PLAIDOYER POUR LE CAT-CAM.
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PLAIDOYER POUR LE CAT-CAM.
UNIVERSITÉ DE FRANCHE-COMTE FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BESANCON ANNÉE 1994 - N094-99 AMPUTATION DE CUISSE CHEZ L'ALDULTE ACTIF : PLAIDOYER POUR LE CAT-CAM. A propos de huit observations. THÈSE présentée et soutenue publiquement le 17 Novembre 1994 pour obtenir le Diplôme d'Etat de DOCTEUR EN MÉDECINE PAR Marie-Noëlle CAILLEUX Née le 30 Décembre 1964 à Besançon (25) Examinateurs de la Thèse : Président : M. ONIMUS Professeur Juges : S.SCHRAUB Professeur G. MONNIER Professeur D. WENDLING Professeur B.PARRATTE Praticien Hospitalier P.MARGUET Praticien Hospitalier Invité d'honneur : P.BOTTA Prothésiste UNIVERSITE DE FRANCHE-COMTE FACULTE DE MEDECINE ET DE PHARMACIE DE BESANÇON Doyen Assesseurs Médecine Professeur Gabriel CAMELOT Professeur Alain DEPIERRE Professeur Jean-Yves CAHN Professeur Jean-Pierre CARBILLET Professeur Dominique FELLMANN Docteur Gilles DUMOULIN Assesseurs Pharmacie Professeur Jean-François ROBERT Professeur Christiane GUINCHARD Chef des Services Administratifs Mlle Gilberte GENEVOIS Doyens Honoraires: Professeurs Honoraires: M. le Professeur P. LAUGIER M. le Recteur P. MAGNIN M. le Professeur L. COTTE M. le Professeur J. BERTHELAY M. le Professeur P. GRANDMOTTET M. le Professeur P. GILLE M. le Professeur H. GISSELBRECHT M. le Professeur M. GUIDET M. le Professeur A. OPPERMANN M. le Professeur G. PAGEAUT M. le Professeur J. ROYER M. le Professeur R. STEIMLE Directeur Honoraire: M. le Professeur P. MILLERET Directeurs Honoraires de l'U.E.R.B.E.M.: M. le Professeur C. BUGNON M. le Professeur J.P. MAURAT MEDECINE PROFESSEURS M. Gérard ADESSI M. Pierre AGACHE M.Hubert ALLEMAND M. Didier AUBERT M. François BARALE M. Jean-Pierre BASSAND BIOCHIMIE - BIOLOGIE MOLECULAIRE DERMATOLOGIE EPIDEMIOLOGIE, ECONOMIE DE LA SANTE ET PREVENTION CHIRURGIE INFANTILE ANESTHESIOLOGIE ET REANIMATION CHIRURGICALE CARDIOLOGIE ET MALADIES VASCULAIRES M. Pierre BECHTEL Mlle Yvette BERNARD Mme Suzanne BERTHELAY M. Roland BIDET M. Michel BITTARD M. Paul BIZOUARD M. Jean-François BONNEVILLE M. Jean-François BOSSET M. Jean-Luc BRESSON REPRODUCTION M. Jean-Yves CAHN M. Gabriel CAMELOT M. Pierre CARAYON M. Jean-Pierre CARBILLET PHARMACOLOGIE CLINIQUE CARDIOLOGIE PHYSIOLOGIE BIOPHYSIQUE UROLOGIE PEDOPSYCHIATRIE RADIOLOGIE RADIOTHERAPIE BIOLOGIE DU DEVELOPPEMENT ET DE LA HEMATOLOGIE CHIRURGIE VASCULAIRE GASTROENTEROLOGIE ANATOMIE PATHOLOGIQUE SEPTEMBRE 1994-1 M. Jean-Claude CARDOT M. Jean-Claude CHOBAUT M. Claude COLETTE M. Joël COMBE M. Louis COTTE M. Alain CZORNY M. Jean-Charles DALPHIN M. Bernard DELBOSC M. Alain DEPIERRE M. Jean-Louis DUPOND M. Henri DUVERNOY M. Joseph ETIEVENT M. Dominique FELLMANN M. Jacques GUYOT M. Jean-Charles HENRY M. Patrick HERVE M. Philippe HUMBERT Mme Bernadette KANTELIP M. Jean-Pierre KANTELIP M. Bruno KASTLER M. Michel LAB M. René LAURENT Mme Danièle LENYS M. Robert MAILLET M. Georges MANTION M. Jacques MASSOL M. Alain MENGET M. Yvon MICHEL BRIAND M. Jean-Philippe MIGUET M. Guy MONNIER M. Michel MONTARD Mme Christiane MOUGIN M. Georges NARBONI M. Alain NEIDHARDT M. André NOIR M. Michel ONIMUS M. Jacques REGNARD M. Bernard RICBOURG M. Lucien RUMBACH M. Yves SAINT-HILLIER M. Simon SCHRAUB M. Daniel SECHTER Mme Christiane TEYSSIER-COTTE M. Yves TROPET ESTHETIQUE, M. Philippe VICHARD M. Jean-François VIEL Mme Dominique VUITTON M. Daniel WENDLING BIOPHYSIQUE OTO-RHINO-LARYNGOLOGIE GYNECOLOGIE ET OBSTETRIQUE CHIRURGIE VASCULAIRE MEDECINE LEGALE NEURO-CHIRURGIE PNEUMOLOGIE OPHTALMOLOGIE PNEUMOLOGIE MEDECINE INTERNE ANATOMIE CHIRURGIE THORACIQUE ET CARDIOVASCULAIRE HISTOLOGIE, EMBRYOLOGIE, CYTOGENETIQUE ANATOMIE BIOCHIMIE BIOLOGIE MOLECULAIRE HEMATOLOGIE DERMATOLOGIE ANATOMIE PATHOLOGIQUE PHARMACOLOGIE FONDAMENTALE RADIOLOGIE BACTERIOLOGIE, VIROLOGIE DERMATOLOGIE HISTOLOGIE EMBRYOLOGIE, CYTOGENETIQUE GYNECOLOGIE ET OBSTETRIQUE CHIRURGIE GENERALE THERAPEUTIQUE PEDIATRIE BACTERIOLOGIE, VIROLOGIE HEPATOLOGIE ANATOMIE OPHTALMOLOGIE BIOLOGIE CELLULAIRE ENDOCRINOLOGIE ET MALADIES METABOLIQUES ANESTHESIOLOGIE ET REANIMATION CHIRURGICALE PEDIATRIE CHIRURGIE INFANTILE PHYSIOLOGIE STOMATOLOGIE ET CHIRURGIE MAXILLO-FACIALE NEUROLOGIE NEPHROLOGIE CANCEROLOGIE PSYCHIATRIE DADULTES MEDECINE DU TRAVAIL CHIRURGIE PLASTIQUE, RECONSTRUCTIVE ET CHIRURGIE ORTHOPEDIQUE ET TRAUMATOLOGIQUE BIOSTATISTIQUES ET INFORMATIQUE MÉDICALE IMMUNOLOGIE RHUMATOLOGIE SEMPTEMBRE 1994- 2 PROFESSEURS ÉMÉRITES M. Claude BUGNON M. Pierre GRANDMOTTET M. Jean-Claude LAFON M. Robert LECONTE DES FLORIS M. Jean-Pierre MAURAT M. André PETERS M. André RAFFI M. Robert VOLMAT M. Francis WEILL HISTOLOGIE, EMBRYOLOGIE, CYTOGENETIQUE THERAPEUTIQUE OTO-RHINO-LARYNGOLOGIE (PHONIATRE) HEMATOLOGIE CARDIOLOGIE HÉMATOLOGIE PEDIATRIE PSYCHIATRIE DADULTES RADIOLOGIE PROFESSEURS RATTACHÉS Mme Claude BENABDELJIL (Rabat) M. Michel GILLET (Lausanne) M. André ROTH (Genève) BIOCHIMIE CHIRURGIE DIGESTIVE OPHTALMOLOGIE MAÎTRES DE CONFÉRENCES M. Patrick ARVEUX Mme Thérèse BARALE Mme Yvette BECHTEL Mme Martine BENEDINI Mme Annie BIDET Mlle Claude BILLEREY Mme Annie BOILLOT Mlle Marie-Claire CLAVEQUIN M. Alain COAQUETTE M. Benoit CYPRIANI M. Gilles DUMOULIN Mme Marie-Jeanne DUPONT M. Roger GIBEY Mme Andrée GOUGET Mme Jacqueline GUICHARD M. Jacky MAS Mme Elisabeth MONNET PREVENTION M. Christian MOUSSARD Mme Monique NEIDHARDT M. Uhen NGUYEN NHU M. Alfred PENFORNIS M. Patrick PLESIAT Mme Evelyne RACADOT Mme Elisabeth RANFAING M. Christophe ROUX M. Daniel TALON M. Pierre TIBERGHIIEN M. Jean-Pierre WOLF CANCEROLOGIE PARASITOLOGIE PHARMACOLOGIE CLINIQUE BIOCHIMIE, BIOLOGIE MOLECULAIRE BIOPHYSIQUE ANATOMIE PATHOLOGIQUE ANESTHESIOLOGIE ET REANIMATION CHIRURGICALE HISTOLOGIE, EMBRYOLOGIE, CYTOGENETIQUE BACTERIOLOGIE - VIROLOGIE BIOCHIMIE - BIOLOGIE MOLÉCULAIRE PHYSIOLOGIE BACTERIOLOGIE VIROLOGIE BIOCHIMIE, BIOLOGIE MOLECULAIRE HISTOLOGIE, EMBRYOLOGIE, CYTOGENETIQUE AUDIOPHONOLOGIE BIOPHYSIQUE EPIDEMIOLOGIE, ECONOMIE DE LA SANTE, BIOCHIMIE, BIOLOGIE MOLECULAIRE ANESTHESIOLOGIE ET REANIMATION CHIRURGICALE PHYSIOLOGIE THERAPEUTIQUE BACTERIOLOGIE, VIROLOGIE HEMATOLOGIE ANATOMIE PATHOLOGIQUE HISTOLOGIE, EMBRYOLOGIE, CYTOGENETIQUE BACTERIOLOGIE, VIROLOGIE IMMUNOLOGIE PHYSIOLOGIE SEPTEMBRE 1994- 3 MAÎTRE DE CONFÉRENCES ASSOCIÉ M. Jean-Pierre GAUME MEDECINE GENERALE ASSISTANT DES DISCIPLINES MÉDICALES Mme Maryse HADJIYIASSEMIS HISTOLOGIE - EMBRYOLOGIE – CYTOGENETIQUE PROFESSEUR AGRÉGÉ DU SECOND DEGRÉ Mme Sandra CHAVIN ANGLAIS PROFESSEUR ASSOCIÉ À TEMPS PARTIEL Mme Frédérique ROUSSEY ANGLAIS SEPTEMBRE 1994- 4 PHARMACIE PROFESSEURS M. Michel BAUD M. Alain BERTHELOT Mme Françoise BEVALOT M. Jean-Pierre CHAUMONT Mme Edwige DAUBROSSE Mlle Christiane GUINCHARD M. Alain JACQUESON Mlle Mariette MERCIER M. Dominique MEILLET Mme Joëlle MILLET Mme Lysiane RICHERT M. Jean-François ROBERT M. Jean-Charles ROULAND Mme Estelle SEILLES M. Pierre TRAN BA LOC Mlle Jacqueline VAQUETTE M. Alain XICLUNA BIOPHYSIQUE ET INFORMATIQUE PHYSIOLOGIE PHARMACEUTIQUE PHARMACOGNOSIE BOTANIQUE ET CRYPTOGAMIE BIOCHIMIE PHARMACEUTIQUE CHIMIE ANALYTIQUE ET BROMATOLOGIE TOXICOLOGIE BIOMATHEMATIQUES ET BIOSTATISTIQUES PHARMACEUTIQUES PARASITOLOGIE PHARMACIE GALENIQUE BIOLOGIE CELLULAIRE CHIMIE ORGANIQUE, CHIMIE THERAPEUTIQUE CHIMIE PHYSIQUE ET CHIMIE MINERALE IMMUNOLOGIE (BACTERIOLOGIE VIROLOGIE) BIOLOGIE CELLULAIRE, PARASITOLOGIE PHARMACOGNOSIE CHIMIE ORGANIQUE, CHIMIE THERAPEUTIQUE PROFESSEUR ÉMÉRITE M. Jacques PANOUSE CHIMIE ORGANIQUE, CHIMIE THERAPEUTIQUE MAÎTRES DE CONFÉRENCES Mme Nicole CARDOT M. Jean-Patrick DASPET Mme Véronique DAVID M. Pascal LAURANT M. Safwat MAKKI Mlle Claire MOLÉ M. Jean-Louis MOZER M. Frédéric MUYARD Mme Laurence NICOD M. Bernard REFOUVELET Mlle Mariane SANDOZ M. Joël SIMBRAY M. Tong TRUONG THANH Mme Christine ZHIRI TOXICOLOGIE BIOPHYSIQUE ET INFORMATIQUE PHARMACODYNAMIE PHYSIOLOGIE PHARMACEUTIQUE PHARMACIE GALÉNIQUE IMMUNOLOGIE (BACTERIOLOGIE VIROLOGIE) BIOCHIMIE PHARMACEUTIQUE PHARMACOGNOSIE BIOLOGIE CELLULAIRE CHIMIE THERAPEUTIQUE PHARMACODYNAMIE BOTANIQUE ET CRYPTOGAMIE CHIMIE ANALYTIQUE ET BROMATOLOGIE BIOMATHEMATIQUES ET BIOSTATISTIQUES PHARMACEUTIQUES ASSISTANT M. Alain CARACOTCH PHARMACIE GALENIQUE SEPTEMBRE 1994- 5 A NOTRE MAITRE ET PRESIDENT DE THESE Monsieur le Professeur Michel ONIMUS Professeur de Chirurgie Infantile Nous le remercions de l'honneur qu'il nous fait en acceptant de présider notre jury. Nous connaissons ses grandes qualités professionnelles et humaines. En témoignage de notre respectueuse reconnaissance. A NOTRE MAITRE ET JUGE Monsieur le Professeur Simon SCHRAUB Professeur de Cancérologie Il nous fait l'honneur d'être de nos juges. Nous le remercions pour le réconfort qu'il a toujours su nous témoigner dans les moments difficiles. Qu'il soit assuré de notre profonde gratitude. A NOTRE MAITRE ET JUGE Monsieur le Professeur Guy MONNIER Professeur d'Anatomie Qui a accepté très spontanément de faire partie de notre jury. Nous le remercions de son enseignement et lui sommes très reconnaissant de bien vouloir porter intérêt à ce travail. A NOTRE MAITRE ET JUGE Monsieur le Professeur Daniel WENDLING Professeur de Rhumatologie Il nous a accueilli dans son service avec bienveillance. Nous avons pu apprécier la qualité de son enseignement et sa très grande compétence. Qu'il trouve ici l'expression de notre sincère reconnaissance. A NOTRE JUGE Monsieur le Docteur Bernard PARRATTE Praticien Hospitalier (Explorations Fonctionnelles du Système NeuroMusculaire) Il a su encourager et porter intérêt à ce travail. Nous avons pu apprécier l'étendue de ses connaissances, sa disponibilité et ses grandes qualités humaines. Qu'il en soit vivement remercié. A NOTRE JUGE Monsieur le Docteur Philippe MARGUET Praticien Hospitalier (Urgences - CHG de Pontarlier) Nous sommes heureux de le compter parmi nos juges. Nous l'assurons de notre fidèle amitié. A NOTRE INVITE D'HONNEUR Monsieur Pierre BOTTA Prothésiste Nous lui sommes très reconnaissant de l'aide qu'il nous a apporté à l'élaboration de ce travail. Nous admirons ses qualités humaines ainsi que sa très grande compétence. Qu'il trouve ici l'expression de notre respectueuse amitié. A tous ceux qui ont contribué un jour à notre éducation et formation de médecin, Au service de Pédiatrie du Centre Hospitalier Général de Lons-le-Saunier, Au service de Rhumatologie du Centre Hospitalier Régional de Besançon. Je dédie cette thèse. A la mémoire de mon père, Je dédie cette thèse. A Maman, Avec tout mon amour. Je dédie cette thèse. A mon frère Jean-François, Pour son aide précieuse. A mes frères et soeurs, A ma famille, Je dédie cette thèse. A Monsieur le Docteur LABOURET, Avec ma reconnaissance. A ma classe de Terminale DI, Pour son soutien dans les moments difficiles. A Sandrine et Philippe, A Isabella, A Jacqueline et Michel, En témoignage de ma profonde amitié. A Nathalie, Qui a dactylographié cette thèse avec efficacité et dévouement. Qu'elle en soit vivement remerciée. A tous mes amis. Je dédie cette thèse. SERMENT D'HIPPOCRATE EN PRESENCE DES MAITRES DE CETTE ECOLE, DE MES CHERS CONDISCIPLES, JE PROMETS ET JE JURE AU NOM DE L'ETRE SUPREME, D 'ETRE FIDELE AUX LOIS DE L’HONNEUR ET DE LA PROBITE DANS L'EXERCICE DE LA MEDECINE. JE DONNERAI MES SOINS GRATUITS A L’INDIGENT, ET N'EXIGERAI JAMAIS UN SALAIRE A AU DESSUS DE MON TRAVAIL. ADMIS DANS L'INTERIEUR DES MAISONS, MES YEUX NE VERRONT PAS CE QUI S’Y PASSE, MA LANGUE TAIRA LES SECRETS QUI ME SONT CONFIES, ET MON ETAT NE SERVIRA PAS A CORROMPRE LES MOEURS, NI A FAVORISER LE CRIME. RESPECTUEUX ET RECONNAISSANT ENVERS MES MAITRES, JE RENDRAI A LEURS ENFANTS L'INSTRUCTION QUE JAI REÇUE DE LEURS PERES. QUE LES HOMMES M'ACCORDENT LEUR ESTIME SI JE SUIS FIDELE A MES PROMESSES ! QUE JE SOIS COUVERT D'OPPROBRE ET MEPRISÉ DE MES CONFRERES SI J’Y MANQUE. 1 PLAN INTRODUCTION HISTORIQUE L'AMPUTATION, UN CONSTAT D'ECHEC ? UNE CHIRURGIE POUR UN MEILLEUR APPAREILLAGE LA MARCHE HUMAINE, UNE ACQUISITION INESTIMABLE AMPUTATION DE CUISSE CHEZ L'ADULTE JEUNE, QUELLE EMBOITURE PROPOSER ? L'INFLUENCE DE L'APPAREILLAGE SUR LA READAPTATION FONCTIONNELLE DONNEES PERSONNELLES ANALYSE DE NOS OBSERVATIONS ET CONFRONTATION AUX DONNEES DE LA LITTERATURE CONCLUSION ANNEXE1 BIBLIOGRAPHIE TABLE DES MATIERES 2 INTRODUCTION 3 I. INTRODUCTION : L'appareillage prothétique des membres inférieurs connaît en cette fin de XXe siècle une évolution décisive. S'il est hélas impossible de redonner sa jambe à l'amputé, il convient de souligner les efforts de recherche de certaines équipes de réadaptation, pour améliorer la qualité de vie de leurs patients, laquelle dépend étroitement des aspects biomécaniques et bioénergétiques de l'appareillage. Chez l'adulte actif, amputé de cuisse, l'appareillage le plus prescrit en France est l'emboîture "contact" quadrilatérale, qui fait appel à une technique élaborée il y a plus de 30 ans (2). Depuis une dizaine d'années, il existe une emboîture, mise au point aux Etats-Unis par John SABOLICH et son équipe (38), appelée CAT-CAM (Contoured Adducted Trochanteric-Controlled Alignment Method). Cette technique, très peu connue en France, présenterait, selon ses partisans, des qualités physiologiques et fonctionnelles tout à fait éminentes. 4 Le but de notre étude est de contribuer à la réflexion sur les qualités de cette emboîture par rapport à la quadrilatérale, en posant la question de savoir si l'impression subjective de confort, soulignée par les patients équipés en CAT-CAM que nous avons interrogés, s'accompagne d'une amélioration réelle de leurs performances de marche et peut faire l'objet d'une justification scientifique. 5 HISTORIQUE 6 7 Il. HISTORIQUE: "Avant de connaître les possibilités d'appareillage qui s'offrent à eux, certains amputés de membre inférieur pensent qu'ils vont recevoir un appareil extrêmement perfectionné, confortable et esthétique, issu de la technologie de la fin du XXe siècle ; d'autres, par ailleurs, craignent d'être irrémédiablement dépendants d'une chaise roulante" (25). Si, aujourd'hui, il est donné à l'amputé la possibilité de se mouvoir plus facilement, il n'en a pas toujours été ainsi. 11.1. DE L'APPAREILLAGE DE FORTUNE A L'APPAREILLAGE EVOLUE: Parce qu'il avait perdu le pouvoir de marcher, l'homme amputé d'un membre inférieur eut sans doute recours autrefois à des bâtons ordinaires sur lesquels il s'appuyait, modifiés par la suite en béquilles (terme introduit vers 1611). Il existait probablement, depuis fort longtemps, des prothèses de fabrication artisanale : l'esprit ingénieux de l'être humain a toujours cherché à pallier les manques. 8 Mais ce fut certainement Ambroise PARE, qui mit au point le premier une prothèse de cuisse, reproductible à une plus grande échelle. " La jambe des pauvres", construite en bois, était fort rudimentaire. Par souci d'esthétique, Ambroise PARE conçut des prothèses plus complexes, revêtues d'une armature métallique qui dissimulait un pilon articulé, réservées aux riches. Mais le poids considérable la rendait finalement moins fonctionnelle que "la jambe des pauvres". De la jambe d'Ambroise PARE naquit le cuissard à pilon dont le principe est resté en vigueur jusqu'au début du XXe siècle. Constitué d'un cône creux en bois à sommet inférieur, le cuissard à pilon est équipé à sa partie proximale d'un bourrelet permettant à la tubérosité ischiatique et au trochanter de s'appuyer. Une ceinture est nécessaire au maintien de la prothèse (Figures 1 à 3). Figure 1 : Cuissard à pilon Figure 2 : "Jambe des pauvres" d'Ambroise PARE (33) Figure 3 : Jambe des riches 9 La notion d'appui ischiatique se développa durant la guerre de 14 -18, tragédie où l'appareillage connut -par nécessité-un grand essor. L'appui ischiatique devint même prépondérant et on négligea l'appui circonférentiel. Quant à un appui terminal, considéré comme impossible à moins d'une désarticulation de genou, il a été écarté totalement. Parallèlement à l'évolution des formes d'emboîtures, les mécanismes de genou et de pied furent perfectionnés, les maîtres en ce domaine étant les Allemands : l'homme, amputé, retrouvait un certain schéma de la marche humaine. Les progrès ultérieurs se développèrent dans tous les domaines, les plus remarquables étant une nouvelle conception d'emboîture et l'emploi de matériaux plus légers. Ainsi, on a supprimé les moyens de suspension des prothèses (baudrier ou ceinture), peu esthétiques, par la création d'emboîtures à "contact total" et à ventouse, assurant l'herméticité. Les matériaux tels que des résines de polyester ont également apporté un plus en diminuant, de façon appréciable, le poids des appareils (33). Le désir d'une reconstitution fonctionnelle la plus physiologique possible conduit aujourd'hui à la fabrication d'articulations artificielles complexes, qui, sans pouvoir rivaliser avec les caractéristiques anatomiques d'un membre sain, permettent à l'amputé de compenser en partie la perte des éléments indispensables à la marche normale. 10 Longtemps laissée pour compte, l'esthétique commence à être prise en considération. Loin des enjeux de fonctionnalité ou de confort physique, c'est l'étape finale de la fabrication d'une prothèse, parce que l'habillage de la prothèse à l'image de la jambe saine permet sans aucun doute une meilleure intégration psychologique du membre artificiel, l'esthétique a les mêmes priorités que l'aspect fonctionnel au regard de l'utilisateur (Photos 1 à 4). 11.2. L'EMBOITURE, UN ELEMENT PRIMORDIAL : 11.2.1. Ses fonctions : L'emboîture est cependant la partie essentielle de la prothèse. Elle est destinée à recevoir le moignon, à permettre son appui sur la prothèse ainsi que la fixation de cette dernière au moignon. C'est par son intermédiaire que le moignon anime la prothèse, et ce d'autant mieux qu'elle est plus confortable. Solidaire du moignon sans entraver ses mouvements, l'emboîture est aussi la structure sur laquelle se fixent les différents éléments de la prothèse : genou, tubulaire de jambe, pied. 11.2.2. Description : Collet corps et fond sont les trois parties constituant une emboîture : - le collet est l'ouverture par laquelle s'engage le moignon pour se placer à l'intérieur de l'emboîture (en Suisse et en Allemagne, le collet est appelé "anneau d'assise" : Sitzring). 11 Photos 1 à 4 Prothèse de cuisse Photo 1 Photo 2 12 13 Photo 3 Photo 4 14 15 - le corps est en contact -étroit ou non- avec le moignon, - le fond est l'extrémité du fût ; il peut être ouvert ou recouvrir le moignon. 11.2.3. Matériaux : Les qualités requises pour la fabrication des emboîtures sont essentiellement la résistance aux chocs et à l'usure, un échange thermique favorable, la légèreté, la tolérance cutanée ; ces matériaux doivent également pouvoir être travaillés sans trop de difficultés. - le cuir moulé fut très longtemps utilisé par les Français. Les emboîtures sont faites d'un manchon de cuir épais, renforcé d'attelles latérales en acier ou en bois et maintenu par des courroies réglables. Elles sont faciles àfabriquer, à chausser ou à enlever. Le poids est acceptable. La tolérance cutanée du cuir est bonne, ce matériau permet une bonne absorption de la sueur, mais il en résulte à la longue des émanations d'odeur désagréables. Les appuis de ces emboîtures sont très imparfaits. De nos jours, le cuir n'est plus guère utilisé. - le métal léger: vers 1928, les Anglais utilisèrent le Duralumin (alliage d'aluminium, de magnésium, de manganèse et de cuivre). Quelques Français ont suivi leur exemple. Les qualités de l'alliage se résument à la légèreté. Le Dura IR est de moins en moins employé car il se bossèle sous les chocs, pour le moins bruyants, il s'oxyde sous l'effet de la sueur et reste allergisant. Les emboîtures ont un aspect métallique ou peint, peu attrayant. 16 - le bois : employé depuis au moins le XVIe siècle dans la fabrication de la "jambe des pauvres", il reste, pour ceux qui le connaissent, un matériau de référence. C'est une matière noble et belle, mais délicate à travailler ; elle demande un prothésiste spécialement formé à ce type d'ouvrage : un fût de prothèse en bois est en quelque sorte une oeuvre d'art (Photos 5 à 8). Les qualités du bois sont reconnues par tous ceux qui le travaillent ou qui le portent. Il s'agit pour l'essentiel de peuplier et parfois de saule ou de tilleul (Photo 5). Pierre BOTTA (6) décrit le creusement de la masse de bois de la façon suivante : - fraisage de la masse de bois, en veillant à ce que la forme reflète toujours celle du moignon (Photo 6). - à un centimètre des mesures désirées, peaufinage avec une brosse fine, après avoir utilisé une brosse dure en grain pour éliminer les irrégularités (Photos 7 et 8). Des essayages, parfois nombreux, sont nécessaires. L'amputé est alors très actif dans la fabrication de sa prothèse : il signale en effet au prothésiste les zones de frictions ou les appuis douloureux. Le prothésiste orientera ses retouches selon les remarques du patient et également en observant la couleur du moignon. Lorsque l'emboîture paraît satisfaisante, le prothésiste procède au frettage (mise en place d'une corde serrée dans une rainure circulaire) et, selon le type de prothèse, au parcheminage (collage d'une peau sur la surface extérieure du fût), ou au laminage (application d'une résine sur le fût) qui renforcent la solidité de l'emboîture en bois. Il applique enfin un vernis. 17 Photos 5 à 8 : (6) Création d'une prothèse en bois une sculpture au service de l'homme. Photo 5 Photo 6 18 19 Photo 7 Photo 8 20 21 Les avantages du bois sont nombreux : il témoigne d'une excellente tolérance cutanée. On note peu d'allergie avec le bois. Malgré le vernis qui le recouvre, il possède un bon échange thermique, ce qui le rend confortable en toute saison et plus particulièrement en été et en hiver. Il permet des retouches en cas de fluctuations de volume du moignon : on peut, en effet, enlever de la matière ou en rajouter (on "recharge" dans ce cas avec du liège). Il se nettoie facilement et une emboîture en bois reste légère. On lui reproche cependant une certaine fragilité, mais surtout une réalisation délicate et longue. - les matières plastiques, notamment les résines de polyester, ont été couramment employées à partir des années 50. Elles sont d'une utilisation relativement aisée. Résistantes aux chocs et à l'usure, les emboîtures sont faites àpartir d'un moulage plâtré du moignon et de son positif. Ses inconvénients sont l'apparition parfois de réactions allergiques, un mauvais échange thermique avec production excessive de sueur en été, rendant l'emboîture très inconfortable et pouvant même la désadapter ; en hiver, au contraire, il existe une grande sensation de froid. Une emboîture en résine supporte difficilement les fluctuations de volume du moignon. PAQUIN, ANDRE, MARTINET (29) et JENDRZEJCZYK (20) signalent l'existence de matières semi-souples, qui suivent la forme du moignon dans les phases de contraction ou décontraction. Le collet de l'emboîture est reçu dans une structure rigide en fibres, prolongée par le support de l'articulation du genou. 22 II.2.4. Les différents concepts d'emboîture L'emboîture se définit par sa forme et les appuis qu'elle détermine sur le moignon. Sur le principe, on distingue : les emboîtures classiques à contact partiel, les emboîtures à contact important les emboîtures à contact total. a. Les emboîtures à contact partiel : "Le moignon entre en contact de façon permanente au niveau des points d'appui, et de façon intermittente et variable suivant les mouvements au niveau du corps de l'emboîture. L'extrémité de l'emboîture est libre. La prothèse est maintenue soit par une ceinture d'abduction (ou silésienne) ou par un baudrier passant par l'épaule opposée, soit par deux bretelles. Le moignon est protégé par un bonnet en coton tricoté" (29). La marche est médiocre, mais ces emboîtures sont faciles à chausser. On en distingue plusieurs variétés selon le matériau employé (cuir-acier ou cuir-bois, qui sont les plus anciennes des prothèses classiques, DuraI® ou uniquement bois) (Figure 4). b. Les emboîtures à contact important : Ce sont des emboîtures dont les appuis sont multiples. PAQUIN (30) en décrit deux types : 23 Figure 4 : Emboîture conventionnelle à contact partiel. Les moyens de suspension sont obligatoires (silésienne, baudrier ou bretelles). Figure 5 : Emboîtures modernes. Figure 5a : A contact important par succion. Figure 5b : A contact par adhérence. Figure -5c : A contact total. Les flèches marquent les forces de pression (30). Les flèches marquent les forces de pression (30). 24 - "emboîtures à succion" : l'appui se fait sur un collet légèrement rétréci ; l'extrémité du moignon est libre, séparée l'emboîture par une chambre en dépression (valve) (Figure 5a). - emboîtures à adhérence musculaire: mises au point par l'autrichien STRIEDE, elles sont caractérisées par un collet, qui ressemble à celui d'une prothèse à contact total. Le corps de l'emboîture est le négatif des masses musculaires du moignon, avec aménagement de cavités antérieures et postérieures qui permettent la globulisation des muscles. Ceux-ci, par leur contraction, assurent le maintien de l'appareil pendant la phase oscillante du pas. L'extrémité du moignon est également libre. La prothèse est utilisée sans moyen de suspension. Une soupape est presque toujours fournie, bien que parfois elle ne soit pas nécessaire (Figure 5b). c. Les emboîtures à contact total : Elles représentent en quelque sorte l'aboutissement des modèles précédents. Le moignon est en permanence en contact étroit avec toute la surface de l'emboîture, du collet à son extrémité. Le poids du corps est ainsi théoriquement idéalement mieux réparti. La première de la génération des emboîtures à contact total fut l'emboîture quadrilatérale, concept développé par l'allemand KUHN à Münster, à partir des travaux de CANTY (USA) dans les années 50 (Figure 5c). Afin de pallier les insuffisances de l'emboîture quadrilatérale, les médecins et les prothésistes cherchèrent àaméliorer voire à transformer totalement le concept quadrilatéral : leurs réflexions aboutirent à la création de l'emboîture à forme et 25 alignement naturels (NSNA), d'Yvan LONG, le système procontact où le moignon est revêtu d'un manchon souple (ce système permet à un amputé de mettre ou d'enlever sa prothèse en position assise) ou les emboîtures en matériaux semi-souples, reçues dans une structure rigide comme les emboîtures ISNY ou IPOS et, enfin, les emboîtures CAT-CAM et SCAT-CAM, élaborées par SABOLICH et son équipe. 26 27 L'AMPUTATION, UN CONSTAT D'ECHEC ? 28 29 III. L'AMPUTATION, UN CONSTAT D'ECHEC ? "Le malade fut assis sur le bord du lit, les jambes en bas. Je le tenais entre mes bras. A l'endroit où la cuisse commençait à être saine, on forma une ligature pour marquer le cercle que devait suivre l'instrument. Le chirurgien tailla tout autour les muscles, mis à nu. Le sang coulait par torrent des artères, mais elles furent bientôt liées par un fil de soie. En dernier lieu, on scia l'os. Le malade serrait les dents, mais ne poussa pas un cri. Quand il vit emporter la jambe coupée, il lui jeta un regard de regret et de pitié" (Une amputation sans anesthésie. 1829) (8). L'amputation est vécue comme un drame humain, quel que soit son niveau. Elle touche douloureusement le malade dans son intégrité physique, elle bouleverse sa manière de vivre : son activité quotidienne, ses études, son métier ou ses loisirs. Elle n'épargne pas davantage le médecin et son équipe, a fortiori si le sujet est jeune. Pour B. PARRATTE, C. ARNOLD et P. CALMELS (32), l'amputation crée elle-même un nouvel état pathologique pour lequel aucune guérison n'est à espérer. Le traitement ne peut alors être que palliatif, ne satisfaisant jamais complètement le patient, le laissant souvent dans un état douloureux, face auquel le médecin peut être impuissant. 30 Sa fréquence semble être aujourd'hui en diminution, en raison du progrès des traitements conservateurs. Si l'amputation de cuisse est le plus souvent d'origine vasculaire, chez l'adulte jeune, en revanche, les étiologies principales restent les traumatismes, les tumeurs malignes, les infections, plus rarement les reprises de moignons d'amputation congénitale. PIERQUIN (34) souligne que l'amputation est réalisée dans le but essentiel de sauver la vie du blessé ou du malade. Parfois, la raison est différente : le segment de membre est enlevé parce qu'il occasionne une gène importante : douleurs, fistules, inertie et même encombrement. Cela reste exceptionnel. III.1. LES TRAUMATISMES : On individualise dans cette classification les traumatismes proprement dits : accidents de la route, accidents du travail, mais aussi les brûlures-électrocutions, les gelures. L'amputation est réalisée dans un contexte d'urgence (après la période du choc) lorsque les lésions sont irrémédiables et ne permettent pas une conservation du membre. Elle peut être effectuée dans un second temps, si l'on constate que les traitements conservateurs sont voués à l'échec ou s'il survient des complications. Dans le cas de traumatismes graves, les difficultés sont de taille : afin de conserver le maximum de longueur, le chirurgien peut avoir recours à des greffes de peau, entraînant des cicatrices 31 disgracieuses certes, mais plus encore, fragiles. Il peut avoir à traiter des fractures sus-jacentes (ostéosynthèse, raideur articulaire). Parfois, les moignons restent paralysés ou insensibles en raison des lésions nerveuses associées, ou au contraire douloureux du fait d'une mauvaise section du nerf, entraînant un névrogliome cicatriciel. L'ostéite chronique avec fistule permanente est rencontrée dans les amputations pour fractures ouvertes et pseudarthroses infectées. Résistante au traitement, elle gêne considérablement l'appareillage. La peau d'un moignon brûlé est de mauvaise qualité : elle présente sur une plus ou moins grande surface un aspect violacé, irrégulier, épaissi avec parfois la présence de cicatrices chéloïdes apparaissant en raison des greffes ou même spontanément. Il existe souvent une adhérence aux plans profonds provoquant l'apparition de fissures, d'ulcérations, de rétractions musculaires. L'appareillage d'un tel moignon est extrêmement délicat. Les gelures ont pour conséquence des troubles trophiques majeurs touchant tous les tissus. La peau est froide et cyanosée, les oscillations artérielles sont diminuées, les ulcérations torpides sont fréquentes, la sclérose tissulaire profonde, les douleurs vives (31). Le traumatisé, amputé d'un membre inférieur immédiatement après le traumatisme ou plus tardivement, se trouve donc confronté à l'immense difficulté de faire face au choc psychologique provoqué par l'accident lui-même et aux conséquences qui en découlent : l'amputation, rarement réalisée dans les meilleures conditions, 32 entraîne une incapacité qui n'est plus récupérable, mais seulement compensable. Cette situation n'est souvent pas comprise immédiatement. Le patient est incapable de subir la réalité de la perte : cette phase correspond au déni, premier élément du travail de deuil, qui, selon J. DUFOUR (11), est indispensable pour pouvoir construire une nouvelle identité, une nouvelle image corporelle, une nouvelle vie. J. DUFOUR cite les cinq phases du deuil, décrites par KUBLER-ROSS : l'irritation (pour KOHLRIEZER : la protestation voire la rage) fait suite au déni. Cette émotion correspond à la tentative de faire revenir la situation corporelle antérieure. Elle est d'autant plus vive que l'appareillage, souvent difficile en raison d'un moignon fragile, ne fait que confronter l'amputé à la douloureuse réalité du manque. La révolte, l'amertume, conduisent souvent au rejet de la prothèse. La dépression succède souvent à l'irritation : la personne est découragée, déstabilisée jusqu'à perdre le sens de la vie. Puis survient le marchandage ; ce sont des tractations internes en vue de changer le cours de la réalité : elles correspondent à la reprise de l'espoir. L'acceptation est le début de la construction : l'amputé peut réaliser l'importance que doit prendre la prothèse dans sa vie. J. DUFOUR souligne que l'image de soi est reliée à l'image corporelle. La modification de l'une modifie l'autre, le tout étant vécu par rapport à soi-même et par rapport aux autres avec lesquels on est en relation humaine, affective. L'amputation d'un membre inférieur va modifier la marche et les aptitudes physiques du sujet, ce qui peut l'obliger à changer de 33 métier, à reconsidérer ses relations affectives avec ce corps mutilé. Cela pose le problème de la remise en question de l'identité à travers la modification corporelle et l'acceptation d'une nouvelle identité habitant ce corps et se remettant en relation, à partir de là, avec l'environnement affectif et professionnel. III.2. LES TUMEURS MALIGNES : Elles sont généralement primitives. On distingue les sarcomes des tissus mous et les ostéosarcomes. III.2.1. Les sarcomes des tissus mous : Pour YANG, ROSENBERG, GLATSTEIN et ANTMAN (42), les tissus mous se réfèrent aux tissus conjonctifs "extrasquelettiques" du corps, qui réunissent, supportent et entourent les autres structures anatomiques. Les sarcomes des tissus mous sont des tumeurs malignes survenant dans les différents tissus mous, groupées ensemble en raison d'une similitude des apparences anatomopathologiques, de présentation clinique et de comportement. La chirurgie seule ou associée avec la radiothérapie, la chirurgie combinée avec la radiothérapie et la chimiothérapie ou la radiothérapie seule sont les traitements habituellement utilisés pour les sarcomes des tissus mous. La chirurgie radicale consiste à l'ablation de la tumeur avec tous les tissus du compartiment anatomique occupé par le processus néoplasique, y compris les résections proximales et 34 distales des muscles, les os et les articulations qui dépendent de ce compartiment anatomique. Cette procédure thérapeutique peut conduire à une amputation d'un membre, bien que la chirurgie conservatrice puisse remplir parfois les critères de la résection tumorale radicale. Le taux de récidive locale après une intervention de ce type est de l'ordre de 14 % environ. L'amputation de cuisse est fréquemment indiquée pour les tumeurs de la jambe (42). III.2.2. Les tumeurs malignes touchant le squelette Elles sont rares. Aux Etats-Unis, MALAWER, LINK et DONALDSON (26) estiment à 2 100 les nouveaux cas survenant chaque année. Les ostéosarcomes et les sarcomes dEwing sont les deux tumeurs osseuses les plus fréquentes ; elles surviennent principalement dans l'enfance et l'adolescence. Les autres tumeurs mésenchymateuses -fibrosarcome, chondrosarcome et histiocytome fibreux malin- qui apparaissent de façon caractéristique après la maturation du squelette sont moins fréquentes. Les principes chirurgicaux, chimio- et radiothérapeutiques développés dans le traitement des ostéosarcomes sont àla base de la stratégie de prise en charge dans la plupart des néoplasmes 35 à cellules fusiformes. L'amputation a été autrefois le traitement de référence des ostéosarcomes, mais ces dix dernières années ont vu le développement d'une technique chirurgicale à visée conservatrice pour les tumeurs les plus malignes. Cela a été rendu possible par les progrès de la médecine, en particulier dans le domaine de l'imagerie, des techniques de radiothérapie et de chimiothérapie. Une tumeur maligne nécessite une large ou radicale ablation, qui peut donc être une amputation ou une intervention consistant à enlever la tumeur dans sa totalité, la zone réactive et une calotte de tissu sain (on y associe fréquemment un traitement par chimiothérapie dans le cas des sarcomes osseux de haut grade). La chirurgie conservatrice est maintenant considérée comme le traitement préférentiel pour un nombre significatif de patients atteints d'ostéosarcome ou d'autres sarcomes osseux de haut grade. Aujourd'hui, on pense que les risques de récidive locale ne seraient pas plus élevés avec une chirurgie conservatrice qu'avec l'amputation. De plus amples données ont été obtenues ces cinq dernières années, permettant de déterminer les facteurs décisifs en faveur de l'une ou l'autre méthode de traitement. De façon générale, l'amputation est envisagée principalement pour les patients dont la tumeur primitive est considérée comme non réséquable. Ainsi, les procédures de sauvegarde du membre inférieur sont rarement réalisables pour les tumeurs proximales du tibia. Il est difficile, en effet, d'obtenir une marge de résection suffisante et un résultat fonctionnel satisfaisant dans ce genre de tumeurs, qui ont plus tendance à se compliquer localement que les tumeurs distales du fémur (26). 36 Pour la personne malade, le drame se joue à l'annonce du diagnostic, du pronostic et de la décision thérapeutique. Et lorsque l'alternative (tentative d'une chirurgie conservatrice/amputation) lui est proposée, elle est profondément désemparée. Que faire quand sa vie est en jeu, mais comment vivre sans sa jambe ? Le deuil commence bien avant l'acte chirurgical et même si l'amputation est apparemment réalisée dans des conditions "idéales", le problème n'en est pas plus simple. III.3. LES AMPUTATIONS CONGENITALES: III.3.1. Généralités: Dans un membre, l'aplasie ou absence congénitale de tissu ou d'organe réalise une lésion qui peut être l'équivalent d'une amputation, mais aussi, plus souvent, produire un membre malformé, pourvu d'une extrémité normale ou non. La fréquence est difficile à établir, elle varie en fonction des critères de sévérité des lésions. Pour BARDOT et HINDERMEYER (3), la fréquence des grandes agénésies des membres semble se situer autour de 10 à 15 cas pour 100 000 naissances. Les causes sont très controversées et encore mal connues. Interviennent dans le déterminisme de ces lésions, dans des proportions indéfinissables, des facteurs génétiques d'une part, et d'autre part des embryopathies. Les aplasies longitudinales unilatérales et les aplasies transversales seraient plutôt des malformations 37 acquises résultant d'embryopathie. BARDOT et HINDERMEYER reprennent les propos de BRILLARD et BOULEGUE et citent que les agénésies longitudinales bilatérales isolées sont probablement des mutations dominantes autosomiques à pénétrance incomplète. Si les causes demeurent très mystérieuses, il semble établi que la spécificité des lésions n'est pas liée à la cause, mais au moment de l'embryogénèse auquel intervient le facteur déterminant (3). Les bourgeons des membres apparaissent vers l'âge de 25 jours lorsque l'embryon mesure cinq millimètres. A la huitième semaine, chacun des organes anatomiques, os, muscles, ligaments, articulations, nerfs et vaisseaux, est constitué et identifiable microscopiquement. C'est entre la quatrième et la sixième semaine que se produisent la plupart des phénomènes qui déterminent une agénésie des membres. La lésion, qui frappe une lignée mésodermique, l'altère ou la détruit et va entraîner une hypoplasie ou une aplasie des organes qu'elle doit élaborer. Il semble que les organes atteints soient définis par l'os qui en constitue l'armature : l'atteinte d'un os s'accompagne généralement d'une malformation ou de l'absence des muscles qui prennent insertion sur lui. Il en va de même pour les vaisseaux ; les nerfs paraissent moins souvent atteints, au moins dans les aplasies partielles. III.3.2. Classification : BARDOT et HINDERMEYER (3) reprennent la classification de FRANTZ et O'RAHILLY ainsi que celle de KAY. 38 - pour FRANTZ et O'RAHILLY, deux grandes catégories d'agénésie sont à distinguer : terminale, intéressant l'extrémité du membre, intercalaire avec l'extrémité présente, normale ou subnormale. Chacune de ces catégories se subdivise elle-même en lésions transversales intéressant la totalité du squelette dans le segment aplasique, et en lésions longitudinales ou en lésions paraaxiales, n'intéressant qu'un rayon squelettique sur deux (Figure 6). - KAY, dans sa nomenclature, a supprimé les lésions intercalaires transversales, considérant que toute aplasie intercalaire est nécessairement longitudinale ou paraaxiale, puisqu'il existe une continuité tissulaire entre le tronc et l'extrémité présente du membre. Dans cette classification, l'agénésie est désignée par le segment osseux absent ou hypoplasique. De la terminologie classique, on conserve : - Pamélie : absence totale d'un ou de plusieurs membres, - la péromélie : amputation transversale terminale d'un membre dont la racine existe, - l'ectromélie : aplasie longitudinale intercalaire (tibiale, péronière, radiale, cubitale) avec extrémité présente, - la phocomélie : pied ou main, complet ou non, directement implanté à l'épaule ou à la hanche, sans os long intermédiaire. 39 Figure 6 Classification des aplasies squelettiques des membres [d'après BROOKS, BLAKESLEE (3)]. 40 Ces lésions, en raison de leur importance, ont recours à la réadaptation et à l'appareillage, parfois à la chirurgie. Il n'y a pas de solution standard à appliquer à tel ou tel type de malformation. La chirurgie ne doit être envisagée qu'avec circonspection et doit tenir compte du bilan des activités de la vie quotidienne, des perspectives de la croissance et des possibilités d'appareillage. Les malformations à squelette continu sont de grandes hypoplasies où le fémur et le tibia, plus ou moins courts et déformés, surmontent un pied complet ou non. Le péroné est présent ou absent. La présence d'un genou fonctionnel permet l'appareillage à l'aide d'une prothèse tibiale. III.3.3. Aplasies à squelette discontinu : Elles comportent une absence congénitale segmentaire plus ou moins étendue du fémur ou du tibia. Les aplasies fémorales sont plus fréquentes que les aplasies tibiales. a. Les aplasies fémorales : Elles sont classées en quatre types par AITKEN (A, B, C, D).(Figure 7). Figure 7 Les 4 types d'aplasies fémorales proximales [selon AITKEN (3)]. 41 Pour les types A et B, il est nécessaire de savoir s'il existe une cavité articulaire, condition indispensable pour envisager une reconstitution chirurgicale de la continuité fémorale. Le segment crural, en flexion-abduction-rotation externe, prolonge la fesse sans démarcation ; le genou fait une crosse antéro-externe à faible distance de la hanche, le pied est à la hauteur d'un genou normal, un peu plus haut ou un peu plus bas. Dans les aplasies fémorales unilatérales, l'égalisation chirurgicale est exclue, la prothétisation est inévitable. Les aplasies fémorales àmembre court sont appareillées à l'aide d'une prothèse de cuisse de type contact (3) (Figure 8). Figure 8 : Aplasie fémorale à membre court appareillage par une prothèse de type "crurale-contact" (3). 42 b. Les aplasies tibiales L'aspect anatomo-clinique est univoque: BARDOT et HINDERMEYER (3) décrivent une position haute de la tête péronière, un varus important de la jambe et du pied, une malrotation, un genu flessum. Selon les auteurs, il est parfois nécessaire, devant la médiocre qualité du genou, de recourir à sa désarticulation. Cela conduit à un appareillage avec une prothèse -contact et genou prothétique (Figure 9). Figure 9 : Aplasie tibiale incomplète. a de profil b de face (3) III.3.4..Phocomélie : Il s'agit d'une aplasie intercalaire de la quasi totalité du fémur et du squelette jambier et de la présence au niveau de la hanche d'un pied plus ou moins complet. Son volume et la tonicité des muscles qui le contrôlent permettent quelquefois de le considérer comme un moignon de cuisse et d'adapter une prothèse de cuisse (Figure 10). 43 Figure 10 : Aplasie des deux membres inférieurs d'un côté, désarticulation congénitale de hanche appareillée par une prothèse canadienne ; de l'autre, phocomélie pour laquelle une emboîture de type "crurale" est adaptée au pied phocomèle (3). III.3.5. Amputations congénitales : L'aplasie terminale transverse du membre inférieur se présente simplement comme une amputation congénitale. Elle peut siéger à n'importe quel niveau et son appareillage est celui de toute amputation. 44 III.3.6. En résumé : Dans certains cas d'amputation congénitale, le recours à la chirurgie peut s'avérer indispensable. Certaines écoles de prothésistes préconisent au contraire une abstention chirurgicale, mais suggèrent d'utiliser toutes les possibilités d'appareillage conventionnel. Pour ce faire, il leur paraît indispensable de ramener très tôt le membre en position axiale par un plâtre. La croissance de l'enfant leur permet d'envisager le traitement le mieux adapté et éventuellement de discuter des possibilités chirurgicales et des perspectives d'appareillage avec tous les membres de l'équipe de réadaptation. III.4. LES AUTRES CAUSES : - Les artérites : elles représentent la cause la plus fréquente d'amputation, tous âges confondus. Elles sont le plus souvent séniles ou préséniles, mais peuvent survenir plus précocement (diabète, maladie de Buerger...). PIERQUIN (34) décrit des causes plus rares d'amputation : les infections telles que le purpura fulminans et de façon plus exceptionnelle la lèpre ou l'actinomycose, - les ischémies (affection cardiaque, dialyse rénale), - les affections neurologiques (spina bifida, agénésies rachidiennes inférieures). 45 UNE CHIRURGIE, POUR UN MEILLEUR APPAREILLAGE 46 47 IV. UNE CHIRURGIE POUR UN MEILLEUR APPAREILLAGE : IV.1. NIVEAUX D'AMPLITATION ET QUALITE DE VIE : L'amputation de cuisse pose le problème de la perte du genou, articulation fondamentale pour son rôle d'amortissement et de limitation des fluctuations du centre de gravité coûteuses en énergie, par la stabilité qu'il procure, permettant un verrouillage actif en station unipodale. Pour DULIEU et coll. (12), les muscles polyarticulaires de la cuisse et tout particulièrement le quadriceps ont un rôle freinateur et absorbeur des pressions au cours de la marche. Dans la mesure du possible, le genou devra être préservé. L'appareillage d'un moignon de jambe, même court (quelques centimètres, conservation du tendon rotulien), bien que parfois délicat, est réalisé par la fabrication d'une emboîture supra-condylienne. La facilité du chaussage, la démarche plus physiologique et moins coûteuse en énergie, la possibilité de courir sont autant d'arguments qui doivent inciter, si la clinique le permet, à une chirurgie conservatrice. 48 L'autre difficulté résulte du fait que le moignon de cuisse supporte difficilement un appui distal, à l'inverse des amputations de GRITTI et des désarticulations de genou, qui autorisent un appui terminal total. L'amputation de cuisse décrite par Rocco GRITTI, en 1891, consiste en une section du fémur juste au-dessus des condyles avec la synthèse de la rotule sous la tranche osseuse. Le moignon est cylindrique, légèrement renflé àson extrémité distale et surtout long, ce qui facilite son contrôle et diminue l'effort nécessaire à son animation. Il y a conservation des équilibres musculaires physiologiques, qui confèrent au moignon un caractère tonique et musclé et lui assurent une faible involution. La cicatrice postériorisée et le caractère arrondi de l'extrémité osseuse, du fait de la position de la rotule, permettent en général l'appui terminal. L'emboîture repose sur le principe de la suppression de l'appui ischiatique, un appui terminal préférentiel et un accrochage sus-condylien. Il existe, en plus, un appui partiel sur les faces du moignon grâce à un manchon souple, qui recouvre la totalité de la surface du moignon jusqu'à sa partie proximale. Le bord supérieur du manchon souple et de l'emboîture rigide s'arrête à deux travers de doigt de l'ischion, lorsque le membre inférieur est en charge. La suspension de l'emboîture est assurée par l'intime contact entre le manchon souple et le moignon, d'une part, et par l'utilisation au niveau du fût fémoral du renflement de l'extrémité inférieure du moignon, d'autre part. Lors du moulage, il y a accentuation des reliefs sus-condyliens du manchon. Les saillies latérales sus-condyliennes de l'emboîture dure s'appliquent sur les dépressions du manchon 49 souple, qui se laisse comprimer au niveau des reliefs sus-condyliens lors du chaussage (18). Le périmètre de marche est en général bien conservé. La marche est souvent confortable et esthétique. Cependant, il a été noté quelques cas d'appui terminal douloureux (section du fémur, mauvaise synthèse de la rotule sur la tranche osseuse, accrochage sus-condylien sensible ... ). En conséquence, certains prothésistes préfèrent la désarticulation du genou : un appui terminal est rarement douloureux lorsque les condyles sont intacts. La technique de l'emboîtage d'un tel moignon est sensiblement similaire à celle d'une amputation de GRITTI : exploitation des reliefs osseux pour assurer l'accrochage, utilisation d'un manchon souple et d'une emboîture rigide sauf dans sa partie proximale (tiers supérieur), qui reste souple et permet une position assise très confortable. Ces deux types d'amputation ont pour principal défaut une longueur telle du moignon que l'appareillage est difficilement esthétique. Mais la mise au point de genoux de faible encombrement permet de situer l'axe articulaire du genou prothétique à la même hauteur que celui du genou controlatéral, et ce pour des raisons aussi bien fonctionnelles qu'esthétiques (Figure 11). Pour les ostéosarcomes du fémur, se discuterait l'opportunité de l'opération de VAN NES, initialement pratiquée pour les aplasies fémorales. Le principe consiste à fixer le tibia sur l'extrémité supérieure du fémur, après l'avoir fait tourner de 180 degrés : la cheville fonctionne comme un genou, le pied fait office de moignon de jambe. L'appareillage est possible au moyen d'une prothèse tibiale contact. 50 De toute évidence, il n'existe pas de niveau d'amputation idéal. Il est reconnu cependant que, dans l'amputation de cuisse, plus le moignon est long, plus le contrôle de la prothèse sera aisé. C. RIEDERER, en 1927, parodiait une parole du baron LOUIS sur les finances publiques et écrivait aux chirurgiens : "Faites-nous de bons moignons, nous vous ferons de bonnes prothèses" (34). La réalité n'est sans doute pas aussi simple. La bonne qualité du moignon (absence de trouble trophique ... ), un niveau d'amputation satisfaisant, une technique chirurgicale adaptée sont autant de conditions permettant un bon appareillage (Figure 11). Figure 11 : Les niveaux d'amputation du membre inférieur (37). 51 IV.2. LES TECHNIQUES CHIRURGICALES Il convient de différencier d'amputation de cuisse : plusieurs techniques chirurgicales IV.2.1. Le moignon classique : Selon MIAULT, DESCHAMPS et PILLU (27), l'os est réséqué, le canal médullaire doit être obturé par une pastille osseuse prélevée sur le segment amputé pour éviter l'anastomose des lacis veineux, osseux et cutanés. Le périoste est suturé. Les vaisseaux sont sectionnés le plus bas possible, artères et veines ligaturées séparément. Les nerfs doivent être, à l'opposé, sectionnés le plus haut possible pour éviter le névrome du moignon. Le volume des masses molles est conservé selon la qualité des tissus environnants et suivant qu'on souhaite obtenir un moignon plus ou moins étoffé avec un engainement soigneux du fût osseux. Dans le cas de l'amputation de cuisse, cet engainement se réalise avec une suture peau-aponévrose pour les moignons maigres, avec un recouvrement musculaire correspondant à l'épaisseur du quadriceps pour les moignons étoffés. La cicatrice est postériorisée. IV.2.2. Le moignon d'ostéomyoplastie L'ostéomyoplastie, technique chirurgicale mise au point par WEISS en 1947, préconisée par DEDERICH, est réalisée dans la plupart des cas. Il s'agit d'une véritable plastie du moignon, qui permet une meilleure trophicité musculaire par une mise en contact sur la surface la plus grande possible des muscles et de la peau. 52 Elle consiste au niveau fémoral - en une incision de la peau, de façon à obtenir deux lambeaux cutanés en forme de demi-cercles. Le lambeau antérieur est plus long que le lambeau postérieur, cela pour permettre une postériorisation de la cicatrice. - en une section osseuse, légèrement au-dessus des muscles. Le canal médullaire est bouché. Sur 4 à 5 cm en amont de la tranche de section osseuse, le périoste est repoussé vers le haut, puis ramené sur l'extrémité osseuse et suturé sur celle-ci, afin de prévenir une éventuelle prolifération osseuse, toujours susceptible de provoquer des phénomènes douloureux à la marche. Le nerf sciatique est repéré, isolé et sectionné très haut, à distance des cicatrices (osseuses, musculaires et vasculaires). Il est enfoui dans la masse des muscles. L'amputation est suivie d'une sensation de présence du segment de membre amputé : elle est en général éphémère. Pour assurer une bonne irrigation distale du moignon, les vaisseaux sont ligaturés le plus bas possible. - en une plastie musculaire : c'est le dernier temps opératoire : par-dessus le moignon osseux, on suture bout à bout les quatre groupes musculaires, interne et externe au plan profond, antérieur et postérieur au plan superficiel. Le groupe interne est composé des muscles adducteurs, vaste interne, droit interne et pectiné. 53 Le groupe externe est composé du vaste externe et du tenseur du fascia lata. Le groupe antérieur comprend le couturier, le droit antérieur et le crural, le groupe postérieur est constitué du demimembraneux, demi-tendineux, biceps crural. RAUPP, GRUMLER et LARDRY (37) précisent que les sutures sont effectuées sur un moignon en rectitude, afin que les tensions musculaires soient bien équilibrées (Figures 12 et 13). Tout muscle sectionné privé de son chef distal est voué à l'inertie et à l'atrophie. Dans le cas de l'ostéomyoplastie, les muscles ont un nouveau point d'attache inférieur, commun et ils rétablissent d'une certaine façon le jeu agoniste-antagoniste. Si ce jeu est entretenu par des exercices réguliers, l'atrophie du moignon est moindre, la vitalité de tous les éléments bien meilleure. IV.2.3.,Le moignon ouvert de cuisse, : Il s'agit d'un moignon où les causes d'amputation sont toujours vasculaires. . Il est laissé ouvert, afin de suivre le processus de cicatrisation pour des raisons d'ischémie, car toute suture risquerait d'entraîner des tractions sur les tissus, responsables de nécrose et d'ouverture secondaire (27). 54 Figure 12 : Coupe transversale de la cuisse (d'après LATARJET). Coupe de la cuisse droite à la partie moyenne (segment supérieur). 1,1’Aponévrose fémorale 2 Cloison intermusculaire externe 3 Cloison intermusculaire interne 4 Droit antérieur 5 : Crural 6 : Vaste interne 7 : Vaste externe 8 : Couturier 9 : Droit interne 10 : Moyen adducteur Il : Grand adducteur 12 : Demi-membraneux 13 : Grand adducteur 14 : Longue et courte portions 15 : du biceps crural 16 : Artère fémorale 17 : Nerf saphène interne 18 : Artère fémorale profonde 19 : Nerf sciatique 20 : Artère ischiatique 21 : Veine saphène interne 55 Figure 13 : Ostéomyoplastie. a. Résection osseuse au-dessus de la section musculaire b. Suture soigneuse du périoste c. Myoplastie latéro-latérale d. Fermeture : matelassage musculaire 56 IV.3. LES ETATS PATHOLOGIQUES DU MOIGNON Le port de la prothèse est une nécessité vitale pour l'amputé et la première qualité d'un moignon est de permettre au patient une marche sans douleur. Mais un moignon parfait est rare, pour ne pas dire inexistant. Il subit sans cesse une évolution dans le temps. Les contraintes de l'appareillage, les irritations occasionnées par une activité physique accrue (professionnelle ou autre), peuvent rendre un moignon pathologique. IV.3.1. Les moi-gnons défectueux : Ils le sont en raison de l'étiologie ou des circonstances de l'amputation, d'une mauvaise confection chirurgicale ou de soins post-opératoires incorrects. On retient essentiellement : - les défauts de la cicatrice (mal positionnée, invaginée, adhérente aux parties molles sous-jacentes ... ). - les attitudes vicieuses (flessurn-abductum de hanche). - l'oedème du moignon le plus souvent postopératoire, mais parfois aigu ou subaigu en raison d'une affection intercurrente locale (phlébite du moignon, abcès ... ) ou générale (insuffisance cardiaque ... ). L'oedème persiste après la période post-opératoire 57 du fait d'une insuffisance du retour veineux : c'est l'oedème déclive. - les moignons défectueux, suite à un acte chirurgical incomplet ou incorrect (fémur trop long ou trop court, nonrecouvrement de l'extrémité osseuse par le périoste, favorisant l'apparition d'exostoses, insuffisance du matelassage musculaire, moignon trop étoffé, "à oreilles"). IV.3.2. Les moignons douloureux: - Existence de troubles trophiques (ulcérations par irritations mécaniques, hypersudation, macération et prolifération bactérienne, eczéma, allergies aux constituants de l'emboîture). - Le neurogliome ou névrome d'amputation : enfoui dans l'épaisseur du muscle, le nerf sectionné produit un neurogliome cicatriciel légèrement douloureux au départ, puis indolore. Quand il se trouve en contact avec l'os, les vaisseaux ou les aponévroses cicatricielles, il peut devenir extrêmement sensible, même à la simple palpation. Le chaussage de l'emboîture et surtout l'appui à la marche provoquent, en stimulant le neurogliome, une irradiation douloureuse dans toute la région située en aval. - La résonance algique du membre "fantôme" est pratiquement constante chez tous les amputés. Elle peut être parfois très discrète et ne pas gêner l'amputé ou, au contraire, omniprésente, insomniante et rebelle à tout traitement : elle est alors très éprouvante, physiquement et psychologiquement. 58 IV.3.3. Les solutions : La plus importante, car peut-être la moins aléatoire, reste la prévention. Lorsqu'elle n'a pas pu être réalisée et que la souffrance est telle qu'elle empêche toute possibilité de marche, il est proposé des traitements, afin de permettre àl'amputé de reprendre une activité. - Il peut s'agir d'un traitement chirurgical à n'envisager qu'avec précaution (résection des exostoses et recouvrement correct par le périoste, résection du névrome, reprise chirurgicale des cicatrices ... ). - Antalgiques, anti-inflammatoires ou tranquillisants (sédatifs, anxiolytiques) sont employés pour traiter les membres fantômes douloureux. Ultra-sons ou neurostimulation antalgique sont parfois nécessaires pour compléter le traitement médical. - L'oedème du moignon sera contrôlé par l'utilisation d'une contention par bandes élastiques ou par le port de la prothèse. - La prévention des attitudes vicieuses est primordiale : la lutte contre le flessum de hanche s'effectue par des cures de procubitus, si l'amputé le supporte. Il est nécessaire de pratiquer également un travail articulaire par des mobilisations biquotidiennes du moignon : étirements manuels dans le sens extension, adduction et abduction de hanche. Le travail actif des articulations sus-jacentes à l'amputation sera pratiqué dès que possible (31, 37). 59 L'appareillage précoce est par ailleurs l'un des meilleurs moyens pour prévenir l'apparition d'un grand nombre de ces troubles. 60 61 LA MARCHE HUMAINE, UNE ACQUISITION INESTIMABLE 62 63 V. LA MARCHE HUMAINE, UNE ACQUISITION INESTIMABLE: V1. LA MARCHE PHYSIOLOGIQUE : La marche est une activité que l'homme valide imagine simple car il l'exécute sans être obligé d'y penser. Elle est, en fait, d'une grande complexité. Marcher est un travail difficile, ancien : une expédition anthropologique dans la vallée de l'Afar a découvert que l'homme marchait il y a trois millions d'années (35). Parmi les mammifères marcheurs bipèdes, l'homme est le seul à adopter l'attitude érigée comme sa position naturelle. Les mains sont libérées de toute fonction locomotrice. La bipédie verticale de l'homme le rend disponible pour des activités nouvelles, réceptrices et effectrices (7). Dans le concept de la marche humaine, PLAS, VIEL et BLANC (35) signalent que la marche, activité apprise , est également intégrée au niveau non volontaire. 64 V.1.1.Les conséquences anatomiques de la bipédie Selon BRIAND et BONNEL (7), la bipédie a entraîné une adaptation morphologique du squelette : - apparition promontoire, d'une cambrure lombaire avec exagération du - élargissement du bassin, les modifications morphologiques du membre pelvien sont exclusives à l'homme, - élargissement et aplatissement du thorax avec soudure des différents éléments du sternum, - rejet de la scapula sur la face postérieure du thorax, - adaptation exclusive du pied à la sustentation. Tout comme le squelette, la musculature s'adapte à la verticalisation et, chez l'homme, on remarque en particulier : - développement de la masse dorso-lombaire, - différenciation importante des muscles de la nuque dont les faisceaux s'élèvent plus haut dans le cou, - au niveau des membres inférieurs, les muscles fessiers se développent : le grand fessier recouvre toute la face postérieure du bassin, le fessier antérieur (scansorius) perd son indépendance et se soude au petit fessier, - les muscles interosseux du pied s'orientent par rapport au deuxième métatarsien et non plus par rapport au troisième, - le muscle droit de l'abdomen se raccourcit pour atteindre tout juste la cinquième côte. Dans la région sus-pubienne, apparaît le muscle pyramidal, en avant du muscle droit. 65 V.1.2. Description : Pour D'ANGELI-CHEVASSUT et GAVIRIA (10), la marche bipède est le mode habituel de locomotion de l'homme : elle est la combinaison dans le temps et l'espace de mouvements complexes des segments du corps, entraînant le déplacement de l'homme sur un plan horizontal. L'appui est uniquement podal : à tout instant, il y a contact d'au moins un pied avec le sol. La marche est constituée d'une activité alternée des membres inférieurs, caractérisée par une succession de doubles appuis et d'appuis unilatéraux et un maintien de l'équilibre dynamique. Les muscles et le système ostéoarticulaire sont les acteurs de la marche, dirigée, par l'intermédiaire des nerfs périphériques, par une commande centrale. Cette dernière est également conditionnée par de multiples afférences (10). V.1.2.1. Les paramètres de la marche : Selon LITTRE (10), le pas est l'intervalle séparant deux appuis au sol du même pied. En pratique, on le définit plutÔt par deux contacts talonniers successifs du même pied. Le demi-pas est l'intervalle séparant le contact talonnier d'un pied et celui de l'autre pied. La longueur du pas est la distance séparant les deux talons lors du double appui. Il serait plus juste de parler de la longueur du demi-pas. 66 La largeur du pas est la distance séparant le talon de la ligne de marche : sa valeur moyenne est de cinq à six centimètres. L'angle du pas, formé par la ligne de marche et l'axe longitudinal du pied, est de l'ordre de 15 degrés en rotation externe (Figure 14). Figure 14 : Les paramètres du pas (10). La cadence de marche est le nombre de pas effectués en une minute. La vitesse de marche est la distance parcourue par unité de temps. C'est aussi le produit de la longueur moyenne du pas par la cadence (10). 67 V.11.2.2.Le cycle de marche Le cycle de marche est constitué de deux phases: - une phase d'appui qui comporte une période de double appui antérieur de réception, suivie d'un temps d'appui unilatéral, pied à plat . - une phase oscillante, elle-même débutant par un double appui postérieur d'élan suivi de la phase oscillante proprement dite. a. La phase d’appuis : Elle débute par l'attaque du talon, puis l'avant -pied se rabat et la plante toute entière entre en contact avec le sol. - le double appui antérieur de réception : le membre, qui passe d'avant en arrière, en recevant le poids du corps, absorbe l'énergie cinétique ainsi constituée : la hanche et le genou se fléchissent de quelques degrés lors du contact talonnier, les releveurs du pied (surtout le jambier antérieur, mais aussi l'extenseur commun des orteils et l'extenseur propre du gros orteil) se contractent brièvement et freinent le rabattement de l'avant-pied. Le soléaire freine le déplacement de la jambe en avant, et la contraction du quadriceps, essentiellement celle du droit antérieur et du crural, verrouille le genou en extension, laquelle demeure incomplète. La cheville se met en flexion plantaire de 5 degrés environ après l'attaque du talon. Le corps bascule du côté du membre 68 recevant le poids du corps. Le genou est stabilisé latéralement par les muscles de la patte d'oie à l'intérieur et le tenseur du fascia lata à l'extérieur, la cheville par le jambier postérieur qui a un rôle antivalgus et qui place le pied en légère supination à l'attaque du sol. L'appui augmenté sur le cinquième métatarsien évite un valgus excessif. Le bassin passe de la position oblique à la position transverse. Il est stabilisé latéralement par les muscles petit et moyen fessiers et le tenseur du fascia lata. La ceinture scapulaire suit un mouvement inverse. A la fin de la période, les deux ceintures se superposent (Figure 15). - l'appui unilatéral, pied à plat : le corps est en équilibre dans les trois plans de l'espace. Sagittalement, la hanche, qui était fléchie, se redresse et s'étend. Il y a une mise au repos du quadriceps et des muscles de la loge postérieure de la cuisse. Le genou fléchit, puis se redresse, stabilisé en extension activement par le triceps sural, qui, avec l'aide des fléchisseurs des orteils, solidarise la jambe au pied et prépare ainsi le décollement du talon. La cheville, à zéro degré de flexion dorsale et plantaire quand la jambe passe à la verticale du pied, se met en flexion dorsale d'environ 10 degrés pendant le premier appui unilatéral. Dans le plan frontal, le bassin s'incline du côté oscillant, maintenu latéralement par les petit et moyen fessiers et le tenseur du fascia lata. L'épaule s'incline, elle, du côté portant. Le jambier postérieur, puis les péroniers latéraux, stabilisent latéralement la cheville. 69 Dans le plan horizontal, l'astragale tourne au -dessus du calcanéum. Le cotyle tourne au-dessus de la tête fémorale. La ceinture scapulaire tourne en sens inverse (Figure 16). b.La phase ossillante : - Le double appui postérieur d'élan : le membre situé en arrière propulse le corps en avant ; il s'incline vers l'avant dans le plan sagittal, par une flexion du genou et de la hanche. La flexion du genou est freinée par une petite contraction du crural et du droit antérieur. Il se produit un déroulement progressif de la tibio-tarsienne. L'appui se réduit, transféré à l'avant-pied (talon antérieur) et à la tête du premier métatarsien. La cheville passe en flexion plantaire d'environ 15 degrés, juste avant que le gros orteil ne décolle du sol (toe-off). Le soléaire et les fléchisseurs des orteils poursuivent leur contraction, soulèvent le talon et entraînent le passage de la masse corporelle au-dessus de l'avant-pied. Dans le plan frontal, le pied passe en valgus au cours de l'impulsion. La pronation en valgus fait passer la charge du corps de tout l'avant-pied à la tête du premier métatarsien. La freination du déplacement latéral du bassin et le début de sa rotation sont assurés par les adducteurs de hanche et le droit interne. Horizontalement, il existe une torsion externe de l'astragale au-dessus du calcanéum du pied fixé au sol. Le bassin tend à être ramené dans le plan transversal, la hanche s'étend et tourne dans le plan horizontal, le tronc tourne en sens inverse (Figures 17 et 18a et b). - La phase oscillante proprement dite : le membre postérieur se détache du sol et oscille d'arrière en avant. 70 Dans le plan sagittal, le pied se relève sous l'action du jambier antérieur. Pour faciliter le passage du pas, l'extenseur commun des orteils et l'extenseur propre du gros orteil se contractent. Le genou fléchit sous l'action des fléchisseurs du genou (court biceps et droit interne) et les muscles bi-articulaires (surtout le couturier) fléchissent hanche et genou. Au niveau de la cuisse, les adducteurs fléchissent une hanche en hyperextension, qui va passer en rectitude puis en flexion (avant l'attaque du talon, la flexion moyenne est de 40 degrés) par l'action du psoas et iliaque, le droit antérieur et enfin le couturier. Le membre inférieur croise celui posé au sol. Il existe une oscillation de tout le bassin autour de la tête fémorale opposée et portante. Le temps oscillant est subdivisé en deux parties : l'une étant constituée par le pas postérieur où le membre inférieur réalise une triple flexion ; l'autre par le pas antérieur où le psoas et l'iliaque continue la flexion de hanche, où les ischio-jambiers freinent l'extension du genou et où les releveurs du pied poursuivent la flexion dorsale de la cheville, nécessaire à l'attaque du pas. La cheville revient à zéro degré de flexion plantaire et dorsale juste avant l'attaque du talon suivant. Dans le plan frontal, il existe une obliquité du bassin du fait de l'abaissement du côté oscillant ; la ceinture scapulaire présente une obliquité inverse. En fin de phase oscillante, il y a retour au parallélisme des deux ceintures. Horizontalement, le bassin passe d'une obliquité à l'autre, tandis que la ceinture scapulaire subit une oscillation inverse (Figure 19). 71 Figure 15 : Vue horizontale et latérale du double appui de réception (10). Figure 16 : Vue horizontale et latérale de l'appui unilatéral (10). 72 Figure 17 : Vue horizontale et latérale du double appui d'élan (10). Figure 18 : Le double appui postérieur d'élan : mouvements de la cheville dans le plan frontal et empreinte des appuis au sol (10). 73 Figure 19 : Vue horizontale et latérale de la phase oscillante (10). Figure 20 : Le cycle de marche (10). 1.Attaque du talon ou heel-strike 2. Double appui antérieur de réception 3, 4, 5 : Appui unilatéral portant 6, 7 : Double appui postérieur d'élan 8 : Décollement des orteils ou toe-off 9, 10 : Temps oscillant 74 V.1.3. Les effets des mécanismes du cycle de marche sur le centre de gravité : Le centre de gravité du corps se situe, chez l'homme en position verticale, à 55 % de la hauteur du sujet, mesurée àpartir du sol, en avant de la seconde vertèbre sacrée (Figure 21). Figure 21 : Placement des centres de gravité des segments du corps humain (35). Figure 22 : Modèle mécanique d'étude (35). 75 Dans leur étude, PLAS, VIEL et BLANC (35) assimilent le corps humain à une masse à déplacer ; ils utilisent le modèle théorique de la roue, où le moyeu de la roue est en fait le centre de gravité humain, les rayons de la roue, les membres inférieurs (Figure 22). Ils constatent que les membres inférieurs -rectilignes- impriment au centre de gravité un déplacement vertical et horizontal théorique de 75 millimètres. L'amplitude de la ligne de progression suivie par le centre de gravité est alors très grande et nécessite de ce fait une dépense d'énergie importante (Figures 23 et 24). Figure 23 Déplacement vertical théorique du centre de gravité (35). Figure 24 : Déplacement horizontal théorique du centre de gravité (35). 76 En réalité, "l'ajustement de la longueur des membres et la disposition particulière des pièces squelettiques vont diminuer considérablement le débattement du centre de gravité de 75 mm à plus ou moins 45 mm" (35). En effet, des facteurs biomécaniques squelettiques interviennent sur la stabilité de l'unité locomotrice et permettent également un synchronisme mobilité-stabilité. Au nombre de six, ce sont : la rotation du bassin autour de l'axe vertical : au moment du passage du pas, le bassin, en pivotant sur les têtes fémorales, passe d'une rotation externe relative à une rotation interne relative durant la phase d'appui. La rotation est de 4 degrés de chaque côté de l'axe vertical ; elle supprime 10 millimètres au déplacement théorique du centre de gravité, en permettant un allongement du pas sans accroître la chute du centre de gravité au moment où le talon frappe le sol (Figure 25a et b). Figure 25a Rotation axiale du bassin (sur la tête fémorale porteuse) (35). Figure 25b Influence de la rotation axiale du bassin sur le déplacement du centre de gravité (35). 77 -la bascule du bassin du côté non porteur au passage du pas : elle a une amplitude de 5 degrés à mi-appui. Du côté de l'oscillation, la hanche s'abaisse, le genou fléchit et l'avant-pied se relève. Cela permet une diminution de l'élévation du centre de gravité de 5 mm (Figure 26a et b). Figure 26a : Bascule du bassin avec abaissement du côté non porteur (35). Figure 26b : Influence de la bascule du bassin sur le déplacement du centre de gravité (35). 78 -la flexion du genou pendant l'appui : à l'attaque du talon, le genou est en extension incomplète. Il se fléchit de 15 degrés à 20 degrés lorsque le pied est posé à plat au sol. Après le mi-appui, le genou s'étend légèrement et se fléchit à nouveau lors de la poussée de l'avant-pied. Cette flexion diminue de 11 mm l'élévation du centre de gravité Lorsque celui-ci passe à la verticale du membre porteur (Figure 27). Figure 27 Influence de la flexion du genou sur le déplacement du centre de gravité (35). -les mouvements du pied et de la cheville : à la frappe du talon, la cheville avance en décrivant un arc-de-cercle audessus du talon (15 degrés de flexion plantaire), dont la longueur du rayon est égale à la hauteur astragale + calcanéum. Au moment du passage à la verticale, le pied est posé à plat sur le sol. Lorsque le talon se soulève, la cheville décrit un arc -de-cercle au-dessus de la tête des métatarsiens (15 degrés de flexion dorsale). La longueur du rayon de l'arc est égale au tarse antérieur + métatarse. Le pivot sur lequel bascule le corps, est mobile et repose sur deux points, le calcanéum et la tête des métatarsiens. L'oscillation sur ces deux appuis contribue à amortir les mouvements de descente et de soulèvement abrupts du centre de gravité (Figures 28 et 29). 79 Figure 28 Influence des mouvements de la cheville sur les déplacements du centre de gravité (35). Figure 29 : La forme du pied : les deux arbalétriers sont les éléments osseux et l'entrait est représenté par les formations ligamentaires et musculaires (10). -la coordination des mouvements du genou et de la cheville : immédiatement après la frappe du talon, le genou se plie, la cheville s'abaisse simultanément. A la poussée en avant, le genou fléchit à nouveau et la cheville s'élève. Les mouvements coordonnés des deux articulations permettent d'éviter les arrêts et départs brutaux dans le transport du centre de gravité en début et en fin d'appui (Figure 30). Figure 30 Influence des mouvements du genou et de la cheville (35). 80 - le déplacement latéral du bassin : sur le modèle théorique, le déplacement du centre de gravité décrit une sinusoïde de 75 millimètres d'amplitude ; afin de conserver l'équilibre, l'axe de gravité est porté sur un pied, puis sur l'autre. La distance parcourue est importante en raison de la rectitude des membres. Le déplacement du centre de gravité est, en fait, corrigé par l'angle tibio-fémoral (valgum physiologique), qui porte le fémur en-dedans et rapproche les deux segments jambiers, qui restent verticaux (Figure 31). Figure 31 Influence des mouvements du genou et de la cheville (35). Ainsi, les trois premiers facteurs permettent une réduction de l'élévation du centre de gravité de 25 millimètres (30 millimètres pour certains marcheurs), contribuant à la diminution de la dépense d'énergie nécessaire à la marche du modèle théorique. Le premier élément a élevé les extrémités de l'arc, les deux autres ont abaissé le sommet de la courbe. 81 Les mouvements du pied et de la cheville ainsi que la coordination des mouvements du genou et de la cheville permettent, quant à eux, un déplacement du centre de gravité selon une courbe sinusoïdale douce. Ainsi, le rendement de la marche est d'autant meilleur que la trajectoire du centre de gravité est proche d'une droite. Il existe, par ailleurs, une rotation axiale du fémur et une rotation du tibia. La première découle des rotations imprimées au niveau de la hanche par le bassin ; elle a une amplitude totale de 8 degrés. La rotation du tibia sur le fémur résulte de la disposition particulière des surfaces articulaires, qui génèrent des mouvements de rotation lors de la flexion-extension du genou. L'amplitude est de 9 degrés au total. Au cours de la marche et dès la frappe du talon au sol, le fémur décrit une rotation interne par rapport au bassin. Le genou fléchissant, la rotation du fémur sur le tibia est également en rotation interne. Cette période participe à l'ajustement de la longueur du membre en effectuant un vissage des segments sur eux-mêmes. Cette opération permet un enfoncement du centre de gravité dans le sol (les autres facteurs vus plus haut diminuent l'ascension du centre de gravité). Pendant la phase d'oscillation, l'opération s'inverse et les segments de membre passent en rotation externe (Figure 32). Figure 32 Rotation axiale des segments du membre inférieur (35). 82 Il existe, en plus, une rotation opposée des ceintures, déterminée par le balancement des membres supérieurs, avec au maximum 5 degrés de rotation au niveau de Dl, 8 degrés de rotation opposée au niveau de L5. Le point de transition où les rotations s'annulent est au niveau de D6-D8 (35) (Figure 33). Figure 33 : Amplitude des rotations opposées des ceintures (35). V.2. LA MARCHE DE L'AMPUTE DE CUISSE : La marche est donc constituée de mécanismes complexes, ostéo-articulaires et musculaires, qui fonctionnent avec une précision horlogère. Une perte de l'intégrité corporelle a inévitablement de grandes conséquences sur la qualité même de la marche et sur la consommation d'énergie dont le rendement est évidemment altéré. 83 L'amputé de cuisse perd trois éléments ostéo-articulaires essentiels : le genou, la cheville et le pied. Tous trois jouent un rôle important dans les déplacements du centre de gravité. Ils concourent, en effet, à ce que la ligne de progression du centre de gravité soit la plus proche possible d'une droite. Bien que très perfectionnées, les articulations prothétiques ne peuvent pas remplacer totalement ce que la nature a admirablement bien fait (Figure 34). Figure 34 : Déplacements horizontaux et verticaux du centre de gravité à l'état physiologique (d'après GROSSIORD et PIERA) (10). 1.Trajectoire du centre de gravité dans le plan sagittal. 2. Projection au sol de la verticale passant par le centre de gravité. V.2. 1. Déroulement de l'examen d'un patient présentant une marche pathologique, : De façon plus générale, toute pathologie de la marche nécessite un examen clinique attentif, de face et de profil, en laissant au patient la possibilité d'atteindre une allure moyenne de marche. 84 L'examen débute par une observation générale du patient durant la marche, ce qui permet de noter l'aisance ou non du déplacement, la symétrie ou au contraire une asymétrie des mouvements, l'amplitude et l'allure globale des déplacements verticaux et latéraux du corps, la longueur des enjambées et la largeur de la base de sustentation. Il est important de procéder à un examen spécifique des segments de membre, dans chacune des phases du cycle de marche, de bas en haut, puisque le point fixe est le pied au sol. L'examen conduit à l'étude des variations des amplitudes des différents mouvements du pied, de la cheville, du genou, de la hanche ainsi que les mouvements du rachis, de la tête, de la ceinture scapulaire et des membres supérieurs. Toujours d'un grand intérêt, l'interrogatoire permet de savoir si le patient ressent des douleurs, qu'il pourra décrire, en précisant leur localisation et leur moment d'apparition dans le cycle de marche. De même, le patient signalera l'apparition d'une fatigue locale ou plus générale (35). V.2.2. Le cycle de marche d'un amputé de cuisse appareillé (avec une emboîture quadrilatérale) selon RAUPP, GRUMLER et LARDRY (37): V.2.2.1. L'attaque du talon au sol : L'extension du genou prothétique n'est contrôlée que par le grand fessier, qui place la hanche en extension 85 très tôt. A la fin de la phase d'attaque du talon au sol, la mise en adduction de la hanche est difficile (d'autant plus si le moignon est court et si les adducteurs ont été sectionnés très haut). La réception sur le talon se fait sans absorption possible du choc par la cheville prothétique. V.2.2.2. Le pied à plat sur le sol : L'appui dans l'emboîture est alors maximal, cela requiert une bonne stabilité du moignon, dépendante de ses capacités de contraction. Le point d'application des forces n'est plus le centre mécanique habituel de l'articulation de hanche dans l'emboîture quadrilatérale, mais correspond à la zone d'appui de l'ischion sur la tablette ischiatique. Il existe une contracture prédominante des abducteurs. V.2.2.3. Décollement du talon, puis des orteils : Les ischio-jambiers ne sont plus biarticulaires et ont une action mineure dans l'extension de la hanche. Cette déficience est suppléée par le grand fessier. La hanche doit se mettre en flexion juste avant le décollement des orteils pour fléchir le genou prothétique. Cette action est assurée par le psoas pour l'essentiel. V.2.2.4..La phase oscillante : Le sujet accentue le mouvement de flexion 86 de hanche pour compenser l'immobilité de la cheville et pour amener le genou en extension. Le psoas y prend une part encore plus importante : c'est le pas pelvien. V.2.3. Les principaux défauts de marche chez l'amputé de cuisse Si beaucoup d'entre eux sont présents du fait d'une mauvaise adaptation de l'emboîture, d'autres existent en raison de l'amputation elle-même. RAUPP et coll. (37) retiennent essentiellement : - un moignon très court est souvent en flessum-abductum, rendant l'appareillage délicat et une marche de qualité souvent médiocre, - les muscles utilisés pour la marche sont ceux de la hanche. L'amputation de cuisse a entraîné la disparition de l'insertion distale de la plupart d'entre eux. L'ostéomyoplastie restaure toutefois un peu du jeu agoniste-antagoniste. Une contracture des adducteurs ou une insuffisance du moyen fessier sont responsables d'une inclinaison latérale du tronc. Un bourrelet des adducteurs au niveau du mur interne de l'emboîture est responsable, lui, d'une marche en abduction, du fait de la douleur lors de l'appui. 87 - la hanche enraidie en abduction : le pied prothétique est trop éloigné de la projection au sol de la verticale du centre de gravité. Une dépense d'énergie plus importante sera nécessaire pour déplacer latéralement le centre de gravité. Il en résulte une boiterie et une inclinaison latérale du tronc (Figure 35). Figure 35 Pied prothétique trop éloigné de la projection au sol de la verticale du centre de gravité (35). - la hanche enraidie en flessum : le pas antérieur prothétique est trop long ; il se produit un effacement de la lordose lombaire en phase de passage et une hyperlordose en phase d'appui (Figures 36 et 37). Figure 36 Figure 37 Figure 36 :Effacement total de la lordose Hyperlordose lombaire lombaire au cours de la marche résultant d'une marche avec hanche enraidie en flessum ( phase de passage) (35). Figure 37 :Hyperlordose lombaire résultant d’une marche avec hanche enraidie en flexion (phase d’appuis) (35). 88 ENJALBERT et coll. (13) constatent que l'amputé de cuisse exagère la flexion et l'extension de la hanche, dernière articulation fonctionnelle et n'utilise que très peu la flexion de genou prothétique. Ce phénomène est d'autant plus marqué que le sujet marche sans canne. Leur analyse dynamique des appuis plantaires met en évidence une zone de pression réduite, médiane pour le pied prothétique, celle du côté sain est élargie et déportée sur le bord externe (Figure 38). Les appuis monopodaux sont prolongés du côté sain. Figure 38 : Répartition des centres de poussée plantaire lors de l'appui chez un amputé de jambe gauche (13). 89 AMPUTATION DE CUISSE CHEZ L'ADULTE JEUNE: QUELLE EMBOITURE PROPOSER ? 90 91 VI. AMPUTATION DE CUISSE CHEZ L'ADULTE JEUNE : QUELLE EMBOITURE PROPOSER ? La prescription d'une emboîture de type "contact" représente pour l'adulte jeune amputé de cuisse le choix le plus judicieux. Si l'emboîture quadrilatérale fut longtemps la seule à être proposée, il existe aujourd'hui d'autres concepts tels que le fût CAT-CAM (Contoured Adducted Trochanteric-Controlled Alignment Method), dont les principes fondamentaux ont été présentés en 1985 par J. SABOLICH (38). En français, CAT-CAM pourrait être défini ainsi : "emboîture englobant l'ischion et imprimant une adduction par moulage de la région sous-trochantérienne". Bien que les termes "englobant l'ischion" ne soient pas présents dans la formulation américaine, il est important de les préciser. L'emboîture CAT-CAM est née des questions que se posaient les médecins et les prothésistes, qui, depuis 1969, s'inquiétaient de la validité du fût quadrilatéral et jugeaient nécessaire l'évolution de l'appareillage (23, 24, 38). 92 VI.1. L'EMBOITURE QUADRILATERALE: UNE LONGUE EXPERIENCE : L'emboîture quadrilatérale (ou quadrangulaire ou encore ovale transversale) se caractérise par un collet de forme en général quadrilatérale et par l'existence d'une tablette ischiatique (Photo 9). VI.1.1. Description : VI.1.1.1. La tablette ischiatique : Elle est horizontale dans le plan antéropostérieur et dans le plan médio-latéral. Parfois, il existe une légère inclinaison de l'assise ischiatique vers la partie latérale ou antérieure (1, 25). LEHNEIS a toujours été partisan de donner au siège ischiatique une inclinaison vers le bas et l'avant, de façon à ce qu'il reste tangent à un rayon allant de l'articulation de la hanche à l'ischion (23) (Figure 39). Figure 39 Inclinaison de la tablette ischiatique selon LEHNEIS (23). 93 Photo 9 : Emboîture quadrilatérale droite (6). 94 95 Le bord antérieur de l'assise ischiatique est légèrement arrondi et lisse. Le bord postérieur de l'emboîture à ce niveau est parallèle au plan frontal : la position assise ne doit pas entraîner une rotation de la prothèse. La surface de la tablette est suffisamment grande pour que l'ischion et une partie de la masse fessière puissent y reposer. La tablette se rétrécit à sa partie externe et il est ménagé à cet endroit une échancrure destinée aux muscles fessiers. VI.1.1.2. Le bord antérieur : Il réalise le contre-appui antérieur, chargé de maintenir l'ischion sur la tablette ischiatique et l'empêcher de glisser vers l'avant. Il est formé d'une pelote dont le rayon à grande courbure permet un appui non agressif : cette pelote aide au maintien de la prothèse au cours de la phase pendulaire de la marche. Il épouse le contour abdominal, le long du pli de l'aine, et il ne doit pas se heurter à l'épine iliaque antérosupérieure. Dans sa partie externe, une loge est ménagée, afin que se place le muscle droit antérieur (1, 25). VI.1.1.3. Le bord interne : Il relie la tablette ischiatique au bord antérieur. Il maintient les tissus du périnée, sans devoir prendre appui sur la branche ischio-pubienne. Il s'évase doucement pour épouser la 96 morphologie des tissus. A sa partie antérieure, presque à la jonction du mur antérieur et du mur interne, il existe un chenal qui permet aux adducteurs de se placer. Souvent le plus petit mur de la collerette, il confère à l'emboîture une forme plus trapézoïdale que quadrilatérale (Photo 9). VI.1.1.4. Le bord externe : Il doit maintenir les tissus refoulés par le contre-appui antérieur et la tablette ischiatique. Concave en-dedans, le mur externe remonte jusqu'à la partie supérieure du grand trochanter dont il épouse les reliefs (1). Avec le bord interne, il tente de contrôler la stabilité dans le plan médio-latéral alors que le mur antérieur avec son contre-appui et la tablette ischiatique ont pour mission d'assurer la stabilité dans le plan antéro-postérieur. VI.1.1.5. Le corps du fût : Il est intimement en contact avec le moignon. Ce contact permanent aide au contrôle de la prothèse parle moignon, qui, en globulisant les masses musculaires, génère une pression plus importante du fût sur la peau. La paroi latérale du fût est assez plate sur toute sa hauteur : de ce fait, il y a une uniformisation des pressions exercées sur le fémur lors de la station unipodale. 97 Les autres parois sont de forme plutôt concave en-dedans pour loger les groupes musculaires et permettre leur contraction lors de la phase pendulaire de la marche. L'orientation générale du fût est en flexion et en légère adduction : la paroi latérale se dirige obliquement vers la partie médiale de haut en bas. Le mur médial, lui, est quasiment vertical. Les murs antérieur et postérieur sont obliques de la partie proximale à la partie distale d'arrière en avant. La partie inférieure du fût, plus souvent vers l'extérieur que vers l'intérieur, est le siège d'un orifice par lequel passe le jersey permettant le chaussage : enroulé autour du moignon, le jersey est ensuite déroulé et extirpé par le trou de soupape : les chairs du moignon "descendent" dans l'emboîture et se placent dans le fût. Une fois le jersey complètement retiré, une soupape vient combler le trou et assure l'herméticité. VI.1.2. Techniques de moulage : Deux techniques sont décrites dans l'ouvrage de RAUPP, GRUMLER et LARDRY sur la rééducation et l'appareillage des amputés (37). Dans les deux cas, le patient est debout, le bassin maintenu à l'horizontale. Le moignon est placé en rectitude et légère adduction. Le prothésiste le recouvre d'un jersey tubulaire montant 98 haut sur la racine de la cuisse ; une bretelle le maintient en place. L'extrémité inférieure du jersey est cousue. - Première technique : le prothésiste déroule les bandes plâtrées de la racine du membre jusqu'à l'extrémité, il recouvre largement le pli inguinal, le pli fessier et le grand trochanter. Puis, avant que le plâtre ne durcisse, le prothésiste modèle le collet de l'emboîture en marquant le bord postérieur du grand trochanter, l'appui sous-ischiatique et le contre-appui antérieur au niveau du triangle fémoral. Le mur interne est vertical, la face externe prend une direction oblique en bas et en dedans. Le prothésiste retire le moule durci et il procède à la fabrication du positif ; les retouches sont indispensables : accentuation de l'horizontalité de la tablette ischiatique, de la "corde" des adducteurs. - La deuxième technique est réalisée à partir d'un collet préfabriqué dont les dimensions sont proches de celles du moignon. L'application des bandes plâtrées continue la forme quadrangulaire du collet. Les étapes suivantes rejoignent celles citées ci-dessus (Figure 40). Figure 40 Collet préfabriqué (37). 1. Tablette ischiatique 2. Mur interne 99 VI.1.3. Alignement de la prothèse dont l'emboîture est quadrilatérale : Chez le sujet valide, la pesanteur se répartit dans les deux jambes de façon égale. Elle part du centre de la tête des deux fémurs en direction du sol. Chez l'amputé d'un membre inférieur, appareillé par une emboîture quadrilatérale, la transmission des forces passe pour l'essentiel par la tubérosité ischiatique. Le système de transmission des forces se trouve donc déporté en-dedans et en arrière. Il existe, par ailleurs, une tendance à l'abduction en raison de la section des adducteurs et de la perte de leur insertion distale (seul le grand adducteur a une insertion au tiers médio-distal du fémur ; une fois cette insertion disparue, le fémur pivote en abduction, car il y a disparition du système d'opposition aux abducteurs) (16). VI.1.3.1. Alignement statique : - Le pied, que l'on choisira pour un adulte actif de préférence à restitution d'énergie, sera chaussé convenablement : la cambrure de la chaussure devra correspondre à celle du pied prothétique. Un ajustement sera souvent nécessaire, ne serait-ce que pour des raisons purement esthétiques (le pied artificiel doit avoir le même volume que le pied sain). -Le bas de jambe est vertical. 100 - Le genou prothétique est fixé. On vérifie que sa tranche supérieure est bien horizontale aussi bien dans le plan frontal que sagittal. - La fixation de l'emboîture sur son support devra respecter quelques règles : dans le plan frontal : la verticale abaissée de la tablette ischiatique, située au tiers interne du bord postérieur, passe par le milieu de l'axe du genou et par le centre du pied (Figure 41). dans le plan sagittal, la verticale abaissée du milieu de la zone périnéale (milieu du bord interne du collet de l'emboîture) passe à cinq millimètres en avant de l'axe d'articulation supérieur des bielles, dans le cas d'un genou à biellettes (Figure 42). La ligne de charge tombe au niveau du quart postérieur du pied prothétique. Dans le cas d'un genou monoaxial, généralement utilisé pour le premier appareillage, la verticale passe à un centimètre en avant de l'axe articulaire : cela assure la stabilité du genou artificiel (Figure 43). L'emboîture est montée en légère flexion : il y a une mise en tension du grand fessier, le pas postérieur en est facilité et le verrouillage du genou en appui unipodal n'en est que plus sûr. dans le plan horizontal, le pied prothétique est orienté selon une rotation externe de 5 à 10 degrés, afin de se rapprocher de l'axe physiologique. 101 Figure 41 : Alignement de la prothèse fémorale dans le plan frontal (côté droit, vue postérieure) (37). Figure 42 : Prothèse fémorale avec genou monoaxial :alignement dans le plan sagittal(côté gauche, vue interne) (37). Figure 43 : Prothèse fémorale avec genou à biellette : alignement dans le plan sagittal(côté gauche, vue interne) (37). 102 En position assise, l'emboîture à plat, le bas de la jambe est vertical. Les axes prothétiques du genou et du pied sont horizontaux et correspondent au côté sain (Figure 44). Figure 44 Vérification de la verticalité du segment jambier en position assise. l'emboîture doit reposer à plat, les axes du genou et de la cheville doivent être horizontaux (37). VI.1.3.2. Alignement dynamique : Il sera satisfaisant si l'ensemble des chairs du moignon est bien introduit dans le fût, si l'ischion repose correctement sur la tablette ischiatique, sans bourrelet s'y interposant. La zone périnéale ne doit pas subir de contraintes et la corde des adducteurs ne doit pas être écrasée. Un dispositif de réglage de l'alignement situé entre l'emboîture et le genou permet de régler indépendamment l'angulation et la translation redonnant à la prothèse une image en miroir de l'autre jambe. Les corrections se font à l'image en miroir de l'autre jambe, dans le plan frontal en valgus ou varus ; dans le plan sagittal, elles portent sur le flessum et dans le plan horizontal, sur les rotations (37). 103 VI.2. LA PROTHESE FEMORALE DE FORME ET D'ALIGNEMENT NATURELS : NSNA (Normal Shape, Normal Alignment) d'Yvan LONG (24) : VI.2.1. De la réflexion... En 1974, Yvan LONG s'est rendu compte que le fût quadrilatéral et ses techniques d'alignement étaient discutables pour l'appareillage des amputés de cuisse. Ayant observé une radiographie d'un amputé de cuisse, équipé de sa prothèse, debout, le poids également réparti sur ses deux jambes, les talons écartés de cinq centimètres et la pointe des pieds de sept centimètres, il a constaté que le fémur amputé présentait une abduction très prononcée. Par la suite, il compléta ses observations, qui confirmèrent cette tendance à l'abduction du fémur amputé (24). Ses recherches le conduisirent à fabriquer des prothèses fémorales présentant la "ligne de LONG" (LONG's line). VI.2.2. ...A la pratique : Yvan LONG définit la ligne de LONG comme une ligne droite, qui part de la tête du fémur pour descendre, en passant par l'extrémité distale du fémur, vers le centre du talon (Figure 45). Cette ligne n'est pas toujours verticale, mais évolue au contraire constamment lorsque la personne amputée quitte la position immobile pour entrer dans le cycle de marche. 104 Figure 45 LONG's line : la ligne de Mikulicz relie le point central de la hanche, du genou et de l'articulation tibiotarsienne. L'adduction du moignon fémoral selon LONG cherche à copier le modèle naturel (5). Le maintien du fémur est rendu possible par une réduction de la dimension médio-latérale de l'emboîture. La dimension antéro-postérieure est augmentée et confère de ce fait plus de liberté aux muscles de la cuisse. Les prises de mesure se font en longueur et en circonférence, le plus haut possible et tous les cinq centimètres. Le moulage est réalisé à l'aide de bandes plâtrées sur un patient debout. L'ischion est repéré, ses surfaces interne et postérieure sont précisément situées, mais le prothésiste veillera à ne pas dépasser l'ischion. Le patient serre les membres inférieurs l'un contre l'autre et met la cuisse en extension durant toute la prise du moulage jusqu'au durcissement du plâtre. 105 Sur la surface latérale du moule, le prothésiste trace une ligne verticale. L'emplacement de l'ischion et la profondeur du moule sont vérifiés au retrait de celui-ci. L'étape suivante consiste à fabriquer à partir du moulage, qui représente le moignon en négatif, un positif en plâtre ; il est nécessaire de procéder à un travail de réduction, le positif étant plus grand que ne l'est réellement le moignon. La réduction se fait surtout sur la paroi latérale, qui doit offrir un soutien sur une large surface et dont la limite supérieure monte haut et passe au-dessus du trochanter. L'ischion s'appuie sur la partie évasée du fût. Le siège ischiatique, qui n'est pas forcément large, est perpendiculaire à la ligne de LONG. Il n'existe aucune arête agressive (Figure 46). Figure 46 Le siège ischiatique est perpendiculaire à la ligne de LONG (24). La paroi interne est plus basse que le niveau du siège ischiatique (24). 106 Le fût étroit dans sa dimension médio-latérale, présentant une paroi latérale caractéristique, permet le maintien de l'angle d'adduction du fémur et améliore la démarche, en rapprochant le pied prothétique de la ligne de marche. Cette technique d'alignement convient pour des moignons longs, elle avoue ses limites pour des moignons plus courts (tiers supérieur par exemple) car elle n'est possible qu'au prix d'une hyperadduction du fémur (Figure 47). Figure 47 : Méthode d'alignement LONG's line. Dans le cas de moignon court, cette technique d'alignement n'est possible qu'au prix d'une hyperadduction du fémur (2). 107 VI.3. LE FUT CAT-CAM : VI.3.1. Les prémices d'une évolution: De même qu'Yvan LONG, John SABOLICH critique le concept du fût quadrilatéral. Le manque de stabilisation dans le plan frontal, une compression exagérée du triangle fémoral par le contre-appui antérieur, la trop importante charge sur la tubérosité ischiatique ainsi que la tendance à l'abduction du fémur sont autant de griefs, qui poussèrent John SABOLICH à apporter des modifications à la technique quadrilatérale, aidé en cela par les déductions et applications d'Yvan LONG (24, 38). Il commença par diminuer la dimension médio-latérale et par élargir la dimension antéro-postérieure, de façon à conserver le périmètre d'origine, et à réduire la pression sur le triangle fémoral. Il modifia également l'assise ischiatique en lui imprimant un angle de 300 dans le plan frontal vers l'externe (cette inclinaison permet d'augmenter la charge sur les fessiers et de soulager la tubérosité ischiatique). Le SABOLICH Center continua son étude sur les fûts non quadrangulaires et, en 1985, John SABOLICH présenta les principes fondamentaux de l'emboîture CAT-CAM (38). VI.3.2. Description du fût CAT-CAM : D'emblée, le fût CAT-CAM se différencie du fût quadrilatéral par une dimension antéro-postérieure élargie et une dimension médio-latérale réduite (39) (Photos 10 à 12). 108 Il n'existe plus de tablette ischiatique, mais une logette, qui enveloppe la tubérosité ischiatique et une partie de la branche ischio-pubienne (Figure 48). RADCLIFFE définit le fût CATCAM ou ovale longitudinal comme un fût enveloppant l'ischion (ischium containment socket) par opposition à l'emboîture quadrilatérale : ischium supporting socket ou fût soutenant l'ischion (21) (Figure 49). Figure 48 : Emboîture CAT-CAM : enveloppement de la tubérosité îschiatique et d'une partie de la branche ischio-pubienne (2). Figure 49 : Coupe sagittale montrant la relation pelvis-emboîÎture (39). 109 Photo 10 : Emboîture CAT-CAM gauche (6). 110 111 Photo 11 Englobement dorso-médial de la tubérosité ischiatique. Photo 12 Vue postérieure (6) 112 113 La principale difficulté de l'enveloppement de l'ischion est de nature anatomique. Au cours de leurs recherches, John SABOLICH et son équipe ont recensé trois types principaux d'ischion, appelés Alpha, Bâta et Gamma selon leur configuration (Figure 50) : - le type Alpha présente un côté interne, qui remonte à angle vif, ce qui facilite son "accrochage" dans l'emboîture. - le type Bêta est plus ouvert, son enveloppement est délicat, la douceur de l'arête le rendant difficile à apprécier par le prothésiste. - le type Gamma est large et aplati : son maintien dans l'emboîture peut être source de douleurs dans la zone périnéale. La dimension médio-latérale est agrandie, l'adduction du fémur amputé moindre (38). Figure 50 : Les trois principaux types d'ischion selon SABOLICH (38). De façon plus générale, le bassin de la femme est plus large et plus plat que celui de l'homme : la différence de hauteur entre le pubis et la tubérosité ischiatique est moins grande et la branche ischio-pubienne monte de la tubérosité vers la symphyse pubienne, selon un angle plus plat. Il sera donc plus complexe de réaliser un emboîtement "juste" de l'ischion chez les patients de sexe féminin (21) (Figures 51 et 52a et b). 114 Figure 51 : Bassin féminin et bassin masculin (21). 115 Figure 52a : Vue distale d'un bassin féminin la branche de l'ischion présente un angle de 45" avec le plan médian (21). Figure 52b : L'angle correspondant chez l'homme est d'environ 30" (21). 116 Le fémur, qui présente un angle naturel d'adduction de huit à douze degrés, est stabilisé dans cette position par un façonnage de la paroi latérale, qui moule intimement le contour du grand trochanter et épaule le fémur sur toute sa longueur (OKC Femoral Channel Oklahoma City Channel) (Figure 53). Figure 53 : Coupe transverse du fÛt CAT-CAM (38). AL : Tendon des adducteurs. IT : Tubérosité ischiatique. OKC Femoral Channel : Gouttière fémorale. En pointillés, le contour de l'emboîture quadrilatérale. Ces deux caractéristiques d'englobement de l'ischion et de façonnage de la paroi latérale procurent une plus grande stabilité médio-latérale car elles assurent un verrouillage osseux (bony-lock) (Figure 54). Le fût ovale longitudinal ne comprime que légèrement les parties molles de la région sous-trochantérienne dont les mesures sont prises latéralement sous le trochanter et au niveau médial en-dessous de l'ischion (donc au niveau de la zone des adducteurs) (Figure 55). La paroi médiale en englobant les parties molles, ne permet pas qu'elles débordent en bourrelet au niveau médial (21). 117 Figure 54 : La tubérosité ischiatique est incluse dans l'emboîture. Le façonnage de la face externe du fémur crée le contre-appui indispensable à la stabilité du système dans le plan frontal (38). Figure 55 Mesures transversales du fût CAT-CAM. 1. Osseuses 2. Tissus mous (2). La disparition du contre-appui antérieur lève l'excès de pression sur les éléments neurovasculaires du triangle fémoral, "la corde" des adducteurs, modelée avec attention car très sensible à la pression, prend une place plus externe (38). 118 VI.3.3. Techniques de moulage du fût CAT-CAM Pour POHLIG (36), il n'est pas possible de prendre en compte tous les critères d'emboîtement du CAT-CAM dans l'opération unique de moulage circulaire de l'emboîture quadrilatérale. La technique du moulage est donc séparée en plusieurs phases - modelage des différentes régions en position fonctionnelle, - assemblage des pièces, afin de reconstituer le moule. VI.3.3.1. "Isolement" du moignon : L'ensemble du moignon et la partie interne de l'autre cuisse sont enduits d'une crème protectrice. Un collant recouvre le moignon et également le membre sain : en épousant étroitement la partie supérieure du moignon, le collant offre la garantie d'une reproduction bien meilleure dés volumes. VI.3.3.2. Les repères et les mesures : Sur le collant, adhérant au moignon grâce à la crème, le prothésiste marque les repères du squelette : l'épine iliaque antéro-supérieure, le grand trochanter, le trajet du fémur jusqu'à son extrémité. Les plis fessiers sont reportés sur le collant. 119 La première mesure horizontale concerne la distance séparant la branche ischio-pubienne du bord inférieur du grand trochanter. L'appareil de mesure -un pied à coulisse- croise la ligne axiale du moignon à un angle de 900. Cette rigueur permet pour la suite du travail la répétition précise des mesures. La mesure médiolatérale des parties molles est prise 5 centimètres en-dessous de la mesure du squelette. Tous les 5 centimètres, à partir de cette mesure, les périmètres du moignon sont relevés. Ceux-ci sont d'abord mesurés, le patient allongé avec une légère tension du mètre. Puis, le patient se met debout, les parties molles "migrent" vers le bas du fait de la pesanteur : de nouvelles mesures sont alors prises. La différence des mesures entre les positions couchée et debout renseigne sur l'état de la musculature et du tissu de soutien. ANDREWS (2) souligne également les mensurations transversales osseuses et des parties molles, mais estime tout aussi importantes les mesures de l'angle entre la branche ischio-pubienne et la ligne de progression du centre de gravité, l'angle ilio-fémoral et l'inclinaison de l'ischion (Figure 56). Figure 56 : a. Angle ilio-férmoral b. Inclinaison de lischion (2) 120 VI.3.3.3. Préparation des bandes plâtrées La largeur requise pour les bandes plâtrées est de 20 centimètres. La bande interne a une longueur correspondant àla distance allant du milieu du genou sain à 2 centimètres de l'extrémité du moignon en passant par le pubis. La longueur de la bande antéro-postérieure est d'environ 50 centimètres. La languette ventrale s'étend de l'épine iliaque antéro-supérieure jusqu'à l'extrémité du moignon. VI.3.3.4. Les trois phases d'enlèvement du modèle CAT-CAM : Les phases 1 et 2 requièrent toujours selon POHLIG (36) la présence de deux techniciens orthopédistes. La troisième phase en nécessite trois. a. Première phase : formation de la paroi interne en décubitus dorsal : Il est essentiel de prêter attention au positionnement du patient à tout moment. Pour cette première étape de façonnage, la jambe saine est fléchie à 90' au niveau du genou. Le moignon est en légère extension, le fémur est en adduction modérée. La main du premier technicien, placée médialement, "accroche" du bout des doigts la tubérosité ischiatique et la branche ischio-pubienne et remonte lentement et précautionneusement dans le bassin et le trou obturateur. 121 L'autre main s'appuie sur la face latérale du moignon et adducte le fémur. La bande interne est étendue de la face interne de la cuisse saine jusqu'à la partie interne du moignon en passant par le périnée. Le premier technicien modèle en permanence les reliefs squelettiques en exerçant une légère traction distale sur la languette interne. Le deuxième technicien contrôle l'adduction du moignon et l'inclinaison de la jambe saine. b. Deuxième phase : moulage de la partie latérale : La liaison du moignon à la jambe saine par la bande interne sert de préparation pour cette seconde phase et fournit le point de référence pour trouver les positions. Le patient est tourné à 90 degrés sur le côté sain ; les techniciens veillent à ce que la position de la zone interne à peine formée ne se modifie pas. La jambe saine reste pliée au niveau du genou : le patient peut stabiliser son corps. Le moignon est tendu, le fémur toujours en adduction. Le façonnage de cette partie latérale du moignon est obtenu par une pression sur le grand trochanter, le fémur et sa crête dorso-latérale. De ce modelage puissant dépendent les futures fonctions d'adduction du fémur dans le fût La languette antéro-postérieure de 50 centimètres est disposée de la face antérieure à la face postérieure du moignon et définit les territoires proximaux : pubis et coccyx. 122 On superpose ensuite les bandes plâtrées à la manière des écailles d'un poisson, de la face postérieure à la face latérale : elles se terminent à la crête antéro-externe du fémur. Le premier technicien modèle les formes de la région de la fesse et de la tubérosité ischiatique. Le deuxième moule avec ses deux mains la crête dorsale du fémur, le massif trochantérien. Il façonne le relief fémoral en enserrant le grand trochanter entre pouce et index. Le moule, une fois durci, est enlevé. Il est partiellement terminé et les techniciens orthopédistes déterminent les zones de coupe. La partie interne est entièrement conservée ; à la face antérieure, le cercle est rompu à l'insertion du grand adducteur. Latéralement, le moule conserve l'empreinte proximale du grand trochanter. A 5 centimètres en-dessous de la branche ischio-pubienne, afin de laisser libres les parties molles pour la suite des opérations, on raccourcit le moule. C. Troisième phase : la face antérieur et distale : Le patient est debout, le moignon en extension et le fémur reste toujours en adduction. Le premier technicien est assis en arrière du patient, le second en avant de lui. Ils replacent sur le corps la partie interne du moulage et sont attentifs au bon positionnement de la région fessière et pubienne dans le moule. Tout aussi importante est l'adaptation du moule aux reliefs osseux : le patient ne doit pas avoir le sentiment que la tubérosité ischiatique et la branche ischio-pubienne sont sur le 123 bord du moule lors de la mise en charge du moignon, mais il doit avoir l'impression qu'elles sont profondément installées dans le moule, Les parties molles doivent correspondre au moule comme une clé à une serrure : en raison de l'importance de cette étape, POHLIG estime nécessaire la présence d'un troisième technicien. La zone antérieure du moule ainsi que les parties distales sont recouvertes de bandes plâtrées. Un enroulement avec une bande de 20 centimètres de large stabilise les différentes parties du moule. Le premier technicien fixe l'arceau squelettique et veille à ce que le moignon soit toujours en extension-adduction. Le deuxième technicien modèle avec une pression forte la région latérale, façonne le fémur sur toute sa longueur en insistant sur les reliefs. Le troisième technicien modèle la face antérieure. Du fait de la pression latérale, le négatif devient encore plus ovale dans le sens antéro-postérieur. Le négatif en plâtre obtient à la fin des opérations la forme typique ovale longitudinale du futur fût CAT-CAM. 1 Pour A. TOURNEUX (40, 41), la technique du moulage doit tendre vers l'obtention d'un modèle sans retouche, image fidèle du moignon dont l'empreinte serait acquise dans des conditions idéales de contention et d'alignement, extrapolant ce que devrait être l'emboîture définitive. 124 VI.3.4. Alignement de la prothèse CAT-CAM John SABOLICH (38) constate que l'application de l'alignement selon LONG (position du pied prothétique sous le centre articulaire de la hanche ou sous l'extrémité distale du fémur) n'est pas toujours possible. Il a recours au dispositif du bas de jambe réglable de BERKELEY afin d'obtenir un alignement personnalisé bien meilleur (38). La ligne d'aplomb du pied, bien que presque toujours placée à l'extérieur de l'aplomb de l'ischion, dépend en fait de plusieurs paramètres : - du patient lui-même, - de la puissance des muscles fessiers, - de la forme de l'ischion, -de l'épaisseur des tissus sous-cutanés, - de la longueur du fémur, - du logement de la tubérosité ischiatique dans l'emboîture, - des possibilités de serrage médio-latéral du fémur dans sa région moyenne et distale. Ainsi, il n'existe pas une règle d'alignement mais des règles d'alignement propres à chaque amputé. 125 L'INFLUENCE DE L'APPAREILLAGE SUR LA READAPTATION FONCTIONNELLE 126 127 VII. L'INFLUENCE DE L'APPAREILLAGE SUR LA READAPTATION FONCTIONNELLE : Aujourd'hui, les prothésistes disposent pour l'appareillage des amputés de cuisse de deux concepts d'emboîture-contact : - l'emboîture quadrilatérale : elle bénéficie d'une expérience de p lus de 30 ans. Sa technique de moulage est relativement simple (utilisation de collet préfabriqué) (2, 30, 37). - l'emboîture CAT-CAM : la dernière née des emboîtures-contact. Suscitant l'intérêt, elle est l'objet de multiples études la confrontant avec l'emboîture quadrilatérale (1, 2, 5, 14, 15, 21, 29). Biomécanique et dépenses énergétiques durant la marche sont les principaux critères de comparaison ; les dépenses d'énergie seront d'autant plus faibles que les données biomécaniques seront plus proches du modèle physiologique. VII.1.BIOMECANIQUE : VII.1.1. Généralités : L'emboîtement du moignon dans le fût, tout en assurant une répartition des surfaces de contact, assure la transmission 128 des forces et des mouvements. KAPHINGST et FITZLAFF (21) distinguent des "forces internes" et des "forces externes" : - les forces internes : elles comprennent les forces liées au poids du corps et les forces musculaires qui, par le biais d'un système d'articulations et de leviers osseux, agissent comme des couples de rotation. - les forces externes : ce sont les forces de réaction s’opposant aux forces internes, et toutes les autres forces qui peuvent s'exercer sur le corps depuis l'extérieur. Chacune des parties du corps dispose de ses propres forces de masse ; l'ensemble de ces forces produit une résultante qui part du centre de gravité du corps vers le centre de la terre, lorsque le corps ne subit pas l'action d'autres forces (Figure 57). En position debout, la résultante est le fruit d'une composante verticale et d'une composante horizontale. Elle part en oblique du centre de gravité vers le point de contact au sol. Il apparaît une rotation autour du point de contact au sol. Figure 57 129 Lorsque l'on se tient debout sur les deux jambes, le couple ainsi créé au niveau d'une jambe est neutralisé en raison de l'existence des forces des couples s'exerçant dans l'autre jambe de façon tout à fait symétrique. L'articulation de la hanche joue le rôle de point d'appui, le bassin celui de double levier (Figure 58). Figure 58 La pesanteur agit sur le levier central, alors que les abducteurs jouent sur le levier latéral; des couples de rotation opposée et de même valeur assurent l'équilibre : les abducteurs agissent sur le levier le plus court et doivent développer une force plus importante que celle correspondant à la pesanteur et qui porte sur le levier le plus long. 130 Selon KAPHINGST et FITZLAFF (21), lorsque le système décrit ci-dessus est en équilibre statique, la pesanteur se répartit de façon égale sur les deux jambes et part verticalement du centre de la tête des deux fémurs en direction du sol (Figure 59). Figure 59 Figure 60 Si l'on applique ce schéma aux personnes amputées, on s'aperçoit qu'il manque au vecteur de force un point de contact au sol (Figure 60). Le schéma ne devient correct que si l'on fournit un appui au côté amputé. 131 VII.1.2. Application au fût quadrilatéral KAPHINGST et FITZLAFF (21) décrivent que, dans le fût quadrilatéral, une part importante de la transmission des forces passe par la tubérosité ischiatique, point d'appui plus distal, médial et dorsal que le centre de la tête fémorale (Figure 61). Figure 61 ANDREWS (2) et LEHNEIS (23) rappellent cependant que l'appui ischiatique n'est pas une réalité au cours de toutes les phases de la marche : la distance de la tubérosité ischiatique à la table ischiatique est proportionnelle àl'angle de flexion de la hanche : à l'attaque du talon ( Heel Strike), le poids du corps est transmis sans support squelettique direct. 132 Il faut néanmoins considérer la tubérosité ischiatique comme un point de rotation et d'appui dans le système de transmission des charges. Mais elle n'est pas le seul puisque l'articulation de la hanche reste libre et constitue un second point de rotation pour l'abduction du moignon. Ces deux points d'appui et de rotation ne sont pas congruents, ce qui engendre dans la cinétique de marche des déplacements du fût par rapport au moignon. Quand les abducteurs de hanche (pyramidal, muscles fessiers) se contractent, l'ischion est repoussé en dedans. En effet, si les déplacements en dehors de l'ischion peuvent être évités par le contact éventuel du trochanter avec le mur externe de l'emboîture, rien n'empêche les déplacements en dedans. Le glissement de l'ischion en dedans génère une abduction du fémur dont l'extrémité distale s'écrase sur le mur externe, ainsi qu'une compression des parties molles proximales contre le mur interne, avec pour corollaire un baillement du bord supérieur externe de l'emboîture (Figure 62a et là). Selon KAPHINGST (21), il découle de l'abduction du fémur deux faits importants : - inefficacité des petit et moyen fessiers dans leurs fonctions de stabilisation du bassin. HAAS (17) décrit l'apparition d'une atrophie musculaire à long terme. - transfert du centre de gravité du corps latéralement au-dessus de la prothèse, de façon à le placer à la verticale du point de contact au sol ; cela nécessite une importante flexion latérale du tronc (Figure 63). 133 Figure 62 : Transmission des forces (2). 62a Lors de l'appui sur la table ischiatique. 62b Lors de la contraction des abducteurs de hanche : glissement en-dedans de l'ischion, abduction du fémur dont l'extrémité distale s'écrase sur le mur externe. Compression des parties molles proximales internes. Baillement du bord supérieur externe de l'emboîÎture. Figure 63 134 De plus, lors de la marche, afin de soulager les contraintes exercées sur l'extrémité distale du fémur et les parties molles proximales internes, l'amputé incline le tronc du côté de la prothèse. La démarche de l'amputé, en raison de l'existence de cette flexion latérale du tronc, ou boiterie de Trendelenburg, s'éloigne du schéma de la marche physiologique, tant du point de vue esthétique et cinématique qu'énergétique. Outre le déplacement en dedans de l'ischion, la forme du fût ovale transversal entraîne d'autres effets délétères, en particulier dans sa région antérieure. En effet, la tubérosité ischiatique est maintenue sur la zone d'appui prévue àcet effet grâce à une pelote frontale qui rétrécit le diamètre antéro-postérieur de l'emboîture (Figure 64a et b). Figure 64 : 64a : La pelote frontale maintient la tubérosité ischiatique sur son appui. 64b : Elle est à l'origine d'un excès de pression en position assise prolongée (14). 135 Bien que, pour ANDREWS (2), les emboîtures quadrilatérales européennes semblent moins agressives dans cette zone que les fûts américains, la pelote frontale exerce une pression sur les éléments vasculo-nerveux du triangle fémoral et sur les éléments musculaires. KAPHINGST (21) dénonce cet excès de pression provoqué par la paroi antérieure convexe, bombée vers l'intérieur du fût. ANDREWS (2) et HAAS (17) sont plus modérés; ce dernier estime que la compression des éléments vasculo-nerveux du triangle fémoral est en réalité plus faible qu'on ne l'imagine. En revanche, il signale une diminution de la fonction de la pompe musculaire et une altération de la microcirculation du moignon. VII.1.3. L'emboîture CAT-CAM : ce qui change avec elle : Dans le fût CAT-CAM, il n'existe pas d'appui prévu pour la tubérosité ischiatique. La branche de l'ischion fait l'objet d'un enveloppement dorso-médial. La tubérosité ischiatique n'est donc plus sollicitée comme point de transmission des charges. La théorie voudrait que la transmission des charges passe à nouveau par le centre de l'articulation de la hanche. Il n'existe, en effet, pas d'autre point de transmission au niveau du squelette. Pour KAPHINGST (21), la pratique ne rejoint pas encore totalement la théorie. Néanmoins, la transmission des charges dans le fût CAT-CAM se rapproche de celle qui existe chez les 136 personnes non amputées. L'auteur en décrit les mécanismes l'emboîtage dans le fût ovale longitudinal assure l'enveloppement dorso-médial de l'ischion et l'appui latéral sous -trochantérien. Le centre de la tête fémorale se trouve à peu près au centre de la coupe transversale de l'emboîture ; la stabilisation est le résultat du maintien osseux de la branche ischio-pubienne d'une part, et de l'ensemble trochantérien et sous-trochantérien d'autre part, complétée par la compression très modérée des parties molles (la région du triangle fémoral est préservée de toute pression excessive). Deux forces horizontales s'opposent dans le plan frontal pratiquement à la même hauteur (Figure 65). Figure 65 Ces deux forces n'interviennent cependant pas dans la transmission des charges dans le sens vertical. Cette transmission est, en effet, assurée soit par une force dirigée verticalement, soit par deux forces dont la résultante est verticale. 137 L'appui latéral sous-trochantérien et l'adduction du fémur créent une force dirigée en oblique vers le centre de la tête fémorale (Figure 66). Figure 66 L'appui médial et l'englobement de l'ischion et des parties molles génèrent une force orientée également en oblique vers le centre de la hanche (Figure 67). Figure 67 138 La résultante de ces deux forces est verticale. En phase statique, le schéma de transmission des charges se rapproche du schéma physiologique. La figure 68 illustre la combinaison de toutes les forces qui stabilisent le bassin dans le plan frontal en phase statique. Figure 68 La transmission des charges dans le plan sagittal est assurée par l'hydrostatique du fût à contact total et par l'emboîtement supplémentaire de certaines parties des muscles (respect de la musculature ischio-crurale par un emboîtement précis). La saillie de la table ischiatique de la quadrilatérale, qui provoque une sensation de brûlure inconfortable au niveau des ischio-jambiers lors de la station assise prolongée, est supprimée. 139 Sur le plan dynamique, l'efficacité d'une emboîture englobant l'ischion est définie par ANDREWS (2) par sa capacité à maintenir l'adduction maximum du fémur durant la marche : le fût CAT-CAM le permet grâce à l'englobement soigneux de l'ischion, à l'appui sous-trochantérien et à l'aplatissement des parties molles dans le sens transversal, ce qui limite les mouvements relatifs d'abduction du fémur. Les trois mouvements déterminants du bassin lors de la marche (rotation, anté- et rétroversion, déplacement latéral) peuvent être à nouveau utilisés du fait de la suppression de l'appui ischiatique (2). L'amélioration de la cinétique et cinématique de la marche peut ne pas être immédiate chez les amputés de cuisse, qui ont longtemps été appareillés par une emboîture quadrilatérale et qui souffrent d'une insuffisance musculaire, en particulier du moyen fessier. Il leur faut le temps de restaurer une certaine tonicité des muscles pour constater un meilleur confort. Il semble évident que la prescription d'un système de prothèse et plus précisément d'un type d'emboîture est primordial en phase post-opératoire. La Commission des coûts de la Fédération du Land de Bavière (Circulaire 7/93, Article 3) estime que, pour un premier appareillage, l'utilisation du CAT-CAM n'est pas indiquée, compte tenu des transformations que le moignon subit fréquemment dans le court terme et compte tenu du surcoût lié à la prescription d'un fût ovale 140 longitudinal enveloppant la tubérosité (17). HAAS (17) affirme, au contraire, la légitimité de la prescription du fût CAT -CAM comme premier appareillage et il le justifie en présentant les faits suivants : d'une part, l'emboîture CAT-CAM empêche l'apparition de l'atrophie musculaire des abducteurs et, d'autre part, elle assure une bonne microcirculation en raison de la répartition harmonieuse des parties molles et des masses musculaires, qui peuvent fonctionner plus librement (Figure 69). Figure 69 141 VII.2. BIOENERGETIQUE DE LA MARCHE VII.2.1. Généralités: La dimension bioénergétique apparaît pour DULIEU et ses collaborateurs (12) comme essentielle dans le résultat final de la marche appareillée chez l'amputé de membre inférieur. L'avancée en âge entraîne, chez le sujet amputé, tout comme chez le sujet sain, une dégradation de l'efficience énergétique de la marche (12, 22). La cause de l'amputation interfère avec le coût énergétique (les amputations traumatiques sont sur ce plan moins onéreuses que les amputations vasculaires) ; l'existence de pathologie ou handicap associés pèse lourd dans la balance énergétique. Par ailleurs, une amputation majeure du membre inférieur entraîne un surcoût énergétique. Pour DULIEU (12) et JEAGERS (19), les sujets valides adoptent une vitesse de marche confortable, identique àcelle correspondant à la meilleure efficience énergétique, alors que les sujets amputés de cuisse ont une vitesse libre de marche plus lente. Dans leur étude consacrée au coût énergétique de la marche de six sujets valides et de onze amputés de cuisse, JEAGERS et ses collaborateurs (19) notent que le rythme cardiaque des amputés de cuisse est plus élevé que celui des sujets sains, au repos et à toutes les vitesses de marche étudiées (au nombre de six). 142 Pour une même vitesse de marche, ils présentent une consommation d'oxygène plus élevée que les sujets valides. Cette consommation d'oxygène augmente parallèlement aux vitesses de marche. Il n'y a pas de différence significative entre les deux groupes dans les positions assise ou allongée, mais la consommation d'02 est plus basse en position debout chez les amputés de cuisse. A la vitesse de marche correspondant à la meilleure efficience énergétique, propre à chacun des deux groupes, JEAGERS et collaborateurs constatent une augmentation de 25 à 35 % de la dépense d'énergie par mètre parcouru chez les sujets amputés par rapport aux sujets valides. La dépense d'énergie par seconde est, en revanche, peu modifiée. Au-dessous de leur vitesse de marche librement choisie, il n'existe pas de différence significative de la dépense d'énergie par mètre et par seconde entre les deux groupes. Mais les sujets valides dépensent moins d'énergie que le groupe des amputés de cuisse s'ils adoptent leur vitesse libre de marche. Cependant, les auteurs dénoncent les limites de leur étude en raison du petit nombre d'amputés et de la grande diversité des composants des prothèses dont étaient équipés les sujets retenus pour l'étude et ils conseillent de comparer chez un même sujet les effets des différents types de matériaux prothétiques. 143 VII.2.2. Dépenses énergétiques durant la marche quadrilatérale-CAT-CAM : un face à face décisif Les partisans de l'emboîture CAT-CAM revendiquent, par rapport à l'emboîture quadrilatérale, une meilleure stabilité du bassin dans le plan frontal, la restauration d'une certaine mobilité du pelvis, le maintien de l'adduction du fémur tant en statique qu'en dynamique et une amélioration de la fonction musculaire. Les concepteurs de l'emboîture CAT-CAM émettent l'hypothèse qu'elle permet, en raison d'une biomécanique se rapprochant du schéma physiologique, une réduction de la dépense d'énergie. FLANDRY et ses collaborateurs, en 1989 (14), puis GAI LEY et ses collaborateurs (15), en 1993, entreprennent d'analyser les performances obtenues avec le fût CAT-CAM en les comparant à celles notées avec le fût quadrilatéral. Pour leur étude, FLANDRY et coll. (14) recrutent cinq patients successivement appareillés avec un fût quadrilatéral et un fût CAT-CAM. Les modifications apportées sont strictement limitées aux emboîtures. Le passage au fût CAT-CAM est apprécié par quatre de leurs patients, qui rejettent l'offre de retourner à l'emboîture quadrilatérale. Pour trois d'entre eux, l'abduction du fémur qui existait avec l'emboîture quadrangulaire est transformée en adduction. Le quatrième présentait une adduction initiale de 10 degrés ; elle passe à 15 degrés avec le fût CAT-CAM. 144 Un patient est mécontent de son emboîture CAT-CAM et demande un retour à l'emboîture quadrilatérale. L'alignement obtenu avec le fût CAT-CAM est médiocre (inversion de ces 2 degrés d'adduction en 5 degrés d'abduction lors de son passage au fût CAT-CAM). Pour tous les patients, les troubles de la marche sont résolus pour une grande part. L'inclinaison latérale du tronc persiste, mais à un degré moindre. Pour quatre amputés, y compris celui dont les alignements étaient peu satisfaisants, la longueur moyenne d'une enjambée est passée de 0,99 mètre avec l'emboîture quadrilatérale à 1,02 mètre avec le fût CAT-CAM. De même, la moyenne de la vitesse de marche est améliorée de 4,12 mètres par minute. Le passage au fût CAT-CAM permet une réduction de la consommation d'oxygène: l'amélioration moyenne constatée est de 0,078 ml par mètre parcouru (0,364 ml/m avec la quadrilatérale contre 0,286 ml/m pour le fût CAT-CAM). Deux patients, appareillés par le fût CAT-CAM, ont été capables d'accroître leur autonomie de marche. Deux autres, bien que n'ayant pas augmenté leur niveau fonctionnel, ont senti devoir faire moins d'efforts pour atteindre ce niveau. Pour FLANDRY et coll. (14), le maintien de la dépense d'énergie à son niveau physiologique apparaît cohérent avec l'élimination des mécaniques excessives du corps. 145 GAILEY (15) estime cependant que le nombre de sujets examinés est trop faible et que, par conséquent, cela compromet la fiabilité des résultats. Néanmoins, sans pouvoir l'affirmer, l'étude de FLANDRY suggère l'avantage énergétique et biomécanique du fût CAT-CAM au cours de la marche. En 1993, intéressés par ces préliminaires, GAILEY et son équipe (15), cherchent à déterminer si, effectivement, il existe des différences en matière de consommation d'énergie durant la marche entre les amputés appareillés par une emboîture quadrilatérale et ceux qui utilisent un fût CAT-CAM. Trente personnes sont recrutées : dix sont appareillées par le fût CAT-CAM, dix autres par le fût quadrilatéral, les dix dernières, non amputées, constituent le groupe de contrôle. Quel que soit le groupe, GAILEY (15) ne retrouve pas de différence significative dans la consommation d'oxygène ou le rythme cardiaque avant la marche. A l'allure la plus lente (33,5 mètres par minute), les personnes amputées, qu'elles soient appareillées par le fût quadrilatéral ou le fût CAT-CAM, présentent une consommation d'oxygène plus importante et un rythme cardiaque plus élevé que les sujets témoins. Le type de fût ne semble pas intervenir dans la consommation d'oxygène ou le rythme cardiaque. A la vitesse de marche plus rapide (67 mètres par minute), la consommation d'oxygène des sujets utilisant le fût CAT-CAM 146 est sensiblement moins importante que celle des sujets appareillés en quadrilatérale. Le rythme cardiaque n'est toujours pas influencé par la configuration de l'emboîture. Au terme de l'étude, la comparaison directe entre amputés de la consommation d'énergie durant la marche à une vitesse normale de 4 km/heure montre que les personnes appareillées par le fût CAT-CAM consomment 20 % moins d'énergie que celles qui sont appareillées par une emboîture quadrilatérale. De plus, toujours à une vitesse de marche normale, la consommation d'énergie avec la quadrilatérale est en moyenne supérieure de 42 % à celle des personnes non amputées, alors que les sujets utilisant le fût CAT-CAM ne consomment en moyenne que 27 % d'énergie en plus. VII.3. EN RESUME : Les facteurs biomécaniques squelettiques interviennent sur la stabilité de l'unité locomotrice. Ils assurent toutefois une mobilité suffisante pour que la ligne de progression du centre de gravité soit la plus proche possible d'une droite : ce phénomène est garant d'une dépense énergétique minimum. Plusieurs mécanismes interviennent au cours du cycle de marche, afin de réduire les déplacements du centre de gravité. Les principaux sont : - la rotation du bassin autour de l'axe vertical, - le déplacement latéral du bassin, 147 - la bascule du bassin du côté non porteur au passage du pas, - la flexion du genou pendant 1 'appui, - les mouvements du pied et de la cheville, - la coordination des mouvements du genou et de la cheville. Chez l'amputé de cuisse, la hanche est la dernière articulation fonctionnelle. Il est donc plus délicat d'agir efficacement sur les trois derniers mécanismes : les articulations prothétiques, même les plus perfectionnées, avouent leurs limites. L'emboîture, seul élément à être en contact avec le tissu vivant, a des conséquences non négligeables sur les trois premiers éléments, selon qu'elle est de forme quadrilatérale ou CAT-CAM (Tableau 1). Tableau 1 148 VII.4. APPAREILLAGE ET QUALITE DE VIE : La biomécanique et la bioénergétique du fût CAT-CAM semblent donc se rapprocher du modèle physiologique. Pour CODINE, MAITRE et BRUN (9), ni l'âge, ni le niveau d'amputation ne paraissent avoir de répercussion sur la qualité de vie. Mais ils la jugent d'autant meilleure que l'autonomie est plus grande. En fait, ces trois éléments s'avèrent indissociables les uns des autres : l'avancée en âge retentit sur l'efficience de la marche, que la personne soit valide ou amputée ; une amputation de jambe permet à l'amputé de garder une autre articulation fonctionnelle, en plus de l'articulation de la hanche : pour un même effort, l'amputé de jambe consommera moins d'énergie que l'amputé de cuisse et de ce fait augmentera ainsi son autonomie. Cependant, le concept de la qualité de vie est d'appréciation souvent délicate : il dépend de paramètres physiques, psychiques, mentaux, sociaux et culturels. Il s'agit plutôt d'une auto-évaluation de la qualité de vie par les patients amputés eux-mêmes. Il est concevable d'affirmer que l'emboîture CAT-CAM apporte un plus dans la vie de l'amputé : confort, stabilité, respect de l'anatomie sont les grandes qualités revendiquées par ses concepteurs. Les études réalisées sur la dépense d'énergie semblent les corroborer. 149 MAERTENS et FRANCHIMONT (25) ont réalisé une étude consacrée au CAT-CAM, afin d'évaluer si cette nouvelle emboîture est un moyen favorable d'appareillage pour les amputés de cuisse et s'il peut être envisagé sur un plan pratique dans le contexte des possibilités techniques et du mode de remboursement en application en Belgique. Pour cela, en collaboration avec des prothésistes, ils ont appareillé les sept premiers patients belges avec le fût CAT-CAM. Pour tous les amputés, qui présentaient quelques difficultés à chausser leur prothèse quadrilatérale, l'emboîture CAT-CAM apporte un réel confort : MAERTENS et FRANCHIMONT l'attribuent au fait que la forme de l'emboîture CAT-CAM est telle qu'il n'existe qu'une seule façon de la mettre. Les patients précisent qu'ils ressentent beaucoup moins l'impression d'avoir une prothèse qu'avec l'emboîture quadrilatérale. La durée du port quotidien est supérieure à 12 heures pour cinq patients et comprise entre 6 et 12 pour deux autres amputés. Ils ont cependant remarqué que le nombre de séances d'essayage est supérieur à celui qui est habituellement nécessaire pour adapter une emboîture quadrilatérale conventionnelle (le temps d'adaptation est en moyenne de 16 semaines). Les amputés sont unanimes pour reconnaître avoir plus de difficultés à masquer l'emboîture CAT-CAM sous leur pantalon. MAERTENS (25) souligne que ceci est en opposition avec les conclusions des prothésistes américains. 150 Les sept sujets recrutés pour l'étude constatent l'amélioration du confort dans la région ischiatique ; deux patients présentaient des plaies récidivantes dans la région ischiatique : ils observent qu'avec le CAT -CAM ils peuvent mener une vie plus active, sans présenter de nouvelles plaies dans cette région. Quatre patients signalent une gêne dans la région périnéale, à l'endroit où la prothèse épouse le contour du tendon des adducteurs. L'autonomie de marche est augmentée pour quatre patients. Un patient a conservé le rayon d'action qu'il possédait avec l'emboîture quadrilatérale, mais deux amputés ont régressé par rapport à leur ancien appareillage. MAERTENS et FRANCHIMONT (25) pensent que la première indication de prescription du CAT-CAM est l'amputé actif et que sa principale contre-indication est peut-être celle d'un moignon dont le volume fluctue. Néanmoins, ils s'accordent à dire que le fût CAT-CAM peut apporter une amélioration de l'appareillage pour la majorité des patients. Il leur paraît indispensable de disposer, pour pouvoir l'adopter, d'un budget supérieur à celui qui est actuellement réservé à l'appareillage des amputés de cuisse dans la plupart des pays européens (25). Dans notre pays, l'emboîture CAT-CAM n'est toujours pas inscrite au tarif interministériel des prestations sanitaires. A moins de supporter la totalité des dépenses occasionnées par le fût CAT-CAM, l'amputé ne bénéficie, en France, que de l'emboîture quadrilatérale. 151 Cela peut paraître d'autant plus regrettable que l'emboîture CAT-CAM présente beaucoup d'agréments, notamment pour les personnes âgées ; P. BOTTA (4, 5) appareille ses patients âgés avec ce système depuis fin 1989 : il remarque que les patients âgés amputés retrouvent une autonomie de marche et éprouvent une plus grande sécurité lors de leurs déplacements. De plus, si l'emboîture CAT-CAM est mieux connue en France, surtout depuis 1988, il y a encore très peu de centres d'appareillage qui peuvent en assurer la fabrication. En 1991, PAQUIN et MARTINET (28) citent quelques centres où des démonstrations ont été réalisées tels que Coubert, Lamelou, ou Metz. 152 153 DONNEES PERSONNELLES 154 155 VIII. DONNEES PERSONNELLES: L'étude porte sur huit patients, adultes actifs, âgés de 25 à 55 ans, amputés d'un membre inférieur à la hauteur de la cuisse pour des raisons diverses, à l'exception de toute cause vasculaire. Le recrutement a été réalisé parmi les patients de P. BOTTA (Bienne SUISSE). Les informations ont été recueillies à l'aide d'un questionnaire (Annexe 1) et ont été rassemblées sous forme de tableaux (Tableaux 2 à 13). Dans les tableaux 2 à 13 : "/" : Patients n'ayant pas répondu à la question. Dans le tableau 12 : VS QUAD : Versus quadrilatérale 156 VIII.1 :PROFIL-SOCIOPROFESSIONEL : 157 158 VIII.2 : DONNEES CLINIQUES : 159 160 VIII.3 : EXPERIENCE EN QUADRILATERALE : 161 162 163 VIII.4 PASSAGE EN CAT- CAM : 164 165 166 167 VIII.5 LE CAT-CAM AU QUOTIDIEN : 168 169 ANALYSE DE NOS OBSERVATIONS ET CONFRONTATION AUX DONNEES DE LA LITTERATURE 170 171 IX. ANALYSE DE NOS OBSERVATIONS ET CONFRONTATION AUX DONNEES DE LA LITTERATURE : Nous avons donc fait appel à l'opinion de huit patients amputés de cuisse, appareillés en Suisse par la toute récente emboîture CAT-CAM, afin de déterminer si ce nouveau fût apporte un plus dans leur vie quotidienne. Cette étude est néanmoins biaisée en raison du caractère rétrospectif. Il s'agit de cinq femmes et trois hommes, âgés de 25 à 55 ans. Tous, sauf un, sont de nationalité Suisse. Deux personnes seulement vivent en milieu rural (Tableau 2). Les huit patients ont un emploi. Trois femmes exercent à temps partiel. Les trois hommes ont dû entreprendre une reconversion professionnelle, suite à leur amputation (Tableau 3). L'âge de survenue de l'amputation est de 17 ans en moyenne avec des extrêmes de 4 à 26 ans (Tableau 4). Sur huit cas, sept sont d'origine traumatique, un d'origine tumorale (Tableau 4). 172 Les niveaux d'amputation se répartissent, sur les huit cas, de la façon suivante (Tableau 4, Figure 70) : - cinq amputations au tiers supérieur (quatre pour traumatisme, une pour tumeur), - deux au tiers moyen, - un au tiers inférieur. Figure 70 a : Tiers supérieur b : Tiers moyen c : Tiers inférieur La durée de l'appareillage par une emboîture quadrilatérale est en moyenne de 20 ans. La période la plus courte est de deux ans, la plus longue de 36 ans (Tableaux 4 et 9). Les patients utilisent la CAT-CAM depuis au minimum six mois (Tableau 9). 173 Quelle que soit la forme de l'emboîture, le matériau le plus fréquemment retrouvé est le bois. Deux personnes ont changé de matériau lors du passage au fût CAT-CAM : l'une a reçu une emboîture en résine de synthèse, l'autre a bénéficié d'un matériau souple (ISNY® : en polyéthylène) (Tableau 9). IXI.1APPRECIATIONS GLOBALES DE L'EMBOITURE CAT-CAM IX.1.1. Temps d'adaptation du fût: Le temps d'adaptation du nouveau fût est variable : MS et JLS précisent qu'il a été immédiat après l'essai d'un seul fût, alors que FT et DL signalent qu'un an leur a été nécessaire pour s'adapter. Les trois autres patients ont eu besoin d'une à deux semaines pour obtenir un bon résultat avec l'emboîture CAT-CAM ; PAG n'a pas interrompu son activité professionnelle et les essais n'ont duré qu'une semaine. Le dernier patient, HF, a estimé le temps d'adaptation "rapide" (Tableau 9). Pour FT, DB et HF, deux fûts ont été indispensables à un ajustement satisfaisant (Tableau 9). On peut constater que le temps d'adaptation du fût CAT-CAM est, pour nos huit patients, moins long de deux semaines en moyenne que celui des patients, qui ont participé à l'étude de MAIERTENS et FRANCHIMONT (25). Les prothésistes, qui ont collaboré à l'étude, ne connaissaient pas les techniques de moulage du CAT-CAM : pour les trois premiers patients, ils ont donc testé différentes méthodes et également différents matériaux (ils ont finalement adopté le New Polyéthylène ® pour la fabrication de fûts souples). Cette période de mise au point a facilité la réalisation des emboîtures des quatre autres patients. 174 On peut également imputer à cette période de "tâtonnement" un plus grand nombre de fûts (trois en moyenne) pour atteindre un bon résultat, alors qu'il a suffi d'un fût et demi en moyenne pour nos patients. Il ne semble pas exister de relation entre la durée de l'appareillage par l'emboîture quadrilatérale et le temps d'adaptation du fût CAT-CAM : si FT, dont l'appareillage par l'emboîture quadrilatérale totalise 33 ans, a eu besoin d'un an pour s'adapter, MS, qui compte 36 ans de quadrilatérale, a ressenti un confort immédiat avec le CAT-CAM. De même, la longueur du moignon ne paraît pas avoir de retentissement direct sur le temps d'adaptation (Tableaux 4 et 9). Par ailleurs, le matériau utilisé pour la fabrication de l'emboîture CAT-CAM n'interfère pas de façon significative avec le temps d'adaptation ou l'adaptation elle-même. Sept de nos patients sont appareillés à l'aide d'un fût en bois : ils n'éprouvent pas plus de difficultés ou de douleurs que le groupe de patients recrutés par MAERTENS et FRANCHIMONT (25) et qui sont appareillés en matériau souple (New Polyéthylène ®). IX.1.2. Temps de mise en place : Les patients notent en général un temps de mise en place de l'emboîture CAT-CAM plus rapide que celui du fût quadrilatéral : l'amélioration est en moyenne d'une minute (Tableaux 6 et 10). 175 MAERTENS et FRANCHIMONT (25) constatent également un progrès du temps de mise en place lors du passage au fût CAT-CAM pour tous leurs patients. Cela mérite d'être souligné : un temps de mise en place rapide est un élément de confort, notamment pour les personnes plus âgées, qui peuvent vite se décourager lorsque plusieurs tentatives pour chausser l'emboîture sont nécessaires. Pour MAERTENS et FRANCHIMONT (25), cette rapidité et cette facilité sont principalement dues au fait que l'emplacement exact du moignon dans l'emboîture est réalisé d'une manière plus systématique avec l'emboîture CAT-CAM qu'avec le fût quadrilatéral. IX.1.3. Temps de port : Le temps de port de la prothèse CAT-CAM au cours de la journée est augmenté pour la plupart des amputés par rapport à celui de l'emboîture quadrilatérale. DB conserve le même temps de port qu'avec son ancienne prothèse, mais le moignon qu'elle décrivait "souvent blessé" avec l'emboîture quadrilatérale, présente un état "variable" avec le CAT -CAM, c'est-à-dire moins régulièrement pathologique. DL peut supporter sa prothèse une heure de plus, mais le moignon reste toujours inflammatoire. Pour les autres, l'état cutané du moignon est satisfaisant à l'ablation de la prothèse (Tableaux 6 et 10). Le temps de port est peut-être supérieur à celui des patients de MAERTENS et FRANCHIMONT (25), sans pouvoir l'affirmer catégoriquement, les auteurs ayant choisi de donner des 176 fourchettes plutôt qu'une estimation plus approchée. D'une façon générale, les patients équipés en CAT-CAM semblent moins souffrir de problèmes cutanés à l'ablation de la prothèse que lorsqu'ils étaient appareillés par le fût quadrilatéral. La grande précision du moulage de l'emboîture CAT-CAM n'y est certainement pas étrangère : elle contribue, pour une grande part, au respect des structures anatomiques du moignon (4, 5, 6, 17, 36, 38, 40,41). IX.1.4. Appréciation de la station debout et de la station assise : Sept des huit patients (un n'a pas donné de réponse) estiment que l'appareillage CAT-CAM procure une station debout confortable contre trois seulement lorsqu'ils étaient équipés de l'emboîture quadrilatérale. La station assise est pour six d'entre eux confortable. DL se plaint de sensations de pression (sans en avoir précisé le niveau) avec le fût CAT-CAM, alors que la station assise avec l'emboîture quadrilatérale lui paraissait confortable (Tableaux 7 et 12). Ces informations rejoignent les données de la littérature et corroborent les propos d'ANDREWS (2), d'HAAS (17), de KAPHINGST (21) et ceux de LEHNEIS (23) lorsqu'ils affirment que la tablette ischiatique, surface généralement horizontale dans les plans médio-latéral et antéro-postérieur, provoque une gêne lors de la station assise et qu'elle ne peut offrir un appui qu'à la seule tubérosité ischiatique, surface porteuse extrêmement réduite, occasionnant un point de pression non physiologique. La suppression de la tablette 177 ischiatique dans le système CAT-CAM réduit notablement les phénomènes douloureux. FT signalait d'ailleurs l'impossibilité de porter son poids sur la prothèse lorsqu'elle était équipée de l'emboîture quadrilatérale ; ce phénomène a disparu lors du passage au fût CAT-CAM (Tableaux 7 et 12). IX.1.5. Douleurs et problèmes cutanés : Les tableaux 7 et 12 donnent quelques indications sur les sensations de douleur et le retentissement cutané présentés par les patients selon le type d'appareillage. Il semble que l'emboîture quadrilatérale favorise davantage ce genre de troubles que l'emboîture CAT-CAM. Sur les six patients qui se plaignaient de douleurs du moignon avec le fût quadrilatéral, deux ont constaté leur entière disparition avec l'appareillage CAT-CAM (FT et JLS). PAG signalait des douleurs au niveau périnéal, ischiatique et distal. Il persiste encore quelques douleurs au niveau périnéal avec le CAT -CAM. AC souffrait de douleurs ischiatiques et périnéales avec l'emboîture quadrilatérale ; elle présente, depuis que sa prothèse est équipée du fût CAT-CAM, des douleurs plutôt distales qui ne semblent pas trop gêner sa marche (décrite comme étant moins pénible). Des douleurs ischiatiques et de la racine du moignon dont se plaignait DB, il ne subsiste, après le passage au CAT-CAM, que des douleurs ischiatiques. PAG, DL et DB présentent toujours quelques problèmes cutanés à type d'irritations, d'eczéma ou de blessures. AC, qui 178 développait des furoncles de l'aine, n'en souffre plus depuis l'appareillage en CAT-CAM. De même, FT, atteinte d'infections chroniques de l'aine et du périnée, voit ses troubles "disparaître gentiment". Ces deux cas cliniques sont en accord avec la publication de HAAS (17), qui fait mention de la régression des troubles cutanés de 17 patients sur 23 dès lors qu'ils ont été appareillés par le fût CAT -CAM. De même, MAERTENS et FRANCHIMONT (25) signalaient le cas de deux patients souffrant avec le fût quadrilatéral de plaies récidivantes, qui se sont corrigées après le passage au fût CAT-CAM. IX.2. CATCAM : APPRECIATION DE LA STABILITE DE L'EMBOITURE Les partisans de l'emboîture CAT-CAM insistent sur la stabilité que procure ce type de fût (2, 4, 5, 14, 15, 17, 21, 23, 25, 36, 38,40,41). Le verrouillage osseux (Bony Lock, comme le dénomme SABOLICH) est assuré par l'englobement de l'ischion àl'intérieur de l'emboîture où il est ménagé une logette en position dorso-médiale d'une part, et par le contre-appui latéral sous-trochantérien d'autre part. L'ischion est intégré dans le fût et non plus "assis" sur le fût, comme il pouvait l'être dans l'emboîture quadrilatérale. Ainsi positionné, il contribue, avec l'appui sous -trochantérien et la compression modérée des parties molles dans le sens médio-latéral 179 au maintien de l'adduction du fémur au cours des phases du cycle de marche, tout en laissant à la hanche une plus grande liberté de mouvements (2). Sur les huit patients, quatre (PAG, DL, MS, HF) présentaient des problèmes de stabilité avec l'emboîture quadrilatérale : PAG en piston, DL en rotation, les deux autres amputés n'ont apporté aucune précision. Le passage au CAT-CAM a permis une amélioration pour trois patients : MS estime la stabilité excellente, DL et HF plutôt bonne. PAG éprouve toutefois quelques difficultés en raison d'une instabilité en rotation (il s'agit aussi du seul patient àchausser sa prothèse en position assise) (Tableaux 7 et 12). IX.3. APPRECIATION DE LA MARCHE AVEC LE CAT-CAM : Seule MS a besoin d'une aide à la marche (canne). La marche avec l'emboîture quadrilatérale était, pour sept des huit patients, lente, pénible, accompagnée d'une boiterie. DL décrivait une marche plutôt rapide et régulière. Le fût CAT-CAM autorise une démarche plus fluide et moins pénible ; néanmoins, FT, DB, MS et HF signalent une boiterie toujours présente (Tableaux 8 et 12). Le temps de marche quotidien, exprimé en heure, est augmenté pour DL, AC et JLS d'au minimum une heure (HF n'a pas répondu). Les autres patients conservent le temps de marche qu'ils avaient initialement avec l'emboîture quadrilatérale (Tableaux 8 et 12). 180 Il existe pour cinq patients (PAG, DB, MS, AS, JLS) un réel progrès du périmètre de marche (deux personnes n'ont pas répondu ou l'ont fait de façon incomplète). Cette augmentation est en moyenne de 700 mètres avec des extrêmes de 200 à 2 000 mètres. DL n'a pas remarqué pouvoir marcher plus loin avec son emboîture CAT-CAM qu'elle ne le faisait avec l'emboîture quadrilatérale (Tableaux 8 et 12). Ces résultats paraissent cohérents avec ceux de FLANDRY (14), de GAILEY (15) et de MAERTENS et FRANCHIMONT (25) et tendent à confirmer la supériorité du fût CAT-CAM sur l'emboîture quadrilatérale en matière d'économie d'énergie et d'autonomie de marche. Indépendamment des mécanismes d'articulation prothétique (dont certains sont très perfectionnés et "intelligents"), le type d'emboîture a un retentissement direct sur la qualité de la marche. La biomécanique du fût CAT-CAM se rapproche étonnamment du modèle physiologique (2, 21). La configuration de l'emboîture permet l'action de deux forces dirigées en oblique sur le centre de l'articulation de la hanche. La résultante de ces forces assure la transmission des charges dans le sens vertical, en partant de la hanche (21). Le fémur est maintenu en adduction par l'englobement de l'ischion et l'appui sous-trochantérien. Le déplacement latéral du bassin et les mouvements relatifs d'abduction du fémur sont donc limités (2, 21, 35). Les muscles fessiers retrouvent leur efficacité et stabilisent le bassin au cours de l'appui monopodal (2, 17, 21, 25). Ces actions conjointes permettent au centre de gravité de suivre une ligne, qui se rapproche de la ligne de progression physiologique. 181 IX.4. LE CAT-CAM AU QUOTIDIEN : L'emboîture ne semble pas avoir amélioré le quotidien de deux personnes (HS et DL) par rapport à leur ancien appareillage. Pour les autres, la marche leur paraît plus confortable car moins douloureuse (FT, AC, JLS, MS et DB). FT précise que la station debout est avec le CAT-CAM plus agréable (Tableau 13). Les avantages retirés du fût CAT-CAM pour la vie quotidienne se retrouvent également dans la vie professionnelle. Cinq amputés sur les six qui ont répondu (PAG, FT, DB, MS, AC) estiment que le fût CAT-CAM leur apporte un agrément dans leur travail à plus d'un titre : il permet une marche plus rapide, avec moins de fatigue, une position assise et une station debout plus confortables. DL ne retire cependant aucun avantage, sans fournir de détail (Tableau 13). A l'heure où la société privilégie les loisirs ou les activités sportives, il est réconfortant de considérer que l'amputation ne constitue pas un obstacle rédhibitoire à la pratique d'un sport. La plupart de nos patients ont conservé une ou plusieurs activités sportives après l'amputation. Seul, PAG a cessé de pratiquer un sport, ayant d'autres centres d'intérêt. L'appareillage CAT-CAM a permis à quatre patients (DB, MS, AC, JLS) de faire davantage de sport (JLS et AC signalent notamment la possibilité de marcher plus longtemps) (Tableau 13). 182 MAERTENS et FRANCHIMONT (25) ont eu l'occasion de rencontrer aux Etats-Unis plusieurs jeunes sportifs présentant une amputation de cuisse. Ils étaient unanimes pour considérer que ce type d'emboîture avait entraîné une très nette amélioration de leurs possiblités de déplacement et de contrôle de la prothèse. La caractéristique la plus importante est la possibilité de courir en n'ayant plus à craindre à chaque pas le choc de la tubérosité ischiatique sur la tablette. IX.5. EN RESUME : Le bilan de l'appareillage par l'emboîture CAT -CAM se révèle dans l'ensemble positif pour nos huit patients. Les tableaux 14 à 21 reprennent les appréciations de chacun concernant le CAT-CAM par rapport à l'emboîture quadrilatérale. 183 Ta bleau 14 (PAG) Tableau 15 (FT) Tableau 16 (DL) Tableau 17 (DB) 184 185 Tableau 18 (MS) Tableau 19 (AC) Tableau 20 (JLS) Tableau 21 (HF) 186 187 Conclusion 188 189 X. CONCLUSION: A l'issue de cette revue de littérature et de l'analyse de nos observations, nous voudrions souligner les points suivants. - Le CAT-CAM est un concept. La nature du matériau (bois, matériau souple, résine) n'entre pas en ligne de compte. - La biomécanique de l'emboîture CAT-CAM se rapproche davantage du modèle physiologique que celle du fût quadrilatéral (2, 5, 21). L'articulation de la hanche semble pouvoir reprendre son rôle de point de transmission des charges, l'ischion étant englobé dans l'emboîture et non plus soutenu par l'emboîture. De plus, elle retrouve une certaine liberté de mouvements, notamment la rotation, l'anté- et la rétroversion, le déplacement latéral, grâce à la suppression de l'appui ischiatique (2). L'enveloppement de l'ischion, l'appui sous-trochantérien ainsi que l'aplatissement des parties molles dans le sens transversal assurent le maintien de l'adduction du fémur au cours des phases du cycle de marche. Ce verrouillage permet une meilleure répartition des forces s'exerçant sur le moignon, lesquelles, en évitant toute action excessive, contrôlent la stabilisation du bassin du côté de la prothèse durant la phase statique (21). 190 Sur le plan dynamique, l'emboîture CAT-CAM est efficace pour au moins deux raisons : le fémur est maintenu en adduction durant la marche ; cette adduction met en tension le moyen fessier, celui-ci peut alors jouer son rôle de stabilisateur du bassin lors de l'appui monopodal (2, 17, 25, 38). - La bioénergétique découle des résultats de la biomécanique. De ce fait, la consommation d'énergie est bien moindre avec le fût CATCAM qu'elle ne l'est avec l'emboîture quadrilatérale. GAILEY (15) constate une diminution de la consommation d'énergie de 20 % chez les patients appareillés en CAT-CAM ; argument qui peut paraître primordial lorsque l'on sait que la cause la plus fréquente d'amputation est l'artérite, laquelle existe généralement dans un contexte d'altération de l'état clinique. - Selon HAAS (17), la prescription du fût CAT-CAM comme premier appareillage évite l'atrophie musculaire, en particulier au niveau des abducteurs, que l'on retrouve fréquemment avec l'emboîture quadrilatérale. Dès le début de sa rééducation, le patient amputé a la possibilité de contracter de façon efficace les muscles stabilisateurs du bassin : la marche prothétique n'en sera que meilleure. De plus, le fût CAT-CAM, de par sa forme ovale longitudinale qui respecte les parties molles et la pompe musculaire, n'entrave pas l'écoulement du sang veineux et la microcirculation : l'emboîture CATCAM agit donc activement contre l'oedème (17). - Néanmoins, les qualités indéniables du fût CAT-CAM ne doivent pas faire ignorer la grande complexité de réalisation de ce type d'emboîture, à laquelle sont confrontés les techniciens-prothésistes (5, 191 17, 36, 40, 41). Le fût CAT-CAM ne souffre pas la médiocrité : il est tout juste ou tout faux. La rigueur, la précision et le contrôle de chaque étape de fabrication sont des éléments indispensables pour obtenir le résultat CAT-CAM. - Par ailleurs, HAAS (17) souligne que des exigences tout aussi importantes sont adressées aux patients eux-mêmes : s'ils ne sont pas suffisamment intéressés et s'ils n'exploitent pas la possibilité de revoir leur prothésiste pour une bonne adaptation de leur emboîture, la tentative d'un appareillage optimal est vouée à l'échec. Le manque de motivation poursuivre une rééducation aussi poussée que possible a les mêmes conséquences. - Dans notre pays, l'équipe de médecine de réadaptation et l'amputé se heurtent à l'écueil du non-remboursement de l'emboîture CAT-CAM, lequel peut être responsable en partie du peu de diffusion de ce système. L'emboîture CAT-CAM possède de réelles qualités et apporte une amélioration dans tous les domaines de la réadaptation fonctionnelle. A l'heure où la qualité de vie est un des fils conducteurs de notre médecine, nous pourrions citer HAAS (17) lorsqu'il affirme que le fût CAT-CAM n'est pas un phénomène de mode, mais une exigence anatomique. 192 Annexe1 193 194 APPAREILLAGE CAT-CAM, UNE MEILLEURE QUALITE DE VIE? QUESTIONNAIRE Anonyme, au seul but d'un travail de thèse . Amputation de cuisse, toutes causes confondues, exceptées vasculaires. Patients adultes actifs. 195 196 197 198 199 200 201 202 203 204 205 Bibliographie 206 207 1. ABOIRON H Emboîture quadrangulaire ou emboîture CAT-CAM. Kinésithér Sci 1989, (284) : 43-47. 2. ANDREWS JT A propos de la CAT-CAM. In : BONNEL F, BARRAULT JJ, BLOTMAN F Eds. Appareillage des membres inférieurs. Paris : Springer Verlag, 1989 : 162-170. 3. BARDOT A, HINDERMEYER J Amputations congénitales. In : GROSSIORD A, HELD JP Eds. Médecine de Rééducation. Paris : Flammarion, 1981 : 588-605. 4. BOTTA P CAT-CAM Schäfte bel alten Menschen. In : Alpenländisch-adriatisches Symposium. 8. 1994. 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LES TRAUMATISMES III.2. LES TUMEURS MALIGNES III.2.1. Les sarcomes des tissus mous III.2.2. Les tumeurs malignes touchant le squelette III.3. LES AMPUTATIONS CONGENITALES III.3.1. Généralités III.3.2. Classification III.3.3. Aplasies à squelette discontinu a. Les aplasies fémorales b. Les aplasies tibiales III.3.4. Phocomélie III.3.5. Amputations congénitales III.3.6. En résumé III.4. LES AUTRES CAUSES 1 5 7 10 10 10 15 22 22 22 24 27 30 33 33 34 36 36 37 40 40 42 42 43 44 44 220 IV. UNE CHIRURGIE POUR UN MEILLEUR APPAREILLAGE 46 IV.1. NIVEAUX D'AMPUTATION ET QUALITE DE VIE 47 IV.2. LES TECHNIQUES CHIRURGICALES 51 IV.2.1. Le moignon classique 51 IV.2.2. Le moignon d'ostéomyoplastie 51 IV.2.3. Le moignon ouvert de cuisse 53 IV.3. LES ETATS PATHOLOGIQUES DU MOIGNON 56 IV.3.1. Les moignons défectueux 56 IV.3.2. Les moignons douloureux 57 IV.3.3. Les solutions 58 V. LA MARCHE HUMAINE, UNE ACQUISITION INESTIMABLE 61 V.1. LA MARCHE PHYSIOLOGIQUE 63 V.1.1. Les conséquences anatomiques de la bipédie 64 V.1.2. Description 66 V.1.2.1. Les paramètres de la marche 65 V.1.2.2. Le cycle de marche 67 a. La phase d'appui 67 b. La phase oscillante 69 V.1.3. Les effets des mécanismes du cycle de marche sur le centre de gravité 74 V.2. LA-MARCHE DE L'AMPUTE DE CUISSE 82 V.2.1. Déroulement de l'examen d'un patient présentant une marche pathologique 83 V.2.2. Le cycle de marche d'un amputé de cuisse appareillé (avec une emboîture quadrilatérale) 84 V.2.2.1. L'attaque du talon au sol 84 V.2.2.2. Le pied à plat sur le sol 85 V.2.2.3. Décollement du talon, puis des orteils 85 V.2.2.4. La phase oscillante 85 V.2.3. Les principaux défauts de marche chez l'amputé de cuisse 86 VI. AMPUTATION DE CUISSE CHEZ L'ADULTE JEUNE QUELLE EMBOITURE PROPOSER ? 89 VI.1. L'EMBOITURE QUADRILATERALE UNE LONGUE EXPERIENCE 92 221 VI.1.1. Description 92 VI.1.1.1. La tablette ischiatique 92 VI.1.1.2. Le bord antérieur 95 VI.1.1.3. Le bord interne 95 VI.1.1.4. Le bord externe 96 VI.1.1.5. Le corps du fût 96 VI.1.2. Techniques de moulage 97 Vi.1.3. Alignement de la prothèse dont l'emboîture est quadrilatérale 99 VI.1.3.1. Alignement statique 99 VI.1.3.2. Alignement dynamique 102 VI.2. LA PROTHESE FEMORALE DE FORME ET D'ALIGNEMENT NATURELS : NSNA 103 VI.2.1. De la réflexion 100 VI.2.2. A la pratique 103 VI.3. LE-FUT CAT-CAM 107 VI.3.1. Les prémices d'une évolution 107 VI.3.2. Description du fût CAT-CAM 107 VI.3.3. Techniques de moulage du fût CAT-CAM 118 VI.3.3.1. "Isolement" du moignon 118 VI.3.3.2. Les repères et les mesures 118 VI.3.3.3. Préparation des bandes plâtrées 120 VI.3.3.4. Les trois phases d'enlèvement du modèle CAT-CAM 120 VI.3.4. Alignement de la prothèse CAT-CAM 124 VII. L'INFLUENCE DE L'APPAIREILLAGE SUR LA READAPTATION FONCTIONNELLE 125 VII.1. BIOMECANIQUE 127 VII.1.1. Généralités 127 VII.1.2. Application au fût quadrilatéral 131 VII.1.3. L'emboîture CAT-CAM : ce qui change avec elle 136 VII.2. BIOENERGETIQUE DE LA MARCHE 141 VII.2.1. Généralités 141 VII.2.2. Dépenses énergétiques durant la marche quadrilatérale-CAT-CAM : un face à face décisif 143 VII.3. EN. RESUME 146 VII.4. APPAREILLAGE ET QUALITE DE VIE 148 222 VIII.,DONNEES PERSONNELLES 153 VIII.1. PROFIL SOCIO-PROFESSIONNEL 156 VIII.2. DONNEES CLINIQUES 158 VIII.3. EXPERIENCE EN QUADRILATERALE 160 VIII.4. PASSAGE EN CAT-CAM 163 VIII.5. LE CAT-CAM AU QUOTIDIEN 167 IX. ANALYSE DE NOS OBSERVATIONS ET CONFRONTATION AUX DONNEES DE LA LITTERATURE 169 IX.1. APPRECIATIONS GLOBALES DE L'EMBOITUR CAT-CAM 173 IX.1.1. Temps d'adaptation du fût 173 IX.1.2. Temps de mise en place 174 IX.1.3. Temps de port 175 IX.1.4. Appréciation de la station debout et de la station assise 176 IX.1.5. Douleurs et problèmes cutanés 177 IX.2. APPRECIATION DE LA STABILITE DE L'EMBOITURE CAT-CAM 178 IX.3. APPRECIATION DE LA MARCHE AVEC LE CAT-CAM 179 IX.4. LE CAT-CAM AU QUOTIDIEN 181 IX.5. EN RESUME 182 X. CONCLUSION 187 ANNEXE 193 BIBLIOGRAPHIE 205 TABLE DES MATIERES 217