Untitled
Transcription
Untitled
L’être et le manger Les racines culinaires du Mexique 3 SOMMAIRE Il n’est pas d’homme au monde qui n’ait besoin de manger et de boire, puisqu’il a des intestins et un estomac. L’alimentation est un pilier essentiel dans l’édification de chaque culture. Manger transcende la fonction primaire qu’est le besoin de se nourrir pour devenir un acte empreint de significations multiples et profondes. Chaque civilisation a appris à reconnaître les aliments disponibles dans son environnement, à imaginer les diverses façons de les préparer, et elle en a fait des symboles culturels particuliers. Dans les mets, les hommes donnent forme à leur conception de la vie et développent des goûts qui leur sont propres et les différencient les uns des autres. Le maïs, élément central de la cosmovision mésoaméricaine, fut à la fois l’origine et le devenir de l’homme ; parler d’animaux, de plantes, de fruits et de minéraux dans le Mexique ancien, c’était se référer aux liens qui unissaient l’homme et l’univers. La Fundación Cultural Armella Spitalier et l’Universidad Iberoamericana veulent ici rendre hommage aux racines culinaires du Mexique, en reconnaissant dans l’héritage gastronomique une sensibilité commune à tous les peuples précolombiens, aujourd’hui constitutive de l’identité mexicaine. L’être et le manger. Racines culinaires du Mexique Publié à l’occasion de l’exposition « L’être et le manger. Racines culinaires du Mexique ». Du 27 janvier au 31 mai 2011. Galerie Andrea Pozzo, Universidad Iberoamericana, Mexico. Du 23 novembre 2011 au 25 mars 2012. Museo de Historia Mexicana, Monterrey. Première édition en espagnol : 2012 Première édition en français : 2013 © CACCIANI, S.A. de C.V. Prol. Calle 18 N° 254 Col. San Pedro de los Pinos 01180 México, D.F. + 52 (55) 5273 2397 | + 52 (55) 5273 2229 [email protected] | www.fundacionarmella.org ISBN : 978-607-8187-38-6 D. R. Toute reproduction de cet ouvrage, totale ou partielle, par quelque moyen ou procédé que ce soit, est interdite sans l’autorisation des titulaires des droits. Exposition Commissariat d’exposition et muséographie Carlos Villanueva Recherche Jiapsy Arias Vicente Camacho Miguel Ángel Marín Design Alexandra Suberville Coordination Paulina Franch Catalogue e-book Coordination éditoriale Nathalie Armella Valeria Armella Textes Nathalie Armella Vicente Camacho Paulina Franch Carlos Villanueva Traduction de l’espagnol (Mexique) Valérie Juquois (cpti-ifal) Direction artistique Emmanuel Hernández Alexandra Suberville Design éditorial Berenice Ceja Couverture Berenice Ceja La Fundacion Cultural Armella Spitalier est heureuse de présenter cette exposition à Monterrey et fière d’apporter au Museo de Historia Mexicana un aperçu de ce que nous sommes, nous autres Mexicains, et de l’héritage que nous avons laissé au monde : les produits alimentaires mésoaméricains et la riche tradition dans laquelle ils ont été préparés durant des siècles, élevant ainsi la cuisine mexicaine au rang de Patrimoine immatériel de l’humanité, une distinction décernée par l’Unesco. La cuisine mexicaine d’aujourd’hui n’est pas différente de celle que découvrirent les conquistadores et qui donna naissance à de nombreuses traditions culinaires mexicaines. Nous voulons faire partager le patrimoine fascinant qui témoigne de cette merveille, aujourd’hui précisément, à un moment où le Mexique cherche à retrouver sa fierté nationale et l’essence de son être et de ses racines. Je suis infiniment reconnaissant de cette opportunité qui nous est donnée, et j’espère de toute mon âme que cette exposition séduira tous les visiteurs. Carlos Armella Sánchez President de la Fundacion Cultural Armella Spitalier SOMMAIRE L’HOMME, LES ALIMENTS ET LES DIEUX Chicomecóatl Tláloc Le dieu du maïs RITES ET OFFRANDES 15 LA CULTURE 21 TROC ET COMMERCE 27 LA DIVERSITÉ ALIMENTAIRE 37 LA PRÉPARATION DES ALIMENTS 9 NOURRITURE ET METS DANS LE MONDE PRÉCOLOMBIEN La nourriture du peuple La nourriture des nobles et des seigneurs Les aliments cérémoniels LES ALIMENTS ET LA MORT Légendes Bibliographie Remerciements Remerciements aux photographes 56 66 107 119 124 127 128 L’HOMME, LES ALIMENTS ET LES DIEUX Du maïs blanc et du maïs jaune on fit les bras et les jambes des quatre premiers hommes qui furent créés. Puis la grand-mère Xmucané moulut les épis et fit neuf boissons. C’est cet aliment qui donna leur force aux hommes. 9 SOMMAIRE Les aliments, essentiels dans toutes les activités culturelles qui façonnèrent le monde précolombien, étaient aussi bien des offrandes destinées aux dieux, un tribut versé aux seigneurs, une expression d’hospitalité, une offre de paix et le compagnon quotidien de l’homme, depuis sa naissance jusqu’à sa mort. Dans le Mexique ancien, la nourriture était un lien entre les hommes et les dieux. Le Téotl, « énergie divine », était l’essence suprême. Il se manifestait sous diverses formes. Sa force imprégnait l’univers et gouvernait la nature. Dans le calendrier agricole, on fêtait chaque étape de maturation du maïs avec un Téotl précis. Chez les Mexicas, les principaux Téotl étaient Centéotl et Chicomecóatl. 11 SOMMAIRE Xilonen Son nom signifie « la poilue », en référence aux soies du maïs tendre. Chico me cóatl Dans la plupart des cultures précolombiennes, il existait au moins un dieu du maïs. On a retrouvé parmi les vestiges archéologiques de chacune d’elle des traces de l’adoration du maïs, source principale de l’alimentation. Curieusement, plusieurs panthéons mésoaméricains faisaient une distinction entre le dieu du maïs jeune et le dieu du maïs mûr. Chez les Mexicas, par exemple, Xilonen était la déesse de l’épi de maïs encore tendre ; Centéotl, le dieu du maïs ; Chicomecóatl, son homologue féminin, associée à la fertilité ; et Ilamatecuhtli, la déesse du maïs mûr. 12 SOMMAIRE Tlá loc Tláloc, dieu de la pluie, descendait du ciel pour féconder la milpa. On le craignait pour ses colères, qui pouvaient provoquer la grêle et les orages. Les cérémonies en son honneur incluaient le sacrifice d’enfants pour implorer les pluies, et un rituel qui consistait à frapper les femmes avec des sacs remplis de paille pour les faire pleurer et simuler la pluie. Tláloc et ses auxiliaires, les tlaloque, habitaient un paradis appelé Tlalocan, représenté sur la célèbre fresque de Tepantitla, à Teotihuacan. 13 SOMMAIRE