Samuel Wesley STRATTON (1861-1931)

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Samuel Wesley STRATTON (1861-1931)
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SAMUEL
J
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WESLEY
Pa,' M,
ARTHUR
STRATTON;
E, KENNELLY,
Samuel Wesley Stratton naquit à Litchfield, Illinois, le
18 juillet 1861; il était le fils de Samuel et de Mary 13: Stratto~,
née Webster. Son enfance se passa à la campagne', et il jouissait
d'une robuste santé, qu'il conserva pendant toute, sa vie, ce q ni
lui permit de travailler toujours pendant de longues heures.
Il obtint à l'Université d'Illinois le grade de bachelier ès
sciences, et s'adonna, comme ingénieur mécanicien, à son sujeL
favori. En 1886, il eutra dans l'état-major enseignant du département de mathématiques et de physique à l'Université d'Illinois,
Il occupa la chaire de physique de 1889 à 1892. A cctte époque,
il entra à l'Université de Chicago comme assistant du professeur
de physique, et devint lui-même professeur de physiquc en 18g8.
Stratton se rendit bientôt compte de l'importance qu'aurait,
en Amérique, un Bureau national des Étalons, et recommanda,
en 1890, la fondation d'un ~el Burcau au Secrétaire du TrésOl',
Lyman J. Gage. Ce dernier invita Stratton à proposer au Congrès une loi pour la création du Bureau, La loi passa cn
mars 1901, et Stratton fut invité à être le dirccteur de ce
Burea,u, qui fut d'abord installé dans des bâtiments provisoires
près du Capitole, à Washington D. C, Il montra bientôt, non
seulement la nécessité du Bureau pour les sciences de base, mais
aussi son utilité dans les applications de la science à beaucoup dc
dépal·tements de l'activité. Il donna l'exemple, et prêcha l'esprit
de la recherche scientifique comme un guide pour l'industrie.
A vec un effort infatigable, il accrut les services que pouvait rendre
le Bureau, jusqu'à ce qu'iljugea nécessaire d'ériger de nouveaux
bâtiments dans la banlieue nord de Washington, afin d'accommoder le personnel aux machines et appareils nécessaires à l'accomplissement du travail. Dans les premières années du Bureau,
une quantité ,considérable de recherches furent faites dans les
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sciences apparentées aux étalons fondamentaux. Avec le temps,
de nombreuses investigations furent conduites dans les
sciences appliquées à l'industrie. Le Directeur Stratton fut au
centre de tout ce travail. Lorsqu'il abandonna, en 1922, la
direction, le Bureau formait un groupe de quatorze gl'ands bâtiments avec un personnel de 900 employés. La publication des
résultats choisis pour une documen tation permanente, occupe un
nombre considérable d'ouvrages, de mémoires eL de circulaires .
. Le Dr Stl'atton était membre du Comi,té international des
Poids et Mesurcs, dont il devint le doyen à la mort de R. Gautier;
il fréquen ta un grand nombre dc ses réunions, et contribua dc
plusieurs façons à son activité. Il était aussi en relations avcc un
grand nombre d'organisations d'étalonnage en Amérique et'
ailleurs.
En 1923; il fut élu à la présidence du Massachusetts Institute
of Technology, à Cambridge, Mass., et se consacra de tout son
cœur à l'administration des affaires. En tenant compte de ses responsabilités croissantes, il recommanda en 1930 que lc D~' Karl
T. Compton fùt invité à la présidence, tandis que lui-même
devint président dc la Corporation M. 1. T., poste qu'il occupa
jusqu'à sa mort.
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De taille moyenne, Stratton était très vigoureux et donnait
l'impression d'une force ph)~sique considérable. Au repos, il était
austère, mais clair, animé, franc et aimable dans la discussion.
Il avait un caractère désintéressé. Son esprit était dominé par
l'idéal de perfeètionner les actions humaines et de les développer'
par l'étude et la recherche scientifique. II ne se posa jamais
comme un inventeur, mais son esprit avait une tendanc~ distincte
vers l'invention. Par exemple, il combina en 18g8, en commun
avec le professeur A.-A. Michelson, à l'Université de Chicago,
une nouvelle for~e d'analyseur harmonique capable de résoudre
une onde harmonique complexe en 80 composants (1).
Le grand inventeur américain, Thomas A. Edison, mourut le
matin du dimanche 18 octobre 1931, danssà maison à Orange,
New-Jersey. Edison et Stl'atton-avaient été des amis très intimes
pendant nombre d'années. Le même soir, le Dl' Su'atton préparait dans son appartement de Boston, un long télégramme de
(1) Phil. Mag.,
Janv. 1898.
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condoléances pour la famille d'Edison. Lorsqu'il eut fini, il donna
un interview au reporter d'un journal, et s'asseyant dans son
parloir, regardant le Charles River, et à peu près à l'opposé de
l'Institut de Technologie, la Banque de Cambridge, il dicta
apparemment en bonne santé, un chaleureux éloge de la vie et
des inventions d'Edison. Après avoir dicté environ deux cents
mots, sans aucun signe de peine ou de fatigue, il commença une
nouvelle phrase sur la vie d'Edison. Il alla jusqu'aux mots: {( Son
intérêt », lorsque sa tête tomba en avant, et il perdit connaissance. Un médecin fut appelé aussitôt, et déclara qu'il était mort
d'un arrêt subit du cœur.
Les notices nécrologiques sur Edison et Su'atton parurent côte
à côte dans les journaux du lundi matin 19 octobre 1931.
Le Dl' Stratton était un grand favori de son personnel et de ses
étudiants; il pensait d'abord à ses {( garçons» et aux soins dont
ils avaient besoin. Il n'était pas marié et vivait toujours dans son
appartement de célibataire. Ses trois sœurs lui survivent.
'
Le Dl' Su'attoll recevait beaucoup d'honneurs personnels et
gouvernementaux, aussi bien en Amérique gu'ailleurs, parmi
lesquels nous citerons la rosette d'Officiér de la Légion d'honneur. Peut-être le plus grand de tous fut l'affection générale dans
laquelle il était tenu pal' ceux qui Ic connaissaient.
Addition.
Str·at.ton s'était toujours vivement intéressé au Bureau international. En 1926, alors que le Bureau étaie très gêné dans sa gestion financière, Su'atton, aidé par MM. le Colonel E. H. R. Green,
Ambrose Swasey, Everett Morss et Fred Rick, rassembla pour
lui 3500 $.
Plus tard, sachant les difficultés que nous avions à nous procurer des quartz sans défauts, il fit venir du Brésil, d'où il
l'envoya en Europe, un beau cdstal de quartz, dont on a tiré des
décimètres étalons.
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C.-É. G.