Les services Web rajeunissent le mainframe

Transcription

Les services Web rajeunissent le mainframe
DOSSIER
Analyse
Pratique
Prospective
Offre
Les services Web gagnent
du terrain P 16
Icare s’ouvre sans se brûler
les ailes P 18
Se lancer dans l’architecture
orientée services P 22
Au-delà de l’intégration, une
exigence de fiabilité P 26
DR
Les services Web
rajeunissent le mainframe
Ce n’est pas la révolution annoncée voici quelques années. Mais pas plus le flop redouté
voici quelques mois. Les services Web, notamment par leur capacité à se connecter sans
tout chambouler au patrimoine informatique de l’entreprise, gagnent peu à peu les
faveurs des architectes des systèmes d’information. En particulier quand il s’agit de
donner un coup de jeune aux applications historiques, sur grands systèmes.
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N° 1047 • 19 novembre 2004 • LE MONDE INFORMATIQUE
15
DOSSIER
| Intégration
Prospective SOA, nouvelle architecture
pour nouvelle organisation
Les principes de l’architecture orientée services font l’unanimité. Leur mise en œuvre requiert cependant une
réflexion préalable sur l’organisation de l’entreprise, trouvant un compromis entre productivité et flexibilité.
Il y a traditionnellement deux façons
d’aborder ce type de problématique :
en partant de l’infrastructure technique (bottom-up), ou au contraire
d’une vue métier (top-down). Dans le
premier cas, Olivier Dennery, architecte au sein de la branche Business
Consulting Services d’IBM, préconise
une adoption en quatre étapes : “1)
créer des ser vices depuis des fonctions existantes ; 2) commencer à intégrer des services interapplicatifs ; 3)
généraliser l’utilisation de services
grâce à un bus applicatif ; 4) déployer
des nouveaux processus métier dynamiquement reconfigurables.” Pour
Maxence Varangot, de la SSII Devoteam
Solutions, il faut surtout savoir profiter des opportunités qui se présentent.
“Par exemple, lorsqu’une entreprise
veut fournir un ser vice en marque
blanche à un partenaire, ou mettre en
place une diffusion de contenu sur
Les services Web raniment
une idée pas vraiment neuve
S
22
Service-Oriented Host) que des
applications client-serveur.
Intégrateurs et éditeurs
considèrent, à l’instar de Philippe
Bessis, qu’avec les services Web
“nous avons la technologie et les
standards qui permettent d’aller vers
les architectures orientées services”.
Langage normalisé, adapté aux
protocoles du Web, XML s’est imposé
comme moyen standard d’échanger
des données. Il n’est pas un progiciel
qui ne sache aujourd’hui publier
ses données en XML, ou une base
de données qui ne sache les stocker.
Les services Web, ensuite, faisant
abstraction des plates-formes
techniques, permettent d’échanger
ces informations XML entre tout
type de système. De quoi concilier
SOA et existant.
O. R.
LE MONDE INFORMATIQUE • N° 1047 • 19 novembre 2004
Connecteur
Workflow
Processus métier
Client
XML
Partir de l’infrastructure
Suite page 24 ➤
erpent de mer décati, la SOA a
retrouvé une nouvelle jeunesse
avec la généralisation de XML et
des services Web. L’idée n’est pas
neuve. Les normes d’interopérabilité
Corba, dans le monde Unix, ou
DCOM, dans le monde Microsoft,
ont essayé en leur temps de favoriser
une telle architecture orientée
services. “Leur utilisation est restée
confidentielle à cause de la
complexité de leur mise en œuvre”,
témoigne Philippe Bessis,
responsable marketing Webmethods
Europe du Sud. On pourrait même
faire remonter cette volonté aux
applications mainframe, plus faciles
à considérer comme des services
(l’éditeur d’outils d’intégration
mainframe Attachmate enfonce
même le clou en parlant de SOH,
L’architecture orientée services
XML
Serveur Web
Messagerie
XML
XML
Application
spécifique X
XML
Base
commerciale
XML
Middleware
asynchrone
Progiciel
intégré
Dans
ce modèle
d’architecture
orientée
services,
c’est
le système de
gestion du
workflow
métier qui
pilote
le système
d’information
et pioche dans
les services
mis à sa
disposition
par les
applications.
MISE EN ŒUVRE
P&T Luxembourg,
(également appelée EPT
pour Entreprise des postes et
télécommunications)
Privilégier
l’approche métier
’ erreur est humaine. Mais,
L
quand on peut l’éviter, c’est
mieux. C’est avec cette idée en tête
que P&T Luxembourg (également
appelée EPT pour Entreprise des
postes et télécommunications) a
entrepris la refonte de son système
de gestion de la clientèle, avec
comme objectif d’ouvrir l’accès à
cette base de données. Le moteur du
projet ? Des informations souvent
erronées dans le système de backoffice, en raison d’une mise à jour
manuelle, et la volonté d’interagir
avec les clients. EPT a choisi de
mettre en place une architecture
orientée services, grâce à laquelle ces
erreurs ont été éliminées et de
nouveaux services proposés aux
clients. “Nous sommes partis du
constat que l’on avait besoin d’une
SOA, explique Marco Van Maris,
responsable du projet chez EPT. Notre
choix s’est porté sur Transidiom de
Seagull Software. Pour supporter
DR
A
sation d’applications et de données
pour créer de nouveaux services applicatifs, répondant à de nouveaux besoins, voire à de nouveaux métiers. Le
tout en agençant graphiquement des
processus métier au sein d’un outil de
BPM (Business Process Management).
Source : www.dotnetguru.org
vec tous les acteurs qui cherchent à imposer la SOA, est-il
encore besoin de la définir ? En
fait, c’est davantage des moyens
de parvenir à cette architecture
orientée services qu’il faut discuter. Personne ne remet vraiment en cause le
bien-fondé de la démarche SOA (Services Oriented Architecture). C’est
même, après les outils de représentation de l’architecture, le deuxième sujet
d’intérêt des architectes logiciels, souligne Henry Peyret, directeur de recherches chez Forrester. Et pour cause :
lorsque l’informatique sera composée
d’unités fonctionnelles autonomes,
qu’il sera possible d’agencer et de réagencer à loisir, alors une DSI sera capable d’autoriser en un temps record
les modifications souhaitées par une
direction opérationnelle. Une société
d’assurances doit offrir un nouveau
produit à souscrire en ligne à un segment de marché ignoré jusque-là ? Il
suffit de développer un nouveau composant du portail pour le courtier, le
reste sera réutilisé : modules de calcul,
analyse de données, facturation, authentification… Des éditeurs comme
SAP ou Webmethods commencent de
leur côté à parler de frameworks d’applications composites (CAFen anglais),
des middlewares facilitant la réutili-
notre architecture, nous avons
également utilisé un serveur
applicatif sous WebSphere équipé de
MQSeries [messagerie d’IBM].” Les
processus de back-office supportés
par l’application historique, comme
les opérations de solde du compte ou
de création d’un ordre de service, se
muent en services que peuvent
appeler des interfaces XML.
Contrairement à la plupart des projets
SOA, Marco Van Maris a misé sur une
démarche top-down, c’est-à-dire
S. C.
partant d’une vue métier.
LA SOLUTION ADOPTÉE
Mise en place d’une architecture J2EE.La
solution comprend un navigateur Internet sur le
poste client et un serveur applicatif sous
WebSphere équipé de MQSeries (messagerie
d’IBM).Le PGI hérité a été conservé.Pour faire le
lien entre ce PGI et WebSphere, EPT a choisi
Transidiom de Seagull Software, qui permet de
reprendre, telles quelles, les transactions du PGI
et de les interfacer avec WebSphere et MQSeries.
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| Intégration
➤ multiples canaux, ou encore mettre en
place un système d’authentification
centralisé. Dans tous les cas, le service
doit être pensé de façon à pouvoir être
consommé par plusieurs applications.
Ce qui implique de développer une
culture d’entreprise.”
La SOA ne se justifie que
pour le métier
De fait, les expérimentations actuelles correspondent surtout à du bottom-up, relève Henry Peyret. Pourtant
Axway, branche EAI de Sopra, revendique des clients abordant la SOA par
le haut, avec du BPM. “Faire de la SOA
pour la technique, cela n’a aucune
chance d’aboutir, lance Christophe
Fabre, qui dirige l’édition logicielle.
Cela ne se justifie que pour le métier.
Il s’agit de donner de l’agilité aux processus. Et là, ça ne se discute pas.”
Le principal problème, finalement,
n’est pas technique mais fonctionnel :
le BPM n’est pas adapté à toutes les
applications. “Il faut investir sur des
projets pour lesquels l’agilité est critique, continue Christophe Fabre.
Donc pas sur la comptabilité, qui ne
bouge pas, mais plutôt sur une application de gestion de lignes ADSL, qui
évolue constamment.” L’idée est d’éviter de retomber dans le travers des pro-
jets pharaoniques d’urbanisation, en
ciblant des périmètres précis.
Tout en conseillant également une
approche top-down, Henry Peyret
évoque un autre problème, organisationnel cette fois. Pour Forrester, il faut
repenser l’entreprise avant de penser
SOA. “Les grandes entreprises ont
abandonné le modèle fordiste, en
silos, où l’informatique correspond à
des entités par métier, car cela ne permet pas de prendre en compte la personnalisation par client. Elles ont mis
en place un modèle matriciel, avec des
ser vices adaptés à chaque type de
client et des services orientés productivité. Même si on peut mettre en place
du BPM avec ce modèle, à condition
de bien identifier les besoins, on arrive au bout de cette logique. Elle ne
s’applique plus aux multinationales,
avec plusieurs lignes de produits, plusieurs marchés, plusieurs types de
clients… Il faut inventer un nouveau
type d’organisation, trouvant le bon
compromis entre productivité et flexibilité. Il faudra alors contractualiser
le lien entre les unités de production
et les fournisseurs de services partagés. C’est la prise de conscience de la
nécessité de ce nouveau modèle d’organisation qui va aider à tirer la SOA
au niveau métier.” ●
OLIVIER RAFAL
INTERVIEW
JEAN-MARIE CHAUVET,
directeur associé LC Capital,
Dassault Développement (*)
“Des principes
pour guider
les architectes”
Que signifie pour vous SOA ?
Jean-Marie Chauvet La Services
Oriented Architecture est une
spécification mise au point par un
groupe de travail du W3C. Il s’agit à
ce stade d’un principe de
construction de la communication
entre applications. Deux des objectifs
intéressants de l’architecture SOA
consistent à promouvoir la plus
grande “autonomie” de services et à
élever la découverte dynamique des
services et de leur disponibilité en un
principe architectural.
Au-delà de l’indépendance entre
interface publique et implémentation
privée, et de la portabilité entre
systèmes d’exploitation, supposées
acquises par le recours à la pile
TCP/IP-SOAP-WSDL, l’idée de
“service autonome” décrit une
déconnexion complète entre le
développement, la gestion, la
sécurisation, le déploiement des
services, d’une part, et leur
consommation, leur usage, d’autre
part. C’est la forme la plus aboutie de
la vision (mythique ?) des
composants logiciels.
Qu’en est-il de l’association des
services Web et de la SOA ?
J.-M. C. Les services Web
peuvent être utilisés avec profit – ils
partagent les mêmes principes de
conception que la SOA –, mais ce
n’est pas une obligation. Construire
une architecture SOA exclusivement
Java s’avère par exemple
relativement aisé. A l’inverse, la mise
en œuvre des protocoles et des
standards des services Web ne
produit pas automatiquement une
architecture orientée services : on
peut faire du “bon vieux” clientserveur avec XML (c’est même assez
pratiqué avec XML-RPC, une forme
néandertalienne de SOAP) !
La SOA est-elle le Saint-Graal à
atteindre absolument ?
J.-M. C. L’architecture SOA est
plutôt un ensemble de principes
destinés à orienter et guider les
24
LE MONDE INFORMATIQUE • N° 1047 • 19 novembre 2004
DR
DOSSIER
architectes des systèmes
d’information. C’est plus une
méthode qu’une solution
d’implémentation, et plus un
vocabulaire et une grammaire pour
décrire les services et leurs
interactions qu’un plan d’action
précisément défini. On peut utiliser
ou non les concepts que la SOA
formalise pour décrire un système
d’information. Employer la méthode
permet de s’entendre, entre parties
concernées, sur le système décrit,
même si les options d’implémentation
peuvent ensuite varier.
Dans quelle mesure le discours
services Web-SOA est-il
compatible avec la réalité des
entreprises ?
J.-M. C. Des sites Web comme
Yahoo ou Google ont d’emblée
construit des systèmes d’information
(volontairement ou non) fondés sur
la SOA : leur métier même est de
livrer un service fonctionnel à travers
le Web. Pour les autres, c’est bien
souvent le dilemme : satisfaire des
clients, employés ou partenaires qui
ont de plus en plus de mal à
comprendre la lourdeur des
interactions avec l’entreprise alors
qu’il est si simple de naviguer sur le
Web, tout en évitant de faire une
croix sur un existant parfois très
important. Comme par le passé, lors
de ruptures technologiques
importantes, il y aura cohabitation
pendant une période indéterminée.
SOA et services Web ne sont qu’une
nouvelle manière de parler des
mêmes choses. Elle est peut-être
plus pertinente pour répondre à un
certain nombre de contraintes
nouvelles auxquelles les entreprises
et leurs systèmes d’information
doivent se plier, mais elle ne fait, au
mieux, qu’éclairer sous une autre
lumière la fonctionnalité et les
processus d’entreprise déjà existants.
PROPOS RECUEILLIS PAR OLIVIER RAFAL
(*) Auteur de Services Web, avec Soap, WSDL,
UDDI, ebXML…, 2002, éditions Eyrolles.
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| Intégration
ICARE EN FAITS
ET EN CHIFFRES
Secteur : commerce B-to-B dans le
secteur automobile.
Activité : vente d’extensions de
garanties et de contrats
d’assurances à des concessionnaires
ou constructeurs automobiles.
Siège social : Boulogne-Billancourt
(92).
Chiffre d’affaires : 56 millions
d’euros.
Effectifs : 150 personnes environ.
Effectif informatique :
10 personnes.
Nombre de sites en France : 2
Nombre de sites informatiques en
France : 1
PROBLÉMATIQUE :
La société française Icare
souhaitait offrir à l’ensemble de ces
partenaires une interface Web pour
la saisie, la validation et
l’enregistrement de nouveaux
contrats, qu’ils soient français,
espagnols, italiens ou belges
(francophones et flamands). Le
tout impliquant un dialogue avec
l’application historique cobol
manipulant les données métier.
LE PROJET
Historique du projet
Eté 2003 : premières réflexions,
premiers développements.
Janvier 2004 : première version
opérationnelle en phase de tests.
Février 2004 : mise en œuvre de la
version opérationnelle.
Avril 2004 : mise en œuvre de la
version multilingue.
Solution technique :
Logiciels Synapta d’Attachmate
pour la récupération d’écrans et la
génération de javabeans.
Développement de code en
langage Java.
Logiciels Open Source (Struts,
Eclipse, MySQL, Linux).
La partie Smart Connector
hébergée sur un serveur mutualisé
monoprocesseur sous Windows
2000 avec 2 Go de RAM.
La partie WebApp (en Java), gérée
par un serveur Linux avec Tomcat &
Struts.
L’application historique cobol,
hébergée par un serveur Unisys.
●
●
Pratique Icare : les services
Web sans se brûler les ailes
Le spécialiste de l’entretien des véhicules a ouvert son système d’information aux
concessionnaires et revendeurs à travers une interface Web. Ce qui a exigé la mise
en place d’une solution de connexion aux applications historiques de l’entreprise.
uvrir son système d’information et fournir une interface
Web conviviale à l’ensemble de
ses partenaires : c’est le pari
d’Icare, société française récemment rachetée par Europ Assistance
et spécialiste de la vente de contrats d’entretien et d’extensions de garantie pour
des véhicules automobiles, neufs ou
d’occasion. L’activité fonctionne sur un
principe simple : en cas de panne, un
particulier ayant souscrit un contrat auprès d’un revendeur ou d’un concessionnaire montre sa carte d’accréditation à son garagiste. Celui-ci contacte
alors le centre d’appels d’Icare qui s’engage ensuite à payer les réparations ou
révisions sous 48heures. Le système d’information hébergé par des serveurs Unisys gère ainsi plus de 650 000 véhicules
en France, en Espagne, en Italie et en Belgique, l’Hexagone représentant plus de
90 % de ce total. En back-office, une application écrite en cobol permet de
manipuler l’historique des interventions et toutes les données clients.
Initialement, le seul point d’accès des
revendeurs et concessionnaires était
constitué d’une appliquette Java fournie par Unisys permettant uniquement
l’émulation d’un terminal en mode caractères de type T27. Ces partenaires
pouvaient ainsi se connecter par le biais
du Minitel pour saisir de nouveaux
contrats. Mais les temps de chargement
de l’appliquette (plusieurs minutes en
bas débit) et l’absence de machine virtuelle Java sous Windows XP posaient
de plus en plus de difficultés aux revendeurs et concessionnaires. Sans par-
O
Photos DR
DOSSIER
Les locaux d’Icare à
Boulogne-Billancourt.
Avant le projet de
connexion à l’application
cobol, revendeurs et
concessionnaires
accédaient à la plateforme informatique au
travers d’une
appliquette Java.
ler des complications créées par les stratégies de sécurité informatique mises
en place chez les partenaires, certains
pare-feu d’entreprise bloquant le téléchargement de l’application.
Les responsables informatiques
d’Icare se fixent alors un objectif multiple : permettre à tous la saisie de produits Icare, offrir une interface plus intuitive aux utilisateurs et fournir en
temps réel les informations liées à la
création des contrats. La solution envisagée passe par le Web et prévoit l’utilisation de pages HTML standard et conviviales. Mais pas question pour autant
d’envisager la migration de l’applica-
●
●
●
●
Investissements
n.c.
Coût des licences des produits
Attachmate, auquel il faut ajouter
plus de 3 mois-hommes, hors tests.
18
MÉTHODOLOGIE : TROIS CLÉS POUR BIEN DÉBUTER
Acquérir un maximum de
compétences sur le produit utilisé
afin d’en appréhender pleinement la
complexité. Selon Christian Picard,
chef du projet nouvelles technologies
chez Icare, cette garantie permet
d’éviter de perdre du temps au
démarrage du projet.
S’entourer de personnes
fonctionnelles maîtrisant les
applications métier historiques et
1
2
LE MONDE INFORMATIQUE • N° 1047 • 19 novembre 2004
susceptibles d’appréhender
l’enchaînement des écrans
transactionnels et les besoins des
partenaires.
Ne pas associer
systématiquement un écran
transactionnel à une nouvelle page
Web. “L’enchaînement des écrans
sur un mainframe est assez éloigné
de ce qui se fait sur le Net”, rappelle
Christian Picard.
3
Christian Picard,
chef du projet
nouvelles
technologies chez
Icare : “Notre besoin
était finalement
relativement simple,
malgré la complexité
technique due à la
mise en place.”
tion cobol maison dont les premiers développements datent de l’origine de la
société. Pour combiner ces ingrédients,
Icare recherche alors une solution non
propriétaire avec un développement logiciel réalisable en interne.
Un gain de temps
de développement
Pour Christian Picard, chef du projet
nouvelles technologies chez Icare, “rapidement, les logiciels d’Attachmate
sont apparus comme la solution la
plus adaptée à nos besoins. L’adéquation du produit avec Java, langage que
nous souhaitions utiliser, a été déterminante dans notre décision. L’avantage majeur de ce choix : l’intégration
totalement transparente dans une
application J2EE. Nous n’avions ni
souhait, ni compétences quant à un
développement sous environnement
Microsoft”. Attachmate, société américaine implantée dans plus de trente
pays, est l’un des acteurs proposant
des solutions d’accès aux données métier de l’entreprise, comme le font aussi
iWay, Microfocus, Iona, Sterling Commerce, Acucorp ou 2Gamma. Pour la
DSI d’Icare, “les produits d’Attachmate
ne nécessitent pas de compétences Java,
mais seulement des compétences métier
Suite page 20 ➤
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DOSSIER
| Intégration
AVIS D’EXPERT
“Tirer profit du capital logiciel”
DR
a société Icare avait le
L
choix entre garder et
faire évoluer une solution
Marc Boullier,
directeur
technique de
la SSII Vistali
propriétaire ou une décision
stratégique d’ouverture. Elle a
décidé d’ouvrir ses fonctions
au monde Java. Dans ce type
de développement, l’utilisation
d’un standard et de services
Web est effectivement
souvent la solution. La
problématique de base est la
suivante : comment tirer profit
d’un capital logiciel alors qu’il
existe de nouvelles méthodes
de travail auxquelles il faut
s’adapter ? Les applications
mainframes travaillent dans
un esprit “terminal-client
léger” où plusieurs postes
clients peuvent solliciter le
mainframe en parallèle. Dès
lors, ces applications sont plus
facilement intégrables que
celles des architectures client-
➤ et une bonne maîtrise de l’application
cobol et des écrans qu’elle génère”.
Dans un premier temps, le logiciel
Designer Studio a pris en charge la manipulation des écrans austères de l’application historique cobol puis la réalisation de la maquette. Un scénario a été
conçu pour l’occasion et les données à
récupérer en provenance des différents
écrans ont été rigoureusement sélectionnées. Des containers javabeans ont
ensuite été générés automatiquement
par le logiciel, puis récupérés par
l’équipe de développement Java et encapsulés dans le code de l’application
Web. Enfin, un runtime de l’éditeur a pris
en charge le dialogue du nouveau programme Java avec l’application historique cobol qui, elle, n’a pas été modifiée. Christian Picard précise : “La
génération de ces javabeans est fiable et
permet de gagner en temps de développement. Pour l’équipe de développeurs, ce travail n’est pas plus difficile
que d’implanter une bibliothèque Java.”
Une réécriture en J2EE
Lancé durant l’été 2003, le projet visait
la réalisation d’une maquette pour le
début de l’automne de la même année.
Mais le logiciel Designer, éprouvé sur les
plates-formes IBM, a connu un démarrage plus poussif sur l’architecture Unisys dont dispose Icare. Christian Picard
explique : “Nous avons travaillé avec le
support d’Attachmate pour stabiliser la
version actuelle du produit et le projet
a véritablement décollé début 2004.
20
LE MONDE INFORMATIQUE • N° 1047 • 19 novembre 2004
serveur où le poste client lourd
héberge localement beaucoup
trop d’informations pour
rendre cette intégration aisée.
Dans ce projet, il y a un
couplage très fort entre le
serveur Web et le serveur
mainframe, et la solution
retenue par Icare montre
l’importance du container qui
représente un espace dans
lequel va s’exécuter un
programme, et qui va gérer
les sessions multiples et la
montée en charge.
Aujourd’hui, la dynamique
informatique passe avant tout
par l’utilisation de standards
ouverts. Ce type de projet est
un vecteur de réduction des
coûts. Il n’est plus si compliqué
à mener, car les technologies
mises à disposition sur le
marché arrivent à maturité et
sont accessibles.
Sans évolution des objectifs au cours
de la réalisation du projet. Notre besoin
était finalement relativement simple,
malgré la complexité technique due à
la mise en place.” La DSI d’Icare a souhaité garder une architecture à n niveaux
offrant, à la fois, des garanties de fonctionnalités et de sécurité avec un serveur
frontal d’applications, un middleware
et un serveur métier hébergeant les données et l’application cobol. Christian
Picard poursuit: “Après avoir testé, puis
mis en œuvre la version opérationnelle,
nous avons souhaité réaliser une application compatible avec les différents
pays. Pour cela, nous avons revu l’architecture Java afin d’obtenir une seule
application proposant une interface
commune et servant cinq langues.”
Finalement, le produit a répondu à
l’objectif fixé et son utilisation a rapproché deux populations aux compétences différentes et complémentaires :
l’une plutôt applicative métier autour
des écrans (pour la partie Attachmate) et
l’autre orientée Java pour la mise en
œuvre. Aujourd’hui, quelque 300 à
400 connexions concernant des nouvelles saisies de contrats sont enregistrées chaque jour. A plus long terme, Icare
envisage la réécriture de l’application
cobol en J2EE. Seul bémol, “la documentation fournie avec le produit mériterait d’être beaucoup plus claire et
surtout plus intrusive dans le fonctionnement du produit. Beaucoup de paramètres ne sont connus que des seules
équipes techniques d’Attachmate”. ●
GÉRARD CANESI
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DOSSIER
| Intégration
Offre Des servicesWebbons à tout faire
Source : pôle technologies / IDG France
L’usage des services Web, déjà très répandu chez les éditeurs de solutions d’intégration, a besoin de solutions
complémentaires pour réussir à s’imposer dans les entreprises. Des lacunes se font notamment sentir dans la
prise en charge de la sécurité et de la qualité de service.
LES OUTILS DE SUPERVISION
Editeur
Produits
Commentaires
Actional (fusion SOA Command
Gère les niveaux de services, déploie
avec Westbridge) and Control
et sécurise les services Web.
Amberpoint
Management Foundation, Gère les performances, la sécurité, les versions.
Service Level Manager, Partenariat avec Systinet.
Exception Manager
Computer
Web Services
Plate-forme d’analyse des performances.
Associates
Distributed Management Alertes, sécurisation, indicateurs métier.
Compuware
ApplicationVantage
Solution globale (support des services Web) :
analyse des performances, résolution de problèmes.
HP
Open View Management Gère performances, qualité de service,
Integration Platform, contrôle d’accès. Limitée pour l’instant
LCM4WS
aux primo-adopteurs.
Infravio
Ensemble
Annuaire, bus (routage, sécurité) et console de
supervision. Contrats sur la qualité de service.
Service Integrity SIFT
Gère les performances. Alertes, analyse
de la disponibilité et des niveaux de services.
!
Les tableaux de
cette double page
ne présentent
qu'une partie
de l'offre
LES PARE-FEU XML
Commentaires
Pare-feu généraliste, capable d’analyser les flux Soap/XML.
Pare-feu, gestion de la sécurité à plusieurs niveaux.
Gère également la qualité de service.
Boîtier : pare-feu, cryptage, signatures, contrôle d’accès.
Bien noté aux tests de notre confrère Infoworld.
Authentification des utilisateurs, contrôle d’accès,
cryptage et signatures.
Boîtier pare-feu capable de scanner les contenus
pour prévenir les vols d’information.
Kavado
ScanDo
Scanne contenus XML et services Web pour détecter les
vulnérabilités.
Netegrity
TransactionMinder Interception des flux XML pour contrôler l’accès.
(acquis par CA)
Authentification centralisée.
RSA
BSAFE Secure-WS Contrôle d’accès, cryptage et signature des messages Soap.
Verisign
Trust Service
API Java pour intégrer cryptage et authentification
Integration Kit de Verisign dans les services Web.
Vordel
VordelSecure,
Passerelle contrôlant accès et contenus.
VordelDirector
Serveur centralisant les règles de sécurité.
Westbridge
XMS Message
Suite comportant un pare-feu XML, un bus,
(fusion avec
Server
des outils de supervision et d’administration.
Actional)
Xtradyne
WS-DBC
Boîtier combinant pare-feu et contrôle d’accès.
Technologies
Editeur
Produits
Check Point
Firewall-1
Confluent
Oblix COREsv
(acquis par Oblix)
DataPower
XS40 XML
Security Gateway
Entrust
Secure Transaction
Platform
F5
TrafficShield
Partenaires
Logiciels intermédiaires
éutilisables, ouverts et (relativement) interopérables, les
services Web apparaissent bien
pratiques. Un constat qui vaut
en premier lieu pour les éditeurs, à tel point que les services Web
sont devenus incontournables dans
toute solution confrontée à des problématiques d’intégration. Aux vieilles
applications mainframe, ils apportent
une nouvelle jeunesse en leur permettant d’échanger avec des systèmes plus
récents, basés sur les environnements
J2EE ou .Net. Du côté de la gestion des
processus métier (BPM), les services Web
ont été adoptés en masse, tant par les
R
26
éditeurs spécialistes que par les poids
lourds de l’intégration d’application
(EAI). Difficile en effet de contester les
avantages qu’ils procurent par rapport aux technologies propriétaires,
lourdes à mettre en œuvre. Une entreprise qui a structuré son métier sous
forme de services Web peut facilement
réutiliser ceux-ci comme des briques
pour mettre en œuvre de nouveaux
processus, ou agencer différemment les
processus existants. Des langages d’orchestration comme le BPEL (Business
Process Execution Langage), créé par
BEA, Microsoft et IBM, permettent de
coordonner plusieurs services Web
pour exécuter un processus métier.
Les bus d’entreprises (ESB), nouvelle
génération de middlewares d’intégration, exploitent le concept de service
jusqu’au bout : dans un ESB, toute opération est vue comme un service. Les
messages circulant sur ces bus sont
LE MONDE INFORMATIQUE • N° 1047 • 19 novembre 2004
construits sur XML, ce qui permet d’inclure de nombreuses informations
pour affiner le routage.
Des intermédiaires pour
contrôler la fiabilité
Les services Web peuvent également
être utilisés pour l’intégration avec des
systèmes partenaires, par exemple dans
une entreprise souhaitant mettre à la
disposition de clients ou de fournisseurs certains de ses processus et applications. La fiabilité et la sécurité sont
alors primordiales. Des standards
émergent actuellement pour prendre
en compte ces aspects (notamment
au sein du consortium Oasis) : encore
jeunes, ils restent assez peu mis en
œuvre. Plusieurs catégories de logiciels
intermédiaires (WSI) sont donc apparues pour répondre à ces besoins. Ces
solutions, placées entre le fournisseur
Pare-feu
du service Web et son client, collectent
des informations ou fournissent des
fonctionnalités supplémentaires.
Parmi ces intermédiaires, on trouve des
solutions destinées à la supervision des
services Web, capables d’analyser en
permanence les performances des services déployés et d’alerter en cas de défaillance ou de dégradation du service.
Ces outils procurent une visibilité nécessaire pour les projets de grande envergure ou d’importance stratégique.
D’autres outils contrôlent les accès et
ajustent la qualité de service, d’autres
encore fiabilisent les transactions. Pour
protéger d’attaques susceptibles d’exploiter des protocoles comme Soap,
il existe enfin des pare-feu spécifiques
aux flux XML, souvent complétés de
fonctionnalités de cryptage et de signature pour éviter que les données
sensibles ne circulent en clair. ●
AURÉLIE CHANDÈZE
www.lemondeinformatique.fr
Editeur
C-Log
Produits
Workey
Filenet
Handysoft
P8 (Business
Process Manager)
FuegoBPM
Software Suite
Bizflow 9
IDS Scheer
Intalio
Aris Platform
n3
JBoss
jBPM
Lombardi
Software
Mega
Teamworks
Metastorm
e-Work Platform
Fuego
Plate-forme
BPM
EAI
ESB
Process, Designer
Pegasystems PegaRules Process
Commander
Savvion
BusinessManager
Application
Mainframe
Serveur
d'applications
Base
de données
Ultimus
BPM Suite
W4
Suite
LES OUTILS DE BPM
Commentaires
Moteur de workflow capable d’invoquer des services Web,
outil de modélisation.
Adapté aux processus orientés GED et workflow.
Support du langage BPEL.
Modélisation, workflow, supervision (BAM).
Adapté aux développeurs.
Inclut des outils de simulation et de supervision (BAM).
Adapté aux processus humains et documentaires.
Suite complète pour modélisation et réingénierie des processus.
Conforme aux standards, ouverture.
Convient aux processus étendus.
Open Source. Combine fonctionnalités de workflow et d’EAI
pour environnements J2EE.
Gestion collaborative des processus. Analyses en fonction
d’indicateurs métier.
Modélise les processus (Process) et l’architecture (Designer) :
génération de code BPEL, XML…
Adapté aux workflows humains, accessible aux utilisateurs
non techniciens.
Adapté aux workflows humains. Fonctionnalités de supervision
et de recherche.
Adapté aux développeurs et aux non-techniciens
(deux éditeurs de processus différents).
Orienté workflow, adapté aux environnements .Net.
Sait travailler avec Biztalk.
Workflow et outil de modélisation. Ouvert vers de nombreux
environnements (.Net, J2EE, MOM...).
Entreprise
CONNECTIVITÉ AUX GRANDS SYSTÈMES
Produits
Commentaires
extend 6
Fournit une interopérabilité avec applications
(Interoroperability Series) MS.Net, documents XML et services Web.
Attachmate Synapta
Réutilisation des données et logiques métier des
applications mainframe.
HostBridge
HostBridge
Intégration des applications CICS sous forme
Technology
de services Web dans des processus métier.
Icom
Winsurf Mainframe
Génère des composants Java métier, intégrables
Informatique Integrator
notamment sous forme de services Web.
Infotel
Info-Wink
Transforme applications mainframe en composants
(JSP, XML), interconnexion par services Web.
iWay
Adapter Manager,
250 connecteurs pouvant exploiter les services Web,
Adapter Factory,
supervision, déploiement.
SOAPswitch
MicroFocus
Net Express with .Net, Transforme en services Web les composants écrits
Server Express
en cobol pour réutiliser leur logique applicative.
NetManage OnWeb
Crée des services Web et des composants
.Net et Java à partir d’applications mainframe.
Open Connect xmlConnect
Donne accès au mainframe en communiquant avec
les applications supportant les services Web.
Scort
Mainframe Integrator Relie sites centraux et nouvelles technologies
en privilégiant l’approche fonctionnelle.
Seagull
Module Transidiom
Transforme les applications mainframe en composants
(dans Legasuite)
avec XML, Java, .Net ou services Web.
Syspertec
Virtel Host
Intègre les applications mainframe dans un portail
Web Services
ou accès à travers les services Web.
WRQ
Verastream
Encapsule des fonctions de sites centraux
dans des services réutilisables par des applications Web.
Xlipstream
XGA 1000, XGA 3000 Boîtiers pour convertir des données mainframe en XML.
Editeur
Acucorp
BASIC PROFILE OU LA COMPATIBILITÉ MINIMALE
es spécifications Basic Profile
L
fournissent une réponse aux
nombreuses zones d’ombre des
standards existants autour des
services Web, notamment XML
Schema, Soap, WSDL ou UDDI.
A cause de leur base XML, ces
standards peuvent être étendus
par les éditeurs pour y ajouter des
fonctionnalités non prévues à
l’origine. Conscients qu’une telle
ouverture pouvait paradoxalement
déboucher sur des produits
www.lemondeinformatique.fr
incompatibles entre eux, les
industriels ont créé le WS-I,
à l’origine du Basic Profile.
Celui-ci répond à plus de 200
problèmes de compatibilité
courants liés aux standards cités
plus haut. Attention, il ne garantit
pas une compatibilité totale.
Simplement, un produit conforme
au Basic Profile a nettement
plus de chances d’interopérer sans
heurts avec les autres solutions
s’y conformant.
Editeur
Produits
ESB ET MIDDLEWARES
Cape Clear
Cape Clear 5
EAI/ESB
Commentaires
Bus d’entreprise bâti autour des services Web. Workflow,
support du langage d’exécution BPEL.
Cordys
Business
Suite de BPM construite sur un bus d’entreprise
Collaboration Platform et complétée par des outils collaboratifs.
Fiorano
Business
Suite d’intégration et moteur d’exécution des processus.
Integration Suite
Iona
Artix
Bus d’entreprise extensible et ouvert.
Technologies
Support natif des services Web.
Polarlake
Jintegrator, Interchange, Jintegrator : ESB. Interchange : intégration B-to-B.
Integration Suite
Support du langage d’exécution BPEL.
Sonic
Sonic ESB, Business Bus d’entreprise à l’architecture distribuée,
Software
Integration Suite
moteur d’exécution des processus et serveur XML.
Software AG EntireX
Middleware orienté message (MOM), complété par
un gestionnaire de flux XML et des connecteurs.
Systinet
Middleware
Fournit une couche d’exécution pour les services Web
Enablement
aux MOM existants.
EAI
Axway
Integration Platform Gère les processus métier grâce au langage de notation BPMN.
De Gamma Service Provider,
Un référentiel central stocke les descriptions de services.
Repository
Basé sur .Net.
InterSystems Ensemble
Basée sur le SGBD objet Caché. BPM, supervision (BAM).
Support du BPEL.
Magic
iBOLT
Editeur de flux et de processus, serveur d’orchestration.
Software
Portail et outil de pilotage (BAM).
Seebeyond ICAN Suite
Suite d’intégration complète : ESB, BPM, BAM, ETL...
Sterling
Integrator
Moteur de BPM avec une architecture orientée services.
Commerce
Intégration B-to-B.
Sybase
EAServer, Web Services Serveur d’applications et outil d’intégration des données
Integrator Suite
et processus (orienté B-to-B).
Tibco
BusinessWorks,
Suite d’EAI et suite de BPM (issue de Staffware),
Staffware Process Suite adaptées aux forts volumes.
Vitria
BusinessWare
Plate-forme pour l’intégration des processus : BPM,
supervision des processus (BAM), B-to-B.
WebMethods Enterprise Services
EAI, BPM, BAM. Les services héritent automatiquement
Platform
de fonctions d’analyse.
PLATES-FORMES
BEA
WebLogic Platform
Serveur d’applications, BPM, intégration, portail.
Support du langage BPEL.
IBM
WebSphere, DB2
Serveur d’applications, développement et déploiement
Information Integrator des services Web, BPM, portail. Supporte BPEL.
Microsoft
Biztalk Server
BPM et intégration basés sur le langage XLANG.
Support de BPEL.
Novell
Extend Enterprise Suite Professionnal : MOM, portail, EDI, annuaire et connecteurs.
(deux versions)
Enterprise : GED, workflow, BPM.
Oracle
AS, BPEL Process
Process Manager, issu de Collaxa, complète le serveur
Manager
d’applications.
SAP
NetWeaver
Plate-forme d’intégration. Portail, serveur d’applications,
décisionnel.
Sun
One Integration
Serveur d’intégration basé sur les services Web.
Server EAI Edition,
Workflow, BPM. Serveur d’applications.
Java System AS
N° 1047 • 19 novembre 2004 • LE MONDE INFORMATIQUE
27
DOSSIER
| Intégration
Analyse Les services Web gagnent
du terrain, même sur mainframe
Même si le mouvement de standardisation a marqué le pas, la technologie trouve peu à peu ses usages,
en particulier pour la réutilisation sans heurt des applications historiques de l’entreprise.
ette fois, ça y est, les services Web
sont entrés dans les mœurs.
Certes, ils ne sont pas de tous
les projets. Heureusement
d’ailleurs. Il ne suffit pas de développer un service Web – ce qui, avec
les ateliers actuels, requiert une petite
minute – pour que, soudain, tout se
mette à fonctionner parfaitement, et
en plus selon les principes d’une SOA
(voir page 22). Y recourir pour tout et
n’importe quoi engendre même des
risques techniques et financiers. “A exposer des services Web sans chercher à
les orchestrer dans un cadre plus large,
nous risquons de retomber dans la dérive de type plat de spaghettis”, préviennent Patrick Mahu, responsable architecte des systèmes d’information, et
Jean-Christophe Olivain, responsable
technique d’agence du pôle Sogeti-Transiciel, en référence à l’architecture classique où les traitements s’enchevêtrent.
Mais l’utilisation raisonnée des services Web peut s’avérer payante dès aujourd’hui pour connecter des applications distantes, anciennes ou récentes,
et préparer le terrain pour une architecture plus souple. Débarrassés de la
gangue marketing qui les entoure, les
services Web redeviennent de simples
mécanismes pour invoquer des fonctions distantes. Avec tout de même
quelques avantages. Primo, ils s’appuient sur les protocoles d’Internet, et
réutilisent donc une infrastructure en
place. Secundo, ils reposent sur des standards. “Pour une fois,souligne Mariano
Boni, directeur technique de la SSII
C
DR
Les services Web
sont souvent
identifiés comme
un bon moyen
de connecter
les applications
mainframe
au reste
du système
d’information :
ils n’exigent
en effet
ni migration,
ni réécriture.
Dreamsoft, standard signifie vraiment
interopérable. En d’autres termes, les
services Web permettent réellement de
neutraliser l’hétérogénéité technologique.” Peu importe que le service appelé et l’application consommant ce service soient écrits en cobol, en C# ou en
Java, ou qu’ils tournent sur Windows,
Unix ou une machine virtuelle Java, du
moment que l’un et l’autre comprennent le langage de description d’interfaces WSDL et sachent interpréter du
XML. Tertio, les services Web sont définis par des contrats, ce qui permet à
chaque partenaire “de savoir précisément quelles seront les exigences auxquelles il devra se conformer”, note
Marc Boullier, directeur technique de la
SSII Vistali. “Cela facilite le décou-
plage de responsabilités, les tests unitaires et d’intégration, et par conséquent
réduit les coûts et les risques projets.”
De son côté, la liste des handicaps s’est
réduite, grâce à des outils dits intermédiaires, logiciels ou appareils (voir panorama page26), dont le rôle est de gérer
la sécurité des échanges, d’établir les
contrats, de définir les niveaux de service… Des outils pratiques, qui commencent à être déployés, mais qui éloignent des standards. Une entreprise qui
choisit un boîtier spécialisé pour encrypter ses flux XML priera ses partenaires d’acheter le même équipement…
L’art délicat de la standardisation
des services Web serait en train de montrer ses limites, regrette Henry Peyret,
directeur de recherches chez Forrester :
“A la différence de Corba ou de DCE, les
services Web ont progressé petit pas
par petit pas. Et aujourd’hui, on n’arrive pas à trouver le pas suivant. Les bagarres politiques entre éditeurs rendent
la progression difficile.” Forrester avait
prévu l’émergence cette année de standards plus avancés, sur la sécurité et la
gestion des transactions notamment.
Mais il ne désespère pas de voir en 2005
des “profils avancés”, traitant de ces sujets, venir du WSIO, l’organisme définissant les critères minimaux d’interopérabilité entre services Web.
Autre frein au déploiement massif, le
concept d’annuaire recensant les services disponibles prend difficilement.
Les divers volets d’UDDI avaient pourtant tout prévu: des pages blanches pour
les fournisseurs de services, des pages
jaunes qui les répertorient par secteurs,
des pages vertes détaillant les possibilités d’interfaçage… Tout, sauf la confiance
qu’exige un tel système. “Pour que les
services communiquent, il faut d’abord
que les hommes communiquent”,
estime-t-on chez Sogeti-Transiciel.
Nouveau départ pour
les applications mainframe
Paradoxalement, les annuaires UDDI
trouvent donc leur première utilité à l’intérieur des murs des entreprises, pour
“favoriser à terme le découplage entre
applications”, note Marc Boullier. De
même, les services Web sont d’abord déployés en interne, ne serait-ce que pour
tester la technologie et éviter certains
Glossaire
EAI Enterprise Application Integration. Outil d’intégration d’applications mettant en œuvre
trois fonctions principales : connexion, transformation et routage.
ESB Enterprise Service Bus. Bus applicatif remplissant peu ou prou les mêmes offices qu’un
EAI (il y a là matière à un débat, généralement jugé fondamental par les éditeurs et stérile
par les intégrateurs…).
Service Web Fonction applicative pourvue d’une interface standardisée (WSDL), acceptant
et renvoyant les données au format XML, à l’aide des mécanismes d’Internet.
SOA Service-Oriented Architecture. Conception d’un système d’information constitué d’un
ensemble de services faiblement couplés.
Soap Simple Object Access Protocol. Protocole pour transporter des données XML sur un
réseau Internet.
UDDI Universal Description, Discovery and Integration. Annuaire répertoriant les services
Web, leur rôle, leurs conditions d’utilisation, etc.
WSDL Web Services Description Language. Langage de description des services Web,
définissant le rôle du composant, son mode d’accès, etc.
XML eXtensible Markup Language. Langage normalisé et autodescriptif, dérivé de SGML.
16
LE MONDE INFORMATIQUE • N° 1047 • 19 novembre 2004
GARTNER : “DES USAGES APPELÉS À S’ÉTENDRE”
ous demandez-vous encore :
V
est-ce que les services Web
sont importants ? Probablement pas.
“
Il est plus probable que vous ayez
même oublié que cette question se
soit posée, parce que vous utilisez
déjà les services Web ou que vous
prévoyez de les employer dans un
proche avenir.” Ainsi commence
la dernière note de recherche sur
le sujet du cabinet Gartner, datant
de début novembre. Le ton est donné.
La question n’est plus : les entreprises
vont-elles avoir recours aux services
Web ? mais bien : jusqu’où
les emploieront-elles ? A cette
interrogation, Gartner répond par
un certain nombre de prévisions.
D’ici à 2006, 40 millions d’euros
seulement seront dépensés dans la
gestion des performances et de la
disponibilité des services Web. Mais
45 % des entreprises américaines
adopteront une forme d’informatique
“à la demande” grâce à ces services.
D’ici à 2007, 10 % des entreprises
utilisant les services Web ou une
architecture SOA mettront en place
un annuaire UDDI.
D’ici à 2008, les standards
assurant la fédération en portails des
R. F.
services Web seront finalisés.
www.lemondeinformatique.fr
ILS ONT DIT
Mariano Boni,
directeur technique
de la SSII Dreamsoft :
“Les services Web
permettent
réellement de neutraliser
l’hétérogénéité
technologique.”
Marc Guillaumot
DR
Maxence Varangot,
responsable offre
applications Web
chez Devoteam :
“Il faut ménager
des phases de
vérification avec des
tests de charge.”
Henry Peyret,
directeur de recherches
chez Forrester :
“La standardisation
a avancé petit pas
par petit pas.
Les bagarres politiques
entre éditeurs rendent
la progression difficile.”
DR
écueils. On sait ainsi que traiter du XML,
langage très verbeux, est coûteux en
termes de ressources CPU et de bande
passante. “Tout dépend du volume,
constate Maxence Varangot, responsable
offre applications Web chez Devoteam
Solutions. Il faut ménager des phases de
vérification avec des tests de charge.”
Alliance de l’ancêtre et du petit jeune,
les services Web sont souvent vus
comme un bon moyen de connecter
les applications mainframe au reste du
système d’information : ils n’exigent ni
migration ni réécriture. Les solutions
dites de Web-to-host – autrement dit l’accès aux programmes historiques écrits
en cobol, fortran…, dans des architectures trois niveaux et Web – ont su donner un second souffle aux applications
mainframe, en remaniant l’interface utilisateur, tant en ergonomie qu’en cinématique. Allant plus loin que les
middlewares de type messagerie, qui
permettent d’échanger des données, les
services Web exposent directement des
transactions, qui peuvent être appelées
depuis un outil d’intégration (serveur
d’applications, EAI, ESB…). Les éditeurs
d’outils de développement et de connectivité aux mainframes se sont engouffrés sur ce marché. D’autant que les spécialistes des adaptateurs, comme iWay,
visent les grands progiciels, laissant le
champ libre aux services Web pour
connecter les applications spécifiques.
“Les entreprises veulent continuer d’utiliser leurs applications héritées telles
qu’elles sont, sans recourir à des techniques invasives”,témoigne Yves Guéry,
directeur du support technique de Seagull Software France. En règle générale,
ces outils créent des composants logiciels (en technologies Java et/ou Microsoft selon les éditeurs) manipulables par
des serveurs d’applications intermédiaires. Ce sont les ateliers intégrés de
ces logiciels qui exposent ces composants en tant que services Web. “Nous
avons réalisé une intégration poussée
dans BEA WebLogic, indique Frédéric
Anselin, directeur des opérations
de Scort. L’atelier Workshop voit les
composants métier du mainframe
comme de simples contrôles.”
Le problème essentiel, rappelle Patrick
Rataud, directeur des opérations France
de Micro Focus, reste de déterminer les
périmètres technique et fonctionnel de
ce qui deviendra les services Web. Autrement dit, de déterminer ce qu’on appelle
la granularité. “Trop fine, cette granularité atténue l’effet de réutilisation ; à
l’inverse, avec des composants trop génériques, on obtient une interface trop
lourde”, estiment Jean-Christophe
Olivain et Patrick Mahu. Autre écueil à
éviter, surtout pour les transactions
mainframe: multiplier l’usage de services Web en mode synchrone, où le processus attend la réponse à la requête pour
enchaîner. “Coupler des systèmes en utilisant des protocoles synchrones revient
à réduire la qualité de service globale,
prévient Marc Boullier. Le couplage
synchrone de deux briques applicatives fiables à 99 % ramène la fiabilité
globale à 98,01 % (0,99 x 0,99).” ●
OLIVIER RAFAL
Standards : un faux problème pour les DSI
bjets de batailles incessantes,
et souvent mis en cause pour
repousser l’emploi des services
Web, les standards ne sont pas
encore figés. Ce qui explique
d’ailleurs leur grand nombre.
Une jungle qui paraît compliquer
la vie d’un directeur informatique.
Un avis que ne partage pourtant
pas Jean-François Legras, DSI du
groupe de presse Belles Demeures.
Pour lui, les standards font figure
de faux problème d’un point de vue
technique : “Ce qui compte avant
tout, ce ne sont pas les technologies,
mais les personnes qui vont
les utiliser.”
Voici maintenant deux ans que le
groupe Belles Demeures déploie des
services Web. A l’époque, l’objectif
était de gérer plus facilement
O
la relation client et le pilotage
automatique des communications
téléphoniques des agences
immobilières. Pari tenu.
Aujourd’hui, le projet s’étend
à d’autres domaines. Selon le DSI,
la réussite d’un tel projet passe par
le choix des produits, imposés par
l’historique de la société, et non par
les standards. “Néanmoins, mieux
vaut ne pas sortir des sentiers
battus. Mais nous sommes surtout
à la merci des arguments
marketing des éditeurs, qui ont
pour but de vendre des outils
toujours plus compliqués”, s’insurge
Jean-François Legras. Pour éviter de
se voir entraîné dans cette spirale,
le DSI préfère disposer, en interne,
de ressources compétentes sur
les technologies qu’il retient.
C’est d’ailleurs en se focalisant sur
ce critère que Jean-François Legras
essaie de choisir ses applications
informatiques, en reléguant au
second plan les qualités techniques
de l’outil. Avec les risques que cela
comporte, comme une disparition
progressive des ressources dans
certaines technologies qui ne
s’appuient pas sur des standards.
C’est d’ailleurs l’une des raisons
qui ont poussé Belles Demeures
à abandonner Visual Basic pour
passer à C#. Pour Jean-François
Legras, ce rapprochement des
compétences et des technologies
fait figure de “condition sine qua
non pour assurer la pérennité
de l’entreprise, même si,
dans la pratique, nos besoins
n’ont pas évolué”.
S. C.
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N° 1047 • 19 novembre 2004 • LE MONDE INFORMATIQUE
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