Vestiaire 39 - Templiers
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Vestiaire 39 - Templiers
Juin 2012 - n°39 www.vestiaires-magazine.com P r e m i e r m a g a z i n e c o n s a c r é a u x é d u c a t e u r s d e f o o t b a l l "Le 1er objectif du gardien ? Ne pas toucher le ballon" ENTRETIEN avec Christophe Lollichon DOSSIER STRATEGIE : LES CORNERS TIRÉS À 2 l TABLEAU NOIR : LE RÉCIT TACTIQUE DE RÉGIS BROUARD l ENTRAINEMENT : JEU DE VOLÉE EN ZONE DE FINITION l MANAGEMENT : RECOMMANDER UN AMI l FOOT ANIMATION : 10 JEUX LUDIQUES POUR U7-U9 Abonnement 12 numéros : 54 € Prix au numéro : 6 € Le remplacement en questions Edito Remplacer c'est jouer l fait partie, au même titre que le I dre bien des formes et soulève bien des coup d'envoi ou la rentrée de questions. À quel moment de la partie touche, des actions stratégiques dont doit-on effectuer son premier change- l'entraîneur sous-estime bien souvent ment ? Doit-on remplacer un joueur l'importance. Le remplacement est, dans auteur d'une piètre performance… mais la majorité des cas, une routine qui qui vient de marquer un but ? Est-il répond à la nécessité de faire sortir un conseillé de faire sortir deux joueurs à la joueur fatigué, blessé ou "transparent". Or, fois ? Le remplacement sanction, après c'est aussi et surtout l'un des rares seulement 15 ou 20 minutes de jeu, est-il moments, à l'image de la causerie, où le recommandé ? Comment utiliser un coach a la possibilité d'impacter sur la joker ? Etc… Autant d'interrogations que rencontre. Un moment privilégié, donc, qu'il convient de d'appréhender avec le plus grand sérieux. Décider de changer un joueur ne doit pas être (toujours) un fait de jeu que l'on subit. Ce doit être aussi un outil de coaching et de management qui vise à créer un problème supplémentaire à l'adversaire, ou à délivrer un message… Car le remplacement peut pren- Vestiaires Directeur de la publication/ Rédacteur en chef : Premier magazine consacré aux éducateurs de football Administrateur des ventes : Mensuel édité par RC MEDIA, SARL au capital de 5000 euros SIRET : 507 848 257 RCS Lyon Adresse : 25, rue Victor Basch BP 25010, 69 602 Villeurbanne Cedex TEL : 04 72 77 69 04 Julien Gourbeyre Pascal Muller Responsable Marketing : L'un des rares moments, à l'image de la causerie, où le coach a la possibilité d'impacter sur la rencontre nous avons choisi ce mois-ci de soulever dans notre dossier. Plusieurs techniciens, oeuvrant à des niveaux différents, nous ont livré leur point de vue. Bien sûr, la vérité est nulle part. Seul compte le partage des opinions, première pas vers l'intime convinction. Bonne lecture à tous. ■ Julien Gourbeyre, Directeur de la rédaction Rédaction : Impression Antoine Armand, Julien Gourbeyre, Olivier Goutard et Pierre Benoît. Imprimerie Chirat 744 rue de Sainte -Colombe, 42540 Saint-Just-La-Pendue. Photos : Thibault Camus (pages 14 à 19) Bernard Veronico Ont collaboré à ce numéro : Secrétariat : Nicolas Mayer, Lionel Bellenger, David Maigret, Régis Brouard, Sébastien Joseph, Jean-Christophe Hourcade, Jean-François Jodar, Christophe Geoffroy, Cyrille Jehl, et Chilina Hills. Claudia Gioscia Comptabilité : Sylvie Pavie Maquette/infographie : Xavier Boglione N° Commission paritaire : 0211 T 89754 N° ISSN : 2101-4566 Crédits photos : FOTOLIA pages 1, 4, 5, 10, 12, 22, 24, 25, 26, 27, 34, 38, 40, 42, 44, 46, 48, 50, 52, 58,et 60. Toute reproduction, représentation, traduction ou adaptation, qu’elle soit intégrale ou partielle, quel qu’en soit le procédé, le support ou le média est strictement interdite sans l’autorisation de RC MÉDIA. 3 Sommaire P6 ACTUALITE 12 page Les dernières infos du monde de l'éducateur. P10 LA STAT EURO : évolution du nombre de passes et de dribbles P12 QUESTION DU MOIS U8-U9 : mettre les éducateurs sur le terrain ? P14 ENTRETIEN DU MOIS Christophe Lollichon 14 page P20 DOSSIER Les changements en questions P52 TABLEAU NOIR Le récit tactique de Régis Brouard P54 FOOTBALL ANIMATION 10 exercices ludiques pour U7-U9 20 page P60 FUTSAL Les blocages et semi blocages de la semelle P64 FOOTBALL FRANCOPHONE L'actu football des pays francophones. P66 UN COACH UN MATCH Allemagne – Pays-bas7 juillet 1974 (finale de la coupe du monde) 4 40 page P35-49 LE CAHIER DU COACH P36 : ENTRAINEMENT (par David MAIGRET) Jeu de volée en zone de finition P38 : PREPARATION PHYSIQUE (par Jean-Christophe Hourcade Programme d'entretien : ce que vos joueurs doivent retenir P40 : MANAGEMENT (par Lionel BELLENGER) Recommander un ami, les précautions à prendre P42 : STRATÉGIE (par Jean-François JODAR) Les corners tirés à 2, à 3… 54 page P44 : TECHNIQUE (par Nicolas MAYER) La conduite de balle. P46 : SANTÉ (par Christophe GEOFFROY) Reprendre le sport après une longue inactivité P48 : PRÉSIDENT (par Chilina HILLS) 10 conseils pour bien s'exprimer en public LA SEANCE DU MOIS (par David MAIGRET) 60 Amélioration du centre et du jeu de volée page 5 Actualité Bernard David, de l'AJA à l'ASSE UNECATEF : Joël Muller rempile L L 'AS Saint-Etienne a un nouveau Directeur à la tête de son centre de formation. Il s'agit de l'ancien Auxerrois Bernard David, qui aura passé douze ans dans l'Yonne où il aura fini sur une expérience douloureuse aux côtés de Laurent Fournier, sur le banc de la Ligue 1. Pour l'ancien coach de l'AS SaintPriest, cette arrivée dans le Forez est presque synonyme de retour aux sources, dans sa région natale (il est originaire de la Tour-du-Pin dans l'Isère). ■ e 21 mai , Joël Muller a été réélu à la présidence de l'UNECATEF à l'unanimité des voix. Un siège qu'il occupe depuis 2001 et qu'il assumera encore au cours des quatre prochaines années. A noter que l'ancien entraîneur mythique du FC Metz a quitté toute fonction au sein du club lorrain. ■ La déclaration du mois Guardiola : "je n'ai rien inventé" "Je sais qu'avec ces joueurs, je laisse le club dans de bonnes conditions. Ils pourront encore progresser avec d'autres idées, d'autres concepts de jeu.Au final, nous gagnons quatorze titres en quatre ans, quelque chose de très dur à réaliser. Je m'en vais avec la sensation d'avoir laissé de bonnes choses à ce club. Je n'ai rien inventé, mais je suis fier d'avoir été un passeur dans cette longue histoire (…) Ce serait très présomptueux pour moi de penser que ce Barça est la meilleure équipe de l'histoire, mais je pense que nous laissons de bons souvenirs dans la mémoire des gens (…) Je suis fier d'avoir pu entraîné celui (Messi, NDLR) qui restera sans doute le meilleur joueur que j'aurais jamais entraîné. Gagner quatorze titres sans lui aurait été impossible". ■ 6 10 experts à la cellule de recherche P as moins de dix experts composent à ce jour la cellule de recherche de le FFF, créée sous l'impulsion de la DTN. Il s'agit de Laurent Bosquet, Martin Buchheit, Georges Cazorla, Grégory Dupont, Hugues Jullien, Philippe Lambert, Pascal Maillé, Alexandres Marles, Sylvain Matrisciano et Joël Trebern. Cette cellule scientifique a pour objectif de trouver de nouveaux axes de développement chez le football, et ce dans tous les domaines (physique, mental, psychologique…). ■ A VOS CARNETS Foot animation : jonglage en mouvement On le sait, le travail de jonglage est aussi indispensable en foot animation qu'il est répétitif voire rébarbatif parfois… Ainsi, dans notre édition de mars (voir VESTIAIRES n°36), nous vous avions proposé quelques exercices ludiques permettant de varier le travail de jonglerie, tout en le rendant plus ludique. C'est ce que s'évertue à faire la situation proposée ci-dessous, observée lors d'une séance de jeunes au Paris Saint-Germain. LE SAVIEZ-VOUS ? D eux intervenants réguliers à VESTIAIRES ont rejoint la sélection nationale de Côte d'Ivoire ! Il s'agit de Jean-Paul Ancian et Jean-Marc Kuentz. Ces deux techniciens font partie du staff constitué par le nouveau sélectionneur des Eléphants, Sabri Lamouchi. ■ La FFF ouvre sa boutique officielle S amedi 9 juin, la Fédération Française de Football a inauguré sa boutique officielle au 85 boulevard de Grenelle (Paris 15e). Un espace de 200 m2 dédié à tous les passionnés de ballon rond et aux supporters des Bleus, avec une large gamme de produits dérivés. Horaires d'ouverture : du mardi au samedi de 10h à 19h. ■ INITIATIVE Une application Ipad d'aide à l'entraînement D Organisation/règles : 3 équipes de 4 joueurs maximum sur un espace de jeu de 33 x 40 mètres (double de surface de réparation). Quatre angles sur les côtés, numérotés de 1 à 4. Au centre de l'aire de jeu, les joueurs sont en jonglage. Au signal de l'éducateur, ils doivent se rendre le plus vite possible en jonglage en mouvement dans l'angle correspondant. Interdit d'avancer si le ballon tombe (on le remet en l'air). La première équipe à avoir ses joueurs dans la zone demandée marque 3 points, la deuxième 2 points et la troisième 1 point. Faire plusieurs passages. irecteur au Pôle Espoirs Grand Est, Jean-Robert Faucher s'est servi de son expérience pour concevoir une application iPad (Pro Foot Training "formation") visant à accompagner l'éducateur dans la mise en place de ses séances. Véritable outil pratique, ludique et interactif, l'application renferme plus de 200 fiches de séances complètes (de l'échauffement à la partie jouée), structurées et illustrées, lesquelles s'appuient principalement sur une base de cycles technico-tactiques. Des séances adaptables et destinées à un public âgé de 15 à 20 ans, quel que soit le niveau de pratique. A noter que cette application, qui s'étendra bientôt sur la pré-formation et les Séniors, permet par ailleurs de visualiser les placements et déplacements des joueurs sur le terrain (en entier ou en partie), de filmer la séance pour pouvoir l'analyser ensuite, et d'organiser votre planification d'entraînement. Renseignements : [email protected] ■ Variante : imposer une surface de contact. ■ 7 Actualité A LIRE Beach Soccer Tour 2012 : à vos agendas ! Football et Santé (bienfaits-BlessuresPrévention) S igné du Docteur Nicolas Bompard, médecin du sport, en charge de plusieurs équipes professionnelles, cet ouvrage a pour vocation non seulement de faire prendre conscience de l'intérêt du sport pour la santé (solidité osseuse, perte de poids, force musculaire, tonus, anti-stress…) mais aussi de donner quelques conseils pour agir en prévention des blessures. A noter que le livre est accompagné d'un DVD axé sur les techniques d'échauffement. ■ • 30 juin/1er juillet à Ouistreham. • 7 et 8 juillet à Paris. • 11 et 12 juillet à Berck-sur-Mer. • 16 et 17 juillet à Quiberon. • 20 et 21 juillet à Pornichet. • 24 et 25 juillet à Saint-Jean-de-Monts. • 28 et 29 juillet à SaintGeorges-de-Didonne. • 1er et 2 août à Capbreton. • 5 et 6 août à Canet-en-Roussillon. • 9 et 10 août au Cap d'Agde. • 13 et 14 août à Gruissan. • 20 et 21 août au Grau-du-Roi. • 23 et 24 août à Bormes-les-Mimosas. ■ C'est, en pourcentage, la perte moyenne de potentiel physique d'un footballeur (système cardiovasculaire, souplesse, force musculaire, VMA…) après seulement 15 jours d'inactivité, soit 1% par jour ! D'où l'importance de donner à vos joueurs un programme d'entretien pendant les vacances afin de limiter les modiciations physiologiques d'ordre général (désentraînement) et ainsi être plus efficace à la reprise. ■ 15 Sur la toile www.coach.ca C 'est le site de l'Association Canadienne des Entraîneurs (toutes disciplines). Au menu, des conseils de toutes sortes (alimentation, philosophie du sport, traumatologie, profil de l'entraîneur, pédagogie, etc…). Pour peu qu'on prenne le temps de se balader au gré des différentes rubriques, ce site s'avère très intéressant et instructif. A visiter ! 8 QUESTIONS A… "Le sentiment d'avoir été un pionnier" Eddie HUDANSKI, ancien DTN chinois. Actuel sélectionneur des U17 congolais, Eddie Hudanski est un formateur passé notamment par Laval et Limoges. Mais ce que l'on ignore de celui qui est à l'origine de la Kadji Sport Académie - centre de formation camerounais d'où est sorti Samuel Eto'o - c'est qu'il fut par ailleurs le premier technicien français à entraîner en Chine, à Chengdu, avant d'être nommé… DTN, deux ans plus tard. • Comment avez-vous atterri en Chine, il y a 10 ans formation, vous avez 30 à 40 personnes, maximum. Là? Il existait à l'époque un partenariat entre le Red-Star et Shengdu (aujourd'hui partenaire du FC Metz, NDLR). Lorsque les dirigeants chinois ont sollicité Jean-Claude Bras (alors président de l'écurie francilienne,NDLR) que je connais depuis longtemps,pour trouver un technicien français, il a pensé à moi. J'ai accepté. • Comment avez-vous été accueilli ? Très bien. J'ai rencontré des gens charmants. Je crois qu'ils m'appréciaient.À partir du moment où vous n'arrivez pas en terrain conquis,faites preuve d'humilité,il n'y a pas de problème. • Qu'avez-vous trouvé sur place ? Il n'y avait rien, même pas de terrain… Là-dessus, on m'a demandé de bâtir un centre de formation en utilisant les techniques de la formation "à la Française" (rires)... • Et alors ? C'est ce que je me suis attelé à faire.Enfin,au début… • Pourquoi dites-vous cela ? Parce que je n'ai pu que constater,très vite, bas, on était 400 à 500 dans un amphithéâtre ! C'est la Chine… Tout est dans la démesure. • Combien y a-t-il de licenciés dans le pays ? Je ne sais pas exactement.Tout ce que je peux dire, c'est que sur la région de Shengdu, il y en avait déjà plus de 300 000… • Quel est le profil de l'éducateur chinois ? Il est très passionné, jeune la plupart du temps, et a souvent été joueur auparavant. Dans son approche, son attitude, il est comme un enfant, mais en plus grand. Il a ce côté un peu naïf, puéril, qui est assez attachant du reste. Parfois, je voyais des éducateurs qui allaient jusqu'à imiter ma gestuelle sur le terrain. C'était marrant… • Avec quelles compétences initiales ? Là-bas, les entraîneurs ont tendance à imposer aux joueurs ce que eux ont subi avant… Il a fallu changer ça, les faire évoluer. mon incapacité à transmettre ! Je ne voyais aucune progression à l'entraîne- • Et autour du terrain, quelle est l'atmosphère? Y a-t-il les mêmes ment. J'ai alors décidé d'aller voir comment les enfants travaillaient à l'école. débordements qu'ici ? Non, c'est très respectueux, mais très vivant Et là,j'ai compris.Ils apprenaient tout par cœur,sans chercher à comprendre. aussi. Encore une fois, les Chinois adorent le football, ce sont de vrais passionnés. Résultat : j'ai appliqué cette méthode avec mes joueurs ! "Ils copient tout à Toute la semaine, on faisait la même chose. Je les ai vu se droite et à gauche, sans • Suivent-ils le football européen ? Essentiellement la transformer… ligne directrice ni Première League. Je pense que les valeurs de combativité • Un bel exemple d'adaptation à leur mode d'ap- réflexion sur le fond" et d'engagement physique du foot anglais sont celles qui prentissage… Oui, car c'est quelque chose de très ancré chez eux. En se rapprochent le plus des leurs. France, on dit qu'il faut varier le travail, ne jamais proposer deux fois la • Que vous inspire l'arrivée de grands joueurs ou entraîneurs en même séance, etc…. Mais sur le Chinois, ça ne marche pas (sic). Chine, comme Anelka ou Lippi récemment ? C'est la seule façon • Comment faisiez-vous pour communiquer ? J'étais accompagné en pour les Chinois d'assouvir leur volonté à court terme d'être en haut de l'afpermanence d'un interprète.Au début,il était sur le terrain,puis au fil des mois fiche. Parce qu'ils ont des moyens, beaucoup de moyens… Mais pour le j'ai commencé à apprendre les mots-clé.L'interprète restait sur la touche,en reste, ils n'avancent pas. cas de besoin. • Parce qu'ils s'y prennent mal ? Exactement.En matière de football,les • Deux ans après votre arrivée en Chine, vous avez été nommé DTN, Chinois sont très demandeurs, toujours en recherche. Le problème, c'est poste que vous avez occupé pendant vingt-quatre mois. Expliquez- qu'ils copient tout à droite et à gauche, sans réflexion sur le fond. Ils n'ont nous. Le travail effectué à Shengdu a porté ses fruits,et la fédération a sou- pas de ligne directrice, de philosophie. Et tant que ce sera comme ça... haité que je fasse la même chose mais à plus grande échelle.J'étais chargé en • En définitive, quel bilan faites-vous de ces quelques années pasparticulier de la formation des joueurs et des cadres. sées là-bas ? Ce fut très riche culturellement. Une magnifique expé• Les techniciens étaient demandeurs ? Très ! En France,sur un stage de rience.Avec le sentiment aussi d'avoir été quelque part un pionnier… ■ 9 La STAT 31,8 - 797 EURO. 31,8 dribbles et 797 passes : voici en substance la fiche signalétique type d’un match de l'Euro 2008. La comparaison avec les précédentes éditions esquisse les contours d’une évolution marquée du football. Reste à savoir si l'Euro 2012 suivra la même tendance... as besoin d’être un spécialiste des statistiques. Un rapide coup d’œil sur les graphiques représentant l’évolution du nombre de dribbles et de passes lors des précédentes éditions des championnats d’Europe des nations, de 1980 à nos jours, suffit à se faire une idée assez précise.Tandis que la courbe des passes réalisées au cours d’un match affiche un profil brisé mais évoluant incontestablement vers la hausse, celle des dribbles ne cesse au contraire de décroître. Est-ce à dire que le football est condamné à voir ses dr ibbleurs disparaître au profit des passeurs ? Raynald Denoueix, à qui nous avons demander de commenter ces chiffres, émet u n e a u t re hy p o t h è s e : " j e pense qu'il convient d'abord d e p re n d re e n c o m p t e l e caractère très particulier des championnats d’Europe. Il P 10 s’agit d’une épreuve très compacte, de très haut niveau, où chaque rencontre est assimilée à un match couperet. Tout cela n’incite sans doute pas à l’initiative et à la prise de risques individuelle…". Par ailleurs, l’ex technicien nantais ne manque pas de souligner que le profil des équipes disputant le plus grand nombre de matches c'est-à-dire celles qui passent au minimum les phases de poule - inf lue les données chif frées : " c e s d e r n i è re s années, des nations comme l’Espagne ou l’Allemagne déclinent leurs projets de jeu à partir de la passe. Il est évident que lorsque l'on a des formations présentant ces caractéristiques dans le dernier carré, on a plus de chances d’assister à des renc o n t re s ave c u n n o m b re conséquent de passes que lorsqu’il s’agit de la Grèce, par exemple, qui avait bâti sa victoire en 2004 en exploitant la faute de l’adversaire". >DENOUEIX : "On ne gagne pas un match parce qu’on a fait plus de dribbles ou de passes que l'adversaire. On gagne parce qu’on a fait les bons choix". Plutôt que déplorer une supposée raréfaction des dribbleurs, Raynald Denoueix préfère mettre en avant une évolution logique de notre sport, liée à une discipline toujours plus affirmée des forces en présence : "aujourd’hui à haut niveau, les équipes affic h e n t t o u t e s u n e g ra n d e maîtrise tactique. Elles parviennent à fermer les espaces collectivement. Or, même les dribbleurs exceptionnels comme Messi ou Ronaldo ont besoin d’espace. Il faut donc placer le joueur dans les conditions optimales. C'est-à-dire face au jeu, lancé si possible, et avec des partenaires autour de lui. Ce qui se révèle nettement plus facile s’il y a eu, au préalable, une phase de fixation à base de passes…". Doit-on alors parler de nations utilisant la passe comme arme de déstabilisation massive et les opposer à d'autres qui comptent d’abord et avant tout sur les qualités de dribbles de joueurs présents dans leur effectif ? Le technicien s’oppose définitivement à ce type de raccourci simpliste : "on ne gagne pas un match parce qu’on a fait plus de dribbles ou de passes que l'adversaire. On le gagne parce qu’on a fait les bons choix. C'est-à-dire lorsqu’on prend la bonne option de jeu en fonction d’une situation donnée". Avec notre partenaire Leader paneuropéen des statistiques de football avec plus de 17 ligues et compétitions couvertes pour l’analyse des matchs, l’étude des adversaires et l’aide au recrutement des clubs professionnels. www.optasportspro.com Les équipes accèdant au dernier carré ANNÉE >"Ce qui importe à mes yeux, c’est l’intelligence individuelle et collective des joueurs" L'Euro 2012 va-t-il confirmer ou au contraire infirmer cette tendance à la diminution des dribbles et à l’augmentation du nombre de passes réalisés au cours d'un match ? L'ancien consultant ne se risque pas à un pronostic : "pour moi, ça n’a pas la moindre importance à vrai dire… Lorsque je regarde un match, je ne le regarde pas de cette façon là. Combien de passes, combien de dribbles… c’est regarder par le petit bout de la lorgnette ! Ce qui importe à mes yeux, c’est l’intelligence individuelle et collective des joueurs. En d’autres termes, leur aptitude à répondre dans les actes et par le jeu à la seule vraie question qui vaille d’être posée : comment va-ton, comment peut-on gagner le match ? Le capital intelligence tactique du joueur doit passer au dessus de toutes les autres considérations". ■ DERNIER CARRÉ (vainqueur en gras) MOYENNE DE DRIBBLES PAR MATCH MOYENNE DE PASSES PAR MATCH 1980 Allemagne,Belgique,Italie, Tchécoslovaquie 56,8 726 1984 France, Espagne, Danemark, Portugal 57,6 789 1988 Pays bas, Russie, Allemagne, Italie 32,8 726 1992 Danemark, Allemagne, Pays bas, Suède 59,8 765 1996 Allemagne,Tchécoslovaquie, France, Angleterre 55,2 801 2000 France, Italie, Portugal, Pays Bas 35,9 780 2004 Grèce, Portugal, Pays Bas, Tchéquie 35,1 772 2008 Espagne, Allemagne, Turquie, Russie 31,8 797 Courbe d'évolution du nombre de dribbles par match Courbe d'évolution du nombre de passes par match 11 ? n du Mois La Questio : n o i t a m i n a t o o F ! ? n i a r r e t e l r u s les éducateurs rtout en la même façon pa de s pa e in cl dé se rences U9, U11..., ne s, fait l’objet de diffé ité football en U7, ch at tiv m ac s L' le e. nt n ra ag du sp Vu en E es. s éducateurs re côté des Pyréné place et le rôle de ut la l'a e, pl de r em te ex ta r ns Pa . co Europe que nous avons pu notables. C'est ce in ce de Va le nc e. sp ag ne , Ol iv a, pr ov ux éq ui pe s U8 du Le s en fa nt s de s de nt à en tre r su r le cl ub lo ca l s’a pp rê te ne, s pros : en file indien terrain, comme de s de t an ss di et en applau l’une après l’autre, epr s Le . te tê us de leur deux mains au dess . nt de pu is la to uc he se fu " os m ie rs "v am e es t à l'a ffû t de to ut O ut re la la ng ue , on anile avec le football d’ différence ostensib n: tio Pr em iè re co ns ta m at io n fr an ça is . à5 ue jo , à ce t âge, on alo rs qu e ch ez no us de 4 m èt re s, ic i, le bu ts co nt re 5 avec de s mi7 contre 7 sur un de à e match se déroul de s re èt m 6 el le s, fo nt te rrai n. Le s ca ge s, e m iè ux de le ut t su rto lar ge . So it. M ais c' es t, en el le : dè s l'e ng agem co ns ta t qu i in te rp n! ai rr te le r su t st en le s éd uc at eu rs re ss i au s ix bi en sû r, m ai Co ns ei lla nt de la vo s ur le i eu re ro nt pa rm du ge st e, ils de m i i-c lu Ce . ut e la pa rt ie jo ue ur s du ra nt to s le au ép x au ur le sa isi t s’é ga re ? L’é du ca te pl ac e, et à la ra iso n… sa à er po ur le ra m en rte ? u n e p a s s e ex p e Celui-là réalise t la te af fe ct ue us em en L’é du ca te ur lu i grat tê te au pa ss age… E se z le r yt hm e es t as ra tio nn el le m en t, n rie a n’ e qu ni au te ch en le vé . Et si le ni ve éph le s e" pa pp e ra uv "g ne retro ène de d’exceptionnel, on a>Pas de phénom s… ai m auquel tous les éduc , e" ce pp an ra Fr "g de en nomène comme nt so s rie de s pe tit es ca té go nn e te ur s fra nç ais , un po rt ra it id yl liq ue à bo de le vè ré se on co nf ro nt és . Br ef Au fin al, l'o pp os iti pa s. je u so nt oc cu pé s ge nc e ? Pe ut -ê tre de s ce pa es s Le e. co pi er de to ut e ur er fa ct ur qu ar m re que pas de L’œil attentif ne man té ni ré sé la , ch fil du m at pa r ail le ur s qu ’au be ur co e un n lo cl in e se de s éd uc at eu rs dé r tionnelle à la rougeu or op pr t en inversem além Alors, quelles prob de leur épiderme... ur s ss ou rc es po se nt le tiq ue s et qu el le s re ge s ta an rrain ? Qu el s av pr és en ce s su r le te ur po s nt ie s in co nv én po ur l’e nfan t, qu el le r su ct pa im t, et quel leur développemen ué oq év a ES VE ST IA IR cl im at du m at ch ? ffé ue es pa gn ol e à di iq ist ér ct ce tte ca ra du fo ot ba ll fra nc ore nt s re sp on sa bl es nt icc ue ill ir le ur s se ph on e, af in de re ll ba ot ve rt e su r le fo m en ts . Fe nê tr e ou us pl la sa di m en sio n d’ an im at io n da ns in te rn at io na le . ■ Olivier Goutard , les éducateurs is aussi du geste ma r, sû n bie ix vo rtie. Conseillant de la durant toute la pa rmi leurs joueurs demeureront pa 12 Qu’en pensent -ils ? Témoignage s. Quatre exper ts nous ont donné leur avis. BELGIQUE "Pourquoi neMarc MARCHAL, coordinateur de l’E pas imaginer des matchecosledFédérale des Entraîneurs belges. n B el gi qu e, au ivisés en 2 part co les entraîneur s ur s de s m at ch es , on n’ au to ri ies distinctes… se p as mettrai à rester sur le te ?" per sonnel t de po rrain. "E Pour tant, à titre , j’y sera bien établies à l’a is plutôt favora ble. Selon des modalités vance bien sûr. Po par exemple, de s matches divisé urquoi ne pas imaginer, s en 2 parties di p re m iè re du ra stin nt te rv en ti on de s la qu el le le s en fa nt s jo ue ra ie nt ctes ? La éd uc at eu rs p ou sa ns l’i nappropriation, et la seconde du r l’ as p ec t dé co uv er te et ra iraient sur le te rrain avec les en nt laquelle les éducateurs fants. Cette opti on leur perPatrick PIO N, responsabl e du uvoi individuelle et qu r faire passer leur messa ge de façon plus estionnante. De cesserait jamai s d’être un moy cette manière, le match ne en pr ivilégié d’ de p ro gres si on évalua .U lité intr insèque ne no uvel le fo is , on en re vi en tion et des éducateurs t p eu t en vi sa ge et à leur format à la qu ar de s so lu ti on io n. On ne s de moment où l’on est assuré de la pe ce ty p e q u ’à p ar ti r du interventions. Et rtinence pédago gi là ce n’est pas joué , que ce soit sur ou en-dehor s que des du terrain, d’avance". FRANCE football d’anim ation "Plutôt des so lutions type " à la Direction Technique Nationale. ans un premier temps, il convie pause coachin nt de dissocier la gorie U6-U7 de g" s ca U té 8U 9. pens Cel ac ti on s p ri or it ai re s qu e no us a fait d’ailleur s partie des ba ons que le football de ces caté en ll go mois à venir. En suite, cette ques te nd on s m en er da ns le s ét de dé co uver te et d’ ap p ré ci at ries doit être un footapes à respecter. tion de la présen io n. À ce ti tre, cateurs sur le te il y a de s Et le ce rrai de fa ço n sy st ém n n’est pas à l’ordre du jour. Du des édu- s’inscrit dans le pro phénomène de grappe en est une qui moins pas d’ au at iq ue . N ou s no cessus normal de de s so lu ti on s ty us or ie nt on s p tres te rm es , l’e lu tô t ve rs dé p e "p au se co ac nfan t do it co m s apprentissa ges. En ta p hi ng " af in d’ op instants riches ti m is er ce s je cher du ballon parce que cela s’ re nd re l’i nt ér êt de se en émotions et en expérience. u, in et scrit da no n pas parce que En ef fet, nous l’éducateur va le ns la logique du de la parole". guider du geste et "D Eric LEROY, QUEBEC Directeur Tech nique Nationa "Selon l à la Fé ration de la consistance Socc pédagogiqdé Québec ue des encaerddu on peut très v ra it nts, e basculer dan out d’abord, rapp el on s le s qu té e pe lé rsonne n’a l’ass guidage…" de détenir la vé urance sus d’ rité. Notre leitm fo rm er de s acquisit otiv au "T Québe jo ue ur peau et dans leur s ép an ou is , de s jo ue ur s bi en c est de da ns le ur sport.Alors, côté éd uc at eu rs su r av le te rrai n as su re antages, la présence des tion plus direct e et parfois plus fo rc ém en t un e in fo rm apertinente. Côt ni en ts m ai nt en é inconvéan dans le téléguid t, on p eu t à m on se ns ba sc ul er tr ès vi te age selon la cons encadrants… C e qui va précisém istance péda gogique des ent à l’opposé du proces- ion jour s être de re des apprentissa ges ! L’object nd if do nous concer ne re le jeune joueur intelligent. Po it tou, les éducateurs ur ce qui pe pour le soccer à 5 des plus peti uvent aller sur le terrain ts mais pour l’ent raînement cett . Selon le même pr incipe, e fois, nous enco p ré se nc e de s p urageons la ar ateliers. Par cont en ts , et no ta m m en t de s m am an s su r le s re, dès que les je un les éducateurs, et à plus forte ra es passent au soccer à 7, ison les parents, la touche". restent sur ISSE "L'essentiel estYves DEBONNAIRE, responsablSeUde de soutenir l’en la rmation de s en aîneurs su fant tout en fo isses. l fa ut bi en avou ménageant trso er qu e no us n’ n e avon s ja m ai s vr sp évoqué cette op a ce de créativité ai m en t rain tion... Sur le " "I … Le point cr uc plan théorique, sûrement présen ial ce te directe avec l’enf r des avanta ges. Le fait d’être la peut actions que l’éduca réside bien dans la qualité des teur noue avec interen pr ise teur ant, par exempl l’enfant. Le bon e, ou bien encore , c’ avoir à hurler de éducade ne pas dans est toujours celui qui va parv puis le bord de enir la touche. Maint sa découver te to c’est pour télé guid en ut en ménageant à soutenir l’enfant vaut mieux que er l’enfant à tous les instants ant, si ti vi té . Et ça , ce n’ es t p as un e hi st oi re son espace de créa, al l'éducateur brai lle de l’extér ieur or s il sur le terrain...". de p os it io nn em en t du ter- 13 L’entretien "Mettre le gardien dans le jeu le plus souvent possible" Champion d'Europe. Récent vainqueur de la C1 avec Chelsea, Christophe Lollichon est l'entraîneur des gardiens des Blues depuis 2007. À Londres, il a côtoyé Avram Grant, Luiz Felipe Scolari, Guus Hiddink, Carlo Ancelotti, André Villas-Boas et aujourd'hui Roberto Di Matteo ! Formé à l'école nantaise puis passé par le Stade Rennais, l'homme de confiance de Petr Cech est à ce jour l'un des plus grands spécialistes dans son domaine. Rencontre avec un expert. VESTIAIRES : En stoppant le penalty de Robben en prolongation, puis celui de Olic lors de la séance de tir au but, Petr Cech fut l'un des artisans majeurs de la victoire de Chelsea en finale de la Champions League face au Bayern. Etait-il préparé à cet exercice ? Christophe LOLLICHON : Bien sûr.Un gros travail avait été effectué en amont.Le dernier briefing sur ce thème a eu lieu à 17h,jour de match. Auparavant, j'avais analysé tous les penaltys du Bayern depuis 2007 ! Et nos quatre gardiens avaient reçu chacun un DVD avec pour mission de décortiquer un joueur en particulier.Tout le monde a mis la main à la pâte. Cette notion de partage est essentielle. Que recherchez-vous précisément dans ce type de travail ? C. L. : On cherche à savoir si les tireurs ont une routine.On observe le langage du corps,qui s'exprime du moment où le ballon est posé, dans différents contextes.Et on regarde si cela se répète... On dit que les gauchers sont plus imprévisibles sur penalty. C'est vrai ? C. L. : Un gaucher est sans doute un peu plus difficile à appréhender parce qu'il y en a beaucoup moins que des droi"En sport, l'image du grand tiers ! Après,il y a des choses qui se retrouvent.La différence ne m'apparaît pas très significative. pataud qui a du mal à se mouvoir est révolue (…) Aujourd'hui, je ne recruterais pas un gardien en-dessous de 1m90" Le contexte, c'est le scénario du match ? C. L. : Oui, selon que le penalty survient à un moment décisif ou non, l'approche du tireur ne sera pas la même. Et puis il y a d'autres paramètres : le tireur en question a-t-il frappé ses derniers pénos du même côté ? Est-ce qu'il change régulièrement ? Frappe t-il différemment après un penalty manqué ? Enfin, le degré de fatigue entre également en ligne de compte. Justement, Cech a déclaré à la fin du match : "sachant que Robben était fatigué, j'étais convaincu qu'il tirerait en force, et à ma gauche, comme la plupart des gauchers…". Cela nous rappelle une statistique qui démontre que, sur penalty, un gaucher frappe à gauche du gardien dans 49% des cas, contre 18% au centre et 33% à droite (voir VESTIAIRES n°37). Les portiers ont-ils connaissance de ces chiffres ? C. L. : Oui, ils les connaissent, mais savent aussi que les joueurs de haut niveau possèdent une telle technique qu'ils sont capables de s'adapter au dernier moment. Il y a donc un facteur réussite à ne pas négliger. Ceci étant, compte tenu de ces statistiques, de l'analyse du contexte et de celle du langage corporel du tireur, le gardien peut réduire quelques incertitudes. D'où l'importance des informations glanées avant la compétition. 14 En ce qui concerne Arjen Robben, quel principal enseignement aviez-vous recueilli ? C. L. : Nous avions remarqué que,indépendamment du fait qu'il est gaucher, il frappait souvent du côté de la première feinte du gardien, comme Messi.Si vous revoyez les images,vous verrez que Petr feinte d'aller à gauche, puis à droite, avant de plonger à gauche... Il y a deux ans, une étude réalisée par un Professeur de la Faculté des sciences du mouvement d'Amsterdam tendait à démontrer que dans 80% des cas, l'orientation du pied d'appui du tireur indiquait la trajectoire du ballon (voir VESTIAIRES n° 15). Avez-vous eu connaissance de ces travaux ? C. L. : Oui, et c'est tout à fait vrai. Le problème, c'est que c'est quasiment illisible pour le gardien. Entre l'instant où le joueur pose son pied d'appui et celui où il tire,il ne se passe qu'une fraction de seconde ! C'est trop rapide pour pouvoir interpréter quoi que ce soit. Le tireur conservera donc toujours un temps d'avance... C. L. : Oui, mais il y a encore des choses à faire pour tenter de réduire un peu plus les incertitudes. Sans entrer dans les détails car c'est confidentiel, je travaille actuellement en étroite collaboration avec un ophtalmologiste français, Michel Guillon, clinicien chercheur à Londres. On a déjà analysé près de 400 penaltys. Vous ne pouvez pas nous en dire un peu plus ? C. L. : En gros, ce travail comporte deux parties : un plan d'entraînement,conçu en commun,visant à améliorer conjointement la vision centrale et la conscience périphérique, ainsi que les réflexes, et la mise en place d'une étude appronfondie devant nous aider à mieux orienter la concentration du gardien face au tireur de penalty. Comment vous a été inspiré ce nouvel axe de travail ? C. L. : Cela provient de ma volonté de chercher et de faire collaborer Suite page suivante Christophe LOLLICHON "Sur penalty, compte tenu des statistiques connues, de l'analyse du contexte et de celle du langage corporel du tireur, le gardien peut réduire quelques incertitudes". 15 L’entretien différents domaines de compétence autour d'un même objectif. De toute façon, je ne conçois pas mon métier comme celui d'un technicien qui agit seulement sur le terrain. Il y a autre chose. Une large part invisible de la préparation du gardien, qui me passionne tout autant. C. L. : Avant toute chose, il faut respecter son corps, parce qu'un grand est plus fragile sur le plan tendineux. Pour le reste, il convient d'insister sur les déplacements, le skipping, la vivacité des appuis au sol... Il faut le faire se mouvoir afin d'éviter qu'il prenne de mauvaises habitudes. Car plus tard, sa taille ne suffira plus. Puisque vous travaillez avec un ophtalmologiste, il a dû vous confirmer l'intérêt d'avoir un gardien habillé en Vous est-il déjà arrivé d'être bluffé par les qualités d'un tenue "flashie", de façon à ce qu'il s'apparente incons- jeune gardien, sans toutefois le recruter du fait de sa ciemment pour l'attaquant qui déclenche une frappe petite taille ? rapidement, à une cible… C. L. : Bien sûr. À Nantes ou a Rennes, j'en ai vu des géniaux ! Mais il faut C. L. : Oui, c'est juste. Je confirme à 100%. Cette année, j'ai d'ailleurs aussi relativiser.À 13-14 ans,le petit a naturellement plus de qualités d'exexprimé mon désaccord lorsque j'ai découvert le maillot blanc de plosivité qu'un grand, qui a des segments longs. Il est donc plus spectaculaire. Ce qui compte, c'est ce qu'il sera plus Petr. Malheureusement, cela n'a pas pesé lourd "Il y a tellement de choses à tard.C'est pourquoi,dès lors qu'un gardien nous face aux intérêts économiques dans le cadre effectuer en amont pour éviter intéressait, il y avait une analyse radiologique des contrats de sponsoring… d'avoir des arrêts à faire…" pour déterminer sa taille d'adulte. Pour en finir avec les penaltys et Petr Cech, la grande taille de ce dernier (1m97) n'est-elle pas Et là, quel était votre critère ? un handicap dans cet exercice ? C. L. : A Rennes, sous 1m85, je ne prenais pas.Aujourd'hui, je ne prenC. L. : Non, car il a une qualité de vitesse exceptionnelle. C'est d'ailleurs drais jamais sous 1m90. le cas de la plupart des nouvelles générations de gardiens.Avant, les grands étaient souvent un peu balourds, lents pour aller au sol, lents au On constate souvent une période de stagnation chez les démarrage… Plus maintenant. L'évolution des contenus d'entraîne- ados en pleine croissance, qui doivent s'adapter aux "noument y est pour beaucoup. Regardez les basketteurs, vous avez vu velles dimensions" de leurs corps. N'est-ce pas encore leur explosivité ? Ils font plus de 2 mètres et affichent une vitesse ges- plus gênant pour un gardien ? tuelle incroyable ! En sport, l'image du grand pataud qui a du mal à se C. L. : Effectivement. Celui qui ne tient pas compte de cela va dire mouvoir est révolue. que tel gardien a régressé, alors qu'il ne s'agit que d'une période de transition. Il faut en avoir conscience, ne jamais condamner sans savoir. La taille reste une qualité fondamentale pour un gardien D'ailleurs, lorsqu'on observe un jeune gardien, on cherche d'abord à connaître dans quelle phase de croissance il se trouve, de manière à de but ? C. L. : Oui. Certains vous diront qu'on peut jouer au haut niveau en faisant 1m80. D'accord, mais si on fait 1m90 avec une bonne détente et une bonne vitesse pour aller au sol, c'est mieux. On a une plus grande envergure. C'est logique. Jérémy Janot affiche 255 matches de Ligue 1 au compteur, et il mesure 1m76... C. L. : Après, cela dépend où l'on joue... Jérémy Janot, j'aime beaucoup le personnage. En plus c'est un bon gardien. Mais pour moi, sa taille est un facteur limitant. Elle va restreindre sa zone d'action. Il ne pourrait pas jouer en Angleterre, c'est impossible, il se ferait massacrer (sic). Certains formateurs affirment qu'un gardien de 10-11 ans, déjà grand, risque de freiner sa progression du fait qu'il a moins d'efforts à fournir dans la cage, à l'inverse d'un gardien de petite taille obligé de compenser par le développement d'autres qualités… Plus tard, lorsqu'ils feront la même taille, le "petit" afficherait souvent moins de carences au poste, se montrant par conséquent plus performant. Qu'en pensez-vous ? C. L. : C'est juste, et j'ai un bon exemple : Florent Cheignau (actuellement à Lorient, NDLR). À 13 ans, il mesurait déjà 1m90 ! Dans le but, il prenait toute la place. C'est là que le rôle de l'éducateur est déterminant. Il doit travailler en conséquence afin que le gardien ne se repose pas uniquement sur l'avantage que lui confère sa taille. Que faut-il lui faire travailler en priorité ? 16 Christophe LOLLICHON n'étaient pas entraîneurs de gardiens, mais avaient une telle vision et un tel ressenti que leurs remarques étaient toujours très pertinentes. Un jour, l'équipe 3 du FCNA remporte la Coupe de l'Atlantique. Je débutais, j'avais 25 ans. Notre gardien avait effectué deux arrêts phénoménaux. En dehors de la taille, comment jugez-vous l'évolution Je dis à Raynald,"c'est bien ce qu'il a fait, hein ?".Il me répond "ouais…", d'un air pas très convaincu,avant d'ajouter :"sur le deuxième, tu ne crois des qualités requises au poste ? C. L. : Pendant longtemps, le gardien a moins travaillé spécifiquement pas qu'il peut faire quelque chose avant ?". Plus tard, j'ai revu les que le joueur de champ, qui est devenu plus puissant, plus vite, frappe images et, effectivement, le gardien était mal placé au début de l'acplus fort, saute plus haut, etc… À un moment donné, il a bien fallu qu'il tion : il ne pouvait ni intercepter le centre ni gêner le centreur. Cette anecdote fut un déclic pour moi. Elle résume s'adapte. Je considère le gardien désormais comme un joueur de champ qui peut se servir de "Le gardien, c'est un peu un t o u t e l a p h i l o s o p h i e q u i e s t l a m i e n n e ses mains. Malheureusement, on le juge encore attaquant à l'envers. Ce sont aujourd'hui. trop souvent sur ses arrêts et rien d'autre. Ça deux extrémités qui, par me gêne. Outre les qualités athlétiques, techmoment, se rapprochent de niques et donc tactiques, on dit souvent qu'être gardien, c'est un état d'esPour beaucoup, c'est pourtant sa mispar leur personnalité". prit. Lequel ? sion première : stopper les frappes adverses... C. L. : D'abord, le gardien est à la fois un individualiste, il ne faut pas se C. L. : Je ne suis pas d'accord. Savoir arrêter un ballon est certes déter- le cacher, et un grand partageur. C'est un joueur qui a le sens des responminant pour un gardien, c'est le geste ultime et décisif, mais il y a telle- sabilités, qui doit savoir accepter d'être dans la lumière un jour et de se ment de choses à faire en amont pour éviter d'avoir des parades à faire ! faire tirer dessus le lendemain (sic).Enfin,il doit être profondément humIl y a la position par rapport à sa défense dans une organisation de jeu, ble. Ce qui ne l'empêche pas d'avoir un ego. Le gardien, c'est un peu un la gestion de la profondeur, la communication… Le gardien est tour à attaquant à l'envers.Ce sont deux extrémités qui,par moment,se rapprotour contrôleur du ciel et chef d'orchestre.Son premier objectif,qui peut chent de par leur personnalité. paraître paradoxal, est de ne pas toucher un ballon ! Jeremy Janot, encore lui, a déclaré un jour : "je ne suis pas footballeur, je suis gardien de but". Cela veut tout Il a un rôle de dissuasion, c'est ça ? C. L. : Exactement. J'anticipe, je gêne et, si besoin, j'interviens. J'ai la dire... chance d'avoir appris dans la meilleure école, à Nantes, avec les deux C. L. : (Rires). J'aime bien cette phrase, et d'un autre côté elle me fait meilleurs professeurs qu'on puisse avoir, Suaudeau et Denoueix. Ils peur. Il faut faire attention à ne pas trop mettre le gardien en marge, ne pas l'enfermer dans un carcan. Les gardiens forment un groupe à part, où il règne un esprit de famille, c'est indéniable et j'aime ça. Mais il convient d'éviter tout excès, même s'il s'agit en effet d'une discipline individuelle dans un sport collectif. mieux le comprendre, à mieux interpréter ses gestes. S'il est dans cette fameuse période critique, il convient de déplacer son évaluation sur d'autres critères comme la lecture du jeu ou la personnalité. Pensez-vous que les jeunes gardiens de but aiment autant le football que les joueurs de champ ? Quand on aime ce sport, on rêve de marquer des buts, de toucher beaucoup le ballon, de se comparer à Messi ou Ronaldo... C. L. : Cela revient à se poser la question de ce qui pousse un jeune garçon à aller dans la cage. Je pense que le plaisir de se jeter est le premier moteur.Après, on en revient à l'état d'esprit. C'est un poste qui convient bien à certains. Une chose est sûre, il ne faut pas que la singularité du poste transforme celui qui l'occupe en quelqu'un qui veut se montrer. Sinon, il n'ira pas loin... Dans un groupe, le gardien est un leader, nécessairement ? C. L. : Oui,mais pas forcément une grande gueule.Mickaël Landreau,qui n'a rien d'un aboyeur, est un fantastique leader. Il a un aura, un rayonnement. Son leadership s'exprime différemment. Gregory Coupet, lui, était plus dans la communication.Il avait une influence.D'autres sont des leaders de par leur placement,leur lecture du jeu,leur sens tactique...J'ai vu beaucoup de bons gardiens ne pas percer parce qu'ils n'avaient pas cet impact sur les autres. Et là, on a beau avoir le talent, ça ne passe pas. Peut-on parler de charisme ? C. L. : Il y a une forme de charisme, c'est certain. Par exemple, Suite page suivante 17 L’entretien les premières fois où je suis allé superviser le jeune Thibault Courtois à Genk, qui a signé chez nous l'été dernier avant d'être prêté à l'Atletico Madrid, j'ai été surpris par ce qu'il dégageait. À 18 ans, il avait un calme surprenant, qui irradiait l'équipe.A sa manière, c'est un leader. Quels doivent être d'après vous les ingrédients d'une bonne relation entre un entraîneur et son gardien ? C. L. : Il y a une notion qui me semble primordiale, c'est la complicité. Sans elle, le message peut passer, mais pas de la même manière. Ensuite, il convient de connaître un minimum le poste pour pouvoir échanger de façon constructive, parler le même langage. C. L. : Lui dire que "ce n'est rien" n'a aucun sens si l'erreur qu'il a commise a coûté un but. Il faut au contraire se montrer réaliste, sans dramatiser, tout en adaptant son discours selon qui vous avez en face de vous. Car les mêmes mots peuvent être interprétés différemment d'une personne à l'autre.Cela réclame,naturellement,de bien connaître le profil psychologique de son gardien. C'est ce même profil qui va déterminer comment l'aider dans sa préparation d'avant match, venir lui parler par exemple, ou le laisser dans sa bulle ? C. L. : Exactement. C'est aussi fonction du contexte. Je me souviens qu'avec Rennes, en 16e de finale de la Coupe de France contre Angers, À ce titre, n'est-ce pas aberrant qu'aucun chapitre ou j'étais allé voir Petr avant la séance de tir au but. Me voyant arriver, il m'a module dans les diplômes de base des éducateurs ne soit fait signe "non, non"… J'ai fait marche arrière (rires). Il en a arrêté consacré à l'accompagnement et à l'entraînement du gar- deux. Là, contre le Bayern en finale de la C1, il est venu vers le banc, comme pour recueillir une dernière info. On lui a dit : "c'est ta soirée. dien de but ? C. L. : Si, c'est une aberration. Il faudrait pouvoir apporter un mini- Aurait-on oublié quelque chose que tu ne saches pas ?". Il a répondu "OK, parfait, à tout à l'heure". Et ça a fonctionné mum de connaissances aux éducateurs, car dans "Apporter un minimum de aussi...Vous voyez, chaque situation est diffétoutes les équipes il y a gardien. En revanche, toutes n'ont pas la chance d'avoir un entraîneur connaissances aux éducateurs rente. L'entraîneur doit apprendre à interpréspécifique.Après, c'est sûr qu'il faut trouver le dans les diplômes de base" ter tout ça. temps. Ceci étant, je suis persuadé qu'avec 30 minutes de travail ciblé par semaine, pas plus, non seulement le gardien Comment protéger le jeune gardien de ses partenaires, en va progresser mais son capital confiance va augmenter. cas de moquerie ou de critiques après un but encaissé ? C. L. : D'une façon générale, le gardien doit sentir le soutien de son La confiance, voilà un autre élément clé dans la panoplie entraîneur. Dans un exercice devant le but, par exemple, l'éducateur a trop tendance à commenter la frappe de l'attaquant et pas l'arrêt du gardu gardien. Comment la travailler plus spécialement ? C. L. : Par le jeu aérien. Il est synonyme de prise de confiance. C'est le dien. Il faut en prendre conscience. Mais pour en revenir plus préciséconseil que je peux donner aux entraîneurs amateurs : faites du jeu ment à la question, je pense que dans un premier temps, il faut laisser aérien, ne serait-ce que 20 minutes à la fin de chaque séance. Je l'ai faire pour évaluer la capacité de réaction du gardien. Cela fait partie de son apprentissage.Tous ne réagissent pas de la même manière face testé par le passé, ça marche. aux railleries.Certains se recroquevillent,d'autres s'en servent pour proCette confiance est un carburant essentiel, que l'éducateur voquer. doit préserver. Elie Baup a affirmé dans nos colonnes que le gardien ne devait pas entrer sur le terrain le week- On en revient à la personnalité, décidemment essentielle end en ayant l'impression à à ce poste… chaque fois de passer un examen... C. L. : Essentielle, oui. Si les grands gardiens n'en manquent pas, ce n'est pas un C. L. : C'est exact, et ça l'est d'autant plus à hasard. Je me souviens qu'à 14-15 ans, après un niveau amateur où la notion de plaisir un but encaissé dans un jeu d'entraînedoit primer. L'éducateur doit transmettre ment, Mickaël Landreau était capable de cette confiance, mais aussi essayer de comdire : "les gars, pendant 5 minutes, je ne prendre pourquoi le gardien a fait une prends pas un but". C'est lui qui prenait erreur et pourquoi il risque de la répéter. les devants et mettait la pression ! Sans le condamner. En cas de mauvais match, il faut se montrer plus indulgent avec un gardien, lui accorder une chance Landreau, puisque vous le connaissupplémentaire par rapport à un joueur de sez bien, a aussi la particularité de champ, car l'erreur fait partie intégrante posséder un excellent jeu au pied. du poste. Je me souviens d'une statistique, Comment le travailler ? établie il y a 10 ou 15 ans, qui démontrait C. L. : Dans le jeu, car ce qui compte, c'est qu'un très grand gardien commettait une le rapport que l'on a avec le ballon, avec grosses bourde en moyenne tous les 16 ou sans pression. La sensibilité du pied, la matches, un bon tous les 9 matches, et un qualité du contrôle, la capacité à voir avant moyen tous les 5 matches. pour choisir le geste juste, à enchaîner rapidement... Par exemple, sur un ballon en retrait, on sait que l'attaquant qui comEn cas de bourde justement, quelle mence à presser stoppera sa course dès est la meilleure attitude à adopter lors que le gardien effectuera une feinte vis-à-vis de son gardien ? 18 Christophe LOLLICHON de frappe, se donnant ainsi plus d'espace et de temps. Ce vice est quelque chose qu'il faut développer dès les petites catégories en incitant le gardien à vouloir tromper son adversaire. C'est un jeu ! Et ça, ça se cultive en jouant dans le champ, avec ses partenaires, pas en faisant du spécifique. suivent d'emblée une préparation spécifique. Une autre stat révèle que sur les 5 km parcourus en moyenne par un gardien sur 90 minutes, un quart s'effectue en arrière. Cela doit-il être pris en compte dans la conception des entraînements ? Et si oui, comment ? D'où la nécessité d'incorporer le jeune gardien dans le C. L. : Les chaînes musculaires postérieures sont effectivement très solchamp le plus souvent possible… licitées. Or, une étude a démontré que dans le cadre d'un échauffeC. L. : C'est fondamental. J'irais même plus loin. Si j'étais dans un cen- ment traditionnel,la température des ischios-jambiers n'augmentait que tre de formation aujourd'hui, je n'hésiterais pas à faire jouer de temps en de 0,3 à 0,4% ! Ce qui explique aussi pourquoi il s'agit d'une zone si temps le gardien au poste de libéro dans un match officiel, pendant fragile. Avec Petr, on a conçu un protocole d'échauffement de 12 minutes, dans le vestiaire, à base de travail excen20 ou 30 minutes. Mais cela suppose de ne pas faire de la championnite... "A l'entraînement, travailler le trique-concentrique,très localisé.C'est ce qu'on l'échauffement à la Russe. Cela permet jeu aérien est synonyme de appelle d'augmenter la température du corps avant d'enÀ quel âge commencer l'entraînement prise de confiance" trer dans la partie spécifique de la mise en train, spécifique ? sur le terrain. C. L. : On peut commencer tôt, ce n'est pas un problème, à condition de ne pas faire que ça. Non seulement le gardien doit évoluer le plus souvent possible dans le champ, mais il doit Et pour ceux qui ne suivent pas un tel protocole, que leur aussi être pluri disciplinaire. conseillez-vous dans le cadre de l'échauffement ? C. L. : Ne pas se limiter, au départ, à 3-4 minutes de course rectiligne, mais utiliser les lignes de la surface de réparation pour effectuer difféQue voulez-vous dire ? C. L. : Encore une fois, si un jour je retourne avec les jeunes, je ferai tout rentes courses : arrière, avant, pas chassés, mouvements de mobilisation pour que les gardiens fassent du basket, du tennis de table, du rugby, du générale… de manière à activer toutes les chaînes musculaires. Entre handball, du volley, du badminton… Cela permet de développer un faire talon fesse en avant et talon fesse en arrière, ce n'est pas la même tas de qualités. À l'INF Vichy, ils ont été les premiers à faire du trampoline chose. On échauffe les muscles différemment. avec les gardiens. Une idée géniale ! À Nantes, on a fait pareil. Les seuls qui "Dans un exercice Un mot pour finir sur l'imagequittaient le centre à 7 heures du devant le but, rie mentale. Quelle place tient matin pendant que tout le monde dor- l'éducateur a t cette technique dans l'entraîmait, c'étaient les cinq gardiens qui rop tendance à nement du gardien ? allaient faire des agrès encadrés par C. L. : Elle est importante, et touche commenter la un spécialiste. Les bienfaits sont plusieurs domaines. Il serait difficile frappe de énormes. de tout expliquer ici. Mais, par exeml'attaquant et ple, on peut amener à optimiser la récupération physique d'un gardien Quels sont les bienfaits en pas l'arrêt du simplement par le déplacement de la revanche d'un travail d'endu- gardien. Il faut concentration vers un muscle en parrance chez un gardien dont on en prendre ticulier. sait que 94% de ses déplace- conscience" ments en match correspondent à de la marche ou de la Comment faites-vous ? course très lente ?! C. L. : On installe le gardien dans un canapé, en état de relaxation totale. C. L. : Imposer un travail d'enduGrâce à différents outils de mesure, rance à son gardien n'a aucun sens. on observe le niveau de tension de chaque groupe musculaire. À partir Pourtant, chez les pros, on en de là, on va lui dire, admettons : "il faut voit certains qui, lors de la que tu relâches au niveau des molpremière semaine de reprise, lets".Il va alors se concentrer sur cette effectuent le même travail zone de son corps, l'objectif étant de foncier que les joueurs de favoriser les échanges sanguins. Au champ… bout de quelques minutes, les indicaC. L. : Oui je sais, et je ne comprends teurs à l'écran vont bouger… On n'a pas. Faire deux ou trois footings colpas idée de l'influence du cerveau sur lectifs, histoire de travailler sur l'esson propre corps ! Encore un axe de prit de groupe, OK, mais pas plus. travail passionnant. Chez nous,les gardiens passent la première semaine avec les joueurs uni■ Propos recueillis quement dans les jeux.À côté de ça,ils par Julien Gourbeyre 19 Dossier Les changements en questions Par Olivier Goutard Action stratégique. En match, le changement est bien plus qu'une simple alternative visant à remplacer le joueur fatigué, blessé ou insuffisamment performant. Par bien des côtés, il s'agit d'une action stratégique permettant de poser un nouveau problème à l'adversaire, de répondre à un réajustement tactique, ou de modifier son propre plan de jeu. C'est aussi, dans certains cas, un outil de management. On veut parler ici du remplacement sanction, de celui qui intervient peu avant la fin du match pour obtenir l'ovation des spectateurs, ou encore du jeune qu'on "lance dans le grand bain" en guise de récompense, comme une preuve de confiance. Le remplacement n'est donc pas un acte anodin pour le technicien. Il réclame de se poser certaines questions en amont, questions auxquelles nous allons tenter de répondre : à quel moment de la partie doit-on effectuer son premier changement ? Est-il conseillé de faire sortir deux joueurs à la fois ? Pourquoi Sir Alex Ferguson laisse toujours son adversaire effectuer le premier changement ? Le remplacement sanction, après seulement 15 ou 20 minutes de jeu, est-il conseillé ? Comment utiliser un joker ? Etc... De nombreux techniciens, tous niveaux confondus, ont accepté de nous faire partager leur expérience et leurs convictions sur le sujet. À vous, ensuite, de vous forger votre propre opinion. 20 Frédéric HANTZ : "Répercussions tactiques et dynamique interne" Tour d'horizon. Auréolé du titre du titre de champion de Ligue 2 avec SC Bastia, Frédéric Hantz se confie sur la dimension tactique et managériale des remplacements. Il évoque ainsi les notions de risques, de coaching gagnant, tout en soulignant que les raisons qui induisent un changement ne sont pas toujours celles auxquelles on pense… >"Deux axes : individuel et collectif" La question semble farfelue.Voire simpliste : pourquoi au juste effectue-t-on des changements ? Frédéric Hantz : "il y a deux axes : individuel et collectif. Le premier vise à faire sortir un joueur fatigué, en difficulté dans le jeu, ou à faire entrer un garçon dont on pense qu’il peut nous apporter de nouvelles possibilités. Le deuxième vise à entraîner la réorganisation de l’équipe. L’objectif est donc d’apporter une modification tactique collective. Derrière ce type de changement, il y a toujours plus ou moins la volonté de faire réagir l’équipe". >"Un moyen parfois de marquer sa confiance ou sa satisfaction vis-à-vis d'un élément particulièrement méritant" Ce préambule effectué, le technicien bastiais livre quelques éléments rarement abordés par ailleurs : "parfois, on procède à des remplacements qui n’ont pas vraiment trait avec le déroulement du match, mais qui sont plutôt en lien avec le contenu de la semaine d’entraînement. Le remplacement est alors un moyen de marquer sa confiance ou sa satisfaction vis-àvis d'un élément particulièrement méritant. Ce sont ces changements qui interrogent le plus les spectateurs et les observateurs parce qu’ils ne possèdent pas tous les données pour les comprendre". >"Comme sur le terrain, on se doit d'avoir un banc équilibré" L'entraîneur corse approfondit le propos au sujet de cette dynamique interne : "de la même manière qu’on vise à composer une équipe équilibrée sur le terrain, on se doit d’avoir un banc équilibré en termes de poste mais également en termes de mental". En cohérence avec cette logique de gestion d’effectif, Frédéric Hantz précise : "il m’est arrivé par exemple, sur certains matchs à l’extérieur, de na pas prendre un joueur dans le groupe alors qu’il le méritait sur le plan sportif. Mais dans la mesure où j’envisageais de le mettre sur le banc, je craignais qu’il pollue le groupe en tirant la gueule deux jours durant lors de la mise au vert". Suite page suivante 21 Dossier >Changer pour poser ou résoudre un problème de jeu ? "Il n'y a pas de règles" Sur le plan tactique, effectue-t-on le plus souvent des changements pour poser un problème à l'adversaire ou au contraire pour résoudre des difficultés liés aux spécificités de jeu de l’équipe que l'on a en face de soi ? "Il n’y a pas de règles. Ou alors, elles fluctuent à chaque rencontre. Parfois, cela s’apparente un peu au jeu du chat et de la souris avec le coach d'en face, et parfois on se limite à ne pas prendre des options pouvant nuire au rendement de l’équipe". >"Quand on mène au score, il m'arrive souvent de faire entrer un joueur offensif…" Sur le plan tactique toujours, celui qui vient d’être élu meilleur entraîneur de Ligue 2 par ses pairs, nuance l’assertion voulant que l’on fasse systématiquement rentrer un joueur défensif lor sque l’on mène ou que l’on souhaite garder le score en l’état : "dans ces moments là, il m’arrive assez souvent au contraire de faire rentrer un joueur offensif. Soit parce que le match me laisse penser qu’il y a une possibilité de faire une différence encore plus grande, soit pour sortir l’équipe d’une logique de p e u r e t d e re p l i parce que nous sommes, au contraire, très dominés". Dans le cas de figure inverse, Frédéric Hantz se range à l’avis du plus grand nombre : "lorsqu’on est mené, la solution consiste essentiellement à privilégier des possibilités offensives en apportant plus de dynamisme et de fraîcheur dans les zones de finition ou plus de joueurs capables de marquer des buts". >"Dans un match serré, à fort enjeu, je suis partisan de ne pas faire de changement du tout" Et lorsque le match peut basculer d’un côté comme de l’autre ? "Personnellement, dans le cadre de matchs à fort enjeu et à fortiori lorsque le score est étriqué, je suis partisan de ne pas faire de changement du tout. Encore plus lorsque l’équipe mène d’un but. L’expérience montre que le changement effectué dans un tel contexte se retourne souvent contre vous… Et pour cause, quels que soient l’investissement et la volonté de bien faire, il est très difficile d’entrer dans ce type de match. 22 Le risque est incontestable. D’abord, est-ce que le joueur va comprendre ce qu’on attend de lui ? C’est loin d’être toujours si évident que ça. Ensuite, au moment où l'on effectue le changement, on ne sait jamais avec certitude dans quel état mental se trouve le remplaçant ? Ressent-il de la déception, de la joie, pensait-il entrer plus tôt dans le match, est-ce la crainte, la peur ou le désappointement qui domine ?". >"On a passé 10 minutes suivantes à évoluer dans un système de jeu complètement improbable !" Et quid du temps d’adaptation nécessaire à l’équipe pour intégrer les nouvelles données induites par un changement tactique ? "C’est très variable. Personnellement, je n’aime pas changer d’organisation en cours de match. Du fait de la tension, du bruit, de l’état psychologique des acteurs, l’incompréhension qui suit une réorganisation est parfois consternante. Une anecdote : je souhaitais passer d’un 4-4-2 à un 4-2-3-1. Le joueur entrant devait transmettre le message. Pris par la pression, il oublie de donner la consigne aux autres. On a passé les dix minutes suivantes à évoluer dans un système de jeu complètement improbable ! Et là où la far ce va jusqu’au bout, c’est qu’on a marqué ! Après coup, les journalistes ont écrit que j’avais effectué un coaching gagnant…". >"Bien plus que les modifications tactiques, c’est l’état d’esprit dans lequel le joueur va entrer qui importe". Doit-on pour autant tordre le cou à cette iconographie de l’entraîneur stratège et décideur du sort du match ? "Non, les coachs ont un impact sur le déroulement d’un match. C’est indéniable. L’expertise de l’entraîneur se retrouve en partie dans la lecture du match et dans les décisions qu’il va prendre pour infléchir favorablement le cours de celui-ci. Mais il convient aussi de ne pas donner aux coachs plus de pouvoir qu’ils n’en possèdent véritablement. Le match appartient aux joueurs. Bien plus que les modifications tactiques, c’est l’état d’esprit dans lequel le joueur va entrer qui importe. Son état d’esprit et sa capacité à apporter à titre individuel quelque chose de nouveau au collectif".■ Changer plusieurs joueurs à la fois : pour ou contre ? Témoignages. Que ce soit au niveau amateur ou professionnel, les changements multiples et simultanés ne sont pas fréquents. En vertu de quels principes, pour quelles raisons, et quelles alternatives peuvent-ils apporter ? Christian MALOD (SO Chambéry - CFA 2) "Cela a permis un changement d’organisation plus en phase avec ce qui se passait sur le terrain" "J'y suis favorable. Et ce pour l’avoir essayé avec bonheur dernièrement. Nous étions menés 1-0, l'équipe était complètement à côté de la plaque. Je me suis alors décidé à faire entrer deux joueurs à la fois, ce que je n’avais jamais fait jusqu’alors. Mais là, la situation l’exigeait dans la mesure où deux titulaires ne remplissaient pas leurs rôles. L’entrée des deux remplaçants a permis un changement d’organisation plus en phase avec ce qui se passait sur le terrain. En plus de résoudre certaines insuffisances tactiques, je crois que le changement simultané de deux joueurs a posé des problèmes à l’équipe adverse qui n’est jamais trop parvenu à s’adapter à cette nouvelle organisation. Nous l’avons emporté 2 à 1".■ Gilles SALOU (Pôle Espoirs de Dijon) "Valeur de message pour l'ensemble des joueurs" "Je suis contre s’il s’agit simplement de faire des changements pour faire plaisir aux remplaçants par exemple. Par contre, le changement de plusieurs joueurs peut avoir valeur de message pour l’ensemble du groupe. Si l’équipe est défaillante dans l’engagement ou dans l’état d’esprit par exemple. Sur un plan plus tactique, l’entrée simultanée de deux attaquants axiaux peut désorienter la défense adverse. Reste maintenant à trouver l’équilibre pour emmener les ballons en zone de finition… A contrario, l’apport de deux joueurs défensifs en même temps peut s’envisager si on a complètement perdu le fil du match et qu’il s’agit simplement de "survivre"". ■ Christophe CATTELAIN (FCF de Monteux - D2 féminine) "Oui, mais seulement à la mi-temps" "Je suis contre si le changement multiple n’a pas été anticipé. Le temps d’adaptation pouvant se révéler trop conséquent. Je suis pour en revanche si les changements interviennent durant la mi-temps. Le coach peut alor s réorganiser son équipe, voire changer complètement le plan de jeu. Alors deux remplacements pourquoi pas, mais lorsqu’il s’agit de 3, cela nécessite des explications et ne peut pas s’appliquer comme ça en cours de jeu sans consignes adaptées. D’une manière générale, on envisage ces changements uniquement dans des circonstances très particulières. La plupart du temps, lorsque le résultat du match est acquis à 90 %. Il m’est arrivé dernièrement de procéder au remplacement de trois joueuses à la fois à la pause. Mais c’était lors du dernier match de championnat et l’objectif était de faire participer tout le monde à la fête". ■ Bruno LIPPINI (centre de formation de Montpellier) "On peut complètement destabiliser l'équipe adverse… ou la sienne !" "Je ne suis pas un coutumier des changements multiples. Mais cela n’empêche pas de mener une réflexion à ce sujet. Objectivement, cela pose quand même un problème au niveau numérique. Si l’on change trois joueurs à la fois, cela signifie qu’il n’existe dès lors plus de recours en cas de blessure ou de problème particulier. Maintenant, en procédant ainsi, on peut complètement déstabiliser l’équipe adverse. Ou alors la sienne ! Donc après tout, pourquoi pas, à condition que le match soit presque arrivé à son terme, ou que le score nous soit défavorable et qu’il ne reste donc plus qu’à tenter un coup !". ■ Suite page suivante 23 Dossier Le remplacement sanction : quelle pédagogie et quel impact ? ■ Par Philippe CLEMENT, titulaire du DEF, entraîneur de Dives sur mer (DH). A utiliser avec modération. Le remplacement sanction, après seulement 10, 15, 20 minutes de jeu, n'est utilisé que dans des circonstances bien particulières. S’il peut servir à traduire concrètement le mécontentement de l'entraîneur, il ne doit en aucun cas s’apparenter à une humiliation personnelle. l m’est déjà arrivé de procéder à des remplacements dits "sanction". Mais il convient sur le sujet d’apporter quelques nuances. Globalement, on peut dire qu’il y a deux types de remplacements sanctions. Le premier représente une réponse à une performance individuelle mettant en danger le collectif. Encore faut-il discerner la raison de cette contre performance. Il est bien évident qu’on ne va pas réa gir de la même manière selon que l’on soupçonne le joueur de s’être couché bien imbibé à 5 heures du matin ou qu'il fait ce qu’il peut mais sans avoir les moyens techniques ou physiques de répondre à votre attente. Dans un cas, il n’y a pas lieu de faire preuve de clémence. Le joueur a triché avec le groupe. Il paie. Dans l'autre, il s’avère nécessaire de faire preuve de tact. A titre personnel, j'attends généralement la mi-temps pour faire sortir un joueur qui prend le bouillon… L’objectif étant de ménager son amour propre et ainsi de le maintenir à flots pour le reste de la saison. Il va sans dire que cette approche est caractéristique du niveau amateur et qu’elle n’a pas cours au haut niveau où certains techniciens n'hésitent pas parfois à sortir un joueur après 15 ou 20 minutes de jeu ! I >Une performance individuelle mettant en danger le collectif Le deuxième type de remplacement sanction intervient lorsqu’un joueur ne se maîtrise plus vraiment nerveusement ou parce qu’il fait montre d’une attitude inadaptée vis-à-vis du collectif et du plan de jeu qui a été convenu ensemble. Par exemple, l’attaquant ne fait pas le moindre effort de replace- 24 ment ou n’effectue pas le pressing demandé. Il m’apparait alors judicieux de l’appeler sur le bord de la touche pour le prévenir de sa probable sortie à venir s'il persiste dans cette voie. Cet avertissement doit être donné de telle manière que le joueur concerné est le seul à l’entendre. Même si l’on est particulièrement mécontent de l’attitude du joueur, on doit s’interdire de l’humilier devant les adversaires, le public et ses partenaires. Ensuite, si aucune amélioration n'est constatée, la sanction tombe logiquement et en toute justice. >Faire preuve de discernement Malheureusement, ce qui peut advenir au moment du changement, c’est que le joueur fautif manifeste clairement son mécontentement. La difficulté pour le coach est alors de ne pas réagir à chaud et de perdre ainsi son calme en même temps que le fil du match. Il sera toujours temps, après la rencontre, d’avoir une discussion entre quatre yeux afin de repositionner les rôles respectifs. Enfin, il convient naturellement de faire preuve de pédagogie différenciée selon que l'on a en face de soi un jeune qui se prend un peu pour un autre, ou un vieux briscard victime d'un moment d’égarement. Ce qu’il s’agit surtout de mettre en avant, c’est que le remplacement sanction peut être perçu comme un désaveu important pour le joueur incriminé. Il doit à ce titre être utilisé avec parcimonie et en dernier recours pour répondre à des situations très particulières. Dans tous les cas de figure, il ne doit pas pouvoir être interprété, par le joueur comme par le reste du groupe, comme la manifestation d’un autoritarisme hors de propos.■ Ecole de foot : "Jamais 2 fois d’affilée sur le banc" ■ Par Vincent HAMONIC, CTD du district du Morbihan. Temps de jeu. Un enfant qui pleure sur le bord du terrain parce qu’il n’a pas joué ou qui arrête à mi-saison ? Inadmissible ! Pourtant, certains pseudoéducateurs s’obstinent à laisser de jeunes joueurs sur le banc bien plus que de raison.Vincent Hamonic s’élève contre la méthode et dresse l’inventaire de ce qu’il convient de faire pour assurer le plaisir de tous. voquer la simple notion de remplaçants à l’école de foot est une aberration. La seule question à se poser est de savoir comment on va assurer le même temps de jeu pour tout le monde. Pour le reste, il suffit de rappeler que chaque enfant a signé une licence, et qu’il s’agit de la même pour tous ! Par ailleurs, le premier objectif des dirigeants et éducateurs doit être de fidéliser les jeunes licenciés. Or, on fidélise par le plaisir et l’estime de soi. Lorsqu’un petit garçon ou une petite fille joue 5 minutes sur un plateau, on va à l’encontre de ces deux principes. Le deuxième objectif consiste à donner les moyens aux jeunes de progresser dans leur pratique. On sait très bien que les niveaux des uns et des autres fluctuent énormément d’une saison à l’autre. D’un mois à l’autre parfois. Les meilleurs éléments qui arrivent dans le football à 11 n’étaient pas toujours les plus doués au départ ! Pour beaucoup, il s’agissait juste de leur donner l’opportunité de jouer… D’une manière générale, on doit lutter contre cette idée que le meilleur éducateur est celui qui obtient les meilleurs résultats. L’essentiel est ailleurs. Et notamment dans la réalisation des objectifs ayant trait au développement individuel des enfants. Pour ce faire, je conseille d’appliquer les principes suivants par catégorie : E - U6 à U9 : Même temps de jeu pour tous bien évidemment. La refonte des catégories entreprise par la DTN envisage la mise en place de formules à 3 contre 3 et 4 contre 4 avec des plateaux parallèles pour les U6. Ceci pour multiplier les possibilités pour l’enfant de toucher le ballon et ainsi réduire le nombre de joueur s inactifs sur la touche. - U10-U11 : Pour ces catégories, on passe au 7 contre 7 sur des demi-terrains, mais la même logique doit être de mise. De plus, l’espace de jeu ayant augmenté de façon significative, l’éducateur a tout intérêt à assurer des rotations rapides. - U13 : Gare à la championnite. Sur certaines compétitions, la Coupe Nationale Benjamins notamment, les éducateurs se croient soudain en Champion’s League ! On peut les comprendre… mais certainement pas les excuser lorsqu’ils utilisent les mêmes 9 joueurs à chaque match. Il est inconcevable qu’un garçon ou une fille s’assoit deux fois d’affilée sur le banc. - U15 : On passe au football à 11. Malheureusement, les notions de compétition parasitent parfois les objectifs de pré-formation. On peut le regretter. D’autant plus que nous avons affaire à des adolescents en construction. On sait combien l’aspect psychologique est important et combien ces jeunes ont besoin de se sentir valorisés.Alors même si un joueur est moins sollicité sur des matchs en particulier, il ne doit y avoir que peu d’écart entre celui qui fait "exister" l’équipe techniquement et celui qui est moins doué sur l’ensemble de la saison. - U17 : Les mêmes principes prévalent. Si ce n’est que les jeunes de cet âge là se révèlent encore plus sensibles aux notions de justice et d’injustice. L’éducateur U17 doit être à même d’expliquer ses choix. D’ailleurs, quand il doit formuler les causes véritables du peu de temps de jeu accordé à un élément, il se rend souvent compte que ses raisons sont objectivement indéfendables ! En conclusion, il est bien évident qu’il va dans l’intérêt du football en général de considérer tous les éléments signant une licence à leur juste valeur. Par conséquent, et pour assurer le développement de notre sport, il est urgent de ménager une place pour tous.■ Suite page suivante 25 Dossier Pourquoi Sir Alex ne change (presque) jamais de joueur le premier ? Au départ il y a ce constat établi et relayé par nos amis de la presse anglaise au sujet d’Alex Ferguson : tant qu’il n’y est pas contraint par les blessures ou contre-performances individuelles trop marquées, et tant que son équipe est en mesure de maîtriser le score, le coach de Manchester United attend que l’équipe adverse procède à ses changements avant d’effectuer les siens. Un fait qui prend une résonnance toute particulière lorsque l’on sait que le technicien écossais fait partie des coachs qui remportent le plus de matches dans les dernières minutes… A tel point que nos collègues britanniques ont même crée un néologisme pour qualifier cette période : le "fergietime". Au-delà de l’hommage, VESTIAIRES souhaitait surtout interroger ses lecteurs sur leurs propres pratiques et sur les raisons qui, selon eux, expliqueraient cette approche spécifique du grand manager des Red Devils. Luigi RENNA (Gap - CFA) "Changer que si le profit envisageable s’avère supérieur au risque encouru" "Peut-être estime t-il simplement que si son équipe est en position de remporter le match, un changement représente un risque pour les siens. Pourquoi changer ce qui fonctionne ? Du moins sur la durée d’un match ? Le remplacement d’un joueur par un autre comporte toujours une potentialité de déséquilibre. Par ailleurs, les caractéristiques de jeu de Manchester, basées sur la verticalité, fait qu’il doit être encore plus difficile de se mettre immédiatement dans le tempo du match par rapport à des équipes pratiquant un jeu plus horizontal.Autant alors ne procéder à un changement que si le profit envisageable s’avère supérieur au risque encouru…".■ André BASILE (Lattes - DH) "Se donner la possibilité de choisir la réponse qu’il entend apporter à l’initiative du coach adverse, comme aux échecs…" "Aux échecs, on prétend que même si ce sont les blancs qui ont l’initiative - puisqu’ils jouent en premier - c’est en fait la réponse des noirs qui décide de l’ouverture. En effet, selon ce que le joueur noir va décider, la partie va s’orienter dans tel ou tel sens. Peut-être est-ce que la politique de coaching de Ferguson procède de la même logique. Il veut se donner la possibilité 26 de choisir la réponse qu’il entend apporter à l’initiative du coach adverse. En tout cas, c’est une donnée qui ne peut qu’interpeller tant la carrière de cet homme impose le respect.Au niveau amateur, en revanche, on doit prendre en compte d’autres données. Bien entendu la notion de résultats s’avère primordiale, mais la gestion du groupe l’est tout autant. Il faut pouvoir accorder un temps de jeu conséquent à tous. Donc on effectue ses changements aussi en fonction de ce facteur temps".■ Eric BOURGET (La Roche Vendée - DH) "Ceux qu’il choisit au départ sont ceux qui doivent gagner" "Sans doute pense-t-il que sa composition initiale est la solution pour gagner. Il responsabilise les joueurs, fait appel à leur intelligence pour s’approprier la solution. Evidemment, on se place là dans la situation où le résultat de son équipe est positif. Par ailleurs, en agissant de la sorte, il se donne la possibilité de contrer le choix du coach adverse tout en lui laissant le risque de la première initiative. Pour peu qu’il contre celle-ci, il valide encore plus son emprise sur l’équipe. Par ailleurs, c’est aussi l’expression d’un parti pris en mettant le coaching au second plan par rapport à la force de son groupe : ceux qu’il choisit sont ceux qui doivent gagner. Et si c’est le cas, comme souvent avec Manchester, il augmente la confiance des joueurs en eux-même d'une part, et cautionne ses propres décisions à venir d’autre part".■ ANTONETTI : "On se contente bien souvent de gérer les impératifs du match sans forcément l’influencer" A quel moment de la partie ? Nous avions sollicité Frédéric Antonetti afin qu’il nous éclaire sur une étude ayant trait aux remplacements. Au final, en plus des commentaires demandés, l'entraîneur du Stade Rennais en a profité pour faire passer un message fort et novateur. Une étude très sérieuse menée lors de la saison 2009-2010 sur l'ensemble des matches des championnats anglais, espagnols, italiens, allemands et au sein de la Major Soccer League, a donné lieu à la conclusion suivante : lorsque son équipe est menée, l'entraîneur optimise ses chances de revenir au score s'il effectue le premier changement à la 58e minute, le second à la 73e et le troisième à la 79e… Qu'est-ce que cela vous inspire ? D’une manière générale, je me méfie de ce genre de statistiques. On leur fait dire ce qu’on veut. Mais là, je suis plutôt en phase avec le tempo. C'est-à-dire ? Le premier changement aux alentours de l’heure de jeu pour laisser le temps au premier remplaçant d’avoir une influence sur le jeu, le deuxième pour apporter un peu de fraîcheur à l’équipe, et le troisième en fonction des circonstances, pour faire un coup. En tout cas, c’est le scénario auquel nous pensons tous plus ou moins. Qu’est-ce qu’elle dit d’autre cette étude (sic) ? Elle prétend que lorsque les entraîneurs suivent ce "protocole", leur équipe marque un but dans 36% des cas, contre 18,5% pour les autres scénarios…Ce qui Et le fameux changement pour gagner du temps en toute fin de match, légende ou réalité ? Une réalité qui a de moins en moins cours. Dans les faits, je crois que ce type de changement est appelé à disparaître. Procéder à un changement à ce moment-là peut s’apparenter à un facteur de déstabilisation pour sa propre équipe. D’une manière générale, peut-on dire que l’efficacité des remplacements effectués par l’entraîneur est un indicateur fiable de son expertise et de sa compétence ? Encore faut-il pou- voir évaluer objectivement l’impact du changement. Lorsqu’un joueur entrant délivre une passe décisive ou marque un but, rien ne dit que le joueur sortant ne l’aurait pas fait lui non plus s’il était demeuré sur le terrain. A mon avis, ça ne traduit qu’une toute petite partie de la compétence d’un entraîneur. Dans la réalité, avec seulement trois changements, on se contente bien souvent de gérer les impératifs du match sans forcément l’influencer. Mais est-ce que je peux profiter de votre magazine pour faire passer un message ? "Est-ce que je peux profiter de votre magazine pour faire passer un message ?..." est sûr, c’est que les vingt dernières minutes d’un match se révèlent toujours cruciales.Aussi, on est en droit de se poser la question de savoir si les buts sont marqués parce qu’il y a eu des changements ou parce que cela fait partie de l’essence même du jeu. A titre personnel, est-ce que le fait de jouer à l’extérieur ou à domicile, par exemple, influence votre approche des changements ? Globalement, non. Mais jouer à domicile ou à l’extérieur a quand même une influence. Il existe en effet des joueurs qui font de meilleurs matchs à la maison et d’autres qui préfèrent jouer hors de leurs bases. Dans tous les cas, celui qui réalise une moins bonne performance a plus de chance de regagner le banc ! Bien sûr, lequel ? J’ai la conviction que le jeu football a besoin d’être refaçonné à certains égards. Pas beaucoup mais un peu. Sur le nombre de changements par exemple. Est-ce qu'on n'assisterait pas à plus de rebondissements si le règlement permettait de changer trois joueurs à la mi-temps et trois autres dans le cours du match ? Vraisemblablement oui, mais quelles en seraient les conséquences selon vous ? Le plaisir du spectateur ! On aurait alors droit à de véritables batailles tactiques à l’entame de la deuxième période. On augmenterait ainsi la qualité du spectacle proposé en ménageant des possibilités de retournements de situations. Il me semble que l’enjeu est suffisamment intéressant pour que les instances s'y penchent. ■ Suite page suivante 27 Dossier La logique des changements Jacques CREVOISIER. Acteur et spectateur privilégié du football européen, Jacques Crevoisier nous fait part de ses observations concernant les remplacements au sein d’effectifs professionnels parfois pléthoriques. Un regard vers les hautes sphères où l’on s’aperçoit que les logiques diffèrent assez radicalement de celles des entraîneurs du dimanche... "Maintenir les effectifs en alerte…" Existe-t-il des similitudes selon vous entre les remplacements effectués au plus haut niveau et ceux que l'on observe dans le football amateur ? Bien sûr. Je pense notamment aux postes les plus concernés par ces changements. D’une manière générale, que ce soit dans les championnats de district ou en Champion’s League, les quatre défenseurs ne sortent pas. Les centraux encore moins que les arrières latéraux. Les milieux de terrains défensifs sont peu concernés également. Au fin de compte, la majorité des remplacements porte sur les milieux de terrain offensifs, notamment les excentrés, et les attaquants. En cela les pratiques du haut niveau et du football amateur se rejoignent. Pourquoi est-ce que les attaquants et les milieux de terrains ex cen trés sont-ils plus concernés par ces changements ? Cela s’explique en grande partie par les caractéristiques de ces 28 postes. On sait que la plupart des courses de démarquage pour ces joueurs sont effectuées à haute intensité. Dès lors que l’intensité des sprints baisse, les coachs sont tentés de procéder à un changement. C’est une simple question de logique qui tient compte de la dépense énergétique et de la fraîcheur physique du joueur. C’est la seule raison ? De plus en plus rentrent en considération des logiques de rotation d’effectif, de "turn over". Les remplacements en cours de match ou les rotations d’un match à l’autre sont utilisés pour maintenir les effectifs en alerte. En effet, lorsqu’un coach n’assure pas du temps de jeu à tous les joueurs de l’effectif, il "tue" tout à la fois les titulaires en les épuisant et les remplaçants en ne leur permettant pas de prendre le rythme du niveau de compétition. au très haut niveau Certains entraîneurs font-ils basculer des championnats sur la pertinence de leurs changements, d'après vous ? De respect ? Evidemment. L’attitude du joueur qui sort, par exemple, est essentielle. Celui qui sort en laissant bien apparaître qu’il n’est pas content, on peut le comprendre, mais Basculer un championnat, peut-être pas, mais le cours d’un match oui, sans aucun doute. Le joker : "une question en procédant de la sorte il fait passer trois messages. Premièrement, qu’il s’estime tellement Tout le monde s’accorde à penser que le coade profil et de bon qu’il n’a pas à sortir, deuxièmement que le ching est un élément essentiel qui peut faire gagner les matches… en oubliant souvent de disponibilité mentale" joueur appelé à le remplacer est nul ou en tout cas qu’il sera moins utile à l’équipe que lui, et souligner qu’il peut tout aussi bien les faire enfin, troisièmement, que l’entraîneur est nul ! Selon moi, on perdre. ne doit pas tolérer ce genre de choses. Justement, que pensez-vous de l’expression "coaching gagnant" ? Est-ce que les entraîneurs ne vont pas s’attacher de J’en pense qu’elle est souvent justifiée, mais qu’elle fait aussi plus en plus à compter dans leurs ef fectifs des parfois partie du folklore. Lorsqu’on déclare qu’un entraîneur "supersub" capables de faire des rentrées fracasa fait un bon coaching parce que le joueur entrant a marqué santes ? 1 ou 2 buts ou signé des actions décisives, on pourrait tout Dans les clubs de moyenne importance, peut-être. Mais ce aussi bien dire que l’entraîneur avait fait un mauvais choix n’est pas ce vers quoi on se dirige dans les très grands clubs. Il en ne le titularisant pas dans son onze de départ… C’est du bon faut comprendre que ceux là ont souvent entre 60 et 65 matchs sens, non ? dans la saison. Pour répondre à des objectifs élevés, les entraîneurs préfèrent empiler les joueurs, quitte à doubler, voire tripler les postes. Il y a quand même des joueurs Par ailleurs, le fait de compter sur le banc qui sont meilleurs lorsqu’ils rendes joueurs très forts incitent les coachs trent que lorsqu’ils commencent à effectuer de plus en plus de rotations, la partie… que ce soit d’un match à l’autre ou dans C’est exact. C’est une question de prole cours même des rencontres. fil et de disponibilité mentale. En Angleterre, ils utilisent cette expression de "supersub" ("super remplaPas de remplaçants "titulaires" çant", NDLR). Il faut valor iser ces pour les clubs de l’élite eurojoueurs capables de se préparer mentapéenne donc ? lement pour pouvoir donner un maximum à l’équipe dans un La question ne se pose pas en ces termes. L’hypothèse la plus minimum de temps. A Lyon, un garçon comme Jérémy Pied probable est celle qui consiste à dire que l’on va développer correspond tout à fait à ce profil. des logiques de "money time" comme au basket. Il y aura donc plutôt des joueurs qui commenceront la partie et d’autres Est-ce qu’il n’y a pas un risque qu’il reste cantonné à qui la finiront. Et ceux là varieront d’un match à l’autre. ce rôle de remplaçant précisément parce qu'il se montre très performant dans ce registre de joker ? Il n’y aurait donc plus vraiment de statut de tituNon, je ne pense pas. Et puis ce n’est pas la même chose laires et de remplaçants ? lorsqu’on a affaire à des jeunes joueurs. A quelques excep- Du moins à certains postes. Ce serait d’ailleurs amusant de tions près, cela fait partie d’un cursus assez normal. Le risque constater que les représentations du grand public s’inversele plus important est pour ceux qui rentrent raient. "Vers des logiques de sur le terrain en tirant la gueule. Le temps qu’ils Money time" se mettent dans le match, la rencontre est terVous voulez dire en termes d’images ? minée. Ceux là n’ont pas trop intérêt à se rater C’est exactement ça, puisque si l’hypothèse le jour où ils sont titulaires s’ils ne veulent pas voir leur carrière se confirme, ceux qui débuteront devront faire le travail ingrat écourtée. C’est une question de préparation et de respect. de sape tandis que ceux qui entreront auront la mission gratifiante de finir et d’emporter le match ! ■ 29 Dossier Comment doit-on échauffer les remplaçants ? ■ Ne pas bâcler. L’expression prétend que les remplaçants "chauffent le Par Jean GALLICE, entraîneur national et formateur de cadre à la DTN. banc". Pourtant, dans les faits, pour un joueur, la guérite peut se révéler un des endroits les plus froids de la planète. Jean Gallice nous fait part de son expérience et de ses remarques concernant le nécessaire et indispensable échauffement du joueur qui s'apprête à rentrer sur le terrain. oncernant l’échauffement des remplaçants, le premier point à rappeler est que tous les joueurs doivent se sentir concernés : ceux appelés à démarrer la rencontre sur le banc au même titre que ceux qui la commencent sur le terrain. L’entraîneur se doit ainsi de marquer la même considération à tous. J’insiste sur ce point puisqu’il s’agit de celui qu’on a le plus tendance à oublier. Or, l’aspect psychologique a toujours une incidence sur les versants physiologiques. Un joueur valorisé, bien dans sa peau, se blessera moins que celui qui traîne les pieds et nourrit le sentiment de ne pas être considéré… A ce titre, je préconise que les titulaires comme les remplaçants s’échauffent de façon identique avant que l’arbitre ne rappelle tout le monde aux vestiaires. Ou du moins que la majeure partie de l’échauffement soit commune à tous. Il en va de la cohésion du groupe et de la cohérence de la gestion individuelle et collective. Cela signifie en substance que l’échauffement "spécifique" du remplaçant consiste essentiellement en un rappel physiologique de la partie commune réalisée avec le reste de l’équipe en amont du match. C >L’aspect psychologique a toujours une incidence sur les versants physiologiques Pour ma part, le remplaçant qui se comportait en touriste ou ne montrait pas la même implication que les autres à cet instant, n’avait aucune chance de participer à la rencontre… Ce rappel physiologique, donc, va consister à refaire les éducatifs d’athlétisme. Je pense notamment à l’échauffement localisé et prioritaire des ischios-jambiers mais également tous les exercices type "pas de l’oie" ou "talons-fesses". De plus, le travail balistique de l’articulation coxo-fémorale, c'est-à-dire les mouvements sollicitant le bassin et effectués avec amplitude me paraissent tout spécialement adaptés à la situation. D’une manière générale, il y a des processus physiologiques auxquels on ne peut pas échapper. Prendre le temps nécessaire, au moins quinze 30 minutes, pour réactiver l’organisme en fait partie. Cependant, je pense qu’une fois cette par tie basique effectuée, le joueur doit faire en fonction de son ressenti. Aujourd’hui, par exemple, on ne jure plus que par les étirements activo-dynamiques. Très bien, mais il existe d’autres alternatives. En la matière, je ne crois pas qu’il existe de vérités établies. La sélection allemande privilégie un travail individualisé où certains font du 15-15 pendant que les autres fonctionnent plutôt dans le registre de la vitesse et de l’explosivité. >4 séries de "30-30" afin d’obliger l’organisme à produire de l’acide lactique et ainsi le préparer à la charge de travail demandée. Les footballeurs américains, eux, réalisent des étirements passifs juste avant de faire des séries de courses à haute intensité, tandis que certains sprinters effectuent la majeure partie de leur échauffement à partir de contractions isométriques (sans mouvements apparents). Personnellement, il m’arrivait de demander à mes remplaçants de réaliser 4 séries de "30-30" afin d’obliger l’organisme à produire de l’acide lactique et ainsi le préparer à la charge de travail demandée. Un autre exemple : les remplaçants brésiliens s’’échauffent parfois avec le ballon dans les mains comme à l’Ecole de foot ! Bref, où se situe la vérité dans toutes ces approches ? Si ce n’est dans celle que le joueur perçoit comme efficace pour lui ? Je crois que le rôle de l’entraîneur ou du préparateur physique doit surtout consister à présenter toutes ces possibilités et les mettre à disposition du joueur. Le domaine de la préparation physique est par essence celui où le joueur peut et doit se prendre en charge. La problématique se situe majoritairement, je le répète, dans l’implication mentale du joueur. Que ce soit donc sur cette question de l’échauffement des remplaçants comme sur d’autres aspects de la pratique, il s’agit surtout de lui présenter les moyens de s’accomplir. ■ LE CAHIER DU COACH • • ENTRAINEMENT p. 36 • • STRATÉGIE p. 42 PREPARATION PHYSIQUE p. 38 TECHNIQUE p. 44 • MANAGEMENT p. 40 • • SANTÉ p. 46 PRÉSIDENT p. 48 35 ENTRAINEMENT Jeu de volée en zone ■ Par David MAIGRET, titulaire du BEES 1, éducateur seniors US Montreuil, section sportive U11 à Dernières séances. Pas exactement le moment de s’appesantir sur le cadrage du porteur du ballon ou la hauteur du bloc équipe en zone-presse. Et si on se faisait un peu plaisir avec du jeu de volée en zone de finition ? U14. ourquoi travailler les centres et le jeu de volée ? Tout d’abord, il y a les chiffres. En ligue 1 par exemple, on dénombre pas moins de 44 centres par match en moyenne. Et 25% des buts sont inscrits sur ce type d'action. Tous, bien sûr, ne sont pas marqués de volée. La plupart le sont consécutivement à des ballons donnés au sol, sur des centres en retrait ou à destination du deuxième poteau. Toujours est-il qu'une part non négligeable des buts sont inscrits suite à du jeu de volée. Il apparait donc que le résultat d’une saison pourra être tout à fait différent selon que l’on compte dans son équipe des joueurs habiles ou maladroits dans ce domaine. Plus généralement, cette aptitude technique à reprendre le ballon de volée doit faire partie du bagage de tout joueur évoluant dans les zones de finition. On a bien dit "les" zones de finition. Et pour cause : rappelons que le jeu de volée ne se limite pas aux seules reprises finissant dans la lucarne. L’appellation "jeu de volée" concerne le jeu de tête, les déviations, les remises, tant sur le plan offensif que défensif (exemple : reprise de volée visant à dégager un ballon chaud). vrés des abords immédiats de la surface de réparation. Sans doute faut-il garder ce constat à l’esprit au moment de concevoir sa séance… P Un cycle "passes longues" juste avant la thématique des centres et reprises Mais en ce qui nous concerne ici, nous nous Sur le plan technique, je différencie la méthodologie d’entraînement chez les jeunes et chez les seniors. en tiendrons aux aspects offensifs, en gardant bien présent à l’esprit que l’approche défensive peut (doit) être traitée conjointement. Dès lors, il convient de soulever une autre problématique : la possibilité d’effectuer une reprise de volée pour marquer un but dépend en grande partie de la qualité du centre. A ce titre, dans le cadre de la planification technique annuelle, je fais un cycle "passes longues" juste avant cette thématique des centres et des reprises. Entre parenthèses, il serait sans doute intéressant d’avoir des chiffres sur le pourcentage de buts inscrits suite à un centre déclenché depuis la ligne de touche. Un peu à l’image de ce que faisait David Beckam à Manchester United. Ceci étant, la qualité des défenseurs centraux et l’avantage athlétique qui est le leur sur des ballons arrivant de cette distance font que les centres les plus efficaces sont dorénavant déli- Un conseil Dans l’organisation générale de la saison, l’expérience démontre que les éducateurs ont tout intérêt à planifier ces cycles de travail (centres et jeu de volée) lorsque le temps est clément. L’attrait de ces séances est tel qu’il s’agit de ne pas les saborder avec des ballons durcis par le froid ou alourdis par la pluie… 36 Enfin, le rappel d’une évidence : ce n’est pas parce qu'on travaille le jeu de volée qu’il faut interdire aux joueurs, face à la cage, de reprendre un ballon au sol. La volonté de retrouver le thème choisi lors de la séance ne doit pas aller à l’encontre de ce que commande le jeu, l'objectif étant de faire trembler les filets ! Il s’agit donc plutôt de mettre en place des situations induisant les ballons aériens. Les joueurs doivent intégrer que le centre aérien répond à la nécessité de transmettre le ballon à un partenaire tout en évitant l’adversaire sur la ligne de passe. Sur le plan technique, je différencie la méthodologie d’entraînement chez les jeunes et chez les seniors. Chez les jeunes, par exemple, puisque le jeu de volée implique des centres de qualité, je privilégie une démarche plus progressive. Ballon à l’arrêt tout d’abord, puis en mouvement léger, puis après une conduite de balle rapide. A chaque étape, j’impose la surface de frappe, la trajectoire du ballon et la destination du centre. On fait nos gammes en quelque sorte. Il est essentiel que tous les jeunes participent de la même manière aux exercices de volée. Il s’agit de ne pas laisser l’arrière latéral U13 dans son coin sous prétexte qu’il a peu de chances d’en réaliser une au cours du match ! La difficulté ici réside dans la volonté de rester exigeant Retrouvez LA SÉANCE DU MOIS de David MAIGRET sur ce même thème de finition sur les réalisations techniques des centres et des reprises, tout en intégrant le fait que les plus jeunes ne sont pas encore bien "équipés" sur le plan physiologique pour la réalisation de ces exercices. Mêler au sein de la séance les exercices analytiques avec les situations globales On sait par exemple que la croissance rapide des adolescents a tendance à les désorganiser sur le plan moteur. Or, la reprise de volée nécessite une coordination fine, malheureusement pas toujours c o m p a t i b l e a v e c c e s d é r è g l e m e n t s. L’approche est tout à fait différente avec des seniors censés maîtriser les bases techniques. Pour ces catégories, c’est toujours la situation qui décide de la manière dont doit être délivré le centre. Par ailleurs, il est impossible de dissocier le volet technique du volet tactique. En d’autres termes, si l’on veut voir une reprise de volée ou une reprise de la tête, encore faut-il que les courses devant la cage soient effectuées de telle façon que le joueur soit "joignable". De plus, les situations peuvent être aménagées sur des bases d’attaques rapides ou d’attaques placées. L’attaque rapide favorisera les courses de démarquage avec notamment l’attaquant cherchant à devancer le défenseur en coupant la trajectoire du centre au premier poteau. Les attaques placées, elles, génèreront plus de duels avec des joueurs physiquement au contact. Notez que les situations de 2 contre 2 sur un centre sont très riches dans la mesure où elles incluent toutes les dimensions du thème : marquage, démarquage, déplacements coordonnés, attaque du ballon, réalisation du geste, mais aussi l’organisation en vue de reprendre un éventuel deuxième ballon sur une remise ou une balle contrée. Enfin, qu’il s’agisse de jeunes ou d’adultes, il est opportun de mêler au sein de la séance des exercices analytiques avec des situations globales. Cette façon de procéder me semble la plus à même de ménager la qualité et la pertinence des apprentissages. ■ 2 EXERCICES D'APPLICATION Toutes catégories. Voici deux exercices pour travailler les centres et le jeu de volée. L’un est un jeu d’échauffement sous forme globale (situation 1) visant à préparer les joueurs à la gestuelle du centre et de la reprise, l’autre (situation 2), plus analytique, est appelé "le tourniquet". Très basique, il assure néanmoins un grand nombre de répétitions. SITUATION 1 SITUATION 2 Organisation : jeu à 4 contre 4 + 2 gardiens jokers. 4 Organisation : 2 cages sur une double surface de répa- appuis par équipe. Jeu en 2 touche de balle maximum. ration. Règles : On marque 1 point lorsqu’un joueur de l’inté- Règles : sur centre de A et B, les 2 attaquants doivent rieur parvient à trouver un gardien de volée (tête ou pied) sur une passe aérienne d’un appui. Lorsque le gardien récupère le ballon, le sens du jeu change. reprendre devant le but. Les joueurs C et D sont chargés de récupérer les ballons. Assurer les rotations toutes les 3 minutes (centreurs-récupérateurs-réceptionneurs). Faire 2 tours minimum afin que les réceptionneurs reçoivent des centres des 2 côtés. Evolution : Possibilité d’exiger des courses croisées ou centres au deuxième poteau suivis d’une remise etc… 37 PRÉPARATION PHYSIQUE Programme d'entretien : ce ■ Par Jean-Christophe Hourcade, préparateur physique de Valenciennes Ne pas se laisser aller. Pour une reprise plus efficace et "rentable" pour l'équipe, vos joueurs ne devront pas reprendre le chemin de l'entraînement après 5,6… 8 semaines d'inactivité. Pour les sensibiliser, voici quelques conseils à leur donner. (L1), directeur d’ "ACPASPORT" (www.acpasport.com). S'ARRÊTER, C'EST RÉGRESSER L'arrêt de l'activité sportive, lorsqu'il se prolonge, entraîne une baisse de tous les indices physiques : VMA, force musculaire, souplesse, système cardio-vasculaire... On estime qu'après quatre semaines d'inactivité complète, la perte de ce potentiel athlétique atteint environ 30% ! Elle peut aller au-delà pour une coupure de six à huit semaines, fréquente à un niveau amateur où la plupart des effectifs ne reprennent pas avant le mois d'août. PROGRAMME CIBLÉ ET PROGRESSIF L'objectif du programme laissé aux joueurs pendant les vacances va être de contrer les désadaptations physiologiques induites par le "désentraînement". Comment ? Par un protocole souple mais néanmoins ciblé, et surtout progressif. Le contenu de ce programme sera fonction de la durée de l'inactivité supposée. Mais son cheminement, lui, reste le même, à savoir : une coupure totale, une reprise via un travail aérobie de base, puis un travail plus spécifique. D'ABORD COUPER, POUR SOUFFLER… La première étape consiste à couper radicalement avec l'activité football. Une parenthèse que l'on conseillera de trois semaines, qui permettra de se régénérer tant d'un point de vue physique que mental. On encourage néanmoins les joueurs à rester actif en s'adonnant à toute activité autre que le ballon rond (nage, vol- ley, tennis, vélo...). On entretient ainsi les différents indices de forme, même si rien ne pourra remplacer à terme l’entraînement spécifique. 3 SÉANCES PAR SEMAINE La seconde étape prend la forme d'un travail d'endurance, effectué trois fois par semaine en aisance respiratoire (pouvoir parler), agrémenté d'exercices de renforcement musculaire (gainage abdos-lombaire) et d'étirements. Cette phase appelée "microcycle de régénération" durera deux semaines, et comprendra des courses de 30 à 45 minutes en continue ou fractionnées (3x10 minutes, 3x15, 4x10, etc...). Éviter de courir sur le bitume, et entre 10h et 18h EXEMPLE DE PROGRAMME DÉTAILLÉ Voici un exemple de programme à réaliser pour des footballeurs amateurs ayant une coupure de sept semaines avant la reprise de l'entraînement. Semaines 1, 2 et 3 : Semaines 4 et 5 : RECUPERATION RÉGÉNÉRATION Récupération physiologique complète. On encourage cependant les joueurs à effectuer toute sorte d'activités (vélo, natation, tennis…). Lundi_________3x10 minutes d'endurance en aisance respiratoire (entrecoupées de 3 minutes de récupération). Mardi ________Repos Mercredi______2x15 minutes d'endurance en aisance respiratoire (entrecoupées de 3 minutes de récupération). Jeudi _________Repos Vendredi ______35 minutes d'endurance en aisance respiratoire. Samedi _______Repos Dimanche _____Repos 38 que vos joueurs doivent retenir étape, qui durera elle aussi quinze jours à raison de trois sorties hebdomadaires, consistera en un travail de type Fartlek. Le principe ? Après un échauffement d’une vingtaine de minutes, on alterne ensuite des courses de 10-13 km/h (soit 70-75 % de VMA en fonction de son niveau) avec, toutes les 2’30 minutes par exemple, une accélération de l'allure pendant 15 secondes. La deuxième semaine, on réduira la première portion (2 minutes) et on augmentera la partie accélérée (25 secondes). Attention, il ne s’agit pas de sprint ! La durée de cette partie "fartlek" sera de 15 à 20 minutes. On terminera par des étirements. RETROUVER UNE HYGIÈNE DE VIE ADÉQUATE… ! L'idéal reste le sentier forestier, souvent ombragé, ou la plage, sur sable dur (partie humide), à condition de bien respecter les horaires où il fait moins chaud. Enfin, il est préférable de courir en basket. RÉHABITUER SON ORGANISME À DES CHANGEMENTS DE RYTHME Après les six séances de cette phase de régénération, on va demander au joueur de réhabituer son organisme à des changements de rythme. Aussi, la troisième Après sept semaines sans football, le joueur qui a respecté ce programme sera bien préparé à encaisser les charges de travail lors de la reprise de l'entraînement. À condition d'avoir su - en particulier sur les deux dernières semaines - retrouver une hygiène de vie (sommeil, diététique) adéquate... ■ Semaines 6 et 7 : FARTLEK Lundi_________2x20 minutes d'endurance d'endurance en aisance respiratoire (entrecoupées de 3 minutes de récupération). Mardi _________3x15 minutes d'endurance en aisance respiratoire (entrecoupées de 3 minutes de récupération). Mercredi______Repos Jeudi _________Echauffement endurance 20 minutes. Puis Fartlek 15 minutes (accélérations de 15 secondes toutes les 3 minutes, puis retour à un rythme de course normal). Après chaque séance, consacrer 20 minutes aux étirements et travail abdo-lombaire (augmenter progressivement le nombre d'abdominaux par séance) Vendredi _____Echauffement endurance 20 minutes. Puis Fartlek 20 minutes (accélérations de 20 secondes toutes les 3 minutes, puis retour à un rythme de course normal). Samedi _______Repos Dimanche _____Repos 39 MANAGEMENT Recommander un ami : ■ Par Lionel BELLENGER, Maître de conférence à HEC, intervenant à Clairefontaine dans le cadre du DEPF, et auteurs de plusieurs ouvrages sur Crédibilité engagée. Votre club recherche un éducateur dans une catégorie et vous avez un ami, un proche, intéressé par le poste ? Le recommander apparaît tout à fait normal. Cela consiste à éclairer la personnalité du candidat à travers l’expérience d’une personne qui le connaît, vous en l'occurrence. Mais attention, cette démarche vous engage à plus d'un titre. … la communication et le management (www.lionelbellenger.fr). la charnière des saisons, la question du recrutement est particulièrement sensible. Quand un club fait un bon classement, on dit en général qu’il a réussi son recrutement. Et en particulier celui de l’entraîneur et des membres du staff. À ce titre, on sait qu’une des pratiques les plus en vigueur, quel que soit le niveau, est la recommandation. Une pratique bien acceptée par les décideurs puisqu'elle participe théoriquement à réduire l’incertitude en privilégiant la confiance. On est en droit de penser, en effet, que celui qui recommande - vous en l'occurrence - connaît plutôt bien l’intéressé, notamment son parcours, ses résultats, ainsi que sa personnalité. Les décideurs ont donc tout intérêt à vous mettre à contribution. Malheureusement, c e n ' e s t p a s t o u j o u r s l e c a s. Beaucoup se contentent d'exploiter le "tuyau", utilisant simplement la recommandation comme une façon de justifier la À sollicitation. Dans pareille situation, n'hésitez à faire le premier pas en apportant délibérément une somme d'informations D'abord bien connaître son club… Pour la personne qui recommande un tiers, la prudence est de mise. L’idée que l’on se fait d’une personnalité, qui plus est "amie", est pour le moins subjective. Reste l’intuition. Seulement voilà, ce n’est pas la personnalité en soi qui compte, mais la projection de cette personnalité dans le club en question et son contexte. C’est sur ce point que la réussite ou l’échec va se construire. Ce qui veut dire que lorsqu'on recommande un ami, il faut d'abord bien connaître son propre club… Et en particulier ses décideurs. Bref, la recommandation est une affaire humaine à coup sûr aléatoire. Heureuse quand ça marche, amère en cas d’échec. Reproches garantis ! À vouloir mettre en avant un ami, on se fait parfois des ennemis… 40 (par écrit) susceptibles d'éclairer davantage le président ou directeur technique en charge du recrutement de l'intéressé. Une initiative qui leur permettra d'avoir toutes les cartes en main pour décider en connaissance de cause... Une pratique qui participe à réduire l’incertitude en privilégiant la confiance. En théorie… Quelle est la nature de votre relation avec la personne que vous recommandez ? Depuis quand vous connaissez-vous ? Où vous êtes-vous rencontrés ? Avez-vous travaillé ensemble ? Avez-vous partagé quelque les précautions à prendre chose ensemble (en formation, dans un club, etc…) ? Complétez cette présentation avec le nom de quelques personnes à même de confirmer le "portrait" que vous avez brossé du candidat, voire d'apporter des renseignements supplémentaires. De plus, précisez les raisons qui vous incitent à recommander cette personne. recommander, c'est aider, mais c'est aussi prendre un risque car on engage de ce fait sa parole et sa crédibilité. Pourquoi lui plutôt qu’un autre ? Que sait-il du club ? En connaît-il le projet, le contexte ? En d'autres termes, prenez soin de faire le lien entre la personne que vous recommandez et le poste à pourvoir. Soyez vigilant cependant car cette démarche a pour effet de dévoiler votre propre perception du club, de son fonctionnement, de ses objectifs… Gare aux impairs ! On l'a compris, recommander, c'est aider, mais c'est aussi prendre un risque car on engage de ce fait sa parole et sa crédibilité. Voilà pourquoi il convient de faire preuve de la plus grande objectivité (voir par ailleurs). Quand le "conseiller" est trop partisan, il perd en lucidité. En revanche, s’il est capable d’expliquer avec justesse comment le candidat a réussi par le passé et/ou échoué, et pourquoi il est la personne idoine "aujourd' hui" pour le poste recherché, alors sa recommandation prend tout son sens. Mais sans aucune garantie de succès. ■ On vous recommande quelqu'un ? Voici 5 conseils à appliquer 1- Au moment d'écouter la personne qui vous recommande un tiers, prenez volontairement de la hauteur. En général celui qui conseille, par définition, n’est pas neutre. Il cherche à influencer. C’est pourquoi il faut l’entendre avec le recul nécessaire. Cherchez à savoir pourquoi il prend cette initiative, quelle est sa motivation… 2- Assurez-vous que la personne qui recommande un ami connaît bien le fonctionnement, les valeurs, et les besoins du club. Si la perception qu'il en a est erronée, sa démarche a de grandes chances d'aboutir erreur de casting. 3- Testez la personne qui recommande en l’interrogeant sur d’éventuelles contre-indications : tendances, défauts, limites, inexpériences possibles, incompatibilités, etc… connues ou supposées chez l’intéressé. L'idée est de cerner davantage la qualité de la candidature. 4- Dans tous les cas, restez libre, critique et lucide vis-à-vis d’une recommandation. Combattez les à priori avant même d'avoir rencontré la personne en question. 5- Lors du premier contact avec le candidat, ne restituez pas les renseignements récoltés lors de la recommandation. Au contraire, il convient de questionner l’intéressé de manière à pouvoir, en toute objectivité, recouper les informations connues avec les réponses produites… 41 STRATÉGIE Les corners tirés ■ Par Jean-François JODAR, ex-entraineur national, formateur DTN et sélectionneur des Emirats Arabes et du Mali. De en plus plus fréquent. Peu utilisés lors des dernières grandes compétitions internationales, les corners tirés à 2, à 3, connaissent un regain d’intérêt. Ceci étant, quels sont les avantages et les inconvénients de cette phase stratégique remise au goût du jour par des équipes comme le Barça... ? n premier lieu, il convient de rappeler que les corners tirés à 2 ne sont pas une nouveauté. Lorsqu’il faisait partie des ténors européens, le Stade de Reims en avait même fait une marque de fabrique (deux fois finaliste de la C1 en 1955 et 1956. Deux finales perdues contre le Réal de Madrid, NDLR). Le plus surprenant est que 60 années plus tard, on continue à parler de corners "à la Rémoise" ! Ceci étant, il s'agit d'une phase de jeu difficile à assimiler, tout particulièrement dans notre pays. Et pour cause, le joueur français ne fait pas toujours preuve de la concentration nécessaire pour la mise en place de ces combinaisons à l'entraînement… Alors oubliez ce type de travail les soirées d’hiver ! Préférez vous y atteler lorsque toutes les conditions sont réunies. Une chose est sûre, le travail des corners à 2 ou à 3 est important. D'abord, parce qu'il offre de la diversité dans le jeu. C'est une alternative intéressante pour les équipes, notamment au E haut niveau, dont les coups de pied arrêtés sont disséqués. Le genre d'équipe qui ne peut plus se contenter de deux ou trois stratégies travaillées en début de saison et déclinées tout au long de l’année. "Une alternative intéressante qui apporte de la diversité" L'objectif est donc de contourner les éventuelles parades des adversaires en renouvelant à intervalles réguliers les manières de procéder. Reste à mettre au point des combinaisons pouvant être intégrées par les joueurs dans un laps de temps assez court. A cet égard, je me souviens notamment d’une équipe nationale de jeune de Colombie contre laquelle il était très difficile de jouer dans la mesure où l'on ne savait jamais comment se positionner défensivement sur ses corners. A partir d’un dispositif de base à trois, elle parvenait à varier ses combinaisons et ainsi à se créer des CORNER À LA RÉMOISE Ce corner à 2 se décline selon un principe de base tout simple : donner et proposer afin de se retrouver sur une position de 2 contre 1 sur un côté. A donne à B et le dédouble (course en arrondi). Dès lors, soit B va se retrouver seul et avoir la possibilité de centrer après avoir gagné quelques précieux mètres, soit un défenseur va sortir sur lui, comme c'est le cas sur ls schéma. B va pouvoir alors dribbler en profitant du démarquage de A, ou lui transmettre. Le point important étant que suite à cette combinaison de base, l’angle s’est ouvert et que le centre délivré favorisera l’attaque du ballon par les attaquants. 42 actions quasi systématiquement sur des corners tirés indirectement !D'autre part, les corners tirés à 2, à 3, peuvent aussi pallier des manques. Manque de qualité de frappe pour le tireur ou manque de taille chez les receveurs. En effet, pourquoi s’obstiner à mettre des ballons dans le paquet si l’on ne parvient pas à les reprendre ? "Libérer des espaces, aspirer les défenseurs, créer de l’incertitude…" C'est le cas du Barça qui, à l’exception de Piqué, Busquets et Puyol, manque souvent de taille dans la zone de vérité. D'où sa propension à tirer les corner indirectement. Chez les Catalans, le concept de possession de balle se révèle à ce point prioritaire qu’ils préfèrent conserver le cuir en attendant la meilleure possibilité de centre, plutôt que jouer un ballon dont ils savent qu’il a de fortes chances d’être perdu... Enfin, à 2, à 3… rappelons que ce type de corners permet de libérer des espaces dans lesquels les partenaires, en mouvement, vont pouvoir s’engouffrer. Face à des équipes pratiquant une défense individuelle, une combinaison efficace peut aspirer les adversaires et ainsi libérer des espaces devant la cage. Sur une défense de zone, une combinaison bien huilée crée un temps d’incertitude souvent perturbant pour les défenseurs. ■ UN TIERS DES BUTS SONT MARQUÉS SUR CPA ! Depuis des années, les chiffres laissent apparaître que près d’un tiers des buts sont consécutifs à des coups de pied arrêtés. La logique voudrait donc qu’on consacre 1/3 de l’entraînement au travail des phases stratégiques. Bien sûr, il s’agit d’un raisonnement par l’absurde et pas un seul entraîneur ne consacre autant de temps à ce type de travail. Cependant, la recrudescence des combinaisons sur corners peut laisser penser que les coachs de haut niveau sont de plus en plus convaincus de l’intérêt qu’ils peuvent en retirer. 4 exemples de combinaison Combinaison 1 Combinaison 2 Combinaison 3 Combinaison 4 A transmet à C qui a fait un appel en décrochant soudainement vers le tireur. C remet en 1 touche de balle (de préférence avec son pied gauche dans cette situation de corner tiré à droite) à B qui s’est positionné pour recevoir la déviation. B centre (ici avec son pied droit, mais on peut préférer une trajectoire plus rentrante avec un gaucher). A donne à C qui lui remet. A transmet à B qui centre (ici sur l’exemple avec son pied gauche). Dans les faits, ce temps de construction de la combinaison peut perturber les positions et les placements défensifs, notamment sur les organisations en zone (doit-on sortir, rester en place, jouer le horsjeu ?). Les réceptionneurs doivent effectuer leurs courses de démarquage à partir de la troisième passe pour arriver en mouvement sur le centre. A donne a B et le dédouble. B transmet à C qui a fait l’appel. C redonne à A qui centre. Ici A va bénéficier d’un angle très ouvert particulièrement favorable à un gaucher. En partant de la même position de base, on peut aussi concevoir des combinaisons ou C et D font office de leurre… A donne à B et le dédouble. B fait mine de remettre à A mais dribble vers l’extérieur. Il centre très fort au sol en direction de C et D qui ont fait un appel en décrochant. C laisse passer entre ses jambes, D également. E, F, G se sont positionnés de manière à reprendre le ballon. Combinaison 1 Combinaison 2 Combinaison 3 Combinaison 4 43 TECHNIQUE La conduite de balle ■ Par Nicolas MAYER, Titulire du DEF, du BE2 et du Certificat d'Entraîneur Préparateur Physique. Fondamental. Quoi de plus essentiel et élémentaire, pour un footballeur, que de savoir courir avec un ballon dans les pieds ? La "conduite" est la réalisation technique qui se trouve au carrefour de bon nombre de situations dans le jeu : s'emmener le ballon pour trouver une position de frappe, accélérer balle au pied pour dribbler, se déplacer jusqu'à trouver un angle de passe… Incontournable, donc. Reste à savoir la conduite, et à apporter les corrections adaptées. ans les petites catégories, la conduite de balle est un thème privilégié au sein des contenus des séances d’entraînement. Et pour cause, un des premiers impératifs pour le footballeur débutant est de "maîtriser son ballon". Or, manier une boule de cuir avec les pieds n’est pas naturel, encore moins en y ajoutant une dissociation du regard ! C'est pourquoi la conduite de balle est un passage nécessaire et incontournable dans l’apprentissage moteur du jeune footballeur. Il lui permet de toucher un grand nombre de fois le ballon dans des conditions variées, en constante évolution, et ainsi de progresser dans la motricité spécifique football. La conduite de balle est un geste tech- D nique au service de l'action : un moyen pour le joueur de progresser individuellement dans un espace libre. Et ce, pour s'approcher du but adverse, conserver la balle, rechercher un angle de passe, se mettre en position de frappe, aller vers le dribble… Quel que soit l'enchaînement technique qui va découler de la conduite, garder le ballon près de soi est d’autant plus complexe que cette maîtrise s’opère sous pression plus ou moins forte de l'adversaire, dans tous les plans de l’espace (face au jeu, en changeant de direction, avec un quart ou demi-tour, etc...) et avec différentes surfaces de contact (intérieur, extérieur, semelle, coup du pied). Comme principal critère de réussite, met- Les enjeux moteurs Les enjeux moteurs de la conduite de balle sont reliés à cette problématique : conduire pour prendre un espace libre et fixer un adversaire ou conduire pour enchaîner par une passe, un dribble ou une frappe. - Dissociation œil / pied : détacher son regard du ballon et le conduire dans une direction choisie ou adaptée. - Dissociation haut du corps / bas du corps : mettre son corps en opposition d’un adversaire, utiliser son bras pour se protéger et 44 changer de direction avec le ballon - Latéralisation : pour conduire le ballon dans tous les plans de l’espace avec aisance que ce soit avec le pied droit ou le pied gauche. - R y t h m e : changer de rythme dans la conduite tout en maîtrisant le ballon en fonction de son intention. - Appuis : ajustement par rapport au ballon. - Orientation : conduire sous contrainte de temps dans des espaces réduits avec des changements de direction fréquents. tons en évidence cette capacité du joueur à conduire et à maîtriser son ballon tout en étant capable de pouvoir changer d’idée à n’importe quel moment. ■ Les corrections à apporter • Par rapport au ballon : distance du joueur; position du pied d’appui; orientation des épaules. • Souplesse de cheville. • Position du regard lors de la conduite. • Fréquence de contact avec le ballon : rapide, varié et orienté. • Une jambe d’appui souple, très souvent fléchie, moteur du changement de direction à tout moment. • Efficacité de choix de la conduite par rapport à la situation de jeu. • Capacité du joueur à enchaîner un geste technique approprié suite à cette conduite : frappe, passe, dribble. • Capacité du joueur à conserver la maîtrise du ballon sur un changement de rythme (course plus ou moins rapide avec le ballon). • Position des bras : rôle essentiel dans l’équilibre sans cesse modifié du joueur. 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Le contrôle orienté Le jeu de volée Le jeu de tête Le dribble La conduite de balle La frappe (sur enchaînement) Les feintes La frappe (coup de pied arrêté) L’amorti La passe 3 exercices d'application SITUATION 1 : MAÎTRISER SON BALLON MALGRÉ LES CHANGEMENTS DE DIRECTION 4 joueurs se font face deux par deux. 1 piquet au milieu. 1 ballon par joueur. Faire 5 séquences de 2 minutes. Séquence 3 : idem séquence 1, mais après le demi-tour, le joueur choisit une des deux coupelles de départ et adapte sa conduite. Séquence 1 : 1 joueur de chaque côté part en conduite, en même temps. Il ne s'agit pas d'une course ! Arrivés devant le piquet, ils effectuent un demi-tour (avec changement rythme) jusqu'à revenir au point de départ. Les deux joueurs suivant partent à leur tour, etc… Séquence 4 : idem séquence 3, mais c'est l'éducateur (ou le joueur suivant) qui indique au porteur de balle la coupelle de départ à rejoindre (prise d'information et adaptation). Séquence 2 : idem séquence 1, mais les joueurs utilisent une autre surface de contact sur le demi-tour (extérieur du pied, pied faible, semelle…). SITUATION 2 : CONDUIRE SOUS CONTRAINTE DE L'ADVERSAIRE Quand il veut, l'attaquant qui a le ballon démarre en conduite de balle avec l'objectif de franchir la ligne des 16m50 après être passé dans la porte. Il doit ensuite marquer le but. Quelques secondes avant que l'attaquant ne s'élance, l'éducateur (placé dans son dos) indique aux défenseurs (placés dans les colonnes de droite et de gauche) lequel va aller "chasser" l'attaquant au moment où ce dernier démarre. L'attaquant doit alors prendre l'information et adapter sa conduite (entrer dans la porte par la gauche pour faire opposition de son corps au défenseur arrivant par la gauche; et inversement). Dès que l'attaquant pénètre dans la surface (1 point), il devient inattaquable. S'il marque (2 touches maxi une fois franchie la ligne des 16m50) = 3 points. Tacle par derrière interdit ! Séquence 5 : ne garder qu'un ballon pour deux. Après le demi-tour, réaliser une passe au joueur en attente, lequel choisit de se placer sur une des deux coupelles de départ (recherche du contact visuel et adaptation). SITUATION 3 : MAÎTRISE COLLECTIVE, PRISE D'ESPACE ET TRANSITION (SENS DE JEU) 6 contre 6 + 2 gardiens sur un terrain plus long que large (50x35m environ). Deux portes centrales (10 mètres de largeur). 2 jokers jouent avec l'équipe qui a le ballon. Chaque équipe a pour objectif de conserver et de progresser (du camp A vers le camp B et inversement). Pour cela, l'équipe doit franchir une des deux portes en conduite de balle. Le passage d'un camp à un autre vaut 1 point. L'équipe qui défend a pour objectif d'empêcher ce passage dans la porte, de récupérer le ballon pour attaquer un des deux buts au choix (transition-choix). Si un but est marqué (1 point), on change le rôle entre les deux équipes. Recommandations pour l'entraînement Aller vers une progressivité : - Sans opposition en variant les directions : libres, imposées (objectif de perturber la conduite et la maîtrise du ballon), tout en ajoutant des obstacles. - Sans opposition en insistant plus sur la vitesse, la différenciation du rythme, tout en gardant le contrôle du ballon. - En compétition pour lier vitesse et enjeu. - Présence d’un adversaire qui ajoute une contrainte. - Présence d’un adversaire et d’un partenaire (choix entre jouer seul ou à deux). Orienter les jeux pour faire ressortir ce thème de la conduite. Exemple : jouer obligatoirement vers l‘avant, alternance jeu libre / 1 touche, jeu 2 touches (zone défensive) / libre (zone offensive). Remarque : demander au joueur de mettre les mains dans le dos, puis de jouer avec les bras "libres" pour lui faire "ressentir" deux points importants : rôle de la jambe d’appui dans les changements de direction (latéralisation), et rôle des bras dans l’équilibre dynamique. 45 SANTÉ Vacances : remettez ■ Par Christophe GEOFFROY, kinésithérapeute de l'équipe de France. Plus crédible devant ses joueurs. Après plusieurs mois voire plusieurs années d'inactivité, vous avez l'intention de profiter de la trêve estivale pour reprendre le sport. Affiner votre silhouette, renforcer votre organisme, afficher un profil plus dynamique à la reprise… les motivations sont multiples. Les recommandations aussi. Car il n'est pas question de faire n'importe quoi n'importe quand, ni n'importe comment. Suivez le guide. our toute reprise, le conseil est le même : écoutez-vous ! Pendant des mois, des années peut-être, votre corps a fonctionné au ralenti : pourquoi vouloir du jour au lendemain gravir des montagnes, courir ou pédaler à des allures infernales ? Prenez le temps de préparer votre corps sans brûler les étapes. Gérer son corps, c'est durer. N'oubliez pas qu'il s'agit du plus bel outil que vous possédiez ! Et, à l’instar d’une voiture restée trop longtemps au garage, le démarrage peut se révéler difficile, voire dangereux, s’il est trop brutal et/ou si votre condition physique s’est détériorée. Une remise à niveau est donc nécessaire pour ne pas dire obligatoire : elle participera à votre bien-être, votre épanouissement physique et mental, tout en réduisant les risques de maladie. Pour ce faire, il vous faudra vous astreindre à un programme qui doit tenir compte des besoins de votre organisme : ‰ Le développement de votre moteur : ce sont les grandes fonctions qui vous font vivre. ‰ L’entretien de votre carrosserie : les os, les muscles, les articulations et les tendons. Ils représentent votre "charpente" et doivent à ce titre être forts, stables et souples à la fois. ‰ L’utilisation d’un "bon" carburant : pour bien fonctionner, vous ne pouvez pas manger ni boire n’importe quoi et/ou avec excès. ‰ La détente et le repos : ils permettront de compenser les efforts produits. P Mais avant d'établir ce programme (voir par ailleurs), réalisez un bilan de santé complet avec votre médecin traitant (celui qui vous connaît le mieux) ou avec un médecin du sport (celui qui connaît le mieux votre spécialité). Cette précaution est indispensable ! Lorsque cette visite a été effectuée 46 pour garder la métaphore automobile - il vous faudra établir un contrôle technique ! Rapprochez-vous de votre kinésithérapeute, d’un coach-santé ou de toute personne qui soit en mesure de vous guider. À ce stade, il convient en effet d’évaluer la qualité de votre moteur, l’état de votre carrosserie, de savoir ce que vous utilisez comme carburant et comment vous gérez votre véhicule au quotidien. La suite ? Familiarisez votre corps aux différents types d’activités que vous allez pratiquer, la course à pied ou le vélo, le renforcement musculaire, les assouplissements… Sans oublier, indépendamment de vos exercices ou de votre entraînement, de modifier vos habitudes de vie ! Marchez davantage, refusez l’ascenseur pour gravir les étages et utilisez le vélo pour vous déplacer. Avant de suivre un programme avec assiduité, rappelez-vous que la clé est de réapprendre à produire des efforts. ■ Extrait du livre "Coachez votre corps", Éditions GEOFFROY (www.editiongeoffroy.fr) N’UTILISEZ PAS N’IMPORTE QUEL CARBURANT ! Soyez exigeant dans le choix des produits alimentaires que vous consommez. Personnalisez votre alimentation en tenant compte de votre âge et de votre tolérance à certains mets. Adaptez-la en fonction de vos activités journalières. Apprenez la valeur de chaque aliment. Gardez toujours à l'esprit que pour perdre du poids, il ne faut pas forcément manger moins, mais manger mieux ! Il apparaît donc nécessaire de vous renseigner sur la valeur des aliments afin d'opérer les bons choix. Avec une solution pour perdre des kilos : puiser dans la masse grasse l’énergie nécessaire au bon fonctionnement de l’organisme, tout en maintenant intacte la masse maigre (les muscles), consommatrice d’énergie. Les repas proposés ci-dessous excluent les aliments qui apportente de l'énergie, à savoir les sucres. ces menus permettent d'entretenir la masse maigre (les muscles) et de dégrader votre masse grasse. Mais attention, ils sont intéressants en cas d'inactivité. Le jour où vous avez programmé un entraînement, incorporez alors des aliments énergétiques (pates, riz, semoules...). VOTRE JOURNÉE TYPE Petit-déjeuner : 1 œuf et 1 tranche de jambon, thé vert sans sucre ou 2 œufs brouillés, café sans sucre. Midi : Salade avec crevettes, laitue, concombre, cabillaud poché au citron, courgettes. Dîner : velouté d’endives aux lamelles de jambon, escalope de veau aux champignons, salade. En-cas : si vous avez un petit creux dans la journée, privilégiez les aliments à index glycémique bas : 2 tranches de jambon, 1 yaourt, du fromage blanc ou une pomme, des radis… -vous au sport ! APPRENDRE ET AGIR ! RELANCEZ VOTRE MOTEUR En maintenant longtemps une activité d’intensité faible à modérée, vous développerez votre endurance, consommatrice de graisse, également appelée "travail aérobie". Le tout associé à des exercices de tonification musculaire. L’énergie dont votre organisme à besoin pour bouger, marcher, rouler à vélo… provient de différentes filières. Celles-ci sont recrutées en fonction de l’intensité de l’effort et de sa durée. Les efforts longs (dans la durée) et à intensité modérée mobilisent les réserves lipidiques, alors que les exercices intenses et courts brûlent surtout les glucides. Ainsi, la pratique de la course à pied ou du vélo sont des activités idéales pour lutter contre l’embonpoint et se remettre "en selle". Elles doivent impérativement être effectuées en aisance respiratoire, c'est-à-dire être capable de parler tout en marchant, courant ou roulant. Retenez que l’activité physique doit, dans tous les cas, être associée au réglage alimentaire. Voici un exemple de programme (3 séances/semaine) : EN PRATIQUE Effectuer chaque exercice une fois (de chaque côté s’il y a lieu) puis passez au suivant…Réalisez 3 fois ce circuit pour commencer puis 5 fois (cela vous fait une séance de 15 minutes) Exercice 1 - 20 secondes Pointez le bassin vers le haut - Poussez bien sur les pieds et les talons pour décoller les fesses - Les bras écartés permettent de stabiliser la position Exercice 2 - 20 secondes de chaque côté Bien en appui sur le côté - Fléchissez la jambe qui est sur le sol à 90° afin d’éviter l’hyperlordose Amenez la jambe supérieure au-dessus de l’horizontale. Exercice 3 - 20 secondes Poussez sur les pieds - Les coudes restent en appui sur le sol - La tête est décollée du sol, mais reste étirée. Exercice 4 20 secondes chaque côté *Allure 1 = totale aisance respiratoire. ENTRETENEZ VOTRE CARROSSERIE Cette préparation ne doit pas se réduire à un travail de renforcement, mais intégrer également des sollicitations – dans le sens de l’allongement (assouplissement) – et stimuler les nombreux récepteurs responsables de l’équilibre (proprioception). Pour le travail musculaire, nous utiliserons des exercices globaux qui s’appliquent à l’ensemble du corps. Le renforcement musculaire comprenant des exercices sans charge ou avec charges légères peut être assimilé à un travail en endurance général s’il est effectué sous la forme d’un circuit training. En effet l’enchaînement des exercices sans période de repos correspond à un travail en endurance. Nous obtiendrons une double action à savoir une tonification musculaire et une utilisation des graisses. Ce travail ne demande pas de matériel particulier et par conséquent il peut être effectué partout, à la maison, dans une salle de sport ! Bien en appui sur l’avant-bras et sur les genoux qui sont fléchis - Le corps doit rester aligné. Exercice 5 - 20 secondes chaque côté Bien en appui sur les mains - La jambe doit être tendue dans l’alignement du corps Mon conseil Pour éviter la monotonie, varier vos séances d’entraînement : associer dans une même séance, 20 ou 30 minutes de course à pied suivies d’un circuit training de 4 exercices pendant 10 à 15 minutes. 47 PRÉSIDENTS 10 conseils pour bien ■ Par Chilina Hills,, formatrice, coach, et conférencière internationale, expert en communication et influence. Auteur de "Cultivez votre charisme" (ed. Eyrolles). Un must. Vous êtes plusieurs présidents, dirigeants ou même entraîneurs, à nous avoir demandé des conseils pour vous exprimer correctement en public. Il faut dire que dans une association, les occasions ne manquent pas (assemblée générale, comité directeur, formation interne, réunion technique...). Et nombreux sont ceux qui perdent leurs moyens à l'idée de devoir prendre la parole devant un auditoire. Aussi, nous n'avons pas résisté à l'envie de vous resservir un article déjà publié dans nos colonnes, il y a bientôt 3 ans, et signé par l'une des plus grandes spécialistes mondiales de la question ! Un privilège que de lire les quelques lignes qui suivent... LA FORME "Seules, les paroles ont peu d'impact" Combien de fois ai-je vu des orateurs qui "s'exprimaient" très bien, avec de belles phrases, bien tournées, mais qui donnaient à tout le monde l'envie de dormir ou d'être ailleurs... Pourquoi ? Parce que, seules, les paroles ont peu d'impact. C'est la façon dont vous allez les dire qui va faire la différence. Que vous cherchiez à informer ou à convaincre, c'est la manière de vous exprimer qui donnera à votre public l'envie de vous écouter. C'est elle qui établira et maintiendra votre crédibilité. Cet impact sur le subconscient de votre auditoire est principalement lié non pas à ce que vous dîtes, mais à ce que vous faites : posture, gestes, expressions de votre visage, regard, ton de votre voix, volume, débit... Sans négliger le fond, c'est bien la forme, le non-verbal, qui déterminera le succès ou l'échec de votre intervention. 1/ LE DÉMARRAGE : "3 secondes pour établir votre crédibilité" "La première impression est toujours la 48 bonne, surtout quand elle est mauvaise" (Henri Jeanson). L'entame d'un discours est souvent bâclée. On n'est pas "chaud" et l'on démarre mollement. Hélas, c'est dès les trois premières secondes que votre public vous évalue, même inconsciemment. C'est pendant ces premiers instants que vous établissez ou non votre crédibilité. Alors faîtes comme les sportifs, échauffez-vous en coulisses. Comment ? Respirez profondément plusieurs fois, faites marcher vos muscles pour faire circuler le sang et vous oxygéner. Une fois "chaud", avancez vers votre public, ayez un geste d'ouverture (exemple : les bras ouverts vers l'avant, comme pour les accueillir), respirez, souriez, regardez l'assistance, et dîtes bonjour. Ayez l'air content d'être là et bien dans votre peau ! Une fois votre démarrage réussi, il vous faudra soigner les neuf points suivants pour maintenir à la fois votre crédibilité et l'attention de votre auditoire... 2/ LA POSTURE : "force et équilibre" Votre posture doit être droite, symétrique, les deux pieds légèrement écartés et bien campés dans le sol. Cela donne à votre public un sentiment d'équilibre et de solidité. Une posture asymétrique donne une impression de manque de confiance en soi, de recherche d'approbation, d'instabilité, de "pas sérieux"... Évitez par ailleurs de "danser" sur place, ou encore d'avancer et de reculer nerveusement. Ces attitudes ont malheureusement un effet déplorable sur votre auditoire. 3/ LES GESTES : "ponctuez ce que vous dîtes" Des gestes hauts, ouverts, à la fois amples et précis, accompagneront avantageusement vos paroles et leur donneront plus de poids et de vie. À l'inverse, une gestuelle basse, contenue, étriquée voire inexistante peut donner une impression de manque d'assurance. 4/ LE TON ET RYTHME DE LA VOIX : "attention au ron-ron..." Dans un discours, la plupart des gens parlent trop vite et de façon monocorde. Parfois même, ils lisent ou récitent du par coeur, sans faire de pauses... Il n'y a pas plus ennuyeux ! Variez le rythme. Si vous n'avez pas de micro, vous exprimer en public pensez à augmenter le volume de votre voix afin d'éviter à votre public de devoir tendre l'oreille pour vous entendre... Ralentissez, articulez (le manque d'articulation est perçu inconsciemment comme un manque de respect) et surtout, faîtes des pauses. N'ayez pas peur du silence. Votre auditoire en a besoin pour mieux vous suivre. 5/ LES EXPRESSIONS FACIALES : "soyez humains !" Sous le prétexte d'être sérieux, ne prenez pas un air sinistre... Votre visage, comme votre gestuelle, doit accompagner ce que vous dîtes. Il doit être vivant, il doit faire passer votre humanité (trop d'orateurs ressemblent hélas à des zombies...). Le public n'est pas une "chose". C'est avant tout des gens comme vous, qui ont envie de voir un être humain qui leur ressemble, avec qui ils peuvent ressentir un sentiment de complicité ou de connivence. 6/ LE REGARD : "un lien direct entre eux et vous" "Les yeux sont le miroir de l'âme" : votre regard est le lien suprême entre vous et votre public. Évitez de regarder vos pieds ou la moquette. Les gens auront l'impression que vous fermez les yeux ! D'une façon générale, ne regardez rien d'autre que votre public, car dès qu'il n'y a plus de regard, le lien est rompu. Si toutefois vous devez regarder vos notes, profitez de ce moment pour faire une pause. Taisez-vous, regardez vos notes en silence, et avant de reparler, reconnectez-vous avec votre auditoire par le regard. Regarder veut dire les regarder vraiment (ne "balayez" pas). Restez assez longtemps sur chaque personne pour qu'elle se sente vraiment regardée, mais pas trop longtemps pour éviter qu'elle ne se sente fixée. Si votre public est conséquent, divisez le mentalement en trois sections, et regardez chaque section tour à tour de la même façon que si vous regarderiez des personnes. retrouver face au silence. Le résultat, c'est qu'ils finissement généralement "en eau de boudin", avec une voix qui devient de moins en moins audible, le regard fuyant, le geste fermé... Bref, il vous faut finir avec autant d'impact que lorsque vous démarrez : avec dynamisme, un ton soutenu, le regard sur votre public. Lorsque vous avez terminé, faites une courte pause, puis un geste d'ouverture avec un "merci" franc et souriant qui fera comprendre à votre public que vous avez terminé. LE FOND "Et le contenu alors ?" Il ne compte pas ? Mais si bien sûr ! Le contenu est, bien entendu, ce qu'il y a de plus important. Il faut le préparer soigneusement, ne pas foncer tête baissée. Comme disait Churchill : "un discours improvisé a été réécrit trois fois"... MAIS, sans l'accompagnement crucial des 7 premiers points cidessus, votre contenu n'aura que très peu, voire aucun impact. Néanmoins, assurezvous qu'il tient la route, car à partir du moment où vous avez capté l'attention et l'intérêt de votre auditoire, soyez certains qu'ils vont VRAIMENT écouter ce que vous avez à dire ! Voici quelques pistes pour réussir votre contenu. 8/ VOTRE PUBLIC : "qui est-il ?" Essayez de vous mettre "dans les chaussures" de votre public. Vous ne parlerez pas de la même façon à des éducateurs de football par exemple, qu'à des concessionnaires automobiles... Quelles sont leurs préoccupations, leurs besoins, qu'est-ce qui est important pour eux ? En quoi ce que vous avez à leur dire ou à leur proposer peut-il répondre à leurs attentes ? En d'autres termes, les arguments que vous leur donnerez devront être présentés de façon à les toucher là où ils se reconnaissent immédiatement dans ce que vous dîtes, là où cela parle à ce qui est vraiment important pour eux. 7/ LA CLÔTURE : "quand c'est fini, c'est fini !" 9/ L'ACCROCHE : "courte et forte" La plupart des orateurs ratent la clôture, comme s'ils avaient peur de finir et de se Après avoir dit bonjour, lancez-vous directement dans votre phrase d'accroche, en évi- tant à tout prix "je suis venu vous parler de bla bla bla..." qui dilue et affaiblit votre impact. Votre accroche doit avoir une relation directe avec votre contenu, et peut prendre la forme d'une citation, d'un évènement récent, d'une question, d'une information étonnante, d'une blague (attention à l'humour, bien que très puissant, il peut être très dangereux. Soyez sûr de l'effet, sinon faîtes autre chose). Dans tous les cas, l'accroche doit être courte (préparez-la et apprenez-la !). Comme doit l'être également votre phrase de clôture. Pour celle-ci, suivez les mêmes principes et/ou dîtes tout simplement à votre public ce que vous attendez d'eux maintenant (son soutien, ses idées, des actions particulières...). 10/ LE CORPS : "simplifiez, illustrez, répétez" Simplifiez : abandonnez tout ce qui n'est pas essentiel pour votre public. Trop d'informations minimisent l'impact et la compréhension. Utilisez des phrases courtes avec des mots simples. N'essayez pas d'impressionner votre auditoire avec des phrases longues et des mots compliqués. Illustrez : donnez des exemples de ce que vous avancez afin que votre public puisse "voir" et ressentir ce que vous dîtes. Par exemple, il vaut mieux dire , "j'ai perdu 2 kilos de muscle en arrêtant l'entraînement pendant un mois" plutôt que "le manque d'entraînement affaiblit". Répétez : n'hésitez pas à répéter les points importants pour les "graver" dans l'esprit de votre public, en utilisant les mêmes mots. N'utilisez pas de synonymes qui affaibliront la rétention. Par exemple, si je voulais graver les trois points ci-dessus, je dirais "souvenez-vous des trois points : simplifier, illustrer, répéter" puis, plus tard, je dirais à nouveau : "car, ces trois points : simplifier, illustrer, répéter....". Un dernier conseil : préférez une prestation courte à une prestation longue. Votre public vous en sera toujours reconnaissant ! Comme disait Churchill (encore lui) : "le contenu d'un discours doit être comme une jupe : assez long pour couvrir le sujet, mais assez court pour maintenir l'intérêt". ■ 49 TABLEAU NOIR "Une performance aussi tactique ! ■ Par Régis BROUARD, Ex-entraîneur de Quevilly (National), aujourd'hui à Clermont (Ligue 2). RÉCIT TACTIQUE. Le 20 mars dernier, l'US Quevilly accueillait l'Olympique de Marseille en quart de finale de la Coupe de France, devant 20 000 spectateurs au stade Michel d'Ornano, à Caen. La suite vous est racontée par le désormais ex-coach haut-normand…. près nos victoires aux tours précédents contre Angers et Orléans, le tirage de la Coupe de France nous avait réservé un morceau de choix avec l’Olympique de Marseille ! Le genre de tirage dont on rêve lorsqu'on est une équipe de National, tout en le redoutant eu égard à la qualité des adversaires. Avec l'OM, on entrait de plein pied dans la légende de la compétition (…) A >"Une équipe parvenant, dès la perte du ballon, à mettre beaucoup de pression et de densité pour le récupérer" (…) Lors des deux semaines qui ont précédé le match, j'ai vu Marseille jouer à trois reprises dans trois compétitions différentes. En championnat, en Champion’s League et en Coupe de la Ligue face au Red-Star. Bien qu’elle ait affiché à chaque fois des visages complètements différents, il ressortait que cette équipe phocéenne parvenait, dès la perte du ballon, à mettre beaucoup de pression et de densité afin de le récupérer rapidement. Une formation affichant beaucoup d’impact sur le plan athlétique, redoutable notamment sur les coups de pieds arrêtés offensifs. Toujours est-il qu'au gré de mes observations, un plan de jeu a commencé à se dessiner. Un plan de jeu que nous avons répété à base de situations cherchant à reproduire les spécificités de jeu marseillais (…) >"Interdiction de jouer court à la récupération, pour éliminer un maximum de joueurs sur un temps de jeu" (…) L’idée directrice était de sortir très rapidement de cette fameuse zone de densité. En d’autres termes, mes joueurs avaient "l’interdiction" de jouer court à la récupération ! Les consignes étaient donc d’effectuer une passe longue ou mi-longue, au sol le plus souvent, pour éliminer un maximum de joueurs sur un temps de jeu. Par ailleurs, les Marseillais s’appuyant beaucoup sur la montée de leurs arrières latéraux, notre volonté était de profiter de leur position haute pour jouer dans leur dos. J’avais remarqué en effet que lorsque c’était le cas, un des deux arrières centraux avait pour mission de couper les passes sur les côtés ou de "flotter" face aux attaquants se présentant dans ces zones pour dissuader voir ralentir leur progression. La conséquence immédiate étant que l’autre défenseur central demeurait seul dans l’axe… Ma conviction est que Didier Deschamps avait plus ou moins institutionnalisé cette animation défensive, car ses joueurs d’axe étaient très forts dans le duel. Notre intention était donc d'essayer de profiter de cet éventuel un contre un momentané face au but pour créer le danger. Naturellement, tout cela était plus facile Causerie : Michel-Ange et Ironman… (…) Je passe souvent beaucoup de temps à préparer mes causeries. Je crois que le message tient tout autant dans la forme que dans le fond. Aussi, il convient de trouver les mots les plus appropriés à la situation. Pour ce match contre l’OM, mon souhait était de faire toucher du doigt aux joueurs que chacun d’entre nous dispose de ressources auxquelles habituellement nous ne faisons pas appel, soit par paresse, soit par ignorance. Je voulais positionner le match au niveau du défi que représentait le fait de jouer contre une légende du football européen. Un défi à relever. En cherchant sur Internet, j’ai trouvé ce documentaire qui parlait de cet homme, père de famille, qui s’était lancé avec son fils handicapé en fauteuil dans un Ironman (plus long format 52 du triathlon, NDLR). Tout à la fois, une leçon majuscule d’amour, de courage et de dépassement de soi. Frissons garantis. A la vérité, on se sent minuscule face à ce genre d’homme. A la fin du reportage, les joueurs avaient les larmes aux yeux. Il n’y avait plus besoin de parler. Dans le vestiaire, je me suis contenté d’écrire cette phrase de MichelAnge en contrepoint à ce que les joueurs venaient de voir : "Notre plus grand danger n’est pas que notre but soit trop élevé et que nous le manquions, mais qu’il soit trop bas et que nous l’atteignions…". Ce qu’ont fait les joueurs ce jour là en allant au bout de leurs forces, en allant au bout de leur détermination, me laisse penser que le message avait trouvé une résonnance en eux ! mentale, mais à dire qu'à faire. Avoir des idées est une chose, les appliquer en est une autre. Pour y parvenir et battre cet adversaire, mes joueurs devaient avoir une projection claire de ce qu’il leur était demandé, collectivement et individuellement, tout en étant prêt à aller au-delà de qu’ils donnaient habituellement. A cet égard, les heures qui ont précédé la rencontre (voir par ailleurs, NDLR) ont été particulièrement décisives dans l’approche et la gestion de la rencontre (…) >"Le genre d’évènement, juste avant la pause, qui per- met au groupe de rentrer au vestiaire avec la conviction que l’exploit est réalisable…" (…) Puis le match a commencé. Dès le départ, j’ai senti que nous étions dans le vrai. Nous ressortions le ballon avant que le milieu de terrain marseillais ne parvienne à apporter cette fameuse densité. Mieux, à la sixième minute sur un coup franc lointain dans l’axe, Colinet, notre avant-centre, déviait de la tête pour Valero qui marquait du gauche sur une frappe placée ! Alors que nous avions la crainte, ô combien légitime, de leurs coups de pieds arrêtés, c'est nous qui marquions sur l’un des nôtres ! Cette ouverture du score a été salutaire dans le sens où elle a conforté notre plan de jeu. Sans compter que les Marseillais devait dorénavant se découvrir, nous libérant du même coup de l’espace entre les défenseurs et le gardien de but… En effet, ils poussaient, mais nous continuions à les perturber en mettant beaucoup d’agressivité sur le porteur du ballon. Le match de coupe dans toute sa splendeur ! A la 44e minute, nous avons frôlé la correctionnelle, mais Coulibaly, notre gardien, sortait une parade miraculeuse. Exactement le genre d’évènement, juste avant la mitemps, qui permet au groupe de rentrer au vestiaire avec la conviction que l’exploit est réalisable (…). >"Au moment de l'égalisa- tion marseillaise à la 85e minute, j'ai trouvé mes joueurs très forts" (…) Le quart d’heure de pause fut consacré essentiellement à calmer les joueurs et à marteler ce que nous avions convenu toute la semaine précédente. Ce qui avait marché en première mi-temps devait être reconduit en deuxième ! Durant cette seconde période justement, le nombre d'actions de but s’équilibrait de part et d’autre. Les Olympiens avaient plutôt la maî- trise du jeu, mais nous continuions à les gêner avec nos options de jeu. Nous parvenions même à nous procurer deux grosses situations de but, sans alourdir le score malheureusement. Puis la pression s’intensifiait, mais nous tenions… jusqu’à cinq minute du coup de sifflet final : l'OM égalisait par Loïc Remy sur une remise de la tête de Ayew. A ce moment-là, j'ai trouvé que mes joueurs étaient très forts. En dépit d’une déception légitime, ils ont su ne pas s’affoler et surtout ne pas s’écrouler. Je décidai alors d'effectuer deux changements afin de privilégier la vitesse (Ouahbi et Ayina, NDLR) en pensant que nous allions aller aux prolongations. Et en effet, tant bien que mal, nous sommes parvenus à la fin du temps réglementaire (…). >"111ème minute : l’exacte concrétisation de ce que nous avions travaillé !" (...) Durant la courte période avant que le match ne reprenne, j’ai senti que le groupe avait encore les ressources mentales et physiques nécessaires pour repartir au combat. Puis arrive cette 111ème minute : nous récupérons le ballon, éliminons quatre ou cinq adversaires sur une passe au sol dans le dos de l’arrière latéral gauche marseillais; le défenseur central veut couper, mais arrive trop tard; mon joueur côté droit délivre une merveille de centre dans l’axe où Ayina se retrouve en un contre un face au deuxième défenseur axial... Plus frais, plus véloce, il se donne de l'espace et trompe de près Bracigliano. Dans les faits, ce but représentait l’exacte concrétisation de ce que nous avions travaillé durant la semaine ! Quelque chose d’extraordinairement fort pour un coach. Mais quelque chose aussi de très fugace, puisque Marseille revenait une nouvelle fois au score, d a n s l a m i n u t e, s u r l a c o p i e conforme du premier but encaissé. Ensuite, il y a cette fameuse faute de main de Bracigliano, à la 119 ème minute. Sur un ballon aérien, il rate sa sortie, bafouille sa prise de balle et offre le but à Ayina qui pousse dans la cage vide pour son doublé. Une erreur individuelle du gardien certes, mais que nous avons provoqué je pense, en laissant les Olympiens dans l’incertitude tout du long de la partie. La suite ? L’arbitre siffle la fin du match… Place à la joie, à une liesse indescriptible et ce sentiment d’avoir réalisé une grande performance tant sur le plan mental, que sur le plan tactique ! ■ 53 FOOT D'ANIMATION 10 jeux ludiques pour U7-U9 ■ Sébastien JOSEPH, CDFA au district des Alpes. Nécessité de se renouveler. La fin de saison approche. Après huit mois d'activité hebdomadaire, il devient souvent difficile pour l'éducateur d'apporter du sang neuf dans ses contenus d'entraînement. Voici donc une batterie de 10 exercices à proposer à vos joueurs U7-U9 sur les deux derniers mois de la saison. EXERCICE 1 : LE TIR MULTI-BUTS Règles Objectifs L'équipe bleue doit aller chercher les ballons (avec le pied) se trouvant dans le carré, puis frapper dans une des 3 cages (avant la ligne) gardées par les rouges (possibilité de faire 4 cages si beaucoup de joueurs). Au bout de quelques minutes, on inverse les rôles. - Travail de conduite + enchaînement tir au but. - Marquer le plus de buts possible. Variantes - Interdit de frapper 2 fois de suite dans le même but. - Imposer les frappes des 2 pieds. EXERCICE 2 : LE LOUP DANS LA BERGERIE Règles 1 b a l l o n p a r j o u e u r. L e s rouges doivent conduire le ballon dans le périmètre délimité par les cônes. Au top, un loup (bleu) rentre sur le terrain et doit éliminer tous les rouges en un minimum de temps en sortant leur ballon du terrain. Les rouges possèdent une zone refuge dans laquelle ils n'ont pas le droit de rester plus de 4 secondes. Une fois que tous 54 les ballons ont été sortis, on change de chasseur. Objectifs - Conserver son ballon le plus longtemps possible sur le terrain. Variantes - Mettre 2 chasseurs. - Pas le droit d'avoir 2 joueurs en même temps dans la zone refuge. EXERCICE 3 : LE TIR MULTI-BUTS Règles les défenseurs toutes les 1 minute 30. Espace de jeu découpé en 9 carrés. Jeu à la main. Les bleus doivent conserver le ballon. Interdit d'être 2 dans le même carré (sauf les défenseurs). Les défenseurs (ici les rouges) marquent 1 point à chaque fois qu'ils récupèrent le ballon et qu'ils réussissent à se faire 1 passe, ou lorsque 2 attaquants se retrouvent dans un même carré. Changer Objectifs - Occuper de manière cohérente l'espace de jeu. - Se déplacer dans un carré libre approprié en fonction du ballon. Variantes - Jeu au pied, règles identiques. EXERCICE 4 : ÉPERVIER À DOUBLE SENS Règles Objectifs Former 2 équipes (1ère manche sans ballon) et placer 2 éperviers sur le terrain. Au top, les 2 équipes doivent traverser l'aire de jeu pour rejoindre l'autre camp sans se faire toucher par les 2 éperviers. Les 2 équipes partent en même temps et vont donc devoir se croiser. 1 point pour les éperviers par joueur touché ou sorti de l'aire de jeu. Les joueurs touchés ou qui sont sortis de l'aire de jeu sont remis en jeu à chaque traversé. Jouer sur 3 traversées.La paire d'éperviers la plus performante a gagné. - Traverser le terrain sans se faire toucher ni sortir des limites du terrain. - Lever la tête pour ne pas rentrer dans un partenaire arrivant en sens inverse. - Maîtriser son ballon. Variantes - Jeu au pied : les éperviers doivent sortir le ballon de l'aire de jeu pour marquer 1 point. - Possibilité de mettre des zones refuges (cerceaux) dans lesquelles les joueurs peuvent rester 4 secondes maximum. EXERCICE 5 : LE CHÂTEAU FORT Règles Amener le plus de ballons possible dans le château fort (carré central). Tous les joueurs partent ensemble. Les porteurs peuvent se réfugier dans un cerceau et devenir ainsi inattaquables (interdit d'y stationner plus de 5 secondes). Les 3 défenseurs doivent toucher les attaquants pour leur interdire l'accès au château. L'attaquant devra alors retourner derrière la ligne de départ pour se remettre en jeu. 1 point par ballon amené dans le château. Durée de la séquence : 1 minute. Objectifs - Notion de cible, d'adversaire. - Feinter, dribbler. - Psychomotricité. Variantes - Jouer à la main. - Jouer au pied. - Supprimer les refuges (cerceaux). - Possibilité de se faire des passes entre les attaquants (1 ballon pour 2 joueurs). 55 FOOT D'ANIMATION EXERCICE 6 : JEU DE L'HORLOGE Règles Objectifs Le joueur rouge doit prendre le ballon dans le cerceau puis faire le tour de l'horloge en conduite de balle, ramener le ballon dans le cerceau et venir taper dans la main de son collègue. Quand tous les joueurs rouges sont passés, ils disent "stop" et les bleus s'arrêtent alors de frapper au but. Pendant que les rouges passent, les bleus doivent en effet prendre le ballon dans le cerceau, faire le tour de la quille, frapper au but avant la ligne et revenir taper dans la main du collègue qui part à s o n t o u r. Q u a n d t o u s l e s rouges sont passés, on inverse les rôles. L'équipe qui a marqué le plus de buts a gagné. - Pour l'équipe rouge : conduire le plus rapidement et le plus correctement possible le ballon afin de laisser le minimum de temps aux bleus pour marquer. - Pour l'équipe bleue : marquer le plus de buts possible. Variantes - Mettre 2 chasseurs. - Pas le droit d'avoir 2 joueurs en même temps dans la zone refuge. EXERCICE 7 : ÉPERVIER AVEC PORTES 56 Règles Objectifs Première manche sans ballon. 2 éperviers sur le terrain. Au top, les rouges doivent traverser l'aire de jeu pour rejoindre l'autre camp sans se faire toucher par les 2 éperviers (bleus). 1 point pour les éperviers par joueur touché ou sorti de l'aire de jeu. Les joueurs touchés ou sortis de l'aire de jeu sont remis en jeu à chaque traversée. Jouer sur 3 traversées. La paire d'éperviers la plus performante a gagné. Contrainte : obligation pour les joueurs rouges de passer à travers 1 porte minimum avant de rejoindre l'autre camp. Avant chaque traversée, les éperviers partent de derrière la ligne. - Traverser le terrain sans se faire toucher ni sortir des limites du terrain. - Maîtriser son ballon Variantes - Faire passer dans 2 portes minimum. - Mettre des portes de couleur et demander aux joueurs de passer dans 2 portes de couleur différente. - Idem balle au pied : les éperviers doivent sortir le ballon de l'aire de jeu pour marquer 1 point. EXERCICE 8 : CHANGER DE CERCEAU Règles Variantes Au signal, les joueurs doivent changer de cerceau le plus rapidement possible. La première équipe en place marque 1 point. 1 seul joueur par cerceau (le 1er arrivé). La première manche se joue sans ballon. - Poser le pied dans un cerceau avant de se réfugier dans un autre. - Jeu avec ballon (conduite de balle). - Mettre des cerceaux de différentes couleurs et interdire à un joueur d'aller dans un cerceau de la même couleur que celui où il se trouve déjà. - Principe des chaises musicales : enlever un cerceau à chaque passage jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un. Objectifs - Conduite et maîtrise du ballon. - Prise d'information. - Vitesse-réaction. EXERCICE 9 : JEU DE LA CIBLE Règles Objectifs Comme au fléchette, une cible est dessinée au niveau du sol par des coupelles et le centre symbolisé par un cerceau. Le joueur dans le carré doit tirer son ballon au pied afin qu'il s'arrête le plus proche possible du centre de la cible. Plus un joueur est proche du centre, plus il marque de points pour son équipe. Faire jouer 2 ballons par joueur, prendre le meilleur des 2 essais, puis totaliser les points de tous les joueurs par équipe. - Précision. - Dosage. Variantes - Prendre le ballon à la main et le botter du coup de pied. Regarder là où le ballon atterit pour le comptage des points (travail de synchronisation et apprentissage du geste de la volée). EXERCICE 10 : REPRENDRE SA PLACE Règles Objectifs Chaque joueur est placé dans un cerceau. A l'appel de son numéro, le joueur démarre, fait le tour de la première quilleeffectue le parcours de motricité, contourne la deuxième quille et revient se placer dans son cerceau. La premier à être en place marque 1 point pour son équipe. Faire la première manche sans ballon. - Psychomotricité. - Conduite de balle. Variantes - Deuxième manche balle au pied. Le parcours de motricité se transforme en parcours technique (slalom). - Changer le parcours. 57 FUTSAL Blocages et semi blocages de la semelle ■ Par Cyrille JEHL, CTD du district du Haut-Rhin et référent futsal à la Ligue Alsace. Spécificité du futsal. Les blocages et semi blocages de la semelle font l’objet d’une attention toute particulière de la part des techniciens du football "indoor". Pourquoi les travailler, à quels moments, et de quelle manière ? Cyrille Jehl dresse l’inventaire. es blocages et semi blocages de la semelle font partie de la famille des contrôles et prises de balle. En cela, le futsal ne diffère pas du football en extérieur. Si ce n’est qu’ici, au premier contrôle raté, pas question d’évoquer un faux rebond ou une bourrasque de vent ! Les contrôles en salle sont moins soumis aux aléas. En contrepartie, un match de futsal se traduit par plus d'intensité et de densité. Cette proximité des joueurs autour du ballon fait que chaque contrôle s’effectue avec un ou plusieurs adversaires très proches. D’où l’intérêt d’un contrôle orienté et spécifique de la semelle. Les blocages et semi blocages de la semelle se révèlent ainsi les plus adaptés sur le parquet. Par "adaptés", il faut comprendre "efficaces". Si l’on aborde le problème sous un simple angle géométrique, la largeur et la superficie de la surface de contact apporte une sécurité plus grande par rapport à un contrôle effectué avec l’intérieur ou l’extérieur du pied par exemple. L >"Bloquer le ballon avant d’enchaîner tout en assurant une protection de balle optimale" Une autre raison tient dans le mode d’exécution du blocage. La réalisation technique du geste amène à placer la jambe d’appui entre le ballon et l’adversaire. C'est-à-dire que le choix du contrôle semelle induit qu’il y aura toujours le corps du joueur + la distance de la jambe tendue entre le ballon et le défenseur. Dans les faits, l’utilisation de la 60 semelle va dont permettre de bloquer le ballon avant d’enchaîner, tout en assurant une protection de balle optimale. Cette assurance technique va avoir une répercussion immédiate dans la lecture du jeu. On comprend aisément qu’une fois le ballon maîtrisé, le joueur traitera plus efficacement les informations périphériques. Or, on touche ici à l’essence même d’une pratique nécessitant de prendre en permanence des informations afin de coordonner des déplacements très précis et d’assurer des enchainements collectifs de qualité.Tout cela pour dire qu’il ne s’agit pas d’un hasard si tous les joueurs des nations dominantes en matière de futsal, utilisent le contrôle de la semelle ! >"Un cycle spécifique "contrôles et prises de balle" avec un volet blocage et semi blocage de la semelle durant 3 semaines en début de saison" En ce qui concerne maintenant la méthodo- l o g i e d e t ra v a i l , e l l e t i e n t compte des caractéristiques de notre discipline.Ainsi, je privilégie un travail général où tous les joueurs au poste, qu’ils soient défensifs ou offensifs, réalisent les mêmes exercices. Les défenseurs sont en effet souvent appelés à se retrouver devant la cage adverse tandis que les attaquants se replient fréquemment devant leur but. Chez les jeunes, je planifie un cycle spécifique "contrôles et prises de balle" avec un volet blocage et semi blocage de la semelle durant 3 semaines en début de saison afin d’en assurer l’acquisition pour le restant de l’année. Pour les seniors, je ne mets pas vraiment de cycle en place, puisque ce travail est intégré à chaque séance dans le perfectionnement de tous les thèmes tactiques ou même techniques, comme celui des passes, des tirs etc… Dans tous les cas de figure, il convient de travailler les blocages et semi blocages dans toutes ses composantes. Pour ce faire, la méthode GAG (Global-Analytique-Global) est sans doute la plus pertinente. Elle consiste à partir du jeu ou de situations jouées (global), puis à passer par la mise en place d’exercices techniques et analytiques visant à assurer de la répétition avant de repartir sur du jeu global. Le travail analytique se décline fréquemment avec 1 ballon pour 2, 3 ou 4 sur les principes de "passe et suit" ou "passe et va". Cependant quelque soient les pistes de travail envisagées, elles devront prendre en compte une évidence : aujourd’hui, pas un seul joueur de futsal ne peut postuler à l’excellence sans une parfaite maîtrise des blocages et semi blocages de la semelle. ■ 4 exercices d'application SITUATION 1 : situation jouée 2 contre 2 face à face sur 3 terrains. Empêcher le ballon de sortir de son carré en le bloquant avec la semelle avant de le renvoyer dans le carré en face. Une passe maximum par camp autorisé. Evolution (exemple sur le terrain du milieu) : Point marqué si le ballon est bloqué par le gardien "mobile" situé derrière l’équipe adverse. SITUATION 3 : Situation offensive / blocage et semi blocage dos au but 2 ateliers identiques sur les 2 cages. 6 joueurs + 1 gardien par atelier. A passe dans la course de B qui contrôle vers l’avant. Décrochage du pivot P, qui reçoit la passe de B. Feinte de corps du Pivot, contrôle orienté semelle en rotation et tir au but. A passe en B, B passe en P, P va en A. SITUATION 2 : forme jouée 7 contre 7, 8 carrés de 4x4 mètres. Pour marquer 1 point il faut bloquer le ballon donné par un partenaire dans un des carrés. Interdiction de défendre dans les carrés et de toucher un adversaire ayant le ballon sous la semelle. Lorsqu’une équipe marque un point, elle conserve le ballon. Evolution : I d e m mais avec obligation de chercher un carré dans l’autre moitié de terrain après chaque point marqué. SITUATION 4 : jeu final 5 contre 5 (conditions de match) sur 4 zones. 3 contre 2 dans chaque moitié (gardien compris). Jeu libre. Un but ne peut être validé que si au préalable le ballon a été bloqué et conservé dans chaque carré. Le gardien peut être joint de manière illimitée. Autorisation de franchir la médiane en conduite ou sur une passe. Evolution : I d e m mais après une passe à un partenaire, le passeur doit libérer son carré et en occuper un autre (notions de jeu en mouvement et permutations). 61 Football francophone BELGIQUE Classement FIFA : les filles gagnent 3 places a FIFA a publié début juin le nouveau classement mondial FIFA/Coca-Cola. Les féminines belges pointent désormais en 30e position, soit une progression de 3 places. À noter que la France est 6è devant le Canada (7e) et la Suisse (26e). Les trois premières places sont toujours occupées, respectivement, par les USA, l'Allemagne et le Japon. L'Afghanistan (130e) ferme la marche. L L'aile francophone de l'URBSFA reconnue officiellement ! 'était dans l'air du temps… Après la création de la VFV (Voetbalfederatie Vlaanderen), c'est la Belgique francophone qui voit sa fédération voir le jour. L'ACFF (Association des Clubs Francophones de Football) est donc née. Son président, Gérard Linard, a affirmé que les 2 ME injectés "seront consacrés à la formation des joueurs, entraîneurs, arbitres, membres du conseil d'administration ainsi qu'aux bénévoles appartenant aux 800 clubs (environ 150 000 licenciés)". À noter que la première assemblée générale de l'ACFF s'est tenue le 20 juin. C Pas d'Euro pour les U19 Sélection : Wilmots assure l'intérim rosse désillusion pour la sélection belge U19. Tenus en échec 1-1 par l'Arménie, les joueurs de Marc Van Geersom ne participeront pas au prochain Euro de la catégorie organisé en Estonie. A G lors que le sélectionneur des Diables Rouges, Georges Leekens, avait annoncé courant mai, à la surprise générale, qu'il s'engageait pour trois saisons avec le FC Bruges, c'est Marc Wilmots, son adjoint en sélection, qui assure l'intérim en équipe nationale. SUISSE Camps d'été de Leyssin : plus que quelques places ! 56 ans qu'ils attendaient ça… oup de tonnerre sur la scène européenne. Le mois dernier, la sélection suisse a battu son homologue allemande 5-3 en match amical. Une victoire de prestige mais également historique pour les joueurs entraînés par… Ottmar Hitzfeld, l'ancien mentor du Bayern, puisque cela n'était pas arrivé à la nati depuis 56 ans et 18 confrontations avec le voisin allemand ! C 5 contre 5 en multi buts oici un jeu proposé par l'Association Suisse de Football, qui convient aussi bien au football de base qu'au football d'élite (en adaptant cependant l'aire de jeu et les critères techniques). V Organisation/règles : sur une double surface de réparation, 2 équipes de 5 joueurs (+ 1 gardien) s'affrontent. 1 but dans la grande cage = 1 point. 1 passe ou une conduite de balle dans l'une des 2 portes situées dans le camp adverse = 1 point. Les équipes sont organisées en 2-3. 62 'Association Cantonale Genevoise de Football organise deux semaines de camps dans le village de Leysin, du 16 au 21 juillet et du 23 au 28, pour les garçons de 10 à 15 ans. Des stages encadrés par des éducateurs diplômés de l'ASF. Renseignements sur : www.campfootacgf.ch/site/ L QUEBEC "Un projet familial et sportif emballant" CARNET DE BORD (épisode 1/12). Alfred PICCARIELLO vient de boucler sa 6è saison au FCO Firminy (DH), dans la Loire (42).Titulaire du DEF, le technicien s'apprête à changer de vie. Et pour cause, il vient de rejoindre l'Association de Soccer mineur de Saint-Georges, en qualité de directeur technique. Le début d'une aventure que vous pourrez suivre désormais tous les mois dans VESTIAIRES ! Vous êtes depuis quelques jours le Directeur Technique de l'Association de Soccer mineur de SaintGeorges. Comment êtesvous entré en contact avec le club ? Après avoir consulté quelques offres sur le site officiel de la Fédération de Soccer du Québec, j'ai envoyé un CV. Et on m'a répondu… Comment s'est déroulée la première rencontre ? Très bien. J'ai rencontré le président du club, Stéphane Morin, à Lyon. Nous avions déjà eu plusieurs échanges téléphoniques et échangé quelques mails, y compris avec le Directeur Général, Francis Giguère. Savez-vous pourquoi votre candidature a été retenue ? En tête de mon CV, j'avais inscrit trois mots : fédérateur-travailleurcompétiteur. Le président m'a dit que c'est le terme "fédérateur" qui l'avait incité à me répondre… Partir à l'étranger était un objectif ? Oui, et particulièrement au Québec. Une destination qui nous attirait, ma famille et moi, car partir là-bas est aussi un choix familial. Côté sportif, je sais que le soccer y est en plein développement, les clubs cherchent à optimiser leur encadrement. Et puis l'engouement pour ce sport est encore plus for t depuis que l'Impact Montréal a accédé à la MLS ! Av a n t d e v o u s e n g a g e r, vous êtes déjà allé sur place. Quelles furent vos impressions ? Avec ma femme et ma fille, nous y sommes allés à deux reprises. Une première fois au mois d'août de l'année dernière, où j'ai rencontré les membres du bureau, assisté au festival de soccer organisé par le club, suivi plusieurs entraînements et matchs et dirigé des "cliniques" comme ils disent (des séances, NDLR). Nous avons été très bien reçu.A tel point qu'au moment de remonter dans l'avion,notre décision était prise. nouées avec les différents responsables. Le club a un réel potentiel qui ne demande qu'à être exploité.C'est très emballant. Quelle sera votre mission exacte ?En plus de ma fonction de directeur technique, j'ai demandé à pouvoir entraîner l'équipe senior. J'aime coacher… Mais ma mission première est le développement technique du club. Instaurer un projet sportif qui favorise le jeu,et respecte la politique générale de l'entité. Quels sont les moyens mis Et la deuxième fois ? Nous y à votre disposition ? avons passé le Les décideurs se réveillon. L'idée "Un potentiel qui ne sont donnés les était aussi de voir à demande qu'à être moyens de franchir quoi ressemblait un un palier. Le direcexploité" hiver à - 25° à Saintt e u r g é n é ra l , l e Georges de Beauce… On a survécu directeur technique, l'adjoint du (rires) ! directeur technique,le chef arbitre et des éducateurs sont salariés ! Les Que retenez-vous des ren- structures et infrastructures du club c o n t r e s e f f e c t u é e s s u r sont en adéquation avec le projet : place ? J'ai apprécié la franchise 2 terrains synthétiques,4 terrains en avec laquelle m'a été présenté le pro- herbe, un gymnase, et le projet jet du club, et la qualité des relations d'avoir un terrain à 11 couvert ! Sur quoi allez-vous travailler en premier ? Je vais commencer par l'observation des matches et des entraînements. Je dois être le plus rapidement possible au contact des techniciens, leur apporter une aide sur le terrain, mais aussi me familiariser avec le soccer, y compr is son aspect administratif… Plus généralement, je dois m'imprégner des valeurs beauceronnes pour pouvoir dégager assez vite les grandes lignes du projet sportif à venir. La compétition, telle qu'elle est vécue en France, ne risque-t'elle pas de vous manquer ? L'approche du soccer au Québec est plus récréative...La compétition existe au Québec.Après, il est vrai que l'approche n'est pas la même, pour l'instant en tout cas. Ce qui m'a frappé lorsque j'y suis allé la première fois, et je leur en ai fait part, c'est le côté "naïf" dans le bon sens du ter me qu'ils ont dans l'approche de leur sport. Pour moi, il est essentiel de parvenir à conserver cet aspect afin d'éviter les dérives que la compétition engendre chez nous. Je reste un compétiteur, mais je suis convaincu que l'on peut aborder les choses différemment avec des enfants. Le football est un jeu collectif intelligent qui demande un apprentissage basé sur le long terme, où la compétition doit servir à valider ce que l'on a travaillé lors des entraînements. ■ DÉSORMAIS, RETROUVEZ CHAQUE MOIS LE "CARNET DE BORD" D'ALFRED PICCARIELLO. 63 LES OUTILS INDISPENSABLES de L’ÉDUCATEUR 10 €* BLOC-NOTES 5 €* BLOC-NOTES MATCHES ENTRAÎNEMENT 30 feuillets détachables pour préparer, suivre et analyser vos matches 90 feuillets détachables pour construire vos séances LES GUIDES 100 pages 100 pages 132 pages 16 €* 16 €* 8€ (Version numérique car rupture de stock) *FRAIS DE PORT INCLUS Pour passer commande, rendez-vous sur : www.vestiaires-magazine.com UN COACH, UN MATCH Allemagne – Pays-bas ■ Par François BLAQUART, 7 juillet 1974 (finale de la coupe du monde) Directeur Technique National. Il y a un match qui m’a plus particulièrement marqué que les autres, c'est la finale de la Coupe du Monde 1974 en Allemagne, opposant la RFA aux Pays bas. Et ce pour plusieurs raisons. La première tient au fait que j’avais 20 ans, et que je m’intéressais de plus en plus aux fonctions d’entraîneur… Ce Mondial représent a i t d o n c u n e fo r m i d a b l e opportunité de regarder et d’apprendre. Par ailleurs, il s'agit d'une époque qui correspond à l’arrivée des premières télés couleurs dans les foyers, et l’explosion des retransmissions des grands évènements sportifs. Il y a également le contexte de cette affiche.Avec, tout d'abord, deux icônes absolues face à face, Johann Cruyff contre Franz Beckenbauer. Deux hommes à la stature particulière qui, chacun à leur manière, notamment par leur façon de se comporter sur le terrain, avaient redéfini les profils de leurs postes respectifs.Au-delà de l’aspect individuel, il s’agissait aussi d’un choc entre deux nations dominatrices en Europe, représentées par l’Ajax d’Amsterdam et le Bayern Munich (NDLR : l’Ajax remporta l’équivalent de la ligue des champions en 1972, 73 et 74 tandis que les munichois l’emporteront en 1975-76 et 77). Enfin, rappelons que les Allemands jouaient la finale de "leur" coupe du monde, chez eux, face à des hollandais qui avaient surclassé la compétition jusqu’alors... "Deux visions du football qui se confrontaient" Depuis le début de l’épreuve, les oranges déclinaient à la perfection les convictions de jeu prônées par leur mentor, Rinus Michel. C'est ce qu’on avait coutume d’appeler le "football total", et qui se caractérisait par un jeu basé sur les permutations et le mouvement lors des phases offensives. Nous n'avions, par exemple, jamais vu jusqu'alors des arrières latéraux "manger" autant les lignes et participer aux actions ! Johann Cruyff, lui, dirigeait l’ensemble, endossant tout à la fois les rôles de buteur, de passeur, d’organisateur mais surtout celui de leader charismatique. De son côté, en plus de Beckenbauer, la sélection allemande pouvait compter sur la présence de grands joueurs tels que Sepp Maïer, le 66 g a rd i e n , m a i s a u s s i Vo g t s , Breitner, Hoeness, l’actuel président du Bayern, et bien sûr Gerd Muller, un avant centre exceptionnel qui convertissait en but les ballons les plus improbables. Plus généralement, au travers de ce match, c’était aussi deux visions du football qui se confrontaient. En ce qui me concerne, mon cœur balançait plutôt du côté des Néerlandais. Et ça avait ex t ra o rd i n a i re m e n t c o m mencé puisque à la deuxième minute, au terme d’une longue séquence de jeu, Cruyff obtenait un pénalty que Neeskens convertissait : 1-0 pour les Hollandais et les Allemands n’avaient pas encore touché le ballon ! "Aujourd’hui encore, je considère cette Coupe du Monde comme un point de repère important dans mon histoire personnelle" Ce sera d’ailleurs la seule fois que Cruyff aura une véritable emprise sur le jeu. Asphyxié par le marquage incessant de Berti Vogts, il ne parviendra plus à peser sur le jeu de son équipe. Privé de l’influence de leur meneur, les oranges ne sont plus jamais parvenus à emballer la rencontre, comme ils avaient l’habitude de le faire. Et les allemands ont fini par revenir. D’abord sur un pénalty de Breitner (26e minute, NDLR).Avant de prendre l’avantage sur un but de Gerd Muller (43e minute, NDLR). La suite fut de moins bonne qualité. En raison surtout des Hollandais qui étaient vraisemblablement plus fatigués par l’accumulation des matchs que leurs adversaires. Au final, les allemands l’ont donc emporté et il n’y avait rien à redire sur ce match. Cette génération exceptionnelle méritait sa victoire.Aujourd’hui encore, je considère cette coupe du monde comme un point de repère important dans mon histoire personnelle, mais également dans l’histoire de la pratique du football. Dans les faits, l’édition 1974 marque une rupture avec le football tel qu’il était joué lors des précédentes compétitions internationales, pour basculer vers une conception plus moderne. Ou en tout cas, plus en phase avec ce qu’on en voit actuellement. Ce qui est certain, c'est que le jeu proposé par les Hollandais a grandement contribué à cette évolution. Et puis, j’avais 20 ans ! ■