Saint Benoît de Nursie

Transcription

Saint Benoît de Nursie
Saint Benoît de Nursie
Fête le 11 juillet
Naissance vers 480 — Norcia (Nursie), Italie
Mort 543 — Monte Cassino (Mont Cassin)
Patriarche des moines d’Occident
Patron principal de l’Europe
La vie de saint Benoît : histoire et légendes
La vie de celui qui est nommé en latin Benedictus Cassinensis, en Italien Benedetto
da Norcia, en espagnol Benito, Benedict en anglais, Benedikt en allemand et Benoît en
français, est aussi historique que légendaire, comme beaucoup de saints, par ailleurs.
Les sources de la biographie
Les principaux renseignements sur la vie de ce saint se trouvent dans le chapitre II
des Dialogues attribués à Grégoire le Grand (540 — 604), mais qui sont rédigés en un
latin beaucoup plus incorrect que celui des autres écrits de ce pape. C’est pourquoi on a
parfois remis en cause la paternité grégorienne de ce texte. Il semble qu’aujourd’hui un
consensus se fasse pour lui en garder pourtant l’authenticité.
C’est d’après les paroles de quatre disciples de Benoît que l’auteur prétend avoir
transcrit ces récits, où les miracles abondent : Constantinus, qui a succédé à Benoît
comme abbé de Monte-Cassino (Mont-Cassin), Simplicius, et Honoratus, qui était l’abbé
de Subiaco ainsi que Valentianus qui était abbé du monastrère du Latran quand saint
Grégoire a écrit ses Dialogues 1. La Légende dorée de Jacques de Voragine (XIIIème
siècle) rapportera les multiples miracles accomplis par Benoît.
La famille de Benoît
Surnommé le Patriarche des moines d’Occident, Benoît est né vers 480 à Nursie
(Norcia, près de Spoleto), ville épiscopale d’Ombrie. Pays sabin où se conservaient les
antiques vertus romaines. Le pays a donné à l’empire des hommes comme Sertorius, le
brave et malheureux champion de la liberté en Espagne, et Vespasien, l’un des plus
grands empereurs de Rome. Avec l’arrivée du Christianisme, Nurcie va équilibrer
harmonieusement la culture antique et l’esprit chrétien.
Les parents de Benoît étaient de haute condition, Grégoire laisse entendre que la
famille est de rang sénatorial ou équestre. Il naît donc dans une famille noble qui,
enracinée dans le sol natal, est à même de mieux exprimer les qualités propres de sa
race. Mais les Dialogues n’indiquent pas leurs noms : d’après une légende postérieure,
son père se serait appelé Emporius (emporium était le port fluvial de Rome au pied de
l’Aventin) et sa mère Abundantia, vocables qui semblent être des symboles d’opulence.
Ils mentionnent aussi l’existence de Scholastique, une sœur de Benoît, ainsi que la
nourrice de ce dernier. On montre encore aujourd’hui à Norcia les vestiges de leur palais
et dans ces ruines un endroit dont on a fait un sanctuaire, parce que le saint y serait né.
1
GRÉGOIRE LE GRAND, Dialogues, II, Prologue. 2, S.C. n° 260, p. 129.
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Des années d’enfance de Benoît, nous ne savons rien. Sans doute furent-elles
vouées à de solides études. Les écoles, telles que l’antiquité les avaient organisées
étaient encore en pleine activité et nous pouvons penser que Benoît fit à Nurcie ses
études élémentaires et s’y forma à l’art des grammairiens.
Séjour à Rome
Il fut envoyé à Rome, vers l’âge de dix-sept ans pour y poursuivre les études
supérieures de rhétorique. La Ville éternelle n’a pas perdu toute sa splendeur. Cassiodore
2
peut encore écrire à cette époque :
Les anciens ont compté sept merveilles du monde. Elles sont toutes dépassées par la
vision étonnante qu’offre à elle cette ville. En vérité on peut dire que Rome tout
entière est une merveille.
Cette magie ne laissera pas insensible le jeune Nurcien, même si la situation
politique était loin de correspondre à la situation esthétique. Déjà l’empereur siégeait à
Constantinople et c’est un Goth qui dominait l’Italie.
Sur le plan chrétien, la basilique Saint-Pierre était déjà le centre de la chrétienté.
Vers 430, Prosper d’Aquitaine chantait :
Rome, siège de Pierre, devenue par la dignité pastorale tête du monde ; ce qu’elle n’a
pas acquis par les armes, elle le possède par la religion.
Pour autant, il ne faut pas nous y tromper : les querelles entre Constantinople et
Rome ont des répercussions sur le plan ecclésial : l’anti-pape Laurent soutenu par
l’empereur, s’oppose au pape Symmaque, légitimement élu, soutenu par le roi arien
Théodoric le Grand.
Une Ville déchirée
Ce ne fut donc pas sous un aspect idéal que la vie de l’Église de Rome apparaît à
Benoît lorsque vers 497-500, il y entreprend ses études supérieures. Aujourd’hui encore,
la petite chapelle Saint-Benoît in Piscinula garde le souvenir de ses années d’études. Elle
deviendra le cœur du monastère du Transtévère que Benoît y fondera plus tard.
Mais les désordres de ses compagnons d’étude le scandalisèrent et l’effrayèrent. Il
quittera la ville éternelle sans avoir complètement terminé ses études.
Le séjour à Enfide
Il part donc par la route de Tivoli vers 500 (il a donc environ vingt ans), et s’enfuit
avec sa nourrice à quarante milles à l’est de Rome, en Sabine, dans une ville des
montagnes Simbrucini, Enfide (aujourd’hui Affile). Il y habite dans une maison proche de
l’église, avec d’autres « personnes honorables » et la maison était tenue par sa nourrice.
Il ne faut pas extrapoler et voir dans cette résidence un monastère. On pourrait plutôt
penser à ce qui deviendra – bien plus tard – une école épiscopale, ou un séminaire. Là,
se serait produit son premier miracle rapporté : sa nourrice ayant brisé accidentellement
un tamis de blé en faïence (capisterium), Benoît ayant invoqué le Seigneur dans une
2
Cassiodore (en latin Magnus Aurelius Cassiodorus Senator) est un homme politique et écrivain
latin, fondateur du Monastère du Vivarium, né vers 485 à Spuilace, dans l'actuelle Province de
Catanzano en Calabre et mort vers 580.
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prière insistante, reconstitua parfaitement l’objet. La ville retentit bien vite de ce
miracle ; le crible fut pendu à la porte de l’église ; rappelant ainsi à tous la force de la
prière
Le séjour à Subiaco
Fuyant cette fois une notoriété soudaine, mais néanmoins indésirable, il se confina
en une solitude sauvage, dans le voisinage de Subiaco (Sublaqueum), à deux milles
seulement d’Enfide, dans la vallée de l’Arno, vivant dans une caverne et visité seulement
de temps en temps par un pieux ermite, Romanus, qui lui faisait descendre du pain dans
un panier et l’en avertissait par un tintement de cloche, que le diable aurait fini par
briser. Peut-être est-ce Romanus qui lui donna l’habit monastique, la melote de peau,
telle que la portaient les moines d’Égypte 3 ? L’habit était le signe extérieur de la volonté
de conversion. Le pas décisif était donc fait. Il restera environ trois ans dans cette grotte.
La caverne sanctifiée par Benoît fut appelée plus tard il sagro speco. La vertu du
jeune anachorète y subit de rudes assauts. Comme tant d’autres, il avait retrouvé dans
l’isolement, avec une intensité hallucinante, les tentations auxquelles il avait aspiré à
échapper en fuyant le monde : non seulement les attaques grossières de Satan en
personne, mais l’image plus croustillante d’une séduisante Romaine, dont la vision le
poursuivait et sans cesse le rappelait à Rome. Plus d’une fois il fut près de défaillir ; mais
quand il se sentait succomber, il se déchirait le corps sur les ronces et les cailloux. Enfin,
il sortit complètement victorieux de cette épreuve, et il fut dès lors affranchi pour
toujours des tentations de la chair.
D’autre part, il est certain que les tentations plus subtiles de la vaine gloire, la
tentation du découragement et de la tristesse ne lui furent pas épargnées et c’est
pourquoi, dans sa règle, il demandera que la vie érémitique soit toujours précédée par
une longue pratique de la vie cénobitique :
Ce n’est pas dans la ferveur récente de la vie religieuse, mais dans l’épreuve
prolongée d’un monastère qu’ils ont appris à combattre le diable, instruits qu’ils sont,
grâce à l’aide de plusieurs, et bien armés dans les lignes de leurs frères pour le
combat singulier du désert, ils sont désormais capables de combattre avec assurance
les vices de la chair et des pensées, sans le secours d’autrui, par leur seule main et
leur seul bras, avec l’aide de Dieu. 4
La renommée de la sainteté de Benoît s’étant répandue dans les alentours, les
paysans viennent de plus en plus nombreux lui demander des conseils et recevoir ses
enseignements. Et bientôt un sentier fut tracé dans les bois sauvages jusqu’à la caverne.
L’expérience de Vicovaro
Les moines d’un couvent voisin, Vicovaro, près de Tivoli, le pressèrent, malgré sa
jeunesse, de se charger de leur direction, suite au décès de leur abbé. Il résista d’abord,
3
En grec mélotès ou mélota, désigne une peau de brebis avec sa laine, dont se servaient les
prophètes, les anciens moines et les pauvres dans diverses provinces d'Orient. Dans l'Épître aux
Hébreux (Heb., 11, 37), l’auteur emploie le mot mélota dans le sens que nous venons de dire. Ce
terme melota dérive de mélon, une brebis. Il s’emploie quelquefois aussi pour désigner toute sorte
d'habits de peaux avec le poil, et en particulier pour des habits de peaux de chèvres, comme en
portaient les moines d'Égypte, au témoignage de Cassien.
4
Règle de Saint Benoît, 1, 3-5.
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puis finit par céder à leurs insistances. Le monastère se composait de plusieurs grottes,
grandes et petites, mêlant ainsi sans doute la vie cénobitique et la vie érémitique. Mais le
risque était grand de favoriser la libre fantaisie de chacun. Benoît va bien vite y mettre
bon ordre, en demandant que tous obéissent aux directives de l’abbé.
Dès lors, ces moines se repentirent vite de s’être donnés un conducteur trop
austère, qui leur refusait, comme l’écrit un pieux auteur, les « petits relâchements » qui
leur étaient familiers. Pour s’en défaire discrètement, ils résolurent de l’empoisonner.
Mais, quand le vase qui contenait le poison lui fut présenté, le saint fit le signe de la croix
et le vase se brisa. Une deuxième version de l’histoire prétend qu’un corbeau apprivoisé
par Benoît se précipita pour se saisir du morceau de pain, épargnant ainsi la vie de son
maître.
Ce qu’il y a de certain, c’est que Benoît quitta bien vite ce monastère et qu’il fit de
cette expérience l’occasion d’une réflexion plus approfondie sur la vie monastique des
moines de Vicovaro étaient certainement les moines très austères, mais la discipline
intérieure et l’obéissance leur manquaient. Comme il l’écrira plus tard dans sa Règle « ils
mentent à Dieu par leur tonsure » 5.
Retour à Subiaco
Benoît regagna sa caverne de Subiaco. Il y fut bientôt recherché par des jeunes
gens épris de perfection monastique. Parmi eux se trouvaient deux jeunes patriciens qui
tiennent une grande place dans l’histoire des Bénédictins : Maurus et Placidus, — saint
Maur et saint Placide. Un jour que Placidus se noyait dans un lac, Benoît ordonna à
Maurus d’aller à son secours. Maurus, marchant sur les eaux, sauva son compagnon.
Benoît d’ailleurs, aurait exercé sur les eaux un empire toujours obéi : un autre jour, il
leur commanda de porter à leur surface la hache d’un Goth, et la hache flotta.
Douze monastères
Le premier monastère fondé par Benoît était situé près du barrage de la vallée de
l’Arno. Ses disciples se multipliant beaucoup, on assure qu’il fonda douze monastères,
chacun composé de douze religieux et dirigé par un père ou abbé, sans règle particulière.
Quelle que soit l’époque de leur fondation, il est certain que douze monastères ont été
construits en la solitude voisine de Subiaco : leurs ruines subsistent. Deux seulement
sont restés complets :

Il sagro speco, qui fut autrefois célèbre par sa bibliothèque et qui posséda la
première presse à imprimer employée en Italie

et Santa Scolastica, sainte Scholastique (du nom de la sœur de saint Benoît).
L’antiquité de ce dernier monastère ne saurait être contestée. puisque de tout
temps on lui a reconnu préséance sur les autres fondations bénédictines, même sur
l’abbaye du Mont-Cassin.
Jalousie et tentions
C’est à Subiaco que la légende place la plupart des miracles attribués à saint
Benoît. Cependant, la puissance de sa sainteté y fut ébranlée par les artifices d’un prêtre
jaloux, nommé Florentius, dont le rôle en ces récits personnifie l’antique antagonisme
5
Règle de Saint Benoît, 1, 7. : Mentiri Deo tonsuram noscuntur.
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des séculiers et des réguliers. Florentius commença par attenter à la vie du saint par un
pain empoisonné, duquel Dieu préserva son serviteur ; il imagina ensuite de faire danser
des filles avec des gestes et des postures impudiques, en un lieu où elles pouvaient être
eues des religieux. Pour ne point laisser ces hommes, qui étaient faibles, exposés aux
tentations suscitées par un pareil spectacle, Benoît les emmena bien loin dans les
solitudes presque inaccessibles du mont Cassin. À la mort tragique de Florentius,
pourtant, il infligea une sévère punition à saint Maur 6, qui se réjouissait ; il voulut même
que ses religieux pleurassent leur persécuteur.
Monastère du Mont Cassin
On suppose généralement que ce fut vers 528/530 que Benoît se retira sur le
mont Cassin, dominant la plaine de la vallée du Liri. Si Subiaco était très retirée, le
Monte Cassino était sur une des grandes voies vers le sud de l’Italie, non loin de Capoue.
Ayant obtenu l’autorisation des autorités civiles et ecclésiastiques, Benoît s’installa sur le
sommet de ce mont, où avait été élevée la fortification romaine du municipium de
Casinum. On y trouvait un temple d’Apollon, qui restera fréquenté par les paysans
jusqu’au XIXème siècle, et un bosquet sacré, avec une place pour les sacrifices. Benoît fit
démolir le bâtiment par ses religieux et avec les matériaux ils construisirent, de leurs
propres mains, une église consacrée à St Jean-Baptiste et un oratoire en l’honneur de
saint Martin de Tours. Ce sont là les premières pierres de ce qui s’appellera plus tard
l’abbaye du Mont Cassin. Curieusement, Benoît épargnera une tour pour y faire sa
demeure. Elle faisait partie des remparts protégeant la ville de Cassino, au pied de la
montagne, détruite par les Goths une trentaine d’années avant son arrivée. Cette tour
fut intégrée à chaque reconstruction ou recomposition de l’abbaye.
Dans son livre sur : Benoît XVI, le choix de la vérité, George WEIGEL relève une
coïncidence très significative :
Alors même qu’une ville monastique était en construction pour Benoît et ses moines
au sommet du mont Cassin, l’Académie de Platon fermait ses portes à Athènes. L’un
des lieux phares de la culture classique s’éteignait au moment précis où était fondée
« l’académie de la chrétienté » (comme Joseph Razinger l’a un jour appelée), et pas
seulement au sommet d’une montagne, mais partout où les fils spirituels de Benoît se
trouveraient après lui en Europe. Le « timing » pourrait-on dire, était providentiel. 7
Benoît vécut douze ou treize ans, jusqu’à sa mort, y écrivant la fameuse Règle
(regula monachorum) qu’on lui a attribuée. Cette règle sera très retouchée, et codifiée
par Benoît d’Aniane (750-821) : mais c’est elle qui constituera, et qui constitue encore, la
règle bénédictine. Précisons aussi que Benoît n’a jamais voulu établir ni centralisation, ni
ordre monastique, qui se dessinera à partir de Cluny (à partir de 910).
6
Maur (ou Amaury ; dérivés : Maura, Morane, Mauro) est né à Rome vers 512 et mort vers 584. Fils
d’Equitius, qui était sénateur romain, il fut confié à saint Benoît, dont il devint le plus proche disciple
et vécut avec lui au monastère du Mont-Cassin. Selon la légende, saint Benoît l’envoya en Gaule
où il fonda l’abbaye de Glanfeuil, première abbaye bénédictine d’Anjou. La congrégation de Saint
Maur fut fondée en 1618, et rattachée à l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Le grand écrivain
Huysmans y fit une retraite avant celle de Ligugé. Patron des charbonniers, des chaudronniers, des
fossoyeurs. Fête le 15 janvier.
7
George WEIGEL, Benoît XVI, Le choix de la vérité, Madame-Edifa-Magnificat, p. 296.
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Benoît et ses moines défrichèrent et fertilisèrent autour d’eux des terres depuis
longtemps incultes et pendant une famine ils nourrirent les populations voisines. À noter
aussi qu’il fonda deux autres monastères vers la fin de sa vie : l’un près de Terracina, sur
la côte, à environ quarante milles du Mont-Cassin, et l’autre à Rome.
La renommée de la sainteté de saint Benoît et celle de la vertu de ses disciples
rendit rapidement célèbre la communauté, qui reçut des dons considérables du patricien
Tertullus et de Gésulfo. Le Mont Cassin se peupla toujours davantage de pauvres gens
qui accouraient demander au thaumaturge aide et protection, d’ecclésiastiques qui
venaient demander conseil au saint, et d’hommes puissants qui demandaient au voyant
de sages enseignements.
Rencontre avec Totila
Une fois par an, le patriarche quittait la cénobie pour rencontrer sa sœur
Scholastique et s’entretenir avec elle.
Ce fut là, vers 542/543, que Totila, roi des Ostrogoths, se fit conduire au
commencement de son règne et qu’il eut avec Benoît une entrevue qui ressemble en
plusieurs points à la rencontre d’Attila avec sainte Geneviève. Benoît lui prédit ses
victoires, puis ses défaites. Il prédit aussi, par ailleurs, les destructions successives de
son propre monastère. Diable d’homme ! L’avenir se plut à confirmer ses augures : le
monastère a bien été détruit plusieurs fois : les Lombards en 577, les Sarrasins en 823,
les Normands en 1030, enfin, l’aviation anglaise en 1943.
La mort de Benoît
Environ quarante jours après avoir vu l’âme de sa sœur s’envoler au ciel sous la
forme d’une colombe, St. Benoît communiqua à quelques-uns de ses disciples la date de
sa propre mort. Il fit ouvrir la tombe six jours avant, puis le 21 mars, saisi d’une fièvre
violente, il demanda à être conduit à l’oratoire. Il reçut l’Eucharistie debout, en prière,
puis il rendit l’âme à Dieu dans les bras de ses disciples.
Son corps fut déposé à côté de celui de sa sœur, dans la tombe qu’il avait fait
préparé sous l’autel de St. Jean-Baptiste. Si le jour de sa mort est certain, l’année l’est
un peu moins, variant de 539 à 547, mais la date de 543 est aujourd’hui la plus
couramment admise.
La possession de la dépouille de saint Benoît fait toujours l’objet d’un débat entre le
Monte Cassino et Fleury-sur-Loire (Floriacum), souvent appelé Saint-Benoît-sur-Loire.
Dom Mabillon en 1685 a imprimé le "brevis narratio", document qu’il date du
VIIème siècle et qui parle du déplacement des reliques du saint en l’abbaye de Fleury. 8 Ce
voyage aurait été fait à l’initiative de l’abbé Mummolus, vers 660.
Si cela est vrai, il y a de fortes chances qu’on n’ait déplacé que quelques ossements
du saint : en effet, au cours des derniers travaux de reconstruction de l’abbaye du MontCassin, qui commencèrent dès 1946, l’urne contenant les ossements du saint et de sa
sœur fut retrouvée. Ils se trouvent à présent dans la crypte, sous le maître-autel de la
basilique qui fut consacrée le 24 octobre 1964 par le pape Paul VI, lors de sa visite au
Mont-Cassin. À cette occasion, Saint Benoît a été proclamé par le pape :
8
Dom MABILLON, Vetera Analecta, vol. IV, 1685, pp.451-453.
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Patron principal de l'Europe, parce qu’il a été messager de paix, opérateur d’unité,
maître de civilisation et surtout héraut de la Foi et initiateur de la vie monastique en
Occident. 9
Saint Benoît était déjà patron des Ingénieurs, des Spéléologues et de l’Œuvre de la
Bonification.
Outre la célèbre Regula monachorum, on a attribué à Benoît les écrits suivants :
9
-
Sermo de decessu S. Mauri et sociorum
-
Epistola ad S. Remigium
-
Sermo de passione S. Placidi et sociorum
-
De ordine monachorum. (d’une authenticité plus douteuse encore). Quelquesunes de ses pensées sont rapportées dans les Sententiæ patrum.
PAUL VI, Bref Apostolique Pacis Nuntius.
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