Sommaire - World Bank
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La Lettre d’al djazaïr Newsletter Troisième trimestre 2015 | N°06 Sommaire du Groupe de la Banque mondiale - Alger Grand angle Slim Othmani (président du Groupe NCA-Rouiba) : «L’acte d’investir est fortement handicapé par divers verrous» n Editorial Rebranding Algeria page 3 La Question du jour Algérie : Quel partenariat avec la Banque mondiale ? n pages 1, 2, 3 et 4 Algeria : What partnership with the World Bank? n pages 4 and 5 Grand angle n Slim Othmani (président du Groupe NCA-Rouiba) : «L’acte d’investir est fortement handicapé par divers verrous» pages 6, 7, 8 et 9 Partenariat en action Comment s’affranchir du lait importé n La Question du jour pages 10 et 11 n Partenariat avec l’Algérie Marie Francoise Marie-Nelly Nouvelle directrice des Opérations de la Banque mondiale pour le Maghreb n n Visite en Algérie du vice-président de la Banque mondiale page 12 Responsable de la publication Emmanuel Noubissié Ngankam Ont collaboré Abdelkarim Oka Feriel Zeggar Fella Gheraieb Reda Doukari Amar Almandounas Algérie Quel partenariat avec la Banque mondiale ? Emmanuel Noubissié Ngankam S usciter la réflexion autour du partenariat entre la Banque mondiale et l’Algérie peut a priori paraître incongrue tant la relation est des plus solides et empreinte de respect mutuel, principe cardinal de la coopération internationale. Cependant, malgré son exemplarité, cette relation est vivante, c’est-à-dire soumise à des évolutions et même des mutations que peuvent suggérer des circonstances particulières. Un an seulement après son indépendance, l’Algérie devient membre de la Banque mondiale en septembre 1963. Elle en est donc actionnaire et, à ce titre, elle peut prétendre à tous les produits et services que l’institution met à la disposition des pays membres qui sont à ce jour au nombre Lire suite en pages 2 et 4 Contact [email protected] Conception & réalisation 3o Agency Lire interview en pages 6, 7, 8 et 9 n Algeria : What partnership with the World Bank? | 1 Read pages 4 and 5 La Question du jour n Suite page 1 de 188. Certes, la Banque mondiale est, comme son nom l’indique, une banque et, de ce fait, elle est perçue d’abord comme une institution de financement. Mais au-delà des produits financiers, notamment les prêts et garanties, la Banque mondiale apporte à ses membres qui le sollicitent de l’assistance technique et, surtout, de la Connaissance. Bien qu’immatérielle et peu connue du grand public, cette autre spécificité de la Banque mondiale est pourtant celle où elle a indubitablement plus de valeur ajoutée, notamment pour les pays comme l’Algérie qui ont une prétention légitime à l’émergence mais dont les handicapes structurels sont d’ordre cognitif. Au-delà donc de son mandat d’institution de financement, la Banque mondiale est également, de par son expérience planétaire et son expertise, un vecteur, peut-être l’un des meilleurs vecteurs de diffusion de la Connaissance de tous ordres en matière de développement. Ces produits et services accordés aux Etats peuvent également l’être au secteur privé à travers la Société financière internationale (IFC), filiale du Groupe de la Banque mondiale qui accompagne le secteur privé et l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA) qui accorde des garanties aux investisseurs privés contre des risques politiques inhérents aux pays. Depuis son adhésion à la Banque mondiale, l’Algérie, comme la plupart des pays membres de cette institution, a bénéficié des financements de projets dans des secteurs aussi divers que les infrastructures (routes, ports, chemins de fer, centrales électriques…), le développement rural (agriculture, élevage), le développement urbain, l’approvisionnement en eau, l’assainissement, la gestion de l’environnement et des ressources naturelles, l’éducation, etc. Cependant, grâce aux abondantes ressources tirées de l’embellie des cours des hydrocarbures à partir de la fin des années 1990, l’Algérie a entamé un programme de désendettement et, en 2005, le gouvernement a décidé de ne plus emprunter auprès des institutions financières internationales. Le solde de la dette a été remboursé par anticipation et le dernier projet financé sur un prêt de la Banque mondiale a été clôturé en 2009. Depuis lors est née une ère nouvelle des relations entre l’Algérie et la Banque mondiale matérialisée par un cadre de partenariat stratégique dont l’instrument principal est l’Assistance technique remboursable (ATR). Au 31 août 2015, le portefeuille de la Banque mondiale en Algérie était constitué de douze (12) projets d’assistance technique dont neuf (9) actifs et trois (3) en phase finale de préparation dans six secteurs différents notamment l’agriculture et le développement rural, les finances, les Technologies de l’information et de la communication (TIC), le climat des affaires, la protection sociale, l’environnement et gestion intégrée du désert. Ce mode de partenariat adopté par l’Algérie et les pays du Conseil consultatif du Golf (CCG), produit certainement des résultats probants pour autant que la Connaissance et la technicité que transmet l’assistance de la Banque mondiale soient effectivement appropriées, internalisées et mises en pratique par le pays ou plus exactement par les entités, publiques ou privées, bénéficiaires de l’assistance technique. Cependant, une observation empirique du mode de partenariat choisi par d’autres pays éminemment émergents permet de constater qu’un endettement intelligent pour le financement des opérations dans le secteur des infrastructures ou les secteurs sociaux présente de nombreux avantages dont les moindres ne sont pas la gouvernance et le financement optimal des projets, la qualité des infrastructures et, bien évidemment, la Connaissance et la technicité. Sinon, comment expliquer l’engouement des pays comme la Chine, le Brésil, l’Inde, la Turquie, l’Indonésie, l’Ukraine, la Roumanie, le Vietnam, le Nige- ria, etc. à recourir aux financements externes et sont parmi les principaux emprunteurs de la Banque mondiale ? Le cas le plus emblématique est celui de la Chine, deuxième puissance économique mondiale. Ce pays est historiquement le plus grand « client » de la Banque ••• 2 | La Lettre d’Al Djazaïr | Troisième trimestre 2015 Editorial Emmanuel Noubissié Ngankam ‘‘ L’image perçue de l’Algérie ne rend pas justice à ce grand pays qui a besoin d’une véritable cure de rebranding car si les Algériens ne disent pas ce qu’est leur pays, d’autres se chargeront de dire ce qu’il n’est pas.’’ Rebranding Algeria L e constat est saisissant. L’Algérie vue d’ici, où je vis, est différente de l’Algérie vue d’ailleurs. Que de méprises ! Que de clichés ! Que de fausses certitudes, hélas, entretenues par une «pudeur» inscrite dans l’ADN d’une certaine élite algérienne qui répugne à valoriser et à faire savoir ce que ce pays a de grand ! Ce constat, j’en ai encore été édifié récemment lors de la rencontre fortuite d’une vieille connaissance dans la salle d’attente d’un aéroport européen. Après l’étreinte des retrouvailles, mon compagnon me lance tout de go : Tiens ! J’ai appris que t’es en Algérie. C’est surprenant, tu as plutôt bonne mine. Avec tout ce qu’on apprend ici et là de ce pays, ce doit être difficile d’y vivre, non ? En dehors du couscous, qu’est-ce qu’on y mange ? Les gens doivent y rouler en Lada et en Trabant, tu vois, cette marque de voiture fabriquée dans les années 1960 en Allemagne de l’Est. Et puis, dis-moi franchement, pour l’instant, vous avez été épargnés, mais à quand votre printemps ? Cela ne te fait-il pas peur ? D’ailleurs, un ancien président (je tais le nom) d’un grand pays l’a prédit lors d’un récent séjour dans un pays voisin de l’Algérie. Il doit savoir de quoi il parle, non ? Mon interlocuteur semblait sincère et persuadé de sa connaissance d’un pays dont les réalités lui échappent pourtant. Oui ! Des clichés, encore des clichés et des prismes qui déforment le regard que certains observateurs posent sur l’Algérie. Mon interlocuteur a semblé surpris quand je lui ai rétorqué que je n’étais pas à plaindre. M’a-t-il cru quand je lui ai raconté la vie en Algérie où on ne mange pas que du couscous, où les infrastructures se modernisent et où le parc automobile, notamment celui des villes comme Alger et Oran, n’a rien à envier à celui de certaines cités californiennes ? Le printemps arabe ? Mon interlocuteur s’étonne que l’Algérie en ait été épargnée. Ignorance de l’histoire et des réalités de ce pays qui a refusé de courber l’échine et dont la conscience collective a été marquée par dix années d’une effroyable barbarie. L’ouverture démocratique ? Mon interlocuteur, comme d’autres bien-pensants, ignore que l’Algérie a été le premier pays du monde arabe à libéraliser son espace politique dès lafin des années1980.Lalibertéd’expression? Moninterlocuteurestagacé dem’entendrediredelapresseécritealgériennequ’elleestprobablementl’une des plus libres et des plus professionnelles du continent africain… Mais à vrai dire, à qui la faute si l’opinion publique, y compris algérienne, ne sait pas que l’Algérieàtraversl’undesesdignesfils,M.AhmedDjoghlaf,coprésideleComité de négociation de l’Accord mondial sur le climat (COP21), l’un des plus grands événements qui engagent l’avenir de l’humanité ? Qui se souvient qu’en 2013 l’Algérie a annulé 1 milliard de dollars environ de dettes de 14 pays africains ? CesjeunesAfricains,boursiersdel’Etatalgérien,combiensont-ilsdanslesuniversités et grandes écoles d’Algérie ? Et cette diplomatie qui, sans être gesticulatoire, est l’une des plus actives du monde, qui en parle ? Certes, les problèmes del’Algériesontréels.Sonpotentielsous-exploité,sabureaucratiepesanteetla criseéconomiquedontlessignessontperceptiblesn’ensontpasdesmoindres. Mais l’image perçue de l’Algérie ne rend pas justice à ce grand pays qui a besoin d’une véritable cure de rebranding car si les Algériens ne disent pas ce qu’est leur pays, d’autres se chargeront de dire ce qu’il n’est pas. n | 3 La Question du jour n Suite page 2 mondiale et en 2014 il s’est classé 3e avec 1,6 milliard de dollars d’engagements. Ceci peut a priori paraître paradoxal quand on sait que la Chine dispose des plus importantes réserves de change au monde (près de 4 000 milliards de dollars, c’est-à-dire plus de 22 fois celles de l’Algérie). Comble de paradoxe, ce pays qui emprunte massivement auprès de la Banque mondiale, fait concurrence à cette dernière sur le marché de l’Aide publique au développement (APD). Autre indicateur pertinent, la Chine a lancé, en juillet dernier, un Fonds fiduciaire de lutte contre la pauvreté doté de 50 millions de dollars dont la gestion a été confiée à… la Banque mondiale. Si tout ceci n’est pas l’appât de la Connaissance, qu’est-ce donc ? On ne devient pas maître du monde par hasard. Un autre cas tout aussi illustratif est celui du Brésil. La sixième puissance économique du monde était, en 2014, le premier emprunteur du guichet BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement), de la Banque mondiale avec un peu plus de 2 milliards de dollars d’engagements. Le revenu par habitant du Brésil est d’environ 11 800 dollars, c’est-à-dire le double de celui de l’Algérie. Fondamentalement, ce ne sont pas des motivations de financements qui justifient le recours du Brésil aux ressources de la Banque mondiale, mais toute la valeur ajoutée dont la rareté est évidente et qui accompagne ces ressources. Faudrait-il parler de l’Inde qui, en 2014, était le premier «client» de la Banque mondiale avec un volume d’engagements de plus de 5 milliards de dollars (guichet BIRD et IDA confondus), ou de la Turquie qui a tous les indices d’un pays développé et qui ne s’embarrasse pas d’avoir recours aux financements de la Banque mondiale pour près de 1,2 milliard de dollars entre juillet 2014 et juin 2015 ? Le Viêt-Nam de Ho Chi Min, pays dont l’histoire est connue, construit son émergence grâce, entre autres, à la connaissance qu’accompagnent les financements de la Banque mondiale auxquels il a recours. Ces quelques exemples illustrent parfaitement le choix fait par des pays qui, fondamentalement, n’ont pas besoin des ressources financières de la Banque mondiale, mais qui ont compris que derrière ces ressources pourrait se cacher autre chose que les marchés financiers internationaux traditionnels où les importantes ressources internes ne peuvent offrir dans la quête du développement. Le contexte international actuel et la situation particulière de l’Algérie marquée, entre autres, par des évidences de vulnérabilité, suggèrent une réflexion sur les modèles de partenariat, notamment avec la Banque mondiale, une réflexion qui devrait, à notre sens, faire abstraction du sentiment de fierté nationale et privilégier les avantages que peut tirer le pays de son appartenance à une « Coopérative » aux opportunités multidimensionnelles qu’est le Groupe de la Banque mondiale. n 4 | La Lettre d’Al Djazaïr | Troisième trimestre 2015 Question of the day Algeria : What partnership with the World Bank? Stirring up a reflection around the partnership between the World Bank and Algeria may seem a priori incongruous since the relationship is strong and marked by mutual respect, cardinal principle in international cooperation. However, despite its exemplarity, this relationship is alive, that is to say, subject to changes and adjustments due to specific circumstances. B a Barely one year after its independence, Algeria, became a member of the World Bank in September 1963. It is therefore a shareholder and in that capacity entitled to all the products and services the institution provides its member countries which number 188 to date. Of course the World Bank is, as its name suggests, a bank and therefore perceived primarily as a financing institution. But beyond its financial products such as loans and guarantees, the World Bank provides its members who request it, technical assistance and especially knowledge products. Although these products are imperceptible and little known to the general public, this other specificity of the World Bank is nonetheless one in which it has a more added value particularly for countries such as Algeria that have a legitimate claim as an emerging country, but whose structural weaknesses are knowledge gaps. So, beyond its lending institution mandate, the World Bank is also, as a result of its global experience and expertise, a vector, may be one of the best vectors of the dissemination of all kinds of knowledge in the field of development. These products and services granted to States could also be granted to the private sector through the International Finance Corporation (IFC), a branch of the World Bank Group that supports the private sector and the Multilateral Investment Guarantee Agency (MIGA) which provides guarantees to private investors against political risks. Since joining the World Bank, Algeria, like most of the member countries of the institution, has benefited from the financing of projects in sectors as diverse as infrastructure (roads, ports, railways, power plants...), rural development (Agriculture, livestock), urban development, water supply, sanitation, environment and natural resources management, education etc. However with extensive resources drawn from hydrocarbons during the upturn in prices during the late 90s, Algeria launched a debt reduction program and in 2005, the Government decided to no longer borrow from International Financial Institutions. The debt balance was even prepaid and the last World Bank funded project closed in 2009. Question of the day Since then, a new era of relations between Algeria and the World Bank was established, framed in a Country Partnership Strategy (CPS) resting solely on knowledge products, particularly Reimbursable Advisory Services (RAS). On August 31, 2015, the World Bank portfolio in Algeria comprised of twelve (12) technical assistance projects of which, nine (9) are active and three (3) in the final phase of preparation in six different sectors including Agriculture and Rural Development, Finance, Information and Communication Technology (ICT), the Business Climate, Social Protection, Environment and Integrated Management of the Desert. This partnership model chosen by Algeria and some Golf Consultative Council (GCC) countries definitely yields positive and tangible results as long as the knowledge and skills transferred by the World Bank, are actually owned, internalized and implemented by the country or rather by the entities, public or private recipients of the technical assistance. However, empirical observation of the partnership approach adopted by other eminent emerging countries, reveals that a smart debt to finance operations in the infrastructure and social sectors has quite a lot of advantages of which, the least, are not the governance and the optimal financing of projects, the quality of infrastructure and of course knowledge and technical expertise. Otherwise how else to explain the high interest of countries such as China, Brazil, India, Turkey, Indonesia, Ukraine, Romania, Nigeria etc. in external financing, and are among the top World Bank borrowers. The most emblematic case is that of China, the second economy in the world. The country is historically the primary World Bank “Client” and in 2014 it ranked third with 1.6 billion dollars in commitments. This may seem a priori paradoxical given that China has the largest foreign reserves in the world (nearly 4,000 billion dollars, that is to say, more than 22 times that of Algeria). The peak of the paradox is that, this country that borrows heavily from the World Bank is also one of the most aggressive Development aid providers. Its partnership with the World Bank is complex; China launched last July a 50 million dollar Trust Fund to end poverty, with the World Bank as trustee. If this is not the lure for Knowledge, what is it? A country does not become a world leader by chance. Another illustrative case is that of Brazil. The sixth economy in the world which in 2014 was the primary borrower of IBRD window (International Bank for Reconstruction and Development) of the World Bank with just over 2 billion dollar commitments. The per Capita income of Brazil is around 11,800 dollars, that is to say, double that of Algeria. Basically, Brazil’s resort to the Word Bank resources is not motivated by the quest for financing, but for the added value accompanying these resources. What to say about India, which in 2014 was the first «client» of the World Bank with a volume of over 5 billion dollar commitments (IBRD and IDA combined), or Turkey that has all the characteristics of a developed country but still resorted to the World Bank funding for almost 1.2 billion dollars between July 2014 and June 2015. These few examples illustrate perfectly the choice made by countries that basically do not need the financial resources of the World Bank, but which have understood that behind these resources could be hiding other things that traditional international financial markets or significant internal resources cannot offer in the quest for development. The current international context and the particular situation of Algeria characterized among other things by evident vulnerability, call for a reflection on partnership models, notably with the World Bank, a reflection in our view, that puts aside the national pride and gives priority to the benefits the country can pull from its membership in a «Cooperative» with multidimensional opportunities which is the World Bank Group.n E. N. N. | 5 Grand angle Slim Othmani «L’acte d’investir est fortement handicapé par divers verrous» D’aucuns disent de lui qu’il est l’intellectuel du secteur privé algérien, d’autres le traitent d’anticonformiste ou encore d’éveilleur de consciences, tant ses prises de position tranchent parfois avec le ton convenu de ses autres pairs, chefs d’entreprise. Bien plus, l’homme aux multiples facettes est non seulement président du Groupe NCA-Rouiba, une des entreprises les plus dynamiques du secteur agroalimentaire en Algérie, mais il est également membre de plusieurs Think Tanks, notamment CARE (Cercle d’action et de réflexion autour de l’entreprise), dont il est président, et de NABNI (Notre Algérie bâtie sur de nouvelles idées). Grand Angle avec Slim Othmani. 6 | La Lettre d’Al Djazaïr | Troisième trimestre 2015 Grand angle ‘‘ Slim Othmani : NCA-Rouiba se porte bien même si elle évolue dans un cadre très contraignant, inhibant nos velléités de développement national et international. Ce qui ne nous a pas empêchés d’exporter nos produits et d’étudier des projets industriels tant au Maghreb qu’en Afrique subsaharienne. Le secteur des boissons dans lequel nous évoluons est caractérisé par un nombre importants d’acteurs et des capacités de production installées, dépassant largement vingt fois (20) la taille du marché. C’est dire que la concurrence y est féroce et que la recherche perpétuelle de relais de croissance est un facteur de survie. L’export et l’innovation font donc partie de l’ADN de l’entreprise. Pour le premier semestre 2015, nous sommes en droite ligne avec nos objectifs tant en volume qu’en chiffre d’affaires. Cependant, les dévaluations successives du dinar, les hausses des salaires et le renchérissement de certains intrants sur le marché international ont affecté notre rentabilité qui demeure tout de même à des niveaux acceptables. Notons au passage que l’absence d’instruments financiers de couverture contre les risques de change nous affecte directement. Où en êtes-vous avec l’opération d’entrée de Cevital dans le capital de NCA-Rouiba ? A la Bourse d’Alger, la décote du titre NCA-Rouiba est davantage le fait du dysfonctionnements de la Bourse et son peu de profondeur. En effet, la gestion bureaucratique de la Bourse et l’absence d’acheteurs institutionnels (banque, assurances, etc.), nationaux et internationaux, y sont pour beaucoup dans cette situation qui perdure. Dernier épisode en date, la transaction de bloc entre Africinvest et le Groupe Cevital s’est vu opposer une fin de non-recevoir. Largement contestable, tant dans le fond que dans la forme, de la part de l’autorité de régulation de la Bourse d’Alger et du ministère de l’Industrie. ‘‘ La Lettre d’Al Djazaïr : M. Othmani, comment se porte le Groupe NCA-Rouiba ? Je suis parfois attristé d’observer que nos dirigeants n’ont jamais honoré un chef d’entreprise algérien. Signe de défiance ou d’incompréhension du rôle du secteur privé. Un signal négatif envoyé à la communauté des affaires, nationale et internationale. Vous faites certainement des envieux dans un contexte où le secteur privé algérien peine à prendre le relais de moteur de croissance comme le souhaitent les pouvoirs publics. Quelle est votre recette ? Je ne sais pas si nous faisons des envieux ! Cependant, si nous pouvons être un exemple en termes de gouvernance, d’innovation et de méthodes managériales, pourquoi pas ? L’Algérie a un cruel besoin de «success-story», et ce qui me rassure c’est que l’on commence à en voir fleurir. Je suis parfois attristé d’observer que nos dirigeants n’ont jamais honoré un chef d’entreprise algérien. Signe de défiance ou d’incompréhension du rôle du secteur privé, ou les deux à la fois ? Cette question de la place du secteur privé et, en conséquence, du rôle de l’Etat dans la sphère économique est, à mes yeux, la ligne de crête à franchir pour bâtir la nouvelle économie algérienne que nous appelons de nos vœux : plus compétitive, plus diversifiée et plus efficace. Au regard d’un certain nombre d’indicateurs tel le niveau d’IDE (Investissement direct étranger), l’Algérie qui a pu attirer un peu moins de 2 milliard de dollar en 2014 reste très peu attractive. Qu’est-ce qui explique cette faible attractivité ? Comment y remédier et en même temps renforcer le développement du secteur privé en Algérie ? Posons-nous la question de savoir si le prérequis, à savoir la volonté politique d’attirer les IDE, est au rendez-vous. Absolument tout indique le contraire et les divers road-show de nos ministres à l’international n’ont pas, à ce jour, réussi à convaincre une masse critique d’investisseurs. 2 milliards, c’est peu au regard des potentialités. L’économie algérienne a été, et reste, tout entière organisée autour de la gestion d’un secteur pétrolier prédominant. C’est la véritable priorité du gou- | 7 Grand angle ‘‘ L’Algérie a cruellement besoin d’Investissements Directs Etrangers pour diversifier son économie et construire un secteur privé performant. La situation de l’Algérie est préoccupante et les principaux agrégats macroéconomiques l’attestent : le déficit budgétaire qui était de -6,8% du PIB en 2014 pourrait doubler en 2015 ; le solde extérieur courant pourrait passer de -4,2% en 2014 à plus de -18% du PIB en 2015 ; le niveau d’inflation projeté pour 2015 est de 4% contre 2,9% en 2014. Si ce n’est pas encore une crise, ça y ressemble. Quelle médication pré- 8 | La Lettre d’Al Djazaïr | Troisième trimestre 2015 ‘‘ vernement algérien, ce qui explique, du reste, que l’essentiel des IDE est orienté vers les activités de prospection ou de production des hydrocarbures. Dès lors que les ressources financières tirées de ce secteur vital de notre économie sont abondantes, le gouvernement ne considère pas la nécessité d’encourager les IDE dans les autres secteurs de l’économie qui, pourtant, en auraient grand besoin. Il est fort probable que cette position évolue, si les prix du pétrole se maintiennent longtemps encore à leur position baissière actuelle. Dans la mesure où une volonté politique nouvelle viendrait à s’affirmer, on s’apercevra très vite que les potentialités du marché algérien sont considérables, pour peu que le système économique se réorganise et gagne en efficacité. Cela impliquera, sans entrer dans les détails, de corriger un certain nombre de lacunes visibles comme l’instabilité du cadre juridique régissant les IDE, la prégnance des pratiques corruptrices et un climat des affaires bureaucratisé à l’excès, y compris du reste pour les entrepreneurs locaux. En un mot, la confiance n’est pas au rendez-vous et la versatilité des pouvoirs publics, dans leur relation avec les investisseurs étrangers, a largement contribué à rendre la destination Algérie difficilement attractive. L’Algérie a cruellement besoin d’IDE pour diversifier son économie et construire un secteur privé performant. Certes, les détracteurs de cette option sont nombreux (lobbys et autres experts-théoriciens) mais il suffit d’observer la faible diversité de notre tissu économique pour se rendre compte de l’impulsion qu’aurait pu induire une présence d’IDE plus conséquente. Malheureusement, nous ne sommes encore pas dans une économie du savoir et de l’information, une économie tournée vers le monde. Combien d’entreprises sont dans des secteurs à forte intensité technologique ? conisez-vous pour éviter au navire Algérie de «heurter l’iceberg» comme certains le redoutent ? Nous n’avons évidemment pas de recettes miracles et nos diverses propositions rejoignent tout ce qui a été suggéré tant par les experts que les Think-tank et les institutions internationales telles que la vôtre et que je résumerai comme suit : désintoxication aux hydrocarbures et réformes économiques majeures. Qui ne sauraient se concrétiser sans la remise en question de certains dogmatismes tels que le soutien aux entreprises publiques, la privatisation et le contrôle des changes. Le porte-parole du Think-tank NABNI, Abdelkrim Boudra, a déclaré récemment : «On aurait pu réformer au cours des dernières années sans sueur, maintenant il en faut. Il faut le faire vite si l’on veut éviter dans les prochaines années des mesures drastiques qui se feront dans les “larmes et le sang”.» Que vous inspire une telle déclaration ? L’originalité du discours de NABNI, dont je fais aussi partie, réside dans le fait qu’il associe un message alarmiste fort à des propositions concrètes et réalistes. Après l’image du Titanic, celle des «larmes et du sang» est venue renforcer le sentiment d’urgence et de gravité de la situation. Il s’agit de contraindre les pouvoirs publics (à l’effet) (d’)afficher une vision partagée, d’entamer des réformes et de prendre des décisions courageuses, comme celle de revoir tout le mécanisme des subventions ainsi que celle du désengagement de l’état de la sphère économique, à l’exception de quelques rares secteurs stratégiques. Et à ce propos, l’Etat gagnerait en engageant un débat public le plus large et le plus inclusif possible pour définir ce qui est stratégique de ce qui ne l’est pas et donc ouvert à l’initiative privée nationale ou étrangère. Une délégation de la Banque mondiale visite l’usine de NCA-Rouiba sous la conduite de son président, Slim Othmani. Dans une récente tribune, vous estimez que les mesures contenues dans la loi de finances complémentaire 2015 (LFC) sont minimalistes et peu courageuses par rapport à la gravité de la situation. Vous relevez que le gouvernement semble n’avoir pas perçu toute la dimension des dangers qui guettent l’éco- Grand angle ‘‘ Oui, les mécanismes de transferts sociaux auraient mérité une réelle remise à plat, à commencer par une augmentation du prix de l’énergie et des carburants. De même, le financement sur budget de l’Etat des grands projets d’infrastructures en cours auraient dûcéder la place à des financements nationaux et internationaux. En rejetant toute idée d’abandonner ou de mettre en stand-by ces projets vitaux pour l’Algérie, contrairement à ce qui est suggéré ici et là. De même l’élargissement de l’assiette fiscale aurait dû être au menu de cette LFC. Il suffit de parcourir la rubrique taxes du «Doing Business» pour s’en convaincre : le poids de la TAP et celui des charges patronales sont incohérents. Le gouvernement est visiblement tétanisé par la peur des troubles sociaux qui pourraient survenir en cas de mise en œuvre de réformes. Ce serait, certes, désastreux et la situation sécuritaire régionale incite à la prudence. Cependant, le statu quo et l’improvisation conduiront à un scénario encore plus inattendu puisque l’onde de choc d’une Algérie déstabilisée pourrait s’étendre à toute la Méditerranée occidentale ainsi qu’à l’Afrique subsaharienne, voire au-delà. Au lieu de se confiner à craindre l’explosion sociale, il nous paraît impératif d’engager sans délai une large opération de communication qui permettrait de diffuser auprès du plus grand nombre, et en particulier auprès des catégories sociales les plus exposées, pourquoi les réformes sont nécessaires pour la survie de notre nation et de son économie. Sentiment d’urgence, intelligence stratégique, bonne gouvernance, transparence dans la communication et participation de tous les acteurs de la société civile seront les facteurs clés de succès d’une transition «pacifique» vers un autre modèle socio-économique dans le respect de la Constitution et des valeurs nationales. L’une des préoccupations majeures de l’économie algérienne est la dégradation progressive du solde de son commerce extérieur. Le gouvernement est à la quête de solutions permettant à la fois de promouvoir ‘‘ nomie algérienne. Quid de la réforme des subventions et autres transferts sociaux ? Qu’auriez-vous envisagé pour contenir le déficit grandissant des finances publiques consécutif à la baisse des recettes tirées des hydrocarbures ? Les mécanismes de transferts sociaux auraient mérité une réelle remise à plat, à commencer par une augmentation du prix de l’énergie et des carburants. et de diversifier les exportations hors hydrocarbures, d’une part, et de réduire la facture des importations, d’autre part. En tant qu’opérateur économique dont l’expérience du marché national et international est avérée, quelles recommandations feriezvous aux pouvoirs publics si vous étiez consulté à ce sujet ? On ne cesse de le marteler depuis des années ! L’acte d’investir est fortement handicapé par divers verrous clairement identifiés et qui, à ce jour, n’ont pas encore été levés. Ainsi, et comme décrit précédemment pour les IDE, nous faisons face en tant qu’investisseurs algériens exactement aux mêmes difficultés. L’ingéniosité bureaucratique a été portée à son paroxysme avec le fameux «accord du CNI» consacrant la centralisation à outrance et la non-liberté dans l’acte d’investir. N’était-ce pas plus simple de lister les secteurs d’activité interdits à l’investissement ? Oui, l’Algérie aurait pu être outillée pour promouvoir et diversifier ses exportations. J’en veux pour preuve la circulaire d’août 2013, adressée par le Premier ministre à tous les membres du gouvernement ; elle mérite qu’on la rappelle et que l’on nous explique pourquoi elle est restée lettre morte alors qu’elle portait en elle les prémisses d’un autre cadre entrepreneurial propice à la diversification et à l’exportation. Les raisons de la non-application de cette circulaire pourraient être riches en explications sur la situation statique de notre économie. Trop centralisée, trop bureaucratisée et surtout trop étatisée et habitée par une culture de la paranoïa, c’est d’une profonde réforme des mentalités dont nous avons besoin. Pour conclure, je souhaiterais faire mienne cette phrase d’Etienne Klein (physicien et philosophe), car croire au progrès de l’Algérie, croire à une Algérie meilleure, c’est «accepter de sacrifier du présent personnel au nom d’une certaine idée du futur collectif qui donne du sens et une direction à nos efforts. Cela suppose donc d’avoir… une certaine idée du futur collectif ! Or, pour quel dessin global sommes-nous (Algériens) prêts à faire des sacrifices» ? Vaste sujet car la vision ainsi que les valeurs de travail, d’effort et d’intérêt pour la collectivité ont déserté la société algérienne. Pourtant, nous continuons à croire, à espérer et à… travailler. n Entretien réalisé par Emmanuel Noubissié Ngankam | 9 Partenariat n Assistance technique de la Banque mondiale au secteur agricole et rural Comment s’affranchir du lait importé La coopération entre la Banque mondiale et l’Algérie remonte aux années 1980, notamment à travers de grands projets tels les PER 1 et 2 (Projet d’emploi rural) financés par des prêts. Abdelkarim Oka L’Algérie a les capacités de s’auto-suffire en lait L e gouvernement algérien ayant décidé de ne plus avoir recours à l’endettement extérieur, la coopération entre les deux partenaires a connu une mue et a pris la forme exclusive de l’Assistance technique à partir de 2006. C’est dans ce contexte qu’en février 2012 trois contrats d’Assistance technique remboursable (ATR) ont été signés avec le ministère de l’Agriculture et du Développement rural (MADR) et la Banque mondiale. Ces contrats portaient sur : • la revitalisation de son Programme de soutien au renouveau rural ; • le développement des filières agroalimentaires stratégiques par le biais de Pôles agroalimentaires intégré et ; • le renforcement des capacités en matière de statistiques agricoles, systèmes d’information et suivi-evaluation. 10 | La Lettre d’Al Djazaïr | Troisième trimestre 2015 Les domaines d’assistance retenus s’appuient sur la Loi d’orientation agricole, adoptée en 2008, qui avait tracé les axes d’un développement durable de l’agriculture et du monde rural et jeté les bases d’une mise en cohérence des politiques de développement agricole et rural, d’une harmonisation de leurs modalités d’exécution et d’une synergie dans leur mise en œuvre. La première phase de ces projets d’assistance technique est arrivée à terme et une seconde phase est en cours de préparation. La situation économique de l’Algérie marquée entre autres, par la volonté exprimée des pouvoirs publics de diversifier le tissu économique, promouvoir les exportations hors hydrocarbures et réduire la facture des importations, nous a amenés à nous intéresser au projet d’Assistance technique consacré aux Pôles agroalimentaires intégrés (PAI), projet dont l’objectif majeur à terme est de permettre à l’Algérie de s’affranchir de l’importation de certains produits alimentaires. Partenariat Développement de filières et de Pôles Agroalimentaires Intégrés reproduction, d’organisation de la ferme, de l’accès aux crédits et primes, de coordination entre les différents acteurs de la filière (interprofession). Le défi est de pouLe constat est saisissant. Malgré une politique de pro- voir substituer la production nationale aux importations motion de la production nationale par le biais de sou- sans pénaliser le consommateur, sans augmenter la tiens à l’investissement à la ferme, à la création de facture totale des aides de l’Etat (primes à la producpetites unités agroalimentaires de première transfor- tion + subventions aux importations). Le problème se mation (laiterie, huilerie, etc.) à proximité des lieux de pose dans des termes plus ou moins semblables pour production ainsi qu’à l’octroi de primes à la production, d’autres produits agricoles stratégiques. C’est pour à la collecte, à la transformation et parfois au stockage l’aider à répondre à ce défi que le MADR a sollicité la sous froid pour certaines productions agricoles, la fac- Banque mondiale pour une assistance technique. L’obture d’importation de produits alimentaires n’a cessé jectif principal de cette assistance était d’aider le MADR de grimper durant cette dernière décennie. En effet, les et ses partenaires publics et privés à la dynamisation importations algériennes de denrées agroalimentaires des filières (notamment la filière lait) et à la mise en sont passées de 4 à 9,4 milliards de dollars américains place de pôles agroalimentaires intégrés (PAI). Dans le entre 2004 et 2014. L’essentiel de la hausse des importa- cadre de la première phase de cette assistance techtions agroalimentaires algériennes nique, la filière lait a été retenue. Le s’explique cependant plus par un travail a commencé par la sélection effet prix plutôt que par un effet d’une wilaya pilote (Sétif) à travers Le prix de vente au volume qui a de fait commencé à se une analyse multicritères et par détail du lait reconstistabiliser ou diminuer pour certains l’organisation d’une série de rendes produits stratégiques de base contres–ateliers réunissant, pour la tué à partir de poudre (blé, lait), excepté pour 2014 où on a première fois, tous les acteurs de la importée est subvenenregistré une augmentation signififilière. Il s’agit notamment de mettre tionné et fixé par l’Etat cative en volume des laits et crème en synergie les actions des éleveurs, de lait en poudre et du blé dur. En des producteurs de fourrages, des à 25 DA le litre et n’a effet, l’accroissement des prix moninséminateurs, vétérinaires, collecpas changé depuis diaux des denrées agricoles se siteurs, usines de lait, organismes plus de dix ans alors tuait, en 2013, à 40% au-dessus des techniques agronomiques, zootechprix de début de période. L’essentiel niques et vétérinaires, des centres que le lait produit lodes importations alimentaires est de formation et universités, de calement ne peut renconstitué de 5 principaux produits l’interprofession, de l’administratablement se vendre qui représentent 66% des importation (MADR), de la Chambre d’agritions totales alimentaires pour 2014. culture, des institutions de crédit à moins de 35 DA et Il s’agit des céréales de consomet d’assurances et des partenaires ce malgré toutes les mation humaine (2,46 milliards de internationaux publics et privés. Ces primes auxquelles dollars américains) ; du lait et des rencontres ont débouché sur l’étaproduits laitiers (2,042 milliards de blissement d’un diagnostic exhaustif peuvent prétendre dollars américains dont 1,799 milfaisant ressortir tous les problèmes les producteurs. liards de dollars américains uniqueauxquels l’ensemble des acteurs est ment pour le lait en poudre) ; des confronté. Un programme d’actions sucres et sucreries (910,5 millions structurantes a été établi. de dollars américains) et enfin des Les objectifs envisagés pour la seconde phase sont (i) graisses alimentaires (818,6 millions de dollars améri- la poursuite du travail entamé pour la filière lait dans cains). En ce qui concerne particulièrement le lait, mal- la wilaya de Sétif, (ii) l’extension de l’initiative PAI-Lait gré les primes d’appui à la production nationale, celle-ci aux wilayas voisines ; l’élargissement à d’autres filières ne croît que lentement et ne parvient pas à supplanter stratégiques dans la même zone en vue de passer de les importations et s’y substituer. La raison est double. la notion de filière à la notion de véritable pôle agroaD’une part, le prix de vente au détail du lait reconstitué limentaire intégré multi filières. En effet, le développeà partir de poudre importée est subventionné et fixé par ment agricole d’un territoire implique presque toujours l’Etat à 25 DA le litre et n’a pas changé depuis plus de dix plus d’une filière et l’approche de pôle intégré permet ans alors que le lait produit localement ne peut renta- de réaliser une économie d’échelle en mettant en comblement se vendre à moins de 35 DA et ce malgré toutes mun les diverses ressources humaines, matérielles et les primes auxquelles peuvent prétendre les produc- financières indispensables et en mobilisant les mêmes teurs. D’autre part, malgré les primes octroyées à plu- institutions administratives, scientifiques et financières. sieurs niveaux de la production locale, une analyse de la Pour la filière lait, la vision à moyen terme est que l’Alchaîne de production montre que plusieurs faiblesses gérie ne devra plus recourir aux importations régulières et goulots d’étranglement persistent. Ils se situent, et massives de lait en poudre car, en termes de potentiel entre autres, au niveau de la maîtrise du savoir-faire en réel, le pays a la capacité de produire tout le lait dont il termes d’alimentation du bétail, de santé animale et de a besoin. n | 11 n Banque mondiale Marie Francoise Marie-Nelly La Banque mondiale à Export Awards 2014 n Nouvelle directrice des Opérations de la Banque mondiale pour le Maghreb L’Export Trophy Awards 2014 a eu lieu le 2 juin 2015. Cet événement, organisé par le World Trade Center Algeria (WTCA), récompense chaque année les meilleures entreprises algériennes exportatrices hors hydrocarbures. Sur la photo, Emmanuel Noubissié Ngankam, représentant résident de la Banque mondiale en Algérie, remet un prix au dirigeant de l’entreprise El Wiam de la Petite Kabylie dont l’activité principale est la production et l’exportation de liège. n Mme Marie Francoise Marie-Nelly est la nouvelle directrice des Opérations de la Banque mondiale pour le Maghreb et Malte. Basée à Rabat, au Maroc, comme son prédécesseur, Simon Gray, elle a effectivement pris ses fonctions le 1er juillet 2015. Après quatre ans passés au Nigeria où elle occupait les mêmes fonctions, Mme Marie-Nelly arrive à tête de ce groupe de pays dans un contexte particulier marqué par de nombreux défis qui interpellent à la fois les Etats et leurs partenaires internationaux. Entrée à la Banque mondiale en 1994, Mme Marie-Nelly a occupé diverses responsabilités dans l’institution, notamment dans les domaines de la restructuration des entreprises publiques, d’appui au développement du secteur privé, d’intégration régionale, de gestion du secteur pétrolier. Elle a été, entre autres, directrice des Opérations pour les deux Congo (Brazzaville et RDC) de 2008 à 2011, directrice du programme du Groupe de la Banque mondiale relatif à l’exploitation pétrolière au Tchad et à l’oléoduc Tchad-Cameroun de 2004 à 2007 et directrice du programme d’intégration régionale en Afrique de 2000 à 2004. Originaire de la Martinique, Mme Marie-Nelly est expert-comptable, diplômée de l’Ecole supérieure de commerce de Nantes et de l’Université de Bowling Green (Ohio, Etats-Unis). Elle a également suivi plusieurs programmes de management à l’Université de Harvard, aux Etats-Unis. Elle a travaillé pour de nombreuses firmes internationales et a été conseillère de plusieurs gouvernements avant de rejoindre la Banque mondiale. n Nouvelles coordonnées de la représentation du Groupe de la Banque mondiale en Algérie 07, Chemin Mackley, Ben Aknoun, Alger Tél. : (+213) (0) 21 79 51 53 à 58 Fax : (+213) (0) 21 79 51 59 12 | La Lettre d’Al Djazaïr | Troisième trimestre 2015 Le vice-président de la Banque mondiale pour la région MENA en visite en Algérie Hafez Ghanem, vice-président de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (MENA), effectue une visite en Algérie du 13 au 15 septembre 2015. Il aura une importante séance de travail avec M. Abderrahmane Benkhelfa, ministre des Finances, gouverneur de la Banque mondiale pour l’Algérie, rencontre au cours de laquelle sera, entre autres, présentée la nouvelle stratégie de la Banque mondiale pour le région MENA. Outre cette séance de travail, M. Ghanem aura des entretiens avec des membres du gouvernement, le secteur privé et la société civile. Cette visite, qui se situe dans un contexte particulier, offrira certainement l’occasion d’aborder les questions liées à la situation économique de l’Algérie et les réformes envisagées par le gouvernement pour endiguer les effets négatifs de la chute brutale des prix des hydrocarbures. M. Ghanem sera accompagné, entre autres, de Mme Marie-Françoise Marie-Nelly, nouvelle directrice des Opérations de la Banque mondiale pour les pays du Maghreb. n