l`espoir du chardonneret (kanoon teheran) 1964

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l`espoir du chardonneret (kanoon teheran) 1964
L'ESPOIR DU CHARDONNERET (KANOON TEHERAN) 1964
Texte F. Khérardmand. Illustrations Alain Bailhache
Le moineau, le corbeau, la tourterelle, la huppe, la pie et le perroquet, tous se demandaient quand le
chardonneret sortirait de son œuf. Et pourtant, ils étaient sûrs que l'éclosion aurait lieu au printemps. Ils ne se
trompèrent pas. C'est en effet par un beau jour printanier que le chardonneret vit le jour. Ses plumes vertes et
jaunes, et surtout son bec couleur or, le distinguaient de tous les autres oiseaux. C'est pourquoi ils le
surnommèrent "le chardonneret au bec d'or."
Le chardonneret au bec d'or chantait du matin jusqu'au soir. Son chant était un véritable ravissement. Son
plus grand plaisir était de sauter d'une branche à une autre et de courir après son ombre qu'il ne rattrapait
jamais. Un jour le moineau lui demanda : "Eh ! chardonneret au bec d'or, que fais-tu ainsi à bouger sans
cesse, et que poursuis-tu au juste ?" Le chardonneret au bec d'or rit et s'envola dans le haut d'un arbre.
Le printemps s'achevait et l'été s'annonçait. Et puis aussi le chardonneret grandissait. Maintenant qu'il
devenait plus indépendant, il pouvait s'envoler tout seul vers la plaine, passer au-dessus de la rivière, puis se
poser sur les plus hautes branches des arbres. Du haut de son perchoir, il pouvait contempler le ciel et
chanter pour la lune et les étoiles. Par un beau soir d'été, il s'endormit et fit un rêve merveilleux : il voyait un
très grand et très beau nid perché sur la plus haute branche d'un arbre. Il était inondé de lumière et plein
d'oiseaux qui allaient et venaient sans cesse. Dans le ciel brillaient la lune et les étoiles. Le lendemain matin,
le chardonneret se réveilla, surpris de ne retrouver ni le joli nid, ni les oiseaux, ni la lune, ni les étoiles. Déçu
et triste, il soupira, battit des ailes et s'envola vers la forêt.
Le moineau, le corbeau, la tourterelle, la huppe, la pie et le perroquet s'étonnaient de ne plus voir le
chardonneret. Mais il n'était pas loin. Quand il apparut, ses amis les oiseaux s'écrièrent : "Eh ! gentil
chardonneret au bec d'or, où étais-tu parti ? Nous étions si inquiets de ne plus te voir." Le chardonneret leur
raconta le beau rêve qu'il avait fait : le beau nid perché si haut dans le ciel, la lune resplendissante et les
étoiles étincelantes. Il ne pouvait oublier un si beau rêve.
Un soir le chardonneret réunit ses amis les oiseaux et leur dit : "Pour être tout près de la lune et des étoiles, je
voudrais construire un beau nid sur la plus haute branche d'un arbre." Les oiseaux lui dirent : "Mais enfin,
comment pourras-tu trouver la plus haute branche parmi tous les arbres de la forêt ?" Le chardonneret
réfléchit et leur répondit : "Eh bien, je les questionnerai tous, un par un, et je finirai bien par la trouver." Le
moineau qui était jusqu'à présent resté silencieux lui dit : "Puisque tu désires construire un beau nid sur la
plus haute branche d'un arbre, souviens-toi de ceci : partout où tu iras, tu seras l'ami du ciel, de la lune et des
étoiles. Tu devras toujours chanter pour eux tes plus beaux chants."
Tous les oiseaux accompagnèrent le chardonneret jusqu'à son nid et lui dirent au revoir. Ils étaient tout tristes
de le quitter car tous l'aimaient bien. Le chardonneret réfléchit toute la nuit et repensa surtout aux paroles du
moineau. Le lendemain matin il partit en direction de la forêt à la recherche de la plus haute branche. Il
arriva auprès d'un cyprès qui était vert, très vert. Il le salua puis lui demanda : "Eh ! cyprès vert, peux-tu me
dire où se trouve la plus haute branche de la forêt." Le cyprès lui répondit : "Bien sûr que je le sais puisque je
suis le plus grand de tous les arbres et que mes branches dépassent donc toutes les autres." Le chardonneret
le remercia puis s'envola plus loin. En levant la tête vers le ciel, il aperçut un magnifique peuplier blanc.
"Mais ce peuplier, se dit-il, est encore plus haut que le cyprès et ses branches plus hautes aussi." Il alla le
saluer et lui demanda : "Beau peuplier blanc, peux-tu me dire où se trouve la plus haute branche de la
forêt ?" Le beau peuplier blanc lui répondit : "Bien sûr que je le sais puisque je suis le plus grand arbre de la
forêt." Tandis que le chardonneret levait la tête pour voir la plus haute branche du peuplier blanc, il aperçut
un grand noyer. En le voyant il se dit : "Voilà certainement l'arbre le plus grand de la forêt." Il le salua et lui
demanda : "Eh ! noyer grand et vieux, la plus haute branche de la forêt ne t'appartient-elle pas ?" Le vieux
noyer lui répondit : "Je ne sais pas si c'est moi qui possède la plus haute branche de la forêt, mais si vraiment
tu veux la trouver, vole très haut dans le ciel et tu la découvriras toi-même." Le chardonneret s'envola et
aperçut le soleil brillant de lumière. Comme le lui avait dit le moineau, il lui chanta son plus beau chant et
lui demanda : "Eh ! beau soleil, toi qui es si haut dans le ciel, peux-tu me dire où se trouve la plus haute
branche de la forêt ?" Le soleil lui fit un joli sourire et lui dit : "Alors, c'est toi qui cherches la plus haute
branche de la forêt ?" Le chardonneret lui répondit : "Oui, c'est moi, parce que je voudrais construire un nid,
le plus beau et le plus grand de la terre, sur la plus haute branche de la forêt." Le soleil lui répondit : "Mais tu
es sur la plus haute branche."
Tout joyeux, le chardonneret se mit aussitôt à construire son nid. Le soir il était fini, aussi beau et aussi
grand qu'il le voulait. Mais sa fatigue était si grande qu'il s'endormit profondément. Le lendemain matin, au
lever du soleil, il chanta son plus beau chant. Mais en relevant la tête, ses yeux rencontrèrent une nouvelle
branche, toute jeune et toute verte, un peu plus haute encore. Il dit alors au soleil : "Gentil soleil, je ne
comprends pas, tu m'avais dit hier que j'étais sur la plus haute branche de la forêt, et que je pouvais y
construire mon nid. Mais je m'aperçois qu'il y a des branches encore plus hautes." Le soleil lui répondit :
"Oui, hier cette branche était la plus haute, mais d'autres ont poussé depuis, et demain, et après demain et
éternellement il en poussera toujours de plus hautes. Mais, sois rassuré : ta peine n'aura pas été inutile, car
des oiseaux seront heureux d'habiter dans ton nid." En entendant ces bonnes paroles, le chardonneret chanta
son plus beau chant devant tous ses amis réunis.