germaine cousin
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germaine cousin
Bernard Stassinet présente d'après des documents authentiques L'histoire de SAINTE GERMAINE COUSIN Edition et impression numérique par nos soins 2014 Avertissement En nous permettant d'écrire un Nième ouvrage sur l'adorable petite bergère de Pibrac nous avons voulu tracer sa courte vie, sa longue histoire, d'après les témoignages écrits de l'époque. Car jusqu'alors tout avait été supposition. Le témoignage écrit de Madame de Beauregard, première bénéficiaire du premier "prodige1" dû à Germaine Cousin et des autres témoignages ne peuvent pas être remis en cause. Dans le cas contraire on voudrait affirmer qu'on ne croit pas à la parole des témoins, que ces gens sont des menteurs2 ! Pourquoi, dans ce cas, devrions-nous croire les objecteurs ? Parmi les ouvrages qui ont été édités, nous avons trouvé des auteurs qui cataloguaient notre petite Bergère "d'illettrée, d'inculte, de pauvre fille " et autres amabilités. L'ouvrage d'un certain abbé G. Rouquette, prédicateur en 1869, commence par ces mots :" Je viens d'écrire la vie de sainte Clotilde, première reine de France, et je disais à la dernière page : Je m'en vais du trône à la chaumière. J'écris en effet aujourd'hui la vie d'une bergère…. En l'histoire de la reine des Francs, je dus fouiller longtemps les vieux manuscrits, les vieux livres… en celle-ci je n'ai qu'à laisser aller ma plume au courant de mes souvenirs." On peut douter de l'authenticité du récit de cet auteur ! On ne sait même pas s'il s'est déplacé à Pibrac… Ces gens, qui jugeaient les années 1579-1601 de la petite Germaine, n'avaient pas compris que 270 ans plus tard l'évolution de la pensée et du langage, se poursuivait jusqu'à nos jours et continuera sa progression. Une personne née en 1580 jugée en 1860 semble illettrée, et cette personne de 1860 semble elle-même très illettrée par rapport à nos années 2014… En lisant les divers témoignages, sans les avoir déformés, on peut constater cette évolution du langage, de l'expression des idées. On parlait comme ça ! Et encore, l'histoire ne nous dit pas si le brave Père Joseph Morel, Enquêteur, n'a pas écrit en français (de l'époque) ce qui lui était exprimé en patois, dialecte le plus couramment utilisé à cette époque. Pour ceux qui ont entendu le parler patois de nos campagnes, il faut admettre que la "conversion" des récits en français enlève tout le charme de l'original ! Pour de nombreuses personnes "éduquées" de l'époque, les gens qui parlaient "patois" n'étaient pas cultivés. Cette pensée était cultivée dans la pensée des gens il y a 50 ans. (Vers les années 1960, 1970). Nous avons évité de remanier les textes ! Ils sont tels que, mais écrits en français actuel, pour être plus compréhensifs du lecteur n'ayant jamais affronté des textes anciens ; quelques rares mots placés entre parenthèses ou accolés ont été ajoutés pour la compréhension du texte dans certains cas assez rares ! 1 2 À cette époque (avant décision du Vatican) on disait "prodige" ou "merveille" mais pas miracle. Le Pape Benoit XVI a bien traité Sœur Lucie, dernière voyante de Fatima, d'affabulatrice ! 2 Pour que le lecteur découvre la Vie de Ste Germaine, nous avons donné priorité aux témoignages passés au lieu de broder un énième ouvrage légèrement romancé: 123456789101112131415161718- P.4 - Les dates de notre petite Bergère P.6 - Manifestation miraculeuse envers Madame de Beauregard [1644] P.8 - Analyse et état de conservation du corps de la petite Bergère [1700] P.10 – 1691 & 1692 deux guérisons P.12 - Enquête du Père Morel de 1700 P.35 - Poursuite des miracles [1702] [1703] P.39 - Vie de Germaine Cousin d'après l'abbé Jacques Francès [1745] P.56 - Guérison de Jacquette Catala retenue pour la cause de Béatification [1828] P.58 - Histoire officielle de Germaine Cousin avant béatification [1840] P.60 - Nouvelle reconnaissance des Reliques [1840] P.62 - Vie de Germaine Cousin d'après le livre de l'abbé Jacques Francès complété des nouveaux miracles. [1841] P.79 - Demande approbation par Mgr D'Astros [1844] P.81 - Notes sur lettres postulatoires [1844] P.83 - Déclaration de non-culte [1844] P.88 - Guérison de Philippe LUC [1844] P.96 - Déclaration guérison miraculeuse à Besançon + diagnostic médical [1844] P.102-Analyse des Ossements par Mgr Saliège [1939] P.104-Compléments et Quelques photos 3 Ci-dessous, nous avons voulu un peu d'originalité pour donner les dates principales de Germaine. Année 1579 Madame Germaine Laroche sa Grand-Mère, Laurent Cousin et Marie Laroche son épouse, Sont heureux de vous faire part de la naissance de Germaine, Année 1581 Madame Germaine Laroche sa Mère Laurent Cousin et sa fille Germaine Vous font part du rappel à Dieu de Marie Laroche Leur fille, Épouse et Mère. Année 1601 Monsieur Laurent Cousin À la tristesse de faire part du rappel à Dieu de sa Fille Germaine, à l'âge de 22 ans. Les obsèques et l'inhumation auront lieu en l'Église de Pibrac. La vie de cette petite Bergère aurait pu se résumer à ces trois faire-part… Et tout aurait pris fin. On n'aurait plus jamais parlé de cette jeune fille dont on ne savait que peu de choses d'ailleurs. Mais Dieu l'avait choisie3 pour lui donner une destinée que les hommes n'ont pas voulu voir durant ces 22 années. C'est ainsi que son souvenir s'esquissa peu à peu pendant quarante-trois ans. 3 Si le Vatican "invente" ses Saints, Dieu est plus certain de son choix. 4 Année 1644 Nous sommes dans l'Église de Pibrac en 1644. Un dénommé Caillés, carillonneur-sacristainfossoyeur, s'apprête à préparer avec son ami Gaillard Baron, une tombe qui sera la dernière demeure d'une nommée Endoualle, de la famille Jean Cousin (certainement un oncle de Germaine). À cette époque des gens avaient leur sépulture dans l'Église, d'autres à l'extérieure. Voici l'explication que nous avons trouvé sur le site Geneanet. Depuis le Moyen-âge, dans un contexte d'ignorance et de superstition, l'âme d'un corps placé dans l'église était supposée aller plus vite et plus près de Dieu au paradis ; ceci moyennant finance, les places les plus proches du chœur étant les plus chères ; les familles achetaient un caveau à tel emplacement ; leurs enfants et descendants, dans leur testament, "élisaient leur sépulture dans telle tombe où sont enterrés leurs prédécesseurs", parfois en précisant l'emplacement à l'intérieur de l'église par exemple "à côté de la chapelle Ste Catherine" (trouvé dans un testament). Les corps étaient enterrés sous les dalles du pavement de l'église, dalles soulevées à l'occasion d'un enterrement ; les familles aisées pouvaient faire construire une chapelle sur les côtés de l'église, à l'intérieur d'une église, chapelle dédiée à un saint protecteur, et où étaient ensevelis les membres de la famille ; l'ornement de ces chapelles reflétait la gloire et la richesse des familles. Un édit de 1776 interdit les inhumations dans les églises pour des raisons de salubrité, mais cet édit n'est pas totalement respecté ; depuis 1950 seuls les archevêques ont le droit d'être enterrés dans une église ou cathédrale, par exemple la Cathédrale Saint Sauveur d'Aix en Provence. Au Moyen âge et sous l'Ancien régime, avec l'évolution de la population et des villes, se développent les cimetières, à la fois lieu béni et sacré, mais aussi lieux de marché ou pâturage pour le petit bétail. Un édit de 1695 fait obligation aux habitants de clôturer le cimetière paroissial. En 1715, la plupart des cimetières de campagne étaient clôturés. D'abord situés dans les villes, à partir de 1730, les cimetières sont transférés à la périphérie des villes pour raison d'infection. Cette coutume n'est définitivement adoptée qu'à partir des années 1780. C'est donc en préparant une fosse qu'une grande aventure allait naître à Pibrac. En soulevant la dalle, le fossoyeur-carillonneur toucha avec sa pioche un corps qui était remonté à la surface de la terre, et avait été enterré quarante-trois ans plus tôt. Ce corps, enveloppé dans son suaire, était intact, non-corrompu, comme s'il avait été inhumé la veille4. L'enquête du Révérend Père Joseph Morel va nous expliquer par la voie de témoins cette aventure. Mais quel phénomène pouvait être la cause de cette enquête lancée en 1700 ? Après l'exhumation de ce corps intact, une autre merveille allait se produire fin 1644. Ce corps, non corrompu, que fallait-il en faire ? Il fut donc déposé debout près de la Chaire, à proximité des bancs réservés par certaines familles. Là, une famille assidue à la Sainte Messe, qui possède ses chaises réservées au premier rang coté chaire, les "de Beauregard". Madame est incommodé par la présence de ce corps, s'en offusque et demande à ce qu'il soit placé hors de sa vue. Personne encore ne sait ce que réserve cette petite Bergère tellement haïe, détestée, moquée de son vivant. Le corps sera déposé à la sacristie. Madame de Beauregard vient d'avoir une fille qu'elle nourrit au sein ; et soudain, à l'issue de l'expression de son mécontentement, l'enfant refuse de s'alimenter. Elle-même est touchée par une ulcère aux seins l'empêchant d'allaiter ! Voici son témoignage : 4 Chacun connait l'expression : 6 pieds sous terre soit 1 mètre 90…C'est toujours la norme des fosses funéraires. Le corps de Germaine Cousin était remonté à l'affleurement du sol, juste sous le pavage de l'église. 5 Le lecteur est invité à imprimer les pages 6 et 7 qui misent côte à côte permettront de suivre, ligne par ligne le témoignage "mis au propre", de Mme de Beauregard. 6 Le dernier soir de l'an mille six cent quarante et quatre, moi, Marie de Clément Gras femme à noble François de Beauregard, écuyer et habitante de Pibrac ait une fille laquelle était fort malade et ne pouvait téter de quoi je me trouvais fort incommodée ayant les tétines presque prêtes à percer du fait que la petite ne pouvait téter ; j'eus une pensée de recommander ma fille a un corps qui se trouve dans l'église de Pibrac et fis une prière de telle manière :"mon Dieu plaise à vous, s'il vous plait par les prières de ce corps qui se trouve que s'il a quelque chose de divin qu'il vous plaise soulager ma fille du mal qu'elle souffre et je promets que si elle s'en trouve soulagée, j'irai voir et adorer le dit corps et y apporter la fille". M'endormant sur cela me vint la pensée de me taire pour lui donner la tétine et vis tout à coup une grande clarté, me tournai vers la cheminée croyant que le feu fût à la maison, ne vis que l'obscurité et me retournant vers la dicte fille, la clarté aussi disparue et recommence à donner la mamelle à ma fille laquelle la voudra fort bien et les deux tétines et me trouvant soulagée par ce moyen du mal que le lait m'apportait et nous (avons) pensé à la prière que j'avais fait le soir en me couchant et crus le tourment (de ce) cas, détaché du berceau que les sorcières me l'avaient voulu à moins jusques au lendemain me questionnant à ces sujets je dis à monsieur de Beauregard mon mari ce qui m'était arrivé le soir et comme j'avais eu la pensée aux sorcières lequel me dit pour lors que sans doute c'était cette sainte qu'on avait trouvé dans la dite église ; pour lors je me souvins de la prière que j'avais faite le soir en me couchant et lui dis que c'était vraie et que j'avais voué ma fille et avec telle appréhension de voir ce corps auparavant que je dis vouloir aller à l'Église et dis aussitôt après la chose susdite je fus crue d'y aller la voir et même (de) toucher et baiser (ce corps) ; depuis je (ne) me suis recommandée souvent et mes enfants aussi et fait dire des messes à son intention desquelles je me suis fort bien trouvée et en foi de quoi je me suis signé ce 24 mars 1646 Marie de Clémant Gras signée. 7 Le curé de Pibrac de l'époque, enregistra de fin 1644 à 1703 une bonne vingtaine de merveilles (comme on disait à l'époque !), ce qui décida l'Évêché à réaliser une enquête pour comprendre ce qui se passait à Pibrac. Tout d'abord, le Père Joseph MOREL, Vicaire Général, convoqua deux chirurgiens renommés de Toulouse pour expertiser le corps de cette petite Bergère. 8 Transcription de l'analyse 5 Aujourd'hui dix-huit janvier mil sept cent, dans la sacristie de l'église paroissiale du lieu de Pibrac à onze heures du matin nous Jean de Lafaye de la Glifiole et Pierre Marqués chirurgiens ayant été appelés par ordre de Monsieur Morel grand vicaire de l'archevêché de Toulouse, et après avoir exigé de nous le serment les mains mises sur les Saints Évangiles, de faire et dresser notre relation en Dieu et conscience de l'état ou est à présent le corps de Germaine Cousin quand vivait, que nous avons trouvé et qu'il nous a exhibé dans ladite sacristie dans une bière de bois avec sa chemise et son suaire. Et si dans l'état qu'il est présentement, il a pu se conserver comme il est par la voie ordinaire et naturelle étant attesté par les témoignages que ce corps avait resté quarante-trois ans ou environ dans la terre et en ayant près de soixante qu'elle en est sortie, et nous ayant fait ouvrir la dite bière nous avons examiné le dit corps que nous avons trouvé tout entier avec sa chemise et son suaire. Le dit corps ayant tous ses membres tenant l'un à l'autre par leurs jointures naturelles avec la peau tendues sur son corps, la chair étant molle en plusieurs endroits a l'attouchement. Et ayant levé le dit corps par la tête nous avons remarqué que tout le corps avait le mouvement jusqu'aux pieds, ce qui nous fait dire que les nerfs sont encore en leur entier quoi que ce soit des parties froides et fort corruptibles comme aussi avons remarqué que la langue et les oreilles sont en leur entier, les lobes , pro lobes et cartilages sont encore en leur entier et qu'à côté de la (joue??) inférieure droite et du cou il y a encore des cicatrices qu'on présume être des écrouelles ; avons encore remarqué que la jointure du radius à l'articulation du carpe et du métacarpe est crochue et dénote quelle était manchote de son vivant. Avons encore remarqué que l'épiderme, et le derme c'est-à-dire la première peau est encore entière dans tout le corps et qu'ayant attouché le dit corps en plusieurs endroits, et notamment aux plantes des pieds nous l'avons trouvé molle à l'attouchement, les ongles des pieds et des mains sont attachés en leur propre lieu et naturel, ce qui nous fait juger et estimer que cela n'est point naturel, et qu'il y a quelque chose d'extraordinaire, et que c'est par un effet de la divine providence que ce corps ce soit conservé depuis si longtemps, vu qu'il y a certaines parties comme la langue et les oreilles qui sont ordinairement les plus susceptibles à la corruption qui ne sauraient rester sans être corrompes et pourries dans moins de six mois comme aussi ayant fait effort avec nos mains de rompre le suaire, qui est teint de la terre ; il nous a était impossible ayant encore remarqué que le dit corps n'a jamais était embaumé ; de quoi nous avons dressé nôtre présente relation pour servir ainsi et par devant qu'il apparaît, et nous sommes Signés Lacaze de Lagliliole ? Marqués. 5 è Adapté à notre XXI siècle. 9 23.8.1691 1692 10 Année 1700 Ci-dessous, l'Enquête du Révérend Père Joseph Morel, réalisée à la demande de Mgr l'Archevêque de Toulouse. Première des 40 pages de l'Enquête 11 Enquête de la vie et mœurs de Germaine Cousin, native de Pibrac diocèse de Toulouse et de plusieurs guérisons obtenues de la miséricorde de Dieu de cette créature depuis soixante ans ou environ, par-devant nous Joseph Morel, prêtre de l'Oratoire, Curé de l'Église paroissiale Notre Dame de la Dalbade et vicaire général de Monseigneur l'Archevêque de Toulouse, en conséquence de nôtre ordonnance du quatrième du courant rendue à la Requête du Syndic de la Communauté de Pibrac. Audition du Dix-septième Janvier 1700 dans la sacristie de l'église paroissiale de Pibrac. Françoise PERÉS habitante du lieu de Pibrac, âgée de soixante-quinze ans ou environ moyennant le Serment par elle prêté sur les Saints Évangiles.. Dépose être véritable pour l'avoir vu, qu'il y a environ cinquante-six à cinquantesept ans comme il n'y semble du jour n'étant mémorative, qu'étant allée entendre la messe dans l'Église, vit que le nommé Guillaume Cassé alors carillonneur et un autre nommé Gaillard Barons, voulant ouvrir une fosse dans l'Église et vis-à-vis de la chaire pour y enterrer une nommée Endoualle de la famille de Jean Cousin, dès le premier coup de pioche qu'ils donnèrent pour ouvrir la tuile, le dit carillonneur s'épouvanta et cria qu'il trouvait un corps juste sur la terre et près du pavé, duquel coup de pioche même il lui avait emporté la moitié du nez et d'abord plusieurs personnes qui étaient dans l'église s'étant approchés virent le corps tout entier et la chair du nez ou le coup avoit été donné6 paraissait rouge comme de la chair vive et le bruit s'en étant répandu dans tout le village, les habitants y étant accoururent en foule à cause de la nouveauté ; plusieurs dirent hautement après qu'on eut sorti le corps de la terre, qu'ils reconnaissaient à qui il avait appartenu et qu'il y avait quarante-deux ou quarante-trois ans comme ils se souvenaient qu'il avait été enterré et reconnurent que c'était le Corps de la nommée Germaine Cousin qui était manchote et avait les écrouelles de son vivant ; reconnurent encore les cicatrices qu'elle avait au cou et à la main droite qui était encore manchote et notamment les nommés Caillés et Salaires qui étaient deux riches paysans et des plus anciens du village lesquels dirent encore publiquement se souvenir et avoir vu la dite Germaine, venir entendre la messe presque tous les jours quoi quelle fut assez éloignée du village et qu'elle quittait son troupeau lorsqu'elle venait et les trouvait au même endroit qu'elle l'avait laissé avec sa quenouille ce qu'ils avaient vu très souvent, comme aussi qu'elle se confessait tous les dimanches et jours de fêtes de JésusChrist et de la Sainte Vierge, et que lorsqu'elle entendait sonner le premier coup de cloche pour l'Angélus, elle se mettait à genoux à l'endroit où elle se trouvait et l'avoir vu très souvent se mettre à genoux dans la boue d'un petit ruisseau appelé le Courbet qui passe auprès du village du dit Pibrac, et où il n'y a que peu d'eau, le franchissant lorsqu'on sonnait l'Angélus, laquelle Germaine à cause de cette grande dévotion on l'appelait communément la Bigote. Déposèrent aussi hautement se souvenir et avoir vu que la marâtre la maltraitée fort et ne la pouvait souffrir dans sa 6 Page 2 de l'enquête 12 maison à cause de ses infirmités, qu'elle la faisait coucher dans l'étable des brebis, et souvent dans une galerie sur des sarments pour qu'elle n'eut aucune communication avec les autres enfans et qu'elle ne mangeait que du pain et de l'eau7, dirent de plus qu'elle donnait ordinairement partie du Pain qu'on lui donnait aux pauvres, et que quelque temps avant la mort de la dite Germaine qui mourut à l'âge de vingt et un à vingt et deux ans, ils se rencontrèrent un jour que sa marâtre la poursuivait avec un bâton disant qu'elle avoit volé le pain et les dits Salaire et Caillé, et autres se trouvant fortuitement en chemin voulurent arrêter la dite Marâtre qui ne maltraitât pas cette pauvre fille, l'ayant jointe, qui portait du pain dans son tablier en conduisant son troupeau ; la marâtre toute en colère lui arracha le tablier et n'y trouva que trois ou quatre bouquets de fleurs ce qui les surprirent à tous notamment que n'était pas une saison où il y eut des fleurs dans les champs ; cette merveille fut cause que depuis ce temps-là on la regardait comme une sainte dans le village. Dépose de plus pour l'avoir vu qu'on sortit le corps de terre tout entier ; aves ses cheveux, sa chemise et son suaire ayant encore la bougie sans le chandelier, tout entier à la main, aussi bien que la guirlande qu'on lui avait mis sur la tête qui était composée de quelques épies de seigle, et de quelques œillets qu'on lui avait mis sur la teste lorsqu'on l'enterra, lesquels épies de seigle avaient conservé la même couleur et le grain si était conservé la même façon comme il était lorsqu'on l'enterra, les œillets étant seulement un peu fanés ce qui donne de l'admiration à tous ceux qui étaient la présent et qui l'avaient vu ensevelir ; lequel corps ainsi tout entier fut mis auprès de la chaire tout droit et y resta ou dans la sacristie plus de dix ou douze ans, et ensuite on la mit dans une bière dans la sacristie ou elle resta enfermée jusqu'à ce que Monsieur Dufour grand Vicaire de Monseigneur l'Archevêque de Toulouse qui passait pour un saint, faisant la visite dans la dite Église de Pibrac - il y quarante ans ou environ, - comme on se souvient qu'ayant fait appeler les paroissiens comme il est de coutume, il voulut visiter le dit corps qui était hors de terre depuis seize ou dix-sept ans, et l'ayant trouvé encore tout entier et8 de la même manière qu'on l'avait déterré, il s'informa auprès des plus anciens et de la déposante même si l'on connaissait le dit corps, de sa vie et de ses mœurs et lui fut répondu et attesté tout ce que la déposante vient de dire, et comme on n'avait jamais plus vu qu'on eut sorti aucun corps de terre tout entier, et il se fit en même temps conduire à l'endroit d'où on l'avait déterré ce qui lui fut indiqué par plusieurs personnes pour savoir si le corps de la dite Endoualle qu'on avait enterré dans la même fosse d'où on avait sorti le corps de la dite Germaine était encore entier et on n'y trouva que quelques os de la jambe tout le reste étant pourri ce qui fut vu de tous les paroissiens et de la déposante et se souvient que le dit monsieur grand vicaire fit mettre la dite bière à huit ou dix (pans, pairs, pieds???) de terre dans la sacristie et défendit qu'on lui fit aucune dévotion publique jusqu'à ce que le Pape en eut parlé. Dépose de plus que plusieurs personnes se présentèrent devant le dit Sieur grand Vicaire et lui attestèrent qu'ils avaient été guéris de grandes infirmités, les uns de paralysies, les autres d'hydropisie, les autres d'avoir recouvert la vue soudainement, l'autres perdue depuis deux, trois et quatre ans, plusieurs autres d'avoir été guéri d'écrouelles, dés 7 8 Page 3 de l'enquête Page 4 de l'enquête 13 s'être voués et recommandés aux prières de cette dévote créature. Dépose encore qu'elle a vu la même guirlande bien souvent dans la dite bière et en même état et qu'il n'y a pas plus de six ans qu'on la volée. Dépose encore que c'est le même corps tout entier avec le suaire et la chemise et être en même état qu'il fut trouvé, comme aussi qu'il y a plus de cinquante ans qu'elle voit tous les jours un grand concours de peuple qui vient journellement dans l'église de Pibrac pour rendre grâce à Dieu des guérisons obtenues par l'intercession de cette dévote bergère. Dépose de plus qu'il y a soixante ans qu'il n'a pas grêlé dans le dit lieu de Pibrac et depuis que le dit corps est hors de terre, notamment en 1692 qu'une grande tempête ayant ravagé tous9 les environs du dit lieu de Pibrac particulièrement le village de Colomiers qui est limitrophe de Pibrac, où fut abattu plus de quatre cent maisons, arraché des arbres plus gros qu'un homme sans avoir fait aucun mal dans la dite paroisse de Pibrac, la tempête ayant commencé le désordre à mille pas de la dite Église et au commencement de la paroisse du dit Colomiers ce que tout le monde a attribué à la protection de la dévote Germaine. Dépose de plus qu'il y a dix ans que les Ennemis de (sa belle-fille) lui ayant fait perdre soudainement le lait dont elle avait auparavant une grande abondance et dont elle allaitait un sien petit enfant se trouvant dans le désespoir sans le pouvoir secourir elle et sa belle-mère intercédèrent la dévote Germaine et demeurèrent le vendredi, le samedi et le dimanche, ensuite pendant qu'elle entendait la messe, le lait lui revint en si grande abondance qu'elle fut obligée de forcer de lait pour donner la mamelle à son enfant, dont elle rendit grâce à Dieu. Comme aussi dépose qu'un sien petit fils âgé de cinq ans se trouvant à l'extrémité de vie l'été dernier sans avoir pu trouver aucun remède pour le soulager ; sa Mère et la déposante le recommandèrent aux prières de la dite Germaine et son père l'ayant porté sur le cou (les épaules) demi mort pour lui faire toucher la bière où repose son corps ; sur le moment la fièvre quitta le dit enfant et fut entièrement guéri. Le lendemain, et dans l'état deux ou trois jours après d'aller rendre grâce à Dieu dans la dite Église, et depuis ce temps-là quoi que cet enfant ne soit âgé que de cinq ans ou environ, il publie les bienfaits qu'il a reçu de Dieu, grâce à l'intercession de la Bienheureuse Germaine dès qu'il voit quelque malade il leur dit pourquoi s'ils veulent guérir ne pas se recommander à la dite dévote Germaine et plus rien dit. Lecture à elle faîte de sa déposition, a dit contenir vérité et n'a su signer. Pierre10Fougasse habitant de Pibrac âgé de soixante-dix ans ou environ, moyennant serment par lui prêté. Dépose être véritable pour l'avoir vu qu'il y a environ cinquante-sept ans comme lui semble, du jour n'étant mémoratif, qu'étant allé entendre la messe dans la dite Église et vit que le nommé Guillaume Cassé, alors carillonneur et un autre nommé Gaillard Baron, voulant ouvrir une fosse dans la dite Église et vis-à-vis de la chaire pour y enterrer un nommée Endoualle de la famille de Jean Cousin, dès le premier coup de pioche qu'ils donnèrent pour lever la tuile le dit carillonneur s'épouvanta et cria qu'il 9 Page 5 de l'Enquête Page 6 de l'Enquête 10 14 trouvait un corps mort sur la terre si près du pavé, que le coup de pioche même lui avait emporté la moitié du nez, et d'abord plusieurs personnes qui étaient dans la dite église s'étant approchés ils virent le dit corps tout entier ; remarqua que la chair au nez paraissait rouge comme si elle avait été en cire, et le bruit s'étant répandu dans tout le village, les habitans étant accourus en foule à cause de la nouvelle, plusieurs dirent hautement après qu'on eut sorti le dit corps de la terre qu'ils reconnaissaient à qui il avait appartenu et qu'il y avait quarante ou quarante-trois ans comme ils se souvenaient qu'il avait été enterré et reconnurent que c'était le corps de la nommée Germaine Cousin qui était manchote et avait les écrouelles de son vivant reconnurent encore les cicatrices qu'elle avait au cou et à la main droite qui était encore manchote, et notamment les nommés Caillés et Salaire qui étaient deux riches paysans et des plus anciens du village lesquels dirent encore publiquement se souvenir et avoir vu la dite Germaine venir entendre la Messe presque tous les jours quoiqu'elle fut assez éloignée du11 village, et qu'elle quittait son troupeau lorsqu'elle venait et le retrouvait au même endroit qu'elle l'avait laissé avec sa quenouille, ce qu'ils avaient vu souvent, comme aussi qu'elle confessait tous les dimanches et Jours de fête de Jésus-Christ et de la Sainte Vierge, et que lors qu'elle entendait sonner le premier coup de cloche pour l'angélus, elle se mettait à genoux à l'endroit où elle se trouvait et l'avoir vue très souvent se mettre à genoux dans la boue lorsqu'on sonnait l'angélus, laquelle Germaine à cause de cette grande piété, on l'appelait communément la Bigote. Déposèrent aussi hautement se souvenir et avoir vu que la marâtre de la dite Germaine la maltraitait fort et ni la pouvait souffrir dans la maison à cause de ses infirmités qu'elle la faisait coucher dans l'étable avec ses brebis et souvent dans une galerie sur des sarments pour qu'elle n'eut aucune communication avec les autres enfans et qu'elle ne mangeait que du pain et de l'eau ; dirent encore qu'elle donnait ordinairement partie du pain qu'on lui donnait aux pauvres et quelques temps avant la mort de la dite Germaine qui mourut à l'âge de vingt et un à vingt-deux ans, ils se remémorènt un jour que sa marâtre la poursuivait avec un bâton, disant qu'elle avait volé le pain, et que les dits Salaire et Paillés et autres se trouvant fortuitement en chemin voulurent arrêter la dite marâtre qu'elle ne maltraitât pas cette pauvre fille ; l'ayant jointe qui portait du pain dans son tablier conduisant son troupeau. La dite marâtre toute en colère lui arracha le dit tablier et n'y trouva que trois ou quatre bouquets de fleurs, ce qui les surprirent tous notamment que ce n'était pas une saison où il y eut des fleurs dans les champs ; cette merveille fut cause que depuis ce temps-là on la regardait comme une sainte, dans tout le village. Dépose depuis avoir vu qu'on sorti le dit corps tout entier de terre avec ses cheveux12, sa chemise et son suaire ayant encore la bougie sans le chandelier tout entier à la main, aussi bien que la guirlande qu'on lui avait posé sur la teste, qui était composée de quelques épis de seigle et de quelques œillets qu'on lui avait mis sur la teste. Lorsqu'on l'enterra lesquels épis de seigle auraient conservé la même couleur et les grains si étaient conservés la même chose comme ils étaient lorsqu'on 11 12 Page 7 de l'Enquête Page 8 de l'Enquête 15 l'enterra ; les œillets étaient seulement un peu fanés ce qui donna de l'admiration à tous ceux qui étaient là présents et qui l'avaient vue ensevelie, lequel corps ainsi tout entier on mit auprès de la chaire, tout droit et y resta ou dans la sacristie plus de dix ou douze ans ; et ensuite on la mit dans une bière dans la sacristie ou elle resta enfermée jusqu'à ce que Mr Dufour grand vicaire de monseigneur l'archevêque de Toulouse faisant la visite dans la dite Église de Pibrac, il y a quarante ans ou environ comme il fit souvent, ayant fait appeler les paroissiens, et comme il est de coutume, il voulut visiter le dit Corps qui était hors de terre, depuis seize ou dix-sept ans, et l'ayant trouvé encore tout entier de la même manière qu'on l'avait déterré, il s'informa des plus anciens et du déposant même si on connaissait le dit corps, de sa vie et de ses mœurs ; ce lui fut répondu et attesté tout ce que le déposant vient de dire et comme on n'avait jamais plus ouïe dire qu'on eut sorti aucun corps de terre entier, le déposant le conduisit au tombeau avec d'autres, lequel nous a aussi indiqué pour savoir si le corps de la dite Endoualle qu'on avoit enterré dans la même fosse d'où on avait sorti le corps de la dite Germaine était encore entier et on n'y trouva que quelques os de la jambe, tout le reste étant pourri ; ce qui fut vu de tous les paroissiens et se souvient que le dit Sieur Grand vicaire fit mettre la dite bière à huit ou dix pieds de terre dans la sacristie, et défendit qu'on lui fit aucune dévotion publique jusqu'à ce que le Pape en eut parlé. Dépose de plus que plusieurs personnes se présentèrent devant le dit Sieur13 grand vicaire et lui attestèrent qu'ils avaient été guéris de grandes infirmités, les uns de paralysies, les autres d'hydropisie, les autres d'avoir recouvert la vue soudainement, l'avoir perdue depuis deux, trois à quatre ans, plusieurs autres d'avoir été guéris des écrouelles, de s'être voués et recommandés aux prières de cette dévote créature. Dépose encore qu'il a vu souvent la dite guirlande dans la bière et au même état et qu'il n'y a pas plus de six ans qu'on l'a volée14. Dépose encore que c'est le même corps tout entier avec sa chemise et son suaire et être au même état qu'il fut trouvé comme aussi qu'il y a plus de cinquante ans qu'il voit tous les jours un grand concours [de] peuple qui vient journellement dans la dite Église de Pibrac pour rendre grâce à Dieu des guérisons soudaines qu'ils obtiennent par l'intercession de cette dévote Bergère. Dépose de plus qu'il n'a pas grêlé dans le dit lieu de Pibrac, ce depuis que le dit corps est hors de terre et notamment en 1692 qu'une grande tempête ayant ravagé tous les environs du dit Pibrac et notamment le village de Colomiers qui est limitrophe de Pibrac, ayant abattu plus de quatre cens maisons, arraché des arbres plus gros qu'un homme, sans avoir fait aucun dommage dans toute la paroisse du dit Pibrac, la tempête ayant commencée le désordre à mille pas de la dite église et au commencement de la paroisse du dit Colomiers, ce que tout le monde attribue à la protection de la dite Germaine. Dépose de plus qu'il y a trente ans ou environ que Mr Roumenguère, prêtre et vicaire du dit lieu étant devenu paralytique, s'étant fait porter à l'Église du dit Pibrac et près de la bière de la dite Germaine, dès qu'il y fut recommandé, il se leva et alla dire la Messe ; ce que celui qui dépose vit, et entendit la Messe, et plus n'a dit. Lecture à lui faite de sa déposition a dit contenir vérité ; n'a su signer. 13 14 Page 9 de l'Enquête La guirlande d'œillets et épies de seigle aurait été dérobée en 1694. 16 Bernard Barail habitant15 de Pibrac âgé de septante [soixante-dix] années environ moyennant serment par lui prêté. Dépose être véritable pour l'avoir vu qu'il y a environ cinquante-six ou cinquantesept ans comme il lui semble du jour n'étant [pas] mémoratif qu'étant allé entendre la messe dans l'Église dudit Pibrac, il vit que le nommé Guillaume Cassé lors carillonneur et un autre nommé Gaillard Baron, voulant ouvrir une fosse dans la dite Église et vis-à-vis de la chaire pour y enterrer une nommée Endoualle de la famille de Jean Cousin, dès le premier coup de pioche qu'ils donnèrent pour lever la tuile, le dit carillonneur [fut ] épouvanté et cria qu'il trouvait un corps issue de terre si près du pavé [que le] coup de pioche même il lui avait emporté la moitié du nez et d'abord plusieurs personnes qui étaient dans la dite église s'étant approchés, ils virent le dit corps tout entier et que le nez ou le carillonneur avait donné le coup semblait saigner et le bruit s'en étant répandu dans tout le village, les habitants y étant accoururent en foule à cause de la nouveauté ; plusieurs dirent hautement après qu'on eut sorti le dit corps de la terre qu'ils reconnaissaient à qui il avait appartenu et qu'il y avait quarante-deux ou quarante-trois ans, comme ils se souvenaient qu'il avait été enterré et reconnurent que c'était le corps de la nommée Germaine Cousin qui était manchote et avait les écrouelles de son vivant ; [ils] reconnurent les cicatrices qu'elle avait au cou et à la main droite qui était encore manchote, et notamment les nommés Caillés et Salaires qui étaient deux riches paysans, les plus anciens du village lesquels dirent encore publiquement se souvenir et avoir vu la dite Germaine entendre la messe presque tous les jours quoi quelle fut assez éloignée du village et qu'elle quittait 16 son troupeau et lorsqu'elle y venait elle [le]retrouvait au même endroit qu'elle l'avait laissé avec sa quenouille, ce qu'ils avaient vu souvent comme aussi qu'elle confessait tous les dimanches et jours de fêtes de Jésus-Christ et de la Sainte Vierge et que dès qu'elle entendait sonner le premier coup de cloche pour l'angélus, elle se mettait à genoux à l'endroit où elle se trouvait et l'avoir même très souvent vu se mettre à genoux dans la boue ; [laquelle] Germaine à cause de cette grande dévotion on l'appelait communément la bigote. Déposèrent aussi hautement se souvenir et avoir vu que la marâtre de la dite Germaine la maltraitait fort et ne la pouvait souffrir dans la maison à cause de ses infirmités et qu'elle la faisait coucher dans l'étable avec les brebis et souvent dans une galerie sur des sarments pour qu'elle n'ait aucune communication avec les autres enfants ; [ce] qu'elle ne mangeait que du pain et de l'eau ; dirent de plus qu'elle donnait partie du pain qu'on lui donnait aux pauvres et que quelque temps avant la mort de la dite Germaine, qui mourut âgée de vingt et un à vingt-deux ans, ils se rencontrèrent un jour que sa marâtre la poursuivait avec un baston, disant qu'elle avoit volé le pain dans son tablier conduisant son troupeau. La marâtre toute en colère lui arracha son tablier et n'y trouva que trois ou quatre bouquets de fleurs ; ce qui les surpris a tous notamment que ce n'était pas une saison où il y eut des fleurs dans les champs ; cette merveille fut cause que depuis ce temps-là on la regardait comme une sainte dans le village. Dépose de plus pour l'avoir vu, lorsqu'on sortit le 15 16 Page 10 de l'Enquête. Page 11 de l'Enquête 17 dit corps tout entier de la terre avec ses cheveux, sa chemise et son suaire ayant encore la bougie sans le chandelier à la main et tout entier, aussi bien que la guirlande qu'on lui avait mise sur la tête qui était composée17 de quelques œillets et de quelques épies se seigle qu'on lui avait mis sur la tête lorsqu'on l'enterra, lesquels épies de seigle avaient conservé la même couleur, et le grain s'y était conservé [la même chose] comme il était lorsqu'on l'enterra, les œillets étaient seulement un peu fanés ce qui donna de l'admiration à tous ceux qui étaient là, présents, et qui l'avaient même recueilli, lequel corps ainsi tout entier on mit auprès de la chaire tout droit et y resta ou dans la sacristie près de dix ou douze ans et ensuite on le mit dans une bière, dans la sacristie ou elle resta enfermées jusqu'à ce que Monsieur Dufour grand vicaire de monseigneur l'archevêque de Toulouse qui passait pour un saint homme faisant la visite dans la dite église de Pibrac, il y a quarante ans ou environ comme il se souvient ayant fait appeler les paroissiens comme il en est de coutume, il voulut visiter le dit corps qui était hors de terre depuis seize ou dix-sept ans et l'ayant trouvé encore tout entier de la même manière qu'on l'avait déterré, il s'informa [auprès] des plus anciens et du déposant même si on connaissait le dit corps, de sa vie et de ses mœurs, et lui fut répondu et attesté tout ce que le déposant vient de dire, ce qu'il vit et entendit, et comme on n'avait jamais plus vu qu'on eut sorti aucun corps de terre entier et le déposant l'a conduit au tombeau avec d'autres. Lequel il nous a aussi indiqué pour savoir si le corps de la dite Endoualle qu'on avait enterré dans la même fosse d'où on avait sorti le corps de la dite Germaine étant encore entière, et on n'y trouva rien que quelques os de la jambe tout le reste étant pourri ce qui fut vue de tous les paroissiens et du déposant et se souviennent que le dit grand vicaire fit mettre la dite Bière, à huit ou dix pieds de terre dans la sacristie et défendit qu'on lui fit aucune dévotion publique jusqu'à ce que le Pape en eut parlé. Dépose de plus que plusieurs personnes se présentèrent devant le dit Sieur grand vicaire et lui attestèrent qu'ils avaient été guéris de grandes18 infirmités, les uns de paralysies, les autres d'hydropisies, les autres d'avoir recouvert la vue soudainement [après] l'avoir perdue depuis deux, trois et quatre ans, plusieurs autres d'avoir été guéris des écrouelles, dés s'être voués ou recommandés aux prières de cette dévote créature. Dépose aussi qu'il a vu souvent la même guirlande dans la dite bière et au même état et qu'il n'y a pas plus de six ans qu'on l'a volée. Dépose encore que c'est le même corps tout entier avec le suaire et la chemise et être au même état qu'il fut trouvé, comme aussi qu'il y a plus de cinquante ans qu'il voit tous les jours un grand concours de peuple qui prie journellement dans la dite église de Pibrac pour rendre grâce à Dieu des guérisons soudaines qu'ils obtiennent par l'intercession de cette dévote bergère. Dépose de plus, qu'il a près de soixante ans qu'il n'a pas grêlé dans le dit lieu de Pibrac depuis que le dit corps est hors de terre et notamment en 1692 qu'une grande tempête ayant ravagé tous les environs du dit lieu de Pibrac et notamment le village de Colomiers qui est limitrophe de Pibrac, ayant abattu plus de quatre cents maisons, arraché des arbres plus gros qu'un homme dont le dommage causé au dit lieu de Colomiers fut estimé à plus de 200000 francs, sans avoir fait aucun mal dans toute la paroisse de Pibrac, la tempête ayant commencée le désordre 17 18 Page 12 de l'Enquête Page 13 de l'Enquête 18 a mille pas de la dite église et au commencement de la paroisse du dit Colomiers, ce que tout le monde attribué à la protection de la dite Germaine. Dépose de plus que Mr Roumenguère vicaire du dit lieu étant tenu [devenu] paralytique, s'étant fait porter à l'Église du dit Pibrac dès qu'il se fut recommandé à la dite Germaine, il se leva et alla dire la messe ; [ce que lui] celui qui dépose vit et entendit la messe, et plus [rien] n'a dit. Lecture à lui faite de sa déposition a dit contenir vérité et n'a su signer. Claire19 Melionne âgée de septante [soixante-dix] ans ou environ, habitante du lieu de Pibrac moyennant serment par elle prêté. Dépose être véritable pour l'avoir vue, qu'il y a environ cinquante-six ans comme lui semble du jour n'étant mémoratif qu'étant allée entendre la messe dans la dite église il vit que le nommé Guillaume Cassé, alors carillonneur, et un autre nommé Gaillard Baron voulant ouvrir une fosse dans la dite Église et vis-à-vis de la chaire, pour y enterrer la nommée Andoualle de la famille de Jean Cousin, dès le premier coup de pioche qu'ils donnèrent pour lever la tuile le dit Carillonneur s'épouvanta et cria qu'il trouvait un corps mort sur terre et près du pavé duquel [d'un] coup de pioche même il lui avait emporté la moitié du nez et d'abord plusieurs personnes qui étaient dans l'Église s'étant approchées il virent le dit corps tout entier, le nez semblant saigner au coup qu'on lui avait donné, et le bruit s'en étant rependu dans tout le village, les habitants dirent hautement après qu'on eut sorti le dit corps de la terre qu'ils reconnaissaient à qui il avait appartenu et qu'il y a quarante-deux ou quarante-trois ans, comme ils se souviennent qu'il avait été enterré et reconnurent que c'était le corps de la nommée Germaine Cousin qui était manchote et avait les écrouelles au cou, et la main droite qui était encore manchote, et notamment avec les nommés Paillés et Salaires qui étaient deux riches paysans et des plus anciens du village, lesquels dirent encore publiquement se souvenir et avoir vu la dite Germaine venir entendre la messe tous20 les jours quoi qu'elle fut assez éloignée du village et qu'elle quittait son troupeau lors qu'elle y venait et le retrouvait au même endroit qu'elle l'avait laissé avec sa quenouille ce qu'il avait vu souvent, comme aussi qu'elle [se] confessait tous les dimanches et jours de fêtes de Jésus-Christ et de la Sainte Vierge et que dès qu'elle entendait sonner le premier coup de cloche pour l'Angélus, elle se mettait à genoux à l'endroit où elle se trouvait et l'avait vue très souvent se mettre à genoux dans la boue et cinq ou dix fois dans un petit ruisseau appelé le Courbet qui passe auprès du dit village de Pibrac et où il n'y a que peu d'eau, le passant lors qu'on sonnait l'angélus laquelle Germaine à cause de cette grande dévotion on l'appelait communément la bigote. Déposèrent aussi hautement se souvenir avoir vue que la marâtre de la dite Germaine la maltraitait fort et ne la pouvait souffrir dans sa maison à cause de ses infirmités qu'elle la faisait coucher dans l'étable des brebis et souvent dans une galerie sur des sarments pour qu'elle n'eut aucune communication avec les autres enfans et qu'elle ne mangeait que du pain et de l'eau, Dirent de plus qu'elle donnait ordinairement partie du pain qu'on lui 19 20 Page 14 de l'Enquête Page 15 de l'Enquête 19 donnait aux pauvres et que quelques temps avant la mort de la dite Germaine qui mourut à l'âge de vingt et un à vingt-deux ans, ils se rencontrèrent un jour que sa marâtre la poursuivait avec un bâton disant qu'elle avoit volé le pain et que lesdits Paillés Salaires et autres se trouvant fortuitement en chemin, voulurent empêcher la dite marâtre qu'elle ne maltraitât pas cette pauvre fille, l'ayant jointe qui portait du pain dans son tablier conduisant son troupeau ; la marâtre toute en colère lui arracha le dit tablier et n'y trouva que trois ou quatre bouquets de fleurs ce qui les surprit à tous, notamment21 que ce n'était pas dans une saison où il y eut des fleurs dans les champs ; cette merveille fut cause qu'on regarda depuis ce temps-là la dite Bergère comme une sainte dans tout le village. Dépose de plus pour l'avoir vue qu'on sortit le dit corps tout entier de la terre avec ses cheveux, sa chemise et son suaire ayant encore la bougie [siné le candelou] sans le chandelier, tout entier à la main aussi bien que la guirlande qu'on lui avait mise sur la tête qui était composée de quelques épies de seigle, et de quelques œillets qu'on lui avait mis sur la tête, lorsqu'on l'enterra, lesquels épies de seigle avaient conservé la même couleurs et le grain si était conservé la même chose comme ils étaient lorsqu'on l'enterra. Les œillets étant seulement un peu fanés ce qui donna l'admiration à tous ceux qui étaient là présents et qui l'auraient vue ensevelir lequel corps aussi tout entier on mit auprès de la chaire tout droit et resta ou dans la bière dans la sacristie ou elle resta enfermée jusqu'à ce que Mr Dufour, grand vicaire de Monseigneur l'archevêque de Toulouse faisant la visite dans la dite Église de Pibrac, il y a quarante ans ou environ comme il se souvient ayant fait appeler les paroissiens comme il est de coutume, il voulut visiter le dit corps qui était hors de terre depuis seize ou dix-sept ans et l'ayant trouvé encore tout entier et de la même manière qu'on l'avait déterré,, il s'informa près des plus anciens et du déposant même si on connaissait le dit corps de sa vie et de ses mœurs ; il lui fut répondu et attesté tout ce que le déposant vient de dire, et comme on n'avait jamais plus vue qu'on eût sorti aucun corps de terre tout entier, et la déposante avec d'autres le conduisirent au tombeau pour savoir si le corps de la dite Endoualle qu'on avait enterré dans la même fosse d'où on avait sorti22 le corps de la dite Germaine étant encore entier et on n'y trouva rien que quelques os de la jambe tout le reste étant pourri ce qui fut vue de tous les paroissiens et de la déposante et se souvient que le dit Sieur grand vicaire fit mettre la dite bière à huit ou dix pieds de terre dans la sacristie et défendit qu'on lui fit aucune dévotion publique jusqu'à ce que le Pape en eut parlé. Dépose de plus que plusieurs personnes se présentèrent devant le dit Sieur grand vicaire et lui attestèrent qu'ils avaient été guéris de grandes infirmités, les uns de paralysies, les autres des hydropisies, et les autres d'avoir recouvert la vue soudainement, [après]l'avoir perdu depuis deux, trois et quatre ans, plusieurs autres d'avoir été guéris des écrouelles, dés s'être voués et recommandés aux prières de cette créature. Dépose encore que c'est le même corps tout entier avec le suaire et la chemise et être au même état qu'il fut trouvée comme aussi qu'il y a plus de cinquante ans qu'elle voit tous les jours un grand concours de paysans qui vient journellement dans la dite Église de Pibrac pour rendre grâces à Dieu des guérisons soudaines qu'ils obtiennent par l'intercession de cette dévote 21 22 Page 16 de l'Enquête. Page 17 de l'Enquête 20 Bergère. Dépose de plus qu'il y a plus de quarante ans qu'il n'a pas grêlé dans le dit lieu de Pibrac et depuis que le dit corps est hors de terre notamment en 1691 qu'une grande tempête ayant ravagé tous les environs, et notamment le village de Colomiers qui est limitrophe de Pibrac, ayant abattu plus quatre cents maisons, arraché des arbres plus gros qu'un homme, dont le dommage Causé au lieu de Colomiers fut estimé plus de 200000(écus? Francs ?), sans avoir fait aucun23 mal dans toute la paroisse de Pibrac, la tempête ayant commencée le désordre à mille pas de la dite Église et au commencement de la paroisse du dit Colomiers ce que tout le monde attribue à la protection de la dite Germaine. Dépose de plus que Monsieur Roumenguère, vicaire du dit lieu de Pibrac étant tenu paralytique de tout son corps, s'étant fait porter à l'Église du dit Pibrac, dès qu'il s'y fut recommandé, il se leva et alla dire la messe ce qu'elle qui dépose la entendit sa messe. Dépose de plus qu'il y a cinquante-six ans, qu'étant affligée des fièvres gardées pendant un an et demie, l'ayant réduite à extrémité de vie, les années étant devenues plus grands sur la fin, elle se voua à la dite Germaine et de fort vœu fait et accompli elle n'eut plus aucun accès et plus n'a dit. Lecture à elle faite de sa déposition a dit contenir vérité et n'a su signer. Le Sieur Antoine Rasse bourgeois de Pibrac et habitant à présent de Toulouse, âgé de septante-trois ans ou environ, moyennant serment par lui presté… Dépose être véritable pour l'avoir vu qu'il y a environ cinquante-six ou cinquantesept ans, comme lui semble du jour n'étant mémoratif qu'étant allé entendre la Messe dans la dite Église de Pibrac, il vit que le nommé Guillaume Cassé lors carillonneur et un autre nommé Gaillard Baron voulant ouvrir une fosse dans la dite Église et vis-à-vis de la chaire pour y enterré une nommée Endoualle de la famille de Jean Cousin dès le premier coup de pioche qu'ils donnèrent pour lever la tuile, le dit carillonneur s'épouvanta et cria qu'il trouvait un24 corps mort sur terre et près du pavé duquel coup de pioche même il lui avoit emporté la moitié du nés, qui semblait saigner et d'abord plusieurs personnes qui étaient dans le dite Église s'étant approchés ils virent le dit corps tout entier et le bruit s'en étant rependu dans tout le village, les habitants y étant accourus en foule à cause de la nouveauté, plusieurs dirent hautement après qu'on eut sorti le dit corps de la terre qu'ils reconnaissaient à qui il avait appartenu et qu'il y avait quarante-deux ou quarante-trois ans, comme il se souvenait qu'il avait été enterré et reconnurent que c'était le corps de la nommée Germaine Cousin qui était manchote et avait les écrouelles se son vivant. Reconnurent encore les cicatrices qu'elle avait au cou et sa main droite qui était encore manchote et notamment les nommés Caillés et Salaire qui étaient deux riches paysans et des plus anciens du village, lesquels dirent encore publiquement se souvenir et avoir vu la dite Germaine venir entendre la Messe presque tous les jours quoi qu'elle fut assez éloignée du village, qu'elle quittait son troupeau lors quelle venait et le retrouvait au même endroit où elle l'avait laissé avec la quenouille, ce qu'ils avaient vu souvent comme aussi qu'elle confessait souvent, tous les dimanches 23 24 Page 18 de l'Enquête Page 19 de l'Enquête 21 et jours des fêtes de J.C. et de la Sainte Vierge et que des qu'elle entendait sonner le premier coup de cloche pour l'Angélus, elle se mettait à genoux ou elle se trouvait, et l'avoir même très souvent vue se mettre à genoux dans la boue, et cinq ou dix fois dans le petit ruisseau appelé le Courbet qui passe auprès du dit village de Pibrac et qu'il n'y a que peu d'eau, le passant lorsqu'on sonnait l'Angélus, laquelle Germaine à cause de sa grande 25 dévotion on l'appelait communément la bigote. Déposeront aussi hautement se souvenir et avoir vue que la marâtre de la dite Germaine la maltraitée fort et ne la pouvait souffrir dans sa maison à cause de ses infirmités, qu'elle la faisait coucher dans l'étable des brebis, et souvent dans une galerie sur des sarments pour qu'elle n'eut aucune communication avec les autres enfants, et qu'elle ne mangeait que du pain et de l'eau ; dirent de plus qu'elle donnait ordinairement partie du pain qu'on lui donnait aux pauvres, et que quelque temps avant la mort de la dite Germaine qui mourut âgée de vingt et un à vingt et deux ans, ils se rencontrèrent un jour que sa marâtre la poursuivait avec un bâton disant qu'elle avait volé le pain ce que les dits Caillés et Salaires et autres se trouvant fortuitement en chemin voulurent arrêter la marâtres qu'elle ne maltraitât pas cette pauvre fille, l'ayant jointe qui portait du pain dans son tablier et conduisant son troupeau. La marâtre toute en colère lui arracha le dit tablier et n'y trouva que trois ou quatre bouquets de fleurs ce qui les surpris à tous notamment que ce n'était pas une saison ou il y eut des fleurs dans les champs ; cette merveille fut cause que depuis ce temps-là on la regardait comme une Sainte dans le Village. Dépose de plus pour l'avoir vue qu'on sortit le dit corps de terre tout étant avec des cheveux, sa chemise et son suaire ayant encore la bougie [siné le candellou] sans le chandelier tout entier à la main aussi bien que la guirlande qu'on lui avait mis sur la tête qui était composée de quelques épies de seigle et de quelques œillets qui avaient conservé la même couleurs, et le grain si était conservé ; la même chose comme ils étaient lorsqu'on l'enterra lesquels 26 œillets étant seulement fanés ce qui donna de l'admiration à tous ceux qui étaient la présents et qui l'avaient vue ensevelir, lequel corps ainsi tout entier on mit auprès de la chaire tout droit et y resta ou dans la sacristie plus de dix ou douze ans, et ensuite on le mit dans une bière dans la sacristie ou elle resta enfermée jusqu'à ce que Monsieur Dufour grand vicaire de Mgr L'archevêque de Toulouse qui passait pour un saint homme faisant la visite dans la dite Église de Pibrac, il y a quarante ans ou environ, comme il se souvient, ayant fait appeler les paroissiens comme il est de coutume, il voulut visiter le dit corps qui était hors de terre depuis seize ou dix-sept ans et l'ayant trouvé encore tout entier et de la même manière qu'on l'avait déterré, il s'informa [auprès] des plus anciens et du déposant même si on connaissait le dit corps, de sa vie et de ses mœurs et lui fut répondu et attesté tout ce que le déposant vient de dire, et comme on n'avait jamais plus vue qu'on eut sorti aucun corps de terre tout entier et le déposant le conduisit au tombeau avec d'autres, lequel il nous a aussi indiqué pour savoir si le corps de la dites Endoualle qu'on avait enterré dans la même fosse dont on avait sorti le corps de la dite Germaine était encore entier et on n'y trouva rien que quelques os de la jambe tout le reste étant pourri, ce qui fut vue de tous les 25 26 Page 20 de l'Enquête. Page 21 de l'Enquête 22 paroissiens et du déposant même et se souvient même que le dit Sieur grand vicaire fit mettre la dite bière à huit ou dix pieds de terre dans la sacristie et défendit qu'on lui fit aucune dévotion publique jusqu'à ce que le Pape en eut parlé. Dépose de plus que plusieurs personnes se présentèrent devant le dit Sieur grand vicaire et lui attestèrent qu'ils avaient été guéris de grandes infirmités, les uns de paralysies, les autres d'hydropisies, les autres d'avoir recouvert le vue soudainement [après] l'avoir perdue depuis trois ou quatre ans, plusieurs autres d'avoir été guéris des écrouelles dés [s'être] qu'ils se furent voués et recommandés aux prières de cette dévote créature. Dépose27 de plus qu'elle a vue souvent la même guirlande dans la dite bière et au même état, et qu'il n'y a pas plus de six ans qu'on la volée ; dépose encore que c'est le même corps tout entier avec la chemise et le suaire et être au même état qu'il fut trouvé, comme aussi qu'il y a plus de cinquante ans qu'il voit tous les jours un grand concours de peuple qui vient journellement dans la dite Église de Pibrac pour rendre grâce à Dieu des guérisons soudaines qu'ils obtiennent par l'intercession de cette dévote bergère. Dépose de plus qu'il y a plus de soixante ans qu'il n'a pas grêlé dans le dit lieu de Pibrac et notamment le Village de Colomiers qui est limitrophe de Pibrac ayant abattu plus de quatre cents maisons, arraché des arbres plus gros qu'un homme dont le dommage causé au dit Colomiers fut estimé plus de 200000 (francs?) sans avoir fait aucun mal dans toute la paroisse de Pibrac, la tempête ayant commencée le désordre à mille pas de la dite Église et au commencement de la paroisse du dit Colomiers que tout le monde attribué à la protection de ladite Germaine. Dépose de plus que Mr Roumenguère étant venu paralytique s'étant fait porté à l'Église du dit Pibrac, dès qu'il y fut recommandé, il se leva et alla dire la messe, et plus n'a dit. Lecture à lui faite de sa déposition a dit contenir vérité et a signé. Anne Despiau habitante du lieu de Colomiers, femme à François Rougé, âgée de quarante-cinq ans, moyennant serment par elle prêté. Dépose qu'il y a trois ans qu'étant devenue paralytique du bras droit duquel elle ne pouvait plus se servir aucunement ayant resté dans cet état pendant deux ans sans y avoir fait aucun remède, dès qu'elle se fut vouée aux prières de la dévote Germaine et qu'elle28 eut fait dire la messe et fait sa communion, dans l'Église de Pibrac, elle se trouva en état de prendre de l'eau bénite avec la dite main droite en sortant de l'Église et se trouva entièrement guérie dès qu'elle fut dans sa maison s'étant servie depuis du dit bras comme elle faisait auparavant. [De] sa paralysie [elle] n'y a jamais plus senti aucune douleur n'y incommodité ; n'a su signer. Lecture à elle faite de sa déposition a dit contenir la vérité et n'a su signer. Jeanine Auriolle femme de Gabriel Rinés habitant de Mondeville, âgée de septante [70] ans ou environ moyennant serment par elle prêté. 27 28 Page 22 de l'Enquête Page 23 de l'Enquête 23 Dépose qu'il y a cinquante-cinq ans qu'elle résidait au lieu de Pibrac dans la maison de ses parents et qu'un jour au dit temps ayant entendu qu'on disait dans le village qu'on avait trouvé dans l'Église du dit Pibrac le Corps tout entier de la Bergère dite la bigote ; elle y accourt avec plusieurs autres habitants et vit comme elle était encore toute entière, à fleur de terre dans la fosse avec son suaire et sa chemise aussi entière et avec une guirlande d'épie de seigle, et la bougie [siné le candellou] sans le chandelier à la main tout entière, et quelques-uns des plus anciens s'étant approchés et examiné le dit corps, et notamment les nommés Caillés et Salaire comme elle se souvient fort bien ayant pourtant quatorze ou quinze ans, dirent que ce corps était celui de la Germaine la bigote qu'on appelait à cause de sa singulière piété et de la vie Sainte qu'elle avait menée ; qu'elle ne mangeait que du pain et ne buvait que de l'eau qu'ils se souvenaient du temps qu'on l'avait ensevelie et au même endroit et qu'il y avait quarante ans ou environ et la reconnurent encore à sa main manchote disant qu'outre qu'elle était extrêmement affligée des écrouelles et fort incommodé, sa marâtres la maltraitait journellement29 et que cette bonne fille venait entendre la messe tous les jours et que son troupeau ne bougeait point de l'endroit où elle le laissait avec sa quenouille ; qu'on la trouvait toujours priant Dieu et qu'on la prenait pour une sainte ; que quelque temps avant mourir, la marâtres la voulant battre à cause de quelques morceaux de pain qu'elle portait pour donner aux pauvres, elle trouva des fleurs dans son tablier au lieu de pain. Dépose de plus quelle remarqua avec plusieurs autres que le carillonneur en ouvrant la fosse lui avoit coupé le bout du nez, ce qu'à l'endroit du coup la chair paraissait rouge comme du sang. Dépose encore que voyant que plusieurs personnes venaient tous les jours rendre grâce à Dieu des guérisons qu'ils avaient obtenues par l'intercession et les vœux qu'ils avaient faits à la dévote Bergère, comme des écrouelles, paralysies, preuves [???], perte de vue et autres maladies. La déposante se trouvant attaquée d'une hydropisie pendant deux mois était demeuré enflée de tous son corps ; sa mère et elle se voua à la dévote Bergère et promirent de venir confesser et communier dans la dite Église de Pibrac et dans ce moment elle commença à désenfler et dans deux jours après, elle se trouva entièrement guérie, et vinrent trois jours après accomplir leur vœu se souvenant qu'il y a quarante-cinq ans ou environ de cela ; et n'a su signer. Lecture a elle faîte de sa déposition dit contenir la vérité et n'a su signer. Bernarde Boyer femme de Jean Despots, habitante de Colomiers âgée de quarante ans où environ, moyennant serment par elle prêté, Dépose qu'étant tombée malade et sa maladie ayant dégénérée en hydropisie après avoir tenté toutes sortes de remèdes ayant été soignée plusieurs fois par le sieur Duber, chirurgien du dit Colomiers et après avoir reçue le viatique et l'extrême onction étant sans aucune recouvrée30, après avoir gardé la dite hydropisie près d'un an, elle se voua à la dévote Bergère de Pibrac et dès ce moment elle se trouva soulagée, et dans deux ou trois jours elle fut entièrement désenflée sans aucun remède et dix ou douze jours après elle se trouva en état de venir accomplir son vœu 29 30 Page 24 de l'Enquête Page 25 de l'Enquête 24 à la dite Église de Pibrac, déclarant qu'elle était venu rendre témoignage à la vérité, en reconnaissance des biens faits qu'elle reçut de Dieu par l'intercession de cette pieuse Bergère ; n'a su signer. Lecture à elle faite de sa déposition a dit contenir vérité. Françoise Bailac, âgée de trente-deux ans ou environ, habitante de Plaisance moyennant serment par elle prêté. Dépose qu'une sienne petite fille âgée de quatre ans se trouvant l'année dernière affligée des écrouelles, [dont elle était] toute couverte autour de son cou. Elle la voua à la dévote Germaine ; dès le vœu fait, elle se trouva guérie dans moins de vingt et quatre heures ne restant que les cicatrices sans avoir appliqué aucun remède lesquelles nous ont été exhibés et aux chirurgiens [présents] assistants qui ont attesté la vérité des marques de cette maladie et plus [rien] n'a dit. Lecture à elle faite de sa déposition y a persisté. Germaine Bribas âgée de dix-neuf ans, habitante de Saint Martin du Touch laquelle moyennant serment. Dépose qu'il y a trois ans ou environ que se trouvant attaquée de paralysie de tout son corps [dont] elle était alitée pendant trois mois sans avoir fait aucun remède ; dès qu'elle fut vouée à la dévote Germaine, elle commença à se servir de son bras et deux jours après elle se trouva guérie entièrement. Lecture à elle faîte de sa déposition a dit contenir Vérité. Doumenge Lacaste femme à François Lasserre, habitant de Plaisance, âgée de quarante-cinq ans ou environ, moyennant serment par elle prêté. Dépose31 qu'ayant été affligée des écrouelles pendant quatre ans ou cinq ans dès qu'elle se fut vouée à la Dévote Germaine sans avoir eu recours à aucun remède, elle fut guérie dans moins de vingt-quatre heures après son vœu fait il y a deux ans. Lecture à elle faîte de sa déposition y a persisté. Jean Derieux habitant de Saint Michel diocèse de Toulouse, âgé de douze ans ou environ moyennant serment. Dépose qu'il était attaqué de l'épilepsie autrement appellée le haut mal, duquel il tombait deux fois le mois ce qui lui a duré pendant deux ou trois ans dès qu'il se feu voué à la dévote Germaine il y a six mois ou environ il fut guéri et il vint il y a deux mois pour accomplir son vœu dans la dite Église de Pibrac. Lecture à elle faîte de sa déposition y a persisté. Jean Villeneuve habitant de Léguevin, âgé de quarante-six ans ou environ, moyennant serment par lui prêté. 31 Page 26 de l'Enquête 25 Dépose qu'il y a quinze jours qu'étant devenu paralytique de la moitié de son corps et de ses deux bras sans pouvoir s'en aider pendant trois jours dès qu'il se fut voué à la dite Germaine, il se trouva guéri et alla travailler de lendemain. Lecture à lui faîte de sa déposition a dit contenir vérité. Louis Laborie bourgeois habitant de Lévignac âgé de trente-cinq ans ou environ moyennant serment. Dépose qu'une jeune fille âgée de trois ans et demie ayant perdu la vue de l'œil droit pendant trois mois dès qu'il l'eut vouée à la dite Germaine il y a quinze jours son œil s'ouvrit soudainement et elle y vit comme auparavant étant venue aujourd'hui pour accomplir son vœu 32 avec sa fille qu'il nous a exhibé et nous a paru y voir parfaitement. Lecture à lui faîte de sa déposition dit contenir la vérité. Guillaume Teulet habitant de Saint Martin du Touch (ndlr 2013 : devenu un quartier de Toulouse) moyennant serment par lui prêté, Dépose qu'ayant été affligé pendant trois ans et demie des écrouelles dès qu'il se fut voué à la dite Germaine il y a quatre ans, il se trouva entièrement guéri et vint accomplir son vœu. Lecture à lui faîte de sa déposition a dit contenir vérité. Jean Laffite âgé de douze ans environ, habitant de Léguevin, moyennant serment par lui prêté Dépose qu'il y a deux ans ou environ qu'étant devenu aveugle pendant deux mois d'une grande fluxion sur les yeux dès qu'il se fut vouée à la bienheureuse Germaine sans n'avoir fait aucun remède, elle commença à y voir et se trouva entièrement guérie trois jours après. Il y a douze ans ou environ et vint accomplir son vœux. Lecture à lui faîte de sa déposition a dit contenir vérité. Jeanne Buguarette femme du Sieur Bribes, habitante de Léguevin, quartier de Bouconne âgée de quarante-huit ans et moyennant serment. Dépose que la fille qu'elle nous a exhibée âgée a présent de six ans étant il y a cinq ans à la mamelle, une grande fluxion lui étant tombée tout d'un coup sur l'œil gauche ; elle fut privée de la vue pendant trois mois ; la fluxion fut si grande qu'ellemême lui sortit deux petits os du côté du nez, et la voyant entièrement perdue elle la voua à la dite Bergère Germaine et à ce moment 33 la fluxion diminua ; elle commença à voir et en peu de jours elle fut entièrement guérie, n'y restant qu'une petite marque comme nous l'avons vue à l'endroit d'où les os sont sortis. Lecture à elle faîte de sa déposition a dit contenir Vérité. 32 33 Page 27 de l'Enquête Page 28 de l'Enquête 26 Marguerite Maignolle, âgée de trente-quatre ans ou environ, habitante de Plaisance moyennant serment. Dépose qu'ayant été affligée pendant trois ans et demie des écrouelles dès qu'elle se fut vouée à la dévote Germaine il y a trois ans sans s'être servie d'aucun remède elle fut d'abord guérie et vint accomplir son vœu. Lecture à elle faîte de sa déposition a dit contenir vérité. Andrée Brunette âgée de soixante ans, habitante de Colomiers moyennant serment. Dépose que Andrée Cathala, sa fille âgée de douze ans étant affligée pendant deux ans des écrouelles, elle se trouva soudainement guérie dés quelle se fut vouée à la dite Germaine, sans avoir fait aucun remède. Lecture à elle faîte de sa déposition a dit contenir vérité. Peironne Bersobine âgée de trente-cinq ans, femme du Sieur Assema Consul de Léguevin moyennant serment, Dépose qu'une sienne fille qu'elle nous exhibe, âgée de dix ans ayant été affligée il y a trois ans d'une grande fluxion sur ses yeux pendant environ six mois, qu'elle en avait entièrement perdu la vue et resta dans cet état près de trois mois et l'ayant faîte portée à l'Église de Pibrac et vouée à la dite dévote Germaine dès qu'elle eut touchée la Bière ou son corps34 repose, elle commença à y voir et fut entièrement guérie peu de jours après sans le secours d'aucun remède. Lecture à elle faîte de sa déposition a dit contenir Vérité. Guillaume Reyne habitante du dit Colomiers, âgée de quarante-cinq moyennant serment par elle prêté. Dépose qu'étant devenue paralytique de tout son corps droit pendant trois ans sans s'en pouvoir servir aucunement, dés quelle se fut vouée à la dite dévote Germaine il y a environ un an, elle se trouva entièrement guérie et alla travailler le lendemain. Lecture à elle faîte de sa déposition a dit contenir Vérité. Guillaume Rang habitante de Mondeville âgée de soixante-cinq ans moyennant serment par elle prêté, Dépose qu'il est véritable pour l'avoir vue qu'il y a environ cinquante-six à cinquante-sept ans comme il lui semble du jour n'étant mémoratif, qu'étant allé entendre la messe dans l'Église de Pibrac, il vit que le nommé Guillaume Cassé, alors carillonneur et un autre nommé Gaillard Baron voulant ouvrir une fosse dans la dite église et vis-à-vis la chaire pour y enterrer une nommée Endoualle de la famille de Jean Cousin, dès le premier coup qu'ils donnèrent pour lever la tuile le dit carillonneurs s'épouvanta et cria qu'il [avait] trouvé un corps mort sur terre et près du pavé duquel coup de pioche même il lui avait emporté la moitié du nez ; d'abord plusieurs personnes qui étaient dans la dite église s'étant approchés [ils] virent le dit 34 Page 29 de l'Enquête 27 corps tout entier et le bruit s'en étant répandu dans tout le village, les habitants y étant accoururent en foule à cause de la nouveauté ; plusieurs dirent hautement après qu'ils eussent sorti le dit corps de la terre qu'ils reconnaissaient à qui il avait appartenu et qu'il y avait quarante-deux ou quarante-trois ans comme ils se souvenaient qu'il avait été35 enterré et reconnurent que c'était le corps de la nommée Germaine Cousin qui était manchote et avait les écrouelles de son vivant ; reconnurent encore les cicatrices qu'elle avait au cou, et la main droite qui était encore manchote, et notamment les nommés Caillés et Salaire qui étaient deux riches paysans et des plus anciens du village ; lesquels dirent encore publiquement se souvenir et avoir vue la dite Germaine Cousin entendre la messe presque tous les jours, quoi qu'elle fut assez éloignée du village, et qu'elle quittait son troupeau lorsqu'elle y venait, et les retrouvait au même endroit qu'elle l'avait laissé avec sa quenouille ; ce qu'ils avaient vu souvent ; comme aussi quelle confessait tous les dimanches et jours de fêtes de N.S. J.C. et de la Sainte Vierge et que dès qu'elle entendait sonner le premier coup de cloche, le premier coup de cloche pour l'angélus elle se mettait à genoux à l'endroit où elle se trouvait, et l'avoir vu très souvent se mettre à genoux dans la boue et cinq ou six fois dans un petit ruisseau appelé le Courbet qui passe auprès du dit village de Pibrac et où il n'y a que peu d'eau, ce pressant lors qu'on sonnait l'angélus ; laquelle Germaine à cause de cette grande dévotion on l'appelait communément la bigote. Dépose aussi hautement se souvenir et avoir vu que la marâtre de la dite Germaine la maltraitait fort et ne la pouvait souffrir dans la maison à cause de son infirmité et, qu'elle la faisait coucher dans l'étable des brebis, et souvent dans une galerie sur des sarments pour qu'elle n'eut aucune communication avec les autres enfants, et qu'elle ne mangeait que du pain et de l'eau ; dirent de plus qu'elle donnait ordinairement partie du pain qu'on lui donnait aux pauvres et quelque temps avant la mort de la dite Germaine qui mourut à l'âge de vingt et un à vingt-deux ans, ils se remémorèrent un jour que la marâtre la poursuivait avec un baston disant qu'elle avoit volé le pain, et que le dit Caillés, Salaires et autres se trouvant fortuitement, en chemin voulurent arrêter la dite marâtre qu'elle ne maltraitât pas cette pauvre fille, l'ayant joint, qui portait du pain dans son tablier conduisant son troupeau ; la marâtre toute en colère, lui36 arracha le dit tablier et n'y trouva que trois ou quatre bouquets de fleurs, ce qui les surprirent à tous, notamment que ce n'était pas dans une saison où il y eut des fleurs dans les champs ; cette merveille fut cause que depuis ce temps-là on la regarda comme une sainte dans le dit village. Dépose de plus pour l'avoir vu qu'on sortit le dit corps de terre tout entier avec ses cheveux, sa chemise et son suaire ayant encore la bougie [siné le candelou] sans le chandelier, tout entier à la main, aussi bien que la guirlande qu'on lui avait mis sur la teste lorsqu'on l'enterra qui était composée de quelques épies de seigle et de quelques œillets, lesquels épies de seigle avaient conservé la même couleurs et les grains si étaient conservés de la même [chose] sorte qu'ils étaient, [ce qui fit ] donna de l'admiration à tous ceux qui étaient là présents et qui l'avaient vue ensevelir ; lequel corps ainsi tout entier, on 35 36 Page 30 de l'Enquête Page 31 de l'Enquête 28 mit près de la chaire tout droit, et y resta, ou dans la sacristie plus de dix ou douze ans et ensuite on la mit dans une bière dans la sacristie où elle resta enfermée, jusqu'à ce que Monsieur Dufour grand vicaire de Mgr l'Archevêque de Toulouse qui passait pour un saint homme, faisant la visite dans la dite Église de Pibrac, il y a quarante ans ou environ, comme il se souvient, ayant fait appeler les paroissiens comme il est de coutume, il voulut visiter le dit corps qui était hors de terre depuis seize ou dix-sept ans et l'ayant trouvé encore tout entier, et de la même manière qu'on l'avait déterré, il s'informa des plus anciens et du déposant même, si on connaissait le dit corps et de sa vie et mœurs et lui fut répondu et attesté tout ce que le déposant vient de dire et comme on n'avait jamais plus vu qu'on eut sorti aucun corps de terre tout entier et le déposant le conduit au tombeau avec d'autres ce qu'il nous a aussi indiqué pour savoir si le corps de la dite Endoualle qu'on avait enterré dans la même fosse d'où on avait sorti le corps de la dite Germaine étant encore entier et on n'y trouva que quelques os de la jambe, tout le reste étant pourri ; ce qui fut vu de tous les paroissiens et du déposant et se souvient que le dit Sieur grand vicaire fit mettre la dite Bière 37 dans la sacristie à huit ou dix pieds de terre et défendit qu'on lui fit aucune dévotion publique jusqu'à ce que le Pape en eut parlé. Dépose de plus que plusieurs personnes se présentèrent devant le dit Sieur grand vicaire, et lui attestèrent que plusieurs personnes avaient été guéris de grandes infirmités, les uns des paralysies, les autres des hydropisies, les autres d'avoir recouvert la vue soudainement [après] l'avoir perdue depuis deux, trois ou quatre ans, plusieurs autres d'avoir été guéris des écrouelles dés [qu'ils se furent]s'estre voués et recommandés aux prières de cette dévote créature. Dépose encore qu'elle a vu souvent la dite guirlande dans la bière au même état, et qu'il n'y a pas plus de six ans qu'on la volée. Dépose encore que c'est le même corps tout entier, avec le suaire et la chemise et être au même état qu'il fut trouvé, comme aussi qu'il y a plus de cinquante ans qu'elle voit tous les jours un grand concours de Peuple qui vienne journellement dans la dite Église de Pibrac pour rendre grâces à Dieu des guérisons soudaines qu'ils obtiennent par l'intercession de cette dévote Bergère. Dépose de plus qu'il y a plus de soixante ans qu'il n'a pas grêlé dans le dit lieu de Pibrac et depuis que le dit corps est hors de terre et notamment en 1694 qu'une grande tempête ayant ravagé les environs du dit lieu notamment le village de Colomiers qui est le limitrophe du dit Pibrac, ayant abattu plus de quatre cent maisons, arraché plusieurs arbres plus gros qu'un homme, dont le dommage causé au dit lieu de Colomiers fut estimé plus de 200000 frs sans avoir fait aucun mal dans toute la dite paroisse de Pibrac, la tempête ayant commencée le désordre à mille pas de la dite Église et au commencement de la paroisse du dit Colomiers ce que tout le monde attribue à la protection de la dite Germaine. Dépose de plus que Monsieur Roumenguères étant [de]venu paralytique s'étant fait porter à 'Église de Pibrac, dès qu'il y fut recommandé, il se leva et alla dire la messe, ce que [ce]lui qui dépose vit et entendit sa messe, dit de plus que [ce]lui qui dépose étant affligé de grandes douleurs qui le prenait à ses jambes jusqu'à le rendre 37 Page 32 de l'Enquête 29 impotent pendant douze ans, il se voua à la dite Germaine et depuis il se trouve soulagé et guéri. Lecture à lui faîte de sa déposition a dit contenir Vérité. Jeanne38 Cathala habitante de Colomiers, âgée de seize ans moyennant serment par elle prêté. Dépose qu'ayant été affligée pendant deux ans des écrouelles au cou dont elle nous exhibe de grandes cicatrices et par nous vues et vérifiées en présence de plusieurs personnes, dés quelle se fut vouée à la dite Dévote Germaine de Pibrac, elle fut guérie entièrement dans deux jours sans avoir fait aucun remèdes, il y a de cela un an et demie. Lecture à elle faîte de sa déposition a dit contenir vérité. Jeanne Izarde habitante de Léguevin, femme à Jean Saint-Laurens, âgée de trentecinq ans ou environ. Dépose qu'il y a environ deux ans qu'un sien fils âgé de quatorze ans, étant tombé dans le feu et s'étant presque brûlé tout le visage, il demeura quinze jours sans ouvrir les yeux, tant ceux qui le voyait, disaient qu'il les avait brûlé et tout le poil et sourcils, étant entièrement brûlés, et le sieur Conté Chirurgien du dit lieu lui ayant dit qu'il n'y verrait plus, elle leva les yeux au ciel et voua le dit enfant à la Bienheureuse Germaine ; une heure après étant allée voir son enfant qui était dans le lit, elle trouva qu'il ouvrait les yeux et le lendemain, il vit parfaitement, et dit depuis n'a eu aucune incommodité avec les yeux comme nous l'ayant exhibé à cet effet, apparaissant des cicatrices qu'il a au fond et au reste du visage. Lecture à elle faîte de sa déposition a dit contenir vérité. Bernarde Roques femme a Desclaux, habitante de Cornebarieu, âgée de quarante ans où environ, moyennant serment. Dépose qu'étant devenue paralytique de tout son corps a l'âge de douze ans,39 elle resta dans le même état pendant quatre ans ; ses parents l'ayant vouée à la dévote Germaine de Pibrac, il y a vingt et trois ans ou environ, l'ayant faîte apporter à l'Église du dit lieu, dès qu'elle se fut approchée de la bière ou son corps repose, après que la messe fut dite, elle se leva de son grava et marcha pour s'en retourner chez elle a une grande lieue de là. Lecture à elle faîte de sa déposition a dit contenir vérité. Françoise Pagése habitante du lieudit Pibrac, âgée de soixante et neuf ans ou environ moyennant serment, Dépose se souvenir que lorsque l'on sortit Germaine de la fosse, peut avoir cinquante-six ans ou environ, la demoiselle de Beauregard faisait un grand mépris du dit corps et s'en moquait ayant même ordonné qu'on l'ôtât d'auprès du banc 38 39 Page 33 de l'Enquête Page 34 de l'Enquête 30 qu'elle avait dans l'Église ou l'on l'avait mise et dans ce temps-là, pouvait y avoir trois ou quatre ans, étant au service de la demoiselle de Beauregard qui était une femme de qualité, et étant affligée par la permission de Dieu d'un ulcère qui lui vint a une de ses mamelles et l'enfant unique qu'elle avait étant venu en même temps à toute extrémité de vie se souvenant qu'elle fit venir plusieurs médecins et chirurgiens de Toulouse sans trouver aucun soulagement dans ses maux, le Sieur de Beauregard, son mari [lui] ayant dit un jour qu'elle se désespérait, que cela pouvait parvenir du mépris qu'elle avait [manifesté] du corps de la dite Germaine, elle se mit en même temps en prière dans la chambre de son château, et la même nuit, la demoiselle de Beauregard s'éveilla en criant et obligea tous les domestiques de se lever disant qu'on portât de la lumière et que la dévote Germaine lui avait parue lui disant qu'elle et son fils étaient guéris et trouva en effet que l'ulcère de sa mamelle était presque guérie et s'étant faite porter son enfant, il se trouva guéri et pris la mamelle comme40 auparavant sa maladie ayant resté deux ou trois jours sans vouloir la prendre, et dès le lendemain matin elle accompagna la dite Demoiselle à l'Église de Pibrac, et dit publiquement que mal à propos elle avait méprisé le corps de la bienheureuse Germaine qu'elle en demandait pardon à Dieu publiant hautement dans la dite Église que dés quelle s'était vouée à cette dévote fille, elle et son fils41 avaient été guéris et raconta la vision qu'elle avait eu pendant la nuit ce qui obligea le curé et les plus considérables du lieu de la [Germaine] faire enfermer dans une bière dans la Sacristie ou elle a resté du depuis, la reconnaissant au même état qu'elle fut trouvée il y a cinquante-six ans ou environ qu'ont la sortie de terre toute entière comme elle est avec sa chemise et son suaire tout entier, excepté quelques coupures42 qu'on a faites, de ses cheveux qu'on lui a pris aussi bien que la guirlande d'épis de seigle qu'elle avait, [vues] plusieurs fois depuis son enterrement toute entière comme si elle venait d'être cueillie. Dépose de plus qu'elle a ouïe dire souvent à la dite Dame de Beauregard que la nuit de sa guérison soudaine elle avait vu une grande clarté dans sa chambre songeant qu'elle croyait à la dévote Bergère et qu'elle éveilla ses domestiques croyant que le feu fut à sa maison. Dépose de plus avoir vue plusieurs personnes de tous sexes qui venaient rendre grâce à Dieu des guérisons soudaines qu'ils avaient obtenues par l'intercession de cette pieuse Bergère. Lecture à elle faîte de sa déposition a dit contenir Vérité. François Pujol habitant de Mondeville âgé de trente-trois ans moyennant serment. Dépose qu'un sien petit enfant ayant été affligé d'un cancer âgé43 de dix-sept ans, à la lèvre inférieure qui lui en avait consommé une grande partie dans moins [de] quinze jours sans qu'il eut fait aucun remède, dès qu'il fut voué à la dévote Germaine, le mal cessa et dans moins de huit jours la plaie fut consolidée ; nous ayant fait montrer la cicatrice et la lèvre est un peu défectueuse. Dépose de plus qu'au mois d'octobre dernier, il fut attaqué d'un grand vomissement de sang pendant vingt et 40 Page 35 de l'Enquête Le témoignage écrit de Madame de Beauregard, parle de sa fille ; Le Père Morel ou la déposante on sans doute mal reporté ce détail. 42 Il semblerait que des gens se soient "inventés" (bêtement) des reliques…Mais ils ne furent pas les seuls. 43 Page 36 de l'Enquête 41 31 quatre heures étant tombé ensuite en apoplexie, il profita du moment que Dieu lui donna pour se reconnaitre dans lequel s'étant voué à la dévote Germaine, il fut guéri d'abord et fut accomplir son vœu [dans] deux jours après dans la dite Église de Pibrac. Lecture à lui faîte de sa déposition a dit contenir Vérité. Jean Delapart, habitant du lieu de Colomiers âgé de cinquante et un ans ou environ, moyennant serment. Dépose que trois de ses enfants, un garçon et deux filles, le garçon âgé de dix-huit ans, l'une des deux filles de vingt et deux et l'autre de vingt et trois ans étant tous trois affligés des écrouelles il y a dix ans ou environ, étant tous ---, et resté en cet état pendant deux ans et demie, tant lui que ses enfants se vouèrent à la dévote Germaine de Pibrac ou ils allèrent entendre la messe et dès que ces trois enfants eurent touché la Bière ou le corps de la dite Germaine repose, ils furent soudainement guéris ; [il] nous [est] apparu [aissant] encore des cicatrices des marques de cette maladie. Dépose encore que lui-même se trouvant attaqué de grandes douleurs par tout son corps qui le tinrent dans le lit, dès qu'il se fut voué à la dite Germaine, il commença à marcher et trois jours après il fut à l'Église de Pibrac à pied pour rendre grâces à Dieu de sa guérison par l'intercession de la dite Bergère s'est signé. Lecture à lui faîte de sa déposition a dit contenir la vérité. Toinette Tournière 44 habitante de Pibrac, moyennant serment, âgée de vingt-neuf ans. Dépose qu'en l'année mile six cents nonante quatre [1694] ayant un dragon [ndlr: expression signifiant "avoir mal à l'œil"] a son œil gauche qui lui en avait ôté la vue avec une douleur continuelle [est] a resté dans cet état près de huit mois sans aucun soulagement ; elle se voua à la dite Dévote Germaine, pendant la célébration de la Messe. La douleur cessa et dès qu'elle eut communié, là, elle y commença à voir soudainement et recouvra entièrement la vue [dans] en peu de jours, nous ayant exhibé son œil ou il parait encore une petite tache et connu qu'elle y voit parfaitement de cet œil. Lecture à elle faîte de sa déposition a dit contenir vérité. Anne Fregande habitante du lieu de Pibrac âgée de cinquante-huit ans ou environ moyennant serment, Dépose qu'ayant été affligée des écrouelles pendant trois ou quatre ans, il y a près de quarante ans ou environ dès qu'elle se fut vouée à la dite Germaine, elle fut guérie soudainement à la grande admiration de tous ceux qui l'avaient vue deux jours auparavant chargée d'ulcères et deux jours après n'y paraissant que les cicatrices qu'elle nous a encore exhibée, sans que du depuis elle ait senti aucune douleurs. Dépose encore qu'il y a quinze ans qu'ayant perdu la vue de l'œil droit par une 44 Page 37 de l'Enquête 32 grande fluxion sans y avoir pu voir pendant plus d'un an45 et demi dès qu'elle se fut vouée à la dévote Germaine, elle fut soudainement guérie. Dépose encore se souvenir lorsque Monsieur Dufour grand vicaire fit la visite dans l'Église du dit Pibrac, il y a quarante ans, et de l'enquête qu'il fit de la vie et mœurs de la dite Germaine et de ce que les dénommés Caillés et Salaire lui dirent qu'elle avait mené une vie sainte pendant sa vie, qu'elle était morte à l'âge de vingt et un ou vingt-deux ans, qu'elle communiait tous les dimanches, qu'elle avait une marâtre qui la faisait coucher dans l'étable et la maltraitée fort, de ce qu'elle donnait aux pauvres partie du pain qu'on lui donnait pour vivre, et qu'un jour le pain s'était changé en fleurs dans son tablier, lorsque sa marâtre la poursuivait pour la battre. Dépose encore qu'elle a vu très souvent la guirlande des épis de seigle qu'on lui avait mis sur la tête lorsqu'on l'enterra aussi frais comme s'ils venaient de se cueillir et que le corps de la dite Germaine avec son suaire et sa chemise est la même étoffe et au même état qu'elle l'a vue, il y a plus de quarante-cinq ans, quelle sera témoin de plusieurs miracles qu'il a fait en guérissant plusieurs maladies incurables, comme plusieurs personnes le disait publiquement dans la dite Église en venant accomplir leurs vœux. Dépose encore qu'elle a ouïe dire souvent de son grand Père qui mourut âgé de septante ans [70] a ses père et Mère et plusieurs autres habitants du dit lieu de Pibrac la même chose qui fut dite à Monsieur Dufour, grand vicaire par les dits Caillés et Salaire et autres concernant la vie et les mœurs de la dite Germaine et m'aime n'a jamais grêlés.. Lecture a elle faîte de sa déposition a dit contenir vérité. Françoise Dauries 46 habitante de Cornebarieu âgée de cinquante ans ou environ moyennant serment Dépose qu'il y a quinze ans ou environ, qu'ayant été affligée d'un cancer à la mamelle gauche, se souvenant de ce que son grand-Père et sa grand-Mère lui avaient dit plusieurs fois en famille de la sainteté de la dévote Germaine qu'ils disaient avoir vue et connue pendant sa vie et après et après qu'elle fut déterrée, et des miracles qu'elle avait faits et faisait journellement, elle s'y voua et se trouva entièrement guérie. Dépose de plus qu'une jeune fille qui était à elle ayant été attaquée il y a douze ans d'une fièvre pourprée [ndlr : fièvre jaune] dès qu'elle l'eut vouée à la dite Germaine, elle fut guérie, et que toutes les fois qu'elle a implorée son intercession soit pour de grandes maladies ou pour des affaires importantes de sa famille elle a obtenue soudainement un prompt secours. Lecture à elle faîte de sa déposition a dit contenir Vérité. Marguerite D'angla, habitante de Pibrac, âgée de quarante ans moyennant serment. Dépose que comme elle tint le Logis [ndlr : ce Logis existe toujours] au dit Pibrac, elle a vue depuis plus de vingt ans plusieurs personnes de Toulouse qui venaient 45 46 Page 38 de l'Enquête Page 39 de l'Enquête 33 loger dans son Logis pour venir accomplir des vœux dans la dite Église de Pibrac, faits à la dévote Bergère et qu'ils disaient publiquement qu'ils avaient été guéris de leurs maladies incurables. Les uns d'hydropisies, les autres des paralysies, les autres d'avoir recouvert la vue soudainement, les autres des écrouelles. Dès47 qu'ils s'étaient voués à la dite Dévote Bergère se souvenant entre autre qu'il y a trois ou quatre ans que la femme dite Masson de Toulouse du nom de laquelle il ne se souvient pas présentement, s'étant faîte portée au dit lieu de Pibrac et l'ayant conduite à l'Église après avoir confessé, dès que le Prêtre fut à l'élévation du Saint Sacrement, elle s'écria miracle disant hautement quelle avait recouvert la vue par l'intercession de la dévote Germaine, qu'elle avait perdue depuis plus de trois ans. Lecture à elle faite de sa déposition dit contenir Vérité JOSEPH MOREL Vic gén. 47 Page 40 de l'Enquête 34 Les miracles se poursuivent : Année 9 juin 1702 35 Ce jourd'hui vendredi dans l'octave de la Pentecôte, neuvième juin mil sept cens deux, Monsieur Bousquet prêtre et vic[aire] du lieu de Léguevin de notre voisinage vint dans notre Église paroissiale de Ste Magdeleine de Pibrac, diocèse de Toulouse pour y dire et célébrer la Ste Messe accompagné d'un pauvre garçon âgé d'environ vingt ans, sourd et muet qui c'estoit recommandé à la dévote Germaine du dit Pibrac, dont le corps est dans la sacristie de la susdite église et qui par des signes l'en avoit prié différentes fois. Dès que la Ste Messe fut finie, nous eûmes occasion de nous ---- et de dire avec l'Évangile de ce même jour "vidimus mirabilia hodie" puis que le Seigneur voulut bien manifester sa bonté infinie à l'égard de ce pauvre infirme en lui rendant durant le St Sacrifice l'usage de la parole et de l'ouïe puis qu'après la Ste Messe il fut dans la dite sacristie remercier le susdit monsieur Bousquet de sa propre bouche et nous dit son nom qui est François Fissiner et que le lieu de sa naissance estoit Caubiac, et nous dit en outre ses parents, répondant à toutes les interrogations qui lui furent faîtes à quoi se trouvèrent présents nous, curé du dit Pibrac, monsieur François Laval, prêtre et vic[aire] du dit Pibrac, Messire Michel Dufaur, Comte dudit Pibrac et Seigneur dudit lieu de Léguevin, monsieur François Comére, native de Pujaudran et habitant du présent lieu de Pibrac. Le sieur Jean-François Barres et plusieurs autres qui ont tous glorifié le Seigneur et certifié la vérité du présent verbal fait audit Pibrac le jour et an que dessus avec monsieur Pierre Bousquet qui avoit célébré la Ste Messe à l'intention dudit infirme 36 1703, 9 juin. 37 Le 19ième juin 1703 jour de fête des Glorieux martyrs St Gervais et Protais, s'est présenté à nous damoiselle Claude Lepage, native du lieu de Bron près de St Malo en Bretagne âgée d'environ 43 ans, femme à Mr Claverie perruquier du lieu de Gimont diocèse de Lombes : laquelle nous a déclaré en présence des témoins bas nommés, que la nuit du 17ième may dernier, jour de fête de l'ascension de notre Seigneur Jésus-Christ, elle serait tombé subitement en léthargie de tous les sens, et resta dans ceste stat l'espace de 24 heures. Mais après ce temps étant un peu revenue, elle se trouva toute défigurée ayant les yeux, le nés et la bouche tout de travers sans pouvoir parler ni avoir aucun mouvement de la moitié de son corps ; mais que le samedi suivant, son époux avec d'autres personnes ici présents étant allés à l'église de la paroisse du susdit Gimon pour la recommander à Dieu et le prier de la vouloir soulager par les intercessions de la dévote Germaine de Pibrac dont le corps repose dans notre église ; le soir même dudit samedi elle aurait recouvré l'usage de la parole et son nez, les yeux et la bouche se seraient remis au premier état ; peu de temps après ce serait trouvée libérée des grandes douleurs quelle souffrait auparavant, et aujourd'hui, si dessus "esp??" elle serait bonne pour faire ses dévotions et remercier Dieu des grâces obtenu par les prières de la susdite dévote et pieuse Germaine de Pibrac ; interrogée devant les témoins qui si sont rencontrés, elle a certifié de la vérité de nôtre verbal déclarant ne pouvoir signer pour le présent à cause de la faiblesse de sa main droite…présents à ce Mr Pierre Medan prêtre du diocèse de Comminges et le Sieur Jean Daubisson habitant de (reste peu lisible)… À la demande de l'un de ses amis, prêtre, il est demandé à l'abbé Jacques Francès, prêtre de Cornebarieu, limitrophe de Pibrac, d'écrire la "Vie de Germaine Cousin, Bergère, Morte en odeur de Sainteté". Par modestie, l'abbé Francès n'a pas affiché son nom. Mais cet ouvrage sera réédité plusieurs fois. Dans les pages qui suivent voici l'édition de 1745, suivie de celle de 1841. Cette dernière sera la même dont le passage traitant de la conservation du corps sera exclu, puisque détérioré par les vandales profanateurs révolutionnaires ! 38 1745 LA VIE DE GERMAINE COUSIN, BERGERE Morte en odeur de sainteté dans la Paroisse de Pibrac, au Diocèse de Toulouse. A TOULOUSE De l'Imprimerie de Noel-Étienne SENS Imprimeur- Libraire, rue St. Rome. M D C C. X C V. 1745 Avec approbation et permission. 39 À MESSIRE DUFAUR, COMTE DE PIBRAC CONSEILLER AU PARLEMENT DE TOULOUSE, SEIGNEUR ET BARON DE MARSA48, etc.49 Monsieur, C'est sous vos auspices que j'entreprends de publier la Vie de la pieuse Bergère GERMAINE COUSIN. Gui Dufaur, cet Homme si célèbre parmi vos illustres Aïeux, fut celui qui la vit naître50, et qui la compta le premier au nombre de ses Vassaux. Ce riche présent du Ciel fut une récompense du zèle qu'il montra pour la foi Catholique et les droits de la Couronne dans le S. Concile de Trente. Vos Pères ont été depuis les témoins des exemples de Sainteté que je vais tracer dans la vie de cette innocente Fille ; ils ont recueilli son dernier soupir, et ont conservé le Dépôt précieux de ses Reliques. Votre Terre de Pibrac le possède, MONSIEUR, ce Trésor que vous avez reçu de leurs mains, et vous n'êtes pas moins l'héritier des vertus qui le leur ont mérité. Vous portez avec la noblesse de votre origine cette grandeur d'âme, cette supériorité de génie, et cette droiture de cœur, qui l'ont rendue si féconde en grands Hommes. En vous, on reconnaît leur dévouement au Prince et à la Patrie, leur attachement à la Religion, leur amour pour l'Église. Toutes ces qualités éminentes, réunies en votre Personne, me font espérer, MONSIEUR, que vous daignerez agréer le petit Ouvrage que je vous présente, comme pouvant être utile au bien des âmes, et comme le témoignage du respect le plus profond, avec lequel je suis, MONSIEUR, Votre très-humble et très obéissant Serviteur, N51….. 48 49 50 Petit village de l'Aude Voir notes à la fin de l'ouvrage. Cet hommage à Monsieur Gui Du Faur est une simple courtoisie du clergé envers la noblesse, car le Comte est décédé à Paris le 27.05.1584, Germaine n'avait que 5 ans. 51 Aucune signature, aucun nom ne permet d'indiquer quel est l'auteur de cet ouvrage. Mais les recherches prouvent qu'il s'agit de l'abbé Jacques Francès originaire de Cornebarrieu. 40 AVERTISSEMENT. La pieuse Bergère Germaine Cousin, est depuis longtemps célèbre par les Miracles qui s'opèrent à son tombeau. La voix du peuple l'a déjà canonisée, et il ne la connaît plus que sous le titre de Sainte GERMAINE. Cependant on ignore le détail des vertus qui lui ont mérité le crédit qu'elle a auprès de Dieu. Nous avons cru, pour bien de raisons, qu'il serait utile de les faire connaître. Plusieurs de ceux qui liront ce petit ouvrage, ayant éprouvé les heureux effets de l'intercession de cette sainte Fille, verront sans doute avec plaisir qu'on désire d'étendre le nom et la gloire de leur Bienfaitrice. D'autres, [trop faciles à suivre le torrent de l'incrédulité, dans un siècle où on semble se faire gloire de douter de tout,] apprendront, peutêtre, à ne pas précipiter leur jugement, et à respecter ceux dont la mémoire est en bénédiction. Les âmes vraiment chrétiennes, de quelque état qu'elles soient trouveront dans la vie d'une pauvre Bergère, des exemples propres à les édifier et à les exciter à la pratique de la perfection. Rien ne manquera enfin pour satisfaire la piété de ceux qui vont visiter les Reliques de GERMAINE. Tels sont les motifs qui nous ont déterminé à mettre au jour son histoire. Depuis longtemps il serait à souhaiter qu'on y eût travaillé : on aurait pu profiter de bien de connaissances dont la suite des années nous a privés. Entre les mémoires que nous avons trouvés, il en est qui nous font désirer un peu plus de zèle ou de courage dans ceux à qui il appartenait autrefois de les recueillir ; il en est d'autres dont nous aurions pu absolument nous servir ; mais nous nous sommes fait une loi de n'employer que ceux qui nous ont paru les plus incontestables. Nous avons mieux aimé joindre des réflexions utiles aux faits que nous racontons, que d'en proposer d'autres, qui n'ont pas le même degré d'authenticité, quelque propres qu'ils nous paraissent d'ailleurs à faire de salutaires impressions. Les sources où nous avons puisé, sont un verbal de M. Dufour, Vicaire-Général de M. de Marca, Archevêque de Toulouse ; un verbal et une enquête du R. P. Morel, Vicaire-Général de M. de Colbert, aussi Archevêque de Toulouse. Ces pièces, dont on a envoyé des copies à Rome depuis plusieurs années, sont conservées dans les Archives de l'Église de Pibrac, avec les relations de plusieurs miracles, en particulier des quatre rapportés ici en dernier lieu, et le verbal de MM. les Chirurgiens, dont il sera fait mention. Nous les citerons dans la suite de notre histoire, sur les divers traits qu'elles nous fournissent. Les mémoires que nous n'avons pas mis en usage, nous donnent lieu de penser qu'en faisant des recherches, on pourrait à l'avenir en trouver d'autres propres à former une seconde-édition de cette Vie. Dieu veuille susciter alors quelqu'un plus capable que nous de la proposer aux Fidèles. Nous nous estimerons toujours heureux d'avoir pu y contribuer en quelque chose par notre travail. Du reste, nous avertissons ici le Lecteur, que si nous donnons à la Personne dont nous faisons l'histoire, le nom de Sainte ou de Bienheureuse nous n'employons ce titre que pour exprimer l'innocence de sa vie et l'excellence de sa vertu, sans aucun préjudice de l'Église Catholique, à laquelle seule appartient le droit de déclarer les Saints, et de les proposer à la vénération des fidèles ; nous le prions aussi de remarquer, qu'en racontant des choses qui passent la nature, et qu'on pourrait regarder comme de vrais miracles, notre intention n'est pas de donner ces faits comme approuvés par la sainte Église Romaine, mais seulement comme certifiés par témoignages privés. 41 LA VIE DE GERMAINE COUSIN, BERGÈRE, Morte en odeur de sainteté52 dans la Paroisse de Pibrac, au Diocèse de Toulouse. Tous les hommes sont appelés à la même fin, mais la voie qui les y conduit n'est pas la même pour tous. Dieu sait se former des Saints dans tous les états. La même vertu qu'il fait monter jusques sur le trône des Rois, il la fait éclore dans la cabane du pauvre. L'oubli des hommes ne l'y prive point des secours de la Providence. On l'y voit croître, s'entretenir, se fortifier, et s'élever enfin au comble de la perfection. II ne sera pas difficile de le montrer dans la vie que nous allons écrire. Elle ne renferme que des jours passés au sein d'une obscure indigence ; mais elle offre en même temps un modèle accompli des plus belles vertus Chrétiennes. Tel est le prodige qui va fixer notre admiration : plût à Dieu qu'il soit aussi l'objet de notre imitation ! GERMAINE COUSIN naquit dans la paroisse de Pibrac53, au Diocèse de Toulouse, vers l'an mille cinq cent soixante-dix-neuf ; il paraît que ses parents étaient pauvres, et d'un état fort médiocre. L'obscurité de leur condition nous en a presque dérobé le nom. Une simple tradition nous apprend que son père s'appelait Laurent Cousin, et sa mère Marie Laroche. 52 53 Verbal du R.P. Morel, p 1, n 1. Enquête du R.P. Morel, p1 n1 42 Les premières années de cet enfant furent des années d'affliction. Elle fut en même temps, et presque dès le berceau, percluse de la main droite et atteinte des écrouelles54. Ces deux infirmités suffisaient sans doute pour lui rendre la vie amère et douloureuse, mais elles ne furent pas le plus grand sujet de ses souffrances. Dès sa plus tendre jeunesse ses jours s'écoulèrent sous les yeux d'une marâtre qui conçut pour elle une singulière aversion. Il n'est point de mauvais traitement que cette femme n'exerçât à son égard, comme on pourra en juger par la suite. Ainsi en disposa le Seigneur, dont la divine sagesse avait destiné cette Fille pour faire aimer aux pauvres, par son exemple, l'humilité et la patience qui ont brillé avec tant d'éclat dans toute sa conduite. A peine la jeune infirme fut-elle capable d'être mise à la garde des troupeaux, qu'on la lui confia. C'est à ce travail innocent qu'elle fut appliquée le reste de ses jours. Mais il n'en fut pas d'elle comme il en est ordinairement des autres enfants que l'on emploie à cette occupation. La séparation du commerce des hommes est presque toujours pour ceux-ci la cause d'une ignorance malpropre des choses spirituelles ; elle fut, au contraire pour Germaine, une source de lumières et de bénédictions. Autant que les défauts de la nature la rendaient méprisable aux yeux du monde, autant Dieu se communiquait à elle intérieurement, et lui faisait part, des faveurs de sa grâce. Prévenue de ces célestes secours, la solitude à laquelle sa profession l'obligeait, fit bientôt ses plus chers délices. L'esprit de retraite que Dieu lui inspira, ne lui permit jamais de rechercher la compagnie de ceux qui dans les champs voisins étaient chargés des mêmes soins qu'elle. Plutôt disposée à les fuir pour s'entretenir avec Dieu, on la trouvait toujours seule, uniquement occupée de la prière55. Déjà sa conversation n'était que clans le Ciel, à cet âge où l'on ne cherche qu'à distraire un esprit volage, et à satisfaire les inclinations naissantes du plaisir. Avec de telles dispositions, on ne peut que faire en peu de temps des progrès rapides dans le chemin de la vertu. Un si beau commencement fut aussi l'heureux présage de cette sainteté dont Germaine fit bientôt paraître les fruits précieux aux yeux des hommes. Soumise à l'ordre de la Providence, elle ne s'appliqua qu'à se perfectionner dans l'état où la main du Seigneur l'avait placée, en profitant des moyens de salut qu'elle y trouvait. Elle aima sa pauvreté, et sut la rendre méritoire. Les rigueurs des saisons auxquelles elle était sans cesse exposée, lui furent une occasion de pratiquer la plus austère pénitence. Ses infirmités ne servirent qu'à la détacher d'elle-même, en l'unissant de plus en plus à son Dieu ; bien différente en cela de ceux qui par une conduite peu docile à la volonté divine, perdent tout le prix de leurs peines, et deviennent souvent plus coupables en se rendant plus malheureux. 54 55 Enquête du R.P. Morel, p6 n2; p19, n1. Enquête, p24, n3. 43 La pieuse Bergère ne montrait pas moins de constance et de résignation dans les peines qu'elle avait à essuyer au sein de sa famille. La maison paternelle, qui pour les plus misérables est une ressource dans leurs afflictions, n'était pour Germaine qu'un séjour de larmes et de tristesse. A peine y trouvait-elle un asile où elle pût se réfugier. Sa marâtre ne l'y voyait qu'avec des yeux d'indignation56 et de crainte qu'elle n'eût quelque communication avec les autres enfants de la famille, la dureté de cette femme réduisait la jeune infirme à aller prendre son repos dans une étable, souvent même sur quelques sarments dans le fond d'une galerie. Tout cela ne suffisait pas cependant pour remplir le désir que Germaine avait des souffrances, comme si cette innocente Fille eût eu des crimes à se reprocher, ou soit que les croix qu'elle avait à supporter lui parussent légères, elle se refusa pendant toute sa vie toute autre nourriture que celle d'un peu de pain et d'eau57. Ces traits de ressemblance qu'elle avait avec Jésus-Christ souffrant, entretenaient dans son cœur un amour ardent pour la Personne adorable du Sauveur. Quoique le lieu de sa demeure fût assez éloigné de l'Église, et malgré tous les obstacles de sa condition et de ses incommodités, elle s'était fait une coutume journalière d'assister au saint Sacrifice de la Messe58. Son travail ordinaire ne suffisait pas pour l'en dispenser. Pleine de confiance, elle abandonnait le troupeau dans la campagne, et se transportait aux pieds des Autels. Une telle conduite eût été à la vérité reprochable en bien d'autres, qui par une dévotion mal entendue, oubliant leur devoir, n'eussent cherché qu'à se satisfaire ; mais le seul motif de Germaine fut toujours l'obéissance à l'inspiration du Seigneur : ce qui le prouve, est la Providence spéciale qui veillait sur le troupeau pendant son absence. On ne peut désavouer qu'il ne fut alors exposé à mille dangers. La Forêt de Bouconne, dont les limites se trouvent dans le Comté de Pibrac, produit une quantité de loups, qui malgré les soins et la vigilance des Bergers, portent assez souvent l'épouvante et le carnage parmi les troupeaux qui paissent aux environs. Celui de la pieuse Fille n'eût sans doute pas été épargné, si une main invisible n'eût détourné au loin la fureur de ces animaux meurtriers. Le même secours écartait tout autre accident qui eût pu lui nuire. L'innocence et la piété de la jeune Cousin mettaient son troupeau à l'abri de tous les revers. Livré à luimême, sans guide et sans défenseur, il goûtait seul dans les lieux écartés, cette heureuse sécurité qui ne se trouve que dans le bercail. Cependant la liberté dont on le laissait jouir, ne lui permit jamais de se disperser dans les terres voisines pour y causer du dommage : comme si la vertueuse Bergère lui eût fixé des bornes en lui laissant sa quenouille ou sa houlette, elle eut toujours la 56 Enquête p3,n7 ; p7, n5 ; p11 n5 ; p25 n4 ; p20 n2. Enquête p2 n8 ; p7 n6 ; p11 n6 ; p15 n5 ; p20 n3. 58 Enquête…. 57 44 consolation de le retrouver dans le même pâturage où elle l'avait quitté pour se rendre à l'Église. D'une si sainte habitude naissait son assiduité à fréquenter les Sacrements de Pénitence et d'Eucharistie. Persuadée de la nécessité de ces secours pour quiconque veut marcher constamment dans la voie de la justice, on la voyait s'en approcher chaque Dimanche, et chaque Fête de l'année. Il était beau sans doute de voir pratiquer à une pauvre Bergère ce qui seul fait l'éloge des personnes d'une autre condition les mieux réglées : mais le grand sujet d'édification étoit la manière pleine de ferveur avec laquelle elle s'acquittait de ces actes de Religion, et son exemple faisait sur l'esprit de ceux qui en étaient les témoins une impression qui ne peut être effacée par une longue suite d'années. Si les fidèles de nos jours s'appliquaient à l'imiter, il n'en faudrait pas d'avantage pour voir bientôt les mœurs réformées, et la piété des premiers temps refleurir parmi nous. La principale cause du relâchement et du désordre est le non usage ou l'abus des Sacrements. S'en éloigner, c'est priver l'âme de sa nourriture, et c'est lui donner la mort que de les recevoir sans les dispositions qu'ils exigent. L'expérience fait voir au contraire que ceux qui vont souvent puiser dans ces sources de vie avec un cœur bien préparé, purifiés et soutenus par l'onction des grâces qu'ils en retirent, s'avancent à grands pas dans la route de la perfection. Germaine, nourrie du pain des Anges, croissait tous les jours en mérite. La dévotion à la Sainte Vierge ne saurait être bannie d'un cœur où règne l'amour de Jésus. Cette piété solide envers la Mère de Dieu, qui, selon la Doctrine des saints Pères, est une marque de prédestination, a été d'autant plus chère aux Saints dans tous les temps de l'Église, qu'elle a été méprisée par les Hérétiques et par les mauvais Chrétiens. Aussi les vrais serviteurs de Marie éprouvent-ils tous les jours sa puissante protection, tandis que ses ennemis succombent sous son bras, et ne font que fournir matière à ses triomphes par leurs révoltes. Heureux, et mille fois heureux ceux qui se dévouent à son service ! Dès son bas âge, la vertueuse Bergère conçut un tendre attachement pour celle dont elle imitait si bien les exemples par une vie pauvre et cachée, et elle eut toujours son culte si fort à cœur, qu'elle se faisait une gloire d'en donner des marques éclatantes. Aussitôt qu'elle entendait le premier coup de cloche qui avertit les Fidèles de réciter la Salutation Angélique, elle se mettait à genoux, dans quelque endroit qu'elle se trouvât, pour faire cette prière avec un plus grand respect. Sa fidélité à cette pratique de piété était si grande, qu'on l'a vue souvent s'enfoncer dans la boue, ou se plonger dans le courant de l'eau en traversant un petit ruisseau qui arrose les bords de Pibrac. Chaque Fête de la Reine des Saints ranimait la ferveur de Germaine, et elle s'appliquait à les sanctifier d'une manière particulière. La conduite que nous venons de tracer devenant sans doute, par tant de beaux endroits, la censure de celle de bien d'autres, elle ne manqua pas de provoquer 45 les railleries des libertins. Cette grande simplicité surtout qui faisait le caractère de la vertueuse Bergère, attira bientôt un nom insultant à sa dévotion. On ne l'appelait plus que la Bigote, nom que les mondains affectent quelquefois de donner aux personnes qui font profession de piété. Ainsi Dieu permet-il, pour la perfection de ses Saints, que la vertu soit tournée en ridicule dans le monde, tandis que le vice y est applaudi : mais il sait, quand il le veut, la faire briller d'une manière qui la rend encore plus glorieuse qu'elle n'a paru petite et méprisable. Le fait que nous rapporterons bientôt suffit pour en Convaincre. Une vertu favorite de Germaine fut la charité envers les pauvres. Cette qualité étoit d'autant plus recommandable en elle, qu'elle est plus rare parmi les gens de son état. A la vérité leur dénuement semble leur ôter le pouvoir de secourir les misérables ; mais même dans la dernière nécessité, la charité ingénieuse sait l'art de se produire. Plus la jeune Cousin était pauvre, plus elle était sensible aux misères de ses semblables. Elle eût été au comble de ses désirs, si elle eût pu subvenir à tous leurs besoins en se réduisant à une plus étroite pauvreté. Dans cette vue, elle ne laissait passer aucune occasion de leur faire du bien. Se privant même de son nécessaire pour les soulager, elle leur distribuait ordinairement une portion du peu de pain qu'on lui donnait pour se nourrir. C'est par là que cette sainte Fille trouvait le moyen de faire de fréquentes aumônes, et d'augmenter en même temps le mérite de sa mortification et de son indigence. Ce trait héroïque de tendresse envers les misérables, condamne bien hautement la dureté de ces riches du siècle, dont le cœur insensible aux nécessités de leurs frères, ne soupire qu'après l'accroissement de leur fortune. Digne d'admiration même à l'égard des personnes qui se distinguent par leur charité il méritait sans doute l'estime que le monde ne saurait refuser à cette vertu. Elle fut néanmoins pour la jeune Bergère une occasion continuelle des plus rudes épreuves. Les pieuses libéralités de cette Fille rendirent sa fidélité suspecte. On ignorait les ressources que sa compassion pour les malheureux lui suggérait, et on l'accusa de voler le pain de la maison. C'en fut assez pour que sa marâtre la regardât comme coupable, et la traitât avec la dernière rigueur. Un jour elle apprend que Germaine destinant aux pauvres quelques morceaux de pain, les emportait dans son tablier à la suite du troupeau ; aussitôt elle court après, saisie de fureur et armée d'un bâton ; mais Dieu qui voulut alors manifester l'innocence de sa Servante, permit que quelques habitants de Pibrac vinssent à son secours. Ils faisaient leur chemin vers la métairie du père de la jeune Cousin, lorsqu'ils aperçurent la marâtre toute transportée de colère. Jugeant aisément de ses intentions, et touchés en même temps de compassion pour la pauvre infirme, ils doublèrent le pas, joignirent cette femme qui la poursuivait, et apprirent d'elle le sujet de son emportement. Aussitôt on s'approche, on ouvre le tablier de la Bergère ; mais par un prodige à-peu-près semblable à celui que Dieu avait opéré en faveur de Sainte Élisabeth, Reine de 46 Portugal, à la place du pain on ne trouva que trois ou quatre bouquets de fleurs, dans une saison où la terre n'en produit point. C'est ainsi que le Seigneur fit triompher la charité de Germaine, et qu'il confondit la malice de son ennemie. Il est aisé de comprendre quelle fut la surprise des témoins oculaires du miracle que nous venons de raconter. Saisis d'admiration, ils vont dans le Village de Pibrac publier à tout le monde ce qu'ils venaient de voir. Alors bien des gens apprenant à ne plus tourner en ridicule la dévotion simple de la vertueuse Bergère, changèrent en éloges le nom injurieux qu'ils lui avaient donné. Depuis cette époque (pour me servir des termes de l'enquête de 1700) on ne la regarda plus que comme une Sainte. Mais autant que l'estime et la vénération du peuple augmentaient à son égard, autant elle croissait en amour pour son Dieu, et se disposait chaque jour par une nouvelle ferveur à sa fin, qui arriva bientôt après. Comme si le Seigneur, qui voulait sanctifier sa Servante par l'humiliation et les souffrances, eût résolu de la retirer de ce monde lorsque les hommes, devenus plus équitables, commenceraient à rendre à sa vertu les honneurs qu'elle méritait ; Germaine Cousin termina une vie obscure et cachée aux yeux du monde par une mort semblable. Nous ne savons plus rien de particulier touchant les dernières années de sa vie. Tout ce que l'on peut dire avec fondement, c'est que Dieu daigna couronner, par une glorieuse persévérance, des jours innocents et pleins de mérites. Ce fut environ l'an mil six cent un qu'il appela à lui cette sainte Fille, vers la vingt-deuxième année de son âge. Elle fut enterrée dans l'Église Paroissiale de Pibrac, vis-à-vis la chaire. Quarantetrois ans se passèrent sans que rien d'extraordinaire n'en rappelât le souvenir. Le seul récit de ses vertus et de ses bons exemples l'entretenait parmi les habitants du lieu, lorsqu'enfin il plut à Dieu de la faire connaître de la manière que nous allons rapporter. Depuis l'enterrement de la pieuse Bergère, son tombeau n'avait pas été encore ouvert. La mort d'une de ses parentes, appelée Endoualle, donna occasion de l'ouvrir vers l'an mil six cent quarante-quatre. Le sonneur des cloches se disposant à creuser la fosse, rencontra le Corps de Germaine au premier effort qu'il fit pour lever la première tuile ; aussitôt cet homme effrayé s'écrie qu'il trouvait un Cadavre. Le prodige rassembla en un instant autour du tombeau plusieurs personnes qui étaient venues dans l'Église pour y entendre la Messe. Elles furent les témoins oculaires de ce qu'elles venaient d'entendre. Elles ont même attesté que l'endroit du visage qui avait été frappé parut rouge et saignant comme de la chair vive. Le bruit d'un tel événement s'étant bientôt répandu dans tout le Village, on vit accourir en foule les habitants, qui venaient savoir par eux-mêmes ce qu'on leur avait appris. Ce fut en présence de tout ce peuple que le Corps, qui n'avait pu que par miracle être ainsi élevé jusque sur la surface de la terre, parut entièrement à découvert ; mais par un nouveau prodige, après quarante-trois ans de sépulture, on le vit préservé de corruption. Il fut trouvé tout entier, ses membres attachés 47 tous les uns aux autres par leurs jointures naturelles, et couverts même de l'épiderme59. La chair paraissait sensiblement molle en plusieurs parties. Les ongles des pieds et des mains étaient parfaitement adhérents à leur situation ordinaire. Sa langue même et ses oreilles, uniquement desséchées, s'étaient conservées dans leur entier60. Ce Corps précieux était revêtu de sa chemise et de son suaire, qui n'avaient pas encore reçu la moindre atteinte de la plus légère pourriture ; il n'y paraissait que la seule couleur de la terre qui les avait couverts. On lui trouva en même temps une bougie entre les mains, et une guirlande ornée d'œillets et d'épis de seigle. Les fleurs n'étaient que peu fanées ; les épis n'avaient rien perdu de leur couleur naturelle, et ils étaient encore remplis de leurs grains, qui avaient la même fraîcheur qu'au temps de la moisson. Tous les anciens de la Paroisse reconnurent ce Corps à la difformité de sa main, et aux cicatrices des écrouelles qui paraissaient à son cou. Ils publièrent que c'était le Corps de Germaine Cousin, morte depuis quarante-trois ans, qu'ils avaient eux- mêmes connue, et dont ils avoient vu l'enterrement. On le plaça debout près de la Chaire de l'Église. Il y fut laissé dans la même situation, exposé à la vue de tout le monde, jusqu'à ce que le miracle suivant donna lieu de le placer d'une manière plus décente. Vers l'an mil six cent quarante-cinq, Dame Marie de Clément Gras, épouse de Noble François de Beauregard, ayant témoigné une je ne sais quelle horreur pour le Corps de la Bergère, avait ordonné qu'on l'éloignât du banc qu'elle avait dans l'Église. Quelque temps après elle fut affligée d'un ulcère qui se forma dans son sein. L'enfant unique qu'elle avait, et qu'elle nourrissait elle - même, fut en même temps réduit à la dernière extrémité. Plusieurs fois elle fit venir des Médecins et des Chirurgiens de Toulouse, sans qu'elle pût trouver aucun soulagement à ses maux. Un jour son mari la voyant dans l'excès de sa douleur, lui représenta que sa peine pouvait bien être une punition du mépris qu'elle avait fait du Corps de Germaine. Ces paroles firent rentrer la Dame en ellemême, et la déterminèrent à se mettre en prières. La nuit d'après, s'éveillant tout à coup, elle aperçut une grande clarté dans sa chambre. Il lui sembla même voir la pieuse Bergère, qui l'assurait de sa guérison et de celle de son fils. Aussitôt elle s'écrie en appelant ses domestiques, auxquels elle annonce ellemême le prodige ; et trouvant son ulcère presqu'entièrement fermé, elle se fait apporter l'enfant. Celui-ci fut parfaitement guéri, et comme s'il n'eut jamais été malade, il suça abondamment le lait qu'il refusait depuis deux ou trois jours. Dès le lendemain cette Dame se rendit à l'Église, où elle fit réparation publique de l'outrage qu'elle avait fait aux Reliques de la dévote Cousin. Tel fut l'événement merveilleux qui obligea le Curé et les plus considérables du Lieu à mettre ce Dépôt respectable dans une bière, et à le faire transporter dans la Sacristie. 59 60 Cette petite peau insensible qui couvre l'eau. Verbal de MM. Les Chirurgiens. 48 Il resta dans cet état environ seize années, pendant lesquelles plusieurs autres guérisons miraculeuses s'opérèrent à l'égard des personnes qui en particulier avoient recours à l'intercession de Germaine61. On s'attendrait peut-être que nous les rapporterions ici, nous eussions bien souhaité de le faire ; mais comme on n'a pas conservé les originaux de ces miracles, et qu'on n'en a gardé que de simple copie, nous ne saurions en faire aucune mention. Les seuls que nous puissions proposer à l'admiration du Lecteur, sont ceux que nous avons trouvés dans l'enquête du R. P. Morel, ou dans les relations qu'on en a faites depuis. Le premier qui donna l'idée de cette enquête fut Messire Jean Dufour, Chanoine, Archidiacre de l'Église Cathédrale de Toulouse, et Vicaire Général de M. de Marca, Archevêque de cette Ville, et Ministre d'Erat62. En mil six cent soixante-un, le vingt-deux de Septembre, il fit la visite de l'Église de Pibrac. Après qu'il eut célébré la sainte Messe, on lui montra un Corps entier, tel qu'il avait paru dix-sept ans auparavant, quand on le leva de terre63. Deux anciens de la Paroisse, âgés chacun d'environ quatre-vingts ans, certifièrent que ce Corps était celui d'une sainte Fille, appelée Germaine Cousin, qu'ils avaient eux-mêmes connue. A cela ils ajoutaient le détail de ses infirmités, le temps de sa mort, et celui auquel on l'avait déterré. En même temps on indiqua à M. Dufour l'endroit où on l'avait trouvé, et où une femme de la même famille avait été ensevelie. Alors, pour savoir si la qualité du terrain aurait pu conserver ainsi ce Corps, le Vicaire-Général ordonna qu'on ouvre son tombeau64 ; mais les fossoyeurs ayant creusé jusqu'au cadavre qu'on y avait depuis enterré, il n'aperçut avec le peuple qu'un amas de poussière corrompue, et quelques ossements séparés les uns des autres. Aussitôt, étant rentré dans la Sacristie, il fit fermer à clef la bière dans laquelle étaient les Reliques de Germaine, et la fit placer à une certaine hauteur auprès d'une muraille de la même Sacristie. Le Curé de Pibrac produisit ensuite un mémoire authentique de plusieurs miracles, retenu par un Notaire, avec le seing des parties et des témoins. Beaucoup de personnes, qui déclaraient avoir vu certaines guérisons rapportées dans le détail de ces miracles, furent ouïes par M. Dufour. Ce fut ce qui lui donna lieu d'ordonner l'enquête dont nous avons déjà parlé65, afin que, par l'audition et le serment des particuliers, on pût s'assurer encore plus de la vérité des faits qu'ils racontaient : il acheva sa visite, en défendant, sous peine d'excommunication, d'exposer le Corps ou aucune de ses parties à la vénération publique. Il permit néanmoins d'accepter les offrandes, qu'il voulut être mis dans un tronc placé à la Sacristie. 61 Le Curé de Pibrac présenta à M. Dufour les mémoires authentiques de ces miracles, comme il est marqué par la suite. 62 Verbal de M. Dufour, p4, n1. 63 Verbal de M. Dufour, p2, n1. 64 Verbal de M. Dufour, p3, n2. 65 Verbal de M. Dufour, p4, n1. 49 L'Enquête si essentielle pour conserver et autoriser la mémoire de la pieuse Bergère, était ordonnée, non seulement par M. Dufour, mais aussi par des Archevêques de Toulouse66, et entre autres par M. de Colbert, dans sa visite de mil six cent quatre-vingt-dix-huit. Ce fut pour remplir l'objet de ces ordonnances, que le cinq Janvier mil sept cent, le R. P. Joseph de Morel, Prêtre de l'Oratoire, Curé de l'Église Paroissiale de la Dalbade, et Vicaire Général de l'illustre Prélat, se rendit dans l'Église de Pibrac, à la requête de M. Jacques de Lespinasse, ancien Capitoul, co-Seigneur de Colomiers, et Syndic de la Communauté de Pibrac. Cette première visite fut suivie de deux autres, dans lesquelles il procéda de la manière que nous allons dire, à l'enquête qu'il nous a laissée. Le bruit de son arrivée s'était assez répandu pour attirer à Pibrac un grand concours de peuple. Le premier jour il eut la consolation d'y communier près de cinq cents personnes67. Toutes les fois qu'il reprit le cours de ses fonctions, il célébra la sainte Messe, et fit une exhortation à cette multitude de gens, qui accouraient de toutes parts. Dans le grand nombre, on en trouva plusieurs qui avaient vu les Reliques, lorsqu'elles furent levées de terre. On les leur montra, et ils assurèrent qu'elles étaient entièrement les mêmes. Le R. P. Morel eut soin de faire assigner toutes ces personnes qui pouvaient attester quelque miracle. Il ouït lui-même leurs dépositions, après en avoir reçu le serment. En même temps, il produisit son verbal sur l'état où il trouva le Corps68, auquel on reconnut tout ce qui avait été écrit dans celui de M. Dufour. Outre le sien propre, le prudent Grand-Vicaire en fit dresser un autre par deux Maîtres Chirurgiens, qui d'abord s'obligèrent par un serment solennel à dire en tout la vérité. On lit dans leur acte, après le détail de la vérification, qu'ils ont remarqué que le Corps n'avoir jamais été embaumé, et qu'il n'a pu se conserver, sans altération, par les voies naturelles ; que la seule providence a pu opérer ce prodige, surtout quand à certaines parties, qui sont ordinairement les plus sujettes à la pourriture, comme la langue et les oreilles69. Il n'est pas hors de propos de remarquer encore que le R. P. Morel et les Chirurgiens essayèrent de rompre la chemise et le suaire où avait été enveloppé le Corps de Germaine ; mais ils ne purent en venir à bout, quelque effort qu'ils fissent ; ce qui prouve que ces précieux restes s'étaient conservés sans corruption70. Une autre marque dont Dieu s'est servi pour faire connaître la sainteté de sa Servante, et pour manifester la gloire dont elle jouit dans le Ciel, et le grand nombre de miracles faits en faveur de ceux qui, par une dévotion particulière, ont adressé leurs demandes à la pieuse Bergère. Comme il serait trop long d'en faire le détail, nous nous contenterons d'en rapporter quelques-uns. 66 Verbal du R.P. Morel, p2 et 3. Verbal du R.P. Morel, p3, n2. 68 Verbal du R.P. Morel, p4, n1. 69 Verbal de MM. Les Chirurgiens. 70 Verbal du R.P. Morel, p4, n2, et verbal de MM. Les Chirurgiens. 67 50 Anne Frégand, habitante de Pibrac, fut affligée des écrouelles en mil six cent soixante. Après avoir passé quatre ans dans cette infirmité, elle se détermina à se vouer à l'innocente Bergère : dès l'instant elle fut entièrement guérie, au grand étonnement de tous ceux qui, après l'avoir vue deux jours auparavant chargée d'ulcères, n'en apercevaient que les cicatrices. Elle les montra au R. P. Morel en lui donnant sa déposition, et elle protesta que depuis sa guérison elle n'y avait senti aucune douleur. Par une nouvelle faveur, la même, vingt ans après, recouvra subitement la vue, qu'une grande fluxion lui avait fait perdre à l'œil droit pendant environ dix-huit mois. En mil six cent soixante-dix, M. Roumenguère, Vicaire de Pibrac, étant tombé en paralysie universelle, se fit apporter dans l'Église auprès de la bière où était le Corps de Germaine, pour y implorer le secours de son intercession : il ne tarda pas à en ressentir les effets. Sa prière était à peine achevée, qu'il se leva plein de force et de santé. Animé d'une sainte reconnaissance, il dirigea ses premiers pas vers l'Autel, où il célébra la sainte Messe en présence de plusieurs personnes, qui ayant été les témoins oculaires du bienfait signalé qu'il venait de recevoir, voulurent se joindre à lui pour en rendre à Dieu leurs actions de grâces. Bernarde Roques, épouse d'un nommé Desclaux, habitant de Cornebarrieu 71, devint également paralytique de tout le corps à l'âge de douze ans elle resta dans cet état pendant quatre années, au bout desquelles, c'est-à-dire, en mil six cent soixante-dix-sept, ses parents la vouèrent à la pieuse Cousin, et la firent porter dans l'Église de Pibrac. Aussitôt qu'elle eut entendu la Messe, on l'approcha des Reliques ; dans le moment on la vit se lever sans aucun secours, et marcher librement dans tout le chemin qu'elle eut à faire pour revenir chez soi. Vers le milieu de l'année mil six cent quatre-vingt-huit, un homme appelé Jean Delaprat, habitant de Colomiers72, se confia à la vertueuse Bergère avec trois de ses enfants, savoir, un garçon de dix-huit ans, et deux filles, l'une de vingtdeux, et l'autre de vingt - trois. Depuis deux ans et demi ceux-ci étaient atteints des écrouelles, et déjà tout couverts d'ulcères. Pour accomplir leur vœu, ils allèrent entendre la Messe dans l'Église de Pibrac, après laquelle on leur permit d'approcher du cercueil de Germaine. Ils ne l'eurent pas plutôt touché, qu'ils furent soudainement guéris en sorte qu'il ne parut plus sur eux que les seules cicatrices de leurs plaies. On peut observer ici que le Seigneur semble avoir donné un pouvoir particulier à l'innocente Fille, de délivrer les autres de cette espèce de mal qu'elle eut à souffrir pendant sa vie, tant on en a vu multiplier les guérisons auprès de son tombeau. 71 72 Village a demi-lieue de Pibrac. Village à demi-lieue de Pibrac. 51 Le lecteur sera peut-être surpris qu'aucun des prodiges déjà exposés ne soit fixé par une date certaine ; mais on le prie de remarquer que les témoins qui déposent avec serment dans l'enquête du R. P. Morel, ne sauraient avancer que ce qu'une exacte mémoire peut leur fournir. Les faits qu'ils racontent, sont, par leur singularité, moins sujets à l'oubli, que le temps auquel ils sont arrivés : ainsi la suite des années peut bien avoir effacé de leur esprit l'idée de l'un, sans leur faire perdre le souvenir de l'autre ; l'expérience le prouve tous les jours ; peut- être même n'avaient-ils fait aucune attention à cette date, ou ils ne regardèrent pas comme intéressant cet article de leur déposition. Quoi qu'il en soit, l'ignorance du jour marqué d'un événement, n'en détruit point la vérité : du reste, ce défaut, si on peut dire que c'en est un, ne se trouve point dans les relations des miracles qui se sont opérés depuis ce temps-là ; nous en rapporterons ici quatre qui nous ont paru trop intéressants pour être omis. Le premier est en faveur d'un pauvre garçon sourd et muet, nommé François Tissinier, du lieu de Caubiac73 ; il était âgé d'environ vingt ans. Après avoir adressé ses vœux à la pieuse Bergère, il avait souvent demandé par signes à M. Bourguet, Prêtre et Vicaire de Léguevin, qu'il voulût bien aller dans l'Église de Pibrac avec lui, pour y célébrer la Sainte Messe à son intention. Ce fut le neuf de Juin mil sept cent deux que ses prières furent exaucées. Conduit où il avait désiré, il assistait au Saint Sacrifice, lorsque tout-à-coup il plut au Seigneur de lui rendre l'usage de l'ouïe et de la parole. Aussitôt après la Messe, il fut luimême dans la Sacristie, remercier le Prêtre de vive voix. Là il répondit à toutes les interrogations qu'on voulut lui faire, annonçant son nom, le lieu de sa naissance, et faisant connaître ses parents. Entre plusieurs témoins oculaires de ce prodige, on trouve M. le Comte de Pibrac, trois Prêtres et cinq autres personnes qui signèrent l'acte authentique qu'on en dressa le jour même. Le second miracle arriva le neuf de Septembre mil sept cent trois. Le sieur Jean Serres, âgé d'environ dix-huit ans, fils d'un Marchand de Toulouse, était devenu boiteux à la fin d'une maladie, par une rétraction de nerfs que la violence du mal lui avait fait souffrir à la jambe gauche. Cette incommodité l'obligeait depuis plus d'un an à se servir d'une jambe de bois, comme le certifièrent deux témoins, habitants de Toulouse. Le jeune infirme vint dans l'Église de Pibrac, au jour marqué ci-dessus pour accomplir un vœu qu'il avait fait, en se recommandant à l'intercession de la Servante de Dieu. Après avoir fait sa confession, et communié à la Messe, il vint lui-même s'adresser au Curé, et lui dire que Dieu avait écouté favorablement ses prières. Ensuite, en présence d'une foule de peuple, il quitta la jambe de bois, et on le vit marcher dans l'Église sans aucune difficulté. La même année Marie Pennetier, fille d'un Maître Fondeur de Toulouse, fut miraculeusement guérie de plusieurs maux. Depuis dix-huit ou dix-neuf ans, elle souffrait certaines douleurs qui ne paraissaient point avoir une cause naturelle. 73 Village à quatre lieues de Pibrac. 52 Elle était aussi sujette à de violents vomissements, et portait depuis environ six ans une plaie au côté gauche, qui avait été longtemps soignée par le sieur Rigues, Maître Chirurgien de la Ville, sans qu'elle se fût consolidée. Dans cet état pitoyable, la malade ayant fait vœu d'aller visiter le tombeau de Germaine, se sentit aussitôt guérie de sa plaie, et très soulagée de ses autres incommodités. Un mois après, c'est-à-dire, le seize Octobre mil sept cent trois, elle accomplit la promesse qu'elle avait faite, et fut parfaitement rétablie en santé. Ce n'est pas seulement en faveur des pauvres ou des personnes d'un état médiocre, que la pieuse Bergère a fait paraître le crédit qu'elle a auprès de Dieu. Quoiqu'on trouve plus communément parmi le peuple que parmi les grands du siècle, cette foi vive et simple, et cette persévérance constante dans la prière, qui sont des conditions nécessaires pour obtenir ce qu'on demande, elles ne sont pas cependant si rares dans le monde, qu'on ne les reconnaisse même dans plusieurs de ceux qui y occupent les places les plus distinguées. Ils ont recours à leur tour à des moyens surnaturels, ne pouvant recevoir des hommes l'objet de leurs désirs. Les Rois implorent le secours du pauvre Laboureur, et mettent le royaume sous sa protection 74 . Les Magistrats réclament l'intercession des Bergers. Dieu se plaît ainsi à faire connaître aux plus puissants, que leur honneur et leur autorité sur la terre, sont infiniment au- dessous de la grandeur et du pouvoir des Saints dans le Ciel : ainsi il élève ses Serviteurs autant qu'ils ont été inconnus et méprisés en cette vie. Qu'il est glorieux à notre Sainte de compter parmi ceux qui lui sont redevables de quelque faveur, Messire Lemazuyer, ancien Procureur-Général au Parlement de Toulouse ! Ce grand Homme, non moins illustre par son propre mérite et par les services qu'il a rendus au peuple et à l'État, que par la noblesse et la distinction de ses Ancêtres, a bien voulu lui - même laisser à l'Église de Pibrac le verbal de sa guéridon. Quoiqu'elle ne soit pas considérable en elle-même, les circonstances ne laissent pas de la rendre miraculeuse, et ce sage Magistrat n'a pas craint de la regarder comme telle. Nous la rapportons ici dans les mêmes termes qu'il a voulu nous la faire connaître. "Le huitième Juillet mil sept cent cinq, Messire Lemazuyer, ancien ProcureurGénéral en la Cour du Parlement de Toulouse, se serait transporté dans l'Église de Pibrac, pour y faire ses dévotions en actions de grâces, de ce que Dieu l'avait délivré soudainement, le mois de Juin dernier, des douleurs très violentes de la sciatique, qui le travaillaient depuis plusieurs jours, sans lui donner aucun relâche, et ce, dès aussitôt qu'il eut invoqué le Seigneur par les intercessions de la dévote Germaine, dont le Corps repose dans la Sacristie de notre Paroisse : ainsi nous l'a certifié, ayant bien voulu signer le présent verbal, comme contenant la vérité. Signé, Lemazuyer." 74 Philippe III, Roi d'Espagne, fut miraculeusement guéri par l'intercession de Saint Isidore, Laboureur, Patron de ce Royaume. 53 Beaucoup d'autres personnes ont reçu des bienfaits semblables à ceux que nous venons d'exposer et pour monument de leur guérison, ils ont laissé dans la Sacristie de Pibrac leurs béquilles, potences, etc. ou les représentations des membres dont ils avaient recouvré l'usage, comme autant de trophées du pouvoir de la pieuse Bergère. Depuis plus d'un siècle on en voit encore très souvent qui viennent auprès de son Tombeau pour remercier le Seigneur de ce que par l'intercession de cette sainte Fille, ils ont été délivrés de leurs maladies. Il n'est point de Village aux environs qui ne fournît plusieurs de ses habitants qui ont lieu de se féliciter des mêmes grâces. Combien surtout n'en trouveraiton pas dans la ville de Toulouse ? Mais le miracle permanent est la souplesse des membres et de la chair même du Corps de Germaine en plusieurs endroits, quoique plus d'un siècle et demi se soit déjà écoulés depuis sa mort. On le voit encore tel qu'il était quand on le déterra, c'est-à-dire, parfaitement entier, à quelque chose près, et uniquement desséché. Le coup que lui donna le Sonneur de cloches en la découvrant, emporta la partie du visage qui fut frappée. Les yeux et les cheveux lui manquent aussi. On est certain que les cheveux lui ont été enlevés75. C'est une tradition parmi les habitants de Pibrac, qu'il en est arrivé de même des yeux ; et la chose est très probable. Comment en effet, M. Dufour, le R. P. Morel ceux qui avaient vu déterré le Corps, et les Chirurgiens qui le vérifièrent, auraient-ils pu assurer qu'il était entier avec tous ses membres attachés les uns aux autres par leurs jointures naturelles, si les yeux en eussent été séparés ? Ce sont des parties auxquelles on ne saurait ne pas faire attention. La dévotion du peuple nous a encore privés de la chemise, de presque tout le suaire, et de la guirlande de fleurs qu'on trouva avec les Reliques. Cependant quelque grande idée que ces merveilles, et une infinité d'autres, aient donné au peuple sur la sainteté de Germaine Cousin, on n'a jamais permis à personne de l'honorer par un culte public, que les Supérieurs Ecclésiastiques, toujours guidés par la sagesse, ont défendu. On sait combien dans une matière aussi délicate, il faut user de réserve et de précaution. Tout ce qu'il est permis de souhaiter, est que le Seigneur daigne achever son ouvrage, en donnant à l'Église par le jugement du Saint Siège une nouvelle Sainte, à qui il ne manque que le suffrage de cette autorité, afin qu'elle soit honorée comme telle. C'est ainsi que la vertu est immortalisée, tandis que la gloire du monde périt avec lui. Les grandeurs mondaines, leurs titres pompeux, leurs vains honneurs, vont s'ensevelir dans le tombeau avec ceux qui en ont été revêtus mais la sainteté éternise la mémoire de ceux qui l'ont pratiquée : elle fait revivre leurs cendres, et porte leur nom jusqu'aux extrémités de la terre. Dans quelque condition qu'ils aient été, peu importe : la vertu est également belle partout où elle se trouve ; elle mérite partout la même récompense. 75 Enquête, p35, n2. 54 Que les pauvres reconnaissent donc ici le moyen de se procurer le véritable bonheur, et que les Riches, les Grands du siècle apprennent que l'innocence est le seul bien solide, et la seule véritable grandeur. FIN APPROBATION DES DOCTEURS. J'AI lu avec attention un Manuscrit intitulé : La Vie de Germaine Cousin, Bergère, morte en odeur de sainteté dans la Paroisse de Pibrac, Diocèse de Toulouse, et je n'y ai rien trouvé qui soit contraire à la foi ni aux bonnes mœurs, et qui ne puisse contribuer à l'édification des fidèles. À Toulouse, ce 27 Juillet 1764. MONTGAZIN, Professeur Royal de Théologie, et Chantre de l'Église de Saint Sernin. J'AI lu le Manuscrit ci-dessus, intitulé : La Vie de Germaine Cousin, Bergère, morte en odeur de sainteté dans la Paroisse de Pibrac, Diocèse de Toulouse, et je l'ai confronté avec les actes cités au bas de la page ; je n'y ai rien trouvé de contraire à la foi et aux bonnes mœurs, ni qui m'ait paru destitué des preuves capables de faire impression sur de bons esprits. À Toulouse, ce 11 Décembre 1763, F. R. LAVEYRIE, Professeur Royal de Théologie. J'AI aussi lu le Manuscrit ci-joint, intitulé : La Vie de Germaine Cousin, Bergère, morte en odeur de sainteté dans la Paroisse de Pibrac, Diocèse de Toulouse, et l'ai confronté avec les pièces originales, citées au bas de la page : je n'y ai rien trouvé de contraire à la foi ni aux bonnes mœurs. À Toulouse, ce 20 Janvier 1764, F. PLANTAU, Augustin, Professeur Royal de Théologie. J'AI lu avec attention le Manuscrit intitulé : La Vie de Germaine Cousin, Bergère, morte en odeur de sainteté dans la Paroisse de Pibrac, au présent Diocèse de Toulouse, et après l'avoir confronté avec les pièces originales , citées au bas de chaque page je n'y ai rien trouvé de contraire à la foi ni aux bonnes mœurs. A Seysses, le 3 Août 1764. LEMERCIER, Docteur en Théologie et Curé de SeyssesTolosanes. Permis l'impression, ce 10 Juillet 1781 LARTIGUE, Juge-Mage. L'ouvrage de l'Abbé Jacques Francès nous semble le plus authentique. 55 Année 1828 Béatification et Canonisation de la Vénérable Servante de Dieu Germaine Cousin, Vierge, laïque, du village de Pibrac. Les témoignages et articles écrits ci-dessous présentent les témoignages recueillis par le R.D. Jacob ESTRADE, de l'Église Métropolitaine de Toulouse en l'honneur de la cause pour la béatification et la canonisation de la Vénérable Servante de Dieu, Germaine Cousin, qui a été nommé postulateur d'une manière spéciale, pour enseigner au sujet de prétendus miracles par D. O. M. dus à l'intercession de la V.S.D., etc. 1°- Suivant la vérité la nommée Jacquette Catala de Jean Catala et de Louise Morens mariés, habitants de Toulouse a été instantanément guérie par l'intercession de la Vénérable Servante de Dieu Germaine Cousin, d'un Rachitis qui avait résisté à tous les remèdes. Cette guérison miraculeuse a eu lieu en 1828, le douze du mois de Mai, comme le déposeront les témoins bien informés en indiquant avec précision les sources où ils auront puisé la connaissance de ce qu'ils certifieront à cet égard. 2°- Suivant la vérité, le père et la mère de la dite Jacquette sont d'un tempérament sec et bilieux76 sanguin et n'ont jamais été atteints d'aucune maladie congénère, leur constitution 76 Bilioso dans le texte 56 est bonne, sauf que la mère à cause de la fatigue qu'elle prend en faisant le métier de Matelassière, et de la poussière qu'elle est obligée d'avaler en battant les laines, a la poitrine très délicate comme les déposeront. 3°-Suivant la vérité, Jacquette naquit à terme mais d'un accouchement laborieux ; sa mère avait une grossesse pénible ; elle en attribue la cause à un très grave trouble qu'elle éprouva dans cette circonstance à l'occasion d'un vol considérable qui lui fut fait, comme le déposeront. 4°-Suivant la vérité Jacquette a eu la petite vérole naturellement à l'âge de trois mois ; elle en guérit si parfaitement que cette maladie ne laissa pas même de traces, pas plus aux pieds et aux jambes qu'au reste du corps ; elle devint très ingambe et alerte, si bien qu'à l'âge de huit mois, cette jeune enfant marchait seule ; elle n'a jamais eu de croûtes de lait, sa peau a toujours été entièrement saine et délicate ; sa mère seule l'a allaitée comme le déposeront les témoins. 5°-Suivant la vérité, Jacquette Catala a l'âge de onze mois 77 , c'était en 1823 78 , vers l'entrée de l'hiver, fut atteinte du Rachitis, dont il est actuellement question. Sa Mère observe que dans l'été précédent, les chaleurs ayant été excessives, sa grand-mère 79 , pour l'y soustraire un peu la conduisait dans une église ou régnait une grande fraîcheur, et où cet enfant courait çà et là pendant toute la soirée, comme le déposeront. 6°- Suivant la vérité dès l'invasion du Rachitis, les genoux et les chevilles des pieds se gonflèrent extraordinairement, les pieds se tournèrent entièrement en dehors, les jambes diminuèrent et s'amaigrirent à ce point qu'elles devinrent comme deux petits bâtons80. Cette atrophie s'étendit même jusqu'à moitié cuisse. Comme le déposeront. 7°- Suivant la vérité, de ce moment elle ne pût plus faire aucun usage de ses jambes ; elles furent entièrement sans mouvement, et non seulement la progression et la station lui devinrent impossibles, mais elle ne pouvait plus se soutenir même avec le secours des béquilles. Comme le déposeront. 8°-Suivant la vérité, pendant tout le temps du Rachitis, elle fut en proie à une fièvre lente dont elle était déjà atteinte même avant que les symptômes de ce Rachitis se fussent manifestés ; cette fièvre, du reste, a été commune au même âge à tous les enfants de cette famille ; les médecins en trouvaient la cause en ce que la mère qui faisait un métier très fatiguant avait l'habitude de boire de l'eau fraîche en sueur avant de les allaiter. Comme le déposeront. 9°- Suivant la vérité à cette fièvre près, Jacquette n'a pas eu d'autre maladie pendant le cours de son infirmité ; son ventre se gonflait, il est vrai, de temps en temps ; elle était aussi 77 Note de Marge : 18 ou 19 mois Note de Marge : 1822 79 Note de Marge : sa Tante et Marraine 80 Note de Marge : 6° à 9° inclus = symptômes et caractère de la maladie. 78 57 sujette quelque fois mais rarement à des diarrhées qui disparaissaient per le moyen de la boisson de la tisane de Gomme. Elle n'a jamais été atteinte d'aucune affection scorbutique ni de toux catarrhale ni enfin on n'a jamais remarqué de défectuosité ni courbure à l'épine dorsale. Comme le déposeront. 10°- Suivant81 la vérité, aucun médecin n'a été consulté pendant le temps du Rachitis ; la mère de la petite infirme n'a jamais suivi le traitement interne comme pour le traitement externe que ses propres idées ou les conseils que lui suggéraient les bonnes femmes du voisinage, témoins de son affliction, et du triste état de son enfant ; ainsi on chercha d'abord à provoquer des sueurs excessives et pour cela tantôt on mettait la petite dans un chauffoir ou on lui faisait des fumigations avec de l'encens mâle et du carabé (??) en poudre, tantôt on la plaçait dans de la fougère bien chaude ; on la mettait aussi dans du son brûlant et sortant du four ; on la frictionnait avec l'eau d'herbes médicinales fortes ; on l'enveloppait encore dans des linges trempés dans cette eau ; ces divers traitements pour la plupart très violents et employés successivement sans connaissance et sans discernement, bien loin d'obtenir d'avantageux résultats ne firent qu'aggraver le mal. Comme le déposeront. Année 1840 L'histoire officielle de Germaine Cousin se résumait à ceci : Histoire de Germaine avant la Béatification Germaine Cousin naquit à Pibrac dans le Diocèse de Toulouse l'an 1579, de Parents pauvres mais honnêtes ; elle fût affligée dès l'enfance de graves infirmités, qui la rendirent très odieuse à une marâtre cruelle ; on l'appliqua à la garde des troupeaux. Prévenue de Grâce toute particulière, elle se sanctifia d'une manière admirable dans cette Profession et son attrait pour l'oraison, son recueillement continuel, sa Piété tendre et solide, sa charité héroïque envers les Pauvres, sa patience admirable au milieu des souffrances et des mauvais traitements, la Pratique en un mot de toutes les vertus chrétiennes et de son humilité qui fut gratifiée du don du miracle, lui attirèrent la vénération de ses contemporains, surtout vers la fin de sa vie, qui fut très courte ; elle s'endormit paisiblement dans le Seigneur vers l'an 1601. 81 Note de Marge : Traitement interne et externe ; leur inefficacité. 58 La toute-puissance de Dieu visita ses ossements miraculeusement préservé de la corruption, reconnu et relevé 40 ans après sa mort. Depuis cette époque, il s'est opéré et il s'opère encore très souvent des prodiges à son tombeau où une tendre dévotion attire un grand concours de fidèles, non seulement du Diocèse de Toulouse mais encore des Diocèses circonvoisins et de plusieurs autres encore beaucoup plus éloignés. L'Illme et Bme Mgneur D'Astros archevêque de Toulouse croyant voir dans ce concours étonnant (du mois de mai au mois de novembre 1844, on a compté 40 mille Pèlerins) et dans ces prodiges les multipliés (dans ce même intervalle, il s'est fait 15 ou 20 guérisons miraculeuses, dont deux surtout extrêmement éclatante et avouée par le médecin le plus distingué de Toulouse) manifestation de la volonté de Dieu pour la gloire de sa Pieuse Servante a nommé deux commissions ecclésiastiques pour faire l'après les saintes règles de l'Église, deux informations l'une sur la réputation de sa sainteté, la vertu et les miracles de Germaine et l'autre sur le non culte. Ces deux procédures terminées, un des chanoines de la métropole a été député à Rome pour en porter le résultat à la Sacrée Congrégation des Rites et pour solliciter du Saint- Siège, l'introduction de la cause de la Béatification de cette sainte Bergère. On peut dire que cette cause semble être devenue un cause nationale ; presque tout le midi de la France s'y intéresse ; plus de vingt archevêques ou Évêques qui ont adressé au Pape les lettres Postulatoires à cet égard, témoignent pour la plupart n'être dans leur supplique que les organes de leurs Diocésains ; chercher donc à hâter l'introduction de cette cause, c'est sans contredit seconder les vœux les plus ardents des fidèles de toutes ces contrées qui soupirent après le moment où ils pourront vénérer sur les autels celle qu'ils regardent déjà comme leur Patronne et leur Protectrice. Ils désirent d'autant plus ce résultat heureux, que leur dévotion est actuellement gênée et comprimée par quelques mesures que le vénérable Prélat de Toulouse à Prises pour se conformer aux sages décrets des 59 Souverains Pontifes ; il y a eu même à Pibrac à cette occasion une émeute excitée par un zèle indiscret qui a failli avoir des résultats déplorables et pour laquelle la Justice informe à Toulouse en ce moment ! 1840 – Reconnaissance des reliques… Il m'a suffi d'un coup d'œil rapide sur toutes les pièces osseuses qui m'ont été présentée pour reconnaître que plusieurs manquent, je les ferai connaître plus tard, ce qui m'a surtout frappé c'est le caractère particulier de la tête. Celle-ci offre tous les caractères de la vieillesse ainsi : l'ossification des sutures, qui unissent entr'elle les différentes pièces osseuses du crâne, est complète et ne pourraient être désarticulées par aucun des moyens que l'anatomie emploie dans de pareil cas. Les deux mâchoires sont complétement privées de dents ; il ne reste plus même de trace des alvéoles, des dents molaires et même ses dents laniaires,(canines) quelques restes des alvéoles des dents incisives sont encore très visibles ; je dois surtout noter le dessèchement et en quelque sorte l'amincissement de la mâchoire inférieure par tous ces caractères, je crois devoir affirmer que la dite tête n'appartient pas au corps d'un jeune sujet. Je dois dire le contraire du reste des ossements que je vais successivement énumérer, lesquels sont positivement ceux d'une jeune fille. J'ajoute que les restes des parties molles qui existent encore, quoique desséchées et se réduisant en poussière, sont pour moi un caractère de conservation peu ordinaire. Les vingt-quatre côtes sont bien conservées, à l'exception d'une côte flottante. La colonne vertébrale n'est pas complète ; il manque trois vertèbres dorsales, et six cervicales, parmi lesquelles manquent la première, la seconde et celle appelée proéminente. Les dernières vertèbres dorsales et toutes les lombaires sont plus ou moins recouvertes de partie molle desséchée et tombant en poussière. Les membres supérieurs sont à peu près complets, c'est-à-dire qu'il existe deux humérus, deux radius, et deux cubitus. La main gauche manque entièrement ; la droite est incomplète. Il y manque tous les os du corps à l'exception d'un pisiforme et d'un cuboïde = il n'y a qu'un os métacarpien ; = toutes les premières phalanges existent = il manque toute les secondes et il n'existe qu'une seule troisième = le bassin est complet et s'articule naturellement et avec les deux fémurs qui existent = ces dernières pièces osseuses sont recouvertes d'une assez grande quantité de parties molles desséchées tombant en poussière = les jambes sont dans un état complet ; elles ont par conséquent deux rotules, deux tibias, et deux péronés = il n'existe que des vestiges des pieds ; savoir : un calcanéum, deux astragales, deux scaphoïdes, un cunéiformes, un reste d'os du tarte et qu'on ne peut désigner, quatre métatarsiens et deux phalanges = [Plus séparée des parties osseuses quinze ou seize principaux fragments des parties musculaires ou appone phrotiques [terme exact??] desséchés. 60 Le squelette dont je suis chargé de faire la vérification, considéré dans son ensemble, et dans le plus grand nombre de ses parties, a appartenu à un sujet adulte et jeune du sexe féminin ; une exception doit être faite pour la tête, qui offre les circonstances suivantes : 1 elle est entièrement dépourvue de vestiges de parties molles ; 2° les os qui la composent et surtout le maxillaire inférieur offrent une consistance de beaucoup supérieure à tous les autres os du squelette. 3° Les sutures qui unissent entre eux les divers os du crâne sont complétement ossifiée ; 4° les os maxillaires supérieurs ne présentent aucune trace d'alvéole pour les dents molaires et canines ; il n'en existe que pour les dents incisives. Il en est absolument de même pour l'os maxillaire inférieur, qui se trouve fixé dans les cavités articulaires à l'aide d'un ruban de fils, et dont en outre les protubérances mentoniaires sont excessivement proéminentes. Si je rapproche ces circonstances des suivantes constatées sur le reste du squelette à savoir : 1° l'existence de parties molles desséchées qui est surtout remarquable dans le bassin et dans les membres inférieurs, particularité qui indique une conservation prolongée au-delà du terme ordinaire. 2° la division du sternum en deux parties et l'état complétement cartilagineux de la partie inférieure de cet os. 3° le peu de volume des deux rotules maintenues dans leur ligament qui sont denses et consistants. 4° enfin la présence d'une épiphyse détachée de son extrémité osseuse et trouvée parmi des débris des parties molles desséchées ; je crois pouvoir affirmer en m'appuyant sur les données les plus positive de la science, que la tête a appartenu à un vieillard, tandis que tout le reste du sujet appartient, comme je l'ai déjà dit à un sujet jeune et du sexe féminin.. Je mentionne en dernier lieu une circonstance qui confirme l'enlèvement de la tête appartenant au sujet et la substitution d'une tête étrangère ; c'est l'absence des premières vertèbres cervicales qui avaient du rester articulées à la tête enlevée. Venant ensuite au détail, j'ai trouvé le sternum entier, divisé en deux pièces ; son appendice terminal est très distinct ; les douze cottes de chaque côté ; neuf vertèbres dorsales ; les cinq vertèbres lombaires ; le sacrum complet ; les deux os causaux ou iliaques naturellement articulés ; les deux omoplates et les deux clavicules parfaitement intactes ; les deux humérus ; les deux cubitus ; les deux radius ; le scaphoïde droit ; le pyriforme droit ; quatre os métacarpiens ; cinq première phalanges du côté droit ; une deuxième phalange encore du côté droit ; la main gauche manque en entier ; les deux fémurs naturellement articulés ; les deux rotules avec leurs ligaments ; les deux tibias ; les deux péronés ; un calcanéum ; les deux astragales ; les deux scaphoïdes ; un cunéiforme ; quatre métatarsiens une première phalange ; un os fracturé que je crois appartenir au pied, mais que je n'ai pu classer ; enfin quinze principaux fragments informes de parties musculaires ou aponévrotiques desséchés et parmi lesquels s'est trouvée l'épiphyse mentionnée plus haut. 61 Année 1841 L'édition de 1841 est semblable en tous points à la version de 1745. Seul le passage de la page 53 ci-dessus écrit à l'encre violette a été supprimé. 62 Le dit passage été supprimé car le corps de Ste Germaine avait été profané en 1793 par des Révolutionnaires indignes qui tentèrent de détruire ce saint corps.82 Le récit se poursuit : Cependant, quelque grande idée que ces merveilles, et une infinité d'autres, aient donnée au peuple sur la sainteté de Germaine Cousin, on n'a jamais permis à personne de l'honorer par un culte public, que les supérieurs ecclésiastiques, toujours guidés par la sagesse, ont défendu. On sait combien dans une matière aussi délicate, il faut user de réserve et de précaution. Tout ce qu'il est permis de souhaiter, est que le Seigneur daigne achever son ouvrage, en donnant à l'Église, par le jugement du Saint-Siège, une nouvelle Sainte, à qui il ne manque que le suffrage de cette autorité, afin qu'elle soit honorée comme telle. C'est ainsi que la vertu est immortalisée, tandis que la gloire du monde périt avec lui. Les grandeurs mondaines, leurs titres pompeux, leurs vains honneurs, vont s'ensevelir dans le tombeau avec ceux qui en ont été revêtus ; mais la sainteté éternise la mémoire de ceux qui l'ont pratiquée : elle fait revivre leurs cendres, et porte leur nom jusqu'aux extrémités de la terre. Dans quelque condition qu'ils aient été, peu importe : la vertu est également belle partout où elle se trouve ; elle mérite partout la même récompense. Que les pauvres reconnaissent donc ici le moyen de se procurer le véritable bonheur, et que les riches, les grands du siècle apprennent que l'innocence est le seul bien solide et la seule véritable grandeur. 82 On atteignit ainsi les funèbres jours de 1793. L'impiété régnant en souveraine s'appliquait à soustraire à la vénération des fidèles et à détruire tout ce qui avait un caractère religieux. Elle voulut anéantir le corps de la sainte Bergère, qui s'était conservé jusque-là dans une intégrité parfaite, tel qu'on l'avait trouvé cent cinquante ans auparavant, lors de sa miraculeuse exhumation. Un fabricant de vases d'étain, membre du district révolutionnaire de Toulouse, le trop fameux Toulza, dont le nom est resté couvert de l'exécration publique, se chargea de cette opération sacrilège. Quatre hommes au village furent requis pour l'aider. L'un d'eux se sauva, les autres consentirent volontiers à l'ingratitude et à l'infamie qu'on leur demandait. Après avoir retiré le corps de la caisse en plomb, qui fut confisquée pour faire des balles, ils l'enfouirent dans la sacristie même, et jetèrent dessus en abondance de l'eau et de la chaux vive, afin d'en assurer la prompte et complète dissolution. Un prompt châtiment frappa ces trois misérables : l'un fut paralysé d'un bras, l'autre devint difforme, son cou se raidit et lui tourna hideusement la tête vers l'une des épaules ; le troisième fut atteint d'un mal aux reins, qui le plia pour ainsi dire en deux, l'obligeant à marcher le corps entièrement vers la terre. Ce dernier porta son infirmité au tombeau. Les deux autres, plus de vingt ans après, recoururent humblement à l'innocente vierge, dont ils avaient si indignement profané les précieux restes, et obtinrent leur guérison de ses prières et de la clémence de Dieu. (R.P. François Giry 1860) 63 Le Seigneur continue d'opérer des prodiges par l'intercession de la pieuse Bergère. L'on ne peut pas faire le détail de ceux qui ont eu lieu par le passé, parce que peut-être on n'a pas eu le soin d'en tenir des notes, ou parce qu'elles se sont perdues. On se contente de rapporter les suivants, comme étant les plus remarquables. On peut ajouter à l'enquête du Père Morel, la liste des nouveaux miracles énoncés dans l'édition de 1841. Le 4 août 1820, Jeanne-Marie Laporte, âgée de seize ans, demeurant à la maison des orphelines à Toulouse, était depuis longtemps percluse de ses jambes ; elle fut portée au tombeau de la Bienheureuse. Elle reçut la sainte communion avant la messe, parce qu'on craignait qu'elle ne tombât en défaillance, si elle l'eut l'ait plus tard. Au sanctus, elle se sentit assez de force pour se mettre seule à genoux, et elle garda cette posture jusqu'à la fin de la messe. Elle se rendit ensuite auprès des reliques sans le secours de personne, pour remercier Dieu de la guérison qu'elle venait d'obtenir. Le 9 août 1820, dame Delor née Nombel, de Castelnaudary, vint au tombeau de la pieuse Germaine, pour rendre grâces à Dieu de la guérison d'une maladie longue et dangereuse, et reconnaissant qu'elle était redevable de cette grâce à l'intercession de la Bienheureuse, elle déposa la béquille à l'aide de laquelle elle avait marché pendant son infirmité. Le 8 novembre 1820, Marie Dubois, veuve d'Arnaud Belou, habitante de Villate, vint visiter le corps de la Bienheureuse, et remercier Dieu de ce que, par l'intercession de la pieuse Bergère, elle avait recouvré sa santé, et qu'elle avait été délivrée des douleurs violentes d'estomac qu'elle avait souffertes pendant dix-huit ans, sans que les remèdes y apportassent du soulagement : reconnaissant que Dieu avait daigné exaucer ses prières, elle vint faire sa dévotion à l'église de Pibrac, et y laissa un gage de sa gratitude. Le 25 juillet 1821, Jeanne Cazes, âgée d'environ douze ans, habitante de Toulouse, paroisse de la Daurade, entièrement percluse, fut portée à Pibrac pour acquitter un vœu qu'on avait fait pour elle. Peu de jours après, ses parents envoyèrent les béquilles qui avaient servi à cette enfant, comme une preuve de sa guérison, et un témoignage de leur reconnaissance. Pierre Pratviel, habitant de Pinsaguel, âgé d'environ dix-huit ans, affligé depuis plus de deux ans d'un rhumatisme aux cuisses et aux jambes, qui le rendait perclus , ayant eu recours à la Bienheureuse, fut porté à son tombeau, le 18 octobre 1822, fit sa dévotion à la messe qu'il entendit : il obtint la faveur qu'il avait tant désirée, et il laissa ses crosses pour preuve de sa guérison. Pierre Boubènes, habitant de Toulouse, au quartier de Saint-Simon, atteint d'une infirmité aux genoux, qui l'empêchait de marcher depuis longtemps, fut porté à Pibrac le 3 novembre 1822, et ayant obtenu sa guérison, il revint, le 7 avril 1828, déposer ses béquilles, qui lui étaient devenues inutiles. Le 29 juin 1823, Rose Avoy, femme d'un charpentier de bateaux de canal, ayant obtenu la guérison de douleurs rhumatismales dont elle souffrait depuis plusieurs années, vint remercier Dieu ; et reconnaissant qu'elle était redevable de cette faveur aux prières de la pieuse Bergère, elle laissa ses béquilles au pied de son tombeau. 64 En 1823, une cure des plus merveilleuses, due à l'intercession de sainte Germaine, a frappé toute la contrée, depuis Montpellier jusqu'à Barèges. C'est ainsi que commence le récit historique de la maladie de M. Achille Tandol et de sa guérison ; cet écrit nous ayant été envoyé par le père de ce jeune homme, nous nous faisons un devoir de le publier. En juillet 1820, Achille Tandol, fils de M. Tandol, directeur du canal du Midi à Béziers, était, à la suite d'une maladie des plus aiguës qu'il avait éprouvée dans cette ville à l'âge de 14 ans, resté dans un état complet de paralysie depuis les reins jusqu'à l'extrémité de la plante des pieds, par une contraction de nerfs si forte, que les deux cuisses étaient restées totalement écartées, les deux jambes collées aux cuisses, et les pieds collés de bas en haut, sans qu'aucune force humaine ou mécanique eût pu les ramener dans leur état primitif. Six médecins, consultés à Montpellier ou dans d'autres villes circonvoisines, avaient, après 18 mois de cet état, déclaré que le mal était sans remède. M. Viguerie, fameux chirurgien à Toulouse, avait a dit formellement que ce jeune homme ne serait jamais à qu'un tronc, qu'un cul-de-jatte ; qu'il fallait s'attendre à ce qu'il fut porté toute sa vie sur une civière, attendu que les ressources de l'art n'offraient aucun remède. Dans cet état désespéré et d'abandon de la part de tous les médecins, le père contristé jusqu'au fond de l'âme de cet état, ainsi que des violentes douleurs que son fils éprouvait, et qu'il manifestait parfois par des a cris épouvantables, ne laissa pas ignorer aux médecins que, puisque leur art était en défection, il allait se tourner et tourner les vues de son fils du côté de la miséricorde divine. L'enfant avait entendu parler de sainte Germaine ; plein de confiance, il demanda d'être porté à Pibrac. On profita du voyage qu'il fit à Barèges, en 1821, et de son retour des eaux, qui n'avaient produit aucun effet. En 1822, on invoqua les prières du prince Hohenlohe83, qui en avait indiqué pour le 25 juillet. Le malade, à son retour des eaux, fit sa dévotion à Pibrac. I1 y avait encore très peu d'amélioration dans son état. Le 23 décembre de la même année, on unit des prières à celles qu'on avait réclamées de nouveau du prince. Le malade avait toujours la plus grande confiance en sainte Germaine, et faisait marcher toujours de pair ses prières avec celles du saint prêtre, prince de Hohenlohe. Cependant, après la Noël, les jambes parurent se détendre, et déjà dans les premiers jours de janvier 1823, le désespéré pouvait s'appuyer faiblement à terre, et se tenir suspendu en l'air sur des crosses, sans néanmoins pouvoir faire aucun mouvement, ses jambes étant floches comme du coton, et paraissant appartenir à un corps étranger. Cet état s'améliorant journellement, il put, au bout de trois mois, marcher le corps ployé, et au bras d'une personne. En juin 1823, le fils, accompagné de son père, revint à Pibrac, où ils entendirent la messe, et le paralytique ressuscité put aller seul et sans secours jusqu'au tombeau de sainte Germaine, où il déposa ses crosses. 83 Léopold Alexander 1794-1849 prince de la branche catholique des Hohenlohe, ordonné prêtre en 1815, évêque en 1844. Il était thaumaturge. 65 Il arriva dans cet état à Barèges, où tous les baigneurs, chauffeurs, médecins, etc. qui avaient désespéré les années précédentes de sa guérison, accoururent pour voir en lui un prodige. Il continua en effet tellement, et sous de si bons auspices, que déjà il marchait seul et sans appui. À son retour, en septembre, les personnes qui l'avaient vu les années précédentes à Tarbes, Auch, Toulouse, Castelnaudary, Carcassonne, Trèbes, frappées de cet état de guérison, accouraient et se plaisaient à publier la toutepuissance divine. À Béziers surtout, où son état d'infirmité avait singulièrement frappé pendant plus de deux ans et demi tous les esprits, on se porta en foule au-devant de lui à son arrivée dans cette ville, où tous, en le voyant sauter comme le plus agile des jeunes gens, s'écriaient au miracle, et aimaient à dire : le Seigneur lui a ordonné d'emporter son grabat ; d'autres : l'Ange a été envoyé pour lui remuer les eaux de la piscine de Siloé. Puisse cette guérison, qui est frappée au coin d'une protection spéciale de la miséricorde divine, convaincre, dans ce siècle de mécréants, les incrédules qui, vouant tout au hasard, se plaisent à méconnaître le doigt de Dieu sur toutes choses ! Pour nous, témoins de la résurrection, on peut dire miraculeuse, de notre fils, et délivrés d'un chagrin mortel, nous nous plaisons à dire, au sujet de la miséricorde divine : Nunc dimitis etc., à publier à jamais son intime bonté, l'adorer, et lui témoigner nos sentiments de la plus juste reconnaissance jusqu'au dernier moment de notre vie. Attesté par nous père de l'Enfant. À Béziers, le 1er mai 1824. TANDOL, signé. » Le 22 mai 1824, Antoinette Escudié, femme Fraysse, habitante de Saint Jeande-Kyrie-eleison, vint déposer ses béquilles, et remercier Dieu de la guérison qu'elle avait obtenue par l'intercession de la pieuse Bergère, et elle remit les attestations suivantes : "Je soussigné, déclare que la nommée Antoinette Fraysse, née Escudié, a resté chez moi, l'espace de seize mois, percluse de tous ses membres ; que son mal a résisté à tous les remèdes qu'on a pu lui administrer ; ce que voyant, elle eut l'inspiration de se vouer à sainte Germaine de Pibrac. Elle s'y rendit, et à son retour elle se trouva mieux, abandonna ses béquilles, et depuis elle marche parfaitement. En foi de quoi, à Toulouse, le 18 mai 1824. JOURNÉS, signé." "Nous, adjoint à M. le Maire de l'Union, ou Saint-Jean-de-Kyrie-eleison, certifions tous les dires et la signature de M. Journés ci-dessus véritables, pour avoir vu ladite Antoinette Escudié dans l'état ci-dessus mentionné. À la Mairie de l'Union, le 22 mai 1824. Signé SOULIGNAC, Adjoint." "Je. Curé soussigné, certifie être vrai tout ce que contient ce papier. En foi de ce, à Saint-Jean-de- Kyrie-eleison, 22 mai de 1824. Signé GUERRERO, Prêtre espagnol et Curé." 66 Le 27 mai 1825, Jacques Cazeneuve, habitant de la ville d'Auch, se fit porter à l'Église de Pibrac pour demander à Dieu, par l'intercession de la sainte Bergère. La guérison des douleurs rhumatismales dont il était atteint ; et pendant qu'il faisait sa prière devant le saint Sacrement, il obtint la faveur qu'il désirait, au point qu'à l'instant même il put aller seul au tombeau de la bienheureuse, et se retirer à pied et sans secours, ce qu'il ne pouvait faire auparavant. Le 3 juillet 1826, il s'est opéré dans notre église un miracle bien reconnu, et qui prouve que Dieu se plaît à écouter favorablement les prières de sa digne servante. Jeanne Durand, habitante de Toulouse, paroisse Saint-Etienne, souffrait, depuis 1821, de vives douleurs dans les jambes, qui la réduisirent à l'état le plus déplorable. Son mal empira, de manière qu'en 1823 elle ne pouvait plus marcher, et qu'elle fut obligée de demeurer dans son lit. Voyant que son infirmité résistait à tous les remèdes qu'on lui administrait, et que les plaies lui causaient des douleurs si aiguës qu'elle ne pouvait plus dormir, elle implora avec la plus grande confiance l'intercession de la bienheureuse Germaine, et elle forma le dessein de venir visiter ses reliques, aussitôt que son état le lui permettrait. Ayant reçu une petite croix qui avait touché au corps de la Sainte, elle l'appliqua à un genou, et à l'instant ses douleurs se calmèrent, et elle s'endormit. Le 2 juillet, s'étant munie d'une béquille et d'un bâton, elle alla à l'église métropolitaine pour se disposer, par le sacrement de Pénitence, à la sainte communion qu'elle était dans l'intention de venir faire à l'église de Pibrac, où elle se fit transporter le lendemain. On la conduisit auprès du sanctuaire, auprès d'un grand Christ qui est à la balustrade ; elle fut frappée en le voyant, et sa première pensée fut de s'humilier profondément à la vue du signe adorable de notre rédemption. Elle assista au saint sacrifice de la messe, et au nobis quoque peccatoribus, elle eut l'idée de nommer Germaine parmi les Saints dont l'Église réclame les suffrages, et, dans ce moment, une sueur abondante sortit de tout son corps ; elle éprouva un tremblement extraordinaire dans tous ses membres, et, après un mouvement qui se fit dans ses jambes, elle put se mettre à genoux, s'étant tenue jusqu'alors debout appuyée au dossier d'une chaise. Quand le temps de communier fut arrivé, sa mère voulut l'aider à se lever et aller à la sainte table ; mais elle refusa ce secours, et laissant à côté de la chaise le bâton et la béquille, elle monta seule les degrés du sanctuaire, et en descendit de même. Tous ceux qui étaient dans l'église furent témoins de ce prodige. Après la messe, cette fille s'empressa d'aller se prosterner devant le tombeau de la Bienheureuse, et elle y laissa sa béquille pour preuve de sa guérison. Jean Gleyses, habitant de Cintegabelle, avait souffert pendant deux ans des humeurs froides au bras gauche, qui lui avaient causé des plaies qu'on regardait comme incurables. Ce jeune homme vint l'an passé implorer la protection de la pieuse Bergère, et ayant obtenu depuis l'effet de ses prières, il est revenu le 20 août de la présente année, pour remercier Dieu de la faveur qu'il a daigné lui accorder. Le même jour, Anne Catier, épouse de Pierre Arnaud, habitant de la paroisse de Saint-Paul-d'Auterive, atteinte, depuis environ trois ans de douleurs violentes à la cuisse droite qui l'empêchaient de marcher, nous a déclaré que, s'étant recommandée à la bienheureuse Germaine, elle a obtenu sa guérison sans avoir fait aucun remède, et qu'elle a pu se transporter ici, en marchant nu-pieds 67 pendant toute la route. Elle a entendu la sainte messe, et elle y a communié en action de grâces du bienfait qu'elle a reçu de la divine bonté. Le 6 juin 1825, Antoine-Célestin Toubels, âgé de treize mois, natif de Montauban, fut porté par sa mère pour demander à Dieu, par l'intercession de la sainte Bergère, la guérison des plaies dont tout son corps était couvert, à cause du mauvais lait qu'il avait sucé. Le lendemain les croûtes commencèrent à tomber, et au bout de huit jours, l'enfant fut totalement guéri. Ses parents reconnaissants de ce bienfait, sont venus le 7 juin 1826, portant ledit enfant, et nous ont prié de faire parvenir ce prodige à la connaissance du public. Marie Raymond, de Toulouse, paroisse St Jérôme, percluse des jambes, fut offerte à la Bienheureuse, et elle obtint une si parfaite guérison, qu'elle n'eut plus besoin de béquilles, sans lesquelles elle ne pouvait faire un pas, et qu'elle laissa ici le 24 juin 1826. Louis Massot, âgé de trois ans, natif de Saint-Clar, canton et arrondissement de Muret, fut attaqué du rachitis dès sa naissance. Cet enfant croissait, mais il ne pouvait ni se tenir debout, ni marcher. Le père et la mère, affligés de cet état, firent vœu de le recommander à la pieuse servante de Dieu, Germaine Cousin ; ils le portèrent à l'église de Pibrac dans le mois de juin 1826, et un mois et demi après, l'enfant dit à sa mère qui l'habillait à son lever, que sainte Germaine lui avait dit qu'il marcherait le même jour ; et en effet la mère l'ayant habillé, l'enfant marcha, et marche depuis sans avoir besoin d'aucun soutien. Ce fait est atteste par M. Gineste, curé de Cambernard, et par tous les habitants de la commune de Saint-Clar. Le 3 novembre 1827, vint à l'église de Pibrac demoiselle Julie Dufau, habitante de Saint-Béat, rendre grâces à Dieu de la guérison miraculeuse qu'elle avait obtenue par l'intercession de Germaine Cousin. Cette demoiselle avait été atteinte d'une complication de maux, et notamment d'une palpitation de cœur qui la réduisit aux dernières extrémités ; elle fut aux portes de la mort. Les secours humains étant devenus inutiles, ses parents eurent recours à la protection de la pieuse Bergère, et ils obtinrent un prompt secours. Cette demoiselle, jouissant d'une très-bonne santé, et ne ressentant plus aucun mal, laissa pour preuve de sa guérison, ce qu'on avait préparé pour son inhumation, comme suaire, chemise, etc., et un cœur d'argent. Demoiselle Hélène Ricard, de Toulouse, paroisse Saint-Etienne, ayant souffert pendant dix-sept mois une maladie grave de poitrine, qui faisait craindre qu'elle y succomberait, ayant épuisé tous les secours de la médecine, se mit sous la protection de la pieuse Servante de Jésus-Christ ; et ayant obtenu l'effet de ses demandes, elle est venue, le 27 novembre 1827, se prosterner devant les reliques de la sainte Bergère, et témoigner à Dieu sa juste reconnaissance. Raymond Michel, de Toulouse, paroisse Saint-Etienne, avait été atteint pendant longtemps d'un rhumatisme qui l'empêchait de marcher ; ayant imploré le secours de Germaine, et obtenu une parfaite guérison, il est venu à Pibrac, le 10 août 1828, et y a laissé ses béquilles. Catherine Paga, épouse de Pierre Delsol, habitante de Granissou, canton de La Française, département de Tarn-et-Garonne, est venue, le 8 septembre 1828, et nous a dit avoir souffert, pendant environ sept ans, des douleurs aiguës à l'estomac et aux reins ; que de plus elle avait été atteinte d'humeurs scrofuleuses, 68 semblables aux écrouelles, qui avaient produit dix-sept ouvertures dans la partie extérieure du cou ; que s'étant recommandée à la Bergère Germaine Cousin, elle obtint la guérison de ses maux, ce que les remèdes n'avaient pu lui procurer. Cette guérison a été attestée par M. Garric, Curé de La Française. Jeanne Soubrié, de Montréal, diocèse de Carcassonne, habitante de Toulouse, paroisse de Saint-Jérôme, munie d'une attestation de M. Fagot, vicaire de cette église, et de Messieurs Larroque, Daubèse et Sage, habitants de la susdite paroisse, est venue, le 21 octobre 1828, déposer ses béquilles, en signe de guérison d'un rhumatisme dont elle a été atteinte pendant quatre ans, et dont elle reconnaît avoir été délivrée par l'intercession de la dévote servante de JésusChrist. Gabrielle Andrieu, habitante de Castillon, arrondissement de Saint-Gaudens, atteinte d'un rhumatisme, qui l'avait retenue dans son lit pendant plus de cinq mois, eut recours à l'intercession de Germaine Cousin. Elle obtint quelque soulagement, et étant parvenue à une parfaite guérison, elle est venue, le 10 juin 1829, remercier Dieu, et a déposé ses deux béquilles. Le 23 novembre 1829, il s'est opéré dans notre église une guérison miraculeuse. Demoiselle Eulalie Larrey, habitante de Toulouse, paroisse du Taur, avait depuis plus de trois ans une extinction de voix, et ne pouvait s'exprimer que par signes. Les secours de l'art lui avaient été prodigués, puisqu'elle est fille et sœur de médecins fameux. Les remèdes étant insuffisants, elle est venue implorer la bonté de Dieu, par l'intercession de sa pieuse servante Germaine, et pendant la messe elle a eu le bonheur d'obtenir ce qu'elle désirait avec tant d'ardeur, et qu'elle avait demandé avec une vive foi. Après la messe, elle est allée se prosterner devant les précieux restes de la sainte Bergère, elle y a prié longtemps, puis elle a parlé très distinctement avec les personnes qui l'avaient accompagnée, notamment avec M. Pierre-Blaise Forgues, prêtre, qui avait offert le saint sacrifice pour elle, Dame Anne Dumège, Marguerite Richard, et Marie Blanc, tous habitants de Toulouse, qui ont signé ainsi que ladite demoiselle Larrey. EULALIE LARREY. — P. B. FORGUES, P.TRE—ANNE DUMEGE. — MARGUERITE RICHARD. — MARIE BLANC. Le 8 avril 1830, Joseph Argiles, habitant de Pamiers, est venu déposer les deux béquilles dont il se servait depuis le mois d'août de l'année précédente, pour preuve de la guérison d'un rhumatisme, qu'il croit avoir obtenue par l'intercession de la dévote Germaine à qui il s'était recommandé. Le 23 juin 1830, vint à notre église Jeanne Pigot, de la paroisse de la Lande, munie de l'attestation suivante: "Jeanne Pigot, habitante de la Lande, âgée de quatorze ans, se rendit le juin 1829 à l'église de Pibrac, pour obtenir, par l'intercession de la Bienheureuse Germaine, un soulagement à son mal de rhumatisme. Le jour qu'elle parut devant le corps de la Bienheureuse, elle quitta une béquille, et l'autre peu de temps après. C'est ainsi que l'a déclaré ladite fille, que j'ai vue depuis lors marcher sans aucune béquille. En foi de ce, à la Lande, le 23 juin 1830. AVIGNON, Prêtre, desservant, BARRE, dizainier." Demoiselle Antoinette Séguela, habitante de Montauban, avait reçu un violent coup de pied d'un cheval, et avait été réduite à ne pouvoir marcher qu'à l'aide de deux béquilles. Cet état d'infirmité dura plus de six ans. Ayant imploré le 69 secours de la pieuse Germaine, Dieu a exaucé ses demandes ; et se trouvant parfaitement guérie, elle a laissé ici ses béquilles le 21 septembre 1830. Emmanuel Maumus, habitant de Toulouse, rue des Moulins, a laissé, le 10 octobre 1830, les deux béquilles dont il se servait depuis six mois, à cause d'une infirmité dont il a obtenu la guérison. Antoine Espérou, âgé d'environ sept ans, habitant de Montauban, ne pouvait marcher qu'avec les pieds et les mains ; ses parents le portèrent à notre église pendant l'été de 1830. Après leur retour, l'enfant marcha librement presque aussitôt qu'on l'eut sorti de la voilure. Sa mère l'a porté le 21 août 1831, pour remercier Dieu de sa guérison. Marie Ferrière, de Saint-Michel de Lanès, diocèse de Carcassonne, atteinte d'un rhumatisme depuis plusieurs années, est venue, pendant l'été de 1830, remercier Dieu de la guérison qu'elle a obtenue par l'intercession de la dévote Germaine ; et elle a laissé la béquille dont elle s'était servie pendant son infirmité. Le 21 août 1831, Magdeleine Soulé, habitante de Nailloux, qui pendant longtemps souffrait de douleurs rhumatismales, est venue rendre grâces à Dieu de ce qu'elle a été délivrée de ses souffrances, et elle a laissé sa béquille pour témoigner de sa guérison. Louis-Auguste Chauban, habitant d'Agde, était à l'hospice civil de Montpellier, pour se faire soigner d'un dépôt à une cuisse. Le mal avait fait tant de progrès, que les remèdes étaient insuffisants, et on était décidé de lui faire l'amputation. Ce jeune homme se voyant sans ressources, se recommanda à la sainte Bergère dont on lui avait parlé ; peu à peu son état commença à s'améliorer, et dès qu'il put marcher librement, il conçut le dessein de venir à Pibrac ; il y arriva au commencement de l'été de 1831, et alla se prosterner devant le tombeau de sa bienfaitrice. Mélanie Grasset, âgée de quatre ans, fille de M. Antoine Grasset et de dame Marie-Timothée Dupuy, habitants de Cologne, diocèse d'Auch, souffrait des yeux, au point de ne pouvoir pas supporter la clarté ; ses parents la portèrent devant le tombeau de la pieuse Germaine le 6 juin 1832, et elle obtint une entière guérison. Le 11 septembre 1832, est venue à notre église dame Félicité Geilhard, épouse de M. Desbals, habitante de Toulouse, paroisse de la Daurade. Cette dame était atteinte d'hydropisie depuis douze ans ; pendant huit ans au moins cette infirmité la rendait difforme ; elle ne pouvait reposer que sur un fauteuil. Pendant le cours de sa maladie, que les plus habiles médecins de Montpellier avaient déclarée incurable, elle était venue plusieurs fois implorer la protection de la dévote servante de Jésus-Christ, et il y a environ deux mois qu'elle vint, parce qu'elle croyait être à la veille d'achever sa vie. Aujourd'hui elle a déclaré que, sans secours humain, son infirmité a entièrement cessé et qu'elle jouit d'une parfaite santé. Ont été présents MM. Jean Taste, vicaire à l'Isle-enJourdain, Bertrand Laborie, Joseph Baliros, acolythes, M. Jean-François Geilhard, frère de ladite dame, et dame Rosalie veuve Fontaine, qui ont signé. FÉLICITÉ GEILHARD. — ROSALIE veuve FONTAINE. — GEILHARD fils aîné. — TASTE, vic. — JOSEPH BALIROS. — B. LABORIE. Le 10 avril 1833, Jeanne Blanc, habitante de Montauban, avait souffert pendant vingt-sept mois d'une contraction de nerfs qui l'empêchait de se remuer 70 qu'appuyée sur deux potences dont elle a fait usage jusqu'à ce jour qu'elle est venue se recommander à la pieuse Bergère. Aussitôt qu'elle a paru devant ses précieux restes, elle a eu assez de force pour se mettre à genoux sans aucun secours. Ayant achevé sa prière, elle a marché librement, et elle a laissé ses béquilles. Cette guérison s'est opérée devant plusieurs personnes, et notamment en présence de M Joseph Franié, dame Marie Minhe, épouse Franié, et demoiselle Marie Franié, tous habitants de Montauban, qui ont signé. FRANIE, fils, — Marie MINHE-FRANIE — Marie FRANIE. Le 12 mai 1833, demoiselle Marie Poumarède, habitante de Montauban, accompagnée de ses père et mère, et à nous recommandée par M. l'abbé Delbrel, prêtre de ladite ville, affligée depuis six mois d'une maladie de nerfs inexplicable, et à laquelle tous les soins de la médecine n'ont apporté aucun soulagement, est venue à notre église, et pendant le mois elle s'est trouvée entièrement guérie. Le 17 juillet 1833, Pétronille Ouvrier, veuve de Pierre Boyer, habitante de Saint-Simon, canton de La Française, département de Tarn-et-Garonne, a été portée à cette église, ne pouvant marcher qu'avec des béquilles depuis environ cinq mois qu'elle était paralysée du côté droit. Après la sainte communion, elle a reconnu que ses membres se rendaient flexibles, et après la messe, nous l'avons vue marcher sans aucun secours ; elle a porté la main sur la tête et elle a fait le signe de la croix, ce qu'elle n'avait pu faire jusqu'à ce jour. Ont été présents dame Laurette-Marie Cavailhé, épouse Boyer, habitante de Lézat ; demoiselle Antoinette-Clémence Vaissière, habitante de Toulouse ; M. Jean Cazalbon, tailleur d'habits, habitant de Toulouse, et M. d'Aubuisson de Voysins, curé de Saint-Pierre de Toulouse, qui ont signé. D'AUBUISSON DE VOYSINS, curé de Saint-Pierre de Toulouse. — MARIE BOYER née CAVAILIIÉ. —CAZALBON. — CLÉMENCE VAISSIÈRE. Sœur Thérèse-Claudine Cabut, Supérieure des Sœurs de la Charité de l'Hôpital de l'Isle-en-Jourdain, était depuis six mois atteinte d'une extinction de voix. Elle ressentait dans le gosier des douleurs qui faisaient présumer un ulcère dans cette partie. Son mal avait résisté à toutes les ressources de l'art, lorsqu'elle conçut le dessein de se rendre au tombeau de la bienheureuse Germaine, pour demander sa guérison, si elle se trouvait dans l'ordre de la volonté de Dieu. Elle fit le voyage le 12 septembre 1832 ; elle entendit la messe et fit la sainte communion; elle pria longtemps, et le lendemain elle parla d'une voix aussi sonore qu'auparavant. Un an après, elle retomba dans le même état. Trois mois de remèdes et de régime ne lui apportèrent aucun soulagement. Elle voulut encore recourir à l'intercession de la pieuse Bergère ; elle se transporta auprès de ses précieux restes, et le 4 novembre 1833, quatre jours après, jour de la fête des saintes Reliques, elle recouvra la voix qu'elle conserve aujourd'hui. Il est incontestable qu'elle a dû sa guérison par deux fois à l'intercession de la bienheureuse Germaine, et elle se fait un devoir de le publier, pour que Dieu soit glorifié dans ses Saints. Les Sœurs Rosalie Azemas et Thérèse Gauché, et MM. Taste et Cailleau, Vicaires, attestent la vérité de la relation ci-dessus, et ont signé. À l'Isle-Jourdain, le 4 décembre 1833. Sœur CABUT. — Sœur AZEMAS. — Sœur THÉRÈSE GAUCHE. — B. CAILLEAU, Vicaire. — TASTE, Vicaire. 71 Le 15 mars 1834, Thérèse Bec, habitante de Saleich, diocèse de Pamiers, se rendit auprès du tombeau de Germaine Cousin, pour demander à Dieu la guérison de douleurs qui l'obligeaient à se servir de béquilles pour faire seulement quelques pas. Elle obtint la grâce qu'elle avait tant désirée ; et M. Perrin, Curé de Saleich, a attesté la vérité de cette guérison. Le 5 octobre 1834, Jeanne Cabrifoce, épouse d'Etienne Robert, habitant de Saint-Martin du Touch, sourde depuis environ dix ans, vint implorer l'intercession de la pieuse Bergère. Il plut à Dieu d'exaucer ses prières : elle recouvra entièrement l'usage de l'ouïe, ce qui a été reconnu par plusieurs personnes, et notamment par M. le Curé de ladite paroisse. Le 29 octobre 1834 "demoiselle Marie Balas, d'Auch, qui, depuis deux mois, avait perdu l'usage de la parole et qui ne pouvait se faire entendre que par signes, est venue se prosterner devant les Reliques de Germaine. Elle a entendu la sainte Messe, y a reçu la divine Eucharistie, et avant que le Prêtre descendit de l'autel, elle a recouvré la parole, et elle nous a prié de publier la faveur qu'elle venait de recevoir. Le 17 mars 1835, est venue demoiselle Anne Castex, habitante de Montauban, rendre grâces à Dieu, de ce que par l'intercession de la bienheureuse Bergère, elle a obtenu la guérison des douleurs violentes de nerfs qui la tourmentaient depuis longtemps. Le 24 mars 1835, demoiselle Joséphine Costoplane, de Bedarieux, diocèse de Montpellier, qui, depuis quatre ans, a fait abjuration du calvinisme, résidant à l'hôtel Saint-Joseph de la Grave à Toulouse, était percluse des jambes, des bras et des reins depuis environ cinq ans. Ayant épuisé les secours de l'art, et n'ayant pu obtenir sa guérison, elle est venue à notre église ; et au moment de la sainte communion, elle s'est levée sans aucun secours, ce qu'elle ne pouvait faire depuis très-longtemps, car elle ne pouvait marcher qu'extrêmement courbée et sans qu'on la soutînt. Pour preuve de sa guérison, elle a signé, JOSÉPHINE COSTOPLANE. Le 28 août 1835, demoiselle Pauline Escassut, habitante de Lacour, diocèse de Pamiers, est venue visiter le tombeau de la bienheureuse Germaine, pour accomplir un vœu fait par madame sa mère, si, par la protection de la Bienheureuse, elle guérissait d'une tumeur scrophuleuse, qui avait résisté pendant plus d'un an aux secours de l'art. Ladite tumeur disparut dans l'espace de demi-heure, et elle n'a plus reparu depuis environ deux ans. En foi de ce, dans l'église de Pibrac, le 99 août 1835, et ont signé avec moi Vicaire, mademoiselle Pauline et M. l'Abbé François Escassut, son frère, élève en Théologie au séminaire de Pamiers. PAULINE ESCASSUT. — ESCASSUT. — MONTAGNE, Vie. On ne donne pas la relation de ce qui est arrivé en 1836 parce que les faits qui nous sont parvenus n'étaient pas assez certains, et que nous n'avons pas reçu les informations que nous avions demandées. Au commencement du carême de l'an 1837, une femme, que nous ne sommes pas autorisés à nommer, habitante d'une paroisse voisine de Toulouse, vint à Pibrac pour implorer l'intercession de la bienheureuse Germaine en faveur de sa fille, atteinte depuis onze mois d'une aliénation mentale, qui allait jusqu'à la rage, et détenue à l'hospice de Saint-Joseph de la Grave. Elle revint vers la fin 72 du carême de la même année, emmenant avec elle sa fille parfaitement guérie. Elle nous assura que son retour à l'état de saine raison avait immédiatement suivi son recours à la pieuse Bergère. Les informations prises auprès de la Sœur chargée du soin et de la surveillance des aliénées, et le témoignage du médecin qui la traitait, sont en tout conformes à la déclaration de cette mère heureusement récompensée et dans sa foi et dans sa tendresse maternelle. Le 4 juillet 1837, Marie Touzet, de Montastruc, atteinte depuis longtemps de douleurs qui l'empêchaient de marcher, se présenta devant le tombeau de la pieuse Bergère ; elle obtint un grand soulagement ; elle put marcher avec assez de facilité ; elle laissa une béquille, et garda l'autre à cause de sa faiblesse. Marie Blancal, de Villemur, âgée de dix-huit ans, était atteinte d'un anévrisme au cœur bien caractérisé. Elle ne pouvait faire quelques pas sans s'arrêter. Pendant six mois sa maladie avait résisté aux ressources de la médecine. La malade se fit porter à Pibrac le 7 août ; elle implora la Bienheureuse Germaine. Pendant la messe qu'elle entendit dans notre église, elle se sentit gravement indisposée jusqu'au moment de la communion. En ce moment, son mal disparut entièrement, et elle n'en a plus ressenti la moindre atteinte jusqu'au 20 septembre 1837 qu'elle est revenue dans notre église pour faire célébrer une messe en actions de grâces de sa guérison, dont elle se croit redevable à l'intercession de la sainte Bergère. Nous avons retenu acte de son dire, confirmé par le témoignage de sa mère, de plusieurs autres personnes, et entre autres, de M. Gallan, Curé de Plaisance et natif de Villemur. Le 5 octobre 1837, on porta à notre église un enfant âgé d'environ trois ans, pour remercier Dieu de la parfaite guérison que ses parents avaient obtenue par l'intercession de la pieuse servante de Dieu. Cet enfant, natif de Pamiers (Ariège), nommé Jean-Adolphe, était étique depuis cinq mois ; les médecins l'avaient abandonné. Marie Mire, sa mère, le porta devant les Reliques de Germaine ; elle entendit la messe, pendant laquelle son fils se trouva heureusement guéri. Le 12 octobre 1837, M. le Curé de Mondurausse (Aveyron) , nous a écrit au sujet d'un Curé, son voisin et son ami. Ce prêtre était affligé d'une paralysie ; il avait la figure contournée, et avait la plus grande peine pour se faire entendre ; il vint à Pibrac implorer l'intercession de notre pieuse Bergère, obtint l'effet de ses prières, et revint délivré de sa maladie à la grande satisfaction de ses nombreux amis. Vers la mi-octobre 1837, une demoiselle âgée d'environ vingt-cinq ans, vint prier au tombeau de Germaine ; elle ne pouvait marcher qu'à l'aide de deux béquilles ; elle demeura fort longtemps dans l'Église. Lorsqu'elle voulut se retirer, elle ne marchait que comme auparavant ; mais lorsqu'elle arriva au bénitier, elle laissa ses béquilles devant les fonts baptismaux. Elle ne dit pas son nom ; nous avons appris seulement qu'elle est de Canals, diocèse de Montauban. Marie Escudié, de Gragnague, âgée d'environ neuf ans, malade depuis une douzaine de jours, atteinte d'une fièvre maligne, était sans parole et sans connaissance depuis quatre jours. Ses parents firent célébrer une messe dans notre église, le 9 décembre 1837, à sept heures et demie du matin, et à la même heure et le même jour, l'enfant recouvra la parole et la connaissance, et dès ce 73 moment, l'état de sa santé s'est amélioré de jour en jour. Son père a signé avec nous. ESCUDIÉ. — MONTAGNE, Vicaire. Marie Fay, de la paroisse de Saint-Etienne de Toulouse était affligée depuis treize mois d'une extinction de voix. Son médecin lui-même, qui avait épuise toutes les ressources de l'art, sans pouvoir apporter la moindre amélioration à son état, l'engagea à venir à Pibrac, pour essayer d'un autre remède. Elle y vint, et ayant adressé ses vœux à la Bienheureuse Germaine, elle parla aussitôt à haute et intelligible voix. C'est ce qu'elle nous a déclaré elle-même dans la sacristie de notre église, dans le courant du mois de mai 1838. Le 8 juillet i838, Jean Rocolle et son épouse, habitants de Blagnac, ont porté à notre église Jeanne leur fille, âgée de trente mois, qui depuis un an souffrait de l'œil gauche ; la douleur s'étant communiquée à l'œil droit, cette enfant était devenue aveugle. Au moment de l'élévation elle a ouvert les yeux, et elle a distingué clairement les objets. On nous l'a présentée quelques heures après la sainte Messe, et nous avons reconnu qu'elle voyait parfaitement; nous l'avons vue s'amuser et marcher sans difficulté, évitant tout ce qui aurait pu lui causer quelque chute. Le père a signé : ROCOLLE, DUPOIX, Prêtre desservant. Le 18 juillet 1838, demoiselle Louise Crabère, habitante de Rieux, est venue rendre à Dieu ses actions de grâces pour la guérison qu'elle reconnaît avoir obtenue par l'intercession de la bienheureuse Germaine, d'un rhumatisme général qui avait rendu ses membres perclus, au point de ne pouvoir faire aucun mouvement sans le secours d'autrui. Elle souffrit pendant dix-mois ; les remèdes qu'on lui avait administrés ne produisant aucun effet, elle invoqua la sainte Bergère, et ses vœux furent exaucés ; pour preuve de la vérité, elle a signé. LOUISE CRABÈRE. Le 10 septembre 1838, Jean-Bernard Ferré, habitant d'Adeillac, canton du Fousseret, âgé de quinze ans, atteint d'une tumeur à l'articulation du fémur, souffrit pendant plus de trois mois des douleurs excessives, sans éprouver aucun soulagement, malgré les soins de plusieurs médecins ; ses parents, désespérant de sa guérison, eurent recours à la pieuse Germaine ; ils firent dire deux messes dans notre église, et ce fut au commencement de l'une d'elles, qu'une sueur copieuse se déclara sur tout le corps dudit jeune homme ; immédiatement après la messe, il se leva en poussant un cri de joie, disant qu'il était guéri. Il abandonna ses béquilles, reconnaissant qu'il n'en avait plus besoin. Le 18 septembre, Marie Danezan, habitante d'Escornebœuf, canton de Gimont (Gers), atteinte d'un rhumatisme depuis huit ans, ne pouvait se mouvoir qu'à l'aide de deux béquilles. Elle vint se prosterner devant le tombeau de la pieuse Bergère ; elle obtint sa guérison et se retira laissant ses béquilles pour preuve de la faveur qu'elle avait reçue. Le 6 octobre i83S, Germain Bergan, habitant de Saint-Sernin, commune de Lanta, a mené sa fille, âgée d'environ dix-huit ans ; elle souffrait depuis onze mois des douleurs rhumatismales aux pieds et aux jambes, qui l'empêchaient de marcher, et qui, lorsqu'elle voulait essayer de faire quelque pas, lui faisaient perdre connaissance. Son père n'avait rien négligé pour procurer sa guérison, et les remèdes étant inefficaces, cette fille se mit sous la protection de la pieuse Germaine. Se trouvant soulagée depuis huit jours, elle est venue aujourd'hui à 74 pied remercier Dieu de la guérison qu'elle a obtenue. La fille ni le père n'ont su signer. Le 16 janvier 1839, M. Ansaz, curé de Pompignan, diocèse de Montauban, nous a écrit une lettre pour nous donner connaissance d'une guérison miraculeuse, opérée en faveur de Rose Rigal sa paroissienne. Dans le courant du mois de février de l'année précédente, elle fut atteinte d'un anévrisme pulmonaire qui résista aux soins les plus constants que l'art put employer. Après quatre mois d'un traitement toujours infructueux, cette infirmité se fixa sur les jambes, et leur communiqua une telle faiblesse, qu'elles ne purent plus supporter le poids du corps. Cet état dura pendant quatre autres mois, pendant lesquels cette enfant fut réduite à garder constamment le lit. Les moyens thérapeutiques employés par les meilleurs praticiens de Toulouse, ne purent rendre à cette infirmité la plus légère amélioration. Les parents, fatigués d'un si long traitement, firent le voyage de Pibrac, pour vouer leur enfant à la bienheureuse Germaine. Ils vinrent le 31 août 1838. La sainte Messe n'était pas encore finie que cette fille se sentit assez de forces pour marcher seule, ce qu'elle n'avait pu faire depuis quatre mois. Elle s'approcha des reliques de la Bienheureuse, et ayant prié à genoux pendant quelques minutes, elle alla remonter sur le chariot qui l'avait portée..,.. Cette fille est âgée d'environ quinze ans ; elle est revenue cet été avec M. le Curé de Pompignan et autres personnes de ladite paroisse, et nous l'avons vue jouissant d'une bonne santé. Le 19 avril 1839, est venu Jean Pescail, habitant de Verdun sur Garonne, lequel nous a dit avoir essuyé plusieurs maladies différentes pendant deux années ; qu'il prit tous les remèdes analogues à ses maux sans en obtenir aucun effet ; qu'il vint au point de perdre la raison et l'usage de la parole, courant par les rues comme un insensé. Se voyant abandonné des médecins, il résolut de venir à Pibrac, pour se mettre sous la protection de la bienheureuse Germaine, et, quoique faible encore, il a fait le voyage à pied pour venir remercier Dieu du bienfait qu'il a reçu de sa bonté. Il a dit ne savoir signer. Le 3o mai 1839, est venue Françoise Courtil, épouse de Jean Giné, de la paroisse de Saint-Pierre de Moissac, diocèse de Montauban, laquelle nous a dit avoir souffert pendant neuf ans d'un rhumatisme qui l'avait réduite à ne marcher que très difficilement, appuyée sur des béquilles. Elle avait le désir de venir au tombeau de la bienheureuse Germaine ; mais ne pouvant supporter les fatigues du voyage à cause de ses douleurs, des âmes pieuses firent pour elle une neuvaine ; avant qu'elle fut terminée, cette femme obtint ce qu'elle avait désiré avec une vive foi ; et aussitôt elle prit la résolution de venir rendre grâces à Dieu, ce qu'elle a fait en venant à pied et s'en revenant de même. Le 1er juin 1839, Jeanne Méric, habitante de Lunel, canton de la Française, diocèse de Montauban, atteinte d'un rhumatisme depuis dix-huit ans, n'ayant pu être guérie malgré tous les remèdes qu'on lui a administrés, s'est fait porter à Pibrac ; elle est entrée dans notre église à l'aide de béquilles, qu'elle a laissées, et elle a pu s'en revenir à pied. Le 1er août 1839, guérison miraculeuse d'un enfant de dix mois, aveugle-né, fils d'Antoine Rous, patron sur le canal de Languedoc. L'information a été faite le 19 du même mois par ordre de M. l'Abbé du Bourg, Vicaire général ; et ont été témoins M. Louis Larroque, François Salinié, tailleur d'habits, et Marie- 75 Magdelaine Burle, son épouse, nos paroissiens. Le procès-verbal de l'information a été envoyé au secrétariat de l'Archevêché le 20 dudit mois. Dame Marie-Magdelaine Pailhiez-Roussy, habitante de Carcassonne, est venue le 30 août 1839, et nous a dit que son motif a été de remercier Dieu de ce que, par l'intercession de la bienheureuse Germaine, elle a obtenu la guérison d'une ophtalmie dont elle a souffert pendant quatorze mois. Voyant que les remèdes ne produisaient aucun effet, elle envoya madame Barde, sa fille, qui fit offrir le saint sacrifice dans notre église. À son retour, cette dame trouva sa mère entièrement guérie. Signé PAILIIEZ née ROUSSY. Léonie Fénouillet, de Montauban (Tarn-et-Garonne), âgée de deux ans, fut portée, dans le courant de l'année 1838, au tombeau de la bienheureuse Germaine, par madame Virginie Fénouillet sa mère. Celte jeune enfant avait été jusque-là chétive, maigre, rachitique, et depuis environ quatre mois, une fièvre lente et opiniâtre achevait de la consumer. Les secours multipliés de la médecine, et les soins assidus de la tendresse maternelle n'avaient pu procurer la moindre amélioration à son état. Elle n'avait plus qu'un souffle de vie, et la prudence semblait s'opposer à ce qu'on lui fit supporter le voyage de Montauban à Pibrac. Cependant le pèlerinage est entrepris, on arrive à bon port, le saint sacrifice de la Messe est célébré, la jeune malade présente. Il est à peine terminé que l'enfant se lève, peut se soutenir sur ses jambes et faire quelques pas ; ce fut là le commencement d'un prompt et entier rétablissement. Nous avons vu nousmême cette enfant à Pibrac, le 26 septembre 1839, dans un état de parfaite santé, et nous avons relaté les faits ci-dessus énoncés sur le rapport de dame Virginie Fénouillet, mère de l'enfant, et de madame veuve Causse, sa grand'mère, lesquelles ont signé. VIRGINIE FÉNOUILLET. — Veuve CAUSSE. Le 4 octobre 1839, monsieur Pierre-Matthieu Dusser, avoué, demeurant à Figeac (Lot), vint à Pibrac avec madame Élise, née Bor, son épouse, et mademoiselle Clara leur fille, en action de grâces d'une guérison opérée sur la personne de cette dernière, et dont ils se croyaient redevables à l'intercession de la bienheureuse Germaine. Voici le fait tel que monsieur et madame Dusser euxmêmes l'ont rapporté. Mademoiselle Clara Dusser fut frappée, vers l'âge de cinq ans, d'une cécité presque complète, accompagnée de douleurs très-aiguës. Les secours de la médecine lui furent prodigués par les gens de l'art du pays pendant quatre ans, mais toujours sans fruit. Cependant l'on apprend que monsieur Lalleman, doyen de la faculté de médecine de Montpellier, était à Toulouse. Le projet d'aller consulter cet habile médecin est aussitôt exécuté que conçu. Chemin faisant, on entend parler de la bienheureuse Germaine, et des miracles qui s'opèrent à son tombeau. On veut essayer avant tout de ce remède, qui inspire à la foi vive plus de confiance que toutes les ressources de l'art. L'on se rend à Pibrac sans s'arrêter à Toulouse, et pendant la Messe qui y fut célébrée, l'enfant présente, un mieux très sensible se déclare, lequel alla toujours depuis en augmentant, de sorte que trois mois après, le mal avait entièrement disparu, quoiqu'on eût suspendu l'usage des moyens thérapeutiques. Ont signé. DUSSER. — CLARA DUSSER, — ÉLISE DUSSER née BOR. 76 L'an 1840 et le 28 avril, il s'est opéré au tombeau de la bienheureuse Germaine une guérison accompagnée de circonstances telles, qu'il est difficile de n'y pas reconnaître le doigt de Dieu. Monseigneur l'Archevêque les appréciant, et voulant donner à cet événement un caractère authentique, a commis monsieur de Gestas, official diocésain, pour recueillir les témoignages et constater les faits. Il résulte de l'enquête, que monsieur Bernard- Marie - Jean - Charles de Raymond Cahusac, fils de monsieur Louis-Adolphe de Raymond Cahusac et de Madame Amélie de Guilhermy, âgé de huit ans et demi, habitant Toulouse avec ses parents, était privé, depuis deux mois, de l'usage de ses jambes, par suite d'une maladie, dont les premiers symptômes remontaient au commencement de l'année 1839. La station et la progression lui étaient également impossibles. Quand on le soutenait perpendiculairement, ses jambes étaient flottantes, comme les jambes d'un squelette ; si 1'on appuyait ses pieds à terre, elles fléchissaient aux articulations, sans offrir au poids du corps la moindre résistance. Les soins de la médecine avaient été infructueux, et l'état du malade avait même sensiblement empiré depuis le 15 avril. Le 28 du même mois, il est conduit dans l'église de Pibrac, où le saint sacrifice de la Messe est célébré à son intention. Au moment de l'élévation de la sainte hostie, le jeune malade éprouve une sensation de froid qui suit ses membres depuis l'extrémité des doigts jusqu'aux jarrets. Il se met à genoux aussitôt, en disant : Je suis guéri ! et reste dans cette position jusqu'à la fin de la messe. Incontinent après il marche, légèrement appuyé sur le bras de madame sa grand'mère. C'était environ neuf heures du matin. À cinq heures du soir du même jour, il parcourut à pied, sans être soutenu, plusieurs rues de Toulouse, fit plusieurs visites, monta à plusieurs étages. Cette guérison si soudaine s'est parfaitement soutenue jusqu'à ce jour, 28 avril 1841, où le jeune monsieur de Raymond et monsieur de Raymond père, étant venus dans notre église pour en célébrer l'anniversaire, nous ont prié de retenir note de ces faits. Mademoiselle Rose Lassus, de Lagardelle (Haute-Garonne), jeune personne de dix-huit ans environ, fut atteinte, dans le courant de l'année 1840, d'une maladie grave, jugée mortelle par les médecins appelés à lui donner leurs soins, et qui l'eut bientôt conduite aux portes de la mort ; tout espoir de guérison s'étant évanoui, les derniers sacrements de l'église lui furent administrés. Cependant son confesseur, tandis qu'elle respirait encore, lui suggère la pensée d'invoquer le nom de Germaine. Docile à la voix de son pasteur, la jeune malade se recommande à la pieuse bergère, et aussitôt après, il se déclare en elle un mieux sensible, qui en peu de jours, eut fait de rapides progrès. Il lui restait néanmoins encore une paralysie de langue qui la privait de l'entier usage de la parole, et lui rendait le travail de la mastication et celui de la déglutition très pénibles et très difficiles. Cet état durait depuis quelques mois, lorsque, mue tout à la fois par un sentiment de reconnaissance, et par l'espoir d'une guérison plus parfaite, elle a recours de nouveau à l'intercession de la bienheureuse Germaine, et entreprend un pèlerinage à son tombeau. Le 3 juillet 1840, elle vient à Pibrac, assiste au saint sacrifice de la Messe, et au moment de la communion, elle sent tout à coup sa langue reprendre sa souplesse et son élasticité naturelle, et rentrer dans son état normal. Elle contient néanmoins ses transports pendant quelques instants, qu'elle consacre à l'action de grâce dans le silence et le recueillement, et bientôt, adressant la parole à ses compagnes attendries, elle 77 leur fait connaître le merveilleux changement qui s'est opéré en elle. Cette jeune personne s'est présentée à nous, après la sainte Messe ; nous l'avons entendue parler très distinctement, et avec une entière liberté de langue. Seulement il lui échappait parfois de parler par signes, suite de l'habitude qu'elle en avait contractée. Les détails relatifs à sa maladie nous ont été fournis par mademoiselle Lassus elle-même, et par de nombreux témoins, parmi lesquels nous citerons monsieur le Desservant de Lagardelle, qui nous a transmis de plus le témoignage du médecin par lequel la malade avait été traitée. Madame Marie veuve Roux, de Montauban (Tarn- et-Garonne), nous écrit de cette dernière ville, lieu de sa résidence, en date du 3 janvier 1841, pour nous signaler une guérison fort remarquable, opérée sur la personne de demoiselle Eugénie-Marguerite Roux, sa fille, et dont cette mère reconnaissante fait hommage à l'intercession de la bienheureuse Bergère. Mademoiselle Eugénie-Marguerite Roux, jeune enfant d'environ six ans, avait mal à un œil, et y éprouvait depuis longtemps des douleurs très aiguës. Les remèdes employés jusque-là n'avaient eu d'autre effet que d'aggraver l'état de la malade ; on les suspend, on songe à implorer la protection de la pieuse Germaine, et l'on se rend en pèlerinage à son tombeau. C'était dans le mois de décembre de l'année 1840. Madame Roux, qui conduisait son enfant, n'ayant pu obtenir que la Messe fût célébrée à son intention le jour même de la visite, nous conjura de ne pas différer à lui accorder cette faveur. Ce fut la prière d'une veuve désolée. On ne tarda pas à satisfaire une si légitime impatience, quoiqu'on ne puisse désigner positivement le jour où le saint sacrifice fut offert pour la jeune malade. Toujours est-il que le 26 décembre 1840, mademoiselle Roux, qui n'avait éprouvé encore aucune amélioration à son état, dit en se couchant, que le lendemain matin elle ouvrirait l'œil malade, qu'elle serait guérie ; et le lendemain matin, à peine éveillée, elle s'écrie qu'elle est guérie, qu'elle voit parfaitement ; et en effet celui de ses yeux qui la veille ne pouvait supporter le moindre rayon de lumière, parut parfaitement ouvert, et exempt de toute sensation de douleur. Quatre mois après , madame Roux nous a écrit de nouveau pour confirmer son premier rapport, et nous apprendre que la joie d'une si prompte guérison n'a pas été jusqu'ici troublée par aucun retour fâcheux. À son témoignage vient se joindre celui de la vénérable Sœur Saint-Pierre, Supérieure des Orphelines de Montauban, où mademoiselle Eugénie Roux est élevée. FIN 78 Année 1844 Paul-Thérèse-David d'Astros, par la miséricorde divine & la grâce du Saint-Siège apostolique, Archevêque de Toulouse et de Narbonne, Primat des Gaules, Comte Romain, Assistant au trône Pontifical, Voulant procéder à l'examen et à l'approbation d'une vie de Germaine Cousin, composée par M. Francès et imprimée à plusieurs reprises sans l'approbation de l'ordinaire, mais revêtue de celle de plusieurs docteurs en théologie Avons nommé et nommons par la présente M. Baillé, l'un de nos vicaires généraux, M. Ducray aussi notre vicaire général et Supérieur du Séminaire Diocésain, M. Boissié chanoine et promoteur de l'officialité métropolitaine, M. Izac, chanoine honoraire Supérieur du petit-séminaire de Lesquille et promoteur de l'officialité Diocésaine, examinateurs à l'effet de lire attentivement la dite vie et de se réunir ensuite pour exprimer collectivement en notre présence leurs avis au sujet de cet écrit, afin d'être Statuée par nous ce que de Droit. Chargeons en outre M. Estrade chanoine honoraire et M. Caussette prêtre notaire ecclésiastique public de notre Diocèse de collationner l'imprimé sur le manuscrit de M. Francès, de noter les différences qu'il renferme et d'en remettre une note exacte au susdit M. Baillé qui nous en fera son rapport en présence des autres examinateurs et des dits M.M. Estrade et Caussette. Donné à Toulouse le 23 décembre 1844 Sceau Signature par mandement de l'Archevêque de Toulouse ??? Votre humble et très obéissant serviteur 79 80 Année 1844 Notes relatives à la Vénérable Germaine Cousin84 Sa Grandeur trouvera dans l'information qui est à la tête de la Position sur l'introduction de la cause, un tableau remarquable sur les vertus et la sainteté de la Servante de Dieu, Germaine Cousin. Dans les annotations qui sont à la marge du sommaire qui suit cette information, sa Grandeur y lira l'exposé des prodiges et des guérisons miraculeuses attribuées à la servante de Dieu soit pendant sa vie soit après sa mort. Quelques-unes de ces annotations rappelleront à sa Grandeur qu'en 1700, il fut fait un procès ordinaire de Béatification par les ordres de Mgr de Colbert, Archevêque de Toulouse dont le dossier ayant été porté à Rome, y fut égaré et qui n'a pas eu de résultat. C'était dons à Sa Grandeur qu'était réservé de reprendre cette affaire en faisant un autre Procès ordinaire qui a eu un plein succès. Les nombreuses lettres postulatoires qui se trouvent à la suite du dit sommaire, dénotent avec quel soins et quel empressement leurs auteurs ont associé leur zèle à celui de sa Grandeur et de ceux qui soit dans le Diocèse, soit à Rome ont poursuivi cette œuvre. Les premières pages de l'information des assertions et des réponses aux animadversions du procès du non culte, exposent clairement ce dernier point. Le Souverain Pontife a déclaré au Postulateur dans la dernière audience qu'il lui a donnée, qu'il avait gardé le Position sur son bureau pendant un mois et demi, qu'il l'avait étudiée et que, tandis qu'il se sentait beaucoup d'éloignement pour cette cause ancienne, quand on lui proposa pour la première fois, maintenant qu'il la connaissait, il la trouvait admirable. Dans d'autres circonstances comme dans cette dernière, sa Sainteté n'a cessé de donner au Postulateur la plus grande espérance du succès. Le Cardinal Lambruschini, qui malgré ses nombreuses et grandes occupations accepta la charge de rapporteur dans cette Cause, s'y est intéressé d'une manière vraiment remarquable, indépendamment de l'étude toute particulière que cette Éminence en a faite comme il a été facile au Postulateur de s'en convaincre dans ses rapports avec elle, indépendamment aussi , de son brillant rapport devant la Congrégation, qui fut admiré par tous les Cardinaux, cette Éminence a professé devant le Postulateur et plusieurs autres personnes parmi lesquelles se trouvaient des Prélats et autres personnages distingués, la tendre dévotion et la confiance sans borne qu'il avait conçues pour notre Vénérable par la connaissance toute particulière qu'il avait acquise de ses vertus et de ses miracles nombreux et éclatants ; aussi ne craignit-il pas de dire encore publiquement que la voix de Dieu se manifestait par ses miracles et 84 Introduction aux Lettres postulatoires 81 qu'alors même que sa cause il se trouverait quelque opposition avec les lois ordinaires établies par l'Église par rapport aux Canonisations des saints ce ne pourrait pas être un obstacle au succès de la Cause. Cette Éminence assurait avec une touchante bienveillance que cette affaire marcherait avec une rapidité extraordinaire (en Poste à la vapeur). Tous les Cardinaux membres de la Congrégation des Rites ont partagé ces mêmes sentiments vis-à-vis de la Servante de Dieu. Ils ont témoignés aussi au Postulateur d'une manière non équivoque dans les diverses visites qu'il a eu l'occasion de faire à ces diverses Éminences, l'intérêt extraordinaire que chacun manifesta dans les débats à la Congrégation pour l'introduction de la Cause et l'unanimité de leurs suffrages dans la décision le prouvent aussi. La Dévotion envers Germaine s'est aussi répandu à Rome et même dans quel qu'autres lieux des états Pontificaux tant parmi les Ecclésiastiques et dans les Communautés religieuses que parmi les fidèles ; dans une occasion il se faisait dix-huit communautés à la fois des neuvaines pour implorer la protection de la Vénérable. Le Postulateur pour satisfaire cette dévotion et les demandes qui lui étaient faites de toutes part d'images de la Servante de Dieu, a été obligée d'en faire graver une planche à Rome. Cette gravure a été accueillie avec bienveillance et satisfaction par le Pape, les Cardinaux et un grand nombre d'autres personnages distingués. 82 Année 1844 Déclaration de non-culte Éminentissimes Cardinaux, Les Juges soussignés, délégués par Mgr l'Illustrissime et Révérendissime père en Dieu, l'Archevêque de Toulouse et de Narbonne, pour instruire la procédure du non-culte relative à la Servante de Dieu, Germaine Cousin, ont l'honneur d'exposer avec un profond respect à vos Éminences qu'ils se sont fait par-dessus tout un devoir de se conformer avec toute l'exactitude dont ils ont été capables aux Décrets si remplis de Sagesse du Saint Siège apostolique sur le non culte. Quoique depuis environ deux siècles le tombeau de Germaine Cousin ait été illustré par des miracles presque continuels, qui ont excité dans le cœur des fidèles du Diocèse de Toulouse, des Diocèses circonvoisins et de plusieurs autres très éloignés les sentiments d'une tendre Dévotion et d'une très grande confiance en cette Servante de Dieu devenue si illustre notamment par la sage et constante vigilance des Archevêques de Toulouse, de Monseigneur de Marca en 1661, de Monseigneur de Colbert en 1698 et surtout de Monseigneur d'Astros qui fait rejaillir tant de gloire sur le Siège de Saturnin, et qui dans ses visites a porté spécialement son attention sur un objet aussi important par suite donc de cette sollicitude, les hommages des fidèles ont été presque toujours circonscrits dans les bornes qui leur sont assignés par l'Église et les monuments souvent, aussi insignes que précieux de leur reconnaissance n'ont point dégénéré en des preuves publiques d'un culte solennel. La Divine Providence a toujours réservé à cette paroisse des pasteurs selon son cœur, et quoique les miracles si fréquents dont ils étaient les témoins leur donnassent la conviction intime que Germaine Cousin est placée dans le Ciel sur un trône de gloire, et qu'ils leur inspirassent la Dévotion la plus vive, ils ont presque toujours bien compris que si l'Église leur permettait de la Canoniser en quelque sorte dans le plus intime de leur cœur, ils devaient en qualité de ses ministres et de ses Députés fidèles à toutes ses prescriptions et à ses ordonnances ne jamais laisser ces sentiments se traduire en des actes 83 extérieurs publics et solennels qui doivent être réglés par le vicaire de JésusChrist. Si quelques actes isolés du ministère pastoral avaient pu quelque fois sortir de ces limites, ils ont été fort rares, ont été immédiatement après ramenés aux règles canoniques par les conseils de confrères voisins, et n'ont point donné naissance à ces abus qu'il est quelquefois si difficile d'extirper. Quelques soins qu'aient apportés les juges délégués soussignés à rechercher tout ce qu'aurait pu s'éloigner de ces Saintes règles, en recevant et provoquant les dépostions des témoins, graves, prudens, religieux, pour la plus part instruits des matières ecclésiastiques, tous parfaitement à portée de déposer sur le non culte par leur position, et par leurs relations, ils sont resté consciens par la déposition unanime, ferme et persévérante des témoins susdits que Germaine Cousin n'est nullement l'objet d'un culte public et solennel. Les soussignés ne se sont point bornés à s'enquérir de la vérité auprès des témoins présentés par le Révérend Père Postulateur, quelque confiance que ces témoins pussent mériter et qu'ils inspirassent d'ailleurs. Ils ont en outre cité deux témoins d'office dont les dépositions ont été parfaitement concordantes avec celles des premiers. La tâche des Juges Soussignés ne se bornait point-là. Ils devaient en outre visiter tous les lieux où le culte pourrait être établi ; ils se sont transportés à cet effet au tombeau de la Servante de Dieu, Germaine Cousin, et aux lieux qu'elle habita pendant sa vie et où elle rendit à Dieu sa belle âme, recherchant minutieusement et avec une vive sollicitude que leur imposait et leur charge et leur serment, les preuves et les moindres indices qu'ils pourraient découvrir d'un culte public et solennel ecclésiastique. Les actes de la procédure feront connaître à nos Éminences que toutes ces recherches exactes, multipliées, sévères, n'ont d'autres résultats que de les convaincre que la Servante de Dieu n'était pas l'objet d'un culte public. Ils ont à cœur de faire connaître encore à vos Éminences qu'ils savent de science certaine que depuis près de deux ans, époque à laquelle commença la procédure touchant la réputation de sainteté les visites et les miracles de la Servante de Dieu, on avait très exactement soustrait à la vue des fidèles quelques ex-voto appendus au tombeau de Germaine, que vers cette même époque, le monument extérieur adossé à l'Église de Pibrac pour recevoir les 84 précieux restes de la Bergère, fut commencé par suite des ordres donnés plusieurs années à l'avance par Monseigneur l'Archevêque actuel de Toulouse et de Narbonne, et vos Éminences apprendront par les actes de la présente procédure du non-culte que les restes de Germaine s'y trouvent déposés avec les conditions prescrites par les saints décrets de l'Église Romaine. Cependant, les soussignés Juges Délégués ont à cœur d'exposer à la Sacrée Congrégation des rites que la grande dévotion des fidèles pour Germaine Cousin n'a pas permis de sceller la double bière dans laquelle ses précieux restes sont déposés ; une émeute qui éclata dans le village au mois de septembre dernier d'après un faux bruit répandu par la malveillance qui consistait à prétendre que le tribunal venait enlever le corps pour l'envoyer à Rome, excita une grande fermentation dans les esprits ; le mécontentement était au comble, ce qui engagea l'autorité diocésaine à différer de quelque jours le scellement de la bière intérieure. Dés lorsque un mois après l'un des vicaires généraux de Monseigneur l'Archevêque de Toulouse se rendit à Pibrac pour y sceller cette bière intérieure dont le couvercle est formé des quatre compartiments en bois avec des barreaux de vitres, ce jour la même, quelques heures avant l'opération, l'une des quatre glaces ayant été cassé par un accident tout à fait imprévu, et le village de Pibrac n'ayant aucun vitrier qui put de suite en faire un autre, l'autorité diocésaine se borna à sceller avec sept sceaux et un très long ruban entrelacé, les restes de Germaines, couverte d'un suaire et elle défendit sous peine d'excommunication encourue par le seul fait de rompre les sceaux ou de découvrir les restes de Germaine pour les montrer aux fidèles. L'ordinaire jugea qu'il n'était pas urgent pour le moment de faire d'avantage soit pour ne pas exaspérer de nouveau une population aigrie et irritée, soit pour ne pas compromettre un pèlerinage où les fidèles sont habitués à se présenter au tombeau de Germaine et à prier le prêtre de faire toucher du linge, chapelets et autres objets de piété au Suaire de pieuse Bergère. Dans le cas ou vos Éminences jugeraient que les bières doivent être entièrement fermées, l'autorité Diocésaine pleine de respect pour les décrets émanés de Rome s'empressera de déférer à ses ordres, et comme l'irritation aura eu le temps de s'apaiser, cette mesure ne présentera plus les inconvénients qu'elle offre aujourd'hui. En cet état des choses, lorsque la présente procédure d'établir d'une manière claire, solide, incontestable, que Germaine Cousin n'est l'objet d'aucun 85 culte prohibé et que dès lors rien ne peut s'opposer à la cause de sa béatification et de sa Canonisation, il ne reste plus aux juges délégués soussignés qu'à reconnaître cette grave et importante affaire à la Sollicitude pieuse et empressée de vos Éminences. Les fidèles de Toulouse et des Diocèses circonvoisins et beaucoup d'autres Diocèses qui accourent avec tant d'empressement au tombeau de la pieuse Bergère, souffrent de savoir qu'ils [les nobles restes] sont enfermés dans une double bière et soustraits à leur vue et à leurs pieux empressements car ces restes précieux que le Seigneur s'est plu à préserver de la corruption et à visiter dans leur tombeau pour les relever miraculeusement et les arracher à la terre. Ils gémissent quoique avec résignation et une soumission parfaite aux oracles du vicaire de Jésus-Christ, de ne pouvoir pas contempler de leurs yeux celle à laquelle ils se jugent redevables de guérisons inespérées, de faveurs signalées de grâces spéciales. Oh ! Qu'il sera unanime et puissant le concert de louanges élevé vers le Ciel au moment où sa sainteté placera sur les autels celle que Dieu signale chaque jour pour de nouveaux prodiges. Puisse bientôt la houlette de Germaine invitée aux fêtes des saints s'étendre sur le monde chrétien pour multiplier partout les miracles de la main du Seigneur. Puisse-t-elle mettre les faibles à l'abri de la morsure du loup ravissant, et du lion rugissant qui rôde souvent à l'entour des âmes pour les dévorer. Puisse-t-elle bientôt préserver la fidèle Italie des maux dont des ennemis furieux la menace pour lui procurer une prétendue liberté qui la plongerait dans le plus effrayant des esclavages. Puisse-t-elle par sa puissante intercession prolonger au-delà des années de Pierre les jours du Saint, du Savant, du glorieux pontife dont la main sage et ferme conduit la vénérable église au milieu des écueils et la dirige au milieu des noires tempêtes. Associée par la haute confiance dont sa Sainteté se plait à l'honorer à la plus grave et la plus grande des œuvres de la puissance apostolique, celle de la Béatification et de la Canonisation des Saints, la Sacrée congrégation des Rites recueillera aussi les plus abondantes bénédictions du Ciel, digne 86 récompense du zèle infatigable avec lequel elle seconde la sollicitude du Saint Père et de l'activité qu'elle voudra apporter à la réalisation des vœux les plus ardents d'un grand nombre des Diocèses de France. Nous sommes avec un profond respect Vos Éminences, Le très humble et très obéissant secrétaire Jacques Baillés, vic. Gén. Juge délégué 87 Année 1844Luc Philippe de Cornebarrieu 1844 Tolosana Béatification et Canonisation de la Vénérable Servante de Dieu, Germaine Cousin, vierge laïque de la ville de Pibrac. Positiones et articulos intra scriptos dat fecit exhibet Domine Jacobus Estrade Cononius Postulator. [Récits et articles recueillis par le Sieur Jacob Estrade postulateur de la cause.] 1°- Suivant la vérité, le nommé Philippe LUC, fils de Jacques Luc et d'Anne Sayou, mariés, habitants de Cornebarrieu au Diocèse de Toulouse a été miraculeusement guéri d'une fistule de la région ischiatique entretenues par une carie des os des îles qui avait résisté à tous les soins de médecine habillée et expérimentée ; ce fait extraordinaire a eu lieu vers le commencement du mois de juillet de l'année 1844. Philippe Luc était alors âgé de quatorze ans environ comme le déposeront des témoins bien informés en indiquant avec précision les sources où ils auront puisé la connaissance de ce qu'ils certifieront à cet égard. 2°- Suivant la vérité, le jeune Philippe Luc est d'un tempérament scrofuleux ; son père et sa mère sont bilios sanguins ; le grand-père paternel était lui aussi d'un tempérament scrofuleux. Philippe en 1841 fut atteint d'une fièvre intermittente. C'est la seule maladie sérieuse qu'il ait eu avant celle dont il est actuellement question comme le déposeront etc.. 3°- Suivant la vérité quelque temps après aussi en 1841, il ressentit une douleur au muscle fessier ; il ne parut pas d'abord d'inflammation sur cette partie et cette douleur n'était pas permanente mais par l'effet de la carie dont l'os des iles était déjà atteint, il s'y forma un dépôt qui se manifesta par une rougeur noirâtre et peu à peu détermina une fistule comme le déposeront etc.. 4°- Suivant la vérité, pendant tout le temps que la fistule fut ouverte, ce qui dura environ onze mois, les médecins, à l'aide du stylet qui pénétrait aisément dans le sinus fistuleux à un pouce et demi de profondeur, ont parfaitement senti la surface de la tubérosité sciatique dénudée et rugueuse et ont ainsi constamment reconnu l'existence de la carie. L'ouverture de la place était petite, arrondie ; le pourtour en était mollasse et gonflée et il y avait une coloration violacée à un pouce et demi de circonférence comme le déposeront des témoins etc. 5°- Suivant la vérité, la suppuration fut continuelle ; elle était ordinairement assez abondante ; mais elle le devenait bien plus alors que la plaie qui parfois s'oblitérait, se rouvrait de nouveau ; cette oblitération ne durait pas plus d'un jour ou d'une nuit et n'avait pas de périodicité régulière ; la matière de cette suppuration était sino purulente et d'une odeur très infecte ; elle était claire, tenue presque sans viscosité et sanieuse ; le linge du pansement était quelquefois taché de noir comme le déposeront etc… 6°- Suivant la vérité, la région abdominale et l'aine correspondant au muscle fessier malade sont toujours restés dans l'état normal. Il n'y eut jamais dans cette aine, d'engorgement glanduleux ; on ne remarqua jamais rien d'extraordinaire dans l'émission des excréments et il n'y eut pas d'hémorroïdes cachées et ulcérées comme le déposeront etc… 88 7°- Suivant la vérité, le jeune malade marchait avec difficultés et en boitant ; il se plaignait toujours du muscle fessier où il éprouvait des douleurs profondes et sourdes, surtout quand le temps devait changer ou qu'il était humide. Administration des Hospices Civils de Toulouse CERTIFICAT Je soussigné, Docteur en médecine de la Faculté de Paris, Chirurgien en Chef adjoint de l'Hôtel-Dieu de Toulouse, certifie avoir donné dans le dit hôpital des soins au nommé Luc (Félix) âgé de 14 ans, pour une plaie fistuleuse qui existait dans la région ischiatique. Cette plaie a été sondée plusieurs fois dans le but de déterminer l'origine de la fistule, et nous avons acquis la certitude que celle-ci était entretenue par une carie de la tubérosité sciatique. Les remèdes que nous avons mis en usage ont été insuffisants pour amener la guérison, et le malade est sorti à peu près dans le même état que lors de son entrée. Luc est sorti de l'hôpital le : 23 mai 1844 et le 2 août suivant, il nous a été présenté complétement guéri. Les symptômes qui nous ont permis de reconnaître la carie de l'os étaient les suivants : le malade était un enfant d'une constitution lymphatique et scrofuleuse. La maladie datée de près de deux ans ; l'ouverture de la plaie était petite, arrondie. Le pourtour en était enfoncé ; l'orifice muni de végétations rosées ; la matière de la suppuration sino purulente ; le linge de pansement était quelquefois taché de noir ; le malade éprouvait des douleurs profondes et sourdes, surtout quand le temps devait changer ; enfin, à l'aide du stylet qui pénétrait aisément à un pouce et demi de profondeur, nous avons pu parfaitement sentir la surface de l'os dénudée et rugueuse. Ce dernier symptôme est caractéristique de la maladie de l'os. Telles sont les preuves que nous avons eues de la nature de l'affection du jeune malade - Ces maladies constitutionnelles qui affectent les os, sont très longues à guérir. Souvent elles sont incurables, et quand la guérison peut être obtenue, ce n'est que graduellement qu'on peut espérer de l'obtenir, et jamais brusquement en vingt-quatre heures, jamais même dans l'espace d'une ou deux semaines. Nous avons employé contre l'affection du jeune Luc le traitement général des affections scrofuleuses ; nous l'avons soumis à l'usage de la tisane de houblon, du sirop antiscorbutique, des préparations ferrugineuses, et tous les jours des injections étaient faites par le trajet fistuleux avec de l'eau contenant en dissolution du chlorure de soude, dans le but de produire la détérioration de la plaie ; malgré ce traitement, le malade est sorti de l'hôpital sans avoir obtenu une amélioration sensible de sa position. En foi de quoi ai délivré le présent Certificat Hôtel-Dieu de Toulouse. Le 4 septembre 1846 Estivenus (?) 89 Philippe Luc Interrogations N°4 1844 90 Fistule avec carie de l'os des Îles Philippe Luc de Cornebarrieu 1844 Tolosana Béatification et Canonisation de la Vénérable Servante de Dieu, Germaine Cousin, Vierge laïque de la ville de Pibrac. Interrogatoires des Sous Promoteurs 10° Que si le témoin répond qu'il connaissait la guérison que l'on dit avoir été obtenue à l'intercession de la Vénérable Servante de Dieu, Germaine Cousin, par le nommé Philippe Luc, fils de Jacques Luc et d'Anne Sayou mariés habitants de Cornebarrieu, qu'on lui demande de quel tempérament étaient les parents ? De quel tempérament il était lui-même ? Quelles maladies il avait eu précédemment à la fistule ? A quel âge il en fut atteint ? Qu'on lui demande ensuite de dire en général comment commença cette maladie ? Qu'elles en furent les causes, les effets et les symptômes ? Qu'on lui demande encore, en général, si cette maladie se maintint toujours au même degré ou fut sujette à des variations ? Quelles furent ces variations et combien de temps elle a duré ? Que chaque témoin rapporte aussi la raison et la cause de la science avec toutes et chacune de ces circonstances ; que chacun indique les co-témoins s'il y en a pour qu'ils puissent être appelés et examinés d'office, si déjà ils n'ont été présentés par le Postulateur de la cause ; que si le témoin dit que ces témoins ou quelqu'un d'entre eux est mort, on doit s'informer de leur décès et en insérer l'acte authentique dans le procès. 11° Si le témoin dépose que le dit Philippe Luc a été atteint d'une fistule dont il n'a été guéri qu'environ quatorze mois après, qu'on lui demande qu'il indique d'une manière précise et particulière xxxxxxxxxx furent employés lorsqu'elle a commencé ? Quels durent les effets de ces remèdes qui le soignèrent jusqu'à l'époque de la guérison ? Ceux-ci doivent nécessairement être tous appelés et entendus afin de savoir d'eux surtout, la nature de la maladie, la force et l'efficacité des remèdes et leurs effets. Que si quelqu'un de ces médecins est mort, on ne doit pas manquer d'insérer dans le procès l'acte authentique de son décès, le témoin rendant toujours raison de tout ce qu'il avance comme il est dit au 10me interrogatoire. 91 12° Que chaque témoin soit interrogé sur les caractères et les symptômes de la fistule dont a été atteint Philippe Luc, qu'il indique quelle était la qualité et la quantité du pus ? Si ce pus était toujours livide et noirâtre ? Quel était l'état de la région abdominale ? Qu'arrivait-il dans l'émission des excréments ? S'il y avait des hémorroïdes cachées et exulcérées ? Quel était l'état de l'aine correspondante ? S'il y avait des engorgements glanduleux dans cette aine ? Combien de pouces s'avançait le sinus fistuleux ? Si les bords de l'ouverture extérieure étaient calleux ? Quel était l'état des fessiers dans le coté atteint par la fistule ? Comment marchait le malades et de quoi se plaignait-il alors ? Que les médecins ou les personnes qui l'ont soigné soient surtout interrogés sur ces points ; qu'en répondant, ils ne se contentent pas d'indiquer la maladie mais qu'ils en expliquent entièrement les caractères, les symptômes, les variations et tout ce qui peut faire connaître la véritable nature du mal, pour que ceux qui devront prononcer sur la qualité ou la nature de la maladie puissent rendre un jugement certain ; C'est en effet d'après les dires des témoins et les déclarations des médecins que se rend ordinairement le jugement sur la vérité du miracle et sur la qualité et la nature de la maladie qu'il rend raison de tout ce qu'il avance et qu'il fasse connaître la cause de sa science comme il est dit au 10 me interrogatoire. 13° Que si le témoin interrogé sur les symptômes et les variations de la maladie répond conformément à ce qui est dit aux 4eme, 5me, 6me et 7me articles, qu'il rapporte d'une manière précise, combien de temps ont duré les symptômes ? S'ils ont cessé par l'effet des remèdes ? Si on en a fait et quels ils furent ? Quelles injections lui furent pratiquées ? Si l'on a fait usage du nitrate d'argent ? Quel a été en général le traitement intérieur ? Comment était nourri le malade ? Si les remèdes qui furent employés étaient destinés à couper le mal dans la racine ou plutôt si c'étaient des remèdes palliatifs donnés seulement pour en diminuer la force ? Le témoin rendra toujours raison etc., comme il est dit plus haut au 10me interrogatoire. 14° Que chaque témoin soit interrogé en particulier si la maladie se maintint toujours au même degré ou si elle a éprouvé quelque variation. Qu'arriverait-il après l'introduction du dilatatoire ? Ou pourquoi le sinus ne fut-il pas dilaté ? En est-on venu à l'incision ? Qu'arrivait-il après cette opération ou pourquoi ne l'a-t-on pas faite ? A-t-on cherché à procurer une irritation adhésive quelques jours avant la guérison ? Quelques jours avant cette époque, avait-on remarqué une diminution dans la profondeur du sinus fistuleux ou dans l'écoulement du pus ? Après la suppression de la fistule, Philippe a-t-il souffert de quel qu'autre partie du corps ? Sa poitrine a-t-elle commencé de s'affecter "pulmonaire" ou de toute autre maladie ? Le témoin rendant etc., comme il est dit plus haut au 10 me interrogatoire. 15° Qu'on demande à chaque témoin s'il sait ou s'il a entendu dire dans quel état Philippe était vers le commencement du mois de juillet mil huit cent quarantequatre, la veille ou le jour du pèlerinage qu'il fit à Pibrac, le soir, au retour, le lendemain matin et les jours suivants, en indiquant avec exactitude quel avait été jusque-là, le sentiment des médecins sur cette maladie, que s'il répond qu'on avait déclaré cette maladie incurable ou de très difficile guérison, qu'il soit interrogé avec soin de tous et de chacun des symptômes de la maladie et de l'état qui a précédé immédiatement celui de la guérison prétendue ; pourquoi on avait déclaré cette guérison incurable ou de très difficile guérison ? Sur ce point, doivent surtout 92 déposer les médecins et toutes les personnes qui l'ont assisté car c'est sur cette déposition des témoins que doit être basé la gravité de la maladie soit sur son incurabilité. Le témoin rendant etc., comme il est dit plus haut au 10me interrogatoire. 16° Qu'on demande à chaque témoin s'il sait ou s'il a entendu dire comment Philippe Luc a été guéri. Si le témoin répond que la guérison a eu lieu par l'intercession de la Vénérable Germaine Cousin on doit lui demander alors comment il le sait et quelle certitude il en a ? Si on a insinué au dit Philippe et à sa mère d'avoir recours à la protection de cette Vénérable Servante de Dieu ? Par qui, ils ont été engagés ? Par quelles prières ou quels actes de dévotion le secours de cette Servante de Dieu a-t-il été imploré ? Si c'est par Philippe et par sa mère ou pas d'autres et par qui ? Si en outre aucune image, aucune xxxxxxxxx sur son corps ? S'il a fait un pèlerinage au tombeau de Germaine et par qui il y a été accompagné ? Le témoin rendant etc., comme il est dit plus haut au 10me interrogatoire… 17° Qu'on demande à chaque témoin s'il sait qu'au moment de la guérison ou avant Philippe et sa mère ou d'autres personnes s'intéressant à lui ont imploré la protection de quelque bienheureux ou bienheureuse ou de la Mère de Dieu ou de quel qu'autre saint. Si on lui a apporté leurs reliques ou images, si on les lui a appliqués dessus, quelles furent ces reliques ou serviteurs de Dieu elles étaient et par qui elles lui furent apportées et appliquées, quelles furent les prières et les invocations dont on se servit, et si ça été avec quelque fruit ou sans aucun résultat, ou plutôt si on a uniquement imploré le secours de la Vénérable Germaine Cousin ? Le témoin etc., comme il est dit au 10me interrogatoire… 18° Qu'on demande à chaque témoin si la guérison a eu lieu immédiatement après une invocation, ou après le contact d'un linge passé sur corps de la Vénérable Servante de Dieu, dans un pèlerinage ou bien quelque temps après ? Qu'il dise combien a duré cet intervalle, si la guérison a eu lieu instantanément ou peu à peu et comme par degrés ? Qu'il dise en outre si Philippe a pu immédiatement après sa guérison faire tout ce qu'il était capable de faire avant d'en avoir été atteint ? Qu'il soit en outre interrogé s'il est arrivé à ce garçon, au moment de la guérison, ou immédiatement avant, ou de suite après, quelque aident qui ait pu amener naturellement la guérison. Le témoin rendant etc., comme il est dit plus haut au 10me interrogatoire… 19° Qu'on demande à chaque témoin s'il est xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx guérie, quelle elle a été, et jusqu'à quelle époque elle a duré ? Si Philippe que l'on dit avoir été guéri a persévéré dans le rétablissement de sa santé ou non ? S'il ne s'est pas manifesté quelquefois quelques symptômes qui aient pu faire soupçonner que la cause de la maladie n'avait pas été entièrement enlevée, ou que cette maladie s'était changeait en une autre ? Le témoin etc., comme il est dit au 10me interrogatoire… 20° Qu'on demande à chaque témoin s'il a entendu dire quelle a été l'opinion commune sur la guérison de ce Philippe et surtout s'il sait ce qu'en ont pensé les médecins qui l'avaient soigné ? Si tous ont cru que cette guérison ne devait être attribuée ni aux 93 forces de la nature ni au secours de leur art, mais uniquement à une puissance surnaturelle et à l'intercession de la Vénérable Servante de Dieu, Germaine Cousin. Le témoin rendant etc., comme il est dit plus haut au 10me interrogatoire. 21° Si le témoin déclare qu'il y a quelqu'un ou plusieurs qui ont pensé ou qui pensent encore autrement sur cette guérison miraculeuse, qu'il dise quel ou quels ils sont ? Ou quels ils ont été ? Par quelle cause ou quel motif ils ont témoigné leur opposition à l'opinion commune, il sera du devoir des Juges et des Sous-Promoteurs de la Foi d'appeler et d'examiner d'office cette personne ou ces personnes qui ont manifesté ce sentiment contraire. S'ils vivent encore et s'ils peuvent être commodément entendus et examinés, qui si cet opposant ou ces opposants sont morts ou qu'ils soit impossible de les examiner, le Postulateur de la Cause aura soin de faire insérer et de compulser dans le procès un acte authentique de leur décès ou de l'impossibilité de comparaître que les juges et les sous-promoteurs de la Foi ne manquent point avant de soumettre ces dits opposés à l'examen d'exiger d'eux qu'ils prêtent le serment accoutumé de dire la Vérité et de garder le secret qu'ils déclarent aussi que ce n'est pas par haine, par inimitié, par quelque raison particulière et par aucun motif humain mais seulement par l'amour de la Vérité qu'ils sont poussés à venir rendre ce témoignage. Le témoin rendant etc., a comme il est dit au 10me interrogatoire. 22° Enfin chaque témoin qu'il soit présenté par le postulateur ou qu'il soit appelé d'office sera interrogé si à part ce qu'il a déjà déposé, il a encore quelque chose à dire, à ajouter, à déclarer ou corriger ou changer par rapport à sa déposition, sur cette guérison que l'on dit avoir été obtenue par le crédit de la Vénérable Germaine auprès de Dieu ; il sera averti en outre qu'il est tenu de dire et de manifester aux juges tout ce qu'il sait et tout ce qui est parvenu à sa connaissance lors même qu'il n'aurait pas été interrogé là-dessus d'une manière subite et précise et si le témoin déclare qu'il a quelque chose à dire ou à rapporter, les juges ordonneront qu'il raconte toutes et chacune de ces choses avec sincérité, avec exactitude et avec fidélité qu'il les expose en toute Vérité comme elles sont, soit qu'elles puissent être favorables au prétendu miracle ou qu'elles puissent lui être défavorables. On lui rappellera de nouveau que c'est en vertu du serment qu'il a fait qu'il est tenu sous peine de péché mortel, de tout découvrir et qu'il ne lui est permis de rien cacher sous ce prétexte qu'il n'a pas été interrogé sur cette chose d'une manière opportune, spéciale, distingue ou particulière. Que si le dit Philippe Luc que l'on dit avoir été guéri miraculeusement vit encore pendant que le procès se fera, les juges et les sous-promoteurs de la Foi xxxxxxxxxà l'examen des deux médecins les plus célèbres de la ville ou de la province ou se fait ce procès. Ces médecins délégués après avoir juré sur les Saints Évangiles de remplir fidèlement leur mandat, de dire la vérité, de garder religieusement le secret et de faire cet examen avec soin et exactitude selon les règles de leur art. Devront rechercher, peser et examiner avec fidélité si Philippe Luc ainsi guéri a été vraiment guéri de la dite fistule, s'il possède aujourd'hui ce tempérament, cette heureuse constitution qu'on lui a attribué au 30me article et s'il jouit de cette vigueur nécessaire pour remplir et exercer les fonctions naturelles et humaines propres à tous ceux qui jouissent d'une entière et parfaite santé, en un mot s'il existe aujourd'hui un doute sur la continuation et la persévérance de cette guérison ; s'il y 94 a quelques signes, quelques traces qui fassent soupçonner que la fistule puisse revenir ou se changer en une autre maladie ; toutes les observations, les opinions et les expériences de ces médecins devront être inscrites et très exactement enregistrées avec la signature et l'approbation respective de ces dits médecins, séparément, fidèlement et avec soin. Que pour les autres questions il y soit supplée par le piété, la probité, l'intégrité, la religion, la sagacité, la diligence, la science et la prudence des juges et des souspromoteurs de la foi à qui est accordée la faculté d'ajouter de nouveaux interrogatoires selon que devant Dieu, ils le jugeront convenable. 95 Année 1847 Archevêché Besançon le 30 Décembre 1847 de Besançon Monseigneur, [de Toulouse] Il s'est passé dernièrement à Besançon un fait très remarquable : c'est la guérison d'une sœur de notre communauté de la Ste Famille, opéré par l'intercession de la bienheureuse Germaine. Après avoir laissé un temps suffisant s'écouler pour m'assurer de la guérison, j'ai pris les certificats et exposé ci-joints que j'ai l'honneur de vous transmettre, afin que vous puissiez zn faire l'usage que vous trouverez à propos. Veuillez agréer, etc. Signé † Césaire [Mathieu] Archevêque de Besançon. 96 Sœur Rosalie Pinot, religieuse de la Ste Famille depuis 20 ans a rempli pendant ce temps les fonctions de religieuse institutrice dans les campagnes : à la suite de ce pénible ministère, elle a éprouvé une fatigue extraordinaire dans la poitrine, et une extinction de voix qui l'a mise dans l'impuissance de continuer ses fonctions. Depuis 5 ans, elle a été constamment malade, et obligée de garder le lit, ayant la respiration très gênée, avec une tous incessante et une expectoration abondante, en un mot avec tous les symptômes d'une maladie de poitrine bien caractérisée, et dans cet espace de temps, elle a été plusieurs fois aux portes de la mort : mais surtout dans les quinze derniers mois de sa maladie, elle a été à plusieurs reprises à l'extrémité. Elle a reçu les derniers sacrements dans le mois de juillet 1846, et depuis ce temps, la malade a constamment gardé le lit et dans la même position, ne pouvant point reposer sur ses côtés à cause des suffocations qu'elle éprouvait ; la maigreur, la faiblesse augmentaient tous les jours, on était obligé de la porter sur un autre lit pour faire le sien, car elle ne pouvait pas se soutenir seule debout. Le Médecin avait abandonné depuis longtemps toute espèce de médicaments ; il jugeait non-seulement la maladie incurable, mais encore il ne voyait point de moyen de soulagement autres que ceux qu'il avait employés et qui n'avaient point produit les effets que la médecine espère : il laissait donc la malade prendre toutes les espèces d'aliments qu'elle pouvait supporter : c'était pour lui quelque chose d'inexplicable que la vie qui se soutenait si longtemps. Le 28 août [8bre] 1847, on propose à sœur Rosalie une neuvaine en l'honneur de la Bienheureuse Germaine ; on lui dit un mot des merveilles qu'on racontait à Bourges et des guérisons miraculeuses qui s'opéraient par l'intercession de cette Bienheureuse ! Quoique Sr Rosalie eut plutôt désiré mourir que guérir, parce qu'elle espérait voir bientôt le Bon Dieu, elle consentit de bon cœur à faire la neuvaine qui lui était indiquée par les Supérieurs. Au premier jour de la neuvaine, elle fut convaincue qu'elle guérirait, si elle souffrait davantage. Le mal en effet ne fit qu'empirer, et nous nous attendions tous à la voir mourir avant la fin de la neuvaine : la malade devinait nos craintes, et elle nous disait, soyez tranquille, je ne mourrai pas ; vendredi j'irai vous voir. Elle voulait nous dire par là que vendredi, dernier jour de la neuvaine, elle irait à la messe et 97 parcourrait la maison. Plus elle souffrait dans les derniers jours, plus sa fin paraissait prochaine, plus sa confiance aussi augmentait pour sa guérison ; en effet pendant la dernière nuit, elle disait à la Religieuse qui la veillait, je serai guérie à minuit : à ce moment la maladie s'est endormie après une crise et jusqu'au matin elle s'est réveillée plusieurs fois en disant je vais mieux, je vais mieux : mais à 5 heure du matin, elle eut une crise qui dura ¾ d'heure : la veilleuse lui dit alors en lui montrant les habits que la malade avait fait préparer dès la veille, Sœur Rosalie vous ne pourrez pas vous lever ce matin ; pardonnez-moi lui répondit la malade, c'est la dernière fois que je tousse. En effet, Sr Rosalie s'écria après cette crise : je suis guérie ; alors elle sort de son lit, prend ses vêtements et s'habille sans secours de personne. La Messe de communauté sonne à 6 h ¾ ; Sr Rosalie vient sans aucun appui à la chapelle, va se mettre à genoux à la table sainte, communie et va se placer dans un banc où elle demeure pendant toute la messe. Depuis ce jour 5 novembre aujourd'hui 17 décembre Sr Rosalie est guérie : elle travaille à la communauté, dort parfaitement la nuit et dans les positions qu'elle ne pouvait point souffrir, mange avec appétit, reprend ses forces et son embonpoint et n'a point éprouvé depuis sa guérison une seule crise de toux ou d'oppression. En foi de quoi, nous soussigné, à la parfaite connaissance desquels sont tous les faits ci-dessus, comme habitants la maison et nous trouvant constamment avec la Sœur Pinot ; nous confirmons tout l'exposé qui précède et assurons qu'il ne renferme que la vérité. J.L. Pessiere, ptre aumônier de la Ste Famille, Sœur Gabrielle Supérieure Générale, Sœur Marie Thérèse Infirmière, Sr Dorothée, Infirmière, Sr MarieChristine et Sœur Anne-Marie, malade à l'infirmerie. 98 Diagnostic médical : Mademoiselle Pinot, dite Sœur Rosalie, Religieuse de la Ste Famille, est entrée en religion à l'âge de 22 ans ; d'un tempérament lymphatique-sanguin, d'une bonne constitution, d'un caractère doux et égal. Elle a joui jusqu'à l'âge de 35 ans d'une santé qui n'a été altérée que par des rhumes qui n'ont mérité aucune attention : l'harmonie la plus parfaite régnait tant au physique qu'au moral dans tout son être. À cet âge de 35 ans, elle contracta une bronchite aigue qui la retint tout un hiver dans son lit : un traitement rationnel en triompha et il ne lui resta qu'une grande impressionnabilité des bronches, facilité à s'enrhumer. À l'âge de 38 ans, elle fut saisie d'une nouvelle bronchite qui, ne cédant à aucun traitement, prit bientôt les caractères et toutes les dimensions d'une pneumonie, laquelle passée à l'état chronique manifesta tous les signes de la tuberculisation des poumons. C'est deux ans après l'invasion de cette maladie que je vis Sœur Rosalie pour la première fois : une respiration très laborieuse, une suffocation imminente dans les mouvements un peu brusques, une toux incessante ; une expectoration sanguinolente, souvent purulente ; l'aphonie ; un appétit dépravé et presque nul. Les bruits que le stéthoscope ainsi que les autres moyens d'auscultation découvraient dans le thorax, faisant supposer une vaste caverne dans la partie supérieure du poumon droit et une tuberculisation avancée dans les deux tiers supérieurs du poumon gauche, tous ces signes, dis-je, me firent adopter le diagnostic établi avant moi. Depuis l'invasion de cette maladie jusqu'au 4 novembre de la présente année, c'est-à-dire pendant cinq années consécutives, Sr Rosalie n'a pu quitter son lit, et n'a jamais éprouvé d'allégement ou d'amélioration ; au contraire, des douleurs quelquefois brûlantes, souvent déchirantes de la poitrine ; des diarrhées accompagnées de colique etc., sont venues compliquer son état, qu'aucune médication n'a pu soulager. Pendant le cours des deux dernières années de cette maladie, j'ai bien des fois annoncé la fin prochaine de la malade ; elle y a été plusieurs fois préparée 99 d'après mes craintes ; en effet, l'orthopnée devenait de plus en plus menaçante ; la face restait cyanosée plusieurs jours de suite, la maigreur faisait des progrès et la répugnance pour une alimentation réparatrice venait encore ajouter au danger. Dans les derniers mois de la maladie, la respiration était presque nulle : 15 à 20 respirations par minute, très inégales entre elles et si peu étendues que d'après une estimation approximative, il ne restait que le tiers inférieur du poumon gauche qui put recevoir de l'air. C'est à toutes ces misères que vint encore s'ajouter un accident formidable : une stomacoce (???) très aigue avec des rayonnements névralgiques sur toute la moitié gauche de la tête : les rémittences de la douleur produisaient une sueur visqueuse qui couvrait tout le corps ; dans les exacerbations c'était une sueur aqueuse abondante et qui n'apportait aucun soulagement. Une telle colliquation avec l'impossibilité de toute alimentation me fit pronostiquer une fin prochaine ; car je ne concevais plus comment la vie pouvait se maintenir, se soutenir dans un tel état, d'autant plus que la respiration devenait de plus en plus difficile C'est dans cette situation que Sœur Rosalie se décida à faire une neuvaine à la Bienheureuse Germaine. Pendant tout le cours de cette neuvaine, le danger fut toujours prochain; imminent ; mais la nuit qui la terminait fut remarquable par beaucoup de toux, par une expectoration très abondantes ; et le matin précisément, le matin qui terminait le neuvième jour de sa vocation à la Sainte, Sœur Rosalie se lève et dit : je suis guérie ; elle va à la messe, remplit ses devoirs de religieuse, mange au réfectoire avec et comme ses compagnes ; parcourt la maison, et en sort pour rendre compte à ses supérieures de ce qui vient de lui arriver. Trente-trois jours se sont écoulés depuis cette guérison, à l'exception d'une douleur de fatigue des pieds qui n'a duré que quelques jours et qui s'explique facilement, nul autre accident n'est survenu. La science peut expliquer ce phénomène par l'existence d'une vomique qui pendant longtemps a comprimé un ou plusieurs troncs bronchiques et qui en 100 s'ouvrant a levé tout obstacle à la respiration ; mais ce qui paraîtra toujours extraordinaire c'est : 1. Que pendant cinq ans la respiration a été extrêmement gênée et que toute autre position que le dembitus (??)sur le dos était impossible. 2. Que plusieurs fois et même souvent, il y eu des expectorations aussi abondantes et de même nature sans allégement de symptômes. 3. Que cette rupture d'une vomique soit arrivée justement la nuit qui terminait la neuvaine. 4. Que tous les accidents aient cessé sur le champ, et qu'une malade qui est depuis cinq ans dans son lit, sans se mouvoir etc., ait pu s'habiller, marcher, manger sans en être incommodée. 5. Que son caractère n'en ait éprouvé aucun changement ; d'ailleurs, je dois ajouter que je n'ai jamais vu depuis 47 ans que j'exerce la médecine, chez aucun malade, autant de patience et de résignation, de douceur, d'égalité, de gracieuseté dans le caractère que chez Sœur Rosalie. Besançon le 7 Décembre 1847. Signé : Masunsan D.M.P. Je certifie que la signature apposée ci-dessus est celle de M. Masunsan, Docteur Médecin demeurant à Besançon, et que toute foi doit y être ajoutée. Besançon le 30décembre 1847 Signé: † Césaire Archevêque de Besançon. Copie conforme Archives Toulouse 101 Année 1939 Analyse des ossements Par le Cardinal SALIEGE 102 103 OBSERVATIONS Nous avons relevé dans un ouvrage que Germaine serait "né à Gaïné, village proche de Pibrac". En fouillant, même la carte de Cassini ne fait pas référence à ce lieu ; nous avant trouvé un chemin du Gayne sur Google Earth, qui correspondrait à ce "lieu-dit" ou quartier où se trouve la maison natale de Ste Germaine. La carte de Cassini, donne par contre Salvette, devenu Salvy, Bouregat, devenu Beauregard, Carabinet, devenu Crabinet, la Bordette devenu le lac de Bordette, Manotte, devenu Manaut, Loudet, resté Loudet (voir reproduction carte de Cassini page 40) Quelques photos : La photo qui reproduirait le mieux le lieu où dormait Germaine, serait la gravure de Raoul de Pibrac : Cependant, pour qu'elle soit plus proche de la vérité du lieu, elle devrait être présentée de cette façon : En effet, en entrant dans la bergerie, (flèche rouge) on trouve le départ de l'escalier sur notre gauche. Le râtelier à foin et les mangeoires se trouvent dans le prolongement de l'escalier à droite, en inversant la photo précitée, on se rapproche de la réalité. L'escalier, comme indiquait sur le tableau longeait le mur après un quart tournant au départ. Depuis des travaux de restauration ont modifié la configuration de l'escalier. L'auteur Raoul de Pibrac serait né le 14.12.1852 à St Ay (45) et décédé à Toulouse le 18.02.1937 à l'âge de 84 ans. Même si son tableau est un chef d'œuvre, notons qu'il n'a pas connu Ste Germaine, puisque né 273 ans après elle. 104 Gravure de 1879 105 Le fameux Logis dont parle une "Déposante" X Bernard STASSINET inventeur du projet 106 dans l'enquête du Père Morel.