Michel Leiris : L`Âge d`Homme :

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Michel Leiris : L`Âge d`Homme :
Michel Leiris : L'Âge d'Homme :
Épigraphe : Citation apparaissant en début de chapitre. Chez Leiris ces citations sont très diverses, tant pas leurs auteurs que par leur contenu.
1) Michel Leiris en son temps : 1) Repère biographiques : 1901­1990.
a) Jeunesse :
Il a une sœur ainée, morte lorsqu'elle avait 4 ans, et il a deux frères ainés, il les appelle « frère ami » et « frère ennemi », Jacques et Pierre. Il efface les identités. La mère attendait vivement une fille qu'elle voulait appeler Micheline, mais vint un garçon qu'elle appelle Michel. Il évoque ce prénom féminin p 192. D'autre part, après la mort de cette fille ainée, les parents vont décider de prendre dans leur foyer et d'élever une cousine de Leiris, Juliette. Et visiblement pour qu'elle soit pleinement intégrée, on dira qu'elle est la sœur des trois frères. C'est pourquoi il est souvent question de sa sœur. C'est elle qui apparaît dès la page 26. Leiris est incapable d'évoquer la naissance, le début de la vie, sans déjà évoquer la mort. Ce qu'il explique juste après, ce qui explique qu'il na jamais voulu faire d'enfant, car il pense qu'en mettant au monde un enfant il le condamne. C'est surtout une manière dès la page 26 de nouer les deux thèmes de vie et de mort. Et par delà le thème de l'absurdité de la vie. Cet enfant qui nait lui retire la vedette. Il n'est plus le « petit dernier ». Il a ce sentiment de ne pas compter, de n'être rien. Pourtant il a besoin de se rendre intéressant, il veut être plus que ce qu'il est. On peut mettre cela à relation avec les passages où il s'identifie à des héros, il l'impression alors d'avoir une vie exaltante, « je suis plus grand ». La mère est une fervente catholique, Michel Leiris est baptisé, son parrain est peut­être son Oncle Acrobate, qu'il adore, il aime son total anticonformisme (p 76). On ne sait jamais si Leiris tourne en dérision le complexe d'Oedipe ou pas. Le milieu de Leiris est bourgeois et cultivé, pas forcément riche, mais son père étant gestion en bourse il côtoie des riches. Son père fait également mécène, même si il n'a pas beaucoup d'argent, c'est comme ça que les enfant découvrent le théâtre et opéra.
b) Etudes :
Il passe son Bac dans une « boîte à bac », son père voulait faire de lui un polytechnicien, mais abandonne. Il veut ensuite l'emmener dans des études artistiques. Leiris décide lui de gagner sa vie seul, et s'inscrit dans des études de chimie. Il faut prendre en compte la situation politique, l'entre deux guerres. Il ne sait pas trop où il va, ce qu'il veut faire. Il va se réfugier dans une vie nocturne un peu agitée. Il y a à relever ce que les romantiques appellent le mal du siècle. La situation influe sur la réflexion sur le sens de la vie etc. Il rencontre des écrivains, des musiciens chez son père, et le poète Max Jacob. C'est aussi l'époque de sa relation avec Kay, encore un pseudonyme, et c'est l'époque des débuts de l'écriture. Il aime la poésie, ce qui semble être une source de conflit avec son père (p152). Il meurs en novembre 1921, évocation discrète. Il fait un service militaire civil, à partir de 1921 semble­t­il. Il découvre à cette époque Freud, il ne va lire que les premiers écrits, il a subit une psychanalyse, mais il n'est pas un spécialiste. Il va écrire un journal toute sa vie. Après son service militaire en 1923, il décide de consacrer sa vie à l'écriture de la poésie. C'est Mac Jacob qui va commencer à le former. Il va lui dire que sa poésie n'est pas assez personnelle, trop intellectuelle.
(p 185) Mac Jacob qui le décourage en apparence, mais en fait il l'encourage et l'emmène dans des milieux culturels. Il rencontre des auteurs et des peintres, en particulier André Masson (A.M.). On retrouve Masson dans un des rêves qui termine l'âge d'homme. Il est présenté comme un père spirituel. Il rencontre Kahnweiller, qui est un amateur d'art et qui sera ultérieurement son éditeur. Chez lui, il rencontre une certaine Louise Godon, qu'il demande en mariage de telle façon que ça se passe très mal. C'est le début de la période où il « noctambulise ». Il a également une brève liaison avec un écrivain. Il va rejoindre avec ses amis le groupe des surréalistes.
c) Période surréaliste :
Il faut renouveler la façon dont appréhender l'homme, renouveler la littérature. Aller au delà de tous les procédés rationnels. « Le beau peut naître de la rencontre d'une table d'une dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie ». Quand Freud arrive, et qu'il nous dit que c'est peut­être dans l'homme qu'il faut chercher cette inconnue. Beaucoup de gens vont être intéressés, y compris les littéraires, et en particuliers les surréalistes. Les premiers surréalistes sont des médecins. Mais avant que se constitue le mouvement surréaliste, c'est le mouvement Dada. Il s'agit de toute une génération qui marque son désespoir après la première guerre. Il s'agit de faire scandale, de dénoncer une société bourgeoise, l'art tel qu'on le conçoit, toutes les conventions autour de l'art. Cela vas préparer le surréalisme. Il se forme autour d'André Breton. Il va former le manifeste du surréalisme. L'écriture automatique, il s'agit d'écrire un texte en écartant tout ce qui peut être conscient et rationnel dans la pensée. Cette idée lui est venu par le fait qu'un jour il s'éveille et il prend conscience qu'une phrase lui vient à l'esprit sans raison. Comment à la fois faire surgir cet inconscient et renouveler quand même des moyens d'expression artistique. Trois jeux fabriqués autour du même schéma. On fait jouer le hasard sur une structure définie, par exemple une phrase. Ils se regroupent, ils essayent de faire le vide dans leur esprit, le premiers écrit un substantif, « le cadavre exquis boira le vin nouveau ». Les vrais surréalistes, vont se souvenir de ces procédés là, et ils vont essayer de faire œuvre d'art à partir de ce soucis de créer des hasards esthétiques. Les surréalistes s'intéressent évidemment au rêve. Leiris réécrit ses rêves le plus poétiquement possible. Leiris est incapable ou plutôt se refuse d'analyser les rêves comme le fait Freud, d'autant plus que cela ne l'intéresse pas. Ils étaient aussi intéressé pas l'hypnose. L'écriture automatique c'est plutôt violent car ça suppose d'être dans un état qui n'est pas « normal », l'hypnose également. Leiris a eu peur de devenir fou. La folie intéresse les surréalistes, car c'est un discours qui n'est pas rationnel. Leiris va publier un peu plus tard un ouvrage « Glossaire, j'y serre mes gloses » (Glossaire = lexique).Il s'inquiète de ses désordres hallucinatoire. Il rejoint la gauche communiste. Il en profite pour écrire un roman Aurora (Référence à Aurélia de Nerval). Il apprécie chez Nerval un certain goût du mystère, tout ce qui peut témoigner dans l'homme d'un dépassement. Il fait apparaître un personnage appelé Damoclès SIRIEL. Il va finir par se marier à Louise Godon, et ils resteront ensemble jusqu'à la fin. Kahnweiller à épousé Lucie Godon, qui avait déjà une fille Louise hors mariage. Il les présente dans son livre comme des sœurs.
d) L'amitié avec G. Bataille :
G. Bataille est le premier écrivain connu à suivre une psychanalyse. Il dirige une revue nommé document dont Leiris va devenir secrétaire de rédaction. Il s'agit d'une revue dédiée à la théorie esthétique. Il se prend de passion pour une culture pas reconnue à l'époque, en particulier le Jazz et le cinéma (« art nègre »). Bataille qui a une écriture assez particulière, avait voulu publier une collection érotique, et demande à Leiris. Leiris s'exécute et écrit en 1930 vraisemblablement, Lucrès, Judith et Holophèrne, après avoir vu le tableau de Crana. Plusieurs textes ont été écrits à la suite de ce tableau, mais nous ne retenons que le précédent. Leiris va devenir ethnologue. Il suit des cours à l'institut d'ethnologie, il va partir pour une mission qu'il évoque p 198­199 (mai 31 ­> février 33). Il est sensé recenser tous les documents qu'il ramène, et alors qu'il est contre toute forme de colonisation, il revient avec une collection d'œuvres d'art issues du pillage. Il écrit un livre sous un pseudonyme, ou il dénonce l'ethnologie sans prendre de pincettes, ce qui lui vaut un certain nombre de brouille. Pourtant il poursuit dans cette voie (p159). Leiris vit entre deux guerres, on entend la critique d'une société matérialiste, et donc la recherche de quelque chose qui dépasse l'homme, qui soit à la fois une contestation de la civilisation dans laquelle on vit, et la recherche de la forme d'absolu, de dépassement. Il trouve cela dans le Jazz, il parle de quelque chose qui relie les gens et qui est au dessus d'eux. C'est pourquoi il embrasse cette profession pour lui redonner le sens qu'il veut. Cela va lui donner le goût de la collection des documents. On se rend compte que l'Age d'homme est très varié. Leiris fait apparaître un certain nombre de références au mysticisme, à l'absolu, au dépassement... Quelque chose qui élève au delà de sa propre médiocrité. e) La psychanalyse :
C'est la qu'il va entreprendre un projet de mémoire, c'est Bataille qui a conseillé à Leiris de faire cette cure. Le Bilan en sera très mitigé. La psychanalyse l'attire car il la considère comme un outil d'investigation de soi. On observe une prise de distance quand à la psychanalyse, on peut l'interpréter par le fait que le moi échappe aux outils scientifiques, et deuxièmement, la psychanalyse révèle beaucoup de choses sur l'énigme du moi, elle oblige à un face à face assez violent. Leiris a beaucoup de difficulté à accepter ce face à face. Il est très difficile de dire si la psychanalyse est tenu à distance si elle est tenue à distance parce qu'elle voit trop ou pas assez. Il semble que ce soit un peu des deux. « On peut prendre la psychanalyse comme on prend de l'aspirine » dans une lettre à bataille. p 197­200, réflexion sur la psychanalyse et ses limites.
f) L'avant guerre :
Leiris se rapproche des positions socialistes, et notamment il va rejoindre un comité de vigilance des intellectuels anti­faschistes. Leiris a de gros problèmes avec le militantisme et avec l'engagement politique, car il considère que la littérature et la politique sont différents. Il va rejoindre le collège de sociologie avec André Breton et Georges Bataille. Il va prononcer une conférence « le sacré dans la vie quotidienne », il s'interroge comme introduire une forme de sacré et de grandeur dans les société développées. C'est à cette époque qu'il va écrire de plus en plus de textes sur la tauromachie. L'age d'homme et publié en Juin, il est mobilisé en septembre en Afrique. Il est démobilisé en 40, beaucoup de ses amis résistants sont tué, lui il va écrire dans des revues clandestines (résistance intellectuelle). L'écrivain n'est pas exposé physiquement, sauf en temps de guerre, d'où différence avec la tauromachie, le risque vient en plus de l'extérieur et non de la littérature elle­même. Il va collaborer avec Sartres et va publier dans sa revue mais il refuse toujours la littérature engagée. Il va commencer par écrire la suite de son autobiographie avec le premier volume nommé Biffures.
g) Après­guerre :
Engagement politique, combattre le colonialisme. Il voyage en Afrique, aux Antilles, il écrit beaucoup contre le colonialisme et se lie d'amitié avec Aimé Césaire. En 60 il reçoit un blâme administratif car il a signé le manifeste des 21 qui critiquait la soumission dans la guerre en Algérie. Il va publier le reste de son autobiographie Fourbis, Fibrille, Frêle Bruit. De plus en plus on va se rendre compte que sans laisser tomber son exigence sur soi, va faire passer au premier plan sa recherche sur le langage. On retrouve l'idée de règle, qui est largement développé dans la littérature considérée comme une tauromachie, et il y a une évolution de la règle qu'il se fixe, et du serment qu'il a fait, et qui dès l'âge d'homme n'est pas tenu. Il devient directeur de recherche au CNRS en 68. Parmi tous les artistes qu'il rencontre, il y a en particulier Francis Bacon donc il devient un ami. En 1980 il reçoit le grand prix national des lettres et le refuse, il meurs en 1990, il lègue tous leur biens aux bibliothèques, l'argent aux associations, et les peinture à un musée (sa femme était morte 2 ans avant).
2) La fabrique de l'Âge d'Homme : Il y a un feuilletage historique des textes avant 1930 dans le chapitre liminaire. Il y a des textes qui sont écris en 1930 dans des revues et qui sont intégrées dans l'âge d'homme. Et ce sont des souvenirs d'enfance relatif au sadisme et autres. Lucrèce Judith et Holophèrne, probablement en 1930, un texte d'une 20aine de pages. Il y a le texte qu'il a écrit après la première phase du texte qu'il a écrit durant sa psychanalyse, qui constituerons le fond des chapitres 7 et 8 de l'âge d'homme. Il y a donc une collection de textes antérieurs. Il reprend les texte et les réécrit en 1934, il ajoute le chapitre liminaire et le chapitre 1, il compose et il met en ordre, et il met ça sur un cahier qui s'achève en 1935. Il « oublie » de préciser que son texte prend une origine bien antérieur à 1930. Le titre lui a été choisis en cours de rédaction. Le livre est fini en 35, publié en 39 (du uniquement à l'éditeur). Une autre édition paraît en 1946, la dédicace à bataille, la préface, une reproduction en noir et blanc de Lucrèce et Judith, et les 11 notes. On les trouves à partir de la page 209, elle ont quelque chose de très original par rapport à ce qui est habituel, car il n'y a pas de références. Les notes sont un nouveau regard sur le texte ancien. Refuser d'insérer des références est une manière de laisser le texte intact. Il s'agit de corriger l'âge d'homme, mais sans y toucher. C'est un livre qui mérite des corrections mais qu'on ne touchera pas. Ces notes, à elles seules, prouvent qu'une autobiographie n'est jamais achevée, et tout est bon pour continuer la rédaction de celle­ci. Il y a une sorte de contestation de l'âge d'homme en 46. Il dramatise en expliquant que ce livre est « périmé » et que le substitut du livre qu'il aurait aimé écrire sans en avoir le temps passe par ces notes. Énigme du sphinx et mythe de Judith. A travers ses notes, on remarque que Leiris semble espérer un salut via son art. Un salut comparable à celui de Saint Augustin, mais moins fort que celui de Lorenzo qui sait que son acte ne va rien changer, et qu'il va le conduire à la mort. Chaque étape de la vie l'amène à modifier une partie de ses textes (où à les annoter). L'âge d'homme inverse un petit peu l'énigme de sphinx. Le sphinx demande qui est la créature, ici on s'interroge sur ce qu'est l'homme, et Leiris a peur que la définition soit aussi dérisoire que celle qu'a donné le sphinx. Il va faire que l'écriture permette de dire cette banalité, et en même temps la transcende. Finalement dans l'âge d'homme il y a une quête erratique de cela. Il oscille constamment au désir d'objectivité et une écriture littéraire. Il raconte de la recherche de plus d'intensité. Sa recherche de la cruauté à travers l'art, de ce qui est fort, violent, est une recherche de ce qui peut donner plus d'impression de vie. Il va chercher ça dans l'alcool, la sexualité, l'art. Il prend progressivement compte (tardivement) qu'il n'y a que cette littérature débarrassée du complexe d'objectivité qui réponde à ses goûts.
2) Une œuvre en énigme : 1) Une autobiographique atypique : 2) Une composition baroque : 3) Le feuilletage historique : 4) « Une sorte de collage surréaliste ou plutôt de photomontage » : 3) Refuser l'énigme : 1) Un engagement éthique (à partir de l'étude de « De la littérature considérée comme une tauromachie »). 2) La confession : 3) « Une telle façon de procéder est peut­être hasardeuse » : 4) Construire l'énigme : 1) Se démasquer et se masquer : 2) Parer le moi, parer la vie : 3) « Le simple fait qu'il y eût allégorie était là pour tout arranger » : 4) « L'on se retrouve toujours identique à soi­même » : 5) La vérité par l'énigme ? 1) La quête d'absolu : 2) Le salut par l'écriture : 

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