Les musiques électroniques

Transcription

Les musiques électroniques
Une discographie réalisée par l’équipe
de la section musique de la Médiathèque :
PASCAL ACOULON
JANICK TUAL
NADÈGE VAUCLIN
Préface réalisée par
GUILLAUME KOSMICKI,
enseignant conférencier en musicologie
www.guillaume-kosmicki.org/
PREFACE
A la fin des années 1980, les musiques house et techno ont balayé les musiques populaires à la
manière d’un véritable raz-de-marée musical, rompant avec de nombreuses habitudes initiées par le monde du
rock, courant largement dominant jusqu’alors. Il est significatif qu’au cours des années 1990, on ait ensuite choisi
de regrouper tous les différents styles issus de cet élan ainsi que des courants plus anciens et précurseurs sous
la bannière de « musiques électroniques », tant le paysage musical en fut bouleversé durablement.
Il s’agit d’un renouveau technologique d’abord. Ces musiques ont consacré l’utilisation des
synthétiseurs, des boîtes à rythmes, des samplers et des ordinateurs, le tout regroupé au sein de homestudios amateurs, loin des studios professionnels jusqu’alors essentiels. Au gré de l’apparition de ces nouvelles
technologies sur le marché, certains artistes, initiant parfois de nouveaux courants musicaux, en avaient certes
amorcé l’utilisation bien avant. C’est le cas, dès la fin des années 1960, de certains groupes de rock expérimental
puis, à la fin des années 1970 et au début des années 1980, du rock indus, de l’electro pop et de l’Electronic Body
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Music. Mais la techno et la house en ont systématisé et généralisé l’utilisation comme jamais. Leur émergence a
correspondu au moment-clef où ces technologies ont connu un équilibre entre une plus grande efficacité et un prix
moindre. Elles ont aussi porté à son plus haut niveau de gloire et de virtuosité le personnage du DJ (Disc-Jockey) et
la technique du mix avec des platines vinyles. Une longue évolution avait vu ce personnage monter en importance
depuis la Jamaïque des années 1960 jusqu’aux clubs de disco à la fin des années 1970, puis avec son rôle central
dans la musique rap des années 1980 (une toute autre virtuosité, basée sur le scratch, est d’ailleurs issue de ce
courant).
C’est ensuite un grand changement dans les pratiques sociales qu’elles ont fait apparaître. Dignes
héritières de la pratique festive du night-clubbing, héritées des musiques disco et funk (70-80), la techno et la
house ont donné naissance, lors de leur passage des ghettos noirs de Chicago et de Detroit à l’Europe, à la rave
et à la free party, fêtes spontanées, sauvages, libertaires, organisées en dehors des espaces officiels réservés
jusqu’alors aux pratiques musicales. Ce sont les lois sévères de l’Angleterre de Thatcher et de Major qui ont
amené ce vent de liberté et fait sortir la musique techno des villes pour faire durer les fêtes toute la nuit, et
plus longtemps encore, au delà des fermetures obligatoires des clubs à 2h du matin. Ce sont ces mêmes lois
qui ont fait s’exporter ensuite ces pratiques de l’Angleterre vers le reste de l’Europe, au début des années 1990.
Plus de limites de temps, plus de limites de lieu, ces événements, inspirés de la devise punk « Do it yourself »,
vont révolutionner les pratiques festives des jeunes, devenus acteurs à part entière de leur monde musical (les
membres des sound-systems qui organisent les free parties sont à la fois musiciens, organisateurs, performers,
décorateurs, techniciens, barmen, voire mécaniciens, cuisiniers, ou toute autre fonction nécessitée par les lois de
la débrouille et du nomadisme).
Les utopies et la contestation véhiculées par les raves et les free parties se sont aujourd’hui taries.
Comme toujours dans l’histoire des courants populaires, les mouvements organisés autour de la techno et de la
house ont beaucoup perdu en énergie, en renouveau, en invention. Après avoir été annoncées de nombreuses
fois comme les musiques du passage à l’an 2000, la date fatidique a plutôt été signe de leur déclin. Ainsi, après
avoir engendré tout au long des années 1990, au fur et à mesure de leurs hybridations et métissages successifs,
de nombreux styles (hardcore, trance, jungle et electronica pour ne citer que les grandes familles), et après
avoir considérablement marqué et transformé des styles préexistants (comme le rap avec l’abstract hip-hop et
le trip-hop ; ou le rock avec le big beat ; ou avec l’apparition de l’electro-dub), les musiques de la famille techno
ont laissé place à un retour aux pratiques du rock, confirmé d’année en année. On le constate avec le retour des
textes chantés, le recours plus fréquent à des instruments, et le fait que l’artiste électronique ou le DJ cèdent de
nouveau la place à des groupes. Mais le paysage musical a été considérablement modifié. L’électronique a envahi
la plupart de la production musicale. Pour exemple, le retour nostalgique actuel des années 1980 se fait par le biais
d’une imitation de ses productions les plus électroniques, et la techno d’aujourd’hui laisse ainsi une large place
à l’electro-rock et l’electro-clash, qui en sont des exemples parfaits. Le « tout-électronique », après avoir été la
règle, est de moins en moins fréquent, et l’on peut dire que la techno aborde une dernière phase de métissage en
se fusionnant avec de nombreux genres musicaux, tout en justifiant cette appellation bien plus large de « musiques
électroniques ».
GUILLAUME KOSMICKI
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AMBIENT
Même si le terme ambient a été inventé par Brian Eno, fondateur de ce genre musical en 1975, cette musique
puise ses sources directement dans la musique planante des années 70 (Tangerine Dream, Pink Floyd) mais aussi
dans la musique classique (Erik Satie). Dans l’usage qu’en fait Brian Eno (voir son album fondateur du genre
« Ambient 1 : Music for Airports » de 1978), le terme d’ambient désigne une musique planante à base de nappes
sonores synthétiques et d’atmosphères vaporeuses, une musique d’ambiance ou, plus précisément, une musique
de fond qui peut être écoutée ou tout aussi aisément être ignorée. Dix ans après, Alex Paterson (ancien disciple
de Brian Eno) et Jimmy Cauty, fondateurs du groupe The Orb, seront les pionniers de l’ambient house mixant des
sons venus de l’espace avec des grands classiques disco et garage. Puis, avec la vague electro des années 90,
l’ambient s’enrichit de multiples sous-divisions : la techno ambient (DJ Mixmaster Morris puis Aphex Twin), dark
ambient, ambient world, ambient dub, ambient industriel, ambient électronique. De fait, l’ambient de Brian Eno
n’existe plus à l’heure actuelle mais ce genre musical fait partie intégrante de nombreux autres styles comme la
jungle, le hip-hop, le trip-hop pour donner une musique atmosphérique hybride. Le terme ambient est appliqué plus
généralement aujourd’hui à toute musique synthétique « calme ».
À ÉCOUTER...
Brian Eno
Aphex Twin : Selected Ambient Works 85-92, Selected Ambient Works I I
KLF
The Orb
Biosphere
Compils Buddha Bar
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BRIAN ENO
« Ambient 1 : Music for airports », Virgin Records 1978
Brian Eno est un artiste britannique à multiples facettes : ingénieur du son, compositeur, chanteur,
instrumentiste, producteur. Sa créativité l’a toujours poussé vers la recherche et l’expérimentation
loin des clichés et des étiquettes. Après ses études, il s’intéresse à la sculpture sonore et aux travaux
musicaux de John Cage et Steve Reich dont il s’inspire pour ses premières expérimentations au
magnétophone. Après une période plutôt rock avec Roxy Music puis Robert Fripp, il se lance en 1975
dans une nouvelle expérience qu’il appelle l’ambient music. Son album le plus significatif « Ambient 1 :
Music for airports » s’affirme comme un prolongement de la musique d’ameublement d’Erik Satie,
une musique décorative entièrement instrumentale sans être simpliste ou sirupeuse. Cet album
d’atmosphère très minimaliste est composé de quatre longues plages. Il utilise des répétitions de
boucles comme sur le premier titre composé avec Robert Wyatt et Rhett Davis. Outre le piano, il
utilise les synthétiseurs et des signaux sonores produits à partir d’une combinaison de phonèmes
numérisés (voix de Christa Fast, Christine Gomez et Inge Zeininger). Ne ratez pas cet album phare
de la musique ambient si vous voulez comprendre l’origine de ce mouvement musical. Ecoutez-le,
sans y prêter attention ou, un casque sur les oreilles, en rêvant à l’infini.
KLF
« Chill Out », Wax Trax 1990
KLF du nom de leur label Kopiright Liberation Front est un duo formé de Jimmy Cauty et Bill
Drummond. « Chill Out », sorti en 1990, est un album d’ambient absolu : quasiment pas de BPM,
quatorze morceaux enchaînés qui incitent immédiatement à la rêverie et au voyage. On y entend
les échos des morceaux passés et à venir du groupe, des samples d’Elvis Presley, de Pink Floyd (il
n’y a qu’à regarder la pochette du disque), le bruit d’un train, d’une voiture, des voix, des bêlements,
quelques mélodies, des nappes synthétiques. Leurs compositions tiennent plus du collage génial de
samples et d’enregistrements de bruitages savamment agencés avec un habillage sonore qu’une
composition musicale au sens classique du terme. Ce festival sonore et bigarré est la bande son
idéale pour les longues soirées d’hiver mais pas seulement…
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HOUSE MUSIC / ACID HOUSE
Née en 1986, la house music est issue des dancefloors de Chicago. Elle tiendrait son nom d’un club le « Warehouse »
où régnait à l’époque un orfèvre des platines le DJ Frankie Knuckles désigné comme le pionnier de ce mouvement
musical. Dès le début, cette musique s’est caractérisée par des moyens de production réduits puisque depuis la
démocratisation du synthétiseur et des boîtes à rythme, on avait la possibilité de s’équiper d’un bon matériel sans
trop se ruiner. La house est une musique de danse répétitive. Elle se compose à la base d’un rythme minimal donné
par un pied de grosse caisse synthétique fortement accentué marquant chaque temps, d’une ligne de basse et de
samples tirés du disco, de la soul et du funk.
C’est ensuite en 1987 que l’on a pu entendre pour la première fois de l’acid house. Les inventeurs sont DJ Pierre
et Spanky qui ont trouvé le son « acid » en s’amusant avec les boutons d’une petite boîte Bassline TB 303 de la
marque Roland censée remplacer de manière synthétique des sons de basse. L’acid house est introduite peu après
en Grande Bretagne et devient rapidement un élément central de la scène rave, le smiley jaune en étant l’emblème,
tandis que la house reste une musique de club. Depuis ses balbutiements au « Warehouse », la house music a donc
fait du chemin et s’est beaucoup diversifiée avec l’acid house mais aussi avec la deep house, le garage, la french
touch, la tech house etc.
À ÉCOUTER...
Frankie Knuckles
Marshall Jefferson
Daft Punk : Homework
Basement Jaxx
Armand van Helden
Dimitri from Paris
Motorbass : Pansoul
Deep dish
Alex Gopher
Felix da Housecat
Compils Brazilectro
Compils Hôtel Costes
Compils Barrio latino
Compils Dancefloor FG
Compil Buddha Bar
Antoine Clamaran
David Guetta
Bob Sinclar
Martin Solveig
...
ARMAND VAN HELDEN
« 2 Future 4 U », London Records 1999
Armand van Helden est considéré comme un des plus grands DJ’s de house des années 90. Il
commence à mixer dès l’âge de 15 ans et 3 ans plus tard, il travaille de nuit dans les clubs en tant
que DJ. En 1992, il sort ses premiers albums en remixant des grands noms puis devient celui auquel
font appel les artistes pop pour se faire remixer. L’année 1998 est celle de la consécration avec
son tube planétaire You don’t know me tiré de l’album « 2 Future 4U » qui sort en 1999. Dans cet
opus plutôt éclectique, Armand van Helden puise dans ses bases disco pour créer des morceaux
bien punchy et festifs tels que You don’t know me ou Psychic Bounty Killaz. Certains titres sont plus
mélancoliques et se rapprochent de la deep house tels que Flowertz ou MotherEarth et d’autres
sont plus sombres tels Boogie Monster et Alienz. Un album donc pour qui aime danser en mettant
la musique à fond les manettes.
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TECHNO
Berceau du célèbre label Motown et capitale déchue de la production automobile, Détroit donne naissance à une
vision nettement plus mécanique et technologique de la house music, influencée par le funk futuriste de George
Clinton et l’avant-garde électronique européenne, en particulier les Allemands de Kraftwerk. Son esprit libertaire
et anti-commercial trouvera un écho considérable en Europe avec l’apparition des rave party et des premières
techno parades.
Bien qu’elle se décline en d’innombrables sous-genres, on retient généralement de la techno que c’est une musique
instrumentale répétitive et minimaliste, composée de sonorités électroniques et conçue essentiellement pour
danser. Longtemps marginalisée parce qu’elle veut libérer les corps afin que les esprits suivent le mouvement, la
techno est aujourd’hui populaire et répandue sous différentes formes et appellations plus ou moins commerciales,
selon les mélanges qu’elle opère avec ses ancêtres la house, l’electro funk, le disco, la new wave…
À ÉCOUTER...
Juan Atkins
Derrick May
Inner City
Carl Craig
Jeff Mills
Plastikman
Carl Cox
Laurent Garnier
Ken Ishii
Dave clarke
Dj Hell
Ellen Allien
The Hacker
Miss Kittin
Vitalic
...
LAURENT GARNIER
« Retrospective », F Communications 2006
DJ et producteur de renommée internationale et fondateur du label phare F Communications,
le Français Laurent Garnier est un véritable pionnier de la techno qu’il est l’un des premiers
en Europe à découvrir et populariser.
A travers des titres inédits, des classiques et des remix, cette rétrospective présente le
parcours d’un artiste ouvert dans ses compositions à toute forme d’électronique, mais
qui reste profondément attaché aux sons techno et acid house de Détroit et Chicago. C’est
l’occasion de découvrir et apprécier la finesse et la simplicité formelle de cette musique
qui, à la manière du funk, privilégie la puissance rythmique au développement harmonique
et mélodique.
A découvrir également sur ce disque, deux enregistrements live témoins de ses récentes
expériences jazzy en compagnie du pianiste Bugge Wesseltoft, avec qui il propose en 2007
l’album « Public Outburst », reflet de l’éclectisme qui caractérise cet artiste majeur de la
scène techno internationale.
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TRANCE / TRANCE GOA
La trance est un courant issu de la techno apparu en Allemagne en 1992. L’esprit de ce mouvement musical est
que la musique et la danse peuvent altérer la perception sensorielle de l’auditeur et le plonger dans un état de
transe. Musicalement, tous les éléments sont mis en œuvre pour y parvenir : rythme très rapide, accélération des
BPM, séquences répétitives, mélodies synthétiques et planantes. Il existe cependant une variété de trance très
minimaliste dont les caractéristiques ne se traduisent pas forcément par des rythmes hyper rapides (label Eye-Q
notamment).
Au même moment à Goa, ancienne colonie portugaise au sud de Bombay apparaît une autre trance avec une
dimension plus philosophique liée au lieu et à ses visiteurs du monde entier en quête de sens qui y trouveront un
support à leurs besoins spirituels. Appelée trance goa ou trance psychédélique, elle est plus rapide que la trance
« classique », les basses sont sensiblement plus fortes, on y retrouve le son acide de la TB 303 accompagnée le plus
souvent de mélodies et chants mystiques hindous avec des morceaux assez longs, entre 6 et 9 minutes, souvent
entrecoupés par un break. Sur le plan culturel, la trance goa est d’une manière générale plus underground et
moins commerciale que d’autre styles de trance. On a davantage de chances d’entendre le son Goa en rave-party,
à des fêtes en plein air et dans des festivals que dans les clubs.
À ÉCOUTER...
Hallucinogen
Total Eclipse
Sven Väth
Hilight Tribe
Trance anthology vol.1
The World of Goa Trance vol.1 et 2
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HALLUCINOGEN
« Twisted », Dragonfly 1995
A l’origine du projet Hallucinogen, Simon Posford, indéniablement un musicien et un ingénieur
de talent est l’un des pionniers du style trance psychédélique. Sa musique a été l’une des plus
innovatrice dans ce créneau musical. En 1995, il se fait connaître du grand public en entrant
au Top 50 avec son morceau L.S.D., sans doute le premier tube de l’histoire de la trance goa.
« Twisted » dont L.S.D. fait l’ouverture, reste un album de référence dans ce style de musique. C’est
un disque de transe hypnotique et rythmée dont l’originalité tient dans la diversité de ses morceaux
disposant chacun d’une personnalité unique. La démarche d’Hallucinogen n’est pas seulement de
surchauffer les pistes de danses mais aussi d’explorer la matière sonore et de développer un
genre de musique spatial et méditatif. Cet album novateur et bien construit est un petit bijou de
la musique électronique qu’on peut écouter 15 fois à la suite sans se lasser si on ouvre bien ses
oreilles.
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HARDCORE / HARDTEK / TRIBE
Le hardcore constitue un versant extrême de la techno avec un rythme beaucoup plus rapide mais surtout un son
plus appuyé dans les basses. C’est une version dure, rapide et industrielle de la techno et ce genre a explosé dans
les raves, rassemblant un très grand nombre d’adeptes. Ce phénomène s’explique par la sensation de défoulement
qu’il procure au travers de la danse. On peut ajouter que le hardcore véhicule un esprit rebelle qui s’exprime par
une musique déstructurée sans pour autant générer de la violence lors des rassemblements !
La hardtek est aussi un genre de musique techno, rapide et festif mais sans les sonorités industrielles plombant
davantage l’atmosphère… La hardtek reste un style underground en ce sens qu’il ne peut pas être normalisé car
trop agressif, qu’il ne figure pas sur les ondes et qu’il est mal compris du grand public… il vient également en
réaction à la techno commerciale de plus en plus envahissante dans les médias !
Aux côtés du hardcore, hardtek, la musique tribe a sa place dans les free party mais elle se démarque des autres
par une vitesse très élevée, couplée à des sonorités moins dures, plus rondes.
À ÉCOUTER...
Micropoint
Manu le Malin
Laurent Hô
Liza N’Eliaz
Torgull
Lenny Dee
DJ Tieum
Metek
Ubik sound system
69 db
Ixi in da mix
Crystal distorsion
Spiral tribe
Heretik
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MANU LE MALIN
« Fighting spirit », Bloc 46 1999
En une quinzaine d’années, Manu le Malin, aussi connu sous les noms de DJ Outlaw, The Driver
et Palindrome s’est imposé comme le plus grand représentant de la scène techno hardcore
internationale.
DJ et producteur, Manu le Malin tire ses influences de divers champs musicaux. Ses premières
amours pour le rock alternatif et le punk se ressentent dans ses compositions et, sans renier ses
racines underground, sa musique se durcit à tel point que par moment on ressent l’atmosphère
sombre du métal… avec en plus des sonorités industrielles.
Sorti dix années après ses débuts dans la techno, son premier album (un double CD) « Fighting
Spirit » propose une approche plurielle du son hardcore. Il précise lui-même : « ceux qui aiment
la musique que je joue en tant que DJ vont avoir du mal avec le premier CD… les rythmiques sont
lentes mais les sonorités glauques restent présentes, le tout dégageant un son original et fort ».
Le deuxième CD reste beaucoup plus classique ; il est caractéristique du son Manu le Malin en tant
que DJ. Et si vous avez eu la chance de voir l’artiste sur scène et que vous n’avez pas pu vous
empêcher de danser toute la nuit comme un dingue la tête dans les enceintes, ce CD est fait pour
vous.
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JUNGLE / DRUM AND BASS
Issue de la scène rave britannique et des influences apportées par la communauté jamaïcaine, cette forme
mutante de techno hardcore s’impose dans les banlieues anglaises désœuvrées des années 90 comme la bande
son idéalisée de cette « jungle urbaine » qui refuse d’accepter l’académisme et la récupération commerciale
naissante des mouvements techno et house.
La drum and bass repose sur des basses profondes et dévastatrices associées à des constructions frénétiques
et extrêmement élaborées de breakbeats hip hop accélérés. Elle est à l’origine marquée esthétiquement par
l’utilisation de nappes synthétiques planantes, de voix féminines aériennes ou d’éléments issus du dub et du ragga
(pistes vocales, lignes de basse, effets sonores...).
Il existe une grande variété de styles de drum and bass aux influences diverses (jazz, groove, electronica…). Elle
peut être conçue pour une écoute personnelle ou s’apprécier sur des systèmes de diffusion puissants capables
de restituer une large gamme de fréquences certes inaudibles pour l’oreille humaine, mais qui procurent des
sensations physiques intenses.
À ÉCOUTER...
Goldie
Roni Size
LTJ Bukem
Grooverider
A Guy Called Gerald
Ed Rush & Optical
4 Hero
Photek
Interlope
Dj Marky
Elisa do Brasil
Kemistry & Storm
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RONI SIZE / REPRAZENT
« New Forms », Talkin’ Loud 1997
Originaires de Bristol, Roni Size et le collectif Reprazent rencontrent le premier gros succès critique
et commercial du genre avec ce premier album teinté de jazz, de house, de hip hop et de soul.
Pour rendre accessibles au plus grand nombre les ruptures rythmiques déstabilisantes de la drum
and bass, ils adaptent le format de leurs compositions sans pour autant dénaturer l’esprit de cette
musique. Mêlant acoustique et électronique, « New Forms » parvient à rester captivant sur la
longueur, notamment grâce aux performances vocales de Dynamite MC, de la chanteuse Onallee, et
d’une digne représentante de la scène rap de Philadelphie, Bahamadia.
Sans tourner le dos à l’underground, Roni Size obtient ainsi une reconnaissance tardive mais bien
plus large que ses homologues Goldie ou LTJ Bukem.
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BIG BEAT
C’est dans les années 90 qu’est apparu le big beat dans les studios de Brighton, une petite ville balnéaire du sud
de l’Angleterre où il fait bon vivre. La vie n’y est pas chère et des artistes y ont trouvé refuge tel Fatboy Slim qui y
a commencé sa carrière de DJ. C’est aussi à Brighton et en compagnie de Fatboy Slim que Damian Harris a lancé
« Skint » en 1995, le label fondateur du big beat. Ce mouvement musical comme son nom l’indique est une musique
dance marquée par une puissance explosive des rythmiques, une fusion des genres qui mélange techno, rock et hip
hop et dont les grands groupes s’appellent Prodigy, Les Chemical Brothers ou Fatboy Slim.
À ÉCOUTER...
The Chemical Brothers
Prodigy
Fatboy Slim
Propellerheads
Moby
...
THE CHEMICAL BROTHERS
« Exit planet dust », Virgin Records 1995
Appelés Dust Brothers jusqu’en 1995, ce groupe de musique électronique britannique est né de la
rencontre de Tom Rowlands et Ed Simons dans les années 90, tous deux grands fans de hip hop, techno,
house et de rock américain barré. Les Chemical Brothers sont un des groupes les plus représentatifs
du big beat. Créateurs de sons et d’ambiances à décoller le papier peint des murs, il est difficile
d’imaginer leur capacité à mettre une foule de jeunes en transe. En 1995, la sortie de « Exit planet
dust » fait l’effet d’une bombe. Cet album taillé pour le live et les dancefloors fait le rapprochement
entre les structures répétitives de la techno et la violence du rock. On y trouve aussi des guest vocaux
(Beth Orton et Tim Burgess), une des marques de fabrique de leur musique. Fondateur d’un genre
nouveau, cet album restera un disque clé de l’histoire de la musique électronique.
FATBOY SLIM
« You’ve come a long way, baby », Skint Records 1998
Fatboy Slim de son vrai nom Quentin Leo Cook (ou parfois Norman Cook) est né en 1963 en
Angleterre. A 19 ans, il est DJ à Brighton et bassiste du groupe The Housemartins. Il fonde ensuite
le groupe Freakpower avec qui il sort deux albums. Le deuxième étant un échec, Norman devient
Fatboy Slim pour tourner la page. Encouragé par les Chemical Brothers, il se lance à l’assaut du big
beat. Son premier album, mélange de hip hop, de r’n’b et de dance plaît certainement mais c’est le
deuxième « You’ve come a long way, baby » qui le fera connaître du grand public, avec des titres
tels que le tube Rockafeller Skank. Sur cet album fait pour danser, on retrouve le génie de l’artiste
pour marier les genres : rythmes hip hop, funk et techno. Fatboy Slim ne se prend pas au sérieux,
il intègre des sons inhabituels et utilise une grande variété de samples. Certains titres sont des
hommages au hip hop (notamment Gangster Tripping et You’re not from Brighton). Le trip hop
participe aussi aux réjouissances sur l’intro de Love Island. Le synthétiseur et les percussions ne
sont pas en reste sur Praise You, riche de ses multiples couches d’instruments. Avec cet album,
Fatboy Slim atteint son but : le plaisir du public et la reconnaissance de la profession qui lui vaudra
de remixer les plus grands.
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TRIP HOP
Originaire de l’Angleterre dans les années 1990, le trip hop est un mélange d’électronique et de son hip hop
(sans le phrasé rap). Plus précisément, il se compose de breakbeats très lents, de samples de jazz, d’extraits de
musiques de films, de voix inspirées du blues ou de la soul, de toute sonorité intéressante permettant de créer
une atmosphère étrange, inconnue avec un climat émotionnel souvent pesant, mélancolique et planant. Il peut être
agrémenté d’instruments acoustiques, voire même d’ensembles classiques (violons, cuivres…).
Variante du trip hop, le down tempo signifie littéralement : tempo lent. Il se dit donc des musiques électroniques
au tempo ralenti, plus introspectives.
À ÉCOUTER...
Goldfrapp
Massive Attack
Wax Tailor
Cirkus
Gut Gudrun
Yxxy
Doctor Flake
Mig
Air (plus down tempo)
Pressure Drop
Unkle
Kid Loco
Oi Va Voi
Tricky
Portishead
Alpha
Bonobo
Faithless
Morcheeba
...
PORTISHEAD
« Dummy », Go Discs 1994
Portishead est un groupe de trip hop originaire de Bristol au Royaume-Uni.
Après avoir travaillé avec Massive Attack sur l’album « Blue lines » et avec Tricky, Geoff Barrow
rencontre Beth Gibbons une chanteuse à la voix très jazzy et décide de former son propre groupe
en 1992. En à peine un disque, le groupe devient le symbole du trip hop.
Ce premier album « Dummy » sombre et torturé reste à ce jour une des œuvres musicales les plus
marquantes du mouvement trip hop.
Le tube de l’année 1994 Glory box sonne véritablement comme le renouveau de la création musicale
britannique ! mélange de rythmiques hip hop où se greffe une atmosphère de musique de film
qui éclate avec un éventail de scratches, samples servis par les langueurs vocales, sombres et
climatiques d’une chanteuse à l’instrument des plus envoûtants !
GOLDFRAPP
« Felt Mountain », Mute Records 2000
« Felt Mountain » est un album de trip hop aérien, sorte d’ovni musical atterri sur terre en 2000
mais qui depuis n’a pas pris une ride. Le duo Goldfrapp est né de la rencontre d’Alison Goldfrapp,
chanteuse qui a entre autre collaboré avec Tricky, et de Will Gregory, compositeur de musique de
film. « Felt Mountain », leur premier album, est un formidable petit joyau de trip hop sombre et
baroque lorgnant vers des ambiances de films noirs des années 60 avec l’aspect moderne de la
musique électronique. L’univers de cet album à l’atmosphère intemporelle est influencé aussi bien
par Ennio Morricone que par Satie, John Barry ou Portishead. Alison chante magnifiquement et
sa voix envoûtante et sensuelle nous embarque pour un voyage en plein polar avec une musique
visuelle, ouverte qui laisse libre cours à notre imaginaire.
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ABSTRACT HIP HOP
Souvent assimilé au trip hop, au grand dam d’artistes qui revendiquent davantage leur appartenance au mouvement
hip hop, ce genre principalement instrumental (on parlerait sinon de rap alternatif ou de hip hop alternatif) s’est
développé au cours des années 90. Parfois difficile d’accès, l’abstract hip hop fait la part belle à l’expérimentation
en s’appuyant sur les techniques de production typiques du hip hop.
Dans cette musique de collectionneur obsessionnel de vieux disques vinyl oubliés de tous, les sources
d’échantillonnage sont variées et audacieuses : des emprunts au funk et à la soul bien sûr, mais également au
jazz, à la musique de film, aux musiques populaires… Décomposés et déstructurés, ces samples sont ensuite
généralement assemblés de manière originale et complexe, en particulier les pistes rythmiques. L’utilisation des
scratch se veut innovante, favorisant autant la recherche de musicalité que la virtuosité technique.
Plongeant l’auditeur dans de véritables univers sonores intemporels, l’abstract hip hop, fort de quelques succès
critiques indéniables, peine pourtant à toucher un auditoire plus large que les aficionados d’electronica et de hip
hop pointu.
À ÉCOUTER...
Dj Krush
Dj Shadow
Dj Vadim
Howie B
Dj Cam
Coldcut
RJD2
Prefuse 73
The Herbaliser
Abstrackt Keal Agram
Wax Tailor
...
ABSTRACKT KEAL AGRAM
« Cluster Ville », Gooom disques 2003
Issu du rock, le duo Abstrackt Keal Agram est maintenant une des valeurs sûres de la scène electro
française. Leur mélange de hip hop, d’ambient et d’electronica les rapproche de la scène abstract
hip hop. Tanguy Destable alias Tepr (qui a d’ailleurs sorti plusieurs albums solo) et Lionel Pierres
composent tous les deux une musique pour la plupart instrumentale.
« Cluster Ville » est un album d’atmosphère avec deux titres rappés dont l’excellent morceau
L’oreille droite avec pour invités notamment James Delleck et La Caution.
Un voyage dans « Cluster Ville », et c’est le dépaysement assuré !
Très inspiré, le duo crée des mélodies envoûtantes, nous plonge dans des ambiances sombres,
servies par une rythmique lente, résolument hip hop !
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ELECTRONICA / INTELLIGENT TECHNO
L’electronica ou intelligent techno désigne une musique électronique tournée vers l’expérimentation et l’abstraction
qui lui vaut très souvent la réputation d’être une musique d’accès difficile. Exploration acoustique, rythmes
déstructurés, sons mécaniques, compositions arides, l’electronica est le résultat de toutes les expériences
musicales nées de la techno, de l’ambient et des avant-gardes électroniques et destinée à l’écoute chez soi loin
des dancefloors.
À ÉCOUTER...
Aphex Twin
Squarepusher
Autechre
LFO
Boards Of Canada
Fennesz
Monolake
Nitrada
Christian Kleine
Plaid
Mira Calix
...
BOARDS OF CANADA
« Geogaddi », Warp 2002
Ce petit joyau est l’œuvre du duo écossais Michael Sandison et Marcus Eoin; duo qui peut se vanter
de rester discret (peu de disques, pas de communication autour de leurs albums, ni concerts ni
interviews…), un anonymat fidèle au milieu de l’electronica !
« Geogaddi » fait suite à un premier album extrêmement remarqué sur le label Warp records,
« Music has the right to children » sorti en 1998. Petite bombe dans le milieu electronica, son
retentissement est tel qu’il attire des auditeurs jusque-là allergiques à ces musiques. Composée
d’assemblages, de samples organiques (rires d’enfants, bruits de foule, sons naturels et génériques
de documentaires animaliers), cette musique envoûte, séduit, perturbe…
Un album magnifique et planant, plus facile d’accès pour découvrir le genre, que de plonger
directement dans l’écoute d’artistes comme Autechre ou Aphex Twin qui chérissent des compositions
arides et des rythmes déstructurés. Un univers profondément mélancolique qui en fait l’une des
formations phares de l’electronica et ce, en cinq albums seulement.
T.RAUMSCHMIERE
« Random Noize Sessions vol.1 », Shitkatapult 2006
De son vrai nom Marco Haas, ce musicien allemand rallie sous la même bannière des amateurs
d’electro clash, de techno punk et d’electronica. Sa carrière commence comme batteur au sein du
groupe Zorn. Sensible à des démarches musicales expérimentales, il fonde le label Shitkatapult et
cherche de nouveaux univers sonores plus sombres. La devise du label parle d’elle-même : « special
music for special people ».
Sorti en 2003 « Radio Blackout » donne un bon exemple du genre electro clash : un beat sec et froid,
un son rugueux, assez dark parfois même trash ! T.Raumschmiere aime surprendre : « Random Noize
Sessions » est un opus aux antipodes de la tradition punk electro. Les rythmiques hystériques sont
abandonnées pour une electronica mélodique (l’inquiétant grobMotorOmsk) ou plus expérimentale
à la limite parfois de l’ambient. L’artiste déclare : Je n’ai jamais voulu me cantonner à un seul genre
musical. J’écoute beaucoup de sortes de musiques et par conséquent je fais des musiques variées,
différentes… j’essaie d’emmener les gens, ouverts d’esprit, vers des choses nouvelles et j’aime bien
aller à l’encontre des attentes…
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ELECTRO JAZZ
A la discothèque de Noisy-le-sec, nous avons fait le choix de ranger dans les bacs de musique électronique l’electro
jazz.
Une tendance actuelle dans la musique est la fusion entre les genres, et particulièrement entre les musiques
électroniques et le jazz. Saint-Germain fait figure de pionnier en la matière avec la sortie de « Boulevard » en 1995.
Mais d’autres ont suivi la mouvance, que ce soit le trompettiste Nils Petter Molvaer, le guitariste Eivind Aarset, le
pianiste Bugge Wesseltoft ou la chanteuse Sidsel Endresen et bien d’autres encore.
Certains artistes sont classés en electro jazz car ce ne sont pas seulement des compositeurs de house ou de jungle qui
auraient cédé à la tentation de rajouter des samples de jazz dans leur musique, mais pour ceux-là, il s’agit bien d’une
démarche intellectuelle et musicale qui cherche à fusionner acoustique et électronique. Dans leurs compositions, ils
intègrent les outils électroniques aussi bien que les instruments de l’orchestre. Eivind Aarset déclare à ce sujet : sur
« Electronique noire », un de mes disques, l’ordinateur est l’instrument le plus utilisé après ma guitare.
À ÉCOUTER...
Saint-Germain
Bugge Wesseltoft
Jagga Jazzist
Nils Petter Molvaer
Smooth
Erik Truffaz revisité : remix
Eivind Aarset « Electronique noire »
Marc Moulin
NoJazz
The Cinematic Orchestra
Wise
Laurent Garnier « Public outburst »
Troublemakers
...
NILS PETTER MOLVAER
« Khmer », ECM Records 1997
Nils Petter Molvaer se fait connaître à la fin des années 90 avec la sortie d’un premier album
époustouflant « Khmer ».
Ce trompettiste norvégien crée une musique considérée comme un réel croisement des musiques
improvisées acoustiques (jazz) et des musiques programmées (électroniques). Un projet audacieux
mais qui n’est pas pour arrêter ce musicien au tempérament aventurier. Et l’on ne peut que s’en
réjouir car son génie est de trouver une place à l’instrument acoustique dans un environnement
où les beats massifs se disputent aux rythmes foisonnants et aux lignes de basses surpuissantes.
Le projet « Khmer » se réalise avec six musiciens : trois guitaristes dont le très talentueux Eivind
Aarset, un batteur, deux musiciens de samples sans oublier Molvaer à la trompette.
Ce disque qui s’écoute d’une traite comme un seul et fabuleux morceau nous entraîne dans un
univers d’étrange rêverie évoquant des ambiances tour à tour sombre et mélancolique… un bijou
d’electro jazz !
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ELECTRO DUB
Avant de devenir un genre à part entière, le dub consiste dans les années 60 à proposer des versions instrumentales
et remixées des hits reggae sortis des studios jamaïcains. Les ingénieurs du son de l’époque développent et
popularisent des techniques de mixage innovantes (effets d’écho, de réverbération, basses saturées…) qui seront
ensuite utilisées comme base de création musicale.
Dans les années 80, des artistes anglais commencent à utiliser synthétiseurs, sampleurs et boîtes à rythme pour
composer du dub, et y intègrent peu à peu des éléments de musiques ethniques, de jazz, de métal, d’indus... Depuis
la fin des années 90, on assiste en France à un renouveau du dub instrumental, joué en live par des musiciens qui
marient sur scène sonorités électroniques, électriques et acoustiques.
À ÉCOUTER...
Adrian Sherwood
Mad Professor
Bill Laswell
High Tone
Improvisators Dub
Kaly Live Dub
Guns of Brixton
Brain damage
Zenzile
Ez3kiel
Lab°
...
EZ3KIEL
« Barb4ry », Pias 2003
Ez3kiel est un groupe d’electro dub français formé en 1993 et originaire de Tours.
D’abord composé de cinq membres, le groupe change d’orientation musicale en 1998 au départ
de la chanteuse et d’un des guitaristes. Leur musique devient alors davantage instrumentale. Un
tempo qui prend aux tripes, des mélodies qui nous emmènent dans de longues rêveries accentuées
par les effets de réverb… Plus que jamais une musique basée sur le mélange des genres, à la
croisée du hip hop, du rock, de la world, du dub, Ez3kiel impressionne par sa qualité sonore et
visuelle !
Un talent dont on ne peut que faire l’apologie puisqu’il réussisse à nous faire passer d’un son
rock indus étouffant à une ballade dub où l’on entend le quatuor belge DAAU, groupe de cordes et
d’instruments à vents accompagner à merveille les trois Français (basse, batterie, machines) dans
leur musique électronique.
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INCLASSABLES
AMON TOBIN
« Supermodified », Ninja Tune 2000
Inclassable pour certains, véritable génie de la musique électronique pour d’autres, ce bâtisseur
d’univers sonores sait créer un monde qui n’appartient qu’à lui. Des ambiances sombres mais
qui donnent envie de s’installer… et d’écouter attentivement ! Car la musique d’Amon Tobin n’est
pas une musique d’ambiance que l’on met le soir lorsque l’on reçoit des amis à dîner mais bien le
résultat d’une exploration audacieuse, d’une aventure hétéroclite et homogène qui en même temps
fusionne de nombreux genres et nous transporte d’un climat à un autre avec beaucoup de finesse.
Le brésilien Amon Tobin nous livre avec ce disque un véritable chef d’œuvre d’ovni électronique !
ASIAN DUB FOUNDATION
« Conscious Party », Virgin 1998
Asian Dub Foundation est un collectif britannique d’origine indienne qui a fait exploser les barrières
entre les genres musicaux ! Leur son unique mêle rythmiques ragga jungle, basses dub et guitares
inspirées de sons de sitar indienne, le tout débité à une vitesse hallucinante, façon hip hop. Issu
de la scène anglaise des sound-systems, Asian Dub Foundation est un groupe qui s’inscrit dans
le mouvement et la performance scénique. Pour les chanceux qui les ont vu sur scène c’est un
moment inoubliable ! Mais que les autres se consolent, car ce disque qui est la version live de
l’album « Rafi » témoigne fidèlement de l’incroyable énergie du quintette indo-anglais. « Conscious
party » débordant d’énergie dévoile en 14 morceaux un métissage fabuleux !
David bowie dira à leur propos : « Le meilleur nouveau groupe du monde ».
LCD SOUNDSYSTEM
« LCD Soundsystem », DFA Records 2005
LCD Soundsystem est le projet solo du producteur James Murphy, co-fondateur du label dance
punk DFA Records. LCD Soundsystem regroupe toutes les influences venant du rock et de la culture
dance ainsi que de la new wave et de la pop. Ce disque est le résultat d’une fusion réussie entre
l’électronique et les guitares, mélange de punk rock avec des éléments de disco. Difficile de résister
aux électrochocs sautillants abreuvés de guitares et de beats plombés, cet ex-punk converti en DJ
techno nous livre un excellent album d’electro rock !
Un album chaudement recommandé !
BIRDY NAM NAM
« Live », Uncivilized World, 2006
A l’origine de Birdy Nam Nam, quatre pros du scratch (DJ Pone, ex-membre du groupe hip hop Svinkels ;
Crazy B, ex DJ d’Alliance Ethnik ; DJ Need et Little Mike) se rencontrent à l’occasion de compétitions ;
et décident de se présenter ensemble au DMC 2002. Ils se trouvent un nom, remportent haut la
main la victoire et forts de leur succès tentent de continuer l’aventure. Ce groupe au style unique
et aux influences diverses aussi bien hip hop, electro acide, groove que rock et jazz a su conquérir
avec un horizon musical aussi varié un public aussi large qu’éclectique. L’intérêt de ces virtuoses
du turntablism (art d’utiliser les platines tel un instrument en manipulant des sons) est qu’ils ont
su dépasser la technique pour faire de la musique. Après un album éponyme sorti en 2005, ce live
enregistré lors de deux concerts à la Cigale en 2006 prouve que contrairement aux idées reçues,
l’art des platines peut se transposer sur la scène. Leurs compositions dont seulement un tiers
sont issues de leur premier album glissent parfois vers le jazz et le funk, notamment quand ils
sont accompagnés d’instrumentistes (pianiste, bassiste, batteur, percussionniste). Cet exercice
live totalement époustouflant est à écouter mais surtout à voir pour être définitivement séduit par
ce quatuor à l’énergie débordante.
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COLDCUT
« Sound Mirrors », Ninja Tune 2006
A la tête du label d’avant-garde Ninja Tune, confrérie qui résiste fièrement au classement des
rayonnages douillets du supermarché musical, les anglais Matt Black et Jonathan More ont
contribué pour beaucoup au développement et à la démocratisation des logiciels de manipulation de
samples vidéo en temps réel. Ils livrent dans leurs albums et sur scène une musique qui s’écoute,
qui se regarde, qui se danse, qui se vit..., hybride de jazz, de hip hop, d’electronica, de house et
d’ambient.
Ce duo d’activistes invétérés pour qui le sampling est le plus beau jeu depuis l’invention du scrabble
s’approprie et détourne les objets sonores, musicaux et audiovisuels de la culture populaire
moderne. Selon la technique du cut-up initiée par le romancier William S. Burroughs, ils procèdent
à des collages surréalistes pour former des mosaïques d’images et de sons, véritables jeux de
construction mais aussi jeux de piste pour l’auditeur (ou casse-tête pour l’industrie et ses avocats
du copyright).
Fervents militants en faveur de la protection de l’environnement et des libertés individuelles, ces
pirates modernes s’efforcent avec l’humour qui fait souvent défaut dans le monde de l’électronique,
de donner du sens à une musique dont on pense trop souvent qu’elle en est vide.
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LEXIQUE
BEAT
Littéralement le battement. Désigne la partie rythmique (batterie et percussions) d’un morceau.
BOÎTE À RYTHME
Instrument électronique dédié à la création de rythmes. Elle possède ses propres banques de sons
(synthétiques ou simulant ceux de vrais batteries et percussions) et une interface facile à prendre en
main (le séquenceur), qui permet de programmer des motifs rythmiques des plus complexes.
BOUCLE
« Loop » en anglais. Fragment de musique enregistré et répété indéfiniment.
BPM
Nombre de battements (de temps) par minute, unité de mesure du tempo d’un morceau.
BREAKBEAT
Court extrait d’un disque, souvent de funk ou de jazz, où seules subsistent batterie et percussions.
Mis en boucle ou décomposé élément par élément, le breakbeat est la base sur laquelle est construit
le rythme hip hop.
CHILL OUT
Espace aménagé dans un club ou au sein d’une rave, où l’on vient se détendre et se relaxer en
écoutant de l’ambient et autres musiques downtempo.
CLUB
Boîte de nuit. Après l’explosion du disco, la house a envahi ses dancefloors (les pistes de danse), pour
en faire son bastion.
DANCE MUSIC
Terme anglo-saxon qui désigne toute forme de musique de danse et par extension, assez
maladroitement d’ailleurs, de musique électronique. En France, on parle à tort de « dance » avec
une certaine connotation péjorative pour qualifier les versions commerciales de la techno et de la
house.
DJ
Le « deejaying » consiste à enchaîner aux platines un long mix de morceaux de la manière la plus
créative possible, en les superposant, en coupant certaines fréquences et en utilisant différents
effets. Le « turntablist » se concentre sur le scratch et les formes plus complexes de manipulation
du disque vinyl et de la table de mixage.
ELECTRO
Diminutif d’electro funk. Fusion entre la musique électronique de Kraftwerk et le hip hop naissant
du début des années 80. De nouveau très à la mode au point qu’on parle aujourd’hui d’electro pour
désigner ce que l’on appelait hier encore techno.
HARDCORE
Littéralement le noyau dur. Se dit de toute tendance musicale qui tend à se radicaliser tant dans le
fond que dans la forme.
HIP HOP
Culture et genre musical nés à New-York dans les années 70, qui pose les bases du deejaying et du
sampling. Son développement est parallèle et intimement lié à celui de la house.
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LEXIQUE
INDUS
Etiquette née dans les années 70 pour désigner une musique radicale dite industrielle, composée
d’électronique, de bruits, de sonorités urbaines et de rythmiques métalliques.
LABEL
Maison de disque indépendante ou du moins autonome qui, dans les musiques électroniques plus
qu’ailleurs, fédère des artistes autour d’une étiquette, d’une identité ou d’un engagement communs.
NAPPE
Accord tenu joué sur un synthétiseur, qui remplit un rôle similaire à celui d’un ensemble de violons
dans un orchestre symphonique.
NEW WAVE
Large courant musical né du regain de créativité insufflé par le punk rock à la fin des années 70, qui
s’étend de la pop synthétique de Depeche Mode et New Order au rock glacial de Joy Division et The
Cure.
RAVE
De l’Anglais « to rave », délirer, s’extasier. Rassemblement dans un lieu inhabituel (entrepôt
ou champ...) pour célébrer la techno et la house dans les années 90. Face à la répression et la
récupération commerciale des raves, la free party d’aujourd’hui se tourne davantage vers la
clandestinité et les formes de techno les plus brutales.
REMIX
Morceau retravaillé ou même intégralement recomposé. Il est souvent le fruit d’un artiste autre que
le compositeur de l’original.
SAMPLE
Court extrait d’un disque enregistré et retravaillé pour produire un remix ou une œuvre totalement originale à
partir d’éléments sonores et musicaux empruntés.
SAMPLEUR
Ou échantillonneur. Instrument dédié à l’enregistrement et la manipulation de sons provenant de sources diverses.
La numérisation de ces enregistrements permet d’y accéder instantanément et de les modifier quasiment en
temps réel (mise en boucle, découpage, changement de vitesse et de hauteur de note...).
SOUND SYSTEM
L’ensemble des installations sonores et techniques qui constituent les systèmes de diffusion surpuissants des
grandes tribus nomades du dub, de la drum and bass et des free party.
UNDERGROUND
Littéralement souterrain. Rassemblement d’artistes et d’un public autour d’un genre musical.
L’underground refuse la compromission, la médiatisation et s’oppose par souci d’intégrité à la logique de marché,
en développant ses propres médias et réseaux de distribution alternatifs.
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TABLE DES MATIÈRES
PRÉFACE
Page 1
AMBIENT
Page 4
HOUSE MUSIC / ACID HOUSE
Page 6
TECHNO
Page 8
TRANCE / TRANCE GOA
Page 10
HARDCORE / HARDTEK / TRIBE
Page 12
JUNGLE / DRUM AND BASS
Page 14
BIG BEAT
Page 16
TRIP HOP
Page 18
ABSTRACT HIP HOP
Page 20
ELECTRONICA / INTELLIGENT TECHNO
Page 22
ELECTRO JAZZ
Page 24
ELECTRO DUB
Page 26
INCLASSABLES
Page 28
LEXIQUE
Page 30
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de la discothèque
PRINTEMPS 2008
MÉDIATHÈQUE ROGER GOUHIER
3, rue Jean Jaurès
93130 Noisy-le-Sec
tél. : 01 49 42 67 19
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Horaires
Mardi et jeudi
de 15h à 20h
Mercredi, vendredi et samedi
de 10h à 18h