EDEN, UN POUR TOUS ET TOUS POUR UN
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EDEN, UN POUR TOUS ET TOUS POUR UN
EN COUVERTURE COVER FEATURE Par By Asha Meralli LA FRANCE COMPÉTITIVE EDEN, UN POUR TOUS ET TOUS POUR UN En Rhône-Alpes, une cinquantaine de PME de défense, sécurité et sûreté se sont regroupées au sein du cluster Eden afin de réaliser des économies d’échelle et de bénéficier d’une plus grande force de frappe. Questions à Jean-Philippe Ballaz, conseiller à la CCI de Lyon, délégué général d’Eden. ondé en 2008, Eden – European Defense Economic Network – est dédié à l’essor international et compétitif d’entreprises opérant sur 4 secteurs : détection, protection et surveillance ; équipements de protection individuelle ; équipements des véhicules, aéronefs et navires ; enfin, l’ingénierie, les centres de test et les prestations de services. F conquérir des marchés, mais il s’agissait presque essentiellement de marchés d’opportunité. Des essais non transformés, en somme. Autre constat : leurs concurrents étaient principalement des filiales de grands groupes, voire ces grands groupes eux-mêmes. Enfin, les plus dynamiques à l’export se faisaient racheter par des entreprises étrangères. Durant les deux années précédant l’étude, cela avait été le cas pour 20 d’entre elles ! » Commerce International : Comment a été créé Eden (European Defense Economic Networks) ? Jean-Philippe Ballaz : « La CCI de Lyon, organisée en conseils Vous leur avez alors proposé de se réunir… J.-P. B. : « Oui, dans ces conditions, il nous fallait absolument réagir et permettre à ces PME détentrices de savoir-faire de haute technologie d’avancer ensemble pour être plus fortes, à l’image des corsaires du XVIIIe siècle. J’avais repéré dans le cadre de cette étude six chefs d’entreprises charismatiques et fédérateurs qui représentaient chacun une typologie d’entreprise différente. Je leur ai proposé un pari : “Ne pourrions-nous pas imaginer ensemble un schéma de regroupement d’entreprises où les PME partageraient tout et, notamment, le business ?” Cela les a intéressés : nous nous sommes réunis plusieurs fois et, en trois mois, nous avons monté le projet Eden, dont l’objectif principal est la conquête de marchés internationaux, mais à plusieurs. Nous pratiquons donc, depuis 2008, la “chasse en meute” qu’a récemment préconisée le secrétaire d’État au Commerce extérieur… » sectoriels, était active dans les domaines de la défense, de la sécurité et de la sûreté depuis de nombreuses années. Nous organisions notamment des stands regroupés d’entreprises rhônalpines sur les salons les plus importants en France et à l’étranger sur lesquels nous avions toujours un très bon retour des entreprises. En 2006, nous avons lancé, en partenariat avec la Délégation générale de l’armement et de la Direction régionale de l’industrie, de la recherche et de l’environnement, une étude régionale approfondie sur les entreprises du secteur. Les conclusions en furent édifiantes : parmi les 120 PME recensées, 67 avaient des comptes de résultats en augmentation de 15 à 20 % par an. L’ensemble de ces entreprises représentait un chiffre d’affaires en augmentation exponentielle de plus de 1 milliard d’euros par an et dont 40 à 50 % étaient réalisés à l’export. Un bilan plus que satisfaisant donc, mais avec ses zones d’ombre. » Quel est votre modus operandi ? J.-P. B. : « L’une de nos plus grandes forces est le partage d’informa- tions. Prenez l’exemple d’une entreprise adhérente implantée à l’étranger. L’un de ses clients lui fait part de ses besoins. Si, parmi ces besoins, certains éléments entrent dans la gamme des biens et services d’un ou de plusieurs membres d’Eden, la société en question a l’obligation de transférer cette information aux entreprises concernées et de les aider à se faire connaître auprès du client. Autre exemple : quelques-unes de nos PME vont bientôt s’installer en Asie. Celles qui Quels sont-elles ? J.-P. B. : « Nous avons observé que ces PME étaient très isolées pour ce qui était de leur développement à l’international. Limitées financièrement, elles avaient relativement peu de salariés et donc, souvent, pas de responsable export. Par ailleurs, la plupart d’entre elles étaient positionnées sur des niches technologiques, ce qui leur permettait de COMMERCE INTERNATIONAL 66 N°84 - AVRIL 2012