Histoire collège Monticelli - Collège Monticelli à Marseille

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Histoire collège Monticelli - Collège Monticelli à Marseille
Un peu d’histoire
Pour bien comprendre le cheminement qui va amener la Villa Pauline, vaste
bastide du 19ème siècle, à devenir le collège Adolphe Monticelli, il faut
remonter un peu le temps. Précisément jusqu’au 24 Vendémiaire an XI,
correspondant au 16 octobre 1802, jour où les Consuls de la République (et le
premier d’entre eux, Napoléon Bonaparte) décidèrent par décret l’ouverture
sur le territoire national d’un premier contingent de cinq lycées.
De cette première vague ne subsistent aujourd’hui que trois établissements :
le lycée Michel de Montaigne à Bordeaux, le lycée André-Marie Ampère à
Lyon et… le lycée Adolphe Thiers à Marseille.
Accueillant à côté d’externes payants des élèves internes et boursiers, les
lycées ont vocation à se substituer peu à peu aux anciens collèges afin de
former les futures élites de la nation dans l’esprit des institutions postrévolutionnaires. Suivant les soubresauts du siècle, successivement Lycée de
Marseille (1802-1805), Lycée Impérial (1805-1815), puis Collège Royal (18151847), l’établissement marseillais reprit son nom original au début de la IIème
République pour ne pas le quitter… jusqu’en 1930.
Scolarisant les élèves dès le primaire jusqu’au Baccalauréat (créé en 1808 par
Napoléon 1er) puis au-delà, à partir de 1865 avec l’ouverture des premières
Classes préparatoires aux grandes écoles, le Lycée de Marseille voyait ses
effectifs augmenter. Absorbé par l’expansion urbaine et enserré sur les
quelque 2 hectares de terrain de l’ancien couvent des Bernardines, après les
extensions de 1845 (Ministère François Guizot) et 1879 (Ministère Jules Ferry et
suivants), il n’était plus possible d’agrandir davantage les locaux. La décision
fut prise de créer des « antennes » dont la localisation allait répondre à
l’évolution démographique de la ville.
C’est ainsi que le 3 octobre 1909 s’ouvrent simultanément les lycées annexes
Périer et Saint Charles, le Lycée de Marseille, pour se distinguer de ses cadets,
prenant alors la dénomination de Grand Lycée.
Durant l’année scolaire 1928-1929, ces deux établissements purent jouir d’une
autonomie de fonctionnement relative pour accéder à une complète
indépendance à la rentrée de 1946.
Mais revenons à 1929, année où les directives ministérielles précisaient que «
tous les établissements d’instruction secondaire porteront le nom d’un
personnage illustre né dans la ville… ».
Réuni le 27 mai de cette année-là, le Conseil municipal de Marseille propose
que soient adoptés les patronymes d’Edmond Rostand pour le Grand Lycée,
de Mirabeau pour Périer et de Henri Brisson, député de la 4ème circonscription
de Marseille et Président de la Chambre pour Saint Charles.
Mais les Conseils d’administration des trois établissements rejetèrent la
proposition. Les annexes gardèrent leurs dénominations initiales et le Grand
Lycée adopta le nom d’Adolphe Thiers, ancien élève, admis dans
l’établissement en 1809 comme boursier communal.
A noter, pour la petite histoire, que le lycée de la rue Paradis ne doit pas son
nom au Ministre de Louis Philippe, Casimir Périer. C’est un grand négociant
marseillais, fondateur de la Compagnie des Messageries Nationales,
Théophile Périer (1797-1863), qui fit construire en 1848 le « château » que l’on
aperçoit au 98 du boulevard à qui il donna - ainsi qu’au quartier tout entier son nom.
Quant au « château » du Collège Monticelli, daté au cadastre en 1869, et
appelé « Villa Pauline », il fut la propriété de plaisance de Louis Benet (18051877), entrepreneur ambitieux et ouvert au progrès industriel, dont le nom est
associé aux chantiers de construction navale de la Ciotat et aux ateliers de
construction mécanique de Menpenti.
A la fin des années 40, le Lycée Périer, qui avait pour annexes Montgrand et
Marseilleveyre, doit lui aussi penser à délocaliser une partie de ses effectifs qui
avaient considérablement augmenté.
Une opportunité se présente juste en face, au 93 du boulevard Périer où le
bâtiment, la villa Pauline, venait d’être libéré par l’Intendance militaire, qui y
avait installé un service de l’administration des colonies.
Aussitôt, la ville de Marseille entame une procédure d’expropriation qui lui
permet de récupérer les 1570 m2 de l’actuelle cour du collège.
Des bâtiments sortent de terre pendant l’année scolaire 1953 (l’actuel
collège, sans l’extension du CDI et la demi-pension) et en octobre 1954, c’est
l’intégralité des classes primaires du lycée Périer (800 élèves environ !) qui
prennent possession du lieu, qui devient aussitôt le Petit Lycée, par opposition
au grand voisin d’en face. Selon l’Indicateur Marseillais, il gardera cette
appellation jusqu’en 1974 pour devenir, à la rentrée 1975, le Collège
d’enseignement secondaire (CES) Adolphe Monticelli.
A noter que les CEG (Collèges d’enseignement généraux, ex Cours
complémentaires) sont baptisés CES en 1963 (ministère Christian Fouchet) qui
eux-mêmes deviendront « Collèges » en 1973 (ministère René Haby).
En 1954, on trouve la trace d’un projet d’aménagement du « château »
prévoyant la création de 9 salles de classes et de 2 appartements. Puis, en
1970, celui de la construction d’une piscine et en 1982, d’un gymnase…
projets qui sont restés sans suite.
Mais d’autres ont vu le jour, notamment :
- en 1985, la construction de 2 salles de classe (Parc 1 et 2) après la
démolition d’anciennes écuries
- en 1997, l’agrandissement du bâtiment de 1954 qui permet l’aménagement
au premier étage du CDI et de 3 nouvelles salles de classe, créant ainsi, au
niveau de la cour, un préau de plus de 500 m2.
La dernière réalisation date de 2011 : c’est la construction du bâtiment de la
demi-pension qui accueille en moyenne 360 collégiens quotidiennement.
Entre temps, en 1968, les élèves du primaire ont intégré les écoles des
alentours et une partie des collégiens de Périer ont traversé le boulevard pour
rejoindre le Petit Lycée.
Pourquoi l’avoir baptisé « Adolphe Monticelli » ?
Le peintre marseillais (1824-1886), grand inspirateur de Vincent Van Gogh, a
vécu dans le quartier de la Canebière (naissance rue Longue des Capucins
et mort rue Sénac). Il passa sa prime enfance à la campagne et se retrouva
scolarisé quelques années au Collège Royal (futur lycée Thiers).
A-t-il habité la « Villa Pauline » ou a-t-il été l’hôte des
propriétaires
au point d’y laisser son nom un siècle plus tard ? Rien ne le laisse penser.
Il est plus vraisemblable qu’au moment de donner un nom au « Petit Lycée »,
on pensa à l’illustre peintre à qui sa ville natale n’avait trouvé qu’un modeste
square du 8ème arrondissement pour le célébrer…
Détail du monument édifié à la mémoire d’Adolphe Monticelli (A. Carli, sculpteur).
Il se tint sur le cours du Chapitre jusqu'au début des années 1970 où les travaux
du métro imposèrent de le transférer au Palais Longchamp.

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