Usinage cinq axes
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Usinage cinq axes
MACHINES-OUTILS Usinage cinq axes : ses verrous technologiques Une journée technique tenue en novembre dernier a marqué une étape importante dans le développement des deux pôles de compétences récemment créés à l’ENSAM de Cluny dans le domaine de l’usinage. Cet article attire l’attention sur les travaux qu’ils mènent en donnant quelques exemples concrets précieux pour de futurs usineurs en cinq axes. - Cette vue d’écran stylise ce que la programmation, en exploitant des logiciels appropriés, comme le cas a été largement démontré lors de la journée technique tenue à l’E NSAM de Cluny en novembre dernier, apporte en matière de simplification et de fiabilité avec une visualisation claire du positionnement de l’outil selon les détails à usiner. Cet article a été rédigé d’après un rapport de: Bertrand Coulon, Gérard Poulachon Michel Dessoly Jean-Philippe Costes tous Responsables d’équipes à l’E NSAM de Cluny Le premier consortium créé par l’E NSAM de Cluny il y a trois ans, le COMOP, a été mis en place pour permettre de traiter des problèmes globaux venant de l’industrie et principalement relatifs aux problèmatiques de coupe. Ce groupement est constitué d’universitaires et d’industriels apportant chacun des compétences spécifiques. Ce sont, respectivement, le Centre Technique de l’Horlogerie (CETEHOR ), Bagur Consulting, Tivoly, Total et l’ENSAM . La complémentarité de chacun de ces partenaires permet de traiter des sujets d’envergure pouvant prendre en compte des problèmes de lubrification, d’outils de coupe, de micro-usinage et de mesures des grandeurs de la coupe tels que efforts, puissance, vibration, température, etc. Plus récemment, et sous l’impulsion de l’industriel local AMG , un second consortium dénommé MAXIMA (pour Multi AXIs MAchining) a vu le jour. Lancé plus officiellement lors de cette journée technique, il réunit plusieurs compétences complémentaires dans le domaine de l’usinage cinq axes continus pour lequel les industriels montrent un intérêt croissant aujourd’hui. Actuellement MAXIMA est composé d’universitaires avec IFMA et ENSAM, ainsi que d’industriels avec OPENMIND, éditeur de FAO , et AMG Atelier de Mécanique Gasne, plus un partenaire machine-outil qui est attendu. Le contrôle des pièces cinq axes sera également pris en compte pour couvrir l’intégralité de la chaîne cinq axes. La journée technique organisée en novembre dernier a, ainsi, permis de se faire rencontrer les spécialistes des mondes industriel et académique dans le domaine complexe de l’usinage cinq axes continus. Conférences et débats sur la technologie usinage cinq axes Tout le long de cette journée des conférences et des démonstrations se sont alternées. Les conférences au nombre de six étaient: 1)“De la modélisation à l’usinage cinq axes d’un impeller” par Gérard Poulachon de l’ENSAM de Cluny, 2)“F AO et cinq axes: Pourquoi! Comment! Avantages et inconvénients” par Eric Rougemont d'Openmind, 3)“L’usinage cinq axes de la théorie à la pratique: les dernières avancées des commandes numériques” par JeanPierre Le Faucheux de S IEMENS, 4)Passage du 24 - Décembre 2004 - TRAMETAL trois au cinq axes, avantages et difficultés attendues” par Emmanuel Duc de l’IFMA, 5)“Conception et évaluation des machines-outils. Application aux structures cinq axes” par André Greffioz d’E LPS, 6)“Problématique de l’usinage des veines hydrauliques – Division Moteurs fusées” par Christian Geffroy de la S NECMA Moteurs Vernont. L’ensemble de ces présentations a suscité des débats de spécialistes passionnés et a montré aux industriels soucieux de mettre en application cette technologie les démarches à suivre. Effectivement, investir dans la chaîne cinq axes nécessite de nombreuses compétences afin d’en maîtriser tous les maillons. Maîtrise de l’usinage cinq axes Le premier maillon des compétences pour maîtrise l’usinage cinq axes est relatif au choix du logiciel de CAO et, surtout, à la façon de modéliser les pièces afin qu’elles puissent être usinées correctement par la suite. Les conférences ont très bien fait ressortir ce point de vue. Le second maillon concerne le logiciel de FAO qui sera utilisé et sa technicité, telle que la gestion des collisions, les trajectoires spécifiques telles que trochoïdale, trèflage… ou les interférences. Ensuite, dans la chaîne arrive le post-processeur destiné à traduire le langage APT en langage ISO compréhensible par la machine. Le choix de la machine-outil est aussi une décision difficile à prendre et dépend notamment des types de pièces qui seront usinés. De nombreuses configurations existent et il n’est pas toujours aisé de faire son choix. Dans ce cadre, le consortium MAXIMA réalisera un important travail devant permettre de définir spécifiquement le cahier des charges d’une machineoutil cinq axes répondant à une problématique d’usinage de pièce. Le choix de la commande numérique va de pair avec celui de la machine. M. Le Faucheux, de Siemens, l’a bien démontré durant sa présentation, l’idée actuelle étant de transférer le maximum de compétences de la FAO vers le directeur de commande. On n’oubliera pas, non plus, que la coupe est un maillon très important de la chaîne cinq axes. Une thèse est actuellement en cours au MACHINES-OUTILS sein de ce laboratoire pour étudier les problèmes de vibrations de fan (ailette en titane) monté sur les moteurs d'avion pour SNECMA . Et, finalement, le dernier maillon est celui du contrôle où les machines de mesure tridimensionnelle doivent être adaptées en couvrant aussi cinq axes pour le contrôle final de ces pièces complexes. Il existe, également, d’autres moyens modernes pour le contrôle de pièces usinées en cinq axes continus comme la photogrammétrie et le contrôle optique ou laser. L’ingénierie inverse qui permet de recomposer une CAO à partir d’une pièce existante est aussi une application cinq axes pouvant débuter à partir de la machine à mesurer. Le contrôle est nécessaire en amont pour obtenir des données d’entrées à fournir à la même chaîne. Démonstrations pratiques En parallèle des démonstrations de qualité ont été préparées afin de montrer les capacités et les possibilités de l’usinage en cinq axes simultanés. L’équipe du laboratoire d’usinage de l’ENSAM de Cluny avait demandé à des constructeurs de mettre à disposition leur machine afin de montrer leur savoir-faire. ✔ Ainsi, la société Mazak a-t-elle fait la démonstration de l’usinage d’un corps de fraise sur un centre de tournage Integrex, ce qui a pu mettre en évidence les possibilités illimitées des machines multifonctions, permettant des réductions considérables de temps de cycle pour l'usinage dans la masse de pièces. Tournage, fraisage, contournage par l'axe C, usinage excentré par l'axe Y, fraisage des surfaces angulaires par l'axe B, rectification, etc. sont autant de possibilités disponibles sur ces machines-outils multi-tâches. ✔ La présence d’ Openmind a permis d’expliquer l’intérêt des solutions cinq axes en FAO , les méthodes disponibles et les conséquences sur les moyens de production et les produits finis. Pour illustrer cela Openmind a participé à la programmation des démonstrations sur machines-outils (fig. de tête) dont on retiendra, dans le cadre de cet article, trois exemples. ✔ L’usinage d’une prothèse médicale avec recherche de vitesse d’une coupe constante tout en satisfaisant les contraintes dynamiques de la machine outil a fait l’objet d’une démonstration sur un centre d’usinage WilleFig. 2 - Visualisation de la préparation de l’usinage en cinq axes d’une empreinte de pneumatique réalisée par Openmind (voir aussi les détails sur les figures 3 et 4). 26 - Décembre 2004 - TRA METAL MACHINES-OUTILS Fig. 3 et 4 - Détails agrandis de la visualisation de l’usinage de l’empreinte d’un pneumatique illustrée figure 2. min-Macodel. Le niveau de qualité exigé oblige de calculer les trajectoires outils sur la mathématique même des surfaces par des stratégies d’usinage de type ISO-paramétrique. Mais, les variations de courbures excluent de calculer les directions outils directement à partir de la normale aux surfaces. La méthode proposée a permis de satisfaire les contraintes de précision géométriques et d’aspect de la pièce en maîtrisant la cinématique de la machine. ✔ Un outillage représentant une empreinte de pneumatique peut s’avérer particulièrement complexe et fastidieux en temps de préparation. Sur un centre d’usinage HSM400U, Mikron a démontré que l’usinage en cinq axes simultanés réduit notoirement le nombre d’opérations et les reprises en positionnements multiples. Incliner dynamiquement l’outil en fonction de l’analyse des collisions (fig. 2, 3 et 4) permet d’optimiser les moyens de fabrication et de diminuer dans de très grandes proportions les temps de programmation. ✔ Une application spéciale pour l’usinage de veine hydraulique où, sans une solution cinq axes simultanés il n’est pas envisageable de traiter la pièce par enlèvement de matière a fait l’objet d’une présentation très intéressante sur une machine Alcera-Gambin 120CR. La pièce en question (fig. 5 et 6) se monte sur le moteur Vulcain de la fusée Ariane (Snecma). ✔ En horlogerie-bijouterie, Avec le CETEHOR on a pu comprendre combien l’usinage cinq axes se révèle être d’un grand intérêt dans la réalisation de prototypes et/ou de petites séries. La méthode habituelle d’obtention des pièces par le proFig. 5/6 - Exemple d’usinage cinq axes simultanés d’une veine hydraulique pour la pièce ci-dessus. TRA METAL - Décembre 2004 - 27 Des exposants outils coupants ont également participé à cette journée afin de proposer des outils spécifiques utilisés dans cette technologie cinq axes. Etaient ainsi présents Sandvik, Prototyp et Technicarbure. La société Erowa, de son côté, a présenté ses systèmes de mise en position de précision. La société Actarus, quant à elle, a présenté des moyens de mesure de température en tournage et aussi en fraisage. Afin de montrer les compétences de ces pôles et, notamment, celles du laboratoire d’usinage de l’E NSAM Cluny, les équipes organisent régulièrement de telles journées techniques afin de démontrer leur potentiel dans le domaine de la coupe des métaux et de l’usinage complexe qui sont deux points de vue très différents. On peut très bien savoir faire de la coupe mais ne pas savoir usiner! Et, le contraire est aussi vrai. Quelques éléments sur l’ENSAM de Cluny Le Laboratoire d’usinage de l’ENSAM/S ERAM de Cluny a pour vocation d’assurer trois missions importantes dans le domaine de la fabrication mécanique par enlève-ment de matière, 1)Enseignement auprès des élèves ingénieurs, 2)Recherche appliquée sur la coupe des métaux, 3)Transfert de technologie auprès des industriels. Ces trois missions sont Doc. CETEHOR En bas, de gauche à droite: Fig. 10 - Aspect du produit fini. Fig. 11 - Vue de la bague usinée. Fig. 12 Logements pour les brillants. 28 - Décembre 2004 - TRA METAL Doc. CETEHOR Doc. CETEHOR assurées par une équipe de quinze personnes. Au niveau recherche, actuellement cinq doctorants sont en cours de travaux avec des partenaires industriels reconnus sur des thématiques très pointues telles que 1)Taraudage par déformation (P SA-Prototyp), 2)Modélisation des efforts de coupe en fraisage sur géométrie complexe (C EA-Prototyp), 3)Comportement vibratoire d’un aubage en usinage cinq axes (SNECMA ), 4)Usinage à sec d'un châssis de Bulldozer (C ATERPILLAR), 5)Impact des vibrations lors du tournage de superfinition (C EA-C IRTES). Les sujets de recherche traités doivent déboucher sur des applications qui seront industrialisées dans le but d’accroître les taux de productivité, de diminuer les coûts de fabrication et de tenir compte des impacts sur l’environnement. Le transfert de ces travaux de recherche vers le monde industriel s’effectue grâce à deux cellules de transfert de technologie dirigées par Bertrand Coulon. C’est une équipe de trois ingénieurs dont le rôle est de traiter les problèmes industriels liés à la coupe des métaux. Une des grandes spécialités du laboratoire concerne la mise en œuvre des matériaux à usinabilité difficile tels que les alliages réfractaires à base titane ( TA6V, Ti17), base cobalt, base nickel (Inconel 718, Haynes 230, Nimonic, Incoloy, Whaspalloy) ou bien les aciers prétraités et traités. En conclusion Cette journée a permis de regrouper cent soixante personnes dont soixante-dix pour cent d’industriels. Pour l’équipe d’usinage, la recherche universitaire dans le domaine de la fabrication mécanique va de pair avec le développement et l’application industrielle. Les deux secteurs devant œuvrer ensemble. Les échanges fructueux établis lors de cette journée ont déjà eu des répercussions et de nouveaux projets sont sur le point d’être débutés. ❑ ( www.trametal.com Code: YYT62) Doc. CETEHOR cédé de fusion à cire perdue est long et requiert un savoir-faire important. L’usinage en cinq axes à partir de barre ou de tube (fig. 7) est donc une autre alternative amenant un certain nombre d’avantages supplémentaires comme la précision, la rigueur du projet ou la répétitivité du produit (fig. 8). De même, les préparations avancées pour le sertissage, qui nécessitent par une fabrication conventionnelle de longues interventions manuelles, sont fortement optimisées grâce à l’usinage cinq axes (fig. 9) qui garantit des logements et des griffes de grande qualité dimensionnelle permettant un clipsage et un ajustage des brillants et pierres précieuses améliorés et réguliers (fig. 10). La démonstration de l’usinage d’une bague (fig. 11) sur un centre d’usinage W408B de la société Willemin Macodel est donc une solution intéressante et d’avenir pour la profession. Doc. CETEHOR Doc. CETEHOR MACHINES-OUTILS De gauche à droite: Fig. 7 - Usinage dans la barre (ou tube). Fig 8 - Finition de la forme. Fig. 9 - Usinage des préparations de sertissage.