Mammifères marins - Koniambo Nickel SAS

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Mammifères marins - Koniambo Nickel SAS
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 24.1
Distribution et écologie des espèces de mammifères marins présentes
en Nouvelle-Calédonie ...........................................................................24-3
Tableau 24.2
Alimentation et reproduction des espèces de mammifères marins
présentes en Nouvelle-Calédonie ........................................................24-15
LISTE DES PHOTOGRAPHIES
Photo 24.1
Dugong (Dugong dugong) ......................................................................24-5
Photo 24.2
Petit rorqual (Balaenoptera acutorostrata) .............................................24-5
Photo 24.3
Baleine à bosse (Megaptera novaeangliae) ...........................................24-5
Photo 24.4
Cachalot pygmée (Kogia breviceps).......................................................24-5
Photo 24.5
Cachalot (Physeter macrocephalus) ......................................................24-7
Photo 24.6
Orque épaulard (Orcinus orca)...............................................................24-7
Photo 24.7
Dauphin à long bec (Stenella longirostris)..............................................24-7
Photo 24.8
Grand dauphin (Tursiops truncates).......................................................24-7
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- ii 20199
24. MAMMIFÈRES MARINS
Les informations qui suivent proviennent principalement des résultats des recherches de
C. Garrigue de l’Institut de Recherche pour le Développement (anciennement le Centre
ORSTOM) de Nouméa en Nouvelle-Calédonie. Un programme d’étude sur les cétacés, et
plus
particulièrement
sur
la
baleine
à
bosse
(Megaptera
novaeangliae),
de
Nouvelle-Calédonie a débuté en 1991 (Garrigue et Gill, 1994). Les études menées ont pour
but de déterminer la répartition spatiale de ces individus autour de la Nouvelle-Calédonie et
la période de l’année au cours de laquelle ils fréquentent les eaux néo-calédoniennes.
De plus, des sources fiables, disponibles sur Internet ont été considérées. Différents sites
ont été consultés afin d'obtenir d'une part des informations concernant la présence des
différentes espèces de mammifères marins dans les eaux néo-calédoniennes et, d'autre
part, des informations concernant la biologie de ces espèces.
•
Les sites offrant des résultats d'inventaires ou d'observations réalisés en
Nouvelle-Calédonie sont entre autres celui de l’Opération Cétacés et le site de
l'IFRECOR.
L'Opération Cétacés est une organisation non gouvernementale qui a identifié les espèces
présentes dans les eaux néo-calédoniennes par le biais d'un questionnaire distribué auprès
de personnes ou organismes concernés par le milieu marin tels la Marine Nationale, les
pêcheurs professionnels et les plaisanciers. Ce questionnaire, qui est disponible depuis
1991, permet de poursuivre le recensement du lagon calédonien, de recueillir de
l'information sur la répartition des espèces de mammifères marins et d'évaluer la
fréquentation saisonnière des cétacés dans les différentes zones d'étude en NouvelleCalédonie (Opération Cétacés, 2001).
L'IFRECOR, c'est-à-dire, l'Initiative Française pour les Récifs Coralliens, est un comité
national du Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement et du
Secrétariat d’État à l’Outre-Mer de France. Ce comité a pour principal but d’élaborer et de
mettre en œuvre une stratégie et un plan d’actions de protection et de gestion durable des
récifs coralliens français.
•
Les sites consultés concernant la biologie des espèces de mammifères marins
inventoriées dans les eaux néo-calédoniennes sont entre autres celui du Museum of
Zoology de l’Université du Michigan, celui de l’American Cetacean Society et celui de
l'organisme Cetacea.
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24.1 COMPOSITION SPÉCIFIQUE
Les inventaires réalisés en Nouvelle-Calédonie ont permis d’identifier 10 espèces de
mammifères marins, appartenant à deux ordres, soit les ordres des Siréniens et des
Cétacés (Garrigue et Gill, 1994; Opération Cétacés, 2001) (tableau 24.1).
Une espèce de l’ordre des Siréniens et appartenant à la famille des Dugongidés a été
recensée dans les eaux marines néo-calédoniennes, soit le dugong (Dugong dugong)
(photo 24.1).
Les espèces inventoriées en Nouvelle-Calédonie, de l’ordre des Cétacés, appartiennent
aux sous-ordres des Mysticètes et des Odontocètes. La famille des Balaenopteridés,
appartenant au sous-ordre des Mysticètes, est la seule inventoriée dans les eaux marines
néo-calédoniennes. Trois familles, appartenant au sous-ordre des Odontocètes, ont été
inventoriées. Il s’agit des familles des Kogiidés, des Physeteridés et des Delphinidés.
Les deux espèces présentes dans les eaux de la Nouvelle-Calédonie, appartenant à la
famille des Balaenopteridés, sont le petit rorqual (Balaenoptera acutorostrata) (photo 24.2)
et la baleine à bosse (photo 24.3).
De la famille des Kogiidés, deux espèces ont été inventoriées, soit le cachalot pygmée
(Kogia breviceps) (photo 24.4) et le cachalot nain (Kogia simus).
Le cachalot (Physeter macrocephalus) (photo 24.5) est la seule espèce inventoriée qui
appartient à la famille des Physeteridés.
Quatre espèces de la famille des Delphinidés ont été inventoriées. Il s'agit de l'orque
épaulard (Orcinus orca) (photo 24.6), du pseudorque (Pseudorca crassidens), du dauphin à
long bec (Stenella longirostris) (photo 24.7) et du grand dauphin (Tursiops truncatus)
(photo 24.8).
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Tableau 24.1
Distribution et écologie des espèces de mammifères marins présentes en Nouvelle-Calédonie
Source :
Unique Australian Animals (2000)
Photo 24.1
Dugong (Dugong dugong)
Source :
CRESLI (1999)
Photo 24.2
Source :
Petit rorqual
(Balaenoptera acutorostrata)
Opération Cétacés (2001)
Photo 24.3
Baleine à bosse
(Megaptera novaeangliae)
Source :
Cetacea (2000)
Photo 24.4
Cachalot pygmée
(Kogia breviceps)
Source :
Encyclopédie Encarta (2000
Photo 24.5
Cachalot
(Physeter macrocephalus)
Source :
Cetacea (2000)
Photo 24.6
Source :
Orque épaulard
(Orcinus orca)
Cetacea (2000)
Photo 24.7
Dauphin à long bec
(Stenella longirostris)
Source :
Cetacea (2000)
Photo 24.8
Grand dauphin
(Tursiops truncates)
Selon l’UICN (2000), deux espèces de mammifères marins ont un statut particulier. Il s’agit
du dugong (VU A1cd) et de la baleine à bosse (VU A1ad) qui sont toutes deux considérées
comme vulnérables.
Le dossier Environnement Nouvelle-Calédonie (1998) et l’IFRECOR (2000) mentionnent
que les espèces suivantes vivant en Nouvelle-Calédonie ou migrant par le territoire sont
inscrites à l’annexe I du CITES1 : le dugong, le petit rorqual, la baleine à bosse et le
cachalot. L'annexe I de cette convention comprend les espèces qui sont menacées
d'extinction et qui sont ou pourraient être affectées par le commerce. Le commerce de ces
espèces doit être soumis à une réglementation particulièrement stricte afin de ne pas
mettre davantage leur survie en danger et ne doit être autorisé que dans des conditions
exceptionnelles (CITES, 2001).
Sont inscrites en annexe II les espèces suivantes : le cachalot pygmée, le cachalot nain
l’orque épaulard, le pseudorque, le dauphin à long bec et le grand dauphin (CITES, 2001).
L'annexe II comprend les espèces qui ne sont pas menacées d’extinction mais qui peuvent
le devenir si le commerce international de ces espèces n'est pas réglementé.
Les Siréniens et les Cétacés de la Nouvelle-Calédonie sont aussi protégés par la
délibération no 85-2001/BPN, adoptée par la Province Nord, qui interdit la chasse sauf
sous autorisation provinciale ou possession de permis de chasse. La protection des
espèces à statut particulier de l’ordre des Siréniens et des Cétacés est présentée au
chapitre 25.
24.2 ABONDANCE
L’information disponible concernant l’abondance des différentes espèces de mammifères
marins est très fragmentaire. De plus, on ne dispose que de très peu d’informations
concernant l’abondance de ces populations en Nouvelle-Calédonie.
1
CITES : Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages
menacées d’extinction (Environnement Nouvelle-Calédonie, 1998).
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Les inventaires aériens réalisés dans les mers d’Australie afin d’évaluer les populations de
dugong ont permis d’obtenir une approximation se chiffrant à 80 000 individus (Marsh and
Lawler, 1992, cité dans Marsh et al.,1999). Richer de Forges (1998) mentionne toutefois
que la population mondiale est estimée à 30 000 individus. Pour ce qui est de la population
de dugong en Nouvelle-Calédonie, l’IFRECOR (2000) indique que les stocks sont inconnus
puisque seules quelques observations ont été réalisées à ce jour. Selon Garrigue (1994),
approximativement 18 000 individus de dugong auraient été recensés dans les eaux de la
Nouvelle-Calédonie.
La population mondiale du petit rorqual est estimée de 610 000 à 1 284 000 alors que celle
de la baleine à bosse est d’environ 20 000 (tableau 24.1). La population mondiale du
cachalot est estimée à 2 000 000 d’individus. On ne dispose pas d’informations concernant
la population mondiale et néo-calédonienne des autres espèces de cétacés.
En Nouvelle-Calédonie, le suivi des baleines à bosse est réalisé depuis 1993 par Opération
Cétacés et a permis de recenser 182 individus (Opération Cétacés, 2001). Grâce aux
études menées depuis 1991 par Greaves et Garrigue (1998), il a été possible de suivre les
individus afin d’estimer la taille de la population et même de savoir si les individus
revenaient chaque année dans les eaux néo-calédoniennes. Leurs études démontrent que
la population varie entre 126 ± 100 et 243 ± 97 individus.
24.3 DISTRIBUTION
L'aire de répartition du dugong va de l'Afrique de l'Est à Vanuatu avec un maximum
d'abondance sur la côte nord de l'Australie (Richer de Forges, 1998). Selon
Garrigue (1994), la population du dugong s’étend de la Côte Est de l’Australie jusqu’à la
Papouasie Nouvelle-Guinée incluant les Îles mélanésiennes des Salomons, de la
Nouvelle-Calédonie et du Vanuatu.
Le dugong est présent dans la zone d’étude. NSR (2001), lors de l’inventaire de
l’ichtyofaune marine réalisé dans le cadre du projet Koniambo, a observé quelques
individus dans le lagon et dans les herbiers de phanérogames.
Les espèces de mammifères marins de l’ordre des Cétacés présentes dans les eaux
néo-calédoniennes ne sont pas endémiques à la Nouvelle-Calédonie; elles possèdent
plutôt une très vaste distribution allant des eaux polaires aux eaux tropicales (tableau 24.1).
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Selon Garrigue et Gill (1994), des baleines à bosse sont régulièrement observées autour
de la Nouvelle-Calédonie et des îles Loyauté. La plupart des observations ont toutefois été
réalisées dans le sud de la Grande Terre, principalement dans les environs de Nouméa, de
l’île des Pins et du Lagon Sud-Est.
Selon les études menées par Garrigue et Gill (1994), la période de l’année au cours de
laquelle les baleines à bosse fréquentent les eaux néo-calédoniennes serait de juin à
décembre avec des pics de fréquentation entre les mois d’août et septembre.
Très peu d'informations ont permis de préciser la distribution, dans les eaux de la
Nouvelle-Calédonie, des différentes espèces de cétacés. Toutefois, compte tenu de
l'habitat préférentiel de ces espèces dans les milieux littoral et pélagique, il est probable
qu'on puisse observer l’ensemble de cette faune dans la zone d’étude (tableau 24.1).
Certaines espèces, comme les dauphins, pourraient même s'alimenter dans les eaux
lagonaires de la zone d’étude. En effet, NSR (2001) a observé un groupe de 30 dauphins à
long bec dans le lagon lors de l'inventaire de l'ichtyofaune marine.
Malgré que le petit rorqual ait été inventorié dans les eaux néo-calédoniennes (Blanchot
et al., 2000), il est peu probable de le retrouver dans la zone d’étude puisqu'il est rare dans
les eaux tropicales. En effet, cette espèce préfère les mers polaires et tempérées (Banfield,
1977).
24.4 BIOLOGIE
24.4.1 Territoire, domaine vital et déplacements
Selon Garrigue (1994), le dugong vit dans les baies peu profondes, près des côtes et dans
les chenaux protégés des vents et des mers fortes là où poussent les prairies d’herbes
marines dont il se nourrit (tableau 24.1).
Les informations disponibles sur le dugong ne permettent pas de savoir s'il effectue de
longues migrations. Toutefois, il existe des déplacements journaliers et saisonniers chez
certaines populations (Fox, 1996). Les marées, la température de l’eau et l’abondance de
nourriture sont les principaux facteurs déterminant ces déplacements (Fox, 1996).
La majorité des cétacés présents dans les eaux néo-calédoniennes fréquentent
principalement le milieu pélagique à l'exception du petit rorqual, de la baleine à bosse, du
dauphin à long bec et du grand dauphin qui fréquentent la zone littorale (tableau 24.1).
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Selon Cetacea (2000), le grand dauphin préfère les eaux peu profondes, de moins de 30 m
et se retrouve aussi dans les baies et les lagons (tableau 24.1).
Les migrations effectuées par les espèces de la famille des Balaenopteridés sont longues
et visent principalement à concilier les besoins de la reproduction et de la nutrition
(Fontaine, 1988). Les différentes espèces migratrices suivent toujours la même route de
migration, passant l’été dans les eaux tempérées et polaires pour s’alimenter et se
retrouvant dans les eaux tropicales d'avril à novembre pour se reproduire et s’occuper de
leurs jeunes (American Cetacean Society, 2000; Cetacea, 2000). Ainsi, la présence des
espèces migratrices dans les eaux néo-calédoniennes correspond à leur période de
reproduction.
La méthode de photo-identification consiste à identifier chaque individu à partir de marques
naturelles présentes sur le corps de l’animal et est utilisée pour individualiser les animaux
(Opération Cétacés, 2001). Les photographies des individus observés dans les eaux
néo-calédoniennes, prises dans le cadre des études de Greaves et Garrigue (1998), ont
permis d’identifier des baleines à bosse précédemment observées au niveau de la zone Est
de l’Australie. Ceci confirme la présence de corridors migratoires entre ces deux zones.
Ces données sont appuyées par l’existence de similitudes importantes dans le chant des
individus (Gill et al., 1995). Selon Payne et Guinee (1983) cités dans Gill et al., (1995), les
chants de baleine à bosse sont de bons indicateurs de l’identité des populations.
L’arrivée des baleines à bosse en Nouvelle-Calédonie correspond à la période de
reproduction observée dans d’autres régions du monde (Simmons et Marsh, 1986, cités
dans Garrigue et Gill, 1994). Celles-ci se reproduiraient au moment de leur séjour en
Nouvelle-Calédonie. Elles trouveraient dans les eaux du Lagon Sud des conditions
favorables pour mettre bas (profondeurs, abondance de récifs et îlots protecteurs). Les
eaux du Lagon Sud-Ouest ne constitueraient pas une étape de migration qui les conduirait
plus au nord, mais une destination finale. Ceci est appuyé par l’observation fréquente
d’individus (adultes et nouveau-nés) autour de la Nouvelle-Calédonie durant l’hiver et le
printemps austral, de comportements de groupe caractéristiques (chants fréquents) et
d’individus juvéniles (Baker et al., 1990 cités dans Garrigue et Gill, 1994).
Certains cachalots demeurent à l'année longue dans les eaux tropicales. En effet,
Cetacea (2000) mentionne que cette espèce ne migre pas vraiment mais suit plutôt sa
source de nourriture.
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Chez la famille des Delphinidés, il n'est pas possible de confirmer si le pseudorque effectue
des migrations saisonnières (Cizek, 1996). Le grand dauphin n'entreprend pas de migration
sur de longues distances mais fréquente plutôt les eaux tropicales (Ballenger et
Lindsley, 1996). On ne dispose d'aucune information concernant la migration de l’orque
épaulard et du dauphin à long bec dans les eaux de la Nouvelle-Calédonie.
Les espèces des familles des Balaenopteridés et des Delphinidés sont très sociales. En
effet, elles vivent généralement en groupe pouvant aller jusqu’à des centaines d’individus.
À l’intérieur de ces groupes se forment habituellement des sous-groupes de quelques
individus (Cetacea, 2000; Cizek, 1996; Bull, 1998; Ballenger et Lindsley, 1996).
La composition des groupes varie selon les buts visés. La ségrégation se fait selon l’âge, le
statut social et la maturité sexuelle (IFAW, 2000). On retrouve entre autres des groupes de
pouponnière, des groupes de juvéniles ainsi que des groupes de mâles adolescents.
Le groupe de pouponnière est composé de femelles matures et de leurs petits. Certains
mâles matures, à la recherche d’une partenaire, peuvent s’associer à ce groupe durant la
période de reproduction (IFAW, 2000). Les mâles adolescents peuvent aussi former des
groupes jusqu’à l’atteinte de la maturité sexuelle.
24.4.2 Alimentation et croissance
Selon Fox (1996), le dugong est essentiellement herbivore et se nourrit de phanérogames
bien qu'à l’occasion il mange également des algues et des crabes (tableau 24.2). Les
phanérogames constituent toutefois l’essentiel de son alimentation. Leur valeur nutritive
étant faible, le dugong doit en consommer beaucoup et, de ce fait, il passe la majeure
partie de son temps à se nourrir (Garrigue, 1994). Le dugong se nourrit dans les herbiers
de phanérogames peu denses, à des profondeurs de moins de 5 m (Richer de
Forges, 1998). Ces herbiers représentent un habitat critique d'alimentation pour cette
espèce puisque son alimentation est très spécialisée.
La diète des espèces de cétacés est principalement composée d'une grande variété de
poissons et de calmars (tableau 24.2). Certaines espèces telles le petit rorqual et la baleine
à bosse se nourrissent toutefois principalement de plancton et de petits poissons
(tableau 24.2). La baleine à bosse se retrouve généralement à moins de 50 m de
profondeur pour se nourrir (American Cetacean Society, 2000) alors que les espèces de
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cachalots capturent leurs proies en milieu pélagique à de grandes profondeurs
(Cetacea, 2000).
Les jeunes mammifères marins se nourrissent du lait maternel pendant une longue période,
variable selon les espèces (tableau 24.2). La période de lactation semble beaucoup plus
longue chez la famille des Delphinidés comparativement à celle des Balaenopteridés
(tableau 24.2). Chez les Delphinidés, elle varie de 7 mois, pour le dauphin à long bec
(Klinowska, 1991 cité dans Bull, 1998), à 24 mois chez le pseudorque (Cizek, 1996). Chez
les Balaenopteridés, la période de lactation est de 6 mois à 1 an (Fontaine, 1988).
En ce qui concerne la longévité des espèces, elle est aussi variable selon les espèces
(tableau 24.1). Le dugong, selon Marsh et al. (1999), vit environ 70 ans. Selon Marsh et
Saafeld (1989), cités dans Ministry of Agriculture of Malaysia (1996), le taux de croissance
maximum du dugong est estimé à environ 5 % par année. La longévité la plus longue est
celle du cachalot qui peut vivre jusqu'à 77 ans alors que la plus courte est celle du grand
dauphin qui vit jusqu'à 30 ans.
24.4.3 Reproduction
Le dugong a un faible taux de reproduction et un taux élevé d'investissement pour chaque
jeune (Marsh et Saafeld, 1989, cités dans Ministry of Agriculture of Malaysia, 1996). En
effet, une maturité tardive, soit vers l’âge de 10 ans, et une faible fécondité ne lui
permettent pas d’avoir plus de 5 à 6 petits au cours de sa vie (Garrigue, 1994). La maturité
sexuelle est atteinte à l'âge de 9 à 10 ans mais peut tarder jusqu’à 15 ans (Fox, 1996).
Après 13 mois de gestation, la femelle donne naissance à un seul petit. La relation
mère-petit est longue et il s’écoulera environ 3 à 7 ans entre deux naissances (Garrigue,
1994).
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Tableau 24.2
Alimentation et reproduction des espèces de mammifères marins présentes en Nouvelle-Calédonie
Les espèces migratrices de la famille des Balaenopteridés se retrouvent dans les eaux
tropicales durant les mois d'avril à novembre pour se reproduire. Garrigue (1994)
mentionne qu'il est fort possible que la baleine à bosse se reproduise dans les eaux de la
Nouvelle-Calédonie puisque plusieurs observations de juvéniles ont déjà été faites. De
plus, le comportement actif de surface typique au mâle, entrant en compétition pour une
femelle, a aussi été observé dans les eaux néo-calédoniennes (Garrigue et Gill, 1994). La
maturité sexuelle chez les espèces de cétacés est tardive, soit vers l'âge de 5,5 à 18 ans
(tableau 24.2). De plus, la période de gestation est longue; elle dure au moins 9 mois,
pouvant aller jusqu'à 16 mois chez le cachalot (tableau 24.2). Les soins parentaux sont
exigeants et la période de lactation dure de 5 à 24 mois, selon les espèces (tableau 24.2).
Les cétacés ont un jeune à des intervalles variant de 1 à 7 ans (tableau 24.2). En effet,
l’intervalle entre les saisons de reproduction est de 1 à 2 ans chez le petit rorqual
(Fahey, 1996) alors que cet intervalle est de 7 ans chez le pseudorque (Cizek, 1996). Les
cétacés ont généralement un petit à tous les deux ans (Fontaine, 1988).
24.4.4 Facteurs de mortalité et de contrôle des populations
Selon le Great Barrier Reef Marine Park Authority (2000), les menaces pour le dugong
sont :
•
la perte d’habitat;
•
la collision avec des bateaux;
•
la chasse par les indigènes;
•
les activités illégales.
La vulnérabilité du dugong est augmentée par sa grande dépendance à son habitat
spécialisé, soit les herbiers de phanérogames. Cet habitat se situe dans les milieux littoraux
où les eaux sont calmes et peu profondes, comme dans les baies et les lagons, et où les
demandes pour le développement résidentiel et touristique sont en croissance (Marsh
et al., 1999). De plus, les effets du développement agricole et des activités minières se font
aussi sentir dans les milieux littoraux (Marsh et al., 1999). Ces activités anthropiques
rendent le milieu littoral plus susceptible aux effets de la pollution, entraînant une
dégradation de l'habitat. Selon le Ministry of Agriculture of Malaysia (1996), la pollution
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affecte aussi le dugong à cause de la bioaccumulation2 de composés toxiques. Richer de
Forges (1998) mentionne aussi que les dugongs sont décimés par les catastrophes
naturelles auxquelles s'ajoute la prédation humaine.
Le principal facteur de mortalité et de contrôle des populations pour les espèces de cétacés
est la capture accidentelle dans les filets de pêche. Les échouages de mammifères marins
sont généralement peu fréquents en Nouvelle-Calédonie. Selon Opération Cétacés (2001),
un échouage par année est recensé mais certaines années, sans qu'une quelconque
raison puisse être attribuée à ce phénomène, les échouages se multiplient.
On ne dispose d’aucune information concernant les perturbations que peuvent occasionner
les navires sur le système d’écholocation des mammifères marins et qui pourraient être
responsables de certains échouages.
La destruction de l'habitat, causée par le développement anthropique, est aussi un facteur
important de mortalité pour les espèces vivant dans le milieu littoral.
La contamination chimique représente une menace pour les cétacés. En effet, les
pesticides et les métaux peuvent se concentrer à des taux élevés dans leurs organes, leur
chair et fragiliser ainsi leur organisme en diminuant leur défense immunitaire
(Escoubeyrou, 2001). Les recherches menées par l’Institut Italien Téthys ont permis de
confirmer que la contamination chez les cétacés peut avoir des effets négatifs sur leur
reproduction (Escoubeyrou, 2001). Selon Aguilar et al., 1999 cités dans Guinet et al., 2001,
le régime alimentaire des cétacés est sans doute l’un des principaux facteurs influençant la
bioaccumulation des métaux chez ces organismes situés en fin de chaîne alimentaire.
La chasse des différentes espèces de cétacés a déjà représenté un facteur important de
mortalité. Toutefois depuis 1966, les cétacés font l’objet d’une protection mondiale conférée
par l’International Whaling Commission (IWC) (American Cetacean Society, 2000).
24.5 VALEUR INTRINSÈQUE ET D’USAGE
Chazeau et al. (1994) mentionnent que les dugongs ont une grande importance
socioculturelle (alimentation traditionnelle, valeur culturelle). Selon Garrigue (1994), le
2
La bioaccumulation est un processus qui résulte de la transformation et de l’accumulation d’une
substance dans les tissus d’un organisme vivant, par défaut d’élimination ou lorsque l’élimination
est plus lente que l’accumulation.
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dugong a été intensivement chassé pour sa chair, son huile, ses dents et son cuir;
certaines parties de son corps passent même pour avoir des vertus médicinales. Selon
l’IFRECOR (2000), le dugong est théoriquement protégé mais il fait l’objet de quelques
captures pour sa chair, à l’occasion des fêtes coutumières. Certaines chefferies ont
toutefois volontairement arrêté la capture de ces animaux pour les fêtes coutumières. Le
braconnage, qui est impossible à quantifier, reste aussi une des préoccupations
principales.
Selon Garrigue (1994), il est indispensable de protéger le dugong qui, d’un point de vue
écologique, occupe une place importante dans l’écosystème des eaux peu profondes le
long des côtes tropicales et subtropicales de l’Océan Indien et de l’ouest de l’Océan
Pacifique.
Les espèces de l'ordre des cétacés ont longtemps été chassées pour la consommation de
leur chair et pour l'utilisation de leur graisse pour en faire entre autres de l'huile et des
parfums.
L'ambre gris est une substance provenant de la digestion stomacale du cachalot et est
utilisée dans la fabrication des parfums (Gouvernement du Canada, 2000). Celle-ci se
retrouve à la surface de l'eau ou sur le littoral surtout dans les îles du Pacifique
(ZOOM, 1997). Une fois exposée à l'air, la substance se durcit pour former une masse à
l'odeur
particulière
(Ballenger,
1996).
Au
début
du
siècle,
les
habitants
de
Nouvelle-Calédonie faisait de cet ambre une importante source de revenus (ZOOM, 1997).
Avec l’arrivée de produits de synthèse, l'ambre gris n’est aujourd’hui acheté que par les
plus grands parfumeurs.
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Étude environnementale – Rapport final
RÉFÉRENCES
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