MONSIEUR LE MINISTRE V3
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MONSIEUR LE MINISTRE V3
Syndicats FO, CFE/CGC, CFTC Du Groupe EADS. A Monsieur le Premier ministre Hôtel de Matignon 57, rue de Varenne 75700 PARIS Paris, le 18 novembre 2013. Copie : Monsieur le Ministre du travail. Monsieur le Ministre du redressement productif. Monsieur le Ministre de la Défense. Madame la Ministre de la recherche et de l’enseignement supérieur. Frédéric HOMEZ, Secrétaire général de la Fédération de la Métallurgie. Jean-Claude MAILLY, Secrétaire général de la Confédération FO. Carole COUVERT, Présidente de la Confédération CFE/CGC. Gabriel ARTERO, Président de la Fédération de la métallurgie CFE/CGC. Joseph CRESPO, Président de la Fédération de la métallurgie CFTC. Philippe LOUIS, Président de la Confédération CFTC. Monsieur le Premier ministre, Le 31 juillet 2013, le PDG d’EADS, Tom ENDERS annonçait la nouvelle stratégie du Groupe EADS qui se résume en trois points majeurs : - EADS s’appellera AIRBUS GROUP à compter de juillet 2014. - Le Groupe se réorganisera en trois Divisions (AIRBUS, AIRBUS HELICOPTER, AIRBUS DEFENSE & SPACE). - La profitabilité du Groupe devra être portée à 10% en 2015. Monsieur T. ENDERS a notamment précisé que la constitution de la Division DEFENSE & SPACE se traduira par le regroupement des entités ASTRIUM, CASSIDIAN et AIRBUS Military, ces entités faisant déjà partie intégrante du Groupe EADS. A ce jour, les représentants du personnel ignorent les conséquences de cette nouvelle stratégie et plus précisément de ce regroupement. Nous savons néanmoins qu’un plan de réduction des effectifs touchant principalement les entités allemandes et françaises sera annoncé dans les prochaines semaines et vraisemblablement au comité européen prévu le 9 décembre 2013. Parallèlement, la Direction Générale du Groupe a entrepris des démarches visant à se séparer de l’entité « Test & Services » au sein de laquelle travaillent près de 500 salariés dont une grande majorité en France. Selon nos Dirigeants, cette entité serait trop « petite » pour rester dans le Groupe et relèverait « d’une activité de PME ». Cette nouvelle approche que nous contestons sera-t-elle appliquée de la même manière dans le cadre du projet de réorganisation, ce qui signifierait que plusieurs, voire toutes les entités de moins de 500 salariés seraient condamnées à quitter le groupe EADS ? Dans un tel contexte selon lequel la profitabilité serait la priorité du Groupe EADS, nos organisations syndicales s’interrogent sur l’ampleur et la gravité des mesures qu’annoncera prochainement la Direction Générale du Groupe. Nous vous rappelons que la nouvelle stratégie d’EADS (Stratégie 2.0) fait suite à l’échec du rapprochement entre EADS et BAE. L’objectif de ce projet de fusion était de rééquilibrer le poids des activités civiles et militaires dans un nouveau Groupe qui serait, de fait, devenu leader mondial. Ce rapprochement n’a pas été rendu possible compte tenu du blocage de l’Etat allemand et du silence de l’Etat français. S’appuyant sur les raisons de cet échec, nos Dirigeants ont entrepris de faire d’EADS une entreprise dite « normale ». De ce fait, avec l’accord des gouvernements concernés, EADS a procédé à un recul historique des actionnaires de référence (Etats français, allemand, espagnol, LAGARDERE et DAIMLER) et à la prise de contrôle du Groupe par « l’actionnariat flottant », dont la majorité serait désormais entre les mains d’actionnaires anglo-saxons. Par ce rappel, nous attirons votre attention sur les conséquences sociales que pourrait avoir la nouvelle stratégie du Groupe EADS qui est la conséquence directe des évolutions précitées. Malgré la dynamique engagée en France pour redonner à l’industrie française un poids respectable et digne d’une grande nation, nous déplorons le constat alarmant qui positionne l’activité industrielle nationale en pourcentage du PIB parmi les derniers pays d’Europe. Le secteur aéronautique, spatial et de défense reste un atout majeur de l’industrie nationale et nous n’accepterons pas qu’il soit fragilisé pour des raisons de profitabilité à court terme. En tant qu’actionnaire à hauteur de 12% du capital et en tant que client majeur, l’Etat français doit avoir un regard attentif et exigeant sur l’évolution du Groupe EADS. Nos organisations syndicales FO, CFE/CGC, CFTC considèrent que l’ambition industrielle doit être la priorité du Groupe EADS. Nos organisations syndicales FO, CFE/CGC, CFTC considèrent que cette ambition industrielle doit être orientée prioritairement dans le développement de nos activités civiles et militaires au sein de nos régions françaises et européennes. Pour atteindre cet objectif, EADS doit continuer de proposer des produits innovants correspondants aux besoins des clients. A ce titre, EADS doit assurer le développement de ses compétences et investir dans la recherche et le développement, quitte à accepter une moindre profitabilité à court terme. Le gouvernement français a le devoir de s’impliquer dans la vie de notre Groupe au même titre que nos partenaires allemands ne manquent pas de le faire en relation avec le corps industriel et social. Nos organisations syndicales considèrent qu’un groupe comme EADS peut légitimement se réorganiser pour préparer les enjeux futurs mais à la seule condition de préserver les emplois et la situation sociale des personnels. Un groupe industriel dont le carnet de commande est d’environ 650 milliards d’euros, ne doit pas faire « des licenciements boursiers » et doit être en mesure de maintenir l’activité de ses sites, notamment en France. Les français sont déjà très marqués par les annonces presque quotidiennes de plans sociaux ou de fermetures d’entreprises sur le territoire national. En ayant doublé son chiffre d’affaires sur les dix dernières années et en ayant dégagé un EBIT de plus de 2 milliards d’euros en 2012, EADS est une entreprise qui se porte bien. Dans ces conditions, il serait incompréhensible et inacceptable qu’EADS ne sache pas se réorganiser sans préserver les emplois d’aujourd’hui et de demain, tout en garantissant la situation sociale de ses personnels. Nos organisations syndicales vous demandent donc de peser de tout votre poids afin que les intérêts industriels nationaux ainsi que les intérêts sociaux des personnels d’EADS soient préservés. Recevez, monsieur le Premier ministre, l’expression de nos sentiments les plus respectueux. Pour FO Yvonnick DRENO Coordinateur Pour CFE/CGC Ludovic ANDREVON Coordinateur Pour la CFTC Olivier ESTEBAN Coordinateur