DotA : les Anciens passent à l`attaque

62 Analyse
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DotA : les Anciens passent à l’attaque !
DotA :
les Anciens passent à l’attaque !
A
u départ une simple carte pour
WarCraft III, Defense of the
Ancients ou « DotA » pour les intimes,
est devenue un genre à part entière,
porté par une communauté de
passionnés. Depuis l’an dernier,
plusieurs productions commerciales
ont tenté de se greffer sur son
succès, avec des fortunes diverses.
Revue d’effectif.
A
u commencement, il y a un
mod de WarCraft III : Reign
of Chaos. Réalisé en 2003, il s’agit
d’une simple carte dans laquelle des
hordes de créatures appelées creeps
sont créées automatiquement dans
chaque camp et se précipitent vers
la base adverse par vagues égales et
régulières. Puisqu’elles empruntent le
même chemin et que personne ne les
contrôle, elles pourraient s’entretuer
ainsi jusqu’à la fin des temps dans ce
combat symétrique. Et c’est là que
vous intervenez ! Fait inhabituel
dans un STR, vous ne dirigez
qu’une seule unité : un héros
choisi avec soin. C’est par votre
intervention et celle de vos alliés
— à l’origine, les parties se jouent à
cinq contre cinq — que votre camp
parviendra à triompher et à détruire
« l’Ancient » adverse : le Trône de
Glace si vous jouez le Fléau (Scourge)
ou l’Arbre Monde si vous êtes du côté
des Sentinelles (Sentinel). Inutile de
préciser que ce dernier est très bien
défendu, tant par des unités que par
des bâtiments ennemis.
We can be heroes
Comme vous ne dirigez que lui,
c’est sur les épaules de votre champion que repose l’issue de la bataille.
Il peut évoluer jusqu’au niveau 25 et
acquérir des compétences uniques.
Il récupère des objets qui peuvent
se combiner pour devenir plus puissants. Plus les combinaisons sont
nombreuses, plus le jeu est riche en
possibilités et c’est évidemment dans
l’art de diriger et de faire progresser
son héros que réside toute l’enjeu de
DotA. Allez-vous acheter des objets
faibles immédiatement pour tenter
de prendre l’avantage ou au contraire
économiser pour pouvoir acquérir
des artefacts puissants lorsqu’ils seront disponibles ? Allez-vous tuer les
creeps adverses à la chaîne pour gagner de l’XP ou plutôt chasser le héros adverse ? Bien sûr, il y a des héros
plus ou moins efficaces pour chaque
stratégie. Lorsque l’un d’eux meurt,
il ressuscite dans sa base au bout
d’un délai qui dépend de son niveau
— plus le niveau est élevé, plus l’attente est longue. En début de partie,
il est généralement conseillé d’amasser un maximum d’XP et d’or le plus
vite possible pour franchir les niveaux
et transformer son champion en véritable machine à tuer. Au passage, si
vous parvenez à abattre l’avatar adverse, cela lui fera perdre de l’or.
Dans ses dernières versions, DotA
propose près d’une centaine d’avatars à diriger et à faire évoluer. Revers de la médaille : pour commencer
à s’amuser dans les combats online,
il faut maîtriser un minimum son
personnage et les différents objets,
car la concurrence est impitoyable !
Précisons que, bien qu’il existe plusieurs variantes de ce mod, la version
la plus populaire est DotA AllStars,
créée par Guinsoo. C’est à elle que
font généralement allusion ceux qui
parlent de DotA.
Une carte
symétrique
et des creeps
qui s’élancent
en suivant
toujours le
même chemin :
c’est la recette
magique de
DotA.
Les parties d’un MOBA sont souvent assez
longues. Il faut compter environ quarante-cinq
minutes de jeu en moyenne.
C’est au départ un simple mod de Warcraft III qui a donné naissance à un genre
à part entière.
Les pères fondateurs
Comme tout mod qui se respecte,
DotA s’est mis en place en plusieurs
étapes. Le premier des fondateurs se
nomme Eul. Guinsoo a pris sa succession pour fonder la version AllStars. En
2005, il se détache à son tour du mod
et laisse les commandes à IceFrog qui
serait actuellement encore le patron.
Ce mod est donc une œuvre collective,
peaufinée amoureusement au fil des
années par des développeurs soumis
à la pression et aux suggestions d’une
communauté de sympathiques fanatiques. De nouveaux héros, de nouveaux sorts, de nouveaux équilibres
se sont succédé au fil du temps pour
obtenir un jeu de plus en plus riche.
Grâce à son gameplay simple, mais
bien rodé, sa dimension coopérative
incontournable et ses mécanismes un
rien répétitifs, mais tellement addictifs, DotA a réussi à fédérer une communauté estimée à environ sept millions de joueurs à travers le monde. Il
s’est imposé jusque dans l’e-sport depuis 2005, quand Blizzard lui a apporté son soutien et qu’il s’est vu accueilli
dans la Cyberathlete Amateur League. En 2008, DotA est inscrit parmi
les épreuves officielles de la Coupe du
monde de l’ESWC (Electronic Sports
World Cup). Cela devait encore être le
cas pour l’édition de cette année qui,
au moment où nous écrivions, devait
se dérouler à Disneyland Paris début
juillet, avec 14 000 dollars à la clé pour
le vainqueur ! Sur internet, des ladders
et des ligues persistantes ont été organisées, à l’image de l’Argh League
francophone *.
La guerre des clones
Sans surprise, c’est vers la dimension compétition que sont tournés la
plupart de ses successeurs apparus
ces dernières années. Car le succès
phénoménal de ce mod n’a pas tardé
à aiguiser les ambitions commerciales.
Il est même parvenu à créer un genre
à lui tout seul : le « MOBA » (pour « Multiplayer Online Battle Arena »). Plusieurs
titres s’affrontent depuis 2009 pour
dominer ce nouveau marché. Demigod
est apparu le premier, avec un style
graphique original et le célèbre Chris
Taylor à la baguette, mais les conditions catastrophiques de sa sortie
ont compromis sa réussite. Outre un
Avalon Heroes venu d’Asie, ce sont
donc aujourd’hui League of Legends
et Heroes of Newerth qui se disputent
la couronne. Le point commun de ces
deux titres est d’avoir été créés directement ou en coopération avec des
fondateurs du DotA original. Comme si
on ne pouvait reproduire le gameplay
et les codes si particuliers du MOBA
qu’en copiant le plus fidèlement possible les recettes du mod original.
Caporal Casse-Pompons
* http://www.dota.fr