l`émeute, l`état de guerre et la construction de l`étranger

Transcription

l`émeute, l`état de guerre et la construction de l`étranger
Alain Bertho
Professeur d’anthropologie,
Université de Paris 8
<[email protected]>
L’émeute, l’État de guerre
et la construction
de l’étranger
L
a mondialisation est un défi
nouveau pour l’anthropologie.
L’idée selon laquelle la mondialisation culturelle, en faisant disparaître les terrains exotiques de l’altérité,
signerait la fin de l’ethnologie comme
discipline et comme posture a fait
long feu. Nous savons au contraire
que les questions de la singularité et de
l’altérité se sont universalisées et complexifiées. Le monde est notamment
en proie à cette « peur des petits nombres » analysée par Arjun Appadurai
(2007), porteuse de haines et de passages à l’acte sur tous les continents. La
recomposition des États nationaux,
partout, donne une grande place au
contrôle des étrangers, à la surveillance des frontières, à la répression des
immigrés en situation irrégulière. Les
frontières du monde globalisé sont
aujourd’hui des frontières meurtrières pour les plus démunis.
Cette tension visible sur une altérité tout aussi visible peut devenir un
opérateur analytique banal pour les
situations de tensions sociales et politiques les plus fortes : « l’interethnique » ou « l’interculturel » deviennent
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des grilles de lecture circulantes. Le
primordialisme congédié par Arjun
Appadurai (2007) est toujours tenté
de revenir par la fenêtre. Et l’anthropologue, rappelé de ses terrains exotiques, est assigné à l’analyse d’un
exotisme omniprésent et délocalisé
certes, mais dont la nature resterait
fondamentalement la même.
Or le contemporain se caractérise
d’abord par un déplacement des terrains de l’altérité. Ce qu’on nomme
mondialisation et / ou globalisation
marque une rupture d’intellectualité
pour l’humanité. La rapidité de cette
rupture intellectuelle nous a rendu
en partie étrangers à nous-mêmes et
en difficulté à identifier ce qui fait les
nouveaux paradigmes structurants de
notre époque.
Le monde urbain et populaire des
métropoles de la mondialisation est
de plain pied avec cette nouvelle intellectualité faite de présentisme et de
disjonction de la politique et de l’État
(Bertho 2007) C’est la raison pour
laquelle la confrontation à cette altérité et son élucidation par l’enquête est
une voie incontournable de connais-
sance de nous-mêmes. Mais par un
renversement paradoxal, ce sont sans
doute les modes de pensée les plus
structurés et les plus réglés conceptuellement et épistémologiquement
qui sont les plus en difficulté. Sciences
sociales et pensée administrative ou
réglementaire ont en partage l’héritage culturel d’une modernité dont
les grandes structures intellectuelles
ont pris fin ou sont en passe de le
faire. Le « contemporain » (Agamben
2008) remet en jeu les paradigmes et
les catégories de ces sciences sociales
nées avec la modernité industrielle, et
développées dans un cadre de pensée
qui est celui de l’État Nation (Bauman
2005).
Le rôle de l’anthropologie, dans ces
conditions est de se confronter aux
terrains et aux situations qui recèlent aujourd’hui le plus d’opacité à la
rationalité savante. Ces situations qui
nous mettent en face d’une altérité
subjective radicale, « innommable »
(Lazarus 1996), sont des situations
de proximité qu’il est trop simple de
renvoyer aux traces post-coloniales
d’un exotisme rassurant. Les émeutes,
Alain Bertho
notamment les émeutes urbaines, qui
touchent aujourd’hui tous les continents, sont un terrain de choix pour
l’observation des altérités et disjonctions subjectives du contemporain
et la construction de « l’Étranger »
comme réification institutionnelle de
l’altérité.
Cet article s’appuie sur l’analyse
d’un certain nombre de ces émeutes
dont le relevé chronologique est en
annexe. Une base documentaire en
ligne est tenue à jour par mes soins
depuis 20071.
« Mort d’un sénégalais »n
Les 9 et 10 septembre 2008, la petite
ville espagnole de Roquetas Del Mar
en Andalousie (80 000 habitants) a
été le théâtre d’affrontements violents
impliquant notamment la population
immigrée d’origine sub-saharienne,
nombreuse dans la ville. Le discours
public, officiel ou médiatique qui se
construit sur l’événement est double.
Les autorités locales, puis nationales,
parlent de « faits isolés liés à la drogue ». La presse espagnole et internationale s’empresse de lire dans les
émeutes le symptôme d’affrontements
communautaires entre Sénégalais et
Gitans.
Comment s’est déclenchée la colère
des habitant de la cité des habitants de
la cité des « 200 Viviendas » après l’assassinat à coup de couteau, dimanche
9 septembre d’un jeune de 28 ans ? Le
scénario dit de violence urbaine se
déroule sans surprise : attaque d’une
ambulance à coup de pierre et de
bouteilles, containers à ordure mis à
feu, barricades… Durant deux nuits
d’émeutes successives, gardes civils
et pompiers ont été dépassés par les
événements.
Comme souvent, pour comprendre un événement de ce type, rien
ne remplace l’observation directe. En
novembre 1993, Nicole Le Guennec et
Christian Bachmann ont ainsi assisté aux émeutes qui ont embrasé le
quartier des Mézereaux, dans le nord
de Melun, après la mort d’un jeune
dans un accident de moto (Bachman
1997). Onze jours de violence, du
1 au 12 novembre, ont été, fait rare,
L’émeute, l’État de guerre et la construction de l’étranger
observés huere par heure par les deux
chercheurs qui étaient déjà là avant
et ont poursuivi leur enquête après le
retour au calme. Ils montrent à quel
point la teneur du discours public sur
la mort d’un jeune est d’une importance capitale dans le déclenchement de
l’émeute. Il en est de même à Roquetas del Mar en septembre 2008. La
première raison de la colère est criée
par les manifestant devant la mairie le
10 septembre. Il s’agit justement de la
version officielle qui banalise la mort
d’un jeune, criminalise la victime voire
renvoie la violence vers des « affrontements ethniques ».
La déqualification officielle de la
vie de gens méprisés au quotidien,
cantonnés dans un quartier aux marges de la ville, mal desservi, insalubre,
délaissé par la municipalité depuis des
années, nous renvoie évidemment à
d’autres situations. Le mépris officiel,
voire le soupçon de mensonge d’État,
sur les dépouilles de ces victimes est
à l’origine de bien des émeutes ces
dernières années : en France en 2005
(mort de deux jeunes à Clichy sous
Bois) et, depuis, à Villiers le Bel en
novembre 2007 et Vitry le François en
juin 2008, en Algérie à Tiaret en avril
2008, en Chine à Weng’an en juin
2008 voire à Montréal en août… Très
souvent l’incommunicabilité qui est
à la racine de l’émeute s’exprime, du
côté de l’institution, par une construction rapide et efficace de la figure de
l’étranger comme facteur de trouble.
En Espagne, en septembre 2008, partout, dans les dépêches et les articles
publiés, la victime du 9 septembre
à Roquetas y est toujours désignée
comme « un sénégalais de 28 ans ». Il
n’a même pas de nom.
L’analyseur de l’émeuten
Les émeutes de novembre 2005
en France resteront sans doute longtemps une référence par la durée et
l’extension géographique de l’événement comme par le maintien malgré
tout d’un mystère alors qu’une abondante littérature leur a été consacrée
(Mauger 2006, Kokoreff 2008). Que
manque-t-il donc aux meilleures
analyses pour saisir l’insaisissable,
la subjectivité de l’événement ? Il ne
manque pas d’analyses sociologiques
des causes, d’analyses structurales
du dispositif étatique dans les politiques urbaines. Nous connaissons les
conditions objectives de possibilité
de cet événement. Nous connaissions
d’ailleurs ses causes avant qu’il ait lieu.
Et personne ne l’a prévu. Mais rassurés par l’objectivation du désarroi qui
a saisi tout observateur, nous avons
peut-être omis de nous demander ce
que l’événement nous disait que nous
ne savions pas avant.
En France, entre le 27 octobre 2005
et le 18 novembre, les acteurs sont
restés dans l’obscurité et le silence. Ces
nuits d’émeute des banlieues françaises laissent hors d’atteinte le visage,
les mots, la subjectivité partagée de
leurs acteurs. Stratégie d’une visibilité
invisible, surgissement anonyme dans
l’espace public. Nous avons vu à l’envi
le feu et les lumières de la nuit, mais
nous n’avons vu que des ombres. L’altérité ici est dans la situation, pas dans
la finalité revendiquée. Ce mouvement
que nous avons du mal à nommer n’est
lui-même porteur d’aucun discours
explicite. Or dans le déclenchement
des émeutes, les mots ont été importants, notamment les mots utilisés par
l’État vis-à-vis des deux jeunes qui
avaient trouvé la mort le 27 octobre.
Le passage à l’acte n’est pas une
explosion désordonnée. « Paroles de
pierre, images de feu » selon l’expression de Denis Merklen (2007). Faute
de mots les actes parlent et l’émeute
dit, justement « ce dont on ne peut
parler » et que, comme le conseille
Wittgenstein, « il faut taire ». L’émeute
s’enclenche souvent sur le sentiment
partagé de ce qui n’est pas dit où, parfois pire, de ce qui n’est pas bien dit.
L’émeute du quartier des Mézereaux
en 1993 se déclenche sur l’idée que
le rôle de la police dans la mort du
jeune Mohamed aurait été caché à la
population. L’émeute de Villiers le Bel
réagit au soupçon de camouflage du
rôle réel du véhicule de police dans la
mort de Mushin et Larani. L’émeute de Weng’an, dans la province du
Guizhou, en Chine en 2008, apparaît
comme un refus des conclusions de
l’enquête sur la mort d’une jeune fille
trouvé morte noyée et torturée.
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Partout, c’est la question de « ce
dont ne peut pas parler » dans l’espace
public légitime qui est plus généralement en cause. Il n’y a nul soupçon de
responsabilité policière dans la mort de
Mohamed, 20 ans, habitant de RomeSaint-Charles à Vitry Le François en
juin 20082. Pourtant, une cinquantaine
de voitures ont été incendiées, la gare a
été saccagée ainsi qu’un local de l’office
HLM. Dès qu’ils ont été sur les lieux,
gendarmes et pompiers ont été pris à
partie ainsi que sept de leurs véhicules. L’explosion de colère se déclenche
sans préavis dans le quartier RomeSaint-Charles où habitait la victime. A
qui s’en prendre ? Le meurtrier avait
disparu. On s’en prend alors au silence
du monde politique et institutionnel
concernant le sort réservé au quotidien
à cette jeunesse. Au silence de médias
qui ne semblent voir ces quartiers
populaires que lorsque la mal-vie sombre dans le drame. Au silence forcé des
victimes privées de toute légitimité de
parole. L’émeute alors est une révolte
muette contre le silence.
L’émeute ici n’est pas un symptôme
susceptible de nous renvoyer à des
causes sociales ou politiques qui en
satureraient la signification. L’émeute
est un événement. C’est une rupture
au sens où des hommes et des femmes,
avec la claire conscience qu’ils seront
de toute façon perdants, mettent leur
corps voire leur vie en jeu et en danger face à l’État. Les actes et le corps
parlent lorsque les mots n’ont plus de
sens partagé.
Une altérité subjective
n
Le défaut de « mots pour le dire » est
certainement lié à son mode d’expression et sa « violence ». Cela signifie-t-il
que la subjectivité qui s’exprime et s’expose ne peut pas s’énoncer comme une
pensée discursive, comme une pensée
politique ? Le mutisme des émeutiers
est-il un défaut de mots ou un refus
des mots ? Le travail d’observation
mené depuis laisse peu de doute. Ce
mutisme n’est pas une incapacité de
parole. C’est un refus d’entrer en communication. Ce silence mis en scène
par la mise à feu des quartiers en dit
autant qu’il tait. Il n’y a pas absence
de pensée singulière mais un message
volontairement silencieux. « L’innommable » serait donc le symptôme de
l’altérité, de la disjonction entre l’intellectualité institutionnelle et celle des
jeunes émeutiers (Sagot-Duvouroux
2006), peut-être de leurs parents. Pour
une part le mutisme est un choix partagé.
Tout se passe comme s’il n’y avait
pas de langage commun entre les
jeunes de ces quartiers et les acteurs
institutionnels, qu’ils soient policiers,
politiques ou administratifs. Comme
si le langage et les mots étaient même
le terrain crucial de l’affrontement. Il
existe un enjeu proprement linguistique sur la connaissance des tensions
urbaines et sur la subjectivité des
acteurs. La « rétention des mots », fait
partie de cette subjectivité.
L’altérité qui se dispose là est celle
de deux langages, de deux espaces d’intellectualité concernant ces situations
urbaines. La subjectivité politique qui
s’y construit ne s’énonce dans la langue naturelle des institutions et de l’espace public. Elle s’énonce comme une
langue et un espace d’intellectualité en
altérité à l’institution.
En France, depuis novembre 2005,
la situation d’affrontement physique,
corporel, vital des gens et des pouvoirs
est politiquement de l’ordre de l’indicible, intellectuellement de l’ordre
de l’innommable. La récurrence de
ce silence public déborde largement
l’hexagone. Dans l’année 2007-2008,
d’autres pays ont connu des situations
d’affrontement du même ordre, parfois plus amples et plus graves, dans
une indifférence politique locale assez
comparable.3
Les informations, à disposition de
tous, ne franchissent pas le seuil de la
légitimation symbolique par affichage
dans le paysage de « l’actualité ». Elles
ne trouvent pas leur place dans « l’ethnoscape » politique institué (Appadurai 2001), elles sont exclues de « l’esprit
du temps ».
La démarche qui est la mienne
de « lire le présent comme un texte »
(Bertho 2008), se trouve directement
confrontée à cet impensé du présent, à
l’encre sympathique qui trace les mots
d’un présent populaire et globalisé.
40 Revue des Sciences Sociales, 2009, n° 42, « Étrange étranger »
Que faire de la subjectivité partagée
des jeunes de Zhenzhou et Nanchan
en juin 2007, de Saint-Dizier en octobre, de Villiers le bel ou d’Aulnay en
novembre, de Timimoun et Copenhague en février 2008 de Tiaret, Chlef
ou Gdyel en avril, d’Oran en mai, de
Nairobi ou Weng’an en juillet ? Que
faire de Oaxaca, tombée en décembre
2006 aux mains de l’armée mexicaine,
des habitants de Sidi Ifni, des 30 000
habitants de Redeyef, des Mingong de
Kanmen ?
Une altérité historique
n
L’observateur qui attend avec
impatience que l’œuvre de l’historien
vienne démêler les bégaiements des
acteurs et des contemporains en sera
pour ses frais. Il y a bien longtemps
déjà que les historiens se débattent
(et débattent) avec les jacqueries et
les émotions populaires de l’Ancien
régime français. La grande controverse Mousnier (1968) Porchnev (1972)
sur les révoltes populaires en France
a nourri une génération entière d’historiens. Derrière cette controverse se
profile la question de l’historicisation
des émeutes (ici les émotions populaires et les jacqueries), c’est-à-dire de
l’inscription de ces événements singuliers dans un récit collectif.
Y a-t-il une histoire propre, un récit
propre, une logique chronologique aux
émeutes populaires ? Où ne sont-elles
que des discontinuités aléatoires d’un
ordre social, économique et culturel
qui peut être seul l’objet d’une histoire ? L’événement a un statut assuré,
voire même privilégié lorsqu’il apparaît comme fondateur, lorsqu’il installe non une discontinuité mais une
rupture. L’émeute Réveillon du 28 avril
1789 restera a jamais un événement
historiquement dicible, avant coureur
de l’état d’animation de la population
de ce quartier de la Bastille qui connaîtra d’autres « journées ». L’événement
introduit une rupture séquentielle, il
est fondateur.
Sans avoir cette force énonciatrice,
certains événements sont nommables
comme jalons d’une histoire postérieure. Concernant le XIXe siècle
Alain Bertho
par exemple, le contraste est grand
de ce point de vue entre les émeutes
ouvrières et les émeutes paysannes. La
révolte des Canuts de Lyon en novembre 1831, le soulèvement ouvrier de
Juin 1848, la Commune de Paris de
mars à juin 1871 ont certes été écrasés
dans le sang et n’ont immédiatement
rien fondé. Mais chacun trouve à posteriori sa place dans le grand récit de la
naissance et de l’affirmation du mouvement ouvrier. La caractérisation
des révoltes paysannes est beaucoup
plus problématique et leur récit reste
difficile. Cette violence en effet non
seulement n’annonce pas une visibilité politique postérieure mais semble
se jouer de la séquentialité introduite
par la Révolution française et prolonger les « émotions » d’Ancien Régime
(Corbin 1993).
L’émeute, l’État de guerre et la construction de l’étranger
Disjonction politique
n
Les émeutes urbaines de la mondialisation oscillent entre ces deux statuts.
Certaines connaissent une assignation
signifiante rapide (« question tibétaine » ou « émeutes de la faim ») qui
les déréalisent au moment même où
elles se trouvent légitimées dans l’espace public. Car la question n’est peutêtre justement pas de leur assigner un
sens politique lisible et dicible. Que
nous dit ce jeune interrogé lors d’une
enquête sur les émeutes en 2006 ? A la
question posée sur le sens politique de
l’émeute, il répond : « Un sens politique ? (rire) Je comprends pas… Non
parce que c’était direct. Ils ont visé
direct l’État. Ils ne sont pas passés par
la politique. » Un autre ajoute : « ça n’a
rien de politique, c’est pour se faire
entendre ». Et un troisième « Pas de
politique dans la démarche, mais ils
voulaient quand même revendiquer
des choses. » (Zavala 2008).
Propositions difficiles à assimiler
pour ce qu’elles disent. Il le faut pourtant. Ces jeunes nous disent que la
politique n’est pas (n’est plus ?) une
médiation entre des gens et l’État. Ils
nous disent que se faire entendre de
l’État et revendiquer ne passe pas par
l’instance de traduction qu’est la politique moderne mais passe par un face
à face, souvent violent. Ils nous disent
au fond qu’il n’y a pas de politique car
il n’y a peut-être pas de traductibilité
possible entre leur espace d’intellectualité et celui de l’État.
Donc, l’origine de l’émeute n’est
pas dans le monde social visible, mis
en scène, analysé, débattu dans l’espace public mais dans ce qui n’est pas
visible dans ce monde là : des gens, des
situations, des souffrances et peut-être
surtout, des façons de les nommer.
41
La politique aujourd’hui, dans
nombre de pays se donne comme l’instrument privilégié de cette mise en
visibilité. Elle mobilise, outre ceux qui
en font directement métier, les journalistes et des savants pour un travail
collectif de mise en mots du monde
dans la périphérie de l’État, au rythme
de son calendrier. Cette intellectualité
du monde s’accorde sur ce qui n’y a
pas sa place.
Les émeutes nous révèlent la multiplicité subjective et intellectuelle du
monde. La pensée populaire des situations n’a pas ni légitimité si même
d’existence officielle. Cette disjonction et ce déni génèrent le télescopage
périodique des deux mondes. L’émeute
est une lucarne fugace sur un paysage
subjectif illégitime et ignoré. Mais la
subjectivité de l’émeute ne prend pas
fin avec le retour au calme. Pour les
jeunes concernés par les émeutes de
2005, les trois semaines de paroxysme
ne sont pas une parenthèse dans le
temps. C’est un moment de plus grande intensité et de plus grande visibilité
dans une réalité, objective et subjective, qui dure inexorablement.
Le miroir
de l’État de guerre
n
L’émeute est donc un miroir tendu
à l’État, à l’espace institutionnel dans
son ensemble. C’est bien sûr un analyseur des dimensions répressives de
l’État contemporain, de ses tendances
à criminaliser le social ou à militariser
l’ordre civil. Mais ce miroir permet
aussi de donner plus de relief à l’esquisse quant à la structure symbolique
de cet État et aux limites de l’espace
public légitime.
Sa structure est celle d’un espace
assiégé. L’intégration de la communication de masse, de la finance, des institutions du savoir, de l’administration
et de la force dans un réseau de pouvoir rassemblé dans un même mode
de penser le monde n’a d’égal que sa
difficulté à comprendre, voir simplement à connaître des pans entiers de ce
monde. Intellectuellement auto référencé, juridiquement auto légitimé,
cet espace étatique ne se fonde pas sur
sa capacité à intégrer et à prendre en
compte l’ensemble de l’espace social,
l’ensemble des habitants d’un pays. Il
fonde au contraire la légitimité de son
pouvoir sur sa capacité à exclure. Ainsi
le principe moderne énoncé en 1789,
selon lequel tout citoyen à le droit de
concourir à la formation des lois s’est
renversé en un « ne sera citoyen que
celui qui obéira aux lois ». La référence
à la loi et à la règle tend à s’imposer en
lieu et place de la référence aux droits
et aux principes.
Un espace autoréférencé n’a pas
besoin de passeurs. Et lorsque des jeunes s’adressent à lui, ils le font sans
intermédiaire. La politique moderne
s’est constituée comme un espace,
parlementaire ou non, de traduction
du social dans l’espace de l’État. Ce
que l’on nomme Politique en terme
d’organisations, d’enjeux, de débats
publics n’est plus en position de
traduction, de passeur et donc de
constructions d’énoncés et de mots.
Elle est aujourd’hui entièrement dans
l’espace de l’État. Tout se passe comme
si la politique moderne, celle des XIXe
et XXe siècles n’existait plus. L’émeute
est le plus souvent un face à face des
gens et de l’État sur la question des
principes et des fondements de l’action
publique. La réponse institutionnelle
se construit alors sur le registre de la
mise à l’écart : par la criminalisation
(hors la loi) ou par l’exclusion civique
(celle de l’étranger).
Par deux fois en trois ans, un État
européen a déclaré l’État d’urgence.
Etait-ce face à une menace de guerre,
d’invasion, de conflit social menaçant
la paralysie du pays ou de l’État ? Etaitce une décision prise face à un adversaire à la mesure d’un État européen
moderne ?
Quand en Conseil des ministres le
mardi 8 novembre 2005, est présenté
un décret permettant d’instituer l’État
d’urgence dans certains départements
français, les émeutes qui ont commencé le 28 octobre sont dans une phase
descendante. Qu’importe, le gouvernement présente lundi 15 novembre
2005 un projet de loi permettant de
prolonger l’état d’urgence pour une
durée de trois mois à compter du
21 novembre. Cette prolongation est
votée par le parlement alors que les
émeutes sont en train de s’arrêter. Le
42 Revue des Sciences Sociales, 2009, n° 42, « Étrange étranger »
Gouvernement a mobilisé la loi du 3
avril 1955 créant le cadre juridique de
l’État d’urgence dans un contexte de
guerre coloniale en Algérie.
Trois ans plus tard, vendredi 25
juillet 2008, le gouvernement de Silvio Berlusconi a décidé d’instaurer
l’État d’urgence dans toute l’Italie,
pour répondre à l’afflux persistant et
exceptionnel de citoyens extracommunautaires. Il s’agit, au moment de
l’afflux estival de boat people sur l’île
de Lampedusa, d’augmenter de façon
significative le nombre de centres d’internement dans le pays. Cette mesure
est prise dans un contexte de criminalisation de l’immigration irrégulière et
de fichage systématique de la population Rrom en Italie. Cela signifie que
4 000 soldats sont déployés dans les
rues italiennes pour une durée d’au
moins six mois. Un tel déploiement
n’avait qu’un seul précédent, l’opération, baptisée « Vêpres siciliennes » en
1992, après les attentats qui avaient
coûté la vie aux juges Giovanni Falcone et Paolo Borsellino.
La construction
de l’étranger
n
Guerre aux frontières, ennemis à
l’intérieur. Ennemis aux frontières,
guerre à l’intérieur. La confusion des
genres, la commutativité des propositions instaure un nouveau droit : le
droit des autres, ceux qui ne font pas
partie non pas de la Nation, mais tout
simplement du peuple. Ici c’est la loi
qui définit la Nation, voire le peuple.
Il y a ceux qui ont des droits parce
qu’ils sont dans la loi. Il y a ceux qui
n’ont pas de droit parce qu’ils ne sont
pas dans la loi. Parce que la loi les
a mis hors de la loi. Le droit n’est
plus la source de la loi, mais l’inverse.
Cette inversion a une portée considérable. Quand la Déclaration des droits
de l’homme d’août 1789 proclamait
que « le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la
Nation », on voit qu’ici c’est le principe
de la Nation, voire du peuple comme
entité légitime qui réside dans le bon
vouloir d’un souveraineté législative
parfois erratique.
Alain Bertho
La militarisation de l’action publique et la déqualification symbolique
de pans entiers de la population peut
ainsi se construire. C’est la logique
adoptée par la politique du gouvernement français dès l’instauration de
l’État d’Urgence et de façon encore
plus nette après l’émeute de Villiers
le Bel.
La « peur des minorités » comme
« l’incomplétude » identitaire des
Nations dans la mondialisation qui la
génère dont nous parle Arjun Appadurai s’incarneraient et se cristalliseraient dans les dispositifs étatiques
eux-mêmes. Il semble que les tensions
urbaines qui révèlent de façon paroxystique les émeutes nous donnent à voir
un processus plus complexe encore :
celui de la constitution en « minorité
dangereuse » d’une subjectivité populaire délégitimée mais pas forcément
minoritaire. Sa réification institutionnelle en altérité nationale (l’étranger),
légale (sans papiers ou criminels) voire
religieuse est un opérateur de division
qui peut s avérer dévastateur lorsque
l’État ne parvient plus à assumer sur
rôle de régulateur social global. Une
partie de ceux qui ne sont pas « calculés », qui on été mis en marge de
l’espace de rationalité institutionnelle
peuvent reporter sur leur voisin le
plus proche l’action d’exclusion qu’ils
subissent eux-mêmes.
La dynamique subjective des émeutes xénophobes diffère peu de celles
que nous avons évoquées à la différence que la cible est alors le voisin différent et pas seulement l’institution.
Ainsi, à l’origine des émeutes
d’Utrecht en mars 2007, on trouve une
bavure policière banale. Le 16 mars,
Rinie Mulder, 54 ans, exhibant le
couteau qu’il vient de confisquer à
un jeune du quartier d’Ondiep lors
d’une altercation est tué par une jeune
femme policière qui se croit menacée.
Les deux jours d’émeutes anti policières qui suivent prennent pourtant
une tournure particulière. Les expressions utilisées par la presse en ligne
comme par des blogs en donnent à
peu près l’esprit. On peut ainsi lire
que « des émeutes ont lieu depuis deux
jours (…) suite à la mort d’un hollandais d’origine par un officier de police
musulman ».4 ou seulement « une
L’émeute, l’État de guerre et la construction de l’étranger
femme d’origine marocaine ». « Emeutes blanches à Utrecht »5 voire « émeutes de Paris à l’envers » menée par « les
citoyens non immigrants »6, l’émeute
urbaine est ainsi décrite comme celle
de la colère des pauvres hollandais de
souche contre la double menace de la
police et de « l’immigration musulmane », de ces « jeunes allogènes » ou
de ces « jeunes d’origine marocaine »
dont « les habitants du quartiers se
plaignent depuis des mois ».7
Et pourquoi pas des émeutes « dues
à un meurtre anti-blanc » ?8 Les blogs
d’extrême droite se déchaînent. Les
barricades, les voitures brûlées, l’incendie d’un centre communautaire
apparaissent alors comme une triple
revanche : contre le pouvoir (qui laisse
faire les délinquants « allochtones »),
contre ces voisins qui ne sont pas d’ici
et contre les autres émeutiers, ceux
d’ailleurs, de France par exemple, qui
ont osé sec révolter contre le sort qui
leur était fait. La dynamique combinée
des ressentiments est terrifiante.
On la retrouve avec une limpidité
similaire en Belgique quelque mois
plus tard. Le 23 mai 2008 au soir, dans
la commune d’Anderlecht (banlieue
de Bruxelles) commencent des échauffourées à tonalité raciste marquée. A
l’appel d’un blog d’extrême droite
qui aurait invoqué la « nécessité » de
« venger un viol », des « supporters du
RSCA Anderlecht », le club de football,
s’en prennent violemment aux personnes d’origine « visiblement » étrangère
du quartier. L’affrontement tourne à
la bataille rangée. 400 à 500 personnes
de chaque côté et une police débordée
entre les deux.
Aux Pays-Bas et en Belgique, la
lecture ethniciste des tensions urbaines est banale, presque en partage
entre tous les acteurs. Après les événement d’Anderlecht, comme après
ceux de Stolevaart l’année précédente,
des associations de quartier mettent
en scène la nécessaire tolérance sans
remettre en cause une altérité prise
comme une évidence. Ce sera « la marche des mamans » à Anderlecht fin juin
comme cela avait été la manifestation
festive de Stolevaart en octobre 2007,
essentielle féminine et enfantine.
C’est en Afrique du sud, en mai
2008 que des dizaines de milliers d’im-
migrés effrayés par les violences xénophobes, ont fui le pays. Les violences
dans Johannesburg, ont fait au moins
50 morts et des centaines de blessés
en deux semaines. Les cibles sont
les Mozambicains et Zimbabwéens,
notamment les sans-papiers accusés
de prendre des emplois et de créer
de l’insécurité. Les violences, d’une
ampleur jamais vue depuis les affrontements entre l’ANC et l’Inkhata de
1994, ont commencé le 11 mai dans le
bidonville d’Alexandra, se sont étendues à toute la zone de Johannesburg
puis à Durban, la deuxième ville du
pays, puis dans les townships de Leslie
et Embalenhle, près de la ville industrielle de Secunda. Il reste à éclaircir la
responsabilité du « Slums Act », une loi
visant à éradiquer les bidonvilles, dans
l’explosion de violence. Le Slums act,
comme dans d’autres pays, propose
en quelque sorte de régler la pauvreté
urbaine par l’expulsion manu militari
des bidonvilles et la libération du marché foncier. Cette perspective, d’une
grande violence pour une population
dont la pauvreté le dispute au mépris
des autorités peut toujours conduire
à des explosions. Elle s’est ici dirigée contre le voisin le plus proche, le
concurrent dans la pauvreté, l’autre,
l’étranger.
Conclusion
n
Ce qu’on appelle mondialisation
est une rupture dans les modes d’intellectualité du contemporain qui se
caractérise par la cohabitation dans le
même temps et le même lieu de modes
d’intellectualité disjoints et hétérogènes. De cette multiplicité émerge une
opposition majeure entre une pensée institutionnelle (administrative et
savante) qui est toujours dans l’espace
intellectuel de la séquence qui s’achève
et une pensée populaire installée dans
le contemporain. La disqualification
de cette subjectivité populaire contemporaine génère des tensions dont
l’émeute est la manifestation paroxystique. Mais au-delà, cette disjonction
intellectuelle et subjective abolit de
fait les médiations entre société et État
et déréalise l’espace de la politique
comme espace de cette médiation. La
43
« vie nue » (Agamben 1997) affronte en
direct l’institution. Ce face à face est
doublement asymétrique. Si c’est une
asymétrie militaire qui fait de l’issue de
l’émeute une issue sans surprise, c’est
inversement une asymétrie subjective
qui met l’institution en difficulté. En
effet, dans la multiplicité des intellectualités contemporaines et leur incommunicabilité, le populaire est bilingue.
Il entend le langage de l’État quand
ce dernier n’entend pas aisément le
mode d’intellectualité populaire. Cette
dissymétrie génère la colère muette
d’un côté (l’émeute) et l’assignation
ethnique de l’altérité comme menace
de l’autre.
La construction de l’étranger est
donc d’abord la figure de l’incapacité étatique contemporaine à porter
une conception englobante du peuple.
Dans cette situation, l’État fonde sa
légitimité sur sa capacité à exclure et
non à intégrer. Mais cette construction
de l’étranger est mouvante, instable
suivant le moment, les échelles, les
lieux. La définition de « l’alien » pour
reprendre la terminologie nord-américaine, de celui qui n’est pas d’ici,
de celui qui se différencie de façon
irrémédiable du commun, va varier
suivant qu’il s’agit de criminaliser des
victimes, d’exclure des habitants du
droit commun du logement dans une
ville (SDF ou squatters), d’exclure
des populations du droit commun du
travail ou de la santé (Sans-papiers),
d’agiter la menace identitaire (et religieuse par exemple).
La réification de l’altérité peut prendre le visage de l’ethnicité mais ses
voies sont multiples. En amont de la
peur des minorités ou des petits nombres, il y a la nécessaire construction
symbolique des dites minorités « surnuméraires ».
Bibliographie
Notes
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Agamben G. (2008), Qu’est-ce que le contemporain ?, Paris, Rivages poche.
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soulèvements paysans en France du XVIe au
XIXe siècle, Paris. Gallimard-Archives.
Bertho A. (2007), Pour une anthropologie réflexive
du présent : les mots et le temps, L‘anthropologie face à ses objets. Nouveaux contextes
ethnographiques, sous la direction de Oliver le
Cervoisier et Laurent Vidal, Paris, Edition des
archives contemporaines, pages 75-86.
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Bertho A. (2009), Le temps des émeutes, Paris,
Bayard.
Corbin A. (1993), La violence rurale dans la
France du XIXe siècle et son dépérissement :
l’évolution de l’interprétation politique, Cultures & Conflits, 09-10, pages 61-73.
Kokoreff M. (2008), Sociologie des émeutes, Paris,
Payot.
Lazarus S. (1996) Anthropologie du Nom, Paris,
Seuil.
Mauger G. (2006), L’émeute de novembre 2005.
Une révolte protopolitique, Bellecombe-enBauges, Éditions du Croquant.
Merklen D. (2006), Paroles de pierre, images de
feu, Sur les évènements de novembre 2005,
Mouvement, n°43. pages 131-137.
Mousnier R. (1968), Fureurs paysannes: les paysans dans les révoltes du XVIIe siècle (France,
Russie, Chine), Paris, PUF.
Porchnev B. (1972), Les soulèvements populaires en
France au XVIII°siècle, Paris,.Flammarion.
Sagot-Duvouroux J.L. (2006), « Le nous manquant » in Banlieue, lendemains de révolte,
Paris, La Dispute.
Zavala L. (2007), Ce que les jeunes pensent des
événements de novembre 2005, mémoire de
Maîtrise, Université de Paris 8.
1. http://berthoalain.wordpress.com
2. Au départ, une dispute entre deux jeunes
dans une cité. Pour une raison obscure,
un jeune homme sort une arme et tire. Un
autre, touché à la tête s’effondre et meurt
quelques heures plus tard.
3. J’ai personnellement recensé 54 situations
d’émeutes dans le monde entre le printemps 2007 et l’été 2008, notamment en
Chine, Algérie, Belgique, Sénégal, Cameroun, Burkina Faso, Egypte, Canada,
Inde,
4. http://lesalonbeige.blogs.com/my_
weblog/2007/03/emeutes_en_holl.html
5. h t t p : / / w w w . b r u s s e l s j o u r n a l . c o m /
node/1976
6. h t t p : / / w w w . b r u s s e l s j o u r n a l . c o m /
node/1976
7. http://fr.altermedia.info/general/emeutes-blanches-a-utrecht_10514.html
8. http://www.cawa.fr/emeutes-en-hollande-dues-a-un-meurtre-anti-blanc-article001018.html
44 Revue des Sciences Sociales, 2009, n° 42, « Étrange étranger »
Alain Bertho
L’émeute, l’État de guerre et la construction de l’étranger
Annexe : émeutes référencées dans l’article
année
mois
pays
ville
situation
2005
Octobre-Novembre
France
Emeutes à la suite de la mort de Zyed et Bouna à Clichy sous Bois
2006
Juin
Chine Jiangxi
Nanchan
Scandale du à des faux diplômes.
2006
Juin
Chine Henan
Zhenzhou
Doute sur la validité des diplômes
2006
Juin-Décembre
Mexique
Oaxaca
Six mois d’état insurrectionnel
2007
Mars
Pays Bas
Utrecht
Bavure policière et émeute raciste
2007
Juin
Chine Henan
Zhenzhou
Brutalité policière envers une étudiante qui faisait de la vente à la sauvette
2007
Octobre
Pays Bas
Stolevart
Mort d’un jeune déséquilibré dans un commissariat
2007
Octobre
France
Saint-Dizier
Quartier du Vert-bois. Trente à quarante jeunes masqués attaquent une
voiture de pompiers et un véhicule de la Brigade anti-criminalité (BAC).
2007
Novembre
France
Aulnay
2 au 6 novembre, affrontement suite au coma d’un jeune motocycliste
poursuivi par la police
2007
Novembre
France
Villiers le Bel
Emeute près la mort de Omar-Mohcine et Larani dont la moto a été
heurtée ^ar un véhicule de police
2008
Janvier Juin
Tunisie
Redeyef
Six mois de conflit très dur entre la population du bassin minier et l’État
tunisien
2008
Février
Algérie
Timimoun
Dans une cité de banlieue, colère contre le mépris, la « Hogra » dont sont
victimes les jeunes.»
2008
Février
Danemark
Copenhague
Cinq nuits de tensions après des brimades des policiers vis-à-vis de la
population d’un quartier.
2008
Avril
Algérie
Chlef
Violente émeute de plusieurs jours contre l’expulsion des réfugiés du
tremblement de terre d’el Asnam. Spéculation foncière et corruption
2008
Avril
Algérie
Gdyel
Attribution peu transparente de locaux commerciaux neufs
2008
Avril
Algérie
Tiaret
L’enterrement de Harraga (jeunes candidats à l’émigration) tourne à
l’émeute
2008
Mai
Afrique du Sud
Johannesburg
Emeutes xénophobes
2008
Mai
Algérie
Oran
Emeute après la défaite du club de football Mouloudia club d’Oran (MCO).
2008
Mai
Belgique
Anderlecht
Affrontement raciste après match de football.
2008
Juin
Maroc
Sidi Ifni
Affrontements violents à la suite d’un conflit social. La ville est en État de
siège.
2008
Juin
France
Vitry le François
Mort d’un jeune. quartier Rome-Saint-Charles.
2008
Juillet
Chine Guizhou
Weng’an
Li Shufen, lycéenne de 15 ans retrouvée noyée (après viol). Soupçon sur les
autorités locales. Attaque du poste de police
2008
Juillet
Chine Zhejiang Kanmen
Emeutes de Mingong après que l’un d’eux ait été battu par la police. Un
millier de Mingong prennent d’assaut le poste de police pendant plusieurs
jours
2008
Juillet
Kenya
Nairobi
Emeutes étudiantes
2008
Août
Canada
Montréal Nord
Après la mort du jeune Villanueva tué lors d’un contrôle de police.
2008
Septembre
Espagne
Roquetas del Mar
Meurtre d’un jeune immigré
45