l’écrivain Jacques Josse ; le 24, avec les éditions Diabase ; le 28 avec La Part commune ; le 1er octobre avec Mérédith Le Dez ; le 8 octobre avec les éditions de la Rue Nantaise, et le 16 octobre avec Planète Rêvée. Programme complet sur www.livrelecturebretagne.fr > Actualités Librairie Gargan’Mots 11, place du Vieux-Marché, 35830 Betton Tél. : 02 23 27 45 49 www.critic.fr Nouvelle classification des emplois en librairie À compter du 1er juin, la nouvelle grille de classification des emplois en librairie est entrée en vigueur et s’étend à l’ensemble de la profession (arrêté du 17 mai 2010). Les libraires disposent de six mois (entreprises de moins de 11 salariés) ou de neuf mois (au-delà de 11 salariés) pour appliquer cette nouvelle grille. Un plan de formation, coordonné par le SLF, la Fill et l’INFL, en partenariat avec les SRL, les Drac et les associations de libraires, est proposé depuis le 2e trimestre 2010. Pour la Bretagne, une journée de formation a eu lieu à Lorient le 10 mai. Une autre journée est programmée le 27 septembre à Nantes. Inscriptions sur www.livrelecturebretagne.fr > S’inscrire à 15 A CTUALITÉ DE L'ÉDITION Pa ris © Conseil régional de Bretagne Vers une évolution de la participation de la Région au Salon du livre ? La Région Bretagne réfléchit actuellement à l'idée de favoriser la visibilité de la production éditoriale de Bretagne en octroyant, dès 2011, des aides individuelles aux éditeurs pour leur présence sur des salons en France ou à l’étranger. Jusqu’à présent, la Région Bretagne ne soutenait cette démarche que dans le cadre du Salon du livre de Paris. En concertation avec les éditeurs, invités par Jean-Michel Le Boulanger, vice-président à la culture au conseil régional, le 5 juillet dernier à Lorient, une réflexion a été engagée sur l’avenir et les modalités de sa participation au Salon du livre de Paris. Plusieurs éditeurs ont déjà fait valoir que ce n’était pas le salon qui les intéressait le plus. Pour d’autres, en revanche, la présence semble indispensable, pour les rencontres qu’elle engendre, et, pour une minorité, à cause d’un excellent chiffre d’affaires. À signaler que le total des ventes est le plus élevé de tous les stands régionaux présents sur le salon. De nombreuses questions ont été posées : ce stand est-il vraiment représentatif de l’ensemble de l’édition bretonne ? Donne-t-il une image de créativité, d’innovation ? Le rôle de la Région n’est-il pas d’aider les écritures émergentes ? Et puisqu’il s’agit de l’image de la Bretagne, ne faut-il pas réfléchir à une collaboration avec le comité régional du tourisme ? Première modification envisagée : la vente des ouvrages pourrait être prise en charge par une librairie bretonne, ce qui permettrait de mieux respecter la chaîne du livre. À proximité d’un stand Bretagne plus réduit, les éditeurs qui le souhaitent pourraient louer des stands, en leur nom propre. L’organisateur du salon, Reed Expo, ne semble pas être opposé à cette évolution. La taxe professionnelle devient Antoine Gallimard contribution économique territoriale (CET) à la présidence du SNE Comme nous l’annoncions dans l’article « La taxe professionnelle dans le secteur de l’édition* », le vote de la loi de finances du 30 décembre 2009 a confirmé la suppression de la taxe professionnelle et l'instauration d'une contribution économique territoriale (CET). La CET est composée de deux cotisations distinctes applicables de manière cumulative : une cotisation foncière et une cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises. La cotisation foncière des entreprises (CFE)** a pour base de calcul la valeur locative des biens soumis à la taxe foncière. La cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE)** est égale à une part de la valeur ajoutée produite par l'entreprise. Cette part se calcule en multipliant la valeur ajoutée par un ratio déterminé en fonction du chiffre d'affaires de l'entreprise. Les entreprises dont le chiffre d'affaires est inférieur à 152 500 € ne sont pas soumises à la CVAE. Les librairies labellisées (Label LIR) pourront être exonérées de la CET au même titre que de la taxe professionnelle. La demande est à faire parallèlement à la déclaration d’impôt. Cependant, comme pour la taxe professionnelle, l’exonération n’est pas systématique, car elle dépend des collectivités. La CFE est perçue par les communes ou les structures intercommunales. La CVAE est perçue par les communes ou les structures intercommunales à hauteur de 26,5 %, par les départements à hauteur de 48,5 % et par les régions à hauteur de 25 %. *Pages de Bretagne n° 20, décembre 2009, p. 16. **Pour connaître les détails du mode de calcul, vous pouvez vous adresser à votre centre d’imposition ou sur www. impots.gouv.fr ou à Livre et lecture en Bretagne. S ain t- É tie n n e Formation au livre d’artiste Université Jean Monnet — Faculté d´arts, lettres et langues (Saint-Étienne) Formation 1 an. Master arts, lettres, langues mention arts spécialité édition d'art et livre d'artiste finalité professionnelle Ce Master 2 professionnel, s'appuyant sur un enseignement du livre d'artiste, s'ouvre au champ de l'édition d'art traditionnelle (catalogues de musées, d'expositions, livres d'art, revues spécialisées,...) et à son application électronique. Cette formation professionnelle prépare aux métiers de : designer éditorial, directeur de collection, assistant d'édition et autres professions liées au domaine de l'édition d'art. Université Jean-Monnet – Faculté d´arts, lettres et langues (Saint-Étienne) http://portail.univ-st-etienne.fr/bienvenue/formations/faculte-d-arts-lettres-langues-9074.kjsp?RH=FORM1 16 À l’occasion de l’assemblée générale du 24 juin 2010, les adhérents du SNE ont élu leur nouveau président. Antoine Gallimard entend se situer dans la continuité de l’action du syndicat, dont il était vice-président, dans les dossiers complexes de la profession, en particulier « la création d’un marché du livre numérique respectueux de la création, garant de la diversité culturelle et dynamisant la pratique de la lecture ». Formations Asfored Comme chaque année, le catalogue des stages de l’Asfored, consacrés aux métiers du livre, a fait l’objet d’une révision complète. Les contenus ont été adaptés aux évolutions des pratiques et des outils, le nombre de sessions (130 au total) de chaque stage a été revu, le rubricage lui-même a été repensé pour faciliter les recherches. Les neuf stages créés tentent de répondre aux attentes identifiées auprès des entreprises spécialisées. À côté de « Découvrir l’édition », que les participants peuvent suivre en totalité ou par modules, l’Asfored lance deux autres formations destinées à un large public : « Savoir rédiger », ainsi qu’« Économie et gestion de l’entreprise d’édition : les fondamentaux », stage d’initiation pour toute personne exerçant ou se préparant à exercer des responsabilités dans l’édition. Tous les détails sont sur www.asfored.org ACTUALITÉ DES PUBLICS ÉLOIGNÉS DU LIVRE ET DE LA LECTURE Les Champs Libres en pointe La prise en compte des publics éloignés du livre, quelle qu’en soit la raison, est un élément important de la politique de la bibliothèque des Champs Libres. Dans le cadre de sa restructuration, l’établissement rennais confirme cette tendance, avec la création d’un service dédié. Depuis le 1er septembre, Françoise Sarnowski est officiellement chargée du service Accessibilité de la bibliothèque de Rennes Métropole, située dans les Champs Libres. « Mon rôle consiste à adapter les collections et les services pour les besoins de chacun, notamment les personnes éloignées de la lecture. » Auparavant, Françoise s’occupait des publics dits « empêchés », mais en plus de son travail au sein de la bibliothèque. À présent, il s’agit d’un service à part entière, animé par trois personnes, au cœur d’un département des Publics qui va axer son effort sur la qualité de l’accueil pour tous et chacun. Françoise Sarnowski n’a pas attendu cette modification dans l’organisation de la bibliothèque pour agir. « Il nous faut travailler très en amont, comme nous l’avons fait pour le cycle "polar”, en intégrant l’interprétariat en langue des signes lors des rencontres avec les auteurs, une rencontre croisée sur langue bretonne et langue des signes, ainsi que l’enregistrement de romans policiers pour les non-voyants. En 2011, nous commencerons un cycle en direction des personnes âgées. » Constatant que la production de documents sonores restait limitée aux best-sellers, la bibliothèque a décidé de lancer des enregistrements à la carte qui viennent enrichir le fonds CD réservé au public handicapé. L’écoute est accessible grâce à un lecteur Daisy intégrant toutes les fonctionnalités. En ce qui concerne les non-voyants, les choses évoluent, avec l’accès par téléchargement à 5 700 titres via BrailleNet et la bibliothèque Hélène. Toutes ces initiatives bénéficient de l’exception au droit d’auteur réservée aux publics handicapés. « À ce propos, ajoute Françoise Sarnowski, j’aimerais bien savoir ce qu’en pensent les éditeurs bretons, puisque les œuvres qu’ils publient restent totalement inaccessibles à ces publics. Peut-être faudrait-il envisager par exemple des lectures d’extraits en langue des signes, pour donner envie aux Sourds de lire des ouvrages qui parlent de leur région. » Autre domaine d’intervention, celui des personnes éloignées de la lecture socialement. Françoise et ses collègues travaillent en collaboration avec des partenaires qui sont en contact avec ces publics, comme ATD Quart Monde. « Nous avons un projet de coformation, associant bibliothécaires et travailleurs sociaux, publics exclus, afin de travailler sur les représentations que nous avons les uns des autres. C’est un enjeu important, car on ne vit pas dans la société d’aujourd’hui sans maîtriser les compétences de base que sont la lecture et l’écriture. Bien entendu, ces gens ne viendraient pas seuls vers nous. Il faut les accompagner. Il faut des éducateurs, des médiateurs, pour faire ce travail. Et identifier pour chaque personne la ressource nécessaire, trouver les outils pour chaque niveau de compétence. » Un travail de fourmi qui demande beaucoup de finesse. « Par exemple, il nous a fallu des mois pour construire la soirée avec les sourds, où nous avons débattu de la situation des langues minoritaires. » Pour l’instant, la bibliothèque ne dispose pas d’un poste de médiateur sourd. L’idée est alors apparue que des usagers sourds volontaires accueillent d’autres sourds. La première initiative concernait les ressources d’autoformation. Car, selon les sujets traités, se pose pour les sourds la question du bagage culturel, leur éducation ne leur ayant pas permis d’accéder à certains domaines. « C’est vrai qu’au début, avec les sourds, c’était un peu musclé. Il n’y avait rien et ils se méfiaient. Nous nous sommes rencontrés. Ils ont pu exprimer leurs envies et sont devenus acteurs. Maintenant, nos soirées contes en duo bilingue réunissent quarante personnes. Le fond de notre philosophie, c’est cela : mixer les populations, Français et étrangers, jeunes et vieux, handicapés et valides, et construire des passerelles avec les gens concernés. » © R.Volante Rennes À noter : le service Accessibilité de la Bibliothèque de Rennes Métropole travaillera volontiers avec tout professionnel du livre et de la lecture de Bretagne intéressé par l'accessibilité, et notamment par un projet de repérage et de mise en valeur de lectures faciles et de « livres-passerelles » pour adultes débutants. Brest Rennes, Nantes I l l e - e t-Vil ain e Un livre pour enfants autistes Argentine-France : projet d’écriture à la prison des femmes Une nouvelle bibliothécaire pour la lecture en prison De l’eau, de l’eau et moi, le livre créé par trois étudiants en master 2 métiers du livre, à Brest, est destiné aux enfants autistes. Toujours à la recherche d’un éditeur, le livre est en ce moment testé au centre Winnicott du CHRU de Brest, auprès d’enfants autistes ou souffrant de troubles du comportement. Un projet de correspondance et d’écriture entre l’Argentine et la France a vu le jour à la prison des femmes de Rennes, grâce au travail de l’association Travesias. Après un début en Argentine, le projet se poursuit en France, par la mise en place de deux ateliers : un atelier poésie et un atelier dessin et sérigraphie, puis par l’invitation en résidence à la Maison de la Poésie de Rennes, de María Medrano, qui doit participer aux ateliers d’écriture avec les femmes des prisons de Rennes et de Nantes. Pour en savoir plus : http://autisme.info31.free.fr R e n n e s, N a n t e s www.travesias.fr Emmanuelle Callac est arrivée le 15 juin dernier, pour coordonner les bibliothèques des établissements pénitentiaires de l’Ille-et-Vilaine. Elle rejoint l’équipe de la Ligue de l’enseignement de ce département, qui compte déjà dans ses rangs les deux coordinatrices des activités culturelles pour les prisons de l’Ille-et-Vilaine et la chargée de mission culture/justice pour la Bretagne. La mission d’Emmanuelle Callac est de coordonner et de développer les bibliothèques sur trois sites : maison d’arrêt de Saint-Malo, médiathèque de la prison des femmes à Rennes, ainsi que les trois bibliothèques du nouveau centre pénitentiaire pour hommes de Vezin. Tél. : 02 99 67 10 67 - [email protected] Lettre d’info Lecture à l’hôpital Livre et lecture en Bretagne réactive une mission naguère portée par la Cobb (Agence de coopération des bibliothèques et centres de documentation en Bretagne), entre 2005 et 2007. Depuis janvier 2010, Christine Loquet est en charge de ce domaine, dans le cadre d’une mission plus générale : « publics éloignés du livre ». Un bulletin de liaison avait été mis en place par Véronique Le Moigne, en 2006. La « lettre d’info », qui était très appréciée des professionnels des établissements hospitaliers, paraît à nouveau depuis le mois de juillet. La prochaine lettre paraîtra en octobre. Pour recevoir la lettre trimestrielle, envoyez votre demande à : [email protected] À signaler également, la journée professionnelle « Lire à l’hôpital » organisée par Livre et lecture en Bretagne, qui aura lieu le 9 décembre 2010. 17 A CTUALITÉ DE L IVRE ET L ECTURE EN B RETAGNE Brest Livre et lecture en Bretagne a souhaité organiser, en partenariat avec le réseau des bibliothèques de la Ville de Brest, une journée de rencontre consacrée à l’édition jeunesse en interrogeant des éditeurs et des librairies spécialisés sur leurs motivations et leurs stratégies. L’émergence, ces dernières années, en Bretagne de nombreuses maisons d’édition, librairies et manifestations littéraires spécialisées jeunesse, semble aller à l’encontre d’un discours quasi dominant, qui affirme un désintérêt des plus jeunes pour la lecture et plus particulièrement pour le livre. Il s’agit d’offrir un temps d’échange aux divers professionnels du livre et de la lecture pour que chacun puisse exposer la manière dont il appréhende ce public aux pratiques culturelles très mouvantes. Le 30 septembre, de 9 h 30 à 16 h 30, au musée des Beaux-Arts de Brest. Le programme et le bulletin d’inscription sont téléchargeables sur www.livrelecturebretagne.fr > S’inscrire à A u t res jo u rn ées p ro fes sio n n elles : 18 novembre : édition en langues bretonne et gallèse 21 octobre : marchés publics 9 décembre : lire à l’hôpital 20 janvier 2011 : livre numérique Le 9 octobre : Nuit des auteurs de théâtre Rennes Livre et Lecture en Bretagne assure, en partenariat avec l’EPCC Spectacle vivant en Bretagne, la communication de cette manifestation, qui se déroule dans tous les départements de la région, le 9 octobre, avec comme mot d’ordre : « Le théâtre, ce n’est pas qu’au théâtre ! » Cette 4e Nuit des auteurs propose d’aller à la rencontre d’écrivains qui font le théâtre d’aujourd’hui et de demain, à travers des lectures, des mises en espace et des débats. Dans toute la France, du 8 au 20 novembre 2010, seront organisées des rencontres avec des librairies, des bibliothèques, des universités, des théâtres et des associations culturelles. Pour cette édition, le Centre national du livre invitera douze écrivains colombiens. Au programme : © Hervé Ronné / Graph & Ti © Tatiana Domas / Olwenn Manac’h Journée professionnelle « édition jeunesse » • À Lamballe, une rencontre ave c l’auteur Sylvain Levey, avec la participation du Théâtre du Rictus. • À Brest, la Petite Librairie propose une rencontre avec un invité surprise, et la Maison du Théâtre met à l’honneur les textes de Sylvian Bruchon. Ce sera aussi l’occasion de découvrir les textes de Daniel Keene, auteur coup de cœur 2010. • À Carhaix, une soirée avec Louise Doutreligne, à la découverte de ses textes. • À Rennes, une rencontre avec Ricardo Montserrat, autour des thèmes qui traversent son œuvre. Lectures et présentation d’extraits de pièces par Odette Simonneau et par la compagnie 3ème Acte. Au milieu de la soirée, un buffet estival ou une soupe automnale, suivant les caprices de la météo. • À Josselin, toute la journée, découverte des textes de Marion Aubert, diffusés en continu au salon d’écoute. Portes ouvertes à la théâtrothèque. 18 Belles Étrangères : littérature colombienne À Rennes, deux écrivains seront reçus du 10 et 12 novembre : J u a n G a b r i e l Vásquez et Tomas González. Auteur d’Histoire secrète du Costaguana (éditions du Seuil, 2010) et des Dénonciateurs ( A c t e s S u d , 2 0 0 8 ) , J u a n Gabriel Vásquez est considéré comme le plus remarqué d’une toute nouvelle génération de romanciers colombiens. Tomas González est l’auteur de Primero estaba el mar, son premier roman, prochainement traduit en français. Son œuvre, restée dans un premier temps confidentielle, est enfin reconnue. Rendez-vous mercredi 10 novembre à 18 h 30 pour un café littéraire aux Champs Libres, autour des auteurs et de leurs œuvres. Dans l’après-midi, Juan Gabriel Vásquez interviendra à la prison des femmes de Rennes, pour une rencontre avec des détenues. Vendredi 12 novembre, ce sont les étudiants hispanistes de Rennes 2 qui présenteront aux auteurs les traductions qu’ils auront réalisées de leurs ouvrages. Pour l’occasion, la bibliothèque Triangle propose une lecture-spectacle en espagnol, en français, et en musique, le mardi 9 novembre, à 18 h 30, orchestrée par la compagnie Carnets de voyages, de Guylaine Kasza. Les Belles Étrangères sont coordonnées à Rennes par Livre et lecture en Bretagne. Grateloup Rencontre des salons du livre de jeunesse Les 15 et 16 juin dernier, Livre et lecture en Bretagne assistait aux 12es Rencontres nationales de la Fédération des salons et fêtes du livre de jeunesse à Grateloup, dans le Lot-et-Garonne. La nouvelle présidente n’est autre qu’Élise Gosselin, de la Ligue de l’enseignement du Morbihan, également présidente du Salon du livre jeunesse de Lorient. La Fédération regroupe les structures organisatrices et permet à ses membres de se rencontrer et d’échanger. Créée en 2000, elle compte actuellement parmi ses adhérents dix-huit salons et fêtes du livre. Les rencontres nationales se déroulent au mois de juin dans une ville différente chaque année, sous la responsabilité d’un des membres de la Fédération. Celle-ci projette de s’ouvrir à d’autres membres et de dynamiser ses actions portant sur la littérature jeunesse, afin de lui donner une dimension européenne et interprofessionnelle. Enfin, elle entend devenir un centre de ressources, établir un label et rédiger une charte. AGENDA SEPTEMBRE À DÉCEMBRE 2010 2 octobre Liffré (35) LIFFRÉLIVRES 2e édition www.ville-liffre.fr 8 au 10 octobre Nantes (44) FESTIVAL MIDIMINUITPOÉSIE 10e édition www.maisondelapoesie-nantes.com 8 au 10 octobre Saint-Malo (35) QUAI DES BULLES 30e édition www.quaidesbulles.com 9 octobre Lamballe, Brest, Carhaix, Rennes, Josselin NUIT DES AUTEURS DE THÉÂTRE EN BRETAGNE 4e édition www.livrelecturebretagne.fr 14 au 16 octobre Nantes et Gétigné-Clisson (44) LES ENTRETIENS DE LA GARENNE LEMOT 17e édition 02 40 76 73 38 06 86 08 54 22 15 octobre au 15 novembre Rennes (35) FESTIVAL PYLÔNES : familles 2 édition 06 64 34 87 34 e 16 et 17 octobre Inzinzach-Lochrist (56) SALON DU VOYAGE À THÈME ET DU CARNET DE VOYAGE 1re édition www.facebook.com > Voyages Et Carnets Lorient 23 et 24 octobre Morlaix (29) SALON DE LA PETITE ÉDITION D’ARTISTE 5e édition http://lesmoyensdubord.free.fr 30 et 31 octobre Carhaix (29) FESTIVAL DU LIVRE EN BRETAGNE 21e édition SALON DES ROMANCIERS DE BRETAGNE 24e édition www.festivaldulivre-carhaix.org 4 au 7 novembre Nantes (44) RENCONTRES LITTÉRAIRES SUISSES ET AUTRICHIENNES 5e édition www.impressionsdeurope.com 7 novembre Pluguffan (29) SALON MULTILINGUE DU LIVRE JEUNESSE 18e édition 02 98 91 14 21 10 au 14 novembre Nantes (44) UTOPIALES 19 au 21 novembre Lamballe (22) NOIR SUR LA VILLE 14e édition http://fureurdunoir.free.fr 19 au 21 novembre Fougères (35) SALON DU LIVRE JEUNESSE 26e édition www.office-culturel-fougeres.fr 20 et 21 novembre Redon (35) SALON DU LIVRE ANCIEN ET D’OCCASION 24e édition http://salonlivreancienredon.chez-alice.fr 20 et 21 novembre Guérande (44) FESTIVAL DU LIVRE EN BRETAGNE DE GUÉRANDE 7e édition www.festivaldulivreenbretagne.com 20 et 21 novembre Thouaré-sur-Loire (44) FESTIVAL DU LIVRE BIBLIOPOLIS « JOUR DE FÊTE » 19e édition www.thouare.fr 11e édition www.utopiales.org 21 novembre 14 novembre 22e édition 02 97 82 53 69 Plestin-les-Grèves (22) SALON DU LIVRE DES TERROIRS DE BRETAGNE 13e édition 02 96 35 69 93 18 au 21 novembre Saint-Nazaire (44) MEETING Riantec (22) SALON DU LIVRE DE RIANTEC 26 au 28 novembre Saint-Brieuc (22) SALON BRETON DU LIVRE ET DU GOURMET 3e édition www.salonbretonlivregourmet.com 8e édition www.meet.asso.fr 19 AGENDA SEPTEMBRE À DÉCEMBRE 2010 27 et 28 novembre Le Relecq-Kerhuon (29) SALON DU LIVRE LENNVOR « LE ROMAN HISTORIQUE » 12 édition http://salondulivrelennvor.hautetfort.com e 8 au 11 décembre Ploufragan (22) SALON DU LIVRE JEUNESSE 12e édition http://livrejeunesse.salon.free.fr 1 au 6 décembre Lorient (56) SALON DU LIVRE JEUNESSE DU PAYS DE LORIENT 9 édition www.laligue-morbihan.org e Nantes (44) FESTIVAL DE BD « Les Crayonantes » 4e édition http://nantesbd.free.fr Elven (56) SALON DU ROMAN POPULAIRE Mi-décembre Saint-Nazaire (44) SALON DU LIVRE JEUNESSE « L’ENFANCE À LA PAGE » 4e édition 02 40 01 95 70 11 et 12 décembre 4 et 5 décembre 17e édition http://pagesperso-orange.fr/bullesanoriant/pages/contact.html 11 et 12 décembre er 12 décembre Lorient (56) FOIRE AUX DISQUES, LIVRES, BD ET CARTES POSTALES Lorient (56) SALON DU LIVRE 3e édition www.citevoile-tabarly.com 11e édition www.srp-elven.fr Livre et lecture en Bretagne est un centre de ressources pour les professionnels, libraires, éditeurs, professionnels des bibliothèques, organisateurs de salons et festivals, et auteurs. Ses missions : accompagner, informer, analyser L’accompagnement : conseil aux auteurs ; conseil en création de structures d’édition ; conseil en création, reprise, transmission de librairies ; soutien aux bibliothèques dans l’évolution de leurs missions ; aide au montage de manifestations littéraires ; conseil aux médiateurs du livre et Directeur de publication : Yannik Bigouin Rédacteur en chef : Gérard Alle Coordination de la publication : Elise Molho Ont collaboré à ce numéro : Annie Chevalier, Solenn Georgeault, Florence Le Pichon, Marie-Joëlle Letourneur, Christine Loquet, Olivier Pennaneac’h, Serge Picard, Christian Ryo. Ce numéro a été relu par : Bénédicte Trocheris-Jobbé Duval de l’association Correcteurs en Bretagne. Maquette : Nouvelle Norme/www.nouvelle-norme.com porteurs de projets ; aide au développement de projets en direction des « publics éloignés » du livre et de la lecture. L’information : organisation de journées d’information à destination des professionnels, site internet de ressources et d’actualités web 2.0, revue trimestrielle, lettres d’information. De l’observation à la prospective : analyse du secteur livre et lecture de Bretagne et de son évolution ; analyse des besoins des professionnels et préconisations auprès des institutions ; réflexion sur l’avenir du secteur du livre et de la lecture. Impression : Imprimerie Barré, Collemiers Tiré à 3 000 exemplaires. Livre et lecture en Bretagne Levrioù ha lennadennoù e Breizh 14, rue Guy-Ropartz – BP 30407 35704 Rennes Cedex 7 Tél. 02 99 37 77 57 – Fax 02 99 59 21 53 [email protected] www.livrelecturebretagne.fr Siret : 200 013 977 00026 – APE : 9101Z – ISSN : 1771-6896 Gratuit