GAZETTE no 261 du 30 mars au 10 mai 2016
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GAZETTE no 261 du 30 mars au 10 mai 2016
PLACE DE LA MAIRIE À St-OUEN L’AUMÔNE & 14, Rue Alexandre Prachay à PONTOISE /TEL:01 30 37 75 52/ www.cinemas-utopia.org GOOD LUCK ALGERIA Réalisé par Farid BENTOUMI Scénario de Farid Bentoumi, Noé Debré et Gaëlle Macé. France/Belgique 2015 1h30 avec Sami Bouajila, Franck Gastambide, Good luck Algeria est un de ces petits Chiara Mastroianni, Hélène Vincent, Bou- bonheurs qui ne courent pas les rues : chakor Chakor Djaltia... une comédie épatante et rafraîchissan- te qui fait énormément de bien par les temps qui courent. On y rit volontiers, on y réfléchit aussi. C’est aussi un pamphlet humoristique particulièrement bien venu, qui pourrait ouvrir les yeux de tous ceux qui oublient combien l’immigra- GAZETTE no 261 du 30 mars au 10 mai 2016 - Entrée : 6,50€ Abonnement : 48 € les 10 places Étud. : 4 € STELLA café **************** Les horaires du Stella café : tous les jours de 15h00 à 21h00 service jusqu’à 23h les vendredis et samedis fermeture hebdomadaire le mardi à chaque changement de gazette LES VINS DU MOMENT de LA CAVE A RITON Un nouveau blanc , un nouveau rouge gouleyants choisis par Stéphane parmi les petits producteurs comme on les aime GOOD LUCK ALGERIA tion a aussi contribué à construire notre beau pays. Allez : que chacun d’entre nous essaie d’attirer devant ce film réjouissant un de ces drôles d’oiseaux qui croient aux vertus des frontières et, avec une humilité et une gentillesse infinies, ce Good luck (bonne chance) leur donnera un angle de vue salutaire en même temps que la banane ! C’est une histoire vraie. Celle d’un type ordinaire et de sa petite entreprise montagnarde, une de celles qui connaissent la crise. C’est pas faute de bosser, pas faute d’avoir des produits de qualité, pas faute d’avoir la passion de son métier. Sam et Stéphane, quand ils démarrent leur affaire, ont le feu aux tripes, ce sont de merveilleux artisans, leur boîte est à taille humaine, chaque salarié s’y investit, se bat, a du plaisir à y travailler. Les skis qui sortent de leurs ateliers sont passés par de longues étapes de fabrication où rien n’est laissé au hasard, rien n’est bâclé. Plus que tout leurs créateurs ont la fierté de les avoir fabriqués, et celle de ne pas vouloir se parjurer en cédant aux modes de l’époque. Mais la concurrence mondialisée devenant de plus en plus féroce, les skis Duval dégringolent et perdent peu à peu des parts de marché. Il suffirait de sous-payer l’équipe, de licencier, de ne plus travailler avec des matériaux aussi nobles… ou de fusionner, de vendre leur renommée au diable (comme le suggère leur banque) pour remonter la pente. Mais à tout cela Sam (Sami Bouajila), le gérant, se refuse. Il essaie de faire bonne figure, de ne pas avouer à sa délicieuse et ironique compagne Bianca qu’ils sont en totale faillite. Bien sûr c’est illusoire et il faudrait qu’elle soit aveugle et stupide pour ne rien voir… Quand Bianca finit par découvrir l’ahurissant et ridicule trait de génie qui anime son mari, son tempérament italien explose ! Il veut se qualifier pour les épreuves de ski de fond des Jeux Olympiques d’hiver et défendre les couleurs du pays de son père : l’Algérie ! Rien que ça ! À son âge ! Représenter une nation qu’il ne connaît même pas, dont il ne parle même pas la langue ! La réponse de Stéphane (son partenaire et ami d’enfance), qui s’est auto-désigné comme son coach sportif, fuse : « Pas besoin de parler algérien pour skier ! » Bianca pouffe d’incrédulité, de rage, de rire, mais peutêtre aussi de tant d’autres choses qui ne s’avouent pas… Et comme elle, tout le monde se gausse de nos deux hurluberlus… Puis malgré tout, comme il n’y a pas grand-chose à perdre ni grand-chose à espérer d’autre, tous finissent par se prendre au jeu de ce conte de fées, piégés dans la poudreuse de leurs rêves fous… Surtout Kader, le père de Sam… Et ce n’est que le début des (més)aventures de notre athlète sur le retour, de ses péripéties qui vont l’entraîner bien loin, au delà des frontières de la France et du ridicule : vers l’Algérie. Et alors qu’il était venu y quémander un hypothétique soutien d’une fantomatique fédération de glisse, il va découvrir le pays de ses origines et ressentir les traces qu’il a laissées en lui, le Français de seconde génération, l’enfant d’immigré qu’il restera à tout jamais. DU 30/03 AU 9/05 TARIFS : Tous les jours à toutes les séances Normal : 6,50 euros Abonné : 4,80 euros ( par 10 places, sans date de validité et non nominatif) Enfant -14 ans : 4 euros Collégien : 4 euros ( avec la carte cine pass VO disponible dans les établissements scolaires du département) Lycéens - Étudiant : 4 euros Pass culture : 3 euros Sans-emploi : 4 euros Sur présentation d’un justificatif SÉANCE DE GROUPE À LA DEMANDE : 3 EUROS PAR ÉLÈVE / ENFANT À PARTIR DE 30 PERSONNES, GRATUIT POUR LES ACCOMPAGNATEURS. RENSEIGNEMENT : 0130377552 TOUT LE PROGRAMME SUR : www.cinemas-utopia.org/saintouen La séance du vendredi 29 avril à 20h30 à Utopia St-Ouen sera précédée à partir de 19h30 d'un mezze syrien et d'un thé à la menthe concoctés par le restaurant Les Saveurs de Damas de Pontoise, et suivie d'une rencontre avec les réalisateurs Tarzan et Arab Nasser. Prévente pour la formule repas + film = 15 euros aux caisses d'Utopia Saint Ouen jusqu'au mercredi 27 avril. Possibilité d'assister au film seul aux tarifs habituels sous réserve de places disponibles. Avec le soutien du Parti de Gauche, du NPA et d'Europe Ecologie les Verts DÉGRADÉ DU 27/04 AU 10/05 Écrit et réalisé par Tarzan et Arab ABU NASSER Palestine / France 2015 1h23 VOSTF avec Hiam Abbass, Maisa Abdelhadi, Nelly Abou Sharaf, Manal Awad, Mirna Sakhla, Wedad Al Naser, Dina Shebar... Depuis que les Italiens ont abandonné le créneau, trop rares sont les cinéastes, issus de ces quatre coins du monde où on s’en prend plein la poire plus souvent qu’à son tour, qui tâchent de se colleter vraiment avec la représentation de la banale désespérance de leurs concitoyens. Vraiment, c’est-à-dire en y instillant ce qu’il faut d’humour, de violence, de cruauté si nécessaire, pour qu’en ressorte d’autant plus vivace toute l’humanité des populations qui n’ont guère que la survie pour horizon quotidien. Et s’il y a un territoire d’où l’on ne s’attendait pas à voir émerger une résurgence de la comédie italienne, satirique et sociale, que nous avons tant aimée, c’est bien la Palestine. Dégradé tient toutes les promesses de cette proposition de cinéma qui rend justice aux petites gens, aux sans-grade, aux oubliés de l’Histoire, dans le Gaza d’aujourd’hui dont on sait si peu de choses, une fois que les bombardements israéliens se sont momentanément interrompus. Et, singulièrement, aux figures féminines de cette société qui tente de s’organiser normalement – si tant est que quoi que ce soit puisse être normal sur un territoire qui est comme une prison à ciel ouvert donnant sur la mer… Soit, donc, dans la bande de Gaza, un salon de coiffure féminin, où s’activent une patronne, d’origine russe, et son apprentie, autour d’une douzaine de femmes de tous âges et de toutes conditions venues là se faire belles, profiter de l’accalmie, sortir de chez elles, simplement être ensemble. Le salon se révèle très vite un petit théâtre du quotidien gazaoui où on évoque presque avec insouciance les pénuries alimentaires, le trafic d’essence, les drones israéliens, les tracas de la vie de couple, le rationnement, les incessantes coupures d’électricité (« quand ça coupe, on dort, quand ça marche on regarde Les feux de l’amour »). Comme partout, le ping-pong verbal du salon de coiffure fait se répondre les situations individuelles et les considérations politiques, avec une acuité et un humour féroces, comme lorsqu’on évoque le parcours du combattant que constitue, pour de banals déplacements, le passage successif des diffé- rents checkpoints, du Hamas d’abord, du Fatah ensuite et ceux d’Israël pour finir. Mais très vite, la tension monte d’un cran. Le lion du zoo de Gaza a été enlevé par la famille d’Ahmad, l’amoureux de la jeune apprentie, et le Hamas, menant une expédition punitive, impose un couvre-feu à effet immédiat. Dès lors, cloitrées dans les petits 30m2 du salon, les relations entre coiffeuses et clientes vont logiquement s’exacerber et révéler des facettes moins glorieuses de leurs vies confinées. On pense évidemment à Caramel, ou à Vénus Beauté Institut, mais ici le salon de coiffure comme métaphore de la société prend une dimension tragique, le possible symbole de la futilité se colletant radicalement avec la violence de la réalité guerrière – les rafales de mitraillettes et les tirs de mortier s’intensifient progressivement, rendant le chaos extérieur, invisible, effroyablement présent. La vie quotidienne à Gaza nous est immédiatement familière. Sans se laisser aller à trop expliciter les origines de la folie dont ils décrivent les conséquences, les frères Nasser s’inspirent, comme on dit, d’un fait réel (l’enlèvement du lion, la répression qui s’en est suivie) mais font un pas de côté et tiennent jusqu’au bout le partipris de ce huis-clos oppressant qui mêle la comédie à la tragédie. Et, dénouant grandes et petites intrigues, ils rendent finalement justice à chacune des figures féminines de la société gazaouie, qui sont le vrai sujet de ce formidable (premier) film. MOONWALKERS JUSQU'AU 4/04 pour l’homme et grand pas pour l’humanité. Sauf qu’il découvrit principalement Réalisé par des sites complotistes qui défendaient la Antoine BARDOU-JACQUET thèse selon laquelle la mission Apollo 11 n’avait jamais réussi à alunir, et que les GB 2015 1h47 VOSTF images célèbres auraient été truquées avec Ron Perlman, Rupert Grint, Robert par les autorités américaines, soucieuSheehan , Stephen Campbell Moore, Eric ses avant tout de gagner la guerre des Lampaert, Kevin Bishop, Erika Sainte... images en pleine période de rivalité spatiale avec les Russes ! De là est née une Scénario de Dean Craig super idée de scénario. C’est une comédie hilarante, délirante et décalée comme on les aime, dont l’action se situe dans le Swinging London de la fin des années 1960, où se côtoient vieux gangsters à l’ancienne tirés à quatre épingles, hippies défoncés et insupportables, malfaisants vraiment pas gentils... et héros calamiteusement amateurs... Le plus étonnant, c’est que ce film so british est réalisé par un Français pur souche, petit prodige du clip, révélé par ses réalisations pour Alex Gopher, Air et autres groupes de la French Touch. Mais il fut aussi un des membres du collectif qui réalisa le génial court-métrage Logorama, oscarisé en 2010... Le point de départ du film est lui-même assez délirant, en tout cas tel que le raconte Antoine Bardou-Jacquet : il cherchait des images sur internet pour raconter à son fils de 6 ans les missions Apollo, la conquête spatiale jusqu’au premier alunissage de 1969, son célèbre petit pas Nous sommes donc en 1969. À la CIA, on flippe, on ne sait pas si la mission Apollo va réussir et on décide de prendre les devants. Un des meilleurs agents, Tom Kidman (les fans de Eyes wide shut apprécieront le patronyme, Nicole et Cruise réunis), reçoit mission de se rendre à Londres et de convaincre, via son agent, le grand Stanley Kubrick (2001, c’était en 1968) de réaliser, au cas où, de fausses images de l’alunissage de la capsule spatiale américaine. A ceci près que Tom Kidman revient du Vietnam et cache des névroses traumatiques qui feraient passer Rambo pour un maître yogi rempli de sérénité. Précisons que Tom Kidman est incarné par le marmoréen Ron Pearlman, une des trognes les plus incroyables du cinéma mondial (La Guerre du feu, Le Nom de la rose, Alien IV, Hellboy...), dont le faciès nous ferait croire que l’homme de Cro Magnon n’a pas totalement disparu de la chaîne de l’évolution et qu’il faut donc ne pas trop l’énerver. La situation se complique d’emblée quand Kidman se gourre d’interlocuteur et, au lieu de s’entretenir avec l’agent de Kubrick, s’adresse à son cousin Jonny (le rouquin Rupert Grint évadé de la saga Harry Potter), manager raté d’un groupe psychédélique, escroc occasionnel très endetté et poursuivi par la mafia. Lequel Jonny croit trouver ici l’occase de se refaire et entreprend de faire passer Léon, son coloc perpétuellement sous substances, pour Kubrick, en prenant prétexte d’une vague ressemblance qui se résume à une barbe noire hirsute ! Évidemment les gros mensonges font les grosses catastrophes et à partir de là vont s’enchaîner les situations les plus burlesques... Et plus c’est gros, mieux ça passe ! Tout cela n’est évidemment pas toujours crédible, les gags ne sont pas tous d’une exquise finesse, mais le réalisateur joue à merveille des clichés et du comique de situation, des références éhontées et assumés au grand Kubrick, notamment à Docteur Folamour. Le récit va tambour battant et on se réjouit au spectacle du caïd psychopathe obsédé par les châteaux en allumettes, de Ron Pearlman et sa carrure impressionnante moulée dans une ridicule chemise hippie à fleurs, du portrait d’un réalisateur expérimental obèse vivant au milieu d’une cour de jeunes filles droguées et dénudées dans une immense maison/atelier qui évoque la Factory de Warhol... Et le duo mal assemblé formé par le colosse Ron Pearlman et le gringalet Rupert Grint est digne de Laurel et Hardy. Bref c’est très marrant ! " Video Sum* : SÉANCE CINÉ - PHILO" : La séance du Mercredi 13 avril à 18h30 à Utopia Saint-Ouen sera suivie d’un temps d’échanges animé par Dominique Renauld, Professeur de philosophie. * je vois, je suis midnight special DU 30/03 AU 26/04 Écrit et réalisé par Jeff NICHOLS USA 2016 1h51 VOSTF avec Michael Shannon, Kirsten Dunst, Jaeden Lieberher, Joel Edgerton, Adam Driver, Sam Shepard... Du jeune maître texan Jeff Nichols, qui nous impressionne de film en film (Shotgun stories, Take shelter – tous deux disponibles en Vidéo en Poche – et Mud), on attendait l’inattendu… et on n’est pas déçu. La première scène de Midnight Special nous plonge dans l’inconnu. Deux hommes armés semblent attendre, anxieux, dans une chambre de motel aux fenêtres recouvertes de carton. Sur le lit, caché sous un drap, un petit garçon lit à la lumière d’une lampe de poche, imperméable aux événements extérieurs, un casque anti-bruit sur les oreilles, les yeux étrangement recouverts de lunettes de piscine. La télévision diffuse en boucle l’information de la disparition d’un enfant appartenant à une communauté religieuse. Est-ce un kidnapping ? Ou l’enfant a-t- il été au contraire soustrait par ses proches à un destin funeste ? Soudain le trio sort précipitamment et démarre en trombe dans la nuit à bord d’une Ford Mustang (à moins que ce ne soit une Dodge Charger, pardonnez ma méconnaissance des voitures de légende du cinéma américain). Ce qui est passionnant dans le nouveau petit bijou de Jeff Nichols, ce sont ses multiples entrées. Ça commence comme un film de cavale, porté par la musique aérienne et lancinante de David Wingo, traversant les paysages magnifiques du sud des États-Unis, du Texas à la Floride, sans qu’on connaisse au demeurant la destination ni la raison de cette fuite précipitée. Ce n’est que peu à peu que l’on en comprend les tenants et les aboutissants : une secte chrétienne, dirigée par un gourou qui scande des formules mathématiques, avait fait de l’enfant sa mascotte prophétique, un enfant qui cache un lourd secret et des pouvoirs surnaturels. Tout ça attirant les spécialistes des agences gouvernementales qui voudraient bien mettre la main sur ce gamin capable de déchiffrer les informations des satellites espions. La tension monte… et le film bascule sans esbroufe spectaculaire vers la science-fiction, en une sorte d’hommage virtuose aux grandes réussites des années 70/80 – on pense en particulier au Spielberg de Rencontres du troisième type –, à l’époque où le cinéma américain imaginait que « l’autre », la créature venue d’ailleurs, n’était pas forcément un envahisseur mais pouvait être animé d’intentions pacifiques et bienveillantes, bien plus que les terriens recroquevillés sur leur petite planète… Mais derrière le suspense paranoïaque et la SF, derrière l’action qui avance tambour battant, on retrouve les thèmes récurrents de Jeff Nichols, principalement la paternité, le lien indéfectible qui unit père et fils. Et son acteur fétiche Michael Shannon incarne formidablement ce père déterminé, prêt à tout pour permettre à son fils d’aller jusqu’au bout du destin qui est le sien… Ce personnage emblématique représente l’abnégation paternelle poussée à son paroxysme, celle qui vous pousse à croire à l’incroyable, à abdiquer votre rationalité, à vous affranchir de la loi pour contourner ou forcer tous les barrages, même si toutes les forces de l’État le plus puissant au monde sont à vos trousses. Michael Shannon est comme toujours impressionnant mais on appréciera aussi les personnages secondaires remarquablement dessinés et interprétés, tels Sam Shepard très flippant en gourou de secte ou Adam Driver, parfaitement ambivalent en enquêteur faussement dilettante. La séance du JEUDI 7 avril à 20h30 à Utopia Saint-Ouen L'Aumône sera suivie d'une discussion animée par Omaira Meseguer et Véronique Outrebon, psychanalystes membres de l'ACF IdF autour du thème : " Soumission à l'autorité : sommes-nous tous des bourreaux potentiels ? " L'Association de la Cause Freudienne Île-de-France, ACF, association à but non lucratif est une émanation de L'Ecole de la Cause Freudienne (reconnue d'utilité publique). Présente suivant 17 instances régionales et locales, elle a pour objectif de promouvoir l'étude de la psychanalyse, sur un plan tant théorique que pratique et œuvre pour la mise en place d'échanges avec d'autres disciplines. Ateliers, séminaires, conférences publiques, débats, soirées d'étude, colloques etc.. permettent de maintenir vivante une réflexion intellectuelle et un débat d'idées. En IdF trois groupes de travail la composent : Oise-Marne (Seine-Saint-Denis et Val d'Oise) Marne-Essonne (Essonne, Val de Marne et Seine-et -Marne) Seine-Oise ( Hauts de Seine et Yvelines) EXPERIMENTER avec le souci d’en extraire et de mettre en exergue la moelle épinière du propos qui s’était dégagé de ses recherches. En l’occurrence cette faculté, profondément humaine, de laisser l’autorité prendre le pas sur notre propre morale, de toujours se soumettre au conformisme d’une manière ou d’une autre, de lâcher notre librearbitre du moment qu’un autre assume l’entière responsabilité des actes commis. Michael Almereyda déroule son récit authentique avec une maîtrise cinématographique formidable, avec une créativité épatante, et avec une intelligence de chaque instant, permettant à son film de trotter dans les têtes longtemps après la fin de la projection. Soucieux de ne pas s’enfermer dans la reconstitution historique poussiéreuse et assommante, le réalisateur use d’une rhétorique lardée de motifs artistiques (héros qui s’adresse au spectateur, jeu avec les décors, métaphores visuelles) permettant à son biopic d’être vivant, de communiquer en permanence avec le spectateur, de l’impliquer, de l’inviter dans son décor théâtral, pour déployer une œuvre à la fois haletante et participative. A la fois sociologique, psychologique et philosophique, Experimenter est à découvrir de toute urgence : plus qu’un film, une véritable « expérience » de cinéma qui traverse l’écran pour nous inviter à réfléchir sur nous-mêmes, sur notre vie, sur notre connexion au monde environnant. 2 SÉANCES SUPPLÉMENTAIRES LES 10 à la télévision à travers toute l’Amérique. L’opinion populaire comme la commuET 12/04 nauté scientifique en sont bouleversées. Écrit et réalisé par Michael ALMEREYDA Ne serait-ce que parce qu’on se souvient (au moins avoir entendu causer) USA 2015 1h37 VOSTF avec Peter Sarsgaard, Winona Ryder, de cette fameuse séquence avec MonJim Gaffigan, Edoardo Ballerin, John tand et Planchon dans I… comme Icare Palladino, Taryn Manning, Anthony Ed- ou parce qu’on a regardé avec curiosité wards... la vraie-fausse émission télévisée baptisée « Le Jeu de la Mort », on connaît Université de Yale, 1961. Stanley Milgram, – ou on croit connaître – cette fameuse jeune chercheur en psychologie sociale, « expérience de Milgram ». Inquiétante, conduit une expérience dans laquelle fascinante par ce qu’elle nous raconte des volontaires, pour « punir » un cobaye de nous-mêmes, ce tout petit fragment humain (lui aussi censément volontaire, de l’histoire de la vie universitaire amériattaché sur un fauteuil dans une pièce caine, pourtant fondateur de la recherche voisine) de ses mauvaises réponses à un en sciences sociales, en psychologie, questionnaire tout à fait banal, croient lui en sociologie, ne fournissait sans doute administrer des décharges électriques de pas la matière à un film entier. Le risplus en plus douloureuses. La victime a que était donc grand de délayer autour, beau leur demander d’arrêter, la majorité d’hollywoodianiser l’intrigue, d’héroïser des interrogateurs, à la demande des Milgram, bref de faire n’importe quoi. scientifiques qui les encadrent, poursuivent le protocole jusqu’à infliger des Et pourtant, contre toute attente, mission décharges potentiellement dangereuses. accomplie : Experimenter est une remarPar cette expérience, Milgram souligne la quable réussite. Avec une habileté sans propension qu’a tout homme à se sou- faille et armé d’un script captivant, le film mettre à l’autorité, au moment précis où le nous emmène au-delà de David Milgram, procès du nazi Adolf Eichmann est diffusé il s’immerge pleinement dans ses travaux, (d’après N. Rieux, mondocine.net) QUAND ON A 17 ANS DU 30/03 AU 12/04 Réalisé par André TÉCHINÉ France 2016 1h55 avec Sandrine Kiberlain, Tracey Mottet Klein, Corentin Fila, Alexis Loret... Scénario de Céline Sciamma et André Téchiné. les deux adolescents que tout semble opposer : l’intellectuel et le paysan, le fils de bourgeois – une médecin et un militaire, en mission en Afghanistan – et l’enfant adopté par des cultivateurs, le gars de la (petite) ville et celui du haut de la montagne. Immédiatement, cela fourmille de thèmes et de possibilités. Inspiré peut-être par l’air des montagnes (le film a été tourné à Luchon et dans ses environs, les Pyrénées sont magnifiques) et sans aucun doute par la complicité au scénario de Céline Sciamma (réalisatrice de Tomboy et Bande de filles), André Téchiné signe avec Quand on a 17 ans son meilleur film depuis Les Témoins en 2007. Remarquablement écrit et construit, le scénario s’intéresse aux relations complexes, contradictoires, entre Thomas et Damien (Corentin Fila et Kacey Mottet Klein, formidables), deux lycéens qui ne cessent de s’affronter, de se battre, de se chercher – dans tous les sens du terme. Construit comme un triptyque autour des trois trimestres d’une année scolaire, le film prend d’abord le temps de poser son récit, de caractériser les personnages et d’installer des intrigues secondaires qui sont autant de fondations. Il y a bien sûr Il y a également leurs parents (Sandrine Kiberlain en tête, parfaite dans le rôle de cette mère fantasque et joyeuse), que Sciamma et Téchiné incluent largement au récit, prenant le contrepied des habituels films sur une adolescence évoluant dans sa propre sphère, loin du monde des adultes. Quand on a 17 ans est en cela d’une grande subtilité, montrant notamment une relation mère-fils harmonieuse et simple qui dynamite les clichés du genre. Et puis, au fur et à mesure qu’avance le film, le scénario continue de se nourrir avec des intrigues parallèles qui tour à tour font écho à l’histoire des deux adolescents, ou lui servent de catalyseur. Cela permet de faire exister les personnages secondaires et de garder une grande homogénéité dans la narration qui devient limpide et presque évidente, tout en ménageant surprises, che- mins de traverse et rebondissements. Car si, au départ, on croit voir arriver les grosses ficelles du scénario, on s’aperçoit rapidement que Téchiné neutralise tout ce qui pourrait être outré, se contente de suggérer ce qui est indispensable, et s’amuse avec les attentes du spectateur. Passée la première demi-heure de mise en place, le film bascule ainsi dans un mélange d’humour, de douceur et de complicité qui rend la situation de départ éminemment plus subtile qu’elle ne le paraissait au départ. On est alors bouleversé par la manière dont le cinéaste (âgé tout de même de 72 ans) s’approprie les affres de l’adolescence et filme avec grâce leurs corps à corps brutaux, expiatoires et ambigüs. Il capte avec une simplicité déconcertante cet aspect purement physique de la relation conflictuelle entre Thomas et Damien qui ont besoin de passer par les coups pour en arriver aux mots. Puis aux gestes d’amour, filmés eux-aussi avec une sensualité spontanée, sans effets ni calculs. Comme souvent, il n’est pas tant question dans Quand on a 17 ans d’homosexualité que de la rencontre amoureuse entre deux adolescents qui s’avèrent être deux garçons. Nuance de taille pour un film lumineux qui prend le sujet de l’adolescence à bras le corps mais joue la carte de la retenue, du sens du détail et de la légèreté. (ecrannoir.fr) NOUS TROIS OU RIEN 2 DERNIÈRES SÉANCES LES SAMEDIS 2 ET 9/04 Écrit et réalisé par KHEIRON France 2015 1h42 avec Kheiron, Leïla Bekhti, Zabou Breitman, Gérard Darmon, Alexandre Astier, Kyan Khojandi, Arsène Mosca, Johathan Cohen... Voilà un film qui nous redonne foi en l’humanité… Pas celle avec un grand H mais celle avec un grand cœur ! sachez qu’il est possible de rire aux éclats devant un film sur le régime totalitaire du Shah d’Iran puis d’être ému aux larmes par une scène muette bouleversante entre un père et sa fille… au téléphone ! Alors qu’ils laissent leurs familles en Iran, Hibat et Fereshteh, tout juste parents (du futur Kheiron donc…) tentent de se construire une nouvelle vie dans une cité de la banlieue parisienne. Elle, en tant qu’infirmière, est chargée d’initier les femmes de son quartier à la biologie… Lui, avec son diplôme d’avocat, va faire de la médiation sociale son cheval de bataille… Je vous laisse imaginer le nombre de scènes impayables et de dialogues hilarants auxquels vous ne pourrez résister. L'humour étant la politesse du désespoir, comme disait Boris Vian, en ces périodes troubles et sombres, venez rire du malheur des autres, ils en rient eux-mêmes avec grâce et panache ! LES INNOCENTES JUSQU'AU 4/04 PUIS CHAQUE SAMEDI JUSQU'AU 23/04 Réalisé par Anne FONTAINE France 2016 1h55 VOSTF - avec Lou De Laâge, Agata Buzek, Vincent Macaigne, Agata Kulesza, Joana Kulig... Scénario de Sabrina B. Karine, Alice Vial, Anne Fontaine et Pascal Bonitzer, sur une idée de Philippe Maynial. 1944 : la Pologne a été dévastée par l’occupation allemande. La Croix Rouge française s’est installée dans ce qu’il reste d’un hôpital pour soigner et rapatrier les Français qui se trouvent sur le territoire polonais. Une jeune religieuse vient demander du secours, et Mathilde Beaulieu, interne de vingt-cinq ans, accepte de la suivre jusque dans son couvent, malgré l’interdiction qui lui est faite de s’éloigner du cadre de sa mission. Là, elle découvre une communauté de Bénédictines qui continuent à vivre leur vie de moniales, rythmée par les sept offices quotidiens, mais qui cachent dans la honte et le désarroi un secret terrible. Les soldats de l’armée rouge, suivant le reflux de l’armée allemande, ont pénétré dans le couvent à plusieurs reprises, brutalisé, violé les jeunes religieuses et certaines sont sur le point d’accoucher. Peu à peu une relation se noue entre la médecin athée et la trentaine de nonnes qu’elle va tenter d’aider autant que possible... Les Innocentes est bien plus que le récit prenant d’un moment d’histoire peu connu, le film rayonne de cette lumière intérieure qui caractérise ceux qu’une conviction profonde élève au-dessus des contingences les plus difficiles, jusqu’à atteindre une sorte d’intensité harmonique rare et positive. LES DÉLICES DE TOKYO DU 30/03 AU 5/04 Écrit et réalisé par Naomi KAWASE Japon 2015 1h53 VOSTF avec Kirin Kiki, Masatoshi Nagase, Kyara Uchida... D’après le roman An, de Durian Sukegawa. Installé dans une petite cahute, en plein coeur de Tokyo, Sentaro vend des dorayakis, des pâtisseries traditionnelles japonaises, constituées de deux pancakes fourrés d'une pâte confite de haricots rouges. Pour lui, les jours se suivent… Le réveil sonne l’heure de la clope qu’il fume, solitaire, sur une terrasse, avant de se mettre au boulot sans conviction. Des litres de pâte qu’il transforme en dizaines de petites crêpes pour les gosiers voraces d’une poignée de collégiennes qui les ingurgitent en se moquant de lui, de ses airs bougons. Parmi elles, la jeune Wakana, lycéenne, égaie ses journées solitaires. Mais tout bascule quand un jour, Tokue, une dame de 70 ans, propose à Sentaro ses services de cuisinière. D'abord réticent, l'homme finit par accepter de l'embaucher. Bien lui en prend, la recette de la sympathique vieille dame, aussi simple qu'inimitable, connaît très rapidement un vif succès et fait de l'échoppe un rendez-vous incontournable... Ne croyez pas que vous avez affaire à un film culinaire : nous sommes dans l’univers de Naomi Kawase, avec sa douceur, sa subtilité habituelles, sa gourmandise de la vie. Ces dorayakis se révèlent être plus que de savoureuses pâtisseries, ils recèlent l’essence des choses, la saveur de l’enfance, l’attention aux autres, aux moindres petites choses. Ils sont une invitation à s’ancrer dans le présent, à aimer tout ce qui nous entoure, à jouir de la vie. Une ode au Carpe Diem… MÉDECIN DE CAMPAGNE JUSQU'AU 3/05 Réalisé par Thomas LILTI France 2016 1h42 avec François Cluzet, Marianne Denicourt, Isabelle Sadoyan, Christophe Odent, Patrick Descamps, Felix Moati... Scénario de Thomas Lilti et Baya Kasmi On a découvert Thomas Lilti, médecin passionné devenu cinéaste du même métal, avec Hippocrate, formidable portrait d’un jeune interne plongé dans le maelstrom d’un grand hôpital parisien en proie à la réduction des effectifs et à la surchauffe. Son nouveau film s’intéresse encore à la médecine – le titre ne laisse aucun doute sur la question – mais, bien loin des grands complexes hospitaliers parisiens, il nous parachute dans une région rurale que l’on connaît bien parce que voisine d’Utopia, le Vexin, à cheval entre la Normandie et les confins de l’Ile de France. La vie quotidienne est sans doute ici plus sereine, son rythme est plus raisonnable, à la mesure de ces paysages paisibles, qui n’ont guère bougé depuis un siècle... Il n’empêche que pour Jean-Pierre Werner, seul médecin dans un rayon de plusieurs dizaines de kilomètres, la surchauffe est bien présente aussi. Du matin au crépuscule, il sillonne les départementales de la région, au devant des petits bobos et des grandes solitudes, tour à tour médecin généraliste, psychologue, assistant social, homme à tout faire, dans une campagne peuplée essentiellement de personnes âgées, pour qui il est parfois une des rares visites. Les consultations à domicile s’enchaînent – très belles scènes qui témoignent bien du regard chaleureux de Thomas Lilti, en même temps que de sa connaissance approfondie de son sujet – et quand il revient, quasi systématiquement en retard, à son cabinet, la salle d’attente est souvent pleine de patients... Pas de doute, la tâche est rude. Et les confrères ne se bousculent pas au portillon pour accepter de s’installer dans une région pas spécialement attractive et fort peu lucrative : travailler dix à douze heures par jour à ce prix là, c’est du sacerdoce ! Mais pour l’instant, ce n’est pas la surcharge de travail qui préoccupe JeanPierre. C’est même tout le contraire : ce qui le mine, c’est qu’il risque d’être obligé d’arrêter. Le diagnostic de son confrère et ami qui, dans la première scène du film, lui fait passer un examen du cerveau est sans appel : il souffre d’une tumeur temporale, il va lui falloir suivre un traitement lourd, fatiguant, donc il n’a pas d’autre choix que de lever drastiquement le pied et de se trouver dare-dare un remplaçant... C’est comme ça que débarque Nathalie, qui a tout pour déplaire au vieil ours Jean-Pierre, habitué à travailler tout seul, à ne s’expliquer de rien à personne, et claffi de préjugés éventuellement machistes : Nathalie est incontestablement une femme, une citadine qui n’a aucune expérience de la campagne, incapable de distinguer un jars d’un canard, et qui en plus a suivi un parcours peu orthodoxe puisqu’ancienne infirmière ayant repris des études de médecine sur le tard... Ce qui nous vaudra quelques scènes de bizutage aussi répréhensibles que cocasses. Mais Nathalie a un sacré tempérament et une vraie compétence et elle va s’accrocher, jusqu’à gagner la confiance de son confrère mal embouché... Thomas Lilti livre un bel hommage, d’une évidente authenticité, à cette profession de médecin de campagne, somme toute méconnue et guère valorisée – pas étonnant qu’elle soit en voie de disparition –, en première ligne face à la crise générale de notre système de santé. Et il agrémente cette chronique bien sentie d’une fine trame romanesque où l’amour et la peur de la mort vont se croiser. Pour incarner ce couple a priori pas du tout fait pour s’entendre mais dont les solitudes vont évidemment se rapprocher, Marianne Denicourt et François Cluzet excellent. FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM D’ENVIRONNEMENT THE YES MEN ARE REVOLTING Séance unique et gratuite le samedi 9 avril à 18h15 à Utopia Saint-Ouen l'Aumône dans le cadre du FIFE, Festival International du Film d'Environnement organisé par le Conseil Régional Ile de France en présence de l'incroyable et génialissime activiste américain des Yes Men Mike Bonnano LE FIFE 33ème édition c'est à Paris et dans les sept départements franciliens, du 5 au 12 avril, 99 films, dont 53 premières, 14 web documentaires venus de 41 pays, des images qui rendent compte d'un état du monde et un regard sur les femmes et les hommes qui s’engagent pour préserver un équilibre. Film documentaire de Laura NIX, Andy genre. Mais Andy et Mike se firent surtout BILCHBAUM et Mike BONNANO connaître avec l’invention de faux sites USA 2014 1h32 VOSTF d’institutions comme l’OMC, grâce à quoi ils purent se faire inviter officiellement en Youhou ! Réjouissons nous, les Yes Men tant que représentants de l’organisation sont de retour ! De ce côté ci de l’Atlan- à des conférences à travers le monde – tique, ça fait un bout de temps que l’on pour y déverser, parlant au nom de la très n’avait pas entendu parler de ces acti- respectable institution, des propos tout vistes réjouissants, rois du canular mili- à fait édifiants : ils iront présenter en Fintant, champions hors catégorie dans l’art lande un costume de loisir de managers d’emmerder les grands groupes et les permettant de surveiller à distance les institutions économiques internationales. ouvriers délocalisés, émettant l’idée que Ce nouveau film réalisé par et pour les Yes pour le capitalisme la délocalisation est Men vient à point nommé rappeler aux plus efficace que l’esclavage. Ils iront plus jeunots, ignares ou oublieux la carrière de loin en présentant avec McDonald un proce duo culte et de choc et nous fait par- jet commun de recyclage des excréments tager ses exploits (mais aussi ses ratages) pour les restaurants des pays du Sud, et sur les cinq dernières années, principale- annonceront même officiellement la fin ment autour de la question préoccupante de l’OMC. Parfois leur canular déstabilise du réchauffement climatique. complètement les groupes visés, comme The Yes Men are revolting revient donc quand ils se font passer pour des repréavec une certaine nostalgie (désormais sentants de Dow Chemicals, l’énorme Andy a la tempe grise, Mike de son côté compagnie responsable de la catastrophe a perdu quelques cheveux et gagné quel- de Bhopal, et qu’ils reconnaissent la resques enfants) sur les jeunes années des ponsabilité de la firme devant la presse, Yes Men, quand les deux lascars étaient promettant des dédommagements aux deux informaticiens surdoués qui com- victimes plusieurs dizaines d’années mencèrent leur carrière dans un collectif après. Obligeant Dow Chemicals, à sa d’artistes célèbre entre autres pour avoir grande honte, à se dédire, et faisant ainsi détourné 300 poupées Barbie ou GI Joe chuter l’action. en échangeant leurs voix préenregis- On retrouve ici les Yes Men quelques antrées, moquant ainsi les stéréotypes de nées plus tard, engagés principalement autour de la question du changement climatique. On les voit face aux bâtiments de l’ONU, équipés de pseudo-bulles de survie amphibies qui les font ressembler à des poux géants, destinées à parer à la montée des eaux... Ils n’ont pas perdu leurs bonnes vieilles habitudes du déguisement et de la substitution d’identité : à la Conférence pour le Climat de Copenhague, ils vont se faire passer pour le représentant de la Chambre de Commerce américaine et expliquer l’engagement définitif du pays pour les énergies renouvelables, ou organiser une fausse conférence vidéo de représentants canadiens (le Canada étant un des pays les plus soumis aux lobbys pétroliers) annonçant la conversion écologique du pays. Le piège fonctionnera et ses déclarations seront reprises par plusieurs médias, entraînant un séisme au Canada. Le réjouissant The Yes Men are revolting montre que, malgré les années, l’activisme jubilatoire, le sabotage non violent sont toujours aussi réjouissants et efficaces pour bousculer les puissants. Et même si le cours du monde n’en est pas changé, peut être que grâce aux Yes Men, il va un petit peu moins vite à sa perte. Et ça redonne la pêche... L'AVENIR DU 6 AU 26/04 Écrit et réalisé par Mia HANSEN-LØVE France 2016 1h40 avec Isabelle Huppert, André Marcon, Romain Kolinka, Edith Scob, Sarah Le Picard, Solal Forte... Festival de Berlin 2016 Ours d’argent de la Meilleure réalisatrice L’avenir est un livre ouvert. Un livre de philosophie, de préférence. Un livre corné, annoté, un peu usé déjà, qui a livré bien des secrets, mais pas tous encore. Un livre qui se porte parfois comme un fardeau, avec son pesant de désillusions et de compromis, mais qui parfois est aussi léger qu’un lendemain inattendu et sa promesse toute simple d’une possible liberté. Ce livre, c’est celui de Nathalie, professeur de philosophie dans un lycée parisien. Son mari est aussi professeur de philosophie et lui aussi aime les livres et l’assurance tranquille de cette vie bourgeoise et confortable, sans frasque ni ostentation. Les enfants ont grandi et ne sont plus à la maison, le plaisir et l’envie d’enseigner semblent toujours constants en dépit des années. Quant à l’amour, il est là, à sa manière, avec le langage et les habitudes d’une union qui dure depuis vingt-cinq ans. Un amour sincère mais un peu éteint, posé quelque part sur une étagère, comme un ouvrage dont on sait la présence rassurante mais dont la couverture a pris quelques égratignures, avec des pages un peu usées d’avoir été peut-être trop caressées. des ou mûries. Les retrouvailles avec Mathieu, un ancien élève brillant qu’elle a mis sur la voie de la philosophie et dont elle suit le travail, vont coïncider avec cet instant précis de la vie de Nathalie où les événements vont se bousculer pour la malmener. Elle devrait s’effondrer, elle pourrait imploser, ou rester à terre en attendant le coup de grâce final… Mais sous ses allures frêles, s’appuyant sur la somme de ces instants d’avant qui forment son passé, La vie de Nathalie est rythmée par ses elle va tenter de se fabriquer un avenir cours qu’elle donne à des jeunes gens car, oui, l’avenir existe même quand on tout feu tout flamme qui l’écoutent ou a depuis longtemps passé l’âge d’oser le qui ne l’écoutent pas, préférant sécher questionner. pour aller manifester, se rassembler, revendiquer. Nathalie aussi, dans sa jeu- On connaît, pour les avoir appréciées nesse, militait, mais c’était hier, le passé, dans ses précédents films, la délicatesse une autre époque. Aujourd’hui elle veut et l’intelligence d’écriture de Mia Hansen simplement assurer ses cours tranquille- Love, brillante réalisatrice qui s’attache ment, suivre le fil de sa vie rangée avec ici à un portrait fort et subtil d’une femme ses livres, ses élèves et sa mère un peu qui arrive comme on le dit banalement folle qui se suicide trois fois par jour. à un tournant de sa vie. Elle réussit le Car c’est aussi cela, le propre du temps pari de ne jamais plomber son propos et qui passe, de la roue qui tourne : hier en- glisse une belle tendresse dans le regard core, on berçait sa couvée et aujourd’hui, qu’elle porte sur cette génération qui il faut materner ses vieux parents. Et les n’est pas la sienne. A contrario, la manièvieille mamans angoissées, c’est parfois re dont elle parle de la jeunesse, des ses très pénible… Celle de Nathalie, dans rêves, de ses utopies ne se fait jamais en son genre (Edith Scob, égale à elle-mê- opposition. Au fond, chacun n’est que la me) est un spécimen fort intéressant. face passée ou à venir de la même pièce Nathalie glisse sur ces lendemains avec et tout n’est que mouvement. la force tranquille d’une femme fière de C’est un film sublime sur le temps qui son parcours, des ses réussites familia- passe et la sagesse dont il faut faire les et professionnelle ; forte aussi d’une preuve pour accepter le cycle de la vie vie intellectuelle riche et intense, habitée qui œuvre pour chaque humain. C’est par les auteurs, les philosophes, les pen- aussi un film qui dit qu’avec la pensée seurs qui accompagnent chacun de ses et l’affection des autres, on est plus fort pas, chacune de ses pensées vagabon- pour y arriver. MUSTANG 3 DERNIÈRES SÉANCES DU 1ER AU 3/04 Réalisé par Deniz Gamze ERGÜVEN Turquie 2015 1h37 VOSTF avec Günes Sensoy, Doga Zeynep Doguslu, Tugba Sunguroglu, Elit Iscan, Ilayda Akdogan, Ayberk Pekcan... Scénario de Deniz Gamze Ergüven et Alice Winocour CÉSARS 2016 : MEILLEUR PREMIER FILM MEILLEUR SCÉNARIO ORIGINAL MEILLEUR MONTAGE MEILLEURE MUSIQUE FATIMA LES MERCREDIS ET SAMEDIS DU plantureuse, vêtue soigneusement mais 30/03 AU 16/04 sans souci d’effets de mode, son foulard qui cache ses cheveux : tout contribue Écrit et réalisé par Philippe FAUCON à en faire une Fatima semblable à ces France 2015 1h19 milliers d’autres qu’on voit circuler dans avec Soria Zeroual, Zita Hanrot, Kenza l’indifférence générale de nos cités. Noah Aïche, Chawki Amari, Mehdi Se- Le soir, rentrée à l’appartement, il lui noussi, Franck Andrieux, Yolanda Mpele... reste encore à affronter l’arrogance de Scénario librement inspiré des ouvra- sa plus jeune fille, Souad, qui du haut ges de Fatima Elayoubi : Prière à la lune de ses quinze ans la juge de manière et Enfin, je peux marcher seule. tranchante. Comme si Fatima était le symbole de l’entrave à son intégration, PRIX LOUIS DELLUC 2015 l’empêcheuse de se normaliser en rond. Sa révolte se trompe d’ennemie, elle est CÉSARS 2016 : le fruit d’une société qui l’incite à avoir MEILLEUR FILM honte d’une mère qui n’est bonne qu’à MEILLEUR ESPOIR FÉMININ « laver la merde des Français » et qui MEILLEURE ADAPTATION ne sait même pas parler leur langue… Heureusement, son aînée, Nesrine, remet Fatima, c’est un magnifique portrait de un peu sa cadette en place. Elle connaît femme, c’est le portrait d’une foultitude le prix de l’ascension sociale, les sacrid’autres personnages attachants et na- fices maternels pour qu’elle parvienne turellement en filigrane, celui de notre jusqu’au concours de médecine… Et société. C’est un film qui vient plonger puis c’est l’accident, le bête accident au plus profond de nous-mêmes, nous de travail qui cloue Fatima au lit. Alors bousculer à tel point qu’il sera impos- Fatima décide d’écrire, ce qu’elle est, ce sible de regarder de la même manière qu’elle ressent, pour ses filles, pour elle. les passantes inconnues que l’on croise Plus on entre dans son intimité, plus on dans la rue têtes nues ou discrètement dépasse sa difficulté à s’exprimer, cette voilées. barrière de la langue qui crée un fossé Fatima, un prénom de princesse presque infranchissable entre les humains, plus devenu un nom commun tant on l’asso- sa beauté intérieure se dévoile, irradie. cie aux dames de ménage corvéables à Personnage complexe et subtil, à l’inmerci, prolétaires de l’ombre destinées à telligence vive, aux propos pertinents. la serpillière. On souhaiterait tous avoir une telle FaNotre Fatima ne rompt pas avec ce cliché. tima dans sa vie ! Pour l’heure Philippe Le pâle sourire qui illumine son visage Faucon nous l’offre dans son film : ne la débonnaire, son allure de quarantenaire laissons pas passer ! Mustang nous plonge dans une Turquie qui, depuis quelques années, subit une lente mais indéniable refonte sociale qui ne va pas forcément dans le bon sens... Le film traduit la fougue contagieuse d’une jeune réalisatrice qui manifestement ne se reconnaît pas dans ces transformations. C’est le dernier jour de l’année dans ce collège d’un village de bord de mer. Un moment bien particulier qui draine son lot d’émotions fortes et de sentiments contradictoires. La tristesse de quitter ses camarades de classe, d’en être séparé pour un temps qui paraît une éternité, la joie d’être délivré des obligations quotidiennes, de pouvoir vivre les aventures palpitantes des vacances. La tristesse, Lale et ses quatre sœurs la vivent effectivement, serrant bien fort copines et copains dans leurs bras. Lale se montre particulièrement émue par le départ d’une de ses enseignantes pour Istanbul. Après les séparations et les embrassades, place à l’euphorie de ceux qui restent : les cinq sœurs et quelques garçons se dirigent vers une plage magnifique pour se prêter à des batifolages aquatiques gentiment chahuteurs. Mais ces jeux innocents et joyeux ne sont pas du goût de tout le monde et suscitent un scandale aux conséquences inattendues. Puis vient la goutte d’eau qui fait déborder le vase du puritanisme familial lorsqu’elles bravent l’interdiction de se rendre à un match de foot : le pot aux roses est découvert au travers d’une scène assez comique. À partir de là, serrage de vis en règle : on les revêt de longues robes « couleur de merde » – dixit Lale – et on les accompagne au village comme pour les exposer. Une vaste entreprise matrimoniale se met en branle et commence le défilé ridicule des familles de prétendants. Tout est mis en œuvre pour éduquer ces jeunes femmes à devenir de bonnes épouses, dociles, respectueuses de leur mari, de la tradition, de la religion. A la rentrée, aucune ne retourne à l’école, les cours de pratique ménagère suffisent ! Mais le désir de liberté et d’accomplissement personnel est toujours là... Ne vous y trompez pas, Mustang est bien plus un appel à l’affirmation, et si nécessaire à la révolte, des filles et des femmes que le constat fataliste d’une société en régression. À travers cette chronique vivifiante d’adolescence rebelle, la réalisatrice nous dit clairement qu’il faut garder l’espoir, qu’il y a des espaces de liberté à sauvegarder ou à conquérir. Même si le combat quotidien est difficile... SPOTLIGHT DU 30/03 AU 5/04 Réalisé par Tom McCARTHY USA 2015 2h08 VOSTF avec Michael Keaton, Rachel McAdams, Mark Ruffalo, Brian d’Arcy James, Liev Schreiber, Stanley Tucci, Billy Crudup, John Slattery, Jamey Sheridan... Scénario de Josh Singer et Tom McCarthy. OSCARS 2016 : MEILLEUR FILM Non, son quotidien n’est pas ponctué de révélations spectaculaires et de satisfactions flattant l’ego. McCarthy excelle à camper cette petite ruche industrieuse que forme le groupe Spotlight – les visages anxieux minés par la fatigue croissante et les rebuffades récurrentes, les innombrables appels téléphoniques infructueux, les allées et venues entre le journal, le Palais de justice et le bureau des avocats – et à humer l’atmosphère solidaire qui règne à la rédaction. Outre sa pugnacité, c’est l’autre grand atout du groupe : la complémentarité de ses membres qui, tous, savent qu’ils ont une note à jouer dans la partition et qu’ils occupent une fonction essentielle, chacun à sa place. Peu à peu, le travail acharné des journalistes esquisse les contours des violences insondables subies par les jeunes victimes d’hier. À cet égard, la force de Spotlight, c’est le traitement du horschamp. S’il ne fait preuve d’aucune fausse pudeur dans l’évocation des viols, le cinéaste évite soigneusement les flashback insistants, le pathos racoleur. Entre les témoignages recueillis et la reconstitution des faits, le film donne pourtant à sentir l’envergure du traumatisme… Dans ce film subtil qui ne tombe jamais dans l’écueil du manichéisme, tout le monde, ou presque, partage les mêmes origines et, partant, une responsabilité collective… Un film passionnant, de bout en bout ! De Bas les masques (1952) de Richard Brooks aux Hommes du président (1976) d’Alan J. Pakula ou à Révélations (1999) de Michael Mann, le journaliste incarne depuis longtemps, dans le cinéma hollywoodien, une véritable sentinelle de la démocratie. Dénonçant sans relâche la criminalité, la corruption de la classe politique, le cynisme du « big business », les pires dérives de l’hystérie anticommuniste ou les erreurs judiciaires, il est une vigie qui pointe les dysfonctionnements de la société américaine, parfois au péril de sa vie. C’est dans cette solide tradition que s’inscrit ce remarquable Spotlight qui, comme souvent dans ce genre d’entreprise, s’inspire de faits réels. Ici, l’équipe de journalistes d’investigation du Boston Globe, surnommée « Spotlight » (littéralement « le projecteur »), enquête sur une affaire de crimes pédophiles perpétrés – et dissimulés – par l’Église catholique. Pour autant, il ne faut pas chercher la moindre héroïsation du reporter. Car ce qui intéresse McCarthy, c’est de montrer le journaliste, ce soutier de la démocratie, au travail. (F. Garbarz, Positif) Séance unique le mardi 10 mai à 20h30 à Utopia Saint-Ouen l'Aumône organisée par les Paniers Beauchamp et les Amis de la Confédération Paysanne, à l'occasion du salon du vin bio organisé par « Les Paniers de Beauchamp » le 28 mai. La séance sera précédée à 19h30 d'une dégustation de vins bio, biodynamiques, ou nature des producteurs présents au salon. Prévente obligatoire aux caisses d'Utopia jusqu'au dimanche 8 mai pour la formule film + dégustation : 7 euros . Possibilité de voir le film seul aux tarifs habituels sous réserve des places disponibles. La séance sera suivie d'une discussion avec un des vignerons Soirée soutenue par le NPA, le Parti de Gauche et Europe Ecologie Les Verts Le mot des Amis de la Confédération paysanne INSECTICIDE, MON AMOUR Réalisé par Guillaume BODIN documentaire France 2015 52min « Nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants » (Antoine de Saint-Exupéry) Pesticides, insecticides, engrais, toujours plus de producteurs agricoles et de consommateurs s’élèvent contre les vieilles mauvaises habitudes, s’interrogent, constatent, s’alarment. Quelque chose ne va pas dans notre modèle agricole, il est grand temps d’en changer radicalement pour adopter une voie plus respectueuse de la nature et de notre santé. Un sujet battu et rebattu ? Impossible de le penser si l’on constate que l’État lui-même pousse les préfectures à ordonner des traitements pesticides (à l’instar du traitement des vignes contre la cicadelle), qui vont à l’encontre du bon sens comme le constate ici Guillaume Bodin réalisateur de ce film et également ouvrier agricole. Avec sa caméra, il retrace l’affaire du vignoble de Bourgogne, depuis l’apparition des premier premiers foyers de flavescence dorée, maladie fatale transmise par le charmant petit insecte. De quoi s’agît-il ? Quelle attitude a été adoptée par les professionnels ? Les précautions d’utilisation des produits, vis-à-vis des cours d’eau, habitations, écoles, vents, sont-elles respectées alors que les dérogations sont accordées à la pelle ? Comment en est-on arrivé là ? La force du film réside dans la pertinence des intervenants choisis, nombreux, pour évoquer ces questions de manière simple et posée. Où l’on croise Lydia et Claude Bourguignon et surtout Thibault Liger-Belair, poursuivi pour avoir refusé de traiter ses vignes. Les différents services de l’État ne s’expriment pas face à la caméra… Ce documentaire raconte une belle histoire de résistance, constructive et positive, même si les dangers sanitaires et les absurdités administratives qu’il pointe sont loin d’être neutralisés. « Les Paniers de Beauchamp » et les Amis de la Confédération paysanne proposent ce film de Guillaume Bodin illustrant la nécessité d’une qualité sanitaire, environnementale, d’un bien-vivre ensemble de la production à l’alimentation, du paysan au consommateur-citoyen. Se situant dans le champ de l’éducation populaire, « Les Paniers de Beauchamp » organisent régulièrement des conférences, projections-débats, notamment autour des problématiques d’alimentation et de sa production. Cette année, l’association met sur pied un « salon du vin bio » le samedi 28 mai 2016 de 10 h à 19 h. Des vignerons produisant des vins bio, naturels, produits en bio-dynamie seront présents. Ce sera aussi un moment pédagogique avec une exposition, des tables rondes avec les vignerons, des ateliers de dégustation ... NO LAND'S SONG DU 6 AU 19/04 Réalisé par Ayat Najafi documentaire Iran/France 2016 1h31 VOSTF avec Sara Najafi, Parvin Namazi, Jeanne Cherhal, Elise Caron, Emel Mathlouthi... Imaginez un instant ce que serait la scène musicale française sans qu’aucune femme ne puisse chanter seule sur scène. Imaginez que toutes nos chanteuses soient dans l’impossibilité de se produire devant un public mixte. Imaginez qu’elles soient contraintes, pour pouvoir être sur scène, de se placer docilement au second plan, dans les décors, derrière des interprètes uniquement masculins. Imaginez encore qu’on leur demande fermement de ne pas trop pousser leur voix et si possible de se limiter à des chuchotements, de se faire discrètes, de devenir invisibles… Cela semble impensable. C’est pourtant la réalité que vivent les femmes dans la République islamique d’Iran : elles n’ont pas le droit de chanter en public, à moins que l’audience ne soit composée uniquement de leurs semblables (entendre par semblables : « femmes, être inférieurs à l’homme »). Un interdit d’une violence inouïe qui prive les « auteures compositrices » du plaisir singulier de jouer pour les autres, de vivre sur scène un art qui est fait pour être partagé, pour vibrer à l’unisson. Cet état de fait imposé par un régime autoritaire et considéré par tous com- me une immuable fatalité, Sara Najafi, auteure et compositrice de Téhéran, a décidé de lui tordre le cou. Mais « tordre le cou », quand on est une femme, une audacieuse autant que charismatique artiste, on se doit de le faire avec intelligence et talent, grâce et délicatesse, persévérance et diplomatie. C’est cette histoire que nous raconte cet incroyable documentaire, l’histoire d’une femme qui veut faire chanter des femmes dans une société patriarcale qui connut pourtant un passé libre où une femme pouvait chanter et danser l’amour devant un public conquis composé de ses semblables (entendre par semblables : êtres humains des deux sexes jouissant des mêmes droits – ou presque). Sara va monter un projet ambitieux et fou : organiser un concert officiel pour femmes solistes en faisant monter sur scène non seulement des Iraniennes (Parvin Namazi et Sayeh Sodeyfi) mais aussi deux Fran- çaises (Elise Caron et Jeanne Cherhal) et une Tunisienne (Emel Mathlouthi, qui donna une série de concerts lors du printemps tunisien). Mais rien ne peut se faire sans l’accord des autorités et du terrible département culturel, qui va tout mettre en œuvre pour empêcher le concert… No land’s song se vit presque comme un film d’aventure, avec du suspens, des rebondissements et des déceptions, avec des instants de grâce nés de l’extraordinaire beauté des voix et de la musique iranienne et de très forts moment de partage que seule la langue commune de la musique sait faire naître. Et au-delà de la musique, bien sûr, c’est une plongée dans le système kafkaïen et souvent totalement ridicule d’une « république islamiste » qui ne sait plus sur quel pied danser, entre un renouveau politique incarné par l’élection du président Hassan Rohani et une vision sclérosée venue d’un autre âge. Mais heureusement, en Iran, en Egypte, en Tunisie, comme hier au Chili, en Argentine, en Tchécoslovaquie… : Kelmti Horra ! * * en arabe : « ma parole est libre », chanson de Emel Mathlouthi REMEMBER DU 13 AU 19/04 Réalisé par Atom EGOYAN Canada 2015 1h35 VOSTF avec Christopher Plummer, Martin Landau, Bruno Ganz, Dean Norris, Henry Czerny, Jürgen Prochnow... Scénario de Benjamin August. ALIAS MARIA DU 6 AU 12/04 Réalisé par Jose Luis RUGELES Colombie 2015 1h31 VOSTF avec Karen Torres, Carlos Clavijo, Erik ruiz, Anderson Gomez... Scénario de Diego Vivanco. Maria ne s’appelle pas Maria. C’est le nom qu’elle porte depuis qu’elle a pris les armes pour rejoindre la guérilla, au cœur de la forêt amazonienne de Colombie. Un surnom (« alias » en espagnol), un pseudonyme, un nom de guerre, la marque que celle qu’elle était avant n’est plus, et qu’elle a perdu, en embrassant la cause, son nom de baptême et les traces de son passé. De Maria on ne saura pas grand chose. Ni pourquoi elle a rejoint les FARC – à moins qu’elle n’ait été enrôlée de force – ni ce qu’était sa vie. Ses parents, son village, sa famille : tout cela n’a plus d’importance pour elle et n’en aura pas plus pour nous, spectateur. Maria est une compañera, soldate armée et en treillis d’un commando composé essentiellement de femmes, souvent très jeunes. Un visage encore potelé par les rondeurs de l’enfance, un corps qui a poussé trop vite, un regard bien trop profond et trop triste pour que l’on puisse oser croire que la jeune vie de Maria fut un fleuve joyeux et insouciant. Dirigé forcément par un homme qui manie en un savant dosage paternalisme, autoritarisme et ce qu’il faut d’attentions pour contrôler ce drôle de gynécée, le commando doit rejoindre un lieu plus sûr. La jungle est l’immense champ de la terrible bataille que se livrent depuis des décennies les Forces Armées Révolutionnaires Colombiennes, l’armée gouvernementale, les narco-trafiquants et les milices para-militaires. Une guerre sanglante dont les civils, paysans, femmes, enfants, sont les premières victimes. Et comme Maria, bon nombre d’entre eux rejoignent les rangs des FARC, par soif d’un idéal de justice et d’équité, par l’attrait des armes et du pouvoir qu’elles confèrent mais aussi sans doute parce qu’elles offrent un toit, une protection, des repas et même les précieux services d’un médecin dont ce peuple oublié est privé. Peut-être parce qu’elle est plus coriace et déterminée que les autres, ou simplement par hasard, Maria se voit confier une mission : transporter en lieu sûr le nouveau-né du commandant. Car en dépit des précautions et des avortements pratiqués régulièrement, des bébés naissent dans la jungle. Accompagnée de deux soldats et d’un gamin encore plus jeune qu’elle à qui l’on a donné une arme et un barda deux fois plus lourd que sa maigre carcasse, Maria s’enfonce au cœur de la forêt, le bébé contre son sein. Nous allons suivre cette improbable expédition au plus près des corps et des souffles, au plus profond du ventre de la jungle, qui définit un étrange huis-clos oppressant et moite où chaque pas de travers peut-être fatal... C’est un film très fort qui n’épargne ni ses personnages, ni le spectateur et oui, c’est un film secouant, qu’il faut encaisser comme on encaisse les mauvaises nouvelles de notre monde, si violent. Mais au-delà de la dimension documentaire du film, qui s’inspire bien évidemment de la brutale réalité de la Colombie et de ses guerres internes, sans pourtant jamais poser un regard moralisateur ou inquisiteur, Alias Maria est surtout le portrait bouleversant d’une gamine luttant pour sa survie. Sa force vive, son courage, mais aussi son empathie et son désir incandescent de se sortir de ce bourbier résonnent comme les promesses fragiles d’une vie meilleure, loin de la violence arbitraire, des règlements de comptes, de la prédation des mâles. Zed a 85 ans, une allure de vieux monsieur très classe, et se perd un peu entre passé et présent. Dans une chouette maison pour vieux un peu largués mais qui ont les moyens, il a beaucoup de mal à se rappeler que sa femme Esther est décédée depuis huit jours et la cherche à chaque réveil… Son vieux copain Max est là aussi avec son fauteuil à roulettes, son oxygène dans le nez, ses airs de Méphisto à la retraite (Martin Landau), mais toute sa tête et une furieuse haine qui l’a accompagné toute sa vie et sera le moteur de l’aventure incroyable qui va s’élaborer à partir de sa chambre. Zed a toujours sur le bras le numéro qui lui rappelle qu’il est avec Max un des rares survivants de leurs deux familles exterminées par les nazis. Il ne se souvient pas avoir promis à sa femme de la venger en retrouvant le SS qui a directement provoqué leur mort et qui, lui, est toujours vivant et c’est insupportable… Mais Max lui a tout écrit dans une lettre qu’il devra garder sur lui en s’échappant de ce havre médicalisé et la relire chaque fois qu’il perdra le fil : les billets d’avion sont dans une enveloppe, les dollars aussi, les chambres d’hôtels sont payées d’avance… Il suffit que Zed suive les indications pour accomplir ce que Max, cloué dans son fauteuil, ne peut plus accomplir : retrouver et tuer Rudy Kurlander, le coupable, l’exterminateur de Juifs, réfugié aux États-Unis comme de nombreux nazis qui s’y sont faufilés à la fin de la guerre, se cachant parfois sous le nom de leurs victimes. Petit problème : quatre hommes aux USA portent le nom de Rudy Kurlander, Zed doit donc d’abord trouver lequel est sa cible. La quête sera compliquée, pleine de surprises, sorte de polar noir et étrange à rebondissements inattendus, plongée dans des vies troublées, des souvenirs douloureux des camps, où on croise aussi de furieux nostalgiques du nazisme qui continuent à vénérer Hitler (impressionnant Dean Norris que Breaking Bad nous a rendu familier). Au bout d’un voyage téléguidé par le vieux Max, Zed trouvera bien l’affreux bonhomme qu’il doit tuer… et la surprise sera totale… Il ne fallait pas s’attendre de la part d’Atom Egoyan à un film lisse et linéaire. Crépusculaire et ponctué de nostalgie, de relents de souffrances qui ne s’estompent pas, ce Remember ouvre plus d’interrogations qu’il n’apporte de réponses. On voit bien que sous ce polar sombre et peu ordinaire se cache l’ambiguïté de l’humanité, qui distingue les bourreaux pour en faire des victimes et transforme les victimes en bourreaux dans un jeu de cache-cache morbide… UN MONSTRE À 1000 TÊTES DU 20/04 AU 3/05 (Un monstruo de mil cabezas) considèrent que vous avez déjà un orteil dans la tombe. La décision d'un nouveau traitement pour le mari de Sonia appartient donc au médecin conseil de la mutuelle. Évidemment injoignable en cette veille de week-end… Réalisé par Rodrigo PLA Mexique 2015 1h15mn VOSTF - avec Jana Raluy, Sebastian Aguirre Boëda, Hugo Albores, Daniel Gimenez Cacho... Qu'à cela ne tienne, Sonia réunit tous Scénario de Laura Santullo. les documents nécessaires et se rend en compagnie de son adolescent de fils PRIX DU PUBLIC, au siège de la mutuelle. Et tout va s'emFESTIVAL DE BIARRITZ 2015. baller quand elle croise le dit médecin qui prétend ne pas être là, raquette de Le « monstre à mille têtes », c'est le libé- squash à la main, s'apprêtant à partir. ralisme sans frein et et ses conséquen- Prouvant (et approuvant !) que l'amour ces, c'est le système kafkaïen qu'il met d'un proche et l'instinct de survie peuen place, c'est la nouvelle bureaucratie vent tranformer une femme sans histoide l'argent qu'il instaure. Rodrigo Pla, res en louve prête à protéger sa meute, le comme dans l'excellent La Zona qui film et ses personnages basculent alors nous l'a révélé (disponible en Vidéo en dans l'engrenage inéluctable d'un thriller Poche), s'attaque bille en tête au mons- social palpitant… Sonia n'a d'autre choix tre, et c'est aussi rageur que captivant. que de franchir les limites de la légalité Le film commence par un plan éloigné pour faire face à un système bureaucrasur une chambre d'où nous parviennent tique, injuste et corrompu qui nourrit un des sons qui pourraient nous faire croire peu plus les riches et laisse crever ceux à des ébats amoureux, mais la séquence qui ne le sont pas. s'éclaire et l'on comprend rapidement que les gémissements émanent d'un Rodrigo Pla et sa scénariste ont été inshomme qui souffre atrocement. Le mari pirés par le documentaire canadien The de Sonia n'en peut plus du cancer qui Corporation (programmé chez nous en le ronge. Sonia, quadragénaire tout ce 2005), qui décrivait l'action criminelle des qu'il y a d'ordinaire et de paisible, que multinationales (en particulier les sociérien ne prédispose aux actes irréfléchis, tés pharmaceutiques ou liées à la santé) encore moins insensés, va faire ce que contre l'intérêt des citoyens. La mise toute épouse ferait en de telles circons- en scène remarquablement rythmée et tances : joindre d'urgence le médecin tendue renforce le propos. Elle oppose afin de trouver avec lui le meilleur trai- la course effrénée de Sonia à la froideur tement possible pour soulager son mari, aseptisée et inhumaine des locaux de la peut-être celui de la dernière chance. mutuelle, au luxe glacé des villas des difMais voilà, nous sommes au Mexique, férents dirigeants. Et cette froideur des laboratoire – comme bien d'autres pays lieux est bien sûr le reflet de celle des hud'Amérique latine – des mesures ultra-li- mains qui y travaillent, qui y vivent. bérales les plus délirantes. Résultat : la Aux accès de violence s'opposent des santé est entre les mains de mutuelles moments comme suspendus, figés, qui privées, promptes à encaisser des coti- cassent volontairement le caractère drasations mensuelles extravagantes, beau- matique des situations, qui pointent l'abcoup moins à prendre en charge les frais surdité, le ridicule des puissants et de médicaux ou hospitaliers quand elles leur mode de vie. DEMAIN MERCI PATRON ! 3 DERNIÈRES SÉANCES LES 2, 3 ET 5/04 Réalisé par François RUFFIN documentaire France / Belgique 2015 1h30 Jocelyne et Serge Klur, ouvriers dans l’industrie textile depuis plus de trente ans, fabriquaient des costumes pour la marque Kenzo dans le nord de la France jusqu’à ce que leur usine soit délocalisée en Pologne. Désormais au chômage, criblés de dettes, ils risquent simplement de perdre leur maison. Bernard Arnaud est PDG du groupe LVMH. La firme est numéro un mondial du luxe grâce à son portefeuille de plus de soixante marques de prestige dont certaines sont plusieurs fois centenaires. « Groupe à caractère familial, LVMH a pour vocation d’assurer le développement à long terme de chacune de ses Maisons dans le respect de leur identité, leur héritage, leur savoir-faire. » Cette gentille phrase de présentation du groupe sur la page d’accueil de son site internet est située juste en deçà du petit compteur qui nous donne la valeur de l’action en temps réel… François Ruffin, vous connaissiez sa voix de journaliste enquêteur dans l’émission Là-bas si j’y suis. Sensible aux sorts et causes des classes populaires aujourd’hui sous-représentées dans les médias mais toujours plus présentes dans la composition de la société française il est également le fondateur du journal de contre-désinformation Fakir que vous pouvez trouver dans tous les bons kiosques mais aussi et toujours à la caisse de votre ciné préféré. A priori pas grand chose en commun entre ces trois protagonistes. Sauf que les Klur travaillaient pour Kenzo, que Kenzo appartient au groupe LVMH et que Ruffin a une fâcheuse tendance à prendre fait et cause pour les valeureux travailleurs plutôt que pour les patrons de multinationales. Notre journaliste d’investigation s’invite donc à une assemblée générale du groupe LVMH et tente de prendre la parole. Sitôt monté sur l’estrade sitôt délogé, il semble difficile de croire que David puisse encore l’emporter sur Goliath. Mais il prend des forces, avale quelques petits fours, une rasade de champagne et fomente une action digne d’un Robin des bois des temps modernes, tendance carnavalesque. Du suspense donc, de l’émotion, de la franche rigolade, et même de l’espionnage sont au programme de ce thriller social qui semble s’inscrire, telle une nouvelle variante des Pieds Nickelés version picarde contre une entreprise tentaculaire, dans la longue caravane des combats pour des causes désespérées mais qui, en fin de compte, nous conforte dans l’idée que, tel que le proclame Fakir à longueur de numéros : « À la fin, c’est nous qu’on va gagner ! TOUS LES DIMANCHES SOIR JUSQU'AU 8/05 ET TOUS LES VENDREDIS JUSQU'AU 22/04 Cyril DION et Mélanie LAURENT documentaire France 2015 2h CÉSAR 2016 DU MEILLEUR DOCUMENTAIRE Qui n’a pas eu envie de changer le monde ? Au moins de le rendre meilleur ? Qui n’a pas rêvé d’un monde où chacun mangerait à sa faim, et sainement, aurait un toit, de qualité, pourrait circuler librement, où l’argent ne serait plus le roi, mais juste un moyen, où l’air ne serait plus pollué jusqu’à l’asphyxie, où les océans ne seraient plus pillés par la pêche industrielle ni envahis par le pétrole ou le plastique, où les champs, les arbres, les animaux ne seraient plus empoisonnés par les pesticides, infectés par la radioactivité invisible, inodore ? Un monde où l’intérêt commun serait compris de toutes et tous : la nécessité de nous inventer une nouvelle et belle vie, maintenant, pendant qu’il est encore temps, pour que demain ne soit pas le résultat inéluctable de nos errements… Loin de l’écologie triste et punitive, loin du discours sur le développement durable cher au greenwashing, vous allez voir un film formidable, vivant, enthousiasmant sur notre extraordinaire capacité à rebondir face à l’adversité, notre extraordinaire capacité à imaginer, notre extraordinaire capacité à faire. Mélanie Laurent et Cyril Dion sont allés rencontrer des gens passionnants à travers le monde, qui œuvrent au quotidien à ce changement indispensable : Inde, États-unis, Canada, Danemark, Allemagne, Islande, Scandinavie, Finlande, Grèce, France… Le film est composé de cinq chapitres : agriculture, énergie, économie, démocratie et éducation. Construction intelligente et pédagogique, dans le meilleur sens du terme, qui nous montre bien que tout est lié, qu’il s’agit bien d’un problème politique, là aussi dans le sens noble du terme. Et il présente des actions, des alternatives concrètes qui sont mises en œuvre, avec succès, dans tous ces domaines. Mélanie Laurent : « Mises bout à bout, les initiatives comme la permaculture, les monnaies locales, les énergies renouvelables, dessinent un monde possible. Ce qui peut paraître démotivant, c’est qu’il ne s’agit que d’initiatives isolées, mais en même temps elles ne demandent qu’à être réunies ! Il y a déjà un monde qui tient la route, qui existe, où tout est possible. Des solutions sont déjà disponibles, dans tous les domaines, c’est forcément inspirant ! » Tout s’enchaîne judicieusement et vient renforcer la certitude qu’il faut d’urgence opérer une rupture symbolique, mais aussi pratique avec notre système actuel fondé sur le pétrole et les autres énergies fossiles, sur le nucléaire, sur le productivisme, sur le consumérisme, sur la financiarisation de l’économie, sur l’éducation normative et compétitive… Pas de doute, Cyril Dion, co-fondateur avec Pierre Rabhi du mouvement Colibris, et Mélanie Laurent, actrice et réalisatrice, tous deux activistes pour un monde meilleur, ont réussi leur coup : sur les thématiques qu’il aborde, Demain est un film-somme, essentiel, un outil d’information et d’action qui est aussi un spectacle passionnant et exaltant. La séance du jeudi 28 avril à 20h30 à Utopia Saint-Ouen l'Aumône sera précédée à partir de 19h30 d'un apéritif participatif en soutien au Festival PIAF 95, Festival et Forum Social des alternatives ( le 7 mai à la salle des fêtes de Pierrelaye avec entre autres en concert HK et les Saltimbanks ) DALTON TRUMBO À PARTIR DU 27/04 Réalisé par Jay ROACH USA 2015 2h04 VOSTF avec Bryan Cranston, Diane Lane, Helen Mirren, John Goodman, Adewale Akinnuoye-Agaje, David James Elliott, Elle Fanning… Scénario de John McNamara, d’après le livre de Bruce Cook Dalton Trumbo. Vous connaissez son nom, vous ne savez peut être pas d’où, mais il vous semble familier. Peut être un écrivain, ou un homme politique, à moins qu’il ne soit un réalisateur... Avec un patronyme pareil, il est aisé d’imaginer le bonhomme faisant du cinéma. Ou est-ce son prénom qui évoque, pour nous autres qui avons aussi appris à lire avec Lucky Luke, la fratrie multi-faces et roublarde des Dalton ? Trumbo Dalton était lui aussi un malin mais à l’inverse des bandits dessinés, il était d’une rectitude intellectuelle et morale absolue. Scénariste à succès pour le Hollywood des années 1950, il a travaillé avec les plus grands (Kubrick, Preminger, Losey...) et remporté deux oscars de la façon la plus inattendue. Il a aussi écrit et réalisé le saisissant Jonnhy got his gun. Mais il eut surtout le triste privilège de faire partie de la liste noire la plus tristement célèbre de cette période sombre de l’histoire des Etats-Unis, celle des « Dix de Hollywood » : dix producteurs, scénaristes ou réalisateurs de cinéma qui furent convoqués en 1947 par la Commission sur les activités antiaméricaines. Aucun des Dix n'accepta de répondre à la question récurrente posée par la commission : « Êtes-vous ou avez-vous été membre du Parti communiste américain ? ». Il furent tous inculpés pour outrage et emprisonnés. Trumbo a finalement fait beaucoup pour l’histoire du cinéma, tout en faisant de la politique, façon dandy. Le film n’efface d’ailleurs pas les multiples paradoxes de ce sympathisant communiste prônant un monde plus juste et égalitaire mais côtoyant les riches producteurs, leurs grosses bagnoles, leurs gros cigares, leurs villas avec piscine et leurs toiles de maître. Derrière les beaux discours se cachait aussi un mari aimant mais intraitable, un père dévoué mais autoritaire, parfois même tyrannique, qui n’hésitait pas à faire passer sa machine à écrire avant l’anniversaire de ses mômes. Dalton Trumbo raconte donc la vie passionnante de cet infatigable auteur pris dans la folie paranoïaque de ces années noires des États Unis. Comment il a tenu tête avec panache à la Commission McCarthy, comment lui et sa famille ont failli être brisés mais comment il a toujours su, avec malice et ruse, contourner les interdits pour continuer à faire ce qui le passionnait, ce qui le faisait vivre et vibrer : écrire des scénarios ! Et si possible depuis son poste de travail préféré : au fond de sa baignoire aménagée, avec un bon scotch dans une main et une cigarette clouée au bec. Plongée réjouissante dans cet âge d’or déjà croqué avec brio dans Ave César, le film est aussi un vibrant hommage aux scénaristes, du temps où ils faisaient encore la pluie et le beau temps à Hollywood, du moins quand on les jugeait fréquentables. Il ne reste qu’à mentionner une équipe de comédiens tous formidables. Que ce soit Helen Miren en vipère réac à chapeaux faiseuse de roi ou de paria, John Goodman en producteur de nanars, amateur de fesses, de fric et de méthodes fortes et bien sûr Bryan Cranston, révélé au grand public grâce à la série Breaking Bad. Dans le rôle titre, ll livre une performance subtile, du père et mari attentionné au créateur fiévreux et inflexible, et incarne ce personnage hors du commun, romanesque et attachant, qu’était Dalton Trumbo, ce nom sur lequel vous mettrez désormais une moustache, une grosse paire de lunettes, un fume-cigarette et un scénario. THE ASSASSIN DU 6 AU 12/04 Réalisé par HOU HSIAO-HSIEN Taïwan 2015 1h45 VOSTF avec Shu Qi, Chang Chen, Yun Zhou Tsumabuki Satoshi, Ching-Tien Juan... Scénario de Chu T’ien-wen et Hou Hsiao-Hsien Festival de Cannes 2015 : Prix de la Mise en scène Pour quelques uns d’entre nous – et pour pas mal de critiques aussi –, The Assassin était le plus beau film du Festival de Cannes 2015, stupéfiant de splendeur, un film qui entrera à coup sûr au panthéon du cinéma asiatique. Dès son subjuguant prologue en noir et blanc, on est saisi par la beauté sidérante de chacun des plans, de leur minutie frisant la folie : sensation rare de se trouver littéralement happé par une œuvre, de perdre ses repères, d’être hors du temps qui défile... The Assassin nous propose un bond en arrière jusqu’au 9ème siècle, au cœur de la dynastie Tang. Une période souvent considérée comme une des plus florissantes, des plus prospères de l’histoire de la Chine, tant économiquement que culturellement. La capitale Chang’An était à l’époque la plus grande ville du monde. Bien plus et bien mieux que dans la plus soignée des productions hollywoodiennes, la reconstitution historique est d’une précision vertigineuse, fruit de cinq ans de recherches et de repérages. Nous allons suivre une jeune femme, Nie Yinniang, qui revient chez elle après plusieurs années d’exil mystérieux. On découvre peu à peu qu’elle a séjourné auprès d’une nonne non moins mystérieuse, qui lui a enseigné dans le plus grand secret les arts martiaux, et Nie Yinniang est devenue une professionnelle de l’assassinat, envoyée à Huebo, capitale provinciale, pour tuer Tian Ji’an, le gouverneur félon de la province, dans le contexte troublé de désagrégation de l’Empire, miné par les ambitions féodales. Détail qui n’en pas un : Tian Ji’an est son cousin, avec lequel elle a été élevée et qui lui fut autrefois promis comme fiancé... Inspiré d’une nouvelle de l’époque, The Assassin signe le retour du grand Hou Hsiao-Hsien (Poussières dans le vent, La Cité des douleurs, Le Maître de marionnettes, Les Fleurs de Shanghaï etc...) et c’est la première incursion du maître taiwanais dans un genre culte en Chine, le wu xia pian, (film de sabre à connotation historique), qui le fascina adoles- cent mais auquel jamais il n’osa s’attaquer. Un genre immortalisé par les chefs d’oeuvre de King Hu dans les années 70 (Raining in the moutain, Touch of zen... ) puis par les délires virtuoses et virevoltants de Tsui Hark (Zu, les guerriers de la montagne magique), enfin plus récemment par le divertissant Tigre et dragon d’Ang Lee. Mais Hou Hsiao-Hsien aborde le genre de manière totalement différente, beaucoup plus intimiste, mêlant le mélo au film de sabre. Le film est ponctué de combats magnifiquement chorégraphiés, sublimés par une harmonie de couleurs toujours idéale, mais ils s’apparentent davantage aux combats des films de chambara de Kurosawa qu’à ceux de Tsui Hark ou Ang Lee. La tension réside essentiellement dans l’atmosphère feutrée et élégante des palais où les intrigues se nouent. Hou Hsiao Hsien filme magnifiquement ses personnages noyés dans les paysages grandioses de la Mongolie intérieure ou du centre de la Chine : on les croirait sortis d’une estampe médiévale... Il magnifie aussi, toujours en clair obscur, les intérieurs couleur sang et or que n’aurait pas renié un Caravage. Des intérieurs enveloppants où se nouent les amours déçues, les vengeances longtemps enfouies, où la mort peut surgir à tout instant, dans une volute de fumée incompréhensible qui cache l’assassin. Il faut insister une fois encore sur l’admirable précision de la mise en scène : rien n’y est inutile, les plans séquences les plus impossibles sont maîtrisés à la perfection... Avec en prime un couple d’acteurs au charisme renversant, tout particulièrment la splendide Shu Qi, égérie du cinéaste. THE REVENANT JUSQU'AU 26/04 Réalisé par Alejandro GONZALEZ IÑARRITU USA 2015 2h36 VOSTF avec Leonardo DiCaprio, Tom Hardy, Domhnall Gleeson, Will Poulter... Scénario de Alejandro González Iñárritu et Mark L. Smith, d’après le roman de Michael Punke. OSCARS 2016 : Meilleur réalisateur, Meilleur acteur. Musique de Ryuichi Sakamoto Photographie d’Emmanuel Lubezki. « Tant que tu peux t’accrocher à une respiration, bats-toi, respire… continue à respirer. » C’est sur cette leçon de survie que commence l’odyssée de Hugh Glass selon Iñárritu. Retenez votre respiration, elle vous sera précieuse durant cette expérience immersive dans les étendues glacées et les montagnes enneigées du Dakota du Sud. Rien ne peut vous préparer à sa beauté, à la magnifique photographie d’Emmanuel Lubezki, déjà à l’œuvre pour Birdman, et aussi chez Terrence Malick (Tree of life, Le Nouveau monde) et Alfonso Cuarón (Les fils de l’homme, Gravity). Rien ne peut vous préparer à la fulgurance de sa sauvagerie, à l’animalité viscérale de sa violence. Rien ne peut vous préparer à l’éclat bouleversant, au cœur des ténèbres, de la lueur d’humanité qui subsiste, malgré tout ce qu’il endure, dans le regard de Leonardo DiCaprio. Depuis qu’il s’est mis à l’écriture de ses films avec Biutiful, Alejandro González Iñárritu a déployé ses ailes et confirme le tournant esthétique de Birdman. Mais ici, l’usage des plans séquences et de la courte focale est en parfaite cohérence avec l’histoire, on n’est plus dans l’exercice formaliste génial, son cinéma est devenu organique, respirant avec son histoire, ses personnages. C’est le résultat d’un tournage dans des conditions particulièrement difficiles (il rejoint les légendaires tournages d’Apocalypse Now et Sorcerer), en décors naturels, et dans l’ordre chronologique du film : « Tout le monde était gelé, le matériel se brisait. Amener la caméra d’un point à un autre était un cauchemar. Les acteurs n’étaient pas en studio à rigoler devant des fonds verts. » Hugh Glass était un « mountain man », un de ces trappeurs, explorateurs américains qui parcouraient les montagnes de l’Amérique du Nord au xixe siècle, motivés par le profit, chassant les castors et vendant leurs peaux. Jeremiah Johnson, de Sydney Pollack, qui racontait l’histoire d’un de ces trappeurs, Johnson le mangeur-de-foie, fait aujourd’hui figure de conte pour enfant aux côtés de The Revenant. Le film mêle deux épisodes qui ont fait la célébrité de Hugh Glass, durant l’expédition du général William Ashley remontant le Missouri. Le premier épisode est celui de la rencontre avec les indiens Arikaras, qui les pourchassèrent et auxquels il parvint à échapper, aidé ensuite par des Sioux pour rejoindre le fort. En 1823, lors d’une reconnaissance, Glass surprit une femelle grizzly, accompagnée de ses deux oursons, qui le chargea. Il réussit à tuer l’ours, mais très gravement blessé, fut laissé pour mort par les deux compagnons qui devaient rester à ses côtés. Sans armes, il parvint en six semaines à gagner Fort Kiowa, distant de plus de trois cents kilomètres. Glass se remettra ensuite en route pour traquer ceux qui l'avait abandonné, Bridger et Fitzgerald, et en tirer vengeance. Resserrant la durée du récit originel, le film reprend en grande partie les épisodes de cette histoire pour en faire une aventure humaine dont la profondeur et la force en font d'ores et déjà un classique intemporel, hors catégories : « la souffrance est temporaire, un film est éternel » (Alejandro González Iñárritu, Golden Globes 2016). Espace Saint-Exupéry 32 bis rue de la Station, Franconville SAISON CULTURELLE 2016 JAZZ - Lisa Simone Samedi 2 avril à 21h : TP : 30 € - TR : 25 € La fille de Nina s’est fait un prénom. Son album All is Well déborde d’énergie. Après l’Olympia, sa venue à Franconville est exceptionnelle. THÉÂTRE - On ne se mentira jamais ! Samedi 9 avril à 21h : TP : 30 € – TR : 25 € Texte ciselé d’Eric Assous et interprétation remarquable de justesse de Fanny Cottençon et Jean-Luc Moreau. Eric Assous, Molière 2015 de l’Auteur francophone vivant. MUSIQUE DU MONDE - Didier Lockwood, les Violons Barbares & Guo Gan Vendredi 15 avril à 21h : TP : 26 € - TR : 20 € Quatre cordes frottées (violon, gadulka, morin khuur, erhu) portées par des percussions effrénées nous transporteront de la Chine aux Balkans, de la Mongolie au Moyen-Orient. Menée par Didier Lockwood, cette création est une promesse d’originalité et de qualité. AU NOM DE MA FILLE JUSQU'AU 5/04 Réalisé par Vincent GARENQ France 2016 1h27 avec Daniel Auteuil, Sébastian Koch, Marie-Josée Croze, Christelle Cornil... Scénario de Vincent Garenq et Julien Rappeneau On peut reconnaître au réalisateur Vincent Garenq une vraie cohérence et une constance remarquable. Ces trois derniers films commencent de la même façon : l’arrestation au petit matin d’un homme qui s’avérera innocent. CHANSON - La Maison Tellier Ici l’homme arrêté un petit matin de 2009 dans un hôtel de Mulhouse est André Bamberski, un septuagénaire toulousain, Mardi 3 mai à 21h : TP : 19 € - TR : 15 € qui semble peu surpris de l’arrivée de la police et relativement ©Barron Clai- Ce collectif familial country-folk français réussit la prouesse de séduire les fans de Neil Young, Moriarty et la fine fleur du rock élégant hexagonal. THÉÂTRE - La Peur Jeudi 12 mai à 21h : TP : 19 € - TR : 15 € Fidèlement adapté d’une nouvelle considérée comme le chef d’œuvre de Stefan Zweig, La Peur est un thriller amoureux, saisissant, qui nous interroge sur le mensonge, la honte et la relation de couple, servi par une superbe interprétation. CHANSON – Michel Fugain – Pluribus 1ère partie : Gagarine ©Barron Claiborne Vendredi 20 mai à 20h30 : TU : 38,50 € Douze musiciens sur scène, des faux airs de Big Bazar… Pluribus est la promesse de Michel Fugain de redécouvrir ses chansons avec de nouveaux arrangements, et le plaisir d’être sur scène. Gagarine : découvert par Voix du Sud de Francis Cabrel. HUMOUR - La Beauté, Recherche & Développements Vendredi 27 mai à 21h : TP : 19 € - TR : 15 € Après leur succès au Théâtre du Rond-Point, Florence Muller et Lila Redouane proposent une pseudo-conférence sur les diktats de la Beauté… follement drôle. Réservations : 01 39 32 66 06 ou sur www.ville-franconville.fr serein. Pour comprendre toute l’affaire, le film nous ramène aux années 1970 au Maroc. A l’époque, André Bamberski est un expert comptable apprécié, marié à la très jolie Dany (c’est Marie-José Croze) et heureux père d’une petite fille, Kalinka. Dieter Krombach est le père d’une copine de Kalinka et rapidement les deux couples se lient d’amitié. Mais peu après, la femme d’André le quitte pour Dieter. Tout se noue en juillet 1982. Dieter a épousé en seconde noces Dany, et cet été-là, Kalinka et son frère sont partis en vacances chez leur mère et beau-père au bord du très beau lac de Constance. Et une nuit sinistre, sans explication plausible, Kalinka meurt subitement, alors que la veille, le Docteur Krombach a fait une piqûre à la jeune fille... pour l’aider à bronzer plus vite. Chez André Bamberski, l’immense douleur cède bientôt la place au doute et aux interrogations, d’autant que l’autopsie est étrangement bâclée et que les autorités allemandes vont continuer à faire preuve de négligences inquiétantes. Peu à peu le doute se transforme en certitude : Dieter Krombach est coupable. Et année après année, les preuves vont s’accumuler contre l’élégant médecin, qui se révèle un pervers sexuel amateur de très jeunes filles... Ponctué de rebondissements dignes d’un excellent thriller, le film suit l’incroyable combat d’André Bamberski pour que justice soit rendue à Kalinka et donc pour faire condamner Dieter Krombach. Un combat qu’il finira par gagner au bout de trente ans, après avoir été contraint de faire fi de toute légalité. Les incroyables péripéties tiennent en haleine et montrent que la raison d’Etat entre deux pays va à l’encontre de la justice. Mais c’est surtout l’évolution d’un homme ordinaire qui est décrite. Un homme que rien ne prédisposait à agir de la sorte et qui pourtant devient à la fois juriste, détective privé, homme de main pour tenter d’aller jusqu’au bout de la mission qu’il s’est assignée. Un homme qui aura d’une certaine manière sacrifié sa vie, son nouvel amour, pour ce seul objectif. Daniel Auteuil, immense acteur quand il joue dans des films qui l’intéressent vraiment, endosse le personnage à tous les âges et restitue avec une remarquable intensité le parcours de ce personnage que sa quête mena au bord de la folie... au nom de sa fille. PAULINA DU 4 AU 10/05 A(LA PATOTA) Réalisé par Santiago Mitre Argentine 2016 1h43 VOSTF avec Dolores Fonzi, Oscar Martinez, Esteban Lamothe, Cristian Salguero... PRIX DE LA CRITIQUE INTERNATIONALE ET GRAND PRIX DE LA SEMAINE DE LA CRITIQUE, FESTIVAL DE CANNES 2015. Paulina, deuxième film du jeune réalisateur argentin Santiago Mitre après El estudiante, s’ouvre sur une longue joute verbale. Dans le bureau de son juge de père, dont les ors dévoilent sa haute place dans la magistrature, Paulina tente d’expliquer les raisons qui la poussent à quitter sa prometteuse carrière d’avocate pour aller enseigner dans une région défavorisée. Son père désapprouve et s’énerve, la jeune femme s’entête : pour elle, les idéaux politiques ne valent rien s’ils ne sont pas incarnés, s’ils ne servent pas des causes jus- tes pour lesquelles il est nécessaire de s’engager personnellement. Sa ténacité aura raison de son père, et les enjeux du film sont ainsi posés : là où El estudiante s’intéressait au discours politique de manière théorique, voire rhétorique, via le parcours initiatique d’un jeune étudiant d’une université de Buenos Aires, Paulina se pose la question de la mise en pratique concrète de ces idéologies. Dès son arrivée dans la classe qui lui est assignée, Paulina se trouve confrontée à ses contradictions : elle ne parle pas le dialecte de la région, elle ignore tout des us et coutumes de ceux à qui elle doit faire cours et n’arrive pas à contenir certains de ses élèves qui ne semblent que peu intéressés par cet enseignement qui lui paraît à elle si essentiel. Mais Paulina est têtue, elle s’accroche à ses convictions et ne se laisse pas déstabiliser sans tenter de reprendre le dessus. Et malgré la désapprobation de son père et de son fiancé – qui la rejoint moins pour passer du temps avec elle que pour tenter de la raisonner –, Paulina s’ancre peu à peu dans cette région hostile, noue des amitiés, s’échine à faire accepter son rôle de professeur à des jeunes récalcitrants… Jusqu’au jour où elle est violemment agressée, et où elle reconnaît dans ses agresseurs certains de ses élèves. Ébranlée, Paulina n’en perd pas pour autant sa détermination. Le film suit alors le cheminement tortueux de la jeune femme pour réagir aux événements tout en restant en accord avec ses idéaux et sa vision de l’engagement. Porté par une actrice fascinante – Dolores Fonzi dont le réalisateur loue « le travail mystérieux et si sensible, sans lequel le film n’aurait aucun intérêt » –, Paulina est un film profondément troublant, qui parvient à restituer la complexité de ses personnages et des situations qu’ils traversent, à en dévoiler les enjeux, et à nous faire comprendre des choix qui pourraient pourtant paraître impensables. Avant de se tourner vers la réalisation, Santiago Mitre fut scénariste, notamment des films de son compatriote Pablo Trapero (Leonera, Carancho, Elefante Blanco). Cela se ressent dans Paulina : sans jamais céder au didactisme ni au jugement, il construit avec une intelligence remarquable une histoire complexe et ambiguë. Il n’hésite pas à brouiller les pistes, à se jouer de la temporalité, à déplacer l’axe de la narration d’un personnage à l’autre pour saisir au mieux leurs motivations. Paulina use ainsi des ressorts dramatiques de la fiction pour approfondir avec brio les questionnements – amorcés par El estudiante – de la croyance idéologique, de l’engagement politique et de leur confrontation à la réalité. En un mot : brillant. LE FILS DE JOSEPH DU 4 AU 10/05 Écrit et réalisé par Eugène GREEN France/Belgique 2016 1h55 avec Victor Ezenfis, Natacha Régnier, Fabrizio Rongione, Mathieu Amalric, Maria De Medeiros... Les projections des films d’Eugène Green (Le Pont des Arts, La Religieuse portugaise, La Sapienza) ont cela de semblable qu’elles font invariablement naître chez les spectateurs au moins un sentiment commun, celui d’avoir été plongé dans une bulle hors du temps, unique et surprenante, que l’on pourrait qualifier de désuète si elle n’était, bien entendu, parfaitement assumée. Le jeu antinaturaliste des acteurs, les regards plantés droit dans la caméra, les liaisons systématiques entre tous les mots du texte... : tout dans ce cinéma est une provocation à l’esprit de notre époque, trop rapide et si peu attentionnée. D’ailleurs, Eugène Green lui-même, lors d’une apparition en concierge d’hôtel, donne au personnage central du film un conseil précieux : « Jeune homme, vous n’arriverez à rien dans la vie si vous êtes à l’heure aux rendez-vous ». Le cinéma d’Eugène Green n’est effectivement pas à l’heure de notre temps et c’est tant mieux ! Il nous offre, avec une malice revigorante, la possibilité de voir les choses sous un autre jour. Le Fils de Joseph est un film d’une immense beauté sur la paternité, sur la quête d’un jeune homme décidé à connaître son géniteur et qui, déçu de l’infâme personnage qu’il découvre, saura trouver en lui-même et chez les autres les ressources de son épanouissement. Vincent n’est certainement pas un lycéen comme les autres. Il est poli, travailleur, ne sort pas, ne participe pas aux commerces louches de ses camarades. Mais intérieurement, il est en colère. Les autres ne l’intéressent pas et l’amour absolu que lui porte sa mère se heurte systématiquement à un silence : Marie n’a jamais révélé à Vincent l’identité de son père. Vincent lui en veut et cherche par tous les moyens à connaître son père biologique lorsqu’il finit par découvrir une lettre et un nom : Oscar Pormenor. Vincent se renseigne et trouve sans mal que son père est un ponte du monde de l’édition littéraire, écharpe rouge en tour de cou, adepte des banquets mondains et de l’autosatisfaction suffisante. Ce personnage et sa cour donnent l’occasion à Eugène Green de réussir quelques scènes satiriques irrésistibles sur le petit milieu arty parisien. La colère de Vincent n’en est que décuplée. C’est alors qu’il va faire la rencontre d’un autre adulte, Joseph, qui va changer sa perception des choses. Tous deux sur le point de prendre un tournant dans leurs vies, Joseph et Vincent vont tisser une relation extraordinaire et comprendre que les révélations attendues ne se trouvent pas là où ils pensaient. Le petit miracle qui opère – ici encore – dans le cinéma d’Eugène Green, c’est que la raideur apparente des procédés de mise en scène finit par impulser une vie propre aux images. La sobriété de la réalisation sert aussi bien un humour pince-sans-rire désopilant (le couple Mathieu Amalric-l’éditeur et Maria de Medeiros-l’attachée de presse) qu’une mise à nu des personnages filmés avec candeur et sincérité (Natacha Régnier-la mère et Fabrizio Rongione-Joseph, très touchants, rejoints par le jeune Victor Ezenfis dont c’est le premier rôle au cinéma). Green ne cache pas son affection pour le baroque et le sacré, multipliant les références au christianisme comme mythe central du récit et aux arts classiques (une très belle scène de chant baroque, des promenades à la découverte d’un Paris ignoré, la place du tableau du Caravage « Le sacrifice d’Isaac »). Il n’est pourtant jamais rigide quand il s’agit des mœurs, abordant au contraire la thématique de la filiation avec ouverture et modernité. Si bien que Le Fils de Joseph s’apprécie comme une réjouissante fable à contre-courant des idées reçues, comme un petit éloge du retard au charme délicieusement atemporel et plein d’humanité. Avant-Première so british MARDI 27 avril à 20h30 à Utopia St-Ouen, précédée à partir de 19h30 d'un apéritif totalement britannique ( un verre de Pimms ou Bière + crackers avec cheddar, stilton et chips au vinaigre ). Réservation obligatoire aux caisses d'Utopia Saint-Ouen jusqu'au dimanche 24 avril La formule apéritif + film au tarif unique de 10 euros. autant que faire-valoir consentant de son génial ami, sont censées s’être arrêtées au lendemain de la première Guerre Mondiale, son auteur désirant définitivement stopper la saga. Il avait bien tenté une première fois de faire mourir le détective dans les célèbres chutes de Reichenbach, en 1893, mais les lecteurs en furie avaient exigé sa résurrection, manifestant devant les locaux du Strand qui publiait les enquêtes de Holmes en feuilleton. Le Mr Holmes de Bill Condon, imaginé par le romancier Micth Cullin, se situe beaucoup plus tard, alors que le détective s’est retiré pour élever ses abeilles dans les bocages verdoyants du Sud de l’Angleterre. Quand je dis plus tard, c’est beaucoup plus tard puisque nous sommes en 1947, si bien que Holmes a... 93 ans ! On ne peut pas prétendre qu’il a la même vivacité que du temps où il traquait Moriarty et résolvait des mystères a priori insolubles. Certes son oeil encore acéré sait, à partir de quelques indices, deviner les derniers déplacements de sa gouvernante, mais il clopine de sa chambre jusqu’à ses ruches d’un pas de sénateur et surtout, plus terrible, il se rend compte, tests de son médecin à l’appui, que sa mémoire – qui fit sa force – décline jour après jour... C’est justement autour de la mémoire qu’il va se lancer un ultime défi avant le saut dans l’inconnu. A partir de bribes de souvenirs, de quelques éléments conservés, il va tenter de résoudre une affaire dans laquelle il a échoué près de 20 ans auparavant et qui le hante depuis... Mr. HOLMES ET À PARTIR DU 4/05 Réalisé par Bill CONDON GB 2015 1h44 VOSTF avec Ian Mckellen, Laura Linney, Milo Parker, Hiroyuki Sanada, Hattie Morahan, Patrick Kennedy, Roger Allam... Scénario de Jeffrey Hatcher, d’après le roman « Les Abeilles de Mr Holmes » de Mitch Cullin En dehors de Dieu, il est probablement le seul personnage de fiction dont certains croient qu’il existe réellement. Encore aujourd’hui, dans l’immeuble cossu du 221b Baker Street, quelques touristes candides croient visiter l’appartement où un détective mondialement connu aurait vécu et reçu les clients qui lui confièrent ses célèbres enquêtes. Sherlock Holmes n’est pourtant et évidemment que la créature fantasmatique imaginée par un médecin militaire devenu écrivain, Sir Arthur Conan Doyle. Les aventures de Sherlock Holmes, supposément narrées par le Docteur John Watson, alter ego Mr Holmes est beaucoup de choses plaisantes et touchantes à la fois... C’est un récit à tiroirs où la mémoire se construit comme une enquête du détective, par bribes qui s’assemblent peu à peu, le tout sur un ton pince sans rire so british avec entre autres l’évacuation des clichés liés au personnage – Sherlock Holmes n’a porté casquette de chasseur et fumé la pipe que dans l’imagination de Watson. C’est aussi une belle réflexion sur la transmission, sur la capacité à se laisser envahir par les sentiments au soir de sa vie, alors qu’on s’est toujours cadenassé jusque là... Holmes, se sachant dans ses derniers jours, va s’investir dans sa relation avec le tout jeune fils de sa gouvernante, en qui il voit un jeune prodige capable peut être d’appliquer toutes les connaissances et raisonnements qui ont construit sa propre vie... Peaufiné avec un soin maniaque, le film doit évidemment beaucoup au charismatique Ian McKellen, impressionnant de présence et de nuances en Sherlock Holmes finissant. SAINT-OUEN mer 30 MARS 14h20 Good luck Algeria 14h30 SUNSET SONG 14h30 ZOOTOPIE 14h20 Quand on a 17 ans 16h10 LES INNOCENTES 17h00 petite planète verte 16h40 FATIMA 16h30 LES DÉLICES DE… 16h20 MÉDECIN DE C… PONTOISE 16h00 THE REVENANT SAINT-OUEN JEU 31 MARS 14h00 MÉDECIN DE C… 14h00 SUNSET SONG 16h00 Good luck Algeria 16h00 Quand on a 17 ans 18h20 A PERFECT DAY 18h30 SAINT AMOUR 18h20 SPOTLIGHT 18h40 AU NOM DE MA F… 18h30 MÉDECIN DE C… 20h40 MOONWALKERS 20h30 SUNSET SONG 20h45 Good luck Algeria 20h30 THE REVENANT 20h40 Quand on a 17 ans 18h30 Quand on a 17 ans 20h45 Midnight special 18h45 MOONWALKERS 18h20 LES INNOCENTES 18h30 Midnight special 18h15 SUNSET SONG 18h30 Quand on a 17 ans 20h45 A PERFECT DAY 20h30 SPOTLIGHT 20h40 Good luck Algeria 20h45 AU NOM DE MA F… 20h40 MÉDECIN DE C… PONTOISE SAINT-OUEN VEN 1er AVR 14h00 Quand on a 17 ans 14h00 Good luck Algeria 18h40 MUSTANG 16h00 18h30 AU NOM DE MA F… LES DÉLICES DE… 18h30 DEMAIN 16h00 18h40 SUNSET SONG Good luck Algeria 16h00 18h20 MÉDECIN DE C… Midnight special PONTOISE SAINT-OUEN SAM 2 AVR 14h15 16h30 CHOCOLAT Good luck Algeria 14h15 16h45 SUNSET SONG LES DÉLICES DE… 14h20 16h00 16h50 Fatima petite planète v… nous 3 ou rien 14h20 16h30 LES INNOCENTES Midnight special 14h30 16h40 ZOOTOPIE Quand on a 17 ans PONTOISE SAINT-OUEN DIM 3 AVR PONTOISE 4 AVR 18h20 SUNSET SONG 21h00 MÉDECIN DE C… 18h15 A PERFECT DAY 19h00 MERCI PATRON! 18h50 AU NOM DE MA F… 18h40 SPOTLIGHT 18h50 MUSTANG 20h20 SUNSET SONG 20h45 Good luck Algeria 20h40 Midnight special 21h10 THE REVENANT 20h50 MÉDECIN DE C… 18h45 MÉDECIN DE C… 21h00 Quand on a 17 ans 16h20 LES INNOCENTES 16h40 MERCI PATRON! 16h20 Midnight special 16h50 (D) petite planète verte 16h30 Quand on a 17 ans 18h30 LES DÉLICES DE… 18h20 SUNSET SONG 18h30 Good luck Algeria 17h45 THE REVENANT 18h40 MÉDECIN DE C… 20h40 A PERFECT DAY 20h50 SAINT AMOUR 20h30 DEMAIN 20h40 Quand on a 17 ans 20h45 MOONWALKERS 14h30 MUSTANG 16h30 MÉDECIN DE C… 18h30 Quand on a 17 ans 20h45 Midnight special 16h00 SUNSET SONG 16h00 LES INNOCENTES 18h30 SAINT AMOUR 18h45 A PERFECT DAY 18h30 Quand on a 17 ans 18h40 AU NOM DE MA F… 18h40 Midnight special 20h30 SPOTLIGHT 20h45 (D) MOONWALKERS 20h40 Good luck Algeria 20h30 SUNSET SONG 20h45 MÉDECIN DE C… (D) 14h00 Quand on a 17 ans 14h00 LES DÉLICES DE… 16h00 Good luck Algeria SAINT-OUEN 5 Avr PONTOISE 22h45 A PERFECT DAY 22h20 SPOTLIGHT 22h40 MOONWALKERS 22h40 Midnight special 22h45 AU NOM DE MA F… 22h30 SAINT AMOUR 22h40 Midnight special 22h45 MOONWALKERS PONTOISE MAR 20h40 SAINT AMOUR 20h40 AU NOM DE MA F… 20h45 THE REVENANT 20h30 LES INNOCENTES 20h30 Quand on a 17 ans 14h30 AU NOM DE MA F… 14h15 SPOTLIGHT 14h30 Good luck Algeria 14h20 SUNSET SONG 14h20 ZOOTOPIE SAINT-OUEN LUN 5 salles à Saint-Ouen l’Aumône: 5 lignes en blanc dans la grille 1 salle à Pontoise: 1 ligne colorée dans la grille ATTENTION : l’heure indiquée est celle du début du film. (D)= dernière projection 14h00 Good luck Algeria 14h00 SUNSET SONG 18h30 (D) LES DÉLICES DE… 16h00 18h15 AU NOM DE MA F… SUNSET SONG 16h00 18h20 (D) MÉDECIN DE C… SPOTLIGHT 18h40 (D) MERCI PATRON! 16h00 18h30 Midnight special MÉDECIN DE C… 18h40 Good luck Algeria 20h40 (D) A PERFECT DAY 20h45 (D) SAINT AMOUR 20h45 Quand on a 17 ans 20h30 THE REVENANT 20h40 Midnight special 20h30 (D) AU NOM DE MA F… UTOPIA / PANDORA MÊME COMBAT : NOS ABONNEMENTS SONT VALABLES LÀ-BAS ET INVERSEMENT TOUS LES FILMS: A bigger splash Du 6 au 26/04 Alias Maria Du 6 au 12/04 A perfect day Jusqu'au 5/04 Les Ardennes Du 13/04 au 3/05 Au nom de ma fille Jusqu'au 5/04 L'avenir Du 6 au 26/04 Bassin miné Séance unique + débat le 12/04 Boris Goudonov Opéra le 14/04 Chocolat Les 2, 3 et 17/04 Dalton Trumbo À partir du 27/04 + apéro le 28/04 Dégradé À partir du 27/04 + rencontre le 29 Les délices de Tokyo Du 30/03 au 5/04 Demain Jusqu’au 1er/05 Dough Avt-1ère le 1er/05 et à partir du 4/05 Experimenter Débat le 7/04 + les 10 et 12/04 Fatima Du 30/03 au 16/04 Le fils de Joseph Du 4 au 10/05 Fritz Bauer, un héros allemand Du 13/04 au 3/05 Good luck Algeria Du 30/03 au 9/05 In Jackson heights Du 22/04 au 1er/05 Les innocentes Jusqu'au 5/04 + 9,16 et 23/04 Inseticide mon amour Séance unique + débat le 10/05 Keeper Du 20/04 au 3/05 Maggie a un plan À partir du 27/04 Marie et les naufragés Du 13/04 au 3/05 Médecin de campagne Jusqu'au 3/05 Merci patron ! Du 2 au 5/04 Midnight special Du 30/03 au 26/04 + débat le13 Moonwalkers Jusqu'au 4/04 Mr Holmes Avt-1ère le 26/04 et à partir du 4/05 Mustang Du 1er au 3/04 No land's song Du 6 au 19/04 Nous trois ou rien 2 séances les 2 et 9/04 Les ogres Du 6 au 19/04 Paulina Du 4 au 10/05 Plogoff, des pierres contre des fusils Séance unique + débat le 15/04 Quand on a 17 ans Du 30/03 au 12/04 Remember Du 13 au 19/04 Royal Orchestra Du 4 au 10/05 Saint Amour Jusqu'au 5/04 La saison des femmes Du 20/04 au 10/05 + repas le 22/04 Seuls les anges ont des ailes Du 27/04 au 10/05 Spotlight Du 30/03 au 5/04 Sunset song Du 30/03 au 12/04 The assassin Du 6 au 12/04 The revenant Jusqu'au 26/04 The Yes Men are revolting Séance unique + rencontre le 9/04 Un monstre à 1000 têtes Du 20/04 au 3/05 La vache Du 20/04 au 10/05 LE COIN DES ENFANTS Kung fu Panda 3 À partir du 4/05 Le livre de la jungle Du 20/04 au 8/05 Ma petite planète verte Jusqu'au 3/04 Mimi & Lisa Du 6/04 au 1er/05 Le petit prince Du 6 au 19/04 Robinson Crusoë Du 19/04 au 8/05 Zootopie Jusqu'au 19/04 TOUT LE PROGRAMME SUR : www.cinemas-utopia.org/saintouen 18h00 LES OGRES 18h20 Midnight special 19h00 NO LAND'S SONG 18h40 THE ASSASSIN 18h30 Quand on a 17 ans 20h40 ALIAS MARIA 20h30 SUNSET SONG 20h45 Good luck Algeria 20h40 A BIGGER SPLASH 20h45 L'AVENIR PONTOISE 18h40 L'AVENIR 20h40 MÉDECIN DE C… SAINT-OUEN 18h40 ALIAS MARIA 18h15 SUNSET SONG 18h40 L'AVENIR 18h30 MÉDECIN DE C… 18h30 Good luck Algeria 20h40 THE ASSASSIN 20h45 Midnight special 20h40 Quand on a 17 ans 20h30 A BIGGER SPLASH 20h30 soirée débat EXPERIMENTER SAINT-OUEN mer 6 AVR JEU 7 14h30 A BIGGER SPLASH 14h20 Quand on a 17 ans 14h30 FATIMA 14h15 L'AVENIR 14h20 LE PETIT PRINCE 14h00 LES OGRES 14h00 L'AVENIR AVR 16h50 MIMI & LISA 16h30 Good luck Algeria 16h10 THE REVENANT 16h10 SUNSET SONG 16h30 MÉDECIN DE C… 16h00 A BIGGER SPLASH 16h00 NO LAND'S SONG 16h00 Quand on a 17 ans PONTOISE SAINT-OUEN VEN 8 14h00 Quand on a 17 ans 14h00 Good luck Algeria AVR 16h00 DEMAIN 16h00 SUNSET SONG 16h00 L'AVENIR PONTOISE SAINT-OUEN SAM 9 AVR 14h15 ALIAS MARIA 14h20 SUNSET SONG 14h30 LE PETIT PRINCE 14h15 FATIMA 14h20 L'AVENIR 16h00 A BIGGER SPLASH 16h50 MIMI & LISA 16h30 (D) NOUS 3 OU RIEN 15h50 LES INNOCENTES 16h15 NO LAND'S SONG PONTOISE SAINT-OUEN DIM 10 AVR PONTOISE 11 AVR 20h40 LES OGRES 20h20 SUNSET SONG 20h30 MÉDECIN DE C… 20h50 THE REVENANT 20h45 L'AVENIR 18h30 A BIGGER SPLASH 21h00 THE ASSASSIN 18h20 THE ASSASSIN 18h00 SUNSET SONG 18h30 L'AVENIR 18h00 THE REVENANT 18h15 ( +débat ) THE YES MEN… 20h30 22h40 Quand on a 17 ans ALIAS MARIA 20h40 22h45 Midnight special Good luck Algeria 20h30 22h45 A BIGGER SPLASH Quand on a 17 ans 21h00 22h40 Good luck Algeria MÉDECIN DE C… 21h00 MÉDECIN DE C… 18h15 LES OGRES 21h00 L'AVENIR 14h20 THE ASSASSIN 14h30 ZOOTOPIE 14h40 Good luck Algeria 14h20 THE REVENANT 14h15 MÉDECIN DE C… 16h20 LES OGRES 16h40 Midnight special 16h30 Quand on a 17 ans 17h15 MIMI & LISA 16h15 A BIGGER SPLASH 19h00 ALIAS MARIA 18h45 NO LAND'S SONG 18h40 Good luck Algeria 18h20 A BIGGER SPLASH 18h40 L'AVENIR 20h45 EXPERIMENTER 20h40 Quand on a 17 ans 20h30 DEMAIN 20h45 L'AVENIR 20h40 Midnight special 14h15 SUNSET SONG 16h50 L'AVENIR 18h45 MÉDECIN DE C… 20h45 A BIGGER SPLASH 18h40 NO LAND'S SONG 18h30 Midnight special 18h20 Quand on a 17 ans 18h20 A BIGGER SPLASH 18h40 L'AVENIR 20h30 SUNSET SONG 20h40 ALIAS MARIA 20h30 THE ASSASSIN 20h45 Good luck Algeria 20h40 MÉDECIN DE C… SAINT-OUEN LUN 18h45 ALIAS MARIA 18h30 NO LAND'S SONG 18h40 Good luck Algeria 18h40 Midnight special 18h30 Quand on a 17 ans 14h00 L'AVENIR 14h00 A BIGGER SPLASH 16h00 SUNSET SONG 16h00 THE ASSASSIN 16h00 LES OGRES SAINT-OUEN 12 AVR PONTOISE 22h40 Midnight special PONTOISE MAR 22h45 NO LAND'S SONG 22h30 A BIGGER SPLASH 14h00 NO LAND'S SONG 14h00 Quand on a 17 ans 16h00 A BIGGER SPLASH 16h00 Good luck Algeria 16h00 L'AVENIR 18h30 (D) EXPERIMENTER 18h30 (D) ALIAS MARIA 18h10 LES OGRES 18h15 (D) SUNSET SONG 18h20 MÉDECIN DE C… 20h40 Midnight special 20h30 A BIGGER SPLASH 20h50 L'AVENIR 20h45 THE REVENANT 20h30 soirée débat BASSIN MINÉ 18h30 (D) THE ASSASSIN 20h40 (D) Quand on a 17 ans LE CINÉMA TOUS LES JOURS À TOUTES LES SÉANCES POUR LES -14 ANS C’EST 4 EUROS 19h00 Good luck Algeria 18h00 LES OGRES 18h30 A BIGGER SPLASH 17h50 THE REVENANT 18h30 Ciné-Philo Midnight special 20h45 FRITZ BAUER… 20h40 NO LAND'S SONG 20h50 MARIE ET LES N… 20h45 LES ARDENNES 20h40 MÉDECIN DE C… PONTOISE 18h40 REMEMBER 20h40 L'AVENIR SAINT-OUEN 18h40 REMEMBER 18h30 FRITZ BAUER… 18h40 MARIE ET LES N… 18h30 MÉDECIN DE C… 18h45 L'AVENIR 20h30 LES OGRES 20h40 Good luck Algeria 20h45 LES ARDENNES 20h30 A BIGGER SPLASH 20h40 Midnight special SAINT-OUEN mer 13 AVR JEU 14 AVR 14h40 FRITZ BAUER… 14h30 LES ARDENNES 14h20 MARIE ET LES N… 14h30 A BIGGER SPLASH 14h20 LE PETIT PRINCE 14h00 MARIE ET LES N… 14h00 FRITZ BAUER… 16h40 CHOCOLAT 16h20 FATIMA 16h20 Midnight special 16h50 MIMI & LISA 16h30 L'AVENIR 16h00 LES ARDENNES 16h00 L'AVENIR 16h00 A BIGGER SPLASH Nouveau ! La ludothèque de l'association Le Jeu Pour Tous 20h30 Opéra BORIS GODOUNOV PONTOISE 18h30 A BIGGER SPLASH 18h40 NO LAND'S SONG 18h20 DEMAIN 18h50 MÉDECIN DE C… 18h30 Good luck Algeria 20h50 22h40 REMEMBER MÉDECIN DE C… 20h30 22h40 Midnight special FRITZ BAUER… 20h40 22h30 L'AVENIR A BIGGER SPLASH 21h00 22h45 LES ARDENNES LES ARDENNES 20h30 soirée débat PLOGOFF, des pierres contre des fusils 18h15 LES OGRES 21h00 MARIE ET LES N… 16h30 A BIGGER SPLASH 17h15 MIMI & LISA 16h40 L'AVENIR 16h40 (D) FATIMA 16h30 LE PETIT PRINCE 18h50 NO LAND'S SONG 18h30 REMEMBER 18h40 LES ARDENNES 18h20 Midnight special 18h40 MARIE ET LES N… 20h45 THE REVENANT 20h30 A BIGGER SPLASH 20h40 MÉDECIN DE C… 20h30 FRITZ BAUER… 20h45 L'AVENIR 16h30 FRITZ BAUER… 18h40 LES INNOCENTES 21h00 Good luck Algeria 14h40 NO LAND'S SONG 14h30 Good luck Algeria 14h20 FRITZ BAUER… 14h30 (D) CHOCOLAT 14h20 LE PETIT PRINCE 16h40 REMEMBER 16h20 A BIGGER SPLASH 16h30 LES ARDENNES 16h50 MIMI & LISA 16h30 MÉDECIN DE C… 18h30 LES ARDENNES 18h40 Good luck Algeria 18h30 MÉDECIN DE C… 17h50 THE REVENANT 18h40 L'AVENIR 20h40 A BIGGER SPLASH 20h30 LES OGRES 20h30 DEMAIN 20h45 MARIE ET LES N… 20h40 Midnight special PONTOISE 14h30 L'AVENIR 16h30 MARIE ET LES N… 18h40 FRITZ BAUER… 20h45 LES ARDENNES SAINT-OUEN 14h15 LES OGRES 14h30 LES ARDENNES 14h30 MARIE ET LES N… 14h15 A BIGGER SPLASH 14h20 ZOOTOPIE 17h00 NO LAND'S SONG 16h20 FRITZ BAUER… 16h30 L'AVENIR 16h50 MIMI & LISA 16h30 LE PETIT PRINCE 18h50 REMEMBER 18h30 MARIE ET LES N… 18h30 LES ARDENNES 17h50 THE REVENANT 18h40 MÉDECIN DE C… 20h40 Good luck Algeria 20h30 A BIGGER SPLASH 20h30 FRITZ BAUER… 20h45 Midnight special 20h45 L'AVENIR SAINT-OUEN VEN 15 AVR 14h00 L'AVENIR 14h00 LES ARDENNES 16h00 FRITZ BAUER… 16h00 MARIE ET LES N… 16h00 THE REVENANT PONTOISE SAINT-OUEN SAM 16 AVR 14h40 Good luck Algeria 14h30 LES OGRES 14h30 MÉDECIN DE C… 14h40 MARIE ET LES N… 14h20 ZOOTOPIE PONTOISE SAINT-OUEN DIM 17 AVR LUN 18 AVR PONTOISE AVR 14h40 Good luck Algeria 14h40 A BIGGER SPLASH 14h30 L'AVENIR 14h45 FRITZ BAUER… 14h30 avant-1ère Robinson Crusoé 16h30 REMEMBER 17h00 MIMI & LISA 16h30 MARIE ET LES N… 16h45 LES ARDENNES 16h20 (D) ZOOTOPIE 18h20 Midnight special 18h20 A BIGGER SPLASH 18h40 FRITZ BAUER… 18h40 Good luck Algeria 18h30 L'AVENIR 20h30 (D) LES OGRES 20h45 (D) REMEMBER 20h45 MARIE ET LES N… 20h30 THE REVENANT 20h40 MÉDECIN DE C… PONTOISE 14h30 (D) LE PETIT PRINCE 16h40 MÉDECIN DE C… 18h45 (D) NO LAND'S SONG 20h40 LES ARDENNES SAINT-OUEN MAR 19 22h45 REMEMBER 22h40 MARIE ET LES N… 22h30 Midnight special 22h40 LES ARDENNES LE CINÉMA TOUS LES JOURS À TOUTES LES SÉANCES POUR LES -14 ANS C’EST 4 EUROS s'installe pour une soirée au café Stella de l'Utopia jeudi 21 avril dès 19 h! Venez découvrir des jeux de société spécialement sélectionnés pour l'occasion : petits jeux d'apéro, nouveautés, jeux d'adresse ... + d'infos www.lejeupourtous.org facebook Le jeu pour tous Ecrire au Stella café avec l’atelier d’écriture «couleurs de plume» 14h40 LES ARDENNES 14h20 MARIE ET LES N… 14h40 LA VACHE 14h30 LA SAISON DES F… 14h30 Le livre de la jungle 16h30 A BIGGER SPLASH 16h20 FRITZ BAUER… 16h30 L'AVENIR 16h45 MIMI & LISA 16h30 Robinson Crusoé PONTOISE 14h30 Robinson Crusoé 16h20 18h30 Le livre de la jungle KEEEPER SAINT-OUEN 14h20 THE REVENANT 14h20 LA SAISON DES F… 14h30 Robinson Crusoé 14h40 LA VACHE 14h30 Le livre de la jungle 17h15 MIMI & LISA 16h40 Good luck Algeria 16h20 Robinson Crusoé 16h30 KEEEPER 16h30 Le livre de la jungle SAINT-OUEN mer 20 AVR JEU Ecrire pour le plaisir au moyen de jeux d’écriture et de contraintes littéraires Libérer son imagination et sa créativité en jouant avec les mots Tous les jeudis 7, 14, 21 et 28 avril, les 12, 19 et 26 mai, les 2, 9, 16 et 30 juin de 9h30 à 11h30 à la Maison des Associations, Salle Prune, Place du Petit Martroy à Pontoise Les samedis 9 avril, 21 mai, 18 juin de 14h30 à 16h30 au Stella café d’Utopia à Saint-Ouen l’Aumône 21 AVR 18h50 LES ARDENNES 18h20 Midnight special 18h30 MARIE ET LES N… 17h50 THE REVENANT 18h30 MÉDECIN DE C… VEN 22 AVR 20h30 LA VACHE 18h20 20h30 FRITZ BAUER… A BIGGER SPLASH 18h40 20h45 Un monstre à mille… LES ARDENNES 18h30 20h40 L'AVENIR MARIE ET LES N… 18h20 20h40 LA SAISON DES F… Midnight special 18h30 20h30 LA VACHE MÉDECIN DE C… PONTOISE SAINT-OUEN 20h40 Un monstre à mille… 20h30 FRITZ BAUER… 20h30 LA SAISON DES F… 20h45 Good luck Algeria 20h40 L'AVENIR 14h15 16h15 17h15 18h45 20h30 Marie et les n… Mimi & Lisa monstre à mille… Good luck A...IN JACKSON HEI… 14h20 16h40 18h50 20h45 LA SAISON DES F… Midnight special LES ARDENNES KEEEPER 14h20 16h40 18h30 20h50 DEMAIN LA VACHE A BIGGER SPLASH LA VACHE 14h30 16h30 18h30 20h40 MÉDECIN DE C… FRITZ BAUER… MARIE ET LES N… FRITZ BAUER… 14h30 16h20 18h20 20h30 + repas Robinson Crusoé Le livre de la jungle MÉDECIN DE C… LA SAISON DES F… 22h30 A BIGGER SPLASH 22h30 LES ARDENNES 22h40 Midnight special PONTOISE 14h20 Le livre de la jungle 16h15 Robinson Crusoé 18h00 THE REVENANT 15 euros l’atelier SAINT-OUEN contact : [email protected] 23 14h30 MARIE ET LES N… 14h40 KEEEPER 14h30 LA VACHE 14h20 L'AVENIR 14h20 Le livre de la jungle 16h30 MIMI & LISA 16h30 A BIGGER SPLASH 16h20 (D) LES INNOCENTES 16h20 LA SAISON DES F… 16h15 Robinson Crusoé 17h30 21h00 IN JACKSON HEI… LES ARDENNES 18h50 20h30 Un monstre à mille…MARIE ET LES N… 18h30 20h40 FRITZ BAUER… L'AVENIR 18h40 20h30 Good luck Algeria THE REVENANT 18h20 20h40 Midnight special MÉDECIN DE C… PONTOISE 14h30 Robinson Crusoé 16h30 18h30 21h00 Le livre de la jungle LA SAISON DES F… LA VACHE SAINT-OUEN AVR 14h10 IN JACKSON HEI… 14h40 FRITZ BAUER… 14h30 MARIE ET LES N… 14h15 LA SAISON DES F… 14h30 Robinson Crusoé 17h30 MIMI & LISA 16h40 LES ARDENNES 16h30 Good luck Algeria 16h30 Robinson Crusoé 16h20 Le livre de la jungle 18h40 KEEEPER 18h30 MARIE ET LES N… 18h30 Midnight special 18h20 LA SAISON DES F… 18h20 MÉDECIN DE C… 20h30 THE REVENANT 20h40 FRITZ BAUER… 20h45 LES ARDENNES 20h40 A BIGGER SPLASH 20h30 DEMAIN PONTOISE 14h30 Le livre de la jungle 16h30 LA VACHE 18h30 L'AVENIR 20h30 Un monstre à mille… SAINT-OUEN 14h40 Midnight special 14h40 KEEEPER 14h30 Robinson Crusoé 14h20 A BIGGER SPLASH 14h30 Le livre de la jungle 16h45 MIMI & LISA 16h30 LA SAISON DES F… 16h20 LA VACHE 16h40 Robinson Crusoé 16h30 Le livre de la jungle 17h50 20h45 THE REVENANT FRITZ BAUER… 18h45 20h40 Un monstre à mille… MARIE ET LES N… 18h40 20h40 Good luck Algeria MÉDECIN DE C… 18h30 20h30 LES ARDENNES LA SAISON DES F… 18h30 20h30 L'AVENIR LA VACHE Chaque séance est indépendante. SAM AVR DIM 24 LUN 25 AVR MAR En première partie : "Boss, Bolosse et Bôgosse" Comédie Musicale et BD par les Collégiens d’Auvers-sur-Oise avec la participation d'Arts et Muses 26 AVR PONTOISE 22h45 FRITZ BAUER… 22h30 LES ARDENNES 22h30 A BIGGER SPLASH 22h40 Midnight special PONTOISE SAINT-OUEN 21h00 L'AVENIR 14h15 16h15 17h15 18h45 Marie et les n… Mimi & Lisa Un monstre à mille… KEEPER 14h30 16h45 18h40 LA SAISON DES F… LES ARDENNES MARIE ET LES N… 14h40 16h30 18h30 LA VACHE MÉDECIN DE C… FRITZ BAUER… 14h20 16h20 18h20 FRITZ BAUER… L'AVENIR LA SAISON DES F… 14h30 16h30 18h30 Le livre de la jungle Robinson Crusoé LA VACHE 20h40 Good luck Algeria 20h45 LES ARDENNES 20h30 (D) THE REVENANT 20h40 (D) L'AVENIR 20h30 avant-1ère Mr. HOLMES 14h30 Robinson Crusoé 20h45 (D) Midnight special 16h20 18h20 (D) Le livre de la jungle A BIGGER SPLASH LE CINÉMA TOUS LES JOURS À TOUTES LES SÉANCES POUR LES -14 ANS C’EST 4 EUROS 14h20 16h00 17h00 18h50 DÉGRADÉ Mimi & Lisa KEEPER Un monstre à mille… 14h15 16h00 18h15 Good luck Algeria LA SAISON DES F… Seuls les anges… 14h20 16h40 18h30 DALTON TRUMBO LA VACHE FRITZ BAUER… 14h30 16h30 18h30 Maggie a un plan MARIE ET LES N… LES ARDENNES 14h30 16h30 18h20 Robinson Crusoé Le livre de la jungle DALTON TRUMBO 20h30 MARIE ET LES N… 20h40 DÉGRADÉ 20h40 Maggie a un plan 20h30 LA SAISON DES F… 20h45 LA VACHE PONTOISE 14h30 Le livre de la jungle 20h30 DALTON TRUMBO SAINT-OUEN 14h30 16h15 18h20 DÉGRADÉ FRITZ BAUER… LA SAISON DES F… 14h20 16h20 18h40 MARIE ET LES N… Seuls les anges… DÉGRADÉ 14h15 16h00 17h00 18h45 Robinson Crusoé Mimi & Lisa Robinson Crusoé Maggie a… 14h20 16h20 18h45 Maggie a un plan DALTON TRUMBO Good luck Algeria 14h30 16h30 18h30 Le livre de la jungle Le livre de la jungle LA VACHE SAINT-OUEN mer 27 AVR JEU 28 AVR 16h30 Robinson Crusoé 18h20 MÉDECIN DE C… 20h45 Un monstre à mille… 20h30 KEEEPER 20h40 MÉDECIN DE C… 20h40 LES ARDENNES 20h30 soirée PIAF DALTON TRUMBO PONTOISE 14h30 Un monstre à mille… 14h20 LA SAISON DES F… 14h40 LA VACHE 14h20 DALTON TRUMBO 14h30 Le livre de la jungle 16h00 17h00 18h40 Mimi & Lisa DÉGRADÉ KEEPER 16h40 18h30 LES ARDENNES MARIE ET LES N… 16h40 18h40 Maggie a un plan Good luck Algeria 16h45 IN JACKSON HEI… 16h30 18h20 Robinson Crusoé MÉDECIN DE C… 20h30 Seuls les anges… 20h30 LA SAISON DES F… 20h40 LA VACHE 20h40 FRITZ BAUER… 20h30 soirée débat DÉGRADÉ PONTOISE 14h30 Robinson Crusoé 16h20 18h20 Le livre de la jungle DALTON TRUMBO 20h45 Maggie a un plan SAINT-OUEN 14h40 KEEEPER 14h30 Seuls les anges… 14h40 LA VACHE 14h20 DALTON TRUMBO 14h30 Robinson Crusoé 16h30 MIMI & LISA 16h50 FRITZ BAUER… 16h30 Maggie a un plan 16h45 MÉDECIN DE C… 16h20 Le livre de la jungle 17h30 21h00 IN JACKSON HEI… Good luck Algeria 19h00 20h40 Un monstre à mille… MARIE ET LES N… 18h30 20h30 LES ARDENNES MÉDECIN DE C… 18h50 20h40 DÉGRADÉ Maggie a un plan 18h20 20h45 DALTON TRUMBO LA VACHE 14h30 Le livre de la jungle 16h30 Robinson Crusoé 18h30 21h00 LA SAISON DES F… DALTON TRUMBO 14h10 (D) IN JACKSON HEI… 14h30 DÉGRADÉ 14h20 DALTON TRUMBO 14h40 Robinson Crusoé 14h30 Le livre de la jungle 17h30 (D) MIMI & LISA 16h15 LA SAISON DES F… 16h40 MÉDECIN DE C… 16h30 Good luck Algeria 16h30 LA VACHE 14h30 Maggie a un plan 16h30 18h30 Le livre de la jungle DALTON TRUMBO 16h00 KEEEPER 16h00 DALTON TRUMBO 16h00 MARIE ET LES N… 18h40 LES ARDENNES 18h45 DÉGRADÉ 18h30 MÉDECIN DE C… 18h40 Good luck Algeria 18h30 Maggie a un plan SAINT-OUEN VEN 29 AVR SAM 30 AVR PONTOISE SAINT-OUEN DIM 1er 11h00 p'tit déj. DOUGH (avant-1ère) mai PONTOISE SAINT-OUEN LUN 2 mai 14h00 Maggie a un plan 14h00 DÉGRADÉ SAINT-OUEN 3 mai PONTOISE 14h00 DALTON TRUMBO 14h00 LA SAISON DES F… 16h00 DÉGRADÉ 16h00 Seuls les anges… 16h00 Maggie a un plan lundi 25 avril 18h45 20h30 Un monstre à mille…LA SAISON DES F… 18h30 20h45 Seuls les anges… KEEEPER 18h40 20h45 FRITZ BAUER… Maggie a un plan 18h40 20h40 MARIE ET LES N… LES ARDENNES 18h30 20h30 Maggie a un plan DEMAIN 20h50 DÉGRADÉ 20h30 Seuls les anges… 20h45 Un monstre à mille… 20h40 LA SAISON DES F… 20h40 FRITZ BAUER… 20h30 DALTON TRUMBO 18h40 (D) 20h40 Un monstre à mille… DÉGRADÉ 18h30 (D) 20h30 KEEEPER Good luck Algeria 18h30 20h30 (D) LA VACHE MARIE ET LES N… 18h20 20h40 (D) LA SAISON DES F… LES ARDENNES 18h20 20h45 (D) DALTON TRUMBO MÉDECIN DE C… 18h30 (D) FRITZ BAUER… jeudi 28 Avril 22h45 DÉGRADÉ 22h40 FRITZ BAUER… 22h30 Maggie a un plan 22h30 LA SAISON DES F… 22h40 LES ARDENNES PONTOISE MAR 22h45 Un monstre à mille... 22h45 LES ARDENNES 22h30 DALTON TRUMBO 22h40 Maggie a un plan 20h40 Maggie a un plan LE CINÉMA TOUS LES JOURS À TOUTES LES SÉANCES POUR LES -14 ANS C’EST 4 EUROS Venez chercher votre commande le jeudi 28 Avril " Eloge à la lenteur... " Posons-nous ensemble et prenons le temps de faire connaissance ! Le Panier des Bourseaux offre à toutes ses abeilles qui auront commandés sur cette vente de s’asseoir prendre un thé ou un café ensemble au Café Stella, pendant ou après la distribution." À PARTIR DU 11 MAI AUGMENTATION DES TARIFS SAINT-OUEN mer 4 Mai 14h40 DÉGRADÉ 14h20 DOUGH 14h40 Le livre de la jungle 14h30 Mr. HOLMES 14h30 KUNG FU PANDA 3 16h20 LA SAISON DES F… 16h30 Royal Orchestra 16h40 Robinson Crusoé 16h30 Maggie a un plan 16h20 DALTON TRUMBO PONTOISE SAINT-OUEN JEU 5 Mai 14h40 Good luck Algeria 14h30 Maggie a un plan 14h20 Mr. HOLMES 14h20 DOUGH 14h30 KUNG FU PANDA 3 16h40 DÉGRADÉ 16h30 Robinson Crusoé 16h30 LA VACHE 16h15 DALTON TRUMBO 16h20 Le livre de la jungle 18h40 DÉGRADÉ 18h20 Seuls les anges… 18h30 Good luck Algeria 18h30 PAULINA 18h40 Mr. HOLMES 20h40 …FILS DE JOSEPH 20h40 Maggie a un plan 20h30 DOUGH 20h30 DALTON TRUMBO 20h45 LA VACHE 18h40 DOUGH 20h40 Mr. HOLMES 18h30 LA SAISON DES F… 18h20 …FILS DE JOSEPH 18h30 DOUGH 18h40 Maggie a un plan 18h20 Mr. HOLMES 20h45 DÉGRADÉ 20h30 Seuls les anges… 20h40 PAULINA 20h40 Royal Orchestra 20h30 DALTON TRUMBO PONTOISE SAINT-OUEN VEN 6 Mai 14h00 DALTON TRUMBO 14h00 Maggie a un plan 16h00 DÉGRADÉ 16h00 DOUGH 16h00 Mr. HOLMES PONTOISE SAINT-OUEN SAM 7 Mai 14h40 Good luck Algeria 14h30 …FILS DE JOSEPH 14h20 Le livre de la jungle 14h20 DALTON TRUMBO 14h30 KUNG FU PANDA 3 16h30 Robinson Crusoé 16h40 Maggie a un plan 16h20 LA VACHE 16h40 DOUGH 16h30 Mr. HOLMES PONTOISE SAINT-OUEN DIM 8 Mai PONTOISE 9 Mai 21h00 DÉGRADÉ 20h30 LA SAISON DES F… 20h40 Maggie a un plan 20h30 …FILS DE JOSEPH 20h40 Mr. HOLMES 18h30 DALTON TRUMBO 21h00 DOUGH 18h20 Seuls les anges… 18h40 DÉGRADÉ 18h10 LA SAISON DES F… 18h30 PAULINA 18h30 …FILS DE JOSEPH 20h45 Good luck Algeria 20h30 Maggie a un plan 20h30 DALTON TRUMBO 20h40 DOUGH 20h45 LA VACHE 19h00 Royal Orchestra 21h00 Mr. HOLMES 14h30 DÉGRADÉ 14h20 Royal Orchestra 14h15 DALTON TRUMBO 14h40 Good luck Algeria 14h30 (D) Le livre de la jungle 16h20 Robinson Crusoé 16h10 Seuls les anges… 16h40 DOUGH 16h30 Maggie a un plan 16h30 LA VACHE 18h20 LA SAISON DES F… 18h40 PAULINA 18h30 DALTON TRUMBO 18h30 …FILS DE JOSEPH 18h20 Mr. HOLMES 20h40 DÉGRADÉ 20h30 DALTON TRUMBO 20h50 DOUGH 20h40 Mr. HOLMES 20h30 (D) DEMAIN 14h30 KUNG FU PANDA 3 16h30 Mr. HOLMES 18h40 DOUGH 20h40 Maggie a un plan 14h00 Mr. HOLMES 14h00 DOUGH 16h00 Royal Orchestra 16h00 DALTON TRUMBO 16h00 PAULINA 18h40 DÉGRADÉ 18h20 Seuls les anges… 18h30 DOUGH 18h40 Maggie a un plan 18h30 Mr. HOLMES 20h30 LA SAISON DES F… 20h45 (D) Good luck Algeria 20h30 DALTON TRUMBO 20h40 …FILS DE JOSEPH 20h40 LA VACHE SAINT-OUEN LUN 18h40 Seuls les anges… 18h30 PAULINA 18h45 Good luck Algeria 18h30 Royal Orchestra 18h40 LA VACHE SAINT-OUEN 10 Mai PONTOISE 22h30 Seuls les anges… 22h40 DÉGRADÉ 22h45 Maggie a un plan 22h30 LA SAISON DES F… 22h40 DOUGH PONTOISE MAR 22h40 PAULINA 22h45 Good luck Algeria 22h30 LA VACHE 22h40 Royal Orchestra 22h45 DOUGH 14h00 DALTON TRUMBO 14h00 DÉGRADÉ 16h00 Maggie a un plan 16h00 DOUGH 16h00 Mr. HOLMES 18h40 (D) DÉGRADÉ 18h40 (D) Royal Orchestra 18h20 DALTON TRUMBO 18h30 (D) LA SAISON DES F… 18h30 (D) LA VACHE 18h30 (D) …FILS DE JOSEPH 20h40 (D) PAULINA 20h30 (D) Seuls les anges… 20h45 Mr. HOLMES 20h45 Maggie a un plan 20h30 soirée débat INSECTICIDE MON AMOUR 20h45 DOUGH UTOPIA / PANDORA MÊME COMBAT : NOS ABONNEMENTS SONT VALABLES LÀ-BAS ET INVERSEMENT MA PETITE PLANÈTE VERTE JUSQU'AU 3/04 Programme de 5 films d’animation 2016, sans dialogue & VF durée totale : 36 minutes À partir de 4 ans - Tarif unique : 3,50 euros Nos amis distributeurs de chez KMBO ont été bien inspirés de nous concocter ce chouette programme de 5 films d’animation venus des 4 coins du globe qui abordent de manière intelligente quelques grandes questions environnementales. Pour tous les parents et les enseignants, voici un programme qui ne cherche pas à asséner de grands discours à grand renfort de blablas mais qui, tout en douceur ludique, drôlerie et poésie, raconte aux plus petits l’écologie, mais aussi les gestes qui font du bien à la planète et même le bio ! Bienvenue chez moi ! Corée du Sud - 2012 – 5mn30 Comme son igloo a fondu, un petit Inuit décide de partir à la recherche d’une nouvelle maison. En chemin, il rencontre des animaux polaires qui fuient. Où trouver un nouveau chez soi ? Comment aider les animaux ? S’il vous plaît, gouttelettes ! Mexique - 2013 – 5mn Ponkina aime jouer avec l’eau. Parfois elle en gaspille un peu trop… Un beau jour, il n’y en a plus ! La petite fille décide alors d’aller trouver la source de l’eau chérie. Paola, poule pondeuse Belgique - 2008 – 6mn Paola est une poule qui travaille dans une usine où elle pond à la chaîne. Un jour elle reçoit une carte postale de sa cousine qui vit dans une ferme. Paola décide de s’évader et de la rejoindre. Son aventure vers une vie nouvelle commence. Prends soin de la forêt, Pikkuli ! Finlande - 2015 – 5mn Par une belle journée, au fond des bois, de petits animaux décident d’organiser une fête et de jouer de la musique. Mais la forêt est pleine de déchets et d’objets dangereux, un tout petit oiseau, prend alors les choses en main. Le bac à sable Canada - 1995 – 13mn Il faut une maison pour Nounours ! Deux enfants imaginent un vaste espace pour leur peluche. Mais ce n’est pas facile de protéger un animal sauvage. Ni de préserver un coin de nature… MIMI & LISA DU 6/04 AU 1er/05 Programme de 6 films de Katarina KEREKESOVA film d’animation Slovaquie 2013 45mn Pour les enfants à partir de 4 ans. TARIF UNIQUE 3,50 EUROS Au départ de ces petits films assez épatants, une très très bonne idée : s’attacher à deux copines inséparables dont l’une est privée de la vue. Timide et non-voyante, Mimi perçoit le monde différemment grâce à ses autres sens. Lisa, sa voisine de palier délurée, est toujours prête à provoquer des situations amusantes. Ensemble, elles découvrent les univers de leurs voisins dans lesquels le moindre objet peut devenir le prétexte d’une aventure fantastique, avec l’imagination pour seule frontière. N’aie pas peur du noir : Mimi a construit un superbe château de cubes dans sa chambre. En découvrant sa création, Lisa l’entraîne à l’intérieur. Mais les lieux sont hantés par la poupée de Lisa, un malicieux fou du roi. Adieu, grisaille ! Aspirée dans un monde de couleurs, la gardienne de l’immeuble se retrouve piégée par le gris qu’elle aime tant. Mimi et Lisa partent la sauver en lui montrant la beauté des autres couleurs. Le Jeu de cartes : alors qu’elles jouent aux cartes en cherchant des paires d’animaux, Mimi et Lisa sont interrompues par deux voisines couturières. Il n’en faut pas plus pour qu’elles se retrouvent dans un monde de tissus dans lequel tous les animaux sont en double, à l’exception d’un crocodile esseulé. Où est passée l’ombre : Mimi et Lisa ont besoin de l’ombre d’un arbre pour jouer tranquillement dans la cour de l’immeuble. En cherchant des graines sur le balcon d’un voisin, elles tombent dans un pot de fleur et atterrissent dans une jungle sauvage. Monsieur Vitamine : une artiste lyrique vient de perdre sa voix à cause d’un virus amoureux de rock and roll. Avec l’aide de Monsieur Vitamine, Mimi et Lisa partent déloger le microbe qui tambourine dans la gorge de la chanteuse. Le Poisson invisible : dans un grand aquarium, un poisson magique doit se rendre invisible pour échapper aux moqueries des autres espèces aquatiques. Mimi et Lisa décident de le retrouver pour l’aider à assumer sa différence. ZOOTOPIE LE PETIT PRINCE DU 6 AU 19/04 Film d’animation réalisé par Mark Osborne Canada/France 2015 1h48 Version française Avec les voix de André Dussolier, Clara Poincaré, Florence Foresti, Marion Cotillard, Vincent Cassel, Guillaume Gallienne... Scénario de Irena Brignull et Bob Persichetti d’aprés l’oeuvre de Antoine de Saint-Exupéry POUR TOUS À PARTIR DE 5/6 ANS CÉSAR 2016 DU MEILLEUR FILM D'ANIMATION On n’adapte pas impunément un livre comme Le Petit Prince. Cela, d’autant plus que le texte de Saint-Exupéry n’est ni particulièrement long, ni particulièrement adapté à une narration cinématographique. Et c’est là qu’il faut saluer la première qualité de l’adaptation de Mark Osborne : faire du sujet du Petit Prince la narration du conte lui-même. Bob Persichetti et Irena Brignull (qui officiait déjà sur le formidable Les Boxtrolls) signent un scénario qui fait évoluer en même temps l’été studieux d’une petite fille pressée par sa mère de devenir « une adulte formidable », et son amitié avec un vieux bonhomme un peu dingue, qui ne rêve que de partager l’histoire de sa rencontre dans le désert avec un étrange petit garçon amoureux d’une rose perdue. Mark Osborne a choisit l’angle de la satire sociale douce, façon Pixar, pour raconter Le Petit Prince : assez légitimement, il lie la fantasmagorie de Saint-Exupéry à une satire sardonique d’un monde dévoré par l’ambition qui n’est qu’à un pas du nôtre. Ce monde grisâtre, compartimenté s’oppose à la douce folie du vieux bonhomme, sorte d’artiste brut dans le jardin duquel on aperçoit des créations à la technologie poétique, brinquebalants assemblages entre Calder et Gaston Lagaffe. Cette opposition, très pertinente, dynamise le récit, fait des épisodes du Petit Prince des pauses rêveuses, réalisées dans une stop-motion particulièrement délicate et touchante – tout cela, pour à peine quelques instants, ce qui ne manque pas de les rendre d’autant plus précieuses. Nanti de ces deux piliers, le film avance avec efficacité, sachant distiller les moments drôles, intimistes, touchants, redonnant une nouvelle vie aux écrits de Saint-Exupéry... On pourra regretter la légère baisse de qualité de la seconde partie du film qui renoue avec une narration plus convenue et moins surprenante. Malgré tout, une grande partie du film demeure tout à fait digne de son matériau d’origine, pour un hymne à l’innocence plus complexe qu’un sempiternel « retrouver son regard d’enfant ». On y parle avec justesse de la solitude, de l’amour, de la mort – de ce qu’il faut de courage pour grandir sans oublier. Saint-Exupéry approuverait. Vincent Avenel sur critikat.com JUSQU'AU 19/04 Film d'animation réalisé par Byron Howard, Rich Moore et Jared Bush. USA 2015 1h48 Version française Avec les voix de Lubna Gourion, Pascal Elbé, Thomas Ngijol, Fred Testot... POUR TOUS À PARTIR DE 6 ANS Avec Zootopie, Disney transpose dans le monde animal certaines de nos interrogations et bouscule avec humour nos idées reçues. Convoquant un formidable bestiaire, à la manière des Fables de La Fontaine, les auteurs nous content une haletante enquête policière mais aussi un conte moral dénonçant les discriminations sexistes et raciales qui gangrènent nos sociétés. Trépidant, drôle et parfois un peu inquiétant, c'est après tout une aventure policière avec un mystère et des méchants, Zootopie est un Disney qui aurait trés bien supporté d'être un Pixar, tant il regorge de qualités, que ce soit sur le plan de l'animation ou sur celui du scénario. Zootopie s'inscrit dans la tradition du "buddy movie", comédie qui voit se former un duo de personnages que tout oppose a priori, mais que les circonstances, ou l'adversité, rapprochent et c'est une réussite formidable. Zootopia est une ville qui ne ressemble à aucune autre : seuls les animaux y habitent ! On y trouve des quartiers résidentiels élégants comme le très chic Sahara Square, et d’autres moins hospitaliers comme le glacial Tundratown. Dans cette incroyable métropole, chaque espèce animale cohabite avec les autres. Qu’on soit un immense éléphant ou une minuscule souris, tout le monde a sa place à Zootopia ! Lorsque Judy Hopps fait son entrée dans la police, elle découvre qu’il est bien difficile de s’imposer chez les gros durs en uniforme, surtout quand on est une adorable lapine. Elle qui est sortie Major de sa promotion de l'académie de police, elle se retrouve cantonnée à mettre des amendes aux voitures en défaut de stationnement. Pourtant tout ne va pas trés bien à Zootopia. Depuis quelques temps des habitants disparaissent mystérieusement de la ville sans laisser de trace. Bien décidée à faire ses preuves, Judy décide de s'attaquer à cette mystérieuse affaire qui commence à inquiéter la population et embarrase fortement le maire et le chef de la police. Contre l'avis de tous, désobéissant aux ordres et allant même jusqu'à faire équipe avec Nick Wilde, un renard à la langue bien pendue et véritable virtuose de l’arnaque, notre petite lapine ne se doute pas un instant de la portée dangereuse de son obstination... KUNG-FU PANDA 3 À PARTIR DU 4/05 Film d'animation réalisé par Jennifer Yuh et Alessandro Carloni USA/Chine 2016 1h35 Version Française Avec les voix de Manu Payet, Pierre Arditi, Alison Wheeler... Scénario de Jonhatan Aibel et Glenn Berger Pour tous à partir de 6 ans Po est maintenant devenu le redoutable Guerrier Dragon et il défend, avec ses amis Tigresse, Vipère, Grue, Singe et Mante, la vallée et ses villageois. Ils sont devenus de véritables stars dont on trouve les figurines dans n'importe quelle échope. Tout irait donc parfaitement bien si le vénérable Shifu n'avait pas décidé de prendre sa retraite et de nommer comme son successeur ... Po. Oui oui ce gros Panda, maladroit et puéril, incapable de commander autre chose qu'un bol de nouilles. Pendant ce temps dans le monde des morts, Oogway, le maître Tortue, livre un combat féroce contre son ancien frère d'armes Kaï. Ce dernier est bien décidé à retourner dans le monde des mortels et d'y affronter le redoutable Guerrier Dragon... Pour Po autre chose se joue, on lui demande d'être un proffesseur, de prendre ses responsabilités, de devenir adulte. Autant dire qu'il n'a pas vraiment le moral, et c'est alors que tout va basculer. Po avait toujours cru son père panda disparu, mais le voilà qui réapparaît ! Enfin réunis, père et fils vont voyager jusqu’au village secret des pandas. Po fera la connaissance de certains de ses semblables, tous plus déjantés les uns que les autres. Mais lorsque le maléfique Kaï décide de s’attaquer aux plus grands maîtres du kung-fu à travers toute la Chine, Po va devoir réussir l’impossible : transformer une horde de pandas maladroits et rigolards en experts des arts martiaux, les redoutables Kung Fu Pandas ! Et surtout acquérir et maîtriser le Chi... Toujours aussi drôle, touchante et virevoltante la série Kung Fu Panda ne s'est pas endormie sur ses lauriers. L'animation est surement ce qui se fait de mieux techniquement et le scénario réussit assez intelligemment à aborder les thèmes de la transmission, de l'acceptation de soi et même de l'adoption ( si si ). ROBINSON CRUSOÉ EN AVANT-1ÈRE LE MARDI 19/04 ET DU 20/04 AU 8/05 Film d'animation réalisé par Vincent Kesteloot Belgique 2015 1h30 Scénario de Chris Hubbell Librement adapté de l'oeuvre de Daniel Defoe À PARTIR DE 5 ANS Apprenti cartographe, Robinson Crusoé est un fils de bonne famille qui s’embarque sur un navire marchand dans l’espoir de découvrir le monde. Très vite, sa maladresse juvénile et son allure chétive font de lui la tête de turc des autres membres de l’équipage. Mais la vie de Robinson prend une nouvelle tournure lorsque le navire échoue. Il se retrouve alors seul, échoué sur une minuscule île déserte. Coincé lui aussi sur cette île exotique miniature avec des amis tout aussi excentriques que lui, le perroquet Mak n'a qu'un seul rêve : partir à la découverte du monde. À l'issue d'une tempête terrible, la petite bande découvre une étrange créature échouée sur la plage. Mak est persuadé que le nouveau venu est son passeport pour de nouveaux horizons. Crusoé, lui, comprend qu'il ne pourra survivre sans l'aide précieuse de Mak et ses amis. Si, au début, la communication n'est pas évidente - les animaux ne parlent pas « l'humain » -, tout le monde apprend à se connaître et finit par s'entendre à merveille. Mais voilà que cette belle harmonie est mise à mal par l'irruption de deux chats sauvages avides de soumettre la population de l'île. La bataille qui s'ensuit va permettre à Crusoé et ses amis de découvrir les vertus de l'amitié envers et contre tout (surtout les chats). LE LIVRE DE LA JUNGLE DU 20/04 AU 8/05 Réalisé par Jon Favreau USA 2016 1h36 Version Française Avec Neel Sethi et les voix de Lambert Wilson, Leila Bekhti, Eddy Mitchell, Cécile de France... D'aprés l'oeuvre de Rudyard Kipling POUR TOUS À PARTIR DE 8 ANS Le livre de la Jungle raconte les aventures de Mowgli, un petit homme élevé dans la jungle par une famille de loups. Mais Mowgli n'est plus le bienvenu dans la jungle depuis que le redoutable tigre Shere Khan, qui porte les cicatrices des hommes, promet d'éliminer celui qu'il considère comme une menace. Poussé à abandonner le seul foyer qu'il ait jamais connu, Mowgli se lance dans un voyage captivant, à la découverte de soi, guidé par ses mentors, la panthère Bagheera et l'ours Baloo. Sur le chemin, Mowgli rencontrera des créatures comme Kaa, un python à la voix séduisante et au regard hypnotique, et le Roi Louie, qui tente de contraindre Mowgli à lui révéler le secret de la fleur rouge et insaisissable : le feu. On connaît tous Le livre de la jungle, le dessin animé sorti par les studios Disney en 1967, et oui déjà. Nous l'avons vu enfants, puis nous l'avons montré à nos enfants avec toujours ce même émerveillement et le plaisir intact de retrouver Balloo, Bagheera, le roi Louie et les chansons que l'on se surprend à fredonner longtemps après la fin de la séance. On se demande ce que cette nouvelle version va bien pouvoir donner. Gageons que le grand spectacle sera au rendezvous, au vu des quelques images disponibles jusqu'à maintenant puisque, vous l'avez compris, à l'heure de boucler ce programme nous n'avons pas encore pu voir le film. chocolat 3 DERNIÈRES SÉANCES LES 1er, 13 ET 17/04 Réalisé par Roschdy ZEM France 2015 1h59 avec Omar Sy, James Thierrée, Clotilde Hesme, Olivier Gourmet, Frédéric Pierrot, Noémie Lvovsky, Alice de Lencquesaing, Olivier Rabourdin... Scénario de Cyril GELY, Olivier Gorce, Roschdy Zem et Gérard Noiriel, librement adapté du livre Chocolat clown nègre de Gérard Noiriel. L’histoire a parfois la mémoire qui flanche et sait être douloureusement sélective quand il s’agit de préférer le glamour à de plus tragiques destinées… Par exemple c’est bien le nom de Joséphine Baker qui vient à l’esprit quand on cherche le nom du « premier artiste noir » à avoir fait carrière en France. Joséphine et ses seins nus, son délicieux accent, ses déhanchements ceinturés de bananes. L’histoire a longtemps oublié Rafael Padilla, aussi appelé « le clown Chocolat », qui fut, bien avant Joséphine Baker, le premier Noir à se produire dans les plus grands cabarets parisiens et qui créa un numéro de cirque qui allait lui survivre : celui du clown (blanc) autoritaire et de l’auguste (noir) souffre-douleur. Un duo qu’il forma avec succès pendant près de vingt ans avec Georges Footit, imposant ainsi le modèle inoxydable du couple comique antinomique et complémentaire… C’est son histoire à la fois magnifique et terrible que Roschdy Zem, inspiré par les travaux de l’historien Gérard Noiriel, a choisi de nous raconter. La destinée d’un homme né esclave qui accéda au statut de vedette, qui mena la grande vie à Paris avant de finir seul, malade et oublié de tous, inhumé dans la partie du cimetière de Bordeaux réservée aux indigents, carré M, rangée 7, tombe numéro 2… Tout commence dans la campagne française, dans un tout petit cirque familial. Un cirque et son dompteur, son géant, son nain, sa femme obèse ou à barbe et son nègre dompté. C’est ici que Rafael commence sa carrière, peau et cris de bête, regard effrayant… Un sauvage, dangereux et sans doute cannibale : c’est ainsi que l’homme noir est représenté et perçu par une foule excitée, curieuse et avide de sensations fortes. Et puis il y a le numéro de clown de Georges, un numéro un peu usé qui s’essouffle et ne fait plus rire grand monde. Georges, perfectionniste, passionné, bosseur maladif, sent qu’il doit impérativement se renouveler et c’est alors que lui vient l’idée de génie : détourner Rafael de son rôle de méchant sauvage et l’associer à son numéro de clown. Le grand homme noir maladroit, simple d’esprit, souffre-douleur et toujours servile et le petit bonhomme blanc malin, manipulateur et bien entendu toujours maître de la situation. Un rire discret, puis deux, puis trois, puis cent… l’alchimie fonctionne, la foule a besoin de distraction, de nouveauté et aussi de clichés rassurants : le duo « Footit et Chocolat » est né. Servi par un imparable duo Omar Sy/James Thierrée, soutenus par des seconds rôles écrits et interprétés amoureusement, Chocolat fait rire et fait réfléchir, exalte avec une générosité débordante une fraternité dont nous avons bien besoin. AVANT- 1ÈRE / PETIT-DÉJEUNER DIMANCHE 1ER MAI à partir de 10h45 à Utopia Saint-Ouen (rendez-vous au café Stella à 10h45, séance à 11h15) LE CONCEPT : à vous les croissants, à nous le chocolat chaud et les jus de fruits DOUGH ET À PARTIR DU 4/05 Réalisé John GOLDSCHMIDT Angleterre 2015 1h34 VOSTF avec Jonathan Pryce, Malachi Kirby, Ian Hart, Philipp Davis, Pauline Collins, Jerome Holder… Scénario de Jonathan Besson Les esprits grincheux trouveront sans doute un peu légère cette comédie anglaise qui n’est pas sans rappeler quelques-uns des grands titres qui firent jadis venir les foules à Utopia. C’était le temps de The Full Monty, Joue-là comme Beckam… Les Anglais savent toujours y faire dans la comédie sociale efficace et réussissent, sans grands moyens et souvent sans jamais sortir d’un quartier, à nous brosser le portrait d’une fraternité ordinaire et attachante sans blablater pendant des plombes. Un cinéma modeste à hauteur de gens ordinaires, ni héros ni salauds, pas toujours sympathiques, pas toujours très honnêtes mais toujours authentiques et terriblement humains. Nat Dayan est le patron d’une petite boulangerie aussi casher que familiale, nichée au cœur d’un quartier populaire de Londres dont on pressent bien qu’il sera bientôt amené à disparaître. Un de ces quatre, un promoteur immobilier sans scrupules viendra raser tout ça pour y construire quelques parkings, un centre commercial où la pâtisserie industrielle trouvera sa place entre le rayon bricolage et les légumes sous vide. Fatigué et un peu usé de se lever tous Tarif unique : 3,50 euros les jours aux aurores pour mettre la main à la pâte (dough, c’est pâte en anglais), Nat Dayan ne veut pourtant pas partir en vacances et encore moins prendre sa retraite. Sa boulangerie est toute sa vie et pas question d’arrêter de fournir le quartier et la communauté en brioches, muffins et autres délicieux petits pains. Mais s’il est têtu comme une mule, il demeure lucide sur son état et finit par accepter l’idée de prendre un apprenti. Ayyash n’était pas forcément la personne vers laquelle il se serait spontanément tourné : jeune, noir et musulman pratiquant, autant dire pas vraiment le candidat naturel. Mais Ayyash est le fils de la dame qui vient tous les jours faire le ménage chez Nat, alors après tout, pourquoi pas lui donner sa chance, elle lui assure que c’est un gentil petit gars, travailleur, honnête... Ayyash va se révéler être un apprenti dévoué et très doué, un peu trop doué peut-être… Les deux vont aussi se trouver quelques points communs dans la manière dont chacun prie son Dieu… l’occasion de quelques scènes cocasses. Les mauvaises langues vont bien sûr ce méfier de ce Mohammed venu d’Ethiopie ou d’Arabie, enfin, de ce Noir musulman qui est sûrement aussi un peu terroriste. Mais Nat s’en moque car depuis qu’Ayyash travaille à ses côtés, les ventes ont explosé aussi sûrement que les petits pains se multipliaient si l’on en croit certaines Écritures… et puis comme par miracle, lui-même a retrouvé sa joie de vivre, son rire et l’envie de faire un peu plus attention à lui et aux autres. Bien sûr, tout cela cache quelque chose qui n’est sans doute pas très orthodoxe… Terriblement british par son ton, son humour et tous ses personnages secondaires à la langue bien pendue, Dough est un petit condensé vivifiant d’optimisme et de joie de vivre ensemble qui fait un bien fou par sa simplicité un brin naïve de penser que rien n’est perdu d’avance si chacun prend le temps de dépasser ses préjugés. Au passage bien entendu, le film tord le coup à tous les clichés qui nous polluent le cœur et l’esprit et dénonce enfin les deux plus grands fléaux de l’humanité qui avancent souvent comme deux andouilles main dans la main : l’ignorance et la connerie. DEVANT Utopia TOUS LES VENDREDIS À PARTIR DE 19H A PERFECT DAY JUSQU'AU 5/04 Réalisé par Fernando LEON DE ARANOA Espagne 2015 1h46 VOSTF avec Benicio Del Toro, Tim Robbins, Mélanie Thierry, Olga Kurylenko, Fedja Stukan, Sergi López... Scénario de Fernando León de Aranoa et Diego Farias, d’après le roman Dejarse llover de Paula Farias. Une des grandes réussites de cette comédie géopolitique, au rythme soutenu et millimétré, est l’assemblage hétéroclite de son casting international (mention spéciale à Benicio Del Toro et Tim Robbins, excellents en vieux baroudeurs sans frontières). Il reflète bien celui des ONG et des Casques Bleus, perdus dans les Balkans, assemblage de nations au beau milieu du conflit fratricide de Bosnie-Herzégovine issu de la dislocation de la République Fédérale de Yougoslavie. Jamais leur rôle ne fut autant questionné, et si la comédie est très réussie, A perfect day est aussi une parabole d’une rare acuité sur le « désarroi humanitaire » de ces années-là. L’action est située « quelque part dans les Balkans », l’imprécision géographique de cette histoire renforce sa dimension parabolique et la difficulté des personnages à situer leur rôle au beau milieu de cette guerre. Cette « parfaite journée » se situe quelques jours après la signature des accords de Dayton, en décembre 1995, durant cette période de fin de guerre où règne l’incertitude, les soldats ne sachant pas tous si c’est vraiment fini, les profiteurs de guerre voulant encore se gaver jusqu’au dernier moment, et les civils des ONG, entre deux missions, ne sachant pas si leur rôle est terminé ou non dans cette région du monde. Une équipe comme une autre, d’une ONG comme une autre (« Aids across borders »), essaie de sortir d’un puits un cadavre jeté au fond par des trafiquants d’eau potable. Ils ont vingtquatre heures pour sortir le corps avant que le point d’eau ne devienne inutilisable, mais ils n’ont plus de corde assez solide pour le tirer de là ! Les deux voitures de leur petit groupe vont donc partir à la recherche de cette précieuse corde, véritable fil d’Ariane du récit, sillonnant les lacets des montagnes au son très rock’n roll des cordes de guitare de Marilyn Manson et Lou Reed. Comédie toujours sur le fil, le film ne tire jamais trop sur la corde et, sur fond d’une bande-son endiablée façon « Rock around the Balkans », fait le portrait mélancolique et touchant de ces nouveaux « chevaliers à la triste figure » qui tentent de donner un sens à leur existence dans ces endroits du monde qui n’en ont plus. Qui mieux, à la fin de cette journée parfaite et décidément pas comme les autres, que Marlène Dietrich pour chanter la mélancolie des champs de ruines avec la chanson Where have all the flowers gone ? (« Où sont passées toutes les fleurs ? »). A l'occasion du triste double anniversaire des catastrophes de Tchernobyl et Fukushima, séance exceptionnelle le vendredi 15 avril à 20h30 à Utopia Saint-Ouen en présence de Maryse ARDITI, Physicienne, membre du Directoire Energie de France Nature Environnement, de Marc DENIS, Physicien, membre du Groupement de Scientifiques pour l’Information sur l’Energie Nucléaire et de Nicole & Felix Le Garrec, réalisateurs et acteurs de la lutte de Plogoff. Cette séance est dédicacée à toutes celles et ceux qui ont lutté et qui lutteront contre l'industrie nucléaire. Séance organisée par Europe Ecologie les Verts Cergy avec le soutien du Parti de Gauche et du NPA PLOGOFF, des pierres contre des fusils Réalisé par Nicole LE GARREC documentaire France 1981 1h52 Juste à deux pas de la Pointe du Raz, la Bretagne sauvage, tempétueuse : Plogoff un village rebelle qui marquera à jamais l’histoire du nucléaire pour s’être opposé à l’implantation d’une centrale nucléaire, et pour avoir gagné. Fin janvier 80, l’enquête d’utilité publique sur l’implantation d’une centrale vient d’être ouverte. Les habitants Le mot d'Europe Ecologie les Verts Cergy Dormez tranquilles braves gens, nous veillons sur la sûreté nucléaire et l’avenir énergétique de la France ! Le parc nucléaire français est l’un des plus sûrs au monde nous répètent les autorités depuis 50 ans. Pour preuve il n’ y a pas eu, il n’ y aura pas de Three Miles Island, de Tchernobyl, de Fukushima. C’est aussi un avenir énergétique et industriel radieux. Mais l’avenir s’annonce bien différent. Il ne se passe pas un jour sans une nouvelle difficulté, sans une nouvelle révélation in- font bloc, le préfet du Finistère choisit l’épreuve de force : gardes mobiles puis parachutistes envahissent le village. Pendant six semaines, les 2300 habitants, femmes en tête, harcèlent les troupes. Le jour, la nuit. Les insultes pleuvent comme les pierres, on renverse des détritus et des arbres sur les routes, la résistance fait son chemin, la solidarité s’organise, des gens viennent de toute la région, les villes voisines s’y mettent… Ils seront jusqu’à 60 000, épaulés par les écologistes du Larzac, sous les bombes lacrymogènes et les charges des forces de l’ordre. quiétante voire alarmante. Retard de construction des réacteurs EPR en Finlande et à Flamanville, coûts qui explosent de 3 à 10 milliards, couvercles des cuves qui présentent des défauts … L’Etat qui, avec EDF, s’entête à vouloir prolonger la durée d’exploitation d’un parc vieillissant qui montre de plus en plus de dysfonctionnement. La dernière révélation en date : la fiabilité « dégradée » des groupes électrogènes de secours des réacteurs nucléaires. Une filière qui ne sait comment traiter les déchets du combustible et des démantèlements à venir, et qui prévoit d’ouvrir un centre d’enfouissement en couche géologique profonde (qui pose de nombreuses questions technologiques et dont le coût est sous estimé) etc … Toute la filière est en difficulté : des investissements faramineux de mise aux normes à réaliser qui mettront EDF dans une situation financière délicate ; mais aussi AREVA qui est en déficit pour la 4éme année consécutive. C’est un magnifique témoignage, filmé de part et d’autre de la barricade, l’histoire belle et forte d’une poignée de bretonnes et de bretons qui refusèrent ce que d’autres ont tenu pour inéluctable : Plogoff ne deviendra pas l’une des poubelles radioactives de l’Europe. Alors on continue la fuite en avant ou on change de cap ? JEUDI 14 AVRIL à 20h30 au Royal Utopia de Pontoise : « Royal Opera House au Royal Utopia » : 5ème rendez-vous BORIS GODOUNOV Projection en différé du spectacle présenté au Royal Opera House de Londres Opéra en 7 scènes Musique et livret de Modeste Petrovitch Moussorgsky d’après la tragédie historique de Alexandre Sergueïevitch Pouchkine DURÉE : 2H15 (SANS ENTRACTE) • Tarification spéciale : Tarif normal : 13 euros • Tarif réduit : 8 euros (enfants et jeunes jusqu’à 14 ans, étudiants, demandeurs d’emploi) - Les tickets Utopia ne sont pas acceptés - Direction orchestrale : Antonio Pappano Mise en scène : Richard Jones Distribution: Bryan Terfel (Boris Godounov) Kostas Smoriginas (Adrey Schelkalov) Jeremy White (Nikitich) John Graham-Hall (Prince Vasily Ivanovich Shuisky) L'histoire : Après la mort d’Ivan le Terrible, le boyard Boris Godunov est nommé régent – Le fils aîné d’Ivan, le Tsar Fédor, est faible physiquement et mentalement et son plus jeune fils, Dimitri, n’est encore qu’un bébé. À l’âge de 8 ans, Dimitri meurt dans des circonstances mystérieuses, et nombreux sont ceux qui pensent que Boris a organisé son meurtre. Une fois Fédor décédé lui aussi, il n’y a plus d’héritier direct au trône, et Boris devient le candidat favori pour devenir le prochain tsar. LE PROGRAMME DE LA SAISON • LUCIA DI LAMMERMOOR : jeudi 26/05 • WERTHER: jeudi 21/07 royal orchestra DU 4 AU 10/05 Réalisé par Heddy HONIGMANN documentaire Pays-Bas 2015 1h34 VOSTF avec le chef et les musiciens du Royal Concertgebouw Orchestra (RCO) d’Amsterdam... Le tour du monde en cinquante concerts ! Ainsi s’appelait dans un premier temps cet incroyable documentaire, d’une simplicité vraie, qui nous a tous emballés au Festival de La Rochelle, avant d’être débaptisé. On aimait ce premier titre : Le tour du monde en cinquante concerts… Comme un petit clin d’œil à Jules Vernes qui disait bien la patte espiègle et subtile de la réalisatrice Heddy Honigmann. D’un travail de commande (passée par le prestigieux Royal Concertgebouw Orchestra d’Amsterdam pour célébrer ses 125 ans) elle a réussi à faire une véritable aventure de vie qui se déguste comme un roman ! Ce n’était pourtant pas gagné d’avance : comment filmer la tournée internationale de cet organisme presque tentaculaire (une tête qui dirige et de multiples bras : plus de cinquante musiciens) et en faire une œuvre vivante, cohérente, originale, qui tienne le spectateur en haleine ? Comment trouver des plans d’attaque originaux, ne pas sombrer dans le « déjà vu » ? Heddy Honigmann réussit tout cela avec brio et dirige sa caméra avec les gestes précis et limpides d’un véritable chef d’orchestre. Toujours à capter la petite chose, le menu détail qui en disent plus long que bien des discours et ménagent des moments de respiration joviaux ou tendres. Son plaisir indéniable derrière la caméra est immédiatement perceptible, communicatif et jamais elle ne se met en avant. Cinéaste discrète, marionnettiste de l’ombre, qui nous entraîne avec bonheur dans les coulisses, l’intimité des virtuoses et même celle de leurs plus modestes admirateurs. La musique devient plus qu’un simple loisir, elle est un art de vivre démocratique, presque une philosophie. Elle est aussi un langage à part qui relie entre eux les mélomanes venus de tous horizons. De Saint Pétersbourg à Buenos Aires en passant par Soweto… Heddy ne se contente pas de survoler les sujets et en peu de plans elle brosse un contexte politique, humain… passionnant. Première séquence : mais quel est ce petit point insignifiant sur cette grande scène, perdu au milieu de cet immense opéra vide qui semble l’engloutir ? Voilà le percussionniste de cette formation symphonique ! Et c’est fort malin de commencer par lui. Le bougre parle de son boulot avec tant d’humilité et de drôlerie que, d’un coup de baguette, il brise la glace et un mythe. La grande musique n’est pas une affaire d’élite, elle est aussi accessible aux petites oreilles, celle des obscurs, des sans-grade. Elle est avant tout une merveilleuse aventure à la portée de tous. On finirait même par croire qu’un jour elle parviendra à briser les ridicules frontières érigées par la petitesse des hommes ! KEEPER DU 20/04 AU 3/05 Écrit et réalisé par Guillaume Senez Belgique / France 2015 1h35 Avec Kacey Mottet Klein, Galatea Bellugi, Sam Louwyck, Catherine Salée... Maxime et Mélanie ont 15 ans. Ils s’aiment comme on s’aime à cet âge, d’une façon à la fois intense et désinvolte. Ensemble, ils explorent leur sexualité avec fougue et maladresse. Jusqu’au jour où Mélanie annonce à Maxime qu’elle est enceinte. La nouvelle est un coup de tonnerre pour le jeune garçon. Sa première réaction est instinctive : ils ne peuvent pas garder l’enfant, mais peu à peu l’idée de devenir père fait son chemin chez lui et c’est lui qui va pousser Mélanie à conserver leur bébé. Mais pour des ados de 15 ans, la décision n’est pas sans conséquence : la mère de Mélanie n’est pas prête à voir sa fille suivre sa voie chaotique et Maxime qui se destine à une carrière de footballeur pro aura-t-il les épaules assez larges pour donner à son fils la vie qu’il mérite ? Premier film de Guillaume Senez, Keeper propose a priori un thème déjà vu au cinéma. A priori seulement. Dans les faits, le jeune réalisateur surprend en posant sur la grossesse un point de vue masculin, celui de Maxime qui est le véritable point d’ancrage du film. Contrairement à Juno par exemple, un film qui vient immédiatement à l’esprit en lisant le synopsis de Keeper, Mélanie est ici influencée par le regard que Maxime porte sur elle et sa maternité. On sent bien qu’elle est tellement amoureuse qu’elle remet difficilement en question les envies et les décisions de son copain. Au point de résister à la pression de sa mère et d’accepter une expérience désagréable dans le seul but de satisfaire son petit ami. Maxime n’est pas un salaud manipulateur. C’est juste un jeune un peu plus charismatique que la moyenne, fougueux aussi, qui exerce une fascination sur celle qui l’aime. Le problème est que du haut de ses 15 ans, Maxime n’a pas non plus les idées très claires. Même s’il est moins irresponsable que Bruno (Jérémie Renier), héros de L’Enfant des frères Dardenne, une autre référence qui vient à l‘esprit ici, il a forcément du mal à appréhender rationnellement l’idée d’être père et d’imaginer la compatibilité entre ce nouveau statut et son rêve un peu fou, mais vaguement accessible, de devenir le gardien de but (Keeper) d’une équipe de football de haut niveau. D’un côté, le confort que lui apporterait cette réussite sportive lui permettrait de gérer cette vie de famille déjà atypique, de l’autre le long chemin difficile qui pourrait le conduire jusqu’aux plus grands stades est un véritable obstacle à cette précoce paternité. Le dilemme est intéressant et mené ici avec énormément de sensibilité, sans manichéisme ni ligne directrice nette, au gré des émois, des angoisses et des élans d’enthousiasme des jeunes protagonistes. La dynamique du duo voulu par Guillaume Senez est le moteur de l’intrigue, mais les parents (divorcés) de Maxime et la mère célibataire de Mélanie pèsent aussi de tout leur poids dans la balance. Ces personnages extrêmement bien caractérisés accentuent les flux et reflux de cette valse-hésitation lancinante. Ni comédie, ni film social misérabiliste, ni pensum moralisateur, Keeper est un instantané réaliste et émouvant de l’existence de deux ados confrontés à un choix de vie majeur. Car, et c’est là la force du film, son atout essentiel, il est d’un naturel saisissant rarement vu sur grand écran. Cette exceptionnelle spontanéité est surtout due au talent inné de comédiens triés sur le volet : constamment justes, pertinents et attachants. (...) Par son naturalisme sidérant, l’universalité de son sujet, son traitement unique et l’interprétation superlative des cinq comédiens principaux (et des plus petits rôles aussi ce qui n’est pas si courant), Keeper est une formidable pépite, intense, et pleine d’énergie, un film fascinant qui, au-delà de son sujet, annonce la naissance d’un nouveau grand cinéaste doté d’une vision et d’une forte personnalité. Un cinéaste, quoi…. Guillaume Senez, notez ce nom : vous n’avez pas fini d’en entendre parler. ( cinevox) MAGGIE A UN PLAN À PARTIR DU 27/04 Écrit et réalisé par Rebecca MILLER USA 2016 1h38 VOSTF avec Greta Gerwig, Ethan Hawke, Julianne Moore, Bill Hader, Maya Rudolph... La Maggie du titre est une adorable tête de linotte, un peu rêveuse, lunaire, un brin gaffeuse, ce qui provoque parfois des situations loufoques et hilarantes. Bien vivante avec son autodérision et ses taquineries, elle semble parfois ailleurs, promenant sur le monde des yeux écarquillés, perpétuellement étonnés, comme dans l’attente d’une chose qui ne se produit jamais. Tiens par exemple : les mecs… Comment faire pour en garder un ? Un qui lui corresponde, la soutienne, la supporte, avec lequel tout serait rose et limpide. Bien sûr il y a Tony et son amitié indéfectible, Tony qui n’abdique jamais, tel un scout toujours prêt à lui tendre une oreille, une main, ou une épaule sur laquelle se reposer. Un « ex » grand teint et grande classe, magnanime et perspicace, qui reste envers et contre tout attaché à cette blondinette que la stabilité affective semble fuir de manière chronique. Elle lui confie tout, jusqu’aux détails les plus intimes et improbables. Lui tente de jouer les mentors, les directeurs de conscience tout en charriant Maggie à longueur de temps, histoire de lui remettre les idées en place. Entre eux c’est pas du réchauffé, du tiède, c’est du tac au tac et Felicia, la propre compagne actuelle de Tony, se prend aussi au jeu. Toujours à épauler cette sorte de petit poussin romantico-comique, à lui fournir un coin de table ou un nid douillet pour panser ses désillusions. Mais Maggie ne se laisse pas abattre longtemps et refuse que ce fichu destin préside à sa place. Si le prince charmant n’arrive pas, elle peut très bien s’en passer, et avoir un bébé sans lui ! Et pourquoi faire simple quand on peut pimenter sa vie de scénarios alambiqués ? Voilà Maggie en train d’échafauder un de ces plans décalés dont elle a le secret tandis que Felicia et Tony finissent par se faire une raison. Mais évidemment, entre les rêves et la réalité, celui qu’on croyait écarté, sieur Destin en personne, ne va avoir de cesse que de revenir pointer son nez pour tout chambouler. Quand Maggie rencontre John dans le bureau d’une employée de bureau grincheuse de la fac où ils sont tous deux professeurs, y’a comme une sorte de petite étincelle. John (le trop séduisant Ethan Hawke) se prend d’amitié pour cette jeune femme à l’allure enfantine, si drôlement fagotée dans des tenues pittoresques qui oscillent entre puritanisme et coloris improbables qui lui correspondent si bien. Il se grise de ses mots, de son regard si compréhensif et attentif. Et peu à peu il se confie, parle de sa morne vie en ménage où il étouffe face à son épouse Georgette trop parfaite (il n’y a pas d’autre mot pour Julianne Moore !). Georgette est brillante, organisée, directive… l’antithèse de notre Maggie perpétuellement indécise. Mais, même si cette dernière compatit avec John, n’a d’yeux que pour lui, rien ne la détourne de sa décision : il ne fait pas partie de son plan. Celui qui en fait partie c’est un vendeur de gros cornichons au look néo-rural, qui semble être descendu de sa campagne sans passer par la case rasage, pas de ceux qu’on imagine en train de traîner dans les beaux quartiers new-yorkais… Voilà, vous connaissez maintenant quelques personnages mais vous vous doutez bien qu’on n’en dira pas plus sur cette délicieuse comédie, fraîche et enjouée, légère comme une brise de printemps. Faut pas s’en priver ! SEULS LES ANGES ONT DES AILES DU 27/04 AU 10/05 (ONLY ANGELS HAVE WINGS) Réalisé par Howard HAWKS USA 1939 2h01 VOSTF Avec Cary Grant, Rita Hayworth, Jean Arthur, Richard Barthelmess… Scénario de Jules Furthman et Howard Hawks. Le film préféré des cinéastes de la Nouvelle Vague (les fameux «hitchcockohawksiens »). Le meilleur rôle de Cary Grant, qui pourtant en a eu beaucoup. Et surtout, une sacrée tragi-comédie d’aventures exotiques dont, curieusement, les enseignements peuvent s’appliquer à tous, dans toutes les situations. Seuls les anges ont des ailes, un chefd’œuvre ? Vous plaisantez, bien plus que ça… Après l’échec public de L’Impossible Monsieur Bébé, Hawks plaque la RKO et s’en va proposer une histoire à la Columbia. Un seul scénariste est crédité (le fidèle Jules Furthman, qui écrira Rio Bravo et une poignée d’autres films pour le cinéaste), mais il y eut trois autres collaborateurs et, surtout, les souvenirs de Hawks lui-même. Pendant le tournage de Viva Villa !, cinq ans plus tôt, il avait observé une petite compagnie aérienne mexicaine : pilotes américains plus ou moins alcoolisés, conditions de sécurité tout à fait précaires, atmosphère d’émulation et de camaraderie. Hawks, lui-même pilote, et amateur de sports mécaniques en général, les côtoie avec envie. Ce sera le sujet de Seuls les anges ont des ailes, et c’est bien un sujet pour lui : soit Cary Grant, raide comme la justice, dirigeant dans un port tropical une poignée de gringos intrépides, les héros de l’Aéropostale locale, chargés de passer le courrier à travers les Andes dans des coucous qui ne montent pas assez haut… Pas de tour de contrôle, mais un rade qui fait office d’hôtel-bar-bureau de la compagnie et où, au fond, tout va se passer. Et quand on dit tout, c’est tout : amours perdues qui refont surface (Rita Hayworth, débutante, revient draguer Cary Grant, qu’elle a plaqué quelques mois plus tôt), nouvelle conquête potentielle (Jean Arthur, la star des films de Frank Capra, un peu dépaysée dans l’humour à froid hawksien), héroïsme et trahisons en tout genre. Il y a des scènes d’action dans Seuls les anges ont des ailes : des maquettes d’avion, des atterrissages spectaculaires, quelques moments dans la cabine — y compris l’intrusion d’un oiseau en plumes délogé par les oiseaux en acier —, mais l’essentiel est ailleurs, chez ceux qui, au sol, attendent les pilotes partis dans la purée de pois ou l’orage, cohabitent plus ou moins facilement, s’aiment et se chamaillent à répétition. L’amitié masculine, le groupe et ses rites initiatiques (qui excluent ou accueillent ), l’amour et son désordre, plus intimement le courage ou la peur : le film explore ces thèmes et ces émotions jusqu’à devenir une véritable leçon de vie. Car ce sont des hommes au travail ; et la petite compagnie aérienne, Barranca Airlines, est une entreprise comme une autre, avec ses règles qu’il ne faut pas enfreindre, ses employés «placardisés » qui cherchent à se racheter (Richard Barthelmess, dans le rôle d’un pilote traînant la malédiction d’un accident dont il a réchappé), ses types qu’on pousse vers la retraite (le meilleur pote de Cary Grant, dont la vue baisse inexorablement), et, au centre, le manager charismatique, le chef qui aime et châtie mais fait lui, quand il le faut, le sale boulot. Cary Grant est exceptionnel : on l’a connu (et on le connaîtra souvent) séducteur blagueur, ahuri gaffeur et même play-boy vieillissant. On l’a rarement vu incarner ainsi la maîtrise : maîtrise de lui-même et du métier où il excelle, esprit hyper vif sachant réagir à toutes les situations, assurance jusqu’à l’arrogance. La petite Jean Arthur, qui tombe amoureuse de lui au premier regard ou presque, s’attaque, comme les pilotes, à une montagne de glace, un cœur brisé — par Rita Hayworth — qu’il faut raccommoder, un orgueil effarant qu’il faut apprivoiser. Elle en avalera des couleuvres jusqu’à un dénouement magnifique, qu’on ne vous révélera pas — l’un des aveux amoureux les plus singuliers de l’histoire du cinéma. On vous le répète : dans ce film, il y a la vie tout entière. Aurélien Ferenczi (Télérama). SUNSET SONG DU 30/03 AU 12/04 Écrit et réalisé par Terence DAVIES GB 2015 2h16 VOSTF avec Agyness Deyn, Peter Mullan, Kevin Guthrie, Jack Greenlees, Ian Pirie... D’après le roman de Lewis Grassic Gibbon C’est un cinéma que les tenants de la modernité à tout prix pourraient qualifier de désuet s’il n’atteignait pas le sublime dans sa précision du romanesque et dans sa mélancolie lyrique. Du cinéma anglais à la fois littéraire (on croirait, en regardant et en écoutant le film de Terence Davies lire ou relire du Henry James : même si James était américain, il était plus britannique que nature, au point de prendre la nationalité de la reine Victoria peu avant sa mort), et organique tant le cinéaste est viscéralement attaché aux terres grasses du nord de l’Angleterre et de l’Ecosse. Un cinéma comme pouvait le fignoler un David Lean. Un cinéma d’une maîtrise totale où les harmonies de couleurs et la bande son vibrent à l’unisson des sentiments tour à tour heureux puis tourmentés des personnages. Nous sommes un été au début du 20ème siècle dans le comté rural d’Aberdeen, au nord de l’Ecosse. Le film s’ouvre magnifiquement sur les champs de blé dorés ondulant au vent sur une colline surplombant un lac qui reflète les paysages rudes et splendides des Highlands. C’est la fin des cours et Chris Guthrie, jeune fille de la petite paysannerie, est malgré tout pleine d’espoir car, élève brillante, elle peut légitimement aspirer à devenir institutrice. Mais le soleil, s’il illumine le cœur des jeunes filles en vacances, entre peu dans la maison des Guthrie, où John, le père et tyran domestique, fait régner une discipline de fer sur toute la famille, notamment le frère aîné de Chris, Will, souffre-douleur parce que rebelle à l’autorité. Quant à la mère, bien que déjà d’âge mur, elle est contrainte par son mari d’enchaîner les grossesses nullement désirées. Et rapidement, alors que Will va choisir la liberté et l’exil en Argentine, alors que la mère va mourir en couches, et le père subir une attaque, le destin et les espoirs de Chris vont basculer. Comment la jeune fille brillante et lucide va-t-elle pouvoir affir- mer sa liberté dans ce carcan ? Résisterat-elle à la pression des prétendants et au mariage, étape obligée si elle en croit tout son entourage ? Dans le même temps se déclare la guerre avec l’Allemagne et la mobilisation se précise pour les hommes du village... Sunset song est une description brutale mais superbe de l’Ecosse rurale et puritaine du début du siècle, et l’amour du réalisateur pour cette terre parfois ingrate transparaît à travers chaque plan. Une terre travaillée par des paysans exploités dont le réalisateur magnifie la solidarité, les traditions, sans édulcorer leurs travers, leurs violence, leur misogynie. De cet univers rude se dégage un magnifique personnage de femme (intensément incarnée par la formidable Agyness Deyn, d’une beauté hors du temps), prise dans la tourmente de ses sentiments ambivalents, entre son désir d’accomplissement et la soumission plus ou moins consentie au poids des conventions étouffantes. Terence Davies filme avec une égale ampleur les champs de blé et les champs de bataille, avec une égale précision les intérieurs étouffants et les scènes de groupe, il joue en virtuose des couleurs et des ambiances musicales, nous chavirant le cœur quand s’élèvent les chants écossais mélancoliques, au son des cornemuses évoquant les temps heureux disparus ou les hommes partis loin de leur terre. IN JACKSON HEIGHTS LES VENDREDIS, SAMEDIS ET DIMANCHES DU 22/04 AU 1er/05 Frederick WISEMAN documentaire USA 2016 3h10 VOSTF Alors que les chaînes d’info font leur choux gras d’une des campagnes présidentielles les plus puantes que les EtatsUnis aient connues – avec son clown peroxydé, outrancier, raciste et misogyne en meneur de revue –, le grand Frederick Wiseman nous donne une magnifique lettre d’amour à ce pays de contrastes. Et ça fait un bien fou. Malgré Donald Trump, malgré les flics pères la bavure, malgré les armes en vente libre qui tuent quotidiennement, on n’a qu’une envie à la fin de In Jackson Heights : rejoindre la grosse pomme et plus particulièrement ce petit quartier new yorkais qui nous réconcilie avec l’Amérique qu’on aime. In Jackson Heights c’est, en trois petites heures qui ne doivent pas vous effrayer parce qu’elles passent comme un charme, la plongée au cœur de la vie de ce quartier niché dans le Queens, un peu à l’écart de l’effervescence économique et mondaine de Manhattan, quelque part de l’autre côté de l’East River. Frederick Wiseman est le roi de l’immer- cité : Jackson Heights, pourtant bien loin des célèbres quartiers gays de Chelsea ou Hell’s Kitchen, fut un des premiers quartiers à avoir sa parade LGBT, sous l’impulsion justement de Daniel Dromm, un des premiers à faire une place aux sion documentaire, toujours sans com- transsexuels, la plupart hispanophones. mentaire, presque toujours sans interview, juste sa caméra qui pénètre au cœur Le montage virtuose et malicieux de Fredes situations et des conversations, qui derick Wiseman montre avec jubilation se fait discrète voire invisible. Wiseman a cette diversité : des petites grands-mèfilmé avec une empathie communicative res WASP parlent des cimetières oubliés les lieux ou les institutions les plus divers : devant un thé et peu après c’est au tour des asiles, les coulisses de l’Opéra de Pa- des transgenres d’évoquer l’indifférence ris, la National Gallery, une salle de boxe, policière face à l’homophobie, avant l’université de Berkeley… Il a aussi filmé de retrouver quelques survivants de la des communautés tout entières, avec un Shoah au fond d’une synagogue. Cette regard parfois acide comme dans Aspen, balade a un charme fou, elle pourrait être portrait de la célèbre station de ski du quelque peu anecdotique si Wiseman ne Colorado, paradis de la jet set, ou un re- mettait pas en évidence, comme un fil digard plus tendre comme c’est le cas ici. recteur, les dangers qui pèsent sur cette Jackson Heights est un exemple étonnant harmonie fragile, notamment la spécudu vivre ensemble : pas moins de 167 na- lation immobilière qui menace d’exprotionalités s’y côtoient, avec régulièrement prier des petits commerçants installés là de nouveaux arrivants. Et le choix de Wi- depuis plusieurs décennies au profit de seman de débuter le film sur des ima- grandes enseignes plus lucratives. Face ges de jeunes Musulmans au sein d’une à cette gentrification rampante, on voit école coranique n’est pas innocent, dans émerger une tentative de résistance, la un pays où le spectre du 11 Septembre construction d’une démocratie locale en a généré une intense paranoia islamo- action. Wiseman réussit ainsi plusieurs phobe… Jackson Heights est aujourd’hui paris : nous faire découvrir un petit bout devenu un quartier majoritairement latino, d’Amérique fier de sa diversité et respecavec de fortes communautés colombien- tueux de ses différences, nous alerter sur nes et portoricaines, auprès desquelles ce qui peut le menacer – en premier lieu vivent des minorités pakistanaises, ti- la course aux profits – et enfin nous monbétaines… sans parler des descendants trer comment la démocratie peut prendre des premiers immigrants italiens ou irlan- des chemins de traverse, bien loin de la dais, comme son chaleureux maire Da- politique-spectacle des Trump, Clinton et niel Dromm. À cela s’ajoute une spécifi- consorts. La séance du vendredi 22 avril à 20h30 à Utopia St-Ouen l'Aumône sera suivie d'un repas indien préparé par le restaurant Shalimar de Pontoise ( 13 place du Petit Martroy ). Prévente obligatoire pour la formule repas + film au tarif unique de 16 euros aux caisses d'Utopia jusqu'au mercredi 20 avril • Possibilité d'assister au film seul aux tarifs habituels sous réserve des places disponibles LA SAISON DES FEMMES DU 20/04 AU 10/05 Écrit et réalisé par Leena YADAV Inde 2015 1h57 VOSTF avec Tannishtha Chatterjee, Radhika Apte, Surveen Chawla, Lehar Khan... Quel film réjouissant, avec un ton qui oscille constamment entre Bollywood chatoyant et séduisant pamphlet féminin, pour ne pas dire féministe ! Un cri de guerre joyeux au service des femmes mais aussi des hommes, tout autant prisonniers qu’elles des règles de convenance imposées par leur société patriarcale. Cet effeuillage candide nous livre les dessous d’une Inde contemporaine très éloignée de nos images d’Épinal occidentales. Non content de nous faire passer un agréable moment, La Saison des femmes remet les pendules à l’heure efficacement. Trop ? Le comité de censure indien va-t-il accepter sa diffusion dans son pays ? C’est déjà un petit miracle que le film ait vu le jour : entre les producteurs qui refusaient de le soutenir, les villages qui ne voulaient pas accueillir un tournage dirigé par une femme plus adepte du port des pantalons que du voile… Mais Leena Yadav n’a jamais baissé les bras, comme ses personnages, ces terribles drôlesses qui vous feront tourner la tête. Il y a Rani, la toujours sage, celle qui s’étiole dans une morne tenue de jeune veuve et peine à élever seule son insupportable fiston. Il y a Bijli, la délurée, celle dont le métier est de se trémousser, d’émoustiller ces messieurs, voire un peu plus à la demande de son patron. Entre les deux femmes : un monde ! Et pourtant Rani refuse, malgré l’opprobre de son entourage, de renier cette amitié « contre nature », construite dans les ferments de l’enfance. Cette façon de résister, de tenir tête, c’est peut-être un de leurs points communs les plus forts. Chacune a réussi à s’émanciper de l'autorité d’un homme : l’une en n’en ayant aucun, l’autre en les ayant tous. Pourtant, sous leur carapace d’amazones indomptables, toutes deux partagent ce désir inavoué de l’autre, la même sensualité, une soif inextinguible de romantisme. Les hormones qui les titillent, torrides, poussent leurs corps à exulter. Oser rêver de s’échouer sur des rivages voluptueux d’un monde de jouissances et de libertés inaccessibles aux femmes ? C’est déjà franchir bon nombre d’interdits. Bijli et Rani représentent tout un pan de la population féminine de leur pays, mais le tableau resterait incomplet sans Lajjo, la femme maltraitée par un mari qui lui reproche sa stérilité ; et sans la toute jeune Lehar Khan, qui incarne à elle seule le cercle vicieux que chaque génération a tendance à reproduire. Celui dans lequel s’enferre Rani en voulant la marier avec son propre fils, faisant subir aux deux jeunes ce qu’elle a dû endurer jadis à son corps défendant. Difficile de sortir des schémas que la pression sociale martèle sans arrêt. Pourtant la bande des quatre (Rani, Bijli, Lajjo et Lehar) va s’enhardir peu à peu et devenir un quatuor explosif, vibrant, exalté. Si elles n’ont pas encore les mots pour la décrire, sourd une saine révolte grisante, radieuse. Sentir le vent dans ses cheveux, déposer son voile, mettre les voiles… Tant de choses à expérimenter, à inventer. Certes, en face ils ont la puissance pour les rappeler à l’ordre, mais qu’est-ce que la puissance face à la force que donne le sentiment de n’avoir rien à perdre ? SAINT AMOUR JUSQU'AU 05/04 Écrit et réalisé par Benoît DELÉPINE et Gustave KERVERN France 2016 1h42 avec Gérard Depardieu, Benoît Poelvoorde, Vincent Lacoste, Céline Sallette, Gustave Kervern, Solène Rigot, Michel Houellebecq... Au départ il y a Jean (Gérard Depardieu, grandiose), éleveur de bovins de compèt, et son fils Bruno (Benoit Poelvoorde, formidable avec le cheveu gras collé) qui participent comme tous les ans au Salon de l'agriculture dans l’espoir que la médaille tant espérée viendra enfin récompenser leur magnifique taureau. Mais Bruno n’y est pas... Tout ça le déprime. Il a la bonne quarantaine, bosse tout le temps dans la gadoue, se prend des vestes dès qu’il approche les filles et il n’est pas question pour lui de reprendre la ferme familiale. La seule chose qui le console, c’est de profiter de cette semaine parisienne pour faire la route des vins ….. à l’intérieur du salon... éclusant un à un tous les stands de dégustation représentant les vignobles des régions françaises. Face à cette situation pathétique, Jean va prendre les choses en main et embarque son grand fiston dépressif pour une vraie route des vins dans le taxi de Mike (Vincent Lacoste, parfait), jeune frimeur parisien, mythomane patenté. Un road movie très couteux mais très drôle pour le père et le fils qui vont ainsi renouer les liens au fil de rencontres détonantes : avec une jeune serveuse obsédée par la dette abyssale de la France, un hôtelier airbnb très inquiétant (Michel Houellebecq très très flippant), une cavalière pré-ménopausée en recherche immédiate de géniteurs... Tout ça agrémenté de bitures légendaires. Le film réussit à concilier des scènes hilarantes, parfois délicieusement borderline, et des séquences d’émotion pure, notamment celles où le fils et le père se rapprochent envers et contre tout, ou encore celle où la superbe Céline Sallette chevauche le long de la Seine. Et surtout derrière cette truculente comédie, surgit un des plus beaux hommages qui soient au monde paysan, à son courage, son sens de l’abnégation et de la transmission. LES OGRES DU 6 AU 19/04 Réalisé par Léa FENHER France 2015 2h24 avec Adèle Haenel, Marc Barbé, François Fehner, Marion Bouvarel, Inès Fehner, Lola Dueñas... Léa Fenher nous avait bouleversés avec son premier film Qu’un seul tienne et les autres suivront, elle nous en offre un second dans un tout autre registre. Les Ogres ! Voilà un titre rudement bien choisi, qui colle aux personnages pantagruéliques de cette fable un brin amorale et à plusieurs vitesses. Ils croquent la vie à pleines dents, sans se retourner sur leurs ravages : à quoi bon ? Cela fait partie de la nature de ces grands insolents qui n’ont pas renié la folie de leur enfance. Baladins sur scène comme dans la vie, ils surgissent d’on ne sait où, sautant de ville en village, de scènes en plateaux, de sourires en crises – de rire, de colère comme de larmes. Ils osent tout, de la tendresse à l’hystérie, se jurant toujours de ne jamais abdiquer leur liberté. Ils bousculent le monde et s’étonnent de le voir se fâcher ! On ne sait si on doit les haïr ou les aimer, mais peut-être est-ce au fond un peu la même chose, tant l’amour et la haine peuvent être des sentiments dévorants. Et si Léa Fenher les dépeint avec autant d’humour et si peu de complaisance, si elle ose les chatouiller et les égratigner jusqu’à la mœlle épinière, c’est qu’il coule en elle le même sang. Être une ogresse et l’assumer fait partie de ses gènes. C’est comme un exorcisme aux vertus libéra- toires qu’elle nous offre là. Elle semble avoir chaussé ses yeux de petite fille pour filmer avec émerveillement l’exubérance déconcertante de ces géants, ces monstres de scène, ces adultes qui peuplèrent son enfance pour le pire et le meilleur, à commencer par ses propres parents. Elle aurait pu se contenter d’en tirer une plate autobiographie ? Mais non ! Il fallait un défi à la démesure de sa tribu sans renier l’infidélité de ses souvenirs travestis par le temps, s’en servir au contraire, comme d’une trame pour broder, repeupler, réinventer un univers, en faire cette pure fiction, cette allégorie prise dans les feux de glace du rêve et de la réalité. Nous voilà engloutis par ces grandes gueules d’artistes, émus ou énervés par leurs débordements qui questionnent nos tiédeurs, nos docilités. Drôle de road-movie perpétuel que celui de la troupe du Davaï, théâtre itinérant où il faut, à chaque étape, se lancer dans un rituel éternellement renouvelé. Planter le chapiteau, aller appâter le chaland : faire la parade quoi qu’il arrive ! Donner le change même si le temps ou quelques-uns font grise mine. C’est comme un sacerdoce païen, grivois, libertaire. Un engagement au service d’un art populaire où l’on rend la culture à la rue. La gravité, les grands mots camouflés sous le voile de farces légères, voilà nos saltimbanques prêts refaire le monde sans trop d’illusion. C’est une vie de bohème tout à la fois exaltante et éprouvante dans laquelle François, le fondateur de la troupe, a entraîné femme, enfants, comédiens et, dans leur sillage, une ribambelle de loupiots incontrôlables, à l’instar de leurs aînés. Une famille d’adoption qui protège mais où l’on n’échappe jamais tout à fait au regard des autres. Ici tout se sait et on rigole de tout, sinon on boit pour oublier. En tout cas on ne fait rien dans la mesure. Alors, même s’il les tait, le chagrin qui traverse le cœur de Monsieur Déloyal, sa capacité d’autodestruction, n’échappent pas à ses pairs. Et quand il va merdoyer ferme, c’est toute la tournée et l’équilibre de la compagnie qui vont en être affectés. Puis l’arrivée de la pétillante Lola, son passif avec Marion, la compagne de François, va finir par rendre la situation explosive… Séance unique le mardi 12 avril à 20h30 à Utopia St-Ouen l'Aumône en présence du réalisateur Edouard Mills-Affif organisée par le Collectif antifasciste du Val d'Oise avec le soutien du NPA, du Parti de Gauche BASSIN MINÉ Film documentaire d’Edouard MILLS-AFFIF France 2014 1h18 C’est la suite d’une passionnante et flippante saga : celle d’une catastrophe annoncée, d’un naufrage de la démocratie savamment orchestré, avec à l’abordage des méchants pirates mais aussi des marins qui ont saboté eux mêmes leur bateau. L’histoire d’une petite commune du Nord - Pas de Calais, pardon désormais des Hauts de France, qui, pourtant forte d’une tradition ouvrière et militante comme tout le bassin minier environnant, s’est donnée par les urnes à l’extrême droite. L’histoire du basculement idéologique et sociologique de toute une population autrefois acquise aux idées de gauche et à l’espoir des lendemains qui chantent. Le cinéaste Eduard Mills-Affif avait dès le début des années 2000 suivi l’ascension d’un militant du FN, Steeve Briois. Dans Au Pays des Gueules noires, La Fabrique du Front national, il montrait comment Briois et un de ses amis, reprenant les techniques éprouvées autrefois par le Parti communiste, quadrillaient consciencieusement les quartiers en un porte à porte inlassable et bienveillant alors que les partis de gauche, trop sûrs de leur ancrage, semblaient se désintéresser de leurs électeurs. Et ce alors que la crise économique, la fermeture dans des conditions scandaleuses (on inventa alors le terme de patron voyou) de la grande usine Metaleurop plongeaient dans le désarroi et la désespérance des générations entières, d’autant que la classe politique semblait incapable de faire face au désastre. A cela s’ajoutera un scandale monumental de gestion frauduleuse et de malversations de la part de l’ancien maire socialiste. Edouard Mills-Affif est revenu en 2012 alors que le ténor de la gauche de la gauche, Jean Luc Mélenchon, s’apprêtait à affronter aux législatives Marine Le Pen, installée politiquement dans la ville et la région depuis quelques années. Alors que, dans le premier film, le réalisateur suivait la conquête par les militants FN du cœur et du vote des Héninois, il a choisi cette fois, lassé du regard des médias réduisant Henin Beaumont à son seul vote Front National, de suivre les trop rares résistants à cette inexorable bouleversement politique. En l’occurrence il nous présente une tonitruante tenancière de friterie, fille de réfugié républicain espagnol et militante du Parti de Gauche, ses quelques compagnons et compagnes Le mot du collectif En septembre 2013, à quelques semaines des élections municipales, constatant le retour d’idées réactionnaires, racistes et homophobes, un collectif de simples citoyens venus de tous les horizons politiques, syndicaux et associatifs s’est constitué pour organiser la riposte. L’affaire dite des « migrants » et son lot d’agressions physiques et verbales à leur encontre par des militants néo-fascistes un peu partout en France, y compris dans le Val d’Oise, démontrent que ces idées gagnent toujours du terrain, galvanisées par les actes et discours nauséabonds de « responsables » politiques. Quant à nous, nous refusons de laisser le terrain à cette France d’un autre âge. de lutte, leurs espoirs et lassitudes. Et ce depuis le flop des législatives, où Mélenchon fit figure de parachuté face à une Marine Le Pen considérée de plus en plus légitime localement, jusqu’aux municipales de 2014 qui verront le sacre de Steeve Briois. Le film est éclairant sur les ressorts politiques du Front National, qui réussit le tour de force de conquérir les classes populaires abandonnées et les déçus de la droite traditionnelle dans les classes moyennes et petites bourgeoises. Il est aussi limpide sur la stratégie réussie de dédiabolisation du Front National par Marine Le Pen qui a fait d’Hénin Beaumont sa vitrine respectable. Le film salutaire d’Eduard Mills-Affif devrait être prescrit à tout étudiant aspirant aux sciences politiques. FRITZ BAUER, un héros allemand DU 13/04 AU 3/05 Réalisé par Lars KRAUME Allemagne 2015 1h46mn VOSTF avec Burghart Klaussner, Ronald Zehrfeld, Lilith Stangenberg, Jörg Schüttauf, Sebastian Blomberg... Scénario de Lars Kraume et Olivier Guez. 70 ans après la chute du régime nazi, le cinéma allemand n’a pas fini d’explorer les zones d’ombre de cette sinistre période. Entreprise pédagogique ô combien louable qui nous donne en plus des films passionnants : tout récemment, Elser, un héros ordinaire d’Oliver Hirschbiegel réhabilitait la mémoire du premier (et unique !) civil à avoir tenté d’assassiner Adolf Hitler en 1939. Quelques mois auparavant, Le Labyrinthe du silence de Giulio Ricciarelli revenait sur les efforts menés au début des années 1960 par les procureurs de Francfort pour porter devant les tribunaux les responsables SS qui avaient « travaillé » au camp d’Auschwitz, efforts largement entravés par une méconnaissance des camps dans l’opinion publique, au diapason de la doctrine du chancelier Adenauer prônant l’oubli au nom de la réconciliation, et par la présence d’anciens fonctionnaires nazis au sein de l’administration judiciaire. Dans Le Labyrinthe du silence, on découvrait fugitivement la figure de Fritz Bauer, Juif allemand devenu procureur au tout début des années 1930, arrêté sous le régime hitlérien, mais qui parvint à fuir vers le Danemark puis la Suède avant de revenir exercer ses fonctions dans la nouvelle Allemagne prétendument débarrassée du nazisme. Fritz Bauer (interprété par un comédien magnifique : Burghart Klaussner, inoubliable pasteur dans Le Ruban blanc de Michael Haneke) est aujourd’hui le personnage central d’un film qui raconte des événements qui se sont déroulés près de dix ans avant ceux relatés dans Le Labyrinthe du silence. Nous sommes en 1952. Le rugueux mais chaleureux Fritz Bauer, magistrat atypique et médiatique, est à la tête d’une escouade de jeunes procureurs dont le but est de tenter de retrouver les anciens responsables nazis, non pas par souci de vengeance mais pour s’assurer de la construction de l’avenir dans une société démocratique. Retrouver les nazis n’est pas très compliqué puisqu’ils sont encore présents à tous les niveaux des administrations, des directions des grandes entreprises, mais ce qui l’est plus est de rassembler des preuves de leur culpabilité dans un contexte où les anciens tenants du pouvoir meurtrier se serrent les coudes. Les enquêtes piétinent, les jeunes substituts se font rudoyer par Fritz Bauer qui ne supporte pas leur manque de zèle… Et puis, cadeau du ciel, arrive une lettre d’un ressortissant allemand en Argentine, indiquant que peut-être s’y trouve Adolf Eichmann, l’horrible concepteur de la solution finale et de toute sa logistique mortifère. Ne faisant plus confiance aux autorités allemandes gangrenées par les complicités nazies, le procureur général Bauer va commettre l’impensable en appelant au secours les services secrets d’Israël, initiative qui s’apparentait clairement, pour la justice allemande, à de la haute trahison. On connait la suite : l’enlèvement et le rapatriement d’Eichmann à Jérusalem pour un procès qui fera date – pour tout savoir et comprendre sur cet épisode essentiel, on vous renvoie à l’extraordinaire film documentaire d’Eyal Sivan et Rony Brauman, Un Spécialiste. Thriller politique et historique palpitant, le film raconte avec brio la quête de justice et le combat du procureur que la raison d’état a tenté d’entraver – en vain heureusement –, au mépris de la mémoire de millions de victimes. Sur un plan apparemment plus anecdotique mais finalement éclairant, le film évoque aussi la question de l’homosexualité : Fritz Bauer était gay, ce qui faillit lui coûter son poste et son enquête… On découvre une Allemagne des années 1950 toujours soumise au terrible Paragraphe 175, édité à l’époque nazie, qui punissait de prison toute personne convaincue de pratiques homosexuelles. On perçoit bien ainsi toutes les ambiguïtés de cette Allemagne post nazie, pas encore totalement prête à son examen de conscience et à un plein exercice de la démocratie. LA VACHE DU 20/04 AU 10/05 Réalisé par Mohamed HAMIDI France/Maroc 2016 1h31 avec Fatsah Bouyahmed, Lambert Wilson, Jamel Debbouze, Julia Piaton... Scénario de Mohamed Hamidi, AlainMichel Blanc et Fatsah Bouyahmed. Il était une fois… Cette délicate de vache, aussi tendre qu’un steak taillé dans le filet, est un véritable conte de fées. Un de ces films d’antan où se feuilletait au générique et en technicolor un gros livre chargé de dorures. Sauf que nos sociétés, aujourd’hui, n’aiment plus trop les contes. Trop dangereux, les contes, car on pourrait y croire. Trop subversives, ces histoires qui, invariablement, se terminent bien alors qu’il entre de nos jours dans la stratégie de nos élites de ne jamais nous faire rêver à des lendemains heureux. Pensez donc ! Imaginez un monde où tous se réconcilieraient autour d’une vache en route, sur les chemins buissonniers de France, vers un Salon de l’agriculture où chacun serait payé au juste prix de son travail. Impensable… Les contes, en effet, dérangent et trou- blent l’ordre productiviste établi en laissant croire au pauvre peuple qu’il est toujours possible de changer la vie pour le meilleur, alors qu’on devrait bien savoir qu’elle est en route vers le pire à travers la stricte observance de l’évangile néolibéral qui n’arrête pas, lui, de nous beugler aux oreilles, via les prix Nobel d’économie, qu’il faut être réaliste et se contenter de peu, alors qu’il y aurait avantage à se contenter de beaucoup en ignorant les sornettes qui s’obstinent à nous marteler qu’il faut se préparer maintenant à changer trois ou quatre fois de boulot au cours de sa vie, pour en trouver… du boulot, sans réfléchir un seul instant à ce que seraient ces boulots… inscrit chaque année avec persévérance au Salon de l’agriculture à Paris. Une constance qui finit par porter ses fruits : une lettre officielle lui annonce qu’il est invité avec Jacqueline. Néanmoins, restrictions budgétaires obligent, le voyage n’est pas pris en charge. Qu’à cela ne tienne, Fatah qui ne doute de rien prend le bateau direction Marseille, puis entame le chemin Marseille/Paris à pied. Le voyage, on s’en doute, sera haut en couleurs, à l’image de ce premier contact avec les gendarmes qui, éberlués, acceptent de se faire photographier, sans sourciller, aux côtés de Jacqueline. Avec un bel appétit de découvertes, Fatah parcourt une France dont il a une haute idée et qui, surprise, le lui rend bien. Son sourire engageant et son compagnonnage animal font merveille et attirent une sympathie mâtinée de curiosité de ceux qu’ils croisent, à l’image de cette troupe de théâtre fraternelle qui lui fait découvrir le « flirt » et la poire, ou de ce châtelain perclus de problèmes qu’il parvient à sortir d’un égocentrisme déprimant en l’entraînant dans la folle ronde de l’entr’aide. Pour Fatah en tout cas, modeste paysan d’une vallée perdue du Magreb, pas question de céder aux oukases des prix Nobel d’économie. Paysan il est, paysan il restera toute sa vie, tout comme Jamel Debbouze d’ailleurs, producteur et acteur du film, dont on peut parier qu’il le gardera à vie, lui aussi, son boulot sympa d’amuseur public. Pour l’heure, notre ami Fatah s’occupe avec tendresse de sa vache, une belle tarentaise à la robe brun fauve nommée Jacqueline, qu’il Mais plus que tout, il émane de La Vache un peu de ce qui fait le succès inattendu et incroyable de Demain : cette impression que, malgré la période assez misérable que nous traversons, nous ne sommes pas définitivement abonnés au malheur. En effet, sur un ton bon enfant et sans mièvrerie, le film délivre un message sain mais généreux : de quelque côté de la Méditerranée que l’on vienne, il est possible de se retrouver sur les mêmes valeurs… MARIE ET LES NAUFRAGÉS DU 13/04 AU 3/05 Écrit et réalisé par Sébastien BEITBEDER France 2016 1h44 avec Pierre Rochefort, Eric Cantona, Vimala Pons, Damien Chapelle, Emmanuelle Riva, KT Gorique... Musique de Sébastien Tellier « A 7 ans, je suis bouleversée par la mort soudaine de Gédéon, un magnifique canard blanc gagné lors d’une fête au village voisin. Je décrète sur le champ que, toute ma vie, je serai profondément et férocement opposée au concept de Mort. » Marie, extrait du dialogue Voilà une comédie sentimentale jubilatoire et décalée comme on les aime, une histoire de trio amoureux improbable et foutrement attachant, avec quelques personnages secondaires hauts en couleur pour pimenter l’intrigue. Comme dans son très réussi précédent film, Deux automnes, trois hivers, Sébastien Beitbeder choisit une narration intelligemment déstructurée et nous offre une échappée aussi inattendue que revigorante vers une île bretonne, histoire de nous aérer les bronches, histoire surtout de sortir un peu de la sacro-sainte géographie germanopratine devenue assez insupporta- ble dans la comédie amoureuse telle que l’imagine le cinéma français. Au départ : Simeon. Un simili-intello trentenaire, nonchalant, mesuré, en tout cas pas franchement radical dans ses comportements ni dans ses opinions. Il a pour l’instant un peu raté sa vie. Le journal culturel pour lequel il travaillait s’est arrêté, sa fiancée s’est progressivement détachée de lui, et il se retrouve colocataire désargenté d’Oscar, un ami de lycée, musicien doué et insomniaque chronique. Ensuite : Marie. Une brunette fantasque montée du Sud-Ouest à Paris via Bordeaux, à la recherche d’une vie de plaisir et de mouvement. Pas mal de drogues, d’amour physique, de rencontres éphémères l’ont rendue un peu « décalée », un peu instable, un peu à côté de la réalité. Comédienne débutante, elle a tourné une pub à moitié dénudée qui lui colle à la peau, et la rencontre avec une vieille dame a changé sa vie. Pour l’heure elle se cherche. Enfin : Antoine. Écrivain balbutiant d’origine marseillaise ainsi qu’en atteste son accent à couper au couteau, particulièrement sensible et torturé. Et accessoirement ex-compagnon de Marie. Après une enquête sur le monde des personnes électro-sensibles, il a cru l’être devenu lui-même et a longtemps vécu calfeutré pour se protéger des ondes. Il a connu avec le livre tiré de cette expé- rience un certain succès, mais il est en panne d’inspiration. Et voilà-t-y pas sur ces entrefaites : 1/ que Simeon, lors d’une virée nocturne, trouve le portefeuille que vient de perdre Marie ; 2/ que Simeon va évidemment trouver Marie pour lui rendre son bien et tomber raide-dingue d’elle ; 3/ qu’Antoine, toujours amoureux de Marie, va s’ingénier à se mettre sur leur chemin... Chemin qui va tous les mener sur l’île de Groix où les attend un étrange gourou de la musique électronique, une sorte de Raël de l’électro. Faussement foutraque mais vraiment bien écrit, le scénario nourrit sa trame principale du récit en flash-back du passé des trois personnages principaux, qui n’hésitent pas à s’adresser à nous directement, face caméra. Ce qui nous donne un film alerte, rythmé et sans cesse surprenant, qui privilégie l’humour loufoque et la mélancolie douce. Les acteurs sont épatants, sans les citer tous on retiendra le toujours surprenant Eric Cantona, impayable en amoureux transi, d’abord intraitable et paranoïaque puis révélant au fil des péripéties une tendresse et une finesse de sentiments qui en font le véritable héros de l’histoire. Mention aussi à Damien Chapelle, très bon en coloc noctambule le cœur sur la main, et au génial André Wilms (le plus grand acteur français selon Aki Kaurismaki qui s’y connaît !), hilarant en chanteur azimuté en costume de Robby le robot. La cerise sur le gateau déjà goûtu, c’est la musique électro de Sébastien Tellier, particulièrement réussie et qui donnerait presque envie d’aller se « réécouter » le film une deuxième fois... A BIGGER SPLASH DU 6 AU 26/04 Réalisé par Luca GUADAGNINO Italie 2015 2h05 VOSTF Avec Ralph Fiennes, Matthias Schoenaerts, Dakota Johnson, Tilda Swinton, Aurore Clément... Scénario de David Kajganich Sélection en compétition au Festival de Venise 2016 Les cinéphiles ne seront pas surpris par le scénario de ce film délicieusement italien au casting international. Puisque A Bigger Splash n’est ni plus ni moins que le remake de La Piscine de Jacques Deray, film culte qui rendit folle de désir pour Alain Delon toute une génération de spectatrices à la fin des années 60. Dans La Piscine, Jean-Paul (Alain Delon), agent publicitaire, coulait une vie de farniente sur la Côte d’Azur dans une villa avec piscine avec Marianne (sublime Romy Schneider), jusqu’à la visite surprise de Harry (Maurice Ronet), playboy patenté vieillissant et ancien amant de Marianne, accompagné de sa fille Pénélope, lolita troublante (Jane Birkin). Une visite qui allait semer le trouble et le chaos, le jeu des rancoeurs et des désirs refoulés faisant son œuvre. Le réalisateur Luca Guadagnino, étoile montante du cinéma italien depuis Amore, fascinant portrait acide de la haute bourgeoisie milanaise vaine et tourmentée par ses secrets de famille, a déplacé le film de la Côte d’Azur à l’île italienne de Pantelleria, petit bout de terre coincé entre la Sicile et la Tunisie, et aujourd’hui tout comme Lampedusa, terre où échouent de nombreux migrants. Marianne est toujours Marianne, mais elle est est interprétée par la sublime actrice britannique Tilda Swinton, récemment vue dans The Grand Budapest Hotel ou Ave Cesar : le personnage est devenu une immense star de glam rock qui vient de subir une opération des cordes vocales, et qui est au repos forcé loin de sa carrière, des arènes musicales, des fans et du milieu tonitruant de la musique. Jean-Paul a perdu la moitié de son prénom : le personnage de Paul est un documentariste tourmenté et alcoolique qui rentre en désintox dans ce cadre idyllique propice. Mais il n’a rien perdu de son sex appeal par rapport à Alain Delon, puisqu’il est incarné par le Belge Mathias Schoenaerts, l’homme qui faisait oublier les orques à Marion Cotillard. Harry est toujours Harry, il est l’ancien agent de Marianne, et il est désespérément intarissable sur les anecdotes autour du rock, sa collaboration avec les Rolling Stones, ou les petites histoires de la carrière de Marianne. Pénélope est toujours Pénélope, et toujours aussi troublante puisqu’incarnée par Dakota Johnson. Par rapport à l’original, auquel on ne manquera pas de le comparer, le petit détail qui apporte une touche remarquable est le mutisme de Marianne, qui en convalescence, s’exprime par onomatopées, clins d’oeil, haussements de sourcils. Et le jeu remarquable d’une Tilda Swinton toute en retenue permet, quand la situation bascule, de nous faire ressentir avec force la montée d’une violence sourde. Le choix de Pantelleria, cet îlot aux roches volcaniques à la fois paradisiaque et étouffant, accentue le paradoxe entre la sérénité éternelle des paysages et la violence des sentiments. Plastiquement tout cela est magnifiquement rendu par la mise en scène qui évoque les tableaux de David Hockney (un des plus célèbres d’entre eux, qui porte le titre du film, représentait une piscine californienne et à travers elle toute la futilité d’une période). Au-delà, davantage que dans celui de Deray, le film évoque intelligemment la fin d’une époque, celle du rock du XXème siècle et de ses dérives, avec de magnifiques moments, comme celui où Harry (Ralph Fiennes) conte la création d’un titre des Rolling Stones (séquence réellement coordonnée sous le contrôle des Stones). Mais surtout le film est un jeu jubilatoire entre quatre grands acteurs, avec peut-être une prime pour Ralph Fiennes, parfait en amant hystérique toujours amoureux, en proie au temps qui passe et à toutes les contradictions. COUP DE PROJECTEUR SUR LE FILM « LES ARDENNES » Retrouvez la présentation de ce film dans le journal d’informations locales Le mercredi 13 AVRIL à partir de 18h45 sur radio RGB 99.2 fm Disponible en podcast sur radiorgb.net TARIFS : Tous les jours à toutes les séances Normal : 6,50 euros Abonné : 4,80 euros ( par 10 places, sans date de validité et non nominatif) Enfant -14 ans : 4 euros Collégien : 4 euros ( avec la carte cine pass VO disponible dans les établissements scolaires du département) Lycéens - Étudiant : 4 euros Pass culture : 3 euros Sans-emploi : 4 euros Sur présentation d’un justificatif À PARTIR DU 11 MAI AUGMENTATION DES TARIFS TOUT LE PROGRAMME SUR : www.cinemas-utopia.org/saintouen LES ARDENNES spécialistes le soin de déterminer si Geor- images d’une force inouïe. Qu’il s’agisse ge Lucas connaissait la pensée de son des deux frères silencieux derrière la vipresque homonyme en créant Star Wars. tre d’une voiture ou celle d’un snack, qu’il s’agisse de la forêt ou des ciels ardenLe film s’ouvre sur l’échec d’un casse. nais gorgés d’eau, des plans d’une totale Kenny se fait arrêter et il ne dénoncera ni beauté, jamais artificielle, rythment le film. sa petite amie Sylvie, ni son jeune frère Tout comme la bande son – martèlement Dave qui ont pu s’échapper. L’histoire de la musique électronique, bruit de la commence vraiment quatre ans plus tard, machine de lavage des voitures, ballade à sa sortie de prison, alors que bien des choses ont changé. Sylvie a rompu, non d’Adamo… – qui fait partie intégrante seulement avec Kenny, mais aussi avec de la narration qu’elle accompagnera la coke à laquelle elle n’a pas touché de- jusqu’à son inéluctable fin. Inéluctable puis deux ans, et surtout, elle vit désor- car nous sommes dans la tragédie, mais mais une relation amoureuse avec Dave. non sans surprise toutefois. Parmi les acCela, il faudra bien le dire à Kenny et le teurs, tous impeccables, vous reconnaîplus rapidement serait le mieux, mais il trez Veerle Baetens, l’héroïne d’Alabama n’a jamais été facile de lui parler et la pri- Monroe, et Jan Bijvoet, tête d’affiche son n’a en rien apaisé la rage qui sourd de Borgman et de L’Étreinte du serpent. en lui, toujours prête à se retourner contre lui-même ou contre ceux qu’il aime. Décidément, d’Alabama Monroe à BullCe n’est pas la Flandre opulente qui sert head, de Les Premiers les derniers à Belde cadre à ce film et peu importe si on gica, le cinéma belge connaît un moment y parle néerlandais ou français, nous de grâce. Aussi, rien que pour cela, ami sommes plutôt dans l’univers des frères spectateur du début de cet article, tu Dardenne, chez les prolos, les précaires, les chômeurs, les délinquants petits ou feras fi de ta méfiance et tu te laisseras grands. Le copain d’école qui s’en est prendre dans les rêts tendus par Robin sorti possède des boîtes de striptease à la Pront. Puis, comme nous, surpris qu’il légalité probablement douteuse. Tous les puisse s’agir d’un premier long métrage, autres galèrent. Et dans cet univers d’une tu attendras avec impatience le deuxième noirceur totale, Robin Pront, le réalisa- film de ce réalisateur. teur, et Robrecht Heyvaert, son directeur de la photographie, nous proposent des DU 13/04 AU 3/05 PLACE DE LA MAIRIE à St-OUEN L’AUMÔNE & 14, Rue Alexandre Prachay à PONTOISE /TEL:01 30 37 75 52/ www.cinemas-utopia.org LES ARDENNES Réalisé par Robin PRONT Belgique flamande 2015 1h33 VOSTF avec Jeroen Perceval, Kevin Janssens, Veerle Baetens, Sam Louwyck, Jan Bijvoet... Scénario de Jeroen Perceval et Robin Pront. Ami spectateur, si tu ne rêves que de bluettes, de comédies légères, d’histoires à l’eau de rose, l’honnêteté la plus élémentaire nous oblige à te conseiller de passer ton chemin. Ce séjour dans les Ardennes belges n’est pas pour toi. Ce n’est rien d’autre en effet qu’une tragédie que nous propose le réalisateur flamand Robin Pront. Pas un drame, non, une tragédie, une vraie, à l’antique. De celles qui faisaient dire à Georg Lukacs, philosophe et grand spécialiste de la littérature, que lorsque le rideau se lève « l’avenir est déjà présent depuis l’éternité ». On laissera aux GAZETTE no 261 du 30 mars au 10 mai 2016 - Entrée : 6,50€ Abonnement : 48 € les 10 places Étud. : 4 €