Le son de
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Le son de 1968, révolution musicale Loin de moi lʼidée, ni lʼenvie dʼécrire un post sur mai 68. On a frôlé lʼoverdose ces dernières semaines, partout. Et dire que ces cons dʼétudiants sur les barricades du quartier Latin se réclamaient de Trotski et de Mao... Ils nʼavaient pas la télé à lʼépoque ou quoi ? Ces jeunes lʼignoraient encore sur les barricades, mais ils enterraient les sixties avec deux ans dʼavance. Cinq plus tard, le premier choc pétrolier nous plongera dans la crise économique. Nous y sommes toujours. Parlons musique avec ce deuxième volet de ma trilogie des albums mythiques de la fin des années 60. Quʼon aime ou pas, on ne peut que sʼincliner devant la profusion dʼoeuvres grandioses sortis par ces groupes légendaires entre 1966 et 1970, lʼâge dʼor du rock. Petite revue des troupes... The Stooges, Velvet Underground, Nico, Led Zep, Kinks, Small Faces, Love, Bob Dylan, The Beatles, The Rolling Stones, Donovan, Janis Joplin, The Byrds, The Doors, Free, Jefferson Airplane, The Band, Van Morrison, Tim Buckley, Traffic, Joni Mitchell, Neil Young, Elvis Presley, Margo Guryan, Crosby Stills & Nash, The Flying Burrito Bros, John Mayall, Jimi Hendrix, Cream, Rod Stewart, Humble Pie, The Mamas & The Papas, Moody Blues, Move, Grateful Dead, Procol Harum, Nick Drake, Kevin Ayers, Buffalo Springfield, Fred Neil, Pink Floyd, Soft Machine, Fairport Convention, Frank Zappa & The Mothers Of Invention, Tim Hardin, Townes Van Zandt, Harry Nilsson, Who, Jeff Beck, Syd Barrett, 13th Floor Elevators, Captain Beefheart, Pretty Things, MC5, etc. Pour bien apprécier, comparons avec ce que nous offre le rock depuis 2004 : Amy Winehouse, Baby Shambles, Radiohead, White Stripes, Bloc Party, Franz Ferdinand, Arcade Fire, Rakes, Interpol, Mika, Arctic Monkeys, LCD Soundsystem... Et je ne retiens que le gratin qui ne boxe même pas dans la même catégorie... Pourtant, en mai, les radios tricolores ne diffusaient que des merdes. Lʼavant-garde culturelle se trouvait plutôt de lʼautre côté de la Manche. Au hit-parade de lʼépoque, pas vraiment de révolution... La France sʼennuie... À part Hey Jude des Beatles, On the Road Again de Canned Heat, pas grand-chose de potable à se mettre derrière les oreilles. Aphroditeʼs Child domine les ondes avec Rain and Tears. Du côté de la chanson française, cʼest le règne de Mireille Mathieu, Nana Mouskouri, Adamo, Richard Antony, Sheila, Johnny et Sylvie Vartan... Lʼhorreur absolue. Joe Dassin souffle sur là-haut sur la colline. Rien à sauver hormis Gainsbourg, Françoise Hardy ou Jacques Dutronc (Il est Cinq Heures, Paris sʼéveille). On en rigolerait presque si les choses avaient changé dans notre pays depuis... Comme dʼhabitude, chantait alors Clo-Clo... Après une année 67 riche en chef dʼoeuvre, voyons donc ce que 1968 nous a offert de mieux. 1/9 1968 fut dʼabord lʼannée des grandes résurrections : le show NBC Special du king Elvis Presley, de Johnny Cash devant les forçats de la Folsom Prison, de Dylan après son accident de mobylette. Pour commencer, deux doubles albums : The White Album des Beatles Jʼai mis longtemps avant de pouvoir me lʼoffrir le fameux double blanc (un double, ce nʼétait pas donné pour ma bourse à lʼépoque...) Je connaissais beaucoup de titres par lʼintermédiaire des albums rouge et bleu. La trilogie tricolore des Beatles. Un joyeux foutoir dans lequel chaque membre des Fab Four apporte ses chansons et explore toute lʼétendue des possibilités du groupe. Au final, lʼensemble tient bien la route, encore aujourdʼhui. Mentions spéciales pour Helter Skelter de Mac Cartney,Haapyness is a Warm Gun, Revolution de Lennon, While my Guitar Gently Whip avec le solo de Clapton, non crédité. La chanson la plus conne aussi : Ob-La-Di-Ob-La-Da de Ringo Starr. On ne retrouve dessus ni Hey Jude, ni Lady Madonna, autres hits de lʼannée. Lʼalbum du début de la fin... Après, il nʼy aura plus quʼAbbey Road et Let it Be avant lʼéclatement en vol dès 1970, pour en finir définitivement avec les années soixante. Electric Ladyland Le chef-d'oeuvre dʼHendrix et déjà son dernier. Le double album qui permet à Jimi Hendrix dʼexprimer tout son génie. Je ne possède pas la version avec les filles à poil de la pochette... Jʼadore cet album, surtout pour sa reprise de All Along The Watchtower de Dylan. Pour Dylan “ il en a fait une version dont il nʼavait jamais osé rêver.” John Wesley Harding Le retour de Dylan avec un disque de country rock après dixhuit mois de silence mystérieux. La version originale de All Along The Watchtower quʼHendrix enregistrera après avoir écouté un acétate de cet album en compagnie de Brian Jones. 2/9 Johnny Cash at Folsom Prison Face à 2000 taulards placés sous haute surveillance, lʼhomme en noir livre un set de folie qui remet sa carrière sur des rails. Interpréter son hit Folsom Prison Blues en prison, fallait oser. Lʼannée suivante, il récidivera à San Quentin, puis enregistrera Girl From the North Country en duo avec Dylan sur Nashville Skyline. Grand monsieur. Beggars Banquet Autre pochette à scandale, longtemps censurée pour les graffitis sur les WC. Les Rolling Stones qui nʼavaient pas sorti un très bon album en 1967 se rattrapent largement avec leur banquet des mendiants : Sympathy for The Devil, Street Fighting Man, Stray Cat Blues, entre autres... Avec ce disque, ils enchaîneront ensuite tous les ans les chefs dʼoeuvre jusquʼà Exile on Main Street en 1972, devenant le « greatest rockʼnʼroll band in the World ». Aujourdʼhui, le barnum vire un peu au Muppets Show... Ils sortiront aussi Jumpin Jack Flash en single pendant lʼété. Jagger et Richards prennent définitivement lʼascendant sur Brian Jones, fondateur des Stones. The Kinks are The Village Green Preservation Society Chef dʼoeuvre de la pop anglaise et premier concept album de Ray Davies, ce disque apparaît décalé par rapport aux autres productions de lʼépoque. Il sortira dans la quasi-indifférence. Il détaille avec nostalgie lʼAngleterre dʼantan, victime de la modernité. À redécouvrir dʼurgence. The Byrds Sweetheart of the Rodeo Depuis 1965, les Byrds sont le seul groupe avec les Beach Boys à rivaliser avec les Beatles.Reconfiguration complète pour le groupe, rejoint par Gram Parsons et virage country dans la foulée de Dylan et Johnny Cash. Parsons impose ses vues à Roger Mac Guin, le leader des groupes. Au menu de la chérie du rodéo, reprise de Dylan et titres originaux qui ouvrent une nouvelle direction au rock. 3/9 Cheap Thrills Big Brother & The Holding Company Il y a dʼabord la célèbre pochette de Robert Crumb. À lʼinstar de Gram Parsons, Janis Joplin fait un hold-up sur un groupe de bouseux de San Francisco. Tout lʼalbum tourne autour de sa voix, avec la reprise de lʼexcellent Summertime, ou encore Ball And Chain. Elle leur faussera « compagnie » dès la fin 68 pour succomber à tous les excès du rock. Aretha Franklin Lady Soul LA star féminine de 68, en tête des charts dans le monde entier (sauf en France...). Petite fille de pasteur, elle a chanté du gospel à lʼéglise. Ca laisse des traces. Accompagné ici entre autres par Clapton et Bobby Womack. Les hits sʼenchaînent (of Fools) avec régularité. Cʼest le grand disque soul de lʼannée. Chain of Fools, Respect. Creedence Clearwater Revival Chemise à carreaux, chanson de bouseux du bayou. John Fogerty et son groupe entament avec ce disque leur règne sans partage sur le rock américain. Ils reprennent Suzie Q, I Put a spell on You de Screaming Jay Hawkins. The Band Music From Big Pink Les Canadiens, anciens accompagnateurs de Dylan (qui a dessiné la pochette) fouillent dans les racines de la musique américaine. Un objet qui détonne en pleine ère psychédélique. En lʼécoutant, Clapton dissoudra Cream pour chercher un nouveau style musical. 4/9 Van Morrison Astral Weeks Lʼautre Morrison, compositeur de Gloria et de Brown-eyed Girl, enregistre son chef dʼoeuvre en deux jours. Il est régulièrement cité dans les classements des meilleurs albums. Personnellement, jʼadhère moins. Un peu trop calme et cérébral pour moi... Faudrait que je revisite à cette occasion, mais je ne le retrouve pas... The Mothers Of Invention Le premier groupe de Zappa signe là lʼun des albums les plus influents du XXe siècle. La pochette se moque de Sgt Peppers. Zappa produit une attaque en règle contre lʼamerican way of life, le conservatisme et la politique belliciste des États-Unis. « On fait juste ça pour le blé ». Prémonitoire ? Il en profite pour se foutre de la gueule des hippies et signe un morceau intitulé Flower Punk dix ans avant lʼessor des Anglais à lʼépingle à nourrice. Cream Wheels of Fire Troisième et dernier album pour le “power trio” blues rock british dʼEric Clapton. Un double. Un disque studio et un disque live, enregistré au Fillmore. Du coup, on se retrouve devant une oeuvre où le génial cotoie le superflu comme sur beaucoup de doubles.. Sitting on the top of the World. Marvin Gaye I Heard it Trough The Grapevine. Difficile de ne pas se souvenir du jeune qui enlève son Leviʼs pour le mettre dans la machine de la laverie automatique lorsque lʼon entend ce morceau... 5/9 Traffic Le nouveau groupe de Stevie Winwood après son départ du Spencer Davis Group et ses hits (Gimme some Lovinʼ). Feelinʼ alright? Yes, man. Mais cʼest une reprise de Joe Cocker, le caniche le plus célèbre du rock, qui rendra le morceau célèbre. Steppen Wolf Le loup des steppes canadiennes aligne les tubes sur ce premier album, dont le fameux, Born to be Wild chanson culte dʼEasy Rider lʼannée suivante. Je préfère la version de lʼalbum live, plus pêchue, titre idéal à écouter en voiture. The Pretty Things SF Sorrow Le premier opéra rock certifié, influence majeure du créateur de Tommy, Pete Townshend. Enregistré à Abbey Road pendant le summer of love. Aucun succès en dehors de la perfide Albion. Énorme influence sur les concepts albums de la fin de la décennie. The Small Faces Ogdens’Nut Gone Flake Concept album psychédélique, le plus abouti de Steve Mariott et ses petites gueules. Mélodies imparables comme Lazy Sunday ou Afterglow. Steve Marriott quitte le groupe ensuite qui connaîtra le succès avec Rod Steward et les Faces. Sa pochette circulaire représente une boîte à tabac (en prévision de la légalisation de la marijuana... Des visionnaires !). 6/9 Jeff Beck Truth Le meilleur album de lʼex-Yarbirds. Du heavy metal chanté par Rod Steward. Lʼalbum contient le célèbre « Beckʼs Bolero », rien à voir avec le momo..., et « I Ainʼt Superstitious » Le style préfigure ce que fera Led Zep à partir de lʼannée suivante, avec beaucoup plus de succès que Beck après lui avoir pompé tout son style. Jefferson Airplane Crown of Creation Acid rock, psychédélisme, LSD amour en groupe et big bang hippie de San Francisco au programme. Lʼesprit de 68 avec des histoires dʼamour à trois (Triad) ou de trip acide. A écouter Share a little Joke and Crown of Creation. Le groupe sʼest taillé une belle réputation avec Surrealistic Pillow (Somebody to Love) et Volunteers que je redécouvre en ce moment. Quintessence du rock West Coast, ce nʼest pas quʼune bande de babs... Jʼadore la voix de Grace Slick. The Songs of Leonard Cohen Le Canadien débute à 35 ans avec cet album. Poète, il met alors ses vers en musique. Super mélancolique, dépouillé et minimaliste, juste sa guitare et sa voix grave, mais qui plaît tant aux filles. So long, Marianne et Suzanne Serge Gainsboug Initials B.B. Si Gainsboug a suivi les événements de mai au chaud dans sa suite du Hilton. Après sa rupture avec Bardot, il compose Comment te Dire Adieu pour Françoise Hardy, tourne Slogan avec Birkin et sort le meilleur album français de 68. Initials B.B., Comic Strip, Ford Mustang, Bonnie And Clyde, Qui est in, qui est out, Dr Jekyl And Monsieur Hyde, etc. Excusez du peu... La version originale de Je tʼaime, Moi Non Plus ne paraîtra quʼen 1986, pour ne pas fâcher Gunter Sachs. A la fin de lʼannée, il signe son fameux 69, année érotique. Cool, man. 7/9 Otis Redding The Dock of The bay (Sittinʼ on) The Dock of The Bay, quel morceau ! Jʼadorai déjà son album Otis Blue. Ici, il fait plus fort encore... Classique de la soul parmi les classiques, avec le sifflement en intro. Et tout. Le titre éclipse le reste de lʼalbum. Otis avait trouvé la mort en décembre 67 dans un accident dʼavion. Fin de partie alors quʼil allait connaître enfin un succès planétaire. The Zombie Odessey and Oracle Les Beach Boys anglais, mais sans leur Brian Wilson. La pochette avec la faute dʼorthographe involontaire à Odyssey. Leur carrière est catastrophique après le carton de leur premier single. Le disque est produit par CBS avec un budget minuscule et passe inaperçu à sa sortie, les singles chutent dans les profondeurs des charts. Lorsque lʼalbum sort en avril 68, le groupe nʼexiste déjà plus. Il contient pourtant le tube Time of The Season. Il fallait juste lʼécouter jusquʼau dernier morceau... Numéro 1 en 69. Album mythique et réédition pour les 40 ans. Iron Butterfly In a Gadda-Da-Vida Ecoulé à un million dʼexemplaires, le succès du disque tient sur le morceau éponyme, composé après plusieurs bouteilles de vin, et qui dure toute la face 2. Sans précédent. In a GaddaDa-Vida, ça signifie In the Garden of Eden prononcé par un mec bourré. Riffs de hard rock et voix bizarre (dʼhommes saouls ?). Existe en version single (syndrome « On fait juste ça pour le blé »...). Je ne connaissais pas et trouve ça cool. Il a été joué comme un hymne religieux dans un épisode des Simpsons, personnages préférés de ma fille Chloé. James Brown Say it Loud, I am Black and I am Proud « Dis le fort, je suis noir et je suis fier ». Lʼhymne des Black Panthers balancé en plein mois dʼaoût 68, de quoi enflammé de nouveau le quartier de Watts à L.A. James Brown hurle quʼil « vaut mieux mourir debout que vivre à genoux ». Selon le Rock'n'roll Hall of Fame, une des cinq cents chansons fondatrices du rock. Après la période « je soutiens les droits civiques des blacks », le Godfather du Funk votera Nixon en 72 puis soutiendra Reagan avant de finir en prison... 8/9 MC5 Kick out The Jam « Kick out The Jam, mother fuckers » Enregistré live à Detroit en 68, la chanson politique ultra violente ne sortira quʼen 69. La chanson est inspirée des émeutes raciales de Détroit en 1967. The Doors Waiting for the Sun. Douze mois après Strange Days, leur chef dʼoeuvre, les portes sont un peu claquées. Strange Days se terminait par un morceau, digne de The End, When the Musicʼs over. Morrison hurle « We Want The World and We Want it Now ! ». Top départ des émeutes des jeunes ? Je ne trouve pas très bon Waiting for the Sun, malgré The Unknown Soldier et Five To One. Sûrment à cause de Hello, I Love You. Not to touch The Earth... jusquʼau cimetière du Père Lachaise en 1971... The Velvet Underground White Light/ White Heat Disque majeur, mais quʼon nʼécoute jamais... Pas de banane ici... Musique de chaos qui contraste avec le courant psychédélique des hippies. Comme tous les disques du Velvet, ce nʼest pas super rigolo à entendre, descente aux enfers sur fond de paranoïa et de drogues. Je ne peux pas. Ça me déprime encore plus que le boulot... Sister Ray, chanson sur la dealeuse de Lou Reed, dure 17 minutes et fut enregistré en une seule prise. Comment écrire de bonnes chansons pour les massacrer ensuite ? Verve finira par les virer et John Cale se tirera. Voilà pour ce petit panorama musical soixante-huitard... Jʼai laissé quelques disques de côté. A vous de les découvrir. Mais cette sélection vous fait quelques disques à écouter par ce beau temps... Vous pouvez retrouver lʼessentiel de ces morceaux en streaming sur mon iTunes après avoir téléchargé Simplify Media. Suite lʼannée prochaine pour le dernier volet consacré à lʼannée 69, année érotique... 9/9