Magazine n°247

Transcription

Magazine n°247
nuance
n° 247
aout-septembre 2014
Mensuel
protestant
réformé
évangélique
A cran sans écran ?
église
Oui Seigneur, tu sais
que je te « like » !
Société
L’écran : une nounou
dangereuse ?
MéDITATION
Je témoigne donc je suis !
En images
1
7
3
6
2
4
3
8
P. 2
5
8
9
1 la Cantate - Ales en Ciel 2 le culte du 15 juin
2014 - Ales en Ciel 3 ERE Cenon 4 Blessed Sisters - Ales en ciel 5 Groupe Aumônerie de l’ERE
d’Aix-en-Provence 6 Journée régionale sudouest 29 mai 2014 à Montauban 7 Jascai - Alès
en Ciel 8 Sweet Witness - Alès en Ciel 9 7 échos
- Alès en Ciel
Éditorial
Pascal GONZALEZ
Rédacteur en chef
A cran sans écran !
sommaire
Actualités nationales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
Actu jeunesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
DOSSIER
J’ai longtemps résisté et puis dernièrement j’ai craqué. Je fais maintenant partie des
pasteurs « normaux » qui ont un téléphone portable. Je suis donc (en théorie) joignable partout et à n’importe quel moment. On n’arrête pas le progrès ! Mais pour être
joignable, il faudra quand-même que je pense à allumer mon téléphone (puisqu’il faut
régulièrement l’éteindre pour qu’il ne sonne pas pendant le culte*). Il faudra aussi que
je pense à le recharger régulièrement. Sinon il m’arrivera ce qui arrive souvent : c’est
au moment où nous en avons le plus besoin que le téléphone ne fonctionne pas ! Et
quand il fonctionne, il ne nous aide pas toujours. Je me souviens, par exemple, d’une
équipe d’animateurs égarés avec leur groupe d’enfants dans la forêt. L’un d’eux m’a
appelé avec son portable. Il a essayé de m’expliquer où ils étaient mais sans succès. Ils
n’avaient pas pris de carte IGN puisqu’il s’agissait d’une toute petite ballade… Et puis
ils avaient leurs téléphones, ils pensaient sûrement qu’ils ne risquaient rien ! Je leur ai
dit de se débrouiller et c’est ce qu’ils ont fait. Ils sont rentrés tard mais ils ont su transformer cette erreur en aventure. Je pense aussi à cette toute nouvelle invention que
je viens de voir aux informations nationales : une jolie montre pour enfant équipée
d’un GPS. Vous pouvez enregistrer des coordonnées précises et si votre enfant sort de
la zone autorisée, la montre émettra un signal qui lui permettra de comprendre qu’il
s’éloigne trop. Pour cette invention (comme pour tant d’autres), certains vont crier
au loup quand d’autres s’émerveilleront devant le génie humain (et devant toutes
les applications possibles). Ce qui est certain, c’est que ces inventions pourraient régulièrement, si nous n’y prenons pas garde, nous éloigner de la nature et de celui
qui l’a créée. Nous pouvons nous réjouir du progrès mais nous ne devrions pas trop
nous reposer sur cette technologie avancée. Que sommes-nous capables de faire sans
électricité et pendant combien de temps ? Savons-nous vivre plus de deux jours sans
téléphone ou sans internet ? Passons-nous autant de temps à écouter nos enfants et
notre conjoint qu’à regarder nos écrans pour nous « détendre » ? C’est extraordinaire
de pouvoir communiquer visuellement avec un ami qui habite à l’autre bout de la
terre grâce à internet ! C’est encore plus génial de pouvoir passer une journée et une
nuit, coupé de tout, perdu dans un coin de nature magnifique et seul devant Dieu !
Que Dieu vous donne de vivre un bel été, avec ou sans écran, mais certes pas à cran !
église
Pascal Gonzalez
Oui Seigneur, tu sais que je te « like » ! . 8
société
L’écran : une nounou dangereuse ?. . . . . 10
Culture
Une brève histoire du Numérique . . . . . . 12
Août - S ep temb re 2 014 - nuance
nuance
est édité par l’association
Nuance Publications,
74, rue Henri-Revoil
30900 Nîmes
Président d’honneur :
André Chante
Site : http://www.unepref.com
témoignage
Bien vivre à la « Capitelle »
* J’ai déjà eu droit à une sonnerie de téléphone (un magnifique « I feel good » !) en pleine Sainte Cène.
. . . . . . . . . . . . . . .
14
Méditation
Je témoigne donc je suis !. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
ANNONCES. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
Conseil d’administration
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de publication :
Paul-Aimé Landes
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René Malhautier (vice-président)
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Pascal Gonzalez
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Dany Benezet, Gaetan Landes
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Couv.2 © Joël Gonzales, Couv.4 © Gérard Martin
P. 3
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P. 4
National / International
Un poste de la CGE à Bordeaux….
Le poste d’évangélisation de Bordeaux est
situé en fait à Cenon. Comment se présente
Cenon ? C’est une commune de la rive droite
de Bordeaux. Jusqu’au 19ème siècle, c’était une
région marécageuse. L’arrivée du chemin de fer
a entraîné l’urbanisation. Après la Deuxième
Guerre mondiale, la construction des HLM a fait
exploser la population puis la désindustrialisation a laissé de vieux bâtiments à l’abandon. Aujourd’hui, il y a un plan pour le réaménagement
de cette rive assez populaire. De nouvelles résidences se construisent à quelques pas de l’église
et le temple se trouve directement en face d’un
arrêt du tramway (mis en place en 2003). Quelle est l’implication de l’Eglise dans ce
quartier ? Harriëtte Smit (une missionnaire
Néerlandaise envoyée par la GZB) exerce un
ministère auprès des jeunes et développe de
nombreux contacts avec les habitants du quartier, notamment par le biais d’un club d’enfants.
Nous sommes vraiment reconnaissants de bénéficier de son ministère. Cependant, nous ne
sommes pas vraiment une Eglise de quartier.
Les habitants du quartier sont en minorité et la
moitié n’habite même pas à Bordeaux.
Une des spécificités du poste d’évangélisation de Bordeaux est de rassembler différents groupes cultuels. Actuellement, le culte
anglophone a lieu le dimanche après-midi dans
un restaurant au centre-ville. Les Chinois se réunissent le samedi soir au temple de Cenon. Les
liens avec les deux communautés de Cénon et
d’Anglade sont pastoraux, individuels, cultuels
et administratifs. Certains individus appartiennent à deux communautés et participent
régulièrement à deux cultes et aux groupes de
maison. Au moins trois fois par an, les quatre
communautés (gérées par un seul conseil presbytéral) se réunissent dans un seul culte.
Après des années de vacances du poste pastoral, nous sommes heureux d’accueillir
Tim Mitchell comme pasteur intérimaire
de l’Église. « Je suis venu à Bordeaux avec ma
femme, Suzanne, en 2012. Nous sommes anglais. J’étais climatologue dans une université
britannique mais Dieu m’a appelé au ministère
et je suis pasteur en Angleterre depuis 2006.
Cependant, nous pouvions voir que l’Angleterre
était riche en églises et en pasteurs, comparée
à la France. Nous vous aimons et nous sommes
donc venus ici pour aider l’église française.
Nous avons passé notre première année dans
une école de langues. Cette année Suzanne a
repris son travail comme éditrice-correctrice et
je complète un Master en théologie à la Faculté
Jean Calvin. Nous sommes très contents de rester pour servir dans cette Eglise. ».
Temple d’Anglade
Pasteur Intérimaire Tim Mitchell et sa femme Suzanne
L’Église se développe aussi au-delà de Bordeaux, à Blaye. Que s’y passe-t-il ? L’église
dans le Blayais date du dix-neuvième siècle.
Mais aujourd’hui, cette zone rurale (à une heure
de Bordeaux) ne compte plus qu’un seul temple
à Anglade. Le culte est assuré principalement
par les prédicateurs de Cenon. Une fois par mois
il est déplacé vers Blaye dans l’ancien tribunal.
Les sympathisants protestants restent nombreux dans la région et, pour les évangéliser, la
vision de l’église est l’accueil d’un pasteur-évangéliste qui habitera le Blayais et qui rétablira le
témoignage historique de l’Evangile.
Interview de Tim Mitchell
par Daniel Bruguière
La communauté Chinoise
qui se réunit le Samedi soir à
Cenon…
P. 5
Actu jeunesse
La Bécède a besoin de ToiTs !
Nous fêterons en 2015 les 20 années de travaux de mise en conformité et de rénovation des bâtiments et du site de la colo. Sans le soutien humain, spirituel et financier
des un(e)s et des autres, ce projet d’adaptation des locaux et de promotion du projet de
La Bécède ne serait resté qu’un espoir irréalisable. Que de souvenirs, de doutes, d’inquiétudes et de joies sur le chemin de cette persévérante métamorphose…
air seront entièrement repensés et un nouvel espace de rangement du matériel leur sera
accolé ; aux abords, des bosquets vont être plantés pour de nouveaux aménagements
paysagers.
Pour La Bécède l’année passée a marqué une étape importante dans le développement
du Centre de Vacances. Pour beaucoup c’était une année de crise et de crainte, pour La
Bécède c’était une année d’espérance et de foi, et la dernière étape des rénovations
entreprises depuis 1995… Comme à chacune des phases de revalorisation des bâtiments, le Comité Bécède a décidé de transformer ces travaux obligatoires de mise aux
normes, notamment concernant les toitures, en occasion de fortifier La Bécède.
Les bâtiments que vous connaissez :
Le bureau, lieu d’accueil central et incontournable mais vétuste, et la lingerie, à l’écart,
un peu trop délabrée dans son écrin de verdure, deviennent des unités d’accueil de petits
groupes tout au long de l’année et des espaces d’activités ou d’hébergement pendant les
colos. Leur physionomie change aussi et ils sont l’un et l’autre embellis et réaménagés
aux normes actuelles.
Le bureau permettra aux équipes d’animation de se retrouver pour préparer leurs activités, et à l’équipe de direction, d’apprécier de meilleures conditions d’hébergement ; cette
reconfiguration permettra aussi aux bénévoles tout au long de l’année de se loger quand
le site est occupé par des groupes qui disposent de La Bécède.
Vous comprenez bien que tous ces travaux ont un coût. Ils ne sont possibles que parce
des bénévoles s’engagent pour réaliser une partie du travail (démolition, peintures ...). Ils
sont aussi rendus possibles parce que la Bécède bénéficiera de subventions et parce que
nous avons su mettre de l’argent de côté (tout au long de 10 années d’économies) soit
60 000€ de provisions budgétaires.
Au final, sur 500 000€, il nous reste à trouver 30 000€ sous forme de dons.
Nous sommes évidemment conscients de l’effort que représente un don ou un prêt
pour La Bécède, et le Comité remercie par avance ceux et celles qui répondront
à cet appel. Par la confiance que vous nous accordez, nous pourrons ensemble
entreprendre les travaux grâce à vos dons et/ou vos prêts.
Pour le Comité Bécède
Martine JAUVERT GALY
Présidente
L’ex-lingerie devient le pavillon et pourra permettre à des personnes handicapées par
l’âge, ou pour raison de santé, de profiter de vacances. A son bord, les sanitaires de plein
PS : Le mois dernier les façades étaient terminées et le nouveau sanitaire préados était
également prêt à accueillir les jeunes dès le début de la première session de l’été.
Pour toute information complémentaire :
Tél. : 04.66.54.82.56 - Fax : 04.66.54.91.01
Courriel : [email protected]
site : www.labecede.fr
P. 6
dossier
A cran
sans écran ?
Nous sommes à la fois
émerveillés et effrayés par le
progrès technologique dans le
domaine du numérique.
Et si nous prenions un peu de recul pour
découvrir, mieux comprendre et agir ?
contributeurs
rédactionnels…
Oui Seigneur, tu sais que je
te « like » !
Bien vivre à la « Capitelle »
[email protected]
[email protected]
L’écran : une nounou dangereuse ?
Je témoigne donc je suis !
[email protected]
[email protected]
Lionel Jauvert
Pasteur
Dany Benezet
Professeur des écoles
Angélique Krieger
Professeur de Musique PACA
Stéphane Kouyo
Pasteur ERE Rodez
Une brève histoire du
Numérique…
Jean Pierre Sorbier
Professeur Emérite Univ’AixMarseille.
A enseigné les télécommunications à Polytech Marseille.
[email protected]
P. 7
église
Union Nationale des Eglises
Protestantes Réformées Evangéliques
de France
Église/organisation religieuse
J’aime
Simon, Fils de Jean, m’aimes-tu?
Oui, Seigneur Jésus-Christ,
tu le sais, je te « like » !
Jean 21.15,
Traduction très personnelle.
Révolution pour certains, fléaux des temps nouveaux pour les autres, Internet et son cortège de nouveautés bousculent nos
codes, nos vies, nos relations et même nos églises. Et comme souvent dans l’histoire, ce sont les plus jeunes qui adoptent les
nouveaux codes.
Instagram, Twitter, YouTube et Facebook* font partie de ces nouveaux outils et il sera bientôt difficile de trouver un ado qui ne
dispose ni d’un compte Facebook, ni d’un appareil personnel lui permettant de consulter ceux des autres. Et dans ce monde
où la parole est donnée à tous, que font les croyants de la leur ? Il appartient à chacun d’examiner l’usage qu’il fait de ces sites
mais à ne pas considérer leur impact, nous passerions probablement à côté de quelque chose.
Nous nous penchons donc sur trois composantes de base de ces sites : qui je suis - mon Profil-, ce que je fais -mon Mur- et ce
que les autres sont et font -mes Amis-.
Mon Profil : Façonner son identité.
Le premier contact avec un réseau social type Facebook est toujours le même. Nous y allons pour voir ce qu’y font les autres
mais pour cela, il faut s’inscrire et compléter quelques informations nous concernant. Et ce qui est curieux, de mon point de
vue, c’est que toutes ces questions sont « détournables » par les jeunes. Certains s’inventent un alias, d’autres omettent l’année
de leur naissance (mais pas le jour car on aime trop recevoir un petit mot pour son anniversaire).
Certains affichent leurs convictions politiques, religieuses, leurs relations familiales ou sentimentales quand d’autres les
passent sous silence. Facebook offre donc, pour un court moment, l’illusion de pouvoir maîtriser son Identité. Dans les faits,
nous sélectionnons et publions ce que nous pensons être le « meilleur de nous-mêmes ». Une fois ce travail fait sur nousmêmes, nous nous dirigeons avec avidité pour contempler (comparer ?) les réalisations des autres. Or à ce petit jeu-là, nous
sommes vite battus !
P. 8
église
que les jeunes vivent sur ces espaces semble directement lié
à la quantité (et non la qualité) des échanges. On se constitue
donc très vite un répertoire large d’ « amis », quitte à accepter
de dévoiler son profil (son intimité) à ceux qui, dans la réalité,
ne nous connaissent pas vraiment. Cela trahit pour moi une
attente profonde : les jeunes veulent être connus et aimés.
Ils veulent que quelqu’un – un père, une mère, un ami, une
connaissance Facebook, n’importe qui – connaisse le bon et le
mauvais de leurs vies et qu’on leur réponde, sincèrement, « je
vois tout ça… et je t’aime de toute façon ! ».
Rapidement je ne me trouve pas assez intelligent, pas assez
beau, cool ou même pas assez spirituel ! Les jeunes peuvent
alors se retrouver pris dans une spirale. Être « moyen » ne
suffit plus. Il faut sortir du lot afin d’obtenir un peu de reconnaissance, ce qui épuise et nous éloigne de notre réelle identité. Mais ne pas être lucide et honnête sur son identité n’est
pas une caractéristique des jeunes. Les êtres humains qui se
mettent en avant commettent deux erreurs : Ils témoignent
contre le « Salut par la Foi » (Eph2.8-9) et ils oublient que leur
identité n’est pas à façonner mais qu’elle est un don de Dieu
(Gal 2.20). De toutes ces choses qui concernent notre identité,
notre appartenance à Christ est la seule qui soit non-négociable et que les croyants doivent assumer, même sur Facebook !
Mon mur : Connecté sans risque ?
La seconde étape sur un réseau social est de remplir son Mur.
Sur cet espace public, nous pouvons afficher un texte, des
photos, des vidéos, des musiques ou des liens vers d’autres
espaces Internet. Je suis constamment surpris de voir ce que
les jeunes osent poster sur leurs murs.
L’inutile, bien-sûr, mais aussi leurs pensées, leurs émotions,
leurs peines de cœur. Tout y passe… et tout reçoit approbation ! En effet, lorsque l’on poste, on ne s’expose pas à la gêne
(immédiate) d’un regard réprobateur. Facebook n’autorise
que le fameux « like » (J’aime), et celui-ci agit ainsi comme
un amortisseur entre nos émotions et la réalité. De plus, nous
recevons cette approbation de manière quasi-instantanée.
Pourtant, dans les temps plus durs, les réseaux sociaux sont
d’un faible réconfort. Ils tentent de chasser nos actualités difficiles pour les remplacer au plus vite par d’autres informations plus joyeuses. Si l’ancienne expression faisait des yeux
le « miroir de l’âme », je crois que nous disposons maintenant
d’un autre accès privilégié aux sentiments de nos jeunes.
Dans certains cas la différence est énorme entre la perception
que nous avons d’eux à l’église et ce qu’ils partagent en ligne.
Mais être auprès d’eux (avec leur accord) sur ce terrain-là aussi rend notre témoignage, nos encouragements, notre soutien
et notre amour bien plus parlant.
Mes Amis : être connu et être aimé.
Une fois votre Profil créé et votre Mur un peu garni, il faut le
partager et pour cela on « invite » des « amis ». La valeur de ce
La peur n°1 des jeunes de nos jours est d’être seul. La seconde
est d’être rejeté (ce qui conduirait à être finalement seul!). Cela
se traduit par une utilisation quasi-compulsive des média sociaux. Pourquoi ? La réponse me semble venir tout droit de la
Genèse. Être « à L’image de Dieu » a de nombreuses applications ; mais une qui est parfois sous-évaluée est notre désir
et notre besoin innés de relation. Notre Dieu – Père, Fils et
St-Esprit - existe depuis toujours comme un Dieu Unique mais
aussi communautaire. Cette dimension s’est déplacée vers sa
créature faite à son image. Et nous aspirons à des relations
« intimes », quand bien même aujourd’hui nous les voyons
tordues et hésitantes. Par « intime », je veux dire : être connu
et aimé au même moment.
Or cette bénédiction ne s’obtient que par un Amour engagé. Quand les jeunes s’acceptent les uns les autres comme
« amis ». Quand ils partagent leurs journées, les détails insignifiants comme leurs pensées profondes – et reçoivent les
réponses et les commentaires des autres- la plupart expérimente alors un (faux) sentiment d’appartenir à une communauté engagée. Ils seront un jour déçus. Dans l’évangile, Dieu
sait tout et il dit à ceux qui sont en Christ : « Je t’aime de toute
façon ». Nous sommes aimés et connus et nous connaissons
l’intimité la plus profonde, la plus authentique et la plus satisfaisante qui soit. Ensuite, nous bâtissons et partageons avec
les autres. Lorsque je sais que rien ne m’arrache des mains de
Christ (Jn 10), que rien ne me sépare de l’Amour de Dieu (Rom
8) ; alors je sais « qui » et « de qui » je suis. Et la communauté
de ceux qui vivent cela c’est l’Eglise. A la différence d’internet,
la bible nous invite à la patience, à la méditation, au partage
entre frères et sœurs. Mais, paradoxalement, c’est aussi sur
Internet, sur Facebook et à ses copains que nous devons faire
connaître cette information. Le témoignage et la présence des
croyants sont capitales sur la toile et pas forcément sur des
sites dédiés ou approuvés mais bien jusqu’aux extrémités du
monde « virtuel ».
Lionel Jauvert
Pasteur
• à lire : « La médiation biblique à l’ère du numérique » de Dominique
Angers aux éditions Farel.
• à consulter pour les jeunes : larebellution.com et creusonslabible.fr
• à consulter : le blog évangile21 : http://thegospelcoalition.org/blogs/
francais/
• et à télécharger sur votre Smartphone ou tablette : the Bible app sur
https://www.bible.com/fr ou sur le store de votre appareil.
• priez pour voir apparaître www.unepref.com
• Et bien sûr adoptez la page Facebook de « Union nationale des Eglises
Protestantes Réformées Evangéliques de France » !
P. 9
Société
L’écran : une nounou
dangereuse ?
Selon un sondage IFOP réalisé par Psychologies Magazine en décembre 2012, 71 %
des français pensent que la place prise par les écrans dans la vie quotidienne nuit à
la qualité des relations. A peine moins : 69 % sont préoccupés par la place prise par les
écrans dans la vie de leurs enfants. Pourtant, malgré ces aveux d’inquiétude, les adultes
continuent à offrir une tablette numérique à Noël à leur bambin de 3 ans, à installer
une télévision dans la chambre leur fils de 7 ans et à proposer le dernier smartphone
comme récompense à l’entrée en 6ème de l’aîné de 11 ans. Ils s’émerveillent en chœur
de la capacité précoce de leur enfant à zapper ou à faire glisser l’écran tout en exprimant
leur propre difficulté à stopper les moments de leur enfant devant ces six écrans de la
famille (étude Médiamétrie de 2013). Cette nouvelle baby-sitter est-elle bien pratique ou
sournoisement dangereuse ?
Danger pour le cerveau
Michel Desmurget, chercheur spécialisé en neurosciences
cognitives, est formel : « Le corps se développe en proportion de ce qu’on lui donne
à manger, de comment on le nourrit. Le cerveau fonctionne
de la même façon : plus le milieu est riche, plus il est porteur
d’éléments de développement, plus le cerveau évolue. De
toute évidence, ça n’est pas dans les écrans qu’on trouve de
quoi «nourrir» le cerveau.»
Offrir une tablette numérique à un enfant de moins de trois
ans va appauvrir la nourriture nécessaire au développement
de son cerveau, en particulier les repères de temps et d’espace. Pour mettre en place ses repères spatiaux et corporels,
le bébé doit se déplacer dans son environnement, porter des
jouets à sa bouche, les secouer, les jeter en l’air. « La tablette
limite la relation au monde à ce que l’enfant en voit, précise
Serge Tisseron, psychiatre, docteur en psychologie et psychanalyste. Il touche l’écran au lieu de saisir l’objet, il ne le flaire
pas, ne le mâchouille pas. Il n’a pas d’appréhension des trois
dimensions de l’espace. » Il vaut bien mieux offrir des cubes
ou des livres à cet âge-là. Pour asseoir les repères temporels,
le meilleur instrument reste le livre. «Les écrans nous introduisent à un présent éternel, dénonce Tisseron. L’enfant frotte
P. 10
la tablette, une image surgit. Il frotte, une autre arrive. En revanche, quand il tourne les pages d’un livre cartonné, il y a un
avant, un pendant et un après. Au-delà de son rôle affectif et
dans la maîtrise du langage, l’histoire du soir est un excellent
support d’apprentissage de la temporalité.» Sans nul doute la
Bible en 365 histoires sera un bel outil dans ce but-là.
Les jeux-vidéos, et les écrans de façon plus générale, développent le système attentionnel externe. D’une façon plus
claire : c’est le monde qui vient vous chercher plus que
Société
vous n’avez besoin d’aller à lui. C’est
un bonhomme qui arrive à l’écran,
par exemple. Quand vous jouez au
jeux-vidéos, vous devenez propice à la
distraction. Le jeu-vidéo requiert une
forme d’attention, c’est vrai, mais qui
est strictement à l’opposé de l’attention
dont on aura besoin pour une scolarité
positive. C’est bien ce que repèrent les
enseignants de primaire depuis une
quinzaine d’années : une grande difficulté à capter l’attention de leurs élèves,
ils s’ennuient devant ces tableaux
noirs, ces feuilles blanches et ces exercices même illustrés. Voici un autre des
problèmes que posent les écrans : les
enfants ne savent plus s’ennuyer. Or
l’ennui est fondamental dans le développement des zones associées à l’imaginaire et à la créativité. Qui n’a jamais
observé de jeunes enfants jouant avec
trois bouts de bois devenus bateaux pirates sur l’océan bleu de la moquette de
leur chambre ? Si la télévision est dans
la chambre, ils préfèreront certainement regarder le dernier dessin animé.
Danger pour les relations
Connaissez-vous Grand Theft Auto (GTA
pour les joueurs) ? Si vous avez moins de
18 ans, vous ne devriez pas connaître,
ce jeu violent est en effet interdit aux
mineurs : attaques à main armée,
crimes et vols se font en toute impunité.
Notre devoir de parents sera donc bien
de tenir ferme et de refuser l’achat et
l’usage de ce jeu à nos enfants. Ainsi on
a constaté que les utilisateurs de jeux
violents comme GTA ont tendance à
devenir plus insensibles à leur environnement et donc plus enclins à tricher et
à se montrer immoraux. Mais attention,
le jeu vidéo, même le plus inoffensif, va
aussi lui induire des difficultés relationnelles dans la famille: le fameux moment où l’adulte va demander d’arrêter
de jouer pour passer à table, se brosser
les dents ou aller se coucher. Qui n’a pas
connu directement ou indirectement ce
moment de frustration générateur de
drames et de conflits ?
Danger pour la santé
L’usage abusif d’écrans induit une hyper sollicitation permanente, source
de stress et de fatigue. Il nous prive du
temps de repos. Pour terminer le jeu, le
jeune va se coucher plus tard et avec
l’excitation induite par la victoire ou la
défaite l’endormissement va être diffi-
cile. Il paraît même que le smartphone
est le dernier doudou des pré-ados :
sous l’oreiller, toujours branché, il permet d’être en contact 24h/24 et...de ne
jamais se reposer ! Les écrans posent
également un souci en matière de sédentarité : on bouge nettement moins
depuis leur arrivée dans la vie de tous
les jours. Or le corps est fait pour bouger, cette sédentarité qu’on lui impose
va inévitablement générer des risques
d’obésité.
Il est plus que temps, je crois, d’interroger notre attitude et notre place d’adulte
(parents et grands -parents) dans une
nécessaire limitation de l’accès aux
écrans qui va bientôt atteindre 5 h par
jour pour un enfant de 8 ans. Nous ne
serions pas différents des cadres supérieurs des sociétés de pointe de la Silicon Valley qui envoient leurs enfants
dans une école... sans ordinateurs ! Ces
écoles pratiquant la pédagogie Waldorf
estiment que les ordinateurs inhibent
la créativité, le mouvement, les interactions sociales et la capacité d’attention.
Ah Bon ?
Dany Bénézet
Professeur des Ecoles
Quelques recommandations
Disons-le : malgré de nombreux défauts, les écrans n’ont pas à être bannis de l’environnement des enfants et adolescents. Mais à une condition simple : que
les usages soient strictement régulés par les parents. Pour cela il n’est jamais trop tard. Formulons donc trois recommandations de bon sens, fondées sur
une expérience concrète d’enseignante et de parent :
1) Aucun écran (télévision, console, ordinateur) dans la chambre d’enfant, quel que soit l’âge.
2) Des jours et des heures fixes d’écran, toujours sous la supervision parentale : n’avoir aucune confiance dans les logiciels de contrôle parental et,
pour les usages ludiques et de divertissement, préférer les usages créatifs aux usages passifs.
3) Un téléphone le plus tard possible, sans accès à Internet. Le libre usage du numérique exige une maturité à acquérir patiemment, une maturité qui
permette à l’enfant de mettre à distance les objets numériques au lieu de l’en rendre dépendant.
P. 11
Culture
Une brève histoire
du numérique
L’humanité a toujours cherché
à garder la trace d’événements
ou de connaissances, mais
pour cela, il fallait un support
-nous dirions aujourd’hui
une mémoire. Le premier des
supports fut la pierre, puis
vinrent la tablette d’argile, le
papyrus, le parchemin et enfin
le papier. Sur ce support il
fallait utiliser une écriture -nous
dirions aujourd’hui un codepour noter les informations
connues.
A leur tour, les générations suivantes
ont ajouté de nouvelles connaissances,
contribuant ainsi au progrès général.
A ces deux volets –la mémoire et son
code- il faut ajouter un troisième volet :
la préservation des documents. Pour
mettre les écrits à l’abri des intempéries,
des prédateurs, des envahisseurs …
l’homme a développé des bibliothèques.
Quel que soit le lieu où les supports
étaient gardés, l’accès à cet espace
et l’utilisation des documents qui s’y
trouvaient n’étaient réservés qu’à une
élite connaissant le code, c’est-à-dire
ayant la capacité de lire. L’invention
de l’imprimerie apporta une avancée
significative dans la conservation et
dans la transmission du savoir. C’est
ainsi que pendant près de cinq siècles,
nous avons été immergés dans le
monde du livre imprimé, conditionnés
par cet environnement, qui nous est
devenu familier et indispensable.
Au milieu du 19ème siècle :
Un mathématicien anglais, Georges
Boole
développe
une
théorie
mathématique à base de « 0 » et de
« 1 » : l’algèbre binaire était née. Ce qui
n’était qu’une curiosité mathématique
trouva vite une application dans les
communications. En effet l’absence ou la
présence d’une tension électrique entre
deux fils correspondait successivement
à un « 0 » ou un « 1 ». L’alphabet Morse
ajouta une sureté supplémentaire à
ce code en faisant varier le temps du
« 1 » ; les trois points, trois traits, trois
points du SOS (Save Our Souls), en est
l’illustration même.
P. 12
Jusqu’alors, l’information était lue et
stockée d’une manière «analogique»,
c’est-à-dire que la variation de
température, par exemple, pouvait être
notée grâce à la dilatation du mercure,
qui variait de manière «analogue»
à cette température. Cette manière
de faire a trouvé son apogée avec le
disque vinyle ou le magnétophone à
bande, dans lequel le son, par exemple,
modulait, via un micro, les propriétés
magnétiques de cette bande.
Les trois clefs du numérique :
Echantillonnage, quantification et
mémoire :
Ce n’est que dans les années 30, sous
l’impulsion du physicien américain
Shannon
que
l’algèbre
binaire
apporta aux communications leur
plein développement. L’introduction
de l’ «échantillonnage» et de la
« quantification » transforma notre
manière d’observer, d’entendre et
de percevoir notre environnement.
L’échantillonnage consiste à prélever
un fragment d’information analogique
pendant un temps court, et la
quantification consiste à transformer
cet
échantillon
d’information
analogique en une suite de « 0 » et de
« 1 » formant un « mot binaire ». Le
clavier de nos ordinateurs n’est qu’une
machine à coder, chaque touche ayant
son code binaire spécifique. Ainsi
l’information, quelle que soit sa nature,
parole, écriture, vidéo, photo, est formée
d’une suite d’échantillons codés d’une
manière binaire.
Pour réobtenir une information
perceptible par nos sens, il faudra faire
Culture
Téléphone en bakelite des années 50
le chemin inverse, c’est à dire retransformer ces échantillons
binaires en grandeur analogique, puis replacer toutes ces
grandeurs analogiques les unes à la suite des autres pour
apprécier la neuvième symphonie de Beethoven. Nous
sommes habitués à faire de l’échantillonnage, ne serait-ce
qu’en goûtant une soupe, grâce à un échantillon que nous
prélevons avec une cuillère pour apprécier son goût, mais
nous sommes peut-être moins habitués à la quantification qui
consiste à transformer un échantillon en données binaires.
Il restait cependant un obstacle qui était celui du support
physique de la mémoire car avec le numérique il fallait une
énorme capacité de mémoire. La bande magnétique a été
utilisée un temps, puis délaissée pour le disque « dur », et
c’est la microélectronique qui a apporté la solution actuelle :
celle de la mémoire statique comme celle de la clef USB
(Universal Serial Bus), ou celle de la carte mémoire de nos
appareils photos, et c’est encore la microélectronique qui
a permis le stockage de notre code confidentiel dans notre
carte bancaire, avec un système de sécurité dépassant ce que
l’on peut imaginer. Si la microélectronique put apporter une
solution satisfaisante au stockage des données, ce fut au prix
d’un travail acharné, depuis plus de soixante ans, mettant
en compétition d’innombrables « start-up » ainsi que les plus
grands groupes industriels internationaux.
Un objet pluriel :
Voici donc comment nous sommes passés en peu de temps,
du téléphone en bakélite noir au téléphone à chiffres, au
minitel, au téléphone sans fil pour atteindre aujourd’hui
le « smartphone » et la tablette. Ainsi notre nouveau jouet,
qui au départ ne cherchait qu’à répondre au désir vivace
de pouvoir communiquer, est devenu aujourd’hui un objet
pluriel. On peut pratiquement tout y faire, téléphoner bien
sûr, mais voir en temps réel, prendre des photos, faire et voir
des films, emporter pour les vacances toute une bibliothèque,
se repérer par GPS (Global Positioning System), sans oublier
un cortège sans fin d’applications toutes plus originales les
unes que les autres.
le smartphone a 20 ans
outre son succès fulgurant dans les turpitudes humaines,
c’est ce paradoxe qui pourrait être résumé ainsi : moins nous
avons, plus nous désirons et plus nous avons, moins nous
désirons. Bien que nous ayons à l’heure actuelle, à portée de
main, les bibliothèques du monde entier, force est de constater
que la lecture n’est plus « le plaisir préféré des français ».
L’écran a envahi nos yeux et comme le dit l’Ecclésiaste « l’œil
ne se rassasie pas de voir » (1 :8).
Pour nous Chrétiens, bien nommés « gens du Livre », quel
défi de satisfaire à la modernité, sans pour autant céder à
celle-ci ? Comment continuer de diffuser la connaissance de
la Parole de Dieu parmi nos semblables et nos jeunes, sans
lever les bras au ciel en damnant la nouvelle génération qui
ne lit plus ? D’une part, c’est bien sûr de ne pas fermer la
porte au numérique, qui n’est qu’un moyen et non une fin.
Le numérique a permis, par sa facilité d’accès, de désacraliser
l’imprimé, de remettre en cause les axiomes, de proposer,
via les blogs par exemple, une autre vision des choses. C’est
ainsi que dans les pays fermés à l’Evangile, le numérique
offre la possibilité d’un nouvel accès à la Bible. La seconde,
c’est d’encourager les jeunes générations à brandir l’étendard
du « peuple du Livre » en leur montrant tout ce qui reste à
faire pour diffuser l’évangile, et ce quel qu’en soit le support,
papier, numérique, analogique ou, pourquoi pas, par cette
magnifique Fidélité sans Fil, ou WIreless Fidelity (WiFi) qui
nous relie constamment au Père : la prière.
Jean-Pierre Sorbier
Jean-Pierre Sorbier
Professeur Emérite Univ’Aix-Marseille.
A enseigné les télécommunications à Polytech Marseille.
Modernité et traditions :
Ce qu’il y a d’extraordinaire dans ce tourbillon technologique,
P. 13
Témoignage
Bien vivre
à la « Capitelle ».
Angélique Krieger est
l’épouse du pasteur
François Krieger qui
est actuellement
aumônier des
Armées à Marseille.
Dieu a appelé la tempête sur la tête
de Jonas car il ne voulait pas se rendre
à Ninive. Comme Jonas, nous avons
des tempêtes dans nos propres vies.
Comment les traversons-nous? Que
tirons-nous de ces moments parfois
terriblement douloureux ?
Notre tempête à nous, un jour, a été le
feu et pour reconstruire nous avons
trouvé une terre, un îlot isolé, coupé en
partie de ce qui fait le confort de notre
civilisation. Cette terre, c’était une ancre
pour nous et nos enfants, car l’homme
a besoin d’un lieu bien à lui pour savoir
d’où il vient. Sur cette terre, de l’eau
mais pas d’électricité.
Un petit toit pour y dormir abrités mais
surtout un demi-hectare pour y respirer.
Pas de bruit de klaxons, ni de télévision
mais les cigales, les grenouilles et le
chant des grillons.
Ici tout aspire au repos, à la méditation,
à la paix de se retrouver avec soi-même.
Un décalage qui nous ramène à nos
propres vies et nous fait contempler
Dieu.
l’entrée du chemin
P. 14
Ce face-à-face avec soi-même est un
un bout du terrain.
autre temps, un temps qui n’est pas
celui de notre monde mais celui de Dieu
en dehors du monde. Ici les enfants ont
gratté la terre, habité les arbres, pêché
les têtards, monté et démonté des murs
de cailloux et le soir venu, après avoir
ramassé le bois mort du terrain, sont
restés des heures hypnotisés par les
flammes de la cheminée.
La douche ? Un tuyau et une grande
bassine noire qui chauffe au soleil des
Cévennes pour une eau à plus de 50° le
soir. Il suffit de patienter pour attendre
son tour, presque comme à la maison.
Le bois, la terre, l’eau, le feu, ces quatre
éléments ont suffi longtemps à faire
notre bonheur au lieu du fer, du verre,
du plastique, du béton qui nous isolent
certes des intempéries mais aussi de
la nature. Dieu a créé et l’homme a
recréé une imitation de cette nature,
plus performante, plus rapide. Il fallait
ralentir, il fallait respirer, il fallait
reconstruire pour se retrouver.
Oui, il est facile de jouer avec la terre,
les cailloux et les bâtons lorsqu’on a
6 ou 10 ans, mais à 14, 16 ou 18 qu’y
fait-on ? Pas d’ordinateur, pas de Wi-
Fi, pas de télévision ! C’était vraiment trop nul ! La rébellion
commençait à s’installer. Même la rivière perdait de son
attrait. Les concessions ont alors commencé... On a raccourci
les vacances sans les annuler, on y invitait les cousins et on
trouvait d’autres activités plus viriles : guetter le sanglier la
nuit est une activité qui prend beaucoup d’énergie, ou sauter
plus haut de la falaise dans la rivière !
Mais une chose n’a jamais changé : le plaisir, le soir, d’allumer
un feu et de se retrouver devant les flammes à contempler
dans le silence la nuit, s’allonger dans l’herbe et le thym pour
attendre et compter les étoiles filantes. Prendre une douche
bien chaude grâce à la grosse poubelle noire qui a chauffé au
soleil toute la journée. C’est une sorte de rituel, une signature
de notre passage là-bas.
Aujourd’hui on a compris combien le confort est précieux
mais que l’on peut s’en passer un peu sans rien déranger de
sa vie. La frontière entre le bien-être, l’utile et le futile semble
parfois bien mince. Et même si le temps de l’adolescence a
compté beaucoup de réticence, de « râlage », aujourd’hui
à 16 et 19 ans, ce sont eux qui demandent à aller camper à
la « capitelle »1 avec des copains pour y vivre ce temps de
camping sauvage et y refaire le monde le soir autour du feu
de cheminée.
Apprendre à vivre autrement est un enseignement que nous
devons laisser à nos enfants. Retrouver le contact des choses
simples, apprendre à attendre, à regarder, à sentir seront une
force dans leur vie. Nous avons toujours tendance à nous fuir
nous-même en nous « abrutissant » de travail, de monde et
de bruit.
Témoignage
la capitelle (ou borie)
“ Le temps mûrit toutes choses ;
par le temps toutes choses
viennent en évidence ; le temps
est père de la vérité ”
François Rabelais
Que fuyons-nous, sinon nous-même, la peur de l’introspection
et du temps qui s’arrête ?
Prenons le temps de contempler la nature, la vie, nos vies, le
temps de nous ressourcer, sans quoi nous passerons à côté
de ce que nous sommes réellement et de ce que notre Dieu
attend de nous dans le monde.
Angélique Krieger
Professeur de Musique et
Femme de pasteur
le groupe de jeunes hollandais avec Harriet
Smitt qui étaient venus à St Jean faire des
travaux de rénovation à l’issue de l’incendie,
Alexandre au bord du bassin à
poisson lorsqu’il avait 7 ans,
capitelle : c’est une cabane construite en pierre sèche, c’est-à-dire sans mortier, dans les anciennes garrigues des villes du département du
Gard et qui en l’occurrence nous sert ici de toilettes !
1
P. 15
Méditation
Je témoigne
donc je suis !
Jean 1 : 35 - 51
Bien qu’internet ait pris une place importante dans nos relations, les rapports humains
ne se sont pas encore réduits à des flux numériques dématérialisés. Loin de là ! Le
témoignage de la foi s’incarne encore dans les rapports entre ‘’vrais gens’’. Les gens dans
leur très grande majorité se voient, se parlent, se touchent encore. Heureusement ! C’est
donc encore sur le terrain des contacts, des rapports avec les voisins, les collègues, les
amis et dans la famille que se joue la mission chrétienne.
La question pour nous est donc la suivante : comment témoigner de notre foi
dans la vraie vie, là où nous nous trouvons avec les autres ?
la lecture de Jean 1 : 35 – 51, les exemples
de Jean-Baptiste, André, Pierre, Philippe
et Nathanaël nous donnent quelques
pistes pour vivre cet engagement fidèle
dans le témoignage.
sonne entend le message de l’évangile
– puis vit une expérience personnelle
avec Jésus – ce qui la pousse à en parler à d’autres. Ce processus répond à la
mission que le Seigneur a confié à son
peuple : « Comme tu m’as envoyé dans
le monde, moi aussi je les ai envoyés
dans le monde » (Jean 17 :18). Cela
montre combien le témoignage des
chrétiens est essentiel pour la diffusion de l’évangile. Chacun de nous est un
Un mode opératoire : donner ce qu’on a
rouage important dans l’œuvre de Dieu. Et
reçu !
de ce fait, témoigner de Jésus est à la fois
Tout d’abord, leur histoire illustre de un privilège et une responsabilité.
façon remarquable un mode opératoire
que l’on trouve tout au long de l’histoire
du christianisme. La Bonne Nouvelle
est transmise de l’un à l’autre : une perP. 16
C’est un immense privilège puisque
cela nous confère la qualité de collaborateurs aux côtés du Seigneur. « Je ne
vous appelle plus serviteurs, parce que
le serviteur ne sait pas ce que fait son
maître; mais je vous ai appelés amis,
parce que je vous ai fait connaître tout
ce que j’ai appris de mon Père » (Jean
15 : 15). Il nous fait assez confiance pour
nous associer à son projet de salut pour
le monde. Quelle grâce !
C’est aussi une responsabilité qui nous
incombe. Nous ne pouvons nous dérober, au risque de manquer le projet de
Dieu pour nous. Evangéliser, témoigner de sa foi, sont des impératifs devant lequel le Seigneur nous a placés.
« Allez, faites de toutes les nations des
disciples… » (Matthieu 28 :19). Mais cet
ordre est accompagné d’une promesse
qui nous en rend l’exécution possible:
« …Et voici, je suis avec vous tous les
Méditation
“ La question pour nous est donc la suivante :
comment témoigner de notre foi dans la vraie vie,
là où nous nous trouvons avec les autres ? ”
jours, jusqu’à la fin du monde »
(Matthieu 28 :20).
Le Seigneur nous appelle donc
à proclamer sa bonne nouvelle.
C’est clairement un aspect de la
vocation du chrétien.
La foi en ce qu’Il est :
Dans le texte, Jean-Baptiste
a commencé par désigner
l’Agneau de Dieu en la personne de Jésus, André a vu en
lui le Messie et Philippe a reconnu qu’il est celui dont il est
question dans la Loi et les prophètes. Nous constatons qu’il y
a chez eux un préalable au témoignage : avoir la conviction
Flashmob I Love Jesus par lemainelibre
que Jésus est la solution pour
le monde ! Il était à leurs yeux
plus qu’un simple homme. Ils étaient persuadés que Jésus
était celui que tous cherchaient d’une manière ou d’une autre
(v.45). Celui qu’ils espéraient dans leur vie, dans leur religion.
Celui qu’ils attendaient… peut-être sans le savoir. Mais eux
l’avaient trouvé.
La seule vraie réponse au problème des hommes et des
femmes d’aujourd’hui comme d’hier est en Jésus-Christ, parce
que le problème fondamental de notre humanité reste le
même : le péché, c’est-à-dire cette rébellion primordiale contre
notre Créateur. Et c’est lui qui est venu résoudre ce problème.
« Car Dieu a tant aimé de mode, qui a donné son Fils unique,
afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais qu’il ait la
vie éternelle » (Jean 3 :16).
Témoigner de notre foi demande de croire avant tout que
Jésus nous a sauvés personnellement et qu’il est bien le sauveur du monde. C’est avoir la foi qu’il est vraiment la seule
personne qui puisse répondre aux besoins fondamentaux de
ce monde. En sommes-nous vraiment convaincus ?
C’est lui qui le fait !
Aussi, cet élan de foi placé dans le Dieu grand et puissant a
entraîné chez eux un vrai désir de témoigner et une assurance dans le témoignage. Convaincus que Jésus était bien le
Sauveur, ils n’ont pas eu peur ni honte de le désigner comme
tel devant les autres, comme lorsque les disciples avaient été
puissamment renouvelés dans l’Esprit à la Pentecôte.
C’est le sens de la formule: « Viens et vois ! » Elle constitue une
invitation à rencontrer le Seigneur, invitation mue par une
humble et vraie confiance en la capacité de Jésus à se révéler
lui-même à celui qui le cherche. Ils savaient que la seule chose
que Jésus souhaite par-dessus tout c’est que les hommes le
découvrent et soient sauvés. Leur témoignage a donc consisté à conduire jusqu’au Seigneur et à le laisser faire. Lui qui
sonde les cœurs et les reins sait répondre aux aspirations pro-
fondes de l’homme. Il est aussi capable de renverser tous les
raisonnements et convaincre de la vérité quiconque vient à
lui comme ce fut le cas de Nathanaël. Le défi du témoignage
chrétien est celui de savoir envisager notre présence au milieu des autres comme une occasion qui nous est donnée de
simplement présenter Jésus - sa personne pleine d’amour, de
pureté et d’humilité et son sacrifice à la croix – convaincus
que c’est bien le seul moyen de trouver le chemin de l’espérance en cette vie.
C’est dans une communion entretenue avec le Seigneur que
se développe cet intérêt spirituel pour notre prochain.
Ne pas cacher qui je suis...
Bien sûr, nous savons que nous n’avons pas le pouvoir de
convertir. Mais Dieu qui sauve par grâce veut nous utiliser
comme moyen de grâce pour les autres. C’est pour cela que
l’action de l’Esprit est déterminante dans le témoignage. C’est
lui qui peut ôter toutes les barrières qui nous empêchent de
témoigner autour de nous. C’est lui qui donne la capacité
d’être dans une relation vraie, transparente avec ceux qui
nous entourent de telle sorte que notre foi en Dieu ne soit pas
tue mais qu’elle fasse l’objet d’un témoignage vivant. Une foi
qui ne soit pas dissimulée. Certes il y a des risques de rencontrer de l’hostilité, mais nous pourrions aussi expérimenter de
l’intérêt de la part des gens. Or cet intérêt cultivé par des relations vraies et une transparence personnelle peut conduire
quelqu’un à découvrir Jésus. Un engagement de
foi non dissimulé signifie
simplement que les chrétiens que nous sommes
ne doivent pas cacher
qui ils sont. Notre foi est
au cœur de notre façon
de penser les choses, de
prendre nos décisions,
et elle oriente notre manière de faire face aux
défis de la vie. Si vous
êtes simplement vrai et
naturel sans cacher qui
Pâques : témoigner de différentes
vous êtes vraiment et
manières : composition florale de
ce que vous faites dans
Reina Albracht (ERE d’Aix)
votre vie, il apparaîtra
sûrement que vous avez une vie à l’église par exemple- ce qui
pourrait les intriguer, que vous avez une foi vivante - ce qui ne
manquera pas de les interpeller un jour.
Les derniers versets sont une invitation à l’émerveillement
continuel devant l’œuvre de salut de Dieu qui s’accomplit
sous nos yeux. Cette contemplation émerveillée est sûrement
le lieu où puiser la force d’être des témoins fidèles et joyeux.
Stéphane Kouyo
Pasteur à Rodez
P. 17
Annonces / Communiqués
L’Assemblée du Désert 2014
DIMANCHE 7 SEPTEMBRE
au MAS SOUBEYRAN, à MIALET
Enfin libres !
D’une mémoire à l’autre. D’un désert
à l’autre. D’une libération à l’autre et à
d’autres.
Après trois ans d’attente, l’Assemblée
2014 nous permet de nous réjouir au
souvenir de la libération en octobre
2013, des otages du Sahel, en particulier
celle de Daniel Larribe.
Le culte à 10 h 30 sera présidé par François CLAVAIROLY, président de la
Fédération protestante de France.
L’après-midi, on entendra une allocution historique de Ruth WHELAN,
professeur à l’Université de Maynooth
(Irlande), suivie du témoignage de Françoise et Daniel LARRIBE. Le message
final sera donné par Sophie ZENTZAMEDRO, présidente du Conseil Régional de l’Église protestante unie de
France en Cévennes-Languedoc-Roussillon.
Journées des aumôneries
francophones
Du 15 au 19 oct 2014 au Centre de la
Roche d’Or à Besançon
(Franche-Comté)
Autour du thème :
«Accompagner la
personne qui refuse de se soigner»
Tous les deux ans,
les aumôniers des
pays francophones
européens organisent à tour de rôle
les «Journées des aumôneries francophones». En 2012, elles ont eu lieu à
Bordeaux, en 2010 à St Loup en Suisse,
en 2008 à Bruxelles… Ces journées regroupent entre 100 et 150 participants :
aumôniers, bénévoles, soignants, médecins, personnels administratifs. Elles se
veulent œcuméniques. Elles sont organisées cette année par les aumôneries
de Besançon, Montbéliard, Mulhouse
et Nancy sous l’égide de la Fédération
Protestante de France.
Renseignements et inscriptions
0388259018
[email protected]
http://www.journees-des-aumoneries-francophones.fr
P. 18
Je te salue Marie, ma fille
19 ans, un jour et l’éternité
ANTOINE SCHLUCHTER,
Préface de ROLAND GIRAUD.
Un livre hommage au titre
évocateur
ouvrant sur un horizon de plénitude.
Bien que pasteur,
Antoine Schluchter ne fait pas de
sermon ; mais
peut-être nous
livre-t-il un message universel :
L’amour est plus fort que la mort !
Elle arrive dans sa famille d’adoption
après une longue attente juste avant ses
deux ans et elle quitte la vie terrestre
terriblement en avance, juste après ses
19 ans. Dans ce livre « Je te salue Marie,
ma fille » qui vient de paraître aux éditions Favre, son père nous fait découvrir
Marie, sa fille cadette, dont le meurtre
abject a marqué toute la Suisse romande
– et bien au-delà – au printemps 2013.
L’auteur a décidé de verser une partie de
ses droits à l’orphelinat Philadelphia près
de Tuléar (Madagascar), pour l’installation de pompes à chaleur et de panneaux
solaires.
DIMANCHE 14 SEPTEMBRE 2014
10H
CULTE
Unepref
9, rue de la Masse Aix-en-Provence
Prédication : Etienne Lhermenault,
Président du Conseil National des Evangéliques de
France—Président du Conseil de la Faculté Libre de
Théologie Evangélique
12H30 REPAS
dans les Jardins de la Faculté
Merci de confirmer votre présence
avant le 1er août 2014
www.facultejeancalvin.com
[email protected]
04 42 26 13 55
SAMEDI 13 SEPTEMBRE 2014
14H
14H
14H45
15H
17H
Accueil
Réunion de l’Association des Anciens
Etudiants de la Faculté
TABLE RONDE
Le Calvinisme, une chance
pour l’avenir de l’Eglise ?
Dr Gérard Bray, Dr Paul Wells
14H30 HISTOIRE
16H
D'une Faculté à une autre
Pierre Filhol
Fondateur et 1er Président du Conseil de Faculté
du 1er octobre 1974 au 18 octobre 1986
L'identité théologique de la FLTR : la vision
d'Eugène Boyer et de Pierre Courthial
Paul Wells
Fondateur et Professeur Emérite
Le surgissement de la FLTR dans le
paysage protestant : un témoignage
Marie de Védrines
Directeur honoraire à la Banque de France,
Membre du Conseil de Faculté dès l’origine
et jusqu’en 2000,
Secrétaire académique bénévole à la FLTR
de 1981 à 1993
La pertinence et l'actualité de la
Foi réformée à la fin du 20ème siècle
Pierre Berthoud
Président du Conseil de Faculté
et Professeur Emérite
17h30 INAUGURATION
18H du Centre Académique rénové avec les
AMIS ETRANGERS
18H APERITIF DINATOIRE
19H30
PRESENT ET PROJETS
autorités de la Ville d’Aix –en Provence
20H CONCERTS
22H
Les amis Suisses, Néerlandais, Américains,
Coréens, Indonésiens, Irlandais ...
Une nouvelle étape de l'histoire de la
Faculté Jean Calvin : la vision
et les projets d'avenir
Michel Johner
Pat Berning,
Doyen et Professeur d’Ethique et d’Histoire
Gospellement Vôtre
PAROLES D’ENVOI
Sketch Up, Jazz avec Bill Edgar
Jean-Raymond Stauffacher
Président de l'UNEPREF
Crédit photo : Gérard Martin