PaPERGRam fête ses 20 ans

Transcription

PaPERGRam fête ses 20 ans
Jacek Utko
Le design au secours du tirage
no4 # 2009
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GRAM
19 9 0 P A P E R
papergram
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GRAPHIC PAPER
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Les de la neige
La presse témoin historique
Papergram fête ses 20 ans
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Sommaire
4 Lecture après-ski
C’est l’hiver et nombreux sont ceux qui guettent la neige.
La poudreuse inspire, pas seulement les skieurs ou les lugeurs,
mais également les lecteurs. En cette saison, les revues pour
amateurs de sports d’hiver envahissent les kiosques.
12 Tendances
14 Bon anniversaire !
Papergram fête ses 20 ans, devenant ainsi l’un des plus anciens
magazines professionnels du secteur. Retour sur les années écoulées.
23 Tendances
24 Comment activer le tirage
Le designer de presse polonais Jacek Utko a la réputation d’être une sorte de prestidigitateur. Il modifie la maquette et, hop, le tirage augmente. Pourtant, il affirme lui-même que ça ne durera pas.
16 Les amateurs entrent en scène
Journalistes et photographes n’ont pas pu couvrir les manifestations qui ont suivi l’élection présidentielle en Iran car le régime leur a interdit de faire leur métier. Néanmoins, la communauté internationale a été informée par des journalistes et photographes citoyens qui sont entrés en relation avec la presse grâce à des sites Web tels que Demotix.
27 Tendances
28 Une moule qui a la frite
19 Tendances
La mulette, espèce protégée, ne peut vivre que dans une eau
extrêmement pure. Elle a trouvé son biotope idéal dans les forêts
de SCA.
20 L’histoire au crible de la presse
L’hebdomadaire d’histoire allemand Zeitungszeugen relate l’époque nazie par un moyen original, la reproduction des journaux et
périodiques de l’époque. La rédaction estime que la presse est un excellent témoin direct. Le land de Bavière ne partage pas cette opinion.
Papergram. Magazine inter­national des professionnels de l’industrie
graphique et des médias publié par SCA Forest Products AB –
Box 846 – SE-851 23 Sundsvall – Suède. Téléphone : +46 (0)60-19 40 00
Télécopie : +46 (0)60-15 24 50
Rédactrice en chef et directrice de la publication : Anne-Sofie
Cadeskog CHEF DE PROJET ET DE LA RÉDACTION : Luise Steinberger
([email protected]) Révision : Agnès Carbon/Jean-Paul
Pouron Maquette : Mellerstedt Design Reprographie et impression :
Tryckeribolaget AB – Sundsvall – Suède PHOTO DE COUVERTURE : Istock.
Tous les articles sont commandés, relus et validés par la rédaction,
ce qui ne signifie pas nécessairement que les opinions qui y sont
exprimées reflètent celles de SCA ou de la rédaction. Toute citation
doit faire mention de la source.
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SCA Forest Products produit du papier d’impression (journal, SC
et LWC), de la pâte à papier, des bois sciés et du bois combustible. Elle
gère également l’important patrimoine forestier de SCA, approvisionne ses
usines suédoises en bois matière première et offre à ses unités des services de transport d’un bon rapport qualité-prix.
Avec un effectif d’environ 4 000 personnes, SCA Forest Products réalise
un CA d’environ 17 000 M SEK (2 000 M EUR). L’activité forestière de
SCA est certifiée FSC (Forest Stewardship Council).
Papergram est imprimé sur GraphoCote 90 g/m2,
la couverture sur Reprint 150 g/m2. Le papier est
certifié FSC.
SCA infos
Nouvelle qualité pour
la pub
SCA lance une nouvelle qualité de papier réservée à
la publicité imprimée sur rotative offset avec sécheur.
Il est de plus en plus courant de
procéder, à l’aide de cette méthode, au tirage de prospectus sur
papier journal conventionnel car
les coûts sont alors moins élevés.
Il existe néanmoins des inconvénients : il est difficile d’obtenir
des contrastes satisfaisants et le
résultat final manque de peps.
GraphoMax remédie à ces
problèmes. C’est un papier net
au degré de blancheur élevé et
dont l’épaisseur dégage un sentiment de bonne qualité. Naturellement, il est fabriqué selon les
principes environnementaux professés par SCA.
En outre, il offre une bonne
machinabilité et facilite le travail
de l’imprimeur en restant stable
pendant le rainurage et les étapes
finales de la production. « Le retour d’expérience des imprimeries
tests a été extrêmement positif,
indique Thomas Janson, chef
de ligne de produit papier journal
à Ortviken. Le papier montre
une bonne machinabilité, se
comporte bien et a un faible taux
de poussiérage pendant l’impression. On a déjà été contacté par
des clients intéressés par GraphoMax. »
Le profil environnemental
Une pochette remplie de brochures montrant les points forts et
l’envergure de la démarche environnementale de SCA est disponible.
Son objectif est de montrer aux clients et aux personnes intéressées
une idée un peu plus approfondie
de l’action entreprise dans chaque
domaine. La pochette donne une
cohérence à l’ensemble. Sont présentées les activités sur les fibres
matières premières, la pâte TCF
(100 % sans chlore), l’énergie, l’épuration de l’eau, l’écocertification en
général complétée par une brochure
séparée sur le processus de certification FSC. La pochette et ses publications sont disponibles en allemand, anglais, espagnol,
français, italien, néerlandais, polonais, portugais et suédois.
Nouveau catalogue
Le prix PPI de la stratégie
environnementale
La papeterie SCA d’Ortviken a
reçu le 28 octobre l’une des distinctions les plus prestigieuses de l’industrie du papier : le prix de
la stratégie environnementale de l’année, décerné par le magazine
professionnel Pulp & Paper International (PPI) à l’usine qui fait
plus que son possible pour trouver et mettre en place des solutions respectueuses de l’environnement. Le jury a recensé les sites
exemplaires en matière d’action environnementale, sous tous ses
aspects : du choix des matières premières aux rejets dans l’eau
et l’air en passant par la consommation d’énergie. « Je suis ravie
que nous ayons reçu cette distinction remarquable qui prouve que
notre démarche environnementale est sur la bonne voie, a déclaré
Kristina Enander, directrice de SCA Ortviken. C’est très important et logique de plancher activement sur cette question dans le
cadre de notre stratégie. Nous sommes tous responsables de l’environnement et nous avons aussi la responsabilité de proposer à
nos clients des produits respectueux de l’environnement. »
Un nouveau catalogue légèrement remanié est
disponible à la commande. Il contient des informations sur les différentes qualités de papier de SCA et
inclut des renseignements sur les services, les atouts
environnementaux, les écolabels et les contacts
commerciaux. Un chapitre est réservé à l’action
environnementale de la société.
Nouveauté cette année, les pages
sont maintenues par une spirale. Elles sont
toujours perforées, il est donc possible
de les archiver dans les classeurs
existants prévus à cet effet.
Rolf Johannesson, directeur marketing, a reçu le prix au nom de SCA Ortviken.
À g., Juan Castellanos de HP, et, à d., Kristiane Becker qui a remis les prix.
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par Henrik Emilson photos Istock Photo, Digital Stock et Tomas Utsi/naturfoto
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Lorsque les marmottes rentrent dans leur terrier, les
stations de ski se réveillent. Les rayons des kiosques se
remplissent de titres consacrés à la neige. La plupart ne
sortent que pendant la saison, mais certaines rédactions
ont trouvé le moyen de prolonger le fun pendant l’été.
À
l’automne, il s’en passe des
choses sur les rayons des kiosques dans toute l’Europe.
C’est à ce moment-là qu’arrivent les
magazines ayant pour thème la neige.
Ils sortent encore un peu au cours du
printemps pour disparaître de nouveau.
C’est le principe adopté par la revue
suédoise de motoneige, Snow Rider.
« Le scooter des neiges, c’est un peu
particulier, affirme Björn Friström, rédacteur en chef. Quand il commence
à faire froid en automne, on arrive à
vendre des scooters, des équipements et
des magazines jusqu’à Pâques. Après,
c’est terminé. L’été, personne ne s’y
intéresse plus. »
Snow Rider s’adresse à trois groupes
d’amateurs : les propriétaires de forêts,
les promeneurs et les compétiteurs sportifs. Le titre sort six numéros par an,
trois avant Noël et trois après. La rédaction a bien essayé de publier un numéro
l’été, mais sans succès. « C’est la même
chose pour notre site Web. L’hiver, on a
10 000 visiteurs par jour. L’été, un millier peut-être. Personne ne s’intéresse à
l’hiver pendant l’été, et aucun annonceur
ne veut placer de la pub. »
Le respect des saisons
Le ski, le surf des neiges, l’alpinisme, les
voyages d’aventure ou la vie en plein air
sont d’autres sujets qui dominent les magazines hivernaux. La canadienne Supertrax International est la plus populaire
des revues de motoneige d’Amérique
du Nord. Quatre numéros sortent entre
septembre et mars. La publication britannique sur le surf, Onboard, respecte
également les saisons, explique son rédacteur Matt Fenton : « On publie huit
numéros par an en plusieurs langues :
allemand, anglais, espagnol, français et
russe. Et ce, une fois par mois pendant
l’hiver dans l’hémisphère nord. »
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Le plus grand magazine de surf des neiges
du monde, Transworld Snowboarding,
paraît également huit fois entre septembre et avril. Ce vétéran, qui existe depuis
1987, sort en plus un numéro spécial
photos.
Ces variations saisonnières signifientelles que les rédactions « hivernent »
quand la neige fond ? Non. Publiée depuis 35 ans, la revue suédoise Åka skidor a testé la plupart des formules.
« Aujourd’hui, on marche à toute vapeur entre septembre et mars. On sort
neuf numéros. L’été, on se contente d’un
seul », précise le rédacteur en chef Patrik
Leje. Ce numéro d’été s’intéresse aussi
aux sports aussi aventureux et extrêmes,
la neige en moins : VTT, kitesurf, escalade ou cross en montagne.
Autre méthode choisie, entre autres, par
l’éditeur de Transworld Snowboarding :
se protéger en proposant d’autres titres
« estivaux » complètement différents tels
que Transworld Skateboard, Transworld
Surf ou Transworld Motocross.
Thèmes sportifs plus étoffés
L’allemand SkiPresse sort aussi l’été.
Après avoir été disponible sur le Web
pendant un an, il a été tiré à 300 000
exemplaires et lancé au moment d’une
épreuve de la coupe du monde 2004 à
Sölden, en Autriche. Il était possible de
le prendre dans un présentoir et le rédacteur en chef l’a même distribué personnellement. Cette stratégie s’est révélée
gagnante car, cinq ans plus tard, le magazine sort trois numéros l’hiver et trois
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l’été. « Jusqu’en 2008, les éditions hivernales s’appelaient SkiPresse et les estivales SportPresse, explique Wolfgang
Greiner, son rédacteur en chef. Mais
à partir de cette année, les six numéros
prendront le nom de Sportpresse. Nous
avons retiré le nom de SkiPresse pour des
raisons de tactique et de distribution. »
Il est gratuit car la rédaction a estimé
que le marché des publications de plein
air et de ski était saturé. On peut le trouver dans les magasins et les hôtels en
Allemagne, Autriche, Suisse et dans le
nord de l’Italie. L’été, ce sont toujours les
Alpes qui dominent ses pages, mais, cette
fois, comme toile de fond pour d’autres
sports : vélo, escalade, randonnée et jogging. « On voulait lancer un magazine
couvrant un large spectre et servant de
lien entre la profession, les détaillants et
les lecteurs. SportPresse est axé sur le service et parle d’actualité, produits, destinations et diverses disciplines sportives. »
SportPresse a des journaux partenaires au Canada (en langue française
et anglaise) et aux USA. « Ski Press Magazine existe depuis plus longtemps que
nous. Son concept est à l’origine de notre
revue. Nous sommes indépendants de
la société canadienne et possédons les
droits du concept en Europe. Les versions canadiennes et américaines sont
tout à fait différentes de la nôtre, et, en
plus, elles ne paraissent que l’hiver. »
Couvrant de nombreux sujets, le titre
ne craint pas les variations saisonnières.
Le britannique Adventure Travel Magazine est parti du même principe. « Il a été
«
Personne ne s’intéresse
à l’hiver pendant l’été et aucun
annonceur ne veut placer
de la pub. Björn Friström
lancé avec beaucoup d’enthousiasme et
un budget inférieur à 1 000 livres sterling
en 1995 », raconte son rédacteur en chef
Alun Davies. Il aborde les activités de
plein air dans le monde entier. De cette
manière, les saisons n’ont plus cours et la
plupart des thèmes sont toujours d’actualité – quelque part.
« On ne suit pas les saisons aussi strictement que d’autres car on couvre les deux
hémisphères. Mais les sports d’hiver sont
plus à l’honneur quand c’est l’hiver ici.
Il peut s’agir de cascade de glace, de randonnée à ski, etc., on peut proposer dix
aventures hivernales sans skis ou planche,
des destinations de ski originales en
Snow Rider
Pays d’origine : Suède
Fondation : 1997
Périodicité : 6 numéros/an
Tirage : 12 500 exemplaires
Supertrax International
Pays d’origine : Canada
Fondation : 1995
Périodicité : 4 numéros/an
Tirage : 250 000 exemplaires
Onboard
Pays d’origine : Grande-Bretagne
Fondation : 1994
Périodicité : 8 numéros/an
Tirage : 118 000 exemplaires
Langues : allemand, anglais,
français, espagnol et russe
Transworld Snowboarding
Pays d’origine : USA
Fondation : 1987
Périodicité : 8 numéros/an
Tirage : 144 000 exemplaires
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«
On ne suit pas les saisons aussi strictement
que d’autres car on couvre les deux hémisphères.
Alun Davies
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France, aux USA, au Liban, au Pakistan,
en Italie ou en Corée. »
Le magazine britannique consacré à
l’escalade, Climber, sort également régulièrement toute l’année car ce sport
est praticable pendant les quatre saisons. Son contenu est d’ailleurs adapté,
explique son rédacteur en chef Andy
McCue : « Les articles d’hiver sont
consacrés à l’escalade en Écosse, mais
nous avons aussi des papiers sur la cascade de glace, les randonnées à ski et les
expéditions dans l’Himalaya. Cette année, on a publié un article sur le matériel
qui est indispensable, des vêtements aux
pics à glace en passant par les pitons,
ainsi qu’un article sur la cascade de glace
à Rujken, en Norvège. On a l’habitude
de sortir des suppléments en fonction de
la saison. »
Lecteurs passionnés
Que le périodique sorte toute l’année ou
seulement pendant la haute saison, son
Åka skidor
Pays d’origine : Suède
Fondation : 1975
Périodicité : 8 numéros/an
Tirage : 15 000 exemplaires
éditeur peut être tranquille. À l’instar du
joueur de golf, ceux qui pratiquent les
sports d’hiver sont des passionnés qui
ont les moyens de se procurer le matériel, les billets d’avion et les magazines.
« On a été surpris de découvrir le niveau
de vie de nos lecteurs dans un sondage,
s’étonne Wolfgang Greiner de SportPresse. Ce sont de gros consommateurs
qui voyagent beaucoup et consacrent
plus de 1 000 euros par an à leur sport. »
Björn Friström de Snow Rider fait le
même constat : « Les pilotes de motoneiges dépensent énormément chaque
année pour leur hobby. Ils parcourent
des kilomètres en voiture, ils achètent
une remorque avec capote qui coûte
dans les 6 000 euros, un scooter de
l’ordre de 12 000 euros et une bonne
voiture pour tirer l’ensemble. La crise
financière ne les a pas touchés. On vend
plus d’espace publicitaire et plus de
numéros que d’habitude. »
SportPresse
Pays d’origine : Allemagne
Fondation : 2004
Périodicité : 6 numéros/an
Tirage : 185 000 exemplaires
Langues : anglais et français
Adventure travel
Pays d’origine : Grande-Bretagne
Fondation : 1995
Périodicité : 6 numéros/an
Tirage : 20 000 exemplaires
Climber
Pays d’origine : Grande-Bretagne
Fondation : 1961
Périodicité : 12 numéros/an
Tirage : 15 000 exemplaires
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Un hôtel cool
Ce qui a commencé comme un tas de neige dans la forêt suédoise il y a 20 ans est
devenu une construction imposante en glace, qui attire les touristes du monde entier. Si vous ne pouvez pas vous y rendre, vous pouvez toujours suivre son actualité
dans le Icehotel Magazine.
depuis
20 ans à 200 km au nord du cercle
polaire. À Jukkasjärvi, près du fleuve
Torne, on construit chaque hiver un
hôtel en gros blocs de glace. Et chaque
année, les touristes affluent. L’hiver
dernier, on a atteint des records avec
30 000 nuitées – dans des chambres
où la température avoisine les 0°C.
Au dégel, l’édifice disparaît et retourne
dans le fleuve d’où il est venu.
Rien n’est plus comme avant
La faute à l’armée
Le coup d’envoi de cette tradition
populaire a été donné en 1990 par
l’armée suédoise qui avait construit
un grand igloo pour accueillir des
stages de survie dans des conditions
extrêmes. Jukkasjärvi était l’endroit
idéal. Il n’est pas rare que le mercure
descende jusqu’à -20 ou -30°C. Dans
un igloo, la température est juste en
dessous de 0°C. C’est une température
tout à fait acceptable si l’on dispose
d’une peau de renne et d’un sac de
couchage. Cette année-là, par manque
de chambres, un groupe de touristes
étrangers de passage dut y passer la
nuit. « Le lendemain, tous étaient enchan-tés. Le concept du ICEHOTEL
était né », raconte Yngve Bergqvist,
son fondateur, dans ICEHOTEL Magazine.
Oui, l’ICEHOTEL a sa propre revue. Elle sort une fois par an, avant
que l’on commence à construire le
bâtiment à l’aide des blocs de glace
prélevés l’hiver précédent dans le
fleuve. Ceux-ci sont stockés dans des
chambres froides jusqu’au moment où
l’on en a besoin. Le magazine est imprimé à 75 000 exemplaires et distribué
de manière plutôt originale. « Le canal
principal, ce sont nos ICEBARS dans le
monde entier », dévoile Camilla Bondareva, responsable de la communication.
pent. Mais on y parle aussi de ce qui se
passe en Laponie et d’autres activités,
des personnalités, d’aventures et de la
nature. »
Cette proximité de la nature imprègne tout l’hôtel et la revue. La philosophie écologiste selon laquelle tout
ce que l’on prend à la nature doit retourner à la nature est très affirmée.
Le fait est qu’Yngve Bergqvist et son
équipe veulent aller plus loin : annoncer zéro émissions de CO2 et rejeter
plus d’énergie qu’ils n’en consomment
à l’horizon 2015.
Place à la nature
Les ICEBARS sont censés donner
au visiteur un avant-goût de l’hôtel.
Le bar est réfrigéré et les clients empruntent des manteaux en fourrure. Il
existe deux versions : le ICEBAR by
ICEHOTEL à Copenhague, Tokyo et
Oslo et l’Absolut ICEBAR, en coopération avec la vodka du même nom, à
Stockholm et Londres.
« Le point fondamental, c’est que
le magazine transmette notre concept.
Naturellement, il parle de l’hôtel, comment on le construit chaque année, les
artistes et les architectes qui y particiC’est dans des verres en glace que les
ICEBARS servent à boire.
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Icehotel magazine
Pays d’origine : Suède
Fondation : 2004
Périodicité : 1 numéro/an
Tirage : 75 000 exemplaires
Langue : anglais
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La presse s’anime
Le cinéma migre vers l’imprimé. La publicité pour les
nouvelles sorties ne date pas d’hier, mais aujourd’hui
on peut regarder les bandes-annonces sur papier. Le 18
septembre, par exemple, l’hebdo britannique Entertainment Weekly contenait 40 minutes de film.
La technologie ressemble à celle des cartes d’anniversaire musicales : lorsque le lecteur tourne la page, le clip
intégré dans une petite puce démarre. C’est l’entreprise
Americhip de Los Angeles qui a inventé le procédé. La
pub elle-même a été conçue par le groupe multimédia
CBS en collaboration avec le limonadier Pepsi. L’écran
qui doit être inséré dans la publication mesure 2,7 mm
d’épaisseur et est muni d’une batterie rechargeable. CBS
veut se servir de cette technologie pour faire de la publicité pour ses programmes.
Entertainment Weekly n’est pas le premier magazine
à inclure des vues animées. L’an dernier déjà, le mensuel américain Esquire en a inséré dans sa couverture en
se servant, cette fois, de la technologie de l’encre électronique. L’écran était alors constitué par l’application
d’encres conductrices.
Reste à savoir comment on va recycler ces publications
un peu spéciales. Est-il possible de les mettre avec les
vieux papiers ? Certainement pas.
Source : dn.se
Révolte contre la
police d’IKEA
Le géant suédois du mobilier IKEA ne s’attendait pas à ce que la
nouvelle police de caractères sélectionnée pour son nouveau catalogue
2010 entraîne un tel déluge de protestations. Sur twitter par exemple, les
échanges sur ce sujet ont été plus intensifs que lors de la disparition de
Ted Kennedy ! On en a même parlé dans la presse, les titres consacrés
au design comme les quotidiens.
IKEA est passé de la police Futura à Verdana. Graphistes et autres
experts du design exigent un retour en arrière en affirmant que Futura
est plus jolie. Elle est moderniste et, d’après les enquêtes, elle est le
plus souvent élue par les graphistes à qui l’on demande de choisir une
police spontanément. Futura a été utilisée par des artistes esthétisants
dans le monde entier, dont le groupe allemand de musique électronique
Kraftwerk ou le metteur en scène Stanley Kubrick.
IKEA a répondu qu’il cherchait à uniformiser sa charte graphique, sur
papier et sur Internet, dans le monde entier. Verdana est beaucoup plus
lisible sur le Net. Elle a été élaborée en 1996 par Microsoft pour les
médias électroniques.
Source : followthemedia.com
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tendances
par Luise Steinberger
Le budget marketing
gaspillé
La réussite d’une campagne est souvent déterminée
par la capacité d’exploiter au maximum un budget de marketing, surtout en période de crise économique. Une récente
enquête du cabinet d’étude de marché Millard & Brown
démontre que 45 % (!) du budget communication des entreprises est mal utilisé. La raison ? Trop d’argent investi dans
la publicité télévisée.
Il ne faut pas sous-estimer cette dernière, note l’étude,
car elle touche un grand public et a beaucoup d’impact,
mais jusqu’à un certain point. Souvent, le recours à un
média complémentaire aurait plus d’effet que la diffusion
répétée du même spot. Millard & Brown affirme qu’un bon
cocktail de médias permet d’arriver à ce résultat. Ses experts conseillent de multiplier les canaux en ayant recours,
par exemple, à Internet ou à un journal, et de réfléchir à
une bonne interaction entre les moyens. Ainsi, tous ces
éléments se renforcent mutuellement et donnent ensemble
un effet optimal à la campagne. Par ce biais, on touche, par
exemple, plusieurs groupes cibles en même temps, affirme
l’étude.
Source : VdZ
Pour donner envie de lire
Lors de la journée internationale de l’alphabétisation, le 8
septembre, la WAN-Ifra a encouragé tout particulièrement les journaux
du monde entier à imprimer des articles pour les jeunes lecteurs. Pour
ce faire, l’association professionnelle a diffusé un feuilleton que les
quotidiens pouvaient reproduire gratuitement. Ce feuilleton qui met en
scène des insectes ne prétend pas avoir une quelconque valeur littéraire ou artistique. Il est juste drôle et doit inciter les enfants à regarder
le journal. Le feuilleton est disponible sur : http://www.wan-press.org/
nie/articles.php?id=1469.
La WAN-Ifra ajoute que de nouvelles recherches ont montré, chose
que la plupart des parents savent déjà, que les enfants n’aiment pas du
tout que les pages qui leur sont réservées soient trop faciles à lire. Ils
ont leurs centres d’intérêt particuliers. Ils ne sont pas bêtes.
Les journaux du dimanche
se portent bien
Ce n’est pas ringard de lire le journal, affirme la
REMP, Recherches et Études des Médias Publicitaires
en Suisse. Certes, d’après ses chiffres, la presse quotidienne stagne et certains hebdos reculent légèrement.
Mais deux tendances sont bien nettes, du moins chez
les Helvètes : le segment des gratuits progresse et les
journaux du dimanche se portent bien.
Source : NZZ am Sonntag
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20ans
On n’a pas tous les jours
Déjà ? En 2010, voilà 20 ans que Papergram aura vu le jour.
Depuis, beaucoup de choses se sont passées, en particulier
dans l’industrie des médias : les moyens de communication
électroniques ont fait leur entrée, l’imprimerie a radicalement
changé, les qualités de papier sont de plus en plus pointues et
le débat sur l’environnement s’est intensifié et démocratisé.
La rédaction revient sur 20 années animées et prend,
en même temps, congé de ses lecteurs.
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par Luise Steinberger, Henrik Emilson
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est élu Magazine professionnel
de l’année en 1997 au concours britannique
Corporate Publishing Awards. Les rédacteurs
et le maquettiste sont déjà les mêmes qu’aujourd’hui. L’année suivante, le magazine remporte la distinction équivalente en Suède et fait
partie des nominés en 2003.
Chronique
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Le père de l’Euros
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Remise des prix à Londres. À partir
de la gauche : Henrik Emilson, Jo
Billingham de Popular Communication,
et Luise Steinberger.
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a rencontré une longue série de personnalités connues
et moins connues du métier. Entre
autres, l’ex-rédacteur en chef du
Financial Times Andrew Gowers
(1.2005), le père de la standardisation dans l’imprimerie Felix Brunner
(1.2008) et la matriarche de la presse
hebdomadaire allemande Aenne
Burda (1.2006).
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plus à une brochure
qu’à un magazine. L’idée est de présenter l’entreprise
avant de se lancer dans une vraie publication. Mais le
titre Papergram existe déjà. Le numéro sort en quatre
langues : allemand, anglais, français et suédois.
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Le premier numéro ressemble
De l’extérieur, on
voit parfois des
choses qu’on ne
l’intérieur. Chim
peut voir de
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Felix Brunner a
travailler par hasar
commencé à
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e, il a mis au point
l’un
des outils les plus
aux imprimeurs,
utiles
la bande de contr
PAR Luise Steinberger
ôle d’impression.
PHOTO System Brunner
AG
5
aborde le phénomène
nouveau qu’est Internet. Les lecteurs
y apprennent notamment ce que
signifient « cyberespace » et « édition
électronique ».
Le même numéro parle pour la
première fois du journal gratuit Metro,
alors phénomène limité à Stockholm,
devenu plus tard un empire de presse
d’envergure mondiale.
Papergram
a toujours fait la part belle à la
couverture. La plus difficile à réaliser aura
été celle du numéro 1.1998 car les feuilles
de figue ne tenaient pas en place. La photo
sera l’objet de critiques et le personnel du
siège de SCA à Stockholm jugera bon de
ne pas exposer le magazine.
Papergram
Jürgen Schmidt
Papier-Pionier
no1 # 2009
papergram
GRAPHIC PAPER
Fokus Gesundheit
1.1999 et 4.2004,
Papergram devient SCA Customer
Magazine, Graphic Paper. Il est publié alors en même temps que deux
autres magazines professionnels à la
maquette identique et représentant
les trois secteurs d’activité de SCA.
Tous portent le même nom et incluent
quatre pages communes consacrées
à l’actualité du Groupe. En 2004,
SCA Customer Magazine cesse de
paraître. SCA Forest Products choisit
de reprendre le nom de Papergram à
partir de 2005.
Entre le numéro
La forêt a été un thème récurrent pendant toutes ces
années. Nous avons présenté la faune et la flore ainsi que,
et c’est bien naturel, l’évolution de la foresterie chez SCA.
Dans Papergram 1.1993, le directeur de la publication
de l’époque, Börje Dahlin, signe un article sur la
chasse à l’élan.
À part de rares exceptions,
les personnes figurant sur les photos ont été des
amateurs. Ainsi, la rédactrice en chef de Papergram, Anne-Sofie Cadeskog, a fait du
shopping, le directeur du marketing Rolf Johannesson et son assistante Birgitta
Ulfsparre ont fait la couverture du numéro sur la génération rock. De même, les
membres de la rédaction et le directeur artistique Bosse Mellerstedt ont figuré
d’une manière ou d’une autre.
les questions environnementales se sont faufilées dans
Papergram. Au début, elles portaient
sur les moyens de réduire les émissions et la consommation de matières
premières. Ces derniers temps, l’intérêt du public s’est focalisé sur les rejets de CO2. Dans les deux cas, SCA
est l’un des pionniers de l’industrie,
ce que montrent sa certification précoce et son engagement d’envergure
au sein du FSC (Forest Stewardship
Council).
Tel un fil vert,
ont
parfois été illustrées de manière inattendue. Un article de Papergram 1.2003
était consacré aux couleurs, encres
d’imprimerie, etc.. Pour la couverture,
l’artiste Vivi-Anne Larsson a repeint la
Joconde à l’aide de peintures acryliques
modernes – une exclusivité.
Les questions technologiques
et les tendances technologiques. Papergram 1.1995 contient, par exemple,
un reportage sur la Drupa, le plus grand salon international
des industries graphiques, effectué à Cologne par Pincus
Jaspert, expert américain des médias imprimés, qui sera,
par la suite, le chroniqueur permanent de Papergram
pendant plusieurs années.
Nous avons suivi l’évolution
− Magazine bringen
uns auf Trab
Film mit Tiefgang
TITELSEITEN MACHEN GESCHICHTE
SCA
papergram no 1 2009
1
de Papergram
a eu lieu il y a un an à peine. L’objectif était de mettre mieux en
valeur les propriétés du papier
SCA dans cette publication.
Le dernier lifting
Objectif atteint !
Sur ce, la rédaction de
Papergram tire sa révérence.
20 ans avec Papergram
P
endant 20 ans, j’ai voyagé avec Papergram. Hélas, ce voyage touche maintenant à
sa fin.
Je me souviens bien de la genèse du
magazine, de l’idée de publier un périodique abordant les sujets intéressant
nos clients imprimeurs à sa concrétisation, au développement du concept
et, au fil des années, de la remise de
l’ouvrage sur le métier, peaufinant,
renouvelant.
L’idée a germé à la fin des années
1980. SCA venait alors d’acquérir la
papeterie de Laakirchen, en Autriche.
À celle d’Ortviken, en Suède, on installait alors une énorme machine pour
papier LWC. Ce papier d’impressionécriture fabriqué par les deux sites et
que beaucoup considéraient comme un
produit de gros allait désormais être
commercialisé sous sa propre marque.
Comment faire ? Göran Nilsson, alors
responsable marketing du GraphoCote,
la nouvelle qualité LWC, a suggéré de
créer un magazine professionnel. Le
positionnement de la marque vis-à-vis
de nouveaux groupes de clients disposait d’un canal. Börje Dahlin a été le
premier rédacteur en chef de la publication.
L’ambition de Papergram, le magazine international des professionnels
de l’industrie graphique et des médias, était d’apporter aux lecteurs des
connaissances utiles dans leur métier. À
l’aide des mots-clés médias, communication, papier, hommes et femmes, forêt
et tendances, nous avons essayé d’offrir
un outil utile au quotidien par le truchement d’articles généraux et de fond.
La foresterie et les questions environnementales, les tendances dans les
médias, la recherche et les nouveaux
produits, l’approfondissement des
connaissances en matière de fabrication
du papier et des méthodes d’impres-
sion… Les suggestions de reportages
ont toujours été intéressantes et j’ai
eu le privilège de collaborer avec des
journalistes et des photographes expérimentés. Sous la direction rédactionnelle
de Luise Steinberger et grâce à la maquette de Bo Mellerstedt, Papergram
est allé de clarté en clarté.
En 20 ans, le magazine a paru 66
fois, toujours en quatre versions linguistiques : allemand, anglais, français
et suédois. Cela représente un grand
nombre d’articles et d’entrefilets, beaucoup de photos et de rencontres intéressantes. Les sondages que nous avons
effectués ont montré que vous, lecteurs,
avez apprécié notre périodique, ce qui
me réjouit beaucoup.
Comme ces 20 années ont passé
vite ! C’est avec une certaine tristesse
que je tourne la page de. De nouvelles
idées et de nouveaux canaux d’information vont prendre le relais. Merci à tous ceux qui ont contribué
à faire de mon voyage avec Papergram
une aventure passionnante.
Anne-Sofie Cadeskog
Rédactrice en chef et directrice
de la publication
par Luise Steinberger photos Olle Melkerhed et Pär Helander
La force motrice du magazine
Pendant 20 ans, Papergram a été le
lien entre SCA et ses clients dans toute
l’Europe. À sa tête, Anne-Sofie Cadeskog
l’a fait progresser toutes ces années.
Derrière chaque grand homme se cache une
femme, dit l’adage. Derrière tout magazine réussi, il y
a aussi quelqu’un. Dans le cas de Papergram, il s’agit
d’une femme forte. Anne-Sofie Cadeskog l’a tenu sur
les fonts baptismaux : « Papergram est mon bébé.
Ça va être difficile de m’en séparer », s’exclame-telle. Les larmes ne sont pas loin quand elle évoque
l’histoire du magazine.
Formation à Sundsvall
Anne-Sofie Cadeskog faisait partie de la première
promotion qui a essuyé les plâtres de la nouvelle filière métiers de la communication à l’université du
Centre, à Sundsvall, dont elle est sortie diplômée en
1979. Pendant quelques années, elle se fait la main
en tant que reporter dans plusieurs journaux locaux
et copywriter dans une agence de publicité. En 1988,
elle est recrutée par le service communication de
SCA.
Lorsque l’idée d’un magazine professionnel germe
au moment où SCA commence à fabriquer du papier
LWC, Anne-Sofie Cadeskog fait naturellement partie
du groupe de travail qui doit élaborer le concept
et diriger le projet. « C’est elle qui s’occupait de la
partie journalistique », se souvient Göran Nilsson,
responsable à l’époque de la division papiers couchés
de SCA à Sundsvall et fondateur du magazine.
Au départ, elle écrit elle-même une bonne partie
des articles, relit et veille à tous les aspects pratiques
de la publication.
Autres responsabilités
Puis SCA lui confie d’autres responsabilités pendant
quelques années. En 1999, elle retrouve sa place au
comité de rédaction. Entre-temps, la conception du
magazine a été confiée à une agence extérieure.
Anne-Sofie coiffe la casquette de rédactrice en
chef, qui fait la liaison entre SCA et ceux qui
livrent les articles, les photos et la maquette. Lors
des réunions de la rédaction, où l’on détermine le
contenu du prochain numéro, elle arrive toujours
avec de nombreuses idées, d’un côté les siennes et,
de l’autre, celles glanées en parlant à des collègues de
SCA, dans les usines comme dans les sociétés commerciales en Europe. Elle entretient des contacts
avec les spécialistes du Groupe et lorsque les articles
sont terminés et les photos prêtes, elle passe en revue
l’ensemble avec les « yeux de SCA ».
La boussole de Papergram
Deux principes défendus jalousement par ses soins
imprègnent la publication et l’ont aidé à se distinguer
des autres magazines professionnels. « Elle ne doit
pas servir de grosse caisse à SCA et être trop suédoise.
Notre public est toute l’Europe. »
L’une de ses spécialités est la césure des mots. Elle
veille soigneusement à ce que le magazine dégage une
bonne impression d’ensemble. Les colonnes comprenant plusieurs césures successives ne trouvent jamais
grâce à ses yeux. « C’est très facile de travailler avec
elle et ça va vite, souligne Göran Nilsson. Tous ceux
qui ont participé, comme moi, au magazine sous sa
houlette pendant plusieurs années le confirmeront. »
Désormais, elle va assumer le rôle de responsable de la communication de SCA Sundsvall, qui
chapeaute les usines d’Ortviken et d’Östrand. Les
sites sont en pleine phase d’expansion et ont besoin
d’une femme forte comme elle aux rênes de la
communication.
«
Elle ne doit pas servir
de grosse caisse à SCA
et être trop suédoise.
Notre public est
toute l’Europe. sca
papergram no 4 2009
15
16
sca
papergram no 4 2009
par Alexander Farnsworth photos Demotix et Istock
Après les journalistes citoyens, le monde des médias a embrassé le concept
des photographes citoyens, ceux qui prennent des photos de presse à l’aide de
leur téléphone portable. Par la seule force de leur nombre et de leur présence
géographique, ils couvrent plus d’événements que n’importe quelle agence de
presse à elle toute seule.
L’agence
photo du
peuple
L
’agence Demotix a été créée en janvier 2009 et est installée à Londres. Son modèle
économique est de diffuser et vendre
aux médias les photos prises par des
amateurs (et professionnels). « Nous
proposons une vaste et riche gamme de
clichés provenant de régions telles que
la bande de Gaza et l’Afghanistan, photos qu’on ne trouve nulle part ailleurs »,
explique Jonathan Tepper, directeur général de l’agence, qui l’a fondée en compagnie du journaliste chevronné Turi
Munthe. Six mois plus tard, Demotix
compte déjà dix salariés.
Au dernier recensement, l’agence
recevait des clichés envoyés par plus de
9 000 collaborateurs en provenance de
130 pays. Tous les jours arrivent des photos en lien avec des événements courants
ou à caractère de reportage.
intellectuelle. La commission est versée
par l’intermédiaire du service de paiement électronique PayPal.
« C’est le photographe qui garantit
que le cliché est authentique, comme
c’est le cas quand on a recours à du matériel généré par les utilisateurs, souligne
Partage des honoraires
En cas d’achat d’une photo, Demotix
partage la recette à part égale avec le
photographe qui en conserve la propriété
sca
papergram no 4 2009
17
Jour de la fête nationale en Chine.
La place Tian’anmen, là où se déroule le défilé officiel, n’est pas accessible à tout le monde. La photo a été
prise par un photographe citoyen.
le directeur général. On fait tout ce qu’on
peut pour vérifier la véracité de l’info. »
Dans le cas des photos prises par des
amateurs vivant dans des pays soumis à
des régimes répressifs, les métadonnées
relatives à la date, l’heure et au photographe sont supprimées avant diffusion.
Même les adresses IP des expéditeurs
sont effacées.
Demotix envoie ses meilleurs clichés
plusieurs fois par jour via FTP (envoi direct de serveur à serveur) aux rédactions
photos du monde entier. Il peut s’agir
d’une manifestation à Moscou, d’éléphants fous en Inde ou d’un concours
de plongée dans un marais en GrandeBretagne. Sa clientèle compte plus d’une
centaine de journaux et autres médias
parmi lesquels des grands noms tels que
le New York Times et Newsweek, les
chaînes britanniques BBC et Sky News
ainsi que les journaux The Independent,
El Pais en Espagne, Le Monde, The
Irish Times en Irlande, Stern en Allemagne ou l’Hindustan Times en Inde.
Chaque jour, des courriels informent
les clients de l’arrivée de nouvelles photos. « Nos ventes augmentent chaque
mois », indique Jonathan Tepper.
Pays non couverts
Plusieurs facteurs expliquent ce succès :
l’un est l’exploitation d’Internet et des
réseaux communautaires tels que Twit18
sca
papergram no 4 2009
e reco it d es
A ct uellem en t, l’a ge nc
plus d e 9 00 0
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enance de 13 0 pays.
colla bora teurs en prov
ter, l’autre est la crise de l’industrie de la
presse quotidienne.
Selon Jonathan Tepper, les médias
américains (presse, radio, télé) n'ont
guère plus de 141 correspondants permanents à l’étranger. Les agences de
presse telles que AP et Reuters ne sont
pas représentées dans une quarantaine
de pays.
Le grand nombre de collaborateurs
de Demotix lui permet de couvrir l’actualité dans des zones où les médias traditionnels sont absents.
Demotix s’est fait connaître à l’occasion de la guerre de Gaza en 2008/2009
et des élections présidentielles en Iran
en juin 2009. Suite aux manifestations,
les autorités de Téhéran ont empêché les
journalistes étrangers de faire leur travail. Les émeutes ont donc été couvertes
par des « photographes citoyens » et des
centaines de clichés ont été envoyés au
serveur de Demotix.
tures de police dans sa rue à Cambridge,
dans le Massachusetts, William B. Carter
a pris quelques photos quand les forces
de l’ordre ont arrêté un Afro-Américain,
Henry Louis Gates junior, éminent professeur à Harvard, qui avait perdu ses
clés et tentait de rentrer chez lui par
effraction. La police pensait être en
présence d’un cambrioleur. Grâce aux
photos de William Carter, l’événement
a eu un retentissement national (par la
suite, le président Obama a invité autour
d’une bière l’universitaire et le policier
concerné pour dissiper le malentendu).
Justin Williams est rédacteur en
chef adjoint du Daily Telegraph à
Londres : « Nous avons été les premiers
en Grande-Bretagne à discerner l’immense potentiel offert par Demotix et
son réseau international de correspondants. Nous nous réjouissons de poursuivre cette collaboration étant donné
que l’agence continue de croître en taille
et en importance. »
À la une
C’est ainsi que de grands journaux et
agences de presse renommées lui ont
acheté des photos. En juin, par deux
fois, le New York Times a publié une
photo de Demotix à sa une. Un mois
plus tard, l’agence sortait un nouveau
scoop. Surpris par la présence de voi-
Le nom Demotix dérive du grec
dêmos qui signifie « peuple ».
tendances
Le papier au
secours de Venise
Venise ,
on le sait, est l’une des villes
les plus polluées au monde, en raison,
en particulier, de la saleté de ses eaux.
Ceci se traduit surtout par la présence
d’épaisses couches d’algues gluantes
dans les canaux.
La mairie a trouvé une solution pour
sauver la lagune. Le papetier italien
Favini fabrique un papier à partir des
algues ramassées dans les canaux. Baptisé Alga Carta, le papier contient également des fibres vierges et recyclées.
Il est certifié FSC et possède des
propriétés d’impression remarquables.
« C’est une initiative importante qui
montre que l’on peut tirer quelque chose
de positif de ces algues dangereuses », a
déclaré le PDG de Favini, Andrea Nappa,
à l’agence de presse Agi.
L’été dernier, la régie des transports
urbains vénitienne a fait imprimer sur
Alga Carta toute une documentation sur
la Sérénissime. Petite particularité du papier, il est recouvert de petits points, de
petites particules d’algue qui contiennent
de la chlorophylle et qui feront blanchir
le papier avec les années.
Source : Agi
Plébiscités par les jeunes lecteurs
du Jeune lecteur 2009 de
la WAN-Ifra est allé au quotidien brésilien
Zero Hora et au journal britannique Express
& Echo. Ce prix est remis aux journaux qui,
pendant les 24 mois écoulés, ont le mieux
réussi à toucher les jeunes lecteurs. « Par sa
perception globale de la jeunesse, partie intégrante de son équipe et élément clé de son
audience, Zero Hora a atteint un étonnant
niveau de fidélité parmi les jeunes », a écrit le
jury dans ses motivations. Express& Echo a
été récompensé dans la catégorie « marque »
pour la création d’un sac de course réutilisable. Les prix ont été remis lors d’une
cérémonie fin septembre à Prague.
Le prix mondial
par Luise Steinberge et Kerstin Engelhardt
100 % ondulé
Votre appartement est encombré par le
carton de la nouvelle étagère ? Il y a une solution. Il existe des entreprises qui transforment le
carton en meubles et qui vendent des chaises,
tables, PLV et même des lits en carton ondulé.
Et ils sont plus stables que ce que l’on
pourrait croire. « Un lit en carton ondulé peut
durer 20 ans sans problème », affirme HansPeter Stange de l’atelier Stange Design à
Berlin.
Il fait valoir que l’immobilier en carton est
idéal pour les gens qui déménagent souvent.
« Un tabouret pèse un kilo, un lit dix. Un jour,
un coopérant est venu acheter un lit qu’il souhaitait emporter en Chine. »
Les meubles en carton ont une résistance
égale à mille fois leur poids. Ils sont faits de
couches de papier ondulé, qui, une fois posées
sur chant, forment une structure en cannelures
aux excellentes propriétés statiques. Le feu et
l’eau sont tout aussi dangereux ou inoffensifs
pour ce mobilier que pour celui en panneaux
de particules. Au toucher, on a l’impression
d’effleurer du bois et non du carton. En outre, il
peut être très beau si ses couleurs et sa forme
sont de bon goût.
Pas étonnant que certains designers demandent jusqu’à 1 000 euros pour des exemplaires
rares.
sca
papergram no 4 2009
19
par Luise Steinberger photos Scanpix et collection privée
La presse,
Un projet historique allemand table sur le pouvoir
d’information de la presse pour expliquer l’idéologie
et les crimes nazis à l’aide de journaux d’époque.
Mais l’idée est loin de rallier tous les suffrages.
journalistes et les publications présentés.
Le projet couvrira toute la période allant
de l’arrivée au pouvoir d’Hitler en janvier
1933 à la fin de la guerre en mai 1945.
« Nous reproduisons toutes sortes de
titres, des journaux nazis aux gazettes des
exilés en passant par les publications en
langue allemande diffusées dans les pays
démocratiques », explique Sandra Paweronschitz, rédactrice en chef.
Sources passionnantes
R
ien n’est plus dépassé qu’un
journal de la veille. Certes, sa valeur informative est
nulle ou presque, mais, en tant que document temporel, il est inestimable. C’est
la conclusion à laquelle l’éditeur de
l’hebdo d’histoire allemand Zeitzeugen
est parvenu. Voilà pourquoi, depuis janvier 2009, il inclut dans chaque numéro le
fac-similé de quotidiens et hebdomadaires
parus au temps du régime hitlérien.
À chaque fois, deux ou trois titres sont
insérés dans une couverture de quatre
pages contenant des explications sur le
contexte du sujet abordé à cette occasion ainsi que des commentaires sur les
20
sca
papergram no 4 2009
L’objectif du projet est de raconter l’histoire de la Seconde Guerre mondiale sous
un autre angle alors que les témoins de
cette époque commencent à se raréfier.
« La presse est une source d’information
extrêmement passionnante, même pour de
simples amateurs d’histoire, car il y a encore beaucoup de choses qu’on ignore de
cette période », souligne la rédactrice en
faisant remarquer que la plupart des gens
ne connaissent pas aujourd’hui l’information qui était alors disponible. « C’est vraiment frappant de voir tout ce qu’on pouvait lire dans ces journaux. »
L’argument « On ne savait rien »
ne tient donc pas debout. Ceux qui
lisaient la presse étaient au courant. Sandra Paweronschik prend l’exemple de
, témoin historique
la fameuse nuit de Cristal : « Tout ce
qu’on a écrit sur le pogrom de novembre
1938 ! L’antisémitisme était très prononcé et on informait très clairement sur
la politique des Nazis. C’est vraiment
surprenant. »
D’autre part, on s’aperçoit que la vie
était tout ce qu’il y a de plus normale.
« On trouve des comptes rendus sportifs, de l’économie, de la culture, les programmes de radio et de cinéma… tout un
tas d’informations sur des choses absolument apolitiques. Cela corrige un peu
l'idée reçue que le national-socialisme
était une période extrêmement politisée
au cours de laquelle les gens ne parlaient
que de la guerre. »
Le projet veut faire comprendre que
« des gens tout à fait normaux » ont été
exposés à une propagande très intensive. L’ambition est de montrer comment
«
Nous voulons montrer dans quelles conditions
ils écrivaient leurs textes et ce qu’ils sont devenus à
la fin de la guerre. Sandra Paweronschitz
celle-ci fonctionnait et de présenter ceux
qui relayaient l’information. « Nous décrivons les journalistes et le titre pour lequel ils travaillaient. Nous voulons montrer dans quelles conditions ils écrivaient
leurs textes et ce qu’ils sont devenus à la
fin de la guerre. »
Autres pays précurseurs
Sandra Paweronschitz souligne que le
projet ne reçoit aucun soutien financier
ou politique. Son idée et son financement
sont l’œuvre de l’éditeur britannique Peter McGee, qui a mené avec succès des
projets similaires en Finlande, Espagne,
Grèce et Norvège. Le Britannique finance
la publication de Zeitungszeugen. D’après la rédaction, les coûts sont
couverts par la diffusion d’environ 50 000
exemplaires vendus au numéro (3,9 euros).
L’entreprise est viable car la rédaction est
petite et travaille de manière décentralisée, sans coûts fixes tels qu’un loyer par
exemple. L’impression a lieu en Estonie
sca
papergram no 4 2009
21
du fait de contacts d’affaires bien établis
du temps où Peter McGee menait un projet similaire en Finlande.
«
Arrêté par les critiques
Ce projet novateur n’a pas été accueilli
à bras ouverts partout. Les critiques af-
Il y aura toujours un petit groupe de gens qui
ne voudra pas tirer les enseignements de l’histoire
et qui détournera la matière. Sandra Paweronschitz
firment qu’il est trop facile d’arracher
la couverture explicative. « Ni plus, ni
moins qu’une enveloppe pour de vieux
documents nazis », a écrit l’un d’eux. Le
land de Bavière a porté plainte. Le fait
que les fac-similés sont facilement détachables de la couverture de quatre pages
ouvre la voie à des abus qui « sont inacceptables », ont estimé les juristes de
l’État. Ce n’est pas un hasard si c’est ce
land qui s’oppose à une reproduction : à
la fin de la guerre, les Américains, alors
force d’occupation, lui ont confié tous
les droits des publications de la maison
Eher, sise à Munich. Eher était la maison
d’édition des Nazis et publiait toutes les
œuvres auxquelles le parti attachait de
l’importance, notamment le grand quotidien Völkischer Beobachter et même le
manifeste d’Adolf Hitler Mein Kampf.
Depuis 1945, la Bavière a bloqué plusieurs fois la réédition d’anciennes publications nazies en mettant en avant la
protection des droits de reproduction.
Dans l’Allemagne de l’après-guerre, cette
démarche correspondait bien à la notion générale qu’une réplique des vieux
symboles ou écrits d’idéologie nazie représentait un risque que la jeune démocratie allemande ne pouvait et ne voulait
Un comité de rédaction renommé
Un comité de rédaction composé de dix historiens et journalistes réputés est à la disposition de la
rédaction et l’aide à commenter les sujets abordés. Parmi eux : Frank Bajohr, historien ; professeur Wolf­
gang Benz, historien ; Pr Gerhard Botz, historien ; Barbara Distel, conservatrice du Mémorial du camp
de concentration de Dachau ; Pr Peter Longerich, historien ; Pr Hans Mommsen, historien ; Pr Sönke
Neitzel, historien militaire ; Pr Dieter Pohl, historien ; Pr Hans Pöttker, chercheur journalisme ; et Gabriele
Toepser-Ziegert, directrice de l’institut de recherche sur la presse de Dortmund.
22
sca
papergram no 4 2009
tendances
pas prendre. Néanmoins, dans les années
1970, la publication d’extraits du Völkischer Beobachter a été autorisée dans
des cas exceptionnels. Mais aujourd’hui,
alors que les droits vont tomber dans le
domaine public en 2015, soit 70 ans après
la fin de la guerre, ce raisonnement n’est
plus recevable. C’est pourquoi on débat
actuellement en Allemagne de la manière
de traiter les journaux de l’époque, qui
sont aujourd’hui des documents historiques. Le tribunal de grande instance de
la Bavière a émis une forme d’avis préalable sur la question en autorisant en mars
2009 la publication de toutes les archives
entre 1933 et 1938. En outre, la Cour a
estimé qu’eu égard au caractère historique du projet, on pouvait considérer les
autres journaux comme des « citations
étendues à caractère scientifique » et ainsi
autoriser la publication. À la condition
que certains critères pratiques soient respectés, par exemple, le renforcement de
la reliure de la couverture aux fac-similés.
Risque minime d’abus
Sandra Paweronschitz est persuadée que
le risque d’abus est minimal : « Il y aura
toujours un petit groupe de gens qui ne
voudra pas tirer les enseignements de
l’histoire et qui détournera la matière.
Mais il faut faire avec. Une démocratie
aux citoyens émancipés peut gérer ce problème. En outre, ce risque est vraiment
minime. »
« Si notre équipe avait estimé que les
citoyens allemands ne sont pas capables
en 2009 de remettre ce type d’information dans son vrai contexte, nous n’aurions jamais entamé ce projet. »
Le besoin d’informer la jeune génération prime sur le risque de détournement,
estime la rédaction. En l’absence d’aïeuls,
ces jeunes n’ont plus de contact direct
avec l’époque nazie. « En faisant des enquêtes par téléphone avant le projet, on
a remarqué que plus les interlocuteurs
étaient jeunes, plus cette période les intéressait sincèrement. Et plus leurs questions étaient critiques. »
Pour cette génération, les journaux
d’autrefois remplacent les témoins
physiques.
par Luise Steinberger
Nouveau prix de
la distribution
Lorsque les recettes publicitaires deviennent plus incertaines, les éditeurs sont contraints de tirer le maximum de la vente au numéro. C’est la
raison pour laquelle les canaux de distribution (kiosques, grossistes, etc.)
trouvent une nouvelle grâce à leurs yeux. Le magazine professionnel allemand dnv – der neue Vertrieb illustre cette tendance en lançant, en coopération avec la Zeitschriftenakademie de la fédération allemande des
patrons de presse périodique VDZ, un nouveau prix : le VDZ Futurum
Vertriebspreis.
Le concours s’adresse à tous les acteurs de la chaîne de distribution de
la presse et récompense les idées et les concepts de demain. Les bulletins
d’inscription sont téléchargeables sur www.zeitschriften-akademie.de.
Google collabore
avec la presse
Le moteur de recherche Google a maintes fois déclaré vouloir coopérer
avec les quotidiens. Selon certaines informations, Google et The Newspaper Association of America seraient en train de négocier les termes d’un système de micropaiement. Ce dernier n’est qu’en phase de développement et n’a pas encore
été testé, mais les rédactions seraient intéressées de participer au projet quand
le service sera au point. Ce système proposera un abonnement complet ou le
paiement de téléchargements isolés d’articles, par exemple.
Source : followthemedia.com
sca
papergram no 4 2009
23
Portrait
o
k
t
U
k
e
Jac
par Tadeusz Rawa photos Collection privée
Rénovateur d’une presse
en perdition
« Le design peut changer le produit, le processus de production, toute l’entreprise… Et même vous ! » a déclaré Jacek Utko lors d’une
conférence à Long Beach, aux USA.
24
sca
papergram no 4 2009
« Une bonne mise en page peut revigorer un journal et
augmenter son tirage ».
« La presse est condamnée à disparaître dans
moins de dix ans ».
Ces deux affirmations apparemment contradictoires
ont pour auteur le Polonais Jacek Utko, designer primé
et rénovateur des journaux économiques de l’éditeur
Bonnier en Europe centrale.
I
l a reçu par deux fois le prestigieux prix de la Society for
News Design, pour la meilleure
mise en page catégorie quotidien. D’autres prix lui ont été décernés en
Pologne, Autriche, Bulgarie et Russie.
Ce qui compte également, c’est naturellement le tirage vendu et, dans ce domaine, il a vraiment de quoi être fier :
dans les trois ans qui ont suivi son intervention, le tirage du polonais Puls
Biznesu a progressé de 35 %, celui du
russe Delovoj Peterburg de 29 % et celui
du bulgare Pari de 100 % !
Dans les années 1990, l’éditeur suédois Bonnier Business Press lance des
journaux financiers dans les nouvelles
démocraties d’Europe centrale et de
l’Est : Pologne, Russie, Lituanie, Lettonie, Estonie, Bulgarie et Slovénie. « Ils
étaient fabriqués par des journalistes
chevronnés mais manquaient cruellement de direction artistique, précise
Jacek Utko. Par conséquent, la une et le
contenu suivaient le même vieux modèle
traditionnel, un peu triste et éprouvé. »
Long décollage
Il y a quelques années, le designer polonais devient le directeur artistique
de Puls Biznesu, puis des huit titres de
Bonnier Business Press dans la région.
Il décide de faire la révolution. Les directeurs de Bonnier sont plutôt surpris
d’entendre qu’il veut participer à toutes
les réunions portant sur les objectifs, la
stratégie et le contenu. Mais ils comprennent vite et acceptent son concept.
Ce n’est qu’après ce processus long de
deux ou trois mois qu'il commence à
créer la nouvelle une. « C’est la clé de
la réussite d’un designer de presse : être
présent dès le départ et bien comprendre
la nature du produit qu’on veut créer et à
qui on veut le vendre. J’ai eu la chance de
rencontrer des gens ouverts qui savaient
apprécier l’importance du design. »
Une fois ces préliminaires terminés, il
est l’heure de s’attaquer à la refonte du
journal, qui est un processus créatif intensif. « J’ai pour habitude de dire que
c’est un processus égoïste car je veux
être seul. Souvent, je crée plusieurs variantes. Je sors et je vais boire un café.
J’y reviens plusieurs fois. Je fais le tri et je
procède à des changements. »
Ensuite, il a ce qu’il appelle parfois un
trait de génie et il sait alors qu’il a trouvé
la solution idéale.
Jacek Utko a une formation d’architecte, qui lui a beaucoup servi, affirmet-il. En plus du professionnalisme, ce métier exige beaucoup de travail. Pendant
plusieurs années, il a passé des heures
à étudier les journaux et magazines du
monde entier dans le centre de presse
bien assorti de Varsovie. Il a également
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«
Mes efforts en vue de promouvoir la lisibilité se
heurtent souvent à l’incompréhension des journalistes,
qui n’apprécient pas que je veuille raccourcir leurs articles. fouillé sur Internet, assisté à des cours
et à des séminaires en Europe et aux
USA. À l’heure actuelle, il a choisi de
se concentrer davantage sur ses sources
d’inspiration intérieures. « Il s’agit de repartir de zéro et de penser dès le départ à
ce que veut le lecteur. »
Une mort inévitable
Jacek Utko souligne que si l’aspect de
la une a son importance, c’est aussi le
cas de tous les petits détails à l’intérieur.
C’est à eux qu’il consacre la plus grande
partie de son temps. « Les intertitres, les
citations, les encadrés et les lettrines… ce
sont tous ces petits riens qui déterminent
si le lecteur, le plus souvent inconsciemment, choisit de lire ou non le journal. »
Il existe des recherches approfondies
sur la perception de la presse par les
lecteurs et Jacek Utko les connaît bien.
« Mes efforts en vue de promouvoir la lisibilité se heurtent souvent à l’incompréhension des journalistes, qui n’apprécient
pas que je veuille raccourcir leurs articles.
Mais je le fais pour leur bien, un petit
texte est plus souvent lu. Les recherches
montrent que 7 % seulement de la masse
textuelle est lue. »
C’est un argument accablant pour
tous ceux qui travaillent dans ce métier.
Le designer polonais jette encore un peu
d’huile sur le feu en prédisant la mort
Jacek Utko
Designer polonais résidant à Varsovie. Architecte de formation. A quitté le métier pour se
lancer dans le design au cinéma, puis dans le design de presse.
Est devenu il y a quelques années le directeur artistique du titre polonais Puls Biznesu
qui appartient à l’éditeur BBP (Bonnier Business Press), puis des huit journaux financiers
du même groupe en Europe de l’Est.
Prix et distinctions
Puls Biznesu a reçu en 2004 le prix du meilleur design catégorie quotidien remis par la
Society for News Design (SND). Le titre estonien Äripäev s’est vu attribuer le même prix
en 2007.
Jacek Utko a été primé d’autres fois par la SND, notamment pour la meilleure nouvelle
formule, la meilleure une et le meilleur portefeuille individuel.
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imminente de la presse. Qu’est-ce qui lui
permet de l’affirmer ? Cela signifie qu’il a
choisi de naviguer sur un Titanic qui, lentement, prend l’eau. « Je maintiens que
l’âge d’or des journaux est révolu. Les
perspectives d’avenir des magazines sont
légèrement plus roses. Internet informe
beaucoup plus vite que la presse quotidienne, mais ne parvient pas encore à reproduire les illustrations aussi sensuellement que les publications. Tous ces changements ont deux causes : des tendances
objectives – en premier lieu, la formidable
évolution des médias électroniques – et le
fait que les journaux manquent souvent
leur cible. Le design n’est qu’un facteur
parmi tant d’autres dans ce domaine. »
Inutilisation des avantages
Jacek Utko estime qu’il est absurde d’acheter un quotidien du matin contenant l’information lue la veille sur le Net – souvent
sur le site même du titre. Il affirme que
ceux qui survivront seront des périodiques
spécialisés. « Néanmoins, dans un journal,
on peut mettre en valeur une information
d’une manière qui est impossible sur la
Toile. Mais combien de fois cela arrive-til ? Une fois par an, peut-être, par exemple,
quand Obama est élu président. Sinon, ce
qui domine, c’est le sempiternel trio titrephoto-texte, même à la une. »
Pour la presse polonaise, cela a été souvent Noël tous les jours ces 20 dernières
années : progression du tirage, recettes
publicitaires exponentielles… Le pic a été
atteint il y a deux ou trois ans, souligne
Jacek Utko, et, aujourd’hui, elle est prise
dans une spirale vertigineuse, une chute
renforcée par la crise économique. « Rien
ne sera plus jamais comme avant, ce sera
plutôt le contraire. La Pologne ne déroge
pas aux tendances mondiales. On ne voit
pas non plus arriver de nouveaux talents
dans le domaine du design de presse.
Ceux qui existent sont souvent congédiés
en raison de la crise et des restrictions
budgétaires, et vont voir ailleurs, dans
d’autres secteurs. »
tendances
par Luise Steinberger
Les imprimeurs font la culbute
Fermé
pour cause
de faillite
On dit que la crise est terminée. Le secteur de l’imprimerie n’a encore rien remarqué. Au cours du premier semestre 2009 en
Suède, les faillites d’imprimeurs ont augmenté de 67 % par rapport à la même période en 2008. C’est ce que montrent les
statistiques de la fédération des entreprises
graphiques, qui prédit que la tendance va se
maintenir encore quelque temps.
Les plus touchées sont les imprimeries
offset, les numériques s’en tirent mieux. La
pression est encore plus dure pour celles
qui recevaient beaucoup de commandes de
l’industrie lourde, celle des véhicules par
exemple.
Une tendance qui se confirme dans le
reste de l’Europe.
Source : graphicnet.se
La revue de
coopération grandit
Omvärlden, la revue de l’ASDI, l’Agence Suédoise de Développement
International, a été relancée fin octobre. Ce qui était un tabloïd d’actualité est
devenu un magazine qui paraîtra plus fréquemment. « Nous allons miser sur
cette publication car elle est importante et de qualité. Mais son emballage
n’était pas des plus satisfaisants », a déclaré le responsable communication
de l’agence, Claus Nowotny, avant l’opération.
La périodicité passera de six à dix numéros par an et le tirage, qui était
limité à 3 000 exemplaires, va plus que quintupler. Comme avant, Omvärlden
sera distribué aux abonnés et aux décideurs, mais il pourra être acheté en
kiosque. « C’est un magazine unique, qui satisfait l’intérêt actuel manifesté
pour les questions internationales ».
Les journalistes
polonais se
réunissent
Cent cinquante journalistes de langue
polonaise venus de quatre continents et 26 pays
se sont réunis début septembre à Tarnów, dans
le sud de la Pologne. C’est la septième fois que le
Światowe Forum Dziennikarzy Polonijnych (forum
mondial des journalistes polonais à l’étranger)
rassemblaient les collaborateurs des médias de
langue polonaise à l’étranger. L’objectif est de l
eur donner la possibilité de renouer des contacts
dans leur pays d’origine et de communiquer une
image réelle de la Pologne d’aujourd’hui.
Tadeusz Rawa
Source : Dagens Media
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par Elin Mellerstedt photo Mikael Gustafsson/N – Naturfotograferna
Finie la pêche aux moules
La moule perlière est un petit
mollusque utile et passionnant qui
vit dans les cours d’eau de l’hémisphère nord. Comme son nom
l’indique, cette moule aujourd’hui
protégée peut parfois abriter une
magnifique perle. Sa présence est
le signe d’un environnement non
pollué.
E
n dépit de sa petite taille, la moule perlière, ou mulette, a son importance. Elle est, entre
autres, un bon bio-indicateur de la qualité
de l’eau. SCA s’enorgueillit du fait qu’elle
semble se plaire dans les cours d’eau de ses
forêts. « Quand la mulette est présente,
l’eau renferme sans conteste un écosystème plus ou moins complet, avec poissons
et organismes benthiques », explique Per
Simonsson, écologue forestier chez SCA
Skog.
Le cycle de vie de cette petite moule est
passionnant. Pendant la période de reproduction, la femelle produit jusqu’à trois à
cinq millions de larves. À ce stade, celles-ci se
fixent sur les branchies des saumons ou des
truites saumonées pendant huit à dix mois
avant de se transformer en petit bivalve.
Valeur historique
Per Simonsson précise que la mulette est un
excellent baromètre de la qualité de l’eau.
Sa coquille présente des stries, comme les
arbres. En sélectionnant certaines années
on peut découvrir quels métaux lourds sont
stockés dans ces stries. La coquille remplit
un rôle d’archive « éco-chimique ».
La mulette est tout aussi intéressante du
point de vue historique. Au cours du 18e
siècle, elle a attiré l’attention du public et
des têtes couronnées car elle pouvait, dans
certains cas, recéler une perle précieuse.
Cette découverte a conduit à une pêche de
grande envergure. En Suède, on a même, un
temps, formé des conseillers spécialisés.
Ces beaux rêves de richesse ne se sont jamais concrétisés. Il est très rare de trouver
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Un mollusque centenaire
Qu’est-ce que la liste rouge ?
La mulette (margaritifera margaritifera) est
un mollusque lamellibranche qui peut vivre
jusqu’à plus de 250 ans. Elle se complaît
dans les cours d’eau purs et faibles en
calcaire dont le fond est composé de sable,
graviers et pierres. Adulte, sa taille atteint 10
à 15 cm de long pour une hauteur de 5 à
7,5 cm. L’intérieur de sa coquille noire bleutée et brunâtre est recouvert de nacre.
La liste rouge recense toutes les espèces
menacées de disparition dans une région,
un pays ou sur la planète. Celles-ci sont
groupées en catégories selon le degré de
menace qui pèse sur elles. En France,
la liste nationale est établie par le comité
français de l’Union internationale pour
la conservation de la nature (IUCN) et le
Muséum d’Histoire naturelle. La liste rouge
internationale est compilée par l’IUCN et
mise à jour une fois par an.
une perle, seule une mulette sur 3 000 en
contient une.
Vulnérable et protégée
Autrefois, on trouvait ce bivalve dans
toute l’Europe. Malheureusement, au
siècle dernier, il a disparu en grande partie
du continent et même de nombreuses
régions de Suède.
SCA Skog tente de contribuer à sa survie en prenant des mesures de précaution
supplémentaires dans les zones de coupe.
La mulette est aujourd’hui protégée
et fait partie de la liste rouge de l’Union
internationale pour la conservation de
la nature (catégorie VU – vulnérable).
Plus question de partir à la pêche aux
moules… perlières.