Béton apparent coulé in situ : importance accordée à la qualité
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Béton apparent coulé in situ : importance accordée à la qualité
Ö Projets – études Les exigences qualitatives posées quant à l’aspect du béton apparent coulé in situ sont de plus en plus sévères. Ceci est principalement dû au fait que ce matériau constitue un élément architectural essentiel. La mise en œuvre d’ouvrages en béton apparent sur chantier n’est pas une sinécure. Les recommandations formulées lors de la journée d’étude organisée le 25 septembre 2007 par le GBB, Febelcem et le TI-KVIV [1] devraient permettre de réaliser des ouvrages répondant aux exigences. ? J. Desmyter, ir., chef du département ‘Géotechnique, Structures et Développement Durable’, CSTC N. Cauberg, ir., chef de projet, laboratoire ‘Structures’, CSTC J. Piérard, ir., chef de projet, laboratoire ‘Technologie du béton’, CSTC 1 Concertation, un maître-mot Il convient avant tout que l’ensemble des partenaires d’un projet soient informés des potentialités du béton apparent coulé sur place et des éventuelles difficultés que l’on peut rencontrer lors de son utilisation. Il est donc important que les maîtres d’ouvrage et les auteurs de projets définissent au préalable et le mieux possible leurs attentes dans les cahiers des charges et dans les plans. Béton apparent coulé in situ : importance accordée à la qualité De plus, les divers partenaires à l’acte de construire doivent faire preuve d’une certaine flexibilité. Ils doivent ainsi prendre en compte le fait que certaines propositions architecturales seront très difficilement réalisables dans la pratique et devront être modifiées en cours de construction en fonction des moyens financiers et techniques. La centrale à béton doit, quant à elle, prendre une série de précautions visant à garantir la qualité de la formulation du béton (aspect, couleur, …). Dans ce contexte, la constitution d’un stock suffisamment important de composants et le contrôle minutieux de la stabilité du rapport E/C s’avèrent indispensables. Il est en outre fortement conseillé d’organiser l’une ou l’autre réunion de concertation avant le commencement des travaux et de réaliser quelques éléments en grandeur réelle en guise d’essai. Il va de soi que la teneur de cette concertation dépend de l’ampleur et de la complexité des travaux. 2Un coût à ne pas négliger Les ouvrages en béton apparent sont plus coûteux que ceux en béton traditionnel. L’entrepreneur et le fournisseur de béton doivent en effet souvent prendre des mesures particulières visant à garantir la qualité des surfaces. De plus, la complexité du projet entraîne généralement un coût plus élevé. Le cahier des charges doit dès lors impérativement comporter une description complète des exigences posées afin de déterminer le coût des travaux et d’éviter que des discussions aient lieu une fois les travaux achevés. Photo : Marcel van Kerckhoven, Tilburg. Fig. 1 Une fois réalisés, les ouvrages en béton apparent présentent souvent un aspect surprenant. Si la loi l’autorise, il peut également s’avérer utile d’organiser, avant l’offre de prix, une réunion de concertation entre les parties exécutantes (potentielles) afin d’éviter d’éventuels malentendus (en ce qui concerne la faisabilité du projet, p. ex.). 3Des spécifications techniques claires Contrairement aux Pays-Bas, à l’Allemagne et au Luxembourg, notre pays ne dispose ni de normes techniques ni de directives spécifiquement centrées sur la réalisation in situ d’ouvrages en béton apparent. Les prescriptions techniques PTV 21-601 [9], auxquelles il est habituellement fait référence, ne concernent effectivement que les éléments architectoniques et industriels préfabriqués en béton décoratif, dont la qualité des surfaces est plus facile à garantir (cf. figure 2, p. 2). Par contre, sur le chantier, il faut faire face aux intempéries et, bien souvent, à des situations imprévues. 3.1 Spécifications européennes Bien que les documents normatifs européens reconnaissent l’importance d’une spécification correcte et détaillée, ils ne proposent que peu de directives pratiques. Le § 5.6 de la norme NBN ENV 13670-1 [2] stipule uniquement que, dans le cas où l’on désire un fini de surface particulier, cela doit être mentionné dans les spécifications du projet et qu’il est possible de se servir d’échantillons en béton de dimensions adéquates pour en évaluer la qualité (1). Une note d’information ajoute encore que le fini de surface est également déterminé par le type de coffrage, le type de béton (granulats, ciment, additions, adjuvants), l’exécution et la protection apportée lors des travaux ultérieurs (2). (1) Le texte original en anglais est le suivant : “If special finishes are required, these shall be stated in the project specification. Trial concrete panels of suitable size may be specified as a basis for approving the surface quality”. (2) Le texte original en anglais est le suivant : “Surface finish depends on the type of formwork, concrete (aggregates, cement, addition, admixtures), execution and protection during the subsequent construction”. Les Dossiers du CSTC – N° 4/2007 – Cahier n° 4 – page 1 Ö Projets – études Tableau 1 Classification des surfaces de béton, selon l’édition 2008 du projet de norme prEN 13670 [4] (traduction libre du tableau F.4). Surfaces coffrées Type Photo : Marcel van Kerckhoven, Tilburg. Le projet de norme européenne prEN 13670 (du moins les versions de 2007 et de 2008) [4], qui remplacera à terme la norme NBN ENV 13670-1 [2], traite de cette problématique de manière plus approfondie. Tandis que la partie normative du projet souligne l’importance de spécifications techniques claires pour le béton apparent, la partie informative (plus particulièrement l’Annexe F8) propose quelques directives pratiques : • aucune exigence ne peut être posée quant à l’uniformité ou aux nuances de teinte, à moins d’utiliser des matériaux colorés particuliers (3) • les parties doivent se mettre d’accord quant à la surface du coffrage, la présence éventuelle de bulles d’air ou d’irrégularités et l’acceptabilité des réparations. Le projet de norme définit en outre une classification des surfaces en béton (cf. tableau 1), qui peut aider dans un premier temps à rédiger le texte du cahier des charges. Par contre, en ce qui concerne les classes d’exigences quant à l’aspect des surfaces (c.-à-d. les classes pour lesquelles des éléments visibles sont demandés), le document européen ne fournit (pour l’instant) aucun véritable point de repère. Il reste en effet toujours à savoir quelles exigences sont réalisables d’un point de vue pratique et financier. 3.2 Spécifications chez nos voisins Comme déjà mentionné précédemment, il existe aux Pays-Bas, en Allemagne et au (3) Le texte original en anglais est le suivant : “No requirements for colour consistency or shade unless using special coloured materials”. Surfaces non coffrées Fig. 2 Les PTV 21-601 [9] ne concernent que les éléments architectoniques et industriels préfabriqués en béton décoratif. Domaine d’application Exemples Finition de base Surfaces ne devant répondre à aucune exigence Fondations Finition ordinaire Surfaces dont l’aspect n’a pas d’importance ou devant recevoir une finition Zones avec enduit ou dont la surface n’est pas visible (conduites internes ou gaines d’ascenseurs) Finition standard Surfaces dont l’aspect est important Zones vues occasionnellement et zones directement mises en peintures devant répondre à des exigences spécifiques Finition spéciale Surfaces devant répondre à des exigences esthétiques particulières Zones dont l’uniformité de la surface ou de la teinte revêt une importance Finition de base Surfaces uniformes à texture fermée réalisées par compactage et lissage manuel ou mécanique et qui ne nécessitent pas d’autres opérations Zones destinées à recevoir un enduit au plâtre ou une finition similaire Finition ordinaire Surfaces uniformes planes réalisées par talochage (à l’hélicoptère) ou par un procédé similaire Zones destinées à recevoir un plancher surélevé ou un autre revêtement de sol Finition standard Surfaces lisses à texture fermée réalisées par lissage à la truelle ou par un procédé similaire Entrepôts, usines et serres. Espaces de travail dont la seule finition consiste en une couche de peinture Finition spéciale Surfaces devant répondre à des exigences particulières en matière de finition ou de traitement Entrepôts dont le sol est exposé à un trafic lourd ou particulier Luxembourg, plusieurs normes ou directives techniques spécifiques à la mise en œuvre d’ouvrages en béton apparent coulé sur place. Alors que la classe B1 est jugée réalisable tant avec le béton prêt à l’emploi qu’avec le béton préfabriqué, la classe B2 ne l’est généralement La notice allemande ‘Merkblatt Sichtbeton’ [5] établit un lien évident entre les exigences du cahier des charges, la mise en œuvre et le coût. Ainsi, ce texte distingue 4 classes de béton apparent (de SB1 à SB4). Une indication du coût est donnée pour chacune d’elles (bas, moyen, élevé, très élevé). L’annexe de ce document propose également une série de tableaux exposant les directives de mise en œuvre pratique (homogénéité de la teinte, texture, planéité, joints, occlusions d’air, types de panneaux de coffrage, …). Nos voisins des Pays-Bas sont parvenus, quant à eux, à intégrer dans un seul et même tableau un ensemble complet d’exigences pour le béton apparent prêt à l’emploi et le béton décoratif préfabriqué (cf. tableau 2, p. 3). La classe A est issue de la norme néerlandaise NEN 6722 [8], tandis que les classes B1 et B2 sont basées sur la Recommandation n° 100 du CUR [3]. Les Dossiers du CSTC – N° 4/2007 – Cahier n° 4 – page 2 Fig. 3 Exemple de travaux en cours d’exécution. Ö Projets – études Tableau 2 Classes d’évaluation pour le béton apparent prêt à l’emploi et le béton décoratif préfabriqué, d’après la norme NEN 6722 [8] et la Recommandation n° 100 du CUR [3] – traduction libre. Objet Coffrage Forme des plaques ou des panneaux Surface de béton Mise en œuvre du béton Classe B2 (selon la Recommandation n° 100 du CUR [3]) Conformément aux spécifications du projet pour le béton apparent Joints entre panneaux ≤ 2 mm ≤ 1 mm Joints entre éléments ≤ 3 mm ≤ 2 mm ≤ 1 mm Dimension minimale des éléments de coffrage Non précisé Aucune exigence (si la forme des éléments n’est pas imposée) Conformément aux spécifications du projet Finition des trous de tirant Non précisé Conformément aux spécifications du projet Ebarbure au droit des joints ≤ 3 mm Fléchissement local mesurée avec la règle de 400 mm ≤ 1 mm Ecart local mesuré avec la règle de 400 mm ≤ 2 mm ≤ 2 mm ≤ 1 mm Planéité d’une grande surface mesurée avec la règle de 2000 mm ≤ 7 mm ≤ 5 mm ≤ 2 mm ≤ 2 mm ≤ 1 mm ≤ 1 mm Angles, profils, finition Appliquer des chanfreins Conformément aux spécifications du projet Teinte Aucune exigence particulière Selon les tolérances admises Tachage Imperfections Classe B1 (selon la Recommandation n° 100 du CUR [3]) Pas d’exigence particulière Variation de la teinte/nuance de gris Joints Classe A (selon la NEN 6722 [8]) Non précisé Ecarts de 2 gradations au maximum Non précisé Ecart de 1 gradation au maximum Inacceptable Bullage (local) ≤ 50 mm2/dm2 Non visible à 5 m et ≤ 50 mm²/dm² Non visible à 5 m et ≤ 20 mm²/dm² Bullage (général) ≤ 1500 mm2/m2 Non visible à 5 m et ≤ 1000 mm²/m² Non visible à 5 m et ≤ 300 mm²/m² Non précisé ≤ 50 mm2/dm2 Inacceptable Traînées de sable Aucune exigence particulière Au maximum 1 pour 10 m³ Inacceptables Traces de chaux Aucune exigence particulière Nids de gravier Inacceptables Trous de vis et de clous Non précisé Remplissage des raccords, joints et angles Non précisé Conformément aux spécifications du projet Empreinte des joints de reprise et des interruptions de coulée Aucune exigence particulière Inacceptable Empreinte des armatures, traces de rouille Aucune exigence esthétique Inacceptables Empreinte des cales en bois Aucune exigence esthétique pour les endroits marqués Inacceptable Empreinte des espaceurs Aucune exigence esthétique Inacceptable Empreinte des réparations Aucune exigence esthétique Acceptable si l’écart de gris local et la différence de salissure par rapport au béton environnant de dépasse pas 1 écart de gradation, et si la surface est aussi plane que celle du béton environnant n’ayant pas subi de réparations Fissures Non précisé Au maximum 0,1 mm Variation de la largeur du joint perpendiculairement à la surface Non précisé Tolérance de 25 % maximum Variation de la largeur du joint parallèlement à la surface Non précisé Tolérance de 30 % maximum Au moins 95 % 100 % Les Dossiers du CSTC – N° 4/2007 – Cahier n° 4 – page 3 Ö Projets – études qu’avec le béton préfabriqué et ce, en raison du fait que les écarts tolérés dans ce cas sont beaucoup plus réduits. Le cahier des charges type luxembourgeois CDC-BET [7] stipule, quant à lui, que le donneur d’ordre doit au préalable définir clairement les critères d’évaluation des éléments en béton dont l’aspect est jugé important. Ces critères figurent dans le tableau 3. A noter que le document fait une distinction entre les écarts qui, d’un point de vue technique, ne peuvent pas être évités, ceux qui peuvent l’être partiellement et ceux qui peuvent l’être totalement, à condition de prendre certaines mesures techniques. L’annexe A du cahier des charges type CDCBET décrit la classification adoptée pour chaque critère de base. Les valeurs mentionnées doivent être considérées comme des maximas à ne pas dépasser. Toutefois, le cahier des charges type ne traite quasiment pas des mesures devant être prises durant l’exécution des travaux. Tableau 3 Critères d’évaluation des éléments en béton, d’après le cahier des charges type luxembourgeois CDC-BET [7]. Critère Texture T1 T2 T3 – Bullage P1 P2 P3 P4 Homogénéité de teinte TE1 TE2 TE3 – Tolérance de forme F1 F2 F3 – Joints de reprise J1 J2 J3 J4 Tableau 4 Exigences relatives à la texture, d’après le cahier des charges type luxembourgeois CDC-BET [7]. Classe En comparant les exigences du tableau 5 aux exigences belges des PTV 21-601 [9], nous constatons qu’avec la classe P4, relative au bullage, la qualité du béton se rapproche de celle du béton décoratif préfabriqué de qualité industrielle. Le tableau 6 (p. 5) présente les exigences du cahier des charges type CDC-BET en ce qui concerne l’homogénéité de la teinte (également empruntées au rapport CIB n° 24). Ces exigences sont comparables à celles qui sont d’application dans notre pays pour le béton décoratif préfabriqué de qualité architectonique ou industrielle (PTV 21-601). Ces exigences étant assez sévères, l’exécutant doit prendre un certain nombre de précautions particulières, tant pour fixer le prix que pour déterminer les modalités d’application. Exigences T1 - surface de béton fermée (peau de ciment) et homogène dans son ensemble - perte de laitance ou de mortier fin (≤ 2 mm) dans les joints entre panneaux de coffrage acceptée jusqu’à 20 mm en largeur et 5 mm en profondeur - désaffleurement entre panneaux de coffrage accepté jusqu’à 5 mm - empreinte du cadre des panneaux de coffrage autorisée - empreinte d’éléments de compensation (p. ex. tôles, chevrons) autorisée T2 - surface de béton fermée (peau de ciment) et homogène dans son ensemble - perte de laitance ou de mortier fin (≤ 1 mm) dans les joints entre panneaux de coffrage acceptée jusqu’à 10 mm en largeur et 5 mm en profondeur - désaffleurement entre panneaux de coffrage accepté jusqu’à 5 mm - ébarbures au droit des joints acceptées jusqu’à 5 mm de hauteur - empreinte du cadre des panneaux de coffrage autorisée sous conditions et en fonction du plan de calepinage - empreinte d’éléments de compensation (p. ex. tôles, chevrons) autorisée sous conditions et en fonction du plan de calepinage T3 - surface de béton fermée (peau de ciment), lisse et homogène dans son ensemble - perte de laitance ou de mortier fin (≤ 1 mm) dans les joints entre panneaux de coffrage acceptée jusqu’à 3 mm en largeur - désaffleurement entre panneaux de coffrage accepté jusqu’à 3 mm - ébarbures au droit des joints limitées à un trait fin acceptées jusqu’à 2 mm de hauteur - des exigences complémentaires (p. ex. relatives aux empreintes des cadres et éléments de compensation, aux joints entre panneaux de coffrage et entre peaux de coffrage, aux spectres de fixation des peaux de coffrage) sont à spécifier dans le cahier particulier des charges et à détailler dans leur conception d’exécution Le tableau 4 présente les exigences posées par le cahier des charges CDC-BET en ce qui concerne la texture. Le tableau 5 reprend les exigences du même document pour ce qui est du bullage. Ces exigences sont basées sur le rapport CIB n° 24, lequel est une référence depuis déjà plus de 35 ans en ce qui concerne l’évaluation de l’aspect du béton apparent. Classes d’exigences par ordre croissant de la qualité demandée suivant l’annexe A Tableau 5 Exigences relatives au bullage, d’après le cahier des charges type luxembourgeois CDC-BET [7]. Classe Exigences P1 - fraction de surface constituée de bulles ouvertes de diamètre 2 mm < d < 15 mm : ≤ 3,0 % - niveau 5 de l’échelle de bullage La figure 4 (p. 5) représente le nuancier de gris du CIB. P2 - fraction de surface constituée de bulles ouvertes de diamètre 2 mm < d < 15 mm : ≤ 1,9 % - niveau 4 de l’échelle de bullage 3.3Adaptation P3 - fraction de surface constituée de bulles ouvertes de diamètre 2 mm < d < 15 mm : ≤ 0,6 % - niveau 3 de l’échelle de bullage P4 - fraction de surface constituée de bulles ouvertes de diamètre 2 mm < d < 15 mm : ≤ 0,3 % - niveau intermédiaire 2 (0,14 % de la surface) à 3 (0,58 % de la surface) de l’échelle de bullage au contexte belge Les normes européennes et autres directives précitées ne peuvent être adoptées ou entrer en vigueur qu’après avoir été confrontées à la pratique locale. La mise en place d’un cadre Les Dossiers du CSTC – N° 4/2007 – Cahier n° 4 – page 4 Ö Projets – études Tableau 6 Exigences relatives à l’homogénéité de teinte, d’après le cahier des charges type luxembourgeois CDC-BET [7]. Classe TE1 TE2 - variations de teinte claire/foncée suite à l’utilisation de béton confectionné avec des constituants de types ou d’origines diverses, de différents types de peaux de coffrage, d’éléments de compensation de nature différente de la peau de coffrage initiale, de la mise en œuvre de différents types de traitements préalables ainsi que d’une cure ou d’une protection inadéquate du béton non admises - salissures et souillures de rouille, visibilité nette des couches successives de coulées, variations de teinte d’origine technologique, constructive ou organisationnelle non admises - zones présentant des variations de teinte claire/foncée étendues et régulières acceptées. Ecarts admissibles : • ± 1 degré entre 2 zones adjacentes • ± 2 degrés entre 2 zones non adjacentes TE3 - variations de teinte claire/foncée suite à l’utilisation de béton confectionné avec des constituants de types ou d’origines diverses, de différents types de peaux de coffrage, d’éléments de compensation de nature différente de la peau de coffrage initiale, de la mise en œuvre de différents types de traitements préalables ainsi que d’une cure ou d’une protection inadéquate du béton non admises - salissures et souillures de rouille, visibilité nette des couches successives de coulées, variations de teinte d’origine technologique, constructive ou organisationnelle non admises - choix d’un agent de décoffrage spécifiquement adapté obligatoire - faibles variations de teinte claire/foncée admises (p. ex. légères auréoles). Ecarts admissibles : • ± 1 degré entre 2 zones adjacentes • ± 1 degré entre 2 zones non adjacentes Fig. 4 Nuancier de gris du CIB. référentiel clair visant à aider les partenaires à objectiver et à quantifier les attentes et exigences pourrait, dans ce contexte, ouvrir de nombreuses perspectives. L’une des conclusions importantes de la journée d’étude du 25 septembre 2007 [1] consistait à réclamer au plus vite un tel cadre référentiel pour la Belgique (sous forme de directive, p. ex.). Etant donné qu’une directive sur les spécifications du béton apparent ne peut s’envisager que si l’on aborde également la question de la mise en œuvre, le CSTC entend déployer une série d’initiatives visant à établir des recommandations pratiques et complémentaires dans ce domaine. 4Nécessité de poursuivre les recherches La mise en place de directives concrètes et réalisables peut se concevoir en tenant compte de l’expérience d’autres pays. La pratique a toutefois démontré qu’une mise en œuvre soignée ne suffit pas toujours pour atteindre le succès escompté. Une vaste étude bibliographique et des recherches expérimentales supplémentaires s’avèrent dès lors nécessaires. En effet, les connaissances que nous avons de certaines interactions, tel l’impact des méthodes de décoffrage sur la qualité des surfaces, ne sont jusqu’à présent pas suffisantes et quelques imprécisions existent encore quant à l’influence de certains facteurs environnementaux (température, humidité relative, humidité des granulats, …). De plus, il n’est pas rare que les résultats disponibles soient dépassés et fournissent trop peu d’informations sur les Exigences - variations de teinte claire/foncée acceptées - variations de teinte dues à l’utilisation d’éléments de compensation de matériaux différents acceptées - salissures et souillures de rouille non admises nouvelles méthodes et les nouveaux types de béton. d’autre part, les irrégularités de surface dues à la mise en œuvre. Il est donc toujours vivement conseillé d’effectuer des essais au préalable et de réaliser des échantillons afin de déterminer la compatibilité entre le coffrage, les méthodes de décoffrage, le béton et les éventuels adjuvants. La teinte du béton est déterminée tout d’abord par la couleur des constituants de base (ciment et sable), mais également par le rapport E/C, le coffrage, le compactage et la cure. Il convient dès lors de tout mettre en œuvre pour conserver une homogénéité et une uniformité maximales, aussi bien lors de la formulation que lors de la mise en œuvre et des traitements ultérieurs. 5 Importance de la qualité, de la documentation et de la formation L’introduction de la norme NBN ENV 13670-1 [2] en 2000 a eu pour conséquence d’accroître l’importance de la gestion de la qualité, de la documentation et de la formation. Ceci est certainement le cas pour la réalisation d’ouvrages en béton présentant des risques structurels ou environnementaux plus importants, et d’ouvrages en béton apparent. Une gestion interne de la qualité combinée à un contrôle externe rigoureux du donneur d’ordre fournit probablement les meilleurs résultats. Les irrégularités de la surface, quant à elles, sont principalement dues à la qualité du coffrage. Celui-ci doit être indéformable et ne peut subir aucun tassement (ou tout du moins très faible) ; il doit être étanche et correctement raccordé aux éléments existants ou fraîchement exécutés. D’un démontage aisé, il doit en outre être maintenu en bon état. Dans ce contexte, l’impact de la stabilité du mélange (c.-à-d. son homogénéité après la mise en place et le serrage) et l’influence de la vibration, du compactage et de la cure ne peuvent pas non plus être négligés. Les figures 5 et 6 (p. 6) basées sur le manuel ‘Schoon beton : veschijningsvormen en keuringscriteria’ [10] présentent sous forme schématique les principaux facteurs qui influencent d’une part, les variations de teinte et de gris et, L’absence déjà signalée de recommandations ou d’exigences concrètes en ce qui concerne l’exécution du béton apparent coulé in situ rend toute évaluation de la qualité relativement difficile. Les Dossiers du CSTC – N° 4/2007 – Cahier n° 4 – page 5 Ö Projets – études Fig. 5 Facteurs influençant l’homogénéité de la teinte et des nuances de gris [10]. Variations de teinte des constituants de base (ciment/sable fin) Formulation non homogène Différences de qualité du bois/du prétraitement Matériaux de coffrage différents Mauvais dosage des matériaux Influence des armatures (gros granulats) Influence du coffrage Défauts de la structure du bois Coffrage non étanche Variations des conditions de cure Taux d’humidité (temporaire) Exsudations de chaux Ségrégation du ciment et de l’eau Variations de teinte à grande échelle Variations de teinte entre les éléments de coffrage Variations de teintes locales Fig. 6 Facteurs influençant les irrégularités de la surface [10]. Mélange instable Temps de vibration Trop court Coffrage Trop long Coffrage non étanche Cure insuffisante Action chimique du bois/du produit de décoffrage Coffrage instable ou pas assez solide Ségrégation Ressuage Bois trop sec Tassements Nids de gravier Traînées de sable/d’eau Le tableau 7 (p. 7) emprunté au Merkblatt Sichtbeton [5], montre comment formuler les exigences d’exécution des spécifications du cahier des charges (en l’occurrence, en matière d’homogénéité de la teinte). Il va de soi que le montant de la facture pour le donneur d’ordre ou l’auteur de projet sera plus élevé lorsque les ouvrages doivent répondre aux exigences de la classe FT3 plutôt qu’à celles de la classe FT1. La formation des ouvriers joue, elle aussi, un rôle considérable. En effet, engager du personnel expérimenté favorise non seulement la Petits trous Décollement de la peau de ciment Poudroiement/poussière à la surface du béton Fissures de retrait productivité, le rendement et l’achèvement des travaux dans les délais, mais elle est également une garantie de qualité. Les ouvriers qui ont en charge la réalisation d’ouvrages en béton apparent doivent être dûment informés des facteurs qui déterminent la qualité finale. chiffre d’affaire plus important et une chute des coûts incontrôlables (dus à des réparations ou à des délais non respectés). Une fois le béton durci et décoffré, il est évidemment trop tard pour prendre d’autres mesures. De plus, les réparations sont généralement difficiles, voire impossibles à réaliser. Il est donc préférable de limiter au maximum le nombre de problèmes d’exécution. Le coût élevé qui en découle pourrait être compensé par une plus grande satisfaction du client, un Dans certains cas, des défauts apparaissent, et ce malgré les mesures prises lors de la conception et l’exécution. Pour pouvoir les évaluer, il est nécessaire de les situer dans un contexte général. Les Dossiers du CSTC – N° 4/2007 – Cahier n° 4 – page 6 6Evaluation des défauts La gêne engendrée ou non par les irrégularités dépend en effet fortement de l’importance du Ö Projets – études Tableau 7 Exigences relatives à l’exécution en fonction des spécifications du cahier des charges en matière d’homogénéité de la teinte [5] (traduction libre). Classe d’homogénéité de la teinte Exigences relatives à l’exécution FT1 Approche telle que prévue par la norme allemande DIN 1045 FT2 Même approche que pour la classe FT1, avec quelques exigences supplémentaires : - veiller à la compatibilité entre le type de béton, le produit de décoffrage et la peau de coffrage - veiller à l’homogénéité de la qualité et du prétraitement de la peau de coffrage - veiller à la propreté du coffrage et à la répartition uniforme du produit de décoffrage - éviter de modifier la formulation du béton ou la nature des constituants - ne pas utiliser d’eau de récupération ni de béton résiduel - effectuer le malaxage durant au moins 60 secondes - veiller à ce que la fourniture d’éléments de construction destinés à être rassemblés provienne d’un seul et même lieu de production - réaliser éventuellement quelques plaquettes d’essai FT3 Même approche que pour la classe FT2, avec quelques exigences supplémentaires : - tenir compte dans le planning des contraintes et retards dus aux conditions météorologiques - veiller à ce que la forme des éléments de construction et la densité d’armatures permettent un bétonnage aisé et approprié. Prévoir sur les plans des ouvertures à distances régulières pour le coulage du béton et sa vibration - prévoir la densité d’armatures et les ouvertures de coulage et de vibration de telle sorte que le coffrage et les armatures soient le moins possible en contact avec les aiguilles vibrantes - colmater les joints entre panneaux et entre éléments ainsi que les trous de tirants afin de prévenir toute perte de laitance. La manière de procéder doit être précisée par l’auteur de projet - veiller à ce que l’enrobage nominal atteigne au moins à 30 mm - éviter l’utilisation d’éléments de forme complexe. Les tirants doivent pouvoir être arrimés de manière uniforme - effectuer un contrôle de l’eau de rinçage à chaque chargement du malaxeur - réaliser plusieurs plaquettes d’essai - veiller à la stabilité du rapport E/C dans une marge de ± 0,02 ou à la stabilité de l’ouvrabilité a10 à ± 20 mm - construire un espace chauffé et fermé autour de l’élément de construction en guise de cure et de protection vis-à-vis des conditions climatiques projet. Le nombre d’imperfections peut, lui aussi, déterminer la nécessité ou non d’une intervention. Dans l’état actuel des connaissances, certains défauts sont difficiles voire impossibles à éviter. D’autres, par contre, sont imputables à une négligence ou à la difficulté de réalisation de l’élément. Les irrégularités doivent être examinées (de près comme de loin) en connaissance de cause. Pour de plus amples informations concernant les techniques de mesure et l’évaluation objective des variations de teinte (figure 7), le lecteur consultera l’Infofiche n° 25 [6]. 7 Conclusion La réalisation d’ouvrages en béton apparent coulé in situ exige des efforts particuliers de la part de tous les partenaires du projet. Ainsi, ils doivent être bien conscients des restrictions et des risques inhérents à ce type de béton. Dans certains cas, il peut être opportun de renoncer à ce choix et d’opter pour un béton architectonique préfabriqué. Le cas échéant, la conception constitue la plupart du temps un facteur déterminant. Fig. 7 Evaluation des nuances de teinte à l’aide du nuancier de gris du CIB. Si l’on choisit néanmoins de recourir au béton apparent coulé in situ, la réussite du projet ne sera généralement garantie que par la qualité des cahiers des charges et des plans, ainsi que par l’expertise et le savoir-faire du fournisseur de béton, de l’entrepreneur et de leurs collaborateurs. En ce qui concerne les enseignements de la journée d’étude du 25 septembre 2007 [1], le CSTC est en tout cas disposé à contribuer à la mise en place de directives relatives au béton apparent. Il déploiera en parallèle une série d’initiatives qui devraient déboucher sur des recommandations ou des prescriptions quant à la réalisation d’ouvrages en béton apparent coulé in situ. n i Informations utiles Cet article a été élaboré dans le cadre de l’Antenne Normes ‘Bétons, mortiers et granulats’ (soutenue par le NBN et le SPF ‘Economie’) et des Guidances technologiques ‘Bétons spéciaux’ (subsidiée par la DGTRE) et ‘Prestatiegerichte betonsoorten’ (subsidiée par l’IWT). Les Dossiers du CSTC – N° 4/2007 – Cahier n° 4 – page 7 Ö Projets – études t Bibliographie 1. Groupement belge du béton/Fédération belge du ciment/TI-KVIV Journée d’étude ‘Zichtbeton. Beheersing van de kwaliteit van het uiterlijk’. Malines (Centre de congrès et de patrimoine Lamot), BBG/Febelcem/TI-KVIV, 25 septembre 2007. 2. Bureau de Normalisation NBN ENV 13670-1 Exécution des ouvrages en béton. Partie 1 : Partie générale. Bruxelles, NBN, 2000. 3. Civieltechnisch Centrum Uitvoering Research en Regelgeving Schoon beton. Criteria voor de specificatie en beoordeling van betonoppervlakken. Gouda, CUR, Recommandations n° 100, 2004. 4. Comité européen de normalisation prEN 13670 Exécution des ouvrages en béton. Bruxelles, CEN, 2007/2008. 5. Deutscher Beton- und Bautechnik-Verein/Bundesverband der Deutschen Zement industrie Merkblatt Sichtbeton. Berlin/Cologne, DBV/BDZ, août 2004. 6. Mahieu E. Evaluation objective des variations de teinte. Bruxelles, CSTC, Infofiche, n° 25, décembre 2007. 7. Ministère des Travaux publics CDC-BET – Cahier des charges concernant les travaux de bétonnage (version 10). Luxembourg, MTP, janvier 2007. 8. Nederlands Normalisatie-instituut NEN 6722 Voorschriften beton. Uitvoering. Delft, NEN, 2002. 9. Organisme de gestion pour le contrôle des produits en béton PTV 21-601 Eléménts architectoniques et industriels préfabriqués en béton décoratif. Bruxelles, PROBETON, Prescriptions Techniques/Technische Voorschriften, 2001. 10. Vereniging Nederlandse Cementindustrie/Studievereniging Betontechnologie Schoon beton : verschijningsvormen en keuringscriteria. s’-Hertogenbosch/Gouda, VNC/Stutech, 1990. Les Dossiers du CSTC – N° 4/2007 – Cahier n° 4 – page 8