Numéro Neuf / Ice Ice baby

Transcription

Numéro Neuf / Ice Ice baby
Numéro Neuf / Ice
ice baby
Ici : Mikey Mahut se cache dans la forêt pour échapper
à Passi ! Un Rock to fakie hivernal et surtout très, très
glissant (le rocher était givré) capturé par the one and only
(heureusement) Nohan Ferreira AKA « Mister Peucré » !
février
&
Dir. de la publication
Fred Demard
Rédaction
David Turakiewicz
[email protected]
Fred Demard
[email protected]
Graphistes/Illust.
David Lanaspa (Da)
Publicité
David Turakiewicz
[email protected]
Rédacteurs
Scott Bourne
Sylvain Tognelli
Eric Antoine
Pierre Prospéro
mars
2009
Photographes
Pierre Dutilleux
Vincent Coupeau
Bertrand Trichet
Loïc Benoît
Alexandre Pires
Nicolas Huynh
Alex Irvine
David Manaud
Nohan Ferreira
Hendrik Herzman
Eric Antoine
Jonathan Peters
Nicolas Schneider
Scott Bourne
Cédric Crouzy
Guillaume Anselin
Ian Reid
Marc Gérard
Davy Van Laere
Soma est édité par Les éditions du garage
SARL au capital de 8000 euros
SIRET : 499687200
ISSN : 1959-2450
Contact [email protected]
Impression Tuerlinckx, Belgique.
Ce magazine est imprimé sur papier recyclé.
Toute reproduction partielle ou intégrale en dehors du mariage est interdite et condamnée par le pape. Hallelujah !
WWW.SOMASKATE.COM
14 LE JEUNE
32 Blueprint sous le soleil...
16 LE VIEUX
40 MAX FRION...
20 ABC
44 ARTHUR DERRIEN...
22 ORGY PORGY
48 REMY TAVEIRA
24 SHUT UP AND SKATE
52 MICKEY MAHUT
Samy Idri, qui est né le jour de l’anniversaire de Tura !
28 ans qu’il tient debout sur une skate !
Le retour de la rublrique qui ne sert à rien.
La première fille à poil dans le mag !
Les simples en courbe !
5
soma
... de Barcelone. Peu original mais efficace.
... préfèrait Sugar que Freestyler !
... en a marre qu’on lui parle de son père pilote !
Le jeune élevé par Le Vieux de ce mois-ci.
Le droit de réponse (or die).
58 UNE TOURNEE DC EN EUROPE
Mais où est Danny Way ?
66 SHUT UP AND SKATE
Les séquences en plan-incliné !
76 TRAFFIC
Une humeur d’Eric Antoine.
80 HOME SWEET HOME
Ce sont les voisins qui vont être contents.
82 LE MATOS
La rubriuqe obligatoire.
86 LE VRAC
Des chiffres et des lettres.
#9
Couv' : Quand Davy Van Laere a gagné ce gros concours de photo de
Skateboard à Amsterdam il y a quelques années, les autres photographes
participants avaient plus ou moins crié au scandale. Davy à l’époque n’avait
que peu d’années de photographie derrière lui, il était un ex-semi pro de
skateboard (il a longtemps skaté pour Deathbox en Belgique) qui s’essayait à
la photo et les vieux pros de la photo de skate avaient eu du mal à accepter
de se faire botter le cul par « un bleu » (et il y avait beaucoup d’argent à
gagner dans ce concours…). Aujourd’hui, Davy est sans conteste l’un des
meilleurs photographes de skate en Europe et il se paye sa troisième couv’
d’affilée avec cette incroyable photo d’un des plus prometteurs skateboarders
européens du moment. Phil Zwijsen, BS nose grind par grand froid, en
attendant son interview dans le prochain numéro ! - FD
soma 6
skate.vans.com - ©2008 Vans, Inc. - photo: mike burnett
gsm europe: +33 (0)5 58 700 700 - V7 distribution: +33(0)1 56 739 777
PHIL ZWIJSEN I SKATEBOARDER
Photo by Davy Van Laere
elementskateboards.com
powertotheplanet.tv
INTRO
Texte et collage fredd
Salut les amis, quel bonheur, quelle joie de vous retrouver. Soyez les
bienvenus dans ce numéro neuf. Mais ne restez pas comme ça, rentrez donc, laissez
vous envahir par nos vibrations positives. Soma est grand, Soma est amour, mais Soma
a quand même méchamment galéré à trouver un bon sujet d’édito ce mois-ci. Au bout
de seulement neuf numéros, c’est presque flippant, si on a déjà plus rien à dire, ça
promet… Heureusement, l’actualité brûlante de ce début d’année nous a sauvé au
dernier moment, grâce à cette merveilleuse guerre opposant les cinglés du Hamas aux
tarés d’Israël, on a eu l’idée géniale de se moquer de nos guéguerres à nous, celles du
skate, un peu moins destructrices peut-être, mais tout aussi débiles bien sûr.
Permettez-nous donc, chers amis, de jouer les donneurs de leçons, étant nousmêmes irréprochables comme chacun le sait, et donc attribuer un carton rouge (comme
sur M6) à ces gens vivants côte à côte, skatant côte à côte, mais qui pour d’obscures
et absurdes raisons ne se parlent pas, ou alors simplement par blogs interposés, et qui
donc se détestent. Comme Le Dôme et Bastille à une époque, comme une moitié de
Lyon contre l’autre moitié de Lyon (ça, c’est de toute époque), comme tous les mags
versus Thrasher France (bon eux, ils cherchent), comme Nicolas Levet contre le reste
du monde (lui aussi), etc, etc. Bref, à vous tous messieurs, béh… En fait non, continuez
comme ça, continuons comme ça, parce qu’on s’ennuierait si les gens se mettaient à
communiquer, à se comprendre, à s’aimer… Allez, restons nous-même et continuons de
nous détester dans la joie et la bonne humeur.
11
soma
LE JEUNE
SAMY IDRI
Date de naissance
12 juillet 1990 (jour où la France a gagné la coupe du monde au sport
de type collectif…)
Lieu de naissance
Ales (30)
Lieu de résidence actuel
Anduze (30)
Skateur de référence
Andy Roy haha ! Non, Julien Stranger
Années de Skate
Depuis le 25 décembre 1980
Vidéos de référence
Krooked « Naughty » ou la vidéo de Pontus.
Où seras-tu et que feras-tu dans 15 ans ?
A San Fransisco, cette ville a l’air magique, ou quelque part en Oregon
Première board
Je me rappelle avoir fait 20 bornes en stop pour acheter la board que
j’avais vu sur un prospectus trouvé par terre, sinon la première vraie
board, c’est Choup qui m’a donné sa Trauma
13
soma
© C. crouzy
Five-o en repartant entre les deux tubes !
© cédric «patatos» crouzy
THE VEGA ERIK ELLINGTON PRO MODEL
CHAD MUSKA / ERIK ELLINGTON / JIM GRECO / TERRY KENNEDY / TOM PENNY / ANTWUAN DIXON / FURBY
ERIK ELLINGTON SWITCH FRONTSIDE FLIP
SU PRAFOOTWEAR.COM
LE VIEUX
MATHIAS THOMER
Date de naissance
10 Avril 1973
Lieu de naissance
Aubervilliers (93)
Lieu de résidence actuel
Chelles (77)
Skateurs de référence
Julien Bachelier, Stéphane Desjardins, Remy Taveira,
Stéphane Larance, Etienne Pinon, Sam Partaix, John
Reeves, John Cardiel, Dennis Busenitz, MFdoudou, Olive.
Années de Skate
Depuis le 25 décembre 1980
Vidéos de référence
Full Power Trip, Estern Exposure, Art Bars, Cash
Money Vagrant, Naughty
Où étais-tu et que faisais-tu il y a 15 ans ?
Bac en poche, je rentre en BTS maintenance industrielle
à Créteil... Au bout d’un mois de cours, je comprends
que le BTS va être un poil chiant, résultat je me retrouve
chaque jour à découvrir les spots et la scène skate de
Créteil… Cela a duré deux ans, tous les jours, et à
partir de 9h du matin ! Heureusement qu’il y avait des
jours de pluie pour reprendre les cours manqués !
© V. Coupeau
Première board
Noël 1980, une board en plastique gris avec des roues bleues.
J’ai appris mon premier ollie dessus, 6 ans plus tard.
Feeble grind, Paris / © Vincent Coupeau
15
soma
BecauseBecause
deepBecause
down
deepevery
down
deep
human
every
downknows
human
every human
knowsknows
WhyWhy
do
Why
you
do do
you
think
you
think
think
that thethat
bestthe
thing
that
best
the
about
thing
best
usabout
thing
hairless
us
about
hairless
us hairless
monkeys
monkeys
is ourmonkeys
will
is to
ourteam
will
is our
to
upteam
will
and
toup
do
team
andup
doand do
it’s called
it’s it’s
called
called
a party?
a party?
a party?
things together.
things things
together.
Gathering
together.
Gathering
a crowd
Gathering
amight
crowd
a crowd
might might
not always
not make
always
not things
always
makeeasier
things
makebut
things
easier
it’s aeasier
but it’sbut
a it’s a
water proof
waterguarantee
proof
waterguarantee
proof
for more
guarantee
forfun
more
and
forfun
more
andfun and
a betterashow.
better
aAbetter
show.
simpleshow.
A and
simple
stimulating
A simple
and stimulating
and stimulating
truth, celebrated
truth, celebrated
truth,
here
celebrated
by here
Weactivists
byhere
Weactivists
by Weactivists
Ray Barbee,
Ray Barbee,
Wieger
Ray Barbee,
Wieger
Van Wageningen,
Wieger
Van Wageningen,
Van Wageningen,
Tony Manfre,
Tony Manfre,
Love
Tony Eneroth,
Manfre,
Love Eneroth,
Love
MarkEneroth,
Baines,
Mark Baines,
Mark Baines,
Ben Nordberg,
Ben Nordberg,
Ben
Cooper
Nordberg,
Cooper
Wilt and
Cooper
Wilt
Ricky
and
Wilt
Ricky
and Ricky
Sandström.
Sandström.
Sandström.
– Go team,
– GoGo!
team,
– Go team,
Go! Go!
PJLADD
BLABAC PHOTO.
PJ’s wearing the match s + cross tee
dcskateboarding.tv
ABC
LE KFBSNBS (kick flip backside nose blunt slide)
Photos Nicolas Schneider / Texte Tura
Si vous faites partie des 15 000 bienheureux à
avoir mis la main sur le premier numéro de ce magazine,
peut-être vous souvenez-vous alors d’une rubrique
indispensable et incontournable que nous avions
lourdement nommée “ABC, l’art et la manière”. Celleci décomposait le ollie en une séquence accompagnée
d’un texte moyennement pertinent mais pas dénué
d’humour cependant. En toute logique, donc, et à la
suite de multiples réclamations quant au maintien du
niveau de bon goût de ce magazine, cette rubrique fut
rapidement supprimée.
Et puis un jour, la séquence que vous avez sous
les yeux est tombée dans notre boîte aux lettres. En un
instant, le passé a ressurgi et l’évidence nous a sauté à
la figure : un an et demi après le ollie, ce KFBSNBS
s’inscrivait parfaitement dans la progression actuelle
du skate. Il a donc fallu ressortir des cartons le fameux
“ABC” que l’âge et la raison nous ont fait amputer du
pompeux “l’art et la manière” pour en remplir cette
page, en faisant fi des éventuelles nouvelles protestations
qui pourraient une nouvelle fois nous parvenir.
Car à la cadence de progression actuelle du
skate (celle dont je vous parlais plus haut), le KFBSNBS
s’inscrit logiquement juste après le ollie. C’est devenu un
trick de base autant qu’il a pu être une référence il y a des
siècles de ça. Ah ah ça y est ! Je vous entends protester,
vous n’êtes pas d’accord ! Pourtant c’est aussi vrai que
les lignes qui suivent, la preuve en est que celui que vous
admirez ici-même est réalisé par Jean Feil, frère de quivous-savez, photographe et Ebayeur professionnel, crépu
notoire et capable de publier une photos du sosie son
employeur en train d’enfiler un véhicule tout-terrain sur
leblogdesoma.
Alors si même un photographe de skate y
parvient, c’est que c’est vous qui avez des lacunes.
D’ailleurs chez Soma, tout le monde sait le faire depuis
bien longtemps, mais on n’allait pas se mettre dans le mag
non-plus, la prétention a ses limites. Un trick de base,
qu’on vous dit, si facile qu’il ne nécéssite que ces simples
explications pour vous permettre de vous remettre à
niveau :
1
2
3
4
faites un flip,
posez-vous en BS noseblunt slide,
glissez,
replaquez sur les vis et roulez.
NB : cette page et son contenu ont reçu l’agrégation de la fédé.
Toutefois, toute réclamation pourra être adressée à :
Soma – prévenez au moins quand vous faites usage de l’ironie, 13 rue de l’Isère, 38 000 Grenoble
19
soma
COTT BOURNE
S
E
D
E
U
Q
I
N
LA CHnRenO page 90)
(Traductio
The places I go ! The trouble I find myself in ! Paris !
It’s a circus and somehow I always seem to find myself in the center
ring. One would think that the new experiences would halt at some
point but they just don’t.
Dennis and I have met for a beer
over music at a blues bar in the Paris
suburbs. We drink and talk as we often
do on Monday nights. Since my dismissal
from my apartment I have moved in with my
girlfriend. Her flat is located on Rue
Sainte Croix de la Bretonnerie. Anyone
with any knowledge of Paris knows that
this puts one directly in the centre of
the Marais, which is of course Paris’ gay
neighborhood. Dennis having lived in San
Francisco for a number of years laughs
as I begin to relay some of the recent
events of my new neighborhood.
We have a couple of beers then
leave the blues bar at a little after 11
and head back into the city. When we rise
at Hotel de Ville I begin to tell Dennis
of my new local bar. Anyone who knows me
and my habits, knows that no matter where
I live I have a knack for finding a local
drinking spot. Paris’ gay neighborhood
is no exception. I must meet the local
characters and often I seem to become one
myself.
Le Feeling bar is almost directly
across the street from Caroline’s flat.
It’s a piece of lost history. The past
brought into the future, retro 1980’s
disco computer attire, flashing lights
that look as if they were stolen from
a skating rink, and a long bar that is
placed in no more than a narrow store
front. There is a single bathroom with
a door that has to be forced closed.
soma
soma
2121
Dennis shakes his head as I describe the
joint, but when he sees it... He cannot
resist, “Come on Scott, we gotta go in...
no really... I’ll buy you a drink !” Of
course I accept and we laughingly enter
the bar, take two stools, two Stella’s
and begin to exchange old stories of our
lives back in San Francisco.
In a matter of moments a young man
approaches the two of us and introduces
himself. He appears to have been with 3
other men and soon we are introduced to
the others, one of which is a rather beautiful Latino transvestite. She locks her
eyes into mine then holds out her hand in
an over played elegant way. I am charmed
and she can see that she has captured me.
A beautiful brown, her skin appears soft
and hairless. Long wavy locks fall around
her face arranged in a sexy seductive way.
All the other boys roll their eyes as she
and I stop for a moment in the stare of
introduction. I pause with her hand in
mine held high as if I am an old Southern
gentleman helping a young lady from a Carriage. I am completely caught of guard by
the sensation she has set off in me and
only partially brought back to reality
by Dennis’ laughter. Still holding my
hand, she turns and introduces herself to
Dennis but without passion or attention.
It is clear that she is out to seduce me
and I am strangely flattered by the game
she plays. She continues, “You know I am
a real woman !” With that she pulls
her blouse down and
across her chest
to reveal one of
the most beautiful
breast I have ever
seen, a top it, a
wonderful little
nipple. Dennis,
without thinking,
says out loud, “Oh
my god you have a
beautiful nipple !”
She smiles at him,
turns to me and
says, “Would you
like to touch it ?”
Without thinking,
almost as if in a
trance, I lift my
hand and place it
on this fabulous
sculpture. It’s
warm and soft,
a perfect round
breast. When I run
my finger over her
nipple she smiles,
makes eyes at me,
then gently slips
it back into her
blouse. “I told
you I was a real
woman !” She pauses
for a few seconds,
then says, “Wanna
see my pussy ?”
Without hesitation
I blurt out, “Do
you really have
a pussy ?” She
repeats herself,
“I told you I was
makes me feel as
that
away
in
lips
her
moves
me,
at
a real woman.” Then throws eyes
in a normal
ues
contin
and
if I have just been kissed, turns back towards the boys
Lady of
Our
is
She
Genet.
of
cloth
lady-like manner. She is poetry cut from the
piece of
ful
beauti
A
Paris.
of
soul
l
sensua
soft
the
is
the Flowers circa 2008. She
!
man
architecture, built by human hand, a woman cut from a
October 18 2008 Paris
S.H. Bourne
soma
22 soma
22
25
soma
John Rattray Airwalk to fakie
Oregon © Alex Irvine
quelque part en
Julien Mérour Wallie tuck knee over Fabien Zufo, Montpellier © Marc Gérard
27
soma
Kevin Wenzke Fakie stale fish, Cologne © Hendrik Herzman
soma 28
Adrien Blanc Switch ollie, Lyon © Nicolas Huynh
29
soma
Guillaume Dulout Kickflip, Bordeaux © David Manaud
soma 30
Fredrik Gustafsson FS rock’n roll, Barcelone © Bertrand Trichet
Mehdi Salah BS boneless, Valmente © Guillaume Anselin >
31
soma
soma 32
Photos par Loïc Benoît
Texte par Sylvain Tognelli
L'automne anglais est humide, sombre et mélancolique. C'est une
période favorable pour pleurer, penser à la mort ou tuer quelqu’un, mais
pas vraiment pour aller faire des images de skate. Les ingénieurs de chez
Blueprint skateboards ont donc solutionné ce problème en envoyant le team
à Barcelone une dizaine de jours, une destination low-cost sûre au niveau
des spots et de la météo. Certes, ce n'est pas très original mais c'est la
crise, alors on se contente de ce qu'on a, ceci vaut aussi pour ce texte.
Mark Baines, switch crooked grind.
33
soma
Soleil low-cost pour Blueprint
soma 34
" avant notre départ, le patron en
personne est venu nous serrer la
main, c'est pour dire... "
LeMoonBar
Même si ce bar était plutôt « high cost » (voir même
« upper class ») c'était le seul à moins de 30 mètres de
notre appartement, ce qui fut une raison suffisante pour
y passer le plus clair de notre temps, c'est à dire tous
les soirs. Ajoutez à cela les serveuses les plus ouvertes,
des vendeuses d'art quadragénaires et chaleureuses, un
groupe de jeunes américaines innocentes, des tournées
de triples shots à 19h.... La liste est longue mais vous
connaissez la règle : « what happens on tour... ». J'ai
passé dans ce bar une des meilleures soirées de ma vie,
et avant notre départ, le patron en personne est même
venu nous serrer la main, c'est pour dire...
DannyBradv
Danny est très productif en tournée. Dès qu'il essaie
plus d'une fois le même trick, on sait déjà qu'il
n'arrêtera pas avant de l'avoir rentré parfaitement, et
en général cela ne dure pas très longtemps. Le spot du
ollie up to lipslide a été « découvert » par Nick et moi
lors d'une mission nocturne à la recherche de nouveaux
spots. Je nous vois encore devant la barre à nous
féliciter réciproquement de cette trouvaille et à imaginer
tous les tricks possibles... Le lendemain matin, de retour
sur les lieux, on n’arrivait même pas à faire grind.
En 15 minutes, Brady décochait une flèche de lipslide
de son arc à tricks et transperçait nos cœurs. Bon
exemple de division du travail au sein de l'équipe.
MarkBaines
Mark étant le plus âgé et l'instigateur du voyage, il aurait dû se sentir responsable et ne pas saouler la plus jeune des
américaines pour la culbuter toute la nuit. Hmmm… Peut-être que je devrais trouver un autre truc à raconter pour
Mark ? Surtout qu’on ne peut pas lui reprocher grand chose étant donné qu’il a tout géré du début à la fin, et qu’il a
skaté à fond malgré une blessure au pied.
35
soma
Danny Brady, ollie up to FS lipslide.
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Nick Jensen, ollie.
NickJensen
Nick n'est pas resté très longtemps avec nous puisqu'il s'est bloqué le dos peu après notre arrivée. Nous avons fait
cinq hôpitaux différents avant qu'on ne daigne lui faire une radio, j'essayais donc à chaque fois d'expliquer à l'accueil
la situation en mauvais espagnol, devant des hôtesses ébahies par mon histoire. J'ai réalisé plus tard qu' au lieu de
dire « mon ami a sauté d'un muret et s'est bloqué le dos » je disais « mon ami est tombé d'une falaise sur le dos ».
J'imagine qu'en le voyant marcher les hôtesses devaient penser qu'on se foutait d'elles. Jensen a quand même eu le
temps de passer cette barrière super haute en ollie. Même si d'après lui ce type de spot est devenu un cliché et donc à
éviter, c'est joli à voir... même si c'est tellement 2006.
37
soma
" Celui qui a envie d'un thé doit en
faire pour tout le team, et bien le
faire [...] une seule erreur de dosage
et la journée est foutue."
Morph'
Morph' (le filmeur) a 20 ans et c'est la nouvelle
recrue du team. Tous ses repas sans exceptions sont à
base de hamburger. Il tolère malgré tout les chips, les
Maltesers et les pommes. Si il n'y a pas de fast food
dans le coin, Morph ne mangera pas de la journée et
filmera sans se plaindre, avec le sourire aux lèvres.
Teason!
Le thé est une tradition chez Blueprint. Celui qui
a envie d'un thé doit en faire pour tout le reste du
team, et bien le faire, c'est à dire avec un temps
d'infusion et des doses de lait et de sucre précises
et différentes pour chacun. Etant le premier levé le
matin j’occupais une position stratégique : une seule
erreur de dosage et la journée est foutue.
y
Smithv
Neil Smith a un rôle difficile au sein de l'équipe
puisque c’est le seul à se jeter là où le reste de
l’équipe va directement s’asseoir. Ainsi, dès que le
spot devient assez gros, tout le monde se tourne vers
lui et s'exclame : « c'est pour toi Smithy ! », « quel
trick Smithy ? » ou juste « Smithy ! ». Ensuite on
s’assoit et on attend sagement que le spectacle commence. Mais il n'a aucun problème avec ça je crois, il doit s’y être
habitué. Il a aussi réussi à gratter 400 euros à Carhartt pour payer une partie de notre loyer. Bien joué Smithy !
soma 38
" l'adresse que vous m'avez laissé
est celle d'une maison close... "
Smithy, 50-50 acid drop.
39
soma
Comme prévu ce voyage fût productif, nous avons ajouté
quelques secondes au montage final de la prochaine vidéo Blueprint
qui devrait sortir cet été, ou jamais, ou sous un autre nom, on verra
bien. Selon Baines, le team n'a jamais été aussi soudé et fonctionne
maintenant comme une bande d'amis, et c'est vrai qu'on a bien rigolé.
Barcelone reste une bonne destination, même si le skateboard y est de
moins en moins toléré. Leo Sharp, notre photographe des 4 premiers
jours peut en témoigner puisqu'il a passé 2 jours en cellule pour avoir
refusé la confiscation des boards par la police... Place maintenant
à quelques messages personnels : merci à Erika et Silvia pour leur
accueil et leur compréhension ; toutes mes excuses à Sara et Jade,
quant à la dame de 49 ans vendeuse d'antiquités, sa copine et le
« mari », l'adresse que vous m'avez laissé est celle d'une maison close,
alors bon je commence à me poser des questions...
Sylvain Tognelli, nose bonk.
soma 40
Photos par Nicolas Huynh (sauf indiqué)
Texte par Tura
Titres Da
41
soma
Wallride to fakie / © David MANAUD
Je ne pense pas qu’il soit nécéssaire de présenter Max, les autres mags l’ont déjà fait pour
nous. D’ailleurs, si vous lisez ces quelques lignes, c’est que vous faites partie du peu de gens qui lisent
les textes dans ce genre de magazines, donc vous êtes au courant de ce qu’il se passe dans le skate
et de qui l’on parle. Ou alors c’est que vous êtes coincé quelque part et que ceci est votre dernière
cartouche en matière de distraction. Vous lisez donc Soma pour la première fois et vous vous dites que
les types qui écrivent dans ce mag ont du culot pour en étaler des lignes entières pour ne rien dire. En
même temps, c’est pas comme si vous l’aviez payé ce mag… C’est ce que je disais : si vous en achetiez,
des mags de skate, vous sauriez déjà qui c’est ce Max !
Tu pars à Barcelone pour l’hiver il paraît ? Oui, Jart
a un nouveau projet de vidéo et ils m’ont proposé de faire
une part’ avec les pros… Donc je pars 5 mois là-bas…
Tu te souviens de ta première paru ? Grave ! C’était
une couverture de Freestyler en back nosegrind, sur un
rail. C’est fou d’avoir sa première paru en couverture
d’un magazine ! Ouais, en plus c’était un Freestyler de
janvier, juste pour la nouvelle année, le méchant cadeau !
A l’époque t’étais plus dans le Freestyler ou dans
Sugar ? Je crois que j’étais plus dans Sugar… Sugar
c’était le mag plus tech ! Oui, mais je ne pense pas être
un méchant techos non-plus ! D’ailleurs tu avais eu une
paru en varial heel à Meriadeck, et sur la légende on
avait mis que c’était en switch. Ca t’avait emmerdé ?
Oui, ça m’avait fait chier, mais après, la photo était cool,
elle était passée, c’était pas si grave… Je me souviens
que tu portais des chaussures QIX sur la photo.
D’où tu sortais ça ? C’était un sponsor brésilien, au
début c’était cool et puis leur business a évolué… Enfin,
avec moi ils ont toujours été réglo. Comment tu t’étais
soma 42
Switch ollie !
retrouvé à skater pour une marque brésilienne ? Le
type m’avait appelé, j’avais un peu plus d’avantages que
ce que j’avais avec Osiris chez Templar, donc j’y suis allé.
Ca a duré un an et puis que crois que ça a coulé… Ils
m’ont quand même payé mon premier voyage aux EtatsUnis, c’était cool ! T’es pas allé au Brésil ? Non, mais
je devais. Et aujourd’hui, c’est quoi tes sponsors, je
pense que c’est bien de les citer, parfois. J’ai Lakai en
shoes, Matix pour les fringues, Jart pour les boards, Von
Zipper, Trigone skateshop et une marque de roulements
de Paris : Edyaoner, c’est un mec qui s’appelle Tanguy
qui fait ça, un gars trop cool ! Le fait d’avoir autant de
sponsors, ça te fout la pression ? Ils te poussent à
faire des photos, à avoir des parutions ? Ca motive,
mais je sais très bien que je ne deviendrais pas milliardaire
43
soma
avec le skate, donc je prends ça à la cool, je fais de mon
mieux, tranquillement… Je me souviens quand on a
lancé le mag, tu nous avais contacté pour faire une
interview, c’est que tu avais besoin de t’exprimer ou
c’est que tu avais de la pression dérrière ? Non, c’est
juste que parfois, quand tu n’es pas dans les mags tous
les mois, on te fait des réfléxions… Alors toi tu te dis
« faut que je me réveille », donc oui, ça fout un peu la
pression… Et maintenant, tu relativises. Oui, je sais
comment ça marche, je me dis que c’est comme ça et pas
autrement… Tu fais quoi sinon ? Tu travailles ? Non,
je fais du skate, un peu d’intérim de temps en temps…
Ca paye les factures ? Bah… je me démmerde ! Comme
tout le monde ! Ah ah !
BS Bluntslide / © Alex PIRES
Nose wheeling nollie heelflip wheeling 180 out !
soma 44
Je ne connais pas très bien Arthur, on se
croise assez régulièrement pourtant, mais on
n’est jamais allé bien plus loin que le « Salut,
ça va ? Bien et toi ? Oui pareil. », et non,
on n’a jamais couché ensemble. Je ne sais
donc que peu de choses de ce jeune homme,
mais je me suis quand même fait une opinion
plutôt positive sur sa personne. Il est discret,
poli, souriant et force est de constater qu’il
skate bien. Bon, comme beaucoup de jeunes
aujourd’hui, il est incapable d’enfiler son
bonnet correctement sur sa tête, c’est un peu
énervant, mais ça n’est pas, à mon
avis, un argument suffisant pour le
haïr totalement. Bref, cet Arthur
Derrien m’a l’air d’être un garçon
tout à fait recommandable et je suis
content de lui accorder ces quelques
pages dans le magazine. Après, c’est
peut-être un dangereux psychopathe
complètement fou à lier prêt à mettre
n’importe quel Nicolas Levet dans un duvet
bio pour le rouer de coups, mais dans ce
cas-là, il cache sacrément bien son jeu. À la
place de Nico, je ferais gaffe quand même.
Portrait par Loïc Benoît
Texte par Fredd
Titres Da
45
soma
Gap to five-o / © Pierre Dutilleux
Qu’est ce que tu faisais avant que je te dérange ?
Je révisais pour mes partiels de demain.
Qu’est ce que tu fais comme école et dans quel but ?
LCE anglais (Langue, littérature et civilisation anglaise),
justement parce que je ne sais pas quoi faire plus tard. Il
fallait que je trouve quelque chose qui m’intéresse après
le bac, et voilà.
Sinon, tu as pris ton abonnement au stade cette
année ?
Non, pas tout à fait non.
Ha bon ? Pourtant tu es lyonnais, tu dois être fier de
ton club non ?
Je ne suis pas vraiment Lyonnais. Je suis né à Paris et
de un an à dix ans j’ai vécu à Londres… Donc même si
je voulais vraiment être un beauf, je pense que je serais
même pas supporter de Lyon…
Ce n’est pas un peu difficile de faire son trou dans une
ville comme Lyon ? Peut-être me trompe-je, mais je
dirais qu’il y a deux grands groupes à Lyon, d’abord
les équipes de première division, Cliché, Antiz et
Wall Street, ceux dont on parle dans les magazines
et qu’on voit en vidéo, et puis il y a les autres, la
ligue 2, dont tu fais parti, qui sont nettement moins
bruyants, nettement moins médiatiques… ça doit
être un peu frustrant non ?
C’est-à-dire que le but ça n’est pas trop de « faire mon
trou » donc je sais pas trop. C’est vrai que la scène à Lyon
est énorme. Mais je ne vois pas ça comme un problème,
au contraire. Quand j’étais un peu plus jeune, il y avait
Mortagne qui faisait la (vidéo) Flip, c’était fou, parfois on
soma 46
Switch BS noseblunt revert / © Pierre Dutilleux
les croisait et quand t’es jeune et que tu vois les Appleyard
et compagnie, c’est complètement fou...
Et c’est quoi le truc le plus fou que tu aies vu alors
à Lyon ?
(Il réfléchit…) Le flip back de Fouine sur les marches à
Hôtel ! Je crois que c’était un samedi après midi, juste
avant la rentrée des classes, il y avait vraiment beaucoup de
monde. Il tombait à deux pas des poussettes, les cailleras
faisaient la circulation, il y avait une foule hallucinante
autour, c’était vraiment marrant.
C’est vrai que c’est fou, pourtant ça rend vraiment
rien en photo… (cf. Soma #1)
En vidéo non plus. En fait, c’est tellement gros qu’au fisheye, ça rend rien. Il y a un gars qui a fait hard flip aussi il
paraît, c’est fou.
Qui ça ?
Un gars de Dijon je crois, je ne le connais pas.
En tout cas c’est marrant que tu aies choisi Fouine
au milieu de tous les pros qui ont pu skater Lyon.
Franchement, voir skater Fouine à Hôtel tous les jours,
c’est vraiment dingue. Il est tellement incroyable qu’on a
du mal à croire qu’il existe vraiment…
Ha ha, très bon choix oui. Sinon, qui sont tes
sponsors ? Il paraît que c’est important de le dire…
ABS skateshop, Plex, Mabasi et DC. Et Kingpin, ce n’est
47
soma
pas un sponsor, mais j’écris pour eux tous les mois, du
coup je veux les remercier.
Il skate toujours ton frère ?
Oui, toujours. Tout va bien, il travaille bien à l’école, il
skate bien, il mène une vie de jeune adolescent normal qui
ne vit pas que pour le skate.
En général, les petits frères sont meilleurs que les
grands frères, ça ne te fait pas peur ?
Non, c’est vrai et c’est bien comme ça non ?
Heu, je ne sais pas. Me suis laissé dire que ton père
était pilote de ligne, tu en profites un peu ?
Ça c’est la question qu’on me pose à chaque fois ! Dès que
j’ai un truc dans un magazine, ou que je parle plus de cinq
minutes avec quelqu’un, j’y ai droit !
Ha ha désolé. Je sais plus qui m’a dit ça. Je retire
alors. Et la mini dans le jardin c’est parce que t’avais
pas de potes ?
Non, c’est parce qu’on a de la place dans le jardin, qu’on
s’est dit que ce serait cool et surtout parce que Régis
Caillol (du Skatepark de Lyon) est venu nous la faire. On
a juste payé le bois et on l’a aidé à le porter, c’est tout. Il a
tout fait tout seul ! C’est génial la mini dans le jardin.
Je te l’accorde, on va d’ailleurs terminer sur cette
note joyeuse si tu le veux bien.
Déjà ? Ok…
"même si je voulais vraiment être
un beauf, je pense que je ne serais
même pas supporter de Lyon"
Kickflip drop in / © Loïc Benoît
soma 48
Portrait par Vincent Coupeau
Texte par Tura
Titres Da
49
soma
Half cab flip drop in / © Vincent COUPEAU
Rémy est né le 23 décembre 1991. Cette annéelà sortait « Video days », la fameuse vidéo Blind qui a révélé
Guy Mariano, élevé Mark Gonzales au statut de légende du
« street », et démontré que l’on peut avoir une moustache
tout en ayant la classe quand on s’appelle Jason Lee. Sauf
que Jason Lee, à l’époque n’avait pas de moustache, eh
oui, si vous suiviez un peu, ça m’arrangerait.
Malgré des origines portugaises, Rémy n’a pas
de moustache. Enfin si, ça pousse, forcément, mais pas
une vraie moustache rasée autour, comme mon père. Donc,
Rémy, lui, il est né sans moustache, comme tout le monde,
l’année de Vidéo Days, on l’a déjà dit, à Montreuil (93). Ah !
Ça on ne l’avait pas dit, et ça a son importance car ce détail
fait de lui un authentique banlieusard, mais pas le genre à
tenir les murs et à fumer des spliffs toute la journée. Rémy,
il a autre chose à faire. Du skate par exemple ou encore
aller à l’école, comme tous les jeunes de son âge qui ont
la tête sur les épaules. Je dis ça parce que mes multiples
tentatives (via MSN) de l’envoyer se balarguer en BS 360
sur les plus gros gaps parisiens ont toutes échouées et se
sont même finalisées par un très inattendu « Arrête de me
parler de skate, là, il faut que je travaille ». Cette petite
phrase m’a d’ailleurs laissé sur le cul. Encore un jeune qui
croit que l’école va le mener quelque part !**
Quoi qu’il advienne, Rémy a de l’avenir. Mais ça,
difficile d’en parler. Alors parlons plutôt du passé, de tout
ce temps passé à skater le park des vieux pap’s à Chelles.
Parce que Rémy a tellement traîné là-bas qu’il fait un peu
partie des meubles. Bon, c’est pas l’école de la rue, mais
avec les Chellois au moins, il a été bien éduqué.
soma 50
Five-O to switch crooked grind / © TURA
Il y a un plus d’un an, j’ai croisé Rémy sur la
grande vague parisienne, cet incroyable spot aujourd’hui à
moitié perdu. Ce jour-là je me suis dit « tiens, c’est le jeune
de Chelles », ça me faisait bizarre de le voir ailleurs qu’au
skatepark. Et puis quand il a commencé à skater, là je me
suis dit que quand-même, il avait sacrément progressé. Je
me suis même surpris à penser que les jeunes parisiens
ont plus la classe qu’à mon époque...
Mais le plus étonnant, dans toute cette histoire,
c’est que sa vidéo de référence est « Z-Movie », la deuxième
51
soma
vidéo Antiz, chef d’oeuvre de diverstité et de déconnade.
Tout s’explique donc, inutile de chercher plus loin. Ah si,
et sa référence comme pro, c’est Kenny Anderson. Un
sans faute pour Rémy, quoi.
J’aurais très bien pu faire une interview, un
truc classique, mais qu’est-ce qu’on a à dire quand on a
17 ans, hein ? Et à 32 ? En vérité, je pense que des
interviews, il en aura un jour, dans d’autres magazines,
ou même ici, tiens, y’a pas d’raison, mais que c’est pas la
peine d’aller trop vite. C’est ce que j’ai compris à force de
BS Bluntslide / © Alex PIRES
le croiser sur les spots. Il veut prendre son temps, toutes ces
histoires de gloire, de gros sponsors et de filles brandissant
des banderolles « Rémy I love U », ça arrivera quand ça
arrivera ; pour l’instant, il faut qu’il travaille, le Bac, ce sera
toujours ça de pris.
Et puis quand on lui demande où il sera et ce qu’il
fera dans 15 ans, il répond : « Dans une forêt avec Oscar
Candon, on mangera des écorces ! ». Pourquoi des écorces ?
J’en sais trop rien mais ça me plaît comme réponse, parfait
pour conclure.
* Pour ceux qui n’ont pas suivi, ceci est une tentative
de faire rire le lecteur, en faisant référence à Jason Lee
en tant qu’acteur dans la série « My name is Earl ».
Cependant il semblerait que cette tentative ait échoué…
** Merci de veiller à prendre cette phrase sur le ton
de l’ironie, les jeunes.
soma 52
Photos par Nohan Ferreira
Texte par Tura
Titres Da
Le droit de réponse ?
Pour ceux qui auraient
relégué « Skate or die » au
fiasco cinématographique et
ainsi oublié l’existence même
du film, voici de quoi vous
rafraîchir la mémoire.
Mickey a joué dans le film,
tout le monde s’est bien foutu
de lui pendant un moment
et puis le temps a fait le tri.
Sauf que Mickey, il aurait
bien aimé se justifier un peu,
et nous, on était curieux de
savoir ce qu’il avait à dire.
53
soma
FS tail slide to fakie
avec le réalisateur c’était plus compliqué… Ca se voit à
l’image, ils auraient dû écouter le conseiller skate... Rémy
Juste après le film, j’ai lu des trucs sur internet, des a fait ce qu'il a pu, mais ce n'est pas passé avec la prod
commentaires hallucinants ! Ca disait qu’on avait vendu dès le départ..., enfin, y’avait Rémy Walter mais ça s’est
notre âme avec Idris, que c’était terminé le skate pour mal passé, donc il y a eu une barrière dès le début… Le
nous… J’ai fait ce film parce que j’ai envie de travailler réalisateur c’était : « moi je fais un film, toi tu fais du skate.
dans le cinéma. Ce que je voudrais faire plus tard, c’est Point. » Les gens ne se rendent pas compte qu’on a fait
réaliser des films. J’ai eu cette opportunité donc j’y suis le maximum avec Idris. C’est vraiment les commentaires
allé… C’est même pas le skate qui m’a décidé, je n’y des types cachés derrière des pseudos qui m’ont fait chier,
pensais même pas, c’était pour rencontrer
surtout que j’ai commencé à répondre,
des gens, me faire des contacts et voir
"je suis sûr que mais j’ai rapidement laissé tomber…
comment ça se passe sur un tournage.
J’ai tenté d’expliquer à tout le monde
plein de gens
C’était la bonne occasion, j’ai fait les
l’auraient fait" pourquoi on a fait ce film, ce qui s’est
castings, ça a marché…
passé, et au final, je suis sûr que plein de
Surtout que t’es dans la vidéo déjà, tu réalises des
gens l’auraient fait ; il y avait beaucoup de skateurs pour
courts-métrages, tu avais une petite boîte de prod...
les doublures aussi, des beaux noms du skate français,
Oui, mais moi ce qui m’intéresse c’est la réalisation, faire dont certains ont craché sur le film après sa sortie, alors
l’acteur ça ne m’intéresse pas vraiment, ça me fait marrer que pendant le tournage ils étaient à bloc d’être là et de se
de le faire avec mes potes dans ces courts-métrages mais faire des thunes… Maintenant, le film est ce qu’il est, il y
jouer dans ce film ça m’a fait flipper, autant que de faire a des trucs qui m’ont super déçus, c'est peut-être un peu
un contest de skate ! Quand tu as toute l’équipe qui te trop commercial, ça visait surtout les kids…
regarde, avec un réalisateur super tendu, c’est trop de Ca a marché commercialement ?
pression. Autant les gens de la production étaient super Non, pas trop comme ils voulaient. A l’étranger plus
cools, j’ai fait plein de rencontres intéressantes, mais parcequ'ils ont filmé Paris sous tous les angles, ça a plus
Je pense que t’as mérité un droit réponse, après tout
ce qui a été dit sur le film…
soma 54
plu. Et sinon il fonctionne pas trop mal en DVD et VOD.
[...] Moi ça m’a vachement aidé rien qu’au niveau de la
réalisation, j’ai pris plein de leçons, je posais plein de
questions à l’équipe technique, j’étais reulou je le sais !
J’ai fait ce film pour ça, et aujourd’hui ça me fait chier
d’entendre des phrases du style « fini le skate pour Mickey
et Idris », « ils ont fait ça pour l’argent », alors qu’on a
été payé le prix d’un premier rôle d’un enfant de 4 ans !
Enfin, c’est pas vraiment utile de parler de ça… Donc
voilà, je ne regrette rien !
Comme je disais dans ma chronique, j’ai trouvé le
film nul, mais que tu t’en étais bien sorti…
Moi je ne me supporte pas dans le film, et puis pour le
skate, on n’a rien pu démontrer… De toute façon avec la
pression que je me mettais… Surtout que là c’était de la
pellicule, on m’aurait dit c’est du DV, ok, alors que là, si
tu rates, il faut refaire toute l’installation. Il y a cette ligne
mets trop vite la pression. Ca me bloquera toute ma vie !
Tu bosses en free-lance ? Ta boîte, elle est devenue
quoi ?
Je suis intermittent, là, ma boîte je l’ai fermée pendant
le tournage, les charges continuaient à courir, je me suis
fait assassiner ! Tu vois, pratiquement tout l’argent du
film a servi à régler ça… Donc là, il me reste une centaine
d’heures à faire et je serai intermittent. Après je compte
vraiment réaliser des films. [...] D’ailleurs, c'est là que
j'ai rencontré Vincent Desagnat, (de la télé et de Dude
skateboards - ndlr) qui m'a vraiment réconforté après
le film, sur le tournage, il parlait de monter sa marque
déjà… Il est à bloc de skate, il est super ouvert à tout,
il joue une petite scène dans le dernier court métrage
que j'ai fait. Il kiffe le skate à fond, c’est pareil, il s'est
déjà fait tailler sur des trucs, comme tous les gens qui
s'exposent, et m'a appris gérer ça...
"on n’a pas pu vraiment montrer du skate, et de toute façon
ça ne les intéressait pas vraiment non-plus."
sous le pont où je finis par un FS boardslide sur une barre
de CRS, je savais que si je ratais le trick, ça leur prenait
20 minutes pour tout réinstaller. Ca m’a tellement mis la
pression que j’ai raté cinq fois ce rock front ! J’étais tout
blanc, j’avais même pas réussi à manger le midi à cause de
ça ! Tout ça pour dire qu’on n’a pas pu vraiment montrer
du skate. Ils voulaient des ollies sur des marches ou des
lignes de flat… Mais avec la pression je ratais un trick
sur deux… C’est pour ça que je fais pas de compétition
de skate aussi. Donc c’est vraiment pas le skate qui m’a
amené à faire ça, c’était connaître un plateau de tournage
et discuter avec des gens du cinéma.
Donc au final, ça t’a ouvert des portes ?
Oui un peu, en ce moment je fais du montage pour la télé
grâce à quelqu’un que j’ai rencontré sur le tournage et
à qui j’ai montré mes vidéos de skate. Ca ne durera pas
très longtemps, c’est de la télé, ça va super vite, tant que
je bosse avec des gens cool ça va, mais le jour où je vais
bosser avec un journaliste horrible ça va me bloquer, je me
55
soma
Alors qu’il skate depuis très longtemps, tout le
monde croit que c’est un opportuniste…
Il a une collection de boards de malade chez lui, c’est abusé
! Il me disait que lui aussi, il avait vu des commentaires
sur les sites internet, mais que ça servait à rien de les
lire. Moi j’ai eu du mal à me détacher de ça ! Mais dire
de la merde gratuitement, ça sert à rien, mieux vaut dire
fermer sa gueule ou dire que tu n’aimes pas et surtout
pourquoi…
Ca s’est calmé là, non ? On te pointe toujours du
doigt ?
Non, ça va, d’autant plus que je suis discret, et
depuis le film, je n’ai pas vraiment bougé sur des
spots ou des parks où il y a du monde, surtout parce
que je suis bien occupé avec mes courts-métrages
et on skate tout le temps à la piste, vers chez nous,
c’est un spot super tranquille… Je sais qu’on a un
peu fait chier Idris au début, parce que lui bouge
beaucoup, mais lui est dans un autre délire, plus
One footed wall ride to fakie
soma 56
démonstratif… et il a beaucoup plus l’esprit de compétition
que moi !
Vous avez fait d’autres trucs depuis ?
dans le métro, nous, les deux jeunes sans expérience !
Toute l’équipe attendait, il voulait de l’émotion, c’est un
truc de malade quand t’as jamais fait ça ! Au final la scène
a été coupée…
Non. Mais grâce au film on a eu des agents, qui nous
mettent sur des castings. J’en ai fait d’autres mais le Pourtant c’est un type qui a fait d’autres films plus
seul qui s’est bien passé, ils m’ont juste pris parce qu’ils sérieux juste après, non ?
aimaient bien ma tête, y’a pas eu d’audition. C’était pour un Oui “Gal”, mais ça n’a pas très bien marché non-plus,
téléfilm sur Canal +, je devais faire le fils de De Gaulle, et j’ai surveillé et il se fait pas mal tailler aussi… Il a fait
puis finalement je suis parti en vacances ! C’était juste une un bon truc avant, il avait eu plein de récompenses en
Espagne, et encore, c’était « meilleur
journée de tournage… Enfin ça c’est
montage », « meilleur second rôle », mais
le bon côté, j’ai fait aussi des castings
"Moi je NE suis
jamais « meilleur réalisateur » ! Autant ça
catastrophe, des trucs horribles ! C’est
pas
comédien"
s’est super bien passé avec le producteur,
encore de la pression, tu sais qu’ils vont
te juger, regarder ta gueule… Moi je ne suis pas comédien, autant avec lui… Enfin bon, c’est quand même une
je suis limite autodidacte ! Je ne crois pas que je sois fait super expérience, et des bons souvenirs aussi. [...] Moi
pour ça, ou faudrait que le réalisateur me mette vraiment le casting, au début je ne voulais pas le faire. En fait, je
à l’aise, ce que le réalisateur n’a pas su faire sur le film… suis le premier skateur sur qui le gars est tombé, et je lui
Un jour il nous a même demandé d’improviser une scène avais dit « ok, je peux te donner des contacts », et puis il a
insisté pour me faire passer les
essais. Je l’ai fait et ça s’est bien
passé, alors j’ai appelé Joseph
Biais, mais lui a eu le nez fin,
il a senti le risque, lui il mène
vraiment une carrière dans
le skate, surtout par rapport
à moi, donc c’était peut-être
mieux qu’il laisse tomber… Moi
je n’avais rien à perdre, j’avais
même tout à gagner, je sais que
je n’irai jamais très loin dans le
skate, je m’endors un peu…
Tu as vu la série dans laquelle
joue Anthony Marocco ?
Oui, et je pense qu’ils ont vécu
exactement la même chose que
nous, les types n’y connaissent
rien non-plus, quand on lui a
demandé de mettre un casque
et de faire un slalom, il l’a fait
parce qu’il savait qu’il avait
quelque chose à gagner. Maintenant il a sûrement un agent
et peut-être qu’il deviendra
comédien !
Mickey remercie DUDE SKATEBOARDS, NIKE SB, SKATE CREW,
OTHER SKATESHOP, MADA.
http://www.dailymotion.com/yabox
BS smith grind
57
soma
Texte par Fredd
Mise en page par Da
Photos DR
DIX ANS PLUS TARD
soma 59
Colin McKay mixe street, vert’ et pool. Half cab nose grind revert sur le pool coping de l’énorme rampe de Champigny-sur-marne.
Un tour DC en Europe, c’est pas tous les jours. C’est même plutôt rare, voire même permettezmoi l’expression, putain d’rare. Et les choses rares étant précieuses, nous sommes contents d’avoir pu
récupérer, tant bien que mal, quelques photos de leur dernier passage sur notre vieux continent. Parce
que oui, c’est juste « les restes », ce qui n’a pas été utilisé par les magazines américains, mais le 3-6
flip à Bercy par un quasi inconnu, Colin McKay sur la rampe de Champigny-sur-Marne et les autres
tricks de ces huit pages, c’est le genre de reste que je veux bien bouffer tous les jours, pas vous ?
Antony Lopez n’est pas
le skateur français qu’on
voit le plus souvent, et à
vrai dire, je ne m’attendais pas à le voir faire un
3-6 flip to fakie dans un
skatepark Suisse.
Quand j’ai entendu parler de ce Tour, je n’ai
pu m’empêcher de repenser avec nostalgie aux deux
premiers tours européens de DC, ceux qui avaient rempli
deux Big Brother à l’époque. Je me souviens assez bien
du deuxième, en 1998, pour la bonne raison que j’aie
justement le Big Bro sous les yeux là, et que je le relis
pendant que j’écris ceci. C’est l’année où ils avaient tous
un maillot de basket bleu et orange à leur nom. C’était
un peu ridicule en effet, mais bon, ça ne m’avait pas
plus choqué que ça à l’époque. Ils n’avaient pas pensé
aux Pom Pom girls par contre… J’aime bien relire ces
vieux mags de temps à autre, là, j’en suis à l’interview de
Mike Carroll (oui les jeunes, il skatait pour DC, comme
Rick Howard, Scott Johnston et Keith Hufnagel, entre
autres), c’est amusant parce qu’il y parle de Soma, la
drogue, apparemment, ils en ont usé et abusé en 1998.
J’y apprends d’ailleurs que c’est un puissant décontractant
musculaire, c’est donc une drogue qui rend mou… ça
fait plaisir ! Hé les jeunes, c’est les vieux mags qui sont
drôles, pas la drogue ok ? Maintenant que j’y repense,
c’est peut-être pour ça qu’ils n’avaient pas pris de Pom
Pom girls, ils avaient trop ramolli pour assurer… Pardon
pour cette mauvaise blague, c’est sorti tout seul.
soma 60
Mais parlons plutôt de cette année. Pas de Mike Carroll donc, pas de Moses Itkonen non plus, ni même de maillots
nominatifs et toujours pas de Pom Pom girls, mais l’équipe ne faisait vraiment pas rire : il faut dire qu’ils ont
débarqué avec la quasi-totalité du team U.S. ainsi que, nouveauté, la quasi-totalité du team européen. Ça par
exemple, le mélange des teams européens et américains, en 1998, c’était complètement impensable. Comme quoi, on
a fait du chemin depuis et je trouve ça plutôt chouette, le rapprochement des peuples, tout ça... Non, je plaisante…
Mais hé, ça faisait quelque chose comme 17 riders, sans compter les 3 filmeurs et 2 photographes à trimballer à
Pendant un moment, Josh Kalis s’est cru au Love Park par-dessus la poubelle, là.
BS nollie heel, loin de chez lui mais toujours sur le même spot...
61
soma
travers l’Europe pendant trois semaines. C’est ce qu’on appelle un bon cauchemar pour team manager.
C’est pourquoi Ruben Garcia, le TM européen a eu l’idée de couper la poire en deux, une équipe pour couvrir le
nord : Oslo, Londres et Stuttgart avec Ryan Smith, Wes Kremer, Jani Laitiala, Jaime Fontecilla, Henning Braaten,
Javier Paredes, Michael Sommer, Laurent Gehin, Manuel Margreiter. Et une équipe pour le sud : Turin, Malaga et
Zurich avec Greg Myers, Antony Lopez, Jody Smith, Josh Kalis, Lindsey Robertson, PJ Ladd, Ruben Garcia et Colin
Mc Kay. Voilà pour les listes, vous pouvez souffler un peu, aller vous chercher un truc à boire…
soma 62
63
soma
Michael Sommer est norvégien et il a un
3-6 flip de malade. Le mieux c’est de le voir
sur les quatre blocs de Bercy parce qu’on a
bien le temps de voir le mouvement…
Ce jour-là, PJ Ladd était à fond ! Limite relou… Switch flip nose manny fakie flip.
soma 64
Bon, ça y est, tout le monde est là ? Je reprends.
Après les deux « demi-tours », tout le monde se
retrouverait donc à Paris pour festoyer et faire du
skate en se tapant dans la main, parce qu’on est
tous des potes, mon frère. Aux dires de Stéphane
Larance, notre indic’ sur place (je pense qu’a ce
moment du texte il n’est plus nécessaire de préciser
que je n’ai pas assisté à ce Tour et que je parle
donc de faits qui m’ont été rapportés…) (À moi
le Pulitzer !). Aux dires de Stéphane Larance donc,
à Paris, tout le monde était à bloc et toujours
Manuel Margreiter est vraiment capable de tout. Alley oop caballerial sur un mini volcan comme de la m... heu, vachement bien.
65
soma
surmotivé pour skater, après deux
semaines de Tour, c’est remarquable. Je ne parle pas de Ryan Smith
qui s’est défoncé dès le premier
jour, ni de Jody Smith qui a fait
pareil à peine plus tard (c’est quoi
leur problème aux Smith ?)
et qui sont donc tous deux rentrés
chez eux, aux U.S. pour jouer à
la console vidéo en mangeant des
glaces Ben&Jerry’s.
À Paris donc, tout le monde était là (non, pas Rudy
Johnson ni Carl Shipman arrêtez avec ‘98) et PJ Ladd
était même content de skater le Dôme. Attention, un
PJ Ladd, même très content, ça reste assez raisonnable.
C’est pas vraiment Dustin Dollin le gars ! Oui, en même
temps, vous aviez remarqué, oubliez donc cette dernière
remarque. Bon, en cinq jours, ils sont allés un peu de
partout, Bercy, Créteil, la mairie d’Ivry, rien n’a été
épargné et ce fut à chaque fois une occasion pour
PJ Ladd de sautiller de joie comme une puce sous acid.
Il s’est quand même calmé quand la troupe est arrivé
à Champigny-sur-Marne pour y skater la gigantesque
rampe en compagnie de son gardien, Marc Haziza.
Bien-sûr, c’est surtout Colin McKay qui était content ce
coup-ci. Tiens, Colin McKay, en voilà un qui était déjà
là en 1998, je me demande s’il s’est autant marré en
2008 ? Et est-ce qu’il avait du Soma ce coup-ci ? C’est
con, j’aurais dû y aller à ce Tour, j’aurais pu vous en
raconter de bien bonnes, c’est sûr.
soma 66
67
soma
Thibault « Boulbi » Lenaerts Kickflip,
Paris © Tura
69
soma
Michael Mackrodt Caballerial, Chelles © Tura
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Jan Hofer Pole jam to tail slide, Zurich © Eric Antoine
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soma
Jérôme Chevallier FS wall ride to fakie, Barcelone © Tura
soma 74
Manu Venancio FS wall ride revert, New York © Nicolas Huynh
par Eric Antoine (sauf indiqué)
illustrations Da
Eric Antoine vous incite à prendre des risques inutiles, n’en faites rien, c’est dangereux et
stupide. Mais nous ne saurions que trop vous recommander de lire ce qui suit, et de taper « Ricky
Oyola Underachievers » sur Youtube (mettez le volume à fond !)… - FD
Je devais avoir 8 ans la premiere fois. La 305
familiale roulait sur le chemin de mes grands parents
ou bien alors sur la route des vacances (15 années d’île
d’Oléron, comment oublier), je jouais avec mon Playmobil
preferé et, alors que mes parents avaient détourné leur
attention de moi, j’ai ouvert la fenêtre, j’ai sorti mon poing
qui serrait le bien aimé personnage, et à un moment j’ai
relaché la pression, et j’ai gardé les doigts écartés tant que
la force centrifuge faisait tenir le fragile bout de plastique.
Le vent s’engouffrait dans l’habitacle, les voitures nous
croisaient dans un vacarme effrayant, je sentais la vitesse
dans ma main, je vérifiais du coin de l’œil que ma mêre ne
me voyait pas dans son rétroviseur et je me sentais bien. Je
ne comprenais pas nécessairement pourquoi je faisais tout
ça, mais la montée d’adrénaline due à la peur de perdre
mon jouet me me poussait à le faire encore et encore. Ce
fut un Playmobil, puis, un Musclor (largement mieux placé
dans les castes des jouets), et enfin mes lunettes ou même
des objets qui appartenaient à ma sœur (l’équivalent de
la piste noire pour le ski). La peur, le risque, la vitesse,
l’addiction peut commencer très jeune. Les cas les plus graves finissent habillés de vêtements collants fluo et battent
des records accrochés à des falaises ou derrière une voile
sérigraphiée « extrême kite »… Je m’en suis bien sorti.
Enis Fazilov, BS lipslide
Boris Proust, BS tailslide
Mathieu Dubost, rock to fakie.
Quelques années plus tard, mes occupations ont évolué et
je passais le plus clair de mon temps à parcourir les rues
de Strasbourg sur mon skateboard. Ce que j’aimais pardessus tout c’etait zigzaguer dans la foule du samedi après
midi, claquer mon tail en ollie ou en firecracker, le racler
contre les plaques d’égouts en fonte, effrayer les passants
en me dirigeant droit sur eux pour les éviter au dernier
moment. Le bruit, la vitesse par rapport aux piétons
lents et maladroits, et un léger sentiment de puissance (si
difficile à ressentir à l’adolescence (à moins de raquetter
le petit Gaetan Morin à chaque récré)) comblaient mes
virées au centre ville.
A 20 ans (il y a 130 ans), j’étais à New york, une autre
79
soma
dimension. Là c’est immergé dans le trafic dense de la
ville immense que nous dévalions en bande les avenues
gigantesques. Absorbés par la vitesse de la circulation,
nous nous accrochions aux taxis jaunes ou aux camions
de livraison pour accélerer sur la route au goudron lissé
par les passages incessants des véhicules. D’Astor Place
à la 50e en un temps record, quelques ollie pour éviter
les trous ou monter les trottoirs, aucun trick, juste la
sensation grisante de vitesse, croiser des bolides, dompter
le stress de la ville, ses klaxons et ses insultes. Les accélérations, les moteurs, notre fragilité dans ce chaos de
béton et de métal, tout ces éléments s’ajoutaient pour que
cette activité devienne notre drogue. Pousser plus vite,
Maxim Rosenbauer, kickflip / © Jonathan Peters
aller plus loin. Réaliser à quel point tout peut basculer
d’un coup, facilement, rapidement.
Le soir c’est devant des images de Ricky Oyola et sa bande
de toréadors des boulevards que nous rêvions, seulement
eux ne se contentait pas de rouler, je me souviens d’un
360 flip en plein milieu d’une route, face à une voiture...
Les vidéos de skateboard sont pleines de ces flirts avec le
trafic. Souvenez vous de Ray Barbee dans Public Domain
qui pose les bases du street skating sur des trottoirs
encombrés, dans « Vidéo Days » Mark Gonzales allongé
au milieu des autos sur une grande avenue californienne,
les skateurs de San Fransisco lancés comme des boulets
de canon dans les rues pentues, oubliant les stops et feux
rouges, sans compter les atterrissages où l’on se dit « à
1 seconde prêt il se faisait couper en 2 ».
L’homme s’adapte à toutes les situations, en Turquie j’ai vu
un enfant de moins de 10 ans faire la manche, en pleine
nuit, pied nu au milieu d’une route sur un gros rond-point
très fréquenté d’Izmir. Les véhicules le frôlaient, il n’avait
plus peur depuis longtemps, il les évitait sans problème
comme par miracle. Je me demande s’il en tirait quelconque satisfaction. Jouer avec plus fort que soi, taquiner une
force supérieure, jouer avec le danger, on y a finalement
tous droit, d’une manière ou d’une autre. A un moment ou
un autre de notre vie.
soma 80
© bansky.co.uk
Lance Mountain
skatant son salon
dans son plus beau
pyjama rouge, ça
ne vous a jamais
donné des idées à
vous ? Qui a dit que
ça ne lui disait rien ?
C’était dans la vidéo
Firm « Can’t Stop »,
souvenez-vous un
peu là, oh ! Il avait
es
out et il passait de pièces en pièc
mis des quar ter-pipes de part
et
age
pass
au
n
salo
e basse du
en skatant, nosegrindant la tabl
effet spécial du plus bel effet (le
il finissait par une cascade avec
eà
du balcon) et soudain, qui sonn
coup du mannequin qui tombe
petit tremplin sous
son
avec
rque
déba
qui
der,
la porte ? Neil Blen
leur part commune dans « Ban
le bras, références évidentes à
culture là, merde !
de
peu
un
,
gars
This »… Oh les
?
Comment ça je suis un nerd
Photos de Will par Loïc Benoît
Texte par Fredd
Comme tout skateboarder qui se respecte un peu, j’ai toujours eu en
n’a
vie de faire pareil, et je ne parle pas du pyjama. Mais bizarrement, ma copine
re. Heucomprend
Allez
r.
d’intérieu
déco
de
matière
en
goûts
mes
partagé
jamais
mienne
reusement, tout le monde n’a pas une copine aussi psycho rigide que la
petite
(j’en connais un qui va se faire tuer quand le mag va sortir…). Anaïs, la
er leur
transform
Agnès
Will
coloc
son
laissé
a
exemple,
par
amie de Sam Partaix
de la colsalon en mini rampe sans le moindre esclandre. En fait, le dernier tiers
81
soma
location étant occupé par un certain
Julien Bachelier, il est probable que la pauvre
Anaïs n’ait
pas vraiment eu d’autre choix que d’acc
epter
qu’un salon en forme de mini rampe
était une
idée merveilleuse. Mais ce genre de
détails ne
nous regarde pas vraiment, le fait est
qu’il y
a une mini incroyable dans le salon
de Will
et que dans la plus pure tradition lyonn
aise,
elle est à la limite du skatable tellem
ent elle
est rad. Petite précision pour les
quelques privilégiés qui ont eu la
chance de skater la mini Cliché
ou la Antiz/ Wall-Street, sachez
messieurs (mesdames ?) que celle-ci est encore plus rad… Voilà
c’est dit. Au moment où sortira
ce magazine,
nos trois amis
se seront sûrement déjà faits
expulsés de leur
appartement, il
y a donc peu de
chance que vous
puissiez skater la
chose un jour.
Informations complémentaires mais néammoins indispensables
Will a décidé de transformer son salon en skatepark quand il a appris que l’immeuble dans
être réhabilité et que ses colloc’ et lui-même, allaient de toute façon devoir rendre l’appart’ lequel il habitait allait
d’ici quelques mois.
Donc avant de faire pareil chez vous, assurez-vous que vos voisins et votre proprio approuvent
votre projet (effectivement, vous n’avez aucune chance).
Will est parqueteur de profession. Il a donc récupéré la quasi-totalité de la matière première
par ce que Julien Bachelier a réussi à escroquer à son équipementier pour pieds, Adidas. et le reste a été financé
Les petites photos sur cette page sont des spots privés, dans le jardin, la grange, le garage,
le salon… Pour la
grande majorité, ils se trouvent en France et en Belgique, peut-être même juste à côté de chez
vous.
Will tient à dédier cet article à tous ceux qui se sont fait une mini dans le jardin, dans la grange,
ou dans le salon et
tout particulièrement ceux qui l’ont laissé skater chez eux… Voilà qui est fait.
soma 82
LE FUTUR
1
5
1 une board Muki Rüstig co-brandé par Yama et Carhartt
2 une casquette « respirante » Nike SB
3 un sweat à capuche de vélo Ambiguous
4 un autre sweat à capuche, de marque Nike SB cette fois
5 une planche Trauma “one life one chance”
6 un t-shirt Cell DVSN bien comme il faut
7 un sweat à capuche Insight zippé jusqu’en haut
8 une chaussure gauche Nike SB Dunk mid
9 un t-shirt Ambiguous de bonne facture
10 un cruiser 5Boro en 8 pouces de large
11 une chemise Element 100% reversible
12 un jean Cell DVSN en taille 34
13 une chemise Insight à la mode
14 une chaussure DVS J-Dub (Jeron Wilson)
15 un t-shirt Element « old bones series »
2
11
3
12
15
2
14
8
7
9
6
13
10
83
soma
le magasin en ligne
nozbone.com
kevin rodriguez - bluntslide pop-out - photo : donger
jo chaboud • akim cherif • lionel dominoni • martin keller
lisa jacob • mathieu le bail • jon monié • jj rousseau
295, rue du faubourg st antoine 75011 Paris - metro nation - 01 43 67 59 67 - nozbone.com
L'hiver
1 une casquette Volcom avec de la couleur et des trous
2 un T-Shirt Hixsept avec des pigeons qui se bourrent la gueule
3 des DC « Match WC » de couleur bleue et rose et verte et blanche et...
4 Johnny Layton a aussi un pro-model de bonnet chez Vans !
5 un pull Carhartt à rayures aussi, mais pas les mêmes
6 un polo Volcom pour ne pas passer inaperçu
7 le pantalon de Marc Jonhson de chez Matix
8 un tish Carhartt pour aller tagger au Brésil
9 un cuir Volcom avec des chatons dedans
10 un tish Kr3w qui dégouline
11 un jean de marque Kr3w
12 un pull Volcom à rayures
13 les J-Lay de chez Vans
14 des Supra de type Jim Greco pour
âme suicidaire
15 un tish Element avec la nature
qui reprend ses droits
16 un larfeuille Kr3w pour aller
avec les DC en haut
1
9
2
5
3
12
11
6
8
14
7
15
10
85
soma
13
16
5
BOARD SALABANZI
+
+
+
+
139€
PACK
PRO
135€
Venture
Autobahn
Adyaoner
Visserie
complet
PACK
55€
complet
5 5€
LE PLATEAU
LE PLATEAU
028266
8,25
7,75
028263 M.Haziza Hawaii Surf
028263 M.Haziza Hawaii Surf
4 6€
Les 4 roues
Le Truck
6 9€
6 9€
HAWAII SURF• Shop ouvert du Mardi au Samedi
di • 69 avenue DDanielle
i ll CCasanova 94200 IVRY sur SSeine
i • 01 46 7720 710 - [email protected]
025760 Washington Jazz
Massifdesign
F.Kirby
FKi
b RRoachh
Pigeon
LE PLATEAU
K Taylor
K.
y Roach
ZZ.Basset
BBassett Roach
R h
M h
Manhattan
B idg
Bridge
5 Boro Blocky blk
LE PLATEAU
029228 5 Boro Blocky
LE PLATEAU
025761 McBride Jazz
70€
0292
029
029231
92
231
1 LLetter
tt PPress logo
l
16€
025767 Rally Car
028263 Weed Hawaii
52mm
025764 Cant Touch
028262 M.Haziza Hawaii Surf
EE
N N
L E S
V
R
V
C H I F F R E S
AR C
A
C
A l’heure qu’il est, enfin, rien n’est moins
sûr, un nouveau site devrait avoir été mis en ligne.
Un an et demi après le lancement de la première
version, on s’est dit que ce serait pas mal de changer
un peu, le rendre plus vivant, et surtout, de mettre
des epaces pour vendre de la pub ! On ne va pas
vous mentir non-plus…
Alors oui, ça sera un peu moins joli, mais
le fait qu’il soit tout en HTML va nous permettre de
faire les mises à jour plus facilement, et donc plus
régulièrement. Par contre, il n’y aura pas de forum,
quand on voit les conneries qui s’y disent sur ces
trucs, on préfère faire l’impasse dessus !
WWW.SOMASKATE.COM
Furby
3 choses que tu apprécies en Europe
Les spots,les crèpes, et les gens. Les riders locaux
sont cools !
3 endroits où tu rêves d’aller
Tokyo. Je voudrais bien aller en Afrique, mais ça
peut être dangereux ! Et au Mexique. J’y suis déjà
allé, mais pas pour skater…
3 tricks que tu es incapable de faire
Je ne peux pas faire les inward heelflips, varial flips,
et ces putains de hardflips ! Pourtant j’essaye !
3 personnes qui pourraient avoir la dernière
part’ dans la (prochaine) vidéo Deathwish
Chris Haslam
Combien de boards as-tu skaté ces 4 dernières semaines ?
Trois. Non, en fait, quatre, j’en ai cassé deux récemment.
Conbien de photos as-tu fait ces 4 dernières semaines ?
Trois. Dont deux pendant cette tournée Independent.
Combien de fois es-tu venu en Europe ?
Plus de 20 fois… Au moins !
Combien de fois par jour tu penses “je veux rentrer chez moi” ?
Jamais.
Combien de fois par jour est-ce qu’on te réclame un
autographe ? Ca dépend. Sur une journée normale, une fois
ou même pas du tout, mais en tournée… trop !
La plus grosse somme que le skate t’ait rapporté.
25 000 dollars, sur un trick !
Double flip foot plant sur la vague avec la barrière à Barcelone, pour un truc organisé par 411. Sinon pour un contest
normal, j’ai reçu 8000 dollars une fois. C’était un step up
avec un rail en haut, et j’avais fait five-o varial flip out, aux
Gravity Games ou un truc comme ça, en 2003.
Combien de sponsors as-tu ? Oh man… je crois que j’en
ai cinq.
En moyenne, combien tu penses que tu fais de kickflips
en une journée ? Pfff… probablement une vingtaine.
Combien de jours en 2008 as-tu passé sur la route ?
Oh my God ! Je peux plutôt te dire combien de jours je suis
rentré chez moi : trois ou quatre semaines en 2008.
Combien de démos as-tu fais en 2008 ? Peut-être quinze,
pas tant que ça…
A combien de contests as-tu participé en 2008 ? Aucun !
87
soma
Ca pourrait se jouer entre Greco, mon pote Lizard
King ou peut-être bien Ellington…
3 personnes avec qui aller faire la fête
D’abord Antwuan, Lizard King… Manuel (Palacios) doit être bon en soirée aussi !
3 prochains achats
Peut-être une voiture, un ordinateur portable, et
puis un appareil-photo.
3 objets indispensables à emporter en voyage
Mon pyjama ! Des chaussettes et beaucoup de weed !
3 choses à faire quand il pleut
Chiller avec ma copine, mes potes, et skater le
park de Steve Berra.
3 choses que tu apprécies dans les mags de skate
Le fait de voir les homies, les nouveaux tricks, les
interviews… C’est important d’écouter ce qu’ils
ont à dire !
3 vidéos que tu apprécies particulièrement
Modus Operandi, Chomp On This, et Baker 3.
L
E
T
O
P
3
E
N
V
R
A
C
L
A
V
I
D
E
O
E X P E R I M E N T A L E
« The Scrum Tilly Lush »
D’où tu viens ? D’une chouette petite ville appelée Bray, au sud de
Dublin, la ville du premier sex shop en Irlande et de l’incroyable Al
Collins. D’où t’es venue l’idée de faire une vidéo qu’en Super8 ?
J’en avais déjà fait une il y a quelques années… En fait, j’ai commencé
à faire du Super8 le jour où ma copine m’a offert une petite Canon310.
J’étais tellement content du rendu que j’ai fini par laisser tomber ma
VX1000. J’aime mieux le film ! Comment ont réagi les skateurs
lorsque tu leur as parlé de faire une vidéo qu’en Super8 ? Je crois
que c’est ce qui les a intéressé, en fait, je leur ai envoyé des trucs que
j’avais fait avant, parlé du projet de couvrir une petite scène en Super8
et ça les a branché. Je ne pense pas que cette vidéo aurait pu voir le
jour si je l’avais faite en numérique. Tu les connaissais tous ? Non,
juste les irlandais et les mecs de Malmö. J’ai rencontré les autres le jour
où on a commencé à filmer. Des bons gars ! Tu leur donnais combien
d’essais pour chaque trick ? Ca dépendait du spot, de la lumière
et du genre de trick. Les lignes sont ce qui coûte le plus cher donc
ils n’avaient que quelques essais… Les longs manuals pouvaient aussi
poser un problème, mais Janne (Saario) était efficace ! Quel trick a
pris le plus de temps ? Sans commentaire ! Combien de temps ça a
pris, pour tout filmer ? J’ai commencé en juin 2008 à Londres avec
Jensen et j’ai fini en novembre à Belfast avec les frères Lynn, donc un
peu moins de six mois. Ca aurait été beaucoup plus vite si je n’avais pas
de boulot à côté et si j’avais eu dès le départ de l’argent pour les billets
d’avion. J’ai aussi dû envoyer faire développer mes films en Hollande, ce
qui prend généralement trois semaines, donc en attendant je faisais du
montage. Combien de films as-tu eu besoin, en tout ? Aucune idée,
je suis mauvais pour me souvenir de ce genre de trucs, mais tous les
riders ont été assez économiques ! Combien coûte chaque bobine ?
En comptant le transport et le développement, environ 30 livres (40
euros). Et tu peux filmer combien de minutes sur un rouleau ? En
18 images par seconde, trois minutes. Quand et où sera disponible
la vidéo ? Je vais faire les copies
rapidement et je pense que ce
sera disponible début février. On
pourra en commander sur le blog.
© Michel THOMER
A l’heure du jpeg et du mpeg, il existe encore quelques
irréductibles du film, le vrai, celui qui existe vraiment (pas celui
qui disparaîtra lors d’un prochain crash de disque dur) dont Philip
Evans fait partie. Un type assez cinglé pour aller jusqu’à réaliser
une vidéo entièrement en Super8 ! - DT
L E
V I E U X
Voici une photo de Mathias, le Vieux de ce
numéro, c’était aux alentours de 1981, fallait qu’on la case quelque part !
1
5
4
6
Le record du monde de flip consécutifs.
On attend encore l’annonce officielle du
skate aux JO, et on aura plus qu’à se
faire racheter par l’Equipe !
V olatile
Kris Markovich, rarement plus d’un an
au même endroit : Dogtown, G&S, 101,
Color, Prime, Blind (deux fois), Element,
Foundation, Hollywood, Crimson, Given…
(Liste non-exhaustive, pas forcément dans l’ordre, et ne concernant que ses sponsors board.)
F or
life
Steve Caballero : depuis trente ans chez
Powell, son premier sponsor.
Mention honorable pour Rob Dyrdek, depuis
bientôt 20 ans chez Alien Workshop (pourtant
vous savez ce qu’on en pense de Dyrdek...).
Après l’Europe, tu as l’intention
de faire la même chose avec
des skateurs américains ? J’ai
parlé à quelques personnes aux
U.S, mais j’attends le feu vert de
quelques sponsors. Mais le concept
sera différent et pas seulement
filmé aux U.S. Je suis impatient de
commencer à bosser dessus !
Avec Vieger VW, Soy Panday, Vi-
vien Feil, Nick Jensen, Al Collins, Janne Saario, Love Eneroth,
Conhuir Lynn, Lennie Burmeister,
Danny Wainwright…
88
soma
http://thescrumtillylush.blogspot.com
soma 88
EE
N N
V
R
V
AR C
A
C
Ian Reid, la ville qui parle
Sur l’autoroute de l’information, tout geek que vous êtes,
vous avez certainement regardé des bouts du DVD éponyme
de Ian Reid (« sex, hood, skate and videotape »), skateboarder surnommé « king of New York » vivant dans un
quartier chaud de Brooklyn. Cet étrange film mêle scènes urbaines de courses de voitures, sessions de skate,
filles nues dans des cuisines, le crash des Twin Towers, et surtout beaucoup de violence. En pleine nuit des
règlements de comptes au revolver, des bagarres de clochard, du racket et
toutes les petites choses qui pimentent sa vie dans le ghetto. Le montage Ian & Pierre
1999
d’un non-sens total est à la hauteur de la qualité des images…
Ian devance sa réputation en parlant fort avec les
bras, le hip hop déborde des fenêtres de son 4x4, et « shit »
et « fuck » lui servent principalement de ponctuation…
Parfois donc un monde nous sépare.
J’ai eu la chance de passer voir Ian une dizaine de
jours, avec dans les premiers temps, la forte impression que
moi-même et mes 61 kilos de premier de la classe allions
nous faire tuer à chaque coin de rue de Harlem. Au cours
de nombreuses conversations, dans le traffic chargé de la
ville, j’y ai finalement re-découvert un garçon conscient de
son « personnage », de sa personnalité, et de tout ce qu’il
devait affronter quotidiennement. Sa fascination pour la
ville, son respect pour elle et la permanente envie d’en découvrir tous ses recoins lui donne une incroyable énergie.
Il a toujours une caméra à portée de main pour filmer « la
rue », et il se jette dessus lorsqu’il veut capturer une ac-
Queens Bridge / © Ian Reid
Prospect Park, Brooklyn/ © Ian Reid
89
soma
tion sans vraiment
se soucier d’un
réglage quelconque. Son deuxième DVD sort en
2009, et devrait
surenchérir le premier. Interdit aux mineurs, à vos parents et tous ceux qui
ont un goût pour l’esthétisme visuel.
L’avant-dernier jour de mon voyage, il m’a
envoyé un lien vers des photos. Des Skylines de la ville
surprenantes, des ruelles aux couleurs irréelles et des
paysages urbains très soignés. Un travail de pro. Il a tourné
longtemps autour du pot avant de m’avouer que ces photos
étaient les siennes… Surveillez bien ce gars, il est capable
de tout. Tout ! - Pierre Prospéro
Wonder Wheel, Coney Island / © Ian Reid
5AM by my window / © Ian Reid
Terry Kennedy
s p r i n g 2 0 0 9 | Terry Kennedy in the Kameo Jacket and Tactic Woven
www.Kr3wapparel.com
| www.onedisT.com
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N N
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R
V
Le
P I re
AR C
qu ’ on
« Il m’est arrivé, à une certaine
époque, de skater en jogging. » - Da
R as
le
bol
Skater avec un Ipod (avec ses potes)
Des T-shirts manches courtes par
dessus le T-shirt manches longues
Des slims déchirés au niveau du cul
Les tailslide FS 270° out
”La première fois que je suis allé
skater avec mon skate large (les skate
américains comme on disait). Je savais
pas comment m’habiller, mais je savais
que je devais faire quelque chose de
spécial, alors j’ai mis un bermuda
par dessus un bas de survet’ en satin,
un t-shirt par dessus un sweat shirt,
une sacoche «banane» autour de la
taille, une casquette plus ou moins de
baseball, et je crois même que j’avais
des gants. J’étais un putain de clown !
Mais oh, c’était en 1985.”
- Fredd
« Et c’est parti pour 45 secondes !
hurle Pouchtouf ou je ne sais plus
quel speaker de l’époque (vers 97 je
A
aIT
C
fait
pense). Je m’élance, et au premier
flip, j’écarte les jambes un peu trop
brusquement, et je sens que la boucle
de ma ceinture pourrie de marque de
skate américaine éclate en mille (ou
peu être 3) morceaux. Du coup, mon
froc (de type trop grand pour moi) se
barre, et je poursuis tant bien que mal
mon run en tenant mon froc d’une
main, sous les rires du public. Bien
la honte ! »
- Nico Malino
« Pour avoir un baggy short encore
plus large (c’était l’époque des
premiers baggies), j’avais demandé à
ma mère de repriser une jupe-culotte
à elle, que ça ait moins la forme d’un
cône, quoi ! Le pire c’est qu’elle avait
accepté ! » - Tura
LA CHRONIQUE DE SCOTT BOURNE
Traduction : Aurélia Ruetsch
[email protected]
Je me retrouve toujours dans de ces endroits ! Et de
ces histoires ! Ah, Paris ! C’est un vrai cirque mais curieusement,
c’est toujours moi qui me retrouve au milieu de la piste. Parfois
je me dis qu’à force ces nouvelles expériences vont s’arrêter, mais
non.
Dennis et moi nous sommes retrouvés devant une bière
dans un bar de blues en banlieue parisienne. Généralement le lundi
soir nous allons boire un coup et discuter. Depuis que je me suis
fait expulser de mon appartement, j’ai emménagé avec ma copine.
Son appartement se trouve Rue Sainte Croix de la Bretonnerie.
Quiconque connaît Paris, sait que cela se situe en plein cœur du
Marais, le quartier gay de Paris. Ayant vécu à San Francisco pendant plusieurs années, Dennis rit des anecdotes que je commence
à lui raconter depuis mon installation dans ce nouveau quartier.
Après deux bières, nous quittons le bar de blues. Il
est 23h passées de peu. Nous retournons sur Paris. Lorsque nous
émergeons en surface à Hôtel de Ville, je commence à parler à
Dennis de mon nouveau bar local. Ceux qui me connaissent et qui
sont rompus à mes habitudes savent que quel que soit l’endroit où
je vis, j’ai toujours le don de trouver un endroit que je fréquente
régulièrement pour aller boire des verres. Peu importe qu’il s’agisse
du quartier gay de Paris, je veux rencontrer les personnages locaux
et bien souvent, je finis par me faire une place à leurs côtés.
Le Feeling bar est presque en face de l’appartement de
Caroline. C’est un vrai voyage dans le temps perdu. Un morceau
de passé ramené dans le futur avec une décoration rétro disco
axée sur le monde digital qui date des années 1980, des lumières
qui clignotent – comme celles que l’on voit dans les patinoires, et
un long comptoir encastré à l’avant d’une boutique étroite. Il n’y
a qu’un seul WC avec une porte qu’il faut pousser fort pour la
fermer. Dennis secoue la tête alors que je lui décris l’endroit, mais
voilà qu’il l’aperçoit… La tentation est trop forte : « Allez, viens
Scott, il faut qu’on y aille… sérieusement… je te paye un coup ! »
Évidemment, j’accepte. Nous entrons dans le bar en rigolant.
Nous nous installons sur des tabourets, commandons des Stella et
commençons à échanger de vieilles histoires datant de l’époque où
nous vivions à San Francisco.
Rapidement, un jeune homme nous aborde et se
91
soma
présente. Apparemment, il est avec trois autres amis dont nous
faisons également très vite la connaissance. L’un d’entre eux
est un très beau travesti latino. Elle me fixe des yeux puis me
tend sa main d’une façon élégamment exagérée. Je suis sous le
charme, et elle a bien vu qu’elle m’a captivé. Sa peau d’un joli
brun paraît toute douce et glabre. De longues mèches bouclées
arrangées d’une manière sexy et séduisante entourent son visage.
Les autres garçons roulent des yeux alors qu’elle et moi faisons les
présentations plongés dans le regard de l’autre.
Je me fige en tenant sa main en hauteur, comme si
j’étais un vieux gentleman du Sud aidant une dame à descendre
d’une calèche. Je suis complètement pris de court par ce qu’elle a
déclenché chez moi, il n’y a que le rire de Dennis que me ramène
partiellement à la réalité. Sa main dans la mienne, elle se tourne
pour se présenter à Dennis, mais sans passion ni aucune attention particulière. Clairement, elle a l’intention de me séduire et
curieusement je suis flatté par son jeu. Elle poursuit : « Tu sais,
je suis une vraie femme ! » Sur quoi, elle ouvre son chemisier
pour me montrer un des plus beaux seins que j’ai jamais vus,
surmonté d’un magnifique petit téton. « Tu veux le toucher ? »
Je ne réfléchis plus, je suis presque en transe. Je place ma main
au sommet de cette splendide sculpture. C’est chaud et mou, un
sein parfaitement arrondi. Quand je passe ma main sur son téton,
elle sourit et me fait les yeux doux avant de gentiment le recacher
sous sa blouse. « Je te l’avais dit : je suis une vraie femme ! » Elle
se tait pendant quelques secondes puis me dit : « Tu veux voir ma
chatte ? » Aussitôt je m’exclame : « Tu as vraiment une chatte ? »
Elle se répète : « Je te l’ai dit : je suis une vraie femme. » Ensuite,
elle me refait les yeux doux, bouge ses lèvres d’une manière qui me
donne l’impression qu’elle vient juste de m’embrasser avant de se
retourner vers les autres garçons et de se comporter normalement,
comme une femme. Elle semble sortie tout droit d’un poème de
Genet. Une Notre Dame des Fleurs de 2008. Elle est l’âme douce
et sensuelle de Paris. Une merveille architecturale bâtie par une
main humaine, une femme créée à partir d’un homme !
Le 18 octobre 2008, Paris
S.H.Bourne
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LE
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RETOUR
V
DU
R
V
PRINCE
AR C
DE
LA
A
C
J E T- S E T
Rénato, prince de la jet-set, ça vous dit quelque chose ? Si la réponse est non, c’est que vous avez
des lacunes en culture skateboardistique mais rassurez-vous, nous sommes précisément là pour y remédier.
Si par contre, Rénato évoque en vous des souvenirs liés à Freestyler magazine, ce qui suit pourrait vous
intéresser. Car à un moment, la vérité doit surgir, telle la main gisante d’un cadavre de sa tombe dans un film
de Romero.
Rénato n’a jamais éxisté. Ah, vous vous en doutiez ? Mais est-ce que vous saviez que ce personnage
odieux et ultra-prétentieux qui répondait au courrier des lecteurs était incarné par un certain Alexandre Deron ?
Alex a bossé chez Freestyler comme rédacteur pendant un long moment, et il est aujourd’hui team-manager
Vans France, donc ça n’a pas été compliqué de le retrouver… - DT
A quoi ressemblerait Rénato, s’il avait existé ? A un gros connard prétentieux et donneur de leçons. Le chaînon manquant
entre Alain Delon et Jake Phelps.
Mais physiquement, qu'on voit si tu te faisais la même image de lui que nous, les lecteurs ? Moi, par exemple, je voyais
bien un genre de gros porc dégoulinant fumant un cigare... On avait fait une sorte de photo-montage pour un numéro.
Rénato était assis sur un siège léopard, un verre à la main avec 2 bimbos à ses côtés. Il ressemblait à un James Bond cheap.
Combien de lettres Rénato recevait-il chaque mois ? Je ne sais plus trop... entre le courrier et les e-mails, une
vingtaine peut-être.
Quelle est la lettre qui restera à jamais gravée dans la mémoire de Rénato ? Bizarrement aucune en particulier. Faut
dire qu'à cette époque, j'ai perdu pas mal de barrettes
de mémoire vive à cause de la Chartreuse bleue et des
dauphins verts. A moins que ça soit l'inverse.
Est-ce que la lettre du skateur homosexuel frustré était
authentique ? Parce que moi, j'y ai cru...
Je me suis longtemps demandé si la personne qui nous
l'avait envoyé n'avait pas inventé tout ça. Quoiqu'il en
soit, ça a fait pas mal parler de ce tabou.
Combien de lettres d’insultes Rénato a-t’il reçu ?
Pas assez.
Selon toi, quel pourcentage des lecteurs a cru que
Rénato existait ?
A part un ou deux pré-ados dégénérés issus de mariages
consanguins et lobotomisés à la Star Academy, qui
peut être assez naïf pour croire en l'existence d'un
« Prince de la Jet Skate » qui parle de lui à la troisième
personne, et qui après avoir révolutionné le skateboard
et tout appris à Tony Hawk, s'est modestement retiré à
St Tropez pour écrire ses mémoires ?
Beaucoup de gens prennent tout au premier degré,
mon vieux... Que penserait Rénato aujourd'hui de la
Sheckler mania ?
Quand on a créé Rénato, c'était l'époque où le skate (re)
devenait énorme : X-games, arrivée en force de Nike,
Danny Way sautait la grande muraille... On entrait dans
l'ère du Bling-Bling et Rénato était la caricature de
cette mouvance. Aujourd'hui on nage en plein dedans !
Et Scheckler n'est rien d'autre que le fils de son temps.
Notre société a les icônes qu'elle mérite. De qui on parle
aujourd'hui ? Sheckler ? Sarkozy ? Mickaël Vendetta ?
Haha ! Monde de merde... « I love it so much i want it
to die again. »
Rénato, plus connu sous le nom d'Alex Deron, execute ici
un britney comme il aime à l'appeler lui-même, un mini
madonna, quoi, dans le bowl d'Amiens.
P rochainement , cette fois c ’ est S û r
Donc, prochainement, vous aurez droit à la fameuse tournée Kr3w dont on vous annonçait déjà qu’elle serait
dans ce numéro la dernière fois. Sauf que les américains nous ont gentiment demandé de patienter un peu, histoire que
ça ne sorte pas avant l’article dans Transworld et que ça ne ruine pas la carrière de certains comme Furby qui paraît-il
devrait finir en couv’ avec son switch heelflip à Bercy… C’est qu’on doit être devenu au moins aussi gros que Transworld
nous, maintenant ! Ah ah ah ! Enfin bref, ce sera dans le prochain, prévu pour arriver en shop aux alentours du 6 avril.
Surveillez le site pour les dates exactes, ça part vite d’après ce qu’on nous a dit ! - DT
93
soma
INSIGHT / DOPAMINE
Skater, Daniel Shimizu
Jungle Bank, Installation Bali 2008
photography John Bradford
copyright © insight51.com
david martelleur - wallride to fakie • photos: ian dykmans
retrouvez david dans
exclusivement sur
« À mesure que diminue la liberté économique et politique,
la liberté sexuelle a tendance à s’accroître en compensation. »
Aldous Huxley / « Le Meilleur des Mondes »

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