EntrE jazz Et soul, pop Et rock, musiquE africainE Et

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EntrE jazz Et soul, pop Et rock, musiquE africainE Et
Pascal Dupont - Mars 2011
Entre jazz et soul, pop et rock, musique
africaine et biguine, des Caraïbes au Grand
Nord américain, FM LÆTI a longuement voyagé.
La chanteuse et son groupe ont avalé des
milliers de kilomètres et de sons divers qu’ils
transcendent dans cet album solaire avec
une voix éclatante, légère ou grave, toujours
émouvante. Sur des compositions et des
rythmes réminiscents du rock et de la soul-pop
des années 70. C’est It will all come around.
C’est FM LÆTI. Et c’est un bonheur.
La nuit
du Manitoba
Elle a neuf / dix ans. Après un passage rapide par la fière Vancouver
sur la Côte pacifique, la famille de Læti va trouver refuge à Brandon,
au cœur du provincial Manitoba, capitale des hockeyeurs sur glace
mais surtout surnommée «wheat city» du fait des champs de blé qui
l’entourent à perte de vue.
Les escapades en famille et en voiture sont fréquentes. La route tirée
au cordeau monte et descend le cours de doux vallons, à l’infini jusqu’aux
crêtes des Rocheuses. D’un côté le jaune tendre du blé, de l‘autre
le bleuté des fleurs du lin.
Tandis qu’on roule, la musique joue. Du jazz, du classique, de la musique
africaine. Mais aussi, dans le walkman de Læti, Nirvana, Run DMC
et du hip hop.
A l’école, Læti joue de la flûte traversière, mais rapidement décide
que son instrument sera sa voix. Elle fait partie de la chorale. Au collège,
elle se spécialise dans le jazz vocal et le gospel. En même temps,
elle passe à la danse, classique et modern jazz. Vingt heures hebdo.
Elle a maintenant envie d’être danseuse. Et, tant qu’à faire, ce sera
danseuse étoile.
David, le beau-père canadien que sa mère a rencontré en Guadeloupe,
est pianiste classique. Il joue Mozart, Bartok, Messiaen. Comme
ses deux petites sœurs, Ingrid et Malika, Læti s’endort toujours sur
une belle berceuse.
« C’est la nuit. Dehors, il fait un froid glacial. Je rêve de Paris, d’un autre
monde. Paris que j’ai connu, toute petite. Je vois les rues pavées,
les ruelles, les vieux immeubles. Je respire les odeurs des fruits et légumes
sur les marchés. Il fait froid et je me souviens… »
L’île
de lumière
Nina, Miles, Percy,
Otis… et Hugo
La Guadeloupe, c’est Karukera, « l’île aux belles eaux» en arawak,
la langue primitive. Pour en parler, Læti préfère dire « l’île de lumière ».
La maison familiale, la Villa Villeneuve à la Morne Caruel, les dimanches
à la plage, Petit Havre, la Porte d’Enfer ou Raisin Clair, elle se souvient.
La famille au complet, les amis, les enfants qui courent partout, les plus
grands qui vont pêcher, rapportent des oursins ou un poisson qu’on
va cuire au feu de bois, le pique-nique sur le sable. Jusqu’au moment
où débarque une grosse pluie en rideau. Il faut alors se dépêcher de tout
remballer. Ou bien on attend que ça passe en rigolant et en faisant
la planche dans l’eau.
Serge et Marie-Claude se sont donc séparés quand Læti a sept ans.
Les maisons où elle a successivement vécu étaient toutes habitées de
musique. Beaucoup de musiques. Jazz, blues, R’n’B. Chez Marie-Claude,
Nina Simone domine avec sa voix impressionnante, très incarnée,
ses solos incandescents comme sur Say love me or leave me, et ses textes
bouleversants comme The other woman. Læti garde en tête Be my
husband, où elle chante la servitude de l’amour. Tout est dit. Des histoires
qui racontent la dureté de la vie que la diva a éprouvée. Par exemple,
le fait que, malgré son talent évident, elle sera refusée d’une prestigieuse
école de piano classique. Elle avait eu le tort de naître noire. Nina comme
Miles sont parmi les rares artistes qu’on identifie à leurs seuls prénoms.
Durant cinquante ans, l’auteur de Kind of blue et de Sketches of Spain
ne cessa d’explorer de nouvelles avenues, toujours en quête du moyen
le plus propice d’exprimer son âme.
Serge Bourgeois, le père, est batteur chez Kassav, dont il est l’un
des fondateurs. Et certainement l’un des inventeurs du zouk. Læti est
initiée à la scène très tôt, aux rythmes caraïbes, à la biguine, au Gros Ka.
Et aux galères des artistes-musiciens. Marie-Claude, sa mère, co-fonde
une école de musique. Læti y joue de la batterie, comme papa.
Cette île-carrefour, port d’attache et de tous les départs, elle lui rend
hommage sur un bel air créole, Coco. « An vini, an pati, an pati pou
rouvinn ti zozyo / Van vanté, chalviré, on ti fi ki pati dot koté (Je suis
venue, Je suis partie, Je suis partie pour revenir pti oiseau / Il venta et
la vie d’une petite fille changea de cap», dit l’ouverture de la chanson.
Commentaire de François-Marie avec qui Læti a composé l’album:
« Un soir, en studio, on avait commencé à jammer sur une « tournerie »
capverdienne. Laeti s’est mise à improviser en créole. La musique lui
inspirait la nostalgie de sa terre natale et faisait ressortir les maux de l’exil.
C’est donc une sorte de saudade guadeloupéene.
Les premières versions duraient vingt minutes (quand la biguine
begins…). Puis Fatoumata Diawara nous a rejoint en studio. Avec Læti,
elles ont commencé à se répondre en chanson, chacune évoquant dans
sa langue natale le regret de son pays respectif, Guadeloupe et Mali,
et l’histoire de cette petite Coco, partagée entre le nécessité de vivre
ailleurs et l’envie de retrouver son pays ».
Coco, c’est Læti pleurant hystériquement à l’aéroport quand, enfant,
elle s’arrache pour le Canada. « Bébé trimbalé dans le couffin musical
du ventre de ma mère ».
Læti a revisité l’île après tant d’années. Pendant douze ans, elle n’avait
pas vu son père. Aujourd’hui, ils sont complices.
« Percy et Otis sont aussi incontournables dans la discothèque de ma
mère, reconnaît Læti. Le premier pour ses ballades colorées Deep South
et ses vieux sons d’orgue, When a man loves a woman, mais aussi Take
time to know her, où il égrène les conseils sentimentaux que lui avait
prodigués sa mère. Et Otis, parce que c’est Otis. Ses beats de batterie
et cuivres, son interprétation un peu théâtrale et, bien sûr, sa voix sur
I’ve got dreams to remember, A change is gonna come, ou Pain in my
heart… La real old school soul ! » Læti adore le fait qu’à un moment,
ces chanteurs furent le présent de sa mère.
Dans l’île, les ouragans aussi sont affublés de prénoms. Le dévastateur
Hugo, Læti l’a vécu de l’intérieur. L’alerte lancée quelques jours avant son
arrivée, les fenêtres qu’il faut se dépêcher de contreplaquer, les réserves
d’eau et les conserves empilées dans le salon, et puis l’arrivée du grand
vent qui hurle et ne semble plus vouloir partir, la panique ininterrompue,
l’immense cocotier qui s’effondre sur la maisonnée. Et puis, après, quand
le tyran s’enfuit, la découverte que tous les toits du lotissement ont été
arrachés et qu’un gros bateau de la marina s’est encastré dans la mairie.
Dans l’œil
du cyclone
Pour Læti, l’apprentissage s’intensifie et se précise quand elle rejoint
le collège de Galesburg, dont le nom signifie la ville des tempêtes, à deux
heures de Chicago, au-milieu de champs de maïs à perte de vue. Elle a
17 ans et y restera quatre ans. Le collège a abrité Lincoln, venu y faire un
discours. C’est aussi l’une des étapes du fameux «underground railroad »,
le chemin clandestin emprunté par les esclaves fuyant vers le Nord,
lors de la ségrégation.
Les élèves viennent des 50 Etats, plus de 36 pays différents. Chaque
année, on célèbre un festival international avec des spectacles, des chants
et des plats du monde entier. Avec ses copines indiennes, elle organise
une danse de Gros Ka.
Comme elle parle l’anglais couramment, elle interprète aussi le griot
dans Death and the King’s Horseman, du Nigérian Wolé Soyinka qui
lui jette avec mépris: « Une femme griot ? On va voir ce que ça donne… »
Ambigu.
Læti mène tout de front: art, théâtre, stylisme… « Je ne voulais pas faire
qu’une seule chose ». En fait, elle plonge dans l’atelier de costumes
du département Théâtre. Finit par y vivre. En même temps, elle
commence à écrire, des bouts de poèmes décousus, en freewriting.
Qui deviendront des chansons.
Mali Musik
Salif Keita suggère à Læti des images du Canada. Elle l’écoutait en
famille dans le Grand Nord. Il y a donné un concert. Salif était même
invité à dîner, il ne viendra finalement pas. C’est la première rencontre
au-delà des océans et des ans avec François-Marie et son grand frère
Pierre-Marie qui ont mené un voyage initiatique au Mali, puis via Kayes
dans le petit train de brousse qui rallie le Sénégal. Ils sont à la recherche
de Toumani Diabaté, griot, joueur de kora, et proche des musiciens
flamenco que Pierre-Marie a fréquenté dans la Séville andalouse.
Avec Salif Keita, Ali Farka Touré, Cheick Tidiane Seck et le Super Rail
Band de Bamako, mais aussi Rokia Traoré, Amadou et Mariam, le Mali
est le berceau ancestral des musiques africaines.
Beaucoup de Noirs américains, en quête de leurs racines ancestrales,
à commencer par Dee Dee Bridgewater, viennent y enregistrer,
rétablissant un pont subtil entre jazz et musique africaine traditionnelle.
Fut un temps où le Mali était un grand empire. C’est aujourd’hui une des
capitales mondiales de la musique. Une major à part entière. Les artistes
étrangers se pressent dans ce petit pays du Sahel, de Carlos Santana au
Nigérian Keziah Jones, et jusqu’à Damon Albarn, de Blur, qui lui a même
consacré un album sobrement intitulé Mali Music.
Au cours de leur périple inspiré, François-Marie et Pierre-Marie
découvrent le n’goni (traditionnelle guitare tétracode) et la kora.
Ce voyage préfigure la collaboration, sur le disque, avec Fatoumata
Diawara et Christophe « Disco » Mink, musicien de la talentueuse
Franco-Malienne Rokia Traoré.
Blanc et Noir
La discothèque parentale débordant de 33 tours de rock britiche,
François-Marie l’a su très tôt : les Stones, à commencer par Brian Jones,
mort trop tôt, mais aussi Keith Richards, n’auraient pas existé sans Buddy
Guy, Muddy Waters (auquel ils emprunteront Mannish Man), Bo Diddley
et, plus généralement, le blues du Southside de Chicago. Et leur tube
Love in Vain est une chanson de cette légende qu’était Robert Johnson…
écrite en 1937 ! Pareil pour l’ensemble du rock tendance mod, les Animals
ou Eric Clapton, qui n’a jamais caché ses influences : Curtis Mayfield,
Ray Charles ou le gros blues qui tâche en direct du Mississippi. Sa fierté :
avoir signé un album avec B.B. King. Quant au Shout des Isley Brothers
en 1959, il deviendra Twist and Shout chez les les Fabulous Four quelques
années plus tard.
En pleine ségrégation raciale, le petit Elvis écoutait, lui, du gospel
le dimanche à l’église de South Memphis, le quartier noir. Et quand
il signera avec Sam Phillips, le producteur de Sun Records, il sait qu’il est
à bonne enseigne : c’est l’ami de B.B. King et de Howlin’ Wolf. Quant
à Gainsbourg, auto-proclamé nègre blanc et qui prétendait que le noir
et le blanc ne sont pas des couleurs, mais des valeurs, il se rêvait, lui,
en chanteur de jazz. Il se contentera de composer des ballades.
Et de bien belles.
C’est ainsi : en s’électrisant, le blues, « musique du diable » pour les
maîtres sudistes devenu gospel, puis negro spirituals, puis doo-wop,
puis rhythm and blues, est devenus le rock n’roll, écrit et produit par
les Blancs. Aujourd’hui, l’inversion des rôles va jusqu’au changement
de peaux : les hip-hopers blancs-becs du Midwest se rêvent en
gangsta-rappers et s’interpellent en se donnant du « Hey, nigger ! »
Le mélange noir et blanc a toujours été explosif. Il a surtout permis
le métissage des musiques, qui est sans doute la plus belle invention
de ces trente dernières années. Dans ce disque, l’union musicale de Læti,
la noire, et de François-Marie, le blanc, en apporte une nouvelle preuve.
« On sait nos origines, on les partage, dit Læti. C’est un échange très
naturel, comme une évidence. Mais qui n’aurait sans doute pas pu
se faire comme ça dans un autre temps ».
60’s, 70’s
et les deux Mitchell
A l’évidence, de nombreux compositeurs et musiciens ont exercé leur
influence sur la travail de FM LÆTI : John Lennon et la magie de ses
albums Plastic Ono Band et Imagine, mais aussi Stevie Wonder, Keith
Richards et George Harrison, Billy Preston et Donny Hathaway, George
Martin et Phil Spector, Aretha Franklin et Dorothy Ashby, Brian Wilson
et Paul McCartney. Ce qu’ils ont en commun ? être apparus dans les
années soixante et soixante-dix, ou avant.
Durant la fabrication de l’album, François-Marie, Læti et les autres
reconnaissent avoir beaucoup écouté le travail du soulman Willie
Mitchell, notamment pour le son de la section rythmique et des cuivres.
Ce Mississippien, trompettiste sur les premiers albums de B.B. King,
reste, avec le batteur Al Jackson, comme le grand architecte sonore
des merveilles d’Al Green. Dès leur première collaboration, Green
Is Blues, les cuivres sont mis en exergue, le kick d’Al Jackson ponctue
ça et là la mélodie, la voix d’Al Green avance à pas de velours, avec
sensualité, Mitchell gérant seul les arrangements, la prise de son
et la production. Il offre à Al Green quelques uns de ses plus gros hits
dans les années 70 (I’m Still In Love With You, Let’s Stay Together,
Love and Happiness, Call Me).
Un autre Mitchell a influencé FM LÆTI dans sa recherche sonore :
Mitch Mitchell. Il est l’un des batteurs les plus influents de la fin des
années 1960. Entré dans la légende avec son travail dans le Jimi Hendrix
Experience, Mitchell a imposé son style novateur sous le nom de
« fusion ». Il met la batterie en avant et ne se contente plus de structurer
la chanson avec la basse.
Qu’on se rassure, David Byrne, Damon Albarn, Air et Morcheeba font
aussi partie de la discothèque du groupe, et la rajeunissent.
Les filles
chantent mieux
Pigalle
la nuit
Dès ses premiers albums, Words & Sounds, puis Experience : Jill Scott,
où figurait Bilal et Erikah Badu, la jeune diva noire de Philadelphie
imposait une nouvelle griffe, la Nu Soul, qui se définit par sa sensibilité
extrême, son élégance affichée, sa préférence des arpèges délicats et
de la sonorité des paroles aux grosses vibes tapageuses et aux textes
de rap lourdauds.
Un port d’immigrés au début. Il l’est toujours un peu. La Goutte d’Or,
territoire sombre, incontrôlé, non encore tout-à-fait balisé, n’est pas loin.
Le quartier raconte des histoires d’éloignement et de solitude, d’enfants
perdus et de mauvais garçons. A 16 ans, le père de Læti y a traîné ses
guêtres. Il campait à La Baguetterie, le magasin spécialisé dans les
batteries et les percussions, rue Victor Massé.
Sacrée héritière d’Aretha Franklin, Lauryn Hill, des Fugees, offre quant
à elle des spirituals épurés et incantatoires. De sa voix ébréchée, elle
poétise, murmure et psalmodie. Son chant s’apparente à un sanglot.
Et c’est sans compter avec Janet Jackson, Macy Gray, Tracy Chapman
ou Joan Osborne (la voix du film sur la Motown). Sans compter non
plus avec Aretha Franklin ou Etta James.
La boucle est bouclée quand Læti y revient. Pendant trois ans, elle
passe beaucoup de temps chez un ami rue Condorcet, avec accès direct
aux caves. Jam sessions et fiestas improvisés tous les soirs jusqu’à plus
d’heure !
Toutes sont distinctes, elles inventent des univers différents. Ce qu’elles
ont en commun, c’est de raconter leurs passions, leur âme, leur vie.
Avec courage et sincérité. Ce sont les grandes sœurs de Læti, qui, à sa
manière, fait de même sur ce disque. De sa voix chaude, légèrement
cassée, qui s’éraille. Qui dit je suis tendre et j’ai pris des bleus à l’âme moi
aussi. Une voix dont elle joue comme elle veut.
Læti aime le Nord de Paris définitivement. Elle déambule entre les
Batignolles et la gare du Nord, pousse la porte des bars de jazz, comme
L’Etreinte, rue Bleue. Elle y crée des complicités, écrit des textes et
compose des chansons. Et rencontre F.-M. pour un bœuf sur Radio
Campus. Le début d’un échange où chacun trouve sa place. Des bribes
de textes naissent des lignes mélodiques. Puis un projet de disque,
au feeling live, pur. Pigalle, c’est aussi le nom du label de Pierre-Marie,
le producteur de FM LÆTI.
FM
FM, ça dit fréquence radio, de celles qu’on cherchait, petit, sur la plage et
sur un vieux transistor, sur la Côte d’Azur l’été, ou en Guadeloupe. Jazz,
pop, rock ou variétoche inspirée, peu importe pour ceux qui sont toujours
impatients d’écouter, de découvrir et jouer de la musique. Toutes les
musiques. Deux titres de FM LÆTI, les deux premiers en fait, disent
la recherche de cette inspiration musicale éclectique et qui traverse
le temps. En musicologue précis, François-Marie les commente : « Rise
in The Sun est un des premiers titres que l’on a écrit. C’est sûrement le
plaisir de jouer les premières fois ensemble qui nous l’a inspiré. On est
parti de la mélodie en improvisant sur des rythmes à la Stax ou Motown.
Avec Steve Arguelles à la batterie et Christophe « Disco » Minck à la
basse, on a essayé de se rapprocher des sections rythmiques soul des
années 60. On doit bien reconnaître qu’avec leur souffle dans le dos,
la chanson a pris de l’ampleur. La section cuivre et les chœurs ont fini par
emporter le morceau dans une ambiance live et « gospelisante ». Quant à
Out of my hands, Læti avait écrit le texte et on a commencé à improviser
dans un registre bluesy à la New Orleans. La mélodie est venue assez
vite, le reste du texte a suivi. On a voulu créer une ambiance musicale
qui rappellerait un vieux cabaret des années trente. On a travaillé à
plusieurs pour trouver cet arrangement de vieux cirque ambulant qui
souligne le caractère un rien désabusé des paroles de Læti ».
FM, ça dit aussi les fréquences de l’âme, les humeurs, les envies
changeantes.
Fréquence, ou fréquentation. Car ce sont les initiales de François-Marie,
l’alter ego artistique de Læti, son complice absolu dans ce projet.
It will all
come around
Naissance
d’un groupe
La chanson qui donne son titre à l’album sonne comme un mantra
apaisant. Ou, interprété selon François-Marie, comme un projet positif,
solaire : « On a tous des hauts et des bas et il est parfois dur de rester
serein et optimiste quand on traverse une zone d’orages. It will all come
around, c’est ce que l’on s’est répété tout au long du projet, comme un
leitmotiv pour se rassurer lorsque l’on doutait ou quand le moral n’était
pas au mieux ». Et de donner en exemple Rise in the sun, le premier titre
de l’album : « L’humeur de la chanson a dicté l’écriture des paroles : l’envie
de laisser chanter un rayon de soleil dans le cœur et ne pas le laisser
s’éclipser ».
… Ou, faudrait-il plutôt dire, naissance d’une tribu ! Ici, elle s’est très
simplement faite par cooptations successives. Pierre-Marie Dru, qui
préside aux destinées de Pigalle Production, se trouve travailler à deux
pas de Bleeps, le studio de Stéphane « Alf » Briat, qui mixe ses petites
merveilles, dont les galettes d’Air, dans un sous-sol de la rue d’Enghien.
Mais il a aussi travaillé avec Yann Arnaud (le son de Syd Matters) sur
le mixage du film suédois Sound of Noise dont il a produit la musique.
Yann se réjouit aussitôt de partager la fabrication du son avec l’ami
« Alf ». L’un s’occupera des prises et de l’editing, l’autre du mix. Et ainsi
de suite, chacun fait la passe à l’autre. Ou apporte sa touche au tableau,
comme dans un jeu du « cadavre exquis ». « Alf » connaît le batteur
Steve Arguelles. Et c’est Steve, à son tour, qui parle à la bande en train
de grossir de Christophe « Disco » Minck, bassiste de Rokia Traoré. Mais
qui est aussi harpiste et, plus rare, joueur de n’goni (instrument à cordes
traditionnel). Débarquent encore le claviste Laurian Daire, Fatoumata
Diawara qui va donner de la voix sur un titre de l’album, Sébastien Llado
(trombone et lambi), Sylvain Gontard (trompette et bugle), Roberto
Moreno (cavaquinho), Christophe Panzani (sax baryton et clarinette)
et, enfin, l’ami guitariste Kabinet Kanté... L’un après l’autre, les talents
s’agrègent. A la fin, c’est devenu une escouade, emmenée par le même
élan. Un peu comme les Merry Pranksters, elle trace sa route joyeuse. Maintenant, il faut assurer la sortie de l’album. Les morceaux remontent
en tête. Ce qui frappe à les écouter, c’est cette éclatante envie de
bonheur et de l’exprimer. Comme la quête d’une paix profonde et vraie
au sortir de la galère. Læti : « Ce projet, c’est le début du reste de ma
vie… Il est tourné vers demain. Pourvu qu’il fasse beau ».
Bien avant ça, Læti et François-Marie ont démarré l’ouvrage.
Ce qui veut dire écrire et composer sur une base pré-enregistrée
de basse batterie, jeter des mots et des phrases qu’on aime et leur coller
des notes, ou, à l’inverse, tenter des lignes harmoniques et y accrocher
des bouts de phrase.
C’est Yann qui a eu l’idée des studios de La Frette (où ont enregistré,
entre autres, Syd Matters, Feist, Gonzales…) Quatre jours et nuits
de pure dinguerie en ce mois de juillet. François-Marie a amené toutes
ses guitares, « Disco » la basse, la contre-basse, le n’goni, la kora et la
guitare-sitar. Yann et son complice Raphaël sont aux manettes, ils ont
investi l’espace jusqu’au moindre recoin de la cuisine... On joue fenêtres
ouvertes, température et barbecue obligent.
Suivent deux semaines de mix, fin octobre 2010 chez Bleeps. L’esprit de
Willie Mitchell habite la dream team. « Simply Beautiful ». L’album est fini
quelques semaines plus tard.
Fiche artistique
Réalisation
François-Marie Dru, Pierre-Marie Dru
& Yann Arnaud
Lætitia Bourgeois
chant, choeurs
François-Marie Dru
chant, choeurs, guitare acoustique, guitare
électrique, piano, Rhodes, Wurlitzer,
orgue B3, Moog
Steve Arguelles
batterie, percussions, claquettes
Christophe « Disco » Minck
basse, contre-basse, harpe, n’goni, kamalengoni
Laurian Daire
Wurlitzer, orgue B3, piano
Sébastien Llado
trombone, lambi Christophe Panzani
saxophone, clarinette
Sylvain Gontard
trompette, bugle
Thierry Bellia et Jérôme Didelot
Optigan, choeurs, ukulélé
Christel M’Barga, Valérie Belinga, Guillaume
Eyango, Eric Filet et Pierre-Marie Dru
choeurs
Roberto Moreno
cavaquinho
Kabinet Kanté
guitare acoustique
Fatoumata Diawara (« courtesy of World
Circuit Records »)
chant
Paroles et Musiques
Lætitia Bourgeois et François-Marie Dru
sauf I Got the Boogie et Sunshine on My Face /
Paroles et musiques : François-Marie Dru Coco / Paroles : Lætitia Bourgeois
et Fatoumata Diawara / Musique : Lætitia
Bourgeois et François-Marie Dru
Prises de son et editing
Yann Arnaud, assisté de Raphaël Seguin,
à La Frette Studios
Mixé par Stéphane « Alf » Briat
au Studio Bleeps
Masterisé par Chab au Studio Translab
Arrangements : François-Marie Dru sauf
Out of My Hands : Thierry Bellia, Jérôme
Didelot et François-Marie Dru, Arrangements
cuivres : François-Marie Dru et Sébastien Llado
Photos : Vera Palsdottir
Stylisme : Agniezka Baranowska
Maquillage : Isak Helgason
Graphisme : Atelier 25
(Capucine Merkenbrack & Chloé Tercé)
Produit par Pierre-Marie Dru
Pigalle Production :
www.pigalleproduction.com
Sous Licence Exclusive Wagram Music
FM LÆTI est représenté par
www.voyezmonproducteur.com

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