GAZETTE no 261 du 30 mars au 10 mai 2016

Transcription

GAZETTE no 261 du 30 mars au 10 mai 2016
PLACE DE LA MAIRIE À St-OUEN L’AUMÔNE & 14, Rue Alexandre Prachay à PONTOISE /TEL:01 30 37 75 52/ www.cinemas-utopia.org
GOOD LUCK ALGERIA
Réalisé par Farid BENTOUMI
Scénario de Farid Bentoumi,
Noé Debré et Gaëlle Macé.
France/Belgique 2015 1h30
avec Sami Bouajila, Franck Gastambide, Good luck Algeria est un de ces petits
Chiara Mastroianni, Hélène Vincent, Bou- bonheurs qui ne courent pas les rues :
chakor Chakor Djaltia...
une comédie épatante et rafraîchissan-
te qui fait énormément de bien par les
temps qui courent. On y rit volontiers,
on y réfléchit aussi. C’est aussi un pamphlet humoristique particulièrement bien
venu, qui pourrait ouvrir les yeux de tous
ceux qui oublient combien l’immigra-
GAZETTE no 261 du 30 mars au 10 mai 2016 - Entrée : 6,50€ Abonnement : 48 € les 10 places Étud. : 4 €
STELLA café
****************
Les horaires du Stella
café : tous les jours
de 15h00 à 21h00
service jusqu’à 23h les
vendredis et samedis
fermeture hebdomadaire
le mardi
à chaque changement de
gazette
LES VINS DU MOMENT
de LA CAVE A RITON
Un nouveau blanc ,
un nouveau rouge
gouleyants choisis par
Stéphane parmi les petits producteurs comme on les aime
GOOD LUCK ALGERIA
tion a aussi contribué à construire notre
beau pays. Allez : que chacun d’entre
nous essaie d’attirer devant ce film réjouissant un de ces drôles d’oiseaux
qui croient aux vertus des frontières et,
avec une humilité et une gentillesse infinies, ce Good luck (bonne chance)
leur donnera un angle de vue salutaire en même temps que la banane !
C’est une histoire vraie. Celle d’un type
ordinaire et de sa petite entreprise montagnarde, une de celles qui connaissent
la crise. C’est pas faute de bosser, pas
faute d’avoir des produits de qualité, pas
faute d’avoir la passion de son métier.
Sam et Stéphane, quand ils démarrent
leur affaire, ont le feu aux tripes, ce sont
de merveilleux artisans, leur boîte est à
taille humaine, chaque salarié s’y investit,
se bat, a du plaisir à y travailler. Les skis
qui sortent de leurs ateliers sont passés
par de longues étapes de fabrication où
rien n’est laissé au hasard, rien n’est bâclé. Plus que tout leurs créateurs ont la
fierté de les avoir fabriqués, et celle de
ne pas vouloir se parjurer en cédant aux
modes de l’époque. Mais la concurrence
mondialisée devenant de plus en plus féroce, les skis Duval dégringolent et perdent peu à peu des parts de marché. Il
suffirait de sous-payer l’équipe, de licencier, de ne plus travailler avec des matériaux aussi nobles… ou de fusionner, de
vendre leur renommée au diable (comme
le suggère leur banque) pour remonter
la pente. Mais à tout cela Sam (Sami
Bouajila), le gérant, se refuse. Il essaie
de faire bonne figure, de ne pas avouer
à sa délicieuse et ironique compagne
Bianca qu’ils sont en totale faillite. Bien
sûr c’est illusoire et il faudrait qu’elle soit
aveugle et stupide pour ne rien voir…
Quand Bianca finit par découvrir l’ahurissant et ridicule trait de génie qui anime
son mari, son tempérament italien explose ! Il veut se qualifier pour les épreuves de ski de fond des Jeux Olympiques
d’hiver et défendre les couleurs du pays
de son père : l’Algérie ! Rien que ça ! À
son âge ! Représenter une nation qu’il
ne connaît même pas, dont il ne parle
même pas la langue ! La réponse de Stéphane (son partenaire et ami d’enfance), qui s’est auto-désigné comme son
coach sportif, fuse : « Pas besoin de parler algérien pour skier ! » Bianca pouffe
d’incrédulité, de rage, de rire, mais peutêtre aussi de tant d’autres choses qui ne
s’avouent pas… Et comme elle, tout le
monde se gausse de nos deux hurluberlus… Puis malgré tout, comme il n’y a
pas grand-chose à perdre ni grand-chose à espérer d’autre, tous finissent par
se prendre au jeu de ce conte de fées,
piégés dans la poudreuse de leurs rêves
fous… Surtout Kader, le père de Sam…
Et ce n’est que le début des (més)aventures de notre athlète sur le retour, de
ses péripéties qui vont l’entraîner bien
loin, au delà des frontières de la France
et du ridicule : vers l’Algérie. Et alors qu’il
était venu y quémander un hypothétique
soutien d’une fantomatique fédération
de glisse, il va découvrir le pays de ses
origines et ressentir les traces qu’il a
laissées en lui, le Français de seconde
génération, l’enfant d’immigré qu’il restera à tout jamais.
DU 30/03 AU 9/05
TARIFS :
Tous les jours à toutes les séances
Normal : 6,50 euros
Abonné : 4,80 euros ( par 10 places,
sans date de validité et non nominatif)
Enfant -14 ans : 4 euros
Collégien : 4 euros ( avec la carte
cine pass VO disponible dans les établissements scolaires du département)
Lycéens - Étudiant : 4 euros
Pass culture : 3 euros
Sans-emploi : 4 euros
Sur présentation d’un justificatif
SÉANCE DE GROUPE À LA DEMANDE :
3 EUROS PAR ÉLÈVE / ENFANT
À PARTIR DE 30 PERSONNES, GRATUIT
POUR LES ACCOMPAGNATEURS.
RENSEIGNEMENT : 0130377552
TOUT LE PROGRAMME SUR :
www.cinemas-utopia.org/saintouen
La séance du vendredi 29 avril à 20h30 à Utopia St-Ouen
sera précédée à partir de 19h30 d'un mezze syrien et d'un thé à la menthe concoctés par le restaurant
Les Saveurs de Damas de Pontoise, et suivie d'une rencontre avec les réalisateurs Tarzan
et Arab Nasser.
Prévente pour la formule repas + film = 15 euros aux caisses d'Utopia Saint Ouen jusqu'au mercredi 27 avril.
Possibilité d'assister au film seul aux tarifs habituels sous réserve de places disponibles.
Avec le soutien du Parti de Gauche, du NPA et d'Europe Ecologie les Verts
DÉGRADÉ
DU 27/04 AU 10/05
Écrit et réalisé par Tarzan
et Arab ABU NASSER
Palestine / France 2015 1h23 VOSTF
avec Hiam Abbass, Maisa Abdelhadi,
Nelly Abou Sharaf, Manal Awad, Mirna
Sakhla, Wedad Al Naser, Dina Shebar...
Depuis que les Italiens ont abandonné le
créneau, trop rares sont les cinéastes, issus de ces quatre coins du monde où on
s’en prend plein la poire plus souvent qu’à
son tour, qui tâchent de se colleter vraiment avec la représentation de la banale
désespérance de leurs concitoyens. Vraiment, c’est-à-dire en y instillant ce qu’il
faut d’humour, de violence, de cruauté si
nécessaire, pour qu’en ressorte d’autant
plus vivace toute l’humanité des populations qui n’ont guère que la survie pour
horizon quotidien. Et s’il y a un territoire
d’où l’on ne s’attendait pas à voir émerger
une résurgence de la comédie italienne,
satirique et sociale, que nous avons tant
aimée, c’est bien la Palestine. Dégradé
tient toutes les promesses de cette proposition de cinéma qui rend justice aux
petites gens, aux sans-grade, aux
oubliés de l’Histoire, dans le Gaza
d’aujourd’hui dont on sait si peu
de choses, une fois que les bombardements israéliens se sont
momentanément interrompus. Et,
singulièrement, aux figures féminines de cette société qui tente de
s’organiser normalement – si tant
est que quoi que ce soit puisse être normal sur un territoire qui est comme une
prison à ciel ouvert donnant sur la mer…
Soit, donc, dans la bande de Gaza, un
salon de coiffure féminin, où s’activent
une patronne, d’origine russe, et son apprentie, autour d’une douzaine de femmes de tous âges et de toutes conditions
venues là se faire belles, profiter de l’accalmie, sortir de chez elles, simplement
être ensemble.
Le salon se révèle très vite un petit théâtre du quotidien gazaoui où on évoque
presque avec insouciance les pénuries
alimentaires, le trafic d’essence, les drones israéliens, les tracas de la vie de
couple, le rationnement, les incessantes
coupures d’électricité (« quand ça coupe, on dort, quand ça marche on regarde
Les feux de l’amour »). Comme partout,
le ping-pong verbal du salon de coiffure
fait se répondre les situations individuelles et les considérations politiques, avec
une acuité et un humour féroces, comme
lorsqu’on évoque le parcours du combattant que constitue, pour de banals déplacements, le passage successif des diffé-
rents checkpoints, du Hamas d’abord, du
Fatah ensuite et ceux d’Israël pour finir.
Mais très vite, la tension monte d’un cran.
Le lion du zoo de Gaza a été enlevé par la
famille d’Ahmad, l’amoureux de la jeune
apprentie, et le Hamas, menant une expédition punitive, impose un couvre-feu
à effet immédiat. Dès lors, cloitrées dans
les petits 30m2 du salon, les relations
entre coiffeuses et clientes vont logiquement s’exacerber et révéler des facettes
moins glorieuses de leurs vies confinées.
On pense évidemment à Caramel, ou à
Vénus Beauté Institut, mais ici le salon de
coiffure comme métaphore de la société
prend une dimension tragique, le possible symbole de la futilité se colletant radicalement avec la violence de la réalité
guerrière – les rafales de mitraillettes et
les tirs de mortier s’intensifient progressivement, rendant le chaos extérieur,
invisible, effroyablement présent. La vie
quotidienne à Gaza nous est immédiatement familière. Sans se laisser aller à
trop expliciter les origines de la folie dont
ils décrivent les conséquences, les frères
Nasser s’inspirent, comme on dit, d’un
fait réel (l’enlèvement du lion, la répression qui s’en est suivie) mais font un pas
de côté et tiennent jusqu’au bout le partipris de ce huis-clos oppressant qui mêle
la comédie à la tragédie. Et, dénouant
grandes et petites intrigues, ils rendent
finalement justice à chacune des figures féminines de la société gazaouie, qui
sont le vrai sujet de ce formidable (premier) film.
MOONWALKERS
JUSQU'AU 4/04
pour l’homme et grand pas pour l’humanité. Sauf qu’il découvrit principalement
Réalisé par
des sites complotistes qui défendaient la
Antoine BARDOU-JACQUET
thèse selon laquelle la mission Apollo 11
n’avait jamais réussi à alunir, et que les
GB 2015 1h47 VOSTF
images célèbres auraient été truquées
avec Ron Perlman, Rupert Grint, Robert par les autorités américaines, soucieuSheehan , Stephen Campbell Moore, Eric ses avant tout de gagner la guerre des
Lampaert, Kevin Bishop, Erika Sainte...
images en pleine période de rivalité spatiale avec les Russes ! De là est née une
Scénario de Dean Craig
super idée de scénario.
C’est une comédie hilarante, délirante et
décalée comme on les aime, dont l’action se situe dans le Swinging London
de la fin des années 1960, où se côtoient vieux gangsters à l’ancienne tirés
à quatre épingles, hippies défoncés et
insupportables, malfaisants vraiment pas
gentils... et héros calamiteusement amateurs... Le plus étonnant, c’est que ce
film so british est réalisé par un Français
pur souche, petit prodige du clip, révélé
par ses réalisations pour Alex Gopher,
Air et autres groupes de la French Touch.
Mais il fut aussi un des membres du collectif qui réalisa le génial court-métrage
Logorama, oscarisé en 2010...
Le point de départ du film est lui-même
assez délirant, en tout cas tel que le raconte Antoine Bardou-Jacquet : il cherchait des images sur internet pour raconter à son fils de 6 ans les missions Apollo,
la conquête spatiale jusqu’au premier
alunissage de 1969, son célèbre petit pas
Nous sommes donc en 1969. À la CIA, on
flippe, on ne sait pas si la mission Apollo
va réussir et on décide de prendre les
devants. Un des meilleurs agents, Tom
Kidman (les fans de Eyes wide shut apprécieront le patronyme, Nicole et Cruise
réunis), reçoit mission de se rendre à
Londres et de convaincre, via son agent,
le grand Stanley Kubrick (2001, c’était
en 1968) de réaliser, au cas où, de fausses images de l’alunissage de la capsule
spatiale américaine. A ceci près que Tom
Kidman revient du Vietnam et cache des
névroses traumatiques qui feraient passer Rambo pour un maître yogi rempli de
sérénité. Précisons que Tom Kidman est
incarné par le marmoréen Ron Pearlman,
une des trognes les plus incroyables du
cinéma mondial (La Guerre du feu, Le
Nom de la rose, Alien IV, Hellboy...), dont
le faciès nous ferait croire que l’homme
de Cro Magnon n’a pas totalement disparu de la chaîne de l’évolution et qu’il
faut donc ne pas trop l’énerver.
La situation se complique d’emblée
quand Kidman se gourre d’interlocuteur
et, au lieu de s’entretenir avec l’agent de
Kubrick, s’adresse à son cousin Jonny
(le rouquin Rupert Grint évadé de la saga
Harry Potter), manager raté d’un groupe
psychédélique, escroc occasionnel très
endetté et poursuivi par la mafia. Lequel Jonny croit trouver ici l’occase de
se refaire et entreprend de faire passer
Léon, son coloc perpétuellement sous
substances, pour Kubrick, en prenant
prétexte d’une vague ressemblance qui
se résume à une barbe noire hirsute !
Évidemment les gros mensonges font
les grosses catastrophes et à partir de
là vont s’enchaîner les situations les plus
burlesques... Et plus c’est gros, mieux ça
passe !
Tout cela n’est évidemment pas toujours
crédible, les gags ne sont pas tous d’une
exquise finesse, mais le réalisateur joue
à merveille des clichés et du comique
de situation, des références éhontées et
assumés au grand Kubrick, notamment
à Docteur Folamour. Le récit va tambour
battant et on se réjouit au spectacle du
caïd psychopathe obsédé par les châteaux en allumettes, de Ron Pearlman et
sa carrure impressionnante moulée dans
une ridicule chemise hippie à fleurs, du
portrait d’un réalisateur expérimental
obèse vivant au milieu d’une cour de
jeunes filles droguées et dénudées dans
une immense maison/atelier qui évoque
la Factory de Warhol... Et le duo mal assemblé formé par le colosse Ron Pearlman et le gringalet Rupert Grint est digne
de Laurel et Hardy. Bref c’est très marrant !
" Video Sum* : SÉANCE CINÉ - PHILO" :
La séance du Mercredi 13 avril à 18h30 à Utopia Saint-Ouen
sera suivie d’un temps d’échanges animé par Dominique Renauld, Professeur de philosophie.
* je vois, je suis
midnight special
DU 30/03 AU 26/04
Écrit et réalisé par Jeff NICHOLS
USA 2016 1h51 VOSTF
avec Michael Shannon, Kirsten Dunst,
Jaeden Lieberher, Joel Edgerton, Adam
Driver, Sam Shepard...
Du jeune maître texan Jeff Nichols,
qui nous impressionne de film en
film (Shotgun stories, Take shelter – tous deux disponibles en Vidéo en Poche – et Mud), on attendait
l’inattendu… et on n’est pas déçu.
La première scène de Midnight Special nous plonge dans l’inconnu. Deux
hommes armés semblent attendre, anxieux, dans une chambre de motel aux
fenêtres recouvertes de carton. Sur le lit,
caché sous un drap, un petit garçon lit
à la lumière d’une lampe de poche, imperméable aux événements extérieurs,
un casque anti-bruit sur les oreilles, les
yeux étrangement recouverts de lunettes de piscine. La télévision diffuse en
boucle l’information de la disparition
d’un enfant appartenant à une communauté religieuse. Est-ce un kidnapping ? Ou l’enfant a-t- il été au contraire
soustrait par ses proches à un destin
funeste ? Soudain le trio sort précipitamment et démarre en trombe dans la
nuit à bord d’une Ford Mustang (à moins
que ce ne soit une Dodge Charger, pardonnez ma méconnaissance des voitures de légende du cinéma américain).
Ce qui est passionnant dans le nouveau
petit bijou de Jeff Nichols, ce sont ses
multiples entrées. Ça commence comme
un film de cavale, porté par la musique
aérienne et lancinante de David Wingo,
traversant les paysages magnifiques du
sud des États-Unis, du Texas à la Floride,
sans qu’on connaisse au demeurant la
destination ni la raison de cette fuite précipitée. Ce n’est que peu à peu que l’on
en comprend les tenants et les aboutissants : une secte chrétienne, dirigée
par un gourou qui scande des formules
mathématiques, avait fait de l’enfant sa
mascotte prophétique, un enfant qui cache un lourd secret et des pouvoirs surnaturels. Tout ça attirant les spécialistes
des agences gouvernementales qui voudraient bien mettre la main sur ce gamin
capable de déchiffrer les informations des
satellites espions. La tension monte… et
le film bascule sans esbroufe spectaculaire vers la science-fiction, en une sorte
d’hommage virtuose aux grandes réussites des années 70/80 – on pense en
particulier au Spielberg de Rencontres
du troisième type –, à l’époque où le cinéma américain imaginait que « l’autre »,
la créature venue d’ailleurs, n’était pas
forcément un envahisseur mais pouvait
être animé d’intentions pacifiques et
bienveillantes, bien plus que les terriens
recroquevillés sur leur petite planète…
Mais derrière le suspense paranoïaque
et la SF, derrière l’action qui avance tambour battant, on retrouve les thèmes récurrents de Jeff Nichols, principalement
la paternité, le lien indéfectible qui unit
père et fils. Et son acteur fétiche Michael
Shannon incarne formidablement ce père
déterminé, prêt à tout pour permettre à
son fils d’aller jusqu’au bout du destin
qui est le sien… Ce personnage emblématique représente l’abnégation paternelle poussée à son paroxysme, celle qui
vous pousse à croire à l’incroyable, à abdiquer votre rationalité, à vous affranchir
de la loi pour contourner ou forcer tous
les barrages, même si toutes les forces
de l’État le plus puissant au monde sont
à vos trousses. Michael Shannon est
comme toujours impressionnant mais
on appréciera aussi les personnages secondaires remarquablement dessinés et
interprétés, tels Sam Shepard très flippant en gourou de secte ou Adam Driver,
parfaitement ambivalent en enquêteur
faussement dilettante.
La séance du JEUDI 7 avril à 20h30 à Utopia Saint-Ouen L'Aumône
sera suivie d'une discussion animée par Omaira Meseguer et Véronique Outrebon,
psychanalystes membres de l'ACF IdF autour du thème :
" Soumission à l'autorité : sommes-nous tous des bourreaux potentiels ? "
L'Association de la Cause Freudienne Île-de-France, ACF, association à
but non lucratif est une émanation
de L'Ecole de la Cause Freudienne
(reconnue d'utilité publique). Présente suivant 17 instances régionales et locales, elle a pour objectif
de promouvoir l'étude de la psychanalyse, sur un plan tant théorique
que pratique et œuvre pour la mise
en place d'échanges avec d'autres
disciplines. Ateliers, séminaires,
conférences publiques, débats,
soirées d'étude, colloques etc.. permettent de maintenir vivante une
réflexion intellectuelle et un débat
d'idées.
En IdF trois groupes de travail la
composent :
Oise-Marne (Seine-Saint-Denis et Val
d'Oise)
Marne-Essonne (Essonne, Val de Marne
et Seine-et -Marne)
Seine-Oise ( Hauts de Seine et Yvelines)
EXPERIMENTER
avec le souci d’en extraire et de mettre
en exergue la moelle épinière du propos
qui s’était dégagé de ses recherches. En
l’occurrence cette faculté, profondément
humaine, de laisser l’autorité prendre le
pas sur notre propre morale, de toujours
se soumettre au conformisme d’une manière ou d’une autre, de lâcher notre librearbitre du moment qu’un autre assume
l’entière responsabilité des actes commis.
Michael Almereyda déroule son récit
authentique avec une maîtrise cinématographique formidable, avec une créativité épatante, et avec une intelligence de
chaque instant, permettant à son film de
trotter dans les têtes longtemps après la
fin de la projection. Soucieux de ne pas
s’enfermer dans la reconstitution historique poussiéreuse et assommante, le
réalisateur use d’une rhétorique lardée
de motifs artistiques (héros qui s’adresse au spectateur, jeu avec les décors,
métaphores visuelles) permettant à son
biopic d’être vivant, de communiquer
en permanence avec le spectateur, de
l’impliquer, de l’inviter dans son décor
théâtral, pour déployer une œuvre à la
fois haletante et participative. A la fois
sociologique, psychologique et philosophique, Experimenter est à découvrir
de toute urgence : plus qu’un film, une
véritable « expérience » de cinéma qui
traverse l’écran pour nous inviter à réfléchir sur nous-mêmes, sur notre vie, sur
notre connexion au monde environnant.
2 SÉANCES SUPPLÉMENTAIRES LES 10 à la télévision à travers toute l’Amérique.
L’opinion populaire comme la commuET 12/04
nauté scientifique en sont bouleversées.
Écrit et réalisé par Michael ALMEREYDA Ne serait-ce que parce qu’on se souvient (au moins avoir entendu causer)
USA 2015 1h37 VOSTF
avec Peter Sarsgaard, Winona Ryder, de cette fameuse séquence avec MonJim Gaffigan, Edoardo Ballerin, John tand et Planchon dans I… comme Icare
Palladino, Taryn Manning, Anthony Ed- ou parce qu’on a regardé avec curiosité
wards...
la vraie-fausse émission télévisée baptisée « Le Jeu de la Mort », on connaît
Université de Yale, 1961. Stanley Milgram, – ou on croit connaître – cette fameuse
jeune chercheur en psychologie sociale, « expérience de Milgram ». Inquiétante,
conduit une expérience dans laquelle fascinante par ce qu’elle nous raconte
des volontaires, pour « punir » un cobaye de nous-mêmes, ce tout petit fragment
humain (lui aussi censément volontaire, de l’histoire de la vie universitaire amériattaché sur un fauteuil dans une pièce caine, pourtant fondateur de la recherche
voisine) de ses mauvaises réponses à un en sciences sociales, en psychologie,
questionnaire tout à fait banal, croient lui en sociologie, ne fournissait sans doute
administrer des décharges électriques de pas la matière à un film entier. Le risplus en plus douloureuses. La victime a que était donc grand de délayer autour,
beau leur demander d’arrêter, la majorité d’hollywoodianiser l’intrigue, d’héroïser
des interrogateurs, à la demande des Milgram, bref de faire n’importe quoi.
scientifiques qui les encadrent, poursuivent le protocole jusqu’à infliger des Et pourtant, contre toute attente, mission
décharges potentiellement dangereuses. accomplie : Experimenter est une remarPar cette expérience, Milgram souligne la quable réussite. Avec une habileté sans
propension qu’a tout homme à se sou- faille et armé d’un script captivant, le film
mettre à l’autorité, au moment précis où le nous emmène au-delà de David Milgram,
procès du nazi Adolf Eichmann est diffusé il s’immerge pleinement dans ses travaux, (d’après N. Rieux, mondocine.net)
QUAND ON A 17 ANS
DU 30/03 AU 12/04
Réalisé par André TÉCHINÉ
France 2016 1h55
avec Sandrine Kiberlain, Tracey Mottet
Klein, Corentin Fila, Alexis Loret...
Scénario de Céline Sciamma et André
Téchiné.
les deux adolescents que tout semble
opposer : l’intellectuel et le paysan, le
fils de bourgeois – une médecin et un
militaire, en mission en Afghanistan – et
l’enfant adopté par des cultivateurs, le
gars de la (petite) ville et celui du haut
de la montagne. Immédiatement, cela
fourmille de thèmes et de possibilités.
Inspiré peut-être par l’air des montagnes
(le film a été tourné à Luchon et dans ses
environs, les Pyrénées sont magnifiques)
et sans aucun doute par la complicité au
scénario de Céline Sciamma (réalisatrice
de Tomboy et Bande de filles), André Téchiné signe avec Quand on a 17 ans son
meilleur film depuis Les Témoins en 2007.
Remarquablement écrit et construit, le
scénario s’intéresse aux relations complexes, contradictoires, entre Thomas et
Damien (Corentin Fila et Kacey Mottet
Klein, formidables), deux lycéens qui ne
cessent de s’affronter, de se battre, de se
chercher – dans tous les sens du terme.
Construit comme un triptyque autour des
trois trimestres d’une année scolaire, le
film prend d’abord le temps de poser son
récit, de caractériser les personnages et
d’installer des intrigues secondaires qui
sont autant de fondations. Il y a bien sûr
Il y a également leurs parents (Sandrine
Kiberlain en tête, parfaite dans le rôle de
cette mère fantasque et joyeuse), que
Sciamma et Téchiné incluent largement au
récit, prenant le contrepied des habituels
films sur une adolescence évoluant dans
sa propre sphère, loin du monde des adultes. Quand on a 17 ans est en cela d’une
grande subtilité, montrant notamment
une relation mère-fils harmonieuse et
simple qui dynamite les clichés du genre.
Et puis, au fur et à mesure qu’avance le
film, le scénario continue de se nourrir
avec des intrigues parallèles qui tour à
tour font écho à l’histoire des deux adolescents, ou lui servent de catalyseur.
Cela permet de faire exister les personnages secondaires et de garder une
grande homogénéité dans la narration
qui devient limpide et presque évidente, tout en ménageant surprises, che-
mins de traverse et rebondissements.
Car si, au départ, on croit voir arriver les
grosses ficelles du scénario, on s’aperçoit rapidement que Téchiné neutralise tout ce qui pourrait être outré, se
contente de suggérer ce qui est indispensable, et s’amuse avec les attentes
du spectateur. Passée la première demi-heure de mise en place, le film bascule ainsi dans un mélange d’humour,
de douceur et de complicité qui rend la
situation de départ éminemment plus
subtile qu’elle ne le paraissait au départ.
On est alors bouleversé par la manière
dont le cinéaste (âgé tout de même de
72 ans) s’approprie les affres de l’adolescence et filme avec grâce leurs corps à
corps brutaux, expiatoires et ambigüs. Il
capte avec une simplicité déconcertante
cet aspect purement physique de la relation conflictuelle entre Thomas et Damien
qui ont besoin de passer par les coups
pour en arriver aux mots. Puis aux gestes
d’amour, filmés eux-aussi avec une sensualité spontanée, sans effets ni calculs.
Comme souvent, il n’est pas tant question
dans Quand on a 17 ans d’homosexualité que de la rencontre amoureuse entre
deux adolescents qui s’avèrent être deux
garçons. Nuance de taille pour un film lumineux qui prend le sujet de l’adolescence à bras le corps mais joue la carte de la
retenue, du sens du détail et de la légèreté.
(ecrannoir.fr)
NOUS TROIS OU RIEN
2 DERNIÈRES SÉANCES LES SAMEDIS 2 ET 9/04
Écrit et réalisé par KHEIRON
France 2015 1h42
avec Kheiron, Leïla Bekhti, Zabou Breitman, Gérard Darmon, Alexandre Astier, Kyan
Khojandi, Arsène Mosca, Johathan Cohen...
Voilà un film qui nous redonne foi en l’humanité… Pas celle avec un grand H mais
celle avec un grand cœur ! sachez qu’il est possible de rire aux éclats devant un film
sur le régime totalitaire du Shah d’Iran puis d’être ému aux larmes par une scène
muette bouleversante entre un père et sa fille… au téléphone ! Alors qu’ils laissent
leurs familles en Iran, Hibat et Fereshteh, tout juste parents (du futur Kheiron donc…)
tentent de se construire une nouvelle vie dans une cité de la banlieue parisienne.
Elle, en tant qu’infirmière, est chargée d’initier les femmes de son quartier à la biologie… Lui, avec son diplôme d’avocat, va faire de la médiation sociale son cheval de
bataille… Je vous laisse imaginer le nombre de scènes impayables et de dialogues
hilarants auxquels vous ne pourrez résister.
L'humour étant la politesse du désespoir, comme disait Boris Vian, en ces périodes
troubles et sombres, venez rire du malheur des autres, ils en rient eux-mêmes avec
grâce et panache !
LES INNOCENTES
JUSQU'AU 4/04 PUIS CHAQUE SAMEDI JUSQU'AU 23/04
Réalisé par Anne FONTAINE
France 2016 1h55 VOSTF - avec Lou De Laâge, Agata Buzek, Vincent Macaigne,
Agata Kulesza, Joana Kulig...
Scénario de Sabrina B. Karine, Alice Vial, Anne Fontaine et Pascal Bonitzer, sur
une idée de Philippe Maynial.
1944 : la Pologne a été dévastée par l’occupation allemande. La Croix Rouge
française s’est installée dans ce qu’il reste d’un hôpital pour soigner et rapatrier
les Français qui se trouvent sur le territoire polonais. Une jeune religieuse vient
demander du secours, et Mathilde Beaulieu, interne de vingt-cinq ans, accepte de la suivre jusque dans son couvent, malgré l’interdiction qui lui est faite de
s’éloigner du cadre de sa mission. Là, elle découvre une communauté de Bénédictines qui continuent à vivre leur vie de moniales, rythmée par les sept offices
quotidiens, mais qui cachent dans la honte et le désarroi un secret terrible. Les
soldats de l’armée rouge, suivant le reflux de l’armée allemande, ont pénétré dans
le couvent à plusieurs reprises, brutalisé, violé les jeunes religieuses et certaines
sont sur le point d’accoucher. Peu à peu une relation se noue entre la médecin
athée et la trentaine de nonnes qu’elle va tenter d’aider autant que possible...
Les Innocentes est bien plus que le récit prenant d’un moment d’histoire peu connu,
le film rayonne de cette lumière intérieure qui caractérise ceux qu’une conviction
profonde élève au-dessus des contingences les plus difficiles, jusqu’à atteindre une
sorte d’intensité harmonique rare et positive.
LES DÉLICES DE TOKYO
DU 30/03 AU 5/04
Écrit et réalisé par Naomi KAWASE
Japon 2015 1h53 VOSTF
avec Kirin Kiki, Masatoshi Nagase, Kyara Uchida...
D’après le roman An, de Durian Sukegawa.
Installé dans une petite cahute, en plein coeur de Tokyo, Sentaro vend des dorayakis, des pâtisseries traditionnelles japonaises, constituées de deux pancakes fourrés d'une pâte confite de haricots rouges. Pour lui, les jours se suivent… Le réveil
sonne l’heure de la clope qu’il fume, solitaire, sur une terrasse, avant de se mettre
au boulot sans conviction. Des litres de pâte qu’il transforme en dizaines de petites
crêpes pour les gosiers voraces d’une poignée de collégiennes qui les ingurgitent
en se moquant de lui, de ses airs bougons. Parmi elles, la jeune Wakana, lycéenne,
égaie ses journées solitaires. Mais tout bascule quand un jour, Tokue, une dame de
70 ans, propose à Sentaro ses services de cuisinière. D'abord réticent, l'homme finit
par accepter de l'embaucher. Bien lui en prend, la recette de la sympathique vieille
dame, aussi simple qu'inimitable, connaît très rapidement un vif succès et fait de
l'échoppe un rendez-vous incontournable...
Ne croyez pas que vous avez affaire à un film culinaire : nous sommes dans l’univers de Naomi Kawase, avec sa douceur, sa subtilité habituelles, sa gourmandise de la vie. Ces dorayakis se révèlent être plus que de savoureuses pâtisseries,
ils recèlent l’essence des choses, la saveur de l’enfance, l’attention aux autres,
aux moindres petites choses. Ils sont une invitation à s’ancrer dans le présent,
à aimer tout ce qui nous entoure, à jouir de la vie. Une ode au Carpe Diem…
MÉDECIN DE CAMPAGNE
JUSQU'AU 3/05
Réalisé par Thomas LILTI
France 2016 1h42
avec François Cluzet, Marianne Denicourt, Isabelle Sadoyan, Christophe
Odent, Patrick Descamps, Felix Moati...
Scénario de Thomas Lilti et Baya Kasmi
On a découvert Thomas Lilti, médecin
passionné devenu cinéaste du même
métal, avec Hippocrate, formidable portrait d’un jeune interne plongé dans le
maelstrom d’un grand hôpital parisien en
proie à la réduction des effectifs et à la
surchauffe. Son nouveau film s’intéresse
encore à la médecine – le titre ne laisse aucun doute sur la question – mais,
bien loin des grands complexes hospitaliers parisiens, il nous parachute dans
une région rurale que l’on connaît bien
parce que voisine d’Utopia, le Vexin, à
cheval entre la Normandie et les confins
de l’Ile de France. La vie quotidienne est
sans doute ici plus sereine, son rythme
est plus raisonnable, à la mesure de
ces paysages paisibles, qui n’ont guère
bougé depuis un siècle... Il n’empêche
que pour Jean-Pierre Werner, seul médecin dans un rayon de plusieurs dizaines de kilomètres, la surchauffe est bien
présente aussi. Du matin au crépuscule,
il sillonne les départementales de la région, au devant des petits bobos et des
grandes solitudes, tour à tour médecin généraliste, psychologue, assistant
social, homme à tout faire, dans une
campagne peuplée essentiellement de
personnes âgées, pour qui il est parfois
une des rares visites. Les consultations à
domicile s’enchaînent – très belles scènes qui témoignent bien du regard chaleureux de Thomas Lilti, en même temps
que de sa connaissance approfondie
de son sujet – et quand il revient, quasi
systématiquement en retard, à son cabinet, la salle d’attente est souvent pleine
de patients... Pas de doute, la tâche est
rude. Et les confrères ne se bousculent
pas au portillon pour accepter de s’installer dans une région pas spécialement
attractive et fort peu lucrative : travailler
dix à douze heures par jour à ce prix là,
c’est du sacerdoce !
Mais pour l’instant, ce n’est pas la surcharge de travail qui préoccupe JeanPierre. C’est même tout le contraire :
ce qui le mine, c’est qu’il risque d’être
obligé d’arrêter. Le diagnostic de son
confrère et ami qui, dans la première scène du film, lui fait passer un examen du
cerveau est sans appel : il souffre d’une
tumeur temporale, il va lui falloir suivre
un traitement lourd, fatiguant, donc il n’a
pas d’autre choix que de lever drastiquement le pied et de se trouver dare-dare
un remplaçant...
C’est comme ça que débarque Nathalie, qui a tout pour déplaire au vieil ours
Jean-Pierre, habitué à travailler tout seul,
à ne s’expliquer de rien à personne, et
claffi de préjugés éventuellement machistes : Nathalie est incontestablement
une femme, une citadine qui n’a aucune
expérience de la campagne, incapable
de distinguer un jars d’un canard, et qui
en plus a suivi un parcours peu orthodoxe puisqu’ancienne infirmière ayant
repris des études de médecine sur le
tard... Ce qui nous vaudra quelques scènes de bizutage aussi répréhensibles
que cocasses.
Mais Nathalie a un sacré tempérament et
une vraie compétence et elle va s’accrocher, jusqu’à gagner la confiance de son
confrère mal embouché...
Thomas Lilti livre un bel hommage, d’une
évidente authenticité, à cette profession
de médecin de campagne, somme toute méconnue et guère valorisée – pas
étonnant qu’elle soit en voie de disparition –, en première ligne face à la crise
générale de notre système de santé. Et
il agrémente cette chronique bien sentie
d’une fine trame romanesque où l’amour
et la peur de la mort vont se croiser. Pour
incarner ce couple a priori pas du tout
fait pour s’entendre mais dont les solitudes vont évidemment se rapprocher,
Marianne Denicourt et François Cluzet
excellent.
FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM D’ENVIRONNEMENT
THE YES MEN ARE REVOLTING
Séance unique et gratuite le samedi 9 avril à 18h15 à Utopia Saint-Ouen l'Aumône
dans le cadre du FIFE, Festival International du Film d'Environnement organisé par le Conseil Régional Ile de France
en présence de l'incroyable et génialissime activiste américain des Yes Men Mike Bonnano
LE FIFE 33ème édition
c'est à Paris et dans
les sept départements
franciliens, du 5 au 12
avril, 99 films, dont
53 premières, 14 web
documentaires venus de
41 pays, des images qui
rendent compte d'un état
du monde et un regard
sur les femmes et les
hommes qui s’engagent
pour préserver un équilibre.
Film documentaire de Laura NIX, Andy genre. Mais Andy et Mike se firent surtout
BILCHBAUM et Mike BONNANO
connaître avec l’invention de faux sites
USA 2014 1h32 VOSTF
d’institutions comme l’OMC, grâce à quoi
ils purent se faire inviter officiellement en
Youhou ! Réjouissons nous, les Yes Men tant que représentants de l’organisation
sont de retour ! De ce côté ci de l’Atlan- à des conférences à travers le monde –
tique, ça fait un bout de temps que l’on pour y déverser, parlant au nom de la très
n’avait pas entendu parler de ces acti- respectable institution, des propos tout
vistes réjouissants, rois du canular mili- à fait édifiants : ils iront présenter en Fintant, champions hors catégorie dans l’art lande un costume de loisir de managers
d’emmerder les grands groupes et les permettant de surveiller à distance les
institutions économiques internationales. ouvriers délocalisés, émettant l’idée que
Ce nouveau film réalisé par et pour les Yes pour le capitalisme la délocalisation est
Men vient à point nommé rappeler aux plus efficace que l’esclavage. Ils iront plus
jeunots, ignares ou oublieux la carrière de loin en présentant avec McDonald un proce duo culte et de choc et nous fait par- jet commun de recyclage des excréments
tager ses exploits (mais aussi ses ratages) pour les restaurants des pays du Sud, et
sur les cinq dernières années, principale- annonceront même officiellement la fin
ment autour de la question préoccupante de l’OMC. Parfois leur canular déstabilise
du réchauffement climatique.
complètement les groupes visés, comme
The Yes Men are revolting revient donc quand ils se font passer pour des repréavec une certaine nostalgie (désormais sentants de Dow Chemicals, l’énorme
Andy a la tempe grise, Mike de son côté compagnie responsable de la catastrophe
a perdu quelques cheveux et gagné quel- de Bhopal, et qu’ils reconnaissent la resques enfants) sur les jeunes années des ponsabilité de la firme devant la presse,
Yes Men, quand les deux lascars étaient promettant des dédommagements aux
deux informaticiens surdoués qui com- victimes plusieurs dizaines d’années
mencèrent leur carrière dans un collectif après. Obligeant Dow Chemicals, à sa
d’artistes célèbre entre autres pour avoir grande honte, à se dédire, et faisant ainsi
détourné 300 poupées Barbie ou GI Joe chuter l’action.
en échangeant leurs voix préenregis- On retrouve ici les Yes Men quelques antrées, moquant ainsi les stéréotypes de nées plus tard, engagés principalement
autour de la question du changement climatique. On les voit face aux bâtiments
de l’ONU, équipés de pseudo-bulles de
survie amphibies qui les font ressembler
à des poux géants, destinées à parer à
la montée des eaux... Ils n’ont pas perdu
leurs bonnes vieilles habitudes du déguisement et de la substitution d’identité : à
la Conférence pour le Climat de Copenhague, ils vont se faire passer pour le représentant de la Chambre de Commerce
américaine et expliquer l’engagement définitif du pays pour les énergies renouvelables, ou organiser une fausse conférence
vidéo de représentants canadiens (le
Canada étant un des pays les plus soumis aux lobbys pétroliers) annonçant la
conversion écologique du pays. Le piège
fonctionnera et ses déclarations seront reprises par plusieurs médias, entraînant un
séisme au Canada.
Le réjouissant The Yes Men are revolting
montre que, malgré les années, l’activisme jubilatoire, le sabotage non violent
sont toujours aussi réjouissants et efficaces pour bousculer les puissants. Et
même si le cours du monde n’en est pas
changé, peut être que grâce aux Yes Men,
il va un petit peu moins vite à sa perte. Et
ça redonne la pêche...
L'AVENIR
DU 6 AU 26/04
Écrit et réalisé par
Mia HANSEN-LØVE
France 2016 1h40
avec Isabelle Huppert, André Marcon,
Romain Kolinka, Edith Scob, Sarah Le
Picard, Solal Forte...
Festival de Berlin 2016
Ours d’argent de la
Meilleure réalisatrice
L’avenir est un livre ouvert. Un livre de
philosophie, de préférence. Un livre corné, annoté, un peu usé déjà, qui a livré
bien des secrets, mais pas tous encore.
Un livre qui se porte parfois comme un
fardeau, avec son pesant de désillusions
et de compromis, mais qui parfois est
aussi léger qu’un lendemain inattendu et
sa promesse toute simple d’une possible
liberté. Ce livre, c’est celui de Nathalie,
professeur de philosophie dans un lycée
parisien. Son mari est aussi professeur de
philosophie et lui aussi aime les livres et
l’assurance tranquille de cette vie bourgeoise et confortable, sans frasque ni
ostentation. Les enfants ont grandi et ne
sont plus à la maison, le plaisir et l’envie
d’enseigner semblent toujours constants
en dépit des années. Quant à l’amour,
il est là, à sa manière, avec le langage
et les habitudes d’une union qui dure
depuis vingt-cinq ans. Un amour sincère mais un peu éteint, posé quelque part sur une étagère, comme
un ouvrage dont on sait la présence
rassurante mais dont la couverture a
pris quelques égratignures, avec des
pages un peu usées d’avoir été peut-être
trop caressées.
des ou mûries.
Les retrouvailles avec Mathieu, un ancien
élève brillant qu’elle a mis sur la voie de
la philosophie et dont elle suit le travail,
vont coïncider avec cet instant précis
de la vie de Nathalie où les événements
vont se bousculer pour la malmener. Elle
devrait s’effondrer, elle pourrait imploser,
ou rester à terre en attendant le coup
de grâce final… Mais sous ses allures
frêles, s’appuyant sur la somme de ces
instants d’avant qui forment son passé,
La vie de Nathalie est rythmée par ses elle va tenter de se fabriquer un avenir
cours qu’elle donne à des jeunes gens car, oui, l’avenir existe même quand on
tout feu tout flamme qui l’écoutent ou a depuis longtemps passé l’âge d’oser le
qui ne l’écoutent pas, préférant sécher questionner.
pour aller manifester, se rassembler, revendiquer. Nathalie aussi, dans sa jeu- On connaît, pour les avoir appréciées
nesse, militait, mais c’était hier, le passé, dans ses précédents films, la délicatesse
une autre époque. Aujourd’hui elle veut et l’intelligence d’écriture de Mia Hansen
simplement assurer ses cours tranquille- Love, brillante réalisatrice qui s’attache
ment, suivre le fil de sa vie rangée avec ici à un portrait fort et subtil d’une femme
ses livres, ses élèves et sa mère un peu qui arrive comme on le dit banalement
folle qui se suicide trois fois par jour.
à un tournant de sa vie. Elle réussit le
Car c’est aussi cela, le propre du temps pari de ne jamais plomber son propos et
qui passe, de la roue qui tourne : hier en- glisse une belle tendresse dans le regard
core, on berçait sa couvée et aujourd’hui, qu’elle porte sur cette génération qui
il faut materner ses vieux parents. Et les n’est pas la sienne. A contrario, la manièvieille mamans angoissées, c’est parfois re dont elle parle de la jeunesse, des ses
très pénible… Celle de Nathalie, dans rêves, de ses utopies ne se fait jamais en
son genre (Edith Scob, égale à elle-mê- opposition. Au fond, chacun n’est que la
me) est un spécimen fort intéressant.
face passée ou à venir de la même pièce
Nathalie glisse sur ces lendemains avec et tout n’est que mouvement.
la force tranquille d’une femme fière de C’est un film sublime sur le temps qui
son parcours, des ses réussites familia- passe et la sagesse dont il faut faire
les et professionnelle ; forte aussi d’une preuve pour accepter le cycle de la vie
vie intellectuelle riche et intense, habitée qui œuvre pour chaque humain. C’est
par les auteurs, les philosophes, les pen- aussi un film qui dit qu’avec la pensée
seurs qui accompagnent chacun de ses et l’affection des autres, on est plus fort
pas, chacune de ses pensées vagabon- pour y arriver.
MUSTANG
3 DERNIÈRES SÉANCES
DU 1ER AU 3/04
Réalisé par Deniz Gamze ERGÜVEN
Turquie 2015 1h37 VOSTF
avec Günes Sensoy, Doga Zeynep Doguslu, Tugba Sunguroglu, Elit Iscan, Ilayda Akdogan, Ayberk Pekcan...
Scénario de Deniz Gamze Ergüven et
Alice Winocour
CÉSARS 2016 :
MEILLEUR PREMIER FILM
MEILLEUR SCÉNARIO ORIGINAL
MEILLEUR MONTAGE
MEILLEURE MUSIQUE
FATIMA
LES MERCREDIS ET SAMEDIS DU plantureuse, vêtue soigneusement mais
30/03 AU 16/04
sans souci d’effets de mode, son foulard
qui cache ses cheveux : tout contribue
Écrit et réalisé par Philippe FAUCON
à en faire une Fatima semblable à ces
France 2015 1h19
milliers d’autres qu’on voit circuler dans
avec Soria Zeroual, Zita Hanrot, Kenza l’indifférence générale de nos cités.
Noah Aïche, Chawki Amari, Mehdi Se- Le soir, rentrée à l’appartement, il lui
noussi, Franck Andrieux, Yolanda Mpele... reste encore à affronter l’arrogance de
Scénario librement inspiré des ouvra- sa plus jeune fille, Souad, qui du haut
ges de Fatima Elayoubi : Prière à la lune de ses quinze ans la juge de manière
et Enfin, je peux marcher seule.
tranchante. Comme si Fatima était le
symbole de l’entrave à son intégration,
PRIX LOUIS DELLUC 2015
l’empêcheuse de se normaliser en rond.
Sa révolte se trompe d’ennemie, elle est
CÉSARS 2016 :
le fruit d’une société qui l’incite à avoir
MEILLEUR FILM
honte d’une mère qui n’est bonne qu’à
MEILLEUR ESPOIR FÉMININ
« laver la merde des Français » et qui
MEILLEURE ADAPTATION
ne sait même pas parler leur langue…
Heureusement, son aînée, Nesrine, remet
Fatima, c’est un magnifique portrait de un peu sa cadette en place. Elle connaît
femme, c’est le portrait d’une foultitude le prix de l’ascension sociale, les sacrid’autres personnages attachants et na- fices maternels pour qu’elle parvienne
turellement en filigrane, celui de notre jusqu’au concours de médecine… Et
société. C’est un film qui vient plonger puis c’est l’accident, le bête accident
au plus profond de nous-mêmes, nous de travail qui cloue Fatima au lit. Alors
bousculer à tel point qu’il sera impos- Fatima décide d’écrire, ce qu’elle est, ce
sible de regarder de la même manière qu’elle ressent, pour ses filles, pour elle.
les passantes inconnues que l’on croise Plus on entre dans son intimité, plus on
dans la rue têtes nues ou discrètement dépasse sa difficulté à s’exprimer, cette
voilées.
barrière de la langue qui crée un fossé
Fatima, un prénom de princesse presque infranchissable entre les humains, plus
devenu un nom commun tant on l’asso- sa beauté intérieure se dévoile, irradie.
cie aux dames de ménage corvéables à Personnage complexe et subtil, à l’inmerci, prolétaires de l’ombre destinées à telligence vive, aux propos pertinents.
la serpillière.
On souhaiterait tous avoir une telle FaNotre Fatima ne rompt pas avec ce cliché. tima dans sa vie ! Pour l’heure Philippe
Le pâle sourire qui illumine son visage Faucon nous l’offre dans son film : ne la
débonnaire, son allure de quarantenaire laissons pas passer !
Mustang nous plonge dans une Turquie
qui, depuis quelques années, subit une
lente mais indéniable refonte sociale qui
ne va pas forcément dans le bon sens...
Le film traduit la fougue contagieuse
d’une jeune réalisatrice qui manifestement ne se reconnaît pas dans ces transformations.
C’est le dernier jour de l’année dans ce
collège d’un village de bord de mer. Un
moment bien particulier qui draine son
lot d’émotions fortes et de sentiments
contradictoires. La tristesse de quitter
ses camarades de classe, d’en être séparé pour un temps qui paraît une éternité, la joie d’être délivré des obligations
quotidiennes, de pouvoir vivre les aventures palpitantes des vacances. La tristesse, Lale et ses quatre sœurs la vivent
effectivement, serrant bien fort copines et
copains dans leurs bras. Lale se montre particulièrement émue par le départ
d’une de ses enseignantes pour Istanbul. Après les séparations et les embrassades, place à l’euphorie de ceux
qui restent : les cinq sœurs et quelques
garçons se dirigent vers une plage magnifique pour se prêter à des batifolages
aquatiques gentiment chahuteurs. Mais
ces jeux innocents et joyeux ne sont
pas du goût de tout le monde et suscitent un scandale aux conséquences
inattendues. Puis vient la goutte d’eau
qui fait déborder le vase du puritanisme
familial lorsqu’elles bravent l’interdiction de se rendre à un match de foot : le
pot aux roses est découvert au travers
d’une scène assez comique. À partir de
là, serrage de vis en règle : on les revêt
de longues robes « couleur de merde »
– dixit Lale – et on les accompagne au
village comme pour les exposer. Une
vaste entreprise matrimoniale se met
en branle et commence le défilé ridicule
des familles de prétendants. Tout est
mis en œuvre pour éduquer ces jeunes
femmes à devenir de bonnes épouses,
dociles, respectueuses de leur mari, de
la tradition, de la religion. A la rentrée,
aucune ne retourne à l’école, les cours
de pratique ménagère suffisent !
Mais le désir de liberté et d’accomplissement personnel est toujours là...
Ne vous y trompez pas, Mustang est
bien plus un appel à l’affirmation, et si
nécessaire à la révolte, des filles et des
femmes que le constat fataliste d’une
société en régression. À travers cette
chronique vivifiante d’adolescence rebelle, la réalisatrice nous dit clairement
qu’il faut garder l’espoir, qu’il y a des
espaces de liberté à sauvegarder ou à
conquérir. Même si le combat quotidien
est difficile...
SPOTLIGHT
DU 30/03 AU 5/04
Réalisé par Tom McCARTHY
USA 2015 2h08 VOSTF
avec Michael Keaton, Rachel McAdams,
Mark Ruffalo, Brian d’Arcy James, Liev
Schreiber, Stanley Tucci, Billy Crudup,
John Slattery, Jamey Sheridan...
Scénario de Josh Singer et Tom McCarthy.
OSCARS 2016 :
MEILLEUR FILM
Non, son quotidien n’est pas ponctué de
révélations spectaculaires et de satisfactions flattant l’ego.
McCarthy excelle à camper cette petite
ruche industrieuse que forme le groupe
Spotlight – les visages anxieux minés
par la fatigue croissante et les rebuffades récurrentes, les innombrables appels téléphoniques infructueux, les allées et venues entre le journal, le Palais
de justice et le bureau des avocats – et
à humer l’atmosphère solidaire qui règne à la rédaction. Outre sa pugnacité,
c’est l’autre grand atout du groupe : la
complémentarité de ses membres qui,
tous, savent qu’ils ont une note à jouer
dans la partition et qu’ils occupent une
fonction essentielle, chacun à sa place.
Peu à peu, le travail acharné des journalistes esquisse les contours des violences insondables subies par les jeunes
victimes d’hier. À cet égard, la force de
Spotlight, c’est le traitement du horschamp. S’il ne fait preuve d’aucune fausse pudeur dans l’évocation des viols, le
cinéaste évite soigneusement les flashback insistants, le pathos racoleur. Entre
les témoignages recueillis et la reconstitution des faits, le film donne pourtant à
sentir l’envergure du traumatisme…
Dans ce film subtil qui ne tombe jamais
dans l’écueil du manichéisme, tout le
monde, ou presque, partage les mêmes
origines et, partant, une responsabilité
collective… Un film passionnant, de bout
en bout !
De Bas les masques (1952) de Richard
Brooks aux Hommes du président
(1976) d’Alan J. Pakula ou à Révélations (1999) de Michael Mann, le journaliste incarne depuis longtemps, dans
le cinéma hollywoodien, une véritable
sentinelle de la démocratie. Dénonçant
sans relâche la criminalité, la corruption de la classe politique, le cynisme
du « big business », les pires dérives de
l’hystérie anticommuniste ou les erreurs
judiciaires, il est une vigie qui pointe
les dysfonctionnements de la société
américaine, parfois au péril de sa vie.
C’est dans cette solide tradition que
s’inscrit ce remarquable Spotlight qui,
comme souvent dans ce genre d’entreprise, s’inspire de faits réels. Ici,
l’équipe de journalistes d’investigation
du Boston Globe, surnommée « Spotlight » (littéralement « le projecteur »),
enquête sur une affaire de crimes pédophiles perpétrés – et dissimulés – par
l’Église catholique. Pour autant, il ne
faut pas chercher la moindre héroïsation
du reporter. Car ce qui intéresse McCarthy, c’est de montrer le journaliste,
ce soutier de la démocratie, au travail. (F. Garbarz, Positif)
Séance unique le mardi 10 mai à 20h30 à Utopia Saint-Ouen l'Aumône
organisée par les Paniers Beauchamp et les Amis de la Confédération Paysanne,
à l'occasion du salon du vin bio organisé par « Les Paniers de Beauchamp » le 28 mai.
La séance sera précédée à 19h30 d'une dégustation de vins bio, biodynamiques, ou nature
des producteurs présents au salon. Prévente obligatoire aux caisses d'Utopia jusqu'au
dimanche 8 mai pour la formule film + dégustation : 7 euros .
Possibilité de voir le film seul aux tarifs habituels sous réserve des places disponibles. La séance sera suivie
d'une discussion avec un des vignerons
Soirée soutenue par le NPA, le Parti de Gauche et Europe Ecologie Les Verts
Le mot des Amis de la
Confédération paysanne
INSECTICIDE, MON AMOUR
Réalisé par Guillaume BODIN
documentaire France 2015 52min
« Nous n’héritons pas de la terre de
nos ancêtres, nous l’empruntons à nos
enfants » (Antoine de Saint-Exupéry)
Pesticides, insecticides, engrais, toujours plus de producteurs agricoles et
de consommateurs s’élèvent contre les
vieilles mauvaises habitudes, s’interrogent, constatent, s’alarment. Quelque
chose ne va pas dans notre modèle
agricole, il est grand temps d’en changer radicalement pour adopter une voie
plus respectueuse de la nature et de
notre santé. Un sujet battu et rebattu ?
Impossible de le penser si l’on constate
que l’État lui-même pousse les préfectures à ordonner des traitements
pesticides (à l’instar du traitement des
vignes contre la cicadelle), qui vont
à l’encontre du bon sens comme le
constate ici Guillaume Bodin réalisateur
de ce film et également ouvrier agricole.
Avec sa caméra, il retrace l’affaire du vignoble de Bourgogne, depuis l’apparition
des premier premiers foyers de flavescence dorée, maladie fatale transmise
par le charmant petit insecte. De quoi
s’agît-il ? Quelle attitude a été adoptée
par les professionnels ? Les précautions d’utilisation des produits, vis-à-vis
des cours d’eau, habitations, écoles,
vents, sont-elles respectées alors que
les dérogations sont accordées à la
pelle ? Comment en est-on arrivé là ?
La force du film réside dans la pertinence
des intervenants choisis, nombreux, pour
évoquer ces questions de manière simple
et posée. Où l’on croise Lydia et Claude
Bourguignon et surtout Thibault Liger-Belair, poursuivi pour avoir refusé de traiter
ses vignes. Les différents services de l’État
ne s’expriment pas face à la caméra…
Ce documentaire raconte une belle histoire de résistance, constructive et positive,
même si les dangers sanitaires et les absurdités administratives qu’il pointe sont
loin d’être neutralisés.
« Les Paniers de Beauchamp » et les
Amis de la Confédération paysanne
proposent ce film de Guillaume Bodin illustrant la nécessité d’une
qualité sanitaire, environnementale, d’un bien-vivre ensemble de
la production à l’alimentation, du
paysan au consommateur-citoyen.
Se situant dans le champ de l’éducation populaire, « Les Paniers de
Beauchamp » organisent régulièrement des conférences, projections-débats, notamment autour
des problématiques d’alimentation
et de sa production.
Cette année, l’association met sur
pied un « salon du vin bio » le samedi 28 mai 2016 de 10 h à 19 h.
Des vignerons produisant des vins
bio, naturels, produits en bio-dynamie seront présents. Ce sera aussi
un moment pédagogique avec une
exposition, des tables rondes avec
les vignerons, des ateliers de dégustation ...
NO LAND'S SONG
DU 6 AU 19/04
Réalisé par Ayat Najafi
documentaire Iran/France 2016 1h31
VOSTF
avec Sara Najafi, Parvin Namazi, Jeanne
Cherhal, Elise Caron, Emel Mathlouthi...
Imaginez un instant ce que serait la
scène musicale française sans qu’aucune femme ne puisse chanter seule sur
scène. Imaginez que toutes nos chanteuses soient dans l’impossibilité de se
produire devant un public mixte. Imaginez qu’elles soient contraintes, pour
pouvoir être sur scène, de se placer
docilement au second plan, dans les
décors, derrière des interprètes uniquement masculins. Imaginez encore qu’on
leur demande fermement de ne pas
trop pousser leur voix et si possible de
se limiter à des chuchotements, de se
faire discrètes, de devenir invisibles…
Cela semble impensable. C’est pourtant
la réalité que vivent les femmes dans la
République islamique d’Iran : elles n’ont
pas le droit de chanter en public, à moins
que l’audience ne soit composée uniquement de leurs semblables (entendre par
semblables : « femmes, être inférieurs
à l’homme »). Un interdit d’une violence
inouïe qui prive les « auteures compositrices » du plaisir singulier de jouer pour les
autres, de vivre sur scène un art qui est fait
pour être partagé, pour vibrer à l’unisson.
Cet état de fait imposé par un régime
autoritaire et considéré par tous com-
me une immuable fatalité, Sara Najafi,
auteure et compositrice de Téhéran, a
décidé de lui tordre le cou. Mais « tordre le cou », quand on est une femme,
une audacieuse autant que charismatique artiste, on se doit de le faire avec
intelligence et talent, grâce et délicatesse, persévérance et diplomatie.
C’est cette histoire que nous raconte cet
incroyable documentaire, l’histoire d’une
femme qui veut faire chanter des femmes
dans une société patriarcale qui connut
pourtant un passé libre où une femme
pouvait chanter et danser l’amour devant un public conquis composé de ses
semblables (entendre par semblables :
êtres humains des deux sexes jouissant des mêmes droits – ou presque).
Sara va monter un projet ambitieux et fou :
organiser un concert officiel pour femmes
solistes en faisant monter sur scène non
seulement des Iraniennes (Parvin Namazi
et Sayeh Sodeyfi) mais aussi deux Fran-
çaises (Elise Caron et Jeanne Cherhal)
et une Tunisienne (Emel Mathlouthi, qui
donna une série de concerts lors du printemps tunisien). Mais rien ne peut se faire
sans l’accord des autorités et du terrible
département culturel, qui va tout mettre
en œuvre pour empêcher le concert…
No land’s song se vit presque comme
un film d’aventure, avec du suspens,
des rebondissements et des déceptions, avec des instants de grâce nés
de l’extraordinaire beauté des voix et
de la musique iranienne et de très forts
moment de partage que seule la langue
commune de la musique sait faire naître.
Et au-delà de la musique, bien sûr, c’est
une plongée dans le système kafkaïen
et souvent totalement ridicule d’une «
république islamiste » qui ne sait plus
sur quel pied danser, entre un renouveau politique incarné par l’élection du
président Hassan Rohani et une vision
sclérosée venue d’un autre âge. Mais
heureusement, en Iran, en Egypte, en Tunisie, comme hier au Chili, en Argentine,
en Tchécoslovaquie… : Kelmti Horra ! *
* en arabe : « ma parole est libre », chanson de Emel Mathlouthi
REMEMBER
DU 13 AU 19/04
Réalisé par Atom EGOYAN
Canada 2015 1h35 VOSTF
avec Christopher Plummer, Martin Landau, Bruno Ganz, Dean Norris, Henry
Czerny, Jürgen Prochnow...
Scénario de Benjamin August.
ALIAS MARIA
DU 6 AU 12/04
Réalisé par Jose Luis RUGELES
Colombie 2015 1h31 VOSTF
avec Karen Torres, Carlos Clavijo, Erik
ruiz, Anderson Gomez...
Scénario de Diego Vivanco.
Maria ne s’appelle pas Maria. C’est le
nom qu’elle porte depuis qu’elle a pris
les armes pour rejoindre la guérilla, au
cœur de la forêt amazonienne de Colombie. Un surnom (« alias » en espagnol), un pseudonyme, un nom de
guerre, la marque que celle qu’elle était
avant n’est plus, et qu’elle a perdu,
en embrassant la cause, son nom de
baptême et les traces de son passé.
De Maria on ne saura pas grand chose.
Ni pourquoi elle a rejoint les FARC – à
moins qu’elle n’ait été enrôlée de force
– ni ce qu’était sa vie. Ses parents, son
village, sa famille : tout cela n’a plus
d’importance pour elle et n’en aura pas
plus pour nous, spectateur. Maria est
une compañera, soldate armée et en
treillis d’un commando composé essentiellement de femmes, souvent très
jeunes. Un visage encore potelé par
les rondeurs de l’enfance, un corps qui
a poussé trop vite, un regard bien trop
profond et trop triste pour que l’on
puisse oser croire que la jeune vie de
Maria fut un fleuve joyeux et insouciant.
Dirigé forcément par un homme qui manie
en un savant dosage paternalisme, autoritarisme et ce qu’il faut d’attentions pour
contrôler ce drôle de gynécée, le commando doit rejoindre un lieu plus sûr. La
jungle est l’immense champ de la terrible
bataille que se livrent depuis des décennies les Forces Armées Révolutionnaires
Colombiennes, l’armée gouvernementale, les narco-trafiquants et les milices para-militaires. Une guerre sanglante dont
les civils, paysans, femmes, enfants,
sont les premières victimes. Et comme
Maria, bon nombre d’entre eux rejoignent les rangs des FARC, par soif d’un
idéal de justice et d’équité, par l’attrait
des armes et du pouvoir qu’elles confèrent mais aussi sans doute parce qu’elles
offrent un toit, une protection, des repas
et même les précieux services d’un médecin dont ce peuple oublié est privé.
Peut-être parce qu’elle est plus coriace
et déterminée que les autres, ou simplement par hasard, Maria se voit confier
une mission : transporter en lieu sûr le
nouveau-né du commandant. Car en dépit des précautions et des avortements
pratiqués régulièrement, des bébés naissent dans la jungle. Accompagnée de
deux soldats et d’un gamin encore plus
jeune qu’elle à qui l’on a donné une arme
et un barda deux fois plus lourd que sa
maigre carcasse, Maria s’enfonce au
cœur de la forêt, le bébé contre son sein.
Nous allons suivre cette improbable
expédition au plus près des corps et
des souffles, au plus profond du ventre de la jungle, qui définit un étrange
huis-clos oppressant et moite où chaque pas de travers peut-être fatal...
C’est un film très fort qui n’épargne ni
ses personnages, ni le spectateur et oui,
c’est un film secouant, qu’il faut encaisser comme on encaisse les mauvaises
nouvelles de notre monde, si violent.
Mais au-delà de la dimension documentaire du film, qui s’inspire bien évidemment de la brutale réalité de la Colombie
et de ses guerres internes, sans pourtant
jamais poser un regard moralisateur ou
inquisiteur, Alias Maria est surtout le portrait bouleversant d’une gamine luttant
pour sa survie. Sa force vive, son courage, mais aussi son empathie et son désir
incandescent de se sortir de ce bourbier
résonnent comme les promesses fragiles
d’une vie meilleure, loin de la violence arbitraire, des règlements de comptes, de
la prédation des mâles.
Zed a 85 ans, une allure de vieux monsieur très classe, et se perd un peu entre passé et présent. Dans une chouette
maison pour vieux un peu largués mais
qui ont les moyens, il a beaucoup de mal
à se rappeler que sa femme Esther est
décédée depuis huit jours et la cherche
à chaque réveil… Son vieux copain Max
est là aussi avec son fauteuil à roulettes,
son oxygène dans le nez, ses airs de
Méphisto à la retraite (Martin Landau),
mais toute sa tête et une furieuse haine
qui l’a accompagné toute sa vie et sera
le moteur de l’aventure incroyable qui
va s’élaborer à partir de sa chambre.
Zed a toujours sur le bras le numéro qui
lui rappelle qu’il est avec Max un des rares survivants de leurs deux familles exterminées par les nazis. Il ne se souvient
pas avoir promis à sa femme de la venger en retrouvant le SS qui a directement
provoqué leur mort et qui, lui, est toujours
vivant et c’est insupportable… Mais Max
lui a tout écrit dans une lettre qu’il devra garder sur lui en s’échappant de ce
havre médicalisé et la relire chaque fois
qu’il perdra le fil : les billets d’avion sont
dans une enveloppe, les dollars aussi,
les chambres d’hôtels sont payées
d’avance… Il suffit que Zed suive les
indications pour accomplir ce que Max,
cloué dans son fauteuil, ne peut plus
accomplir : retrouver et tuer Rudy Kurlander, le coupable, l’exterminateur de
Juifs, réfugié aux États-Unis comme de
nombreux nazis qui s’y sont faufilés à la
fin de la guerre, se cachant parfois sous
le nom de leurs victimes. Petit problème : quatre hommes aux USA portent
le nom de Rudy Kurlander, Zed doit
donc d’abord trouver lequel est sa cible.
La quête sera compliquée, pleine de
surprises, sorte de polar noir et étrange
à rebondissements inattendus, plongée
dans des vies troublées, des souvenirs
douloureux des camps, où on croise
aussi de furieux nostalgiques du nazisme qui continuent à vénérer Hitler (impressionnant Dean Norris que Breaking
Bad nous a rendu familier). Au bout d’un
voyage téléguidé par le vieux Max, Zed
trouvera bien l’affreux bonhomme qu’il
doit tuer… et la surprise sera totale…
Il ne fallait pas s’attendre de la part
d’Atom Egoyan à un film lisse et linéaire. Crépusculaire et ponctué de nostalgie, de relents de souffrances qui ne
s’estompent pas, ce Remember ouvre
plus d’interrogations qu’il n’apporte
de réponses. On voit bien que sous ce
polar sombre et peu ordinaire se cache l’ambiguïté de l’humanité, qui distingue les bourreaux pour en faire des
victimes et transforme les victimes en
bourreaux dans un jeu de cache-cache
morbide…
UN MONSTRE À 1000 TÊTES
DU 20/04 AU 3/05
(Un monstruo de mil cabezas)
considèrent que vous avez déjà un orteil
dans la tombe. La décision d'un nouveau
traitement pour le mari de Sonia appartient donc au médecin conseil de la mutuelle. Évidemment injoignable en cette
veille de week-end…
Réalisé par Rodrigo PLA
Mexique 2015 1h15mn VOSTF - avec
Jana Raluy, Sebastian Aguirre Boëda,
Hugo Albores, Daniel Gimenez Cacho... Qu'à cela ne tienne, Sonia réunit tous
Scénario de Laura Santullo.
les documents nécessaires et se rend
en compagnie de son adolescent de fils
PRIX DU PUBLIC,
au siège de la mutuelle. Et tout va s'emFESTIVAL DE BIARRITZ 2015.
baller quand elle croise le dit médecin
qui prétend ne pas être là, raquette de
Le « monstre à mille têtes », c'est le libé- squash à la main, s'apprêtant à partir.
ralisme sans frein et et ses conséquen- Prouvant (et approuvant !) que l'amour
ces, c'est le système kafkaïen qu'il met d'un proche et l'instinct de survie peuen place, c'est la nouvelle bureaucratie vent tranformer une femme sans histoide l'argent qu'il instaure. Rodrigo Pla, res en louve prête à protéger sa meute, le
comme dans l'excellent La Zona qui film et ses personnages basculent alors
nous l'a révélé (disponible en Vidéo en dans l'engrenage inéluctable d'un thriller
Poche), s'attaque bille en tête au mons- social palpitant… Sonia n'a d'autre choix
tre, et c'est aussi rageur que captivant.
que de franchir les limites de la légalité
Le film commence par un plan éloigné pour faire face à un système bureaucrasur une chambre d'où nous parviennent tique, injuste et corrompu qui nourrit un
des sons qui pourraient nous faire croire peu plus les riches et laisse crever ceux
à des ébats amoureux, mais la séquence qui ne le sont pas.
s'éclaire et l'on comprend rapidement
que les gémissements émanent d'un Rodrigo Pla et sa scénariste ont été inshomme qui souffre atrocement. Le mari pirés par le documentaire canadien The
de Sonia n'en peut plus du cancer qui Corporation (programmé chez nous en
le ronge. Sonia, quadragénaire tout ce 2005), qui décrivait l'action criminelle des
qu'il y a d'ordinaire et de paisible, que multinationales (en particulier les sociérien ne prédispose aux actes irréfléchis, tés pharmaceutiques ou liées à la santé)
encore moins insensés, va faire ce que contre l'intérêt des citoyens. La mise
toute épouse ferait en de telles circons- en scène remarquablement rythmée et
tances : joindre d'urgence le médecin tendue renforce le propos. Elle oppose
afin de trouver avec lui le meilleur trai- la course effrénée de Sonia à la froideur
tement possible pour soulager son mari, aseptisée et inhumaine des locaux de la
peut-être celui de la dernière chance. mutuelle, au luxe glacé des villas des difMais voilà, nous sommes au Mexique, férents dirigeants. Et cette froideur des
laboratoire – comme bien d'autres pays lieux est bien sûr le reflet de celle des hud'Amérique latine – des mesures ultra-li- mains qui y travaillent, qui y vivent.
bérales les plus délirantes. Résultat : la Aux accès de violence s'opposent des
santé est entre les mains de mutuelles moments comme suspendus, figés, qui
privées, promptes à encaisser des coti- cassent volontairement le caractère drasations mensuelles extravagantes, beau- matique des situations, qui pointent l'abcoup moins à prendre en charge les frais surdité, le ridicule des puissants et de
médicaux ou hospitaliers quand elles leur mode de vie.
DEMAIN
MERCI PATRON !
3 DERNIÈRES SÉANCES LES 2, 3 ET 5/04
Réalisé par François RUFFIN
documentaire France / Belgique 2015 1h30
Jocelyne et Serge Klur, ouvriers dans l’industrie textile
depuis plus de trente ans, fabriquaient des costumes
pour la marque Kenzo dans le nord de la France jusqu’à
ce que leur usine soit délocalisée en Pologne. Désormais au chômage, criblés de dettes, ils risquent simplement de perdre leur maison. Bernard Arnaud est PDG du
groupe LVMH. La firme est numéro un mondial du luxe
grâce à son portefeuille de plus de soixante marques
de prestige dont certaines sont plusieurs fois centenaires. « Groupe à caractère familial, LVMH a pour vocation
d’assurer le développement à long terme de chacune de
ses Maisons dans le respect de leur identité, leur héritage, leur savoir-faire. » Cette gentille phrase de présentation du groupe sur la page d’accueil de son site internet
est située juste en deçà du petit compteur qui nous donne la valeur de l’action en temps réel… François Ruffin,
vous connaissiez sa voix de journaliste enquêteur dans
l’émission Là-bas si j’y suis. Sensible aux sorts et causes des classes populaires aujourd’hui sous-représentées dans les médias mais toujours plus présentes dans
la composition de la société française il est également
le fondateur du journal de contre-désinformation Fakir
que vous pouvez trouver dans tous les bons kiosques
mais aussi et toujours à la caisse de votre ciné préféré.
A priori pas grand chose en commun entre ces trois protagonistes. Sauf que les Klur travaillaient pour Kenzo,
que Kenzo appartient au groupe LVMH et que Ruffin
a une fâcheuse tendance à prendre fait et cause pour
les valeureux travailleurs plutôt que pour les patrons de
multinationales. Notre journaliste d’investigation s’invite donc à une assemblée générale du groupe LVMH
et tente de prendre la parole. Sitôt monté sur l’estrade
sitôt délogé, il semble difficile de croire que David puisse
encore l’emporter sur Goliath. Mais il prend des forces,
avale quelques petits fours, une rasade de champagne
et fomente une action digne d’un Robin des bois des
temps modernes, tendance carnavalesque. Du suspense donc, de l’émotion, de la franche rigolade, et même
de l’espionnage sont au programme de ce thriller social qui semble s’inscrire, telle une nouvelle variante des
Pieds Nickelés version picarde contre une entreprise
tentaculaire, dans la longue caravane des combats pour
des causes désespérées mais qui, en fin de compte,
nous conforte dans l’idée que, tel que le proclame Fakir
à longueur de numéros : « À la fin, c’est nous qu’on va
gagner !
TOUS LES DIMANCHES SOIR JUSQU'AU 8/05 ET TOUS LES
VENDREDIS JUSQU'AU 22/04
Cyril DION et Mélanie LAURENT
documentaire France 2015 2h
CÉSAR 2016 DU MEILLEUR DOCUMENTAIRE
Qui n’a pas eu envie de changer le monde ? Au moins de le rendre meilleur ? Qui n’a pas rêvé d’un monde où chacun mangerait
à sa faim, et sainement, aurait un toit, de qualité, pourrait circuler
librement, où l’argent ne serait plus le roi, mais juste un moyen,
où l’air ne serait plus pollué jusqu’à l’asphyxie, où les océans ne
seraient plus pillés par la pêche industrielle ni envahis par le pétrole ou le plastique, où les champs, les arbres, les animaux ne
seraient plus empoisonnés par les pesticides, infectés par la radioactivité invisible, inodore ? Un monde où l’intérêt commun serait
compris de toutes et tous : la nécessité de nous inventer une nouvelle et belle vie, maintenant, pendant qu’il est encore temps, pour
que demain ne soit pas le résultat inéluctable de nos errements…
Loin de l’écologie triste et punitive, loin du discours sur le développement durable cher au greenwashing, vous allez voir un
film formidable, vivant, enthousiasmant sur notre extraordinaire
capacité à rebondir face à l’adversité, notre extraordinaire capacité à imaginer, notre extraordinaire capacité à faire. Mélanie Laurent et Cyril Dion sont allés rencontrer des gens passionnants à travers le monde, qui œuvrent au quotidien à ce
changement indispensable : Inde, États-unis, Canada, Danemark,
Allemagne, Islande, Scandinavie, Finlande, Grèce, France…
Le film est composé de cinq chapitres : agriculture, énergie, économie, démocratie et éducation. Construction intelligente et pédagogique, dans le meilleur sens du terme, qui nous montre bien que
tout est lié, qu’il s’agit bien d’un problème politique, là aussi dans
le sens noble du terme. Et il présente des actions, des alternatives
concrètes qui sont mises en œuvre, avec succès, dans tous ces domaines. Mélanie Laurent : « Mises bout à bout, les initiatives comme
la permaculture, les monnaies locales, les énergies renouvelables,
dessinent un monde possible. Ce qui peut paraître démotivant,
c’est qu’il ne s’agit que d’initiatives isolées, mais en même temps
elles ne demandent qu’à être réunies ! Il y a déjà un monde qui tient
la route, qui existe, où tout est possible. Des solutions sont déjà
disponibles, dans tous les domaines, c’est forcément inspirant ! »
Tout s’enchaîne judicieusement et vient renforcer la certitude qu’il faut d’urgence opérer une rupture symbolique, mais
aussi pratique avec notre système actuel fondé sur le pétrole et les autres énergies fossiles, sur le nucléaire, sur le
productivisme, sur le consumérisme, sur la financiarisation
de l’économie, sur l’éducation normative et compétitive…
Pas de doute, Cyril Dion, co-fondateur avec Pierre Rabhi du mouvement Colibris, et Mélanie Laurent, actrice et réalisatrice, tous
deux activistes pour un monde meilleur, ont réussi leur coup : sur
les thématiques qu’il aborde, Demain est un film-somme, essentiel,
un outil d’information et d’action qui est aussi un spectacle passionnant et exaltant.
La séance du jeudi 28 avril à 20h30 à Utopia Saint-Ouen l'Aumône
sera précédée à partir de 19h30 d'un apéritif participatif en soutien au Festival PIAF 95,
Festival et Forum Social des alternatives
( le 7 mai à la salle des fêtes de Pierrelaye avec entre autres en concert HK et les Saltimbanks )
DALTON TRUMBO
À PARTIR DU 27/04
Réalisé par Jay ROACH
USA 2015 2h04 VOSTF
avec Bryan Cranston, Diane Lane, Helen
Mirren, John Goodman, Adewale Akinnuoye-Agaje, David James Elliott, Elle
Fanning…
Scénario de John McNamara, d’après
le livre de Bruce Cook
Dalton Trumbo. Vous connaissez son
nom, vous ne savez peut être pas d’où,
mais il vous semble familier. Peut être un
écrivain, ou un homme politique, à moins
qu’il ne soit un réalisateur... Avec un patronyme pareil, il est aisé d’imaginer le bonhomme faisant du cinéma. Ou est-ce son
prénom qui évoque, pour nous autres qui
avons aussi appris à lire avec Lucky Luke,
la fratrie multi-faces et roublarde des Dalton ? Trumbo Dalton était lui aussi un malin mais à l’inverse des bandits dessinés,
il était d’une rectitude intellectuelle et morale absolue. Scénariste à succès pour le
Hollywood des années 1950, il a travaillé
avec les plus grands (Kubrick, Preminger,
Losey...) et remporté deux oscars de la façon la plus inattendue. Il a aussi écrit et
réalisé le saisissant Jonnhy got his gun.
Mais il eut surtout le triste privilège de
faire partie de la liste noire la plus tristement célèbre de cette période sombre de
l’histoire des Etats-Unis, celle des « Dix
de Hollywood » : dix producteurs, scénaristes ou réalisateurs de cinéma qui furent
convoqués en 1947 par la Commission
sur les activités antiaméricaines. Aucun
des Dix n'accepta de répondre à la question récurrente posée par la commission :
« Êtes-vous ou avez-vous été membre du
Parti communiste américain ? ». Il furent
tous inculpés pour outrage et emprisonnés.
Trumbo a finalement fait beaucoup pour
l’histoire du cinéma, tout en faisant de la
politique, façon dandy. Le film n’efface
d’ailleurs pas les multiples paradoxes de
ce sympathisant communiste prônant un
monde plus juste et égalitaire mais côtoyant les riches producteurs, leurs grosses bagnoles, leurs gros cigares, leurs
villas avec piscine et leurs toiles de maître. Derrière les beaux discours se cachait
aussi un mari aimant mais intraitable,
un père dévoué mais autoritaire, parfois
même tyrannique, qui n’hésitait pas à faire
passer sa machine à écrire avant l’anniversaire de ses mômes.
Dalton Trumbo raconte donc la vie passionnante de cet infatigable auteur pris
dans la folie paranoïaque de ces années
noires des États Unis. Comment il a tenu
tête avec panache à la Commission McCarthy, comment lui et sa famille ont failli
être brisés mais comment il a toujours su,
avec malice et ruse, contourner les interdits pour continuer à faire ce qui le passionnait, ce qui le faisait vivre et vibrer :
écrire des scénarios ! Et si possible depuis
son poste de travail préféré : au fond de sa
baignoire aménagée, avec un bon scotch
dans une main et une cigarette clouée au
bec.
Plongée réjouissante dans cet âge d’or
déjà croqué avec brio dans Ave César,
le film est aussi un vibrant hommage aux
scénaristes, du temps où ils faisaient
encore la pluie et le beau temps à Hollywood, du moins quand on les jugeait
fréquentables.
Il ne reste qu’à mentionner une équipe de
comédiens tous formidables. Que ce soit
Helen Miren en vipère réac à chapeaux
faiseuse de roi ou de paria, John Goodman en producteur de nanars, amateur de
fesses, de fric et de méthodes fortes et
bien sûr Bryan Cranston, révélé au grand
public grâce à la série Breaking Bad. Dans
le rôle titre, ll livre une performance subtile, du père et mari attentionné au créateur
fiévreux et inflexible, et incarne ce personnage hors du commun, romanesque et
attachant, qu’était Dalton Trumbo, ce nom
sur lequel vous mettrez désormais une
moustache, une grosse paire de lunettes,
un fume-cigarette et un scénario.
THE ASSASSIN
DU 6 AU 12/04
Réalisé par HOU HSIAO-HSIEN
Taïwan 2015 1h45 VOSTF
avec Shu Qi, Chang Chen, Yun Zhou
Tsumabuki Satoshi, Ching-Tien Juan...
Scénario de Chu T’ien-wen et Hou
Hsiao-Hsien
Festival de Cannes 2015 :
Prix de la Mise en scène
Pour quelques uns d’entre nous – et pour
pas mal de critiques aussi –, The Assassin était le plus beau film du Festival de
Cannes 2015, stupéfiant de splendeur,
un film qui entrera à coup sûr au panthéon du cinéma asiatique.
Dès son subjuguant prologue en noir et
blanc, on est saisi par la beauté sidérante de chacun des plans, de leur minutie
frisant la folie : sensation rare de se trouver littéralement happé par une œuvre,
de perdre ses repères, d’être hors du
temps qui défile...
The Assassin nous propose un bond en
arrière jusqu’au 9ème siècle, au cœur de
la dynastie Tang. Une période souvent
considérée comme une des plus florissantes, des plus prospères de l’histoire
de la Chine, tant économiquement que
culturellement. La capitale Chang’An
était à l’époque la plus grande ville du
monde. Bien plus et bien mieux que
dans la plus soignée des productions
hollywoodiennes, la reconstitution historique est d’une précision vertigineuse,
fruit de cinq ans de recherches et de repérages. Nous allons suivre une jeune
femme, Nie Yinniang, qui revient chez
elle après plusieurs années d’exil mystérieux. On découvre peu à peu qu’elle a
séjourné auprès d’une nonne non moins
mystérieuse, qui lui a enseigné dans le
plus grand secret les arts martiaux, et Nie
Yinniang est devenue une professionnelle de l’assassinat, envoyée à Huebo,
capitale provinciale, pour tuer Tian Ji’an,
le gouverneur félon de la province, dans
le contexte troublé de désagrégation de
l’Empire, miné par les ambitions féodales. Détail qui n’en pas un : Tian Ji’an est
son cousin, avec lequel elle a été élevée
et qui lui fut autrefois promis comme
fiancé...
Inspiré d’une nouvelle de l’époque, The
Assassin signe le retour du grand Hou
Hsiao-Hsien (Poussières dans le vent,
La Cité des douleurs, Le Maître de marionnettes, Les Fleurs de Shanghaï etc...)
et c’est la première incursion du maître
taiwanais dans un genre culte en Chine,
le wu xia pian, (film de sabre à connotation historique), qui le fascina adoles-
cent mais auquel jamais il n’osa s’attaquer. Un genre immortalisé par les chefs
d’oeuvre de King Hu dans les années 70
(Raining in the moutain, Touch of zen... )
puis par les délires virtuoses et virevoltants de Tsui Hark (Zu, les guerriers de
la montagne magique), enfin plus récemment par le divertissant Tigre et dragon
d’Ang Lee. Mais Hou Hsiao-Hsien aborde le genre de manière totalement différente, beaucoup plus intimiste, mêlant le
mélo au film de sabre. Le film est ponctué de combats magnifiquement chorégraphiés, sublimés par une harmonie de
couleurs toujours idéale, mais ils s’apparentent davantage aux combats des
films de chambara de Kurosawa qu’à
ceux de Tsui Hark ou Ang Lee. La tension
réside essentiellement dans l’atmosphère feutrée et élégante des palais où les
intrigues se nouent. Hou Hsiao Hsien
filme magnifiquement ses personnages
noyés dans les paysages grandioses
de la Mongolie intérieure ou du centre
de la Chine : on les croirait sortis d’une
estampe médiévale... Il magnifie aussi,
toujours en clair obscur, les intérieurs
couleur sang et or que n’aurait pas renié un Caravage. Des intérieurs enveloppants où se nouent les amours déçues,
les vengeances longtemps enfouies, où
la mort peut surgir à tout instant, dans
une volute de fumée incompréhensible
qui cache l’assassin. Il faut insister une
fois encore sur l’admirable précision de
la mise en scène : rien n’y est inutile, les
plans séquences les plus impossibles
sont maîtrisés à la perfection... Avec en
prime un couple d’acteurs au charisme
renversant, tout particulièrment la splendide Shu Qi, égérie du cinéaste.
THE REVENANT
JUSQU'AU 26/04
Réalisé par Alejandro GONZALEZ
IÑARRITU
USA 2015 2h36 VOSTF
avec Leonardo DiCaprio, Tom Hardy,
Domhnall Gleeson, Will Poulter...
Scénario de Alejandro González Iñárritu et Mark L. Smith, d’après le roman
de Michael Punke.
OSCARS 2016 :
Meilleur réalisateur, Meilleur acteur.
Musique de Ryuichi Sakamoto
Photographie d’Emmanuel Lubezki.
« Tant que tu peux t’accrocher à une
respiration, bats-toi, respire… continue
à respirer. » C’est sur cette leçon de survie que commence l’odyssée de Hugh
Glass selon Iñárritu.
Retenez votre respiration, elle vous sera
précieuse durant cette expérience immersive dans les étendues glacées et les
montagnes enneigées du Dakota du Sud.
Rien ne peut vous préparer à sa beauté,
à la magnifique photographie d’Emmanuel Lubezki, déjà à l’œuvre pour Birdman, et aussi chez Terrence Malick (Tree
of life, Le Nouveau monde) et Alfonso
Cuarón (Les fils de l’homme, Gravity).
Rien ne peut vous préparer à la fulgurance de sa sauvagerie, à l’animalité viscérale de sa violence. Rien ne peut vous
préparer à l’éclat bouleversant, au cœur
des ténèbres, de la lueur d’humanité qui
subsiste, malgré tout ce qu’il endure,
dans le regard de Leonardo DiCaprio.
Depuis qu’il s’est mis à l’écriture de ses
films avec Biutiful, Alejandro González
Iñárritu a déployé ses ailes et confirme
le tournant esthétique de Birdman. Mais
ici, l’usage des plans séquences et de
la courte focale est en parfaite cohérence avec l’histoire, on n’est plus dans
l’exercice formaliste génial, son cinéma
est devenu organique, respirant avec
son histoire, ses personnages. C’est le
résultat d’un tournage dans des conditions particulièrement difficiles (il rejoint
les légendaires tournages d’Apocalypse Now et Sorcerer), en décors naturels, et dans l’ordre chronologique
du film : « Tout le monde était gelé, le
matériel se brisait. Amener la caméra
d’un point à un autre était un cauchemar. Les acteurs n’étaient pas en studio à rigoler devant des fonds verts. »
Hugh Glass était un « mountain man »,
un de ces trappeurs, explorateurs américains qui parcouraient les montagnes de
l’Amérique du Nord au xixe siècle, motivés par le profit, chassant les castors et
vendant leurs peaux. Jeremiah Johnson,
de Sydney Pollack, qui racontait l’histoire d’un de ces trappeurs, Johnson le
mangeur-de-foie, fait aujourd’hui figure
de conte pour enfant aux côtés de The
Revenant. Le film mêle deux épisodes
qui ont fait la célébrité de Hugh Glass,
durant l’expédition du général William
Ashley remontant le Missouri. Le premier
épisode est celui de la rencontre avec les
indiens Arikaras, qui les pourchassèrent
et auxquels il parvint à échapper, aidé
ensuite par des Sioux pour rejoindre le
fort. En 1823, lors d’une reconnaissance, Glass surprit une femelle grizzly, accompagnée de ses deux oursons, qui le
chargea. Il réussit à tuer l’ours, mais très
gravement blessé, fut laissé pour mort
par les deux compagnons qui devaient
rester à ses côtés. Sans armes, il parvint
en six semaines à gagner Fort Kiowa,
distant de plus de trois cents kilomètres.
Glass se remettra ensuite en route pour
traquer ceux qui l'avait abandonné, Bridger et Fitzgerald, et en tirer vengeance.
Resserrant la durée du récit originel, le
film reprend en grande partie les épisodes de cette histoire pour en faire une
aventure humaine dont la profondeur et
la force en font d'ores et déjà un classique intemporel, hors catégories : « la
souffrance est temporaire, un film est
éternel »
(Alejandro González Iñárritu, Golden
Globes 2016).
Espace Saint-Exupéry
32 bis rue de la Station, Franconville
SAISON CULTURELLE
2016
JAZZ - Lisa Simone
Samedi 2 avril à 21h : TP : 30 € - TR : 25 €
La fille de Nina s’est fait un prénom. Son album All is Well déborde
d’énergie.
Après l’Olympia, sa venue à Franconville est exceptionnelle.
THÉÂTRE - On
ne se mentira jamais !
Samedi 9 avril à 21h : TP : 30 € – TR : 25 €
Texte ciselé d’Eric Assous et interprétation remarquable de justesse de Fanny Cottençon
et Jean-Luc Moreau. Eric Assous, Molière 2015 de l’Auteur francophone vivant.
MUSIQUE DU MONDE - Didier Lockwood,
les Violons Barbares & Guo Gan
Vendredi 15 avril à 21h : TP : 26 € - TR : 20 €
Quatre cordes frottées (violon, gadulka, morin khuur, erhu) portées par des percussions effrénées nous
transporteront de la Chine aux Balkans, de la Mongolie au Moyen-Orient.
Menée par Didier Lockwood, cette création est une promesse d’originalité et de qualité.
AU NOM DE MA FILLE
JUSQU'AU 5/04
Réalisé par Vincent GARENQ
France 2016 1h27
avec Daniel Auteuil, Sébastian Koch, Marie-Josée Croze,
Christelle Cornil...
Scénario de Vincent Garenq et Julien
Rappeneau
On peut reconnaître au réalisateur Vincent Garenq une vraie
cohérence et une constance remarquable. Ces trois derniers
films commencent de la même façon : l’arrestation au petit
matin d’un homme qui s’avérera innocent.
CHANSON - La Maison Tellier Ici l’homme arrêté un petit matin de 2009 dans un hôtel de
Mulhouse est André Bamberski, un septuagénaire toulousain,
Mardi 3 mai à 21h : TP : 19 € - TR : 15 € qui semble peu surpris de l’arrivée de la police et relativement
©Barron Clai-
Ce collectif familial country-folk français réussit
la prouesse de séduire les fans de Neil Young,
Moriarty et la fine fleur du rock élégant hexagonal.
THÉÂTRE - La Peur
Jeudi 12 mai à 21h : TP : 19 € - TR : 15 €
Fidèlement adapté d’une nouvelle considérée comme le chef d’œuvre de Stefan Zweig, La Peur est un
thriller amoureux, saisissant, qui nous interroge sur le mensonge, la honte et la relation de couple, servi
par une superbe interprétation.
CHANSON – Michel
Fugain – Pluribus
1ère partie : Gagarine
©Barron Claiborne
Vendredi 20 mai à 20h30 : TU : 38,50 €
Douze musiciens sur scène, des faux airs de Big Bazar…
Pluribus est la promesse de Michel Fugain de redécouvrir
ses chansons avec de nouveaux arrangements, et le plaisir
d’être sur scène.
Gagarine : découvert par Voix du Sud de Francis Cabrel.
HUMOUR - La
Beauté, Recherche &
Développements
Vendredi 27 mai à 21h : TP : 19 € - TR : 15 €
Après leur succès au Théâtre du Rond-Point, Florence Muller et Lila Redouane proposent une pseudo-conférence sur les diktats de la Beauté… follement drôle.
Réservations : 01 39 32 66 06 ou
sur www.ville-franconville.fr
serein. Pour comprendre toute l’affaire, le film nous ramène
aux années 1970 au Maroc. A l’époque, André Bamberski est
un expert comptable apprécié, marié à la très jolie Dany (c’est
Marie-José Croze) et heureux père d’une petite fille, Kalinka.
Dieter Krombach est le père d’une copine de Kalinka et rapidement les deux couples se lient d’amitié. Mais peu après,
la femme d’André le quitte pour Dieter. Tout se noue en juillet
1982. Dieter a épousé en seconde noces Dany, et cet été-là,
Kalinka et son frère sont partis en vacances chez leur mère et
beau-père au bord du très beau lac de Constance. Et une nuit
sinistre, sans explication plausible, Kalinka meurt subitement,
alors que la veille, le Docteur Krombach a fait une piqûre à la
jeune fille... pour l’aider à bronzer plus vite. Chez André Bamberski, l’immense douleur cède bientôt la place au doute et aux
interrogations, d’autant que l’autopsie est étrangement bâclée
et que les autorités allemandes vont continuer à faire preuve
de négligences inquiétantes. Peu à peu le doute se transforme
en certitude : Dieter Krombach est coupable. Et année après
année, les preuves vont s’accumuler contre l’élégant médecin,
qui se révèle un pervers sexuel amateur de très jeunes filles...
Ponctué de rebondissements dignes d’un excellent thriller, le
film suit l’incroyable combat d’André Bamberski pour que justice soit rendue à Kalinka et donc pour faire condamner Dieter
Krombach. Un combat qu’il finira par gagner au bout de trente
ans, après avoir été contraint de faire fi de toute légalité. Les
incroyables péripéties tiennent en haleine et montrent que la
raison d’Etat entre deux pays va à l’encontre de la justice. Mais
c’est surtout l’évolution d’un homme ordinaire qui est décrite.
Un homme que rien ne prédisposait à agir de la sorte et qui
pourtant devient à la fois juriste, détective privé, homme de
main pour tenter d’aller jusqu’au bout de la mission qu’il s’est
assignée. Un homme qui aura d’une certaine manière sacrifié
sa vie, son nouvel amour, pour ce seul objectif. Daniel Auteuil,
immense acteur quand il joue dans des films qui l’intéressent
vraiment, endosse le personnage à tous les âges et restitue
avec une remarquable intensité le parcours de ce personnage
que sa quête mena au bord de la folie... au nom de sa fille.
PAULINA
DU 4 AU 10/05
A(LA PATOTA)
Réalisé par Santiago Mitre
Argentine 2016 1h43 VOSTF
avec Dolores Fonzi, Oscar Martinez, Esteban Lamothe, Cristian Salguero...
PRIX DE
LA CRITIQUE INTERNATIONALE ET
GRAND PRIX DE LA SEMAINE
DE LA CRITIQUE,
FESTIVAL DE CANNES 2015.
Paulina, deuxième film du jeune réalisateur argentin Santiago Mitre après
El estudiante, s’ouvre sur une longue
joute verbale. Dans le bureau de son
juge de père, dont les ors dévoilent sa
haute place dans la magistrature, Paulina tente d’expliquer les raisons qui la
poussent à quitter sa prometteuse carrière d’avocate pour aller enseigner dans
une région défavorisée. Son père désapprouve et s’énerve, la jeune femme
s’entête : pour elle, les idéaux politiques
ne valent rien s’ils ne sont pas incarnés,
s’ils ne servent pas des causes jus-
tes pour lesquelles il est nécessaire de
s’engager personnellement. Sa ténacité
aura raison de son père, et les enjeux
du film sont ainsi posés : là où El estudiante s’intéressait au discours politique
de manière théorique, voire rhétorique,
via le parcours initiatique d’un jeune étudiant d’une université de Buenos Aires,
Paulina se pose la question de la mise
en pratique concrète de ces idéologies.
Dès son arrivée dans la classe qui lui est
assignée, Paulina se trouve confrontée à
ses contradictions : elle ne parle pas le
dialecte de la région, elle ignore tout des
us et coutumes de ceux à qui elle doit
faire cours et n’arrive pas à contenir certains de ses élèves qui ne semblent que
peu intéressés par cet enseignement qui
lui paraît à elle si essentiel. Mais Paulina
est têtue, elle s’accroche à ses convictions et ne se laisse pas déstabiliser sans
tenter de reprendre le dessus. Et malgré
la désapprobation de son père et de son
fiancé – qui la rejoint moins pour passer du temps avec elle que pour tenter
de la raisonner –, Paulina s’ancre peu
à peu dans cette région hostile, noue
des amitiés, s’échine à faire accepter
son rôle de professeur à des jeunes récalcitrants… Jusqu’au jour où elle est
violemment agressée, et où elle reconnaît dans ses agresseurs certains de
ses élèves. Ébranlée, Paulina n’en perd
pas pour autant sa détermination. Le
film suit alors le cheminement tortueux
de la jeune femme pour réagir aux événements tout en restant en accord avec
ses idéaux et sa vision de l’engagement.
Porté par une actrice fascinante – Dolores Fonzi dont le réalisateur loue « le
travail mystérieux et si sensible, sans
lequel le film n’aurait aucun intérêt » –,
Paulina est un film profondément troublant, qui parvient à restituer la complexité de ses personnages et des situations qu’ils traversent, à en dévoiler les
enjeux, et à nous faire comprendre des
choix qui pourraient pourtant paraître
impensables. Avant de se tourner vers la
réalisation, Santiago Mitre fut scénariste,
notamment des films de son compatriote Pablo Trapero (Leonera, Carancho,
Elefante Blanco). Cela se ressent dans
Paulina : sans jamais céder au didactisme ni au jugement, il construit avec
une intelligence remarquable une histoire
complexe et ambiguë. Il n’hésite pas à
brouiller les pistes, à se jouer de la temporalité, à déplacer l’axe de la narration
d’un personnage à l’autre pour saisir au
mieux leurs motivations. Paulina use ainsi des ressorts dramatiques de la fiction
pour approfondir avec brio les questionnements – amorcés par El estudiante –
de la croyance idéologique, de l’engagement politique et de leur confrontation à
la réalité. En un mot : brillant.
LE FILS DE JOSEPH
DU 4 AU 10/05
Écrit et réalisé par Eugène GREEN
France/Belgique 2016 1h55
avec Victor Ezenfis, Natacha Régnier,
Fabrizio Rongione, Mathieu Amalric, Maria De Medeiros...
Les projections des films d’Eugène Green
(Le Pont des Arts, La Religieuse portugaise, La Sapienza) ont cela de semblable qu’elles font invariablement naître
chez les spectateurs au moins un sentiment commun, celui d’avoir été plongé
dans une bulle hors du temps, unique et
surprenante, que l’on pourrait qualifier
de désuète si elle n’était, bien entendu,
parfaitement assumée. Le jeu antinaturaliste des acteurs, les regards plantés
droit dans la caméra, les liaisons systématiques entre tous les mots du texte... :
tout dans ce cinéma est une provocation
à l’esprit de notre époque, trop rapide et
si peu attentionnée. D’ailleurs, Eugène
Green lui-même, lors d’une apparition
en concierge d’hôtel, donne au personnage central du film un conseil précieux : « Jeune homme, vous n’arriverez
à rien dans la vie si vous êtes à l’heure
aux rendez-vous ». Le cinéma d’Eugène
Green n’est effectivement pas à l’heure
de notre temps et c’est tant mieux ! Il
nous offre, avec une malice revigorante,
la possibilité de voir les choses sous un
autre jour. Le Fils de Joseph est un film
d’une immense beauté sur la paternité,
sur la quête d’un jeune homme décidé
à connaître son géniteur et qui, déçu de
l’infâme personnage qu’il découvre, saura trouver en lui-même et chez les autres
les ressources de son épanouissement.
Vincent n’est certainement pas un lycéen comme les autres. Il est poli, travailleur, ne sort pas, ne participe pas
aux commerces louches de ses camarades. Mais intérieurement, il est en colère. Les autres ne l’intéressent pas et
l’amour absolu que lui porte sa mère se
heurte systématiquement à un silence :
Marie n’a jamais révélé à Vincent l’identité de son père. Vincent lui en veut et
cherche par tous les moyens à connaître son père biologique lorsqu’il finit par
découvrir une lettre et un nom : Oscar
Pormenor. Vincent se renseigne et trouve sans mal que son père est un ponte
du monde de l’édition littéraire, écharpe
rouge en tour de cou, adepte des banquets mondains et de l’autosatisfaction
suffisante. Ce personnage et sa cour
donnent l’occasion à Eugène Green de
réussir quelques scènes satiriques irrésistibles sur le petit milieu arty parisien.
La colère de Vincent n’en est que décuplée. C’est alors qu’il va faire la rencontre d’un autre adulte, Joseph, qui va
changer sa perception des choses. Tous
deux sur le point de prendre un tournant
dans leurs vies, Joseph et Vincent vont
tisser une relation extraordinaire et comprendre que les révélations attendues
ne se trouvent pas là où ils pensaient.
Le petit miracle qui opère – ici encore –
dans le cinéma d’Eugène Green, c’est
que la raideur apparente des procédés
de mise en scène finit par impulser une
vie propre aux images. La sobriété de
la réalisation sert aussi bien un humour
pince-sans-rire désopilant (le couple
Mathieu Amalric-l’éditeur et Maria de
Medeiros-l’attachée de presse) qu’une
mise à nu des personnages filmés avec
candeur et sincérité (Natacha Régnier-la
mère et Fabrizio Rongione-Joseph, très
touchants, rejoints par le jeune Victor
Ezenfis dont c’est le premier rôle au cinéma). Green ne cache pas son affection
pour le baroque et le sacré, multipliant
les références au christianisme comme
mythe central du récit et aux arts classiques (une très belle scène de chant baroque, des promenades à la découverte
d’un Paris ignoré, la place du tableau
du Caravage « Le sacrifice d’Isaac »).
Il n’est pourtant jamais rigide quand il
s’agit des mœurs, abordant au contraire
la thématique de la filiation avec ouverture et modernité. Si bien que Le Fils de
Joseph s’apprécie comme une réjouissante fable à contre-courant des idées
reçues, comme un petit éloge du retard
au charme délicieusement atemporel et
plein d’humanité.
Avant-Première so british MARDI 27 avril à 20h30 à Utopia St-Ouen,
précédée à partir de 19h30 d'un apéritif totalement britannique
( un verre de Pimms ou Bière + crackers avec cheddar, stilton et chips au vinaigre ).
Réservation obligatoire aux caisses d'Utopia Saint-Ouen jusqu'au dimanche 24 avril
La formule apéritif + film au tarif unique de 10 euros.
autant que faire-valoir consentant de
son génial ami, sont censées s’être arrêtées au lendemain de la première Guerre
Mondiale, son auteur désirant définitivement stopper la saga. Il avait bien
tenté une première fois de faire mourir
le détective dans les célèbres chutes de
Reichenbach, en 1893, mais les lecteurs
en furie avaient exigé sa résurrection,
manifestant devant les locaux du Strand
qui publiait les enquêtes de Holmes en
feuilleton.
Le Mr Holmes de Bill Condon, imaginé
par le romancier Micth Cullin, se situe
beaucoup plus tard, alors que le détective s’est retiré pour élever ses abeilles
dans les bocages verdoyants du Sud
de l’Angleterre. Quand je dis plus tard,
c’est beaucoup plus tard puisque nous
sommes en 1947, si bien que Holmes
a... 93 ans ! On ne peut pas prétendre
qu’il a la même vivacité que du temps où
il traquait Moriarty et résolvait des mystères a priori insolubles. Certes son oeil
encore acéré sait, à partir de quelques
indices, deviner les derniers déplacements de sa gouvernante, mais il clopine
de sa chambre jusqu’à ses ruches d’un
pas de sénateur et surtout, plus terrible,
il se rend compte, tests de son médecin à l’appui, que sa mémoire – qui fit sa
force – décline jour après jour...
C’est justement autour de la mémoire
qu’il va se lancer un ultime défi avant le
saut dans l’inconnu. A partir de bribes de
souvenirs, de quelques éléments conservés, il va tenter de résoudre une affaire
dans laquelle il a échoué près de 20 ans
auparavant et qui le hante depuis...
Mr. HOLMES
ET À PARTIR DU 4/05
Réalisé par Bill CONDON
GB 2015 1h44 VOSTF
avec Ian Mckellen, Laura Linney, Milo
Parker, Hiroyuki Sanada, Hattie Morahan, Patrick Kennedy, Roger Allam...
Scénario de Jeffrey Hatcher, d’après
le roman « Les Abeilles de Mr Holmes » de Mitch Cullin
En dehors de Dieu, il est probablement
le seul personnage de fiction dont certains croient qu’il existe réellement. Encore aujourd’hui, dans l’immeuble cossu
du 221b Baker Street, quelques touristes
candides croient visiter l’appartement où
un détective mondialement connu aurait
vécu et reçu les clients qui lui confièrent
ses célèbres enquêtes. Sherlock Holmes n’est pourtant et évidemment que
la créature fantasmatique imaginée par
un médecin militaire devenu écrivain, Sir
Arthur Conan Doyle. Les aventures de
Sherlock Holmes, supposément narrées
par le Docteur John Watson, alter ego
Mr Holmes est beaucoup de choses plaisantes et touchantes à la fois... C’est un
récit à tiroirs où la mémoire se construit
comme une enquête du détective, par
bribes qui s’assemblent peu à peu, le
tout sur un ton pince sans rire so british
avec entre autres l’évacuation des clichés liés au personnage – Sherlock Holmes n’a porté casquette de chasseur et
fumé la pipe que dans l’imagination de
Watson. C’est aussi une belle réflexion
sur la transmission, sur la capacité à se
laisser envahir par les sentiments au soir
de sa vie, alors qu’on s’est toujours cadenassé jusque là... Holmes, se sachant
dans ses derniers jours, va s’investir
dans sa relation avec le tout jeune fils de
sa gouvernante, en qui il voit un jeune
prodige capable peut être d’appliquer
toutes les connaissances et raisonnements qui ont construit sa propre vie...
Peaufiné avec un soin maniaque, le film
doit évidemment beaucoup au charismatique Ian McKellen, impressionnant
de présence et de nuances en Sherlock
Holmes finissant.
SAINT-OUEN
mer
30
MARS
14h20
Good luck Algeria
14h30
SUNSET SONG
14h30
ZOOTOPIE
14h20
Quand on a 17 ans
16h10
LES INNOCENTES
17h00
petite planète verte
16h40
FATIMA
16h30
LES DÉLICES DE…
16h20
MÉDECIN DE C…
PONTOISE
16h00
THE REVENANT
SAINT-OUEN
JEU
31
MARS
14h00
MÉDECIN DE C…
14h00
SUNSET SONG
16h00
Good luck Algeria
16h00
Quand on a 17 ans
18h20
A PERFECT DAY
18h30
SAINT AMOUR
18h20
SPOTLIGHT
18h40
AU NOM DE MA F…
18h30
MÉDECIN DE C…
20h40
MOONWALKERS
20h30
SUNSET SONG
20h45
Good luck Algeria
20h30
THE REVENANT
20h40
Quand on a 17 ans
18h30
Quand on a 17 ans
20h45
Midnight special
18h45
MOONWALKERS
18h20
LES INNOCENTES
18h30
Midnight special
18h15
SUNSET SONG
18h30
Quand on a 17 ans
20h45
A PERFECT DAY
20h30
SPOTLIGHT
20h40
Good luck Algeria
20h45
AU NOM DE MA F…
20h40
MÉDECIN DE C…
PONTOISE
SAINT-OUEN
VEN
1er
AVR
14h00
Quand on a 17 ans
14h00
Good luck Algeria
18h40
MUSTANG
16h00
18h30
AU NOM DE MA F… LES DÉLICES DE…
18h30
DEMAIN
16h00
18h40
SUNSET SONG
Good luck Algeria
16h00
18h20
MÉDECIN DE C…
Midnight special
PONTOISE
SAINT-OUEN
SAM
2
AVR
14h15
16h30
CHOCOLAT
Good luck Algeria
14h15
16h45
SUNSET SONG
LES DÉLICES DE…
14h20 16h00
16h50
Fatima petite planète v… nous 3 ou rien
14h20
16h30
LES INNOCENTES
Midnight special
14h30
16h40
ZOOTOPIE
Quand on a 17 ans
PONTOISE
SAINT-OUEN
DIM
3
AVR
PONTOISE
4
AVR
18h20
SUNSET SONG
21h00
MÉDECIN DE C…
18h15
A PERFECT DAY
19h00
MERCI PATRON!
18h50
AU NOM DE MA F…
18h40
SPOTLIGHT
18h50
MUSTANG
20h20
SUNSET SONG
20h45
Good luck Algeria
20h40
Midnight special
21h10
THE REVENANT
20h50
MÉDECIN DE C…
18h45
MÉDECIN DE C…
21h00
Quand on a 17 ans
16h20
LES INNOCENTES
16h40
MERCI PATRON!
16h20
Midnight special
16h50
(D)
petite planète verte
16h30
Quand on a 17 ans
18h30
LES DÉLICES DE…
18h20
SUNSET SONG
18h30
Good luck Algeria
17h45
THE REVENANT
18h40
MÉDECIN DE C…
20h40
A PERFECT DAY
20h50
SAINT AMOUR
20h30
DEMAIN
20h40
Quand on a 17 ans
20h45
MOONWALKERS
14h30
MUSTANG
16h30
MÉDECIN DE C…
18h30
Quand on a 17 ans
20h45
Midnight special
16h00
SUNSET SONG
16h00
LES INNOCENTES
18h30
SAINT AMOUR
18h45
A PERFECT DAY
18h30
Quand on a 17 ans
18h40
AU NOM DE MA F…
18h40
Midnight special
20h30
SPOTLIGHT
20h45
(D)
MOONWALKERS
20h40
Good luck Algeria
20h30
SUNSET SONG
20h45
MÉDECIN DE C…
(D)
14h00
Quand on a 17 ans
14h00
LES DÉLICES DE…
16h00
Good luck Algeria
SAINT-OUEN
5
Avr
PONTOISE
22h45
A PERFECT DAY
22h20
SPOTLIGHT
22h40
MOONWALKERS
22h40
Midnight special
22h45
AU NOM DE MA F…
22h30
SAINT AMOUR
22h40
Midnight special
22h45
MOONWALKERS
PONTOISE
MAR
20h40
SAINT AMOUR
20h40
AU NOM DE MA F…
20h45
THE REVENANT
20h30
LES INNOCENTES
20h30
Quand on a 17 ans
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AU NOM DE MA F…
14h15
SPOTLIGHT
14h30
Good luck Algeria
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SUNSET SONG
14h20
ZOOTOPIE
SAINT-OUEN
LUN
5 salles à Saint-Ouen l’Aumône: 5 lignes en
blanc dans la grille
1 salle à Pontoise:
1 ligne colorée dans la grille
ATTENTION : l’heure indiquée est celle du
début du film.
(D)= dernière projection
14h00
Good luck Algeria
14h00
SUNSET SONG
18h30
(D)
LES DÉLICES DE…
16h00
18h15
AU NOM DE MA F… SUNSET SONG
16h00
18h20
(D)
MÉDECIN DE C…
SPOTLIGHT
18h40
(D)
MERCI PATRON!
16h00
18h30
Midnight special
MÉDECIN DE C…
18h40
Good luck Algeria
20h40
(D)
A PERFECT DAY
20h45
(D)
SAINT AMOUR
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Quand on a 17 ans
20h30
THE REVENANT
20h40
Midnight special
20h30
(D)
AU NOM DE MA F…
UTOPIA / PANDORA MÊME COMBAT : NOS ABONNEMENTS SONT VALABLES LÀ-BAS ET INVERSEMENT
TOUS LES FILMS:
A bigger splash
Du 6 au 26/04
Alias Maria
Du 6 au 12/04
A perfect day
Jusqu'au 5/04
Les Ardennes
Du 13/04 au 3/05
Au nom de ma fille
Jusqu'au 5/04
L'avenir
Du 6 au 26/04
Bassin miné
Séance unique + débat le 12/04
Boris Goudonov
Opéra le 14/04
Chocolat
Les 2, 3 et 17/04
Dalton Trumbo
À partir du 27/04 + apéro le 28/04
Dégradé
À partir du 27/04 + rencontre le 29
Les délices de Tokyo
Du 30/03 au 5/04
Demain
Jusqu’au 1er/05
Dough
Avt-1ère le 1er/05 et à partir du 4/05
Experimenter
Débat le 7/04 + les 10 et 12/04
Fatima
Du 30/03 au 16/04
Le fils de Joseph
Du 4 au 10/05
Fritz Bauer, un héros allemand
Du 13/04 au 3/05
Good luck Algeria
Du 30/03 au 9/05
In Jackson heights
Du 22/04 au 1er/05
Les innocentes
Jusqu'au 5/04 + 9,16 et 23/04
Inseticide mon amour
Séance unique + débat le 10/05
Keeper
Du 20/04 au 3/05
Maggie a un plan
À partir du 27/04
Marie et les naufragés
Du 13/04 au 3/05
Médecin de campagne
Jusqu'au 3/05
Merci patron !
Du 2 au 5/04
Midnight special
Du 30/03 au 26/04 + débat le13
Moonwalkers
Jusqu'au 4/04
Mr Holmes
Avt-1ère le 26/04 et à partir du 4/05
Mustang
Du 1er au 3/04
No land's song
Du 6 au 19/04
Nous trois ou rien
2 séances les 2 et 9/04
Les ogres
Du 6 au 19/04
Paulina
Du 4 au 10/05
Plogoff,
des pierres contre des fusils
Séance unique + débat le 15/04
Quand on a 17 ans
Du 30/03 au 12/04
Remember
Du 13 au 19/04
Royal Orchestra
Du 4 au 10/05
Saint Amour
Jusqu'au 5/04
La saison des femmes
Du 20/04 au 10/05 + repas le 22/04
Seuls les anges ont des ailes
Du 27/04 au 10/05
Spotlight
Du 30/03 au 5/04
Sunset song
Du 30/03 au 12/04
The assassin
Du 6 au 12/04
The revenant
Jusqu'au 26/04
The Yes Men are revolting
Séance unique + rencontre le 9/04
Un monstre à 1000 têtes
Du 20/04 au 3/05
La vache
Du 20/04 au 10/05
LE COIN DES ENFANTS
Kung fu Panda 3
À partir du 4/05
Le livre de la jungle
Du 20/04 au 8/05
Ma petite planète verte
Jusqu'au 3/04
Mimi & Lisa
Du 6/04 au 1er/05
Le petit prince
Du 6 au 19/04
Robinson Crusoë
Du 19/04 au 8/05
Zootopie
Jusqu'au 19/04
TOUT LE PROGRAMME SUR :
www.cinemas-utopia.org/saintouen
18h00
LES OGRES
18h20
Midnight special
19h00
NO LAND'S SONG
18h40
THE ASSASSIN
18h30
Quand on a 17 ans
20h40
ALIAS MARIA
20h30
SUNSET SONG
20h45
Good luck Algeria
20h40
A BIGGER SPLASH
20h45
L'AVENIR
PONTOISE
18h40
L'AVENIR
20h40
MÉDECIN DE C…
SAINT-OUEN
18h40
ALIAS MARIA
18h15
SUNSET SONG
18h40
L'AVENIR
18h30
MÉDECIN DE C…
18h30
Good luck Algeria
20h40
THE ASSASSIN
20h45
Midnight special
20h40
Quand on a 17 ans
20h30
A BIGGER SPLASH
20h30 soirée débat
EXPERIMENTER
SAINT-OUEN
mer
6
AVR
JEU
7
14h30
A BIGGER SPLASH
14h20
Quand on a 17 ans
14h30
FATIMA
14h15
L'AVENIR
14h20
LE PETIT PRINCE
14h00
LES OGRES
14h00
L'AVENIR
AVR
16h50
MIMI & LISA
16h30
Good luck Algeria
16h10
THE REVENANT
16h10
SUNSET SONG
16h30
MÉDECIN DE C…
16h00
A BIGGER SPLASH
16h00
NO LAND'S SONG
16h00
Quand on a 17 ans
PONTOISE
SAINT-OUEN
VEN
8
14h00
Quand on a 17 ans
14h00
Good luck Algeria
AVR
16h00
DEMAIN
16h00
SUNSET SONG
16h00
L'AVENIR
PONTOISE
SAINT-OUEN
SAM
9
AVR
14h15
ALIAS MARIA
14h20
SUNSET SONG
14h30
LE PETIT PRINCE
14h15
FATIMA
14h20
L'AVENIR
16h00
A BIGGER SPLASH
16h50
MIMI & LISA
16h30
(D)
NOUS 3 OU RIEN
15h50
LES INNOCENTES
16h15
NO LAND'S SONG
PONTOISE
SAINT-OUEN
DIM
10
AVR
PONTOISE
11
AVR
20h40
LES OGRES
20h20
SUNSET SONG
20h30
MÉDECIN DE C…
20h50
THE REVENANT
20h45
L'AVENIR
18h30
A BIGGER SPLASH
21h00
THE ASSASSIN
18h20
THE ASSASSIN
18h00
SUNSET SONG
18h30
L'AVENIR
18h00
THE REVENANT
18h15 ( +débat )
THE YES MEN…
20h30
22h40
Quand on a 17 ans ALIAS MARIA
20h40
22h45
Midnight special
Good luck Algeria
20h30
22h45
A BIGGER SPLASH Quand on a 17 ans
21h00
22h40
Good luck Algeria MÉDECIN DE C…
21h00
MÉDECIN DE C…
18h15
LES OGRES
21h00
L'AVENIR
14h20
THE ASSASSIN
14h30
ZOOTOPIE
14h40
Good luck Algeria
14h20
THE REVENANT
14h15
MÉDECIN DE C…
16h20
LES OGRES
16h40
Midnight special
16h30
Quand on a 17 ans
17h15
MIMI & LISA
16h15
A BIGGER SPLASH
19h00
ALIAS MARIA
18h45
NO LAND'S SONG
18h40
Good luck Algeria
18h20
A BIGGER SPLASH
18h40
L'AVENIR
20h45
EXPERIMENTER
20h40
Quand on a 17 ans
20h30
DEMAIN
20h45
L'AVENIR
20h40
Midnight special
14h15
SUNSET SONG
16h50
L'AVENIR
18h45
MÉDECIN DE C…
20h45
A BIGGER SPLASH
18h40
NO LAND'S SONG
18h30
Midnight special
18h20
Quand on a 17 ans
18h20
A BIGGER SPLASH
18h40
L'AVENIR
20h30
SUNSET SONG
20h40
ALIAS MARIA
20h30
THE ASSASSIN
20h45
Good luck Algeria
20h40
MÉDECIN DE C…
SAINT-OUEN
LUN
18h45
ALIAS MARIA
18h30
NO LAND'S SONG
18h40
Good luck Algeria
18h40
Midnight special
18h30
Quand on a 17 ans
14h00
L'AVENIR
14h00
A BIGGER SPLASH
16h00
SUNSET SONG
16h00
THE ASSASSIN
16h00
LES OGRES
SAINT-OUEN
12
AVR
PONTOISE
22h40
Midnight special
PONTOISE
MAR
22h45
NO LAND'S SONG
22h30
A BIGGER SPLASH
14h00
NO LAND'S SONG
14h00
Quand on a 17 ans
16h00
A BIGGER SPLASH
16h00
Good luck Algeria
16h00
L'AVENIR
18h30
(D)
EXPERIMENTER
18h30
(D)
ALIAS MARIA
18h10
LES OGRES
18h15
(D)
SUNSET SONG
18h20
MÉDECIN DE C…
20h40
Midnight special
20h30
A BIGGER SPLASH
20h50
L'AVENIR
20h45
THE REVENANT
20h30 soirée débat
BASSIN MINÉ
18h30
(D)
THE ASSASSIN
20h40
(D)
Quand on a 17 ans
LE CINÉMA TOUS LES JOURS À TOUTES LES SÉANCES POUR LES -14 ANS C’EST 4 EUROS
19h00
Good luck Algeria
18h00
LES OGRES
18h30
A BIGGER SPLASH
17h50
THE REVENANT
18h30 Ciné-Philo
Midnight special
20h45
FRITZ BAUER…
20h40
NO LAND'S SONG
20h50
MARIE ET LES N…
20h45
LES ARDENNES
20h40
MÉDECIN DE C…
PONTOISE
18h40
REMEMBER
20h40
L'AVENIR
SAINT-OUEN
18h40
REMEMBER
18h30
FRITZ BAUER…
18h40
MARIE ET LES N…
18h30
MÉDECIN DE C…
18h45
L'AVENIR
20h30
LES OGRES
20h40
Good luck Algeria
20h45
LES ARDENNES
20h30
A BIGGER SPLASH
20h40
Midnight special
SAINT-OUEN
mer
13
AVR
JEU
14
AVR
14h40
FRITZ BAUER…
14h30
LES ARDENNES
14h20
MARIE ET LES N…
14h30
A BIGGER SPLASH
14h20
LE PETIT PRINCE
14h00
MARIE ET LES N…
14h00
FRITZ BAUER…
16h40
CHOCOLAT
16h20
FATIMA
16h20
Midnight special
16h50
MIMI & LISA
16h30
L'AVENIR
16h00
LES ARDENNES
16h00
L'AVENIR
16h00
A BIGGER SPLASH
Nouveau !
La ludothèque
de l'association
Le Jeu Pour Tous
20h30 Opéra
BORIS GODOUNOV
PONTOISE
18h30
A BIGGER SPLASH
18h40
NO LAND'S SONG
18h20
DEMAIN
18h50
MÉDECIN DE C…
18h30
Good luck Algeria
20h50
22h40
REMEMBER
MÉDECIN DE C…
20h30
22h40
Midnight special
FRITZ BAUER…
20h40
22h30
L'AVENIR
A BIGGER SPLASH
21h00
22h45
LES ARDENNES
LES ARDENNES
20h30 soirée débat
PLOGOFF, des pierres contre des fusils
18h15
LES OGRES
21h00
MARIE ET LES N…
16h30
A BIGGER SPLASH
17h15
MIMI & LISA
16h40
L'AVENIR
16h40
(D)
FATIMA
16h30
LE PETIT PRINCE
18h50
NO LAND'S SONG
18h30
REMEMBER
18h40
LES ARDENNES
18h20
Midnight special
18h40
MARIE ET LES N…
20h45
THE REVENANT
20h30
A BIGGER SPLASH
20h40
MÉDECIN DE C…
20h30
FRITZ BAUER…
20h45
L'AVENIR
16h30
FRITZ BAUER…
18h40
LES INNOCENTES
21h00
Good luck Algeria
14h40
NO LAND'S SONG
14h30
Good luck Algeria
14h20
FRITZ BAUER…
14h30
(D)
CHOCOLAT
14h20
LE PETIT PRINCE
16h40
REMEMBER
16h20
A BIGGER SPLASH
16h30
LES ARDENNES
16h50
MIMI & LISA
16h30
MÉDECIN DE C…
18h30
LES ARDENNES
18h40
Good luck Algeria
18h30
MÉDECIN DE C…
17h50
THE REVENANT
18h40
L'AVENIR
20h40
A BIGGER SPLASH
20h30
LES OGRES
20h30
DEMAIN
20h45
MARIE ET LES N…
20h40
Midnight special
PONTOISE
14h30
L'AVENIR
16h30
MARIE ET LES N…
18h40
FRITZ BAUER…
20h45
LES ARDENNES
SAINT-OUEN
14h15
LES OGRES
14h30
LES ARDENNES
14h30
MARIE ET LES N…
14h15
A BIGGER SPLASH
14h20
ZOOTOPIE
17h00
NO LAND'S SONG
16h20
FRITZ BAUER…
16h30
L'AVENIR
16h50
MIMI & LISA
16h30
LE PETIT PRINCE
18h50
REMEMBER
18h30
MARIE ET LES N…
18h30
LES ARDENNES
17h50
THE REVENANT
18h40
MÉDECIN DE C…
20h40
Good luck Algeria
20h30
A BIGGER SPLASH
20h30
FRITZ BAUER…
20h45
Midnight special
20h45
L'AVENIR
SAINT-OUEN
VEN
15
AVR
14h00
L'AVENIR
14h00
LES ARDENNES
16h00
FRITZ BAUER…
16h00
MARIE ET LES N…
16h00
THE REVENANT
PONTOISE
SAINT-OUEN
SAM
16
AVR
14h40
Good luck Algeria
14h30
LES OGRES
14h30
MÉDECIN DE C…
14h40
MARIE ET LES N…
14h20
ZOOTOPIE
PONTOISE
SAINT-OUEN
DIM
17
AVR
LUN
18
AVR
PONTOISE
AVR
14h40
Good luck Algeria
14h40
A BIGGER SPLASH
14h30
L'AVENIR
14h45
FRITZ BAUER…
14h30 avant-1ère
Robinson Crusoé
16h30
REMEMBER
17h00
MIMI & LISA
16h30
MARIE ET LES N…
16h45
LES ARDENNES
16h20
(D)
ZOOTOPIE
18h20
Midnight special
18h20
A BIGGER SPLASH
18h40
FRITZ BAUER…
18h40
Good luck Algeria
18h30
L'AVENIR
20h30
(D)
LES OGRES
20h45
(D)
REMEMBER
20h45
MARIE ET LES N…
20h30
THE REVENANT
20h40
MÉDECIN DE C…
PONTOISE
14h30
(D)
LE PETIT PRINCE
16h40
MÉDECIN DE C…
18h45
(D)
NO LAND'S SONG
20h40
LES ARDENNES
SAINT-OUEN
MAR
19
22h45
REMEMBER
22h40
MARIE ET LES N…
22h30
Midnight special
22h40
LES ARDENNES
LE CINÉMA TOUS LES JOURS À TOUTES LES SÉANCES POUR LES -14 ANS C’EST 4 EUROS
s'installe pour une soirée
au café Stella de l'Utopia
jeudi 21 avril dès 19 h!
Venez découvrir des jeux de
société spécialement sélectionnés pour l'occasion :
petits jeux d'apéro, nouveautés, jeux d'adresse ...
+ d'infos
www.lejeupourtous.org
facebook Le jeu pour tous
Ecrire au Stella café
avec l’atelier d’écriture
«couleurs de plume»
14h40
LES ARDENNES
14h20
MARIE ET LES N…
14h40
LA VACHE
14h30
LA SAISON DES F…
14h30
Le livre de la jungle
16h30
A BIGGER SPLASH
16h20
FRITZ BAUER…
16h30
L'AVENIR
16h45
MIMI & LISA
16h30
Robinson Crusoé
PONTOISE
14h30
Robinson Crusoé
16h20
18h30
Le livre de la jungle KEEEPER
SAINT-OUEN
14h20
THE REVENANT
14h20
LA SAISON DES F…
14h30
Robinson Crusoé
14h40
LA VACHE
14h30
Le livre de la jungle
17h15
MIMI & LISA
16h40
Good luck Algeria
16h20
Robinson Crusoé
16h30
KEEEPER
16h30
Le livre de la jungle
SAINT-OUEN
mer
20
AVR
JEU
Ecrire pour le plaisir au moyen de jeux
d’écriture et de contraintes littéraires
Libérer son imagination et sa créativité en jouant avec les mots
Tous les jeudis
7, 14, 21 et 28 avril,
les 12, 19 et 26 mai, les 2, 9, 16
et 30 juin de 9h30 à 11h30 à la Maison
des Associations, Salle Prune,
Place du Petit Martroy à Pontoise
Les samedis
9 avril, 21 mai,
18 juin de 14h30 à 16h30
au Stella café d’Utopia
à Saint-Ouen l’Aumône
21
AVR
18h50
LES ARDENNES
18h20
Midnight special
18h30
MARIE ET LES N…
17h50
THE REVENANT
18h30
MÉDECIN DE C…
VEN
22
AVR
20h30
LA VACHE
18h20
20h30
FRITZ BAUER…
A BIGGER SPLASH
18h40
20h45
Un monstre à mille… LES ARDENNES
18h30
20h40
L'AVENIR
MARIE ET LES N…
18h20
20h40
LA SAISON DES F… Midnight special
18h30
20h30
LA VACHE
MÉDECIN DE C…
PONTOISE
SAINT-OUEN
20h40
Un monstre à mille…
20h30
FRITZ BAUER…
20h30
LA SAISON DES F…
20h45
Good luck Algeria
20h40
L'AVENIR
14h15
16h15
17h15
18h45
20h30
Marie et les n… Mimi & Lisa monstre à mille… Good luck A...IN JACKSON HEI…
14h20
16h40
18h50
20h45
LA SAISON DES F… Midnight special
LES ARDENNES
KEEEPER
14h20
16h40
18h30
20h50
DEMAIN
LA VACHE
A BIGGER SPLASH LA VACHE
14h30
16h30
18h30
20h40
MÉDECIN DE C…
FRITZ BAUER…
MARIE ET LES N… FRITZ BAUER…
14h30
16h20
18h20
20h30 + repas
Robinson Crusoé
Le livre de la jungle MÉDECIN DE C…
LA SAISON DES F…
22h30
A BIGGER SPLASH
22h30
LES ARDENNES
22h40
Midnight special
PONTOISE
14h20
Le livre de la jungle
16h15
Robinson Crusoé
18h00
THE REVENANT
15 euros l’atelier
SAINT-OUEN
contact :
[email protected]
23
14h30
MARIE ET LES N…
14h40
KEEEPER
14h30
LA VACHE
14h20
L'AVENIR
14h20
Le livre de la jungle
16h30
MIMI & LISA
16h30
A BIGGER SPLASH
16h20
(D)
LES INNOCENTES
16h20
LA SAISON DES F…
16h15
Robinson Crusoé
17h30
21h00
IN JACKSON HEI… LES ARDENNES
18h50
20h30
Un monstre à mille…MARIE ET LES N…
18h30
20h40
FRITZ BAUER…
L'AVENIR
18h40
20h30
Good luck Algeria
THE REVENANT
18h20
20h40
Midnight special
MÉDECIN DE C…
PONTOISE
14h30
Robinson Crusoé
16h30
18h30
21h00
Le livre de la jungle LA SAISON DES F… LA VACHE
SAINT-OUEN
AVR
14h10
IN JACKSON HEI…
14h40
FRITZ BAUER…
14h30
MARIE ET LES N…
14h15
LA SAISON DES F…
14h30
Robinson Crusoé
17h30
MIMI & LISA
16h40
LES ARDENNES
16h30
Good luck Algeria
16h30
Robinson Crusoé
16h20
Le livre de la jungle
18h40
KEEEPER
18h30
MARIE ET LES N…
18h30
Midnight special
18h20
LA SAISON DES F…
18h20
MÉDECIN DE C…
20h30
THE REVENANT
20h40
FRITZ BAUER…
20h45
LES ARDENNES
20h40
A BIGGER SPLASH
20h30
DEMAIN
PONTOISE
14h30
Le livre de la jungle
16h30
LA VACHE
18h30
L'AVENIR
20h30
Un monstre à mille…
SAINT-OUEN
14h40
Midnight special
14h40
KEEEPER
14h30
Robinson Crusoé
14h20
A BIGGER SPLASH
14h30
Le livre de la jungle
16h45
MIMI & LISA
16h30
LA SAISON DES F…
16h20
LA VACHE
16h40
Robinson Crusoé
16h30
Le livre de la jungle
17h50
20h45
THE REVENANT
FRITZ BAUER…
18h45
20h40
Un monstre à mille… MARIE ET LES N…
18h40
20h40
Good luck Algeria
MÉDECIN DE C…
18h30
20h30
LES ARDENNES
LA SAISON DES F…
18h30
20h30
L'AVENIR
LA VACHE
Chaque séance est indépendante.
SAM
AVR
DIM
24
LUN
25
AVR
MAR
En première partie : "Boss, Bolosse et Bôgosse"
Comédie Musicale et BD
par les Collégiens d’Auvers-sur-Oise
avec la participation d'Arts et Muses
26
AVR
PONTOISE
22h45
FRITZ BAUER…
22h30
LES ARDENNES
22h30
A BIGGER SPLASH
22h40
Midnight special
PONTOISE
SAINT-OUEN
21h00
L'AVENIR
14h15
16h15
17h15
18h45
Marie et les n… Mimi & Lisa Un monstre à mille… KEEPER
14h30
16h45
18h40
LA SAISON DES F… LES ARDENNES
MARIE ET LES N…
14h40
16h30
18h30
LA VACHE
MÉDECIN DE C…
FRITZ BAUER…
14h20
16h20
18h20
FRITZ BAUER…
L'AVENIR
LA SAISON DES F…
14h30
16h30
18h30
Le livre de la jungle Robinson Crusoé
LA VACHE
20h40
Good luck Algeria
20h45
LES ARDENNES
20h30
(D)
THE REVENANT
20h40
(D)
L'AVENIR
20h30 avant-1ère
Mr. HOLMES
14h30
Robinson Crusoé
20h45
(D)
Midnight special
16h20
18h20
(D)
Le livre de la jungle A BIGGER SPLASH
LE CINÉMA TOUS LES JOURS À TOUTES LES SÉANCES POUR LES -14 ANS C’EST 4 EUROS
14h20
16h00
17h00
18h50
DÉGRADÉ Mimi & Lisa KEEPER Un monstre à mille…
14h15
16h00
18h15
Good luck Algeria
LA SAISON DES F… Seuls les anges…
14h20
16h40
18h30
DALTON TRUMBO
LA VACHE
FRITZ BAUER…
14h30
16h30
18h30
Maggie a un plan
MARIE ET LES N… LES ARDENNES
14h30
16h30
18h20
Robinson Crusoé
Le livre de la jungle DALTON TRUMBO
20h30
MARIE ET LES N…
20h40
DÉGRADÉ
20h40
Maggie a un plan
20h30
LA SAISON DES F…
20h45
LA VACHE
PONTOISE
14h30
Le livre de la jungle
20h30
DALTON TRUMBO
SAINT-OUEN
14h30
16h15
18h20
DÉGRADÉ
FRITZ BAUER…
LA SAISON DES F…
14h20
16h20
18h40
MARIE ET LES N… Seuls les anges… DÉGRADÉ
14h15
16h00
17h00
18h45
Robinson Crusoé Mimi & Lisa Robinson Crusoé Maggie a…
14h20
16h20
18h45
Maggie a un plan
DALTON TRUMBO
Good luck Algeria
14h30
16h30
18h30
Le livre de la jungle Le livre de la jungle LA VACHE
SAINT-OUEN
mer
27
AVR
JEU
28
AVR
16h30
Robinson Crusoé
18h20
MÉDECIN DE C…
20h45
Un monstre à mille…
20h30
KEEEPER
20h40
MÉDECIN DE C…
20h40
LES ARDENNES
20h30 soirée PIAF
DALTON TRUMBO
PONTOISE
14h30
Un monstre à mille…
14h20
LA SAISON DES F…
14h40
LA VACHE
14h20
DALTON TRUMBO
14h30
Le livre de la jungle
16h00
17h00
18h40
Mimi & Lisa DÉGRADÉ KEEPER
16h40
18h30
LES ARDENNES
MARIE ET LES N…
16h40
18h40
Maggie a un plan
Good luck Algeria
16h45
IN JACKSON HEI…
16h30
18h20
Robinson Crusoé
MÉDECIN DE C…
20h30
Seuls les anges…
20h30
LA SAISON DES F…
20h40
LA VACHE
20h40
FRITZ BAUER…
20h30 soirée débat
DÉGRADÉ
PONTOISE
14h30
Robinson Crusoé
16h20
18h20
Le livre de la jungle DALTON TRUMBO
20h45
Maggie a un plan
SAINT-OUEN
14h40
KEEEPER
14h30
Seuls les anges…
14h40
LA VACHE
14h20
DALTON TRUMBO
14h30
Robinson Crusoé
16h30
MIMI & LISA
16h50
FRITZ BAUER…
16h30
Maggie a un plan
16h45
MÉDECIN DE C…
16h20
Le livre de la jungle
17h30
21h00
IN JACKSON HEI… Good luck Algeria
19h00
20h40
Un monstre à mille… MARIE ET LES N…
18h30
20h30
LES ARDENNES
MÉDECIN DE C…
18h50
20h40
DÉGRADÉ
Maggie a un plan
18h20
20h45
DALTON TRUMBO
LA VACHE
14h30
Le livre de la jungle
16h30
Robinson Crusoé
18h30
21h00
LA SAISON DES F… DALTON TRUMBO
14h10
(D)
IN JACKSON HEI…
14h30
DÉGRADÉ
14h20
DALTON TRUMBO
14h40
Robinson Crusoé
14h30
Le livre de la jungle
17h30
(D)
MIMI & LISA
16h15
LA SAISON DES F…
16h40
MÉDECIN DE C…
16h30
Good luck Algeria
16h30
LA VACHE
14h30
Maggie a un plan
16h30
18h30
Le livre de la jungle DALTON TRUMBO
16h00
KEEEPER
16h00
DALTON TRUMBO
16h00
MARIE ET LES N…
18h40
LES ARDENNES
18h45
DÉGRADÉ
18h30
MÉDECIN DE C…
18h40
Good luck Algeria
18h30
Maggie a un plan
SAINT-OUEN
VEN
29
AVR
SAM
30
AVR
PONTOISE
SAINT-OUEN
DIM
1er
11h00 p'tit déj.
DOUGH
(avant-1ère)
mai
PONTOISE
SAINT-OUEN
LUN
2
mai
14h00
Maggie a un plan
14h00
DÉGRADÉ
SAINT-OUEN
3
mai
PONTOISE
14h00
DALTON TRUMBO
14h00
LA SAISON DES F…
16h00
DÉGRADÉ
16h00
Seuls les anges…
16h00
Maggie a un plan
lundi 25 avril
18h45
20h30
Un monstre à mille…LA SAISON DES F…
18h30
20h45
Seuls les anges… KEEEPER
18h40
20h45
FRITZ BAUER…
Maggie a un plan
18h40
20h40
MARIE ET LES N… LES ARDENNES
18h30
20h30
Maggie a un plan
DEMAIN
20h50
DÉGRADÉ
20h30
Seuls les anges…
20h45
Un monstre à mille…
20h40
LA SAISON DES F…
20h40
FRITZ BAUER…
20h30
DALTON TRUMBO
18h40
(D)
20h40
Un monstre à mille… DÉGRADÉ
18h30
(D)
20h30
KEEEPER
Good luck Algeria
18h30
20h30
(D)
LA VACHE
MARIE ET LES N…
18h20
20h40
(D)
LA SAISON DES F… LES ARDENNES
18h20
20h45
(D)
DALTON TRUMBO
MÉDECIN DE C…
18h30
(D)
FRITZ BAUER…
jeudi 28 Avril
22h45
DÉGRADÉ
22h40
FRITZ BAUER…
22h30
Maggie a un plan
22h30
LA SAISON DES F…
22h40
LES ARDENNES
PONTOISE
MAR
22h45
Un monstre à mille...
22h45
LES ARDENNES
22h30
DALTON TRUMBO
22h40
Maggie a un plan
20h40
Maggie a un plan
LE CINÉMA TOUS LES JOURS À TOUTES LES SÉANCES POUR LES -14 ANS C’EST 4 EUROS
Venez chercher votre commande le jeudi 28 Avril
" Eloge à la lenteur... "
Posons-nous ensemble et
prenons le temps de faire
connaissance !
Le Panier des Bourseaux
offre à toutes ses abeilles qui
auront commandés sur cette
vente de s’asseoir prendre
un thé ou un café ensemble
au Café Stella, pendant ou
après la distribution."
À PARTIR DU 11 MAI
AUGMENTATION DES TARIFS
SAINT-OUEN
mer
4
Mai
14h40
DÉGRADÉ
14h20
DOUGH
14h40
Le livre de la jungle
14h30
Mr. HOLMES
14h30
KUNG FU PANDA 3
16h20
LA SAISON DES F…
16h30
Royal Orchestra
16h40
Robinson Crusoé
16h30
Maggie a un plan
16h20
DALTON TRUMBO
PONTOISE
SAINT-OUEN
JEU
5
Mai
14h40
Good luck Algeria
14h30
Maggie a un plan
14h20
Mr. HOLMES
14h20
DOUGH
14h30
KUNG FU PANDA 3
16h40
DÉGRADÉ
16h30
Robinson Crusoé
16h30
LA VACHE
16h15
DALTON TRUMBO
16h20
Le livre de la jungle
18h40
DÉGRADÉ
18h20
Seuls les anges…
18h30
Good luck Algeria
18h30
PAULINA
18h40
Mr. HOLMES
20h40
…FILS DE JOSEPH
20h40
Maggie a un plan
20h30
DOUGH
20h30
DALTON TRUMBO
20h45
LA VACHE
18h40
DOUGH
20h40
Mr. HOLMES
18h30
LA SAISON DES F…
18h20
…FILS DE JOSEPH
18h30
DOUGH
18h40
Maggie a un plan
18h20
Mr. HOLMES
20h45
DÉGRADÉ
20h30
Seuls les anges…
20h40
PAULINA
20h40
Royal Orchestra
20h30
DALTON TRUMBO
PONTOISE
SAINT-OUEN
VEN
6
Mai
14h00
DALTON TRUMBO
14h00
Maggie a un plan
16h00
DÉGRADÉ
16h00
DOUGH
16h00
Mr. HOLMES
PONTOISE
SAINT-OUEN
SAM
7
Mai
14h40
Good luck Algeria
14h30
…FILS DE JOSEPH
14h20
Le livre de la jungle
14h20
DALTON TRUMBO
14h30
KUNG FU PANDA 3
16h30
Robinson Crusoé
16h40
Maggie a un plan
16h20
LA VACHE
16h40
DOUGH
16h30
Mr. HOLMES
PONTOISE
SAINT-OUEN
DIM
8
Mai
PONTOISE
9
Mai
21h00
DÉGRADÉ
20h30
LA SAISON DES F…
20h40
Maggie a un plan
20h30
…FILS DE JOSEPH
20h40
Mr. HOLMES
18h30
DALTON TRUMBO
21h00
DOUGH
18h20
Seuls les anges…
18h40
DÉGRADÉ
18h10
LA SAISON DES F…
18h30
PAULINA
18h30
…FILS DE JOSEPH
20h45
Good luck Algeria
20h30
Maggie a un plan
20h30
DALTON TRUMBO
20h40
DOUGH
20h45
LA VACHE
19h00
Royal Orchestra
21h00
Mr. HOLMES
14h30
DÉGRADÉ
14h20
Royal Orchestra
14h15
DALTON TRUMBO
14h40
Good luck Algeria
14h30
(D)
Le livre de la jungle
16h20
Robinson Crusoé
16h10
Seuls les anges…
16h40
DOUGH
16h30
Maggie a un plan
16h30
LA VACHE
18h20
LA SAISON DES F…
18h40
PAULINA
18h30
DALTON TRUMBO
18h30
…FILS DE JOSEPH
18h20
Mr. HOLMES
20h40
DÉGRADÉ
20h30
DALTON TRUMBO
20h50
DOUGH
20h40
Mr. HOLMES
20h30
(D)
DEMAIN
14h30
KUNG FU PANDA 3
16h30
Mr. HOLMES
18h40
DOUGH
20h40
Maggie a un plan
14h00
Mr. HOLMES
14h00
DOUGH
16h00
Royal Orchestra
16h00
DALTON TRUMBO
16h00
PAULINA
18h40
DÉGRADÉ
18h20
Seuls les anges…
18h30
DOUGH
18h40
Maggie a un plan
18h30
Mr. HOLMES
20h30
LA SAISON DES F…
20h45
(D)
Good luck Algeria
20h30
DALTON TRUMBO
20h40
…FILS DE JOSEPH
20h40
LA VACHE
SAINT-OUEN
LUN
18h40
Seuls les anges…
18h30
PAULINA
18h45
Good luck Algeria
18h30
Royal Orchestra
18h40
LA VACHE
SAINT-OUEN
10
Mai
PONTOISE
22h30
Seuls les anges…
22h40
DÉGRADÉ
22h45
Maggie a un plan
22h30
LA SAISON DES F…
22h40
DOUGH
PONTOISE
MAR
22h40
PAULINA
22h45
Good luck Algeria
22h30
LA VACHE
22h40
Royal Orchestra
22h45
DOUGH
14h00
DALTON TRUMBO
14h00
DÉGRADÉ
16h00
Maggie a un plan
16h00
DOUGH
16h00
Mr. HOLMES
18h40
(D)
DÉGRADÉ
18h40
(D)
Royal Orchestra
18h20
DALTON TRUMBO
18h30
(D)
LA SAISON DES F…
18h30
(D)
LA VACHE
18h30
(D)
…FILS DE JOSEPH
20h40
(D)
PAULINA
20h30
(D)
Seuls les anges…
20h45
Mr. HOLMES
20h45
Maggie a un plan
20h30 soirée débat
INSECTICIDE MON AMOUR
20h45
DOUGH
UTOPIA / PANDORA MÊME COMBAT : NOS ABONNEMENTS SONT VALABLES LÀ-BAS ET INVERSEMENT
MA PETITE
PLANÈTE VERTE
JUSQU'AU 3/04
Programme de 5 films d’animation
2016, sans dialogue & VF durée totale : 36 minutes
À partir de 4 ans - Tarif unique : 3,50 euros Nos amis distributeurs de chez KMBO ont été bien inspirés
de nous concocter ce chouette programme de 5 films d’animation venus des 4 coins du globe qui abordent de manière
intelligente quelques grandes questions environnementales.
Pour tous les parents et les enseignants, voici un programme
qui ne cherche pas à asséner de grands discours à grand
renfort de blablas mais qui, tout en douceur ludique, drôlerie
et poésie, raconte aux plus petits l’écologie, mais aussi les
gestes qui font du bien à la planète et même le bio !
Bienvenue chez moi !
Corée du Sud - 2012 – 5mn30
Comme son igloo a fondu, un petit Inuit décide de partir à
la recherche d’une nouvelle maison. En chemin, il rencontre
des animaux polaires qui fuient. Où trouver un nouveau chez
soi ? Comment aider les animaux ?
S’il vous plaît, gouttelettes !
Mexique - 2013 – 5mn
Ponkina aime jouer avec l’eau. Parfois elle en gaspille un peu
trop… Un beau jour, il n’y en a plus ! La petite fille décide
alors d’aller trouver la source de l’eau chérie.
Paola, poule pondeuse
Belgique - 2008 – 6mn
Paola est une poule qui travaille dans une usine où elle pond
à la chaîne. Un jour elle reçoit une carte postale de sa cousine qui vit dans une ferme. Paola décide de s’évader et de la
rejoindre. Son aventure vers une vie nouvelle commence.
Prends soin de la forêt, Pikkuli !
Finlande - 2015 – 5mn
Par une belle journée, au fond des bois, de petits animaux
décident d’organiser une fête et de jouer de la musique. Mais
la forêt est pleine de déchets et d’objets dangereux, un tout
petit oiseau, prend alors les choses en main.
Le bac à sable
Canada - 1995 – 13mn
Il faut une maison pour Nounours !
Deux enfants imaginent un vaste espace pour leur peluche.
Mais ce n’est pas facile de protéger un animal sauvage. Ni de
préserver un coin de nature…
MIMI & LISA
DU 6/04 AU 1er/05
Programme de 6 films de Katarina KEREKESOVA
film d’animation Slovaquie 2013 45mn
Pour les enfants à partir de 4 ans.
TARIF UNIQUE 3,50 EUROS
Au départ de ces petits films assez épatants, une très très bonne idée : s’attacher à deux copines inséparables dont l’une est
privée de la vue. Timide et non-voyante, Mimi perçoit le monde
différemment grâce à ses autres sens. Lisa, sa voisine de palier
délurée, est toujours prête à provoquer des situations amusantes. Ensemble, elles découvrent les univers de leurs voisins
dans lesquels le moindre objet peut devenir le prétexte d’une
aventure fantastique, avec l’imagination pour seule frontière.
N’aie pas peur du noir : Mimi a construit un superbe château de cubes dans sa chambre. En découvrant sa création, Lisa l’entraîne à l’intérieur. Mais les lieux sont hantés par la poupée de Lisa, un malicieux fou du roi.
Adieu, grisaille ! Aspirée dans un monde de couleurs, la gardienne de l’immeuble se retrouve piégée par le gris qu’elle aime tant. Mimi et Lisa partent la
sauver en lui montrant la beauté des autres couleurs.
Le Jeu de cartes : alors qu’elles jouent aux cartes en cherchant des paires d’animaux, Mimi et Lisa sont interrompues
par deux voisines couturières. Il n’en faut pas plus pour qu’elles se retrouvent dans un monde de tissus dans lequel tous les
animaux sont en double, à l’exception d’un crocodile esseulé.
Où est passée l’ombre : Mimi et Lisa ont besoin de l’ombre d’un
arbre pour jouer tranquillement dans la cour de l’immeuble. En
cherchant des graines sur le balcon d’un voisin, elles tombent
dans un pot de fleur et atterrissent dans une jungle sauvage.
Monsieur Vitamine : une artiste lyrique vient de perdre
sa voix à cause d’un virus amoureux de rock and roll. Avec
l’aide de Monsieur Vitamine, Mimi et Lisa partent déloger
le microbe qui tambourine dans la gorge de la chanteuse.
Le Poisson invisible : dans un grand aquarium, un poisson
magique doit se rendre invisible pour échapper aux moqueries
des autres espèces aquatiques. Mimi et Lisa décident de le
retrouver pour l’aider à assumer sa différence.
ZOOTOPIE
LE PETIT PRINCE
DU 6 AU 19/04
Film d’animation réalisé par Mark Osborne
Canada/France 2015 1h48 Version française
Avec les voix de André Dussolier, Clara Poincaré, Florence Foresti, Marion Cotillard, Vincent Cassel, Guillaume Gallienne...
Scénario de Irena Brignull et Bob Persichetti d’aprés
l’oeuvre de Antoine de Saint-Exupéry
POUR TOUS À PARTIR DE 5/6 ANS
CÉSAR 2016 DU MEILLEUR FILM D'ANIMATION
On n’adapte pas impunément un livre comme Le Petit Prince.
Cela, d’autant plus que le texte de Saint-Exupéry n’est ni particulièrement long, ni particulièrement adapté à une narration
cinématographique. Et c’est là qu’il faut saluer la première
qualité de l’adaptation de Mark Osborne : faire du sujet du
Petit Prince la narration du conte lui-même. Bob Persichetti et
Irena Brignull (qui officiait déjà sur le formidable Les Boxtrolls)
signent un scénario qui fait évoluer en même temps l’été studieux d’une petite fille pressée par sa mère de devenir « une
adulte formidable », et son amitié avec un vieux bonhomme un
peu dingue, qui ne rêve que de partager l’histoire de sa rencontre dans le désert avec un étrange petit garçon amoureux
d’une rose perdue.
Mark Osborne a choisit l’angle de la satire sociale douce, façon Pixar, pour raconter Le Petit Prince : assez légitimement, il
lie la fantasmagorie de Saint-Exupéry à une satire sardonique
d’un monde dévoré par l’ambition qui n’est qu’à un pas du
nôtre. Ce monde grisâtre, compartimenté s’oppose à la douce
folie du vieux bonhomme, sorte d’artiste brut dans le jardin
duquel on aperçoit des créations à la technologie poétique,
brinquebalants assemblages entre Calder et Gaston Lagaffe.
Cette opposition, très pertinente, dynamise le récit, fait des
épisodes du Petit Prince des pauses rêveuses, réalisées dans
une stop-motion particulièrement délicate et touchante – tout
cela, pour à peine quelques instants, ce qui ne manque pas de
les rendre d’autant plus précieuses.
Nanti de ces deux piliers, le film avance avec efficacité, sachant distiller les moments drôles, intimistes, touchants, redonnant une nouvelle vie aux écrits de Saint-Exupéry...
On pourra regretter la légère baisse de qualité de la seconde
partie du film qui renoue avec une narration plus convenue et
moins surprenante.
Malgré tout, une grande partie du film demeure tout à fait digne de son matériau d’origine, pour un hymne à l’innocence
plus complexe qu’un sempiternel « retrouver son regard d’enfant ». On y parle avec justesse de la solitude, de l’amour, de
la mort – de ce qu’il faut de courage pour grandir sans oublier.
Saint-Exupéry approuverait.
Vincent Avenel sur critikat.com
JUSQU'AU 19/04
Film d'animation réalisé par Byron Howard, Rich Moore
et Jared Bush.
USA 2015 1h48 Version française
Avec les voix de Lubna Gourion, Pascal Elbé, Thomas Ngijol,
Fred Testot...
POUR TOUS À PARTIR DE 6 ANS
Avec Zootopie, Disney transpose dans le monde animal certaines de nos interrogations et bouscule avec humour nos
idées reçues. Convoquant un formidable bestiaire, à la manière des Fables de La Fontaine, les auteurs nous content
une haletante enquête policière mais aussi un conte moral
dénonçant les discriminations sexistes et raciales qui gangrènent nos sociétés. Trépidant, drôle et parfois un peu inquiétant, c'est après tout une aventure policière avec un mystère
et des méchants, Zootopie est un Disney qui aurait trés bien
supporté d'être un Pixar, tant il regorge de qualités, que ce
soit sur le plan de l'animation ou sur celui du scénario. Zootopie s'inscrit dans la tradition du "buddy movie", comédie
qui voit se former un duo de personnages que tout oppose a
priori, mais que les circonstances, ou l'adversité, rapprochent
et c'est une réussite formidable.
Zootopia est une ville qui ne ressemble à aucune autre : seuls
les animaux y habitent ! On y trouve des quartiers résidentiels élégants comme le très chic Sahara Square, et d’autres
moins hospitaliers comme le glacial Tundratown. Dans cette
incroyable métropole, chaque espèce animale cohabite avec
les autres. Qu’on soit un immense éléphant ou une minuscule
souris, tout le monde a sa place à Zootopia ! Lorsque Judy
Hopps fait son entrée dans la police, elle découvre qu’il est
bien difficile de s’imposer chez les gros durs en uniforme, surtout quand on est une adorable lapine.
Elle qui est sortie Major de sa promotion de l'académie de
police, elle se retrouve cantonnée à mettre des amendes aux
voitures en défaut de stationnement. Pourtant tout ne va pas
trés bien à Zootopia. Depuis quelques temps des habitants
disparaissent mystérieusement de la ville sans laisser de
trace. Bien décidée à faire ses preuves, Judy décide de s'attaquer à cette mystérieuse affaire qui commence à inquiéter
la population et embarrase fortement le maire et le chef de
la police. Contre l'avis de tous, désobéissant aux ordres et
allant même jusqu'à faire équipe avec Nick Wilde, un renard à
la langue bien pendue et véritable virtuose de l’arnaque, notre
petite lapine ne se doute pas un instant de la portée dangereuse de son obstination...
KUNG-FU
PANDA 3
À PARTIR DU 4/05
Film d'animation réalisé par Jennifer Yuh
et Alessandro Carloni
USA/Chine 2016 1h35 Version Française
Avec les voix de Manu Payet, Pierre Arditi, Alison Wheeler...
Scénario de Jonhatan Aibel et Glenn Berger
Pour tous à partir de 6 ans
Po est maintenant devenu le redoutable Guerrier Dragon et il
défend, avec ses amis Tigresse, Vipère, Grue, Singe et Mante,
la vallée et ses villageois. Ils sont devenus de véritables stars
dont on trouve les figurines dans n'importe quelle échope. Tout
irait donc parfaitement bien si le vénérable Shifu n'avait pas décidé de prendre sa retraite et de nommer comme son successeur ... Po. Oui oui ce gros Panda, maladroit et puéril, incapable
de commander autre chose qu'un bol de nouilles.
Pendant ce temps dans le monde des morts, Oogway, le maître
Tortue, livre un combat féroce contre son ancien frère d'armes
Kaï. Ce dernier est bien décidé à retourner dans le monde des
mortels et d'y affronter le redoutable Guerrier Dragon...
Pour Po autre chose se joue, on lui demande d'être un proffesseur, de prendre ses responsabilités, de devenir adulte. Autant
dire qu'il n'a pas vraiment le moral, et c'est alors que tout va
basculer. Po avait toujours cru son père panda disparu, mais
le voilà qui réapparaît ! Enfin réunis, père et fils vont voyager
jusqu’au village secret des pandas. Po fera la connaissance
de certains de ses semblables, tous plus déjantés les uns que
les autres. Mais lorsque le maléfique Kaï décide de s’attaquer
aux plus grands maîtres du kung-fu à travers toute la Chine,
Po va devoir réussir l’impossible : transformer une horde de
pandas maladroits et rigolards en experts des arts martiaux, les
redoutables Kung Fu Pandas ! Et surtout acquérir et maîtriser
le Chi...
Toujours aussi drôle, touchante et virevoltante la série Kung Fu
Panda ne s'est pas endormie sur ses lauriers. L'animation est
surement ce qui se fait de mieux techniquement et le scénario
réussit assez intelligemment à aborder les thèmes de la transmission, de l'acceptation de soi et même de l'adoption ( si si ).
ROBINSON
CRUSOÉ
EN AVANT-1ÈRE LE MARDI 19/04
ET DU 20/04 AU 8/05
Film d'animation réalisé par Vincent Kesteloot
Belgique 2015 1h30
Scénario de Chris Hubbell
Librement adapté de l'oeuvre de Daniel Defoe
À PARTIR DE 5 ANS
Apprenti cartographe, Robinson Crusoé est un fils de bonne
famille qui s’embarque sur un navire marchand dans l’espoir
de découvrir le monde. Très vite, sa maladresse juvénile et
son allure chétive font de lui la tête de turc des autres membres de l’équipage. Mais la vie de Robinson prend une nouvelle tournure lorsque le navire échoue. Il se retrouve alors
seul, échoué sur une minuscule île déserte.
Coincé lui aussi sur cette île exotique miniature avec des amis
tout aussi excentriques que lui, le perroquet Mak n'a qu'un
seul rêve : partir à la découverte du monde. À l'issue d'une
tempête terrible, la petite bande découvre une étrange créature échouée sur la plage. Mak est persuadé que le nouveau
venu est son passeport pour de nouveaux horizons.
Crusoé, lui, comprend qu'il ne pourra survivre sans l'aide précieuse de Mak et ses amis. Si, au début, la communication
n'est pas évidente - les animaux ne parlent pas « l'humain » -,
tout le monde apprend à se connaître et finit par s'entendre à
merveille. Mais voilà que cette belle harmonie est mise à mal
par l'irruption de deux chats sauvages avides de soumettre la
population de l'île.
La bataille qui s'ensuit va permettre à Crusoé et ses amis de
découvrir les vertus de l'amitié envers et contre tout (surtout
les chats).
LE LIVRE DE LA
JUNGLE
DU 20/04 AU 8/05
Réalisé par Jon Favreau
USA 2016 1h36 Version Française
Avec Neel Sethi et les voix de Lambert Wilson, Leila Bekhti,
Eddy Mitchell, Cécile de France...
D'aprés l'oeuvre de Rudyard Kipling
POUR TOUS À PARTIR DE 8 ANS
Le livre de la Jungle raconte les aventures de Mowgli, un
petit homme élevé dans la jungle par une famille de loups.
Mais Mowgli n'est plus le bienvenu dans la jungle depuis que
le redoutable tigre Shere Khan, qui porte les cicatrices des
hommes, promet d'éliminer celui qu'il considère comme une
menace. Poussé à abandonner le seul foyer qu'il ait jamais
connu, Mowgli se lance dans un voyage captivant, à la découverte de soi, guidé par ses mentors, la panthère Bagheera
et l'ours Baloo.
Sur le chemin, Mowgli rencontrera des créatures comme Kaa,
un python à la voix séduisante et au regard hypnotique, et
le Roi Louie, qui tente de contraindre Mowgli à lui révéler le
secret de la fleur rouge et insaisissable : le feu.
On connaît tous Le livre de la jungle, le dessin animé sorti par
les studios Disney en 1967, et oui déjà. Nous l'avons vu enfants, puis nous l'avons montré à nos enfants avec toujours ce
même émerveillement et le plaisir intact de retrouver Balloo,
Bagheera, le roi Louie et les chansons que l'on se surprend à
fredonner longtemps après la fin de la séance.
On se demande ce que cette nouvelle version va bien pouvoir donner. Gageons que le grand spectacle sera au rendezvous, au vu des quelques images disponibles jusqu'à maintenant puisque, vous l'avez compris, à l'heure de boucler ce
programme nous n'avons pas encore pu voir le film.
chocolat
3 DERNIÈRES SÉANCES LES 1er, 13 ET 17/04
Réalisé par Roschdy ZEM
France 2015 1h59
avec Omar Sy, James Thierrée, Clotilde Hesme, Olivier Gourmet, Frédéric Pierrot, Noémie Lvovsky, Alice de Lencquesaing,
Olivier Rabourdin...
Scénario de Cyril GELY, Olivier Gorce, Roschdy Zem et Gérard Noiriel, librement adapté du livre Chocolat clown nègre de Gérard Noiriel.
L’histoire a parfois la mémoire qui flanche et sait être douloureusement sélective quand il s’agit de préférer le glamour
à de plus tragiques destinées… Par exemple c’est bien le
nom de Joséphine Baker qui vient à l’esprit quand on cherche le nom du « premier artiste noir » à avoir fait carrière en
France. Joséphine et ses seins nus, son délicieux accent,
ses déhanchements ceinturés de bananes. L’histoire a longtemps oublié Rafael Padilla, aussi appelé « le clown Chocolat », qui fut, bien avant Joséphine Baker, le premier Noir à
se produire dans les plus grands cabarets parisiens et qui
créa un numéro de cirque qui allait lui survivre : celui du
clown (blanc) autoritaire et de l’auguste (noir) souffre-douleur. Un duo qu’il forma avec succès pendant près de vingt
ans avec Georges Footit, imposant ainsi le modèle inoxydable du couple comique antinomique et complémentaire…
C’est son histoire à la fois magnifique et terrible que Roschdy
Zem, inspiré par les travaux de l’historien Gérard Noiriel, a
choisi de nous raconter. La destinée d’un homme né esclave
qui accéda au statut de vedette, qui mena la grande vie à Paris
avant de finir seul, malade et oublié de tous, inhumé dans la
partie du cimetière de Bordeaux réservée aux indigents, carré
M, rangée 7, tombe numéro 2…
Tout commence dans la campagne française, dans un tout
petit cirque familial. Un cirque et son dompteur, son géant,
son nain, sa femme obèse ou à barbe et son nègre dompté.
C’est ici que Rafael commence sa carrière, peau et cris de
bête, regard effrayant… Un sauvage, dangereux et sans doute cannibale : c’est ainsi que l’homme noir est représenté et
perçu par une foule excitée, curieuse et avide de sensations
fortes. Et puis il y a le numéro de clown de Georges, un numéro
un peu usé qui s’essouffle et ne fait plus rire grand monde.
Georges, perfectionniste, passionné, bosseur maladif, sent
qu’il doit impérativement se renouveler et c’est alors que lui
vient l’idée de génie : détourner Rafael de son rôle de méchant
sauvage et l’associer à son numéro de clown. Le grand homme
noir maladroit, simple d’esprit, souffre-douleur et toujours servile et le petit bonhomme blanc malin, manipulateur et bien entendu toujours maître de la situation. Un rire discret, puis deux,
puis trois, puis cent… l’alchimie fonctionne, la foule a besoin
de distraction, de nouveauté et aussi de clichés rassurants :
le duo « Footit et Chocolat » est né. Servi par un imparable
duo Omar Sy/James Thierrée, soutenus par des seconds rôles
écrits et interprétés amoureusement, Chocolat fait rire et fait
réfléchir, exalte avec une générosité débordante une fraternité
dont nous avons bien besoin.
AVANT- 1ÈRE / PETIT-DÉJEUNER DIMANCHE 1ER MAI
à partir de 10h45 à Utopia Saint-Ouen (rendez-vous au café Stella à 10h45, séance à 11h15)
LE CONCEPT : à vous les croissants, à nous le chocolat chaud et les jus de fruits
DOUGH
ET À PARTIR DU 4/05
Réalisé John GOLDSCHMIDT
Angleterre 2015 1h34 VOSTF
avec Jonathan Pryce, Malachi Kirby, Ian
Hart, Philipp Davis, Pauline Collins, Jerome Holder…
Scénario de Jonathan Besson
Les esprits grincheux trouveront sans
doute un peu légère cette comédie anglaise qui n’est pas sans rappeler quelques-uns des grands titres qui firent jadis
venir les foules à Utopia. C’était le temps
de The Full Monty, Joue-là comme Beckam… Les Anglais savent toujours y faire
dans la comédie sociale efficace et réussissent, sans grands moyens et souvent
sans jamais sortir d’un quartier, à nous
brosser le portrait d’une fraternité ordinaire et attachante sans blablater pendant des plombes. Un cinéma modeste
à hauteur de gens ordinaires, ni héros
ni salauds, pas toujours sympathiques,
pas toujours très honnêtes mais toujours
authentiques et terriblement humains.
Nat Dayan est le patron d’une petite boulangerie aussi casher que familiale, nichée au cœur d’un quartier populaire de
Londres dont on pressent bien qu’il sera
bientôt amené à disparaître. Un de ces
quatre, un promoteur immobilier sans
scrupules viendra raser tout ça pour y
construire quelques parkings, un centre
commercial où la pâtisserie industrielle
trouvera sa place entre le rayon bricolage
et les légumes sous vide.
Fatigué et un peu usé de se lever tous
Tarif unique : 3,50 euros
les jours aux aurores pour mettre la main
à la pâte (dough, c’est pâte en anglais),
Nat Dayan ne veut pourtant pas partir en
vacances et encore moins prendre sa retraite. Sa boulangerie est toute sa vie et
pas question d’arrêter de fournir le quartier et la communauté en brioches, muffins et autres délicieux petits pains. Mais
s’il est têtu comme une mule, il demeure
lucide sur son état et finit par accepter
l’idée de prendre un apprenti. Ayyash
n’était pas forcément la personne vers
laquelle il se serait spontanément tourné : jeune, noir et musulman pratiquant,
autant dire pas vraiment le candidat naturel. Mais Ayyash est le fils de la dame
qui vient tous les jours faire le ménage
chez Nat, alors après tout, pourquoi pas
lui donner sa chance, elle lui assure que
c’est un gentil petit gars, travailleur, honnête... Ayyash va se révéler être un apprenti dévoué et très doué, un peu trop
doué peut-être…
Les deux vont aussi se trouver quelques
points communs dans la manière dont
chacun prie son Dieu… l’occasion de
quelques scènes cocasses.
Les mauvaises langues vont bien sûr ce
méfier de ce Mohammed venu d’Ethiopie ou d’Arabie, enfin, de ce Noir musulman qui est sûrement aussi un peu
terroriste. Mais Nat s’en moque car depuis qu’Ayyash travaille à ses côtés, les
ventes ont explosé aussi sûrement que
les petits pains se multipliaient si l’on en
croit certaines Écritures… et puis comme
par miracle, lui-même a retrouvé sa joie
de vivre, son rire et l’envie de faire un peu
plus attention à lui et aux autres. Bien sûr,
tout cela cache quelque chose qui n’est
sans doute pas très orthodoxe…
Terriblement british par son ton, son humour et tous ses personnages secondaires à la langue bien pendue, Dough est
un petit condensé vivifiant d’optimisme
et de joie de vivre ensemble qui fait un
bien fou par sa simplicité un brin naïve
de penser que rien n’est perdu d’avance
si chacun prend le temps de dépasser
ses préjugés. Au passage bien entendu,
le film tord le coup à tous les clichés qui
nous polluent le cœur et l’esprit et dénonce enfin les deux plus grands fléaux
de l’humanité qui avancent souvent comme deux andouilles main dans la main :
l’ignorance et la connerie.
DEVANT Utopia
TOUS LES
VENDREDIS
À PARTIR DE
19H
A PERFECT DAY
JUSQU'AU 5/04
Réalisé par Fernando LEON DE ARANOA
Espagne 2015 1h46 VOSTF
avec Benicio Del Toro, Tim Robbins, Mélanie Thierry, Olga Kurylenko, Fedja Stukan, Sergi López...
Scénario de Fernando León de Aranoa et Diego Farias,
d’après le roman Dejarse llover de Paula Farias.
Une des grandes réussites de cette comédie géopolitique, au
rythme soutenu et millimétré, est l’assemblage hétéroclite de
son casting international (mention spéciale à Benicio Del Toro
et Tim Robbins, excellents en vieux baroudeurs sans frontières). Il reflète bien celui des ONG et des Casques Bleus, perdus dans les Balkans, assemblage de nations au beau milieu
du conflit fratricide de Bosnie-Herzégovine issu de la dislocation de la République Fédérale de Yougoslavie. Jamais leur
rôle ne fut autant questionné, et si la comédie est très réussie,
A perfect day est aussi une parabole d’une rare acuité sur le
« désarroi humanitaire » de ces années-là. L’action est située
« quelque part dans les Balkans », l’imprécision géographique
de cette histoire renforce sa dimension parabolique et la difficulté des personnages à situer leur rôle au beau milieu de
cette guerre. Cette « parfaite journée » se situe quelques jours
après la signature des accords de Dayton, en décembre 1995,
durant cette période de fin de guerre où règne l’incertitude, les
soldats ne sachant pas tous si c’est vraiment fini, les profiteurs
de guerre voulant encore se gaver jusqu’au dernier moment,
et les civils des ONG, entre deux missions, ne sachant pas
si leur rôle est terminé ou non dans cette région du monde.
Une équipe comme une autre, d’une ONG comme une autre
(« Aids across borders »), essaie de sortir d’un puits un cadavre
jeté au fond par des trafiquants d’eau potable. Ils ont vingtquatre heures pour sortir le corps avant que le point d’eau ne
devienne inutilisable, mais ils n’ont plus de corde assez solide
pour le tirer de là ! Les deux voitures de leur petit groupe vont
donc partir à la recherche de cette précieuse corde, véritable
fil d’Ariane du récit, sillonnant les lacets des montagnes au son
très rock’n roll des cordes de guitare de Marilyn Manson et
Lou Reed.
Comédie toujours sur le fil, le film ne tire jamais trop sur la
corde et, sur fond d’une bande-son endiablée façon « Rock
around the Balkans », fait le portrait mélancolique et touchant
de ces nouveaux « chevaliers à la triste figure » qui tentent de
donner un sens à leur existence dans ces endroits du monde
qui n’en ont plus. Qui mieux, à la fin de cette journée parfaite et
décidément pas comme les autres, que Marlène Dietrich pour
chanter la mélancolie des champs de ruines avec la chanson
Where have all the flowers gone ? (« Où sont passées toutes
les fleurs ? »).
A l'occasion du triste double anniversaire des catastrophes de Tchernobyl et Fukushima,
séance exceptionnelle le vendredi 15 avril à 20h30 à Utopia Saint-Ouen
en présence de Maryse ARDITI, Physicienne, membre du Directoire Energie de France Nature Environnement, de Marc DENIS, Physicien, membre du Groupement de Scientifiques pour l’Information sur
l’Energie Nucléaire et de Nicole & Felix Le Garrec, réalisateurs et acteurs de la lutte de Plogoff.
Cette séance est dédicacée à toutes celles et ceux qui ont lutté et qui lutteront contre l'industrie nucléaire.
Séance organisée par Europe Ecologie les Verts Cergy avec le soutien du Parti de Gauche et du NPA
PLOGOFF, des pierres contre des fusils
Réalisé par Nicole LE GARREC
documentaire France 1981 1h52
Juste à deux pas de la Pointe du Raz,
la Bretagne sauvage, tempétueuse :
Plogoff un village rebelle qui marquera
à jamais l’histoire du nucléaire pour
s’être opposé à l’implantation d’une
centrale nucléaire, et pour avoir gagné.
Fin janvier 80, l’enquête d’utilité publique sur l’implantation d’une centrale vient d’être ouverte. Les habitants
Le mot d'Europe Ecologie les Verts Cergy
Dormez tranquilles braves gens, nous
veillons sur la sûreté nucléaire et l’avenir
énergétique de la France !
Le parc nucléaire français est l’un des
plus sûrs au monde nous répètent les
autorités depuis 50 ans. Pour preuve il n’
y a pas eu, il n’ y aura pas de Three Miles Island, de Tchernobyl, de Fukushima.
C’est aussi un avenir énergétique et industriel radieux.
Mais l’avenir s’annonce bien différent. Il
ne se passe pas un jour sans une nouvelle
difficulté, sans une nouvelle révélation in-
font bloc, le préfet du Finistère choisit
l’épreuve de force : gardes mobiles puis
parachutistes envahissent le village.
Pendant six semaines, les 2300 habitants,
femmes en tête, harcèlent les troupes. Le
jour, la nuit. Les insultes pleuvent comme
les pierres, on renverse des détritus et
des arbres sur les routes, la résistance fait
son chemin, la solidarité s’organise, des
gens viennent de toute la région, les villes
voisines s’y mettent… Ils seront jusqu’à
60 000, épaulés par les écologistes du
Larzac, sous les bombes lacrymogènes et les charges des forces de l’ordre.
quiétante voire alarmante.
Retard de construction des réacteurs EPR
en Finlande et à Flamanville, coûts qui
explosent de 3 à 10 milliards, couvercles
des cuves qui présentent des défauts …
L’Etat qui, avec EDF, s’entête à vouloir prolonger la durée d’exploitation d’un parc
vieillissant qui montre de plus en plus
de dysfonctionnement. La dernière révélation en date : la fiabilité « dégradée »
des groupes électrogènes de secours des
réacteurs nucléaires.
Une filière qui ne sait comment traiter les
déchets du combustible et des démantèlements à venir, et qui prévoit d’ouvrir un
centre d’enfouissement en couche géologique profonde (qui pose de nombreuses
questions technologiques et dont le coût
est sous estimé) etc …
Toute la filière est en difficulté : des investissements faramineux de mise aux
normes à réaliser qui mettront EDF dans
une situation financière délicate ; mais
aussi AREVA qui est en déficit pour la
4éme année consécutive.
C’est un magnifique témoignage, filmé
de part et d’autre de la barricade, l’histoire belle et forte d’une poignée de bretonnes et de bretons qui refusèrent ce
que d’autres ont tenu pour inéluctable :
Plogoff ne deviendra pas l’une des poubelles radioactives de l’Europe.
Alors on continue la fuite en avant ou on
change de cap ?
JEUDI 14 AVRIL à 20h30 au Royal Utopia de Pontoise :
« Royal Opera House au Royal Utopia » : 5ème rendez-vous
BORIS GODOUNOV
Projection en différé du spectacle présenté au Royal Opera House de Londres
Opéra en 7 scènes
Musique et livret de Modeste Petrovitch Moussorgsky
d’après la tragédie historique de Alexandre Sergueïevitch Pouchkine
DURÉE : 2H15 (SANS ENTRACTE)
• Tarification spéciale : Tarif normal : 13 euros
• Tarif réduit : 8 euros (enfants et jeunes jusqu’à 14 ans, étudiants, demandeurs d’emploi)
- Les tickets Utopia ne sont pas acceptés -
Direction orchestrale : Antonio Pappano
Mise en scène : Richard Jones
Distribution:
Bryan Terfel (Boris Godounov)
Kostas Smoriginas (Adrey Schelkalov)
Jeremy White (Nikitich)
John Graham-Hall (Prince Vasily Ivanovich Shuisky)
L'histoire :
Après la mort d’Ivan le Terrible, le boyard Boris Godunov est nommé régent – Le fils aîné d’Ivan, le Tsar Fédor, est faible physiquement et mentalement et son plus jeune fils, Dimitri, n’est encore qu’un bébé. À l’âge de
8 ans, Dimitri meurt dans des circonstances mystérieuses, et nombreux
sont ceux qui pensent que Boris a organisé son meurtre. Une fois Fédor
décédé lui aussi, il n’y a plus d’héritier direct au trône, et Boris devient le
candidat favori pour devenir le prochain tsar.
LE PROGRAMME DE LA SAISON
• LUCIA DI LAMMERMOOR : jeudi 26/05
• WERTHER: jeudi 21/07
royal orchestra
DU 4 AU 10/05
Réalisé par Heddy HONIGMANN
documentaire Pays-Bas 2015 1h34
VOSTF
avec le chef et les musiciens du
Royal Concertgebouw Orchestra
(RCO) d’Amsterdam...
Le tour du monde en cinquante concerts !
Ainsi s’appelait dans un premier temps
cet incroyable documentaire, d’une simplicité vraie, qui nous a tous emballés au
Festival de La Rochelle, avant d’être débaptisé. On aimait ce premier titre : Le
tour du monde en cinquante concerts…
Comme un petit clin d’œil à Jules Vernes
qui disait bien la patte espiègle et subtile de la réalisatrice Heddy Honigmann.
D’un travail de commande (passée par
le prestigieux Royal Concertgebouw
Orchestra d’Amsterdam pour célébrer
ses 125 ans) elle a réussi à faire une véritable aventure de vie qui se déguste
comme un roman ! Ce n’était pourtant
pas gagné d’avance : comment filmer la
tournée internationale de cet organisme
presque tentaculaire (une tête qui dirige et de multiples bras : plus de cinquante musiciens) et en faire une œuvre
vivante, cohérente, originale, qui tienne
le spectateur en haleine ? Comment
trouver des plans d’attaque originaux,
ne pas sombrer dans le « déjà vu » ?
Heddy Honigmann réussit tout cela avec
brio et dirige sa caméra avec les gestes
précis et limpides d’un véritable chef d’orchestre. Toujours à capter la petite chose,
le menu détail qui en disent plus long que
bien des discours et ménagent des moments de respiration joviaux ou tendres.
Son plaisir indéniable derrière la caméra
est immédiatement perceptible, communicatif et jamais elle ne se met en avant.
Cinéaste discrète, marionnettiste de
l’ombre, qui nous entraîne avec bonheur
dans les coulisses, l’intimité des virtuoses et même celle de leurs plus modestes admirateurs. La musique devient plus
qu’un simple loisir, elle est un art de vivre
démocratique, presque une philosophie.
Elle est aussi un langage à part qui relie
entre eux les mélomanes venus de tous
horizons. De Saint Pétersbourg à Buenos
Aires en passant par Soweto… Heddy ne
se contente pas de survoler les sujets et
en peu de plans elle brosse un contexte politique, humain… passionnant.
Première séquence : mais quel est ce
petit point insignifiant sur cette grande
scène, perdu au milieu de cet immense
opéra vide qui semble l’engloutir ? Voilà
le percussionniste de cette formation
symphonique ! Et c’est fort malin de
commencer par lui. Le bougre parle de
son boulot avec tant d’humilité et de drôlerie que, d’un coup de baguette, il brise
la glace et un mythe. La grande musique
n’est pas une affaire d’élite, elle est aussi
accessible aux petites oreilles, celle des
obscurs, des sans-grade. Elle est avant
tout une merveilleuse aventure à la portée de tous. On finirait même par croire
qu’un jour elle parviendra à briser les ridicules frontières érigées par la petitesse
des hommes !
KEEPER
DU 20/04 AU 3/05
Écrit et réalisé par Guillaume Senez
Belgique / France 2015 1h35
Avec Kacey Mottet Klein, Galatea Bellugi, Sam Louwyck, Catherine Salée...
Maxime et Mélanie ont 15 ans. Ils s’aiment
comme on s’aime à cet âge, d’une façon
à la fois intense et désinvolte. Ensemble,
ils explorent leur sexualité avec fougue
et maladresse. Jusqu’au jour où Mélanie
annonce à Maxime qu’elle est enceinte.
La nouvelle est un coup de tonnerre pour
le jeune garçon. Sa première réaction est
instinctive : ils ne peuvent pas garder
l’enfant, mais peu à peu l’idée de devenir
père fait son chemin chez lui et c’est lui
qui va pousser Mélanie à conserver leur
bébé. Mais pour des ados de 15 ans, la
décision n’est pas sans conséquence :
la mère de Mélanie n’est pas prête à
voir sa fille suivre sa voie chaotique et
Maxime qui se destine à une carrière de
footballeur pro aura-t-il les épaules assez larges pour donner à son fils la vie
qu’il mérite ?
Premier film de Guillaume Senez, Keeper
propose a priori un thème déjà vu au cinéma. A priori seulement.
Dans les faits, le jeune réalisateur surprend en posant sur la grossesse un
point de vue masculin, celui de Maxime
qui est le véritable point d’ancrage du
film. Contrairement à Juno par exemple, un film qui vient immédiatement à
l’esprit en lisant le synopsis de Keeper,
Mélanie est ici influencée par le regard
que Maxime porte sur elle et sa maternité. On sent bien qu’elle est tellement
amoureuse qu’elle remet difficilement
en question les envies et les décisions
de son copain. Au point de résister à la
pression de sa mère et d’accepter une
expérience désagréable dans le seul but
de satisfaire son petit ami. Maxime n’est
pas un salaud manipulateur. C’est juste
un jeune un peu plus charismatique que
la moyenne, fougueux aussi, qui exerce
une fascination sur celle qui l’aime.
Le problème est que du haut de ses 15
ans, Maxime n’a pas non plus les idées
très claires. Même s’il est moins irresponsable que Bruno (Jérémie Renier),
héros de L’Enfant des frères Dardenne,
une autre référence qui vient à l‘esprit
ici, il a forcément du mal à appréhender rationnellement l’idée d’être père
et d’imaginer la compatibilité entre ce
nouveau statut et son rêve un peu fou,
mais vaguement accessible, de devenir
le gardien de but (Keeper) d’une équipe
de football de haut niveau.
D’un côté, le confort que lui apporterait
cette réussite sportive lui permettrait
de gérer cette vie de famille déjà atypique, de l’autre le long chemin difficile
qui pourrait le conduire jusqu’aux plus
grands stades est un véritable obstacle
à cette précoce paternité.
Le dilemme est intéressant et mené ici
avec énormément de sensibilité, sans
manichéisme ni ligne directrice nette,
au gré des émois, des angoisses et des
élans d’enthousiasme des jeunes protagonistes.
La dynamique du duo voulu par Guillaume Senez est le moteur de l’intrigue,
mais les parents (divorcés) de Maxime
et la mère célibataire de Mélanie pèsent
aussi de tout leur poids dans la balance.
Ces personnages extrêmement bien caractérisés accentuent les flux et reflux de
cette valse-hésitation lancinante.
Ni comédie, ni film social misérabiliste,
ni pensum moralisateur, Keeper est
un instantané réaliste et émouvant de
l’existence de deux ados confrontés à
un choix de vie majeur. Car, et c’est là la
force du film, son atout essentiel, il est
d’un naturel saisissant rarement vu sur
grand écran. Cette exceptionnelle spontanéité est surtout due au talent inné de
comédiens triés sur le volet : constamment justes, pertinents et attachants.
(...)
Par son naturalisme sidérant, l’universalité de son sujet, son traitement unique
et l’interprétation superlative des cinq
comédiens principaux (et des plus petits
rôles aussi ce qui n’est pas si courant),
Keeper est une formidable pépite, intense, et pleine d’énergie, un film fascinant
qui, au-delà de son sujet, annonce la
naissance d’un nouveau grand cinéaste
doté d’une vision et d’une forte personnalité. Un cinéaste, quoi….
Guillaume Senez, notez ce nom : vous
n’avez pas fini d’en entendre parler.
( cinevox)
MAGGIE A UN PLAN
À PARTIR DU 27/04
Écrit et réalisé par Rebecca MILLER
USA 2016 1h38 VOSTF
avec Greta Gerwig, Ethan Hawke, Julianne Moore, Bill Hader, Maya Rudolph...
La Maggie du titre est une adorable
tête de linotte, un peu rêveuse, lunaire,
un brin gaffeuse, ce qui provoque parfois des situations loufoques et hilarantes. Bien vivante avec son autodérision
et ses taquineries, elle semble parfois
ailleurs, promenant sur le monde des
yeux écarquillés, perpétuellement étonnés, comme dans l’attente d’une chose
qui ne se produit jamais. Tiens par exemple : les mecs… Comment faire pour en
garder un ? Un qui lui corresponde, la
soutienne, la supporte, avec lequel tout
serait rose et limpide. Bien sûr il y a Tony
et son amitié indéfectible, Tony qui n’abdique jamais, tel un scout toujours prêt
à lui tendre une oreille, une main, ou une
épaule sur laquelle se reposer. Un « ex »
grand teint et grande classe, magnanime
et perspicace, qui reste envers et contre
tout attaché à cette blondinette que la
stabilité affective semble fuir de manière
chronique. Elle lui confie tout, jusqu’aux
détails les plus intimes et improbables.
Lui tente de jouer les mentors, les directeurs de conscience tout en charriant
Maggie à longueur de temps, histoire
de lui remettre les idées en place. Entre eux c’est pas du réchauffé, du tiède,
c’est du tac au tac et Felicia, la propre
compagne actuelle de Tony, se prend
aussi au jeu. Toujours à épauler cette
sorte de petit poussin romantico-comique, à lui fournir un coin de table ou un
nid douillet pour panser ses désillusions.
Mais Maggie ne se laisse pas abattre
longtemps et refuse que ce fichu destin préside à sa place. Si le prince charmant n’arrive pas, elle peut très bien
s’en passer, et avoir un bébé sans lui ! Et
pourquoi faire simple quand on peut pimenter sa vie de scénarios alambiqués ?
Voilà Maggie en train d’échafauder un de
ces plans décalés dont elle a le secret
tandis que Felicia et Tony finissent par
se faire une raison. Mais évidemment,
entre les rêves et la réalité, celui qu’on
croyait écarté, sieur Destin en personne, ne va avoir de cesse que de revenir
pointer son nez pour tout chambouler.
Quand Maggie rencontre John dans le
bureau d’une employée de bureau grincheuse de la fac où ils sont tous deux
professeurs, y’a comme une sorte de
petite étincelle. John (le trop séduisant
Ethan Hawke) se prend d’amitié pour
cette jeune femme à l’allure enfantine, si
drôlement fagotée dans des tenues pittoresques qui oscillent entre puritanisme
et coloris improbables qui lui correspondent si bien. Il se grise de ses mots, de
son regard si compréhensif et attentif. Et
peu à peu il se confie, parle de sa morne
vie en ménage où il étouffe face à son
épouse Georgette trop parfaite (il n’y a
pas d’autre mot pour Julianne Moore !).
Georgette est brillante, organisée, directive… l’antithèse de notre Maggie perpétuellement indécise. Mais, même si cette
dernière compatit avec John, n’a d’yeux
que pour lui, rien ne la détourne de sa
décision : il ne fait pas partie de son plan.
Celui qui en fait partie c’est un vendeur
de gros cornichons au look néo-rural,
qui semble être descendu de sa campagne sans passer par la case rasage, pas
de ceux qu’on imagine en train de traîner
dans les beaux quartiers new-yorkais…
Voilà, vous connaissez maintenant quelques personnages mais vous vous doutez bien qu’on n’en dira pas plus sur
cette délicieuse comédie, fraîche et enjouée, légère comme une brise de printemps. Faut pas s’en priver !
SEULS LES ANGES ONT DES AILES
DU 27/04 AU 10/05
(ONLY ANGELS HAVE WINGS)
Réalisé par Howard HAWKS
USA 1939 2h01 VOSTF
Avec Cary Grant, Rita Hayworth, Jean
Arthur, Richard Barthelmess…
Scénario de Jules Furthman et Howard Hawks.
Le film préféré des cinéastes de la Nouvelle Vague (les fameux «hitchcockohawksiens »). Le meilleur rôle de Cary
Grant, qui pourtant en a eu beaucoup.
Et surtout, une sacrée tragi-comédie
d’aventures exotiques dont, curieusement, les enseignements peuvent s’appliquer à tous, dans toutes les situations.
Seuls les anges ont des ailes, un chefd’œuvre ? Vous plaisantez, bien plus que
ça…
Après l’échec public de L’Impossible
Monsieur Bébé, Hawks plaque la RKO
et s’en va proposer une histoire à la Columbia. Un seul scénariste est crédité
(le fidèle Jules Furthman, qui écrira Rio
Bravo et une poignée d’autres films pour
le cinéaste), mais il y eut trois autres
collaborateurs et, surtout, les souvenirs
de Hawks lui-même. Pendant le tournage de Viva Villa !, cinq ans plus tôt,
il avait observé une petite compagnie
aérienne mexicaine : pilotes américains
plus ou moins alcoolisés, conditions de
sécurité tout à fait précaires, atmosphère
d’émulation et de camaraderie. Hawks,
lui-même pilote, et amateur de sports
mécaniques en général, les côtoie avec
envie. Ce sera le sujet de Seuls les anges
ont des ailes, et c’est bien un sujet pour
lui : soit Cary Grant, raide comme la justice, dirigeant dans un port tropical une
poignée de gringos intrépides, les héros
de l’Aéropostale locale, chargés de passer le courrier à travers les Andes dans
des coucous qui ne montent pas assez
haut… Pas de tour de contrôle, mais un
rade qui fait office d’hôtel-bar-bureau de
la compagnie et où, au fond, tout va se
passer. Et quand on dit tout, c’est tout :
amours perdues qui refont surface (Rita
Hayworth, débutante, revient draguer
Cary Grant, qu’elle a plaqué quelques
mois plus tôt), nouvelle conquête potentielle (Jean Arthur, la star des films
de Frank Capra, un peu dépaysée dans
l’humour à froid hawksien), héroïsme et
trahisons en tout genre.
Il y a des scènes d’action dans Seuls
les anges ont des ailes : des maquettes
d’avion, des atterrissages spectaculaires, quelques moments dans la cabine —
y compris l’intrusion d’un oiseau en plumes délogé par les oiseaux en acier —,
mais l’essentiel est ailleurs, chez ceux
qui, au sol, attendent les pilotes partis
dans la purée de pois ou l’orage, cohabitent plus ou moins facilement, s’aiment
et se chamaillent à répétition.
L’amitié masculine, le groupe et ses rites
initiatiques (qui excluent ou accueillent ),
l’amour et son désordre, plus intimement
le courage ou la peur : le film explore ces
thèmes et ces émotions jusqu’à devenir
une véritable leçon de vie. Car ce sont
des hommes au travail ; et la petite compagnie aérienne, Barranca Airlines, est
une entreprise comme une autre, avec
ses règles qu’il ne faut pas enfreindre, ses
employés «placardisés » qui cherchent à
se racheter (Richard Barthelmess, dans
le rôle d’un pilote traînant la malédiction
d’un accident dont il a réchappé), ses
types qu’on pousse vers la retraite (le
meilleur pote de Cary Grant, dont la vue
baisse inexorablement), et, au centre, le
manager charismatique, le chef qui aime
et châtie mais fait lui, quand il le faut, le
sale boulot.
Cary Grant est exceptionnel : on l’a
connu (et on le connaîtra souvent) séducteur blagueur, ahuri gaffeur et même
play-boy vieillissant. On l’a rarement
vu incarner ainsi la maîtrise : maîtrise
de lui-même et du métier où il excelle,
esprit hyper vif sachant réagir à toutes
les situations, assurance jusqu’à l’arrogance. La petite Jean Arthur, qui tombe
amoureuse de lui au premier regard ou
presque, s’attaque, comme les pilotes, à
une montagne de glace, un cœur brisé
— par Rita Hayworth — qu’il faut raccommoder, un orgueil effarant qu’il faut
apprivoiser. Elle en avalera des couleuvres jusqu’à un dénouement magnifique,
qu’on ne vous révélera pas — l’un des
aveux amoureux les plus singuliers de
l’histoire du cinéma. On vous le répète :
dans ce film, il y a la vie tout entière.
Aurélien Ferenczi (Télérama).
SUNSET SONG
DU 30/03 AU 12/04
Écrit et réalisé par Terence DAVIES
GB 2015 2h16 VOSTF
avec Agyness Deyn, Peter Mullan, Kevin
Guthrie, Jack Greenlees, Ian Pirie...
D’après le roman de Lewis Grassic Gibbon
C’est un cinéma que les tenants de la
modernité à tout prix pourraient qualifier
de désuet s’il n’atteignait pas le sublime
dans sa précision du romanesque et dans
sa mélancolie lyrique. Du cinéma anglais
à la fois littéraire (on croirait, en regardant
et en écoutant le film de Terence Davies
lire ou relire du Henry James : même si
James était américain, il était plus britannique que nature, au point de prendre la
nationalité de la reine Victoria peu avant
sa mort), et organique tant le cinéaste est
viscéralement attaché aux terres grasses
du nord de l’Angleterre et de l’Ecosse. Un
cinéma comme pouvait le fignoler un David Lean. Un cinéma d’une maîtrise totale
où les harmonies de couleurs et la bande
son vibrent à l’unisson des sentiments
tour à tour heureux puis tourmentés des
personnages.
Nous sommes un été au début du 20ème
siècle dans le comté rural d’Aberdeen, au
nord de l’Ecosse. Le film s’ouvre magnifiquement sur les champs de blé dorés
ondulant au vent sur une colline surplombant un lac qui reflète les paysages rudes
et splendides des Highlands. C’est la fin
des cours et Chris Guthrie, jeune fille de la
petite paysannerie, est malgré tout pleine
d’espoir car, élève brillante, elle peut légitimement aspirer à devenir institutrice.
Mais le soleil, s’il illumine le cœur des jeunes filles en vacances, entre peu dans la
maison des Guthrie, où John, le père et
tyran domestique, fait régner une discipline de fer sur toute la famille, notamment
le frère aîné de Chris, Will, souffre-douleur
parce que rebelle à l’autorité. Quant à la
mère, bien que déjà d’âge mur, elle est
contrainte par son mari d’enchaîner les
grossesses nullement désirées. Et rapidement, alors que Will va choisir la liberté et
l’exil en Argentine, alors que la mère va
mourir en couches, et le père subir une
attaque, le destin et les espoirs de Chris
vont basculer. Comment la jeune fille
brillante et lucide va-t-elle pouvoir affir-
mer sa liberté dans ce carcan ? Résisterat-elle à la pression des prétendants et au
mariage, étape obligée si elle en croit tout
son entourage ? Dans le même temps se
déclare la guerre avec l’Allemagne et la
mobilisation se précise pour les hommes
du village...
Sunset song est une description brutale
mais superbe de l’Ecosse rurale et puritaine du début du siècle, et l’amour du
réalisateur pour cette terre parfois ingrate
transparaît à travers chaque plan. Une
terre travaillée par des paysans exploités
dont le réalisateur magnifie la solidarité,
les traditions, sans édulcorer leurs travers, leurs violence, leur misogynie. De
cet univers rude se dégage un magnifique personnage de femme (intensément
incarnée par la formidable Agyness Deyn,
d’une beauté hors du temps), prise dans
la tourmente de ses sentiments ambivalents, entre son désir d’accomplissement
et la soumission plus ou moins consentie au poids des conventions étouffantes.
Terence Davies filme avec une égale ampleur les champs de blé et les champs de
bataille, avec une égale précision les intérieurs étouffants et les scènes de groupe,
il joue en virtuose des couleurs et des
ambiances musicales, nous chavirant le
cœur quand s’élèvent les chants écossais
mélancoliques, au son des cornemuses
évoquant les temps heureux disparus ou
les hommes partis loin de leur terre.
IN JACKSON HEIGHTS
LES VENDREDIS, SAMEDIS ET DIMANCHES DU 22/04 AU 1er/05
Frederick WISEMAN
documentaire USA 2016 3h10 VOSTF
Alors que les chaînes d’info font leur
choux gras d’une des campagnes présidentielles les plus puantes que les EtatsUnis aient connues – avec son clown
peroxydé, outrancier, raciste et misogyne
en meneur de revue –, le grand Frederick
Wiseman nous donne une magnifique
lettre d’amour à ce pays de contrastes.
Et ça fait un bien fou. Malgré Donald
Trump, malgré les flics pères la bavure,
malgré les armes en vente libre qui tuent
quotidiennement, on n’a qu’une envie à
la fin de In Jackson Heights : rejoindre
la grosse pomme et plus particulièrement ce petit quartier new yorkais qui
nous réconcilie avec l’Amérique qu’on
aime. In Jackson Heights c’est, en trois
petites heures qui ne doivent pas vous
effrayer parce qu’elles passent comme
un charme, la plongée au cœur de la vie
de ce quartier niché dans le Queens, un
peu à l’écart de l’effervescence économique et mondaine de Manhattan, quelque part de l’autre côté de l’East River.
Frederick Wiseman est le roi de l’immer-
cité : Jackson Heights, pourtant bien loin
des célèbres quartiers gays de Chelsea
ou Hell’s Kitchen, fut un des premiers
quartiers à avoir sa parade LGBT, sous
l’impulsion justement de Daniel Dromm,
un des premiers à faire une place aux
sion documentaire, toujours sans com- transsexuels, la plupart hispanophones.
mentaire, presque toujours sans interview, juste sa caméra qui pénètre au cœur Le montage virtuose et malicieux de Fredes situations et des conversations, qui derick Wiseman montre avec jubilation
se fait discrète voire invisible. Wiseman a cette diversité : des petites grands-mèfilmé avec une empathie communicative res WASP parlent des cimetières oubliés
les lieux ou les institutions les plus divers : devant un thé et peu après c’est au tour
des asiles, les coulisses de l’Opéra de Pa- des transgenres d’évoquer l’indifférence
ris, la National Gallery, une salle de boxe, policière face à l’homophobie, avant
l’université de Berkeley… Il a aussi filmé de retrouver quelques survivants de la
des communautés tout entières, avec un Shoah au fond d’une synagogue. Cette
regard parfois acide comme dans Aspen, balade a un charme fou, elle pourrait être
portrait de la célèbre station de ski du quelque peu anecdotique si Wiseman ne
Colorado, paradis de la jet set, ou un re- mettait pas en évidence, comme un fil digard plus tendre comme c’est le cas ici. recteur, les dangers qui pèsent sur cette
Jackson Heights est un exemple étonnant harmonie fragile, notamment la spécudu vivre ensemble : pas moins de 167 na- lation immobilière qui menace d’exprotionalités s’y côtoient, avec régulièrement prier des petits commerçants installés là
de nouveaux arrivants. Et le choix de Wi- depuis plusieurs décennies au profit de
seman de débuter le film sur des ima- grandes enseignes plus lucratives. Face
ges de jeunes Musulmans au sein d’une à cette gentrification rampante, on voit
école coranique n’est pas innocent, dans émerger une tentative de résistance, la
un pays où le spectre du 11 Septembre construction d’une démocratie locale en
a généré une intense paranoia islamo- action. Wiseman réussit ainsi plusieurs
phobe… Jackson Heights est aujourd’hui paris : nous faire découvrir un petit bout
devenu un quartier majoritairement latino, d’Amérique fier de sa diversité et respecavec de fortes communautés colombien- tueux de ses différences, nous alerter sur
nes et portoricaines, auprès desquelles ce qui peut le menacer – en premier lieu
vivent des minorités pakistanaises, ti- la course aux profits – et enfin nous monbétaines… sans parler des descendants trer comment la démocratie peut prendre
des premiers immigrants italiens ou irlan- des chemins de traverse, bien loin de la
dais, comme son chaleureux maire Da- politique-spectacle des Trump, Clinton et
niel Dromm. À cela s’ajoute une spécifi- consorts.
La séance du vendredi 22 avril à 20h30 à Utopia St-Ouen l'Aumône
sera suivie d'un repas indien préparé par le restaurant Shalimar de Pontoise ( 13 place du Petit Martroy ).
Prévente obligatoire pour la formule repas + film au tarif unique de 16 euros
aux caisses d'Utopia jusqu'au mercredi 20 avril
• Possibilité d'assister au film seul aux tarifs habituels sous réserve des places disponibles
LA SAISON DES FEMMES
DU 20/04 AU 10/05
Écrit et réalisé par Leena YADAV
Inde 2015 1h57 VOSTF
avec Tannishtha Chatterjee, Radhika
Apte, Surveen Chawla, Lehar Khan...
Quel film réjouissant, avec un ton qui
oscille constamment entre Bollywood
chatoyant et séduisant pamphlet féminin, pour ne pas dire féministe ! Un cri
de guerre joyeux au service des femmes
mais aussi des hommes, tout autant prisonniers qu’elles des règles de convenance imposées par leur société patriarcale. Cet effeuillage candide nous
livre les dessous d’une Inde contemporaine très éloignée de nos images
d’Épinal occidentales. Non content de
nous faire passer un agréable moment,
La Saison des femmes remet les pendules à l’heure efficacement. Trop ? Le
comité de censure indien va-t-il accepter sa diffusion dans son pays ? C’est
déjà un petit miracle que le film ait vu
le jour : entre les producteurs qui refusaient de le soutenir, les villages qui
ne voulaient pas accueillir un tournage
dirigé par une femme plus adepte du
port des pantalons que du voile… Mais
Leena Yadav n’a jamais baissé les bras,
comme ses personnages, ces terribles
drôlesses qui vous feront tourner la tête.
Il y a Rani, la toujours sage, celle qui
s’étiole dans une morne tenue de jeune
veuve et peine à élever seule son insupportable fiston. Il y a Bijli, la délurée,
celle dont le métier est de se trémousser, d’émoustiller ces messieurs, voire
un peu plus à la demande de son patron.
Entre les deux femmes : un monde ! Et
pourtant Rani refuse, malgré l’opprobre
de son entourage, de renier cette amitié
« contre nature », construite dans les ferments de l’enfance. Cette façon de résister, de tenir tête, c’est peut-être un de
leurs points communs les plus forts. Chacune a réussi à s’émanciper de l'autorité
d’un homme : l’une en n’en ayant aucun,
l’autre en les ayant tous. Pourtant, sous
leur carapace d’amazones indomptables, toutes deux partagent ce désir inavoué de l’autre, la même sensualité, une
soif inextinguible de romantisme. Les
hormones qui les titillent, torrides, poussent leurs corps à exulter. Oser rêver de
s’échouer sur des rivages voluptueux
d’un monde de jouissances et de libertés inaccessibles aux femmes ? C’est
déjà franchir bon nombre d’interdits.
Bijli et Rani représentent tout un pan
de la population féminine de leur pays,
mais le tableau resterait incomplet sans
Lajjo, la femme maltraitée par un mari
qui lui reproche sa stérilité ; et sans la
toute jeune Lehar Khan, qui incarne à
elle seule le cercle vicieux que chaque
génération a tendance à reproduire. Celui dans lequel s’enferre Rani en voulant
la marier avec son propre fils, faisant
subir aux deux jeunes ce qu’elle a dû
endurer jadis à son corps défendant.
Difficile de sortir des schémas que la
pression sociale martèle sans arrêt.
Pourtant la bande des quatre (Rani, Bijli,
Lajjo et Lehar) va s’enhardir peu à peu
et devenir un quatuor explosif, vibrant,
exalté. Si elles n’ont pas encore les mots
pour la décrire, sourd une saine révolte
grisante, radieuse. Sentir le vent dans
ses cheveux, déposer son voile, mettre
les voiles… Tant de choses à expérimenter, à inventer. Certes, en face ils ont la
puissance pour les rappeler à l’ordre,
mais qu’est-ce que la puissance face
à la force que donne le sentiment de
n’avoir rien à perdre ?
SAINT AMOUR
JUSQU'AU 05/04
Écrit et réalisé par Benoît DELÉPINE
et Gustave KERVERN
France 2016 1h42
avec Gérard Depardieu, Benoît Poelvoorde, Vincent Lacoste, Céline Sallette, Gustave Kervern, Solène Rigot, Michel
Houellebecq...
Au départ il y a Jean (Gérard Depardieu, grandiose), éleveur
de bovins de compèt, et son fils Bruno (Benoit Poelvoorde,
formidable avec le cheveu gras collé) qui participent comme
tous les ans au Salon de l'agriculture dans l’espoir que la
médaille tant espérée viendra enfin récompenser leur magnifique taureau. Mais Bruno n’y est pas... Tout ça le déprime. Il
a la bonne quarantaine, bosse tout le temps dans la gadoue,
se prend des vestes dès qu’il approche les filles et il n’est
pas question pour lui de reprendre la ferme familiale. La seule
chose qui le console, c’est de profiter de cette semaine parisienne pour faire la route des vins ….. à l’intérieur du salon...
éclusant un à un tous les stands de dégustation représentant
les vignobles des régions françaises.
Face à cette situation pathétique, Jean va prendre les choses
en main et embarque son grand fiston dépressif pour une
vraie route des vins dans le taxi de Mike (Vincent Lacoste,
parfait), jeune frimeur parisien, mythomane patenté. Un road
movie très couteux mais très drôle pour le père et le fils qui
vont ainsi renouer les liens au fil de rencontres détonantes :
avec une jeune serveuse obsédée par la dette abyssale de
la France, un hôtelier airbnb très inquiétant (Michel Houellebecq très très flippant), une cavalière pré-ménopausée en
recherche immédiate de géniteurs... Tout ça agrémenté de
bitures légendaires.
Le film réussit à concilier des scènes hilarantes, parfois délicieusement borderline, et des séquences d’émotion pure,
notamment celles où le fils et le père se rapprochent envers
et contre tout, ou encore celle où la superbe Céline Sallette
chevauche le long de la Seine. Et surtout derrière cette truculente comédie, surgit un des plus beaux hommages qui
soient au monde paysan, à son courage, son sens de l’abnégation et de la transmission.
LES OGRES
DU 6 AU 19/04
Réalisé par Léa FENHER
France 2015 2h24
avec Adèle Haenel, Marc Barbé, François Fehner, Marion Bouvarel, Inès Fehner, Lola Dueñas...
Léa Fenher nous avait bouleversés avec
son premier film Qu’un seul tienne et
les autres suivront, elle nous en offre
un second dans un tout autre registre.
Les Ogres ! Voilà un titre rudement bien
choisi, qui colle aux personnages pantagruéliques de cette fable un brin amorale et à plusieurs vitesses. Ils croquent
la vie à pleines dents, sans se retourner
sur leurs ravages : à quoi bon ? Cela fait
partie de la nature de ces grands insolents qui n’ont pas renié la folie de leur
enfance. Baladins sur scène comme
dans la vie, ils surgissent d’on ne sait
où, sautant de ville en village, de scènes en plateaux, de sourires en crises
– de rire, de colère comme de larmes.
Ils osent tout, de la tendresse à l’hystérie, se jurant toujours de ne jamais abdiquer leur liberté. Ils bousculent le monde
et s’étonnent de le voir se fâcher ! On
ne sait si on doit les haïr ou les aimer,
mais peut-être est-ce au fond un peu
la même chose, tant l’amour et la haine
peuvent être des sentiments dévorants.
Et si Léa Fenher les dépeint avec autant
d’humour et si peu de complaisance, si
elle ose les chatouiller et les égratigner
jusqu’à la mœlle épinière, c’est qu’il coule
en elle le même sang. Être une ogresse et
l’assumer fait partie de ses gènes. C’est
comme un exorcisme aux vertus libéra-
toires qu’elle nous offre là. Elle semble
avoir chaussé ses yeux de petite fille pour
filmer avec émerveillement l’exubérance
déconcertante de ces géants, ces monstres de scène, ces adultes qui peuplèrent
son enfance pour le pire et le meilleur,
à commencer par ses propres parents.
Elle aurait pu se contenter d’en tirer
une plate autobiographie ? Mais non ! Il
fallait un défi à la démesure de sa tribu
sans renier l’infidélité de ses souvenirs travestis par le temps, s’en servir
au contraire, comme d’une trame pour
broder, repeupler, réinventer un univers,
en faire cette pure fiction, cette allégorie prise dans les feux de glace du rêve
et de la réalité. Nous voilà engloutis par
ces grandes gueules d’artistes, émus
ou énervés par leurs débordements qui
questionnent nos tiédeurs, nos docilités.
Drôle de road-movie perpétuel que celui de la troupe du Davaï, théâtre itinérant où il faut, à chaque étape, se lancer
dans un rituel éternellement renouvelé.
Planter le chapiteau, aller appâter le
chaland : faire la parade quoi qu’il arrive ! Donner le change même si le temps
ou quelques-uns font grise mine. C’est
comme un sacerdoce païen, grivois, libertaire. Un engagement au service d’un
art populaire où l’on rend la culture à
la rue. La gravité, les grands mots camouflés sous le voile de farces légères,
voilà nos saltimbanques prêts refaire le
monde sans trop d’illusion. C’est une
vie de bohème tout à la fois exaltante
et éprouvante dans laquelle François,
le fondateur de la troupe, a entraîné
femme, enfants, comédiens et, dans
leur sillage, une ribambelle de loupiots
incontrôlables, à l’instar de leurs aînés.
Une famille d’adoption qui protège mais
où l’on n’échappe jamais tout à fait au
regard des autres. Ici tout se sait et on
rigole de tout, sinon on boit pour oublier.
En tout cas on ne fait rien dans la mesure. Alors, même s’il les tait, le chagrin qui
traverse le cœur de Monsieur Déloyal, sa
capacité d’autodestruction, n’échappent
pas à ses pairs. Et quand il va merdoyer
ferme, c’est toute la tournée et l’équilibre
de la compagnie qui vont en être affectés. Puis l’arrivée de la pétillante Lola,
son passif avec Marion, la compagne de
François, va finir par rendre la situation
explosive…
Séance unique le mardi 12 avril à 20h30 à Utopia St-Ouen l'Aumône
en présence du réalisateur Edouard Mills-Affif organisée par le Collectif antifasciste du
Val d'Oise avec le soutien du NPA, du Parti de Gauche
BASSIN MINÉ
Film documentaire
d’Edouard MILLS-AFFIF
France 2014 1h18
C’est la suite d’une passionnante et flippante saga : celle d’une catastrophe annoncée, d’un naufrage de la démocratie
savamment orchestré, avec à l’abordage
des méchants pirates mais aussi des
marins qui ont saboté eux mêmes leur
bateau. L’histoire d’une petite commune
du Nord - Pas de Calais, pardon désormais des Hauts de France, qui, pourtant
forte d’une tradition ouvrière et militante
comme tout le bassin minier environnant,
s’est donnée par les urnes à l’extrême
droite. L’histoire du basculement idéologique et sociologique de toute une population autrefois acquise aux idées de
gauche et à l’espoir des lendemains qui
chantent. Le cinéaste Eduard Mills-Affif
avait dès le début des années 2000 suivi
l’ascension d’un militant du FN, Steeve
Briois. Dans Au Pays des Gueules noires,
La Fabrique du Front national, il montrait
comment Briois et un de ses amis, reprenant les techniques éprouvées autrefois
par le Parti communiste, quadrillaient
consciencieusement les quartiers en un
porte à porte inlassable et bienveillant
alors que les partis de gauche, trop sûrs
de leur ancrage, semblaient se désintéresser de leurs électeurs. Et ce alors que
la crise économique, la fermeture dans
des conditions scandaleuses (on inventa
alors le terme de patron voyou) de la
grande usine Metaleurop plongeaient
dans le désarroi et la désespérance des
générations entières, d’autant que la
classe politique semblait incapable de
faire face au désastre. A cela s’ajoutera un scandale monumental de gestion
frauduleuse et de malversations de la
part de l’ancien maire socialiste.
Edouard Mills-Affif est revenu en 2012
alors que le ténor de la gauche de la gauche, Jean Luc Mélenchon, s’apprêtait à
affronter aux législatives Marine Le Pen,
installée politiquement dans la ville et la
région depuis quelques années. Alors
que, dans le premier film, le réalisateur
suivait la conquête par les militants FN du
cœur et du vote des Héninois, il a choisi
cette fois, lassé du regard des médias réduisant Henin Beaumont à son seul vote
Front National, de suivre les trop rares
résistants à cette inexorable bouleversement politique. En l’occurrence il nous
présente une tonitruante tenancière de
friterie, fille de réfugié républicain espagnol et militante du Parti de Gauche, ses
quelques compagnons et compagnes
Le mot du collectif
En septembre 2013, à quelques semaines des
élections municipales, constatant le retour
d’idées réactionnaires, racistes et homophobes, un collectif de simples citoyens venus
de tous les horizons politiques, syndicaux et
associatifs s’est constitué pour organiser la
riposte.
L’affaire dite des « migrants » et son lot
d’agressions physiques et verbales à leur
encontre par des militants néo-fascistes un
peu partout en France, y compris dans le Val
d’Oise, démontrent que ces idées gagnent
toujours du terrain, galvanisées par les actes
et discours nauséabonds de « responsables »
politiques.
Quant à nous, nous refusons de laisser le terrain à cette France d’un autre âge.
de lutte, leurs espoirs et lassitudes. Et ce
depuis le flop des législatives, où Mélenchon fit figure de parachuté face à une
Marine Le Pen considérée de plus en
plus légitime localement, jusqu’aux municipales de 2014 qui verront le sacre de
Steeve Briois. Le film est éclairant sur les
ressorts politiques du Front National, qui
réussit le tour de force de conquérir les
classes populaires abandonnées et les
déçus de la droite traditionnelle dans les
classes moyennes et petites bourgeoises. Il est aussi limpide sur la stratégie
réussie de dédiabolisation du Front National par Marine Le Pen qui a fait d’Hénin Beaumont sa vitrine respectable. Le
film salutaire d’Eduard Mills-Affif devrait
être prescrit à tout étudiant aspirant aux
sciences politiques.
FRITZ BAUER, un héros allemand
DU 13/04 AU 3/05
Réalisé par Lars KRAUME
Allemagne 2015 1h46mn VOSTF
avec Burghart Klaussner, Ronald Zehrfeld, Lilith Stangenberg, Jörg Schüttauf,
Sebastian Blomberg...
Scénario de Lars Kraume
et Olivier Guez.
70 ans après la chute du régime nazi, le
cinéma allemand n’a pas fini d’explorer
les zones d’ombre de cette sinistre période. Entreprise pédagogique ô combien louable qui nous donne en plus des
films passionnants : tout récemment,
Elser, un héros ordinaire d’Oliver Hirschbiegel réhabilitait la mémoire du premier (et unique !) civil à avoir tenté d’assassiner Adolf Hitler en 1939. Quelques
mois auparavant, Le Labyrinthe du silence de Giulio Ricciarelli revenait sur les
efforts menés au début des années 1960
par les procureurs de Francfort pour porter devant les tribunaux les responsables SS qui avaient « travaillé » au camp
d’Auschwitz, efforts largement entravés
par une méconnaissance des camps
dans l’opinion publique, au diapason de
la doctrine du chancelier Adenauer prônant l’oubli au nom de la réconciliation,
et par la présence d’anciens fonctionnaires nazis au sein de l’administration judiciaire. Dans Le Labyrinthe du silence, on
découvrait fugitivement la figure de Fritz
Bauer, Juif allemand devenu procureur au
tout début des années 1930, arrêté sous
le régime hitlérien, mais qui parvint à fuir
vers le Danemark puis la Suède avant
de revenir exercer ses fonctions dans la
nouvelle Allemagne prétendument débarrassée du nazisme. Fritz Bauer (interprété par un comédien magnifique : Burghart Klaussner, inoubliable pasteur dans
Le Ruban blanc de Michael Haneke) est
aujourd’hui le personnage central d’un
film qui raconte des événements qui se
sont déroulés près de dix ans avant ceux
relatés dans Le Labyrinthe du silence.
Nous sommes en 1952. Le rugueux mais
chaleureux Fritz Bauer, magistrat atypique et médiatique, est à la tête d’une
escouade de jeunes procureurs dont le
but est de tenter de retrouver les anciens
responsables nazis, non pas par souci
de vengeance mais pour s’assurer de la
construction de l’avenir dans une société
démocratique. Retrouver les nazis n’est
pas très compliqué puisqu’ils sont encore présents à tous les niveaux des administrations, des directions des grandes
entreprises, mais ce qui l’est plus est de
rassembler des preuves de leur culpabilité dans un contexte où les anciens tenants du pouvoir meurtrier se serrent les
coudes. Les enquêtes piétinent, les jeunes substituts se font rudoyer par Fritz
Bauer qui ne supporte pas leur manque
de zèle… Et puis, cadeau du ciel, arrive
une lettre d’un ressortissant allemand
en Argentine, indiquant que peut-être
s’y trouve Adolf Eichmann, l’horrible
concepteur de la solution finale et de
toute sa logistique mortifère. Ne faisant
plus confiance aux autorités allemandes
gangrenées par les complicités nazies,
le procureur général Bauer va commettre l’impensable en appelant au secours
les services secrets d’Israël, initiative
qui s’apparentait clairement, pour la justice allemande, à de la haute trahison.
On connait la suite : l’enlèvement et le
rapatriement d’Eichmann à Jérusalem
pour un procès qui fera date – pour
tout savoir et comprendre sur cet épisode essentiel, on vous renvoie à l’extraordinaire film documentaire d’Eyal
Sivan et Rony Brauman, Un Spécialiste.
Thriller politique et historique palpitant, le film raconte avec brio la quête
de justice et le combat du procureur
que la raison d’état a tenté d’entraver
– en vain heureusement –, au mépris
de la mémoire de millions de victimes.
Sur un plan apparemment plus anecdotique mais finalement éclairant, le film
évoque aussi la question de l’homosexualité : Fritz Bauer était gay, ce qui
faillit lui coûter son poste et son enquête… On découvre une Allemagne des
années 1950 toujours soumise au terrible
Paragraphe 175, édité à l’époque nazie,
qui punissait de prison toute personne
convaincue de pratiques homosexuelles.
On perçoit bien ainsi toutes les ambiguïtés de cette Allemagne post nazie, pas
encore totalement prête à son examen
de conscience et à un plein exercice de
la démocratie.
LA VACHE
DU 20/04 AU 10/05
Réalisé par Mohamed HAMIDI
France/Maroc 2016 1h31
avec Fatsah Bouyahmed, Lambert Wilson, Jamel Debbouze, Julia Piaton...
Scénario de Mohamed Hamidi, AlainMichel Blanc et Fatsah Bouyahmed.
Il était une fois… Cette délicate de vache, aussi tendre qu’un steak taillé dans
le filet, est un véritable conte de fées. Un
de ces films d’antan où se feuilletait au
générique et en technicolor un gros livre
chargé de dorures. Sauf que nos sociétés, aujourd’hui, n’aiment plus trop les
contes. Trop dangereux, les contes, car
on pourrait y croire. Trop subversives, ces
histoires qui, invariablement, se terminent
bien alors qu’il entre de nos jours dans la
stratégie de nos élites de ne jamais nous
faire rêver à des lendemains heureux.
Pensez donc ! Imaginez un monde où
tous se réconcilieraient autour d’une
vache en route, sur les chemins buissonniers de France, vers un Salon de
l’agriculture où chacun serait payé au
juste prix de son travail. Impensable…
Les contes, en effet, dérangent et trou-
blent l’ordre productiviste établi en laissant croire au pauvre peuple qu’il est
toujours possible de changer la vie pour
le meilleur, alors qu’on devrait bien savoir qu’elle est en route vers le pire à travers la stricte observance de l’évangile
néolibéral qui n’arrête pas, lui, de nous
beugler aux oreilles, via les prix Nobel
d’économie, qu’il faut être réaliste et
se contenter de peu, alors qu’il y aurait
avantage à se contenter de beaucoup en
ignorant les sornettes qui s’obstinent à
nous marteler qu’il faut se préparer maintenant à changer trois ou quatre fois de
boulot au cours de sa vie, pour en trouver… du boulot, sans réfléchir un seul
instant à ce que seraient ces boulots…
inscrit chaque année avec persévérance
au Salon de l’agriculture à Paris. Une
constance qui finit par porter ses fruits :
une lettre officielle lui annonce qu’il est
invité avec Jacqueline. Néanmoins, restrictions budgétaires obligent, le voyage
n’est pas pris en charge. Qu’à cela ne
tienne, Fatah qui ne doute de rien prend
le bateau direction Marseille, puis entame le chemin Marseille/Paris à pied. Le
voyage, on s’en doute, sera haut en couleurs, à l’image de ce premier contact
avec les gendarmes qui, éberlués, acceptent de se faire photographier, sans
sourciller, aux côtés de Jacqueline.
Avec un bel appétit de découvertes, Fatah
parcourt une France dont il a une haute
idée et qui, surprise, le lui rend bien. Son
sourire engageant et son compagnonnage animal font merveille et attirent une
sympathie mâtinée de curiosité de ceux
qu’ils croisent, à l’image de cette troupe
de théâtre fraternelle qui lui fait découvrir
le « flirt » et la poire, ou de ce châtelain
perclus de problèmes qu’il parvient à sortir d’un égocentrisme déprimant en l’entraînant dans la folle ronde de l’entr’aide.
Pour Fatah en tout cas, modeste paysan d’une vallée perdue du Magreb, pas
question de céder aux oukases des prix
Nobel d’économie. Paysan il est, paysan
il restera toute sa vie, tout comme Jamel
Debbouze d’ailleurs, producteur et acteur du film, dont on peut parier qu’il le
gardera à vie, lui aussi, son boulot sympa d’amuseur public. Pour l’heure, notre
ami Fatah s’occupe avec tendresse de
sa vache, une belle tarentaise à la robe
brun fauve nommée Jacqueline, qu’il
Mais plus que tout, il émane de La Vache un peu de ce qui fait le succès inattendu et incroyable de Demain : cette
impression que, malgré la période assez
misérable que nous traversons, nous ne
sommes pas définitivement abonnés au
malheur. En effet, sur un ton bon enfant
et sans mièvrerie, le film délivre un message sain mais généreux : de quelque
côté de la Méditerranée que l’on vienne,
il est possible de se retrouver sur les mêmes valeurs…
MARIE ET LES NAUFRAGÉS
DU 13/04 AU 3/05
Écrit et réalisé par
Sébastien BEITBEDER
France 2016 1h44
avec Pierre Rochefort, Eric Cantona,
Vimala Pons, Damien Chapelle, Emmanuelle Riva, KT Gorique...
Musique de Sébastien Tellier
« A 7 ans, je suis bouleversée par la mort
soudaine de Gédéon, un magnifique canard blanc gagné lors d’une fête au village voisin. Je décrète sur le champ que,
toute ma vie, je serai profondément et
férocement opposée au concept de
Mort. »
Marie, extrait du dialogue
Voilà une comédie sentimentale jubilatoire et décalée comme on les aime,
une histoire de trio amoureux improbable et foutrement attachant, avec quelques personnages secondaires hauts en
couleur pour pimenter l’intrigue. Comme
dans son très réussi précédent film, Deux
automnes, trois hivers, Sébastien Beitbeder choisit une narration intelligemment
déstructurée et nous offre une échappée
aussi inattendue que revigorante vers
une île bretonne, histoire de nous aérer
les bronches, histoire surtout de sortir un
peu de la sacro-sainte géographie germanopratine devenue assez insupporta-
ble dans la comédie amoureuse telle que
l’imagine le cinéma français.
Au départ : Simeon. Un simili-intello
trentenaire, nonchalant, mesuré, en tout
cas pas franchement radical dans ses
comportements ni dans ses opinions.
Il a pour l’instant un peu raté sa vie. Le
journal culturel pour lequel il travaillait
s’est arrêté, sa fiancée s’est progressivement détachée de lui, et il se retrouve
colocataire désargenté d’Oscar, un ami
de lycée, musicien doué et insomniaque
chronique.
Ensuite : Marie. Une brunette fantasque
montée du Sud-Ouest à Paris via Bordeaux, à la recherche d’une vie de plaisir
et de mouvement. Pas mal de drogues,
d’amour physique, de rencontres éphémères l’ont rendue un peu « décalée »,
un peu instable, un peu à côté de la réalité. Comédienne débutante, elle a tourné
une pub à moitié dénudée qui lui colle à
la peau, et la rencontre avec une vieille
dame a changé sa vie. Pour l’heure elle
se cherche.
Enfin : Antoine. Écrivain balbutiant d’origine marseillaise ainsi qu’en atteste son
accent à couper au couteau, particulièrement sensible et torturé. Et accessoirement ex-compagnon de Marie. Après
une enquête sur le monde des personnes électro-sensibles, il a cru l’être devenu lui-même et a longtemps vécu
calfeutré pour se protéger des ondes. Il
a connu avec le livre tiré de cette expé-
rience un certain succès, mais il est en
panne d’inspiration.
Et voilà-t-y pas sur ces entrefaites : 1/
que Simeon, lors d’une virée nocturne,
trouve le portefeuille que vient de perdre
Marie ; 2/ que Simeon va évidemment
trouver Marie pour lui rendre son bien
et tomber raide-dingue d’elle ; 3/ qu’Antoine, toujours amoureux de Marie, va
s’ingénier à se mettre sur leur chemin...
Chemin qui va tous les mener sur l’île de
Groix où les attend un étrange gourou
de la musique électronique, une sorte de
Raël de l’électro.
Faussement foutraque mais vraiment
bien écrit, le scénario nourrit sa trame
principale du récit en flash-back du passé des trois personnages principaux, qui
n’hésitent pas à s’adresser à nous directement, face caméra. Ce qui nous donne
un film alerte, rythmé et sans cesse surprenant, qui privilégie l’humour loufoque
et la mélancolie douce. Les acteurs sont
épatants, sans les citer tous on retiendra le toujours surprenant Eric Cantona,
impayable en amoureux transi, d’abord
intraitable et paranoïaque puis révélant
au fil des péripéties une tendresse et
une finesse de sentiments qui en font
le véritable héros de l’histoire. Mention
aussi à Damien Chapelle, très bon en
coloc noctambule le cœur sur la main,
et au génial André Wilms (le plus grand
acteur français selon Aki Kaurismaki qui
s’y connaît !), hilarant en chanteur azimuté en costume de Robby le robot.
La cerise sur le gateau déjà goûtu, c’est
la musique électro de Sébastien Tellier,
particulièrement réussie et qui donnerait
presque envie d’aller se « réécouter » le
film une deuxième fois...
A BIGGER SPLASH
DU 6 AU 26/04
Réalisé par Luca GUADAGNINO
Italie 2015 2h05 VOSTF
Avec Ralph Fiennes, Matthias Schoenaerts, Dakota Johnson, Tilda Swinton,
Aurore Clément...
Scénario de David Kajganich
Sélection en compétition
au Festival de Venise 2016
Les cinéphiles ne seront pas surpris par
le scénario de ce film délicieusement
italien au casting international. Puisque
A Bigger Splash n’est ni plus ni moins
que le remake de La Piscine de Jacques
Deray, film culte qui rendit folle de désir
pour Alain Delon toute une génération de
spectatrices à la fin des années 60. Dans
La Piscine, Jean-Paul (Alain Delon), agent
publicitaire, coulait une vie de farniente
sur la Côte d’Azur dans une villa avec
piscine avec Marianne (sublime Romy
Schneider), jusqu’à la visite surprise de
Harry (Maurice Ronet), playboy patenté
vieillissant et ancien amant de Marianne,
accompagné de sa fille Pénélope, lolita
troublante (Jane Birkin). Une visite qui
allait semer le trouble et le chaos, le jeu
des rancoeurs et des désirs refoulés
faisant son œuvre. Le réalisateur Luca
Guadagnino, étoile montante du cinéma
italien depuis Amore, fascinant portrait
acide de la haute bourgeoisie milanaise vaine et tourmentée par ses secrets
de famille, a déplacé le film de la Côte
d’Azur à l’île italienne de Pantelleria, petit
bout de terre coincé entre la Sicile et la
Tunisie, et aujourd’hui tout comme Lampedusa, terre où échouent de nombreux
migrants. Marianne est toujours Marianne, mais elle est est interprétée par la sublime actrice britannique Tilda Swinton,
récemment vue dans The Grand Budapest Hotel ou Ave Cesar : le personnage
est devenu une immense star de glam
rock qui vient de subir une opération des
cordes vocales, et qui est au repos forcé
loin de sa carrière, des arènes musicales, des fans et du milieu tonitruant de la
musique. Jean-Paul a perdu la moitié de
son prénom : le personnage de Paul est
un documentariste tourmenté et alcoolique qui rentre en désintox dans ce cadre
idyllique propice. Mais il n’a rien perdu
de son sex appeal par rapport à Alain
Delon, puisqu’il est incarné par le Belge
Mathias Schoenaerts, l’homme qui faisait oublier les orques à Marion Cotillard.
Harry est toujours Harry, il est l’ancien
agent de Marianne, et il est désespérément intarissable sur les anecdotes
autour du rock, sa collaboration avec
les Rolling Stones, ou les petites histoires de la carrière de Marianne. Pénélope
est toujours Pénélope, et toujours aussi
troublante puisqu’incarnée par Dakota
Johnson.
Par rapport à l’original, auquel on ne
manquera pas de le comparer, le petit
détail qui apporte une touche remarquable est le mutisme de Marianne, qui
en convalescence, s’exprime par onomatopées, clins d’oeil, haussements
de sourcils. Et le jeu remarquable d’une
Tilda Swinton toute en retenue permet,
quand la situation bascule, de nous faire ressentir avec force la montée d’une
violence sourde. Le choix de Pantelleria,
cet îlot aux roches volcaniques à la fois
paradisiaque et étouffant, accentue le
paradoxe entre la sérénité éternelle des
paysages et la violence des sentiments.
Plastiquement tout cela est magnifiquement rendu par la mise en scène qui évoque les tableaux de David Hockney (un
des plus célèbres d’entre eux, qui porte
le titre du film, représentait une piscine
californienne et à travers elle toute la futilité d’une période). Au-delà, davantage
que dans celui de Deray, le film évoque
intelligemment la fin d’une époque, celle
du rock du XXème siècle et de ses dérives, avec de magnifiques moments,
comme celui où Harry (Ralph Fiennes)
conte la création d’un titre des Rolling
Stones (séquence réellement coordonnée sous le contrôle des Stones). Mais
surtout le film est un jeu jubilatoire entre
quatre grands acteurs, avec peut-être
une prime pour Ralph Fiennes, parfait en
amant hystérique toujours amoureux, en
proie au temps qui passe et à toutes les
contradictions.
COUP DE
PROJECTEUR
SUR LE FILM
« LES ARDENNES »
Retrouvez la présentation
de ce film dans le journal
d’informations locales
Le mercredi 13 AVRIL
à partir de 18h45 sur
radio RGB 99.2 fm
Disponible en podcast
sur radiorgb.net
TARIFS :
Tous les jours à toutes les séances
Normal : 6,50 euros
Abonné : 4,80 euros ( par 10
places, sans date de validité et non
nominatif)
Enfant -14 ans : 4 euros
Collégien : 4 euros ( avec la carte
cine pass VO disponible dans les établissements scolaires du département)
Lycéens - Étudiant : 4 euros
Pass culture : 3 euros
Sans-emploi : 4 euros
Sur présentation d’un justificatif
À PARTIR DU 11 MAI
AUGMENTATION DES
TARIFS
TOUT LE PROGRAMME SUR :
www.cinemas-utopia.org/saintouen
LES ARDENNES
spécialistes le soin de déterminer si Geor- images d’une force inouïe. Qu’il s’agisse
ge Lucas connaissait la pensée de son des deux frères silencieux derrière la vipresque homonyme en créant Star Wars. tre d’une voiture ou celle d’un snack, qu’il
s’agisse de la forêt ou des ciels ardenLe film s’ouvre sur l’échec d’un casse. nais gorgés d’eau, des plans d’une totale
Kenny se fait arrêter et il ne dénoncera ni beauté, jamais artificielle, rythment le film.
sa petite amie Sylvie, ni son jeune frère Tout comme la bande son – martèlement
Dave qui ont pu s’échapper. L’histoire de la musique électronique, bruit de la
commence vraiment quatre ans plus tard,
machine de lavage des voitures, ballade
à sa sortie de prison, alors que bien des
choses ont changé. Sylvie a rompu, non d’Adamo… – qui fait partie intégrante
seulement avec Kenny, mais aussi avec de la narration qu’elle accompagnera
la coke à laquelle elle n’a pas touché de- jusqu’à son inéluctable fin. Inéluctable
puis deux ans, et surtout, elle vit désor- car nous sommes dans la tragédie, mais
mais une relation amoureuse avec Dave. non sans surprise toutefois. Parmi les acCela, il faudra bien le dire à Kenny et le teurs, tous impeccables, vous reconnaîplus rapidement serait le mieux, mais il trez Veerle Baetens, l’héroïne d’Alabama
n’a jamais été facile de lui parler et la pri- Monroe, et Jan Bijvoet, tête d’affiche
son n’a en rien apaisé la rage qui sourd de Borgman et de L’Étreinte du serpent.
en lui, toujours prête à se retourner contre
lui-même ou contre ceux qu’il aime. Décidément, d’Alabama Monroe à BullCe n’est pas la Flandre opulente qui sert head, de Les Premiers les derniers à Belde cadre à ce film et peu importe si on gica, le cinéma belge connaît un moment
y parle néerlandais ou français, nous de grâce. Aussi, rien que pour cela, ami
sommes plutôt dans l’univers des frères
spectateur du début de cet article, tu
Dardenne, chez les prolos, les précaires,
les chômeurs, les délinquants petits ou feras fi de ta méfiance et tu te laisseras
grands. Le copain d’école qui s’en est prendre dans les rêts tendus par Robin
sorti possède des boîtes de striptease à la Pront. Puis, comme nous, surpris qu’il
légalité probablement douteuse. Tous les puisse s’agir d’un premier long métrage,
autres galèrent. Et dans cet univers d’une tu attendras avec impatience le deuxième
noirceur totale, Robin Pront, le réalisa- film de ce réalisateur.
teur, et Robrecht Heyvaert, son directeur
de la photographie, nous proposent des
DU 13/04 AU 3/05
PLACE DE LA MAIRIE à St-OUEN L’AUMÔNE & 14, Rue Alexandre Prachay à PONTOISE /TEL:01 30 37 75 52/ www.cinemas-utopia.org
LES ARDENNES
Réalisé par Robin PRONT
Belgique flamande 2015 1h33 VOSTF
avec Jeroen Perceval, Kevin Janssens,
Veerle Baetens, Sam Louwyck, Jan Bijvoet...
Scénario de Jeroen Perceval et Robin
Pront.
Ami spectateur, si tu ne rêves que de
bluettes, de comédies légères, d’histoires à l’eau de rose, l’honnêteté la plus
élémentaire nous oblige à te conseiller
de passer ton chemin. Ce séjour dans les
Ardennes belges n’est pas pour toi. Ce
n’est rien d’autre en effet qu’une tragédie
que nous propose le réalisateur flamand
Robin Pront. Pas un drame, non, une tragédie, une vraie, à l’antique. De celles qui
faisaient dire à Georg Lukacs, philosophe
et grand spécialiste de la littérature, que
lorsque le rideau se lève « l’avenir est déjà
présent depuis l’éternité ». On laissera aux
GAZETTE no 261 du 30 mars au 10 mai 2016 - Entrée : 6,50€ Abonnement : 48 € les 10 places Étud. : 4 €

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