Bulletin 121 année 2013 - Union des Francais en Sarre

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Bulletin 121 année 2013 - Union des Francais en Sarre
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Le Mot de la Présidente ..................................................... 3
Editorial du Consul Général................................................ 5
Une affaire de frères ......................................................... 7
Rétrospective des évènements de l’année 2013...................11
Parmi les évènements de l’année, une première .................12
Informations utiles ..........................................................13
L’école française de Sarrebruck et Dilling............................14
Des nouvelles de l’AFDES .................................................17
Gingko Biloba..................................................................18
Décorations ....................................................................21
Un mémorable anniversaire ..............................................23
Les heures silencieuses de Gaëlle Josse..............................25
Des vacances pas comme les autres ..................................27
Cambodge – Pour un Sourire d’Enfant ................................29
Voyage de l’U.F.S. en Pologne...........................................31
L’île secrète aux deux visages : Menorca ............................38
Le Carreau......................................................................42
Journées du film français ..................................................45
SOMMAIRE
Bulletin 2013
UNION DES FRANÇAIS DE SARRE
Villa Europa - Kohlweg 7 - 66123 Saarbrücken
Tél.: 0681 - 93812400 – Courriel : [email protected] - www.u-f-s.eu
Extrait des statuts :
Article 3 - § 1
Peuvent être membres de l'Association les personnes, en particulier
de nationalité française, habitant en Sarre et dans la Grande Région.
Article 3 - § 2
Les personnes ayant quitté la Sarre ou la Grande Région et continuant à soutenir et promouvoir les buts de l'Association peuvent garder la qualité de membre.
Présidents d'Honneur
Claude VILLEROY de GALHAU
Vaudrevange, Hauptstrasse 67 - 66798 Wallerfangen
Tél.: 06831-62807 - Courriel: [email protected]
Bernard CHALLAND
Dieselstrasse 30 – 66763 Dillingen
Tél.: 0172-6389290 - Courriel: [email protected]
Comité Directeur
Présidente
Janine LOOCK
Wadgasser Str. 74 – 66787 Wadgassen
Tél.: 0151-14982244 – Courriel: [email protected]
Vice-Présidente
Sophie LE BOULC’H-TALBI
Guericke Str. 22 - 66123 Sarrebruck
Tél.: 0681 41 63 356
Vice-Président
Jacques RENARD
Kaiserstrasse 39 – 66459 Kirkel
Tél.: 06849-6239 - Courriel: [email protected]
Trésorier
Gérard CHALVET
22, rue des Dahlias – F -57515 Alsting
Tél.: 0033-387855607 - Courriel: [email protected]
Conseillers régionaux
Sarrebruck
Elisabeth HÄFNER - Akazienweg 24 - 66121 Sarrebruck
Tél: 0681-817230 - Courriel: [email protected]
Sarrelouis
Dominique MÜLLER - Felsbergstr. 22 - 66798 Wallerfangen, Tél.: 06831-964929 - Courriel: [email protected]
Völklingen
Paulette NEUHAUSS - Parkhausweg 29 - 66333 Völklingen, Tél: 06898-26169
Commission Bulletin
Christiane DÖHRING - Janine LOOCK - Claude MEISSNER Hélène SCHMITT - Gérard CHALVET - Jacques RENARD Claude VILLEROY de GALHAU – Yves SOURON – Nicole
SCHUMACHER
Mise en page
Thomas JAKOBI
La commission fait d’ores et déjà appel à toutes les bonnes volontés qui voudront bien
lui apporter des articles, chroniques ou reportages pour notre prochain bulletin. Les
articles n’engagent que leurs auteurs. La commission décline toute responsabilité pour
les omissions ou inexactitudes qui auraient pu se glisser dans les articles ou les informations qui lui sont confiés pour publication.
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Chers Amis,
Une année placée officiellement sous le signe de l’Amitié franco-allemande s’achève.
De très nombreuses festivités, conférences, débats et rencontres ont marqué ce 50ème
anniversaire du Traité de l’Elysée.
Notre association a été pleinement associée à l’Année de la France en Sarre. Pour ne
citer que les évènements les plus marquants : la pièce « Elysée 63 » présentée par le
groupe « Die Redner » au Staatstheater, les cérémonies du 3 octobre dernier au Baden-Wurttemberg auxquelles participait une délégation sarroise sélectionnée dans un
contexte franco-allemand.
D’ailleurs nous sommes bien placés pour savoir qu’au delà de cette année si pleine de
symboles, il est vital de continuer à marquer notre présence, notre dynamisme dans
ce Land si ouvert, si généreux et à œuvrer pour une meilleure compréhension des différences culturelles.
Mais il est primordial aussi dans cette région au cœur de l’Europe, bien connue sous
l’appellation de Grande Région, que nous puissions, nous aussi, faire vivre cette Europe au quotidien : restons ouverts aux autres communautés.
En effet, consciente de la nécessité de poursuivre les efforts entrepris par mes prédécesseurs, et surtout avec votre soutien, je m ‘appliquerai davantage à promouvoir notre association parmi les francophones et francophiles habitant en Sarre ou dans la
grande région.
Parmi les nombreuses tâches qui nous attendent pour 2014, deux me tiennent surtout
à coeur: améliorer notre communication, mettre en commun nos compétences et nous
mobiliser davantage pour des actions en faveur d’un jeune public.
Il me reste à remercier chaleureusement toute
l’équipe de volontaires qui m’a soutenue en
cours d’année : participation aux diverses manifestations, contributions et mise en œuvre du
Bulletin, organisation du Stammtisch….
Un immense merci à tous, votre présence et
votre soutien tout au long de l’année nous motivent.
Que cette nouvelle année vous apporte à tous
bonheur, santé et beaucoup de satisfactions !
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Chers amis,
Thalès écrivait que le temps mettait tout en lumière. L’année franco-allemande incroyablement
riche que nous avons vécue, nous prouve la justesse de ce quasi théorème. Le temps a en effet
mis en lumière combien deux hommes d’Etat, le
Chancelier Adenauer et le Général de Gaulle, ont
eu mille fois raison de jeter les bases d’une nouvelle relation franco-allemande, sur les décombres
d’un passé douloureux, en s’adressant immédiatement à la jeunesse pour qu’elle ne commette plus
jamais les mêmes erreurs. Ce fut la signature du
traité de l’Elysée, le 22 janvier 1963, qui, 50 ans après, n’a pas d’égal dans le monde
: il a porté non seulement la réconciliation franco-allemande, mais a également su
être le ferment d’une construction européenne dont nous mesurons, même dans la
difficulté, les apports indéniables, au premier rang desquels un espace de paix.
Cet anniversaire du traité de l’Elysée a pris une dimension particulière en Sarre, celle
de l’année France 2013. Elle a mis à l’honneur, localement, toutes les richesses de
notre coopération bilatérale, qu’elle soit éducative, culturelle, économique, et, bien
évidemment, sociale, et aura été l’occasion de regrouper toutes les énergies, non seulement politiques, mais également celles de la société civile : l’UFS a pris sa part à ces
festivités avec enthousiasme, sous l’impulsion dynamique de sa Présidente, Janine
Loock, que je veux ici remercier pour l’excellence des relations que nous avons pu tisser entre l’Union des Français de Sarre et ce consulat général, durant cette première
année.
Cette année franco-allemande aura vu également de nombreuses visites ministérielles
et parlementaires en Sarre, soulignant l’exemplarité et l’attractivité de ce Land en matière de coopération franco-allemande, deux qualités qui doivent beaucoup à
l’impulsion politique de la Ministre Présidente et Plénipotentiaire, Annegret KrampKarrenbauer. Mme la Ministre déléguée à la réussite scolaire, George Pau-Langevin,
après avoir honoré l’ouverture de l’année scolaire franco-allemande en Sarre, est venue le 17 mai dernier, participer à un colloque international sur le plurilinguisme, et
s’entretenir avec la Plénipotentiaire sur les mesures visant à renforcer l’apprentissage
de nos langues respectives. M. le Ministre délégué aux affaires européennes, M. Thierry Repentin, et son collègue allemand, M. Michael Link, se sont rendus à Sarrebruck,
le 15 juillet dernier, pour effectuer, à l’occasion d’un colloque transfrontalier de haut
niveau, un bilan de la coopération dans notre espace régional. Ils ont également pu
adopter une déclaration destinée à valoriser ceux des résultats les plus significatifs de
cette coopération (je pense notamment à l’école de la deuxième chance, ou à l’accord
dans le secteur des urgences cardiaques), et donner une impulsion politique à
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d’autres, en matière fiscale, éducative, et dans le domaine des transports, par exemple. Mme la Ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, est venue
le 8 septembre dernier s’entretenir avec la Plénipotentiaire, à l’occasion de la journée
du Patrimoine en Allemagne, rencontre qui a permis de lancer une initiative politique
franco-allemande pour une coopération culturelle renforcée entre les Régions et les
Länder, ou la Grande Région jouera un rôle pilote dans le domaine des pratiques artistiques, de la médiation autour du patrimoine, de l’éducation à l’image et au spectacle
vivant, et du numérique.
A ces visites ministérielles sont venues s’ajouter des visites de parlementaires en décembre 2012 (M. le Sénateur Frassa) et juin 2013 (M. le Député Le Borgn’) qui ont pu
tous deux mesurer l’offre éducative franco-allemande en Sarre, depuis l’école primaire
jusqu’à l’université, mais également les efforts que nous pouvons encore accomplir en
matière de bilinguisme appliqué au secteur de la formation professionnelle.
Enfin, j’ai eu l’honneur de participer tout au long de cette année à de très nombreuses
manifestations dans le cadre de cette année franco-allemande, tant à Sarrebruck
(Université, mairie, Landtag, chambre de commerce, musée, galeries, associations
diverses,…) que dans de nombreuses communes sarroises qui ont su mettre en exergue leurs jumelages, dont on doit souligner la contribution essentielle au cadre général du traité de l’Elysée. La plus emblématique de ces manifestations a bien évidemment été celle du 22 janvier, jour du cinquantenaire, au lycée franco-allemand, où, en
présence du Ministre des finances et des affaires européennes, S. Toscani, et du Ministre de l’éducation et de la culture, U. Commerçon, notre Directrice générale de
l’AEFE (Anne-Marie Descote) a pu mesurer l’engagement des équipes de direction et
d’enseignement, et, plus encore, celui des élèves, dans ce cursus intégré conduisant
au baccalauréat franco-allemand. Un diplôme qui offre indéniablement aux jeunes bacheliers des perspectives d’études supérieures sans égal, et un avenir professionnel
des plus radieux. Enfin, je me dois de mentionner également le bal du lycée francoallemand, ainsi que notre fête nationale, articulée autour du bal populaire et du 14
juillet, auquel la Ministre Présidente nous a fait l’honneur de participer : ces deux évènements ont prouvé par l’affluence d’un large public transfrontalier que le francoallemand se nourrissait bien évidemment tous les jours des liens étroits que nos sociétés civiles ont su développer.
Jeunesse, culture, économie : trois mots clés qui préfigurent la nature des efforts à
mener conjointement dans l’avenir. Car ce 50ème anniversaire n’a pas constitué la
simple commémoration d’un acte politique majeur entre nos deux pays. Il a aussi
permis de tracer les axes de cette coopération franco-allemande, qui, s’agissant de
notre espace transfrontalier, prend un relief particulier, un espace au sein duquel nos
forces peuvent utilement s’additionner pour compenser certaines de nos faiblesses, un
espace qui se doit d’être le symbole d’une intégration européenne réussie.
Voilà tout l’enjeu qui nous attend et auquel nous pouvons apporter notre contribution.
Et je suis convaincu que l’UFS sera au premier rang des contributeurs !
Frédéric Joureau, Consul Général de France en Sarre
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Une affaire de frères
Pour une « liberté réflexive »
Le quatrième numéro de Villa Europa, la revue de l’Institut français, est dédié à Heinz
Wismann, philosophe et philologue. Pour quelles raisons ? Ses activités de « passeur »
entre la France et l’Allemagne ont conduit ses pas à deux reprises cette année dans
notre ville et ses environs. Sa générosité l’a d’abord mené à Schengen, où, dans le
cadre du World Peace Forum, manifestation annuelle organisée par Dominicus Rohde
et Renate Bechthold, je me suis employée à le faire dialoguer avec Pierre Brunel, Professeur émérite à l’Université de Paris IV-Sorbonne et promoteur infatigable, dans le
sillage de son maître Étiemble, d’une (non)-discipline que je m’évertue à servir depuis
plus d’une vingtaine d’années : la littérature comparée. Mes étudiants se souviendront
longtemps, je pense, de ce jour de Pentecôte, de ces deux heures dévolues à une réflexion de circonstance : « La traduction et le multilinguisme comme facteurs de
paix ». Ma mission de modératrice - ou d’animatrice ? - fut aisée : une fois faites les
présentations, ces deux esprits brillants et inspirés ont su trouver seuls le rythme du
débat et nous les avons écoutés avec déférence et enthousiasme. Personnalité caméléonesque que celle de Wismann, capable non seulement de rendre sa parole accessible aux étudiants de l’Université de la Sarre, dont ma chaire avait financé le séjour via
les formidables Kompensationsmittel, mais aussi d’esquisser quelques pas de danse à
l’occasion d’une prière indienne chorégraphiée pour la Paix. Mes étudiants et moi
étions presque gênés, lui pas du tout !
Il devait revenir quelques jours plus tard à Saarbrücken, à la Villa Europa, pour présenter son essai : Penser entre les langues (Albin Michel, 2012) et réfléchir avec notre
public à la mission de « passeur ». Il en va des enseignants comme des traducteurs :
leur tâche est de tisser des liens ENTRE - préposition aussi douloureuse que dynamique - les nations, les langues et les individus. Il devait nous rappeler à cette occasion
que lorsqu’il retourne en Allemagne, cet Allemand parfaitement francisé, loin de replonger dans son identité native, essaie de faire partager à d’autres le goût d’un certain geste existentiel : « Mon refus d’entrer dans l’antagonisme des perfections exclusives se retrouve à différents niveaux entre différents lieux : lieux de savoir, espaces
linguistiques et confessionnels, etc. ». Qu’est-ce que cela signifie ? Qu’il est vain de
vouloir choisir ENTRE la France et l’Allemagne, la philologie et la philosophie, pour ce
qui le concerne. ENTRE la France et l’Allemagne, la critique et la création, pour ce qui
me concerne. Notre amitié s’adosse à notre croyance commune en la « liberté réflexive », laquelle suppose que l’on sache distinguer « un enracinement illusoire et un
déracinement relatif, en opposant un monde structuré par la figure du père, qui dicte
l’identité et a vocation à l’incarner exemplairement, à un univers de frères ». La liberté, au sens étymologique du terme, participe en français de la relation du pater familias à ses fils ; on n’est libre que dans la mesure où le père nous protège. Mais le
terme allemand Freiheit provient du lien d’amitié noué entre les frères qui, dans
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l’Antiquité, en temps de guerre, s’enchaînaient et se ruaient ainsi sur les légions romaines.
Comprenons ici que chacun était le garant de l’autre, mais que tous aussi signifiaient
par cet enchaînement leur refus de l’esclavage auquel les aurait voués inévitablement
leur défaite. Si l’univers paternel, vertical, nous rassure, l’univers des frères renverrait
quant à lui à la notion d’éleuthéria (qui contient la racine allemande du mot Leute, les
« gens »). Il tend donc vers la démocratie et se développe horizontalement. Notre
conception de la transmission recoupe cette idée : c’est une confrérie - Gilles Deleuze
parlerait de « peuple » - que nous voulons créer via nos séminaires d’enseignement à
l’Université et notre programmation culturelle à l’Institut. Pour ce faire, nous avons
imaginé, parmi d’autres propositions, de reprendre cette année - probablement, hélas,
la dernière pour nous à Saarbrücken - les rênes de la Troupe théâtrale universitaire du
Pont que Patricia Oster-Stierle, notre « grand-frère », avait fondée à son arrivée à
l’Université de la Sarre et initiée au patrimoine dramaturgique français. Notre projet,
baptisé Crévilux et associant les énergies des trois universités de notre GrandeRégion : Saarbrücken, Metz-Nancy et Luxembourg, devrait montrer, nous l’espérons,
que l’Université et l’Art peuvent collaborer pour le meilleur. Il s’agira pour moi de sensibiliser les étudiants de l’Atelier de création littéraire de l’Université de la Sarre
comme les membres de la Troupe du Pont à la dimension créative de la ville de Saarbrücken.
Réfléchissez : l’architecture imposante du Staatstheater, la coquille rococo de la Ludwigsplatz, la salle des Fêtes du Rathaus et son aigle monumental, les bâtiments néogothiques environnants, la Konditorei Schubert, am Rothenbühl, et son étrange clientèle d’un autre siècle, les rives de la Sarre et sa plage artificielle, si agréable en été,
les mannequins guetteurs derrière les fenêtres des quartiers résidentiels que les cambrioleurs ne sauraient craindre, les corbeaux en plastique croassant de concert avec
les corbeaux de chair et de plumes lâchant leurs noix au-dessus de nos têtes… La
déambulation n’a-t-elle pas toujours été une source d’inspiration ? Marion Aubert, auteur dramatique naguère invitée du Festival Primeurs, supervisera les textes que nous
produirons dans le cadre de l’Atelier et de la Troupe, et Pascale Vardanega, directrice
du Panama Théâtre installé à Marseille, nous aidera à les mettre en scène. Nous vous
donnons rendez-vous à la Aula de l’Université en juin pour juger du résultat.
Quitter Saarbrücken ? Mon dieu, quelle tristesse !
Par Valérie Deshoulières
Professeur à l’Universite de la Sarre
Directrice de l’Institut francais de Saarbrücken
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Ouverture de la Bibliothèque
Française
Lundi :
9h00 à 15h00
Mardi :
9h00 à 15h00
Mercredi :
10h00 à 18h00
Vendredi :
9h00 à 12h30
(ou sur rendez-vous)
Venez nous voir, nous serons
heureux de vous accueillir !!!
Livres français et allemands : littérature, philosophie, sciences économiques,
géographie, sciences politiques, religion, histoire, connaissance du monde, art,
diapositives, DVD, films français.
Institut d'Etudes Françaises, Villa Europa, Kohlweg 7, 66123 Sarrebruck
Tél.: 0681/93812-200, Courriel : [email protected]
www.kultur-frankreich.de, http://iefsb.canalblog.com
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Rétrospective des évènements de l’année 2013
Janvier : la Galette des Rois - Plus de 40 personnes ont bravé le froid et le verglas
pour assister à notre traditionnelle fête des Rois, dans un cadre de grande convivialité. Petits et grands ont savouré les galettes et 5 petits Rois ont été couronnés.
Février : Les prix littéraires de l’année 2012. L’écrivain et poète Roger Bichelberger nous a livré son interprétation personnelle des romans primés et a séduit
l’auditoire par ses explications, extraits à l’appui, des œuvres et de leurs auteurs.
Février : Visite guidée de la radio-télévision sarroise sous la houlette de la présentatrice Vivian Shabanzadeh. Celle-ci nous a fait découvrir la beauté mais aussi la complexité du site avec ses trois chaînes radiophoniques et sa chaîne de télévision locale
ARD, la place dans le paysage médiatique allemand ainsi que plus pragmatiquement
le travail des journalistes en studio.
Mars : Goûter-rencontre d’enfants français et allemands. Douze petits, âgés de
3 à 12 ans, accompagnés par l’un de leurs parents, s'en sont donné à cœur joie durant tout un après-midi.
Mai : Conférence du Prof. Veith sur la Nanotechnologie, suivie avec beaucoup
d’intérêt par une assistance nombreuse. Chimiste de réputation internationale, le Prof.
Veith a donné un aperçu des bienfaits mais aussi des risques que présente la nanotechnologie
Juin : Soirée-dégustation de fromages et de vins, organisée par Elisabeth Häfner, dans son entreprise, a connu un énorme succès. On en redemande…
Juin : Assemblée générale de l’UFS
Septembre : Pot de rentrée. Les traditionnelles retrouvailles après les vacances
d’été en présence du Consul Général, M. Frédéric Joureau, et de son épouse.
Septembre : Visite du Parlement européen à Strasbourg avec un groupe de 23
personnes. Nous avons été accueillis par la député européenne, Mme Doris Pack, qui
nous a fait une présentation détaillée du Parlement et du travail des députés européens. Visite de l’hémicycle
Octobre : Voyage en Pologne du 8 au 13 octobre, avec un groupe de 19 personnes.
Au programme les villes de Varsovie, Cracovie et Wroclaw.
Novembre : Conférence « l’Oeil et l’Art » par le Dr. René Mély, Ophtamologiste
et membre de l'UFS
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Parmi les évènements de l’année, une première :
Une rencontre avec les membres de l’UFE Luxembourg avait lieu le 19 octobre dernier. Initiée par nos amis luxembourgeois, Eric Krebs, Président, Bruno Quéré, Viceprésident, le lieu du rendez-vous de nos deux groupes s’est voulu hautement symbolique de la pertinence de la Grande Région et en particulier de la libre circulation dans
l’espace européen : Schengen, petite ville luxembourgeoise au bord de la Moselle.
Au programme, la visite guidée du Centre Européen de Schengen avec un rappel de
l’historique du Traité de Schengen, signé en mai 1985 à bord du navire « Princesse
Astrid » amarré sur la Moselle, entre les 3 pays du Bénélux, la France et l’Allemagne
qui décidèrent de la levée des contrôles aux frontières. Aujourd’hui 26 pays sont
membres de cet Espace Schengen.
Tout près du Centre Européen au bord de la Moselle, trois hautes stèles en acier portant chacune une étoile, symbolisent les premiers signataires de l’accord de Schengen, la France, l’Allemagne et les pays du Bénélux qui forment le pays des trois frontières. Un pan du mur de Berlin installé en 2010 sur le site doit rappeler l’ouverture et
la disparition des frontières.
Puis, place à la convivialité : un déjeuner copieux nous attendait au Restaurant des
Vignes à Remich qui offre une vue plongeante sur la vallée de la Moselle et ses vignobles. Ce fut l’occasion de discussions animées et d’échanges intéressants.
La journée s’est terminée par une dégustation de vins de la Moselle dans la Cave Coopérative de Wellenstein, l’un des plus grands domaines viticoles du Luxembourg.
On s’est séparé par un joyeux au-revoir : ce sera à l’UFS de recevoir l’an prochain le
groupe de l’UFE Luxembourg.
J.L.
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Informations utiles
• Aux adhérents souhaitant une attestation fiscale „Spendenbescheinigung“ pour leur
cotisation versée dans l’année, il est rappelé que pour toute somme inférieure à
200,00 Euros, il suffit d‘apporter la preuve du virement bancaire. Pour plus de précisions consulter:
http://www.vlh.de/kaufen-investieren/spenden-beitraege/bei-spenden-bis-200euro-reicht-ein-einfacher-nachweis.html
• Les Français titulaires d’une pension vieillesse du régime général français, quel que
soit le lieu de leur domicile et le nombre de trimestres ayant servi à la liquidation
de leur retraite ( pour les non Français, il faut au moins 15 ans d’affiliation à un régime français ) peuvent obtenir leur carte vitale en demandant un dossier « pli collecte* » à leur Caisse de Sécurité Sociale en France. La carte vitale leur sera retournée sous quelques semaines après réception du dossier « pli collecte » dûment
rempli.
• Les Français expatriés adhérant à la Caisse des Français de l’Étranger (CFE), qui ne
pouvaient prétendre à la carte vitale auparavant, recevront automatiquement le
dossier « pli collecte* » et dépendront de la CPAM d’Indre-et-Loire.
• Une caisse pivot et un accueil téléphonique spécifique devraient être mis en place
afin de mieux orienter les Français pensionnés de l’étranger. Le service serait opérationnel avant la fin de l’année.
• « pli collecte » est le dossier de demande de la carte vitale
Source : Caisse des Français de l’Étranger (CFE)
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L’école française de Sarrebruck et Dilling
L’Ecole Française de Sarrebruck et Dilling a accueilli à cette rentrée scolaire 369 élèves (348 à Sarrebruck et 21 à Dilling) pour 15 classes (14 à Sarrebruck et 1 à Dilling).
Les effectifs sont stables par rapport aux années précédentes.
L’EFSD est une école gérée par l’Association des Parents et des Amis de l’École Française de Sarrebruck et Dilling. Elle fait partie du réseau des établissements français à
l'étranger l'AEFE et elle est conventionnée depuis 2002. Elle est reconnue comme
« Ergänzungschule » par le Land de Sarre depuis février 2006.
Elle propose un enseignement conforme aux programmes français, ainsi qu'un enseignement de la langue allemande et en langue allemande. Elle accueille en priorité les
enfants français de Sarre, mais aussi des enfants de toutes nationalités qui souhaitent
une scolarité bilingue et biculturelle.
En maternelle, des cours de français, langue de scolarisation, sont proposés aux élèves germanophones et un enseignement de l’allemand aux élèves francophones. A
l’école élémentaire, les élèves bénéficient de 5 heures d’enseignement de l’allemand
(4 heures pour le CP) et 3 heures d’enseignement en allemand (EPS, Musik, Sachkunde, Sozialkunde ou Kunst).
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Depuis septembre 2012, l’école a équipé deux classes de l’établissement en tableaux
blancs interactifs. Le TBI est un outil qui fait aujourd'hui entrer les nouvelles technologies et l'interactivité au cœur de l'enseignement. Trois autres classes seront équipées à la rentrée 2013/2014.
Un projet de rénovation et de modernisation de la marmothèque (bibliothèque de maternelle) est mené afin de rendre l’espace dédié plus accueillant pour nos jeunes élèves.
Les enseignants français et allemands du CE1 au CM2 ont travaillé ensemble dans le
cadre d’un stage de formation, à l’élaboration des DNL, enseignements de disciplines
en langue allemande.
Cette année scolaire, l’établissement a proposé, en collaboration avec l’Institut français, à tous les élèves allemands de CM1 de passer une certification DELF prim, niveau
A2 en langue française. La totalité des élèves présentés ont obtenu cette certification.
Des projets pédagogiques nombreux et variés sont proposés à nos élèves :
-
7 classes de découverte sont organisées (Pour les classes de CE1, une classe
musicale franco-allemande, pour les CE2, une classe équestre, sur le thème du
Moyen Âge, pour les CM2, une classe à dominante historique en Normandie et
dans la classe de Dilling, une classe cirque dans les Vosges).
-
de nombreuses sorties pédagogiques en Sarre ou en Moselle, des visites
d’expositions ou de représentations théâtrales, des visites d’auteurs…
-
des manifestations sportives : Course Unicef, journées sports collectifs ou athlétisme ou cycle piscine.
-
des fêtes sont programmées et en particulier la fête de Noël: le samedi 15 décembre, Carnaval:le mercredi 6 février, la journée « sport en fête » : le samedi
4 mai au stade Kieselhumes et la Fête de fin d’année: le samedi 22 juin.
Le fil conducteur de cette année scolaire a été l’amitié franco-allemande et la commémoration du 50ème anniversaire du traité de l’Elysée
L’école a participé à diverses manifestations tout au long de l’année et le point d’orgue
a été la journée du mardi 22 janvier 2013, organisée en commun avec le lycée Franco-Allemand.
Tout au long de cette journée, des ateliers on été mis en place sur le thème de
l’amitié franco-allemande et de l’Europe. Les classes de maternelle ont travaillé sur
des productions artistiques, les classes de cycle 2, après avoir échangé sur le thème
de l’amitié franco-allemande ont réalisé une œuvre collective sur cette thématique. Au
cycle 3, des ateliers ont été prévus avec les intitulés suivants : l’aspect historique du
traité, la chanson «Göttingen» de Barbara, les deux personnages clés du traité : Adenauer et De Gaulle, les idiomes franco-allemands, les pays frontaliers de la France et
de l’Allemagne et des dessins sur l’amitié franco-allemande. Une brochure souvenir a
été réalisée.
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Les classes de CM1, de CM2 et du collège ont interprété des chants puis un gigantesque lâcher de ballons aux couleurs des deux pays a été le point d’orgue de cette manifestation. Mme la Directrice de l’AEFE, M. le Consul général, M. Commerçon et M.
Toscani, ministres de la Sarre, nous ont fait l’honneur d’assister à cette cérémonie.
A chaque ballon, les élèves avaient attaché des cartes qui pouvaient être renvoyées.
Certaines ont parcouru plus de 300 km (vers Stuttgart ou Baden Baden) et nous remercions toutes les nombreuses personnes qui les ont retournées.
Chaque après midi, dans le cadre de la « Freiwillige Ganztagsschule », les élèves de
maternelle et de l’élémentaire sont accueillis à l’école de 13 h 15 à 17 h 00.
Maternelle - Garderie: restauration, sieste pour les petits ou récréation et chants
puis ateliers de bricolage et jeux libres en français.
Ecole élémentaire: repas de midi, pause avec activités libres, devoirs surveillés jusqu’à 15h15 puis activités pédagogiques, sportives, manuelles ou artistiques jusqu’à
17h00 pour ceux qui le souhaitent.
Centre aéré: pendant les vacances scolaires, un centre aéré est organisé de 8h00 à
17h00. Des activités diverses et des sorties sont organisées.
L’Ecole Française de Sarrebruck a participé, cette année scolaire, à de nombreuses
manifestations liées à la célébration du 50ème anniversaire du traité de l’Elysée. Les
spécificités et le projet pédagogique de l’établissement intègrent cette dimension franco-allemande, qui pour nos élèves est vécue au quotidien. Ils sont ainsi préparés au
mieux à leur future scolarité au lycée Franco-Allemand.
Christian Skica, Directeur de l’EFSD
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Des nouvelles de l’AFDES
Le dimanche 27 janvier 2013, à 12 h 30, malgré un épais verglas, 38 personnes de
notre association ont eu le plaisir de se réunir au „Restaurant Am Triller“ pour une
rencontre-déjeuner.
Le discours de bienvenue de Francis Mochel, notre président, d’encouragements pour
nos „protégés“, de remerciements aux „sympathisants“ qui s‘étaient joints à nous, a
été suivi d‘un buffet dans une chaleureuse ambiance, des échanges amicaux, une
agréable façon de commencer joyeusement l’année 2013 tous ensemble.
Point fort de notre réunion, une petite exposition devenue traditionnelle des aquarelles
de Patrick S., un de nos protégés de longue date, très sensible aux conseils avisés de
Martine Wolf et faisant des progrès chaque année.
A une prochaine rencontre en 2014 !
Nicole Schumacher
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GINKGO BILOBA
C’est au Bois de Boulogne, à Paris, que j’ai rencontré pour la première fois deux de
ces „vivants fossiles”, il y a de ca une bonne trentaine d’années. C’était en automne et
la frondaison de ces arbres, mâles et femelles, resplendissait d’un jaune absolu dominant le dégradé du feuillage alentour.
Cet arbre dioïque, gymnosperme, unique en son genre, apparut sur notre planète, il y
a environ 200 millions d’années, couvrant l’ensemble de l’hémisphère nord.
L’apparition des arbres à feuilles et des conifères se fit des millions d’années plus tard.
Ils n’ont, d’ailleurs, aucune parenté avec le ginkgo. Lorsqu’arriva l’époque glaciaire, il
y a environ 100 millions d’années, le ginkgo était déjà représenté par diverses variétés d’une longue chaine d’évolution dont témoignent les fossiles pétrifiés du permien
(de -210 à -190 millions d’années), du trias (de -190 à -150 millions d’années), et du
jurassique (de -150 millions à -110 millions d’années). Seule la variété Ginkgo biloba
résista à la longue période glaciaire, dans une région précise au nord-est de la Chine,
pour s’étendre par la suite sur de plus vastes régions, grâce à la culture qui en fut
faite autour des monastères. Cet arbre fut vénéré comme un don divin, et encore actuellement, très apprécié pour sa „noix” dans la cuisine chinoise.
C’est grâce aux grands explorateurs, marins et botanistes que
cet arbre réapparut au 18ème
siècle en Europe et aux EtatsUnis.
On
l’appréciait
surtout
pour l’aspect décoratif de ses
feuilles en forme d‘éventail (qui,
en fait, ne sont pas de véritables
feuilles)
et
pour
quantité
d’autres propriétés que cet arbre
est seul à posséder: il est sain,
très résistant et sans exigence
spéciale. Il s’ancre au sol par de
solides racines et brave les siècles. Les insectes s’en tiennent à
distance respectueuse grâce aux
poisons contenus dans les feuilles, le bois et les racines. La
médicine traditionnelle chinoise
utilise sa feuille pour ses vertus
thérapeutiques. Chez nous on se
sert de l’extrait, surtout en gé-
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riatrie, pour activer la circulation du sang.
Cet arbre semble même totalement immunisé contre l’air pollué des villes. Toutes ses
qualités, jointes à son évident aspect décoratif, en font un apport très apprécié des
créateurs de parcs et jardins. Il est même en train de conquérir ses droits dans la cité.
J’en ai vu en zone piétonnière… Mais attention, il faut calculer large car, au départ,
cette modeste tige à la croissance lente qui n’atteint sa maturité sexuelle que vers les
trente à quarante ans, va devenir au cours des siècles un arbre imposant de vingt à
trente mètres, et plus encore si on lui en laisse le temps. C’est qu’il peut vivre deux
mille ans! Alors, si vous n’avez que deux mètres à disposition devant votre maison,
renoncez plutôt à cet aspect décoratif; ses racines puissantes arriveraient un jour à
déloger les pierres de votre mur. Et un arbre femelle vous apporterait encore d’autres
ennuis.
Tant que les jeunes arbres n’ont pas atteint leur maturité sexuelle, il est impossible de
les différencier. C’est pourquoi les pépiniéristes préfèrent multiplier les plants par bouture à partir d’un arbre avéré mâle, ce qui élimine d’office le risque de tomber sur un
plant femelle, obtenu par reproduction naturelle à partir de la graine. Ces arbres ont
une méthode de reproduction bien originale. Le mâle porte des chatons logés à la
naissance des pédoncules des feuilles disposées en bouquets, qui produiront le pollen,
qui, emporté par le vent, ira se loger dans la fleur de l’arbre femelle. Celle-ci n’est
guère visible et ne consiste qu’en un pédoncule portant deux ovules. C’est là que reposera le grain de pollen durant quelques semaines avant que ne se produise la fécondation.
Pourquoi craint-on tant les arbres femelles? C’est à cause de leurs fruits, un gros
noyau blanchâtre entouré d’une fine peau verte, qui épaissit, jaunit à la maturité et
ressemble à s’y méprendre à une mirabelle. Ce fruit mur tombe et sa fine pellicule se
décompose, dégageant une forte odeur nauséabonde. Reste le gros noyau, appelé
„noix”. Aucun de vos voisins n’apprécierait les exhalaisons de ces matières putrides.
Ceci me ramène au Bois de Boulogne, sur l’île où l’un de ces arbres trônait en majesté. Le sol était jonché de ces „mirabelles” en un épais tapis jaune. Malgré l’odeur qui
commençait à se répandre, je ne voulus pas rater l’occasion d’emporter une certaine
quantité de ces noyaux pour les faire germer. Avec bien des soins, j’espérais me constituer une petite forêt „préhistorique”. J’ignorais encore que cet arbre avait son propre
rythme, ses lois, et que sa notion du temps ne correspondait pas à la nôtre.
Il me fallut d’abord débarrasser de leur gangue gluante les noyaux avant de les fourrer dans un sachet en plastique. Je me mis donc à les rouler dans l’herbe avec la semelle de mes baskets et obtins une centaine d’exemplaires presque propres, mais qui
donnèrent à mes doigts une odeur insistante. La berge n’étant pas loin, j’allai les rincer dans l’eau de la rivière, sans oublier la semelle de mes chaussures. Le sachet en
plastique, fermé hermétiquement, trouva place dans mon sac avec les clés de ma
chambre.
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Dans le métro, chacun se retournait sur mon passage, et j’étais moi-même loin de
supporter l’odeur que je transportais dans mon sac et sous mes semelles. Je me mis à
déambuler de wagon en wagon, incapable d’affronter tous ces regards scandalisés.
Enfin ma station!
Dans ma chambrette, j’ouvris tout grand la fenêtre, mis mes baskets sur le balcon et
entrepris le grand lavage des noyaux avec la brosse à ongles. Rien n’y fit. L’odeur de
„fossile vivant” s’y accrochait encore. De retour en Sarre, j’enfonçai mes cent noyaux
sur une couche d’humus, maintenue en humidité constante. Au bout d’un an, rien ne
s’était encore produit. Le bac rectangulaire où j’avais installé mes espérances de forêt
préhistorique, ressemblait plutôt à une fosse commune à ciel ouvert. Je ne pouvais
me résigner à abandonner l’expérience. Bien m’en a pris car, bien tard, au cours de la
deuxième année se produisit le miracle: quelques noyaux s’entrouvrirent et, de semaine en semaine, donnèrent à une quinzaine d’autres l’envie d’en faire autant.
C’était le moment de leur faire quitter la couveuse pour un traitement individuel: à
chacun son pot pour l’élevage du futur ginkgo. Lorsque les tigelles montrèrent leurs
premières feuilles en éventail, j’offris à mes amies quelques uns de ces pots avec leur
espérance de longue vie. D’autres périclitèrent et il m’en resta trois qui méritèrent
d’être plantées dans le jardin au hasard des coins disponibles. Ils y sont toujours avec
leur bonne trentaine d’années. Ce n’est pas encore la forêt, leur tronc est à peine plus
épais qu’un gros pouce. Ces „jeunes” arbustes semblent adorer la verticale et développent peu de branches adjacentes. Ils sont en route vers les quatre mètres pour se
dégager des buissons qui les enserrent. Ils n’ont pas encore avoué leur sexe ce qui
me permet de retarder le sacrifice de la femelle éventuelle. Et si, pour comble de malchance, j’avais bien couvé trois femelles?...
Alors, si le cœur vous en dit, venez donc jeter un coup d’œil à mes trois rescapés de
la préhistoire avant que ma forêt rêvée ne se réduise à zéro.
Claude Meissner
Sources:
„Arbres et arbustes“ (Librairie Gründ)
„Grosses Fotobuch der Bäume“ (B.L. Verlag)
Photo: „Landlust“ (Juli-August 2013)
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DÉCORATIONS
Monsieur Stephan Toscani,
Ministre des Finances et
des Affaires Européennes
du Land de Sarre s‘est vu
remettre les insignes de
Chevalier de l’Ordre national de la Légion d’honneur
par
l‘Ambassadeur
France,
s.E.
de
Monsieur
Gourdault-Montagne.
La
cérémonie s’est déroulée à
la Villa Europa, en présence de nombreuses personnalités allemandes et françaises. L’Ambassadeur de France est longuement revenu
sur le parcours du récipiendaire et de son engagement exceptionnel pour la cause
franco-allemande.
La “Médaille de l’Europe” a
été remise à notre cher Président d’honneur, Claude Villeroy de Galhau, par M. Kurt
Schoenen,
Président
de
l’Association “Europadenkmal
Berus”, en reconnaissance de
son implication pour la cause
européenne et de son engagement
infatigable
pour
l’Amitié franco-allemande. M.
Peter Winter et plusieurs autres intervenants lui ont rendu
un
vibrant
hommage.
Quelque 80 personnes assistaient à la cérémonie, parmi lesquelles son épouse Odile
et deux de ses fils, Mathieu et Francois Villeroy, de nombreux amis aussi bien du
monde politique français et allemand que représentants d’associations. La cérémonie
s’est déroulée au “Altes Rathaus” à Wallerfangen dans une ambiance festive et musicale.
Nous ne pouvons que souscrire à cette distinction bien méritée et lui adressons nos
vives félicitations.
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Un mémorable anniversaire
Au matin du 2 octobre dernier, nous étions une douzaine à nous retrouver à Sarrebruck pour nous rendre en car à Stuttgart. Nous avions été conviés à y représenter
« notre » Land de Sarre aux célébrations du lendemain, à l’occasion de la fête de
l’Unité allemande, retrouvée après la chute du mur de Berlin en 1989.
Comment avions-nous été choisis pour bénéficier de cet insigne privilège ? La Staatskanzlei pourrait sans doute nous en dire plus à cet égard, dû à coup sûr au fait du
prince… ou de la princesse.
En tous cas, en cette année du cinquantième anniversaire du traité de l’Elysée, et de
la France en Sarre, nous étions, pour plus du tiers de ce groupe, des Français, appelés
nous aussi à représenter notre région à ces festivités.
Pour nous mettre dans
l’ambiance
notre
locale
arrivée,
l’après-midi
du
dès
dans
mer-
credi, un buffet à base
des célèbres „Maultaschen“ du cru nous fut
proposé sur la Schillerplatz
ensoleillée.
Et
ceci à l’invitation du
Ministre-Président vert,
M.
Kretschmann
en
personne (Le Land de
Bade-Wurtemberg
est
dirigé par une coalition
Grün-SPD,
unique
en
Allemagne).
Ainsi restaurés et abreuvés de bières ou de vins locaux, nous fûmes invités à visiter, à
quelques kilomètres de la ville, le célèbre musée Mercédès-Benz. Cet imposant édifice
à l’architecture futuriste, conçu par un Hollandais, il y a 7 ans, retrace sur sept étages
à double révolution hélicoïdale, la longue saga aux innovations permanentes de la célèbre firme, depuis ses origines en 1886.
Mais c’est le lendemain, jeudi 3 octobre, que devaient se dérouler les festivités officielles. On n’évoquera que les principales d’entre elles, mais toutes furent impressionnantes d’organisation, d’ordre et de chaleur humaine, sous un soleil resplendissant.
La journée débuta par un contrôle-sécurité très matinal, préalable à un service œcuménique célébré dans la Stiftskirche, en présence notamment de la Chancelière Ange-
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la Merkel, du Président de la République M. Gauck
et de Monseigneur Zollitsch, Président de la Conférence épiscopale d’Allemagne.
Ensuite eut lieu la grande cérémonie officielle dans
l’imposante Liederhalle bondée, avec prise de parole
notamment du Président Gauck et des autorités locales, suivie d’une réception gastronomique dans
les annexes de ce centre de congrès. C’est là que
nous eûmes l’heureuse surprise de rencontrer notre
éminent Ambassadeur, M. Gourdault-Montagne en
compagnie de notre chaleureuse Ministre-Présidente
Mme Kramp-Karrenbauer. Nous devions d’ailleurs, après une succession d’autre festivités protocolaires, la retrouver détendue et souriante sous la tente de la Sarre, installée comme celles des quinze autres Länder le long d’une avenue de la ville. Et la
fête s’acheva avec libations et orchestres dans une atmosphère à la fois chaleureuse
et bon enfant.
Au terme de ces journées, cette Allemagne, à l’unité retrouvée, par-delà son fédéralisme, nous a prouvé une fois de plus, mais avec sagesse et mesure, sa fierté d’être
redevenue un peuple, bien que divers, mais un grand peuple solidaire. Certes l’Europe
n’y fut guère évoquée mais ce n’était pas vraiment sa fête à elle ce jour-là.
C.V.
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Les heures silencieuses de Gaëlle Josse
Si vous avez envie de lire « un ouvrage
court, mais très dense, écrit avec finesse et
élégance,
un
magnifique
portrait
de
femme, une petite merveille », je vous recommande Les heures silencieuses écrit par
Gaëlle Josse.
Même si, au premier regard, on s'interroge
à propos de cette reproduction d'un tableau
du peintre de Witte, pour savoir s'il s'agit
d'une critique d'art ou d'une évocation des
Pays-Bas au XVIIème siècle, bien vite, on
constate que ce livre est à la fois le journal
tenu par une femme, Magdalena Van Beyeren, sur une période de 19 jours, en 1667
et en même temps, sa biographie. Son auteur le qualifie de roman. Pourquoi un
temps si court? Que s'est-il passé d'important à ce moment-là?
Au travers de ces 19 chapitres, cette femme va se dévoiler à nous et pour commencer, elle présente son portrait, l'œuvre d'un peintre de l'époque, mais d'habitude, ces
grands bourgeois se font peindre de face, car ces tableaux sont exposés pour montrer
aux autres la puissance, la richesse et le rang social d'une famille, alors pourquoi
l'aperçoit-on de dos? En découvrant son intérieur, on constate qu'elle appartient à
cette classe de la bourgeoisie aisée qui régnait, à cette époque, sur la flotte marchande des Pays-Bas. Comme il convient à son rang, elle s'est pliée aux coutumes,
alors qu'elle aurait rêvé de reprendre la charge de son père, riche armateur, elle s'est
mariée, a tenu sa maison, dirigé ses domestiques et donné naissance à de nombreux
enfants dont cinq seulement ont survécu. Elle s'y est résignée, - bien que ses compétences lui auraient permis de diriger les hommes - et d'ailleurs, son époux fait souvent
appel à elle pour l'aider à résoudre ses problèmes.
C'est peut-être là qu'il faut trouver la cause de cette dépression dont elle semble souffrir au début de ce livre. Elle a décidé de faire le point et de faire un retour en arrière
sur son passé. En fait, cette femme à qui la vie semble avoir souri, porte depuis sa
jeunesse un secret qu'elle ne peut partager avec personne.
Mais est-ce tout? Non, elle est arrivée à une période décisive: comme pour beaucoup
de femmes de cet âge, alors que les enfants ont grandi, elle s'interroge sur leur avenir
et surtout sur le devenir de son couple. En effet, lors de la naissance de son dernier
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enfant, elle a frôlé la mort, et son mari, très choqué, vient de lui annoncer qu'ils feront désormais chambre à part et qu'ils mettront un terme à leurs relations conjugales
pour éviter une nouvelle catastrophe. Elle supporte très mal cette situation et va
même subir la tentation en la personne du maître de musique de sa fille.
Mais l'auteur ne se contente pas de nous présenter cette femme avec ses problèmes
qui ressemblent, en fait, à certaines difficultés auxquelles les femmes d'aujourd'hui
sont confrontées, il la replace dans son époque et c'est alors une merveilleuse évocation de ce « Siècle d'Or » que les Pays-Bas ont connu au XVIIème siècle. A l'époque,
les Hollandais ont pris la mer car leurs terres n'étaient pas assez fertiles alors que la
population augmentait à vue d'œil. Dans leur pays, ils menaient une vie simple et
calme, c'était une terre d'accueil; à l'extérieur, ils n'hésitaient pas à s'engager dans
des batailles avec les Espagnols, les Anglais ou avec les corsaires français.
On y découvre les difficultés que ces riches armateurs rencontrent: le commerce des
esclaves, les commerçants malhonnêtes, l'équipage qui triche souvent et la revente
des marchandises, c'est pourquoi Magdalena conseille à son époux de privilégier plutôt le commerce du thé. Elle nous fait assister au spectacle grandiose de l'arrivée des
navires dans le port de Rotterdam: nous partageons alors les émotions, les sentiments et les croyances qui animaient à l'époque les marins.
Elle évoque les grands problèmes de cette époque: la mortalité infantile, les dangers
courus par les femmes lors des accouchements, la prostitution, et cette société, dominée par les hommes dans le monde du travail, aussi bien qu'en famille, les coutumes
pour les mariages où les intérêts économiques prévalaient. Mais on devine déjà l'évolution des femmes chez les filles de Magdalena, qui ne sont pas forcément prêtes à
accepter encore ces traditions. Gaëlle Josse évoque aussi l'art, la musique, le progrès
scientifique qui est en marche et en cela, notre héroïne fait preuve de modernité.
Magdalena est donc une femme avec tous ses problèmes: écartelée entre son désir de
travailler- ce qui était exceptionnel en ce temps- de jouer un rôle dans la société et le
devoir de s'occuper de son époux, de ses enfants, de la tenue de sa maison. Très
amoureuse de son mari, elle déplore qu'il la délaisse pour quelques prostituées. Bien
que vivant à une époque florissante, elle se sent très mal et espère un apaisement en
se confiant à son journal, car elle peut enfin se décharger d'un fardeau. Nous sommes
ses confidents, alors qu'elle refuse de parler à ses amis ou à sa famille.
Gaëlle Josse s'est efforcée, grâce à son style, de nous replacer dans cette atmosphère
du XVIIème siècle. Le vocabulaire, recherché, n'est plus utilisé aujourd'hui et la construction des phrases rappelle le langage poétique: il y a beaucoup d'inversions. Elle
fait appel à des termes techniques pour décrire les bateaux et la vie des équipages.
Bien que ses descriptions soient très vivantes, le style est concis et reflète cette atmosphère de l'époque empreinte de retenue et de discrétion.
Christiane Döhring
Les heures silencieuses
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Gaëlle Josse
Editions Autrement Littératures
Des vacances pas comme les autres.
Par Arnaud Funke, élève de 2nde au LFA-DFG
Cet été, j’ai passé trois semaines au Cambodge avec ma famille. Ce pays m’a beaucoup surpris, en effet, j’ai aimé ses paysages et ses habitants, mais je n’avais jamais
vu la pauvreté de si près.
J’ai séjourné durant quatre jours au Centre de l’Association PSE, « Pour un Sourire
d’Enfant », à Phnom Penh. Cette organisation s’occupe depuis dix-sept ans de récupérer des enfants qui habitent et surtout travaillent sur la décharge, our les scolariser et
leur apprendre des vrais métiers.
Là-bas, j’ai été confronté au quotidien des élèves
du Centre, car j’ai été logé à l’hôtel d’application
de l’Ecole hôtelière de PSE.
Les jeunes franchissent l’entrée que vous voyez
sur la première photo.
Rien à voir avec le LFA-DFG que je fréquente : ils
portent tous un uniforme - traditionnel au Cambodge - et ils sont heureux en arrivant à l’école.
Certains logent à l’internat, mais le nouveau bâtiment n’était pas encore terminé. Ici quelques uns
posent avec Papy et Mamy qui ont créé PSE et habitent dans le Centre.
Sur la troisième photo, vous découvrez les deux
jeunes apprentis du restaurant d’application, le
Lotus blanc, qui nous ont servis le soir de notre
arrivée. Après un plat asiatique, ils ont insisté pour
nous préparer des crêpes Suzette, et des vraies !
Flambées au Grand Marnier ! Quel ne fut pas notre
étonnement devant un tel dessert ! Et c’était un
plaisir de voir leur satisfaction, d’autant plus que la
jeune fille faisait ses premières expériences.
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Sur la photo suivante, les jeunes mécaniciens réparent l’ambulance- elle sert aux soins dans les
villages – Leur atelier n’a rien à envier à nos garages européens. On sent que des professionnels les
ont soutenus. J’ai été étonné de trouver tant de
jeunes dans un si petit garage : ils étaient tous
attentifs, disciplinés et prêts à appliquer aussitôt
l’enseignement reçu.
Sur cette photo, on découvre les abords de la décharge. En fait, il est pratiquement impossible d’y
pénétrer.
Nous avons eu la chance de nous en approcher en
compagnie d’un assistant social de PSE.
L’enfant que vous apercevez ici jouait avec un chat
dans une saleté incroyable.
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Cambodge – Pour un Sourire d’Enfant
La machine à détruire la misère existe !
Depuis quelques années et grâce à l’engagement d’Odile Villeroy et Christiane Doehring, ma famille et moi parrainons un enfant cambodgien soutenu par l’association
« Für ein Kinderlächeln Deutschland e.V.- Pour un Sourire d’Enfant PSE ». Les rapports et films sur le travail de formation et d’éducation des enfants les plus pauvres
sont très impressionnants. Cependant depuis quelques temps, nous ressentions le besoin de voir sur place le travail effectué par l’association.
Cet été nous sommes partis pour le Cambodge et nous avons passé quatre jours dans
la « guest house » de PSE, le centre de « Pour un Sourire d’Enfant » créé à Phnom
Penh à la fin des années quatre-vingt-dix par Marie-France et Christian des Pallières.
C’était notre premier voyage en Asie et dès l’arrivée à l’aéroport de Phnom Penh, une
foule d’impressions, d’odeurs, de sentiments les plus variés nous sont tombés dessus !
Après une course folle en touk-touk (mobylette avec remorque couverte), nous sommes arrivés avec la mousson du soir au centre PSE dans la nuit noire, fatigués du long
voyage. Une chambre accueillante, nous attendait. Nous n’avions qu’une idée en tête,
nous jeter sous la moustiquaire, mais le restaurant de formation professionnelle du
centre, le Lotus blanc fermait bientôt ses portes et nos estomacs nous pressaient de
nous dépêcher ! Dans une ambiance feutrée, au personnel stylé en veste blanche et
nœud papillon, nous avons hésité entre un lok lak et un amok, le bœuf bourguignon
nous semblant un peu déplacé.
Nous étions impressionnés par la gentillesse des jeunes serveurs, la précision de leurs
gestes et touchés par leur timidité et leurs hésitations. L’école hôtelière de Lausanne
avec toute la respectabilité qu’on lui connaît en Europe, s’est engagée dans la formation des jeunes de PSE ayant choisi cette branche. Nous avons vraiment compris la
profondeur de leur mission au dessert. Nous n’avions plus faim et ne pensions plus
qu’à dormir. La jeune fille insistait cependant, un dessert ! En plus, elle conseillait des
crêpes Suzette délicieuses. Des crêpes Suzette délicieuses ? Notre oreiller ! Nous ne
pouvions dire non. Le sourire qui suivit nous confirma que nous avions eu raison de
repousser l’heure du coucher : ils arrivèrent à deux, un jeune serveur très digne
poussant un chariot et la jeune fille, rayonnante, grand chef d’orchestre de la préparation des fameuses crêpes flambées au Grand Marnier ! Qu’elle était fière et heureuse.
Les jours suivants, nous avons parlé avec les fondateurs de l’association, Marie-France
et Christian des Pallières que tout le monde appelle ici gentiment Papy et Mamy. Nous
avons visité le centre avec les salles de classe, les différents bâtiments de formation
(coiffure, massage, mécanique-auto), les centres de soins, les bâtiments pour les enfants avec différents handicaps, l’internat. L’équipe sociale avec une trentaine de per-
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sonnes est menée d’une main ferme et efficace par Lakéna. Elle a la responsabilité de
suivre les familles des enfants pris en charge par PSE, de s’assurer que les enfants
viennent régulièrement au centre et ne sont pas envoyés travailler par leurs parents,
de sélectionner les familles pour de nouveaux recrutements.
Un des travailleurs sociaux nous a emmenés visiter les familles vivant sur la décharge,
voir leur cadre de vie et leur dialogue pour motiver les parents à envoyer leurs enfants à l’école. Nous avons vu la décharge, les familles qui vivent à ses pieds, récupèrent les plastiques, le métal, les nettoient et les revendent dans des conditions
d’hygiène épouvantables. Nous avons vu les hommes saouls, hébétés par l’alcool de
riz pendant que leurs femmes allaitent deux enfants à la fois, les petits jouent dans la
boue et les plus grands trient les ordures dans une odeur inimaginable. Nous avons
réalisé ce que pouvait être la misère mais surtout la force qu’il faut trouver pour pouvoir envisager autre chose que de rester dans ce cercle maudit de la pauvreté, de la
iolence familiale, de la prostitution qui collent à ceux qui naissent dans ces endroits.
Mais nous avons vu aussi le visage de ces femmes fatiguées lorsque l’éducateur leur
parlait de PSE, l’espoir dans leurs yeux et le respect, la joie des jeunes arrivant le matin au centre de PSE. Au quotidien, ce sont 6500 jeunes encadrés par environ 450 enseignants khmers qui viennent de la rue ou des familles de la décharge, qui découvrent la possibilité d’envisager un avenir, de faire des projets. Ils ont retrouvé une
dignité et peuvent partager leur savoir et leurs compétences … comme la jeune fille
des crêpes Suzette : « La machine à détruire la misère », comme la nomme Christian
des Pallières, existe bien.
Anne Funke
« Für ein Kinderlächeln Deutschland- Pour un Sourire d’Enfant PSE » :
www.fuer-ein-kinderlaecheln.blogspot.com
compte bancaire pour dons :
Volksbank Saarlouis,
numéro de compte : 110 1111 101, BLZ : 593 901 00
L’association est reconnue d’utilité publique.
Un reçu fiscal est délivré pour chaque don.
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Voyage de l’U.F.S. en Pologne - 8 – 13 octobre 2013
Mardi 8 octobre : départ très matinal de Sarrebruck, dans un car grand et confortable
où notre groupe de 17 personnes peut prendre ses aises.
Le vol de Francfort à Varsovie est sans histoire, nous retrouvons à l’aéroport Claude et
Odile de Calan, venus directement de Paris. Notre guide, Anna Lebeuf (elle est mariée
à un Français) nous attend. Pendant les douze kilomètres qui nous séparent de la
ville, nous remarquons des blocs soviétiques, des petites villas des années vingt et
aussi de grands bâtiments très modernes, signes du développement rapide de la Pologne - on construit sur tous les espaces libres – et puis, dans le centre historique la
succession des palais et des églises. La ville ayant été rasée à 70% par les Allemands
en représailles après l’insurrection d’octobre 1944, la majorité a été reconstruite à
l’identique, avec un grand savoir-faire.
Il faut maintenant descendre du car et
commencer la visite du centre-ville à
pied. Nos prenons la rue Royale, surnom du Faubourg de Cracovie, et admirons le beau Palais de l’Université, le
Palais présidentiel où fut signé en 1955
le Pacte de Varsovie et où se tint en
1989 la Table ronde entre les autorités
communistes et les leaders de Solidarnosc. Nous entrons dans l’église Sainte
Croix, où se trouve le cœur de Chopin,
juste à côté du palais où ses parents
eurent un appartement et où il vécut
quelques années. Devant, sur le trottoir, un « banc musical » nous joue
même une de ses œuvres !
Nous remarquons sur un mur une plaque au Général Weygand, en reconnaissance pour son aide lors de la guerre
russo-polonaise en 1920. Devant l’église
des
Carmes
Déchaussés
Anna
nous
montre une reproduction d’un tableau
de Canaletto (« le Jeune », neveu de l’autre ) qui a peint avec grande exactitude
beaucoup de monuments de Varsovie, ce qui aida beaucoup lors de la reconstruction.
Encore deux belles églises et nous arrivons sur la place Zamkowy, qui nous séduit par
la rangée de maisons à pignon qui fait face à la grande façade de brique du Palais
Royal. Le roi Sigismond III nous attend sur sa colonne, et de plus le soleil se montre.
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Mais encore plus appréciée est la pause déjeuner, dans le restaurant « Literatka » où
après un parcours compliqué dans cette vieille maison, on nous installe dans un charmant décor tout fleuri.
Après le déjeuner, courage, nous démarrons la visite du Château Royal. De salles dorées en immenses salons, certains beaux il faut l’avouer, Anna ne nous fait grâce
d’aucun roi ni d’aucun personnage historique, dont les portraits couvrent les murs.
L’histoire compliquée de la Pologne et sa monarchie élective rendent tout cela un peu
difficile et, la fatigue aidant, je ne pense pas que beaucoup d’entre nous en ait retenu
grand-chose. Mais nous sommes touchés par ce désir des Polonais de retrouver leur
histoire après des décennies d’occupation. Emerveillés également par la perfection de
la reconstitution, les parquets par exemple, sont magnifiques.
Nous sortons du Château pour aller jusqu’aux anciennes fortifications, en brique, très
bien restaurées. Au passage la jolie place Canonia, celle du Marché de la Vieille Ville,
malheureusement en travaux, nous pouvons juste admirer les belles maisons à pignon
qui l’entourent. Sur le chemin du retour, un arrêt à la « Cathédrale du Chant de
l’Armée polonaise », en face de l’imposant monument à l’Insurrection et nous sommes
émus par la chapelle où sont inscrits les noms des 15.000 officiers tués lors du massacre de Katyn.
Nous retrouvons le car avec soulagement et arrivons à notre hôtel. Installation dans
les chambres et moment de repos fort bienvenu. Le trajet en car jusqu’au lieu du dîner nous fait longer le quartier qui fut le ghetto, Anna nous en conte la terrible histoire, commémorée maintenant par le tout nouveau Musée à la mémoire des Juifs polonais.
Le lendemain matin, cinq courageux iront dès 8 heures visiter le musée de
l’Insurrection, les autres partent plus tranquillement, après les avoir ramassés, vers le
joli palais de Wilanow, à quelques kilomètres au sud-est de la ville. Il fait beau et ce
ravissant bâtiment de la fin du XVIIe siècle, à la lumineuse couleur jaune clair, nous
séduit beaucoup. Le décor baroque en est riche mais reste élégant. Stanislas Potocki,
collectionneur et mécène, y rassembla de nombreuses œuvres d’art, emportées par
les Allemands, mais que le gouvernement polonais, après la guerre, réussit à rassembler en grande partie. Le palais avait été restauré déjà en 1962, puis de nouveau récemment, le résultat est remarquable.
Nous visitons l’intérieur, d’abord les petites pièces de la partie XVIIe, où une exposition est consacrée à Jean III Sobieski, le constructeur du palais. Nous dépassons avec
amusement une classe de petits élèves, qui écoutent et regardent attentivement.
Nous traversons belles salles et couloirs, les tableaux sont nombreux, souvent des
répliques ou des copies. Dans une grande galerie de portraits, nous nous arrêtons devant celui de Marie Walewska, qui aurait été poussée dans les bras de Napoléon pour
des raisons politiques, nous confie Anna, version nettement moins romantique que
celle de nos livres d’histoire…
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En sortant nous admirons trop rapidement les beaux jardins à la française, car Anna
veut encore faire une halte dans le Parc Lazienki, pour nous montrer le monument
dédié à Chopin, très cher au cœur des habitants de Varsovie et devant lequel on vient
en été écouter des concerts en plein air.
Il faut vite repartir et déjeuner sans traîner car nous sommes attendus à l’Ambassade
de France. Notre ami Philippe Cerf, notre précédent Consul général, y est Premier
Conseiller et il nous a organisé une très intéressante après-midi. Nous commençons
par être impressionnés par la taille de cette construction très moderne aux immenses
murs vitrés, puis nous nous installons et écoutons plusieurs interventions.
En premier, l‘Ambassadeur, M. Buhler, nous parle du renouveau récent des relations
franco-polonaises, Philippe Cerf complète en évoquant les nombreuses rencontres à
tous les niveaux. Un représentant de l’Attaché commercial nous décrit la situation
économique, un peu moins florissante, la croissance est passée de 6% à 4%.
L’Attachée culturelle nous parle beaucoup de la vitalité de l’apprentissage du français
par les élèves et étudiants polonais, ainsi que des partenariats qu’essayent de nouer
les Instituts français pour pouvoir organiser des manifestations malgré leurs moyens
de plus en plus limités. Pour finir, l’Attaché militaire, un Colonel de l’Armée de l’Air,
nous décrit son rôle : organiser le passage ou les escales des avions qui survolent la
Pologne, essayer de trouver des contrats pour nos ventes d’armes, malgré la tendance actuelle de la Pologne à se tourner vers les Etats-Unis en ce qui concerne leur
défense.
Nous avons beaucoup appris et les discussions se prolongent autour d’un verre. Tout
cela été plus long que prévu et il faut renoncer à la visite du Musée Chopin.
Un temps de repos à l’hôtel avant de nous rendre dans l’appartement privé de Philippe
Cerf, dans une immense et luxueuse résidence. Il nous y a préparé un chaleureux et
sympathique apéritif, qui se prolonge, tout près de chez lui, par un dîner polonais,
aussi bon qu’abondant.
Le jeudi c’est le départ pour Cracovie, après cette trop courte découverte de Varsovie.
Taxis puis train – surprise, on nous y offre un café gratuit ! – et nous voilà, toujours
sous le soleil, à Cracovie, la capitale culturelle, universitaire et touristique de la Pologne ( 9 millions de visiteurs en 2012 ). Nous sommes attendus par la charmante Natalia, notre guide pour deux jours.
Dans le bus elle nous parle de la ville, la seule qui n’ait pas été détruire par la guerre.
Elle compte 760.000 habitants, plus 220.000 étudiants. Nous admirons le Parc Planté
qui longe les fortifications sur 4 km, avant de nous diriger vers le quartier Kazimierz,
où se trouve le quartier juif depuis la fin du XVe siècle. Ils fondent une ville dans la
ville, qui avait 68.000 habitants avant la guerre, il n’en resterait que …120. Depuis
1980, ils reviennent peu à peu, cherchant à retrouver leurs racines. On y compte 7
synagogues, une seule servant encore au culte. Sur la très typique et joyeuse place
Szeroka, Natalia nous montre la maison natale d’Elena Rubinstein.
33
Nous remontons dans le bus pour traverser la Vistule vers le quartier Podgorze, où
était le ghetto. Tous les Juifs de Kazimierz y furent d’abord enfermés ( Roman Polanski y est né ), pour être ensuite déportés à partir de 1942. Nous nous arrêtons devant
la place où 3000 personnes furent tuées les 13 et 14 mars 1943. Seules lueurs dans
cette sinistre époque : la pharmacie tenue par un non-juif, Tadeusz Pankiewicz, qui
réussit à s’y maintenir, ce fut un lieu de rencontre et le seul contact avec l‘extérieur,
et il put faire passer nourriture et médicaments. Nous évoquons aussi la mémoire
d’Oskar Schindler, bien connu par le film, son ancienne usine abrite maintenant deux
musées.
Et puis retour vers l‘hôtel, dépose des
valises et nous repartons à pied pour la
Place du Grand marché, le cœur de Varsovie. Il y règne une vie intense, très
gaie. Natalia nous en fait faire le tour :
les belles maisons très décorées, la Basilique Notre-Dame, la charmante petite
église Saint Adalbert et au centre le
curieux bâtiment de la Halle aux draps.
Notre hôtel étant à moins de dix minutes
à pied ( merci Janine ! ), certains rentrent se reposer avant le dîner en commun dans un des innombrables restaurants qui entourent la place.
Le vendredi, journée sportive : tout se
fera à pied. Tout de même un amusant
taxi collectif emmène ceux qui marchent
difficilement en haut de la colline de
Wawel, notre premier but. Nous partons
avec Natalia, toujours sous le soleil, à
travers le parc Planté, dont les arbres sont déjà tout dorés. Sur la colline, la vue est
magnifique sur la courbe de la Vistule et nous avons même droit au dragon qui crache
comme dans la légende.
Dans l’enceinte du Château royal, nous retrouvons la foule des touristes, Natalia
manœuvre habilement pour nous faire entrer. Nous admirons d’abord la belle cour
Renaissance, d’influence italienne. Au XVIe siècle la Pologne tenait sa richesse du
commerce du sel, de belles salles, toujours aussi bien restaurées, en sont la trace,
mais la principale fierté du Château est l’ensemble des tapisseries. D’amusantes fresques de style italien courent en haut de plusieurs pièces, curieuse aussi est la salle du
trône avec ses têtes au plafond. Des salles du XVIIIe datent de Sigismond III Wasa,
celui qui a transféré la capitale de Cracovie à Varsovie.
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Nous entrons ensuite dans la cathédrale, symbole royal autant que religieux. C’est
l’église des évêques de Cracovie, ce fut celle de Jean-Paul II. Le décor est très riche,
au centre un énorme baldaquin de marbre recouvre le sarcophage en argent de Saint
Stanislas, le patron de la Pologne. Tout autour les différentes chapelles et monuments
funéraires des grandes familles qui comptent un, ou plusieurs, rois de Pologne. Nous
sommes touchés par le sarcophage d’Hedwige, princesse hongroise qui fut « Roi » de
Pologne.
Nous quittons le Château et descendons vers la ville. Dans l’intéressante rue Kanonicza, nous remarquons le Centre Jean-Paul II et sa belle porte. Des places et beaucoup
d’églises, chaque ordre religieux ayant eu la sienne. Sur la place de la Toussaint, un
beau bâtiment du XVIIème abrite la mairie, tandis qu’en face une construction très
moderne, qui surprend dans la vieille ville, datant de 2008, est le Centre d’Information
touristique.
Et puis nous voilà revenus sur la place du Marché. Dans la basilique Notre-Dame, nous
nous asseyons pour admirer l’immense rétable doré qui en occupe le fond. Il est
l’œuvre de Veit Stoss, sculpteur originaire de Nuremberg, venu en 1477 et qui y travailla douze ans. Le rétable fut retrouvé très endommagé dans les caves du château
de Nuremberg et fut remis en place après onze ans de restauration.
En sortant nous nous groupons sur la petite place, à côté de la basilique et, le nez en
l’air, attendons…quoi ?? Puis on entend un air de trompette qui se répète. C’est le
Hejnal, une mélodie soufflée du haut de la tour par un pompier, toutes les heures, en
direction des quatre points cardinaux. De notre côté le souffleur se montre et fait un
petit signe. C’est un rituel auquel les Cracoviens sont très attachés, souvenir de
l’alarme donnée de cette façon au Moyen-Age.
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C’est ensuite la pause déjeuner suivie d’un rendez-vous précis car nous sommes attendus à l’Université Jagellon ( le Collegium Maius ), qui fut fondée par Kasimir le
Grand en 1364. La visite est impressionnante car les salles de cette époque sont encore utilisées : la bibliothèque, la salle à manger, le trésor… Jusqu’à la fin du
XVIIIème siècle les professeurs y vivaient, menant une vie quasi monastique. La mémoire des étudiants célèbres est très présente : Copernic et bien sûr Jean-Paul II qui
fut fait Docteur Honoris Causa dans l’ « Aula Magna », encore utilisée pour la remise
des diplômes et les visites diplomatiques. Actuellement l’Université Jagellon compte
52.000 étudiants, toutes spécialités confondues.
Une fois sortis dans la cour, trois heures sonnent, nous nous distrayons en regardant
défiler les personnages de l’horloge animée. Dans le « Jardin des Professeurs », Natalia nous raconte la terrible arrestation des professeurs le 6 novembre 1939, emprisonnés puis déportés. Une centaine seront libérés sous la pression internationale. Dans le
jardin des bustes en bronze, très expressifs, des professeurs les plus admirés.
Nous retrouvons le parc,
puis le Palais épiscopal où
Jean-Paul
une
II
apparait
fenêtre
en
à
photo
grandeur nature, l’illusion
est très réussie ! La dernière visite sera celle de
l’église des Franciscains,
surtout connue pour son
décor et ses vitraux Art
Nouveau. Puis nous disons
au-revoir à Natalia et nous
séparons
pour
un
bon
temps libre.
Le samedi matin les programmes sont variés : visite d’Auschwitz, ou des célèbres mines de sel, ou bien dernières heures paisibles en ville. Les récits et émotions donneront lieu à des échanges intéressants dans le car, puisque nous partons après le déjeuner pour Breslau ( Wroclaw, prononcer quelque chose comme « brotsouaf » ! ).
Nous arrivons vers 18h15, il fait déjà sombre, nous allons directement à notre hôtel,
situé sur une île. La ville de Wroclaw, la Venise polonaise, est bâtie sur une douzaine
d’îles, on y compte 110 ponts. Après l’installation dans les chambres, nous repartons à
pied vers le centre-ville pour dîner. Il est tard et nous sommes nombreux mais un
sympathique hôtel, où l’on parle allemand, nous dresse une grande table et nous sert
vite et bien un bon diner.
Le lendemain, dimanche matin, notre guide, Beate, intelligente et pleine d’humour,
nous fera faire une très intéressante visite de la ville. Nous commençons par un tour
en car, Beate nous fait remarquer de beaux et grands bâtiments allant du baroque au
XXème siècle, les universités, un zoo célèbre… une courte halte devant la clinique où
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fut faite la première greffe du cœur. Elle nous raconte aussi l’histoire de la ville, qui
s’est développée grâce au commerce de l’ambre, « l’or de la mer », commerce qui
empruntait les voies fluviales, l’Oder dans le cas de Wroclaw, rebaptisée Breslau, sous
domination
prussienne,
au
XVIIIème
siècle.
Nous
remarquons
d’ailleurs
que
l’atmosphère de la ville est différente de celle de Cracovie, plus germanique. Wroclaw
est actuellement la capitale de la province de Basse-Silésie, une ville de plus de
600.000 habitants, plus 150.000 étudiants.
Une autre halte devant la Halle du Centenaire, construite en 1913, un immense bâtiment circulaire, le plus grand dôme du monde en béton armé. Nous longeons ensuite
de grands parcs, le stade des Jeux olympiques qui n’a jamais servi, Hitler voulant tout
centraliser à Berlin, puis un quartier neuf, construit sur l’emplacement de la « Festung
Breslau » où Hitler a entassé jusqu’à un million de personnes, pour les en chasser en
1945, les faire mourir de froid et de faim sur les routes, et finalement tout détruire
« pour s’y battre mieux ».
Notre étape suivante est l’île d’Ostrow Stumski, l’origine de la ville. On y compte six
églises, Beate l’appelle « notre petit Vatican », elle est maintenant propriété de
l’Eglise. Nous y voyons de superbes bâtiments, très bien entretenus, avec de beaux
jardins, l’Eglise polonaise bénéficie d’un concordat très avantageux, ne paie pas
d’impôts… cela se voit ! 90% des Polonais sont baptisés, dont 50% sont pratiquants,
les messes se succèdent dans les églises, apparemment très fréquentées.
Nous entrons dans le Musée de l’Université, superbe bâtiment baroque, nous admirons
la cage d’escalier, mais la surprise c’est la salle Léopoldine, d’une richesse, d’une opulence ahurissante. C’est la « salle représentative », encore utilisée pour les cérémonies.
On ne peut guère visiter les églises le dimanche, le car nous ramène vers la vieille
ville. La grande place du Marché est aussi animée que notre île précédente était
calme. Nous admirons l’Hôtel de Ville gothique et renaissance au milieu de la place et
de jolies maisons. Pour la première fois il souffle un vent froid et nous sommes heureux de nous réchauffer avec un bon repas polonais.
Et puis c’est la fin : retour au car, récupération des bagages et direction aéroport.
Quel beau voyage, riche et intéressant, trop court pour découvrir tous les aspects de
ce pays à l’histoire mouvementée, actuellement en plein essor, bénéficiant à plein de
son rattachement à l’Union européenne et en même temps fier de ses héros et de son
passé.
Merci, merci à notre chère présidente, elle peut être heureuse de nous avoir permis
cette belle semaine.
O.V.
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L’île secrète aux deux visages : Menorca
Située au cœur d’une géographie aux lignes indécises mais aux contours enjôleurs,
Minorque, discrète, simple, mais aussi parfois enjouée ou ouvertement accueillante,
sera, selon les saisons, usée par les souffles acérés de ces vents nordiques, léchant à
plaisir ses pierres rocheuses ou bien caressée par les douceurs du sud et ses humeurs
latines. Ambivalente sur toute la ligne, que ce soit par les époques géologiques, les
influences historiques, ses 2 « capitales » rivales (l’ancienne et la nouvelle) et ses
2 cultures qui cohabitent depuis toujours.
De Mahon, commerçante et anglaise, à Ciutadela, espagnole et alanguie, elle offre
toutes les facettes d’une personnalité ambigüe imprégnée d’une foule de curiosités. Et
des curiosités, Minorque en regorge plus que tout…
Parler des Îles Baléares laisse généralement notre interlocuteur sans surprise, mais le
plus curieux, en évoquant le nom de Minorque, c’est l’ignorance dans laquelle, nous
autres Français, la tenons jusqu’à ce jour.
Géographie
L’archipel des Baléares, situé à environ 250 kms des côtes de la péninsule ibérique,
avec ses 5 îles, Mallorca, Menorca, Ibiza, Formentera et Cabrera, reste une des principales destinations touristiques de l’Espagne. Si Mallorca, Ibiza et Formentera se can-
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tonnent, par leur infrastructure hôtelière, à offrir plutôt des forfaits mer, soleil et
bronzage garanti, l’île de Menorca (Minorque en français) s’est vue amenée dans le
passé à se démarquer largement face à ses sœurs voisines.
Elle n’a pas ces hautes montagnes majestueuses, ces vastes horizons, cette nature
exubérante qui confèrent cette beauté à Mallorca. Même Ibiza et ses senteurs africaines ne se retrouvent pas ici. Seconde île de l’archipel par sa superficie (env.700 km²),
env. 55 km de longueur et 15 km de largeur, Minorque, la plus septentrionale et
orientale des Baléares, par ses vertes prairies ou ses enclos (que l’on nomme ici
« tancas ») entourés par ces murs de pierres sèches aux allures irlandaises, étonne
toujours ses visiteurs par ces contrastes extrêmes. Sa côte qui s’étend sur 216 kms,
reste en général haute et escarpée, entrecoupée de baies naturelles utilisées au fil des
ans comme port de mouillage (Ciutadela, Fornells), ou bastion naturel (Mahon, plus
grand port naturel d’Europe et un des 2 plus grands du monde !).
Les élévations dans l’île sont rares, la plus haute d’entre elles, le Monte-Toro, culmine
à 350 m et abrite en son sommet le sanctuaire de Nuestra Señora d’El Toro, centre
spirituel de l’île. Minorque se partage en 2 parties bien distinctes, la Tramontane au
nord et le Mitjorn au sud, la ligne de partage épousant à peu près la route principale
allant de Mahon à Ciutadela. La zone nordique, caractérisée par ses murettes la protégeant des vents, contraste avec la verdure du sud et sa riche « terra rosa ». La présence de jardins potagers et de vergers explique en partie la plus grande densité de
population et la profusion des vestiges archéologiques.
Vue
du
aérienne
port
de
Mahon.
39
Histoire
L’histoire mouvementée de l’île de Minorque, peut être consultée dans l’article complet
paru sur notre site internet www.u-f-s.eu/voyages.html
Culture
Là où Mahon entra enfin pour ainsi dire dans la légende, après toutes ses péripéties
historiques, elle le fit par le biais de la gastronomie, lors de la présence française,
après 1756. Pendant l’assaut de la forteresse de St-Felipe, le Duc de Richelieu entra à
l’improviste dans une auberge et demanda qu’on lui prépare quelque chose pour calmer sa faim. On ne dit pas ce qu’il dégusta, mais il en ressortit avec la recette d’une
sauce aussi étrange que mystérieuse, préparée simplement : crème froide faite à base
de jaunes d’œufs avec de l’huile, du sel et du poivre, que l’on nomma la « salsa mahonesa », mondialement connue sous le nom de « sauce mayonnaise ».
C’est bien à Mahon que l’emprise anglaise fut la plus forte. C’est là qu’ils y laissèrent
le plus de marques traditionnelles, mais aussi qu’ils s’y cantonnèrent. De ce grand
port regardant vers le large et de cette ville compacte ramassée sur un promontoire,
les Gouverneurs Anglais en firent leur capitale en 1722.
Industrie et tourisme
Ce qui ressort d’un voyage à travers l’île de Minorque, l’une des particularités dominantes de son paysage, c’est la lumineuse blancheur de ses maisons, blancheur resplendissante qui inclut souvent même la toiture. Le badigeonnage traditionnel à la
chaux
poursuit
un
double
but :
d’abord
indiscutablement
pour
des
raisons
d’esthétique, mais aussi pour préserver les intérieurs de l’infiltration de la lumière, de
la chaleur du soleil et de ces insectes qui accompagnent ces effets. Le mariage de la
blancheur de ses maisons avec le bleu cobalt de la mer a donné à l’île le surnom que
l’on retrouve dans toutes les chansons folkloriques : »Menorca, la isla blanca y azul ».
Pour en savoir plus : www.u-f-s.eu/voyages.html
Yves Souron (Juin 2013)
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18èmes Journées du film français :
L’image des Français et des Allemands dans des films français
Kinowerkstatt St.Ingbert , Pfarrgasse 49
du 14 au 17 février 2014
sous le patronage du Consul Général de France en Sarre, M. Frédéric Joureau.
Le programme fut élaboré en collaboration et avec le soutien de l’Institut d’études
françaises de Saarbrücken, de l’Institut de Romanistique de l’Université de la Sarre et
du Consulat Général de France en Sarre.
Vendredi
14/02/2014 – Ouverture - 20:00
LE SILENCE DE LA MER - France, 1948, 86 min
J.-P. Melville d’après le roman de Vercors avec Howard Vernon, Jean-Marie
Robin et Nicole Stéphane.
En 1941, en France, un officier allemand
réquisitionne la maison d’un homme et
de sa nièce pour y loger. Passionné par
la culture française, parlant un français
parfait, il fait part, chaque soir à ses hôtes de ses idéaux et de sa passion pour
la France. Ceux-ci lui opposent un mutisme farouche et inébranlable ...
Après le film vous êtes invités au vin d’honneur, offert par le Consul Général.
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Samedi
15/02/2014 – 19:00
Les Alsaciens ou les deux Mathilde
France/Allemagne, 1996, 90 min
de H. de Turenne et M. Deutsch, Régie Michel Favert, avec Cécile Bois, Jean-Pierre Miquel …
Premier épisode: 1870 – 1894
Mathilde,
fille
de
l’industriel
Kempf,
vient
d’épouser le comte Charles de la Tour. Mais ce
bonheur est interrompu par la guerre et Charles
meurt au champ d’honneur. L’Alsace fait désormais partie de l’Empire allemand. Mathilde de la
Tour reste française, farouchement
Mathilde de la Tour
Samedi
15/02/2014 – 21:00
Les Alsaciens ou les deux Mathilde ( suite )
avec Cécile Bois, Jean-Pierre Miquel, Jacques Coltelloni, Sebastian Koch ...
Deuxième épisode: 1904-1919.
Louis, le fils de Mathilde, qui a épousé une Allemande, Frederike, dont il a eu deux fils, Karl et
Edouard, se nomme désormais Kempf de La
Tour. Élevé comme un Allemand, il joue très naturellement le jeu avec l’Allemagne. Karl, engagé
dans l’armée du Kaiser, est tué à Verdun.
Edouard, parti pour la France en compagnie d’un
Edwin Wismar-Marbach
compatriote Albert Laugel, retourne victorieux
dans l’Alsace redevenue française en 1919 et
retrouve son père.
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Dimanche
16/02/2014 - 11:00
Boule de suif
France, 1945, 103 min de Christian-Jaque,
d’après deux nouvelles de Maupassant :
Boule de suif et Mademoiselle Fifi
avec Micheline Presle, Louis Salou, Berthe
Bovy…
Lors d'un voyage en diligence, la fille Rousset, dite « Boule de suif », partage généreusement ses provisions avec un groupe
apeuré de voyageurs de Rouen. Un peu
plus tard, Boule de suif tue le redoutable
lieutenant prussien que ses amis avaient
surnommé Fifi et qui étalait sans vergogne
son goût du pillage et ses penchants sadiques.
La présentation du film sera suivie par un encas, pain, vin, fromage.
Dimanche
16/02/2014 - 17:00
Les Alsaciens ou les deux Mathilde ( suite )
Troisième épisode : 1927-1940.
Louis Kempf de La Tour s’est exilé en Suisse avec sa
femme déclarée indésirable. Comme les Alsaciens
sont déçus par la France, Albert Laugel,
époux de
Katel, s’engage dans un mouvement autonomiste où
s'infiltrent des éléments pro-allemands. Mais bientôt
l’Alsace est annexée au Reich.
Katel «Mathilde»
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Dimanche
16/02/2014 - 19:00
Les Alsaciens ou les deux Mathilde (suite)
Quatrième épisode: 1943- 1953
Sous la terreur allemande, l’Alsace vit ses heures les plus tragiques. Albert et Katel
Laugel se sont engagés dans la Résistance, chacun à l’insu de l’autre. Faite prisonnière, Katel (dont de le nom de code est « Mathilde »), se donne la mort. LouisCharles Kempf de la Tour est enrôlé dans la Wehrmacht et envoyé sur le front de l’Est
…
Les personnages de Louis-Charles Kempf de La Tour et de Peter Imhof permettent
d’évoquer la question des « malgré-nous »
Tous les résumés extraits de «Les dossiers de Télédoc» Internet
Lundi
17/02/2014 - 19:00
Jules et Jim
France, noir et blanc , 1962, 105 minutes
de François Truffaut d’après
le roman d’Henri-Pierre Roché
avec Jeanne Moreau, Oskar
Werner, Henri Serre, Marie
Dubois,
Sabine
Haudepin,
Vanna Urbino...
Jim, jeune intellectuel parisien se lie d‘amitié dans les
années 1910 avec Jules, un
jeune poète allemand, à qui il
fait découvrir la vie et les
plaisirs parisiens de l'époque.
Jules
rencontre
Catherine
dont il tombe immédiatement amoureux et la présente à Jim qui ne peut s’empêcher
d’être attiré par la jeune femme. La guerre survient qui sépare les deux amis. Mais les
tensions de plus en plus vives annoncent la tragédie finale.
Veuillez consulter aussi le site : www.Kinowerkstatt.de
Tél. : 06894-36821 (Jugendzentrum/Kinowerkstatt)
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