L`émergence d`un nouvel modèle de citoyenneté au Chili dans le

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L`émergence d`un nouvel modèle de citoyenneté au Chili dans le
L’émergence d’un nouvel modèle de citoyenneté au Chili dans le cadre des conflits
environnementaux. Les enjeux de l’appréhension de la citoyenneté en tant qu’objet
empirique.
Bárbara Morales Aguirre
Doctorant en Anthropologie, EHESS, LAIOS-IIAC
[email protected]
Présentation
Notre texte cherche à rendre compte de la manière dont nous appréhenderons la
citoyenneté dans le cadre de la mise en œuvre de notre premier terrain de recherche. Le
texte sera présenté de la manière suivante : tout d’abord, nous allons exposer notre sujet
de recherche et les aspects principaux de la problématique. Ensuite, nous mettrons à
l’épreuve le modèle d’analyse des processus de construction de la citoyenneté, afin de
définir quels sont les éléments (dimensions et catégories) à considérer dans/sur le terrain
de recherche et de donner quelques pistes méthodologiques et conceptuelles à utiliser
pour la compréhension de ce phénomène collectif. Dans cette deuxième partie, le texte
s’appuiera sur des exemples provenant de trois cas de conflits environnementaux sur
lesquels nous avons déjà enquêté : le cas Ralco1, le cas Celco-Valdivia2 et le cas
Pichilemu3.
1.1 Sujet de recherche
Notre recherche propose de rendre compte du processus de construction de
citoyenneté à une échelle locale qui est en train d’émerger au Chili dans le cadre des
conflits environnementaux.
Depuis les années 90 les mouvements sociaux qui émergent au sein de ces
conflits ont réussi à consolider au Chili un nouveau mode de défense de
l’environnement4 lié à l’action collective et au rapprochement de la notion de protection
1
Conflit environnemental où un groupe de huit familles de l’ethnie mapuche-pehuenche, regroupées plus
tard dans l’association Mapu Domuche Newen, entreprennent une lutte de plus de six années (depuis
l’année 1997) pour empêcher la construction d’un barrage hydroélectrique à Ralco, localité de l’Alto
BioBío située dans la VIIIème région du Chili.
2
Conflit déchaîné à la ville de Valdivia, dans la XVe région du Chili, où une partie importante de la
communauté, représentée par l’association Action pour les cygnes, entreprend la défense du Sanctuaire
Carlos Anwandter, zone humide polluée par les effluents industriels d’une usine de cellulose.
3
Conflit qui a eu lieu dans la localité de Pichilemu, zone côtière située dans la VIe région du Chili, où les
actions menées par l’Association pour un Pichilemu libre de pollution visent à empêcher la construction
d’un système d’épuration des eaux usées qui déverse ses effluents liquides dans la mer et d’obtenir, à la
place, la construction d’un système d’épuration qui répond aux besoins de la communauté.
4
D’après Ossandon (2000), le débat public autour de la défense de l’environnement remonte à la fin des
années 50 dans le cadre d’actions menées par trois acteurs : l’État, préoccupé par l’optimisation de
l’exploitation des ressources naturelles, des institutions académiques et de recherche intéressées à enrichir
les connaissances spécifiques sur l’environnement, et des organismes de défense de l’environnement,
regroupés, dans les années 90, sous l’appellation de « mouvement écologiste/environnementaliste »
(Ossandón, 2000, p.69).
de l’environnement avec celle de conflits sociaux (Sabatini, Sepúlveda, 1997;
Santibáñez, 2008; Aliste, 2001; Díaz, Morales, 2010.). Il s’agit des communautés
locales qui s’opposent à la réalisation ou à la poursuite de grands projets productifs,
immobiliers ou d’infrastructure dans leurs territoires (Sabatini, 1997, p.3) et qui
entreprennent des processus de mobilisation collective visant leur protection. Leur
apparition va de pair avec un contexte de débats et de controverses, caractérisé par
l’interpellation de l’opinion publique et l’exigence d’actions de la part des institutions
publiques afin de faire face à leurs revendications et à leurs demandes. Dans ce
contexte, les réseaux de soutien que les communautés trouvent, surtout dans des
organismes liés à la protection de l’environnement, la médiatisation des conflits, les
enquêtes scientifiques réalisées et les procédures judiciaires, jouent un rôle
d’importance dans leur discussion et leur publicisation.
Les conflits environnementaux sont aujourd’hui une réalité présente dans tous
les domaines où le Chili planifie son développement (énergie, industrie minière,
industrie forestière, industrie gazière, industrie de la construction et industrie de la
pêche) (G.Seguel, 2010, p.244), mettant au jour un phénomène de mécontentement dans
les communautés (Sabatini, Sepúlveda, 1997, p. 25) et chez les citoyens qui, de notre
point de vue, surpasse de loin la seule défense de l’environnement.
La littérature consacrée à l’analyse des conflits environnementaux au Chili5 et
notre parcours de recherche6 nous a permis de distinguer deux éléments précis qui
caractérisent ce phénomène collectif et, en même temps, de proposer la problématique
qui guide cette recherche. Tout d’abord, au sein de ces conflits la mise en marche de la
protection de l’environnement va de pair avec des problématiques locales qui mettent
l’accent sur la manière dont les communautés affectées perçoivent elles-mêmes les
interventions sur l’environnement. De la sorte, l’environnement ne sera plus défendu
seulement comme un objet en soi7, mais sera de plus en plus lié à des problèmes et des
intérêts sociaux spécifiques qui sont aussi dirigés vers la protection de ceux qui habitent
l’environnement.
En deuxième lieu, la mise en œuvre de ces processus de mobilisation collective
met au jour l’émergence d’une nouvelle conception de l’agir civique (Cefaï, 2007,
p.532) où les citoyens ne sont pas uniquement des récepteurs des politiques publiques.
Ils commencent à participer de la chose publique à partir de la critique, du jugement, de
l’agir collectif (Quéré, 1992, p.77). Dans ces termes, on pourrait affirmer que ces
mouvements cherchent aussi de nouvelles instances d’expression d’intérêts et
d’exercice de droits, et visent le questionnement d’une culture politique qui ne promeut
5
Voir à ce sujet : Sabatini, 1997 ; Sabatini, Sepúlveda, 1997 ; Olca, 1999; Folchi, 2001 ; Santibáñez,
2008 ; Rojas, Sabatini, Sepúlveda, 2003 ; Dipierri, 2009 ; Aliste, Urquiza, 2010 ; G.Seguel, 2010 ; Díaz,
Morales, 2010.
6
Voir à ce sujet : Morales, 2009; Morales, 2010.
7
D’après Oñate (2009), cela permet de différencier ces mouvements sociaux, forgés dans les conflits
environnementaux, de ceux qui au Chili reçoivent le nom de « mouvement écologiste » ou « mouvement
environnementaliste » (Oñate, 2009, p.51).
pas une inclusion active et efficace des citoyens dans les processus de prise de décisions
(Duhart, 2006) et qui les exclut constamment des droits politiques et sociaux
fondamentaux d’un État démocratique.
Les mouvements qui émergent dans le cadre de ces conflits se présentent ainsi
comme des projets collectifs qui, depuis une échelle locale, rendent compte de la
configuration de nouvelles pratiques citoyennes, de nouvelles représentations de
l’espace local, des nouvelles conceptions et fondements des droits revendiqués. Il s’agit
de nouvelles formes d’expérience démocratique qui ouvrent « le champ des relations
entre citoyenneté et territoire » (Neveu, 2003, p.16) et remettent en question la
définition que l’État a construite autour de la citoyenneté. Dans ce contexte, notre
problématique de recherche devient explicite: Est-ce que l’ancrage local de ces
processus de mobilisation collective va de pair avec l’émergence d’une conception
alternative de la citoyenneté au Chili ?
1.2 L’appréhension du processus de construction de citoyenneté
Dès lors que nous nous proposons d’aborder l’émergence d’une nouvelle conception
de citoyenneté à une échelle locale, le premier enjeu méthodologique qui se présente
porte sur la légitimité de rechercher une conception de la citoyenneté différente de celle
proposée par l’État, ou plus spécifiquement qui émerge au sein-même des
communautés.
Pour Catherine Neveu (2003), s’interroger d’un point de vue anthropologique sur la
citoyenneté nous permet de comprendre que cette notion n’a pas une seule définition,
que son caractère n’est pas exclusivement juridique ou normatif et qu’il ne s’agit pas
d’un statut défini seulement par l’État (Neveu, 2003, p.2), limité au modèle classique de
droits proposé par T.H Marshall (Cefaï, 2003, p.93) ou aux critères stricts
d’appartenance à une communauté politique. Par contre, ce qu’on trouve à partir de la
richesse des recherches anthropologiques (Gagné, Neveu, 2009, p.8) c’est une variété de
«…conceptions de la citoyenneté à l’œuvre dans différentes sociétés » (Neveu, 2003,
p.3). Dans ce sens, les usages du terme citoyenneté répondraient aux contextes
spécifiques où il est utilisé, ce qui implique qu’elle peut se cristalliser dans des formes
et moments différents et vis-à-vis de questions sociales et politiques levés tant par l’État
que par les mouvements sociaux (Gagné, Neveu, 2009, p.9).
L’approche anthropologique nous permettrait donc saisir la citoyenneté comme un
« ensemble de processus, comme « fabrique » (Bénéï 2005), dans laquelle s’entremêlent
dimensions statutaires et relationnelles, enjeux d’appartenance et d’engagement, rapport
à l’État et aux autres » (Ibid., p.8).
Dans le cadre de notre recherche, appréhender la citoyenneté en tant que « processus
et produit social et culturel » (Ibid., p.16) nous permettra, tout d’abord, d’élargir la
notion de citoyenneté à celle de « citoyennetés » (Leca, 1991 in Gagné, Neveu, 2009,
p.9) afin de prouver qu’il est totalement possible qu’une conception de la citoyenneté
émerge parallèlement ou en opposition à celle proposé par l’État. En second lieu, cette
approche nous permettra de saisir non seulement les représentations de cette nouvelle
conception de citoyenneté, mais aussi les processus de leur mise en œuvre (Neveu,
2003, p.6). Enfin, cette approche nous amène à être attentif à la diversité tant des acteurs
qui participent de cette fabrique que des différents « lieux, niveaux et espaces de
production et de mise en œuvre » (Clarke et al. 2007, p.8 in Gagné, Neveu, 2009, p.12).
Or, saisir le processus de construction d’une notion alternative de la citoyenneté
implique, certainement, de nous rapprocher aussi de celle plus normative ou
officielle proposée par l’État, afin d’analyser quels sont les éléments que les citoyens
s’approprient ou auxquels ils résistent pour la remettre en question et faire émerger de
nouvelles figures de citoyenneté. Nous tenterons ainsi de saisir la citoyenneté tant dans
sa dimension statutaire qui se dégage du modèle de citoyenneté proposé par l’État que
dans sa dimension vernaculaire en prêtant attention aux représentations et pratiques qui
se dégagent des « réponses négociées des acteurs sociaux » (Bénéï 2005 : 8, in Gagné,
Neveu, 2009, p.11) dans le cadre des conflits environnementaux.
Ce qui implique de mettre en pratique un modèle méthodologique qui conjugue le
global et le local afin de saisir le processus de citoyenneté de manière holiste (Diaz,
Morales, 2010, p.) et d’accéder, comme nous avons remarqué plus haut, aux différents
acteurs, niveaux, lieux et espaces de sa production et mise en œuvre. En ce sens, il s’agit
plutôt de conjuguer deux point de vue ou échelles d’observation que d’établir une
hiérarchie de la pensée (Gagné, Neveu, 2009, p.14) où l’État se renverrait dans « le
global » et les mouvements sociaux dans « le local ».
Ainsi, dans la perspective du global nous analyserons le modèle de citoyenneté
proposé par l’État au Chili et la manière dont le contexte historique, politique et social a
influencé cette définition. Nous nous rapprocherons de la dimension statutaire ou
normative de la citoyenneté, celle à partir de laquelle l’État fixe et institutionnalise les
critères d’une citoyenneté formelle via les politiques publiques. Celles-ci adoptent une
définition plus classique en tant que programme d’action gouvernemental « qui
participe à la création d’un ordre social et politique, à la direction de la société, à la
régulation de ses tensions, à l’intégration des groupes et à la résolution des conflits »
(Lascoumes, Les Galès, 2009, p.5). Or, pour mettre en pratique ce modèle il faut non
seulement abandonner la vision de l’État comme un être unique et omniprésent, mais
aussi prendre en considération que les politiques publiques sont influencées par des
groupes d’intérêt (Ibid., p.16), qu’elles sont toujours situées historiquement et qu’elles
sont organisées par des rapports sociaux et des pratiques politiques qui varient dans le
temps et dans l’espace (Ibid., p.8).
Sur cette base nous devons pouvoir accéder aux représentations et aux
catégorisations proposées par l’État en matière de citoyenneté au Chili et établir un
cadre général à partir duquel analyser les reformulations qui ont lieu dans le contexte
local où les nouvelles figures de la citoyenneté sont en train d’apparaître. Dans ce cadre,
il faut être attentif, premièrement, aux fondements de cette conception de la citoyenneté,
lesquels, si l’on suit Leca, visent trois ordres de problèmes : les fondements de
l’obligation politique, les conditions d’accès à la citoyenneté et la nature et la portée des
droits conférés (Leca 1991 in Neveu, 2003, p.2) ; deuxièmement, il faut considérer les
liens et les possibles confusions de cette conception de la citoyenneté avec d’autres
termes tels que identité ou nationalité (Neveu, 2003, p.9) ; enfin, il faut évaluer les poids
que différents moments de l’histoire du Chili ont eu dans l’utilisation et l’évolution de
cette notion : le rôle des mouvements sociaux ; le poids de la Dictature mise en place
entre les années 1973 et 1990, les changements introduits par les gouvernements
démocratiques (1990-2010), etc.
À ce sujet, bien qu’au Chili les conditions politiques ont changé avec l’arrivée d’un
système de gouvernement démocratique au début des années 90, la littérature consacrée
à ce sujet8 fait remarquer que dans le modèle de citoyenneté proposé par l’État
subsistent encore des formes politiques anciennes du Régime Dictatorial mise en place
entre les années 1973 et 19909. En effet, les institutions politiques reposent toujours sur
la Constitution de1980 ainsi que sur des lois approuvées pendant ce période. En outre,
la période appelée de transition à la démocratie (à partir des années 90) se présente
comme une continuité du processus de modernisation instauré pendant la période de la
dictature, qui cherchait la réorientation du rôle de l’État vis-à-vis la mise en œuvre d’un
modèle économique de libre marché.
D’après Gabriel Salazar (1998) de ce processus se détache l’instauration d’un
modèle démocratique de « droits individuels » (Salazar, 1998, p.2) qui considère les
citoyens comme des consommateurs à partir d’une logique privée de satisfaction des
besoins (Santibáñez, 2000) et qui n’a pas pris en considération le développement des
outils institutionnels effectifs pour inclure la société civile dans le processus de prise de
décisions (Duhart, 2006). Pour De la Maza (2005), une des principales conséquences de
ceci est la reconfiguration des liens associatifs et la croissante autonomisation de la
société civile par rapport à l’action de l’Etat (De la Maza, 2005, p.45).
On peut donc parler d’une culture politique qui conserve encore des pratiques et des
habitudes héritées d’un régime dictatorial et dont une de ses principales caractéristiques
est l’absence de politiques publiques promouvant l’exercice de la citoyenneté. En atteste
le fait qu’au Chili récemment a été approuvé le premier Projet de Loi de Participation
Citoyenne10 (Proyecto de Ley sobre Asociaciones y Participación Ciudadana en la
Gestión Pública) lequel est centré principalement sur la redéfinition des associations
volontaires, sur la création d’un fond de financement et sur l’extension minimale des
mécanismes d’accès à l’information publique des citoyens (De la Maza, G., 2005:105).
8
Voir à ce sujet: De la Maza, 2005, 2006 ; Duhart, 2006 ; Garretón, 2001,2003 ; Salazar, 1998 ; Salazar,
Pinto, 1999 ; Santibáñez, 2000 ; Varas, 1997.
9
Dictature d’Augusto Pinochet.
10
Le 5 aout 2010.
Jusqu’à aujourd’hui, la Loi 19 300 du 01 mars 1994 sur les Principes Généraux de la
Protection de l’Environnement (Ley sobre Bases Generales del Medioambiente)11 est la
seule qui inclut un recours légal de participation qui permet aux communautés de faire
partie des processus d’évaluation des projets.
Spécifiquement le recours de la participation citoyenne permet que les personnes
directement affectées ou des associations citoyennes ayant la personnalité juridique
puissent faire des observations aux projets afin de que la COREMA (Commission
Régionale de l’Environnement) les évalue et introduise des améliorations ou des
modifications en prenant en considération les critères établis par le Système
d’Evaluation d’Impact Environnemental (SEIA). Or, bien que cette initiative a un
caractère strictement consultatif, puisque les observations de la citoyenneté n’ont aucun
poids dans la résolution finale de la COREMA, dans une certaine mesure sa mise en
application a permis l’augmentation de l’activité associative et une territorialisation de
la gestion publique. En effet, le rapport élaboré par l’OECD et la CEPAL l’année 2005
reconnaît que la politique environnementale au Chili a réussi augmenter la participation
de la citoyenneté dans la gestion publique (Aliste, 2008, p.87).
En nous appuyant sur l’analyse des politiques publiques, des projets et des
programmes gouvernementaux impliquant les obligations politiques, les conditions
d’accès à la citoyenneté et les droits conférés, nous tenterons alors de saisir le modèle de
citoyenneté proposé par l’État au Chili. Dans ce but, nous explorerons son lien avec des
formes politiques héritées de la Dictature, sa proximité aux acteurs du marché, l’absence
de critères institutionnels d’inclusion des citoyens, mais aussi dans quelle mesure le
recours juridique de participation citoyenne établi par la Loi 19 300 peut être considéré
comme un facteur de l’émergence des nouvelles figures de la citoyenneté dans l’espace
local. Alors, devient explicite la nécessité de nous rapprocher du terrain de mise en
œuvre des politiques publiques : le local.
En reprenant Neveu, la dimension du local ou des sujets localisés nous ouvre une
voie pour observer empiriquement le processus de construction de la citoyenneté
(Neveu, 2003, p.2). Le local constitue un terrain d’observation privilégié de ce type de
dynamiques (Jouve, 2005, p.317), tout d’abord, parce que c’est dans le local comme
milieu de vie (ville, localité, quartier) que les interactions entre les différents acteurs
(individus, mouvements sociaux, agents de l’État) se déroulent, les conflits se nouent,
leurs négociations se jouent (Helly, 2001, p.21) et les liens de coopération, solidarité et
réciprocité se mettent en pratique (Cefaï, 2003, p.94). En d’autres termes, le local nous
ouvre une voie d’exploration des formes horizontales d’interaction entre acteurs sociaux
et politiques (Lascoumes, Les Galès, 2009, p.21). Il s’agit de dynamiques multi-acteurs
et multiformes qui nous renvoient aux processus de gouvernance, mais qui nous parlent
aussi de la dimension horizontale de la citoyenneté, « celle des relations entre les
citoyens eux-mêmes, ou entre ceux-ci et ceux qui ne le sont pas. » (Neveu, 2003, p.7)
11
Pendant le Gouvernement de Madame Michelle Bachelet (2006-2010) du Parti Socialiste a été
approuvé la modification de la Loi et la création du Ministère de l’Environnement.
En deuxième lieu, c’est dans le local que l’on peut explorer les champs de
subjectivation politique qui rendent explicites « ce que les agents sociaux « font » de la
notion citoyenneté et quel impact elle a sur eux » (Gagné, Neveu, 2009, p.20).
Ainsi, dans le cadre spécifique des conflits environnementaux nous tenterons de
saisir, premièrement, le processus de construction de citoyens via la mise en œuvre des
politiques publiques. Depuis le regard du local, le modèle de citoyenneté proposé par
l’État prend une définition pragmatique qui nous permet d’explorer les manières dont
les agents de l’État appliquent les politiques publiques, prennent les décisions
institutionnelles et génèrent des dynamiques dans l’espace local, susceptibles d’étendre
ou de canaliser les conflits et de faire émerger de nouvelles figures de la citoyenneté.
En second lieu, nous aborderons les processus d’appropriation et ceux de résistance
que les citoyens construisent vis-à-vis de la mise en œuvre des politiques publiques et
du travail associatif. Dans ce cadre, il faut être attentif, d’une part, aux représentations
de la citoyenneté et à leurs variations par rapport aux différents acteurs, situations et
lieux (les appartenances et les engagements qui les fondent, les fondements des
revendications, les droits négociés, les droits redéfinis et leurs liens avec des autres
termes). D’une autre part, il faut considérer les caractéristiques ou les conditions
d’élaboration de ces représentations (les conditions d’appartenance, les modes
d’appropriation ou de résistance, les ressources mobilisées et les contextes historiques,
politiques et sociaux des communautés concernées).
Dans le cadre de notre recherche, l’ancrage local se présente comme la principale
caractéristique du processus de construction de la citoyenneté. Le local apparaît ainsi
comme l’espace symbolique où les différentes significations des conflits confluent et,
en même temps, comme l’espace concret où l’action collective en tant que telle s’y
déroule. Dans ce contexte, le local surpasse son rôle de terrain d’observation et
commence à être utilisé comme un outil d’analyse (Aliste, 2008, p.88) qui nous
permettra d’aborder le lien étroit qui existe entre le territoire et les nouvelles
conceptions de la citoyenneté. Dans ce but, nous nous proposons d’explorer les
processus de construction politique du territoire (Neveu, 2004, p. 59), mises en œuvre à
travers le travail associatif et la défense de l’environnement, afin d’accéder aux
différentes formes que l’espace local acquiert dans ces conflits et, en même temps,
différencier les conceptions de la citoyenneté qui sont en jeu (Neveu, 1992, p.76).
Dans les cas sur lesquels nous avons déjà enquêté, l’espace local prend trois
formes à partir desquelles nous pouvons esquisser quelques pistes sur l’émergence des
nouvelles figures de la citoyenneté. Tout d’abord, le local se présente comme un espace
d’identification qui se donne à voir, premièrement, dans la manière dont les problèmes
écologiques qui fondent les conflits deviennent des problèmes locaux. De la sorte, on
peut constater que dans le cas Ralco le problème adopte un caractère ethnique dans la
mesure où la possible inondation de la vallée du fleuve BioBío mettait en péril la
continuité culturelle des communautés mapuche12-pehuenche13 affectées. Le document
de protestation présenté à la Commission de Droits de l’Homme de l’ONU le 29 juillet
1999 est clair à ce sujet : « le projet Ralco inonderait seize cimetières et soixante-dix
lieux sacrés, source de la religiosité et lien permanent avec la terre et leurs ancêtres.
Cela éteindra la culture pehuenche. » Dans le cas Celco-Valdivia les arguments
montrent comment le champ de signification du désastre du Sanctuaire s’est élargi en
passant des premiers effets écologiques aux effets sur les conditions de vie de la
communauté: « ce qui est arrivé aux cygnes n’est que la face visible d’une série de
problèmes de santé et d’économie locale qui seront rapidement évidents14 ». Si l’on suit
ces paroles, on verra comment le « désastre du Sanctuaire » est réinterprété comme le
« désastre de la ville de Valdivia ». Enfin, dans le cas Pichilemu la possible
contamination de la mer est interprétée comme une menace directe pour le
développement économique de la localité. Un communiqué de presse émis par
l’association le 29 mai 2005, rend compte de ceci : « …nous n’accepterons pas la
prétention de l’entreprise à vouloir installer le conduit dans la mer, affectant pour
toujours notre patrimoine écologique et notre développement économique et social. » Il
est donc explicite que lorsque l’intérêt commun émerge dans le cadre de ces processus
de mobilisation collective, il ne répond pas uniquement à la nécessité de protéger
l’environnement. S’y exprime aussi un besoin explicite des communautés de se protéger
elles-mêmes face aux conséquences sociales, culturelles et économiques qu’elles
envisagent sur leurs formes de vie à partir d’un dégât environnemental.
Un deuxième élément à considérer dans le cadre de configuration de cette appartenance
au local, ce sont les figures et les représentations qui mettent en valeur l’environnement
et à partir desquelles prend sens sa défense. Notons ainsi que dans le cas Ralco la figure
de protection de l’environnement qui prédomine dans le discours des acteurs met en
valeur l’Alto BioBío comme le support topologique des communautés mapuchepehuenche affectées :
« Nous espérons que vous comprendrez que pour nous la terre n’est pas une chose
interchangeable, mais une partie intégrale de qui nous sommes, le fondement de notre
culture, l’élément fondateur de notre identité comme peuple. Si vous réalisez des
activités qui y attentent, vous attentez à nos mères, nos pères, nos enfants, nos sœurs et
à notre groupe social en tant que tel.15 »
Des propos comme celui-ci visent à souligner le rapport indissoluble qui existe entre
leur culture et le territoire. De son côté, dans le cas Celco-Valdivia, les arguments visent
12
Mapuche signifie « gens de la terre ». Ils font partie de la population autochtone du Chili. Le dernier
Recensement chilien (2002) signale que sa population est de 604.349 personnes. Cela équivaut à 87, 3%
de la population indigène du Chili et à 4% de la population totale du Chili (INE, 2003, p.23.)
13
Pehuenches ou Pewenches est le nom des mapuches de la Cordillère des Andes.
14
« Ambientalistas califican como una ofensa fallo que benefició a Celco », Journal el Mostrador,
Santiago du Chili, 22 avril 2005, extrait de http://www.olca.cl/oca/chile/region10/cisnes010.htm le
25/11/2009.
15
Lettre envoyée par l’association Mapu Domuche Newen au Président de l’Entreprise ENDESAEspagne, 10 septembre 1999.
à présenter le Sanctuaire comme un élément constitutif de la ville de Valdivia, de son
histoire et de ses pratiques quotidiennes :
« En plus de sa valeur écologique, ce Sanctuaire a été la base pour le développement
d’une importante activité touristique dans la ville de Valdivia, dont le principal attrait
est, justement, sa situation à la confluence de plusieurs fleuves qui forment un
magnifique estuaire. L’identité des habitants de ce territoire est étroitement liée à ce
paysage et à son histoire.16 »
On peut voir que dans cette figure d’argumentation, le Sanctuaire cesse d’être seulement
un élément de l’environnement naturel et se transforme en un élément constitutif de
l’histoire commune des Valdiviens. Enfin, dans le cas Pichilemu la Mer est présentée
comme la source qui articule les principales pratiques économiques-productives de la
communauté :
« Ici à Pichilemu, il y a beaucoup d’habitants qui ont travaillé toute leur vie en
construisant, en se développant autour de la mer, du tourisme, et aujourd’hui avec ce
projet ils voient avec impuissance, avec douleur, que ce patrimoine si précieux qu’est la
mer sera transformé, en provocant un dommage qu’ils voient comme irréparable17 ».
Le discours relève ainsi une tradition touristique, où la nature est en même temps
une « ressource économique et un patrimoine culturel » (Leff, 2001, p.28).
On peut constater ainsi qu’à partir de la manière dont les problématiques sont resignifiées et l’environnement local représenté18, des modes d’appartenance et
d’attachements qui permettent aux individus de s’identifier avec le local et d’instituer
des frontières symboliques pour se différencier commencent à se définir (Diaz, Morales,
2010, p.88). Il s’agit d’une construction socioculturelle où le local apparaît comme un
espace perçu, approprié (Brunet, 1991, p.23 in Alphandéry, 2004, p.6), habité, comme
un espace qui fait sens et permet l’émergence d’un « univers de reconnaissance »
(Augé, 2002, p. 39).
En conjuguant l’approche anthropologique avec la géographie sociale et
culturelle (Aliste, 2008, 2008b, 2010 ; Claval, 1999, 2002 ; Di Méo, 1998, Di Méo,
Buléon 2005 ; Gonçalves, 2001, Retaillé, 2007) nous pourrions alors nous rapprocher
16
Document « Fondements de l’association Action pour les Cygnes par rapport au désastre écologique
dans le Sanctuaire de la Nature du fleuve Cruces », 28 mars 2005.
17
« Culminó maratónica jornada de seminario medioambiental en Pichilemu », Journal Pichilemu
News.cl,
Pichilemu
du
Chili,
20
octobre
2006,
extrait
de
http://pichilemunews.blogcindario.com/2006/10/00999-culmino-maratonica-jornada-de-seminariomedioambiental-en-pichilemu.html le 27/11/2009.
18
Il faut noter ici que, dans le cadre de ces conflits, l’environnement local est aussi représenté en tant
qu’espace patrimonial dans la mesure où les lieux sont présentés comme un patrimoine écologique de
tous les chiliens, voire de l’humanité : l’Alto Bíobío, de par les caractéristiques de son paysage, le
Sanctuaire de par la diversité de son écosystème et la mer de Pichilemu de par la non-pollution de ses
plages. Cette figure se retrouve principalement chez les environnementalistes qui sont partie des
« réseaux de soutien » des communautés affectées.
des territorialités ou des différentes manières que les individus ont de s’approprier et de
représenter l’espace (Aliste, 2008b, 53) et des lieux (Auge, 2002 ; Escobar, 2000) qui
donnent compte des relations qui s’établissent avec celui-ci (Alphandéry, 2004, p.8),
afin d’explorer comment ces attachements à l’espace local sont à la base de la
construction de nouvelles appartenances et de nouvelles images d’eux-mêmes, qui
fondent différentes conceptions de la citoyenneté.
Dans les conflits environnementaux, le local devient aussi un espace de
discussion et de coopération, susceptible de fortifier les liens à l’intérieur des
communautés et de faire émerger de nouvelles capacités d’autogestion. Cette nouvelle
forme adoptée par l’espace local se donne à voir dans la mesure où les associations
formées dans le cadre des conflits, développent des systèmes de travail qui impliquent
la collaboration de divers acteurs et réussissent tant à s'intégrer dans les dynamiques
locales (Oñate, 2009, p.80) qu’à répandre la problématique au-delà de ses frontières.
Ainsi, on peut voir que dans le cas Ralco l’association Mapu Domuche Newen19 est
soutenue par un réseau d’acteurs très large comprenant des organismes
environnementaux, des associations indigènes du Chili et d’Amérique Latine, des
hommes politiques et des organismes nationales et internationales liées à la défense des
droits de l’Homme et du peuple mapuche. De sa part, dans le cas Celco-Valdivia
l’association Action pour les cygnes, en plus d’être soutenue pour le réseau des
organismes liés à la protection de l’environnement, implémente à la ville des groupes de
travail ou des comités d’action afin d’aborder tous les aspects de la problématique.
Enfin dans le cas Pichilemu l’Association pour un Pichilemu libre de pollution a centré
ses efforts tant à la génération d’un réseau interne d’information et de formation qui
visait l’engagement de toute la communauté qu’à la consolidation d’un réseau de
publicisation qui réussit situer la problématique dans les médias locaux, nationaux et
internationaux.
Les pratiques associatives dans l’espace local (activités de réflexion, de
discussion, de formation et la construction de réseaux de travail, de coopération et de
diffusion) deviennent alors un aspect important pour explorer la manière dont les
nouvelles figures de la citoyenneté sont en train d’être construites. Sachant cela, il faut
d’évaluer aussi le poids qu´ont dans cette construction les organismes qui composent les
réseaux de soutien impliqués dans ces conflits et la portée réelle des ces projets
collectifs au sein des communautés.
La dernière figure de l’espace local que nous avons identifié à partir des cas
enquêtés, appréhende le local comme espace de revendication où se conjuguent les
exigences des mouvements par rapport à l’accomplissement des normes et le respect de
leurs droits et la mise en question des décisions et les actes des agents de l’État, qui se
révèlent comme les principales obstructions à la résolution de ces conflits.
19
Nom mapuche qui signifie « des femmes avec la force de la terre ».
Dans ce contexte, les revendications ont un lien direct avec les problématiques
locales qui se donnent à voir à partir des dégâts écologiques qui déclenchent les conflits.
Ainsi, le mouvement d’opposition au barrage Ralco focalise ses exigences sur une
demande très large, concernant la reconnaissance des droits politiques, d’autonomie et
d’autogestion, des droits territoriaux et des droits économiques, sociaux et culturels des
peuples indigènes au Chili.
« Nous tenons beaucoup à nos terres. Nous avons besoin de l’appui étatique que nous
méritons. Nous ne voulons la charité de personne. […] mais tout d’abord que nos droits
humains et territoriaux, notre identité, notre culture, nos cérémonies, notre langue, nos
cimetières, nos terrains de guillatún20 soient respectés »21.
De son cote, le mouvement de défense du Sanctuaire centre ses exigences sur la
nécessité que les autorités publiques accomplissent leur devoir en restaurant le
Sanctuaire et en protégeant la santé et les conditions de vie de la population, ainsi qu´en
respectant son droit à habiter dans un environnement libre de pollution :
« Que la CONAMA (Commission Nationale de l’Environnement) permette qu’une
entreprise soumette toute une ville et les communautés voisines à une expérience dont
les résultats sont inconnus, constitue une faute de jugement, un abandon définitif de sa
fonction de protection des citoyens22 ».
Enfin, dans le cas Pichilemu, le mouvement revendique son droit à bénéficier
d’un système d’épuration des eaux usées qui ne pollue pas ses plages et qui en même
temps réponde aux projets de développement économique local de la communauté :
« Nous n’accepterons pas que les eaux usées soient déversées dans la mer, nous voulons
une solution réelle à notre problème d’égouts et une station d’épuration qui épure
effectivement les eaux23 ».
Dans le cadre des dénonciations, la transgression des normes en vigueur, le
mépris des demandes des citoyens et le non accomplissement des engagements de la
part des autorités publiques se révèlent être une obstruction à la résolution de ces
conflits, mais on peut aussi trouver des actes qui contribuent à les aggraver. La pression
politique, les répressions policières, la permissivité observable par rapport à l’action des
entreprises impliquées et l’absence de mesures publiques visant la résolution des
conflits apparaissent sur la scène publique comme un geste de violation constante des
droits fondamentaux des communautés affectées. De la sorte, la figure de la complicité
est utilisée pour montrer le rapport étroit entre les autorités publiques et les entreprises
concernées et l’institutionnalisation d’une politique du fait accompli est présentée
comme l’outil le plus effectif pour résoudre ce type de conflits.
20
Cérémonie religieuse et communautaire du peuple mapuche.
Communiqué de presse de l’association Mapu Domuche Newen, 09 mars 2000.
22
Communiqué de presse de l’association Action pour les Cygnes, 12 août 2005.
23
Communiqué de presse de l’association, 29 mai 2005.
21
A cette occasion, les dénonciations, les argumentations et les revendications des
mouvements sociaux mettent à jour les différentes conceptions d’être citoyen qui
apparaissent dans l’espace local : les attachements locaux, les droits négociés, les droits
redéfinis et les manières dont ces groupes sont en train de définir leur appartenance, ou
leur non appartenance, à la communauté politique dominante. Les conflits
environnementaux se présentent ainsi comme un terrain très riche pour explorer les
processus de construction des citoyennetés.
En ce qui concerne l’enquête de terrain, nous continuerons à travailler sur le cas CelcoValdivia, notamment parce qu’il représente un des cas les plus importants de la scène
nationale, tant pour le travail réalisé par l’association Action pour les cygnes que par
son impact médiatique et sa durée. En deuxième lieu, nous voulons aborder le cas
Celco-Mehuin, conflit qui émerge en réponse à la décision de l’entreprise CELCO de
proposer comme nouvelle option de déversement de ses effluents la « mer » de la
localité de Mehuin, zone côtière habitée principalement par des communautés mapuchelafquenche (gens de la mer). Ce conflit est important non seulement parce qu’il rend
compte du devenir du cas Celco-Valdivia. Il nous permet aussi d’approfondir les
processus de construction de la citoyenneté émergeant au sein des communautés
indigènes vis-à-vis de leur conflit historique avec l’État du Chili.
L’aire d’étude
La recherche se déroulera dans la XVème région du Chili, dénommée « Región de los
Ríos » (Région des Fleuves), notamment dans la ville de Valdivia24, capitale régionale,
et dans la localité côtière de Mehuin25 appartenant à la commune de San José de la
Mariquina (voir la carte).
24
Le dernier recensement chilien (2002) signale que sa population est de 127 750 personnes. INE, op.cit.,
p.222.
25
Le dernier recensement chilien (2002) signale que sa population est de 1 135 personnes. Ibid.
L’enquête de terrain sera consacrée, d’une part, à la réalisation d’entretiens en
profondeur (non directifs) qui seront réalisés avec les différents acteurs sociaux qui
participent de ces processus (membres des associations formées dans le cadre des
conflits26, membres des associations et des organismes qui font partie du « réseau de
soutien »27, fonctionnaires municipaux, fonctionnaires des institutions publiques
concernées et autorités locales).
D’une autre part, notre démarche inclut l’observation directe des activités de
coordination du travail des associations, des réunions entre leurs représentants et les
autorités municipales et publiques concernées, des manifestations publiques
susceptibles d’être organisées pendant notre séjour de terrain et des activités
quotidiennes qui impliquent la participation des acteurs concernés.
Finalement, le travail de terrain sera complété avec une enquête documentaire centrée
sur deux lignes de recherche. Tout d’abord, nous analyserons des documents produits
par les acteurs des associations locales et des réseaux de soutien (communiqués de
presse, déclarations publiques, rapports d’activités, rapports d’enquêtes, lettres
adressées aux autorités publiques et à l’opinion publique, matériel graphique, films
documentaires, etc.), afin d’appréhender les « discours publics » qui soutendent les
26
L’association « Action pour les cygnes » dans le cas Celco-Valdivia et le « Comité de défense de la
mer de Mehuin » par rapport au cas Celco-Mehuin. Tous les deux réussissent aussi grouper et représenter
à des associations déjà existantes dans l’espace local.
27
Dans le cas Celco-Valdivia ce réseau est conformé principalement par des organismes liés à la défense
de l’environnement et dans le cas Celco-Mehuin celui-ci est beaucoup plus large, en comprenant des
organismes environnementaux, des associations indigènes et des organismes liées à la défense des droits
de l’Homme.
processus de construction de citoyenneté. En deuxième lieu, nous analyserons des
informations secondaires (des informations de presse et de sites web consacrés au sujet
environnemental et au sujet indigène, des informations d’ouvrages, de thèses et
d’articles de revues spécialisées, et des informations de rapports scientifiques et légaux)
afin de compléter les données de terrain et de reconstruire le « contexte historique » de
ces processus de construction de la citoyenneté.
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