la bastille, toulouse, … marseille

Transcription

la bastille, toulouse, … marseille
P-O
L’hebdo communiste des
Paroles
citoyennes
Christiane
Hesnard P.3
N
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U
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I
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T
LE
1,80 C - N°3457 - Semaine du 13 au 19 avril 2012
LA BASTILLE, TOULOUSE, …
MARSEILLE
Prenez
le pouvoir !
s Mémoire
L’histoire sacrifiée
P.6
s Cabestany
Un succès !
P.8
s Grèce
P.4
Un témoin de la crise
P.11
2
l’édito
politique
de René Granmont
LU - VU - ENTENDU
N°3457
Semaine du 13 au 19 avril 2012
Gare aux gorilles !
Mille et une raisons
Parce que nous voulons en finir avec les années Sarkozy, parce que nous
ne voulons plus de ce président des riches, affichant sa morgue et son
mépris souverain du peuple, piétinant les choix de la majorité des citoyens que ce soit sur la constitution européenne ou sur la réforme des
retraites.
Parce que, à la lecture du projet du président sortant, nous savons qu’il
veut encore plus accabler l’immense majorité de notre peuple au profit de
ses amis du Fouquet’s, de ses copains du CAC 40.
Parce que nous voulons battre le parti de la haine, de la division, parce
que le Front de gauche a été bien seul pour combattre résolument le
racisme et la xénophobie, pour démasquer l’imposture de la fille Le Pen
et de son programme ultra-réactionnaire.
Parce que nous savons qu’en essayant de ménager la chèvre et le chou,
c’est toujours le chou qui est mangé et qu’à défaut de prendre le taureau
par les cornes et de refuser tout concession au monde de la finance et des
banques, aucun changement durable ne pourra se construire en France.
Parce que nous sommes persuadés que si nous ne reprenons pas le pouvoir sur les marchés, si nous ne reprenons pas des dizaines de milliards
d’euros à ceux qui pillent le travail, qui pillent la planète, nous serons
condamnés à n’améliorer notre vie comme celle de la plupart de nos
concitoyens qu’à dose homéopathique et que rien ne changera vraiment
pour nous et pour eux.
Parce que nous voulons que la gauche gagne et qu’on constate chaque
jour, contrairement à ce que disent tous ceux qui veulent tout sauf un
vrai changement, que la montée inexorable de Jean-Luc Mélenchon dans
les intentions de vote renforce les chances de victoire de la gauche, quel
qu’en soit le porte-drapeau au second tour.
Parce que nous voulons en finir avec la monarchie présidentielle et que
nous voulons rendre ses titres de noblesse à la devise républicaine « Liberté, égalité, fraternité », parce que nous voulons une VIe République.
Parce que nous voulons plus de pouvoirs réels pour les citoyens, pour les
salariés et parce que le candidat du Front de gauche ne dit pas « je » mais
« nous » et qu’il nous fixe comme objectif « Prenez le pouvoir ».
Parce que nous voulons le Smic à 1700 euros, la retraite à 60 ans pour
tous, la fin de la précarité, l’égalité des salaires pour les hommes et les
femmes, une école émancipatrice pour tous les enfants, la fin de la loi Bachelot, un pôle public financier, un pôle public de l’énergie, la planification
écologique, une politique de paix et de coopération, …
Pour toutes ces raison et pour beaucoup d’autres encore, le seul bulletin
qui convienne, c’est celui du Front de gauche, celui de Jean-Luc Mélenchon.
L’effet « Affiche rouge »
Samedi, sale temps sur Perpignan. Restez
chez vous ou partez en balade. Alors que
notre président candidat daignera quitter sa
tour d’argent pour venir user ses talonnettes
sur la douce terre catalane de Rivesaltes, les
molosses du Front National seront également
de sortie. Sous la houlette de Louis Aliot, numéro 2 du parti, sera organisé le dépôt d’une
gerbe « aux morts de l’ex-Empire français »
devant le monument aux morts du square
Bir-Hakeim, en compagnie de Gilbert Collard.
L’empereur Napoléon III n’ayant pu répondre
à l’invitation par la positive, Marine Le Pen
n’a pas jugé utile de faire le déplacement…
C’est toujours ça.
Depuis quelque temps maintenant, la presse se lâche sur le candidat du Front de gauche. Après l’incroyable éditorial de Christophe Barbier dans l’Express, « Pour en finir avec Mélenchon »,
voilà que la très droitière revue « Valeurs Actuelles » fait sa
une sur le candidat rouge. En portrait pleine page, un Jean-Luc
Mélenchon à l’index pointé menaçant, la bouche déformée et les
sourcils froncés, souligné par une accroche toute en nuances :
« L’enragé ». Le maquettiste devait manquer de temps pour
ajouter au tableau le couteau entre les dents. Allez, encore un
effort les gars, et vous nous refaites le coup de l’Affiche rouge !
Quand en 1944, la France pétainiste placardait dans tout Paris
les visages de son « armée du crime », ces résistants étrangers
des FTP-MOI présentés comme des criminels, elle en faisait
auprès de toute la population des héros de la résistance.
Mille sabords !
Mythomanie.
Effrayés ! Littéralement effrayés les éditorialistes de l’Express, du Nouvel Obs, du
Point et confrères après l’étude menée par
l’Institut de l’entreprise qui évalue à plus
de 100 milliards le coût du programme du
Front de gauche. Comment ! Autant d’argent ? Inadmissible ! Persuadés d’avoir
mis le doigt là où ça fait mal, chacun donne
les chiffres : retraite à 60 ans, 27 milliards,
remboursement à 100% des dépenses de
santé, entre 23 et 76 milliards, pôle public
de l’énergie, 142 à 152 milliards,… Bouh,
tremblez ! Sauf qu’avant cette incroyable
révélation de l’Institut de l’entreprise pilotée par le Medef, le programme était déjà
chiffré depuis septembre. Pourquoi une
telle surprise ? Oui, le Front de gauche met
« l’humain d’abord » avant la finance. Oui, il
s’en donne les moyens. Serait-on en pleine
épidémie de trouillotite aiguë dans les directions ? En tout cas, merci pour la pub !
Le 6 avril dernier, Nicolas Sarkozy est en meeting à Caen.
Voulant lancer une pique à François Hollande concernant
son intention de fermer la centrale nucléaire de Fessenheim, le pauvre homme est soudain atteint de mythomanie
aiguë. « Avec Nathalie Kosciusko-Morizet, nous avons été
à Fukushima. Apparemment François Hollande, non ! ».
En réalité aucune de ces trois personnes ne s’y est rendue. Nicolas Sarkozy a dû confondre Tokyo et Fukushima
lors de son passage éclair de 3 heures dans le pays le 31
mars 2011. L’effet des radiations sans doute...
Pied de nez
Sur l’application Facebook intitulée « Vos idées pour la France
forte », les sympathisants UMP peuvent proposer une idée qui,
par la suite, est soumise aux votes des internautes. Les auteurs
des idées les plus populaires seront reçus au siège de campagne
par Nathalie Kosciusko-Morizet. Au bout de quelques jours, une
idée s’est bien plus démarquée que les autres : « l’ouverture du
mariage et de l’adoption aux couples de même sexe »... Voilà un
beau pied de nez fait à Nicolas Sarkozy toujours réfractaire sur
la question.
Le Travailleur Catalan
44 av. de Prades - 66000 Perpignan
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René Granmont
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politique
N°3457
Semaine du 13 au 19 avril 2012
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« Soyons vigilants, ne nous
endormons pas après le 6 mai ! »
Christiane Hesnard, une « ancienne » des Bella. Une vie bien remplie, une histoire, des
histoires. Christiane nous les confie, avec enthousiasme et pudeur. Pour convaincre,
et pour que les plus jeunes se lèvent, agissent, pour un monde meilleur.
T.C. : Qui êtes-vous, Christiane ?
Christiane Hesnard : J’ai 84 ans. Je suis
retraitée. Originaire de Créteil, en banlieue parisienne, avec un oncle commandant dans la « résistance à l’ennemi », et,
adolescente, mon école occupée par les
Allemands. Forcée, j’ai appris l’allemand,
et cela m’a permis d’aider les résistants.
J’ai épousé un résistant, le bras droit de
mon oncle. C’est pourquoi je suis si sensible au « résister » de Jean-Luc Mélenchon. En 2013, cela fera 40 ans que je
suis dans le département. En 1973, quand
je suis arrivée, il y avait 2 députés de gauche dans les Pyrénées-Orientales. Paul
Alduy, pour le PS et André Tourné, pour
le PC, jusqu’en 1986. Maintenant, il y en
a 4 de l’UMP. Que de changements, en
quarante ans !
Quand je suis arrivée, donc, je n’avais pas
de travail et, par nécessité, j’avais besoin
d’en trouver un. Ancienne secrétaire, je
n’ai rien trouvé d’équivalent. Des petits
boulots dans le maraîchage, les vendanges, puis, j’ai été ouvrière à domicile pour
Bella. Je faisais des vêtements de poupée
à la machine à coudre. Nous étions drôlement exploitées car il fallait acheter son
propre fil, ses propres fournitures et nous
étions mal payées. Jusqu’en 1981, au total, nous étions plus de 1 000 salariés.
T.C. : Et les problèmes commencent ?
C. H. : Oui. En 81, c’est le premier dépôt de bilan. La gauche vient d’arriver au
pouvoir. En quelque sorte, elle a soutenu
la reconversion de dizaines d’ouvriers en
aidant à l’ouverture de l’hypermarché à
Claira, devenu Carrefour aujourd’hui. Il ne
restait plus que 315 ouvriers à l’usine et
de moins en moins d’ouvrières à domicile.
L’entreprise, rachetée par Berchet, avec
l’aide de l’Etat, dépose à nouveau le bilan
en 1984, tout en prévoyant la réouverture à l’étranger, où la main-d’œuvre était
moins « chère ». Je me suis, à ce momentlà, sentie vraiment concernée.
T.C. : Et là, ce sont les luttes. Pouvez-vous nous en parler ?
C. H. : Bien sûr. Avec l’intersyndicale, un
comité de soutien avec tous les syndicats
et les partis de gauche a été créé. C’était
un véritable désastre économique. Qui,
dans les P.O., n’avait pas eu un frère, une
tante, une connaissance ayant travaillé
chez Bella ? Nous avons donc occupé
l’usine de septembre 84 à décembre 85.
Nous avons multiplié les actions pour obtenir l’aide des pouvoirs publics, fait des
manifs monstres, même avec les agriculteurs qui ouvraient la manif avec leurs
tracteurs ! Nous avons remis les machines
en route, vendu des poupées partout en
France, monté une radio, qui diffusait des
nouvelles de la lutte mais aussi d’autres
rubriques, des chants de lutte. Nous avons
tout tenté, remis le « dossier » en main
propre à Mitterrand, mené une campagne
« électorale » aux cantonales de 1985,
pour expliquer encore notre lutte. Mais,
malgré tous nos efforts et toutes les solidarités, nous n’avons pas réussi à gagner.
A la veille de Noël, peu nombreux dans
l’usine, les forces de l’ordre nous ont évacués et ont mis les scellés sur l’usine.
T.C. : Que s’est-il passé, ensuite.
C. H. : Il fallait rechercher du travail. Ce
fut très difficile car les patrons du département craignaient l’embauche d’un
« Bella ». Nous avions l’impression d’être
lâchés, par les institutions et les partis politiques. La période était difficile. Pourtant,
je garde un souvenir émotionnel très
« Espérons que cette fois nous allons nous débarrasser de Sarkozy. »
fort. Nous nous étions battus pour un
but commun. J’ai vraiment découvert à ce
moment-là ce que pouvait être la solidarité ouvrière.
T.C. : Aujourd’hui, vous soutenez la
candidature de Mélenchon.
C. H. : Oui. Je n’ai jamais renoncé. J’ai
participé à tous les grands mouvements
sociaux, sur tous les grands sujets, les
retraites, la sécurité sociale, les libertés,
le droit d’asile… Totalement investie au
moment du référendum sur le traité européen, qui, finalement, nous a été imposé
(avec l’abstention des socialistes). Je me
tiens informée, j’écoute, je parle avec
ma fille qui est responsable syndicale,
je lis la presse, le « Canard enchaîné »
et, chaque semaine, le TC qui est le seul
journal à parler des mouvements sociaux
dans le département ! Je participe à des
réunions d’information (ATTAC, collectif
du droit des femmes,…) et ne manque
aucune soirée pour soutenir les familles
sans-papiers avec l’association Bougetoit. Aujourd’hui, le programme du Front
de gauche et Jean-Luc Mélenchon représentent un grand espoir. Ce ne sont pas
des promesses, c’est un appel à la mobilisation. Espérons que cette fois, nous allons nous débarrasser de Sarkozy, qui, en
5 ans, a tenté de défaire tous les acquis
sociaux de la Libération.
Aujourd’hui, tout est à prendre et à refaire. Mais soyons vigilants, ne nous endormons pas après le 6 mai.
Propos recueillis par Michel Marc
Place au peuple
Meeting de Jean-Luc Mélenchon à Marseille le 14 avril
Le Front de gauche des Pyrénées-Orientales organise un transport en bus pour la manifestation et le meeting de Jean-Luc Mélenchon qui aura lieu au Prado à Marseille. Les bus partiront le 14 avril à 8 heures de Perpignan (parc des expositions) avec un retour à 19 heures de
la plage du Prado. Il reste une cinquantaine de places disponibles, les inscriptions sont prises
au 04 68 35 63 64. Une participation de 25 ` sera demandée à l’inscription pour le voyage.
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politique
N°3457
Semaine du 13 au 19 avril 2012
Assemblées citoyennes
A Sainte-Marie-la-Mer, le vendredi 13 avril à 18h. Salle
Omega. Vous êtes déçus, en colère et en même temps
pleins d’espoir avec une belle soif de changement. En
présence des candidats du Front de gauche, Françoise
Fiter et Patrick Cases.
A Corbères-les-Cabanes, le vendredi 13 avril à 18h30.
Salle des fêtes. Pour construire ensemble une alternative politique qui réponde aux attentes populaires…
En présence des candidats du Front de gauche, Daniel
Borreill et Dany Benquet.
A Vinça, le vendredi 13 avril à 20h30. Salle Lussato.
Pour construire ensemble une alternative politique qui
réponde aux attentes populaires… En présence des
candidats du Front de gauche, Daniel Borreill et Dany
Benquet.
A Saint-Laurent de la Salanque, le samedi 14 avril à 11h.
Salle Tramontane. Une rencontre-apéritif-débat, en présence des candidats du Front de gauche, Françoise Fiter, Patrick Cases et de Jean Vilert, conseiller municipal.
Au Soler, le samedi 14 avril de 10h à 12h. Au centre ville.
Une rencontre citoyenne avec Daniel Borreill et Dany
Benquet, candidats du Front de gauche.
A Perpignan Saint-Martin, le lundi 16 avril à 18h30. Mairie
de quartier, rue des Romarins. En présence des candidats
du Front de gauche, Jean Vila et Nicole Gaspon.
A Canet-en-Roussillon, le mardi 17 avril à 18h. salle
des mariages en face de la place de Saint-Jacques. En
présence des candidats du Front de gauche, Françoise
Fiter et Patrick Cases.
A Arles-sur-Tech, le mercredi 18 avril à 18h30. Salle des
fêtes. En présence des candidats du Front de gauche,
Nicolas Garcia et Chantal Dubon.
A Prades, vendredi 20 avril à 20h30. Halle des sports,
plaine Saint-Martin. Comme en 2005, non à l’Europe
de la finance, oui à l’Europe des peuples ! Une autre
Europe au service des peuples est possible ! Nous,
ensemble, on peut ! Avec Raoul-Marc Jennar.
Annulation
L’initiative du 21 avril sur la place de la République est
annulée. Cette initiative qui avait été prévue dans le cadre des élections présidentielles pour rebaptiser la place
« Place de la 6e République » ne pourra pas avoir lieu.
Les règles qui régissent les élections présidentielles
l’interdisent, la clôture de la campagne électorale étant
fixée au samedi 0 heure.
« Nicolas Sarkozy perd les pédales »
Pierre Laurent. Le secrétaire national du PCF a réagi aux propos du candidat de l’UMP, qui
s’en est pris au secrétaire général de la CGT, l’accusant de mener campagne contre lui parce
qu’il serait « membre du Bureau politique du Parti communiste comme chacun le sait ».
«
C
elui qui se présente comme
« le candidat de la vérité »
vient de lâcher un triple mensonge: le Bureau politique du PCF
est une instance qui n’existe plus
depuis 15 ans ; Bernard Thibault n’a
jamais été membre de l’instance qui
l’a remplacé, le Bureau national. Il a
participé, entre 1997 et 2001, aux
réunions du Conseil national, organe
qu’il a quitté peu après être devenu
secrétaire général de la CGT, précisément pour marquer l’indépendance
de son syndicat vis-à-vis des partis
politiques et du Parti communiste.
L’attaque est d’autant plus injuste,
que la redéfinition des liens entre le
syndicat et les partis politiques est un
des chantiers les plus sûrement menés par Bernard Thibault depuis qu’il
est à la tête de la centrale syndicale.
Le 17 juillet 2001, lors d’une rencontre avec le PCF, il avait présenté
à Robert Hue, secrétaire national du
PCF, un texte de six pages, invitant à
« réévaluer » leurs rapports. Il invite
à redéfinir des relations basées « sur
le respect mutuel et la franchise »,
affirme que le syndicat exclut « toute
attitude de soutien ou de co-élaboration d’un projet politique » mais
que cette orientation ne signifie pas
neutralité. Il est normal, explique Bernard Thibault, que « se manifestent
des convergences et aussi des divergences entre organisations qui n’ont
pas la même vocation ».
Des divergences, il semblerait qu’il n’y
en ait pas qu’un peu entre la CGT et
le bilan économique et social du président sortant. Dans un communiqué,
le secrétaire général de la CGT ironise : « la seule citation de son nom
provoque des réactions hostiles dans
diverses manifestations publiques
et pas seulement dans les meetings
de la CGT ». Il juge aussi que l’attitude du président Nicolas Sarkozy
« à l’égard du premier syndicat du
pays n’est pas digne du président de
la République d’un pays démocratique. » Le candidat de l’UMP tombe
bien bas. »
Banquet communard le 1er mai
Fête du Travail. Le Front de gauche prendra une part active dans le défilé du 1er mai et
organise un banquet communard au Bocal du Tech.
L
e 1er mai, le Front de gauche sera présent dans le
défilé organisé par les syndicats interprofessionnels
des Pyrénées-Orientales. CGT, FSU, CFDT, Solidaire,
CFTC et FO défileront côte à côte. Mais pour le Front de
gauche, être présent dans cette manifestation, va bien audelà du symbole.
Plus que de la solidarité, c’est une continuité qui s’opère
dans la pratique politique de ce rassemblement anticapitaliste. Au moment crucial où, 5 jours plus tard, les Français auront à décider de leur destin, le Front de gauche
s’affiche du côté des salariés, de la bataille idéologique,
dans la continuité du rassemblement qui s’est construit
avec eux et pour un projet « L’Humain d’abord ». Le 1er
mai sera la première occasion, pour le Front de gauche
et ses militants, de rappeler partout en France que cette
« histoire » ne se terminera pas avec les élections présidentielle et législatives, mais, bien au contraire, que tout
commence et doit s’amplifier ! « Le SMIC à 1700 `, la
retraite à 60 ans pour tous et à taux plein, seront les
premiers dossiers brûlants qui seront mis sur la table des
sommets sociaux que nous exigerons dès la rentrée » ont
répété Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent. Le 1er mai,
le Front de gauche compte bien rappeler au Medef qu’il
vit ses derniers jours de tranquillité et à Sarkozy ses derniers instants au Pourvoir. Fort de l’adhésion de centaines
de milliers de personnes, le Front de gauche tend à incarner la continuité politique qui a cruellement fait défaut
au mouvement social. Un sentiment qui a renforcé l’idée
que l’alternative proposée par le Front de gauche était
crédible bien au-delà des forces politiques anticapitalistes
et des militants politisés. Ce souffle d’espoir pourrait bien
balayer tous les pronostics établis et les plans pré-vendus
par « l’intelligentsia ». Le Front de gauche n’est plus seul,
il est porté en France mais aussi en Europe. Alors attention, nous pourrions vivre un Premier Mai historique, le
pire cauchemar du Medef !
Le Front de Gauche organise, à la suite de la
manifestation du 1er mai, un méchoui au Bocal
du Tech (Parc de la Fête du Travailleur Catalan),
banquet communard à partir de 13h.
Plus de 500 signatures dans les Pyrénées-Orientales
Voici une quatrième liste de 72 signataires qui porte le total général à ce jour à 507
Liste de 72 noms supplémentaires (soit un total de 507)
ARENAS Anne (éducatrice), ARENAS
Pierre (étudiant), BELUCH Jean-François
(retraité Education nationale), BERLAND
Marianne (infirmière), BERLIAT Danielle,
BERNARD Claude (La Poste), BES Lucie
(intervenante sociale), BIRBAUM Gilles
(enseignant SNES), BOSC Gilbert (conseiller
municipal), BOYER Albert (retraité ville de
Lyon), CALA Claude (retraitée), CARLE
Hervé (conseiller municipal Millas), CARRIO Jean (retraité RATP), CASELLAS Robert (retraité banque), CHIVALIER Guy
(retraité), CONSTANT Joseph (retraité,
PCF), CONSTANT Marie (retraitée, PCF),
DELORT Isabelle (employée), DENIS Pier-
re (retraité), DUPUY Jeannine (retraitée),
ERLANGER Magalie, FORTO Françoise
(retraitée), FRERY Gérald (reconversion),
FLIPPE Danièle (cadre sup de santé), GAUVIN Benoît, GINESTES Robert (conseiller
municipal Elne), GRANDO Gilbert (enseignant retraité), GUDIN Jean-Jacques
(retraité), GUERLIN Francis (conseiller
municipal Fillols), GUERRERO Aurélie
(étudiante), HAMEDANI Farida, HUGON
Jean-Paul (retraité), HUGON Marie-Thérèse (retraitée), HUGON Nicolas (sans
emploi), JUMEL Bernard (psychologue scolaire), LABUCHE Mélanie (ouvrière), LANGLAIS Claire (enseignante), LANGLAIS
Loïc (citoyen humaniste, enseignant, CGT),
LANTERMINO Nicole (militante pacifiste),
LOPES Micheline (retraitée), MANDINE
Jacques (militant associatif), MANDINE
DUROURE Anita, MENNY Jean-François
(syndicaliste), MONIER René (retraité), MONIER Roselyne (retraitée), MONTAGNE
Jean-Michel (retraité), MORVAN Thomas
(retraité), MOULIN André (retraité SNCF),
NAVARRO José (agent social), NORMAND
Rose-Marie (retraitée), OBERMEYER
Bernard (maçon), OLIVE Christophe (DS
CGT), PALAU Ernest (menuisier, adjoint au
maire d’Arles-sur-Tech), PARROT Gérard
(agriculteur retraité), PARROT Simone
(maire honoraire d’Alenya, PCF) , PONS
Hélène (PCF), PUIG Jean-Baptiste (agent
territorial), RAULT Chantal (professeur des
écoles), RAWLINS Antony, RAYMOND
Jean-Claude (retraité, PCF), SEBYRE Nathalie (infirmière), SIMON Daniel (retraité),
TARRASO Andrée (retraitée), TUBOEUF
Lionel (retraité Renault), TORRES Sylvie
(conseillère municipale d’Alenya), VILACEQUE Jacqueline (infirmière), WACQUIEZ
Dominique (enseignante), WOLFF Suzanne (retraitée), YVON Charlène, YVON
Françoise, ZAPARTY Jolan (étudiant journaliste), ZEYTANDU Alain.
Pour signer cet appel, écrire à [email protected] en précisant nom, prénom et intitulé souhaité (par exemple : syndicaliste, salarié SNCF, militant associatif, …)
politique
N°3457
Semaine du 13 au 19 avril 2012
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Radiographie des circonscriptions
Elections législatives. Nous poursuivons le tour d’horizon sur les enjeux des élections dans notre département. Aujourd’hui,
Daniel Borreill, catalan « jusqu’au
bout de la baratina », de grands parents paysans et ouvriers communistes, a grandi entre nature et résistance,
sur les flancs du Canigou. Très tôt
syndiqué à la CGT, à la SNCF, puis élu
à la mairie d’Enveigt, maire adjoint,
président du SIVOM de la vallée du
Carol (1989-1995), actuellement
conseiller municipal à Serralongue. A
bientôt 53 ans, toujours en activité à la
SNCF, formateur depuis 1995, « l’attrait
pour la nature ne l’a jamais quitté », il
a fondé avec d’autres une association
de minéralogie et de paléontologie,
organisant chaque année une grande
exposition. Candidat présenté par le
Front de gauche, dont il apprécie la
dimension plurielle et volontaire, il est
membre du Parti de Gauche.
plaine du Roussillon, ses vergers et son agriculture, le piémont, le Conflent, les Garrotxes, le Capcir et la Cerdagne, jusqu’à Porté.
« Dans nos montagnes, de nombreuses activités sont mises à mal par un recul régulier
de l’emploi et des services publics (santé,
école, douanes, poste, …) . Le tourisme,
activité aléatoire, ne suffit pas à couvrir les
besoins de l’ensemble en termes d’emploi
et de salaires ». La recherche et les études
scientifiques, l’industrie (filière bois, solaire,
hydraulique, …) ne sont pas au niveau
où elles devraient être. Dans l’ensemble,
l’emploi, rare et souvent précaire, le faible
pouvoir d’achat, le manque de logements
sociaux, comme ailleurs, nous conduisent à
avancer les propositions alternatives, celles
de « l’humain d’abord », celles du développement et de la planification écologique.
En face, Jean Castex, UMP, conseiller de
Sarkozy depuis de longues années, devra répondre des mesures du gouvernement depuis
5 ans, des suppressions d’emplois publics, de
la perte d’emplois privés, de la TVA sociale…
et tentera de faire oublier le bilan. Ségolène Neuville, présentée par le PS, portera
le projet minimaliste de François Hollande,
et négligera, sans aucun doute, d’évoquer la
position des siens au Sénat, s’abstenant lors
du vote sur le MES, Mécanisme européen de
stabilité financière, condamnant les peuples
d’Europe à l’austérité obligatoire. Il y aura un
candidat du FN.
Dans la quatrième,
Nicolas Garcia et Chantal Dubon
La 4e. « Une circonscription plutôt rurale,
petites villes et villages, qui, malgré son
énorme potentiel, connaît beaucoup de difficultés et sa population avec elle. La mer
(plages et ports), la montagne, la frontière
avec la Catalogne, de grosses possibilités
pour le thermalisme et la balnéothérapie,
Nicolas Garcia, 51 ans, père et
grand-père, plusieurs fois, est le
maire d’Elne. Paysagiste de formation,
rédacteur de presse aujourd’hui, il est
le président du syndicat intercommunal de production d’eau potable qui
englobe le canton de la côte Vermeille,
celui d’Argelès-Les Albères et une
partie importante du canton d’Elne. Il
est aussi membre de la commission
nationale des gens du voyage, chargée
de propositions au gouvernement
sur cette question. Il est responsable
départemental du PCF.
sans oublier l’agriculture, la filière bois,
l’élevage et un réel potentiel ferroviaire.
Pourtant, aujourd’hui, rien de tout cela
n’est exploité comme un atout. L’aménagement du territoire est à la dérive, le rail
en déliquescence, les lycées en concurrence,
la viticulture et le reste de l’agriculture à la
rue, les bateaux de pêche déchirés, les établissements de santé déménagés, le tourisme sous-utilisé ». Il y a ici, comme ailleurs,
de plus en plus de chômeurs, de pauvres,
de précaires. Les politiques nationales et
européennes, libérales ou social démocrates, ont plongé ce magnifique espace dans
une situation catastrophique. Les Aspres, le
Vallespir, la plaine autour du Tech et la côte
méritent mieux.
En face, Jacqueline IRLES, UMP, qui n’a
rien fait, hormis les parades dans les cérémonies et les fêtes locales, devant les objec-
© Jean Quillio
Les circonscriptions des P.-O.
Dany Benquet, co-secrétaire départementale du Parti de Gauche, a grandi
à Perpignan. Son activité professionnelle à l’Education nationale l’a conduite un temps hors du département et
s’est terminée au collège de Céret. Elue
« gauche plurielle » à Hyères, dans le
Var, elle a quitté le PS en même temps
que Jean-Luc Mélenchon. Pour elle ,
« le programme, porté par l’Humain
d’abord, correspond tout à fait à la
conviction qui est la mienne depuis
longtemps ».
tifs photographiques. Elle devra s’expliquer
sur le « bilan », sur ses votes à l’Assemblée,
sur la politique qu’elle soutient. Le candidat
du PS, Pierre Aylagas, brigue son premier mandat de député. Il est déjà maire,
conseiller général et président de la communauté de communes. « Il représente une
politique qui ne répond pas aux attentes, ni
sur les salaires, ni sur l’Europe, ni sur la retraite, ni sur l’austérité ».
La campagne est déjà largement commencée, sur les marchés, en réunions publiques,
en assemblées citoyennes. « Il vous faut un
élu, un député du front de Gauche, pugnace,
qui résiste, qui défend les gens et ses convictions, un élu qui aime aussi bâtir en s’appuyant sur les populations, sur leurs luttes et
leurs exigences ». Les choses avancent.
Michel Marc
© Jean Quillio
© Jean Quillio
La circonscription du « Train » et de
la Têt. Une grande circonscription, très
longue, empreinte de culture et d’histoire
catalane. Très diverse. En « montant », d’est
en ouest, de la ville à l’Andorre, de la plaine
aux sommets, elle comprend 3 cantons urbains (Perpignan 2, 6 et 8), populaires et
« bourgeois », Saint-Jacques, gare et Saint-
© Jean Quillio
nous terminons ce survol par les 3e et 4e circonscriptions.
Assiscle, entre habitat ancien et nouveau,
Dans la troisième
avec la gare au centre, déjà. Puis, ce sont
Daniel Borreill et Dany Benquet les cantons de Saint-Estève, le Soler, Thuir, la
Chantal Dubon, du Parti de Gauche,
est psychologue scolaire dans le
RASED de Port-Vendres. Elle a d’abord
été enseignante spécialisée auprès
des élèves en difficulté dans le secteur
d’Arles et du Haut Vallespir. Militante
syndicale, très engagée contre les dégradations infligées à l’école publique,
dont la suppression des RASED, elle
conteste la part belle faite aux officines
privées de soutien scolaire, elle défend
« une école laïque et indépendante
de toute pression idéologique ou
marchande… ».
dans le département
6
N°3457
Semaine du 13 au 19 avril 2012
Modernisation de la Mémoire : attention danger !
Conférence. Mercredi 4 avril une soixantaine de personnes étaient au rendez-vous de la conférence-débat sur les dangers
de la modernisation de la Mémoire, organisée au Conseil général. Un thème délicat mais pourtant souvent traité avec
mépris par les responsables gouvernementaux.
Histoire. Aleth Briat, chargée de mission mémoire,
anciens combattants, résistants, Shoah, guerre d’Algérie à l’Association des professeurs d’histoire-géographie (APHG) est intervenue sur le contenu des
programmes d’histoire au collège et au lycée.
C
’est la IIIe République
qui a instauré une obligation pour toute la
scolarité d’enseigner l’histoire
et la géographie. Nous avons
aujourd’hui une altération de
cette obligation, car, pour la
première fois depuis la IIIe République, on n’enseignera plus
l’histoire dans la classe de terminales S. Jusqu’en 1940, il n’y
avait pas trop de problème avec
les programmes. Puis il y a eu de
plus en plus d’élèves dans les
lycées, de nouvelles visions des
annales sont apparues du côté
des historiens. »
Le premier grand changement
s’opère avec la mise en place
d’un collège unique en 1975
par le ministre Haby. « Il fallait
faire tout le programme pour
que ceux qui partent en enseignement professionnel puissent
y accéder. On a donc fait tout
le programme de la 6e à la 3e,
pour le recommencer de la seconde à la terminale. Cela a
alors été le triomphe de la non
chronologie et donc de l’histoire
thématique. Mais ce programme étant mal fait, il a été vite
abandonné. Depuis, de 1980
à aujourd’hui, on ne fait que
modifier, c’est devenu de plus
en plus complexe. Aujourd’hui,
nous n’avons plus de conseil
national des programmes, mais
un haut conseil de l’éducation
avec des groupes d’experts qui,
généralement, n’ont jamais mis
le pied dans une classe. Ceci est
couplé avec la précipitation du
gouvernement afin de finir de
réformer avant les élections présidentielles. »
« On est également accablé
par toutes les commémorations
que nous demandent le gouvernement, comme, par exemple,
François Bayrou, à l’époque ministre de l’Education nationale,
qui nous demandait de commémorer l’armistice du 8 mai
«
1945 comme fin de la guerre. »
Il ne s’agissait bien évidemment
pas d’un armistice, mais d’une
capitulation allemande et, de
plus, les combats continuèrent
jusqu’à la capitulation japonaise
le 2 septembre 1945... « On en
arrive donc à des gens qui ne
connaissent rien, qui envoient
des textes d’une désolation
absolue. Tel que le président
Sarkozy qui voulait que chaque
enfant prenne en responsabilité
un enfant mort lors de la Shoah,
que soit effectué la lecture de
la lettre de Guy Moquet... Alors
qu’en parallèle, il n’y a rien eu
pour le 19 mars et la fin de la
guerre d’Algérie... »
Les programmes d’histoire mis
en place depuis la rentrée de
2011 imposent l’étude de 5 thèmes, dont le deuxième s’intitule
« Les guerres au XXe siècle ».
On y étudie à la suite la première
guerre mondiale, la deuxième, la
guerre froide puis, tous azimuts,
Sarajevo, la guerre du golfe, le
conflit israélo-palestinien. La
partie suivante s’intitule « les
totalitarismes ». Comment voulez-vous expliquer les guerres
sans avoir expliquer les totalitarismes ? Les noms d’Hitler,
Churchill ou de Gaulle sont à
peine cités, quant à ceux des résistants, ils sont totalement absents. Les professeurs ne savent
plus où ils en sont et lorsqu’ils
questionnent les inspecteurs,
ceux-ci leur répondent de faire
comme ils le souhaitent. »
La situation est donc alarmante,
mais faut-il pour autant céder au
fatalisme ? Si les programmes
ont été aussi rapidement et facilement modifiés dans ce sens,
un retour à un enseignement de
l’histoire de qualité pourrait être
effectué de la même manière.
Tout dépendra donc des volontés des politiques dans les prochaines années.
« Nous allons vers une relativisation de l’histoire »
Nicole Rey. En feuilletant un manuel scolaire, la présidente de l’AFMD montre que la dernière décision concernant le 11 novembre vise à laisser dans
l’oubli certaines vérités historiques.
C
’est d’abord Nicole Rey, présidente des
Amis de la Fondation pour la Mémoire
de la Déportation, qui a pris la parole. « Il
existe une inquiétude sur le traitement réservé à
la Mémoire portée et défendue qui s’inscrit dans
l’histoire de la seconde guerre mondiale et aux
évolutions dont elle fait l’objet, tant au niveau
national qu’au niveau européen. Il est de bon ton
de parler ces derniers temps de réformes, le domaine mémoriel n’y échappe pas, il est question
au plus au niveau de l’Etat de moderniser la Mémoire. » Cette modernisation peut être effectuée
à deux niveaux, le premier étant la modification
des formes de sa représentation : « Dans ce cas,
nous avons été les premiers à militer pour de
nouveaux modes de transmission, notamment
avec l’expression artistique ». Ou bien d’en modifier le sens, le contenu : « On considérerait donc
que les valeurs dont est porteuse la Mémoire ne
correspondent plus aux réalités du jour et aux
nouvelles valeurs de l’Europe actuelle. En quoi
les valeurs de la Résistance et de la Déportation
ne seraient pas adaptées à l’Europe actuelle ? ».
De la longue liste des changements impliqués
par cette modernisation, le plus visible est la loi
proclamant le 11 novembre « journée dédiée aux
morts de toutes les guerres ». « Ce Memorial Day
à l’Américaine n’est-il pas le premier pas vers la
suppression de certaines commémorations nationales telles que le 8 mai, ou encore la journée nationale de la Déportation. Soyez tous conscients
que cet amalgame commémoratif fait peser sur
les Mémoires qui nous sont propres l’abandon de
leur spécificité. Car c’est le sens de l’événement
commémoré qui confère toute sa valeur à l’acte
commémoratif. »
Cette modernisation a commencé en 2004, proposée sous le thème de réconciliation franco-allemande. Sur les lieux mêmes du débarquement,
le président Chirac déclarait devant le chancelier
Schröder : « Dans le respect de l’Histoire des combattants et du sang versé, sachons rester fidèle
à l’héritage, aux sacrifices, aux messages de nos
pères, sachons donner corps aux valeurs humanistes de respect, de dialogue et de tolérance
pour lesquels ils ont donné leur sang ». Nicole
Rey souligne : « Il honore donc en bloc le sang
versé en commun des victimes et des bourreaux
en rendant hommage à leur valeur humaniste et
de tolérance commune et cela sur les lieux mêmes où la coalition antifasciste se confrontaient
aux combattants de l’Allemagne nazie. »
L’exemple d’un manuel
Pour appuyer ses dires, Nicole Rey a ensuite
passé en revue les 30 pages introductives d’un
manuel scolaire d’histoire édité chez Nathan et
réalisé par des Français et des Allemands.
« C’est un symbole de cette logique de récon-
© Roger Hillel
Des programmes décidés par des
gens qui n’y connaissent rien
ciliation, proposé aux enseignants des terminales sous le titre : L’Europe et le monde depuis
1945 ». Le contenu y est une décision politique
entre les deux gouvernements, et, malgré son
titre, il a exclu tous les autres pays concernés.
Les belligérants n’y sont pas explicitement nommés, on parle de « camp des vainqueurs », de
« puissance de l’axe ».
Au chapitre 1, les auteurs surprennent par la première phrase : « On ne peut fixer la fin de la
guerre à une date précise. » Certes les combats n’ont pas cessé en un jour, mais il est très
surprenant de ne pas voir apparaître la date du
8 mai 1945 car celle-ci doit être emblématique
pour les élèves.
Sur le plan humain, on peut lire : « En libérant
les camps, les alliés découvrent des crimes
d’une barbarie effroyable ». Mais pas un mot
sur les responsables de cette barbarie, notamment sur la SS.
En ce qui concerne le chapitre 2, « La mémoire
de la Shoah » : « il aurait mieux valu utiliser les
termes extermination, génocide, termes neutres
au niveau de la religion, car le terme Shoah évoque la tradition des catastrophes punitives de la
Thora et exclut les autres victimes des génocides.
Les auteurs du livre y désignent toutes les victimes juives comme victimes passives ! Ils font
totalement abstraction des victimes juives organisées dans la Résistance ! »
Ce livre s’inscrit dans la volonté non pas de moderniser l’histoire, mais de la relativiser. « Pourquoi le 26 janvier dernier, le ministère de la
Culture et de la Communication via le Centre de
Mémoire de la cinématographie a rejeté une demande d’aide à l’écriture pour un long métrage
intitulé « L’école de la liberté » qui traite du rôle
des instituteurs dans la Résistance ? Nous avons
peur que la jeunesse soit orientée vers la relativisation des crimes nazis, la réconciliation n’implique pas l’oubli. Tout notre travail de Mémoire
est mené en prenant pour postulat la pensée de
Condorcet « Il n’y a pas de liberté pour l’ignorant » car une jeunesse qui ne connaît pas son
passé est condamnée à le revivre. »
Page réalisée par J.F.
dans le département
N°3457
Semaine du 13 au 19 avril 2012
La Maternité suisse sous haute protection
Elne. La Maternité suisse est inscrite à l’inventaire des monuments historiques. Une
nouvelle dont s’est réjoui le premier magistrat de la commune.
D
epuis l’été 2008, Nicolas Garcia, maire d’Elne et Annie
Pezin, adjointe au maire déléguée à la culture, épaulée
techniquement par Sylvaine Candille, directrice du pôle
culture de la ville, cheminaient pas à pas vers une reconnaissance historique de l’un de ses joyaux patrimoniaux.
Une très bonne nouvelle
’inscription de la Maternité au titre des monuments historiques,
non pour l’édifice mais pour l’histoire qui s’y est déroulée, est
une excellente nouvelle pour toutes celles et tous ceux qui ont
vécu cette histoire, mais aussi pour la ville d’Elne, le département
des Pyrénées-Orientales et la région Languedoc-Roussillon. Cette
inscription inespérée est le fruit de trois années de travail de toute
une équipe qui a su faire passer sa confiance, qui a su convaincre
et se battre pour cette noble cause. Apprendre, à l’issue de la réunion de la Commission régionale du patrimoine et des sites, que le
Directeur Régional des Affaires Culturelles (DRAC) a en personne
proposé à cette commission, qui l’a largement acceptée, le classement de la Maternité d’Elne comme monument historique, constitue la cerise sur le gâteau dont les plus optimistes d’entre nous
n’osaient même pas rêver. Désormais cette inscription décuple
les possibilités de ce merveilleux site en bien des matières, c’est
une reconnaissance nationale et internationale porteuse d’espoir
et de possibilités. C’est un formidable tremplin qui nous pousse à
envisager un classement au patrimoine mondial de l’humanité et,
en quelque sorte, un pas de plus vers l’appropriation collective du
dramatique parcours des Républicains espagnols et de centaines
de milliers de familles juives.
L
Nicolas Garcia
historique du bâtiment. Le classement reste l’un des moyens
le plus intraitable pour protéger un site d’intérêt public tel que
la Maternité suisse.
Elne, ville d’art et de culture
La ville d’Elne pouvait s’enorgueillir d’avoir un monument
classé depuis le XIXe siècle qu’est l’ensemble cathédrale et
cloître. Cinq autres sites sont inscrits à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques : Porte de Perpignan,
XVe, Porte de Collioure, XVe , pilier en marbre, XIVe , Porte de
Balagué et rempart contigü, XIVe, Arc, 2e moitié du XVIe) La
toute récente inscription de la Maternité, et peut-être, dans
un avenir proche, son classement, est une reconnaissance de
l’importance de son passé, même récent.
Une fierté pour la commune
N’en déplaise aux grincheux qui récusent l’histoire, en émettant un avis favorable, la DRAC (Direction Régionale de l’Action Culturelle) « protège la Maternité et son histoire », et ratifie « une augmentation du patrimoine culturel, architectural
et historique de la ville d’Elne » précise l’adjointe au maire.
« C’est une fierté pour les Illibériennes et Illibériens » ajoutet-elle non sans émotion.
Elle précise : « dorénavant, le ministère des Affaires culturelles
a son mot à dire sur tous les travaux de restaurations, réparations ou modifications ». Mais à ces contraintes se substituent
des apports pécuniaires de tous horizons, malice de l’histoire
qui nous conte que le bon fonctionnement de cette maternité
reposait au départ sur les dons affluant de toute l’Europe.
Ray Cathala
* Siègent à cette commission des représentants de l’État,
d’associations patrimoniales et des personnes qualifiées.
Villeneuve-de-la-Raho.
© Roger Hillel
n supposait que la ville de Prades avait
pris naissance près de la voie reliant, pendant l’Antiquité, le Roussillon au Conflent, la
Via Confluentana, encore appelée ainsi par des
documents médiévaux. Mais aucune preuve
archéologique ne venait étayer cette hypothèse jusqu’à une récente fouille préventive.
En effet, les archéologues ont mis au jour
dans le cœur de la ville médiévale de Prades
les ruines d’un bâtiment antique desservi
par une voie orientée nord-sud. Sur cette
découverte scientifique importante est venu se
greffer un sérieux motif d’inquiétude pour la
poursuite des recherches. (…)
De quoi s’agit-il ? Ces vestiges antiques ont
été découverts dans le cadre d’un projet immobilier mené conjointement par la commune
et une société d’aménagement liée à l’entreprise Fondeville (AGIR Promotion). Conformément à la loi, des travaux d’archéologie
préventive (d’abord un diagnostic d’évaluation
des vestiges conservés, puis une fouille
complète) ont été réalisés sur l’îlot de vieilles
maisons de la rue des Marchands qui devait
être détruit. A l’origine, le projet prévoyait
aussi le creusement d’un parking souterrain
mitoyen de ces maisons sur l’actuelle place de
l’Appel du 18 juin 1940 (rebaptisée Place de
Catalogne). L’aménageur, pour éviter les coûts
liés à la fouille archéologique, a informé les
archéologues que le parking souterrain était
supprimé. Et voilà qu’aujourd’hui ce projet de
parking resurgit, menaçant de destruction la
suite potentielle du site découvert à l’emplacement des maisons, sans qu’aucun diagnostic
archéologique n’ait été réalisé, la prescription
des services de l’Etat ayant été annulée.
L’Association archéologique des P.-O. a été
contactée par ses adhérents de Prades.
Elle attend une réponse à la lettre qu’elle a
adressée au Préfet de Région et aux autorités
compétentes en la matière.
L’archéologie préventive est nécessaire pour
enregistrer les archives du sous-sol, les
témoignages du passé, quand leur destruction est inévitable. Faire disparaître la preuve
archéologique sans autre forme de procès,
c’est se condamner à l’ignorance sur nos racines : les sites archéologiques ne repoussent
pas ! (…)
C’est vrai, tout cela coûte, mais la connaissance n’a pas de prix, et nous ne désespérons
pas d’obtenir un nouvel examen de ce dossier
que nous suivrons avec beaucoup d’attention,
y compris si la réalisation de ces travaux
devait se faire. (…)
Détruire de tels vestiges sans signaler leur
présence et sans les étudier serait une atteinte
à la loi et un dommage irréparable au patrimoine archéologique pradéen.
contacts : [email protected]
[email protected]
[email protected]
O
La grue ne passera pas !
La présence des gendarmes n’a pas
suffit…
Parking souterrain contre
site romain à Prades :
annulation des travaux
archéologiques prévus !
Communiqué de l’Association Archéologique
des P.-O.
La Maternité qualifiée
De retour de Montpellier, Annie Pezin, réjouie, proclame : « la
commission plénière régionale* a statué : la Maternité suisse
d’Elne obtient, à l’unanimité, son inscription à l’inventaire
supplémentaire des monuments historiques au titre de lieu de
mémoire ! »
L’intérêt de ce site exceptionnel et de son histoire, étroitement
liée à la guerre d’Espagne, est désormais reconnu officiellement. Et, « cerise sur le gâteau » annonce le maire, « un classement aux monuments historiques est sollicité avec réponse
promise à l’automne ».
Pour l’adjointe à la culture, « c’est déjà une reconnaissance
mémorielle qui permettra la protection du bâtiment et la préservation de son intégrité ».
En effet, l’inscription, procédure plus simple que celle du classement, n’enlève en rien la qualité remarquable et la valeur
7
Sur le
château d’eau hérissé de 25 antennesrelais, trois d’entre elles appartenant à
SFR sont en panne. L’opérateur diligente
une entreprise spécialisée avec la charge
de remettre en état son matériel. L’association UMPLO, qui se bat pour l’évacuation de ces émetteurs d’ondes, alerte
ses adhérents. Et, jeudi 5 avril au matin,
ils étaient une cinquantaine à faire le
pied de grue pour empêcher, on ne peut
plus pacifiquement, celle transportée
par camion depuis Marseille d’accéder à
la placette du château d’eau. Malgré la
présence des gendarmes, l’engin muni
d’une nacelle a dû rebrousser chemin.
Le chauffeur a fait contre mauvaise for-
tune bon cœur. Les techniciens chargés
de réparer les antennes, de même. Leurs
mines donnaient à penser que, ma foi,
ils n’étaient pas plus chagrinés que cela
de n’avoir pu accomplir le travail qui
leur avait été commandé par SFR. Après
plus de deux heures d’attente, tous s’en
sont allés. Même si la guerre n’est pas
finie, UMPLO a gagné une bataille. Il
reste que cette mobilisation a prouvé
que désormais à Villeneuve-de-la-Raho,
les citoyennes et les citoyens, conscients
du danger que représentent les ondes
émises par les antennes, n’ont pas l’intention de s’en laisser compter.
RH
8
politique
N°3457
Semaine du 13 au 19 avril 2012
On ne lâche rien !
Meeting départemental de Cabestany. Il y avait une ambiance formidable l’autre soir à Cabestany. Près d’un millier de
personnes était présent pour entendre Pierre Laurent et Alexis Corbière. Démystification, battre la droite, les enjeux à
gauche, … le Front de gauche a éveillé les consciences.
ela faisait bien longtemps que
«
C’est leur crise,
nous n’avions pas assisté à
ce n’est pas la nôtre !
tant d’engouement pour des
élections présidentielles », nous
confiaient des militants du Parti communiste. « Beaucoup de gens s’adressent
à nous et s’interrogent vraiment sur les
idées que nous émettons dans cette campagne ». D’autres les relayent, souhaitent
s’investir spontanément et faire campagne
pour Jean-Luc Mélenchon. Des jeunes, des
vieux, le Front de gauche est sur un petit
nuage, un peu comme dans ces moments
qui précèdent une victoire, de ces victoires que l’on sent à portée de main. Décidément, cette campagne ne ressemble
à aucune autre. Qui aurait pensé, il y a
seulement quelques mois, que la gauche
anticapitaliste aurait une telle écoute, une
telle adhésion de la population ? L’autre
soir, à Cabestany, l’ambiance était à la
mobilisation générale.
La pensée de Jaurès
Et c’est Alexis Corbière qui, en ouvrant le
feu sur le Front National, mit les choses au
point sur les intérêts défendus par le parti
d’extrême droite de Le Pen. Evoquant le
détournement, par le FN, de la pensée de
Jaurès, au moment des élections européennes de 2009, « Non, Jaurès n’aurait
pas pu voter Front National » affirmait-il
en citant les derniers écrits de Jaurès dans
l’Humanité. Des écrits qui, à la veille de
la première guerre mondiale, mettaient
© Jean Quillio
C
L’heure est à la mobilisation
en garde la société contre les politiques
racistes et xénophobes qui s’abattaient
alors sur les travailleurs immigrés et la
division qu’elles engendraient, favorisant
ainsi le patronat. Là où Jaurès faisait de
l’ouvrier immigré l’égal « de classe »
d’un ouvrier français, Le Pen en fait l’ennemi. « Une ordure, voilà tout ce qu’il
est » ajoutait Alexis Corbière à l’adresse
du second du Front national. Jaurès, assassiné par Raoul Villain en juillet 1914,
un adhérent de la Ligue des jeunes amis
de l’Alsace-Lorraine, groupement d’étudiants nationalistes, proches de l’Action
Française. Une école de pensée, xénophobe et nationaliste, dont le programme
est quasi totalement repris par le Front
National. Pierre Laurent n’a d’ailleurs pas
été non plus en reste sur le sujet. Pour le
leader du PCF, « le Front National n’est là
que pour donner corps au bipartisme. La
banalisation des idées d’extrême droite
pour détourner le vote ouvrier a, semblet-il, échoué ». Un constat confirmé par les
sondages, mais aussi par la progression
quasi constante du Front de gauche durant cette campagne.
« Notre programme va coûter des dizaines
de milliards d’euros. Eh bien, oui, disons-le
clairement, cela va coûter des dizaines de
milliards à ceux qui, pendant des années,
ont pris dans la poche des ouvriers. » Avec
Pierre Laurent, on est entré dans le vif
du sujet. S’exprimant dans un silence de
cathédrale, il a, petit à petit, fait monter
en puissance la salle comble de Cabestany, provoquant applaudissements et
clameurs. La crise, la dette publique, la
mobilisation citoyenne, … un discours qui
contraste réellement avec tous les autres,
des thèmes qui mordent réellement sur le
ronron que pensaient imprimer les « ténors » de l’UMP et du PS. La démocratie
s’est invitée dans cette campagne, elle est
au centre des enjeux. « Le monde ouvrier
est en train de reprendre la parole pour reprendre le pouvoir » affirme Pierre Laurent
pour qui cette irruption citoyenne est tout
l’enjeu de la campagne. Un temps, l’UMP
a joué avec la montée de Front de gauche
pensant faire tomber le PS, mais le scénario est tout autre, le Front de gauche est en
train de prendre la main. Et Pierre Laurent
de conclure : « Nous devons mener cette
bataille avec conviction et la poursuivre
après les élections ! ». Dans les PyrénéesOrientales, le message a été bien reçu,
c’est le moins que l’on puisse dire !
Philippe Galano
« Confiants, offensifs et plus rassembleurs que jamais »
Conférence de presse. Vendreid 6 avril, Pierre Laurent et Alexis Corbière, responsables nationaux respectifs du PCF et
du Parti de Gauche, ont répondu aux questions de la presse. Une occasion pour eux d’affirmer les ambitions du Front de
gauche pour les élections présidentielle et législatives.
vant de rejoindre le meeting de Cabestany, faite de Nicolas Sarkozy et l’on note que la droite s’in- Nous construisons une nouvelle gauche
A
les responsables du Front de gauche avaient
tenu une conférence de presse qui rassemblait, outre Pierre Laurent et Alexis Corbière,
Nicolas Garcia, Jean Vila, Françoise Fiter, Daniel Borreill
et Dany Bencquet, candidats du Front de gauche aux
élections législatives.
Trois objectifs atteints
Pierre Laurent a d’abord affirmer « nous sommes dans
une période de dynamique spectaculaire. C’est une lame
de fond qui se met en branle et qui permet au Front
de gauche d’aborder les jours qui restent dans un esprit
conquérant. Nous ne nous fixons pas de limite et quel
que soit le résultat de la présidentielle, nous allons travailler à l’amplifier aux élections législatives ». Affirmation à laquelle Alexis Corbière faisait écho en ajoutant :
« il n’y a pas de plafond à notre progression ».
Le secrétaire national du PCF est ensuite revenu de
manière plus détaillée sur la campagne politique en
cours en déclinant les « trois objectifs que nous avions
et que l’on est en passe d’atteindre ».
« Premier objectif, créer les conditions d’une large dé-
quiète de la montée du Front de gauche car nos choix
s’opposent frontalement à sa politique. Second objectif, faire fortement reculer le Front national qui, utilisé
comme un épouvantail, empoisonnait la vie politique.
Nous avons mené une entreprise de démystification de
ce parti et son naturel raciste est revenu à la surface.
Troisième objectif, créer, avec un Front de gauche à un
très haut niveau, les conditions qu’une vraie politique de
gauche soit mise en œuvre demain dans notre pays. Et
cela se met en place grâce à la clarté des propositions
du Front de gauche. »
Pierre Laurent a ensuite expliqué : « nous sommes
confiants, offensifs et plus rassembleurs que jamais, bien
décidés à faire gagner la gauche. Avec de grandes ambitions de conquête aux élections législatives. »
Alexis Corbière, en précisant que de plus en plus de jeunes entraient dans la campagne pour Jean-Luc Mélenchon, a souligné que « la force du Front de gauche, c’est
d’être rassemblé » avant de lancer : « le bulletin Front
de gauche, c’est le bulletin deux en un, un pour battre
la droite et deux pour réussir à gauche ». Car pour lui,
« notre objectif, c’est de prendre la tête de la gauche ».
Pierre Laurent est revenu sur le choix de Jean-Luc Mélenchon par le PCF : « Il a été le choix de l’immense
majorité des adhérents et nous sommes très satisfaits
de ce qui se passe. Car la construction qui s’est engagée
va bien au-delà l’élection présidentielle, nous remettons
en branle les forces sociales qui veulent le changement.
Cette campagne permet de renforcer le Front de gauche
et, comme nous le souhaitions, de transformer le Parti
communiste. Nous ne nous diluons pas dans le Front
de gauche, au contraire. Ce que fait le Front de gauche,
c’est additionner les énergies en respectant la spécificité
de chacun. Nous construisons une nouvelle gauche. »
Les jours qui restent avant le premier tour vont permettre de poursuivre une campagne « sérieuse, argumentée,
pédagogique, campagne d’explications sur le terrain,
campagne d’éducation populaire ».
Comme l’a souligné Nicolas Garcia, « avec le slogan
Prenez le pouvoir, nous avons redonné le goût de la politique aux citoyens. Les gens ne supportent plus l’arrogance et relèvent la tête. »
René Granmont
politique
N°3457
Semaine du 13 au 19 avril 2012
9
Pierre Laurent : « Avec nous, l’espoir renaît »
Le vote de la raison et le vote du cœur
Avec l’irruption du Front de gauche, la donne de cette élection est changée : « Si pendant des années, dans l’élection
présidentielle, beaucoup d’électeurs ont voté par défaut,
aujourd’hui, avec le bulletin Front de gauche, on réconcilie le
vote de la raison et le vote du cœur. »
Faisant allusion aux appels du candidat socialiste en direction
du centre, Pierre Laurent explique : « Certains disent qu’une
élection se gagne au centre. Mais ce scénario a été inventé
© Jean Quillio
L
Enthousiastes et réfléchis
© Jean Quillio
e secrétaire national du parti communiste a, durant près
d’une heure, avec calme et détermination, exploré toutes
les facettes du vote pour le Front de gauche.
Abordant les raisons du succès que rencontre la campagne
menée par Jean-Luc Mélenchon, il explique : « L’écrasante
majorité des gens ne supporte plus le mépris dans lequel on
les tient. Ce qui fait la force du Front de gauche, c’est que
nous leur rendons leur dignité. Ils entendent enfin le discours
politique qui leur permet de relever la tête parce que le candidat du Front de gauche dit haut et fort ce qu’ils pensent
profondément. »
A ceux qui disent que si nous prenions une autre voie, nous
serions isolés en Europe, il répond : « Il y a des dizaines de
millions de gens qui attendent qu’un pays d’Europe ait le courage de dire stop. Si, au lendemain de la défaite de Sarkozy,
la France dit qu’elle refuse la logique actuelle et qu’elle veut
rediscuter les traités européens, c’est un immense espoir qui
se lèvera dans toute l’Europe. »
A ceux qui crient que le programme du Front de gauche coûterait des milliards d’euros, il répond : « Si nous voulons changer
la situation, il faut effectivement reprendre des dizaines de
milliards d’euros qui ont été pris au travail pour les donner à
la finance. Il faut avoir ce courage.»
« Le bulletin Jean-Luc Mélenchon, le 22 avril, n’est pas
la fin de l’histoire »
par la droite pour faire perdre la gauche. C’est comme cela
que Lionel Jospin a perdu en 2002 et que Ségolène Royale
a échoué en 2007. C’est nous, le Front de gauche, qui, avec
une campagne résolument à gauche, allons faire gagner la
gauche. »
Et pas question d’en rester là : « Ce que nous construisons va
bien au-delà de la seule élection présidentielle. Ce que nous
construisons, c’est la remise en route du peuple de gauche,
du monde du travail, pour mener la bataille pour de grandes
conquêtes sociales et politiques. »
Et Pierre Laurent d’ajouter : « Le bulletin Jean-Luc Mélenchon,
le 22 avril, n’est pas la fin de l’histoire, mais le début. Nous
continuerons pour construire une grande victoire législative.
Car pour avoir des lois qui changent la vie, il faut, sur les
bancs de l’Assemblée nationale, des députés qui ne tremblent
pas, qui sachent où est l’intérêt du peuple. »
RG
Alexis Corbière : « Nous sommes la gauche,
massive, joyeuse, dynamique et unitaire »
A
© Jean Quillio
lexis Corbière, le jeune secrétaire national du Parti de
Gauche travaille depuis longtemps au sein de l’équipe
rapprochée de Jean-Luc Mélenchon. Il est à bonne
école. Cela se voit et s’entend. A l’aide de quelques notes,
il alterne le propos pédagogique, la formule qui va droit au
but, l’analyse pointue, l’invective salutaire. Ici à Perpignan, il
se devait de clouer au pilori Louis Alliot, celui qui, à l’époque
des élections européennes de 2009 avait osé émettre une affiche sur laquelle était écrit « Jean Jaurès aurait voté pour
nous ». « C’est un gredin ! », s’est exclamé l’orateur. Avec
les dirigeants du FN, Alexis Corbière n’y va pas par quatre
chemins : « ces gens-là sont dangereux ». Il explique : « Il ne
faut pas confondre cette bande de voyous avec ceux qui ont
pu voter FN par le passé et qui, aujourd’hui, nous disent que
nous les avons convaincus et qu’ils vont voter pour nous. A
ceux-là, je tends la main ». Il parle de cette colère populaire
« C’est le Front de gauche qui est le meilleur »
que le FN tente de capter pour la mener dans une direction
inverse à celle que le Front de gauche veut lui faire prendre :
« cette colère qui monte et dont nous voulons faire une force
positive et républicaine ». Mais pour qu’il en soit ainsi, il aura
fallu que le Front de gauche et son candidat, Jean-Luc Mélenchon, n’hésitent pas à faire le « boulot » : « Nous avons
cassé la diabolisation, nous avons ridiculisé Marine Le Pen,
nous avons fait reculer le FN ». A gauche, tout le monde n’en
a pas fait autant. Alexis Corbière ne cache pas sa colère : « On
s’attendait à ce que tout le monde, particulièrement le PS,
nous félicite et observe le moment où l’on est ». Au lieu de
mégoter, il aurait dû se dire: « enfin, il va y avoir deux forces de
gauche devant l’extrême droite, enfin la gauche va pouvoir se
confronter politiquement, de façon fraternelle». Pour l’orateur,
c’est le moment d’affirmer haut et fort que « c’est le Front
de gauche qui est le meilleur ». Avec lui, « la gauche est de
retour. Une gauche massive, joyeuse, dynamique et unitaire.
Une gauche qui est en train de renouer tous les maillons de
la chaîne du combat politique qui s’était rompue, car le doute
s’était installé ». C’est en menant une campagne d’éducation
populaire, dont « Mélenchon est l’instituteur de talent et nous
tous, les émetteurs d’idées » que le Front de gauche a recréé
« une conscience politique, une conscience de classe ».
L’orateur évoquera avec fougue bien d’autres aspects de cette
campagne dont la dynamique donne à penser qu’aujourd’hui:
« il n’y a pas de plafond à notre progression ». Et de conclure :
« si en France, c’est le Front de gauche qui prend la tête de
la gauche, si, à tout le moins, il se trouve avant le FN et qu’il
fasse un score significatif, cela aura des conséquences dans
toute l’Europe et dans le monde entier ».
EH
Témoignages. Recueillis au vol à la sortie
du meeting du Front de gauche, vendredi 6
avril à Cabestany, les sentiments des uns et
des autres montrent que le Front de gauche
élargit son audience de jour en jour.
V
isiblement, comme le répète Jean-Luc
Mélenchon, « la rivière est sortie de
son lit ». Car, vendredi dernier, les mille
participants au meeting du Front de gauche
n’étaient pas que des militants chevronnés.
Loin de là…
Un couple d’une quarantaine d’années sort
en discutant. Ils sont restés très calmes alors
qu’une grande partie des participants chantaient. « Nous n’allons pas dans les réunions politiques d’habitude. Nous sommes
venus pour nous informer. Et il faut avouer
que les arguments se tiennent. Nous allons
réfléchir. » Un jeune homme sort de la salle,
jette son obole dans un des drapeaux tendus à la sortie et lance « c’est une grande
vague qui se lève ».
Si Paul, 49 ans, qui était présent à l’énorme
rassemblement de Toulouse (« c’était vraiment très bien »), est à Cabestany ce vendredi, c’est qu’il « aime bien avoir des explications détaillées ». Et il est donc venu pour
affuté ses convictions. Mais il est, cette foisci, accompagné de Marc, 43 ans, qui n’a pas
encore totalement fait son choix pour le 22
avril : « Je trouve que les idées du Front de
gauche sont justes. Elles sont partagées par
un grand nombre de personnes… y compris
des gens qui vont voter pour François Hollande ».
Martin, technicien agricole de 24 ans, a déjà
tranché : « J’étais convaincu. Mais maintenant, je vais discuter autour de moi, je vais
mener la campagne ». « Et, ce qui se passe
ne s’arrêtera pas à l’élection présidentielle… » ajoute-t-il tandis qu’autour de lui on
chante « On lâche rien ».
Elles sont deux jeunes filles au regard brillant
de joie : « On ne savait pas qu’il y avait cette
réunion et on le regrette… On venait pour
la séance de cinéma et on n’a assisté qu’à
la fin du discours. Mais c’était bien. On sent
que les gens veulent que ça change. Il y a de
la joie, de l’envie, de la force et aussi beaucoup de réflexion».
Là, c’est un groupe de militants de Canohès
qui, en sortant, ne peut cacher son enthousiasme et sa joie : « A Canohès, on n’avait
jamais vu autant de gens dans une assemblée citoyenne. Et ce soir, il y avait du monde.
La mayonnaise est en train de prendre et il
ne faut pas la laisser retomber ».
Visiblement, ce meeting a marqué les esprits
et donné encore plus de punch à ceux qui
mènent la campagne du Front de gauche.
RG
10
environnement
N°3457
Semaine du 13 au 19 avril 2012
« Ce n’est pas un rapport pour faire joli »
Développement durable. Le rapport d’évaluation du Conseil de suivi et d’évaluation (CSE)
sur la démarche de la communauté d’Agglomération Perpignan-Méditerranée en vue
du Grenelle 2015 a été présenté à la presse. Il formule 116 préconisations d’un intérêt
certain pour la plupart.
L
a création du CSE et la mission
qui lui a été fixée ne laissent pas
de nous interroger. En juin 2010,
l’Agglomération Perpignan-Méditerranée charge Chantal Gombert de présider une commission qui aura pour tâche
de « suivre et d’évaluer l’avancée de la
politique de développement durable mise
en place par l’Agglo et la Ville de Perpignan, suite à la signature avec l’Etat en
2008 d’une convention Grenelle 2015 ».
Comme pour donner des gages de sa toute récente indépendance politique, Chantal Gombert, que l’on connaissait surtout
pour avoir été un temps la présidente du
Modem (elle en a démissionné en février
2011), a lourdement insisté sur le fait
que les 30 membres de la commission
sont issus de la société civile : « ce sont
des experts, des bénévoles, des citoyens
engagés dans leur domaine de compétence ». Et une couche encore : « le CSE
n’est ni une chambre d’enregistrement,
ni une variable d’ajustement ». Puis une
autre :« nous allons demander à tous les
élus communautaires, de répondre dans
les deux mois. Ce n’est qu’à cette condition que nous accepterons de continuer à
travailler sur l’Agenda 21. Ce rapport, ce
n’est pas pour faire joli ». De toute façon,
il existe et, quel que soit le sort qui lui est
promis, il restera une référence dans les
divers domaines analysés par les six commissions du CSE : Ville à énergie positive,
Ville Archipel, Ville écocitoyenne, Mobilité
durable, Agriculture et alimentation, Espaces et ressources naturelles sensibles.
Des préconisations
d’un réel intérêt
Ce travail de 18 mois se solde par 116
préconisations qualifiées de « citoyen-
ness » (attention ! Nous ne faisons pas de
la politique), à charge pour les élus de les
prendre ou non en compte. Les plus importantes ont été commentées par les 5
animateurs et l’unique animatrice (allez !
encore un petit effort, citoyens) des six
commissions.
Ville à Energie positive
(Nathalie Mazet)
Relevant les avancées, « champion de
France » (sic!) pour le photovoltaïque, et
les blocages, projet de zone de développement éolien ralenti, nouvelles tarifications
pour le rachat de l’énergie produite par le
photovoltaïque, le rapport constate que le
slogan « Ville à énergie positive » constitue un moteur pour la production d’énergies renouvelables. Les suggestions du CSE
portent sur le soutien à la rénovation énergétique des bâtiments, qui doit être amplifiée et à l’apport du solaire thermique qui
pourrait être estimé afin de compléter la
production d’énergies renouvelables.
Ville Archipel (Eric Vila)
Le schéma de Cohérence Territorial
(SCOT) Plaine du Roussillon va permettre
d’établir de nouvelles règles d’urbanisme
et de cohésion sociale. Le CSE appelle
cependant à la vigilance car, sans cohérence entre les pouvoirs publics, le SCOT
ne pourra pas s’appliquer pleinement et
efficacement. En complément des projets
d’éco-quartiers en cours (« Pou de Les Colobres » à l’entrée Sud de Perpignan, «Les
Faïchettes » à Peyrestortes), la réalisation
d’éco-lotissements, projets moins complexes permettant des retours d’expériences
rapides, est préconisée.
© Roger Hillel
Le CSE présente son rapport d’évaluation
Ville éco-citoyenne
et éco-responsable
(Gérard Hugues)
La population est un acteur incontournable dans le développement durable. Pour
convaincre chacun que le moindre geste
compte, les actions de sensibilisation ne
doivent pas être diluées et éphémères
mais pérennes, destinées à tous et diffusées à travers tous les moyens disponibles. L’Agglo doit donner l’exemple en
relayant les actions exemplaires conduites
à son niveau ou au sein de son territoire
et en facilitant le retour d’expériences
positives auprès des communes et de la
population.
Mobilité durable (Serge Pioli)
L’accélération des effets du réchauffement
climatique dans notre quotidien, la pollution et son impact grandissant sur notre
santé ne permettent plus de tergiverser.
Le « tout automobile est fini ». Il faut
vouloir le changement, rapidement. Pour
prolonger l’action des collectivités (BusTram, réseaux cyclables, plans de déplacements), le CSE a élaboré 21 propositions.
L’avenir se joue aujourd’hui.
Agriculture et alimentation
(Claude Rolland)
© Roger Hillel
Chantal Gombert et Henri Got
Depuis les années 80, le monde agricole
« s’est responsabilisé » pour réduire l’utilisation des intrants et pesticides dans
son activité. Cette démarche doit être
poursuivie et mieux communiquée au
grand public afin de faire changer l’image
négative de l’agriculture en la matière.
Sur le plan de l’autonomie énergétique, le
CSE préconise également la mise en place
d’incitations financières afin de développer cette politique. Par ailleurs, les actions
pédagogiques conduites dans les écoles
devraient être amplifiées pour que les jeunes générations apprennent et intègrent
dans leur quotidien de bonnes habitudes
alimentaires.
Espaces et ressources
naturelles sensibles (Henri Got)
Pour garantir à tous une qualité de l’eau
dans la durée, enjeu fondamental pour
l’avenir, la révision de la politique de
l’eau s’impose, en particulier vis-à-vis de
l’incontournable changement climatique.
Gestion de la ressource, économies d’eau,
protection de sa qualité, mais aussi biodiversité, préservations des espaces naturels, du littoral... Vingt-sept suggestions
ont été élaborées par le CSE sur ces thèmes. Il n’est jamais trop tôt pour agir face
à l’inéluctable, même si les décisions politiques sont parfois difficiles à prendre.
Que voilà un bel euphémisme. Mais les
décisions politiques sont d’autant plus
difficiles à prendre que la volonté politique est déficiente. Convenons que c’est
ce qui manque le plus à l’écrasante majorité des élus communautaires. Que ferontils des 116 préconisations ? Se contenteront-ils de ne mettre en œuvre que celles
qui coûtent peu ou qui ne viennent pas
empiéter sur leur pré-carré politicien ?
Le scepticisme nous gagne lorsque l’on
constate ce qui se passe dans la plupart
des communes gérées par la droite.
Roger Hillel
international
N°3457
Semaine du 13 au 19 avril 2012
Mots de Grèce
Crise grecque. Une étudiante, installée à Athènes pour ses études, témoigne
de la vie quotidienne.
Il faut vivre en Grèce pour comprendre
cette violence et ce désespoir
La « crise » touche toutes les catégories sociales, mais
les fonctionnaires sont les plus touchés. Une infirmière
de l’hôpital d’Athènes n’a pas perçu son salaire depuis
4 mois. Les enseignants idem. L’Etat, qui plus est, leur
dit cyniquement, « si vous ne voulez pas venir travailler,
ne venez pas ». Une professeur du Conservatoire,
considérée comme faisant partie des privilégiés, a vu
passer son salaire de 1 200 ` à 800 ` en quelques
mois, puis à 700 ` depuis le mois dernier.
Les retraites et les allocations type COTOREP sont versées avec un mois et demi de retard. Les frais médicaux
sont en partie remboursés (80 ` sur 200 ` pour une
paire de lunettes par exemple) entre 8 à 12 mois plus
tard. Conclusion, soit les gens ne se soignent plus, soit
ils ne se nourrissent plus pour pouvoir payer.
Le SMIC quant à lui est désormais de 495 `, les retraites de 600 `. Comment continuer à payer un loyer
de 550 ` avec de tels revenus ? Donc les gens négocient le montant de leur loyer. Les propriétaires, qui se
croyaient à l’abri, sont contraints de baisser le loyer,
sachant que plus personne ne peut payer. Un loyer de
550 ` peut très bien être négocié à 250 `. On trouve
même des studios à 50 `.
Le gaz et l’électricité sont très chers, environ 150 `/
mois. Bien des gens ne peuvent payer une telle somme.
Si dans un immeuble, quelqu’un ne paye pas, on coupe
le chauffage collectif à tout l’immeuble. La plupart des
gens ont donc passé l’hiver sans chauffage.
Mais le budget le plus touché, c’est la nourriture. Prendre sa voiture ou manger. Se soigner ou manger. Aller
au bistrot pour chanter et danser (chose qui reste essentielle pour ne pas sombrer) ou manger. Tels sont les
choix quotidiens des Grecs.
Solidarité
Malgré tout, la solidarité s’organise. Il est fréquent que
les petits commerçants, pourtant durement touchés,
laissent partir les gens sans payer. Ils savent que l’argent reviendra vers celui qui a aidé. Et il revient effectivement, dès que les gens le peuvent. Les paysans
viennent de très loin vendre directement leurs pommes
de terre à prix coûtant. Des groupes s’organisent. A
Thessalonique, par exemple, un supermarché a été réquisitionné et la nourriture redistribuée gratuitement à
la population. Même chose pour les médicaments.
Le peuple s’organise donc autour de la solidarité. Mais
ce qui manque cruellement, c’est une initiative politique, même si l’« ennemi » est clairement identifié : le
couple Merkozy. Ici, tous les yeux sont rivés sur Mélenchon et le Front de gauche. On met beaucoup d’espoir
dans sa réussite en France.
Propos recueillis par A-M Delcamp
La charia indésirable
Tunisie. Les progressistes ont engagé une course de vitesse contre les forces les plus rétrogrades de la société.
Les islamistes ont renoncé à imposer la charia comme
source principale de la législation tunisienne.
a riposte citoyenne et républicaine aux tentatives des
islamistes d’imposer leurs lois écrites et morales à la
société tunisienne s’est brusquement amplifiée. Les étudiants
progressistes en ont donné le signal. Le 15 mars, se sont tenues les élections universitaires. Elles concernaient 400 000
étudiants répartis dans 13 universités et 178 instituts. Sur les
284 sièges en jeu, le syndicat de gauche, l’Uget (Union générale des étudiants de Tunisie), en remporte 280 alors que son
rival, l’Ugte (Union générale tunisienne des étudiants), proche
de Ennahdha, n’en gagne que quatre. C’est un véritable
camouflet pour le parti islamiste qui était devenu la première
force politique du pays à l’occasion des élections du 23 octobre 2011. La victoire de l’Uget est d’autant plus remarquable
que les groupes salafistes, peu nombreux mais très violents,
avaient multiplié les incidents dans les universités. Dans celle
de la Manouba (8 000 étudiants), où ils étaient les plus actifs,
les quatre sièges en jeu ont aussi été gagnés par l’Uget. Ce
raz-de-marée sonne comme un coup de tonnerre. Il n’est pas
resté isolé. Le 20 mars, jour de la fête de l’Indépendance,
plusieurs dizaines de milliers de démocrates ont défilé aux
cris de « le peuple veut un État civil, nous ne laisserons pas
voler notre révolution par les esprits obscurantistes ». Ils
réagissaient au rassemblement islamiste du 16 mars devant
le Parlement, à l’appel d’un Front d’associations religieuses
réclamant l’application de la charia.
L
Vers un pôle progressiste moderniste
© Jack Zalium
J
e n’étais pas sur la place Syntagma, devant le Parlement, quand cet homme de 77 ans s’est suicidé
d’une balle dans la tête. Mais sa lettre, son bout de
papier laissé à ses côtés, paru dans Le Monde, ne laisse
aucun doute sur les raisons de son suicide : « Puisque
mon âge avancé ne me permet pas d’être dans l’action,
je ne vois pas d’autres solutions que cette fin digne
de ma vie. Ainsi, je n’aurai pas à fouiller les poubelles pour assurer ma subsistance. » Il a ajouté : « Je
crois que les jeunes sans avenir prendront un jour les
armes et pendront les traîtres de ce pays sur la place
Syntagma, comme les Italiens l’ont fait avec Mussolini
en 1945. »
Les messages accrochés sur le cyprès auprès duquel
il s’était suicidé étaient on ne peut plus clairs et très
violents, assimilant le FMI à la dictature des colonels, la
troïka à l’occupation nazie. « Ce n’est pas un suicide,
c’est un assassinat politique. »
11
Les Grecs sont venus rendre hommage à l’homme
qui s’est suicidé
Mais, ce n’est pas tout. Le 24 mars, plus de 50 partis politiques et 500 associations de la société civile se sont réunis à
Monastir, dans le centre-est tunisien, pour resserrer les rangs
de l’opposition avant les prochaines échéances électorales.
La manifestation a mobilisé une foule de plusieurs milliers
de personnes. Il s’agissait de mettre fin à l’atomisation de
la scène politique, marquée par l’émergence de plus de 120
partis après la chute de Ben Ali. Tirant les leçons de leur
échec lors des élections du 23 octobre dernier, les formations participantes projettent de se rassembler autour de
l’initiative de l’ancien Premier ministre, Beji Caïd Essebssi,
qui prône la constitution d’un front centriste et républicain.
De nombreux partis centristes, dont le parti démocratique
progressiste (PDP) et le parti républicain, d’un côté, et d’un
autre, le mouvement Ettajdid, le parti du travail tunisien et des
personnalités indépendantes, ont déjà engagé un processus
de réunification et envisagent à terme, de former un pôle
progressiste moderniste.
Cet ensemble de faits n’est pas sans rapport avec l’annonce
faite le 25 mars par Ennahdha, de renoncer d’inscrire la
charia comme source de la législation dans le projet de
Constitution en cours de rédaction.
RH
12
sports
N°3457
Semaine du 13 au 19 avril 2012
Flash du XIII
USAP : JIFF, mais que es aixo ?
Super League
En quatre jours, les clubs se sont rencontré deux
fois. Les 4 et 5 avril, trois victoires à l’extérieur :
Castelford à Wakefield 34 à 16, Wigan à St Helens,
28 à 10, et les Drags à Londres 36 à 18, alors que,
devant un public record, le derby a vu la large
victoire du second Hull FC face à Hull KR, 36 à 6.
Pour le week-end pascal, la norme a été respectée
et seuls, Bradford à Widnes, 38 à 4, St Helens à
Castelford, 18 à 12 et Hull KR à Salford, 18 à 10,
ont tiré leur épingle du jeu. Huddersfield conserve
la tête devant Wigan à égalité de points avec les
Dragons, mais ceux-ci ont un match de retard. Pas
de super league le week-end prochain mais la cup.
Challenge Cup, dimanche 15 avril
à 16h : Hull KR – Dragons.
La venue de Warrington y est pour
quelque chose,
mais jamais
on n’avait
connu une
telle affluence
à Brutus, avec un
temps merveilleux.
Le spectacle fut de qualité, non pas pour la victoire
incontestable des locaux, mais on aime voir
ces Anglais basés sur l’offensive et possédant
des individualités incontestables ; cependant, la
défense intraitable et continuelle des Dragons a
mis sous l’éteignoir les tactiques adverses que le
meneur Briers et l’avant Westwood ont su mettre
en valeur. Car le score de 22 à 12 à la pause n’était
pas une sécurité. Mais ensuite, sous la houlette du
meneur Dureau bien en phase avec ses copains,
on a mis à plat les intentions adverses avec des
essais superbes qui firent lever le stade. Vraiment,
quel beau spectacle ! Après la rencontre, un match
amical à XV et à XIII, pour Mucovie, association
de lutte contre ma muciviscidose, a permis de
voir des anciens usapistes et treizistes, à la joie
du public présent ; dommage que pendant le
passage du XV, on n’ait pas invité pour soutenir le pack, le président Goze. Revenons à nos
moutons, avec, ce dimanche, le match éliminatoire
en Angleterre, chez ce club qui est allé gagner
à Salford. Occupant une 9e place, l’ambition de
Hull sera forte. S’ils ont quelque peu perturbé
les Dragons qui ont succombé à Brutus 20 à 12,
depuis, les données ne sont plus les mêmes et
malgré quelques blessés, les Dragons prépareront
sereinement ce match. Leur intention qui est de
briller en Cup et les moyens sont là pour y arriver,
nous le pensons.
Coupe Lord Derby
ASC et Pia iront en finale. La première demi-finale
disputée samedi dernier a été conforme à la logique et l’ASC a bien gagné face à Limoux 36 à 22
après un match offensif. Par contre, dimanche, le
match Lezignan-Pia était indécis avec des équipes
complètes et là, il a fallu déchanter côté audois,
car Pia eut la maitrise du match dans tous les domaines. Ce 24 à 6 à la pause semblait désigner le
vainqueur et ce fut fait en deux temps trois mouvements. Encore une fois Maxime Gresseque fut
la plaque tournante. Ces 2 équipes se retrouveront
donc pour la finale, le 20 mai à Narbonne.
R. Escaro
Non « Mémé », il ne s’agit pas de la dernière marque de lessive sortie, quoique, « rugbystiquement » parlant, elle nettoie… !
P
rofitant d’un nouveau samedi de repos pour l’USAP,
nous abordons un sujet d’actualité dans le monde du
rugby et celui des transferts en particulier, puisque
leur saison officielle ouvre le 20 avril. La saison officieuse,
elle, court depuis plus d’un an, mais gare au président de
club qui déclare tel ou tel transfert avant le 20 avril, ça peut
lui en coûter une amende de 50 000 euros. A l’USAP, aucun
risque car le président est un homme plus que discret !
Qu’est-ce qu’un JIFF ?
Un joueur JIFF, joueur issu des filières de formation, est un
joueur qui a passé au moins trois saisons dans le centre
de formation d’un club de rugby français ou bien qui a eu
une licence de la Fédération Française de Rugby durant au
moins cinq saisons avant ses 21 ans, et qui, dans ce dernier
cas, peut être étranger,
Pourquoi des JIFF ?
Devant la pénurie de joueurs français à certains postes, et
surtout capables de jouer en équipe de France, la Ligue
Nationale de Rugby a décidé d’appliquer actuellement
un quota de 50% de JIFF par club. Sur un effectif de 35
joueurs professionnels dans un club, un maximum de 17
« non JIFF » est donc toléré (18 sur 36 pour les clubs promus). Ce quota passera à 60% en 2013-2014 et limitera
donc les clubs à 14 « non JIFF » sur 35 (15 sur 36 pour les
clubs promus).
Il ne s’agit pas pour autant de « préférence nationale » car,
pour être en conformité avec les directives européennes sur
la libre circulation des travailleurs, la définition de JIFF n’a
aucun rapport avec la nationalité du joueur. En effet, tel
joueur de nationalité française, ayant débuté le rugby relativement tard, ne sera pas considéré comme JIFF (Jérôme
Thion est non JIFF car il était basketteur dans sa jeunesse).
Tandis que, par exemple, un jeune Fidjien sera JIFF à l’issue
de sa formation dans un club français.
Les clubs français contournent la loi
Les clubs français, avertis depuis quelques années, font entrer dans leurs équipes de jeunes (juniors en général, mais
parfois cadets) des joueurs venus souvent des îles (Tonga,
Samoa, Fidji en particulier) et ces jeunes seront, dans trois
ans, considérés comme JIFF à part entière : le S.U.Agen fait
rentrer des Iliens par pirogues entières, Clermont a sa filière
de Géorgiens et de Fidjiens.
La riposte de la Ligue Nationale de Rugby
Si le modèle qui prévaut désormais au volley est généralisé
aux autres sports et au rugby en particulier, cela signifie
qu’il faudra qu’à chaque match, 50% des 23 joueurs de la
feuille de match soient des JIFF. Les quotas JIFF devraient
alors être calculés chaque semaine en vue de former l’équipe du week-end et non plus seulement en début de saison
au moment de boucler le recrutement.
Une réforme qui ne serait pas sans poser de nombreux problèmes dans le dossier déjà très épineux des JIFF, car un tel
système ne prend pas en compte les blessures des joueurs
et les éventuels doublons (équipe de France) qui privent
certains clubs d’une partie de leurs joueurs français.
En Italie, dans les équipes engagées en Ligue Celte, 18
des 23 joueurs doivent être de formation transalpine et ce,
afin de protéger les intérêts de l’équipe nationale Italienne.
Alors qu’en France et au R.C. Toulon en particulier, il arrive qu’actuellement il n’y ait que 2 JIFF sur la feuille de
match !
D’ailleurs, avec le système actuel, et en extrapolant un peu,
© USAP
JIFF, non-JIFF, un problème de plus pour l’USAP
on pourrait imaginer l’équipe de France championne du
Monde en 2019 ou 2023, avec 15 joueurs fidjiens (ou 23
sur la feuille de match), à partir de l’instant où ils seraient
tous JIFF. A vous de leur trouver un nom : les Fidjiff par
exemple !
Que vaut alors un joueur français ?
A l’heure actuelle, effectuer un recrutement pour les saisons suivantes relève d’un véritable casse-tête et d’un
énorme parcours du combattant. En effet, la cote financière des JIFF commence à grimper très sérieusement pour
les raisons invoquées précédemment, Tel agent de joueur
le présentera comme JIFF avant de préciser s’il est bon ou
pas et réclamera le salaire d’un joueur ayant plusieurs sélections en équipe nationale.
De fait, la cote des joueurs français augmente très fortement et les Français internationaux et JIFF sont à des prix
inabordables pour un club moyen comme l’USAP entre
autres. Le nettoyage se fait donc dans certains clubs qui
libèrent des « non JIFF » en fin de contrat, même s’ils ont
fait leur preuve comme Rudy Coetzee ou encore Ovidiu Tonita à l’USAP, car en les gardant le club s’expose à dépasser
les quotas requis.
En conclusion,
JIFF bonne ou mauvaise idée ?
Dans le rugby professionnel actuel, existe une gigantesque
course à l’armement. Les clubs très fortunés, en plus de s’attacher les services de joueurs étrangers très cotés, « achètent » des JIFF qu’ils ne prennent que pour les quotas, qu’ils
paient plus cher, quitte à les laisser sur le banc de touche
une grande partie de la saison (peut-être Nicolas Durand
au R.C.Toulon !). De ce fait, des clubs aux finances beaucoup plus modestes, comme Bordeaux ou encore l’USAP,
se retrouvent coincés au niveau de leur recrutement : les
joueurs français coûtent plus cher et ils ne peuvent recruter
autant de « non JIFF » qu’ils le souhaiteraient. C’est peutêtre pour eux le début d’une longue agonie !
Le JIFF est une très bonne idée, mais, si la Ligue Nationale
de Rugby veut rester une pépinière de jeunes talents français pour l’équipe de France, elle se doit de mettre en place
une réglementation plus stricte encore pour éviter que les
clubs ne contournent les règles.
L’avenir des clubs et les succès du XV de France en dépendent en particulier !
Jo Solatges
communiqués
N°3457
Semaine du 13 au 19 avril 2012
Victoire pour le repos dominical
de tous les salariés !
Condamnation confirmée pour Auchan Perpignan.
G
râce à la mobilisation intersyndicale des salariés du commerce le 31 juillet 2011, et au référé
porté par la CGT66, Auchan Perpignan avait été
condamné, en août dernier, pour ouverture illégale.
La cour d’Appel de Montpellier a confirmé jeudi 5 avril
2012 « dans toutes ses dispositions » ce jugement et a
condamné Auchan à payer des dommages et intérêts aux
organisations syndicales. C’est indiscutablement une victoire pour tous les salariés du commerce dans la défense
Victoire en appel
dans le dossier Auchan
Habitat et Humanisme
P.-O. se mobilise
contre la mal-logement
Samedi 14 avril 2012 de 14h00 à
18h30 sur la Place de la République
à Perpignan
’association Habitat et Humanisme, en partenariat avec la
compagnie Le Fil en Aiguilles,
organise une journée d’action contre
le mal logement. Elle réunira des
intervenants sociaux, des artistes
(plasticiens, musiciens, comédiens),
sur une place publique afin d’interpeller et d’impliquer directement les
citoyens perpignanais. L’objectif est
de sensibiliser la population sur ce
phénomène social et de faire émerger
des interrogations afin d’initier un
débat participatif.
Contact : Gwenaëlle Le Gac - gwen.
[email protected] - 06 24 30 05 43
L
de leur droit au repos dominical. La CGT66 appelle néanmoins tous les salariés de toutes les branches à rester vigilants et à se mobiliser pour préserver leur droit au repos
dominical, attaqué en ce moment même par le gouvernement pour les salariés du secteur du bricolage.
Elle appelle Monsieur le Préfet des P.O. à faire respecter le
droit du travail partout dans le département et à refuser le
chantage des lobbies de la grande distribution.
UD CGT 66
D
ans son arrêt du 5 avril 2012,
la Cour d’appel de Montpellier confirme en toutes ses
dispositions l’ordonnance de référé
du 5 août 2011. La société AuchanPerpignan reste condamnée à maintenir fermée son enseigne le dimanche dès lors qu’elle ne renonce pas à
une ouverture le lundi suivant.
Le dernier rempart que constitue
l’arrêté préfectoral du 23 septembre
1965 a tenu bon et a été jugé comme respectant la légalité malgré les
tentatives du groupe Auchan. Cette
deuxième victoire conforte notre action légitime du 31 juillet dernier. Elle
renforce le droit au repos dominical
pour tous les salariés de notre département. (…)
Ce jugement clarifie encore un peu
plus la situation de notre département et doit porter un coup d’arrêt
au lobbying de la grande distribution
qui prône une libéralisation du travail
le dimanche.
(…) Plus que jamais, nous restons
mobilisés sur la défense du droit au
repos hebdomadaire le dimanche.
Les consommateurs ne dépenseront
pas l’argent qui leur manque en semaine, les dimanches ! La grande
distribution doit pouvoir se contenter
des 6 jours sur 7 et 13 heures par
jour d’ouverture ! Seule une véritable
augmentation de nos salaires renforcera notre pouvoir d’achat et relancera ainsi la consommation !
Le Secrétaire Général de l’UDFO66
Jérôme Capdevielle
13
Kermesse de l’UNRPA
Comme chaque année l’Union Nationale des Retraités
et Personnes âgées (U.N.R.P.A.) section de Ponteilla,
organise sa kermesse le dimanche 15 avril 2012 à partir de 9 h 30 au foyer rural.
Stands : pâtisserie, fleurs, enveloppes, tombola, stand
information U.N.R.P.A.
Apéritif : 12 h.
Tirage tombola : 16 h 30.
Pour toute information vous pouvez appeler Annie : 04 68
21 82 03 - Brigitte: 04 68 53 32 81.
Quel avenir
pour la protection sociale ?
Table ronde le 16 avril à 18h30. Auditorium du Centre
hospitalier de Perpignan. Animée par Dominique
Sistach, maître de conférence, juriste,
vec la participation de Daniel Billard, secrétaire général
de la MGET, Jean-Claude Rousson, administrateur
national de la MGEN, Alain Gianazza, vice-président national de la MNT, Daniel Besson, président du conseil de la
Caisse primaire des P.-O.
A
annonces légales - annonces légales - annonces légales
VILLE DE CABESTANY
SERVICE URBANISME
SCP « Xavier CASSOU et Laurence PICART, Notaires associés » Titulaire d’un Office Notarial en la
résidence de NANTES, 9, rue du Chapeau Rouge
FERREIRA ANTONIO
APPROBATION DE LA MODIFICATION
SIMPLIFIEE DU PLAN LOCAL D’URBANISME
Acte de Me Catherine LE ROUX, notaire au sein de la SCP en date du 29/03/2012,
enregistré au SIE de NANTES SUD-EST, le 05/04/2012, Bord. N° 20128/992 Case n°3,
contenant CESSION :
SARL au capital de 10000 Euros
6 carrer d’en cavailles,
66160 Le Boulou
530700657 R.C.S. Perpignan
Par délibération en date du 28 mars 2012, le Conseil Municipal de Cabestany a décidé
d’approuver la modification simplifiée du Plan Local d’Urbanisme.
Par : la Snc PARMACIE BARBEROUSSE MAHOUX GABAUDE au capital de
2.591.640,00 `, ayant son siège social à LE BARCARES (66420) 66 avenue du Grau
Saint Ange, SIREN 437 727 746 RCS PERPIGNAN
Par décision de I’Assemblée Générale Extraordinaire en date du 5 avril 2012 il a été pris
acte de changer la dénomination de la société, et de modifier corrélativement l’article
Article 3 des statuts.
Au profit de : La SELARL PHARMACIE SAINT ANGE, au capital de 400.000,00 ` ayant
son siège social à LE BARCARES (66420) 66 boulevard du Grau Saint-Ange, SIREN
750 356 651 RCS PERPIGNAN.
Ainsi, à compter du 5 avril 2012, la dénomination sociale de la société est désormais :
Le dossier de modification simplifiée approuvé est à la disposition du public, à la mairie – Direction des Services Techniques et Urbanisme, aux heures et jours d’ouverture
et à la Préfecture.
Rectificatif à l’annonce parue dans Le Travailleur Catalan, le 30 mars 2012, concernant
la société ELECTRICITE ESCACH, lire siège social: 2 rue El Carrero en lieu et place de
siège social: 2 rue EL Carrerou
D’UN FONDS DE COMMERCE : OFFICINE DE PHARMACIE, PARAPHARMACIE ET PLUS
GENERALEMENT TOUTES ACTIVITES AUTORISEES POUR LES PHARMACIENS PAR
LE CODE DE LA SANTE PUBLIQUE, connu sous l’enseigne et le nom commercial :
« PHARMACIE SAINT ANGE »
SCI MARACUTAIA
Au capital de 1000 `
24, rue François Coppée
66000PERPIGNAN
RCS 503 848 178 00011
Située et exploitée à LE BARCARES (66420), 66, Avenue du Grau Saint Ange,,
Prix : QUATRE MILLIONS TROIS CENT MILLE EUROS (4.300.000,00 `)
Entrée en jouissance :
Oppositions : au siège de la S.C.P. SOLER GAUBIL BOYER FOURCADE, huissiers de
justice associés, 567 Felix Trombe (66100) PERPIGNAN, dans les 10 jours suivant la
dernière en date de la présente insertion et de la publicité au BODACC.
Pour insertion
Par décision de l’assemblée générale extraordinaire en date du 4 Avril 2012 il a été
décidé de transférer le siège social de la société au : 1, Impasse de la Bardère à Pézilla
la Rivière 66370.
Le Notaire
Paysallées
Mention en sera faite au Registre du Commerce et des Sociétés de Perpignan
Le Travailleur Catalan
est habilité à publier les annonces
légales et judiciaires.
Renseignements
au 04 68 67 00 88
ou au journal, 44 avenue de Prades - Perpignan
Lundi - Mercredi - Vendredi : 14h à 18h
Fax 04 68 67 56 14
14
culture
N°3457
Semaine du 13 au 19 avril 2012
A l afFiche
Perpignan
Librairie Torcatis. Vendredi 13 avril à
18h. Dans le cadre des 30 ans sur la
loi du prix unique du livre, rencontre
avec Patrick Bard. Entrée libre.
Théâtre Primavera. Samedi 14
avril à 20h30. Spectacle Contes
burlesques de la Renaissance
par Cédric Debarbieux. Tarif :
5 `.
Maison de la Catalanité. Dimanche 15
avril à 17h. Spectacle « Edith, la fille
au père Gassion », écrit et réalisé par
Hélène Darche et Linda Chaïb. Renseignements : 06 50 10 37 12.
Arsenal, salle Marcel Oms. Mardi
17 avril à 19h. Projection du film
Eve de Joseph L. Mankiewicz,
oscar du meilleur scénario et du
meilleur réalisateur. Renseignements et tarif : 04 68 34 09 39.
Bibliothèque Bernard Nicolau. Du 18 au 28
avril. Exposition des réalisations artistiques
et littéraires des écoles maternelles et
élémentaires. Entrée libre.
Edgar Morin étrillé
Les Lettres Françaises. Le supplément à l’Humanité du
5 avril a consacré un article élogieux au dernier livre de
Jean Jacob*, maître de conférences en sciences politiques à l’université de Perpignan.
À
tous ceux qu’agacent la présence envahissante d’Edgar
Morin dans les médias et
ses nombreuses sentences prophétiques sur le monde tel qu’il va, il faut
conseiller la lecture du livre que Jean
Jacob a consacré à l’inventeur de la
« pensée complexe ». Ils y trouveront
matière à se réjouir en lisant le portrait
au vitriol que l’auteur fait d’Edgar Morin, un portrait qui insiste tant sur le
narcissisme satisfait de Morin que sur
la vacuité de ses théorisations. Dans
un monde intellectuel bien trop sage
et normé, retrouver un peu de la verve
pamphlétaire qu’on pouvait affectionner dans l’entre-deux-guerres s’avère
réjouissant. Surtout quand l’objet du
pamphlet mérite une telle attention.
En effet, derrière les formules hyper-
Bages
Cabestany
Centre culturel Jean Ferrat. Du 10
au 23 avril. Exposition « Languedoc
Roussillon, carrefour des suds, 18902010 ». Gratuit.
Centre culturel Jean Ferrat,
Salle Abet. Vendredi 20 avril à
21h. Spectacle « Emma » par
Lato Sensu, mise en scène de
Dominique Bréda. Tarif : 6-10 `.
Canohès
Théâtre du Réflexe. Samedi 14 avril à
15h. Concert lyrique « Mélodies, opérette, opéra » présenté par l’ensemble
Claude Debussy. Tarif : 10-12 `.
Ortaffa
Dimanche 15 avril à 15h30.
Théâtre en catalan. La troupe Tres Estelles présente
« Dues pomes i un pinyol »,
une comédie burlesque en
cinq tableaux. Entrée libre.
Saint-Michel-de-Llotes
Dimanche 15 avril à 15h. Découverte
du village, de son habitat traditionnel
et de son musée de l’agriculture
catalane. Tarif : 3 `
Confrontation. Les Amis du Travailleur Catalan ont, selon une tradition bien établie,
organisé le pot de l’amitié mercredi dernier au Palais des Congrès.
S
elon une habitude établie depuis de nombreuses
années, le Festival Confrontation a accueilli le Travailleur Catalan et ses amis pour un pot de l’amitié.
Une trentaine de participants ont écouté les mots d’accueil
du président de l’Institut Jean Vigo, Michel Cadé, du directeur du Festival, Alain Loussouarn et du rédacteur en chef
du T.C., René Granmont.
Michel Cadé a rappelé le long compagnonnage existant
entre un festival qui vit depuis 48 ans et le journal qui existe depuis 1936. Alain Loussouarn s’est félicité de la réussite
de cette édition de Confrontation.
René Granmont devait ensuite déclarer :
« Cette année, le thème choisi est celui de « la ville au
cinéma », thème ô combien actuel. (…)
La ville, lieu de travail, lieu de la transgression aussi, lieu
de la modernité et lieu d’espoir pour ces millions d’êtres
humains qui la rejoignent chaque année, la ville, donc, est
ainsi devenue le lieu où se cristallisent plus qu’ailleurs, passions et folies, déviances et exubérances, outrances et innovations. Aussi est-il plus facile de capter et sentir en son
sein, battre le cœur d’une nation, ressentir les aspirations
de son peuple.
Toulouges
El Mil.lenari. Vendredi
20 avril à 17h. Projection
du film « Bons baisers de
Guangzhou : Race of love »
Renseignements : 04 68 56
51 11.
rence de telles affinités : la complexité
du monde tel que le théorise la pensée complexe d’Edgar Morin tend à
obscurcir le réel plus qu’à en explorer
tous les contours. Et face à une telle
complexité obscure, le modérantisme
politique et social s’avère au final justifié. Dans le paysage politique et intellectuel dominant, Edgar Morin a tout à
fait sa place… pour le pire.
*Edgar Morin. La fabrique d’une
pensée et ses réseaux influents.
Éditions Golias, 2011, 14 euros.
La ville… cœur des nations
© Jean Quillio
Casa Carrère. Vendredi 20 avril,
18h30. Vernissage de l’exposition
du peintre catalan Michel Arnaudiès. Entrée libre.
boliques de Morin, son langage aussi
alarmiste que lénifiant qui invoque tour
à tour la « Terre-Patrie », la « post-humanité », « l’auto-éco-organisation »,
on trouve une « philosophie de salle
d’attente », dont Jean Jacob pointe
l’absence de rigueur conceptuelle et
les effets de manche intellectuels.
Mais les lecteurs auront aussi beaucoup d’éléments pour comprendre la
fascination qu’un certain nombre de
médias français, dont le Monde, et
d’hommes politiques, de Jean-Pierre
Raffarin à Ségolène Royal, entretient
pour le sociologue. Cette fascination
s’explique par la construction méthodique de « réseaux influents », allant
de la gauche rocardienne jusqu’aux
rivages de la droite conservatrice.
Jean Jacob pointe avec clarté la cohé-
Michel Cadé, René Granmont et Alain Loussouarn
La ville est aussi le lieu du pouvoir, celui des oppressions
mais aussi des révolutions. J’en veux pour preuve le rôle
joué par les villes, en particulier par les places des grandes
villes dans les mouvements politiques de la dernière période : place Tahrir au Caire, place des Indignados à Madrid
ou Barcelone, place de la Bastille ou du Capitol dans la
campagne présidentielle française…
Le fait urbain est donc un phénomène structurant de notre
époque et le cinéma ne pouvait naturellement qu’y faire
le plus large écho en tant qu’art de la modernité. C’est
la ville, ou plus exactement l’urbanité, qui réunit dans le
même creuset Métropolis et Playtime, Gangs of New-York
et Tchao Pantin, Manhattan et Persépolis.
La ville au cinéma, vue et vécue comme lieu des possibles,
lieu des rêves et de l’utopie. Lieu idéal du décor aussi. Que
serait Taxi driver sans Manhattan, Little Odessa sans Brooklyn, Marius et Jeannette sans Marseille? Mais la plupart
des films ne se servent pas de la ville uniquement comme
d’un décor, mais aussi comme d’un élément constitutif de
l’intrigue. C’est par leur présence que ces territoires urbains procurent l’émotion, suscitent les réflexions recherchées par le réalisateur. Le Travailleur Catalan qui veut être
toujours mieux à l’écoute des évolutions de la société, des
aspirations populaires, ne pouvait donc que se réjouir du
choix qui a été fait pour ce festival Confrontation.
Confrontation… quel beau nom d’ailleurs qui, me semblet-il, résonne bien en cette période de débats économiques
et politiques. Débats dans lesquels la culture, l’art et le cinéma en particulier ont un rôle important à jouer.
Car dans cette relation de dialogue entre l’individu et son
semblable, d’offrande réciproque, de création de pensées et
de rêves, de poésie et de beauté, d’harmonie et de disharmonie, d’observation, de conscience, de transformation, de
jouissance du temps, d’introspection et d’expression que
représente, comme tout œuvre d’art, un film, il y a risque
de bonheur certes, mais aussi risque d’affrontement avec la
doctrine culturelle que veulent nous imposer les sectateurs
de la concurrence et des marchés. »
culture
N°3457
Semaine du 13 au 19 avril 2012
15
« De Marx, on a surtout retenu la notion de capital… »
Fêlés du bocal. Où l’on a parlé de moutons morts, de garage punk et de crépi qui s’effondre sous les riffs de guitare énervés
de The Mythics.
Q
uand on leur demande « Pourquoi ? », Shaul
met ça sur le compte d’une enfance difficile,
un rapport compliqué à l’autorité. Groupe de
punk-garage-rock tout droit émergé des entrailles de la scène underground perpignanaise, les gars
de The Mythics sont principalement intéressés par la
bouffe et le bon vin, en plus d’être excessivement doués
pour le rock’n roll.
The Mythics sont quatre garçons dans le vent : « Francklemagnifiqueplusbeauquepaulnewman » à la batterie,
(ayant déjà sévi au cours de la dernière décennie au sein
des Beach-Bitches, Ugly Things, ou autres Gardiens du
Canigou), « Awesome Wom » à la basse et au chœur (ex.
Hippy Killer, B-sights, Tireurs d’elitres), « Shlomo aka The
Amazing Jew », guitariste et chanteur (ex. Red Ramona)
et Shaul, guitariste et choriste (ex. Mighty Go-Go players,
Fenecs).
Formé fin 2010, d’abord sous le joli nom des Crate and
the dead sheeps (« Crate » pour la marque de l’ampli que le groupe a un jour bousillé, « dead sheeps »
à chercher en français dans le texte), le groupe décide
d’abandonner son label de groupe-punk-alternatif-avecun-nom-trop-dur-à-retenir-qui-parle-d-animaux-morts
pour offrir au public un présentoir plus sobre, accrochant
mieux aux neurones. Délaissant leurs petites laines pour
des cuirs classieux, les quatre rockers sortent de leur caisson et deviennent « The Mythics ». Un nom bien prétentieux, qui sied si bien à leur nouvelle image de « love
song makers ».
Côté musique, leurs influences sont principalement anglophones : The New Bomb Turks, The Cramps, The Ramones. Mais aussi Les garçons bouchers, Blues projet,
… Trust et Nino Ferrer pourquoi pas. Kiss et Joe Cocker dans un mixer. Bref, du rock’n roll et du « keupon »
jusqu’à plus soif, et plus si affinités… A côté de leurs
compositions originales, on trouve aussi quelques reprises : « Baby Jane » (Dr Feelgood) , « Gay bar » ( Electric
Six ), …
Après un prêt contracté à la banque postale, le groupe
est parti à l’assaut des mille-et-une tavernes perpignanaises et autres enfers musicaux catalans. Du Elmediator
au restaurant Cuisine Indépendante, en passant par le
bar de La Divine Comédie, ils jouent de la grosse caisse et
de riffs de guitare groovy pour faire danser les filles sous
les néons violets et chauffer les loubards sur le capot de
vieilles R5. Définitivement taillé pour la scène, le groupe
se vante déjà d’avoir fait craquer le crépi du « Tinc Set »,
lors de son dernier passage remarqué dans le caveau
perpignanais.
Et la fête du Travailleur Catalan ? Pour The Mythics, avant
le rendez-vous politique, ce sera surtout l’occasion de
participer à une belle fiesta. « On n’a pas de message
politique. De Marx, on a surtout retenu la notion de capital » se moque Shaul en piquant la fameuse réplique de
Jacques Brel dans le film de Claude Lelouch, « L ‘aventure, c’est l’aventure ».
En attendant leur grande aventure à eux, le groupe continue d’enregistrer de nouveaux morceaux. D’ores et déjà
en projet, la réalisation d’un quarante-cinq tours, un clip
avec de jolies filles dedans et une nouvelle formation de
rythm and blues pour Frank, Shaul et Shlomo. A noter :
The Mythics seront en concert au bar « La Divine comédie » lors de la prochaine fête de la musique. Un tour de
chauffe à ne pas manquer avant leur passage sur la fête
du TC, le 29 et 30 juin prochain.
J.Z.
La musique, facteur de dialogue entre peuples et continents
Festival de musique sacrée 2012. Illustration du rôle de lien de la musique avec le final du festival, un film et des musiques
autour de la Palestine
T
out au long de la semaine passée,
le festival a déroulé une programmation mêlant avec bonheur musiques d’Orient, d’Occident et des
Amériques. Une édition 2012 qui est celle
des adieux pour Marie-Françoise Barbera
qui a porté la manifestation 18 années
durant. C’est Elizabeth Dooms qui, désormais, en tiendra les rênes.
Autre caractéristique de cette édition, la
diversité des lieux de concert, théâtre,
église Saint-Matthieu, la Réal, à chaque
soirée, un écrin adapté. On a ainsi savouré
des duos de Bach depuis les hauteurs de
l’orgue de la Réal avec voix (soprano et
haute-contre) et violon, belle prestation
de l’Ensemble Céladon. Quant au concert
Scarlatti à Saint-Matthieu, il restera dans
les mémoires, nous a-t-on rapporté.
Le final se passait au Théâtre, dans la sobre salle du Carré, avec la Palestine au
centre.
Un film, d’abord, « My land » de Nabil
Ayouch, réalisateur aux origines juive
et arabe, touché au plus profond par le
conflit israélo-palestinien. Pour ce film, il
a dépassé son refus de mettre les pieds
en Israël, est allé au-devant de jeunes
Israéliens nés et vivant dans ce pays, les
a fait parler. Il a fait de même avec des
Arabes de Palestine exilés au Liban depuis
1948, connaissant une vie précaire dans
des camps de réfugiés. La mise en regard
des propos est saisissante : d’un côté, la
douleur toujours vive de la perte et de la
spoliation, l’espoir tenace du retour, de
l’autre, tout un éventail de sentiments,
du déni à une forme de culpabilité, en
passant par l’affirmation de son bon droit
(« je suis ici chez moi, je défends ma maison ») ou à la volonté du vivre ensemble
(cette chaleureuse jeune femme qui souhaite le retour des réfugiés). L’immensité
de la tragédie prend à la gorge, surtout
quand le réalisateur fait écouter aux
jeunes les témoignages des Palestiniens.
Pour la plupart, c’est la découverte d’une
histoire tue, « jeunes sans mémoire » entend-on dans le film. Et quel contraste entre ces visages de jeunes gens heureux de
vivre, tournés vers l’avenir et ces autres,
ravinés, usés, qui s’animent au souvenir
des oliviers sous lesquels ils aimaient dor-
mir, des pièces de leur maison, de cette
terre toujours leur.
Autres couleurs de la Palestine avec le
concert du soir : « Vertiges du sacré de
la Venise du seicento aux rives de la Palestine » par le Concerto Soave, beau et
envoûtant poème musical aux accents
d’Italie et de Palestine. On y entendait,
notamment Moneim Adwan, Gazaoui
exilé, au chant et à l’oud, entouré de la
fabuleuse soprano argentine, Maria Cristina Kiehr, du luthiste Matthias Spaeter et
de la gambiste Christine Plubeau.
Jean-Marc Aymes, claveciniste et organiste, a fondé l’ensemble il y a 20 ans . Un
homme du sud, Audois d’origine, il vit à
Marseille, et se passionne pour « les croisements musicaux », notamment le répertoire italien de XVIIe siècle, quand Venise
était la porte de l’Orient. Soave ? « Le
concept de suavité est prégnant dans ces
musiques, on cherche à convaincre par la
suavité ». Le hasard lui a fait rencontrer
Moneim Adwan qui a mis en musique les
poèmes de Mahmoud Darwich, « les affinités entre ces textes et les textes sacrés
du Cantique des Cantiques sont frappantes ». « Il y a notamment une berceuse sur
le thème de la mère qui voit dans son enfant celui qui va être sacrifié, on retrouve
la même chose chez Mahmoud Darwich,
la mère représentant la Palestine. » JeanMarc Aymes est heureux d’avoir joué ces
programmes au Liban, à Rome... Toujours
à la recherche d’expériences et d’innovation, il fait également de la musique
contemporaine, des concerts en soliste,
revenant régulièrement au Concerto
Soave, cette « belle aventure humaine et
musicale ».
NG
Languedoc-Roussillon,
carrefour des Suds, 1890-2010
Coup de soleil des Pyrénées-orientales,
Aefti-LR et la Maison des quartiers de la
ville de Cabestany vous convient au vernissage de l’exposition : « Languedoc-Roussillon, carrefour des Suds, 1890-2010 ».
Rendez-vous le vendredi 13 avril de 18h30
à 19h30 au centre culturel Jean Ferrat à
Cabestany. Le vernissage sera suivi d’une
projection-débat, de 19h30 à 20h30, du
film: « Zoo humain ».
La soirée se clôturera par le partage d’un
apéritif. Cette exposition, conçue par le
groupe de recherche Achac, a été prêtée
gracieusement par la direction régionale de
la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion
sociale du Languedoc-Roussillon.
Exposition ouverte au public du 10 au 23 avril.
16 humeur
N°3457
Semaine du 13 au 19 avril 2012
Dans la république des enfants ...
D
ans la république des enfants,
ça s’agite beaucoup à l’approche des présidentielles. Les
discussions sont très animées
dans les cours de récréation.
- Sarko, il est nul ! il ment comme il respire :
il veut rien changer, mais il dit qu’avec lui
ça va changer. Il est bête : il a pas compris
que c’est lui qu’on veut changer. A la maison, dès qu’il est à la télé, avec ma sœur,
on tire la langue et on tourne le dos. Ma
sœur même, elle dit que sa petite Giulia
est à plaindre parce que, dans son palais
de l’Elysée, elle a pas de copines, et qu’entre une grande duduche et un petit agité,
nerveux et plein de tics, elle s’ennuie. Son
frère aussi, il s’ennuie tellement à l’Elysée
qu’il tire des fléchettes sur les gendarmes
qui sont devant la porte. Moi, si je tirais
des fléchettes sur la voisine, mon père, il
m’en mettrait une trempe. Ouais ! Mais
mon père, il a des principes. Et il est pas
président bling-bling. Mon père, il est de
gauche, même qu’il dit « plus à gauche
que moi y a pas ». Ma mère aussi, elle est
de gauche, mais elle gronde souvent mon
L’actu
père, parce que quand il fait des choses
pour le ménage, elle le trouve trop gauche. On se marre à la maison, même si
l’on a pas beaucoup de sous. Ma grande
sœur, elle aimerait qu’on en ait davantage, ma mère aussi d’ailleurs.
Un bateau ou un pédalo ?
- C’est pour ça que vous êtes de gauche
chez vous, c’est parce que vous n’avez pas
de sous. Pour en avoir il faut être de droite ! Moi, mon père et ma mère, ils sont
riches. Ils ont plein de voitures et de bijoux en or. Mon père il a même une Rolex
comme le président. Ils m’ont dit qu’avec
Sarkozy, ils étaient devenus encore plus
riches et qu’ils ont envie de continuer à
s’enrichir encore un peu pour nous mettre,
mes frères et moi, dans l’enseignement
privé et pour se payer un bateau…
- Un bateau ! Même pas vrai… ta mère,
elle a dit à ma mère que ton père, il sait
pas nager et que ses affaires, c’est pas
brillant-brillant. Si tu crois que Sarko, il va
te payer un bateau…
- Hollande, à toi, il pourra te payer qu’un
vue par Delgé
pédalo, parce que lui, c’est le roi des pédalos. C’est Mélenchon qui l’a dit.
- Moi, ma mère, mon père, mon grand frère, c’est pas un bateau qu’ils veulent. Ils
disent que les galères, ils les connaissent
toutes. Ils veulent un vrai boulot. Ils disent
qu’avec un vrai boulot, on peut s’acheter
autre chose que des patates, des nouilles
ou des conserves. Même que mon grand
frère, il m’a dit que la nuit, il fait des rêves
d’une chambre où il aurait plein de téléphones portables et d’ordinateurs, alignés
comme dans les grands magasins…
Il faut bien travailler à l’école !
- Moi, ma mère elle dit que pour avoir tout
ça, il faut bien travailler à l’école….
- Ouais, mais pourquoi qu’avec Sarkozy, il
y en a plein qui travaillent bien à l’école et
qui n’ont rien…
- Même qu’il y en a qui travaillent bien,
qui n’ont rien, même pas des papiers,
et qu’il veut les renvoyer en Afrique ou
ailleurs…
- Moi, je suis petit, je comprends pas bien
toute la politique, mais à la télé, il y a ceux
que j’écoute, qui m’intéressent, parce que
je sens que je peux avoir confiance, et les
autres, ceux qui veulent nous embrouiller,
nous rouler dans la farine. A droite, ils ont
beaucoup trop de farine. Et puis la farine,
il faudrait pas la gaspiller comme ça parce
qu’il y en a qui n’en ont pas assez. Même
qu’ils vont aux restos du cœur. Ma mémé,
elle dit que c’est une honte et elle a raison. Ma mémé, elle est bonne comme le
bon pain que l’on fait avec la bonne farine,
et elle ne supporte pas que l’on manque
de pain. Elle est généreuse, ma mémé,
c’est elle qui me garde, qui me protège,
qui m’élève comme ils disent les grands.
Je crois qu’elle m’élève bien, comme ça
je vais grandir-grandir… Et ma mémé, je
sais que vous avez deviné pour qui elle
va voter… Pour celui qui, comme elle, est
généreux et pas égoïste pour deux sous.
Pour celui qui veut que ça change pour
de vrai ! Pour celui qui ne veut plus que
l’on gaspille la farine, mais qui veut qu’on
la partage.
Jean-Marie Philibert