Spécial Joaillerie - Trajectoire Magazine

Transcription

Spécial Joaillerie - Trajectoire Magazine
WINTER
TIME
Joaillerie
Spécial
In the Sky whith Diamonds
De Rome à New York,
les spots trendy
On les aime ou pas ?
Portraits insolites
Hiver 2012
n°101 – CHF 10.-
Conçue pour les hommes
qui n’ont pas besoin d’un copilote.
Spitfi re Chronographe, Réf. 3878: Le ciel regorge de choses fascinantes en tout genre. Mais rares sont celles qui ont captivé le monde autant
que le Spitfire, construit en 20 351 exemplaires, ce qui en fait l’avion le plus fabriqué de toute l’histoire de la Grande-Bretagne. Son principal
concepteur, Reginald Mitchell, a créé un véritable chef-d’œuvre technique et aérodynamique doté d’une vaste surface alaire qui permet à l’avion
de virer à des angles très serrés avec une maniabilité inégalée. La Spitfire d’IWC affiche tout autant d’élégance. Son calibre 89365, fabriqué dans
les propres ateliers d’IWC, témoigne de qualités de conception tout aussi exceptionnelles. L’aspect technique et austère du cadran ainsi que les
surfaces méticuleusement usinées du boîtier de la Spitfire de Schaffhausen évoquent certaines ressemblances avec l’avion du même nom. Ses
hélices tournent juste un tout petit peu moins vite, et l’ensemble est juste un tout petit peu moins bruyant! IWC. Conçue pour les hommes.
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CHRONOGRAPH OPEN HOME TIME
Rendant hommage à l’inventeur du chronographe, cette nouvelle montre est tout aussi précieuse que le temps
dont elle se fait la gardienne. Composée de deux disques tournants jumeaux indiquant les secondes et les
minutes, elle arbore également un disque “Home Time” rotatif, parfaitement intégré au mouvement horloger
du chronographe. Chronographe monopoussoir, mouvement
à remontage automatique manufacturé,
disques tournants 60 secondes et 30 minutes, disque Home Time avec affichage jour et nuit, boîtier en or rouge
18 carats. Manufacturé dans la manufacture de Le Locle, en Suisse.
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E
DITO
Satané Père Noël !
« Mais maman, il n’existe pas le Père Noël ! … » Ah... Je savais que cela arriverait un
funeste jour.
Je le savais qu’un beau matin, mon Léo en aurait fini avec le monde imaginaire où tout
est tellement beau, tellement brillant…
Je le savais qu’un jour, il serait le grand des petits et me questionnerait : « Mais maman, pourquoi tu m’as fait croire que le Père Noël existait ? »
Que lui répondre ?
Que, finalement on a tous envie d’y croire parce que ça nous remonte le moral de
s’imaginer qu’un petit bonhomme rouge veuille bien s’occuper de réaliser tous nos
rêves ?
Que, dès les premiers froids et Noël approchant, on se l’imagine en train de nous préparer un max de cadeaux ? Car s’il faut compter sur sa belle-mère…
Bon, Trajectoire, lui a sur ce point livré quelques repères en décodant l’essentiel et en
lui livrant les dernières nouveautés joaillières : galbe, pureté des lignes, association des
couleurs, finesse du travail… (laissez-vous guider au fil de notre dossier en découvrant
les univers qui se mélangent mais où le luxe est plus que jamais de rigueur).
Que, grâce à lui, nous serons encore tous là après le 21 décembre ? – Non sans avoir
testé tous les plaisirs à s’offrir avant la fin du monde – en se réunissant autour du sapin
et festoyer comme il se doit ?
Que, grâce à son pouvoir magique, on laissera, le temps d’une soirée, toutes les incohérences et autres coups de blues que nous avons tous dû subir tout au long de ces douze
derniers mois ?
Que, finalement, le barbu réussit généralement un tour de force en nous permettant
de nous évader dans des rêves fous et impossibles mais qui nous réchauffent l’âme le
temps de retomber sur terre ?
Ou alors, dois-je enfin expliquer à mon fils la dure réalité ?
Ce sera l’objet d’un autre débat. Rendez-vous au printemps, pour en reparler !
D’ici là, je vous souhaite de très belles fêtes et une excellente nouvelle année.
Siphra M.
TRAJECTOIRE HIVER 2012
09
SOMMAIRE Hiver 2012
3
(s’)Offrir...
16 LES 10 PLAISIRS
La fin du monde approche…
mais il est encore temps de réaliser vos rêves les plus fous !
40 LITTÉRATURE
Nos trois coups de cœur littéraires.
60 HORLOGERIE
« Diamonds are a girl’s best friend »,
sélection de quelques garde-temps plus que scintillants.
66 MODE
Paule Ka : décryptage d’une collection très sixties.
122YACHT
Entre neige et soleil, il est déjà temps de penser
à l’ été avec le nouveau Yacht Riva Iseo.
138BEAUTé
Zoom sur huit senteurs mythiques.
4
Découvrir...
76 DOSSIER JOAILLERIE
Découverte des plus belles créations joaillières
lors de la 26ème Biennale des Antiquaires.
10024 HEURES
Une journée de tentation au Bon Génie.
106ON AIME … OU PAS ?
Vanessa Paradis, Benoit Poelvoorde ou encore Roselyne Bachelot,
Trajectoire brosse les portraits de personnalités qui font débat.
152Chalets
Surprenants de luxe à Zermatt,
Megève et Courchevel.
156DESTINATION
Ile Maurice : escapade au paradis !
Gagnante du concours l’Hôtel Hermitage : Marielle Galley, Lucerne
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VO T R E C A R AC T È R E A DU G OÛ T.
NEWS FROM THE BIG APPLE
Texte | Paul-Henry Bizon
New
York
B
rooklyn
Boogie
ican
A mDer
ream
Un séjour à New York n’est vraiment parfait qu’à
condition de se perdre dans les rues de Brooklyn.
Une dizaine d’années aura suffit pour transformer
cet ancien quartier industriel et populaire en un
théâtre de tendances. Pour s’en convaincre, direction Bergen Street, où fleurissent les bonnes
adresses. Comme The Invisible Dog, un lieu d’art
extraordinaire ouvert par Lucien Zayan dans une
ancienne fabrique de colliers pour chiens au croisement avec Smith Street. Tout le monde peut
désormais profiter de ce bel espace, qui propose,
entre autre expositions passionnantes et quelques
séances de ciné-club. Il sera toujours temps d’aller
boire une bière au 61 Local, le bar communautaire
attenant, ou d’aller déguster les délicieuses déclinaisons de poulet chez Seersucker, à quelques
blocs. —
velle
lsea , le Dream Dow ntow n, nou
Voici la nouvelle sensation de Che
d
pren
qui
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adre
ram Chatwa l. Une
fant aisie signée de l’hôtelier Vik
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le
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nati
du siège de l’union
racine dans une ancienne annexe
orée
Perf
ner.
Led
par l’architecte Albert
américa ine constru ite en 196 4
façade
elant les hublots d’un bateau, la
rapp
les
d’une trentaine de cerc
e qui
enc
l’ag
cts,
hite
ée par Handel Arc
en acier inox yda ble a été conserv
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peu bling et de mar
a conçu ses 18’0 00 m de luxe un
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se conjugue dans tout
phiq ue, le rond se multiplie et
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boît
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Lan
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-D), rest aura nt (Ma
une ambiance seventies. Bar (PH
à la mode, actr ices et man neq uins
rs
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de nuit (Electric Room),
e. —
un séjour on ne peut plus à la mod
filiformes… tout est réuni pou r
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Hlea Dkerkasan,
nier
Empereur
C’est en plein cœur de Manhatt
an, dans l’ag itation de Times Squ
are et des
théâtres de Broadway, que le célè
bre restaurateur Ala n Yau vien
t d’ouvrir
sa nouvelle adresse, après Mia mi,
Abu Dha bi, Bombay, Dubaï. Pou
r ce cinquième opus Hak kasa n, il a fait
appel au couple de décorateurs
français
Gilles & Boissier, qui signe là un
pala is grandiose à la gloire de
la gastronomie chinoise. D’abord un imm
ense couloir de marbre blanc, puis
le bar
et son halo de verre teinté bleu
, et les alcôves sépa rées par les
dentelles de
bois sombres des moucha rabiehs.
Un décor tout en contraste, en effe
ts spectaculaires, à l’image d’une carte
surprena nte où dialoguent stan
dards de la
cuisine asiatique et créations renv
ersa ntes, comme ce bœuf Wag yu
au wok ou
cette poitrine de porc marinée à
faire entrer dans les annales. —
Hakkasan
32 TRAJECTOIRE HIVER 2012
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NEWS FROM LONDON
Texte | Mathilde Binetruy
s
e
r
d
n
o
L
CONCEPT
Burberry World Live
Burberry et son directeur artistique Christopher Bailey ont profité de
la Fashion Week pour célébrer l’ouverture d’un nouveau flagship store
au cœur de la capitale britannique, sur la très prisée Regent Street :
une monumentale boutique interactive de quatre étages. Le concept ?
2’500 m² de mode où « surfer » comme sur le site web de la marque au
tartan : 500 enceintes, 100 miroirs-écrans affichant défilés et vidéos
exclusives, galeries numériques, espace événementiel, scène hydraulique centrale pour accueillir les jeunes talents rock, aucun moyen
n’a été épargné pour faire vivre au client l’expérience « Burberry
World Live ». Savant mélange entre histoire et innovation, ce « lieu
d’expérience et de vie » est implanté dans un élégant immeuble victorien, reflet des 156 années d’existence de la maison. —
THE
S
hard tutoie
Les sommets
Tel un éclat de verre pyramidal, fin et gracieux, le
gigantesque bâtiment fend de sa cime le ciel londonien. Après douze ans de travaux et de controverses, The Shard (London Bridge Tower), conçu
par Renzo Piano – co-architecte du Centre Pompidou à Paris –, a été inauguré au London Bridge
Quarter. Le lieu a tout pour devenir un véritable
pôle d’attraction touristique. Il faudra toutefois attendre février 2013 pour l’investir. Ce plus grand
gratte-ciel d’Europe, qui culmine à 310 m, offrira un panorama imprenable sur Londres et audelà. Le projet, qui a coûté 1,8 milliard d’euros, est le
plus éclatant symbole de la présence croissante du Qatar – qui l’a financé à 80% – dans la capitale anglaise.
Plus qu’une tour, une ville verticale. —
THE SHARD
London Bridge Street 32 – London SE1 – http://the-shard.com
BURBERRY
Regent Street 121 – London W1B 4TB – T. +44 207 806 8904
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Victoria’s Secret
gagne l’Europe
L’événement était attendu : Vict
oria’s Secret, le géant américa
in de la
mode inti me part à la conquête
du Vieu x Continent en ouv rant
sa première boutique londonienne, au
cœu r du centre com mercial Wes
tfield
à Stratford. Soit un temple de
la lingerie glamour et chic de 1’14
9 m², à
la déco rose et noire aux allu res
de loge VIP, fidèle à l’esprit de
la grif fe
américa ine, qui doit nota mment
sa popular ité outre-Atlantique
à son défilé annuel, le Victoria’s Secret
Fashion Show, où défilent les top
models
les plus sexy de la planète. Procha
ine étape d’une conquête europée
nne :
l’ouvert ure d’une vitr ine de 1’50
0 m² qui dev rait bientôt ouv rir ses
por tes
sur New Bond Street. —
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présente les
Le Violoncelle Roi
du 1er au 9 février 2013
SAANEN Saanen Mario Brunello | Gerhard Schmöhe | Orchestre Symphonique de Munich | Soo-Hyun Park | Radoslaw
Szulc | Camerata Europeana | Elisabeth Leonskaja | Wojciech Raiski | Orchestre de Chambre Philharmonique
de Pologne | Andreas Scholl | David Greilsammer | Orchestre de Chambre de Genève | Maximilian Hornung | Radoslaw
Szulc | Orchestre de Chambre du Bayrischer Rundfunk GSTAAD Kian Soltani | Carl Wolf | Victor Julien-Laferrière
Adam Laloum | Harriet Krijgh | Kamilla Isanbaeva | Sandra Lied Haga | Gunnar Flagstad | Benedict Kloeckner | José
Gallardo | Sayaka Selina | Mathis Bereuter | Pablo Ferrández | Luis del Valle | Edgar Moreau | Pierre-Yves Hodique
ROUGEMONT Rachel Kolly d’Alba | Christian Chamorel | Joseph Moog | Mario Brunello | Alexandre Tharaud
MUSIQUE
Birdy
prend son envol
S tupéfiant comme écouter la reprise de Skinny Love induit vite un senPersonne n’a échappé à sa
timent d’éblouissement. Ce n’est pas une histoire de technique ou
reprise du titre Skinny
de posture de voix. Non, il s’agit d’une simple question d’émotion.
sa version lyrique et dépouillée du single du groupe Bon Iver,
Love du groupe Bon Birdy a fait craquer 22Avecmillions
d’internautes avant d’entrer rapidement dans le Top 3 des
meilleures ventes d’iTunes. Repris lors du deuxième épisode de la 5 saison de la série
Iver. Jasmine Van den américaine
Grey’s Anatomy et lors de l’épisode 3 de la saison 2 de Chuck, le titre contiBogaerde, alias Birdy, nue de briller dans les charts. Et l’enfant prodige de suivre son chemin. Fille d’artistes – sa
mère est concertiste, son père écrivain – Birdy a grandi entourée de quatre frères et sœurs,
promène sa jeunesse
tous musiciens. Elle apprend le piano à 6 ans, elle compose à 8 ans et remporte son premier
concours de musique, Open Mic UK, à 12 ans. Tout bascule quand elle poste sur YouTube une
– 16 ans – et sa voix vidéo
d’elle entonnant une de ses compositions : « Pour remercier le public après avoir gagné ce
bouleversante dans concours de chant. » A cette date, tout change pour elle, mais manifestement pas elle. Jasmine
Van den Bogaerde reste Birdy, un surnom qui lui vient de sa mère : « Quand j’étais bébé, j’attenun monde musical dais
qu’elle me nourrisse, la bouche ouverte, un peu comme un oisillon », confie-t-elle en interview.
Reste que le destin prend des allures de conte des mille et une nuits pour Jasmine, chanteuse au
bluffé par sa
prénom de princesse.
maturité (vocale).
ème
Un oiseau rare
Warner la repère et la signe rapidement. En 2011, elle sort ce single qui va changer sa vie : Skinny
Love, suave reprise du groupe Bon Iver qui se classe illico en tête des charts en Angleterre. Le clip de la
Photo Harry Borden >
chanson est signé Sophie Muller, à qui l’on doit des dizaines de vidéos pour Annie Lennox, Sade, Gwen
Contour by Getty Images
Stefani et Coldplay notamment. La mélodie apporte une touche de fraîcheur et de sensibilité au monde
de la musique, au même titre que les 12 autres chansons de l’album, réarrangement folk de tubes de
groupes de rock tels que Phoenix (1901), Fleet Foxes (White winter hymnal), National (Terrible love), James
Taylor (Fire & rain) ou encore The XX (Shelter)… Si elle a pris beaucoup de plaisir à le réaliser, ce n’est rien à
côté de celui qu’elle a ressenti en composant le single Just a Game qui accompagne le film Hunger Games,
« après avoir dévoré les trois tomes du livre en une semaine ». Partant du principe que le talent, c’est l’envie,
Birdy rêve déjà du prochain album dont elle pourra signer la composition. Il est attendu pour la mi-2013 au plus
tôt. Dans l’intervalle, elle vient de donner ses premiers concerts un peu partout dans le monde. C’est peu dire
qu’ils ont eu du succès et que le spectacle était au rendez-vous. Elle y a gagné ses galons de scène. Le plus
sincèrement du monde, avec le moins de manière possible, de telle sorte qu’elle a décontenancé le public. Sans
autre intention que celle de chanter, elle a pris le contre-pied de toutes les pin-up de son âge obligées de mettre
les formes pour combler le fond. Birdy n’a pas ce problème. Il y a longtemps qu’elle a fait son nid. —
Texte Mathilde Binetruy
TRAJECTOIRE HIVER 2012
49
SÉLECTION
Horlogère
Croquons
les
diamants
Depuis aussi longtemps que les montres
existent, celles et ceux qui leur ont donné la
vie n’ont eu de cesse d’en faire des objets de
beauté. Pour cela, ils ont utilisé les métaux
précieux, mais aussi les pierres. Et pour la
plus prestigieuse d’entre elles, le diamant,
ils ont imaginé de vraies merveilles.
Texte Eric Othenin-Girard | Illustrations Carine Bovey
Q uelles que soient les
modes, le diamant reste
la pierre précieuse la
plus recherchée, celle
qui a le plus de valeur
aussi, surtout lorsqu’elle se pare de couleur,
bleu, rose ou noir. Par sa brillance, sa dureté,
ses reflets qui tiennent de la magie, le diamant se marie parfaitement avec les montres.
Il met en valeur leur beauté et accompagne
harmonieusement le temps qui s’écoule.
Aussi, au fil du temps, les marques les plus
prestigieuses ont créé des montres serties,
que l’on peut qualifier d’exceptionnelles. Il
60 TRAJECTOIRE HIVER 2012
suffit pour s’en convaincre de penser à cette
Kala, qui fut la montre joaillière la plus chère
jamais produite, fabriquée à un unique exemplaire par Vacheron Constantin, pour un client
dont l’identité est restée secrète.
Il faut dire que les tailleurs de diamants,
qui sont ceux qui donnent naissance à la
brillance et aux reflets des pierres, ont imaginé des dizaines de méthodes de taillage.
Ce sont de véritables artistes qui analysent
les pierres les unes après les autres et décident du genre de taille qu’ils vont pratiquer
sur chacune d’elles. Et ce choix est délicat
car, si une seule face, sur plus de 50 géné-
ralement que compte chaque diamant, n’est
pas parfaite, la pierre perd toute sa luminosité, donc toute sa valeur. Et en mélangeant
subtilement ces pierres de différentes tailles,
les sertisseurs peuvent créer des montres
qui sont de véritables ballets de luminosité. Et
lorsque l’on dit que telle ou telle montre brille
de mille feux, c’est l’exacte vérité. Et même
si, très souvent, ces montres exceptionnelles
sont produites en toutes petites quantités,
soit entre cinq et dix pièces au maximum,
à cause de leur prix souvent extrêmement
élevé, cela vaut vraiment la peine de prendre
le temps de les admirer. Voici donc quelques
exemples choisis… —
Vacheron Constantin
Graff
Véritable bijou d’horlogerie, la 1972 se pare ici de nouveaux attraits,
renforçant du même coup la cohérence de la ligne. Résultat de
l’alchimie réussie du boîtier paré de 106 diamants taille baguette,
du cadran serti de 62 diamants taille baguette et de la couronne
arborant un diamant taille rose, l’ensemble représentant un total de
194 diamants pour près de 17 carats. Son prix est de… 337’037
Francs hors taxes !
Très belle pièce, signée de l’un des plus prestigieux joailliers.
Comme son nom l’indique, le papillon est formé de quatre diamants poires. C’est une composition simple, mais elle est fort bien
réussie, d’autant que ces pierres sont entourées d’une sélection
de superbes diamants ronds. Ces gemmes ressortent sur un parterre de rubis soigneusement choisis. Magnifique. Quant au prix, il
n’est pas communiqué.
1972 Cambrée Grand Modèle Haute Joaillerie
Butterfly
TRAJECTOIRE HIVER 2012
61
EN VOGUE
Paule Ka
Paule Ka...
Un nom qui sonne comme une invitation à la danse. Sur la
partition de Paule Ka, le noir, le blanc et les imprimés donnent la
cadence d’une ritournelle éprise des sixties, pleine d’une audace
sobre et mesurée. Depuis 1988, de Paris à Tokyo, la griffe créée
par Serge Cajfinger s’implante avec délicatesse à travers
le monde pour une leçon d’élégance « à la française ».
Texte Manon Provost | Photo Sonia Sieff
O noires ? Cousues main en 1988, elles dessinaient déjà les contours
d’un style singulier, sophistiqué sans être démonstratif, qui demeure,
vingt-cinq ans plus tard, la signature d’une marque à l’élégance toute
parisienne. Un fil rouge en noir et le blanc qui revitalise une inspiration
venue des sixties. Saisir ce qui ne se démode pas pour mieux s’inscrire
dans la durée, voilà le secret de l’intemporalité.
Une élégance intemporelle
Serge Cajfinger le répète souvent, il « aime les femmes de petite taille,
menues et brunes », et c’est une évidence, s’il devait donner un visage
à ses collections, ce serait celui d’Audrey Hepburn. Hymne à la femme,
Paule Ka est aussi un clin d’œil perpétuel à l’icône hollywoodienne des
années 60, sa muse. Est-ce la silhouette fluette de la brunette dans
Breakfast at Tiffany qui lui a soufflé la coupe de ses premières robes
Une silhouette classique
et féminine
Joues rosées poudrées et blond crêpé soigné de petits nœuds noirs
dans les cheveux, le faux air « jeune écolière » s’évanouit une fois l’œil
tombé sur le drapé soyeux des tenues de soirée et autres robes trapèze. Car, si le noir et blanc restent inhérents à Paule Ka, les associations de couleurs et les détails graphiques des imprimés cassent les
codes d’un classicisme monotone sur lequel la marque aurait pu trébucher. Par un jeu de contrastes, des combinaisons de matières et un
accessoire, la rigidité d’un tailleur fifties en tweed se volatilise. Ajustée
d’un petit nœud, l’audace naît de la simplicité d’une ligne oblique sur un
tissu fluide. Imprimés géométriques et rayures asymétriques donnent
aux collections un autre tempo, un esprit haute couture adapté au quotidien : de « vrais vêtements portés par de vraies filles d’aujourd’hui ».
Dans l’air du temps mais sans jamais en être l’esclave, Paule Ka met en
valeur les courbes féminines, purement et simplement.
n dit des voyages qu’ils forment la jeunesse. Serge
Cajfinger ne déroge pas à la règle. La sienne oscille entre deux pôles qui influenceront tout son
imaginaire : la culture colorée du Brésil et les lumières pâles du nord de la France. Après une enfance sous les tropiques, c’est d’abord à Lille, rue du Sec Arembault, qu’il ouvre en 1974
un magasin multimarque avec l’aide de sa mère et de sa grand-mère.
Il le nomme « Paule Ka », du nom d’une poupée qu’enfant, il aimait habiller. A cette époque, le jeune Lillois n’est pas encore créateur et les
mannequins de bois qui ornent sa vitrine présentent les collections
de Yves Saint Laurent, Kenzo, Mugler… L’heure de la première danse
sonne en 1987. A son tour, il s’empare du crayon pour faire valser tissus
et modèles, dont ses robes noires, qui signeront son premier succès et
le mèneront jusqu’à l’ouverture de sa magnifique boutique au cœur de
la rue Saint-Honoré en 2007.
66 TRAJECTOIRE HIVER 2012
fan
des
sixties
Entretien avec
le FONDATEUR
ET DIRECTEUR ARTISTIQUE DE PAULE KA
Qu’est-ce qui vous a poussé à créer votre maison de couture ?
C’est très naturel. C’était un rêve d’enfance. Je désirais créer des vêtements, habiter à Paris et voyager dans le monde entier. Mon rêve,
sur le plan professionnel, a donc été exaucé.
Pourquoi avoir d’abord choisi de travailler le noir et le blanc ?
J’adorais le noir et blanc. J’étais dans une période très « yin et yang ».
Le blanc et le noir constituent l’équilibre par leur contraste. Ce sont
deux couleurs éternelles. On sait que leur combinaison sera toujours
jolie. Bien que la couleur soit essentielle, le noir et blanc, c’est une
base, et il faut toujours commencer par la base.
Dès vos premières collections, on trouve une robe noire. C’est toujours une
sorte de leitmotiv. Qu’incarne-t-elle pour vous ?
La robe noire est également une pièce basique et indispensable.
Dans tous les classiques du cinéma, il y a une femme en robe noire.
On y revient toujours. C’est important de savoir revisiter les classiques
en apportant quelque chose de nouveau. C’est une façon de revenir
à l’essentiel. Même aujourd’hui, je ressens ce besoin de revenir à ce
standard. C’est la raison pour laquelle il y a toujours une robe noire au
milieu de mes collections colorées. Pour certaines femmes, la robe
noire est un repère. Elles en ont besoin.
Dans votre travail, il y a le noir et le blanc et, parallèlement, une approche
très picturale des imprimés. D’où vous vient ce goût de la couleur ?
Le Brésil et les couleurs font partie de ma culture. Pour moi, la couleur
suscite l’envie. Comme un enfant devant un coloriage. D’un coup de
crayon, il apporte de la gaieté. C’est comme un bouquet de fleurs
dans un appartement. Même si la décoration est sobre, tout de suite,
les fleurs donnent une note de gaieté. C’est de cette façon que j’utilise
les couleurs dans la mode. Elles permettent de jouer, de varier les
combinaisons, de trouver de nouvelles associations…
TRAJECTOIRE HIVER 2012
67
JOAILLERIE
Trajectoire
in the Sky with
Diamonds
Des milliers de diamants ont illuminé la 26ème édition de la
Biennale des Antiquaires 2012 qui a atteint des sommets
d’excellence dans un Grand Palais métamorphosé
sous la houlette de Karl Lagerfeld. Devant les
regards éblouis des visiteurs, les joailliers les plus
prestigieux ont dévoilé toute leur virtuosité
dans une mise en scène en rupture avec
les décors des éditions précédentes,
où régnait l’esprit des galeries
marchandes parisiennes de la
fin du 19ème siècle : émouvant
et spectaculaire !
Texte Nathalie Koelsch
76 TRAJECTOIRE HIVER 2012
Van Cleef
& Arpels
La bonne étoile
L e Palais de la Chance, véritable palais des mille et
une nuits imaginé par Alfredo Arias, revisitait pour
la Biennale les plus belles légendes pour illustrer
la thématique de la chance. Un sujet fascinant qui
prouve combien le bijou, tel une amulette attire le bien, repousse le
mal et surtout porte bonheur.
Galvanisé par son sujet, Van Cleef & Arpels a rendu hommage à la
chance sous ses multiples facettes. A travers sa vision poétique
du monde, le joaillier a offert une collection somptueuse en trois
actes : la bonne étoile, la nature porte bonheur, et les légendes de
la chance, sur laquelle ont soufflé l’inventivité, la technicité et ce
style identifiable, propre à Van Cleef & Arpels.
Entre une broche éblouissante, constellée d’étoiles scintillantes et
filantes, symbolisées par une traîne de diamants ronds, tailles poire
et rose, et son motif étoilé pivotant à 360 degrés, et une parure
sept étoiles sertie de sept exceptionnels saphirs taille coussin du
Cachemire, jaillissant d’un torrent de diamants, le spectacle était
saisissant !
La nature recèle mille porte-bonheur, transformés en joyaux par les
mains d’or des ateliers de la maison. Trèfles, papillons, coccinelles,
hirondelles, lierres grimpants, on ne compte plus tous les sujets
qui attirent la chance, et qui, croqués et empierrés par le joaillier,
se transforment en précieux talismans, tel ce clip pivoine qui exprime la beauté épanouie de la fleur, si émouvante dans sa fragile
et fugitive opulence.
La chance se cultive, et les bijoux-talismans sont là pour le rappeler. —
TRAJECTOIRE HIVER 2012
77
JOAILLERIE
Piaget
Couture Précieuse
Piaget s’est fait
dentellière pour la
Biennale des Antiquaires.
Avec une collection de
joaillerie tout en broderies,
dentelles et laçages empierrés,
il a rendu hommage à la
beauté des femmes et affirme
ainsi un style de plus en plus
raffiné et délié.
82 TRAJECTOIRE HIVER 2012
P iaget a voulu une collection
de haute joaillerie sous le
signe de la séduction. « Un
formidable exercice de style
qui aura mobilisé toutes les équipes, horlogères et joaillères », rappelle Philippe Léopold-Metzger, CEO de Piaget. Entre les lignes
fluides, soulignées et serties de diamants
portés gracieux et très féminins, Piaget a dévoilé une collection très aboutie, en trois volets, entièrement dédiée à la femme et à ses
secrets : lacets, broderies et brandebourgs.
Une collection sur l’art de séduire, déclinée
en blanc et rose, la couleur de l’année pour
Piaget qui fête en 2012 les 30 ans de la rose
Yves Piaget.
A travers cette collection de haute voltige, la
femme Piaget, fatale, glamour, envoûtante,
mystérieuse ou pleine de charme, se découvre. Ses parures graphiques ou aériennes
empruntent aux corsets et aux rubans l’art de
modeler et de souligner les formes à la perfection. Et
les lacets de lumière se croisent pour suggérer la sensualité d’un décolleté, puis se délacent souplement.
Avec Couture Précieuse, Piaget a définitivement oublié sa rigueur suisse. Sa parure « Lacet », inspirée des
rubans et des nœuds, sublime l’arrondi d’une échancrure, soulignée par une poire de spinelle noire. Tandis
que sa montre « Lanière » au bracelet de satin évoque
les lignes somptueuses d’une silhouette.
Le deuxième volet de cette collection était dédié à la
dentelle. Quel joli prétexte donné à Piaget pour habiller
la peau de broderies de diamants, légères et vaporeuses ! Traités comme une guipure, ses colliers révèlent, dans un raffinement extrême, le velouté d’un grain
de peau à travers le travail de dentelle de l’or et des
pierres précieuses. Pièce maîtresse de la collection,
née de 800 heures de travail assidu et minutieux, le
collier en point d’interrogation entièrement rebrodé de
fleurs de diamants aux pétales réhaussés de sequins
de diamants ne laisse pas de séduire. Travaillé dans le
biais, comme une robe de haute couture, il s’achève
en coupe nette.
TRAJECTOIRE HIVER 2012
83
RENCONTRE
Horlogerie
L e 1er avril 2011, à 38 ans
seulement, Joachim Ziegler
prenait les rênes de la
chaîne de boutiques Les
Ambassadeurs. Diplômé de l’Université
de Saint-Gall et du Gemological Institute of
America (GIA), il a débuté sa carrière par un
apprentissage d’orfèvre. Rencontre avec un
passionné de beaux-arts et des métiers d’art.
Le métier d’orfèvre est plutôt rare. Pourquoi
l’avoir choisi ?
J’ai toujours été fasciné par les beaux-arts,
les métiers d’art et le design. Ce n’est pas
tant la réalisation des bijoux que de les dessiner qui m’a attiré dans ce métier.
Mais vous travaillez aujourd’hui dans les
montres…
J’ai commencé mon apprentissage en 1990.
A l’époque, l’horlogerie était encore en crise.
On ne parlait pas de métier d’art dans ce domaine. La bijouterie m’a paru plus évidente,
plus vivante.
Ce n’est donc pas l’éclat de l’or qui vous a attiré !
Dans l’orfèvrerie, il existe une connexion directe entre le dessin et le produit : une fois le
travail de design accompli, il est possible de
passer à la réalisation sans attendre. Même
si je préfère créer sur papier, je trouve ce lien
essentiel. C’est ce côté artisanal qui me plait.
Et comment en êtes-vous venu à l’horlogerie ?
Chez Gübelin, où j’ai travaillé onze ans, j’étais
responsable de la production joaillerie. J’avais
un certain nombre de dessinateurs sous mes
ordres. De là à la vente et à l’horlogerie, il n’y
a qu’un pas. Cela a été une évolution lente,
je n’ai jamais fait de plan ou réfléchi au pas
suivant. Nous sommes des produits de notre
temps !
Faudra-t-il s’attendre, à l’avenir, à voir plus de
joaillerie chez Les Ambassadeurs ?
Les Ambassadeurs sera toujours avant tout
une maison d’horlogerie. En revanche, nous
ne vendons pas nécessairement que des
montres ! Notre ADN, ce sont les pièces rares,
leaders dans leur domaine, destinées aux
collectionneurs. Nous proposons donc aussi
des objets comme des coffres-forts magnifiques, des sabliers Ikepod ou des remontoirs
automatiques. Et nous proposons également
les créations joaillières de quelques-unes des
marques les plus prestigieuses.
Joachim
Ziegler
CEO de Les Ambassadeurs
depuis avril 2011, Joachim Ziegler a reçu
Trajectoire dans l’Espace Connaisseur de
la nouvelle boutique de la rue du Rhône,
à Genève. Il livre sans faux-semblant ses
passions, sa philosophie de la vente et
les spécificités de l’enseigne, où chaque
vendeur est responsable d’une marque.
Texte Fabrice Eschmann > BIPH
Photos Niels Ackermann > rezo.ch
TRAJECTOIRE HIVER 2012
89
SÉLECTION
Joaillière
Graff
Collier en diamants et saphirs taille brillant collection Infinity. Diamants : 14,94 cts, saphirs : 11,90 cts
92 TRAJECTOIRE HIVER 2012
Vhernier
Broche Scorpione avec une superposition de nacre verte et de cristal de roche sur 35 g d’or blanc. Sertissage de 450 diamants (4,01 cts) aux extrémités.
TRAJECTOIRE HIVER 2012
93
SÉLECTION Joaillière
Adler
Bracelet Sunset Shades en carbone et en or blanc et jaune 18 cts serti de diamants bruns 6,28 cts et de diamants 3,12 cts
98 TRAJECTOIRE HIVER 2012
ON AIME... OU PAS ?
P
Benoit
oelvoorde
Acteur brillant, chien fou, causeur
enragé… Benoit Poelvoorde l’illusionniste
séduit autant qu’il irrite. Faux-semblant
classique de l’exubérance : à bien regarder,
derrière le clown se cache une nébuleuse
sentimentale qui pourrait bien mettre tout
le monde d’accord.
Texte Paul-Henry Bizon | Photo Thomas Lavelle > Corbis Outline
D evant les caméras, Benoit Poelvoorde est une tornade. Le bonhomme parle fort, vite et sans reprendre
sa respiration – il assassine le vide à grands éclats de
voix. La démesure lui va comme un gant, cintrée sur
lui comme le costume d’un torero qui aurait pour banderilles des points
d’exclamation, ceux qui scandent chacune de ses phrases. Slammeur
avant l’heure, il apostrophe le spectateur, l’asphyxie, le cloue au sol par
sa rythmique empruntée à son maître d’humour : Louis de Funès. Ouragan de pitreries, chacune de ses apparitions est jubilatoire pour certains,
exaspérante pour d’autres. Fantasque, il frôle souvent le surréalisme – à
croire que les élucubrations de son ami Jean-Claude Van Damme ont pu à
un moment déteindre sur ses propres réflexions. En 1992, il met pourtant
tout le monde d’accord. Propulsé sur le tapis rouge du festival de Cannes
pour son talent d’orateur fou dans C’est arrivé près de chez vous, l’acteur
et son air faussement détaché suscitent l’attachement et lui offrent un
ticket d’entrée pour Canal+. Avec Les Carnets de Monsieur Manatane,
Poelvoorde aiguise son style et cravache le quotidien avec insolence. Justifiant l’injustifiable et riant du pire, le fanfaron marche au bluff et scandalise
108 TRAJECTOIRE HIVER 2012
les âmes sensibles par son humour corrosif.
Son jeu est instinctif et sa décontraction déconcertante. Le talent est grand et la petite
lucarne rapidement trop étriquée. Arrogant,
Poelvoorde ? Lucide plutôt. Dans les années
2000, il se jette à corps perdu dans l’arène
du 7ème art, quitte à en perdre la raison. Les
Randonneurs, Le Boulet, Podium… les tournages se font à la chaîne. Le succès, lui, finit
par l’enchaîner à une notoriété qui le fait plier.
La Guerre des Miss, Astérix aux Jeux Olympiques, Rien à déclarer… les choix sont juteux mais peu judicieux. Phénomène de foire,
Poelvoorde ? Ses détracteurs peuvent enfin
se frotter les mains. Sur la corde raide, le
Belge joue les équilibristes mais déraille. Une
mise au point s’impose. Alcool et dépression.
Farce noire. L’homme angoissé ne supporte
plus l’acteur surexcité. Tombe le masque. Il
est un autre. Poelvoorde laisse entrevoir de
sérieuses fêlures. De celles à vous briser tout
à fait ? Mais non, l’homme a trop de talent.
En 2005, la réalisatrice Anne Fontaine s’engouffre dans ces brèches et lui offre un rôle
à contre-emploi dans Entre ses mains. Enfin,
le rire devient sérieux. Dans un murmure et
sans retourner sa veste, l’acteur se révèle en
tueur pathologique épris de sa victime. Un jeu
tout en sobriété et en nuances qui lui vaut une
deuxième nomination aux Césars. Libéré de
ses chaînes, le trublion Poelvoorde peut de
nouveau enchaîner les rôles sans gamberger.
Il laisse enfin entrevoir ce qu’il cachait derrière
son incorrigible sourire, un peu de sa noirceur
vitale. —
DESIGN
F
Made in France
renchtouch
P © D.R.
aris, mi-septembre, le monde
entier s’était donné rendezvous pour le salon Maison &
Objet et son annexe, la Paris
Design Week. Au milieu de cette profusion créatrice, la connivence entre têtes d’affiche du design français et étoiles montantes est manifeste.
Qu’importe leur niveau de médiatisation, ils parlent un même langage. Formé à l’Ensci, aux Arts
décoratifs ou dans les écoles d’art et de design
de Reims, Saint-Etienne, Brest ou Nantes, le flot
de jeunes designers ne connaît qu’un cap, celui de l’excellence à la française. Il y a 30 ans,
la génération Starck et Pillet imposait le design
« made in France » à l’étranger. Aujourd’hui, la
fantaisie des frères Bouroullec, la volupté de Noé
Duchaufour-Lawrence, le piquant d’Inga Sempé
et les traits d’esprit de Constance Guisset prolongent cette assise internationale. Sans laisser
en reste la nouvelle génération, dont les qualités se font connaître par-delà les océans. Pour
preuve, Ionna Vautrin et le duo POOL s’affichent
à Toronto dans l’exposition Nouvelle Vague : le
nouveau paysage domestique français. Voici
justement un tour d’horizon de ce paysage.
116 TRAJECTOIRE HIVER 2012
Les têtes d’affiche
Elle est emblématique de cette nouvelle école
française qui a enterré les stars des années
1990. Avec Inga Sempé, mieux vaut éviter les
faux-semblants et les discours convenus. Pour
elle, le design est « une discipline et non un
dialogue transversal
qui dépasse les âges, les règles
et usages.
Texte Paul-Henry Bizon et Manon Provost
style ». Après son évasion à la villa Médicis, où elle avait conçu son
fameux meuble Brosse, édité ensuite par Edra, c’est à présent dans
son appartement parisien qu’elle cultive son indépendance. Au milieu
de son fouillis ambiant, elle façonne des objets du quotidien, simples
mais jamais simplistes. « Je ne cherche pas à faire de l’exceptionnel ou
à concevoir du mobilier pour stars. Le grand luxe, ça ne m’intéresse
pas. » Elue designer de l’année au salon du meuble de Stockholm
© D.R.
© D.R.
Dans le paysage d’une discipline
de plus en plus égocentrée, les
jeunes signatures du design
français essayent de faire sauter
les cloisons. Autour des écoles et
d’événements comme la « Paris
Design Week », les passerelles entre
générations se dessinent au crayon
dans un jeu généreux de vases
communicants. Décryptage de ce
2012, la notoriété n’est clairement pas sa priorité. Au contraire, elle
serait plutôt du genre à se réincarner en petite cuillère : « J’aime ce
qu’on mange avec : des glaces, des gâteaux. »
Même simplicité chez Sam Baron. Ce diplômé de l’Ecole des beauxarts de Saint-Etienne et des Arts décoratifs de Paris ne se prédestinait
pourtant pas au design industriel. Loin du luxe et des showrooms,
c’est dans l’air vivifiant des montagnes du Jura qu’il grandit. Là-haut,
il forge son goût pour les matériaux traditionnels comme la céramique
et le savoir-faire artisanal. Par le design, il transfigure sa culture historique. Par fantaisie, il y appose souvent une pointe d’humour surréaliste, il détourne. Plaisantin, il signe Curiosity pour Petite Friture, un pot
en céramique avec des oreilles de lapin. Gratifié par la presse italienne
du titre d’« enfant prodige », il est depuis 2005 le directeur artistique du
département design de Fabrica, un centre de recherche créé par le
groupe Benetton. Une pépinière idéale pour exprimer son sens de la
transmission.
Tout comme Ronan et Erwan Bouroullec, professeurs à l’ECAL,
dont le travail consiste à catalyser par le design des idées fantasques
et de les transformer en objets capables d’enchanter le quotidien. Des
étagères flottantes (Corniches par Vitra) aux rideaux en « algues », leur
féérie est bercée de simplicité et repose sur un enjeu plus terre à
terre, celui de la bonne équation entre légèreté et équilibre. A partir
d’éléments tangibles, le tandem breton détient ce pouvoir peu commun de donner vie à l’utopie d’un « lit-cabane-chambre ». Toujours
fonctionnels, souvent conceptuels, les objets des frères Bouroullec
séduisent et s’exportent si bien que le Musée d’art contemporain de
Chicago leur consacre une rétrospective, Bivouac, qui se poursuivra
à Paris en 2013.
TRAJECTOIRE HIVER 2012
117
BEAUTÉ
Icônes
Senteurs...
Certains sont des icônes, de ces fragrances qui traversent les décennies
sans jamais prendre une ride. D’autres, plus récents, sont appelés à le
devenir tant leurs matières premières sont précieuses et addictives, et
leur esprit fidèle à la belle parfumerie. En cette fin d’année, nous vous
en avons sélectionné huit. Huit, symbole de l’infini, pour des
parfums intemporels.
Texte Marie Sénanque | Illustrations Carine Bovey
On a tous un parfum dans le cœur. Effluves
parfois empruntées à la légende
familiale, synonymes de moments
rares, d’instants de bonheur amoureux,
d’un lieu ou d’un moment particulier, elles
parlent à nos sens et souvent nous rassurent sur notre pouvoir de séduction. Parfumssignatures dont on peine à se défaire, surtout
si l’on fait partie de ces ardentes qui jamais
ne transigent sur la qualité, tous racontent des histoires. A nous de nous
les approprier.
138 TRAJECTOIRE HIVER 2012
N° 5 Chanel
« Un parfum de femme à odeur de femme » : c’est
ainsi qu’en 1921, Coco Chanel définit son désir à
Ernest Beaux, ancien parfumeur de la cour des
tsars, établi à Grasse depuis quelques années.
Cinq essais suffiront pour créer ce N° 5 au nom
si insolite. Inattendu comme l’est sa composition :
jasmin grandiflorum, rose centifolia, ylang-ylang,
vanille, vétiver bourbon. Assorti d’une communication qui, de tous temps, épatera – dernière en date,
la déclaration d’amour susurrée par Brad Pitt –, il
est resté indétrônable.
mythiques...
www.bellavista-villas.com
Ambre Sultan
Serge Lutens
Artiste inclassable tant sa palette est sans
limite, Serge Lutens revendique une parfumerie non sexuée. Comprenez qu’il la destine à tous les passionnés qui ne s’arrêtent
pas à des poncifs qui classent les odeurs
par genre. Par ce jus créé en 1993, qu’il définit comme arabe, préféré à oriental, il rend
hommage à Marrakech, sa ville d’élection
où, dans les souks, une cire boisée, capiteuse, l’a un jour subjugué. Ainsi est né cet
ambre associé au ciste et à la vanille.
TRAJECTOIRE HIVER 2012
139
DESTINATION
156 TRAJECTOIRE HIVER 2012
Le
rêve
absolu
pour un séjour paradisiaque
Situé à Saint-Félix, au sud de l’île
Maurice, près du Domaine de Bel Ombre,
le Shanti Maurice offre à ses
hôtes du calme, du luxe et un bien-être
rassérénant. C’est sur un site sauvage et
préservé, au bord d’une jolie petite plage et
en plein cœur d’un jardin tropical de
14 hectares, que ce sublime établissement,
idéal pour un séjour en famille ou en
amoureux, a trouvé son magnifique écrin.
Texte Christopher Tracy
L © shantimaurice
e Shanti Maurice égrène ses villas le long d’une anse de sable
corallien en forme de fer à cheval, sur la côte sud de l’île Maurice, et s’étend entre les eaux turquoises de l’océan Indien et la
verdure des champs de canne à sucre. Sa situation offre une vue
imprenable sur les collines environnantes, l’océan et ses récifs coralliens que vous
pourrez admirer dès le lobby, magnifique pavillon central avec son bassin débordant
sur un jardin donnant sur la piscine et la mer...
L’hôtel met un point d’honneur à faire découvrir les senteurs, les bruits et les saveurs
qui caractérisent l’île Maurice, dont la culture mêle influences indiennes, africaines,
françaises et chinoises. La direction du Shanti Maurice s’investit auprès de la communauté locale pour minimiser l’impact des activités du resort sur l’environnement
qui l’entoure.
TRAJECTOIRE HIVER 2012
157
© shantimaurice
DESTINATION
Ainsi, l’établissement s’approvisionne essentiellement auprès des fermiers et des pêcheurs locaux, et soutient notamment les artisans du
village en fournissant à ses hôtes des sacs de plage tissés à la main.
Le Shanti Maurice compte 61 suites et villas spacieuses, réparties
dans un vaste domaine luxuriant de 14,5 hectares qui exale des senteurs tropicales.
Nira Spa Ayurvedic Massage
Nira Spa est devenu le refuge pour se détendre et décompresser,
pour une remise en forme et une mise en beauté. La tendance est
à l’apaisement du corps et de l’esprit. La médecine ayurvédique, le
yoga, la méditation, les soins de massage sont les nouveaux rituels
adoptés par les urbains toujours un peu plus pressés. Inspirez, et
respirez…
Les soins de massage et de beauté s’accomplissent dans un univers végétal où le corps se régénère et l’esprit s’apaise. Thérapeutes,
médecins ayurvédiques et « personal trainers » sont à votre écoute
et vous guident dans les soins et massages appropriés. Faites le
158 TRAJECTOIRE HIVER 2012
« Om » pour la vibration des énergies à travers le yoga. La nouvelle marque tendance
Africology vous accueille pour une session
d’hydrothérapie. La synergie y est en effet totale entre thérapies indiennes et techniques
de soins actuels. On en ressort apaisé, avec
l’étrange sensation d’avoir, un instant suspendu, réellement pris soin de son corps et
de son âme. Une sensation absolument formidable.
S’étendant sur un domaine luxuriant de
7’000 m2, le Nira Spa a toujours su séduire en
proposant des soins spécifiques qui reflètent
la diversité du patrimoine indien et africain de
l’île Maurice, mais aussi aux travers des soins
ayurvédiques et des traitements développés
en partenariat avec la marque sud-africaine
Pour la liaison, Air Mauritius propose un vol
direct en partance de Zürich régulièrement.
L’excellence du service en classe business
vous assure un voyage hautement agréable.
Vous vous plongerez dans le confort des
sièges moelleux, dégusterez un choix de
plats locaux excellemment exécutés et, à
peine le temps de reprendre vos esprits, vous
serez arrivez à bon port.
Ne résistez pas à ces plaisirs et songez immédiatement à votre prochain séjour. —
Shanti Maurice
Rivière des Galets
Chemin Grenier
Maurice
T. +230 603 7200
F. +230 603 7250
[email protected]
www.airmauritius.com
© shantimaurice
Africology. L’équipe du Nira Spa a également
su renouveler son offre avec, par exemple, la
mise en place du Badamier Junior Spa, un
spa éphémère réservé aux enfants, récemment mis en place à l’occasion des vacances
de Pâques. Enfin, le soin inédit Sega Ritual
allie harmonieusement le Sega à la détente,
tandis que l’offre Spa Unlimited permet de
bénéficier d’un nombre d’heures de soin à un
prix exceptionnel. Le Nira Spa n’en finit pas
de recevoir des prix !
De plus, pour la deuxième année consécutive, le Nira Spa du Shanti Maurice a été désigné « meilleur spa » de l’île Maurice par les
World Luxury Spa Awards, qui distinguent
tous les ans les meilleurs spas d’hôtel du
monde parmi des milliers d’établissements.
En le primant, les World Luxury Spa Awards
félicitent l’excellence d’un service inégalé et
mettent l’accent sur ce centre de soins qui
répond aux exigences de qualité les plus
pointues.
TRAJECTOIRE HIVER 2012
159
EVENT
Retour sur une soirée riche en émotions !
les 20 ans de Trajectoire au Richemond !
1.
6.
5.
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8.
14
4.
Le 27 septembre dernier, dans les somptueux
salons de l’Hôtel Le Richemond, le Magazine
Trajectoire a accueilli 200 personnes afin de fêter conjointement le 20ème anniversaire et le 100ème
numéro. André Chevalley, éditeur, a prononcé un
discours revenant sur la genèse de son Magazine
au succès jamais démenti puis Siphra Moine, Directrice de la rédaction, a tenu à remercier ses
partenaires pour leur fidélité et leur confiance renouvelée. —
1. André Chevalley (éditeur) et Philippe Léopold-Metzger
(Piaget) 2. Constance Sarper et Sholeh Yammin (De Gorski)
3. Siphra Moine et Yannick Klein (Shiseido) 4. Arnaud Carrez,
Olivia Huck, Vanessa Chaperot et Pierre Bonnet (Cartier)
5. Thierry Lavalley, Delphine Nicolas et Laurent Ebzant (Hôtel
Kempinski) 6. Bénédicte Bachofner Devins et Amélie Perret
(Chopard) 7. Christiane Gatz et Cécile Gameiro (Bucherer) 8.
Brigitte Bocquet-Makhzani (FP Journe) 9. Pascale Truffaut
et Françoise Marchese (Chanel) 10. Marietta Budiner
et Jean-François Dutertre (Shiseido) 11. Maria Thalia
Terezakis (Bulgari) 12. Gildas Legendre & Dorothée Reine
(Chanel) 13. Pierre Jacques & Katidja Valy (De Bethune) 14.
Patrick Galan et son épouse 15. Eric Othenin-Girard et son
épouse 16. Mr. et Mme Beguin (AC Vérandas)
9.
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17. Michele Reichenbach et Laure Monney (De Grisogono) 18. Michel Pitteloud (Graff) et Bertrand Piccard 19. Claudia Torrequadra (Bon Génie) 20. Mathieu
Arsac (ZenithOptimedia ) et Michel Gavin 21. Wolfgang Sickenberg et sa femme 22 Bertrand Piccard, Patrick Galan & Carlo Lamprecht 23. Thérèse
Vonlanthen 24. Marie-France Rigataux 25. Pierre-André Gremaud & Carla Christoffel (Club Med) 26. Denis Asch (L’Heure Asch) 27. Alexandra et François
Kobel, Aude Pittard Campanelli (Vacheron Constantin) 28. Maximilan Büsser 29. Fabrice Eschmann (BIPH) 30. Nicole Boghossian (Caran d’Ache) 31. Aurélie
Chevalley et Marc Fontana 32. Carine Delorme, Daphné Sarnau et Hermeline Richon (Clarins) 33. Carine Bovey, Anré Chevalley, Olivier Jordan, Nathalie
Raneda, Siphra Moine-Woerlen 34. Emmanuelle Thuet et Henri Balit (Piaget) 35. Delphine Casimiro (Moët Hennessy) 36. Christine Giotto (Jaeger-LeCoultre)
37. Marina Coelho et Jasmine Vidal (De Grisogono) 38. Victoria Panchaud (F.P. Journe)
31.
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