Sommaire - World Bank

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Sommaire - World Bank
La Lettre
d’al djazaïr
Newsletter
Troisième trimestre 2015 | N°06
Sommaire
du Groupe de la Banque mondiale - Alger
Grand angle
Slim Othmani (président du Groupe NCA-Rouiba) :
«L’acte d’investir est fortement
handicapé par divers verrous»
n
Editorial
Rebranding Algeria
page 3
La Question du jour
Algérie : Quel partenariat
avec la Banque mondiale ?
n
pages 1, 2, 3 et 4
Algeria : What partnership
with the World Bank?
n
pages 4 and 5
Grand angle
n Slim Othmani (président du
Groupe NCA-Rouiba) :
«L’acte d’investir est fortement
handicapé par divers verrous»
pages 6, 7, 8 et 9
Partenariat en action
Comment s’affranchir du lait
importé
n
La Question du jour
pages 10 et 11
n
Partenariat avec l’Algérie
Marie Francoise Marie-Nelly
Nouvelle directrice des Opérations
de la Banque mondiale pour le
Maghreb
n
n Visite en Algérie du vice-président
de la Banque mondiale
page 12
Responsable de la publication
Emmanuel Noubissié Ngankam
Ont collaboré
Abdelkarim Oka
Feriel Zeggar
Fella Gheraieb
Reda Doukari
Amar Almandounas
Algérie
Quel partenariat
avec la Banque mondiale ?
Emmanuel Noubissié Ngankam
S
usciter la réflexion autour du partenariat entre la Banque mondiale
et l’Algérie peut a priori paraître
incongrue tant la relation est
des plus solides et empreinte de respect
mutuel, principe cardinal de la coopération internationale. Cependant, malgré
son exemplarité, cette relation est vivante,
c’est-à-dire soumise à des évolutions et
même des mutations que peuvent suggérer des circonstances particulières. Un
an seulement après son indépendance,
l’Algérie devient membre de la Banque
mondiale en septembre 1963. Elle en est
donc actionnaire et, à ce titre, elle peut prétendre à tous les produits et services que
l’institution met à la disposition des pays
membres qui sont à ce jour au nombre
Lire suite en pages 2 et 4
Contact
[email protected]
Conception & réalisation
3o Agency
Lire interview en pages 6, 7, 8 et 9
n
Algeria : What partnership with the World Bank?
| 1
Read pages 4 and 5
La Question du jour
n
Suite page 1
de 188. Certes, la Banque mondiale est, comme son nom
l’indique, une banque et, de ce fait, elle est perçue d’abord
comme une institution de financement. Mais au-delà des
produits financiers, notamment les prêts et garanties, la
Banque mondiale apporte à ses membres qui le sollicitent
de l’assistance technique et, surtout, de la Connaissance.
Bien qu’immatérielle et peu connue du grand public, cette
autre spécificité de la Banque mondiale est pourtant celle
où elle a indubitablement plus de valeur ajoutée, notamment pour les pays comme l’Algérie qui ont une prétention
légitime à l’émergence mais dont les handicapes structurels sont d’ordre cognitif.
Au-delà donc de son mandat d’institution de financement,
la Banque mondiale est également, de par son expérience
planétaire et son expertise, un vecteur, peut-être l’un des
meilleurs vecteurs de diffusion de la Connaissance de
tous ordres en matière de développement. Ces produits et
services accordés aux Etats peuvent également l’être au
secteur privé à travers la Société financière internationale
(IFC), filiale du Groupe de la Banque mondiale qui accompagne le secteur privé et l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA) qui accorde des garanties
aux investisseurs privés contre des risques politiques inhérents aux pays.
Depuis son adhésion à la Banque mondiale, l’Algérie,
comme la plupart des pays membres de cette institution,
a bénéficié des financements de projets dans des secteurs aussi divers que les infrastructures (routes, ports,
chemins de fer, centrales électriques…), le développement
rural (agriculture, élevage), le développement urbain, l’approvisionnement en eau, l’assainissement, la gestion de
l’environnement et des ressources naturelles, l’éducation,
etc.
Cependant, grâce aux abondantes ressources tirées de
l’embellie des cours des hydrocarbures à partir de la fin
des années 1990, l’Algérie a entamé un programme de
désendettement et, en 2005, le gouvernement a décidé
de ne plus emprunter auprès des institutions financières
internationales. Le solde de la dette a été remboursé par
anticipation et le dernier projet financé sur un prêt de la
Banque mondiale a été clôturé en 2009.
Depuis lors est née une ère nouvelle des relations entre
l’Algérie et la Banque mondiale matérialisée par un cadre
de partenariat stratégique dont l’instrument principal est
l’Assistance technique remboursable (ATR). Au 31 août
2015, le portefeuille de la Banque mondiale en Algérie
était constitué de douze (12) projets d’assistance technique
dont neuf (9) actifs et trois (3) en phase finale de préparation dans six secteurs différents notamment l’agriculture
et le développement rural, les finances, les Technologies
de l’information et de la communication (TIC), le climat des
affaires, la protection sociale, l’environnement et gestion
intégrée du désert.
Ce mode de partenariat adopté par l’Algérie et les pays du
Conseil consultatif du Golf (CCG), produit certainement
des résultats probants pour autant que la Connaissance
et la technicité que transmet l’assistance de la Banque
mondiale soient effectivement appropriées, internalisées
et mises en pratique par le pays ou plus exactement par
les entités, publiques ou privées, bénéficiaires de l’assistance technique.
Cependant, une observation empirique du mode de partenariat choisi par d’autres pays éminemment émergents
permet de constater qu’un endettement intelligent pour
le financement des opérations dans le secteur des infrastructures ou les secteurs sociaux présente de nombreux
avantages dont les moindres ne sont pas la gouvernance
et le financement optimal des projets, la qualité des infrastructures et, bien évidemment, la Connaissance et
la technicité. Sinon, comment expliquer l’engouement
des pays comme la Chine, le Brésil, l’Inde, la Turquie,
l’Indonésie, l’Ukraine, la Roumanie, le Vietnam, le Nige-
ria, etc. à recourir aux financements externes et sont
parmi les principaux emprunteurs de la Banque mondiale ? Le cas le plus emblématique est celui de la Chine,
deuxième puissance économique mondiale. Ce pays est
historiquement le plus grand « client » de la Banque
•••
2 | La Lettre d’Al Djazaïr | Troisième trimestre 2015
Editorial
Emmanuel
Noubissié Ngankam
‘‘
L’image
perçue de l’Algérie ne rend
pas justice à ce
grand pays qui
a besoin d’une
véritable cure
de rebranding car si les
Algériens ne
disent pas ce
qu’est leur
pays, d’autres
se chargeront
de dire ce qu’il
n’est pas.’’
Rebranding Algeria
L
e constat est saisissant. L’Algérie vue d’ici, où je vis, est différente
de l’Algérie vue d’ailleurs. Que de méprises ! Que de clichés ! Que
de fausses certitudes, hélas, entretenues par une «pudeur» inscrite
dans l’ADN d’une certaine élite algérienne qui répugne à valoriser
et à faire savoir ce que ce pays a de grand ! Ce constat, j’en ai encore été
édifié récemment lors de la rencontre fortuite d’une vieille connaissance
dans la salle d’attente d’un aéroport européen. Après l’étreinte des retrouvailles, mon compagnon me lance tout de go : Tiens ! J’ai appris que t’es
en Algérie. C’est surprenant, tu as plutôt bonne mine. Avec tout ce qu’on
apprend ici et là de ce pays, ce doit être difficile d’y vivre, non ? En dehors
du couscous, qu’est-ce qu’on y mange ? Les gens doivent y rouler en Lada
et en Trabant, tu vois, cette marque de voiture fabriquée dans les années
1960 en Allemagne de l’Est. Et puis, dis-moi franchement, pour l’instant,
vous avez été épargnés, mais à quand votre printemps ? Cela ne te fait-il
pas peur ? D’ailleurs, un ancien président (je tais le nom) d’un grand pays
l’a prédit lors d’un récent séjour dans un pays voisin de l’Algérie. Il doit
savoir de quoi il parle, non ?
Mon interlocuteur semblait sincère et persuadé de sa connaissance d’un pays
dont les réalités lui échappent pourtant. Oui ! Des clichés, encore des clichés
et des prismes qui déforment le regard que certains observateurs posent sur
l’Algérie. Mon interlocuteur a semblé surpris quand je lui ai rétorqué que je
n’étais pas à plaindre. M’a-t-il cru quand je lui ai raconté la vie en Algérie où on
ne mange pas que du couscous, où les infrastructures se modernisent et où
le parc automobile, notamment celui des villes comme Alger et Oran, n’a rien
à envier à celui de certaines cités californiennes ? Le printemps arabe ? Mon
interlocuteur s’étonne que l’Algérie en ait été épargnée. Ignorance de l’histoire
et des réalités de ce pays qui a refusé de courber l’échine et dont la conscience
collective a été marquée par dix années d’une effroyable barbarie. L’ouverture
démocratique ? Mon interlocuteur, comme d’autres bien-pensants, ignore que
l’Algérie a été le premier pays du monde arabe à libéraliser son espace politique
dès lafin des années1980.Lalibertéd’expression? Moninterlocuteurestagacé
dem’entendrediredelapresseécritealgériennequ’elleestprobablementl’une
des plus libres et des plus professionnelles du continent africain… Mais à vrai
dire, à qui la faute si l’opinion publique, y compris algérienne, ne sait pas que
l’Algérieàtraversl’undesesdignesfils,M.AhmedDjoghlaf,coprésideleComité
de négociation de l’Accord mondial sur le climat (COP21), l’un des plus grands
événements qui engagent l’avenir de l’humanité ? Qui se souvient qu’en 2013
l’Algérie a annulé 1 milliard de dollars environ de dettes de 14 pays africains ?
CesjeunesAfricains,boursiersdel’Etatalgérien,combiensont-ilsdanslesuniversités et grandes écoles d’Algérie ? Et cette diplomatie qui, sans être gesticulatoire, est l’une des plus actives du monde, qui en parle ? Certes, les problèmes
del’Algériesontréels.Sonpotentielsous-exploité,sabureaucratiepesanteetla
criseéconomiquedontlessignessontperceptiblesn’ensontpasdesmoindres.
Mais l’image perçue de l’Algérie ne rend pas justice à ce grand pays qui a besoin
d’une véritable cure de rebranding car si les Algériens ne disent pas ce qu’est
leur pays, d’autres se chargeront de dire ce qu’il n’est pas. n
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La Question du jour
n
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mondiale et en 2014 il s’est classé 3e avec 1,6 milliard
de dollars d’engagements. Ceci peut a priori paraître
paradoxal quand on sait que la Chine dispose des plus
importantes réserves de change au monde (près de 4
000 milliards de dollars, c’est-à-dire plus de 22 fois
celles de l’Algérie). Comble de paradoxe, ce pays qui
emprunte massivement auprès de la Banque mondiale, fait concurrence à cette dernière sur le marché
de l’Aide publique au développement (APD). Autre indicateur pertinent, la Chine a lancé, en juillet dernier,
un Fonds fiduciaire de lutte contre la pauvreté doté de
50 millions de dollars dont la gestion a été confiée à…
la Banque mondiale. Si tout ceci n’est pas l’appât de
la Connaissance, qu’est-ce donc ? On ne devient pas
maître du monde par hasard. Un autre cas tout aussi illustratif est celui du Brésil. La sixième puissance
économique du monde était, en 2014, le premier emprunteur du guichet BIRD (Banque internationale pour
la reconstruction et le développement), de la Banque
mondiale avec un peu plus de 2 milliards de dollars
d’engagements. Le revenu par habitant du Brésil est
d’environ 11 800 dollars, c’est-à-dire le double de celui
de l’Algérie. Fondamentalement, ce ne sont pas des
motivations de financements qui justifient le recours
du Brésil aux ressources de la Banque mondiale, mais
toute la valeur ajoutée dont la rareté est évidente et qui
accompagne ces ressources.
Faudrait-il parler de l’Inde qui, en 2014, était le premier
«client» de la Banque mondiale avec un volume d’engagements de plus de 5 milliards de dollars (guichet
BIRD et IDA confondus), ou de la Turquie qui a tous
les indices d’un pays développé et qui ne s’embarrasse
pas d’avoir recours aux financements de la Banque
mondiale pour près de 1,2 milliard de dollars entre
juillet 2014 et juin 2015 ? Le Viêt-Nam de Ho Chi Min,
pays dont l’histoire est connue, construit son émergence grâce, entre autres, à la connaissance qu’accompagnent les financements de la Banque mondiale auxquels il a recours. Ces quelques exemples
illustrent parfaitement le choix fait par des pays qui,
fondamentalement, n’ont pas besoin des ressources
financières de la Banque mondiale, mais qui ont compris que derrière ces ressources pourrait se cacher
autre chose que les marchés financiers internationaux
traditionnels où les importantes ressources internes
ne peuvent offrir dans la quête du développement.
Le contexte international actuel et la situation particulière de l’Algérie marquée, entre autres, par des
évidences de vulnérabilité, suggèrent une réflexion
sur les modèles de partenariat, notamment avec la
Banque mondiale, une réflexion qui devrait, à notre
sens, faire abstraction du sentiment de fierté nationale
et privilégier les avantages que peut tirer le pays de
son appartenance à une « Coopérative » aux opportunités multidimensionnelles qu’est le Groupe de la
Banque mondiale. n
4 | La Lettre d’Al Djazaïr | Troisième trimestre 2015
Question of the day
Algeria : What partnership
with the World Bank?
Stirring up a reflection around the partnership
between the World Bank and Algeria may seem
a priori incongruous since the relationship is
strong and marked by mutual respect, cardinal
principle in international cooperation. However,
despite its exemplarity, this relationship is alive,
that is to say, subject to changes and adjustments
due to specific circumstances.
B
a Barely one year after its independence, Algeria,
became a member of the World Bank in September 1963. It is therefore a shareholder and in that
capacity entitled to all the products and services
the institution provides its member countries which number 188 to date.
Of course the World Bank is, as its name suggests, a bank
and therefore perceived primarily as a financing institution. But beyond its financial products such as loans and
guarantees, the World Bank provides its members who
request it, technical assistance and especially knowledge
products. Although these products are imperceptible and
little known to the general public, this other specificity of
the World Bank is nonetheless one in which it has a more
added value particularly for countries such as Algeria that
have a legitimate claim as an emerging country, but whose
structural weaknesses are knowledge gaps.
So, beyond its lending institution mandate, the World Bank
is also, as a result of its global experience and expertise,
a vector, may be one of the best vectors of the dissemination of all kinds of knowledge in the field of development.
These products and services granted to States could also
be granted to the private sector through the International
Finance Corporation (IFC), a branch of the World Bank
Group that supports the private sector and the Multilateral
Investment Guarantee Agency (MIGA) which provides guarantees to private investors against political risks. Since
joining the World Bank, Algeria, like most of the member
countries of the institution, has benefited from the financing of projects in sectors as diverse as infrastructure
(roads, ports, railways, power plants...), rural development
(Agriculture, livestock), urban development, water supply,
sanitation, environment and natural resources management, education etc.
However with extensive resources drawn from hydrocarbons during the upturn in prices during the late 90s,
Algeria launched a debt reduction program and in 2005,
the Government decided to no longer borrow from International Financial Institutions. The debt balance was even
prepaid and the last World Bank funded project closed
in 2009.
Question of the day
Since then, a new era of relations between Algeria and
the World Bank was established, framed in a Country
Partnership Strategy (CPS) resting solely on knowledge
products, particularly Reimbursable Advisory Services
(RAS). On August 31, 2015, the World Bank portfolio in
Algeria comprised of twelve (12) technical assistance
projects of which, nine (9) are active and three (3) in
the final phase of preparation in six different sectors
including Agriculture and Rural Development, Finance,
Information and Communication Technology (ICT), the
Business Climate, Social Protection, Environment and
Integrated Management of the Desert.
This partnership model chosen by Algeria and some Golf
Consultative Council (GCC) countries definitely yields
positive and tangible results as long as the knowledge
and skills transferred by the World Bank, are actually
owned, internalized and implemented by the country or
rather by the entities, public or private recipients of the
technical assistance.
However, empirical observation of the partnership approach adopted by other eminent emerging countries,
reveals that a smart debt to finance operations in the
infrastructure and social sectors has quite a lot of advantages of which, the least, are not the governance and the
optimal financing of projects, the quality of infrastructure and of course knowledge and technical expertise.
Otherwise how else to explain the high interest of
countries such as China, Brazil, India, Turkey, Indonesia,
Ukraine, Romania, Nigeria etc. in external financing, and
are among the top World Bank borrowers.
The most emblematic case is that of China, the second
economy in the world. The country is historically the
primary World Bank “Client” and in 2014 it ranked third
with 1.6 billion dollars in commitments. This may seem
a priori paradoxical given that China has the largest foreign reserves in the world (nearly 4,000 billion dollars,
that is to say, more than 22 times that of Algeria). The
peak of the paradox is that, this country that borrows
heavily from the World Bank is also one of the most aggressive Development aid providers. Its partnership with
the World Bank is complex; China launched last July a 50
million dollar Trust Fund to end poverty, with the World
Bank as trustee. If this is not the lure for Knowledge,
what is it? A country does not become a world leader by
chance.
Another illustrative case is that of Brazil. The sixth economy in the world which in 2014 was the primary borrower of IBRD window (International Bank for Reconstruction and Development) of the World Bank with just
over 2 billion dollar commitments. The per Capita income
of Brazil is around 11,800 dollars, that is to say, double
that of Algeria. Basically, Brazil’s resort to the Word Bank
resources is not motivated by the quest for financing, but
for the added value accompanying these resources.
What to say about India, which in 2014 was the first
«client» of the World Bank with a volume of over 5 billion
dollar commitments (IBRD and IDA combined), or Turkey
that has all the characteristics of a developed country
but still resorted to the World Bank funding for almost
1.2 billion dollars between July 2014 and June 2015.
These few examples illustrate perfectly the choice made
by countries that basically do not need the financial
resources of the World Bank, but which have understood that behind these resources could be hiding other
things that traditional international financial markets or
significant internal resources cannot offer in the quest
for development. The current international context and
the particular situation of Algeria characterized among
other things by evident vulnerability, call for a reflection
on partnership models, notably with the World Bank, a
reflection in our view, that puts aside the national pride
and gives priority to the benefits the country can pull from
its membership in a «Cooperative» with multidimensional opportunities which is the World Bank Group.n
E. N. N.
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Grand angle
Slim
Othmani
«L’acte d’investir est
fortement handicapé
par divers verrous»
D’aucuns disent de lui qu’il est l’intellectuel du secteur privé algérien, d’autres le
traitent d’anticonformiste ou encore d’éveilleur de consciences, tant ses prises de
position tranchent parfois avec le ton convenu de ses autres pairs, chefs d’entreprise. Bien plus, l’homme aux multiples facettes est non seulement président du
Groupe NCA-Rouiba, une des entreprises les plus dynamiques du secteur agroalimentaire en Algérie, mais il est également membre de plusieurs Think Tanks, notamment CARE (Cercle d’action et de réflexion autour de l’entreprise), dont il est
président, et de NABNI (Notre Algérie bâtie sur de nouvelles idées). Grand Angle
avec Slim Othmani.
6 | La Lettre d’Al Djazaïr | Troisième trimestre 2015
Grand angle
‘‘
Slim Othmani : NCA-Rouiba se porte
bien même si elle évolue dans un
cadre très contraignant, inhibant nos
velléités de développement national
et international. Ce qui ne nous a pas
empêchés d’exporter nos produits et
d’étudier des projets industriels tant
au Maghreb qu’en Afrique subsaharienne.
Le secteur des boissons dans lequel
nous évoluons est caractérisé par un
nombre importants d’acteurs et des
capacités de production installées,
dépassant largement vingt fois (20)
la taille du marché. C’est dire que
la concurrence y est féroce et que la
recherche perpétuelle de relais de
croissance est un facteur de survie.
L’export et l’innovation font donc partie de l’ADN de l’entreprise.
Pour le premier semestre 2015, nous sommes en droite
ligne avec nos objectifs tant en volume qu’en chiffre
d’affaires. Cependant, les dévaluations successives du
dinar, les hausses des salaires et le renchérissement de
certains intrants sur le marché international ont affecté
notre rentabilité qui demeure tout de même à des niveaux
acceptables. Notons au passage que l’absence d’instruments financiers de couverture contre les risques de
change nous affecte directement.
Où en êtes-vous avec l’opération d’entrée de
Cevital dans le capital de NCA-Rouiba ?
A la Bourse d’Alger, la décote du titre NCA-Rouiba est
davantage le fait du dysfonctionnements de la Bourse et
son peu de profondeur.
En effet, la gestion bureaucratique de la Bourse et l’absence d’acheteurs institutionnels (banque, assurances,
etc.), nationaux et internationaux, y sont pour beaucoup
dans cette situation qui perdure.
Dernier épisode en date, la transaction de bloc entre
Africinvest et le Groupe Cevital s’est vu opposer une fin
de non-recevoir. Largement contestable, tant dans le
fond que dans la forme, de la part de l’autorité de régulation de la Bourse d’Alger et du ministère de l’Industrie.
‘‘
La Lettre d’Al Djazaïr : M. Othmani, comment se porte le Groupe
NCA-Rouiba ?
Je suis parfois attristé
d’observer que nos
dirigeants n’ont jamais
honoré un chef d’entreprise algérien. Signe de
défiance ou d’incompréhension du rôle
du secteur privé.
Un signal négatif envoyé à la communauté des affaires, nationale et
internationale.
Vous faites certainement des
envieux dans un contexte où le
secteur privé algérien peine à
prendre le relais de moteur de
croissance comme le souhaitent
les pouvoirs publics. Quelle est
votre recette ?
Je ne sais pas si nous faisons des
envieux ! Cependant, si nous pouvons être un exemple en termes
de gouvernance, d’innovation et de
méthodes managériales, pourquoi
pas ? L’Algérie a un cruel besoin de
«success-story», et ce qui me rassure c’est que l’on commence à en
voir fleurir.
Je suis parfois attristé d’observer que nos dirigeants
n’ont jamais honoré un chef d’entreprise algérien. Signe
de défiance ou d’incompréhension du rôle du secteur
privé, ou les deux à la fois ? Cette question de la place du
secteur privé et, en conséquence, du rôle de l’Etat dans
la sphère économique est, à mes yeux, la ligne de crête
à franchir pour bâtir la nouvelle économie algérienne
que nous appelons de nos vœux : plus compétitive, plus
diversifiée et plus efficace.
Au regard d’un certain nombre d’indicateurs tel
le niveau d’IDE (Investissement direct étranger),
l’Algérie qui a pu attirer un peu moins de 2 milliard de
dollar en 2014 reste très peu attractive. Qu’est-ce qui
explique cette faible attractivité ? Comment y remédier et en même temps renforcer le développement du
secteur privé en Algérie ?
Posons-nous la question de savoir si le prérequis, à
savoir la volonté politique d’attirer les IDE, est au rendez-vous. Absolument tout indique le contraire et les
divers road-show de nos ministres à l’international
n’ont pas, à ce jour, réussi à convaincre une masse critique d’investisseurs. 2 milliards, c’est peu au regard
des potentialités. L’économie algérienne a été, et reste,
tout entière organisée autour de la gestion d’un secteur
pétrolier prédominant. C’est la véritable priorité du gou-
| 7
Grand angle
‘‘
L’Algérie a cruellement besoin d’Investissements Directs
Etrangers pour diversifier son économie et
construire un secteur
privé performant.
La situation de l’Algérie est préoccupante et les principaux agrégats macroéconomiques l’attestent
: le déficit budgétaire qui était de
-6,8% du PIB en 2014 pourrait
doubler en 2015 ; le solde extérieur
courant pourrait passer de -4,2% en
2014 à plus de -18% du PIB en 2015
; le niveau d’inflation projeté pour
2015 est de 4% contre 2,9% en 2014.
Si ce n’est pas encore une crise, ça y
ressemble. Quelle médication pré-
8 | La Lettre d’Al Djazaïr | Troisième trimestre 2015
‘‘
vernement algérien, ce qui explique,
du reste, que l’essentiel des IDE est
orienté vers les activités de prospection ou de production des hydrocarbures. Dès lors que les ressources
financières tirées de ce secteur vital
de notre économie sont abondantes,
le gouvernement ne considère pas la
nécessité d’encourager les IDE dans
les autres secteurs de l’économie qui,
pourtant, en auraient grand besoin.
Il est fort probable que cette position
évolue, si les prix du pétrole se maintiennent longtemps
encore à leur position baissière actuelle. Dans la mesure
où une volonté politique nouvelle viendrait à s’affirmer,
on s’apercevra très vite que les potentialités du marché
algérien sont considérables, pour peu que le système
économique se réorganise et gagne en efficacité.
Cela impliquera, sans entrer dans les détails, de corriger
un certain nombre de lacunes visibles comme l’instabilité du cadre juridique régissant les IDE, la prégnance des
pratiques corruptrices et un climat des affaires bureaucratisé à l’excès, y compris du reste pour les entrepreneurs locaux. En un mot, la confiance n’est pas au rendez-vous et la versatilité des pouvoirs publics, dans leur
relation avec les investisseurs étrangers, a largement
contribué à rendre la destination Algérie difficilement
attractive. L’Algérie a cruellement besoin d’IDE pour
diversifier son économie et construire un secteur privé
performant. Certes, les détracteurs de cette option sont
nombreux (lobbys et autres experts-théoriciens) mais il
suffit d’observer la faible diversité de notre tissu économique pour se rendre compte de l’impulsion qu’aurait pu
induire une présence d’IDE plus conséquente.
Malheureusement, nous ne sommes encore pas dans
une économie du savoir et de l’information, une économie tournée vers le
monde. Combien d’entreprises sont
dans des secteurs à forte intensité
technologique ?
conisez-vous pour éviter au navire
Algérie de «heurter l’iceberg»
comme certains le redoutent ?
Nous n’avons évidemment pas de
recettes miracles et nos diverses
propositions rejoignent tout ce qui
a été suggéré tant par les experts
que les Think-tank et les institutions
internationales telles que la vôtre
et que je résumerai comme suit :
désintoxication aux hydrocarbures
et réformes économiques majeures.
Qui ne sauraient se concrétiser sans la remise en question de certains dogmatismes tels que le soutien aux
entreprises publiques, la privatisation et le contrôle des
changes.
Le porte-parole du Think-tank NABNI, Abdelkrim
Boudra, a déclaré récemment : «On aurait pu réformer
au cours des dernières années sans sueur, maintenant
il en faut. Il faut le faire vite si l’on veut éviter dans
les prochaines années des mesures drastiques qui se
feront dans les “larmes et le sang”.» Que vous inspire
une telle déclaration ?
L’originalité du discours de NABNI, dont je fais aussi partie, réside dans le fait qu’il associe un message alarmiste
fort à des propositions concrètes et réalistes. Après
l’image du Titanic, celle des «larmes et du sang» est
venue renforcer le sentiment d’urgence et de gravité de
la situation. Il s’agit de contraindre les pouvoirs publics
(à l’effet) (d’)afficher une vision partagée, d’entamer
des réformes et de prendre des décisions courageuses,
comme celle de revoir tout le mécanisme des subventions ainsi que celle du désengagement de l’état de la
sphère économique, à l’exception de quelques rares
secteurs stratégiques. Et à ce propos, l’Etat gagnerait en engageant
un débat public le plus large et le
plus inclusif possible pour définir ce
qui est stratégique de ce qui ne l’est
pas et donc ouvert à l’initiative privée
nationale ou étrangère.
Une délégation de la Banque mondiale
visite l’usine de NCA-Rouiba sous la
conduite de son président, Slim Othmani.
Dans une récente tribune, vous
estimez que les mesures contenues
dans la loi de finances complémentaire 2015 (LFC) sont minimalistes
et peu courageuses par rapport à la
gravité de la situation. Vous relevez que le gouvernement semble
n’avoir pas perçu toute la dimension des dangers qui guettent l’éco-
Grand angle
‘‘
Oui, les mécanismes de transferts
sociaux auraient mérité une réelle
remise à plat, à commencer par une
augmentation du prix de l’énergie et
des carburants. De même, le financement sur budget de l’Etat des grands
projets d’infrastructures en cours auraient dûcéder la place à des financements nationaux et internationaux. En
rejetant toute idée d’abandonner ou de
mettre en stand-by ces projets vitaux
pour l’Algérie, contrairement à ce qui
est suggéré ici et là. De même l’élargissement de l’assiette fiscale aurait dû
être au menu de cette LFC.
Il suffit de parcourir la rubrique
taxes du «Doing Business» pour s’en
convaincre : le poids de la TAP et celui
des charges patronales sont incohérents. Le gouvernement est visiblement tétanisé par la peur des troubles
sociaux qui pourraient survenir en cas de mise en œuvre
de réformes. Ce serait, certes, désastreux et la situation sécuritaire régionale incite à la prudence. Cependant, le statu quo et l’improvisation conduiront à un
scénario encore plus inattendu puisque l’onde de choc
d’une Algérie déstabilisée pourrait s’étendre à toute la
Méditerranée occidentale ainsi qu’à l’Afrique subsaharienne, voire au-delà. Au lieu de se confiner à craindre
l’explosion sociale, il nous paraît impératif d’engager
sans délai une large opération de communication qui
permettrait de diffuser auprès du plus grand nombre,
et en particulier auprès des catégories sociales les plus
exposées, pourquoi les réformes sont nécessaires pour
la survie de notre nation et de son économie. Sentiment
d’urgence, intelligence stratégique, bonne gouvernance,
transparence dans la communication et participation de
tous les acteurs de la société civile seront les facteurs
clés de succès d’une transition «pacifique» vers un autre
modèle socio-économique dans le respect de la Constitution et des valeurs nationales.
L’une des préoccupations majeures de l’économie
algérienne est la dégradation progressive du solde de
son commerce extérieur. Le gouvernement est à la
quête de solutions permettant à la fois de promouvoir
‘‘
nomie algérienne. Quid de la réforme
des subventions et autres transferts
sociaux ? Qu’auriez-vous envisagé
pour contenir le déficit grandissant
des finances publiques consécutif à la
baisse des recettes tirées des hydrocarbures ?
Les mécanismes de
transferts sociaux
auraient mérité une
réelle remise à plat,
à commencer par une
augmentation du prix
de l’énergie et des
carburants.
et de diversifier les exportations hors hydrocarbures, d’une
part, et de réduire la facture des
importations, d’autre part. En tant
qu’opérateur économique dont
l’expérience du marché national et international est avérée,
quelles recommandations feriezvous aux pouvoirs publics si vous
étiez consulté à ce sujet ?
On ne cesse de le marteler depuis
des années ! L’acte d’investir est
fortement handicapé par divers
verrous clairement identifiés et qui,
à ce jour, n’ont pas encore été levés.
Ainsi, et comme décrit précédemment pour les IDE, nous faisons
face en tant qu’investisseurs algériens exactement aux mêmes difficultés. L’ingéniosité bureaucratique
a été portée à son paroxysme avec
le fameux «accord du CNI» consacrant la centralisation à outrance et
la non-liberté dans l’acte d’investir.
N’était-ce pas plus simple de lister
les secteurs d’activité interdits à l’investissement ? Oui,
l’Algérie aurait pu être outillée pour promouvoir et diversifier ses exportations. J’en veux pour preuve la circulaire
d’août 2013, adressée par le Premier ministre à tous les
membres du gouvernement ; elle mérite qu’on la rappelle
et que l’on nous explique pourquoi elle est restée lettre
morte alors qu’elle portait en elle les prémisses d’un
autre cadre entrepreneurial propice à la diversification et
à l’exportation. Les raisons de la non-application de cette
circulaire pourraient être riches en explications sur la situation statique de notre économie. Trop centralisée, trop
bureaucratisée et surtout trop étatisée et habitée par une
culture de la paranoïa, c’est d’une profonde réforme des
mentalités dont nous avons besoin. Pour conclure, je souhaiterais faire mienne cette phrase d’Etienne Klein (physicien et philosophe), car croire au progrès de l’Algérie,
croire à une Algérie meilleure, c’est «accepter de sacrifier du présent personnel au nom d’une certaine idée du
futur collectif qui donne du sens et une direction à nos
efforts. Cela suppose donc d’avoir… une certaine idée du
futur collectif ! Or, pour quel dessin global sommes-nous
(Algériens) prêts à faire des sacrifices» ? Vaste sujet car
la vision ainsi que les valeurs de travail, d’effort et d’intérêt pour la collectivité ont déserté la société algérienne.
Pourtant, nous continuons à croire, à espérer et à…
travailler. n
Entretien réalisé par Emmanuel Noubissié Ngankam
| 9
Partenariat
n
Assistance technique de la Banque mondiale au secteur agricole et rural
Comment s’affranchir du lait importé
La coopération entre la Banque mondiale et l’Algérie remonte aux années 1980,
notamment à travers de grands projets tels les PER 1 et 2 (Projet d’emploi rural)
financés par des prêts.
Abdelkarim Oka
L’Algérie a les capacités de s’auto-suffire en lait
L
e gouvernement algérien ayant décidé de ne
plus avoir recours à l’endettement extérieur, la
coopération entre les deux partenaires a connu
une mue et a pris la forme exclusive de l’Assistance technique à partir de 2006. C’est dans ce contexte
qu’en février 2012 trois contrats d’Assistance technique
remboursable (ATR) ont été signés avec le ministère de
l’Agriculture et du Développement rural (MADR) et la
Banque mondiale. Ces contrats portaient sur :
• la revitalisation de son Programme de soutien au renouveau rural ;
• le développement des filières agroalimentaires stratégiques par le biais de Pôles agroalimentaires intégré et ;
• le renforcement des capacités en matière de statistiques agricoles, systèmes d’information et suivi-evaluation.
10 | La Lettre d’Al Djazaïr | Troisième trimestre 2015
Les domaines d’assistance retenus s’appuient sur la Loi
d’orientation agricole, adoptée en 2008, qui avait tracé
les axes d’un développement durable de l’agriculture et
du monde rural et jeté les bases d’une mise en cohérence des politiques de développement agricole et rural,
d’une harmonisation de leurs modalités d’exécution et
d’une synergie dans leur mise en œuvre. La première
phase de ces projets d’assistance technique est arrivée
à terme et une seconde phase est en cours de préparation. La situation économique de l’Algérie marquée entre
autres, par la volonté exprimée des pouvoirs publics de
diversifier le tissu économique, promouvoir les exportations hors hydrocarbures et réduire la facture des importations, nous a amenés à nous intéresser au projet
d’Assistance technique consacré aux Pôles agroalimentaires intégrés (PAI), projet dont l’objectif majeur à terme
est de permettre à l’Algérie de s’affranchir de l’importation de certains produits alimentaires.
Partenariat
Développement de filières et de Pôles
Agroalimentaires Intégrés
reproduction, d’organisation de la ferme, de l’accès aux
crédits et primes, de coordination entre les différents
acteurs de la filière (interprofession). Le défi est de pouLe constat est saisissant. Malgré une politique de pro- voir substituer la production nationale aux importations
motion de la production nationale par le biais de sou- sans pénaliser le consommateur, sans augmenter la
tiens à l’investissement à la ferme, à la création de facture totale des aides de l’Etat (primes à la producpetites unités agroalimentaires de première transfor- tion + subventions aux importations). Le problème se
mation (laiterie, huilerie, etc.) à proximité des lieux de pose dans des termes plus ou moins semblables pour
production ainsi qu’à l’octroi de primes à la production, d’autres produits agricoles stratégiques. C’est pour
à la collecte, à la transformation et parfois au stockage l’aider à répondre à ce défi que le MADR a sollicité la
sous froid pour certaines productions agricoles, la fac- Banque mondiale pour une assistance technique. L’obture d’importation de produits alimentaires n’a cessé jectif principal de cette assistance était d’aider le MADR
de grimper durant cette dernière décennie. En effet, les et ses partenaires publics et privés à la dynamisation
importations algériennes de denrées agroalimentaires des filières (notamment la filière lait) et à la mise en
sont passées de 4 à 9,4 milliards de dollars américains place de pôles agroalimentaires intégrés (PAI). Dans le
entre 2004 et 2014. L’essentiel de la hausse des importa- cadre de la première phase de cette assistance techtions agroalimentaires algériennes
nique, la filière lait a été retenue. Le
s’explique cependant plus par un
travail a commencé par la sélection
effet prix plutôt que par un effet
d’une wilaya pilote (Sétif) à travers
Le prix de vente au
volume qui a de fait commencé à se
une analyse multicritères et par
détail du lait reconstistabiliser ou diminuer pour certains
l’organisation d’une série de rendes produits stratégiques de base
contres–ateliers réunissant, pour la
tué à partir de poudre
(blé, lait), excepté pour 2014 où on a
première fois, tous les acteurs de la
importée est subvenenregistré une augmentation signififilière. Il s’agit notamment de mettre
tionné et fixé par l’Etat
cative en volume des laits et crème
en synergie les actions des éleveurs,
de lait en poudre et du blé dur. En
des producteurs de fourrages, des
à 25 DA le litre et n’a
effet, l’accroissement des prix moninséminateurs, vétérinaires, collecpas changé depuis
diaux des denrées agricoles se siteurs, usines de lait, organismes
plus de dix ans alors
tuait, en 2013, à 40% au-dessus des
techniques agronomiques, zootechprix de début de période. L’essentiel
niques et vétérinaires, des centres
que le lait produit lodes importations alimentaires est
de formation et universités, de
calement ne peut renconstitué de 5 principaux produits
l’interprofession, de l’administratablement se vendre
qui représentent 66% des importation (MADR), de la Chambre d’agritions totales alimentaires pour 2014.
culture, des institutions de crédit
à moins de 35 DA et
Il s’agit des céréales de consomet d’assurances et des partenaires
ce malgré toutes les
mation humaine (2,46 milliards de
internationaux publics et privés. Ces
primes auxquelles
dollars américains) ; du lait et des
rencontres ont débouché sur l’étaproduits laitiers (2,042 milliards de
blissement d’un diagnostic exhaustif
peuvent prétendre
dollars américains dont 1,799 milfaisant ressortir tous les problèmes
les producteurs.
liards de dollars américains uniqueauxquels l’ensemble des acteurs est
ment pour le lait en poudre) ; des
confronté. Un programme d’actions
sucres et sucreries (910,5 millions
structurantes a été établi.
de dollars américains) et enfin des
Les objectifs envisagés pour la seconde phase sont (i)
graisses alimentaires (818,6 millions de dollars améri- la poursuite du travail entamé pour la filière lait dans
cains). En ce qui concerne particulièrement le lait, mal- la wilaya de Sétif, (ii) l’extension de l’initiative PAI-Lait
gré les primes d’appui à la production nationale, celle-ci aux wilayas voisines ; l’élargissement à d’autres filières
ne croît que lentement et ne parvient pas à supplanter stratégiques dans la même zone en vue de passer de
les importations et s’y substituer. La raison est double. la notion de filière à la notion de véritable pôle agroaD’une part, le prix de vente au détail du lait reconstitué limentaire intégré multi filières. En effet, le développeà partir de poudre importée est subventionné et fixé par ment agricole d’un territoire implique presque toujours
l’Etat à 25 DA le litre et n’a pas changé depuis plus de dix plus d’une filière et l’approche de pôle intégré permet
ans alors que le lait produit localement ne peut renta- de réaliser une économie d’échelle en mettant en comblement se vendre à moins de 35 DA et ce malgré toutes mun les diverses ressources humaines, matérielles et
les primes auxquelles peuvent prétendre les produc- financières indispensables et en mobilisant les mêmes
teurs. D’autre part, malgré les primes octroyées à plu- institutions administratives, scientifiques et financières.
sieurs niveaux de la production locale, une analyse de la Pour la filière lait, la vision à moyen terme est que l’Alchaîne de production montre que plusieurs faiblesses gérie ne devra plus recourir aux importations régulières
et goulots d’étranglement persistent. Ils se situent, et massives de lait en poudre car, en termes de potentiel
entre autres, au niveau de la maîtrise du savoir-faire en réel, le pays a la capacité de produire tout le lait dont il
termes d’alimentation du bétail, de santé animale et de a besoin. n
| 11
n
Banque mondiale
Marie Francoise Marie-Nelly
La Banque mondiale
à Export Awards 2014
n
Nouvelle directrice des Opérations
de la Banque mondiale pour le Maghreb
L’Export Trophy Awards 2014 a eu lieu le 2 juin 2015.
Cet événement, organisé par le World Trade Center
Algeria (WTCA), récompense chaque année les meilleures entreprises algériennes exportatrices hors
hydrocarbures. Sur la photo, Emmanuel Noubissié
Ngankam, représentant résident de la Banque mondiale en Algérie, remet un prix au dirigeant de l’entreprise El Wiam de la Petite Kabylie dont l’activité
principale est la production et l’exportation de liège. n
Mme Marie Francoise Marie-Nelly est la nouvelle directrice
des Opérations de la Banque mondiale pour le Maghreb
et Malte. Basée à Rabat, au Maroc, comme son prédécesseur, Simon Gray, elle a effectivement pris ses fonctions le
1er juillet 2015. Après quatre ans passés au Nigeria où elle
occupait les mêmes fonctions, Mme Marie-Nelly arrive à tête
de ce groupe de pays dans un contexte particulier marqué
par de nombreux défis qui interpellent à la fois les Etats et
leurs partenaires internationaux. Entrée à la Banque mondiale en 1994, Mme Marie-Nelly a occupé diverses responsabilités dans l’institution, notamment dans les domaines
de la restructuration des entreprises publiques, d’appui au
développement du secteur privé, d’intégration régionale, de
gestion du secteur pétrolier. Elle a été, entre autres, directrice des Opérations pour les deux Congo (Brazzaville et
RDC) de 2008 à 2011, directrice du programme du Groupe
de la Banque mondiale relatif à l’exploitation pétrolière au
Tchad et à l’oléoduc Tchad-Cameroun de 2004 à 2007 et directrice du programme d’intégration régionale en Afrique de
2000 à 2004. Originaire de la Martinique, Mme Marie-Nelly est
expert-comptable, diplômée de l’Ecole supérieure de commerce de Nantes et de l’Université de Bowling Green (Ohio,
Etats-Unis). Elle a également suivi plusieurs programmes de
management à l’Université de Harvard, aux Etats-Unis. Elle a
travaillé pour de nombreuses firmes internationales et a été
conseillère de plusieurs gouvernements avant de rejoindre la
Banque mondiale. n
Nouvelles coordonnées de la représentation
du Groupe de la Banque mondiale en Algérie
07, Chemin Mackley, Ben Aknoun, Alger
Tél. : (+213) (0) 21 79 51 53 à 58
Fax : (+213) (0) 21 79 51 59
12 | La Lettre d’Al Djazaïr | Troisième trimestre 2015
Le vice-président de la Banque
mondiale pour la région MENA
en visite en Algérie
Hafez Ghanem, vice-président de la Banque mondiale
pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (MENA),
effectue une visite en Algérie du 13 au 15 septembre
2015. Il aura une importante séance de travail avec
M. Abderrahmane Benkhelfa, ministre des Finances,
gouverneur de la Banque mondiale pour l’Algérie, rencontre au cours de laquelle sera, entre autres, présentée la nouvelle stratégie de la Banque mondiale pour le
région MENA. Outre cette séance de travail, M. Ghanem
aura des entretiens avec des membres du gouvernement, le secteur privé et la société civile.
Cette visite, qui se situe dans un contexte particulier,
offrira certainement l’occasion d’aborder les questions
liées à la situation économique de l’Algérie et les réformes envisagées par le gouvernement pour endiguer
les effets négatifs de la chute brutale des prix des hydrocarbures. M. Ghanem sera accompagné, entre autres,
de Mme Marie-Françoise Marie-Nelly, nouvelle directrice
des Opérations de la Banque mondiale pour les pays du
Maghreb. n