SWISS PIANO WORKS 1890

Transcription

SWISS PIANO WORKS 1890
SWISS PIANO WORKS 1890 - 2008
Adalberto Maria Riva, piano
CD-1468
SWISS PIANO WORKS
Première mondiale
Adalberto Maria RIVA, piano
Emile Jaques-Dalcroze 1865-1950
1 : Ballade op 46 no 1
6:18
George Templeton Strong 1856-1948
4 Poèmes op 36
2 : Morning
3:38
3 : In the forest
3:24
4 : Elegy
3:14
5 : Midsummer night’s dream
4:15
Aloÿs Fornerod 1890-1965
Le voyage de printemps op 27
6 : Eglogue (en forme d’allemande)
7 : Ronde
8 : Nocturne
9 : Rigaudon
10 : Montferrine
4:18
2:03
2:30
1:20
2:56
Emile-Robert Blanchet 1877-1943
11 : Fugue en do min (Bach)
5:45
12 : Barcarolle no 1 op 24
3:01
13 : Barcarolle no 2 op 24
4:52
14 : Etude pastorale op 107 no 1
1:40
15 : Tocsin, 3 août 1914 op 28
4:38
Fabio Maffei 1968
Briciole
16 : Pantomima
0:37
17 : Malia
1:24
18 : Notte
1:32
19 : Caleidoscopio
0:36
20 : Burla
0:44
21 : Ultimi Lumi
1:53
Heinrich Sutermeister 1910-1995
22 : Thème, 10 variations 6:22
23 : Fugue
4:55
Total
1 h. 11:57
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Partagée entre germanité et latinité, fonctionnant selon un système
politique accordant une large autonomie à chaque canton, la Suisse
n’a jamais connu véritablement de culture nationale. Au début du
dix-neuvième siècle, la vie musicale reste assez peu développée et
demeure essentiellement l’apanage des sociétés d’amateurs. Elle
prendra un essor important vers 1805, avec un mouvement d’enthousiasme populaire pour le chant choral qui débute en Suisse alémanique et atteint la Romandie une quinzaine d’années plus tard.
C’est vers 1870 qu’apparaît une nouvelle génération de musiciens,
tous formés en Allemagne, qui doteront la Suisse, sinon d’un art national, du moins d’une production musicale de haute qualité. Ce mouvement se manifeste d’abord en Suisse allemande, avec Friedrich Hegar,
Gustav Weber, et surtout Hans Huber (1852-1921). Personnalité majeure de la vie musicale helvétique, il ouvre la porte aux générations
suivantes des compositeurs suisses, celle des Emile Jaques-Dalcroze,
Friedrich Klose, Pierre Maurice, puis, plus tard, les Ernest Bloch, Othmar
Schoeck, Frank Martin ou Willy Burkhard.
La musique pour piano occupe une place prépondérante dans la production des compositeurs romands au tournant des XIXème et XXème
siècles. C’est le cas chez Emile Jaques-Dalcroze qui acquerra une
grande célébrité par ses travaux pédagogiques et, particulièrement, sa
méthode d’éducation musicale, la Rythmique, insufflant une dimension corporelle dans l’apprentissage de la musique. Excellent pianiste,
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il compose durant toute sa longue carrière créatrice, un nombre considérable d’œuvres pour piano, qui – au sein d’une immense production – reflètent fidèlement son évolution stylistique, et révèlent surtout une remarquable invention mélodique et rythmique.
En 1902 paraissent douze morceaux, écrits vers 1895-1896 pour la plupart, qui figurent parmi les ouvrages les plus développés que JaquesDalcroze consacre à son instrument. La Ballade op. 46 n° 1, en sol majeur, s’articule dans une structure tripartite se rapprochant de la forme
sonate par l’exposition de deux thèmes d’une belle éloquence, qui
feront l’objet, dans la section médiane, d’un véritable développement.
Né à New-York, George Templeton-Strong se forme en Allemagne,
notamment auprès de Joachim Raff, pour s’établir en Suisse dès 1892.
Demeurant tout d’abord à La Tour-de-Peilz, il se fixe en 1911 à Genève
dont il devient un important acteur de la vie musicale. S’il s’est surtout fait connaître par ses vastes poèmes symphoniques d’inspiration
lisztienne (Sintram, Le Roi Arthur), la musique pour piano occupe une
part non négligeable dans son catalogue, pendant toute sa longue vie
créatrice.
Les Four Poems op. 36, achevés en 1895, datent des années vaudoises
du compositeur et portent en exergue les poèmes qui ont inspiré le
musicien, dus respectivement à James Beattie, Bryant, Edgar Poe et
William Shakespeare. L’ouvrage est caractéristique de l’inspiration
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foncièrement romantique du musicien mais aussi de ses dons mélodiques et de la fantaisie et de l’ingéniosité de son langage.
C’est presque exclusivement au piano que s’adresse l’œuvre d’EmileRobert Blanchet, l’un des musiciens les plus originaux qu’ait connu
la Suisse romande dans la première moitié du XXème siècle. Elève de
Ferruccio Busoni, il met au point sa propre technique pianistique qu’il
diffuse grâce à ses nombreux recueils d’exercices et études. Le langage
harmonique de Blanchet, même s’il conserve ses assises tonales, emprunte fréquemment à la polytonalité et frappe par sa complexité et
par la densité de la polyphonie.
Les Barcarolles op. 24 aux délicates teintes impressionnistes ont
été écrites respectivement en 1914 et 1916 ; Tocsin (3 août 1914),
composé en décembre 1914, évoque le jour de la déclaration de
guerre à la France par l’Allemagne. Dans un grand geste expressif crescendo-decrescendo, sur un motif obstiné de glas, Blanchet
construit une sombre passacaille d’une grande force expressive où
transparaît son admiration pour Liszt et pour son maître Busoni.
Le travail de la clarté polyphonique dans le jeu du piano – l’un des
points majeurs des principes pédagogiques de Blanchet – est sans
doute la raison qui l’amena à transcrire la Fugue pour orgue, BWV 575
de Johann Sebastian Bach. Cette transcription est publiée en 1916,
alors que le musicien est – pour une année encore – professeur de
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piano dans les grandes classes du Conservatoire de Lausanne.
Si les compositeurs romands ont été parfois tiraillés entre les pôles
latin et germanique de leur pays d’origine, c’est résolument au premier que se rattache Aloÿs Fornerod. Elève, à Paris, de la Schola Cantorum, influencé par les idées de ses maîtres Vincent d’Indy et Auguste
Serieyx, il militera sa vie durant pour une reconnaissance de l’ancrage
latin – pour ne pas dire méditerranéen – de la création musicale en
Suisse romande.
Très proche spirituellement des compositeurs français de son époque,
il partage leur goût pour la clarté de l’expression et de la polyphonie,
une harmonie teintée de modalité et, comme il le dira lui-même, « des
cadres classiques ajustés à la pensée, renouvelés et assouplis ».
C’est de cet esprit que procède Le Voyage de printemps, suite pour piano
en cinq mouvements composée en 1941 (puis orchestrée dans la foulée), dont la délicatesse souriante et les références à la danse illustrent
le caractère pastoral des vers de Théocrite placés en exergue de la partition : « Sur nos têtes, les peupliers et les ormeaux balançaient mollement leurs cimes, et près de là une source sacrée s’échappait avec un
doux murmure de la grotte des Nymphes ».
Heinrich Sutermeister aura sans doute été l’un des musiciens suisses
les plus joués hors de son pays natal durant la seconde moitié du
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XXème siècle. Il se fait connaître par son opéra Romeo und Julia
qui remporte un grand succès à Dresde, en 1941. Fixé à Vaux-surMorges, il y édifiera son œuvre, aussi vaste que divers, au premier
plan duquel figurent ses ouvrages lyriques (Die Schwarze Spinne,
Die Zauberinsel, Die Rote Stiefel, Raskolnikoff ) représentés dans les
principaux théâtres d’opéra européens. Il est également l’auteur de
nombreuses partitions, aussi bien vocales qu’instrumentales, pour
le concert. Résolument tonale, proche stylistiquement de celle de
ses amis Carl Orff, et surtout Werner Egk, la musique de Sutermeister se distingue par son efficacité dramatique et sa force expressive.
Hormis deux Concertos, le piano occupe un rôle assez secondaire
dans son œuvre. En 1930, âgé de vingt ans à peine, il lui consacre
un Thema und zehn Variazionen (mit Schlussfuge), resté inédit, dans
lequel il élabore, à partir d’un motif très simple, un triptyque plein
d’invention et attestant de sa maîtrise de l’écriture et du contrepoint.
Les années qui ont suivi la seconde guerre mondiale ont connu
d’immenses bouleversements esthétiques. Les querelles opposant « traditionnalistes » et « avant-gardistes », ont perdu, au fil
des années, de leur virulence et de leur acuité. Aussi, la plupart
des jeunes compositeurs d’aujourd’hui se sentent-ils affranchis du
poids d’une modernité prédéfinie et osent s’exprimer dans un langage qu’ils ont délibérément choisi et qui correspond à leur personnalité profonde.
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Fabio Maffei est indéniablement l’héritier des musiciens dont le présent enregistrement nous fait découvrir les œuvres. Possédant une
remarquable invention mélodique, il ne craint pas de la laisser s’épanouir dans des compositions dont l’écriture, aussi sûre qu’exigeante, ne
péjore nullement la liberté expressive ni la fantaisie. Les Briciole, composées en 2007-08, recherchent la substance même de l’expression,
en adoptant des formes elliptiques qui, malgré leur brièveté, n’en sont
pas moins travaillées en profondeur tant sur le plan de l’expression
que celui de l’écriture. Par rapport aux ouvrages antérieurs de
Maffei, ces six pièces frappent par leur chromatisme et une dimension
presque expressionniste, caractéristiques des œuvres plus récentes du
musicien.
Jacques Tchamkerten
responsable de la bibliothèque du Conservatoire de Genève
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La formation du pianiste milanais Adalberto Maria RIVA se déroule
entre le Conservatoire et le Lycée Berchet de sa ville natale pour
s’achever en 2001 avec une Virtuosité au Conservatoire de Lausanne.
Lauréat de nombreux prix nationaux et internationaux, il reçoit en
2008 la Mention spéciale au Concours international de musique
IBLA Grand Prize. Cette distinction lui permet d’entreprendre l’année
suivante une tournée qui rencontre un très grand succès aux EtatsUnis avec, notamment, un concert au Carnegie Hall de New York.
Sa façon de jouer très «élégante et aristocratique» (A. Bellisario, Il
Cittadino) se traduit par un toucher chargé d’une grande force communicative et d’interprétation, «avec un son qui n’est pas seulement
clair et cristallin, mais qui se révèle également riche de couleurs
et de nuances tout à fait impensables (R. Zanobini, La Provincia di
Lecco). C’est «un soliste de grand tempérament» (Stefano Ragni, Il
giornale dell’Umbria), «un musicien de classe qui s’efface pour laisser la place à la musique, qui n’a pas besoin de mettre une couche
de trop pour soutirer toutes les nuances de la partition et des flots
de croches» (Steve Bergeron, La Tribune de Sherbrooke).
Adalberto Maria Riva a donné de nombreux récitals en Italie, en
Espagne, en Russie, en Allemagne, en Pologne, à Malte, en Hongrie
ainsi que quatre tournées en Amérique du Nord. Son répertoire
s’épanouit de Bach à la musique contemporaine : souvent il le présente dans des cycles de concerts-conférences particulièrement en
Italie et en Suisse romande.
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Passionné de recherche sur les compositeurs oubliés, il a consacré
un enregistrement et sa thèse à Adolfo Fumagalli (1828-1856), pianiste virtuose et compositeur italien du XIXème siècle. Un nouvel
enregistrement, au sujet des compositeurs romantiques suisses,
vient de paraître en 2013 par VDE-Gallo avec beaucoup de félicitations par la critique internationale; en 2015 il vient d’achever l’intégrale des oeuvres pour piano d’Aloÿs Fornerod.
Il collabore avec le Conservatoire « Guido Cantelli » de Novare. A
la tête de l’association culturelle italienne Momenti Musicali, Adalberto Maria Riva a enregistré une dizaine de CD ainsi que plusieurs
émissions radiophoniques, en particulier pour Musique en mémoire
sur Espace 2 en Suisse, Radio Classica et Rai Radio Tre en Italie et
Radio Canada.
Depuis janvier 2015, il est professeur de piano au Conservatoire de
Milan.
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Harmonia Helvetica est une association à but non lucratif qui œuvre
pour la promotion du patrimoine musical suisse. Elle se veut un trait
d’union actif entre la recherche musicologique, les interprètes et le
public.
Grâce aux compétences diverses des membres de son comité, elle
ouvre une fenêtre originale sur une partie de nos biens culturels au
travers de l’organisation de concerts, conférences, tables rondes, travaux pédagogiques et projets divers.
Un premier CD consacré aux enregistrements d’Emile-Robert Blanchet
a déjà paru, rendant notamment accessible une archive rarissime : le
Concertstück joué par son auteur qu’accompagne l’Orchestre de la
Suisse Romande dirigé par Ernest Ansermet. Nous y découvrons un
compositeur exceptionnel doublé d’un des tout grands virtuoses de
l’âge d’or du piano.
Parmi les projets en cours, signalons la gravure informatique et l’édition du 5ème Concerto pour piano et orchestre de la compositrice
genevoise Caroline Boissier-Butini (1786-1836) ainsi que la première
monographie complète consacrée au compositeur Charles-Samuel
Bovy-Lysberg (1821-1873), élève de Chopin.
Notre vocation est de promouvoir un répertoire rare, en réalisant
nombre d’enregistrements en premières mondiales. Le présent CD
nous donne un aperçu de la richesse du répertoire à disposition.
Michel Cardinaux, président
https://sites.google.com/site/harmoniahelvetica/
- 11 -
L'instrument.
Ce programme de musique suisse pour le piano est marqué par les recherches musicales et sonores de la fin du XIXème siècle. Dans le choix
des instruments qui pouvaient restituer ces ambiances particulières, nous
avons opté pour un Bösendorfer (modèle Impérial) qui a la particularité
d’avoir un son très long, très rond, à l’instar des pianos de l’époque dont
les cordes entre autres choses, étaient moins tendues qu’aujourd’hui. Le
grand modèle a été choisi pour répondre au volume et aux sonorités quasiment orchestrales de certaines pièces de cet enregistrement.
Ce piano a été aimablement mis à disposition par la factorie de pianos
Griffa et fils de Milan, fondée en 1840, et qui a une très longue connaissance et une grande passion de ces instruments. L’enregistrement a été
fait dans les locaux de la maison Griffa, dans une salle particulière, répondant aux nécessités de l’enregistrement. Nous ne pouvons que les remercier chaleureusement de leur participation et de leur accueil.
Sources des partitions
Jaques-Dalcroze, Bibliothèque du Conservatoire de Genève
Fonds Blanchet, Conservatoire de Lausanne
Fonds Templeton Strong, Fornerod, Maffei, Bibliothèque Cantonale Universitaire de Lausanne.
Fonds Sutermeister, Zentralbibliothek, Zürich
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- 13 -
Torn between its Germanic and its Latin essence and functioning
within a political system that attributes significant autonomy to
each canton, Switzerland has never really known a national culture.
At the turn of the 19th century, musical life, still in its early days, was
confined for the most part to amateur music societies. This was to
change in 1805 when a surge of popular enthusiasm for choral singing sprang up in the German-speaking part of Switzerland, before
reaching the French-speaking part fifteen years later.
Around 1870, a new generation of musicians, all trained in Germany, were to bring high quality musical productions to Switzerland,
though not yet as any form of national art. This movement manifested itself first in German-speaking Switzerland, with Friedrich
Hegar, Gustav Weber, and especially Hans Huber (1852-1921). A major personality of Helvetic musical life, the latter opened the way to
subsequent generations of Swiss composers like Emile Jaques-Dalcroze, Friedrich Klose, Pierre Maurice and, later, Ernest Bloch, Othmar
Schoeck, Frank Martin or Willy Burkhard.
Music for piano occupied a predominant place in the works of
French-speaking composers in the late 19th and early 20th centuries.
Emile Jaques-Dalcroze gained great notoriety from his pedagogical treatises, particularly an educational method devoted to rhythm,
which incorporated a physical dimension into music apprenticeship.
An excellent pianist, during his long career he composed for piano
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a great number of works which, at the heart of a prolific output, are
a faithful reflection of his stylistic evolution and remarkable in their
melodic and rhythmic inventiveness.
In 1902 appeared twelve pieces, written mostly around 1895-1896,
representing some of the most highly developed that Jaques-Dalcroze devoted to his instrument. The Ballade op. 46 n˚ 1, in G major,
is articulated in a tripartite structure close to sonata form with an
exposition of two beautifully eloquent themes which in the middle
section become the object of a veritable development.
Born in New York, Georges Templeton-Strong trained in Germany,
notably with Joachim Raff, before settling in Switzerland in 1892.
Initially resident in La Tour-de-Peilz, he moved in 1911 to Geneva
where he was to become a prominent figure of the musical scene.
Though initially known more for his vast symphonic poems of Lisztian inspiration (Sintram, Le Rois Arthur), music for piano occupied a
significant part of his opus throughout his long creative life.
The Four Poems op. 36, completed in 1895 and dating from the
years he spent in Vaud, are each prefaced with poems that were the
sources of his inspiration by, respectively, James Beattie, Bryant, Edgar Poe and William Shakespeare. The work typifies the composer’s
singularly Romantic inspiration while revealing his melodic gift, his
fantasy and the ingenuity of his language.
Emile-Robert Blanchet, one of the most original composers of French- 15 -
speaking Switzerland in the first half of the 20th century, wrote almost
exclusively for the piano. A student of Ferruccio Busoni, he developed his
own piano technique which he outlined in numerous published volumes
of exercises and studies. Blanchet’s harmonic language, even though it
retains a tonal basis, borrows frequently from atonality and is striking in
complexity and polyphonic density.
The Barcarolles, op. 24, were composed in a delicately impressionistic vein
in, respectively, 1914 and 1916. Tocsin (August 3, 1914), composed in December 1914, evokes the day Germany declared war on France. In a long
expressive arc of crescendo-decrescendo over an ostinato motif, Blanchet
builds a sombre passacaglia of great expressive force, revealing his admiration for Liszt and for his teacher Busoni.
Polyphonic clarity in piano playing, a major aspect of Blanchet’s pedagogical approach, is no doubt what led him to transcribe the Fugue for organ, BWV 575 of Johann Sebastian Bach. This transcription was published
in 1916, when the musician was still, for another year, piano professor of
virtuosity at the Lausanne Conservatory.
Though French-speaking composers were occasionally torn between their
Latin and Germanic poles, Aloÿs Fornerod definitely gravitated more to
the first. A student of the Schola Cantorum in Paris and influenced by the
ideas of his teachers Vincent d’Indy and Auguste Serieyx, Fornerod was
to campaign all his life for the recognition of the Latin (or more precisely
Mediterranean) origins of musical creation in French-speaking Switzerland.
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Very close in spirit to French composers of the time, he shared their taste
for clarity of expression and polyphony, for harmony tinted with modality
and for, as he said himself, “the contemporary rethinking and supple revitalising of classical frameworks.”
This is the case with Le voyage de printemps, a five movement piano suite
composed in 1941 (and orchestrated immediately after) in a spirit of
amiable gentleness and with many references to dance, illustrating the
pastoral character of lines of Theocritus with which the composer prefaces
the work:
“Over our heads arched poplars and elms swaying nonchalantly, and
nearby a sacred stream rustled with a gentle murmur from the cave of the
Nymphs.”
Heinrich Sutermeister is no doubt one of Swiss composers to have been
most frequently performed in other countries in the second half of the 20th
century. International recognition followed the great success of his opera
Romeo und Julia in Dresden in 1941. Based in Vaux-sur-Morges, he composed a vast and diverse opus, featuring particularly operatic works (Die
Schwarze Spinne, Die Zauberinsel, Die Rote Stiefel, Raskolnikoff) that were
staged in the main European opera houses. He is also the author of many
scores, both vocal and instrumental, for the concert platform. Resolutely
tonal, in a style close to his friends Carl Orff, and especially Werner Egk, the
music of Sutermeister marks by its dramatic effectiveness and expressive
force. Apart from two Concertos, the piano occupies a rather secondary
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role in his output. In 1930, barely twenty years old, he wrote a Thema und
zehn Variazionen (mit Schlussfuge), an as yet unpublished manuscript, in
which he develops from a very simple motif, a triptych full of invention
testifying to his mastery of keyboard writing and counterpoint.
The years following World War II were witness to immense aesthetic upheaval. Quarrels opposing traditionalists to the avant-garde have gradually
lost their virulence and acuity. As a result, most young composers now
feel emancipated from any burden of predefined modernity and dare to
express themselves in a language they have deliberately chosen and which
is suited to their innermost personality.
Fabio Maffei is an indisputable heir to the musicians whose works feature on this recording. Gifted with remarkable melodic invention, he is
not afraid to let this blossom in compositions where a highly demanding
yet unshakeable hand never shuns expressive liberty and fantasy. His
Briciole, composed in 2007-08, seek out the very substance of expression,
by adopting elliptical forms which, despite their brevity, are no less profoundly crafted in terms of writing and expression. In comparison to earlier
compositions by Maffei, the chromaticism of these six pieces is striking, as
is an almost expressionist dimension characteristic of the musician’s more
recent works.
Jacques Tchamkerten
Director of Geneva Academy’s public Library
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Adalberto Maria Riva had been studying at the Milan Conservatoire
of Music and obtained his Virtuosité in 2001 in the class of Dag Achatz
at the Lausanne Conservatoire. Winner of several national and international prizes, he received in 2008 a special mention at the International
Competition of Music IBLA Grand Prize. A distinction which allows him
to undertake a tour in the USA in April 2009 with a concert in Carnegie
Hall, New York.
His way of playing very elegant and aristocratic (A Bellisario, Il Cittadino) is expressed by touch loaded with great strength of communication and interpretation, with a sound which is not only clear and
cristal but which reveals to be equally rich in colours and shades quite
unthinkable (R. Zanobini, La Provincia di Lecco): He is a soloist of great
character (Stefano Ragni, Il giornale dell’Umbria), a musician with class
who keeps in the background to leave space for the music, who does
not need to add more to draw out all the slight variations in the score
or in the musical shape (Steve Bergeron, La tribune de Sherbrooke).
Adalberto Maria Riva has given recitals in Italy, Spain, Russia, Hungary,
Germany, Poland, Malta and North America with four tours. His repertory develops from Bach to contemporary, a line that Adalberto Maria
Riva prevents in a cycle of concert-conferences applied to the history
and pianistic literature especially in Italy and French Switzerland.
Very fond of musical discoveries about forgotten composers, he
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dedicated a recording and his thesis to Adolfo Fumagalli (1828-1856),
Italian composer and virtuoso pianist of the XIX century. Another recording, about Swiss romantic composers, was published in 2013 for
VDE-Gallo, with very good reviews worldwide; in 2015 he just achieved the complete recording of Aloÿs Fornerod’s piano works.
Adalberto Maria Riva is co-founder and artistic director of Momenti
Musicali, co-worker at the “Guido Cantelli” Conservatoire in Novara and
since January 2015 is teaching piano at the “Giuseppe Verdi” Conservatoire in Milan. He had recorded several CDs also radio programmes
particularly for the Swiss radio RSR Espace 2, Italian RAI Radio Tre, Radio Classica and Radio Canada.
- 20 -
Harmonia Helvetica is a non-profit association working to promote
the diffusion of the musical patrimony of Switzerland.
The association seeks to foster active links between musicologists,
performers and the public.
Thanks to the manifold skills and expertise of its committee members,
Harmonia Helvetica offers a unique perspective on part of our cultural
heritage through the organisation of concerts, lectures, symposiums,
pedagogical works and diverse other projects.
An initial CD, already released, devoted to recordings of Emile-Robert Blanchet (1877-1943) published one extremely rare document in
particular: a performance of Blanchet’s Concertstück with the author
at the piano, accompanied by the Orchestre de la Suisse Romande
conducted by Ernest Ansermet. This CD reveals an exceptional composer who was also one of the first-ranking virtuosos of the golden
age of the piano.
Current projects include the digital engraving and publication of the
5th Concerto for piano and orchestra of Genevan composer Caroline
Boissier-Butini (1786-1836) and the first complete monographic edition of the works of composer Charles-Samuel Bovy-Lysberg (18211873), a student of Chopin.
Our vocation is to promote rare repertoire through the production of a
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certain number of world premiere recordings. The present CD gives an
indication of the richness of repertoire that lies waiting.
Michel Cardinaux, president
website : https://sites.google.com/site/harmoniahelvetica/
The piano
This programme of Swiss music for the piano is marked by the research into music and sound at the end of the 19th century. In the
choice of instrument which could restore these particular moods we
have chosen a Bösendorfer (Imperial model) which has the particularity of having a very long and very round sound like the pianos of that
period where strings amoungs other things were less stretched then
today. The large model has been chosen to conform to the volume and
sound almost orchestral in pieces of this recording.
The piano has been kindly put at our disposition by the piano factory Griffa & sons in Milan, founded in 1840 and which has a very long
understanding and passionfor these instruments. The recording has
been made in the Griffa’s workshop where a room had been prepared especially to meet the needs necessary for recording. We can only
thank them warmly for their welcome and participation.
Translation : Jeffrey Grice
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Fac simile de la page 1 de Sutermeister
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