4 CELLULE 211 - Daniel Monzon - 1h 50` - Espagne/France

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4 CELLULE 211 - Daniel Monzon - 1h 50` - Espagne/France
AOÛT
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CELLULE 211 - Daniel Monzon - 1h 50’ - Espagne/France
Luis Tosar, Alberto Amman, Antonio Resines, Manuel Moron, Marta Etura
Dans une centrale pénitentiaire, une mutinerie déclenchée pour coïncider
avec la présence de membres de l’ETA dégénère en tragédie humaine
mêlant complicité et amitié entre détenus et personnel carcéral. L’intérieur
contre l’extérieur, le droit contre la sanction, la politique face au
terrorisme, jusqu’à la confusion du bien et du mal unis dans la douleur de
l’injustice. Au-delà des mots et des actes il y a des hommes incarnés par
un tueur et un gardien. Tout les oppose parcours, passé, avenir comme
tout les sépare de leurs buts à leurs espoirs, hors l’honneur et le respect
qui donnent un sens à l’humanité. Reposant sur l’affrontement d’acteurs
de talent et tourné caméra à l’épaule dans une prison désaffectée, le film
mêle action et réflexion décomposant sans concession aucune toutes les
origines et conséquences de la violence dans un pays qui en est
culturellement imprégné.
Sans autre rapport avec « Un Prophète » que leur nombre de
récompenses en Césars ou Goyas, cette œuvre est adaptée d’un roman
de Francisco Perez Gandul qui reçut presqu’autant de prix littéraires.
UN POISON VIOLENT - Katell Quillévéré - 1h 32’ - France
Clara Augarde, Lio, Michel Galabru, Stefano Cassetti, Thierry Neuvic
La dualité entre la chair et l’esprit, révélée par les épîtres de St Paul,
trouble l ‘été d’une famille catholique provinciale. Les chœurs religieux
scandent les cérémonies initiatiques d’une adolescente tiraillée entre ses
premiers émois sexuels, les attirances impies de sa mère et les derniers
sursauts charnels de son grand père. Cette chronique intimiste aborde les
interdits de la religion et de la société face à la liberté offerte au seuil de
l’adolescence, jouant de l’alternance des lumières entre lande bretonne et
vitraux, pour grandir, vieillir et mourir dans la connaissance du plaisir.
Un premier film ambitieux et maîtrisé.
L’HEURE DU CRIME - Giuseppe Capotondi - 1h 35’ - Italie
Ksenia Rappoport, Filippo Timi, Antonia Truppo, Gaetano Bruno
Les films noirs ont pour privilège de réunir gangsters, flics et amours
impossibles, en renouvelant le genre à partir d’un speed dating une jeune
femme de chambre et un policier veuf vont jouer à la seconde chance. La
double vie de chacun des personnages, son passé douloureux ou son
avenir radieux, s’entremêlent autant dans le mensonge que dans le désir
inconscient, nous offrant une réalité née de fantasmes, à la merci
d’ultimes décisions entre Turin ou Buenos Aires.
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THE KILLER INSIDE ME - Michael Winterbottom - 2h - Grande Bretagne
Casey Affleck, Jessica Alba, Kate Hudson, Simon Baker, Bill Pullman
Années 60, une petite ville du Texas et ses codes : chapeau, shérif, filles
et un assassin pervers proie et jouet du puritanisme et des interdits
sexuels. La chronologie du récit est rompue par les violences, l’image
dissocie les actes des soupçons, le classicisme des plans accentue la
manipulation. Ce rapport tranquille au mal est en adéquation parfaite avec
le jeu de Casey Affleck, la mise en scène lumineuse nous entraine au
rythme des crimes dans les arcanes de la sexualité déviante jusqu’à la
folie.
Une adaptation subtile et brillante du classique noir de Jim Thomson « Le
démon dans ma peau » à voir et relire.
CHATROOM - Hidéo Nakata - 1h 37’ - Grande Bretagne –
Aaron Johnson, Imogen Poots, Matthew Béard, Hannah Murray
Proche du sujet de « L’autre monde », et de la confusion entre virtuel et
réel pour assouvir des passions négatives et se faire aider dans leur
réalisation « Chatroom » reconstitue en vitesse accélérée et en images
sombres ou claires l’univers imaginaire d’Internet. Entre décrochement et
retour à la réalité les personnages acteurs de leur propre vie, pourtant
projetée, se croisent sans se voir, communiquent sans s’entendre,
expriment leur mal être d’adolescents, jouent à être autres, hors limites.
Hidéo Nakata a adapté une petite pièce de théâtre anglaise en la
transformant en thriller sans autre fantôme que le pouvoir du Net.
L’ARBRE - Julie Bertuccelli - 1h 40’ - France/Australie Charlotte
Gainsbourg, Marton Czokas, Morgana Davies, Aden Young
Un figuier géant, porteur du deuil d’une famille australienne, se
personnifie tour à tour en gentil ou en méchant, au regard d’une petite
fille et de sa mère avides de surnaturel pour fuir leur douleur.
Adaptation d’un roman australien, le film en ne traduisant que la force de
la nature et la fragilité féminine, ne trouve pas la dimension onirique qui
lui ferait dépasser le petit conte familial d’enfants blonds et bouclés.
ORLY - Angela Schanelec - 1h 24’- France/Allemagne
Natacha Regnier, Bruno Todeschini, Mireille Perrier, Emile Berling
Orly, des gens passent, téléphonent, se croisent, échangent des banalités,
protégés par l’anonymat pour certains, l’attente à combler pour d’autres.
Se connaître, se confier, se libérer dans la foule d’un hall d’aéroport,
symbole du monde. Un homme, une femme, une mère, son fils ado, un
jeune couple et une fille seule, toute une série de portraits sensés illustrer
la fragilité des sentiments. Le mécanisme de l’alternance de leurs histoires
entre plans larges fixes et travellings, forte ambiance sonore et chansons
ou textes en voix off révèlent plus l’artificialité du propos que la vacuité de
l’amour.
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D’AMOUR ET D’EAU FRAÎCHE - Isabelle Czajka - 1h 30’ - France
Anaïs Demoustier, Pio Marmaï, Laurent Poitrenaud, Jean Louis Coulloc’h
Avoir vingt ans, l’âge de rêver sa vie, de trouver sa voie, de construire son
avenir, d’apprendre et de tout attendre, l’amour et l’épanouissement.
Entre le rêve et la réalité, il y a la société et le monde du travail, le hasard
et les rencontres, décevantes ou inattendues, le jeu de la facilité et son
engrenage, les choix et leurs conséquences. L’héroïne tranquille de cette
comédie sociale cherche sa voie et se heurte à l’univers hostile du chacun
pour soi, parents indifférents, expériences professionnelles frustrantes,
sexualité sans but, jusqu’à l’irresponsabilité joyeuse et tragique. Le
parcours est faussement léger, comme la jeunesse, le film en est son
reflet par son scénario structuré, son rythme entraînant, ses images
lumineuses, ses acteurs justes et émouvants.
Anaïs Demoustiers et Isabelle Czajka déjà réunies dans « L’année
suivante » continuent un parcours rare et réussi.
CRIME D’AMOUR - Alain Corneau - 1h 46’ - France
Ludivine Sagnier, Kristin Scott Thomas, Patrick Mille, Guillaume Marquet
Duel et vengeance, le machiavélisme de la perversité féminine semble
infini quand l’ambition, le conflit de génération et le pouvoir se mêlent aux
amours. Dans des décors aseptisés associés autant au monde du travail
qu’à la solitude de leurs conquérantes, nos reines ou esclaves s’agitent
rageusement dans ce guignol de marionnettes frustrées.
Car le mécanisme du crime ne suffit pas à créer l’ambigüité de la
perfection, ni l’hystérie à dépeindre les femmes pas plus qu’une belle
image ou une histoire alambiquée à faire un film noir.
CARGO, les hommes perdus - Léon Desclozeaux - 1h 31’ - France
Aurélien Recoing, Abel Jafri, Morgan Marinne, Alexandre Medvedev
Un cargo à l’abandon, un armateur malhonnête, une police portuaire
corrompue, des filles, des pirates et une bande de marins perdus quelque
part en Asie. Tant de problèmes accumulés font vite chavirer cette histoire
du vrai au faux d’un naufrage annoncé.
CLEVELAND CONTRE WALL SREET - Jean Stéphane Bron - 1h 38’ France/Suisse
Documentaire
La municipalité de Cleveland face aux saisies immobilières ruinant leur cité
a porté plainte contre les banques de Wall Street impliquées dans les
subprimes. Ce procès n’ayant pu aboutir, il a été organisé comme une
fiction avec les plaignants et témoins contre la partie adverse ses avocats
et représentants, et exposé devant un jury dans les conditions du réel :
interrogatoires et contre-interrogatoires dans le tribunal alternant avec
des prises de vue des quartiers sinistrés en question.
Ce dispositif mêlant le documentaire aux outils de la reconstitution
provoque une distanciation facilitant la compréhension totale des
problèmes abordés. Pour la première fois, les termes de « subprimes »,
« titrisation », « dérégulation » prennent un sens, et une valeur humaine.
Loin d’être un exercice de style, ce film préparé et tourné pendant près de
trois ans est une enquête avant tout honnête, instructive rendant compte
de l’état du capitalisme et des déviances du libéralisme, face au rêve
américain et à l’exploitation facile des plus démunis par l’ignorance, sans
parti-pris ni animosité. Et quand l’émotion nous gagne c’est celle de
l’injustice et de l’éternel combat de David contre Goliath.
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POETRY - Lee Changdong - 2h 19’ - Corée - (29 juin sortie le 25 août)
Yun Junghee, Lee David, Kim Hira, Ahn Naesang
Une grand-mère dont la mémoire s’égare cherche les mots pour embellir
les jours et gérer l’adolescence de son petit fils. Sa détermination n’a
d’égale que celle de la poésie qui lui résiste et la réalité qui l’en empêche.
Ce duel acharné entre harmonie et cruauté, contrepoints d’une société
mercantile ayant perdu ses valeurs rime avec tendresse et lucidité.
Sublimé par l’actrice coréenne Yun Junghee, ce double parcours de la vie
et du verbe, ensemble porteurs de détresse et d’espoir, réunit jeunesse et
vieillesse dans la douleur de la disparition contrainte et de la libération
choisie. La mise en scène maîtrise cette double quête d’absolu où la
poésie s’exprime tout à la fois en images, paroles et regards tout à la fois
inversés, altérés ou retrouvés.
LE BRUIT DES GLACONS - Bertrand Blier - 1h 27’ - France
Jean Dujardin, Albert Dupontel, Anne Alvaro, Myriam Boyer, Audrey Dana
Un écrivain alcoolique affronte ses hallucinations et Bertrand Blier
personnalise le cancer en un jeu de vie et de mort. Alors Albert Dupontel
affronte Jean Dujardin et ce duel de mise en scène et de dialogues, de
réalité et de cauchemar se fait drame et comédie tout à la fois, histoire
d’amour et hymne burlesque où se mêlent les poncifs rabâchés par la peur
de la maladie, les cris d’espérance et de révolte, les regrets d’échecs, de
passions oubliées, de sentiments négligés. Un véritable délire face à
l’inéluctable pour faire naître entre une bouteille de vin blanc et son seau
de glaçons, une piscine embuée et des hommes en blanc, l’amour et ses
formes infinies incarnées par Anne Alvaro.
Sujet tabou par excellence, traité dans sa vérité avec une volonté de
victoire et l’énergie de l’espoir, le film illuminé par son trio d’acteurs, nous
entraine dans un tourbillon perpétuel de l’image sur une bande son de
musiques et chansons à texte, contrepoint de sa drôlerie.
ONDINE - Neil Jordan - 1h 39’ - Irlande/USA Colin Farrell, Alicja Bachleda, Dervla Kirwan
Si les légendes celtes traversent les siècles pourquoi un pêcheur irlandais
recueillant une jeune femme dans ses filets, ne croirait-il pas aux contes
de fées ? Entre misérabilisme, alcoolisme et romantisme, la modernité
d’un récit, le charme d’une île et le talent des acteurs, par la magie du
cinéma nait une charmante comédie sentimentale et familiale.
600 KILOS D’OR PUR- Eric Besnard - 1h 40’ - France
Clovis Cornillac, Audrey Dana, Patrick Chesnais, Bruno Solo
La crise économique fait grimper le cours de l’or, se multiplier ses mirages
et les aventures qui, si elles brillent ne sont pas forcément des pépites. La
Guyane brésilienne reste photogénique, mais ni les quads, ni les biceps de
Clovis Cornillac, ni les tee-shirts mouillés d’Audrey Dana ne fabriquent un
film ou alors en toc.