Séquence 1, extrait 2 : Gargantua de Rabelais

Transcription

Séquence 1, extrait 2 : Gargantua de Rabelais
Séquence 1, extrait 2 : Gargantua de Rabelais
Rabelais est un auteur humaniste du XVème. D’origine bourgeoise, il reçoit lors de son enfance une
éducation tradionnelle donc il fera la critique dans sa future carrière littéraire. Il devient moine
franciscain et conteste l’autorité religieuse. Il abandonne ensuite son métier de moine pour devenir
prêtre. Il étudiera par ailleurs la médecine et lors de sa carrière de médecin il éditera des livres de
médecine. Il publie sous le pseudonyme d’Alcofribas Nasier, anagramme de son nom, Pentagruel en
1532 et Gargantua en 1534.
Ce passage se situe pendant la guerre des Picrocholines. Le roi Picrochole a déclenché la guerre face à
son rival Grandgousier. Ces deux rois sont totalement opposés et leur façon de gouverner diffère
totalement : d’un côté on trouve un roi sanguinaire et barbare, de l’autre un roi riche en valeur et
humaniste. C’est une tâche difficile pour Grandgousier de conserver la paix avec ce tyran. Dans le
chapitre 25, l’armée de Picrochole arrive aux portes d’une abbaye, rien ne les arrête, pas même la peste.
Les assaillants se mettent à vendanger les récoltes et les saccagent. Pourtant personne ne réagit et les
moines prient. C’est à ce moment-là qu’un personnage emblématique de l’œuvre de Rabelais, Frère
Jean des Entommeures arrive et va ainsi mettre fin à cette guerre.
I) Portrait du héros
II) Personnage épique
III) Une critique de la guerre et de la religion (comique)
I)
Effort stylistique qui transforme l’habit de Frère Jean en habits dignes des héros : « mit bas son grand
habit et sortit en beau sayon, mis son froc en écharpe ». Utilisation de « beau », « grands » et « en
écharpe » pour mettre en valeur
Attributs du moine deviennent des attributs guerriers. « bâton de la croix » devient une «amre « long
comme une lance » par comparaison. Frère jean est aussi assigné à un « escrimeur ».
L’arme des faite de « cœur de cormier », bois dur de bonne qualité.
« Fleur de lys » donne à Frère Jean le caractère d’un héros avec une noble cause.
Frère Jean est représenté comme un personnage fort en action à travers les verbes d’action et le passe
simple rendant les actes du héros plus vivants.
Sa force physique est aussi beaucoup mise en avant (« il montrait la force de ses muscles ») faisant
penser au personnage d’Hercule.
Vers la fin de l’extrait, répétition du « si » qui donne une impression d’un frère Jean héroïque sur tous
les fronts (figure d’exagération).
II)
Un seul homme contre tous faisant penser aux épopées chevaleresques. Son combat acharné se fait
d’une manière herculéenne :
- Coups par surprise à travers des hyperboles « donna si brusquement, choqua si vertement »
-
Efficacité destructrice montré par le préfixe « dé » dans les verbes comme « délochait,
démoulait … »
Comme pour les roman chevaleresque, les ennemis sans mal organiser comme ici avec « sans ordre, ni
trompette, ni enseigne, ni tambourin. »
Ils sont aussi sans moralité et font preuves de paresse et de débauche : « avaient défoncé leurs caisses
d’un côté pour les emplir de raisins, les trompettes étaient chargées de pampres, chacun faisaient
relâche ».
L’énumération des éléments propres à l’armée de l’époque (instruments de musiques) contient une
répétition de la négation qui permet d’insister sur l’aspect désorganisé des ennemis. Les soldats sont
devenus des pilleurs qui se servent de leurs instruments comme outil de pillage (« pour les emplir de
raisins »)
Le combat met en avant la force du héros à travers l’utilisation d’éléments liés à l’anatomie « cervelle,
bras, jambes … »
Gradation des relations entre Frère Jean et ses ennemis :« aux uns aux autre » -> « quelqu’un » -> « sa
vieille connaissance », on est ici à la limite d’un personnage épique où personne n’est épargné.
III)
La critique de la guerre et de la religion se fait d’abord à travers un registre comique
Enumération des termes à l’anatomie : « cervelle, bras, jambes, spondyles du cou … » qui permet
d’insister sur le carnage mais qui permet aussi d’insister sur le goût de Rabelais pour la science. Il y a un
mélange entre les termes courants de l’anatomie et les termes spécifiques
(« lambdoïde », »fémurs », »suture occipito pariétale », « médiastin ») donnant une image parodique et
comique du combat. Ce carnage de la part d’un moine est contraire aux messages porteurs de paix qu’il
devrait avoir.
Le registre de langue est familier, inattendu pour un texte soi-disant épique : « écrabouillait », « la
gueule » , « les couilles ». Les combat a une dimension peu glorieuse
Les comparaisons sont basées sur des images à connotation péjorative « comme un chien/des porcs ». Il
y a aussi des références à des élément triviaux « le fondement, du cul, les couilles ».
La mise en scène de Frère Jean est une représentation de l’Eglise entière. C’est une image inversée de ce
qu’elle devrait être : absence de compassion « tu rendras ton âme à tous les diables » et aucun respect
de l’honneur entre ami. De plus, la croix qui devient une arme est une critique vis-à-vis d’une Eglise qui
cautionne la guerre au nom de la religion.
 Un texte qui en parodiant le récit épique permet la crique. Il y a donc une image détournée du
héros traditionnel dans le but de critiquer la société. C’est surtout à travers le langage souvent
aux confins de la langue soutenue et familière voire grossière que Rabelais mettra en avant
cette critique. Il y a donc un nouveau regard sur le héros qui devient le porte parole d’un
discours critique malgré lui. La fin du texte annonce « le plus horrible spectacle » annonce par
ailleurs la critique de la guerre de Voltaire qui va être reprise par Céline.

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