Vestiaire 39 - Templiers

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Vestiaire 39 - Templiers
Juin 2012 - n°39
www.vestiaires-magazine.com
P r e m i e r
m a g a z i n e
c o n s a c r é
a u x
é d u c a t e u r s
d e
f o o t b a l l
"Le 1er objectif
du gardien ?
Ne pas toucher
le ballon"
ENTRETIEN avec
Christophe Lollichon
DOSSIER
STRATEGIE : LES CORNERS TIRÉS À 2 l TABLEAU NOIR : LE RÉCIT TACTIQUE DE RÉGIS BROUARD l
ENTRAINEMENT : JEU DE VOLÉE EN ZONE DE FINITION l MANAGEMENT : RECOMMANDER UN AMI l
FOOT ANIMATION : 10 JEUX LUDIQUES POUR U7-U9
Abonnement
12 numéros : 54 €
Prix au numéro : 6 €
Le remplacement
en questions
Edito
Remplacer c'est jouer
l fait partie, au même titre que le
I
dre bien des formes et soulève bien des
coup d'envoi ou la rentrée de
questions. À quel moment de la partie
touche, des actions stratégiques dont
doit-on effectuer son premier change-
l'entraîneur sous-estime bien souvent
ment ? Doit-on remplacer un joueur
l'importance. Le remplacement est, dans
auteur d'une piètre performance… mais
la majorité des cas, une routine qui
qui vient de marquer un but ? Est-il
répond à la nécessité de faire sortir un
conseillé de faire sortir deux joueurs à la
joueur fatigué, blessé ou "transparent". Or,
fois ? Le remplacement sanction, après
c'est aussi et surtout l'un des rares
seulement 15 ou 20 minutes de jeu, est-il
moments, à l'image de la causerie, où le
recommandé ? Comment utiliser un
coach a la possibilité d'impacter sur la
joker ? Etc… Autant d'interrogations que
rencontre. Un moment privilégié, donc,
qu'il convient de d'appréhender avec le
plus grand sérieux. Décider de changer
un joueur ne doit pas être (toujours) un
fait de jeu que l'on subit. Ce doit être aussi
un outil de coaching et de management
qui vise à créer un problème supplémentaire à l'adversaire, ou à délivrer un message… Car le remplacement peut pren-
Vestiaires
Directeur de la publication/
Rédacteur en chef :
Premier magazine consacré
aux éducateurs de football
Administrateur des ventes :
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69 602 Villeurbanne Cedex
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Julien Gourbeyre
Pascal Muller
Responsable Marketing :
L'un des rares
moments, à
l'image de
la causerie, où
le coach a
la possibilité
d'impacter sur
la rencontre
nous avons choisi ce mois-ci de soulever
dans notre dossier. Plusieurs techniciens,
oeuvrant à des niveaux différents, nous
ont livré leur point de vue. Bien sûr, la
vérité est nulle part. Seul compte le partage des opinions, première pas vers l'intime convinction. Bonne lecture à tous.
■ Julien Gourbeyre, Directeur de la rédaction
Rédaction :
Impression
Antoine Armand, Julien Gourbeyre,
Olivier Goutard et Pierre Benoît.
Imprimerie Chirat
744 rue de Sainte -Colombe,
42540 Saint-Just-La-Pendue.
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Thibault Camus (pages 14 à 19)
Bernard Veronico
Ont collaboré à ce numéro :
Secrétariat :
Nicolas Mayer, Lionel Bellenger,
David Maigret, Régis Brouard,
Sébastien Joseph, Jean-Christophe
Hourcade, Jean-François Jodar,
Christophe Geoffroy, Cyrille Jehl, et
Chilina Hills.
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Comptabilité :
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25, 26, 27, 34, 38, 40, 42, 44, 46, 48, 50, 52, 58,et 60.
Toute reproduction, représentation, traduction ou
adaptation, qu’elle soit intégrale ou partielle, quel qu’en
soit le procédé, le support ou le média est strictement
interdite sans l’autorisation de RC MÉDIA.
3
Sommaire
P6 ACTUALITE
12
page
Les dernières infos du monde de l'éducateur.
P10 LA STAT
EURO : évolution du nombre de passes et de dribbles
P12 QUESTION DU MOIS
U8-U9 : mettre les éducateurs sur le terrain ?
P14 ENTRETIEN DU MOIS
Christophe Lollichon
14
page
P20 DOSSIER
Les changements en questions
P52 TABLEAU NOIR
Le récit tactique de Régis Brouard
P54 FOOTBALL ANIMATION
10 exercices ludiques pour U7-U9
20
page
P60 FUTSAL
Les blocages et semi blocages de la semelle
P64 FOOTBALL FRANCOPHONE
L'actu football des pays francophones.
P66 UN COACH UN MATCH
Allemagne – Pays-bas7 juillet 1974 (finale de la coupe du monde)
4
40
page
P35-49 LE CAHIER DU COACH
P36 : ENTRAINEMENT (par David MAIGRET)
Jeu de volée en zone de finition
P38 : PREPARATION PHYSIQUE (par Jean-Christophe Hourcade
Programme d'entretien : ce que vos joueurs doivent retenir
P40 : MANAGEMENT (par Lionel BELLENGER)
Recommander un ami, les précautions à prendre
P42 : STRATÉGIE (par Jean-François JODAR)
Les corners tirés à 2, à 3…
54
page
P44 : TECHNIQUE (par Nicolas MAYER)
La conduite de balle.
P46 : SANTÉ (par Christophe GEOFFROY)
Reprendre le sport après une longue inactivité
P48 : PRÉSIDENT (par Chilina HILLS)
10 conseils pour bien s'exprimer en public
LA SEANCE DU MOIS
(par David MAIGRET)
60
Amélioration du centre et du jeu de volée
page
5
Actualité
Bernard David, de l'AJA à l'ASSE
UNECATEF : Joël Muller rempile
L
L
'AS Saint-Etienne a un nouveau Directeur à la tête de son
centre de formation. Il s'agit de l'ancien Auxerrois Bernard
David, qui aura passé douze ans dans l'Yonne où il aura fini sur
une expérience douloureuse aux côtés de Laurent Fournier,
sur le banc de la Ligue 1. Pour l'ancien coach de l'AS SaintPriest, cette arrivée dans le Forez est presque synonyme de
retour aux sources, dans sa région natale (il est originaire de la
Tour-du-Pin dans l'Isère). ■
e 21 mai , Joël Muller a été réélu à la présidence de l'UNECATEF à l'unanimité des
voix. Un siège qu'il occupe depuis 2001 et
qu'il assumera encore au cours des quatre
prochaines années. A noter que l'ancien
entraîneur mythique du FC Metz a quitté toute
fonction au sein du club lorrain. ■
La déclaration du mois
Guardiola : "je n'ai rien inventé"
"Je sais qu'avec ces joueurs, je laisse le club
dans de bonnes conditions. Ils pourront
encore progresser avec d'autres idées, d'autres concepts de jeu.Au final, nous gagnons
quatorze titres en quatre ans, quelque chose
de très dur à réaliser. Je m'en vais avec la
sensation d'avoir laissé de bonnes choses à
ce club. Je n'ai rien inventé, mais je suis fier
d'avoir été un passeur dans cette longue
histoire (…) Ce serait très présomptueux
pour moi de penser que ce Barça est la meilleure équipe de l'histoire, mais je pense que
nous laissons de bons souvenirs dans la
mémoire des gens (…) Je suis fier d'avoir
pu entraîné celui (Messi, NDLR) qui restera
sans doute le meilleur joueur que j'aurais
jamais entraîné. Gagner quatorze titres
sans lui aurait été impossible". ■
6
10 experts à la
cellule de
recherche
P
as moins de dix experts
composent à ce jour la
cellule de recherche de le
FFF, créée sous l'impulsion
de la DTN. Il s'agit de
Laurent Bosquet, Martin
Buchheit, Georges Cazorla,
Grégory Dupont, Hugues
Jullien, Philippe Lambert,
Pascal Maillé, Alexandres
Marles, Sylvain Matrisciano
et Joël Trebern. Cette cellule
scientifique a pour objectif
de trouver de nouveaux
axes de développement
chez le football, et ce dans
tous les domaines (physique, mental, psychologique…). ■
A VOS CARNETS
Foot animation :
jonglage en
mouvement
On le sait, le travail de jonglage est aussi indispensable en foot animation qu'il est répétitif voire rébarbatif parfois… Ainsi, dans
notre édition de mars (voir VESTIAIRES n°36), nous vous avions
proposé quelques exercices ludiques permettant de varier le travail de jonglerie, tout en le rendant plus ludique. C'est ce que
s'évertue à faire la situation proposée ci-dessous, observée lors
d'une séance de jeunes au Paris Saint-Germain.
LE SAVIEZ-VOUS ?
D
eux intervenants réguliers à VESTIAIRES ont rejoint la sélection nationale de Côte d'Ivoire ! Il s'agit de Jean-Paul Ancian
et Jean-Marc Kuentz. Ces deux techniciens font partie du staff
constitué par le nouveau sélectionneur des Eléphants, Sabri
Lamouchi. ■
La FFF ouvre
sa boutique officielle
S
amedi 9 juin, la Fédération Française de
Football a inauguré sa boutique officielle au
85 boulevard de Grenelle (Paris 15e). Un espace
de 200 m2 dédié à tous les passionnés de ballon
rond et aux supporters des Bleus, avec une large
gamme de produits dérivés. Horaires d'ouverture : du mardi au samedi de 10h à 19h. ■
INITIATIVE
Une application Ipad
d'aide à l'entraînement
D
Organisation/règles : 3 équipes de 4 joueurs maximum sur un
espace de jeu de 33 x 40 mètres (double de surface de réparation).
Quatre angles sur les côtés, numérotés de 1 à 4. Au centre de
l'aire de jeu, les joueurs sont en jonglage. Au signal de l'éducateur,
ils doivent se rendre le plus vite possible en jonglage en mouvement dans l'angle correspondant. Interdit d'avancer si le ballon
tombe (on le remet en l'air). La première équipe à avoir ses
joueurs dans la zone demandée marque 3 points, la deuxième 2
points et la troisième 1 point. Faire plusieurs passages.
irecteur au Pôle Espoirs Grand Est, Jean-Robert Faucher
s'est servi de son expérience pour concevoir une application iPad (Pro Foot Training "formation") visant à accompagner
l'éducateur dans la mise en place de ses séances. Véritable
outil pratique, ludique et interactif, l'application renferme
plus de 200 fiches de séances complètes (de l'échauffement à
la partie jouée), structurées et illustrées, lesquelles s'appuient
principalement sur une base de cycles technico-tactiques.
Des séances adaptables et destinées à un public âgé de 15 à 20
ans, quel que soit le niveau de pratique. A noter que cette
application, qui s'étendra bientôt sur la pré-formation et les
Séniors, permet par ailleurs de visualiser les placements et
déplacements des joueurs sur le terrain (en entier ou en partie), de filmer la séance pour pouvoir l'analyser ensuite, et
d'organiser votre planification d'entraînement.
Renseignements : [email protected] ■
Variante : imposer une surface de contact. ■
7
Actualité
A LIRE
Beach Soccer Tour 2012 :
à vos agendas !
Football et Santé
(bienfaits-BlessuresPrévention)
S
igné du Docteur
Nicolas Bompard,
médecin du sport, en
charge de plusieurs
équipes professionnelles, cet ouvrage a
pour vocation non
seulement de faire
prendre conscience
de l'intérêt du sport
pour la santé (solidité osseuse, perte
de poids, force
musculaire, tonus,
anti-stress…) mais
aussi de donner
quelques conseils
pour agir en prévention des blessures. A noter
que le livre est
accompagné
d'un DVD axé
sur les techniques
d'échauffement. ■
• 30 juin/1er juillet à
Ouistreham.
• 7 et 8 juillet à Paris.
• 11 et 12 juillet à
Berck-sur-Mer.
• 16 et 17 juillet à
Quiberon.
• 20 et 21 juillet à
Pornichet.
• 24 et 25 juillet à
Saint-Jean-de-Monts.
• 28 et 29 juillet à SaintGeorges-de-Didonne.
• 1er et 2 août à Capbreton.
• 5 et 6 août à Canet-en-Roussillon.
• 9 et 10 août au Cap d'Agde.
• 13 et 14 août à Gruissan.
• 20 et 21 août au Grau-du-Roi.
• 23 et 24 août à Bormes-les-Mimosas. ■
C'est, en pourcentage, la perte moyenne de potentiel physique d'un footballeur (système cardiovasculaire, souplesse, force musculaire, VMA…)
après seulement 15 jours d'inactivité, soit 1% par
jour ! D'où l'importance de donner à vos joueurs un
programme d'entretien pendant les vacances afin de limiter les
modiciations physiologiques d'ordre général (désentraînement)
et ainsi être plus efficace à la reprise. ■
15
Sur la toile
www.coach.ca
C
'est le site de l'Association Canadienne des
Entraîneurs (toutes disciplines). Au menu,
des conseils de toutes sortes (alimentation,
philosophie du sport, traumatologie, profil de l'entraîneur, pédagogie, etc…). Pour peu qu'on prenne
le temps de se balader au gré des différentes
rubriques, ce site s'avère très intéressant et instructif. A visiter !
8
QUESTIONS A…
"Le sentiment d'avoir été un pionnier"
Eddie HUDANSKI, ancien DTN chinois. Actuel sélectionneur des U17 congolais, Eddie Hudanski est un formateur passé notamment par Laval et Limoges. Mais ce que l'on ignore de celui qui est à l'origine de la Kadji Sport
Académie - centre de formation camerounais d'où est sorti Samuel Eto'o - c'est qu'il fut par ailleurs le premier
technicien français à entraîner en Chine, à Chengdu, avant d'être nommé… DTN, deux ans plus tard.
• Comment avez-vous atterri en Chine, il y a 10 ans
formation, vous avez 30 à 40 personnes, maximum. Là? Il existait à l'époque un partenariat entre le Red-Star et
Shengdu (aujourd'hui partenaire du FC Metz, NDLR).
Lorsque les dirigeants chinois ont sollicité Jean-Claude
Bras (alors président de l'écurie francilienne,NDLR) que
je connais depuis longtemps,pour trouver un technicien
français, il a pensé à moi. J'ai accepté.
• Comment avez-vous été accueilli ? Très bien. J'ai
rencontré des gens charmants. Je crois qu'ils m'appréciaient.À partir du moment où vous n'arrivez pas en terrain
conquis,faites preuve d'humilité,il n'y a pas de problème.
• Qu'avez-vous trouvé sur place ? Il n'y avait rien,
même pas de terrain… Là-dessus, on m'a demandé de
bâtir un centre de formation en utilisant les techniques de la formation "à la
Française" (rires)...
• Et alors ? C'est ce que je me suis attelé à faire.Enfin,au début…
• Pourquoi dites-vous cela ? Parce que je n'ai pu que constater,très vite,
bas, on était 400 à 500 dans un amphithéâtre ! C'est la
Chine… Tout est dans la démesure.
• Combien y a-t-il de licenciés dans le pays ? Je ne
sais pas exactement.Tout ce que je peux dire, c'est que
sur la région de Shengdu, il y en avait déjà plus de 300
000…
• Quel est le profil de l'éducateur chinois ? Il est très
passionné, jeune la plupart du temps, et a souvent été
joueur auparavant. Dans son approche, son attitude, il est
comme un enfant, mais en plus grand. Il a ce côté un
peu naïf, puéril, qui est assez attachant du reste. Parfois,
je voyais des éducateurs qui allaient jusqu'à imiter ma
gestuelle sur le terrain. C'était marrant…
• Avec quelles compétences initiales ? Là-bas, les entraîneurs ont
tendance à imposer aux joueurs ce que eux ont subi avant… Il a fallu
changer ça, les faire évoluer.
mon incapacité à transmettre ! Je ne voyais aucune progression à l'entraîne- • Et autour du terrain, quelle est l'atmosphère? Y a-t-il les mêmes
ment. J'ai alors décidé d'aller voir comment les enfants travaillaient à l'école. débordements qu'ici ? Non, c'est très respectueux, mais très vivant
Et là,j'ai compris.Ils apprenaient tout par cœur,sans chercher à comprendre. aussi. Encore une fois, les Chinois adorent le football, ce sont de vrais
passionnés.
Résultat : j'ai appliqué cette méthode avec mes joueurs !
"Ils copient tout à
Toute la semaine, on faisait la même chose. Je les ai vu se
droite et à gauche, sans
• Suivent-ils le football européen ? Essentiellement la
transformer…
ligne directrice ni
Première League. Je pense que les valeurs de combativité
• Un bel exemple d'adaptation à leur mode d'ap- réflexion sur le fond" et d'engagement physique du foot anglais sont celles qui
prentissage… Oui, car c'est quelque chose de très ancré chez eux. En se rapprochent le plus des leurs.
France, on dit qu'il faut varier le travail, ne jamais proposer deux fois la
• Que vous inspire l'arrivée de grands joueurs ou entraîneurs en
même séance, etc…. Mais sur le Chinois, ça ne marche pas (sic).
Chine, comme Anelka ou Lippi récemment ? C'est la seule façon
• Comment faisiez-vous pour communiquer ? J'étais accompagné en pour les Chinois d'assouvir leur volonté à court terme d'être en haut de l'afpermanence d'un interprète.Au début,il était sur le terrain,puis au fil des mois fiche. Parce qu'ils ont des moyens, beaucoup de moyens… Mais pour le
j'ai commencé à apprendre les mots-clé.L'interprète restait sur la touche,en reste, ils n'avancent pas.
cas de besoin.
• Parce qu'ils s'y prennent mal ? Exactement.En matière de football,les
• Deux ans après votre arrivée en Chine, vous avez été nommé DTN, Chinois sont très demandeurs, toujours en recherche. Le problème, c'est
poste que vous avez occupé pendant vingt-quatre mois. Expliquez- qu'ils copient tout à droite et à gauche, sans réflexion sur le fond. Ils n'ont
nous. Le travail effectué à Shengdu a porté ses fruits,et la fédération a sou- pas de ligne directrice, de philosophie. Et tant que ce sera comme ça...
haité que je fasse la même chose mais à plus grande échelle.J'étais chargé en
• En définitive, quel bilan faites-vous de ces quelques années pasparticulier de la formation des joueurs et des cadres.
sées là-bas ? Ce fut très riche culturellement. Une magnifique expé• Les techniciens étaient demandeurs ? Très ! En France,sur un stage de rience.Avec le sentiment aussi d'avoir été quelque part un pionnier… ■
9
La STAT
31,8 - 797
EURO. 31,8 dribbles et 797 passes : voici en substance la fiche signalétique type d’un match de
l'Euro 2008. La comparaison avec les précédentes éditions esquisse les contours d’une évolution
marquée du football. Reste à savoir si l'Euro 2012 suivra la même tendance...
as besoin d’être un spécialiste des statistiques.
Un rapide coup d’œil sur
les graphiques représentant
l’évolution du nombre de
dribbles et de passes lors des
précédentes éditions des
championnats d’Europe des
nations, de 1980 à nos jours,
suffit à se faire une idée assez
précise.Tandis que la courbe
des passes réalisées au cours
d’un match affiche un profil
brisé mais évoluant incontestablement vers la hausse, celle
des dribbles ne cesse au
contraire de décroître. Est-ce à
dire que le football est
condamné à voir ses dr ibbleurs disparaître au profit des
passeurs ? Raynald Denoueix,
à qui nous avons demander de
commenter ces chiffres, émet
u n e a u t re hy p o t h è s e : " j e
pense qu'il convient d'abord
d e p re n d re e n c o m p t e l e
caractère très particulier des
championnats d’Europe. Il
P
10
s’agit d’une épreuve très compacte, de très haut niveau,
où chaque rencontre est assimilée à un match couperet.
Tout cela n’incite sans doute
pas à l’initiative et à la prise
de risques individuelle…".
Par ailleurs, l’ex technicien
nantais ne manque pas de souligner que le profil des
équipes disputant le plus
grand nombre de matches c'est-à-dire celles qui passent
au minimum les phases de
poule - inf lue les données
chif frées : " c e s d e r n i è re s
années, des nations comme
l’Espagne ou l’Allemagne
déclinent leurs projets de jeu
à partir de la passe. Il est évident que lorsque l'on a des
formations présentant ces
caractéristiques dans le dernier carré, on a plus de
chances d’assister à des renc o n t re s ave c u n n o m b re
conséquent de passes que
lorsqu’il s’agit de la Grèce,
par exemple, qui avait bâti
sa victoire en 2004 en exploitant la faute de l’adversaire".
>DENOUEIX : "On ne
gagne pas un match
parce qu’on a fait plus
de dribbles ou de
passes que l'adversaire.
On gagne parce qu’on a
fait les bons choix".
Plutôt que déplorer une supposée raréfaction des dribbleurs, Raynald Denoueix préfère mettre en avant une évolution logique de notre sport,
liée à une discipline toujours
plus affirmée des forces en
présence : "aujourd’hui à
haut niveau, les équipes affic h e n t t o u t e s u n e g ra n d e
maîtrise tactique. Elles parviennent à fermer les espaces
collectivement. Or, même les
dribbleurs exceptionnels
comme Messi ou Ronaldo
ont besoin d’espace. Il faut
donc placer le joueur dans
les conditions optimales.
C'est-à-dire face au jeu, lancé
si possible, et avec des partenaires autour de lui. Ce qui
se révèle nettement plus
facile s’il y a eu, au préalable, une phase de fixation à
base de passes…". Doit-on
alors parler de nations utilisant la passe comme arme de
déstabilisation massive et les
opposer à d'autres qui comptent d’abord et avant tout sur
les qualités de dribbles de
joueurs présents dans leur
effectif ? Le technicien s’oppose définitivement à ce type
de raccourci simpliste : "on
ne gagne pas un match
parce qu’on a fait plus de
dribbles ou de passes que
l'adversaire. On le gagne
parce qu’on a fait les bons
choix. C'est-à-dire lorsqu’on
prend la bonne option de jeu
en fonction d’une situation
donnée".
Avec notre partenaire
Leader paneuropéen des statistiques de football avec plus de 17 ligues
et compétitions couvertes pour l’analyse des matchs, l’étude
des adversaires et l’aide au recrutement des clubs professionnels.
www.optasportspro.com
Les équipes accèdant au dernier carré
ANNÉE
>"Ce qui importe à mes
yeux, c’est l’intelligence
individuelle et
collective des joueurs"
L'Euro 2012 va-t-il confirmer
ou au contraire infirmer cette
tendance à la diminution des
dribbles et à l’augmentation
du nombre de passes réalisés
au cours d'un match ?
L'ancien consultant ne se
risque pas à un pronostic :
"pour moi, ça n’a pas la
moindre importance à vrai
dire… Lorsque je regarde un
match, je ne le regarde pas
de cette façon là. Combien de
passes, combien de dribbles… c’est regarder par le
petit bout de la lorgnette ! Ce
qui importe à mes yeux, c’est
l’intelligence individuelle et
collective des joueurs. En
d’autres termes, leur aptitude à répondre dans les
actes et par le jeu à la seule
vraie question qui vaille
d’être posée : comment va-ton, comment peut-on gagner
le match ? Le capital intelligence tactique du joueur doit
passer au dessus de toutes
les autres considérations". ■
DERNIER CARRÉ (vainqueur en gras)
MOYENNE DE
DRIBBLES PAR
MATCH
MOYENNE DE
PASSES PAR
MATCH
1980
Allemagne,Belgique,Italie, Tchécoslovaquie
56,8
726
1984
France, Espagne, Danemark, Portugal
57,6
789
1988
Pays bas, Russie, Allemagne, Italie
32,8
726
1992
Danemark, Allemagne, Pays bas, Suède
59,8
765
1996
Allemagne,Tchécoslovaquie, France, Angleterre
55,2
801
2000
France, Italie, Portugal, Pays Bas
35,9
780
2004
Grèce, Portugal, Pays Bas, Tchéquie
35,1
772
2008
Espagne, Allemagne, Turquie, Russie
31,8
797
Courbe d'évolution du nombre de dribbles par match
Courbe d'évolution du nombre de passes par match
11
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12
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13
L’entretien
"Mettre le gardien dans le jeu
le plus souvent possible"
Champion d'Europe. Récent vainqueur de la C1 avec Chelsea, Christophe Lollichon est
l'entraîneur des gardiens des Blues depuis 2007. À Londres, il a côtoyé Avram Grant, Luiz Felipe Scolari,
Guus Hiddink, Carlo Ancelotti, André Villas-Boas et aujourd'hui Roberto Di Matteo ! Formé à l'école
nantaise puis passé par le Stade Rennais, l'homme de confiance de Petr Cech est à ce jour l'un des plus
grands spécialistes dans son domaine. Rencontre avec un expert.
VESTIAIRES : En stoppant le penalty de Robben en prolongation, puis celui de Olic lors de la séance de tir au but,
Petr Cech fut l'un des artisans majeurs de la victoire de
Chelsea en finale de la Champions League face au Bayern.
Etait-il préparé à cet exercice ?
Christophe LOLLICHON : Bien sûr.Un gros travail avait été effectué
en amont.Le dernier briefing sur ce thème a eu lieu à 17h,jour de match.
Auparavant, j'avais analysé tous les penaltys du Bayern depuis 2007 !
Et nos quatre gardiens avaient reçu chacun un DVD avec pour mission de
décortiquer un joueur en particulier.Tout le monde a mis la main à la pâte.
Cette notion de partage est essentielle.
Que recherchez-vous précisément
dans ce type de travail ?
C. L. : On cherche à savoir si les tireurs ont une
routine.On observe le langage du corps,qui s'exprime du moment où le ballon est posé, dans différents contextes.Et on regarde si cela se répète...
On dit que les gauchers sont plus imprévisibles sur
penalty. C'est vrai ?
C. L. : Un gaucher est sans doute un peu plus difficile à appréhender
parce qu'il y en a beaucoup moins que des droi"En sport, l'image du grand tiers ! Après,il y a des choses qui se retrouvent.La
différence ne m'apparaît pas très significative.
pataud qui a du mal à se
mouvoir est révolue (…)
Aujourd'hui, je ne recruterais
pas un gardien en-dessous de
1m90"
Le contexte, c'est le scénario du
match ?
C. L. : Oui, selon que le penalty survient à un moment décisif ou non,
l'approche du tireur ne sera pas la même. Et puis il y a d'autres paramètres : le tireur en question a-t-il frappé ses derniers pénos du même
côté ? Est-ce qu'il change régulièrement ? Frappe t-il différemment
après un penalty manqué ? Enfin, le degré de fatigue entre également en
ligne de compte.
Justement, Cech a déclaré à la fin du match : "sachant que
Robben était fatigué, j'étais convaincu qu'il tirerait en
force, et à ma gauche, comme la plupart des gauchers…".
Cela nous rappelle une statistique qui démontre que, sur
penalty, un gaucher frappe à gauche du gardien dans
49% des cas, contre 18% au centre et 33% à droite (voir
VESTIAIRES n°37). Les portiers ont-ils connaissance de
ces chiffres ?
C. L. : Oui, ils les connaissent, mais savent aussi que les joueurs de
haut niveau possèdent une telle technique qu'ils sont capables de
s'adapter au dernier moment. Il y a donc un facteur réussite à ne pas
négliger. Ceci étant, compte tenu de ces statistiques, de l'analyse du
contexte et de celle du langage corporel du tireur, le gardien peut
réduire quelques incertitudes. D'où l'importance des informations
glanées avant la compétition.
14
En ce qui concerne Arjen Robben, quel principal enseignement aviez-vous recueilli ?
C. L. : Nous avions remarqué que,indépendamment du fait qu'il est gaucher, il frappait souvent du côté de la première feinte du gardien,
comme Messi.Si vous revoyez les images,vous verrez que Petr feinte d'aller à gauche, puis à droite, avant de plonger à gauche...
Il y a deux ans, une étude réalisée par
un Professeur de la Faculté des
sciences du mouvement d'Amsterdam
tendait à démontrer que dans 80% des
cas, l'orientation du pied d'appui du
tireur indiquait la trajectoire du ballon (voir VESTIAIRES n° 15). Avez-vous eu connaissance
de ces travaux ?
C. L. : Oui, et c'est tout à fait vrai. Le problème, c'est que c'est quasiment
illisible pour le gardien. Entre l'instant où le joueur pose son pied d'appui et celui où il tire,il ne se passe qu'une fraction de seconde ! C'est trop
rapide pour pouvoir interpréter quoi que ce soit.
Le tireur conservera donc toujours un temps d'avance...
C. L. : Oui, mais il y a encore des choses à faire pour tenter de réduire un
peu plus les incertitudes. Sans entrer dans les détails car c'est confidentiel, je travaille actuellement en étroite collaboration avec un ophtalmologiste français, Michel Guillon, clinicien chercheur à Londres. On
a déjà analysé près de 400 penaltys.
Vous ne pouvez pas nous en dire un peu plus ?
C. L. : En gros, ce travail comporte deux parties : un plan d'entraînement,conçu en commun,visant à améliorer conjointement la vision centrale et la conscience périphérique, ainsi que les réflexes, et la mise
en place d'une étude appronfondie devant nous aider à mieux orienter
la concentration du gardien face au tireur de penalty.
Comment vous a été inspiré ce nouvel axe de travail ?
C. L. : Cela provient de ma volonté de chercher et de faire collaborer
Suite page suivante 
Christophe LOLLICHON
"Sur penalty, compte
tenu des statistiques
connues, de l'analyse
du contexte et de celle
du langage corporel
du tireur, le gardien
peut réduire quelques
incertitudes".
15
L’entretien
différents domaines de compétence autour d'un même objectif. De
toute façon, je ne conçois pas mon métier comme celui d'un technicien
qui agit seulement sur le terrain. Il y a autre chose. Une large part invisible de la préparation du gardien, qui me passionne tout autant.
C. L. : Avant toute chose, il faut respecter son corps, parce qu'un grand
est plus fragile sur le plan tendineux. Pour le reste, il convient d'insister
sur les déplacements, le skipping, la vivacité des appuis au sol... Il faut le
faire se mouvoir afin d'éviter qu'il prenne de mauvaises habitudes. Car
plus tard, sa taille ne suffira plus.
Puisque vous travaillez avec un ophtalmologiste, il a dû
vous confirmer l'intérêt d'avoir un gardien habillé en Vous est-il déjà arrivé d'être bluffé par les qualités d'un
tenue "flashie", de façon à ce qu'il s'apparente incons- jeune gardien, sans toutefois le recruter du fait de sa
ciemment pour l'attaquant qui déclenche une frappe petite taille ?
rapidement, à une cible…
C. L. : Bien sûr. À Nantes ou a Rennes, j'en ai vu des géniaux ! Mais il faut
C. L. : Oui, c'est juste. Je confirme à 100%. Cette année, j'ai d'ailleurs aussi relativiser.À 13-14 ans,le petit a naturellement plus de qualités d'exexprimé mon désaccord lorsque j'ai découvert le maillot blanc de plosivité qu'un grand, qui a des segments longs. Il est donc plus spectaculaire. Ce qui compte, c'est ce qu'il sera plus
Petr. Malheureusement, cela n'a pas pesé lourd
"Il y a tellement de choses à tard.C'est pourquoi,dès lors qu'un gardien nous
face aux intérêts économiques dans le cadre
effectuer en amont pour éviter intéressait, il y avait une analyse radiologique
des contrats de sponsoring…
d'avoir des arrêts à faire…" pour déterminer sa taille d'adulte.
Pour en finir avec les penaltys et Petr
Cech, la grande taille de ce dernier (1m97) n'est-elle pas Et là, quel était votre critère ?
un handicap dans cet exercice ?
C. L. : A Rennes, sous 1m85, je ne prenais pas.Aujourd'hui, je ne prenC. L. : Non, car il a une qualité de vitesse exceptionnelle. C'est d'ailleurs drais jamais sous 1m90.
le cas de la plupart des nouvelles générations de gardiens.Avant, les
grands étaient souvent un peu balourds, lents pour aller au sol, lents au On constate souvent une période de stagnation chez les
démarrage… Plus maintenant. L'évolution des contenus d'entraîne- ados en pleine croissance, qui doivent s'adapter aux "noument y est pour beaucoup. Regardez les basketteurs, vous avez vu velles dimensions" de leurs corps. N'est-ce pas encore
leur explosivité ? Ils font plus de 2 mètres et affichent une vitesse ges- plus gênant pour un gardien ?
tuelle incroyable ! En sport, l'image du grand pataud qui a du mal à se C. L. : Effectivement. Celui qui ne tient pas compte de cela va dire
mouvoir est révolue.
que tel gardien a régressé, alors qu'il ne s'agit que d'une période de
transition. Il faut en avoir conscience, ne jamais condamner sans savoir.
La taille reste une qualité fondamentale pour un gardien D'ailleurs, lorsqu'on observe un jeune gardien, on cherche d'abord à
connaître dans quelle phase de croissance il se trouve, de manière à
de but ?
C. L. : Oui. Certains vous diront qu'on peut jouer au haut niveau en faisant 1m80. D'accord, mais si on fait 1m90 avec une bonne détente et
une bonne vitesse pour aller au sol, c'est mieux. On a une plus grande
envergure. C'est logique.
Jérémy Janot affiche 255 matches de Ligue 1 au compteur, et il mesure 1m76...
C. L. : Après, cela dépend où l'on joue... Jérémy Janot, j'aime beaucoup
le personnage. En plus c'est un bon gardien. Mais pour moi, sa taille est
un facteur limitant. Elle va restreindre sa zone d'action. Il ne pourrait pas
jouer en Angleterre, c'est impossible, il se ferait massacrer (sic).
Certains formateurs affirment qu'un gardien de 10-11
ans, déjà grand, risque de freiner sa progression du fait
qu'il a moins d'efforts à fournir dans la cage, à l'inverse
d'un gardien de petite taille obligé de compenser par le
développement d'autres qualités… Plus tard, lorsqu'ils
feront la même taille, le "petit" afficherait souvent moins
de carences au poste, se montrant par conséquent plus
performant. Qu'en pensez-vous ?
C. L. : C'est juste, et j'ai un bon exemple : Florent Cheignau (actuellement à Lorient, NDLR). À 13 ans, il mesurait déjà 1m90 ! Dans le but, il
prenait toute la place. C'est là que le rôle de l'éducateur est déterminant. Il doit travailler en conséquence afin que le gardien ne se repose
pas uniquement sur l'avantage que lui confère sa taille.
Que faut-il lui faire travailler en priorité ?
16
Christophe LOLLICHON
n'étaient pas entraîneurs de gardiens, mais avaient une telle vision et un
tel ressenti que leurs remarques étaient toujours très pertinentes. Un
jour, l'équipe 3 du FCNA remporte la Coupe de l'Atlantique. Je débutais,
j'avais 25 ans. Notre gardien avait effectué deux arrêts phénoménaux.
En dehors de la taille, comment jugez-vous l'évolution Je dis à Raynald,"c'est bien ce qu'il a fait, hein ?".Il me répond "ouais…",
d'un air pas très convaincu,avant d'ajouter :"sur le deuxième, tu ne crois
des qualités requises au poste ?
C. L. : Pendant longtemps, le gardien a moins travaillé spécifiquement pas qu'il peut faire quelque chose avant ?". Plus tard, j'ai revu les
que le joueur de champ, qui est devenu plus puissant, plus vite, frappe images et, effectivement, le gardien était mal placé au début de l'acplus fort, saute plus haut, etc… À un moment donné, il a bien fallu qu'il tion : il ne pouvait ni intercepter le centre ni gêner le centreur. Cette
anecdote fut un déclic pour moi. Elle résume
s'adapte. Je considère le gardien désormais
comme un joueur de champ qui peut se servir de "Le gardien, c'est un peu un t o u t e l a p h i l o s o p h i e q u i e s t l a m i e n n e
ses mains. Malheureusement, on le juge encore attaquant à l'envers. Ce sont aujourd'hui.
trop souvent sur ses arrêts et rien d'autre. Ça
deux extrémités qui, par
me gêne.
Outre les qualités athlétiques, techmoment, se rapprochent de niques et donc tactiques, on dit souvent qu'être gardien, c'est un état d'esPour beaucoup, c'est pourtant sa mispar leur personnalité".
prit. Lequel ?
sion première : stopper les frappes
adverses...
C. L. : D'abord, le gardien est à la fois un individualiste, il ne faut pas se
C. L. : Je ne suis pas d'accord. Savoir arrêter un ballon est certes déter- le cacher, et un grand partageur. C'est un joueur qui a le sens des responminant pour un gardien, c'est le geste ultime et décisif, mais il y a telle- sabilités, qui doit savoir accepter d'être dans la lumière un jour et de se
ment de choses à faire en amont pour éviter d'avoir des parades à faire ! faire tirer dessus le lendemain (sic).Enfin,il doit être profondément humIl y a la position par rapport à sa défense dans une organisation de jeu, ble. Ce qui ne l'empêche pas d'avoir un ego. Le gardien, c'est un peu un
la gestion de la profondeur, la communication… Le gardien est tour à attaquant à l'envers.Ce sont deux extrémités qui,par moment,se rapprotour contrôleur du ciel et chef d'orchestre.Son premier objectif,qui peut chent de par leur personnalité.
paraître paradoxal, est de ne pas toucher un ballon !
Jeremy Janot, encore lui, a déclaré un jour : "je ne suis
pas footballeur, je suis gardien de but". Cela veut tout
Il a un rôle de dissuasion, c'est ça ?
C. L. : Exactement. J'anticipe, je gêne et, si besoin, j'interviens. J'ai la dire...
chance d'avoir appris dans la meilleure école, à Nantes, avec les deux C. L. : (Rires). J'aime bien cette phrase, et d'un autre côté elle me fait
meilleurs professeurs qu'on puisse avoir, Suaudeau et Denoueix. Ils peur. Il faut faire attention à ne pas trop mettre le gardien en marge, ne
pas l'enfermer dans un carcan. Les gardiens forment un groupe à part,
où il règne un esprit de famille, c'est indéniable et j'aime ça. Mais il
convient d'éviter tout excès, même s'il s'agit en effet d'une discipline
individuelle dans un sport collectif.
mieux le comprendre, à mieux interpréter ses gestes. S'il est dans cette
fameuse période critique, il convient de déplacer son évaluation sur
d'autres critères comme la lecture du jeu ou la personnalité.
Pensez-vous que les jeunes gardiens de but aiment autant
le football que les joueurs de champ ? Quand on aime ce
sport, on rêve de marquer des buts, de toucher beaucoup
le ballon, de se comparer à Messi ou Ronaldo...
C. L. : Cela revient à se poser la question de ce qui pousse un jeune garçon à aller dans la cage. Je pense que le plaisir de se jeter est le premier
moteur.Après, on en revient à l'état d'esprit. C'est un poste qui convient
bien à certains. Une chose est sûre, il ne faut pas que la singularité du
poste transforme celui qui l'occupe en quelqu'un qui veut se montrer.
Sinon, il n'ira pas loin...
Dans un groupe, le gardien est un leader, nécessairement ?
C. L. : Oui,mais pas forcément une grande gueule.Mickaël Landreau,qui
n'a rien d'un aboyeur, est un fantastique leader. Il a un aura, un rayonnement. Son leadership s'exprime différemment. Gregory Coupet, lui,
était plus dans la communication.Il avait une influence.D'autres sont des
leaders de par leur placement,leur lecture du jeu,leur sens tactique...J'ai
vu beaucoup de bons gardiens ne pas percer parce qu'ils n'avaient pas
cet impact sur les autres. Et là, on a beau avoir le talent, ça ne passe pas.
Peut-on parler de charisme ?
C. L. : Il y a une forme de charisme, c'est certain. Par exemple,
Suite page suivante 
17
L’entretien
les premières fois où je suis allé superviser le jeune Thibault Courtois à
Genk, qui a signé chez nous l'été dernier avant d'être prêté à l'Atletico
Madrid, j'ai été surpris par ce qu'il dégageait. À 18 ans, il avait un calme
surprenant, qui irradiait l'équipe.A sa manière, c'est un leader.
Quels doivent être d'après vous les ingrédients d'une
bonne relation entre un entraîneur et son gardien ?
C. L. : Il y a une notion qui me semble primordiale, c'est la complicité. Sans elle, le message peut passer, mais pas de la même manière.
Ensuite, il convient de connaître un minimum le poste pour pouvoir
échanger de façon constructive, parler le même langage.
C. L. : Lui dire que "ce n'est rien" n'a aucun sens si l'erreur qu'il a commise a coûté un but. Il faut au contraire se montrer réaliste, sans
dramatiser, tout en adaptant son discours selon qui vous avez en face de
vous. Car les mêmes mots peuvent être interprétés différemment d'une
personne à l'autre.Cela réclame,naturellement,de bien connaître le profil psychologique de son gardien.
C'est ce même profil qui va déterminer comment l'aider
dans sa préparation d'avant match, venir lui parler par
exemple, ou le laisser dans sa bulle ?
C. L. : Exactement. C'est aussi fonction du contexte. Je me souviens
qu'avec Rennes, en 16e de finale de la Coupe de France contre Angers,
À ce titre, n'est-ce pas aberrant qu'aucun chapitre ou j'étais allé voir Petr avant la séance de tir au but. Me voyant arriver, il m'a
module dans les diplômes de base des éducateurs ne soit fait signe "non, non"… J'ai fait marche arrière (rires). Il en a arrêté
consacré à l'accompagnement et à l'entraînement du gar- deux. Là, contre le Bayern en finale de la C1, il est venu vers le banc,
comme pour recueillir une dernière info. On lui a dit : "c'est ta soirée.
dien de but ?
C. L. : Si, c'est une aberration. Il faudrait pouvoir apporter un mini- Aurait-on oublié quelque chose que tu ne saches pas ?". Il a répondu
"OK, parfait, à tout à l'heure". Et ça a fonctionné
mum de connaissances aux éducateurs, car dans
"Apporter un minimum de aussi...Vous voyez, chaque situation est diffétoutes les équipes il y a gardien. En revanche,
toutes n'ont pas la chance d'avoir un entraîneur connaissances aux éducateurs rente. L'entraîneur doit apprendre à interpréspécifique.Après, c'est sûr qu'il faut trouver le
dans les diplômes de base" ter tout ça.
temps. Ceci étant, je suis persuadé qu'avec 30
minutes de travail ciblé par semaine, pas plus, non seulement le gardien Comment protéger le jeune gardien de ses partenaires, en
va progresser mais son capital confiance va augmenter.
cas de moquerie ou de critiques après un but encaissé ?
C. L. : D'une façon générale, le gardien doit sentir le soutien de son
La confiance, voilà un autre élément clé dans la panoplie entraîneur. Dans un exercice devant le but, par exemple, l'éducateur a
trop tendance à commenter la frappe de l'attaquant et pas l'arrêt du gardu gardien. Comment la travailler plus spécialement ?
C. L. : Par le jeu aérien. Il est synonyme de prise de confiance. C'est le dien. Il faut en prendre conscience. Mais pour en revenir plus préciséconseil que je peux donner aux entraîneurs amateurs : faites du jeu ment à la question, je pense que dans un premier temps, il faut laisser
aérien, ne serait-ce que 20 minutes à la fin de chaque séance. Je l'ai faire pour évaluer la capacité de réaction du gardien. Cela fait partie de
son apprentissage.Tous ne réagissent pas de la même manière face
testé par le passé, ça marche.
aux railleries.Certains se recroquevillent,d'autres s'en servent pour proCette confiance est un carburant essentiel, que l'éducateur voquer.
doit préserver. Elie Baup a affirmé dans nos colonnes
que le gardien ne devait pas entrer sur le terrain le week- On en revient à la personnalité, décidemment essentielle
end en ayant l'impression à
à ce poste…
chaque fois de passer un examen...
C. L. : Essentielle, oui. Si les grands gardiens n'en manquent pas, ce n'est pas un
C. L. : C'est exact, et ça l'est d'autant plus à
hasard. Je me souviens qu'à 14-15 ans, après
un niveau amateur où la notion de plaisir
un but encaissé dans un jeu d'entraînedoit primer. L'éducateur doit transmettre
ment, Mickaël Landreau était capable de
cette confiance, mais aussi essayer de comdire : "les gars, pendant 5 minutes, je ne
prendre pourquoi le gardien a fait une
prends pas un but". C'est lui qui prenait
erreur et pourquoi il risque de la répéter.
les devants et mettait la pression !
Sans le condamner. En cas de mauvais
match, il faut se montrer plus indulgent
avec un gardien, lui accorder une chance
Landreau, puisque vous le connaissupplémentaire par rapport à un joueur de
sez bien, a aussi la particularité de
champ, car l'erreur fait partie intégrante
posséder un excellent jeu au pied.
du poste. Je me souviens d'une statistique,
Comment le travailler ?
établie il y a 10 ou 15 ans, qui démontrait
C. L. : Dans le jeu, car ce qui compte, c'est
qu'un très grand gardien commettait une
le rapport que l'on a avec le ballon, avec
grosses bourde en moyenne tous les 16
ou sans pression. La sensibilité du pied, la
matches, un bon tous les 9 matches, et un
qualité du contrôle, la capacité à voir avant
moyen tous les 5 matches.
pour choisir le geste juste, à enchaîner rapidement... Par exemple, sur un ballon en
retrait, on sait que l'attaquant qui comEn cas de bourde justement, quelle
mence à presser stoppera sa course dès
est la meilleure attitude à adopter
lors que le gardien effectuera une feinte
vis-à-vis de son gardien ?
18
Christophe LOLLICHON
de frappe, se donnant ainsi plus d'espace et de temps. Ce vice est
quelque chose qu'il faut développer dès les petites catégories en incitant le gardien à vouloir tromper son adversaire. C'est un jeu ! Et ça, ça se
cultive en jouant dans le champ, avec ses partenaires, pas en faisant
du spécifique.
suivent d'emblée une préparation spécifique.
Une autre stat révèle que sur les 5 km parcourus en
moyenne par un gardien sur 90 minutes, un quart s'effectue en arrière. Cela doit-il être pris en compte dans la
conception des entraînements ? Et si oui, comment ?
D'où la nécessité d'incorporer le jeune gardien dans le C. L. : Les chaînes musculaires postérieures sont effectivement très solchamp le plus souvent possible…
licitées. Or, une étude a démontré que dans le cadre d'un échauffeC. L. : C'est fondamental. J'irais même plus loin. Si j'étais dans un cen- ment traditionnel,la température des ischios-jambiers n'augmentait que
tre de formation aujourd'hui, je n'hésiterais pas à faire jouer de temps en de 0,3 à 0,4% ! Ce qui explique aussi pourquoi il s'agit d'une zone si
temps le gardien au poste de libéro dans un match officiel, pendant fragile. Avec Petr, on a conçu un protocole d'échauffement de 12
minutes, dans le vestiaire, à base de travail excen20 ou 30 minutes. Mais cela suppose de ne pas
faire de la championnite...
"A l'entraînement, travailler le trique-concentrique,très localisé.C'est ce qu'on
l'échauffement à la Russe. Cela permet
jeu aérien est synonyme de appelle
d'augmenter la température du corps avant d'enÀ quel âge commencer l'entraînement
prise de confiance"
trer dans la partie spécifique de la mise en train,
spécifique ?
sur le terrain.
C. L. : On peut commencer tôt, ce n'est pas un
problème, à condition de ne pas faire que ça. Non seulement le gardien doit évoluer le plus souvent possible dans le champ, mais il doit Et pour ceux qui ne suivent pas un tel protocole, que leur
aussi être pluri disciplinaire.
conseillez-vous dans le cadre de l'échauffement ?
C. L. : Ne pas se limiter, au départ, à 3-4 minutes de course rectiligne,
mais utiliser les lignes de la surface de réparation pour effectuer difféQue voulez-vous dire ?
C. L. : Encore une fois, si un jour je retourne avec les jeunes, je ferai tout rentes courses : arrière, avant, pas chassés, mouvements de mobilisation
pour que les gardiens fassent du basket, du tennis de table, du rugby, du générale… de manière à activer toutes les chaînes musculaires. Entre
handball, du volley, du badminton… Cela permet de développer un faire talon fesse en avant et talon fesse en arrière, ce n'est pas la même
tas de qualités. À l'INF Vichy, ils ont été les premiers à faire du trampoline chose. On échauffe les muscles différemment.
avec les gardiens. Une idée géniale ! À
Nantes, on a fait pareil. Les seuls qui "Dans un exercice
Un mot pour finir sur l'imagequittaient le centre à 7 heures du devant le but,
rie mentale. Quelle place tient
matin pendant que tout le monde dor- l'éducateur a t
cette technique dans l'entraîmait, c'étaient les cinq gardiens qui rop tendance à
nement du gardien ?
allaient faire des agrès encadrés par
C. L. : Elle est importante, et touche
commenter la
un spécialiste. Les bienfaits sont
plusieurs domaines. Il serait difficile
frappe de
énormes.
de tout expliquer ici. Mais, par exeml'attaquant et
ple, on peut amener à optimiser la
récupération physique d'un gardien
Quels sont les bienfaits en pas l'arrêt du
simplement par le déplacement de la
revanche d'un travail d'endu- gardien. Il faut
concentration vers un muscle en parrance chez un gardien dont on en prendre
ticulier.
sait que 94% de ses déplace- conscience"
ments en match correspondent à de la marche ou de la
Comment faites-vous ?
course très lente ?!
C. L. : On installe le gardien dans un
canapé, en état de relaxation totale.
C. L. : Imposer un travail d'enduGrâce à différents outils de mesure,
rance à son gardien n'a aucun sens.
on observe le niveau de tension de
chaque groupe musculaire. À partir
Pourtant, chez les pros, on en
de là, on va lui dire, admettons : "il faut
voit certains qui, lors de la
que tu relâches au niveau des molpremière semaine de reprise,
lets".Il va alors se concentrer sur cette
effectuent le même travail
zone de son corps, l'objectif étant de
foncier que les joueurs de
favoriser les échanges sanguins. Au
champ…
bout de quelques minutes, les indicaC. L. : Oui je sais, et je ne comprends
teurs à l'écran vont bouger… On n'a
pas. Faire deux ou trois footings colpas idée de l'influence du cerveau sur
lectifs, histoire de travailler sur l'esson propre corps ! Encore un axe de
prit de groupe, OK, mais pas plus.
travail passionnant.
Chez nous,les gardiens passent la première semaine avec les joueurs uni■ Propos recueillis
quement dans les jeux.À côté de ça,ils
par Julien Gourbeyre
19
Dossier
Les changements
en questions
Par Olivier Goutard
Action stratégique. En match, le changement est bien plus qu'une simple alternative visant à remplacer
le joueur fatigué, blessé ou insuffisamment performant. Par bien des côtés, il s'agit d'une action stratégique
permettant de poser un nouveau problème à l'adversaire, de répondre à un réajustement tactique, ou de modifier
son propre plan de jeu. C'est aussi, dans certains cas, un outil de management. On veut parler ici du remplacement
sanction, de celui qui intervient peu avant la fin du match pour obtenir l'ovation des spectateurs, ou encore du
jeune qu'on "lance dans le grand bain" en guise de récompense, comme une preuve de confiance. Le
remplacement n'est donc pas un acte anodin pour le technicien. Il réclame de se poser certaines questions en
amont, questions auxquelles nous allons tenter de répondre : à quel moment de la partie doit-on effectuer son
premier changement ? Est-il conseillé de faire sortir deux joueurs à la fois ? Pourquoi Sir Alex Ferguson laisse
toujours son adversaire effectuer le premier changement ? Le remplacement sanction, après seulement 15 ou
20 minutes de jeu, est-il conseillé ? Comment utiliser un joker ? Etc... De nombreux techniciens, tous niveaux
confondus, ont accepté de nous faire partager leur expérience et leurs convictions sur le sujet. À vous, ensuite,
de vous forger votre propre opinion.
20
Frédéric HANTZ :
"Répercussions tactiques et
dynamique interne"
Tour d'horizon. Auréolé du titre du titre de champion de Ligue 2 avec SC Bastia, Frédéric Hantz se
confie sur la dimension tactique et managériale des remplacements. Il évoque ainsi les notions de risques,
de coaching gagnant, tout en soulignant que les raisons qui induisent un changement ne sont pas toujours
celles auxquelles on pense…
>"Deux axes : individuel et collectif"
La question semble farfelue.Voire simpliste : pourquoi au juste
effectue-t-on des changements ? Frédéric Hantz : "il y a deux
axes : individuel et collectif. Le premier vise à faire sortir un
joueur fatigué, en difficulté dans le jeu, ou à faire entrer un
garçon dont on pense qu’il peut nous apporter de nouvelles
possibilités. Le deuxième vise à entraîner la réorganisation
de l’équipe. L’objectif est donc d’apporter une modification
tactique collective. Derrière ce type de changement, il y a
toujours plus ou moins la volonté de faire réagir l’équipe".
>"Un moyen parfois de marquer sa confiance ou sa
satisfaction vis-à-vis d'un élément particulièrement
méritant"
Ce préambule effectué, le technicien bastiais livre quelques éléments rarement abordés par ailleurs : "parfois, on procède à des
remplacements qui n’ont pas vraiment trait avec le déroulement du match, mais qui sont plutôt en lien avec le contenu
de la semaine d’entraînement. Le remplacement est alors
un moyen de marquer sa confiance ou sa satisfaction vis-àvis d'un élément particulièrement méritant. Ce sont ces changements qui interrogent le plus les spectateurs et les observateurs parce qu’ils ne possèdent pas tous les données pour
les comprendre".
>"Comme sur le terrain, on se doit d'avoir un banc
équilibré"
L'entraîneur corse approfondit le propos au sujet de cette
dynamique interne : "de la même manière qu’on vise à composer une équipe équilibrée sur le terrain, on se doit d’avoir un
banc équilibré en termes de poste mais également en termes
de mental". En cohérence avec cette logique de gestion d’effectif, Frédéric Hantz précise : "il m’est arrivé par exemple, sur certains matchs à l’extérieur, de na pas prendre un joueur dans
le groupe alors qu’il le méritait sur le plan sportif. Mais dans
la mesure où j’envisageais de le mettre sur le banc, je craignais qu’il pollue le groupe en tirant la gueule deux jours
durant lors de la mise au vert".
Suite page suivante 
21
Dossier
>Changer pour poser ou résoudre un problème de
jeu ? "Il n'y a pas de règles"
Sur le plan tactique, effectue-t-on le plus souvent des changements pour poser un problème à l'adversaire ou au contraire
pour résoudre des difficultés liés aux spécificités de jeu de
l’équipe que l'on a en face de soi ? "Il n’y a pas de règles. Ou
alors, elles fluctuent à chaque rencontre. Parfois, cela s’apparente un peu au jeu du chat et de la souris avec le coach d'en
face, et parfois on se limite à ne pas prendre des options pouvant nuire au rendement de l’équipe".
>"Quand on mène au score, il m'arrive souvent de
faire entrer un joueur offensif…"
Sur le plan tactique toujours, celui qui vient d’être élu meilleur entraîneur de Ligue 2 par ses pairs, nuance l’assertion
voulant que l’on fasse systématiquement rentrer un joueur
défensif lor sque
l’on mène ou que
l’on souhaite garder le score en
l’état : "dans ces
moments là, il
m’arrive assez
souvent
au
contraire de faire
rentrer un joueur
offensif. Soit parce
que le match me
laisse penser qu’il
y a une possibilité
de faire une différence encore plus
grande, soit pour
sortir l’équipe
d’une logique de
p e u r e t d e re p l i
parce que nous
sommes,
au
contraire, très dominés". Dans le cas de figure inverse, Frédéric
Hantz se range à l’avis du plus grand nombre : "lorsqu’on est
mené, la solution consiste essentiellement à privilégier des
possibilités offensives en apportant plus de dynamisme et de
fraîcheur dans les zones de finition ou plus de joueurs capables de marquer des buts".
>"Dans un match serré, à fort enjeu, je suis partisan
de ne pas faire de changement du tout"
Et lorsque le match peut basculer d’un côté comme de l’autre ? "Personnellement, dans le cadre de matchs à fort enjeu
et à fortiori lorsque le score est étriqué, je suis partisan de ne
pas faire de changement du tout. Encore plus lorsque l’équipe
mène d’un but. L’expérience montre que le changement effectué dans un tel contexte se retourne souvent contre vous… Et
pour cause, quels que soient l’investissement et la volonté de
bien faire, il est très difficile d’entrer dans ce type de match.
22
Le risque est incontestable. D’abord, est-ce que le joueur va
comprendre ce qu’on attend de lui ? C’est loin d’être toujours si évident que ça. Ensuite, au moment où l'on effectue
le changement, on ne sait jamais avec certitude dans quel
état mental se trouve le remplaçant ? Ressent-il de la déception, de la joie, pensait-il entrer plus tôt dans le match, est-ce
la crainte, la peur ou le désappointement qui domine ?".
>"On a passé 10 minutes suivantes à évoluer dans un
système de jeu complètement improbable !"
Et quid du temps d’adaptation nécessaire à l’équipe pour intégrer les nouvelles données induites par un changement tactique ? "C’est très variable. Personnellement, je n’aime pas
changer d’organisation en cours de match. Du fait de la tension, du bruit, de l’état psychologique des acteurs, l’incompréhension qui suit une réorganisation est parfois consternante. Une anecdote : je souhaitais
passer d’un 4-4-2 à
un 4-2-3-1. Le
joueur entrant
devait transmettre
le message. Pris par
la pression, il
oublie de donner la
consigne aux
autres. On a passé
les dix minutes suivantes à évoluer
dans un système de
jeu complètement
improbable ! Et là
où la far ce va
jusqu’au bout, c’est
qu’on a marqué !
Après coup, les
journalistes ont
écrit que j’avais
effectué un coaching gagnant…".
>"Bien plus que les modifications tactiques, c’est
l’état d’esprit dans lequel le joueur va entrer qui
importe".
Doit-on pour autant tordre le cou à cette iconographie de l’entraîneur stratège et décideur du sort du match ? "Non, les
coachs ont un impact sur le déroulement d’un match. C’est
indéniable. L’expertise de l’entraîneur se retrouve en partie
dans la lecture du match et dans les décisions qu’il va prendre pour infléchir favorablement le cours de celui-ci. Mais il
convient aussi de ne pas donner aux coachs plus de pouvoir qu’ils n’en possèdent véritablement. Le match appartient aux joueurs. Bien plus que les modifications tactiques,
c’est l’état d’esprit dans lequel le joueur va entrer qui importe.
Son état d’esprit et sa capacité à apporter à titre individuel
quelque chose de nouveau au collectif".■
Changer plusieurs joueurs à la fois :
pour ou contre ?
Témoignages. Que ce soit au niveau amateur ou professionnel, les changements multiples et
simultanés ne sont pas fréquents. En vertu de quels principes, pour quelles raisons, et quelles alternatives
peuvent-ils apporter ?
Christian MALOD (SO Chambéry - CFA 2)
"Cela a permis un changement
d’organisation plus en phase
avec ce qui se passait sur le
terrain"
"J'y suis favorable. Et ce
pour l’avoir essayé avec
bonheur dernièrement. Nous étions
menés 1-0, l'équipe
était complètement à
côté de la plaque. Je me
suis alors décidé à faire entrer
deux joueurs à la fois, ce que je n’avais
jamais fait jusqu’alors. Mais là, la situation
l’exigeait dans la mesure où deux titulaires
ne remplissaient pas leurs rôles. L’entrée
des deux remplaçants a permis un changement d’organisation plus en phase avec
ce qui se passait sur le terrain. En plus de
résoudre certaines insuffisances tactiques,
je crois que le changement simultané de
deux joueurs a posé des problèmes à
l’équipe adverse qui n’est jamais trop parvenu à s’adapter à
cette nouvelle organisation. Nous l’avons emporté 2 à 1".■
Gilles SALOU (Pôle Espoirs de Dijon)
"Valeur de message pour l'ensemble des joueurs"
"Je suis contre s’il s’agit simplement de faire
des changements pour faire plaisir aux remplaçants par exemple. Par contre, le changement de plusieurs joueurs peut avoir
valeur de message pour l’ensemble du
groupe. Si l’équipe est défaillante dans l’engagement ou dans l’état d’esprit par exemple.
Sur un plan plus tactique, l’entrée simultanée de deux attaquants axiaux peut désorienter la défense adverse. Reste maintenant à trouver l’équilibre pour emmener les ballons en zone
de finition… A contrario, l’apport de deux joueurs défensifs en
même temps peut s’envisager si on a complètement perdu le fil
du match et qu’il s’agit simplement de "survivre"". ■
Christophe CATTELAIN (FCF de
Monteux - D2 féminine)
"Oui, mais seulement à
la mi-temps"
"Je suis contre si le changement multiple n’a pas
été anticipé. Le temps
d’adaptation pouvant
se révéler trop conséquent. Je suis pour en
revanche si les changements interviennent durant la mi-temps.
Le coach peut alor s réorganiser son
équipe, voire changer complètement le
plan de jeu. Alors deux remplacements
pourquoi pas, mais lorsqu’il s’agit de 3,
cela nécessite des explications et ne peut
pas s’appliquer comme ça en cours de jeu
sans consignes adaptées. D’une manière
générale, on envisage ces changements
uniquement dans des circonstances très
particulières. La plupart du temps, lorsque
le résultat du match est acquis à 90 %. Il
m’est arrivé dernièrement de procéder au remplacement de
trois joueuses à la fois à la pause. Mais c’était lors du dernier
match de championnat et l’objectif était de faire participer
tout le monde à la fête". ■
Bruno LIPPINI (centre de formation de Montpellier)
"On peut complètement destabiliser l'équipe
adverse… ou la sienne !"
"Je ne suis pas un coutumier des changements
multiples. Mais cela n’empêche pas de mener
une réflexion à ce sujet. Objectivement, cela
pose quand même un problème au niveau
numérique. Si l’on change trois joueurs à la
fois, cela signifie qu’il n’existe dès lors plus de
recours en cas de blessure ou de problème particulier. Maintenant, en procédant ainsi, on peut complètement déstabiliser l’équipe adverse. Ou alors la sienne ! Donc
après tout, pourquoi pas, à condition que le match soit presque
arrivé à son terme, ou que le score nous soit défavorable et
qu’il ne reste donc plus qu’à tenter un coup !". ■
Suite page suivante 
23
Dossier
Le remplacement sanction :
quelle pédagogie et quel impact ?
■ Par Philippe CLEMENT,
titulaire du DEF, entraîneur de Dives
sur mer (DH).
A utiliser avec modération. Le remplacement sanction, après
seulement 10, 15, 20 minutes de jeu, n'est utilisé que dans des circonstances bien
particulières. S’il peut servir à traduire concrètement le mécontentement de
l'entraîneur, il ne doit en aucun cas s’apparenter à une humiliation personnelle.
l m’est déjà arrivé de
procéder à des remplacements dits "sanction". Mais il convient sur
le sujet d’apporter
quelques nuances.
Globalement, on peut dire
qu’il y a deux types de
remplacements sanctions. Le premier représente une réponse à une
performance individuelle
mettant en danger le collectif. Encore faut-il discerner la raison de cette
contre performance. Il est
bien évident qu’on ne va
pas réa gir de la même
manière selon que l’on
soupçonne le joueur de
s’être couché bien imbibé à 5 heures du matin ou qu'il fait ce
qu’il peut mais sans avoir les moyens techniques ou physiques
de répondre à votre attente. Dans un cas, il n’y a pas lieu de
faire preuve de clémence. Le joueur a triché avec le groupe. Il
paie. Dans l'autre, il s’avère nécessaire de faire preuve de tact.
A titre personnel, j'attends généralement la mi-temps pour
faire sortir un joueur qui prend le bouillon… L’objectif étant de
ménager son amour propre et ainsi de le maintenir à flots pour
le reste de la saison. Il va sans dire que cette approche est caractéristique du niveau amateur et qu’elle n’a pas cours au haut
niveau où certains techniciens n'hésitent pas parfois à sortir un
joueur après 15 ou 20 minutes de jeu !
I
>Une performance individuelle mettant en danger le
collectif
Le deuxième type de remplacement sanction intervient
lorsqu’un joueur ne se maîtrise plus vraiment nerveusement ou
parce qu’il fait montre d’une attitude inadaptée vis-à-vis du
collectif et du plan de jeu qui a été convenu ensemble. Par
exemple, l’attaquant ne fait pas le moindre effort de replace-
24
ment ou n’effectue pas le
pressing demandé. Il
m’apparait alors judicieux
de l’appeler sur le bord de
la touche pour le prévenir de sa probable sortie
à venir s'il persiste dans
cette voie. Cet avertissement doit être donné de
telle manière que le
joueur concerné est le
seul à l’entendre. Même si
l’on est particulièrement
mécontent de l’attitude
du joueur, on doit s’interdire de l’humilier devant
les adversaires, le public
et ses partenaires. Ensuite,
si aucune amélioration
n'est constatée, la sanction tombe logiquement et en toute justice.
>Faire preuve de discernement
Malheureusement, ce qui peut advenir au moment du changement, c’est que le joueur fautif manifeste clairement son
mécontentement. La difficulté pour le coach est alors de ne
pas réagir à chaud et de perdre ainsi son calme en même temps
que le fil du match. Il sera toujours temps, après la rencontre,
d’avoir une discussion entre quatre yeux afin de repositionner les rôles respectifs. Enfin, il convient naturellement de
faire preuve de pédagogie différenciée selon que l'on a en face
de soi un jeune qui se prend un peu pour un autre, ou un vieux
briscard victime d'un moment d’égarement. Ce qu’il s’agit surtout de mettre en avant, c’est que le remplacement sanction
peut être perçu comme un désaveu important pour le joueur
incriminé. Il doit à ce titre être utilisé avec parcimonie et en dernier recours pour répondre à des situations très particulières.
Dans tous les cas de figure, il ne doit pas pouvoir être interprété, par le joueur comme par le reste du groupe, comme la
manifestation d’un autoritarisme hors de propos.■
Ecole de foot : "Jamais 2 fois
d’affilée sur le banc"
■ Par Vincent HAMONIC,
CTD du district du Morbihan.
Temps de jeu. Un enfant qui pleure sur le bord du terrain parce qu’il n’a pas
joué ou qui arrête à mi-saison ? Inadmissible ! Pourtant, certains pseudoéducateurs s’obstinent à laisser de jeunes joueurs sur le banc bien plus que de
raison.Vincent Hamonic s’élève contre la méthode et dresse l’inventaire de
ce qu’il convient de faire pour assurer le plaisir de tous.
voquer la simple notion de remplaçants à l’école de foot
est une aberration. La seule question à se poser est de
savoir comment on va assurer le même temps de jeu pour
tout le monde. Pour le reste, il suffit de rappeler que chaque
enfant a signé une licence, et qu’il s’agit de la même pour tous !
Par ailleurs, le premier objectif des dirigeants et éducateurs
doit être de fidéliser les jeunes licenciés. Or, on fidélise par le
plaisir et l’estime de soi. Lorsqu’un petit garçon ou une petite
fille joue 5 minutes sur un plateau, on va à l’encontre de ces
deux principes. Le deuxième objectif consiste à donner les
moyens aux jeunes de progresser dans leur pratique. On sait très
bien que les niveaux des uns et des autres fluctuent énormément d’une saison à l’autre. D’un mois à l’autre parfois. Les
meilleurs éléments qui arrivent dans le football à 11 n’étaient
pas toujours les plus doués au départ ! Pour beaucoup, il s’agissait juste de leur donner l’opportunité de jouer… D’une
manière générale, on doit lutter contre
cette idée que le meilleur éducateur
est celui qui obtient les meilleurs résultats. L’essentiel est ailleurs. Et notamment dans la réalisation des objectifs
ayant trait au développement individuel des enfants. Pour ce faire, je
conseille d’appliquer les principes suivants par catégorie :
E
- U6 à U9 : Même temps de jeu pour
tous bien évidemment. La refonte des
catégories entreprise par la DTN envisage la mise en place de formules à 3
contre 3 et 4 contre 4 avec des plateaux
parallèles pour les U6. Ceci pour multiplier les possibilités pour l’enfant de
toucher le ballon et ainsi réduire le
nombre de joueur s inactifs sur la
touche.
- U10-U11 : Pour ces catégories, on
passe au 7 contre 7 sur des demi-terrains, mais la même logique doit être
de mise. De plus, l’espace de jeu ayant
augmenté de façon significative, l’éducateur a tout intérêt à
assurer des rotations rapides.
- U13 : Gare à la championnite. Sur certaines compétitions, la
Coupe Nationale Benjamins notamment, les éducateurs se
croient soudain en Champion’s League ! On peut les comprendre… mais certainement pas les excuser lorsqu’ils utilisent
les mêmes 9 joueurs à chaque match. Il est inconcevable qu’un
garçon ou une fille s’assoit deux fois d’affilée sur le banc.
- U15 : On passe au football à 11. Malheureusement, les notions
de compétition parasitent parfois les objectifs de pré-formation. On peut le regretter. D’autant plus que nous avons affaire
à des adolescents en construction. On sait combien l’aspect psychologique est important et combien ces jeunes ont besoin
de se sentir valorisés.Alors même si un joueur est moins sollicité
sur des matchs en particulier, il ne doit
y avoir que peu d’écart entre celui qui
fait "exister" l’équipe techniquement et
celui qui est moins doué sur l’ensemble
de la saison.
- U17 : Les mêmes principes prévalent.
Si ce n’est que les jeunes de cet âge là se
révèlent encore plus sensibles aux
notions de justice et d’injustice.
L’éducateur U17 doit être à même d’expliquer ses choix. D’ailleurs, quand il
doit formuler les causes véritables du
peu de temps de jeu accordé à un élément, il se rend souvent compte que
ses raisons sont objectivement indéfendables !
En conclusion, il est bien évident qu’il
va dans l’intérêt du football en général de considérer tous les éléments
signant une licence à leur juste valeur.
Par conséquent, et pour assurer le développement de notre sport, il est urgent
de ménager une place pour tous.■
Suite page suivante 
25
Dossier
Pourquoi Sir Alex ne change (presque)
jamais de joueur le premier ?
Au départ il y a ce constat établi et relayé par nos amis de la presse
anglaise au sujet d’Alex Ferguson : tant qu’il n’y est pas contraint par les
blessures ou contre-performances individuelles trop marquées, et tant que
son équipe est en mesure de maîtriser le score, le coach de Manchester
United attend que l’équipe adverse procède à ses changements avant
d’effectuer les siens. Un fait qui prend une résonnance toute particulière
lorsque l’on sait que le technicien écossais fait partie des coachs qui
remportent le plus de matches dans les dernières minutes… A tel point
que nos collègues britanniques ont même crée un néologisme pour
qualifier cette période : le "fergietime". Au-delà de l’hommage, VESTIAIRES
souhaitait surtout interroger ses lecteurs sur leurs propres pratiques et sur
les raisons qui, selon eux, expliqueraient cette approche spécifique du grand
manager des Red Devils.
Luigi RENNA (Gap - CFA)
"Changer que si le profit envisageable s’avère
supérieur au risque encouru"
"Peut-être estime t-il simplement que si son
équipe est en position de remporter le
match, un changement représente un risque
pour les siens. Pourquoi changer ce qui fonctionne ? Du moins sur la durée d’un match ?
Le remplacement d’un joueur par un autre
comporte toujours une potentialité de déséquilibre. Par ailleurs, les caractéristiques de jeu de Manchester,
basées sur la verticalité, fait qu’il doit être encore plus difficile de se mettre immédiatement dans le tempo du match par
rapport à des équipes pratiquant un jeu plus horizontal.Autant
alors ne procéder à un changement que si le profit envisageable
s’avère supérieur au risque encouru…".■
André BASILE (Lattes - DH)
"Se donner la possibilité de choisir la réponse
qu’il entend apporter à l’initiative du coach
adverse, comme aux échecs…"
"Aux échecs, on prétend que même si ce sont
les blancs qui ont l’initiative - puisqu’ils
jouent en premier - c’est en fait la réponse
des noirs qui décide de l’ouverture. En effet,
selon ce que le joueur noir va décider, la partie va s’orienter dans tel ou tel sens. Peut-être
est-ce que la politique de coaching de Ferguson
procède de la même logique. Il veut se donner la possibilité
26
de choisir la réponse qu’il entend apporter à l’initiative du
coach adverse. En tout cas, c’est une donnée qui ne peut qu’interpeller tant la carrière de cet homme impose le respect.Au
niveau amateur, en revanche, on doit prendre en compte d’autres données. Bien entendu la notion de résultats s’avère primordiale, mais la gestion du groupe l’est tout autant. Il faut
pouvoir accorder un temps de jeu conséquent à tous. Donc
on effectue ses changements aussi en fonction de ce facteur
temps".■
Eric BOURGET (La Roche Vendée - DH)
"Ceux qu’il choisit au départ sont ceux
qui doivent gagner"
"Sans doute pense-t-il que sa composition
initiale est la solution pour gagner. Il responsabilise les joueurs, fait appel à leur intelligence pour s’approprier la solution.
Evidemment, on se place là dans la situation
où le résultat de son équipe est positif. Par ailleurs, en agissant de la sorte, il se donne la possibilité de contrer
le choix du coach adverse tout en lui laissant le risque de la
première initiative. Pour peu qu’il contre celle-ci, il valide
encore plus son emprise sur l’équipe. Par ailleurs, c’est aussi
l’expression d’un parti pris en mettant le coaching au second
plan par rapport à la force de son groupe : ceux qu’il choisit sont
ceux qui doivent gagner. Et si c’est le cas, comme souvent avec
Manchester, il augmente la confiance des joueurs en eux-même
d'une part, et cautionne ses propres décisions à venir d’autre
part".■
ANTONETTI :
"On se contente bien souvent de gérer les
impératifs du match sans forcément l’influencer"
A quel moment de la partie ? Nous avions sollicité Frédéric Antonetti afin qu’il nous éclaire
sur une étude ayant trait aux remplacements. Au final, en plus des commentaires demandés, l'entraîneur
du Stade Rennais en a profité pour faire passer un message fort et novateur.
Une étude très sérieuse menée
lors de la saison 2009-2010 sur
l'ensemble des matches des
championnats anglais, espagnols, italiens, allemands et
au sein de la Major Soccer
League, a donné lieu à la
conclusion suivante : lorsque
son équipe est menée, l'entraîneur optimise ses chances
de revenir au score s'il effectue le premier changement à
la 58e minute, le second à la
73e et le troisième à la 79e… Qu'est-ce que cela vous
inspire ? D’une manière générale, je me méfie de ce genre de
statistiques. On leur fait dire ce qu’on veut. Mais là, je suis plutôt
en phase avec le tempo.
C'est-à-dire ? Le premier changement aux alentours de l’heure
de jeu pour laisser le temps au premier remplaçant d’avoir une
influence sur le jeu, le deuxième pour apporter un peu de fraîcheur à l’équipe, et le troisième en fonction des circonstances,
pour faire un coup. En tout cas, c’est le scénario auquel nous
pensons tous plus ou moins. Qu’est-ce qu’elle dit d’autre cette
étude (sic) ?
Elle prétend que lorsque les entraîneurs
suivent ce "protocole", leur équipe
marque un but dans 36% des cas, contre
18,5% pour les autres scénarios…Ce qui
Et le fameux changement
pour gagner du temps en
toute fin de match, légende
ou réalité ? Une réalité qui a de
moins en moins cours. Dans les
faits, je crois que ce type de changement est appelé à disparaître.
Procéder à un changement à ce
moment-là peut s’apparenter à un
facteur de déstabilisation pour sa
propre équipe.
D’une manière générale,
peut-on dire que l’efficacité des remplacements
effectués par l’entraîneur est un indicateur fiable de
son expertise et de sa compétence ? Encore faut-il pou-
voir évaluer objectivement l’impact du changement.
Lorsqu’un joueur entrant délivre une passe décisive ou
marque un but, rien ne dit que le joueur sortant ne l’aurait
pas fait lui non plus s’il était demeuré sur le terrain. A mon
avis, ça ne traduit qu’une toute petite partie de la compétence d’un entraîneur. Dans la réalité, avec seulement trois
changements, on se contente bien souvent de gérer les impératifs du match sans forcément l’influencer. Mais est-ce que je
peux profiter de votre magazine pour faire passer un message ?
"Est-ce que je peux
profiter de votre
magazine pour faire
passer un message ?..."
est sûr, c’est que les vingt dernières minutes
d’un match se révèlent toujours cruciales.Aussi,
on est en droit de se poser la question de savoir
si les buts sont marqués parce qu’il y a eu des changements ou
parce que cela fait partie de l’essence même du jeu.
A titre personnel, est-ce que le fait de jouer à l’extérieur ou à domicile, par exemple, influence votre
approche des changements ? Globalement, non. Mais
jouer à domicile ou à l’extérieur a quand même une influence.
Il existe en effet des joueurs qui font de meilleurs matchs à la maison et d’autres qui préfèrent jouer hors de leurs bases. Dans
tous les cas, celui qui réalise une moins bonne performance a
plus de chance de regagner le banc !
Bien sûr, lequel ? J’ai la conviction que le
jeu football a besoin d’être refaçonné à certains égards. Pas beaucoup mais un peu. Sur le
nombre de changements par exemple. Est-ce
qu'on n'assisterait pas à plus de rebondissements si le règlement permettait de changer
trois joueurs à la mi-temps et trois autres dans le cours du
match ?
Vraisemblablement oui, mais quelles en seraient
les conséquences selon vous ? Le plaisir du spectateur !
On aurait alors droit à de véritables batailles tactiques à l’entame de la deuxième période. On augmenterait ainsi la qualité
du spectacle proposé en ménageant des possibilités de retournements de situations. Il me semble que l’enjeu est suffisamment intéressant pour que les instances s'y penchent. ■
Suite page suivante 
27
Dossier
La logique des changements
Jacques CREVOISIER. Acteur et spectateur privilégié du football européen, Jacques Crevoisier
nous fait part de ses observations concernant les remplacements au sein d’effectifs professionnels parfois
pléthoriques. Un regard vers les hautes sphères où l’on s’aperçoit que les logiques diffèrent assez
radicalement de celles des entraîneurs du dimanche...
"Maintenir
les effectifs
en alerte…"
Existe-t-il des similitudes selon vous entre les remplacements effectués au plus haut niveau et ceux
que l'on observe dans le football amateur ?
Bien sûr. Je pense notamment aux postes les plus concernés par
ces changements. D’une manière générale, que ce soit dans
les championnats de district ou en Champion’s League, les
quatre défenseurs ne sortent pas. Les centraux encore moins
que les arrières latéraux. Les milieux de terrains défensifs sont
peu concernés également. Au fin de compte, la majorité des
remplacements porte sur les milieux de terrain offensifs,
notamment les excentrés, et les attaquants. En cela les pratiques du haut niveau et du football amateur se rejoignent.
Pourquoi est-ce que les attaquants et les milieux de
terrains ex cen trés sont-ils plus concernés par ces
changements ?
Cela s’explique en grande partie par les caractéristiques de ces
28
postes. On sait que la plupart des courses de démarquage
pour ces joueurs sont effectuées à haute intensité. Dès lors
que l’intensité des sprints baisse, les coachs sont tentés de
procéder à un changement. C’est une simple question de
logique qui tient compte de la dépense énergétique et de la
fraîcheur physique du joueur.
C’est la seule raison ?
De plus en plus rentrent en considération des logiques de
rotation d’effectif, de "turn over". Les remplacements en cours
de match ou les rotations d’un match à l’autre sont utilisés
pour maintenir les effectifs en alerte. En effet, lorsqu’un coach
n’assure pas du temps de jeu à tous les joueurs de l’effectif, il
"tue" tout à la fois les titulaires en les épuisant et les remplaçants en ne leur permettant pas de prendre le rythme du
niveau de compétition.
au très haut niveau
Certains entraîneurs font-ils basculer des championnats sur la pertinence de leurs changements,
d'après vous ?
De respect ?
Evidemment. L’attitude du joueur qui sort, par exemple, est
essentielle. Celui qui sort en laissant bien apparaître qu’il
n’est pas content, on peut le comprendre, mais
Basculer un championnat, peut-être pas, mais
le cours d’un match oui, sans aucun doute. Le joker : "une question en procédant de la sorte il fait passer trois messages. Premièrement, qu’il s’estime tellement
Tout le monde s’accorde à penser que le coade profil et de
bon qu’il n’a pas à sortir, deuxièmement que le
ching est un élément essentiel qui peut faire
gagner les matches… en oubliant souvent de disponibilité mentale" joueur appelé à le remplacer est nul ou en tout
cas qu’il sera moins utile à l’équipe que lui, et
souligner qu’il peut tout aussi bien les faire
enfin, troisièmement, que l’entraîneur est nul ! Selon moi, on
perdre.
ne doit pas tolérer ce genre de choses.
Justement, que pensez-vous de l’expression "coaching gagnant" ?
Est-ce que les entraîneurs ne vont pas s’attacher de
J’en pense qu’elle est souvent justifiée, mais qu’elle fait aussi plus en plus à compter dans leurs ef fectifs des
parfois partie du folklore. Lorsqu’on déclare qu’un entraîneur "supersub" capables de faire des rentrées fracasa fait un bon coaching parce que le joueur entrant a marqué santes ?
1 ou 2 buts ou signé des actions décisives, on pourrait tout Dans les clubs de moyenne importance, peut-être. Mais ce
aussi bien dire que l’entraîneur avait fait un mauvais choix n’est pas ce vers quoi on se dirige dans les très grands clubs. Il
en ne le titularisant pas dans son onze de départ… C’est du bon faut comprendre que ceux là ont souvent entre 60 et 65 matchs
sens, non ?
dans la saison. Pour répondre à des objectifs élevés, les entraîneurs préfèrent empiler les joueurs,
quitte à doubler, voire tripler les postes.
Il y a quand même des joueurs
Par ailleurs, le fait de compter sur le banc
qui sont meilleurs lorsqu’ils rendes joueurs très forts incitent les coachs
trent que lorsqu’ils commencent
à effectuer de plus en plus de rotations,
la partie…
que ce soit d’un match à l’autre ou dans
C’est exact. C’est une question de prole cours même des rencontres.
fil et de disponibilité mentale. En
Angleterre, ils utilisent cette expression de "supersub" ("super remplaPas de remplaçants "titulaires"
çant", NDLR). Il faut valor iser ces
pour les clubs de l’élite eurojoueurs capables de se préparer mentapéenne donc ?
lement pour pouvoir donner un maximum à l’équipe dans un La question ne se pose pas en ces termes. L’hypothèse la plus
minimum de temps. A Lyon, un garçon comme Jérémy Pied probable est celle qui consiste à dire que l’on va développer
correspond tout à fait à ce profil.
des logiques de "money time" comme au basket. Il y aura donc
plutôt des joueurs qui commenceront la partie et d’autres
Est-ce qu’il n’y a pas un risque qu’il reste cantonné à qui la finiront. Et ceux là varieront d’un match à l’autre.
ce rôle de remplaçant précisément parce qu'il se
montre très performant dans ce registre de joker ? Il n’y aurait donc plus vraiment de statut de tituNon, je ne pense pas. Et puis ce n’est pas la même chose laires et de remplaçants ?
lorsqu’on a affaire à des jeunes joueurs. A quelques excep- Du moins à certains postes. Ce serait d’ailleurs amusant de
tions près, cela fait partie d’un cursus assez normal. Le risque constater que les représentations du grand public s’inversele plus important est pour ceux qui rentrent
raient.
"Vers des logiques de
sur le terrain en tirant la gueule. Le temps qu’ils
Money time"
se mettent dans le match, la rencontre est terVous voulez dire en termes d’images ?
minée. Ceux là n’ont pas trop intérêt à se rater
C’est exactement ça, puisque si l’hypothèse
le jour où ils sont titulaires s’ils ne veulent pas voir leur carrière se confirme, ceux qui débuteront devront faire le travail ingrat
écourtée. C’est une question de préparation et de respect.
de sape tandis que ceux qui entreront auront la mission gratifiante de finir et d’emporter le match ! ■
29
Dossier
Comment doit-on échauffer
les remplaçants ?
■
Ne pas bâcler. L’expression prétend que les remplaçants "chauffent le
Par Jean GALLICE,
entraîneur national et formateur de
cadre à la DTN.
banc". Pourtant, dans les faits, pour un joueur, la guérite peut se révéler un des
endroits les plus froids de la planète. Jean Gallice nous fait part de son expérience
et de ses remarques concernant le nécessaire et indispensable échauffement du
joueur qui s'apprête à rentrer sur le terrain.
oncernant l’échauffement des remplaçants,
le premier point à rappeler est que tous les joueurs
doivent se sentir concernés :
ceux appelés à démarrer la
rencontre sur le banc au
même titre que ceux qui la
commencent sur le terrain.
L’entraîneur se doit ainsi de
marquer la même considération à tous. J’insiste sur ce
point puisqu’il s’agit de celui
qu’on a le plus tendance à oublier. Or, l’aspect psychologique
a toujours une incidence sur les versants physiologiques. Un
joueur valorisé, bien dans sa peau, se blessera moins que celui
qui traîne les pieds et nourrit le sentiment de ne pas être considéré… A ce titre, je préconise que les titulaires comme les remplaçants s’échauffent de façon identique avant que l’arbitre
ne rappelle tout le monde aux vestiaires. Ou du moins que la
majeure partie de l’échauffement soit commune à tous. Il en va
de la cohésion du groupe et de la cohérence de la gestion individuelle et collective. Cela signifie en substance que l’échauffement "spécifique" du remplaçant consiste essentiellement en
un rappel physiologique de la partie commune réalisée avec le
reste de l’équipe en amont du match.
C
>L’aspect psychologique a toujours une incidence sur
les versants physiologiques
Pour ma part, le remplaçant qui se comportait en touriste ou ne
montrait pas la même implication que les autres à cet instant,
n’avait aucune chance de participer à la rencontre… Ce rappel
physiologique, donc, va consister à refaire les éducatifs d’athlétisme. Je pense notamment à l’échauffement localisé et prioritaire des ischios-jambiers mais également tous les exercices
type "pas de l’oie" ou "talons-fesses". De plus, le travail balistique
de l’articulation coxo-fémorale, c'est-à-dire les mouvements sollicitant le bassin et effectués avec amplitude me paraissent
tout spécialement adaptés à la situation. D’une manière générale, il y a des processus physiologiques auxquels on ne peut pas
échapper. Prendre le temps nécessaire, au moins quinze
30
minutes, pour réactiver l’organisme en fait partie.
Cependant, je pense qu’une
fois cette par tie basique
effectuée, le joueur doit faire
en fonction de son ressenti.
Aujourd’hui, par exemple, on
ne jure plus que par les étirements activo-dynamiques.
Très bien, mais il existe d’autres alternatives. En la
matière, je ne crois pas qu’il
existe de vérités établies. La
sélection allemande privilégie un travail individualisé où certains font du 15-15 pendant que les autres fonctionnent plutôt
dans le registre de la vitesse et de l’explosivité.
>4 séries de "30-30" afin d’obliger l’organisme à
produire de l’acide lactique et ainsi le préparer à la
charge de travail demandée.
Les footballeurs américains, eux, réalisent des étirements passifs juste avant de faire des séries de courses à haute intensité,
tandis que certains sprinters effectuent la majeure partie de leur
échauffement à partir de contractions isométriques (sans mouvements apparents). Personnellement, il m’arrivait de demander à mes remplaçants de réaliser 4 séries de "30-30" afin d’obliger l’organisme à produire de l’acide lactique et ainsi le préparer à la charge de travail demandée. Un autre exemple : les
remplaçants brésiliens s’’échauffent parfois avec le ballon
dans les mains comme à l’Ecole de foot ! Bref, où se situe la
vérité dans toutes ces approches ? Si ce n’est dans celle que le
joueur perçoit comme efficace pour lui ? Je crois que le rôle de
l’entraîneur ou du préparateur physique doit surtout consister
à présenter toutes ces possibilités et les mettre à disposition du
joueur. Le domaine de la préparation physique est par essence
celui où le joueur peut et doit se prendre en charge. La problématique se situe majoritairement, je le répète, dans l’implication
mentale du joueur. Que ce soit donc sur cette question de
l’échauffement des remplaçants comme sur d’autres aspects de
la pratique, il s’agit surtout de lui présenter les moyens de s’accomplir. ■
LE CAHIER
DU COACH
•
•
ENTRAINEMENT
p. 36
•
•
STRATÉGIE
p. 42
PREPARATION
PHYSIQUE
p. 38
TECHNIQUE
p. 44
•
MANAGEMENT
p. 40
• •
SANTÉ
p. 46
PRÉSIDENT
p. 48
35
ENTRAINEMENT
Jeu de volée en zone
■
Par David MAIGRET,
titulaire du BEES 1, éducateur seniors
US Montreuil, section sportive U11 à
Dernières séances. Pas exactement le moment de s’appesantir
sur le cadrage du porteur du ballon ou la hauteur du bloc équipe en
zone-presse. Et si on se faisait un peu plaisir avec du jeu de volée en
zone de finition ?
U14.
ourquoi travailler les centres et
le jeu de volée ? Tout d’abord, il y
a les chiffres. En ligue 1 par exemple, on dénombre pas moins de 44 centres par match en moyenne. Et 25%
des buts sont inscrits sur ce type d'action. Tous, bien sûr, ne sont pas marqués de volée. La plupart le sont consécutivement à des ballons donnés au
sol, sur des centres en retrait ou à destination du deuxième poteau. Toujours
est-il qu'une part non négligeable des
buts sont inscrits suite à du jeu de
volée. Il apparait donc que le résultat
d’une saison pourra être tout à fait différent selon que l’on compte dans son équipe
des joueurs habiles ou maladroits dans ce
domaine. Plus généralement, cette aptitude technique à reprendre le ballon de
volée doit faire partie du bagage de tout
joueur évoluant dans les zones de finition.
On a bien dit "les" zones de finition. Et pour
cause : rappelons que le jeu de volée ne se
limite pas aux seules reprises finissant dans
la lucarne. L’appellation "jeu de volée"
concerne le jeu de tête, les déviations, les
remises, tant sur le plan offensif que défensif (exemple : reprise de volée visant à dégager un ballon chaud).
vrés des abords immédiats de la surface de réparation. Sans doute faut-il
garder ce constat à l’esprit au moment
de concevoir sa séance…
P
Un cycle "passes longues" juste
avant la thématique des centres et
reprises
Mais en ce qui nous concerne ici, nous nous
Sur le plan technique, je différencie la méthodologie d’entraînement chez les jeunes et
chez les seniors.
en tiendrons aux aspects offensifs, en gardant bien présent à l’esprit que l’approche
défensive peut (doit) être traitée conjointement. Dès lors, il convient de soulever une
autre problématique : la possibilité d’effectuer une reprise de volée pour marquer
un but dépend en grande partie de la qualité
du centre. A ce titre, dans le cadre de la planification technique annuelle, je fais un
cycle "passes longues" juste avant cette
thématique des centres et des reprises.
Entre parenthèses, il serait sans doute intéressant d’avoir des chiffres sur le pourcentage de buts inscrits suite à un centre
déclenché depuis la ligne de touche. Un peu
à l’image de ce que faisait David Beckam
à Manchester United. Ceci étant, la qualité
des défenseurs centraux et l’avantage
athlétique qui est le leur sur des ballons
arrivant de cette distance font que les centres les plus efficaces sont dorénavant déli-
Un conseil
Dans l’organisation générale de la saison, l’expérience démontre que les éducateurs ont tout
intérêt à planifier ces cycles de travail (centres et jeu de volée) lorsque le temps est clément. L’attrait de ces séances est tel qu’il s’agit de ne pas les saborder avec des ballons
durcis par le froid ou alourdis par la pluie…
36
Enfin, le rappel d’une évidence : ce
n’est pas parce qu'on travaille le jeu
de volée qu’il faut interdire aux
joueurs, face à la cage, de reprendre
un ballon au sol. La volonté de retrouver le
thème choisi lors de la séance ne doit pas
aller à l’encontre de ce que commande le
jeu, l'objectif étant de faire trembler les
filets ! Il s’agit donc plutôt de mettre en
place des situations induisant les ballons
aériens. Les joueurs doivent intégrer que
le centre aérien répond à la nécessité de
transmettre le ballon à un partenaire tout
en évitant l’adversaire sur la ligne de passe.
Sur le plan technique, je différencie la
méthodologie d’entraînement chez les
jeunes et chez les seniors. Chez les jeunes,
par exemple, puisque le jeu de volée
implique des centres de qualité, je privilégie
une démarche plus progressive. Ballon à
l’arrêt tout d’abord, puis en mouvement
léger, puis après une conduite de balle
rapide. A chaque étape, j’impose la surface
de frappe, la trajectoire du ballon et la destination du centre. On fait nos gammes en
quelque sorte. Il est essentiel que tous les
jeunes participent de la même manière aux
exercices de volée. Il s’agit de ne pas laisser
l’arrière latéral U13 dans son coin sous prétexte qu’il a peu de chances d’en réaliser
une au cours du match ! La difficulté ici
réside dans la volonté de rester exigeant
Retrouvez LA SÉANCE DU MOIS
de David MAIGRET
sur ce même thème
de finition
sur les réalisations techniques des centres
et des reprises, tout en intégrant le fait que
les plus jeunes ne sont pas encore bien
"équipés" sur le plan physiologique pour la
réalisation de ces exercices.
Mêler au sein de la séance les
exercices analytiques avec les
situations globales
On sait par exemple que la croissance
rapide des adolescents a tendance à les
désorganiser sur le plan moteur. Or, la
reprise de volée nécessite une coordination fine, malheureusement pas toujours
c o m p a t i b l e a v e c c e s d é r è g l e m e n t s.
L’approche est tout à fait différente avec
des seniors censés maîtriser les bases techniques. Pour ces catégories, c’est toujours
la situation qui décide de la manière dont
doit être délivré le centre. Par ailleurs, il
est impossible de dissocier le volet technique du volet tactique. En d’autres termes,
si l’on veut voir une reprise de volée ou une
reprise de la tête, encore faut-il que les
courses devant la cage soient effectuées
de telle façon que le joueur soit "joignable". De plus, les situations peuvent être
aménagées sur des bases d’attaques
rapides ou d’attaques placées. L’attaque
rapide favorisera les courses de démarquage avec notamment l’attaquant cherchant à devancer le défenseur en coupant
la trajectoire du centre au premier poteau.
Les attaques placées, elles, génèreront plus
de duels avec des joueurs physiquement
au contact. Notez que les situations de 2
contre 2 sur un centre sont très riches dans
la mesure où elles incluent toutes les
dimensions du thème : marquage, démarquage, déplacements coordonnés, attaque
du ballon, réalisation du geste, mais aussi
l’organisation en vue de reprendre un éventuel deuxième ballon sur une remise ou
une balle contrée. Enfin, qu’il s’agisse de
jeunes ou d’adultes, il est opportun de
mêler au sein de la séance des exercices
analytiques avec des situations globales.
Cette façon de procéder me semble la plus
à même de ménager la qualité et la pertinence des apprentissages. ■
2 EXERCICES D'APPLICATION
Toutes catégories. Voici deux exercices pour travailler les centres et le jeu de volée. L’un est un jeu
d’échauffement sous forme globale (situation 1) visant à préparer les joueurs à la gestuelle du centre et
de la reprise, l’autre (situation 2), plus analytique, est appelé "le tourniquet". Très basique, il assure néanmoins un grand nombre de répétitions.
SITUATION 1
SITUATION 2
Organisation : jeu à 4 contre 4 + 2 gardiens jokers. 4
Organisation : 2 cages sur une double surface de répa-
appuis par équipe. Jeu en 2 touche de balle maximum.
ration.
Règles : On marque 1 point lorsqu’un joueur de l’inté-
Règles : sur centre de A et B, les 2 attaquants doivent
rieur parvient à trouver un gardien de volée (tête ou
pied) sur une passe aérienne d’un appui. Lorsque le gardien récupère le ballon, le sens du jeu change.
reprendre devant le but. Les joueurs C et D sont chargés
de récupérer les ballons. Assurer les rotations toutes les
3 minutes (centreurs-récupérateurs-réceptionneurs).
Faire 2 tours minimum afin que les réceptionneurs reçoivent des centres des 2 côtés.
Evolution : Possibilité d’exiger des courses croisées ou
centres au deuxième poteau suivis d’une remise etc…
37
PRÉPARATION PHYSIQUE
Programme d'entretien : ce
■ Par Jean-Christophe
Hourcade,
préparateur physique de Valenciennes
Ne pas se laisser aller. Pour une reprise plus efficace et "rentable"
pour l'équipe, vos joueurs ne devront pas reprendre le chemin de
l'entraînement après 5,6… 8 semaines d'inactivité. Pour les
sensibiliser, voici quelques conseils à leur donner.
(L1), directeur d’ "ACPASPORT"
(www.acpasport.com).
S'ARRÊTER, C'EST RÉGRESSER
L'arrêt de l'activité sportive, lorsqu'il se
prolonge, entraîne une baisse de tous les
indices physiques : VMA, force musculaire,
souplesse, système cardio-vasculaire... On
estime qu'après quatre semaines d'inactivité complète, la perte de ce potentiel
athlétique atteint environ 30% ! Elle peut
aller au-delà pour une coupure de six à huit
semaines, fréquente à un niveau amateur
où la plupart des effectifs ne reprennent
pas avant le mois d'août.
PROGRAMME CIBLÉ ET PROGRESSIF
L'objectif du programme laissé aux joueurs
pendant les vacances va être de contrer les
désadaptations physiologiques induites
par le "désentraînement". Comment ? Par
un protocole souple mais néanmoins ciblé,
et surtout progressif. Le contenu de ce
programme sera fonction de la durée de
l'inactivité supposée. Mais son cheminement, lui, reste le même, à savoir : une
coupure totale, une reprise via un travail
aérobie de base, puis un travail plus spécifique.
D'ABORD COUPER, POUR SOUFFLER…
La première étape consiste à couper radicalement avec l'activité football. Une
parenthèse que l'on conseillera de trois
semaines, qui permettra de se régénérer
tant d'un point de vue physique que mental. On encourage néanmoins les joueurs
à rester actif en s'adonnant à toute activité autre que le ballon rond (nage, vol-
ley, tennis, vélo...). On entretient ainsi les
différents indices de forme, même si rien
ne pourra remplacer à terme l’entraînement spécifique.
3 SÉANCES PAR SEMAINE
La seconde étape prend la forme d'un
travail d'endurance, effectué trois fois
par semaine en aisance respiratoire
(pouvoir parler), agrémenté d'exercices
de renforcement musculaire (gainage
abdos-lombaire) et d'étirements. Cette
phase appelée "microcycle de régénération" durera deux semaines, et comprendra des courses de 30 à 45 minutes
en continue ou fractionnées (3x10
minutes, 3x15, 4x10, etc...). Éviter de
courir sur le bitume, et entre 10h et 18h
EXEMPLE DE PROGRAMME DÉTAILLÉ
Voici un exemple de programme à réaliser pour des footballeurs amateurs ayant une coupure de sept
semaines avant la reprise de l'entraînement.
Semaines 1, 2 et 3 :
Semaines 4 et 5 :
RECUPERATION
RÉGÉNÉRATION
Récupération physiologique
complète. On encourage cependant les joueurs à effectuer
toute sorte d'activités (vélo,
natation, tennis…).
Lundi_________3x10 minutes d'endurance en aisance respiratoire (entrecoupées de
3 minutes de récupération).
Mardi ________Repos
Mercredi______2x15 minutes d'endurance en aisance respiratoire (entrecoupées de
3 minutes de récupération).
Jeudi _________Repos
Vendredi ______35 minutes d'endurance en aisance respiratoire.
Samedi _______Repos
Dimanche _____Repos
38
que vos joueurs doivent retenir
étape, qui durera elle aussi quinze jours à
raison de trois sorties hebdomadaires,
consistera en un travail de type Fartlek. Le
principe ? Après un échauffement d’une
vingtaine de minutes, on alterne ensuite
des courses de 10-13 km/h (soit 70-75 % de
VMA en fonction de son niveau) avec,
toutes les 2’30 minutes par exemple, une
accélération de l'allure pendant 15
secondes. La deuxième semaine, on réduira
la première portion (2 minutes) et on augmentera la partie accélérée (25 secondes).
Attention, il ne s’agit pas de sprint ! La
durée de cette partie "fartlek" sera de 15 à
20 minutes. On terminera par des étirements.
RETROUVER UNE HYGIÈNE DE VIE
ADÉQUATE…
! L'idéal reste le sentier forestier, souvent ombragé, ou la plage, sur sable dur
(partie humide), à condition de bien respecter les horaires où il fait moins
chaud. Enfin, il est préférable de courir
en basket.
RÉHABITUER SON ORGANISME À
DES CHANGEMENTS DE RYTHME
Après les six séances de cette phase de
régénération, on va demander au joueur
de réhabituer son organisme à des changements de rythme. Aussi, la troisième
Après sept semaines sans football, le joueur
qui a respecté ce programme sera bien préparé à encaisser les charges de travail lors
de la reprise de l'entraînement. À condition d'avoir su - en particulier sur les deux
dernières semaines - retrouver une hygiène
de vie (sommeil, diététique) adéquate... ■
Semaines 6 et 7 :
FARTLEK
Lundi_________2x20 minutes d'endurance d'endurance en aisance respiratoire (entrecoupées
de 3 minutes de récupération).
Mardi _________3x15 minutes d'endurance en aisance respiratoire (entrecoupées de 3 minutes de
récupération).
Mercredi______Repos
Jeudi _________Echauffement endurance 20 minutes. Puis Fartlek 15 minutes (accélérations de 15
secondes toutes les 3 minutes, puis retour à un rythme de course normal).
Après chaque séance, consacrer 20 minutes aux étirements et travail abdo-lombaire (augmenter progressivement le nombre d'abdominaux par séance)
Vendredi _____Echauffement endurance 20 minutes. Puis Fartlek 20 minutes (accélérations de 20
secondes toutes les 3 minutes, puis retour à un rythme de course normal).
Samedi _______Repos
Dimanche _____Repos
39
MANAGEMENT
Recommander un ami :
■ Par Lionel BELLENGER,
Maître de conférence à HEC, intervenant à
Clairefontaine dans le cadre du DEPF, et
auteurs de plusieurs ouvrages sur
Crédibilité engagée. Votre club recherche un éducateur dans une
catégorie et vous avez un ami, un proche, intéressé par le poste ? Le
recommander apparaît tout à fait normal. Cela consiste à éclairer
la personnalité du candidat à travers l’expérience d’une personne
qui le connaît, vous en l'occurrence. Mais attention, cette démarche
vous engage à plus d'un titre. …
la communication et le management
(www.lionelbellenger.fr).
la charnière des saisons, la
question du recrutement est
particulièrement sensible.
Quand un club fait un bon classement, on dit en général qu’il a
réussi son recrutement. Et en particulier celui de l’entraîneur et des
membres du staff. À ce titre, on
sait qu’une des pratiques les plus
en vigueur, quel que soit le niveau,
est la recommandation. Une pratique bien acceptée par les décideurs puisqu'elle participe théoriquement à réduire l’incertitude
en privilégiant la confiance. On
est en droit de penser, en effet,
que celui qui recommande - vous
en l'occurrence - connaît plutôt
bien l’intéressé, notamment son
parcours, ses résultats, ainsi que
sa personnalité. Les décideurs ont
donc tout intérêt à vous mettre à
contribution. Malheureusement,
c e n ' e s t p a s t o u j o u r s l e c a s.
Beaucoup se contentent d'exploiter le
"tuyau", utilisant simplement la recommandation comme une façon de justifier la
À
sollicitation. Dans pareille situation, n'hésitez à faire le premier pas en apportant
délibérément une somme d'informations
D'abord bien connaître son club…
Pour la personne qui recommande un tiers, la prudence est de mise. L’idée que l’on se
fait d’une personnalité, qui plus est "amie", est pour le moins subjective. Reste l’intuition. Seulement voilà, ce n’est pas la personnalité en soi qui compte, mais la projection
de cette personnalité dans le club en question et son contexte. C’est sur ce point que la
réussite ou l’échec va se construire. Ce qui veut dire que lorsqu'on recommande un ami,
il faut d'abord bien connaître son propre club… Et en particulier ses décideurs. Bref, la
recommandation est une affaire humaine à coup sûr aléatoire. Heureuse quand ça
marche, amère en cas d’échec. Reproches garantis ! À vouloir mettre en avant un ami,
on se fait parfois des ennemis…
40
(par écrit) susceptibles d'éclairer davantage le président ou directeur technique en
charge du recrutement de l'intéressé. Une
initiative qui leur permettra d'avoir toutes
les cartes en main pour décider en connaissance de cause...
Une pratique qui participe à
réduire l’incertitude en privilégiant
la confiance. En théorie…
Quelle est la nature de votre relation avec la
personne que vous recommandez ? Depuis
quand vous connaissez-vous ? Où vous
êtes-vous rencontrés ? Avez-vous travaillé
ensemble ? Avez-vous partagé quelque
les précautions à prendre
chose ensemble (en formation, dans un
club, etc…) ? Complétez cette présentation avec le nom de quelques personnes à même de confirmer le "portrait" que vous avez brossé du candidat, voire d'apporter des renseignements supplémentaires. De plus, précisez les raisons qui vous incitent à
recommander cette personne.
recommander, c'est aider, mais
c'est aussi prendre un risque
car on engage de ce fait sa
parole et sa crédibilité.
Pourquoi lui plutôt qu’un autre ? Que
sait-il du club ? En connaît-il le projet, le
contexte ? En d'autres termes, prenez
soin de faire le lien entre la personne
que vous recommandez et le poste à
pourvoir. Soyez vigilant cependant car
cette démarche a pour effet de dévoiler
votre propre perception du club, de son
fonctionnement, de ses objectifs…
Gare aux impairs ! On l'a compris,
recommander, c'est aider, mais c'est
aussi prendre un risque car on engage
de ce fait sa parole et sa crédibilité.
Voilà pourquoi il convient de faire
preuve de la plus grande objectivité
(voir par ailleurs). Quand le "conseiller" est trop partisan, il perd en lucidité. En revanche, s’il est capable d’expliquer avec justesse comment le candidat a réussi par le passé et/ou
échoué, et pourquoi il est la personne
idoine "aujourd' hui" pour le poste
recherché, alors sa recommandation
prend tout son sens. Mais sans aucune
garantie de succès. ■
On vous recommande quelqu'un ?
Voici 5 conseils à appliquer
1- Au moment d'écouter la personne qui vous recommande un tiers, prenez volontairement de la hauteur. En
général celui qui conseille, par définition, n’est pas neutre. Il cherche à influencer. C’est pourquoi il faut l’entendre avec le recul nécessaire. Cherchez à savoir pourquoi il prend cette initiative, quelle est sa motivation…
2- Assurez-vous que la personne qui recommande un ami connaît bien le fonctionnement, les valeurs, et les
besoins du club. Si la perception qu'il en a est erronée, sa démarche a de grandes chances d'aboutir erreur de
casting.
3- Testez la personne qui recommande en l’interrogeant sur d’éventuelles contre-indications : tendances,
défauts, limites, inexpériences possibles, incompatibilités, etc… connues ou supposées chez l’intéressé.
L'idée est de cerner davantage la qualité de la candidature.
4- Dans tous les cas, restez libre, critique et lucide vis-à-vis d’une recommandation. Combattez les à priori avant
même d'avoir rencontré la personne en question.
5- Lors du premier contact avec le candidat, ne restituez pas les renseignements récoltés lors de la recommandation. Au contraire, il convient de questionner l’intéressé de manière à pouvoir, en toute objectivité, recouper
les informations connues avec les réponses produites…
41
STRATÉGIE
Les corners tirés
■
Par Jean-François
JODAR, ex-entraineur national,
formateur DTN et sélectionneur des
Emirats Arabes et du Mali.
De en plus plus fréquent. Peu utilisés lors des dernières grandes
compétitions internationales, les corners tirés à 2, à 3, connaissent un
regain d’intérêt. Ceci étant, quels sont les avantages et les
inconvénients de cette phase stratégique remise au goût du jour par
des équipes comme le Barça... ?
n premier lieu, il convient de rappeler
que les corners tirés à 2 ne sont pas
une nouveauté. Lorsqu’il faisait partie des ténors européens, le Stade de Reims
en avait même fait une marque de fabrique
(deux fois finaliste de la C1 en 1955 et 1956.
Deux finales perdues contre le Réal de
Madrid, NDLR). Le plus surprenant est que
60 années plus tard, on continue à parler
de corners "à la Rémoise" ! Ceci étant, il
s'agit d'une phase de jeu difficile à assimiler, tout particulièrement dans notre pays. Et
pour cause, le joueur français ne fait pas
toujours preuve de la concentration nécessaire pour la mise en place de ces combinaisons à l'entraînement… Alors oubliez
ce type de travail les soirées d’hiver !
Préférez vous y atteler lorsque toutes les
conditions sont réunies. Une chose est sûre,
le travail des corners à 2 ou à 3 est important. D'abord, parce qu'il offre de la diversité dans le jeu. C'est une alternative intéressante pour les équipes, notamment au
E
haut niveau, dont les coups de pied arrêtés sont disséqués. Le genre d'équipe qui
ne peut plus se contenter de deux ou trois
stratégies travaillées en début de saison et
déclinées tout au long de l’année.
"Une alternative intéressante qui
apporte de la diversité"
L'objectif est donc de contourner les éventuelles parades des adversaires en renouvelant à intervalles réguliers les manières de
procéder. Reste à mettre au point des combinaisons pouvant être intégrées par les
joueurs dans un laps de temps assez court.
A cet égard, je me souviens notamment
d’une équipe nationale de jeune de
Colombie contre laquelle il était très difficile
de jouer dans la mesure où l'on ne savait
jamais comment se positionner défensivement sur ses corners. A partir d’un dispositif de base à trois, elle parvenait à varier
ses combinaisons et ainsi à se créer des
CORNER À LA RÉMOISE
Ce corner à 2 se décline selon un principe de base tout simple : donner et proposer afin de se retrouver sur une position de 2 contre 1 sur un côté. A donne à
B et le dédouble (course en arrondi).
Dès lors, soit B va se retrouver seul et
avoir la possibilité de centrer après avoir
gagné quelques précieux mètres, soit
un défenseur va sortir sur lui, comme
c'est le cas sur ls schéma. B va pouvoir
alors dribbler en profitant du démarquage de A, ou lui transmettre. Le point
important étant que suite à cette combinaison de base, l’angle s’est ouvert et
que le centre délivré favorisera l’attaque du ballon par les attaquants.
42
actions quasi systématiquement sur des
corners tirés indirectement !D'autre part,
les corners tirés à 2, à 3, peuvent aussi pallier des manques. Manque de qualité de
frappe pour le tireur ou manque de taille
chez les receveurs. En effet, pourquoi s’obstiner à mettre des ballons dans le paquet
si l’on ne parvient pas à les reprendre ?
"Libérer des espaces, aspirer les
défenseurs, créer de
l’incertitude…"
C'est le cas du Barça qui, à l’exception de
Piqué, Busquets et Puyol, manque souvent
de taille dans la zone de vérité. D'où sa propension à tirer les corner indirectement.
Chez les Catalans, le concept de possession
de balle se révèle à ce point prioritaire qu’ils
préfèrent conserver le cuir en attendant la
meilleure possibilité de centre, plutôt que
jouer un ballon dont ils savent qu’il a de
fortes chances d’être perdu... Enfin,
à 2, à 3…
rappelons que ce type de corners permet
de libérer des espaces dans lesquels les partenaires, en mouvement, vont pouvoir s’engouffrer. Face à des équipes pratiquant une
défense individuelle, une combinaison efficace peut aspirer les adversaires et ainsi
libérer des espaces devant la cage. Sur une
défense de zone, une combinaison bien huilée crée un temps d’incertitude souvent perturbant pour les défenseurs. ■
UN TIERS DES BUTS SONT MARQUÉS SUR CPA !
Depuis des années, les chiffres laissent apparaître que près d’un tiers des buts sont
consécutifs à des coups de pied arrêtés. La logique voudrait donc qu’on consacre
1/3 de l’entraînement au travail des phases stratégiques. Bien sûr, il s’agit d’un raisonnement par l’absurde et pas un seul entraîneur ne consacre autant de temps à ce
type de travail. Cependant, la recrudescence des combinaisons sur corners peut laisser penser que les coachs de haut niveau sont de plus en plus convaincus de l’intérêt
qu’ils peuvent en retirer.
4 exemples de combinaison
Combinaison 1
Combinaison 2
Combinaison 3
Combinaison 4
A transmet à C qui a fait un
appel en décrochant soudainement vers le tireur. C remet en 1
touche de balle (de préférence
avec son pied gauche dans cette
situation de corner tiré à droite)
à B qui s’est positionné pour
recevoir la déviation. B centre
(ici avec son pied droit, mais on
peut préférer une trajectoire
plus rentrante avec un gaucher).
A donne à C qui lui remet. A
transmet à B qui centre (ici sur
l’exemple avec son pied
gauche). Dans les faits, ce temps
de construction de la combinaison peut perturber les positions
et les placements défensifs,
notamment sur les organisations en zone (doit-on sortir,
rester en place, jouer le horsjeu ?). Les réceptionneurs doivent effectuer leurs courses de
démarquage à partir de la troisième passe pour arriver en
mouvement sur le centre.
A donne a B et le dédouble. B
transmet à C qui a fait l’appel. C
redonne à A qui centre. Ici A va
bénéficier d’un angle très
ouvert particulièrement favorable à un gaucher.
En partant de la même position
de base, on peut aussi concevoir des combinaisons ou C et D
font office de leurre… A donne
à B et le dédouble. B fait mine
de remettre à A mais dribble
vers l’extérieur. Il centre très
fort au sol en direction de C et D
qui ont fait un appel en décrochant. C laisse passer entre ses
jambes, D également. E, F, G se
sont positionnés de manière à
reprendre le ballon.
Combinaison 1
Combinaison 2
Combinaison 3
Combinaison 4
43
TECHNIQUE
La conduite de balle
■ Par Nicolas MAYER,
Titulire du DEF, du BE2 et du Certificat
d'Entraîneur Préparateur Physique.
Fondamental. Quoi de plus essentiel et élémentaire, pour un
footballeur, que de savoir courir avec un ballon dans les pieds ?
La "conduite" est la réalisation technique qui se trouve au carrefour de
bon nombre de situations dans le jeu : s'emmener le ballon pour trouver
une position de frappe, accélérer balle au pied pour dribbler, se déplacer
jusqu'à trouver un angle de passe… Incontournable, donc. Reste à savoir
la conduite, et à apporter les corrections adaptées.
ans les petites catégories, la conduite
de balle est un thème privilégié au sein
des contenus des séances d’entraînement. Et pour cause, un des premiers impératifs pour le footballeur débutant est de "maîtriser son ballon". Or, manier une boule de
cuir avec les pieds n’est pas naturel, encore
moins en y ajoutant une dissociation du
regard ! C'est pourquoi la conduite de balle
est un passage nécessaire et incontournable
dans l’apprentissage moteur du jeune footballeur. Il lui permet de toucher un grand
nombre de fois le ballon dans des conditions
variées, en constante évolution, et ainsi de
progresser dans la motricité spécifique football. La conduite de balle est un geste tech-
D
nique au service de l'action : un moyen pour
le joueur de progresser individuellement
dans un espace libre. Et ce, pour s'approcher du but adverse, conserver la balle,
rechercher un angle de passe, se mettre en
position de frappe, aller vers le dribble…
Quel que soit l'enchaînement technique qui
va découler de la conduite, garder le ballon
près de soi est d’autant plus complexe que
cette maîtrise s’opère sous pression plus ou
moins forte de l'adversaire, dans tous les
plans de l’espace (face au jeu, en changeant
de direction, avec un quart ou demi-tour,
etc...) et avec différentes surfaces de contact
(intérieur, extérieur, semelle, coup du pied).
Comme principal critère de réussite, met-
Les enjeux moteurs
Les enjeux moteurs de la conduite de balle
sont reliés à cette problématique : conduire
pour prendre un espace libre et fixer un adversaire ou conduire pour enchaîner par une
passe, un dribble ou une frappe.
- Dissociation œil / pied : détacher son
regard du ballon et le conduire dans une direction choisie ou adaptée.
- Dissociation haut du corps / bas du
corps : mettre son corps en opposition d’un
adversaire, utiliser son bras pour se protéger et
44
changer de direction avec le ballon
- Latéralisation : pour conduire le ballon
dans tous les plans de l’espace avec aisance
que ce soit avec le pied droit ou le pied gauche.
- R y t h m e : changer de rythme dans la
conduite tout en maîtrisant le ballon en fonction de son intention.
- Appuis : ajustement par rapport au ballon.
- Orientation : conduire sous contrainte de
temps dans des espaces réduits avec des changements de direction fréquents.
tons en évidence cette capacité du joueur à
conduire et à maîtriser son ballon tout en
étant capable de pouvoir changer d’idée à
n’importe quel moment. ■
Les corrections à apporter
• Par rapport au ballon : distance du joueur;
position du pied d’appui; orientation des
épaules.
• Souplesse de cheville.
• Position du regard lors de la conduite.
• Fréquence de contact avec le ballon :
rapide, varié et orienté.
• Une jambe d’appui souple, très souvent
fléchie, moteur du changement de direction à tout moment.
• Efficacité de choix de la conduite par rapport à la situation de jeu.
• Capacité du joueur à enchaîner un geste
technique approprié suite à cette conduite :
frappe, passe, dribble.
• Capacité du joueur à conserver la maîtrise
du ballon sur un changement de rythme
(course plus ou moins rapide avec le ballon).
• Position des bras : rôle essentiel dans l’équilibre sans cesse modifié du joueur.
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
Le contrôle
orienté
Le jeu de volée
Le jeu de tête
Le dribble
La conduite de
balle
La frappe (sur
enchaînement)
Les feintes
La frappe (coup
de pied arrêté)
L’amorti
La passe
3 exercices d'application
SITUATION 1 : MAÎTRISER SON BALLON MALGRÉ LES CHANGEMENTS DE DIRECTION
4 joueurs se font face deux par deux. 1 piquet au
milieu. 1 ballon par joueur. Faire 5 séquences
de 2 minutes.
Séquence 3 : idem séquence 1, mais après le
demi-tour, le joueur choisit une des deux coupelles de départ et adapte sa conduite.
Séquence 1 : 1 joueur de chaque côté part en
conduite, en même temps. Il ne s'agit pas d'une
course ! Arrivés devant le piquet, ils effectuent
un demi-tour (avec changement rythme)
jusqu'à revenir au point de départ. Les deux
joueurs suivant partent à leur tour, etc…
Séquence 4 : idem séquence 3, mais c'est l'éducateur (ou le joueur suivant) qui indique au porteur de balle la coupelle de départ à rejoindre
(prise d'information et adaptation).
Séquence 2 : idem séquence 1, mais les joueurs
utilisent une autre surface de contact sur le
demi-tour (extérieur du pied, pied faible, semelle…).
SITUATION 2 : CONDUIRE SOUS CONTRAINTE DE
L'ADVERSAIRE
Quand il veut, l'attaquant qui a le ballon démarre en conduite
de balle avec l'objectif de franchir la ligne des 16m50 après être
passé dans la porte. Il doit ensuite marquer le but. Quelques
secondes avant que l'attaquant ne s'élance, l'éducateur (placé
dans son dos) indique aux défenseurs (placés dans les colonnes
de droite et de gauche) lequel va aller "chasser" l'attaquant au
moment où ce dernier démarre. L'attaquant doit alors prendre l'information et adapter sa conduite (entrer dans la porte par la
gauche pour faire
opposition de son
corps au défenseur
arrivant par la
gauche; et inversement). Dès que l'attaquant pénètre
dans la surface (1
point), il devient
inattaquable. S'il
marque (2 touches
maxi une fois franchie la ligne des
16m50) = 3 points.
Tacle par derrière
interdit !
Séquence 5 : ne garder qu'un ballon pour deux.
Après le demi-tour, réaliser une passe au joueur
en attente, lequel choisit de se placer sur une
des deux coupelles de départ (recherche du
contact visuel et adaptation).
SITUATION 3 : MAÎTRISE COLLECTIVE,
PRISE D'ESPACE ET TRANSITION (SENS DE JEU)
6 contre 6 + 2 gardiens sur un terrain plus long que large (50x35m
environ). Deux portes centrales (10 mètres de largeur). 2 jokers
jouent avec l'équipe qui a le ballon. Chaque équipe a pour objectif de conserver et de progresser (du camp A vers le camp B et
inversement). Pour cela, l'équipe doit franchir une des deux portes
en conduite de balle. Le passage d'un camp à un autre vaut 1
point. L'équipe qui défend a pour objectif d'empêcher ce passage dans la porte, de récupérer le ballon pour attaquer un des
deux buts au choix
(transition-choix).
Si un but est marqué (1 point), on
change le rôle
entre les deux
équipes.
Recommandations pour l'entraînement
Aller vers une progressivité :
- Sans opposition en variant les directions : libres, imposées (objectif de perturber la conduite et la maîtrise du ballon), tout en ajoutant des obstacles.
- Sans opposition en insistant plus sur la vitesse, la différenciation du
rythme, tout en gardant le contrôle du ballon.
- En compétition pour lier vitesse et enjeu.
- Présence d’un adversaire qui ajoute une contrainte.
- Présence d’un adversaire et d’un partenaire (choix entre jouer seul ou à
deux).
Orienter les jeux pour faire ressortir ce thème de la
conduite. Exemple : jouer obligatoirement vers l‘avant, alternance jeu libre / 1 touche, jeu 2 touches (zone défensive) / libre
(zone offensive).
Remarque : demander au joueur de mettre les mains dans le dos,
puis de jouer avec les bras "libres" pour lui faire "ressentir" deux
points importants : rôle de la jambe d’appui dans les changements
de direction (latéralisation), et rôle des bras dans l’équilibre dynamique.
45
SANTÉ
Vacances : remettez
■
Par Christophe
GEOFFROY,
kinésithérapeute de l'équipe de
France.
Plus crédible devant ses joueurs. Après plusieurs mois voire
plusieurs années d'inactivité, vous avez l'intention de profiter de la
trêve estivale pour reprendre le sport. Affiner votre silhouette,
renforcer votre organisme, afficher un profil plus dynamique à la
reprise… les motivations sont multiples. Les recommandations aussi.
Car il n'est pas question de faire n'importe quoi n'importe quand, ni
n'importe comment. Suivez le guide.
our toute reprise, le conseil est le
même : écoutez-vous ! Pendant des
mois, des années peut-être, votre corps
a fonctionné au ralenti : pourquoi vouloir
du jour au lendemain gravir des montagnes,
courir ou pédaler à des allures infernales ?
Prenez le temps de préparer votre corps sans
brûler les étapes. Gérer son corps, c'est durer.
N'oubliez pas qu'il s'agit du plus bel outil
que vous possédiez ! Et, à l’instar d’une voiture restée trop longtemps au garage, le
démarrage peut se révéler difficile, voire
dangereux, s’il est trop brutal et/ou si votre
condition physique s’est détériorée. Une
remise à niveau est donc nécessaire pour
ne pas dire obligatoire : elle participera à
votre bien-être, votre épanouissement physique et mental, tout en réduisant les risques
de maladie. Pour ce faire, il vous faudra vous
astreindre à un programme qui doit tenir
compte des besoins de votre organisme :
‰ Le développement de votre
moteur : ce sont les grandes fonctions qui
vous font vivre.
‰ L’entretien de votre carrosserie :
les os, les muscles, les articulations et les
tendons. Ils représentent votre "charpente"
et doivent à ce titre être forts, stables et souples à la fois.
‰ L’utilisation d’un "bon" carburant :
pour bien fonctionner, vous ne pouvez pas
manger ni boire n’importe quoi et/ou avec
excès.
‰ La détente et le repos : ils permettront de compenser les efforts produits.
P
Mais avant d'établir ce programme (voir par
ailleurs), réalisez un bilan de santé complet
avec votre médecin traitant (celui qui vous
connaît le mieux) ou avec un médecin du
sport (celui qui connaît le mieux votre spécialité). Cette précaution est indispensable ! Lorsque cette visite a été effectuée 46
pour garder la métaphore automobile - il
vous faudra établir un contrôle technique !
Rapprochez-vous de votre kinésithérapeute,
d’un coach-santé ou de toute personne qui
soit en mesure de vous guider. À ce stade,
il convient en effet d’évaluer la qualité de
votre moteur, l’état de votre carrosserie, de
savoir ce que vous utilisez comme carburant et comment vous gérez votre véhicule
au quotidien. La suite ? Familiarisez votre
corps aux différents types d’activités que
vous allez pratiquer, la course à pied ou le
vélo, le renforcement musculaire, les assouplissements… Sans oublier, indépendamment de vos exercices ou de votre entraînement, de modifier vos habitudes de vie !
Marchez davantage, refusez l’ascenseur
pour gravir les étages et utilisez le vélo pour
vous déplacer. Avant de suivre un programme avec assiduité, rappelez-vous que
la clé est de réapprendre à produire
des efforts. ■
Extrait du livre
"Coachez votre
corps", Éditions
GEOFFROY
(www.editiongeoffroy.fr)
N’UTILISEZ PAS N’IMPORTE QUEL CARBURANT !
Soyez exigeant dans le choix des produits alimentaires que vous consommez. Personnalisez
votre alimentation en tenant compte de votre âge et de votre tolérance à certains mets.
Adaptez-la en fonction de vos activités journalières. Apprenez la valeur de chaque aliment.
Gardez toujours à l'esprit que pour perdre du poids, il ne faut pas forcément manger moins,
mais manger mieux ! Il apparaît donc nécessaire de vous renseigner sur la valeur des aliments
afin d'opérer les bons choix. Avec une solution pour perdre des kilos : puiser dans la masse grasse
l’énergie nécessaire au bon fonctionnement de l’organisme, tout en maintenant intacte la
masse maigre (les muscles), consommatrice d’énergie.
Les repas proposés ci-dessous excluent les aliments qui apportente de l'énergie, à savoir les
sucres. ces menus permettent d'entretenir la masse maigre (les muscles) et de dégrader votre
masse grasse. Mais attention, ils sont intéressants en cas d'inactivité. Le jour où vous avez
programmé un entraînement, incorporez alors des aliments énergétiques (pates, riz,
semoules...).
VOTRE JOURNÉE TYPE
Petit-déjeuner : 1 œuf et 1 tranche de jambon, thé vert sans sucre ou 2 œufs brouillés, café
sans sucre.
Midi : Salade avec crevettes, laitue, concombre, cabillaud poché au citron, courgettes.
Dîner : velouté d’endives aux lamelles de jambon, escalope de veau aux champignons,
salade.
En-cas : si vous avez un petit creux dans la journée, privilégiez les aliments à index glycémique bas : 2 tranches de jambon, 1 yaourt, du fromage blanc ou une pomme, des radis…
-vous au sport !
APPRENDRE ET AGIR !
RELANCEZ VOTRE MOTEUR
En maintenant longtemps une activité d’intensité faible à modérée,
vous développerez votre endurance, consommatrice de graisse,
également appelée "travail aérobie". Le tout associé à des exercices
de tonification musculaire. L’énergie dont votre organisme à besoin
pour bouger, marcher, rouler à vélo… provient de différentes
filières. Celles-ci sont recrutées en fonction de l’intensité de l’effort
et de sa durée. Les efforts longs (dans la durée) et à intensité modérée mobilisent les réserves lipidiques, alors que les exercices intenses
et courts brûlent surtout les glucides. Ainsi, la pratique de la course
à pied ou du vélo sont des activités idéales pour lutter contre l’embonpoint et se remettre "en selle". Elles doivent impérativement
être effectuées en aisance respiratoire, c'est-à-dire être capable
de parler tout en marchant, courant ou roulant. Retenez que l’activité physique doit, dans tous les cas, être associée au réglage alimentaire. Voici un exemple de programme (3 séances/semaine) :
EN PRATIQUE
Effectuer chaque exercice une fois (de chaque côté s’il y a lieu) puis
passez au suivant…Réalisez 3 fois ce circuit pour commencer puis 5
fois (cela vous fait une séance de 15 minutes)
Exercice 1 - 20 secondes
Pointez le bassin vers le haut
- Poussez bien sur les pieds
et les talons pour décoller les fesses - Les bras
écartés permettent de stabiliser la position
Exercice 2 - 20 secondes de chaque côté
Bien en appui sur le côté - Fléchissez
la jambe qui est sur le sol à 90°
afin d’éviter l’hyperlordose Amenez la jambe supérieure au-dessus de
l’horizontale.
Exercice 3 - 20 secondes
Poussez sur les pieds - Les coudes
restent en appui sur le sol - La tête
est décollée du sol, mais reste étirée.
Exercice 4 20 secondes
chaque côté
*Allure 1 = totale aisance respiratoire.
ENTRETENEZ VOTRE CARROSSERIE
Cette préparation ne doit pas se réduire à un travail de renforcement, mais intégrer également des sollicitations – dans le sens de
l’allongement (assouplissement) – et stimuler les nombreux récepteurs responsables de l’équilibre (proprioception). Pour le travail
musculaire, nous utiliserons des exercices globaux qui s’appliquent
à l’ensemble du corps. Le renforcement musculaire comprenant
des exercices sans charge ou avec charges légères peut être assimilé à un travail en endurance général s’il est effectué sous la forme
d’un circuit training. En effet l’enchaînement des exercices sans
période de repos correspond à un travail en endurance. Nous
obtiendrons une double action à savoir une tonification musculaire et une utilisation des graisses. Ce travail ne demande pas de
matériel particulier et par conséquent il peut être effectué partout, à la maison, dans une salle de sport !
Bien en appui sur
l’avant-bras et sur les
genoux qui sont fléchis - Le
corps doit rester aligné.
Exercice 5 - 20 secondes chaque côté
Bien en appui sur les
mains - La jambe doit
être tendue dans
l’alignement du corps
Mon conseil
Pour éviter la monotonie, varier vos séances d’entraînement : associer dans une même séance, 20 ou 30 minutes de course à pied suivies
d’un circuit training de 4 exercices pendant 10 à 15 minutes.
47
PRÉSIDENTS
10 conseils pour bien
■
Par Chilina Hills,,
formatrice, coach, et conférencière
internationale, expert en communication et influence. Auteur de "Cultivez
votre charisme" (ed. Eyrolles).
Un must. Vous êtes plusieurs présidents, dirigeants ou même entraîneurs,
à nous avoir demandé des conseils pour vous exprimer correctement en
public. Il faut dire que dans une association, les occasions ne manquent pas
(assemblée générale, comité directeur, formation interne, réunion
technique...). Et nombreux sont ceux qui perdent leurs moyens à l'idée de
devoir prendre la parole devant un auditoire. Aussi, nous n'avons pas résisté
à l'envie de vous resservir un article déjà publié dans nos colonnes, il y a
bientôt 3 ans, et signé par l'une des plus grandes spécialistes mondiales de la
question ! Un privilège que de lire les quelques lignes qui suivent...
LA FORME
"Seules, les paroles ont peu
d'impact"
Combien de fois ai-je vu des orateurs qui
"s'exprimaient" très bien, avec de belles
phrases, bien tournées, mais qui donnaient à
tout le monde l'envie de dormir ou d'être
ailleurs... Pourquoi ? Parce que, seules, les
paroles ont peu d'impact. C'est la façon dont
vous allez les dire qui va faire la différence.
Que vous cherchiez à informer ou à convaincre, c'est la manière de vous exprimer qui
donnera à votre public l'envie de vous écouter. C'est elle qui établira et maintiendra
votre crédibilité. Cet impact sur le subconscient de votre auditoire est principalement lié
non pas à ce que vous dîtes, mais à ce que
vous faites : posture, gestes, expressions de
votre visage, regard, ton de votre voix,
volume, débit... Sans négliger le fond, c'est
bien la forme, le non-verbal, qui déterminera le succès ou l'échec de votre intervention.
1/ LE DÉMARRAGE : "3 secondes pour
établir votre crédibilité"
"La première impression est toujours la
48
bonne, surtout quand elle est mauvaise"
(Henri Jeanson). L'entame d'un discours est
souvent bâclée. On n'est pas "chaud" et l'on
démarre mollement. Hélas, c'est dès les trois
premières secondes que votre public vous
évalue, même inconsciemment. C'est pendant ces premiers instants que vous établissez ou non votre crédibilité. Alors faîtes
comme les sportifs, échauffez-vous en coulisses. Comment ? Respirez profondément
plusieurs fois, faites marcher vos muscles
pour faire circuler le sang et vous oxygéner.
Une fois "chaud", avancez vers votre public,
ayez un geste d'ouverture (exemple : les bras
ouverts vers l'avant, comme pour les accueillir), respirez, souriez, regardez l'assistance,
et dîtes bonjour. Ayez l'air content d'être là et
bien dans votre peau ! Une fois votre démarrage réussi, il vous faudra soigner les neuf
points suivants pour maintenir à la fois votre
crédibilité et l'attention de votre auditoire...
2/ LA POSTURE : "force et équilibre"
Votre posture doit être droite, symétrique,
les deux pieds légèrement écartés et bien
campés dans le sol. Cela donne à votre public
un sentiment d'équilibre et de solidité. Une
posture asymétrique donne une impression
de manque de confiance en soi, de recherche
d'approbation, d'instabilité, de "pas
sérieux"... Évitez par ailleurs de "danser"
sur place, ou encore d'avancer et de reculer
nerveusement. Ces attitudes ont malheureusement un effet déplorable sur votre auditoire.
3/ LES GESTES : "ponctuez ce que
vous dîtes"
Des gestes hauts, ouverts, à la fois amples
et précis, accompagneront avantageusement vos paroles et leur donneront plus de
poids et de vie. À l'inverse, une gestuelle
basse, contenue, étriquée voire inexistante
peut donner une impression de manque d'assurance.
4/ LE TON ET RYTHME DE
LA VOIX : "attention au
ron-ron..."
Dans un discours, la plupart des gens parlent trop vite et de façon monocorde. Parfois
même, ils lisent ou récitent du par coeur, sans
faire de pauses... Il n'y a pas plus ennuyeux !
Variez le rythme. Si vous n'avez pas de micro,
vous exprimer en public
pensez à augmenter le volume de votre voix
afin d'éviter à votre public de devoir tendre
l'oreille pour vous entendre... Ralentissez,
articulez (le manque d'articulation est perçu
inconsciemment comme un manque de respect) et surtout, faîtes des pauses. N'ayez
pas peur du silence. Votre auditoire en a
besoin pour mieux vous suivre.
5/ LES EXPRESSIONS FACIALES :
"soyez humains !"
Sous le prétexte d'être sérieux, ne prenez
pas un air sinistre... Votre visage, comme
votre gestuelle, doit accompagner ce que
vous dîtes. Il doit être vivant, il doit faire passer votre humanité (trop d'orateurs ressemblent hélas à des zombies...). Le public n'est
pas une "chose". C'est avant tout des gens
comme vous, qui ont envie de voir un être
humain qui leur ressemble, avec qui ils peuvent ressentir un sentiment de complicité
ou de connivence.
6/ LE REGARD : "un lien direct entre
eux et vous"
"Les yeux sont le miroir de l'âme" : votre
regard est le lien suprême entre vous et votre
public. Évitez de regarder vos pieds ou la
moquette. Les gens auront l'impression que
vous fermez les yeux ! D'une façon générale, ne regardez rien d'autre que votre
public, car dès qu'il n'y a plus de regard, le
lien est rompu. Si toutefois vous devez regarder vos notes, profitez de ce moment pour
faire une pause. Taisez-vous, regardez vos
notes en silence, et avant de reparler, reconnectez-vous avec votre auditoire par le
regard. Regarder veut dire les regarder vraiment (ne "balayez" pas). Restez assez longtemps sur chaque personne pour qu'elle se
sente vraiment regardée, mais pas trop longtemps pour éviter qu'elle ne se sente fixée. Si
votre public est conséquent, divisez le mentalement en trois sections, et regardez
chaque section tour à tour de la même façon
que si vous regarderiez des personnes.
retrouver face au silence. Le résultat, c'est
qu'ils finissement généralement "en eau de
boudin", avec une voix qui devient de moins
en moins audible, le regard fuyant, le geste
fermé... Bref, il vous faut finir avec autant
d'impact que lorsque vous démarrez : avec
dynamisme, un ton soutenu, le regard sur
votre public. Lorsque vous avez terminé,
faites une courte pause, puis un geste d'ouverture avec un "merci" franc et souriant
qui fera comprendre à votre public que vous
avez terminé.
LE FOND
"Et le contenu alors ?"
Il ne compte pas ? Mais si bien sûr ! Le
contenu est, bien entendu, ce qu'il y a de
plus important. Il faut le préparer soigneusement, ne pas foncer tête baissée. Comme
disait Churchill : "un discours improvisé a
été réécrit trois fois"... MAIS, sans l'accompagnement crucial des 7 premiers points cidessus, votre contenu n'aura que très peu,
voire aucun impact. Néanmoins, assurezvous qu'il tient la route, car à partir du
moment où vous avez capté l'attention et
l'intérêt de votre auditoire, soyez certains
qu'ils vont VRAIMENT écouter ce que vous
avez à dire ! Voici quelques pistes pour réussir votre contenu.
8/ VOTRE PUBLIC : "qui est-il ?"
Essayez de vous mettre "dans les chaussures" de votre public. Vous ne parlerez pas
de la même façon à des éducateurs de football par exemple, qu'à des concessionnaires
automobiles... Quelles sont leurs préoccupations, leurs besoins, qu'est-ce qui est
important pour eux ? En quoi ce que vous
avez à leur dire ou à leur proposer peut-il
répondre à leurs attentes ? En d'autres
termes, les arguments que vous leur donnerez devront être présentés de façon à les toucher là où ils se reconnaissent immédiatement dans ce que vous dîtes, là où cela parle
à ce qui est vraiment important pour eux.
7/ LA CLÔTURE : "quand c'est fini,
c'est fini !"
9/ L'ACCROCHE : "courte et forte"
La plupart des orateurs ratent la clôture,
comme s'ils avaient peur de finir et de se
Après avoir dit bonjour, lancez-vous directement dans votre phrase d'accroche, en évi-
tant à tout prix "je suis venu vous parler de
bla bla bla..." qui dilue et affaiblit votre
impact. Votre accroche doit avoir une relation
directe avec votre contenu, et peut prendre la
forme d'une citation, d'un évènement récent,
d'une question, d'une information étonnante, d'une blague (attention à l'humour,
bien que très puissant, il peut être très dangereux. Soyez sûr de l'effet, sinon faîtes autre
chose). Dans tous les cas, l'accroche doit être
courte (préparez-la et apprenez-la !). Comme
doit l'être également votre phrase de clôture. Pour celle-ci, suivez les mêmes principes et/ou dîtes tout simplement à votre
public ce que vous attendez d'eux maintenant (son soutien, ses idées, des actions particulières...).
10/ LE CORPS : "simplifiez, illustrez,
répétez"
Simplifiez : abandonnez tout ce qui n'est pas
essentiel pour votre public. Trop d'informations minimisent l'impact et la compréhension. Utilisez des phrases courtes avec des
mots simples. N'essayez pas d'impressionner
votre auditoire avec des phrases longues et
des mots compliqués. Illustrez : donnez des
exemples de ce que vous avancez afin que
votre public puisse "voir" et ressentir ce que
vous dîtes. Par exemple, il vaut mieux dire ,
"j'ai perdu 2 kilos de muscle en arrêtant l'entraînement pendant un mois" plutôt que "le
manque d'entraînement affaiblit". Répétez
: n'hésitez pas à répéter les points importants pour les "graver" dans l'esprit de votre
public, en utilisant les mêmes mots. N'utilisez
pas de synonymes qui affaibliront la rétention. Par exemple, si je voulais graver les trois
points ci-dessus, je dirais "souvenez-vous
des trois points : simplifier, illustrer, répéter" puis, plus tard, je dirais à nouveau : "car,
ces trois points : simplifier, illustrer, répéter....".
Un dernier conseil : préférez une prestation courte à une prestation longue. Votre
public vous en sera toujours reconnaissant !
Comme disait Churchill (encore lui) : "le
contenu d'un discours doit être comme une
jupe : assez long pour couvrir le sujet, mais
assez court pour maintenir l'intérêt". ■
49
TABLEAU NOIR
"Une performance
aussi tactique !
■ Par Régis BROUARD,
Ex-entraîneur de Quevilly (National),
aujourd'hui à Clermont (Ligue 2). RÉCIT TACTIQUE. Le 20 mars dernier, l'US Quevilly accueillait
l'Olympique de Marseille en quart de finale de la Coupe de France,
devant 20 000 spectateurs au stade Michel d'Ornano, à Caen. La suite
vous est racontée par le désormais ex-coach haut-normand….
près nos victoires aux tours précédents contre Angers et Orléans,
le tirage de la Coupe de France
nous avait réservé un morceau de choix
avec l’Olympique de Marseille ! Le
genre de tirage dont on rêve lorsqu'on
est une équipe de National, tout en le
redoutant eu égard à la qualité des
adversaires. Avec l'OM, on entrait de
plein pied dans la légende de la compétition (…)
A
>"Une équipe parvenant, dès la
perte du ballon, à mettre
beaucoup de pression et de
densité pour le récupérer"
(…) Lors des deux semaines qui ont précédé le match, j'ai vu
Marseille jouer à trois reprises dans trois compétitions différentes.
En championnat, en Champion’s League et en Coupe de la Ligue
face au Red-Star. Bien qu’elle ait affiché à chaque fois des visages
complètements différents, il ressortait que cette équipe phocéenne
parvenait, dès la perte du ballon, à mettre beaucoup de pression et
de densité afin de le récupérer rapidement. Une formation affichant
beaucoup d’impact sur le plan athlétique, redoutable notamment sur
les coups de pieds arrêtés offensifs. Toujours est-il qu'au gré de mes
observations, un plan de jeu a commencé à se dessiner. Un plan de jeu
que nous avons répété à base de situations cherchant à reproduire les
spécificités de jeu marseillais (…)
>"Interdiction de jouer court à
la récupération, pour éliminer
un maximum de joueurs sur un
temps de jeu"
(…) L’idée directrice était de sortir très
rapidement de cette fameuse zone de
densité. En d’autres termes, mes joueurs
avaient "l’interdiction" de jouer court à
la récupération ! Les consignes étaient
donc d’effectuer une passe longue ou
mi-longue, au sol le plus souvent, pour
éliminer un maximum de joueurs sur
un temps de jeu. Par ailleurs, les
Marseillais s’appuyant beaucoup sur la montée de leurs arrières
latéraux, notre volonté était de profiter de leur position haute pour
jouer dans leur dos. J’avais remarqué en effet que lorsque c’était le
cas, un des deux arrières centraux avait pour mission de couper les
passes sur les côtés ou de "flotter" face aux attaquants se présentant
dans ces zones pour dissuader voir ralentir leur progression. La
conséquence immédiate étant que l’autre défenseur central demeurait seul dans l’axe… Ma conviction est que Didier Deschamps avait
plus ou moins institutionnalisé cette animation défensive, car ses
joueurs d’axe étaient très forts dans le duel. Notre intention était donc
d'essayer de profiter de cet éventuel un contre un momentané face
au but pour créer le danger. Naturellement, tout cela était plus facile
Causerie : Michel-Ange et Ironman…
(…) Je passe souvent beaucoup de temps à préparer mes causeries. Je
crois que le message tient tout autant dans la forme que dans le fond.
Aussi, il convient de trouver les mots les plus appropriés à la situation.
Pour ce match contre l’OM, mon souhait était de faire toucher du
doigt aux joueurs que chacun d’entre nous dispose de ressources
auxquelles habituellement nous ne faisons pas appel, soit par paresse,
soit par ignorance. Je voulais positionner le match au niveau du défi
que représentait le fait de jouer contre une légende du football européen. Un défi à relever. En cherchant sur Internet, j’ai trouvé ce documentaire qui parlait de cet homme, père de famille, qui s’était lancé
avec son fils handicapé en fauteuil dans un Ironman (plus long format
52
du triathlon, NDLR). Tout à la fois, une leçon majuscule d’amour, de
courage et de dépassement de soi. Frissons garantis. A la vérité, on se
sent minuscule face à ce genre d’homme. A la fin du reportage, les
joueurs avaient les larmes aux yeux. Il n’y avait plus besoin de parler.
Dans le vestiaire, je me suis contenté d’écrire cette phrase de MichelAnge en contrepoint à ce que les joueurs venaient de voir : "Notre plus
grand danger n’est pas que notre but soit trop élevé et que nous le
manquions, mais qu’il soit trop bas et que nous l’atteignions…". Ce
qu’ont fait les joueurs ce jour là en allant au bout de leurs forces, en
allant au bout de leur détermination, me laisse penser que le message
avait trouvé une résonnance en eux !
mentale, mais
à dire qu'à faire. Avoir des idées est une chose, les appliquer en est une
autre. Pour y parvenir et battre cet adversaire, mes joueurs devaient
avoir une projection claire de ce qu’il leur était demandé, collectivement et individuellement, tout en étant prêt à aller au-delà de qu’ils
donnaient habituellement. A cet égard, les heures qui ont précédé la
rencontre (voir par ailleurs, NDLR) ont été particulièrement décisives dans l’approche et la gestion de la rencontre (…)
>"Le genre d’évènement, juste avant la pause, qui per-
met au groupe de rentrer au vestiaire avec la conviction que l’exploit est réalisable…"
(…) Puis le match a commencé. Dès le départ, j’ai senti que nous
étions dans le vrai. Nous ressortions le ballon avant que le milieu de
terrain marseillais ne parvienne à apporter cette fameuse densité.
Mieux, à la sixième minute sur un coup franc lointain dans l’axe,
Colinet, notre avant-centre, déviait de la tête pour Valero qui marquait du gauche sur une frappe placée ! Alors que nous avions la
crainte, ô combien légitime, de leurs coups de pieds arrêtés, c'est nous
qui marquions sur l’un des nôtres ! Cette ouverture du score a été
salutaire dans le sens où elle a conforté notre plan de jeu. Sans
compter que les Marseillais devait dorénavant se découvrir, nous libérant du même coup de l’espace entre les défenseurs et le gardien de
but… En effet, ils poussaient, mais nous continuions à les perturber
en mettant beaucoup d’agressivité
sur le porteur du ballon. Le match
de coupe dans toute sa splendeur !
A la 44e minute, nous avons frôlé la
correctionnelle, mais Coulibaly,
notre gardien, sortait une parade
miraculeuse. Exactement le genre
d’évènement, juste avant la mitemps, qui permet au groupe de
rentrer au vestiaire avec la conviction que l’exploit est réalisable (…).
>"Au moment de l'égalisa-
tion marseillaise à la 85e
minute, j'ai trouvé mes
joueurs très forts"
(…) Le quart d’heure de pause fut
consacré essentiellement à calmer
les joueurs et à marteler ce que
nous avions convenu toute la
semaine précédente. Ce qui avait
marché en première mi-temps
devait être reconduit en deuxième !
Durant cette seconde période justement, le nombre d'actions de but
s’équilibrait de part et d’autre. Les
Olympiens avaient plutôt la maî-
trise du jeu, mais nous continuions à les gêner avec nos options de
jeu. Nous parvenions même à nous procurer deux grosses situations de but, sans alourdir le score malheureusement. Puis la pression
s’intensifiait, mais nous tenions… jusqu’à cinq minute du coup de sifflet final : l'OM égalisait par Loïc Remy sur une remise de la tête de
Ayew. A ce moment-là, j'ai trouvé que mes joueurs étaient très forts.
En dépit d’une déception légitime, ils ont su ne pas s’affoler et surtout
ne pas s’écrouler. Je décidai alors d'effectuer deux changements
afin de privilégier la vitesse (Ouahbi et Ayina, NDLR) en pensant
que nous allions aller aux prolongations. Et en effet, tant bien que
mal, nous sommes parvenus à la fin du temps réglementaire (…).
>"111ème minute : l’exacte concrétisation de ce que
nous avions travaillé !"
(...) Durant la courte période avant que le match ne reprenne, j’ai senti
que le groupe avait encore les ressources mentales et physiques
nécessaires pour repartir au combat. Puis arrive cette 111ème
minute : nous récupérons le ballon, éliminons quatre ou cinq adversaires sur une passe au sol dans le dos de l’arrière latéral gauche
marseillais; le défenseur central veut couper, mais arrive trop tard;
mon joueur côté droit délivre une merveille de centre dans l’axe où
Ayina se retrouve en un contre un face au deuxième défenseur
axial... Plus frais, plus véloce, il se donne de l'espace et trompe de près
Bracigliano. Dans les faits, ce but
représentait l’exacte concrétisation de ce que nous avions travaillé
durant la semaine ! Quelque chose
d’extraordinairement fort pour un
coach. Mais quelque chose aussi
de très fugace, puisque Marseille
revenait une nouvelle fois au score,
d a n s l a m i n u t e, s u r l a c o p i e
conforme du premier but encaissé.
Ensuite, il y a cette fameuse faute
de main de Bracigliano, à la 119
ème minute. Sur un ballon aérien, il
rate sa sortie, bafouille sa prise de
balle et offre le but à Ayina qui
pousse dans la cage vide pour son
doublé. Une erreur individuelle du
gardien certes, mais que nous
avons provoqué je pense, en laissant les Olympiens dans l’incertitude tout du long de la partie. La
suite ? L’arbitre siffle la fin du
match… Place à la joie, à une liesse
indescriptible et ce sentiment
d’avoir réalisé une grande performance tant sur le plan mental, que
sur le plan tactique ! ■
53
FOOT D'ANIMATION
10 jeux ludiques
pour U7-U9
■ Sébastien JOSEPH,
CDFA au district des Alpes.
Nécessité de se renouveler. La fin de saison approche. Après huit
mois d'activité hebdomadaire, il devient souvent difficile pour
l'éducateur d'apporter du sang neuf dans ses contenus d'entraînement.
Voici donc une batterie de 10 exercices à proposer à vos joueurs U7-U9
sur les deux derniers mois de la saison.
EXERCICE 1 : LE TIR MULTI-BUTS
Règles
Objectifs
L'équipe bleue doit aller
chercher les ballons (avec le
pied) se trouvant dans le
carré, puis frapper dans une
des 3 cages (avant la ligne)
gardées par les rouges (possibilité de faire 4 cages si beaucoup de joueurs). Au bout de
quelques minutes, on inverse
les rôles.
- Travail de conduite + enchaînement tir au but.
- Marquer le plus de buts possible.
Variantes
- Interdit de frapper 2 fois de
suite dans le même but.
- Imposer les frappes des 2
pieds.
EXERCICE 2 : LE LOUP DANS LA BERGERIE
Règles
1 b a l l o n p a r j o u e u r. L e s
rouges doivent conduire le
ballon dans le périmètre
délimité par les cônes. Au
top, un loup (bleu) rentre sur
le terrain et doit éliminer
tous les rouges en un minimum de temps en sortant
leur ballon du terrain. Les
rouges possèdent une zone
refuge dans laquelle ils n'ont
pas le droit de rester plus de
4 secondes. Une fois que tous
54
les ballons ont été sortis, on
change de chasseur.
Objectifs
- Conserver son ballon le plus
longtemps possible sur le terrain.
Variantes
- Mettre 2 chasseurs.
- Pas le droit d'avoir 2 joueurs
en même temps dans la zone
refuge.
EXERCICE 3 : LE TIR MULTI-BUTS
Règles
les défenseurs toutes les 1 minute 30.
Espace de jeu découpé en 9 carrés.
Jeu à la main. Les bleus doivent
conserver le ballon. Interdit d'être 2
dans le même carré (sauf les défenseurs). Les défenseurs (ici les
rouges) marquent 1 point à chaque
fois qu'ils récupèrent le ballon et
qu'ils réussissent à se faire 1 passe,
ou lorsque 2 attaquants se retrouvent dans un même carré. Changer
Objectifs
- Occuper de manière cohérente l'espace de jeu.
- Se déplacer dans un carré libre
approprié en fonction du ballon.
Variantes
- Jeu au pied, règles identiques.
EXERCICE 4 : ÉPERVIER À DOUBLE SENS
Règles
Objectifs
Former 2 équipes (1ère
manche sans ballon) et placer 2 éperviers sur le terrain.
Au top, les 2 équipes doivent
traverser l'aire de jeu pour
rejoindre l'autre camp sans
se faire toucher par les 2
éperviers. Les 2 équipes partent en même temps et vont
donc devoir se croiser. 1 point
pour les éperviers par joueur
touché ou sorti de l'aire de
jeu. Les joueurs touchés ou
qui sont sortis de l'aire de jeu
sont remis en jeu à chaque
traversé. Jouer sur 3 traversées.La paire d'éperviers la
plus performante a gagné.
- Traverser le terrain sans se
faire toucher ni sortir des
limites du terrain.
- Lever la tête pour ne pas rentrer dans un partenaire arrivant en sens inverse.
- Maîtriser son ballon.
Variantes
- Jeu au pied : les éperviers doivent sortir le ballon de l'aire
de jeu pour marquer 1 point.
- Possibilité de mettre des
zones refuges (cerceaux) dans
lesquelles les joueurs peuvent
rester 4 secondes maximum.
EXERCICE 5 : LE CHÂTEAU FORT
Règles
Amener le plus de ballons possible dans le château fort (carré central). Tous les joueurs partent
ensemble. Les porteurs peuvent
se réfugier dans un cerceau et
devenir ainsi inattaquables (interdit d'y stationner plus de 5
secondes). Les 3 défenseurs doivent toucher les attaquants pour
leur interdire l'accès au château.
L'attaquant devra alors retourner
derrière la ligne de départ pour se
remettre en jeu. 1 point par ballon amené dans le château. Durée
de la séquence : 1 minute.
Objectifs
- Notion de cible, d'adversaire.
- Feinter, dribbler.
- Psychomotricité.
Variantes
- Jouer à la main.
- Jouer au pied.
- Supprimer les refuges (cerceaux).
- Possibilité de se faire des passes
entre les attaquants (1 ballon pour 2
joueurs).
55
FOOT D'ANIMATION
EXERCICE 6 : JEU DE L'HORLOGE
Règles
Objectifs
Le joueur rouge doit prendre
le ballon dans le cerceau puis
faire le tour de l'horloge en
conduite de balle, ramener le
ballon dans le cerceau et
venir taper dans la main de
son collègue. Quand tous les
joueurs rouges sont passés,
ils disent "stop" et les bleus
s'arrêtent alors de frapper au
but. Pendant que les rouges
passent, les bleus doivent en
effet prendre le ballon dans
le cerceau, faire le tour de la
quille, frapper au but avant
la ligne et revenir taper dans
la main du collègue qui part à
s o n t o u r. Q u a n d t o u s l e s
rouges sont passés, on inverse
les rôles. L'équipe qui a marqué le plus de buts a gagné.
- Pour l'équipe rouge : conduire
le plus rapidement et le plus
correctement possible le ballon afin de laisser le minimum
de temps aux bleus pour marquer.
- Pour l'équipe bleue : marquer
le plus de buts possible.
Variantes
- Mettre 2 chasseurs.
- Pas le droit d'avoir 2 joueurs
en même temps dans la zone
refuge.
EXERCICE 7 : ÉPERVIER AVEC PORTES
56
Règles
Objectifs
Première manche sans ballon.
2 éperviers sur le terrain. Au
top, les rouges doivent traverser l'aire de jeu pour rejoindre
l'autre camp sans se faire toucher par les 2 éperviers (bleus).
1 point pour les éperviers par
joueur touché ou sorti de l'aire
de jeu. Les joueurs touchés ou
sortis de l'aire de jeu sont remis
en jeu à chaque traversée.
Jouer sur 3 traversées. La paire
d'éperviers la plus performante a gagné. Contrainte :
obligation pour les joueurs
rouges de passer à travers 1
porte minimum avant de
rejoindre l'autre camp. Avant
chaque traversée, les éperviers
partent de derrière la ligne.
- Traverser le terrain sans se faire
toucher ni sortir des limites du
terrain.
- Maîtriser son ballon
Variantes
- Faire passer dans 2 portes minimum.
- Mettre des portes de couleur
et demander aux joueurs de passer dans 2 portes de couleur différente.
- Idem balle au pied : les éperviers doivent sortir le ballon de
l'aire de jeu pour marquer 1
point.
EXERCICE 8 : CHANGER DE CERCEAU
Règles
Variantes
Au signal, les joueurs doivent changer de cerceau le plus rapidement
possible. La première équipe en
place marque 1 point. 1 seul joueur
par cerceau (le 1er arrivé). La première manche se joue sans ballon.
- Poser le pied dans un cerceau avant
de se réfugier dans un autre.
- Jeu avec ballon (conduite de balle).
- Mettre des cerceaux de différentes
couleurs et interdire à un joueur d'aller dans un cerceau de la même couleur que celui où il se trouve déjà.
- Principe des chaises musicales : enlever un cerceau à chaque passage
jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un.
Objectifs
- Conduite et maîtrise du ballon.
- Prise d'information.
- Vitesse-réaction.
EXERCICE 9 : JEU DE LA CIBLE
Règles
Objectifs
Comme au fléchette, une
cible est dessinée au niveau
du sol par des coupelles et le
centre symbolisé par un cerceau. Le joueur dans le carré
doit tirer son ballon au pied
afin qu'il s'arrête le plus
proche possible du centre de
la cible. Plus un joueur est
proche du centre, plus il
marque de points pour son
équipe. Faire jouer 2 ballons
par joueur, prendre le meilleur des 2 essais, puis totaliser les points de tous les
joueurs par équipe.
- Précision.
- Dosage.
Variantes
- Prendre le ballon à la main et
le botter du coup de pied.
Regarder là où le ballon atterit
pour le comptage des points
(travail de synchronisation et
apprentissage du geste de la
volée).
EXERCICE 10 : REPRENDRE SA PLACE
Règles
Objectifs
Chaque joueur est placé dans
un cerceau. A l'appel de son
numéro, le joueur démarre,
fait le tour de la première
quilleeffectue le parcours de
motricité, contourne la
deuxième quille et revient se
placer dans son cerceau. La
premier à être en place
marque 1 point pour son
équipe. Faire la première
manche sans ballon.
- Psychomotricité.
- Conduite de balle.
Variantes
- Deuxième manche balle au
pied. Le parcours de motricité
se transforme en parcours
technique (slalom).
- Changer le parcours.
57
FUTSAL
Blocages et semi
blocages de la semelle
■ Par Cyrille JEHL,
CTD du district du Haut-Rhin et
référent futsal à la Ligue Alsace.
Spécificité du futsal. Les blocages et semi blocages de la semelle font
l’objet d’une attention toute particulière de la part des techniciens du
football "indoor". Pourquoi les travailler, à quels moments, et de quelle
manière ? Cyrille Jehl dresse l’inventaire.
es blocages et semi blocages de la semelle font
partie de la famille des
contrôles et prises de balle.
En cela, le futsal ne diffère pas
du football en extérieur. Si ce
n’est qu’ici, au premier
contrôle raté, pas question
d’évoquer un faux rebond ou
une bourrasque de vent ! Les
contrôles en salle sont moins
soumis aux aléas. En contrepartie, un match de futsal se
traduit par plus d'intensité et
de densité. Cette proximité
des joueurs autour du ballon
fait que chaque contrôle s’effectue avec un ou plusieurs
adversaires très proches. D’où l’intérêt d’un
contrôle orienté et spécifique de la semelle.
Les blocages et semi blocages de la semelle se
révèlent ainsi les plus adaptés sur le parquet.
Par "adaptés", il faut comprendre "efficaces".
Si l’on aborde le problème sous un simple
angle géométrique, la largeur et la superficie de la surface de contact apporte une sécurité plus grande par rapport à un contrôle
effectué avec l’intérieur ou l’extérieur du
pied par exemple.
L
>"Bloquer le ballon avant
d’enchaîner tout en assurant une
protection de balle optimale"
Une autre raison tient dans le mode d’exécution du blocage. La réalisation technique
du geste amène à placer la jambe d’appui
entre le ballon et l’adversaire. C'est-à-dire
que le choix du contrôle semelle induit qu’il
y aura toujours le corps du joueur + la distance de la jambe tendue entre le ballon et le
défenseur. Dans les faits, l’utilisation de la
60
semelle va dont permettre de bloquer le ballon avant d’enchaîner, tout en assurant une
protection de balle optimale. Cette assurance
technique va avoir une répercussion immédiate dans la lecture du jeu. On comprend
aisément qu’une fois le ballon maîtrisé, le
joueur traitera plus efficacement les informations périphériques. Or, on touche ici à
l’essence même d’une pratique nécessitant
de prendre en permanence des informations
afin de coordonner des déplacements très
précis et d’assurer des enchainements collectifs de qualité.Tout cela pour dire qu’il ne
s’agit pas d’un hasard si tous les joueurs des
nations dominantes en matière de futsal, utilisent le contrôle de la semelle !
>"Un cycle spécifique "contrôles et
prises de balle" avec un volet
blocage et semi blocage de la
semelle durant 3 semaines en
début de saison"
En ce qui concerne maintenant la méthodo-
l o g i e d e t ra v a i l , e l l e t i e n t
compte des caractéristiques
de notre discipline.Ainsi, je privilégie un travail général où
tous les joueurs au poste, qu’ils
soient défensifs ou offensifs,
réalisent les mêmes exercices.
Les défenseurs sont en effet
souvent appelés à se retrouver
devant la cage adverse tandis
que les attaquants se replient
fréquemment devant leur but.
Chez les jeunes, je planifie un
cycle spécifique "contrôles et
prises de balle" avec un volet
blocage et semi blocage de la
semelle durant 3 semaines en
début de saison afin d’en assurer l’acquisition pour le restant de l’année.
Pour les seniors, je ne mets pas vraiment de
cycle en place, puisque ce travail est intégré
à chaque séance dans le perfectionnement de
tous les thèmes tactiques ou même techniques, comme celui des passes, des tirs etc…
Dans tous les cas de figure, il convient de travailler les blocages et semi blocages dans
toutes ses composantes. Pour ce faire, la
méthode GAG (Global-Analytique-Global)
est sans doute la plus pertinente. Elle consiste
à partir du jeu ou de situations jouées (global), puis à passer par la mise en place d’exercices techniques et analytiques visant à assurer de la répétition avant de repartir sur du
jeu global. Le travail analytique se décline
fréquemment avec 1 ballon pour 2, 3 ou 4
sur les principes de "passe et suit" ou "passe
et va". Cependant quelque soient les pistes de
travail envisagées, elles devront prendre en
compte une évidence : aujourd’hui, pas un
seul joueur de futsal ne peut postuler à l’excellence sans une parfaite maîtrise des blocages et semi blocages de la semelle. ■
4 exercices d'application
SITUATION 1 : situation jouée
2 contre 2 face à
face sur 3 terrains.
Empêcher le ballon
de sortir de son
carré en le bloquant avec la
semelle avant de le
renvoyer dans le
carré en face. Une
passe maximum
par camp autorisé.
Evolution (exemple sur le terrain
du milieu) : Point
marqué si le ballon
est bloqué par le
gardien "mobile"
situé derrière
l’équipe adverse.
SITUATION 3 :
Situation offensive / blocage et
semi blocage dos au but
2 ateliers identiques sur les 2
cages. 6 joueurs + 1
gardien par atelier.
A passe dans la
course de B qui
contrôle vers
l’avant.
Décrochage du
pivot P, qui reçoit
la passe de B.
Feinte de corps du
Pivot, contrôle
orienté semelle en
rotation et tir au
but. A passe en B, B
passe en P, P va en
A.
SITUATION 2 : forme jouée
7 contre 7, 8 carrés
de 4x4 mètres. Pour
marquer 1 point il
faut bloquer le ballon donné par
un partenaire dans
un des carrés.
Interdiction de
défendre dans les
carrés et de toucher
un adversaire ayant
le ballon sous la
semelle. Lorsqu’une
équipe marque un
point, elle conserve
le ballon.
Evolution : I d e m
mais avec obligation
de chercher un carré
dans l’autre moitié
de terrain après
chaque point marqué.
SITUATION 4 : jeu final
5 contre 5 (conditions de match) sur 4 zones. 3 contre 2 dans chaque
moitié (gardien compris). Jeu libre. Un but ne peut être validé que
si au préalable le ballon a été bloqué et conservé dans chaque carré.
Le gardien peut
être joint de
manière illimitée.
Autorisation de
franchir la médiane
en conduite ou sur
une passe.
Evolution : I d e m
mais après une
passe à un partenaire, le passeur
doit libérer son
carré et en occuper
un autre (notions de
jeu en mouvement
et permutations).
61
Football francophone
BELGIQUE
Classement FIFA : les
filles gagnent 3 places
a FIFA a publié début juin le
nouveau classement mondial
FIFA/Coca-Cola. Les féminines
belges pointent désormais en
30e position, soit une progression de 3 places. À noter que la
France est 6è devant le Canada
(7e) et la Suisse (26e). Les trois
premières places sont toujours
occupées, respectivement, par
les USA, l'Allemagne et le Japon.
L'Afghanistan (130e) ferme la
marche.
L
L'aile francophone de
l'URBSFA reconnue officiellement !
'était dans l'air du temps…
Après la création de la VFV
(Voetbalfederatie Vlaanderen),
c'est la Belgique francophone qui
voit sa fédération voir le jour.
L'ACFF (Association des Clubs
Francophones de Football) est
donc née. Son président, Gérard Linard, a affirmé que les 2 ME injectés
"seront consacrés à la formation des joueurs, entraîneurs, arbitres,
membres du conseil d'administration ainsi qu'aux bénévoles appartenant aux 800 clubs (environ 150 000 licenciés)". À noter que la première assemblée générale de l'ACFF s'est tenue le 20 juin.
C
Pas d'Euro pour les U19
Sélection : Wilmots assure l'intérim
rosse désillusion pour la sélection belge U19. Tenus en échec 1-1
par l'Arménie, les joueurs de Marc Van Geersom ne participeront
pas au prochain Euro de la catégorie organisé en Estonie.
A
G
lors que le sélectionneur des Diables Rouges, Georges Leekens, avait
annoncé courant mai, à la surprise générale, qu'il s'engageait pour
trois saisons avec le FC Bruges, c'est Marc Wilmots, son adjoint en sélection, qui assure l'intérim en équipe nationale.
SUISSE
Camps d'été de Leyssin : plus que
quelques places !
56 ans qu'ils attendaient ça…
oup de tonnerre sur la scène européenne. Le mois dernier, la sélection
suisse a battu son homologue allemande 5-3 en match amical. Une victoire de prestige mais également historique pour les joueurs entraînés
par… Ottmar Hitzfeld, l'ancien mentor du Bayern, puisque cela n'était pas
arrivé à la nati depuis 56 ans et 18 confrontations avec le voisin allemand !
C
5 contre 5 en multi buts
oici un jeu proposé par l'Association Suisse de Football, qui convient
aussi bien au football de base qu'au football d'élite (en adaptant cependant l'aire de jeu et les critères techniques).
V
Organisation/règles : sur une double surface de réparation, 2 équipes de
5 joueurs (+ 1 gardien) s'affrontent. 1 but dans la grande cage = 1 point. 1
passe ou une conduite de balle dans l'une des 2 portes situées dans le camp
adverse = 1 point. Les équipes sont organisées en 2-3.
62
'Association Cantonale Genevoise de
Football organise deux semaines de camps
dans le village de Leysin, du 16 au 21 juillet et du
23 au 28, pour les garçons de 10 à 15 ans. Des
stages encadrés par des éducateurs diplômés
de l'ASF.
Renseignements sur :
www.campfootacgf.ch/site/
L
QUEBEC
"Un projet familial et sportif emballant"
CARNET DE BORD (épisode 1/12). Alfred PICCARIELLO vient de boucler sa 6è saison au FCO Firminy (DH),
dans la Loire (42).Titulaire du DEF, le technicien s'apprête à changer de vie. Et pour cause, il vient de rejoindre
l'Association de Soccer mineur de Saint-Georges, en qualité de directeur technique. Le début d'une aventure que
vous pourrez suivre désormais tous les mois dans VESTIAIRES !
Vous êtes depuis quelques
jours le Directeur
Technique de l'Association
de Soccer mineur de SaintGeorges. Comment êtesvous entré en contact avec
le club ? Après avoir consulté
quelques offres sur le site officiel
de la Fédération de Soccer du
Québec, j'ai envoyé un CV. Et on m'a
répondu…
Comment s'est déroulée la
première rencontre ? Très
bien. J'ai rencontré le président du
club, Stéphane Morin, à Lyon. Nous
avions déjà eu plusieurs échanges
téléphoniques et échangé quelques
mails, y compris avec le Directeur
Général, Francis Giguère.
Savez-vous pourquoi votre
candidature a été retenue ?
En tête de mon CV, j'avais inscrit
trois mots : fédérateur-travailleurcompétiteur. Le président m'a dit
que c'est le terme "fédérateur" qui
l'avait incité à me répondre…
Partir à l'étranger était un
objectif ? Oui, et particulièrement au Québec. Une destination
qui nous attirait, ma famille et moi,
car partir là-bas est aussi un choix
familial. Côté sportif, je sais que le
soccer y est en plein développement, les clubs cherchent à optimiser leur encadrement. Et puis l'engouement pour ce sport est encore
plus for t depuis que l'Impact
Montréal a accédé à la MLS !
Av a n t d e v o u s e n g a g e r,
vous êtes déjà allé sur
place. Quelles furent vos
impressions ? Avec ma femme
et ma fille, nous y sommes allés à
deux reprises. Une première fois au
mois d'août de l'année dernière, où
j'ai rencontré les membres du
bureau, assisté au festival de soccer
organisé par le club, suivi plusieurs
entraînements et matchs et dirigé
des "cliniques" comme ils disent (des
séances, NDLR). Nous avons été très
bien reçu.A tel point qu'au moment
de remonter dans l'avion,notre décision était prise.
nouées avec les différents responsables. Le club a un réel potentiel qui
ne demande qu'à être exploité.C'est
très emballant.
Quelle sera votre mission
exacte ?En plus de ma fonction de
directeur technique, j'ai demandé à
pouvoir entraîner l'équipe senior.
J'aime coacher… Mais ma mission
première est le développement technique du club. Instaurer un projet
sportif qui favorise le jeu,et respecte
la politique générale de l'entité.
Quels sont les moyens mis
Et la deuxième fois ? Nous y à votre disposition ?
avons passé le
Les décideurs se
réveillon. L'idée "Un potentiel qui ne sont donnés les
était aussi de voir à demande qu'à être moyens de franchir
quoi ressemblait un
un palier. Le direcexploité"
hiver à - 25° à Saintt e u r g é n é ra l , l e
Georges de Beauce… On a survécu directeur technique, l'adjoint du
(rires) !
directeur technique,le chef arbitre et
des éducateurs sont salariés ! Les
Que retenez-vous des ren- structures et infrastructures du club
c o n t r e s e f f e c t u é e s s u r sont en adéquation avec le projet :
place ? J'ai apprécié la franchise 2 terrains synthétiques,4 terrains en
avec laquelle m'a été présenté le pro- herbe, un gymnase, et le projet
jet du club, et la qualité des relations d'avoir un terrain à 11 couvert !
Sur quoi allez-vous travailler en premier ? Je vais
commencer par l'observation des
matches et des entraînements. Je
dois être le plus rapidement possible au contact des techniciens,
leur apporter une aide sur le terrain, mais aussi me familiariser
avec le soccer, y compr is son
aspect administratif… Plus généralement, je dois m'imprégner des
valeurs beauceronnes pour pouvoir dégager assez vite les grandes
lignes du projet sportif à venir.
La compétition, telle
qu'elle est vécue en
France, ne risque-t'elle
pas de vous manquer ?
L'approche du soccer au
Québec est plus récréative...La compétition existe au
Québec.Après, il est vrai que l'approche n'est pas la même, pour
l'instant en tout cas. Ce qui m'a
frappé lorsque j'y suis allé la première fois, et je leur en ai fait part,
c'est le côté "naïf" dans le bon sens
du ter me qu'ils ont dans l'approche de leur sport. Pour moi, il
est essentiel de parvenir à conserver cet aspect afin d'éviter les
dérives que la compétition engendre chez nous. Je reste un compétiteur, mais je suis convaincu que
l'on peut aborder les choses différemment avec des enfants. Le football est un jeu collectif intelligent
qui demande un apprentissage
basé sur le long terme, où la compétition doit servir à valider ce que
l'on a travaillé lors des entraînements. ■
DÉSORMAIS, RETROUVEZ CHAQUE MOIS LE "CARNET DE BORD" D'ALFRED PICCARIELLO.
63
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UN COACH, UN MATCH
Allemagne – Pays-bas
■ Par François
BLAQUART,
7 juillet 1974 (finale de la coupe du monde)
Directeur Technique National.
Il y a un match qui m’a plus particulièrement marqué que les
autres, c'est la finale de la
Coupe du Monde 1974 en
Allemagne, opposant la RFA
aux Pays bas. Et ce pour plusieurs raisons. La première
tient au fait que j’avais 20 ans,
et que je m’intéressais de plus
en plus aux fonctions d’entraîneur… Ce Mondial représent a i t d o n c u n e fo r m i d a b l e
opportunité de regarder et
d’apprendre. Par ailleurs, il
s'agit d'une époque qui correspond à l’arrivée des premières
télés couleurs dans les foyers,
et l’explosion des retransmissions des grands évènements sportifs.
Il y a également le contexte de cette affiche.Avec, tout d'abord,
deux icônes absolues face à face, Johann Cruyff contre Franz
Beckenbauer. Deux hommes à la stature particulière qui, chacun
à leur manière, notamment par leur façon de se comporter sur le
terrain, avaient redéfini les profils de leurs postes respectifs.Au-delà
de l’aspect individuel, il s’agissait aussi d’un choc entre deux
nations dominatrices en Europe, représentées par l’Ajax
d’Amsterdam et le Bayern Munich (NDLR : l’Ajax remporta l’équivalent de la ligue des champions en 1972, 73 et 74 tandis que les
munichois l’emporteront en 1975-76 et 77). Enfin, rappelons que
les Allemands jouaient la finale de "leur" coupe du monde, chez
eux, face à des hollandais qui avaient surclassé la compétition
jusqu’alors...
"Deux visions du football qui se confrontaient"
Depuis le début de l’épreuve, les oranges déclinaient à la perfection
les convictions de jeu prônées par leur mentor, Rinus Michel.
C'est ce qu’on avait coutume d’appeler le "football total", et qui se
caractérisait par un jeu basé sur les permutations et le mouvement lors des phases offensives. Nous n'avions, par exemple,
jamais vu jusqu'alors des arrières latéraux "manger" autant les
lignes et participer aux actions ! Johann Cruyff, lui, dirigeait l’ensemble, endossant tout à la fois les rôles de buteur, de passeur,
d’organisateur mais surtout celui de leader charismatique. De
son côté, en plus de Beckenbauer, la sélection allemande pouvait
compter sur la présence de grands joueurs tels que Sepp Maïer, le
66
g a rd i e n , m a i s a u s s i Vo g t s ,
Breitner, Hoeness, l’actuel président du Bayern, et bien sûr
Gerd Muller, un avant centre
exceptionnel qui convertissait
en but les ballons les plus
improbables. Plus généralement, au travers de ce match,
c’était aussi deux visions du
football qui se confrontaient.
En ce qui me concerne, mon
cœur balançait plutôt du côté
des Néerlandais. Et ça avait
ex t ra o rd i n a i re m e n t c o m mencé puisque à la deuxième
minute, au terme d’une longue
séquence de jeu, Cruyff obtenait un pénalty que Neeskens convertissait : 1-0 pour les Hollandais
et les Allemands n’avaient pas encore touché le ballon !
"Aujourd’hui encore, je considère cette Coupe du
Monde comme un point de repère important dans
mon histoire personnelle"
Ce sera d’ailleurs la seule fois que Cruyff aura une véritable emprise
sur le jeu. Asphyxié par le marquage incessant de Berti Vogts, il
ne parviendra plus à peser sur le jeu de son équipe. Privé de l’influence de leur meneur, les oranges ne sont plus jamais parvenus
à emballer la rencontre, comme ils avaient l’habitude de le faire. Et
les allemands ont fini par revenir. D’abord sur un pénalty de
Breitner (26e minute, NDLR).Avant de prendre l’avantage sur un
but de Gerd Muller (43e minute, NDLR). La suite fut de moins
bonne qualité. En raison surtout des Hollandais qui étaient vraisemblablement plus fatigués par l’accumulation des matchs que leurs
adversaires. Au final, les allemands l’ont donc emporté et il n’y
avait rien à redire sur ce match. Cette génération exceptionnelle
méritait sa victoire.Aujourd’hui encore, je considère cette coupe
du monde comme un point de repère important dans mon histoire personnelle, mais également dans l’histoire de la pratique du
football. Dans les faits, l’édition 1974 marque une rupture avec
le football tel qu’il était joué lors des précédentes compétitions
internationales, pour basculer vers une conception plus moderne.
Ou en tout cas, plus en phase avec ce qu’on en voit actuellement.
Ce qui est certain, c'est que le jeu proposé par les Hollandais a
grandement contribué à cette évolution. Et puis, j’avais 20 ans ! ■