« Mesure de l`activité protéolytique de bactéries lactiques isolées à
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République Algérienne Démocratique et Populaire. Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche scientistes Université d'Oran Es-Sénia. Faculté Des Sciences. Département De Biologie. Laboratoire de Physiologie de la Nutrition et Sécurité Alimentaire Mémoire du Magister soutenu le : 12/11/2012 Intitulé du Mémoire : « Mesure de l’activité protéolytique de bactéries lactiques isolées à partir du lait de vache (Lactococcus sp.) ; étude de leur effet protecteur sur la muqueuse intestinale de souris balb/c sensibilisées par voie orale au lait de vache.» Présenté par : MERAH Rachid Membres du Jury Président - AOUES Abdelkader -Professeur, Université d’Oran Rapporteur - KHEROUA Omar -Professeur, Université d’Oran Examinateurs - CHEKROUN Abdallah -Maître de Conférences, Université d’Oran - KADDOURI Hanane -MCA, Université d’Oran SOMMAIRE SOMMAIRE ……………………………………………………………………1 ABREVIATION ………………………………………………………………..5 Tableaux et figures ……………………………………………………………...6 INTRODUCTION ………………………………………………………………7 1. LES PROTEINES DE LAIT DE VACHE ………………………………………..8 1.1. Les protéines ………………………………………………………………………….8 1.1.1. Les caséines ……………………………………………………………………………………8 1.1.2. Les protéines du lactosérum …………………………………………………………….8 1.1.2.1.1. L'alpha-lactalbumine ………………………………………………………………………8 1.1.2.1.2. La SAB (sérum albumine bovine) ………………………………………………………..10 1.1.2.1.3. La Lactoferrine ……………………………………………………………………10 1.1.2.1.4. Les autres protéines du lactosérum ………………………………………………………10 1.1.2.1.5. La bêta-lactoglobuline …………………………………………………………….10 2. DIGESTION DES PROTEINES DU LAIT 2.1. Digestion des protéines alimentaire in vivo …………………………………….11 2.1.1. Digestion gastrique ………………………………………………………………….11 2.1.2. Digestion intestinale …………………………………………………………………11 2.1.3. Absorption intestinale …………………………………………………………12 2.2. Digestion de la β-lactoglobuline bovine ……………………………………….12 2.2.1. Digestion in vivo ……………………………………………………………...12 2.2.2. Digestion in vitro ……………………………………………………………...14 2.2.3. Modification des propriétés nutritionnelles …………………………………..14 3. ALLERGIE AUX PROTEINES DE LAIT DE VACHE …………………15 3.1. L’allergénicité des protéines en générale …………………………………………….15 3.2. L'allergie aux protéines de lait de vache (APLV) ………………………………16 3.3. Facteurs intervenant dans le développement de I'APLV ……………………….17 3.3.1. Les antécédents familiaux ……………………………………………………17 3.3.2. La sensibilisation …………………………………………………………….17 1 3.3.2.1. La sensibilisation in utéro ……………………………………………...17 3.3.2.2. La sensibilisation par le lait maternel …………………………………….17 3.4. Traitement et modalités de substitution ………………………………………….18 3.4.1. Les laits hypoallergéniques et les formules excessivement hydrolysés ……..18 3.5. Effets des traitements technologiques sur l'antigénicité et/ou l'allergénicité de lait de vache ………………………………………………………………………………..19 3.5.1. Effet de traitements thermiques………………………………………………19 3.5.2. Effet de traitement enzymatique ……………………………………………..19 3.5.3. Effet du traitement par irradiation ……………………………………………20 3.5.4. Effet de la fermentation lactique ……………………………………………..20 4. LES LAITS FERMENTĒS ………………………………………………..21 4.1. Déroulement de la fermentation lactique dans le yaourt ………………………21 4.2. Les ferments utilisés dans les préparations de laits fermentés …………………22 4.2.1. Les ferments lactiques …………………………………………………………….22 4.2.1.1. Les ferments mésophiles …………………………………………………..22 4.2.1.2. Les ferments thermophiles ……………………………………………22 4.2.1.3. Les ferments probiotiques ……………………………………………22 4.2.1.3.1. Les Lactobacilles………………………………………………………… 22 4.2.1.3.2. Les entérocoques ………………………………………………………………23 4.3. Les interactions positives et négatives dans les ferments ………………………23 4.4. Activités biologiques des ferments …………………………………………….25 4.4.1. Activité protéolytiques des ferments ……………………………………………...25 4.4.2. La fermentation de sucres …………………………………………………………25 4.4.3. Production d'arômes …………………………………………………………26 4.4.4. Production de polysaccharides ……………………………………………………26 4.4.5. Propriétés nutritionnelles des laits fermentés ……………………………………26 4.5. Propriétés thérapeutiques des laits fermentés à base de probiotiques ……………26 4.6. Les principaux effets des probiotiques sur la réponse immunitaire …………….27 4.7. Prévention des allergies par l’utilisation de probiotiques ……………………………27 2 4.8. Rôle des probiotiques et de la microflore intestinale …………………………………...28 5. MATRIEL ET METHODE ……………………………………………….32 5.1. Préparation des ferments ………………………………………………………32 5.2. La lyophilisation ……………………………………………………………….32 5.2.1. La méthode de Lowry ………………………………………………………33 5.2.2. Le dosage des α-NH2 …………………………………………………………….34 5.2.3. Electrophorèse sur gèle d'acrylamide en présence de SDS …………………34 5.3. Le gavage des souris 35 5.3.1. Un 1er lot de témoins négatifs (T-) ………………………………………….35 5.3.2. Un 2ème lot de témoins positifs (T+) …………………………………………35 5.3.3. Un 3ème lot pour l’association LF1 …………………………………………..35 5.3.4. Un 4ème lot pour l’association LF2 …………………………………………..35 5.3.5. Le test ELISA ………………………………………………………………..36 5.3.6. Etude histologique …………………………………………………………..36 5.4. Analyse statistique ………………………………………………………………38 6. RESULTATS ……………………………………………………………...40 6.1. Mesure de pH des différents laits ……………………………………………….40 6.2. Mesure des protéines totales des laits fermentés (LF1 et LF2) et dans le lait cru .40 6.3. Mesure des fonctions α-NH2 libres au cours du temps dans des laits fermentés (LFI et LF2) et dans le lait cru …………………………………………………..42 6.4. Profils électrophorétiques ………………………………………………………..42 6.5. Etude immunoenzymatique des laits fermentés …………………………………43 6.5.1. Souris témoin négatif et positif sensibilisées au lait de vache ………………………44 6.5.2. Souris colonisées avec du lait fermenté LF1, LF2 à J18 …………………………….44 6.5.3. Souris colonisées avec du lait fermenté LF1, LF2 puis sensibilisées au lait de vache jusqu’à J54 …………………………………………………………………………..44 6.6. Etude histologique ……………………………………………………………….48 6.6.1. Effet de l’immunisation sur la structure intestinale …………………………...48 3 6.6.1.1. Effet global …………………………………………………………………...48 6.6.1.2. Effet sur la structure villositaire de l’épithélium intestinal …………………..48 6.6.2. Effet sur le nombre des LIE ………………………………………………………….48 7. DISCUSSION ……………………………………………………………..53 8. CONCLUSION ……………………………………………………………58 9. Références bibliographiques ………………………………………………60 4 ABREVIATION AA Acide Aminé ALA Alpha-Lactalbumine APLV Allergie aux Protéines de Lait de Vache BLG bêta-lactoglobuline CEP Coefficient d’Efficacité Protéique CMH Complexe Majeur d’Histocompatibilité CPA Cellules Présentatrices d’Antigènes ELISA Enzyme linked immunosorbent assay IgG Immunoglobuline G Lb Lactobacillus Lg Immunoglobuline PLV Protéines de lait de vache SAB Sérum Albumine Bovine VB Valeur Biologique 5 Tableaux et Figures : Tableau 1 : Propriétés et caractéristiques des protéines solubles (PH=4.6 à 20°C) (Mathieu, 1997)…………………………………………………………………………………………...9 Tableau 2 : composition moyenne d'une micelle de caséine (McMahon et Brown; 1984, Swaisgood; 1992)…………………………………………………………………………….13 Tableau 3: Caractéristiques des Lactobacilles et des bifidobactéries (Gomez et Malcata ; 1999)………………………………………………………………………………………….24 Figure 1 : Tissus lymphoïdes du tube digestif (a) et réponses immunes associées (b). Schéma simplifié d’une synapse immunologique entre une cellule dendritique (DC) et un lymphocyte T immature Th0 (c). Adapté de Janeway et Travers (1997) et Gougeon (1996)……………..29 Tableau 4: Composition des solutions utilisées pour le dosage des protéines totales selon la Technique de Lowry et al…………………………………………………………………….33 Tableau 6 : Masse de lyophilisat par litre de lait lyophilisé………………………………….40 Tableau 7 : Concentration de protéines totales par litre de lait………………………………41 Tableau 8 : Résultats des fonctions α-NH2 libres avant et après incubation…………………42 Figure 2 : Electrophorèse sur gel de polyacrylamide en présence de SDS de lait cru………..43 Figure3 : Titre en IgG sériques anti-BLG des souris témoin négatif et celles sensibilisées au lait de vache (LES)……………………………………………………………………………45 Figure 4 : Titre en IgG sériques anti-BLG des souris témoin négatif, des souris sensibilisées au lait entier de vache et celles des souris colonisées avec des laits fermentés LF1 et LF2….46 Figure 5 : Titre en IgG sériques anti-BLG des souris témoin négatif, des souris sensibilisées au LES et des souris sensibilisées au lait de vache après colonisation avec des laits fermentés LF1 et LF2……………………………………………………………………………………47 Figure 6 : Témoins (-) VS Témoins (+) : Effet de l’immunisation par voie orale au lait de vache hauteur villositaire des fragments de jéjunum de souris Balb/c……………………….49 Figure 7 : Coupe histologique de jéjunum de souris du groupe LF1 avant sensibilisation au lait VS Groupe LF1 après sensibilisation lait de vache………………………………………50 Figure 8 : Coupe histologique de jéjunum de souris du groupe LF2 avant sensibilisation au lait VS Groupe LF2 après sensibilisation lait de vache………………………………………51 6 Introduction Même si l'on attribue aux protéines de lait de vache (PLV) une qualité nutritionnelle élevée (Léonil et al, 2001), ces derniers constituent l'une des principales sources d'allergies alimentaires que beaucoup d'enfant développent dès leur première consommation de lait de vache (Moneret-vautrin, 1999). En Europe, à peu près 2,5% des enfants expriment cliniquement cette maladie durant la première année de leur vie (Paupe, 1997). Elle est associée à des désordres de l'hypersensibilité liée et non liée à aux IgE (Olive et Breton, 1996). Le traitement de ces allergies consiste simplement en la suppression des agents causals (les protéines de lait de vache) sous toutes ses formes. Si cette solution n’est pas possible, il convient de diminuer la charge allergique de ces protéines en utilisant des formules dans lesquelles l'allergénicité des protéines a été réduite. Beaucoup de formules à base de protéines hydrolysées ont été adaptées à l'alimentation des enfants allergiques aux PLV. Ces formules sont en général obtenues par différents procédés : le chauffage, l'hydrolyse enzymatique des protéines du lait (Lee, 1992) ou par la fermentation lactique (Lorient, 2001). Les produits laitiers fermentés pourraient présenter une alternative nutritionnelle intéressante. En effet, l'administration d'un lait fermenté par des bactéries lactiques à des jeunes enfants, manifestants des symptômes d' « eczéma atypique » durant l'allaitement maternel, diminue significativement la sévérité de l'eczéma après deux mois de traitement (Isolauri et al, 2000). De plus, l'administration orale d'un lait fermenté contenant la souche probiotique E. coli à des bébés, durant une semaine, diminue de façon significative la fréquence des allergies à l'âge de 20 mois (Lodinova-zadnikova et al, 2003). Les bactéries lactiques sont, généralement, capables d'hydrolyser la β-lactoglobuline (principale allergène de lait de vache). Notre objectif est de vérifier la capacité de protéolyse de la bêta-lactoglobuline de ces bactéries lactiques et son impact sur l’allergénicité et sur la morphologie de l’intestin. Si elle existe, cette capacité de protéolyse peut réduire la charge antigénique des protéines du lait. Dans ce cadre, nous avons préparé deux laits fermentés (LF1 et LF2) à base d’association de Lactobacilles et d’Entérocoques. Nous avons ensuite réalisé les analyses suivantes : dosage des protéines caractérisation des peptides par électrophorèse, étude immuno-enzymatique de ces laits fermentés et enfin leurs impact sur la morphologie de l’intestin. 7 1. Les protéines de lait de vache : Le lait est synthétisé par les cellules des glandes mammaires des femelles mammifères. Il est constitué principalement d’eau, glucides (essentiellement le lactose), des lipides, des protéines (caséines et globulines solubles), des sels minéraux à l'état ionique et moléculaire et des éléments à l'état de trace (enzymes, vitamines et oligoéléments) (Pougheon et Goursaud, 2001). 1.1. Les protéines Le lait de vache contient environ 30 à 35 g de protéines par litre (Fricker et Pousser, 1999). Le taux protéique est variable selon : la race, l'âge, le stade de lactation de la vache, le nombre de traite, la nourriture, le climat, la saison, et les critères génétiques (Pougheon et Goursaudizool, 2001). L'action d'une enzyme, la chymosine, ou l'acidification à pH 4,6 du lait permettent l'obtention de deux fractions : le lactosérum et le caillé qui contient les caséines. 1.1.1. Les caséines : Les caséines sont les seules protéines synthétisées dans la glande mammaire. Les quatre caséines du lait (αs1, αs2, β et k) se distinguent les une des autres par leur composition en acides aminés et par leurs propriétés physico-chimiques. Les micelles de caséines du lait bovin ont un diamètre moyen d'environ 182 nm et contiennent 92% de protéines et 8% de sels inorganiques, représentés principalement par le phosphate de calcium. L'abaissement du pH du lait à 4,6 conduit à la floculation des caséines (pHi). L'abaissement de pH se fait par l'utilisation d'un acide fort ou par la bioconversion du lactose en lactate à laide des bactéries lactiques (Léonil et al, 2001). 1.1.2. Les protéines du lactosérum : Les protéines du lactosérum représentent environ 20 % des protéines totales. Les principales protéines sont la β-lactoglobuline et l'α-lactalbumine. Les autres protéines du sérum sont les immunoglobulines, la (SAB) sérum albumine bovine et la lactoferrine et différents enzymes (tableau 1). 1.1.2.1. L'alpha-lactalbumine : L'α-lactalbumine (ALA) est une protéine de 123 acides aminés. C'est une métalloprotéine 8 du type globulaire de structure tertiaire quasi sphérique (Pougheon et Goursaud, 2001). Elle représente environ 22% des protéines sériques. Son point isoélectrique est de 4,8. Elle ne possède que deux variants génétiques. L'ALA est un composant régulateur du système enzymatique de la galactosyle transférase responsable de la synthèse du lactose (Brow et Gobler ; 1992). Tableau 1 : Propriétés et caractéristiques des protéines solubles (PH=4.6 à 20°C) (Mathieu, 1997) - α- Sérum Immuno- Peptides- Lactoglobuline Lactalbumine albumine globulines Péptones 162 123 582 18363 (A) 14 175 (B) 66 267 (A) Nombres d’acides 26 à 107 aminés Masse Molaire (g/mol) Nombre de Résklus cystéines pHi 5 (2)-S-S- ;1SH 5,23(A) En g/l dans le lait (4)-S-S- 1 000 000 ˂ 15 000 35 (17)-S-S ; 1- ? SH 4,3 4,6 mammaire mammaire sanguine 3,2 1,2 0,4 5,30(B) Origine 6 14000 à 5,6 -7,3 (mammaire)* sanguine 0,8 3,3- 3,7 B-CN 1 ,0 9 1.1.2.2. La sérum albumine bovine: La sérum albumine bovine (SAB) est constituée de 123 acides aminés. Elle représente environ 7% des protéines du sérum. On l'associe au transport de différentes substances comme certains métabolites physiologiques, d'hormones et d'acides gras insolubles. La présence de ces acides gras lui confère une résistance vis-à-vis des traitements thermique (Amiot et al ; 2002). 1.1.2.3. La Lactoferrine : Elle représente environ 4% des protéines sériques. Elle est constituée de 689 résidus d'acides aminés, son point isoélectrique se situe entre 8,4 et 9. Cette protéine est porteuse de fer, sous forme ferriques (Fe3+) (Amiot et al ; 2002). 1.1.2.4. La bêta-lactoglobuline : La β-lactoglobuline bovine (BLG) représente 10% de la fraction protéique du lait de vache et 50 % de celle du lactosérum. Elle est présente dans les laits de nombreux ruminants et de quelques monogastriques (truie, jument, chienne, ânesse) (Sawyer et Kontopidis ; 2000). Au pH du lait (pH 6,8), la BLG est un dimère de 36 kDa. Chaque unité du dimère est composée de 162 acides aminés (AA). Douze variants génétiques ont été mises en évidence mais les plus couramment présents dans le lait de vache sont les variants A et B, qui se trouvent en proportions égales (Sawyer et Kontopidis; 2000). La structure secondaire de la βlg est constituée de 10-15% d'hélice-α, 43% de feuillets-β; (8 feuillets-β antiparallèles) et 47% de structures désordonnées. Les feuillet-β forment une cavité centrale hydrophobe, d'où sa classification dans la famille des lipocalines (Sawyer et Kontopidis; 2000). Cette structure tertiaire lui confère une bonne résistance à l'hydrolyse acide et à la pepsine gastrique (Reddy et al, 1988, Asselin et al, 1989). La BLG est alors absorbée au niveau de l'intestin à l'état natif ou légèrement hydrolysée, ce qui explique, en partie, sa forte allergénicité (Schmidt et al, 1995). 1.1.2.5. Les autres protéines du lactosérum : Le lactosérum renferme également des immunoglobulines (Ig) qui représentent moins de 2% des protéines du lait. Il contient également de la β2-microglobulines, la lactopéroxidase, la phosphatase alcaline et la catalase (Bush et Helfe, 1996). 10 2. Digestion des protéines du lait 2.1. Digestion et absorption des protéines alimentaire in vivo : L’hydrolyse des protéines débute dans l’estomac et se poursuit au niveau de l’intestin grêle où les produits de dégradation (peptides et acides aminés libres) sont alors absorbés. Plusieurs facteurs peuvent influencer l’efficacité de la digestion, de même que l’absorption des produits libérés. L’acidité stomacale, la vidange gastrique, le taux de sécrétion des différentes enzymes digestives, le pH de l’intestin grêle, la durée du transit intestinal et la flore microbienne sont des exemples de ces facteurs. D’autre part, certaines caractéristiques des protéines alimentaires peuvent aussi influencer leurs hydrolyses gastro-intestinales telles que leurs compositions en acides aminés, leurs séquences primaires et leurs conformations. 2.1.1. Digestion gastrique Dans l’estomac, l’acide chlorhydrique favorise l’exposition des liens peptidiques pour l’attaque enzymatique. La pepsine, une endoprotéase sécrétée par la muqueuse gastrique sous forme de pepsinogène, est alors activée par l’acidité de l’estomac, mais aussi par autolyse (Fruton, 2002). Le pH optimal de la pepsine se situe entre 1,8-3,5 (Samloff, 1971) et sa spécificité se limite généralement aux acides aminés aromatiques (Fruton, 2002). Bien que les protéines soient partiellement hydrolysées à leur sortie de l’estomac, cette étape est importante puisqu’elle permet ensuite une action plus efficace des enzymes pancréatiques. 2.1.2. Digestion intestinale L’arrivée dans le duodénum du chyme gastrique, fortement acide, stimule alors la sécrétion d’une hormone intestinale, la sécrétine. Cette hormone stimule à son tour la sécrétion pancréatique de bicarbonate qui neutralise le chyme gastrique. Cette neutralisation permet d’inhiber l’action de la pepsine qui subit une dénaturation irréversible à pH 6-7 (Konno et al, 2000). La digestion des protéines se poursuit au niveau de la lumière intestinale sous l’action de cinq enzymes protéolytiques d’origine pancréatique: la trypsine, la chymotrypsine, l’élastase, la carboxypeptidase A et la carboxypeptidase B (Van Dyke, 1989). Les enzymes pancréatiques sont synthétisées et libérées par les cellules acineuses du pancréas sous forme de zymogènes inactifs. Elles sont ensuite activées dans le duodénum où elles complètent l’hydrolyse des protéines en un mélange d’acides aminés libres (30%) et d’oligopeptides de faible poids moléculaire (70%). Les oligopeptides sont alors hydrolysés par les peptidases de la bordure en brosse ou absorbés au niveau des entérocytes par des mécanismes de transport 11 spécifiques (Van Dyke, 1989). La bordure en brosse de l’intestin grêle contient plusieurs peptidases qui participent à la phase finale de la digestion. Ces enzymes sont synthétisées dans le réticulum endoplasmique rugueux et sont transportées à travers l’appareil de Golgi jusqu’à la membrane de la bordure en brosse (Van Dyke, 1989; Erickson et Kim, 1990). 2.1.3. Absorption intestinale : Les acides aminés et les peptides libérés par les enzymes digestives sont ensuite absorbés au niveau de la paroi intestinale. L’absorption se fait principalement au niveau du jéjunum, mais aussi dans l’iléon. Dans la bordure en brosse de l’entérocyte, il existe des mécanismes de transport distincts pour les acides aminés et les peptides (Van Dyke, 1989; Erickson et Kim, 1990; Ganapathy et al ; 1994). En fait, une portion significative (30-50%) des acides aminés est absorbée sous forme de courts peptides (Roberts et al ; 1999) par des transporteurs spécifiques aux dipeptides et tripeptides. Toutefois, des fragments protéiques peuvent également être absorbés par pinocytose ou par les jonctions paracellulaires. Après leur absorption, les acides aminés libres et les peptides non-hydrolysés sont détectés dans la circulation sanguine (Bernier, 1984; Bernier et al ; 1988; Van Dyke, 1989; Ganapathy et al ; 1994). L’azote ingéré sous forme peptidique est absorbé plus rapidement que les acides aminés libres. 2.2.Digestion de la β-lactoglobuline bovine : 2.2.1. Digestion in vivo : A pH acide, la conformation globulaire compacte de la BLG est stable et lui confère une grande résistance à l’hydrolyse enzymatique, en particulier contre l’attaque par la pepsine (Chobert et al, 1995). Cette résistance a été démontrée lors de nombreuses études in vitro, mais les études in vivo sont plus rares. Néanmoins, Miranda et Pelissier (1983) ont démontré que chez des rats alimentés d’un régime à base de lait écrémé, la BLG demeure intacte dans l’estomac, même après 4 heures. Kitabatake et Kinekawa (1998) ont aussi étudié la digestibilité in vivo de la BLG chez le rat. Dans cette étude, la protéine native ou dénaturée par la chaleur a été administrée, puis les contenus stomacal et intestinal ont été récupérés et analysés. Les résultats ont montré que la BLG à l’état natif n’est pas digérée au niveau de l’estomac. Cette résistance à l’hydrolyse gastrique pourrait d’ailleurs expliquer son potentiel allergène, notamment chez les jeunes enfants (Schmidl et al, 1994; Schmitz, 1997; Host & Halken, 1998). 12 Tableau 2 : composition moyenne d'une micelle de caséine (McMah et Brown; 1984, Swaisgood; 1992). Composition en protéines de la matière azotée Concentration dans le lait(g.L-1) % en protéines Caséines (total) 80 26,5 α-caséine 40 13,5 β-caséine 24 8 β-caséine 12 4 β-caséine 4 1 Protéines solubles (total) 20 6,5 Lactalbumine 12 4 Lactoglobuline 5 1,6 Immunoglobulines 2 0,6 Autres 1 0,3 Par contre, la BLG dénaturée a été partiellement digérée par la pepsine. Au niveau de l’intestin, les protéines natives et dénaturées ont été fortement digérées, mais pas complètement. La protéine serait alors légèrement dégradée par les métallo-peptidases de la membrane de la bordure en brosse, puis transportée dans la muqueuse iléale par un mécanisme trans-cellulaire (Guan et al, 1988). Ces observations supportent l’idée que la dégradation des protéines n’a pas lieu uniquement dans la lumière intestinale, mais aussi au niveau de la membrane de la bordure en brosse. 13 2.2.2. Digestion in vitro : La digestibilité in vitro de la BLG a fait l’objet de plusieurs études. Toutefois, les objectifs visés par ces études étaient variables, de même que les conditions utilisées pour hydrolyser la protéine. Par exemple, certaines de ces études visaient à reproduire la digestion in vivo de la protéine, alors que d’autres se sont intéressées à modifier la BLG en vue d’améliorer ses propriétés fonctionnelles, nutritionnelles ou biologiques. Certaines études ont permis de confirmer la résistance de la BLG à l’hydrolyse pepsique. En effet, Kitabatake et Kinekawa (1998) ont démontré que la protéine n’est pas dégradée en présence de pepsine de différentes sources (porcine, humaine) pour des pH inférieurs à 3,5. Par contre, à pH 4, il semble qu’un traitement à la pepsine pendant 22 heures permette d’hydrolyser très faiblement (~10%) la BLG (Otte et al ; 1997b). Li et al. (2004) ont aussi démontré que les variants A et B de la BLG ne sont pas dégradés après 1 heure de contact avec un extrait enzymatique stimulant la composition du fluide gastrique. La susceptibilité in vitro de la BLG à l’attaque par les enzymes pancréatiques est beaucoup plus élevée. Par exemple, Chobert et al. (1991) ont démontré que la BLG est fortement hydrolysée par la trypsine à pH 8. L’ouverture partielle de la cavité hydrophobe de la protéine à pH alcalin (Tanford et al, 1959; Qin et al, 1998a) permettrait d’expliquer l’efficacité de la trypsine à ce pH. En utilisant du suc duodénal provenant de 20 enfants âgés entre 3 et 19 mois, Jakobsson et al. (1982) ont étudié la digestibilité in vitro des caséines et de la BLG sous forme purifiée. Les auteurs ont démontré que la BLG est hydrolysée à un taux de 1 mg de protéine par minute par ml de suc duodénal, alors que l’hydrolyse des caséines s’est avérée supérieure avec un taux de 30 mg/min/ml. De plus, une pré-incubation en présence de fluide gastrique pendant 1 heure à pH 4-5 n’a pas permis d’augmenter de façon significative les taux obtenus pour les deux protéines. 2.2.3. Modification des propriétés nutritionnelles : La BLG possède une valeur nutritionnelle de haute qualité, surtout en raison de l’équilibre de sa composition en acides aminés essentiels et non essentiels. De plus, sa biodisponibilité semble adéquate malgré sa résistance à l’hydrolyse gastrique, car les indices de qualité nutritive classent les protéines du lactosérum parmi les meilleures (Gaudichon, 2000) et que la BLG est la plus abondante (~80%) de ces protéines. En effet, le coefficient d’efficacité protéique (CEP) et la valeur biologique (VB) des protéines de lactosérum sont de 3,6 et 104 respectivement, alors que ces valeurs sont de 3,8 et 100 dans le cas des protéines de 14 l’œuf, considérées comme une référence protéique (O’Carroll, 1980). Par conséquent, l’hydrolyse enzymatique in vitro de la BLG en vue d’améliorer sa qualité nutritionnelle et sa digestibilité est plutôt rare. En fait, ce type de traitement est surtout utilisé dans le secteur des formules lactées pour nourrissons afin de réduire le potentiel allergénique de la BLG. La BLG bovine est reconnue pour son allergénicité, surtout chez les jeunes enfants, laquelle est associée à son hydrolyse limitée au niveau de l’estomac (Breiteneder & Mills, 2005). Ainsi, des molécules de BLG demeurent intactes dans le tube digestif, sont absorbées par la muqueuse intestinale et sont ensuite présentées au système immunitaire qui réagit par une réponse immune excessive (Wal, 2001). Plusieurs travaux ont donc été réalisés afin de réduire le potentiel allergène de la BLG par hydrolyse enzymatique, ou encore, en vue d’induire une tolérance orale par le biais de peptides tolérogéniques. En fait, ces peptides permettent à l’organisme de tolérer l’absorption d’une certaine quantité de substances allergènes sans alarmer le système immunitaire. Dans le cas de la tolérance orale, Pecquet et al. (2000) ont démontré la présence de peptides tolérogéniques dans un hydrolysat trypsique de BLG. Dans cette étude, l’hydrolysat a été fractionné sur colonne échangeuse d’ions et une des fractions peptidiques s’est avérée riche en ce type de peptides. Les propriétés antigéniques de cette fraction étaient 50 fois inférieures à celles de l’hydrolysat complet. La caractérisation de cette fraction a démontré que les peptides tolérogéniques avaient une masse moléculaire inférieure à 4-5 kda (8-23 acides aminés). 3. Allergie aux protéines du lait de vache : 3.1. L’allergénicité des protéines L'allergénicité d'une protéine se définit par la faculté de cette protéine à induire une production d'lgE et de stimuler les lymphocytes Th2. L'allergénicité dépend du nombre d'épitopes et de leur composition en acides aminés. En effet chaque protéine allergisante comporte de multiples épitopes séquentiels et conformationnels. Les épitopes conformationnels (épitopes B) sont constitués d’acides aminés rapprochés dans la structure tertiaire de la protéine. Ils sont reconnus par les immunoglobulines E (lgE), alors que les épitopes linéaires (épitopes T) sont constitués d’acides aminés adjacents dans la structure secondaire et sont reconnus par les récepteurs des lymphocytes T (TCR) (Bute; 2001, Wal; 2002). 15 Les protéines qui constituent les allergènes majeurs de lait de vache sont : la BLG et l’ALA (vis-à-vis desquels 85% des malades réagissent) (Chatel et al, 1997 ; Bernard et al; 1998) et la sérum albumine bovine. Les protéines de lait de vache ont une particularité : elles possèdent des épitopes B linéaires, enterrés dans des parties hydrophiles des molécules et qui ne deviennent accessibles aux IgE qu'après la protéolyse (Wal; 2001). De nombreuses études ont été menées pour déterminer les épitopes allergéniques sur la molécule de la BLG. La principale approche utilisée déterminer ces épitopes consiste à hydrolyser la BLG, puis à mesurer la capacité de chaque peptide à se lier à des IgE issues de sérums de patients allergiques au lait (Sélo et al ; 1998, Wal ; 2002). 3.2. L'allergie aux protéines de lait de vache (APLV): C’est une réponse immunologique excessive d'hypersensibilité aux protéines de lait de vache. Elle représente la troisième allergie alimentaire chez les enfants en dessous de 15 ans avec 8 % des cas derrière l'allergie à l'œuf (34,2%) et à l'arachide (22,9%). Le fait qu'elle guérisse naturellement, le plus souvent avant l'âge de 2 ans, permet d'espérer que son étude contribuera à comprendre les mécanismes de l'instauration d'une tolérance alimentaire et partant de là, à améliorer les tentatives d'institution d’une tolérance au lait, et au-delà, de dessiner des possibilités thérapeutiques pour l'ensemble des allergies alimentaires de l'enfant (Moneret-vautrin; 2001) . La forme la plus couramment observée chez l'enfant par les pédiatres (50% des cas) est le syndrome d'entérocolite allergique, dominée par l'association de vomissements et de diarrhée, comportant parfois du sang dans les selles (Host; 1990). Les formes aigues permettent la suspicion immédiate d'APLV. Le choc anaphylactique et les manifestations d'urticaire généralisé, d'angio-œdème des lèvres et d'œdème laryngé, pourraient représenter 15 % des cas d'APLV (rang et al, 1996). La dermatite atypique de la première année de la vie est l'expression préférentielle de l'allergie alimentaire au lait (Isolauri et al, 1995). L'asthme lié à I'APLV est de diagnostic malaisé, sa possibilité est démontrée par les formes sévères d'asthme aigu grave (Fox et al; 1999). Chez l'adulte, l'APLV a longtemps été considérée comme exceptionnelle (Moned-vautrin; 1983). Outre les rares APLV de l'enfant toujours évolutives éventuellement réalisées à la suite 16 de gastroentérites virales, les auteurs suisses ont attiré l'attention sur la prépondérance féminine, et le fait que les premiers symptômes apparaissent fréquemment pendant la grossesse. L'APLV peut même apparaître à un âge plus avancé (Moneret-vautrin; 2001). Les symptômes sont le plus souvent digestif, insidieux et peu évocateurs: les douleurs abdominales et le météorisme sont plus fréquents que le trouble du transit (Petto et al, 1998). Comme chez l'enfant, I'APLV peut se manifester par un asthme, un choc anaphylactique (gerber et Vogt; 1999) ou de l'urticaire. Par ailleurs, l'inhalation de protéines de lait de vache peut provoquer un asthme allergique professionnel (Moneret-vautrin; 2001). 3.3. Facteurs intervenant dans le développement de I'APLV : 3.3.1. Les antécédents familiaux : L'existence d'antécédents familiaux d'atopie (dermatite atypique, asthme infantile, allergie alimentaire infantile, rhinite allergiques) majore sensiblement le risque d'allergie alimentaire. Le risque pour un enfant, de famille atypique, de présenter une APLV lorsqu'un enfant de la fratrie en est atteint est de 1/3 (Moneret-vautrin, 2001 3.3.2. La sensibilisation : La sensibilisation a lieu dés le premier contact entre l’organisme et les allergènes du lait de vache. Elle a conduit à suspecter une sensibilisation in utéro (Feiterna et al, 1997) et une sensibilisation par le lait maternel (tsorva et al ; 1994). 3.3.2.1. La sensibilisation in utéro : Dés la onzième semaine, le fœtus est déjà capable de produire des IgE. Un peu plus tard, les cellules T fœtales apparaissent dés les vingt deuxièmes semaines de gestation. La sensibilisation est donc possible in utéro à des allergènes alimentaires ingérés par la mère ainsi qu'à des aéroallergènes inhalés. Cette sensibilisation peu également avoir lieu par la voie cutanée (Molkhou, 2001). 3.3.2.2. La sensibilisation par le lait maternel : Le lait maternel prévient l'apparition de l'allergie du lait de vache dans des populations non sélectionnées (Sigurs et mal, 1992). Mais dans des populations à risque, il n'y a pas de prévention à long terme si la mère ne suit pas un régime hypoallergénique pendant l'allaitement (Vanenplas; 1996). La sensibilisation par le lait maternel est établie par l'apparition de dermatite atypique au 17 bout de trois mois d'allaitement exclusif, qui disparait sous régime ou d'éviction de lait de vache (Sorva et al, 1994). La détection de protéines de lait de vache dans le lait maternel est courante, en effet la BLG peut atteindre 150 pg/l (Jakobsson et al, 1985 ; Soda et al, 1994). En revanche Restani et ses collaborateurs (1999) ne confirment pas la présence de la BLG dans le lait maternel. Ils suggèrent que les résultats contradictoires trouvés dans la littérature sont dus aux réactions croisées entre les protéines du lait de vache et les protéines du lait humain. Ils concluent que d'autres composants sont impliqués dans l'induction des symptômes d'allergie chez les enfants nourris exclusivement au sein. Traitement et modalités de substitution : 3.4. Le traitement de l’APLV consiste essentiellement en la suppression des agents causals (les protéines de lait de vache) sous toutes leurs formes. Mais, étant donné de l’importance du lait qui reste l’aliment qui répond le mieux aux besoins nutritionnels et immunitaires du nourrisson, il convient de le substituer par des formules dans lesquelles l'allergénicité des protéines a été réduite. Ces formules sont obtenues par l'hydrolyse enzymatique, le chauffage ou la fermentation lactique (Lorient, 2001). 3.4.1. Les laits hypoallergéniques et les formules excessivement hydrolysés : Les laits hypoallergéniques sont le résultat d'hydrolyse des protéines du lactosérum, permettant l'obtention de peptides de petites tailles (600 da environ). Ces derniers contiennent des traces de la BLG native. Ils conservent des épitopes réactogènes (Makinen-Kijumen et al, 1993). Selon Dean (1997), les préparations hypoallergéniques ne sont pas conseillées aux enfants déjà sensibilisés aux PLV, puisqu'ils présentent un risque net de sensibilisation croisée. Une étude récente confirme cette existence du risque et suggèrent l’existence d’une réaction anaphylactique locale due à l’interaction directe de l’antigène sensibilisant avec les muqueuses des fragments jéjunaux (Brahim et al, 2011). Pour les formules excessivement hydrolysais, ce sont des préparations commerciales (le Peptijunior en Algérie est à base de protéines de lactosérum) qui ne contiennent pas, ou peu (2%), de lactose. Les hydrolysats poussés de caséines, non disponibles dans les officines algériennes, contenant des peptides de 1500 dalton peuvent être valablement proposés comme substituts au lait de vache. Une formule à base d’acides aminés représente une sécurité absolue et peut être prescrite dans ce cas particulier, ainsi que dans les formes sévères avec 18 retard de croissance ou dans le syndrome des allergies alimentaires multiples (Isolauri et al, 1 995). Pour les laits fermentés, ils constituent les meilleures véhicules des probiotiques. Ces derniers présentent des effets bénéfiques pour le développement de la flore intestinale, et pourraient contribuer à la prévention des risques allergiques (lsolauri et al, 2000). 3.5. Effets des traitements technologiques sur l'antigénicité/allergénicité des protéines de lait de vache : 3.5.1. Effet de traitements thermiques : Les traitements thermiques (stérilisation, pasteurisation et UHT) sont utilisés pour la destruction de germes pathogènes et pour augmenter la durée de conservation du produit laitiers. Leurs effets varient fortement en fonction du couple temps-température et des conditions de milieu telles que : l'hydratation, le pH, présence de glucides ou de lipides. Le traitement thermique est un procédé qui influence la structure spatiale de la protéine. Il a été longtemps considéré comme un facteur diminuant l'allergénicité des protéines (Moneret-vautrin; 1993). Son effet sur l'antigénicité des protéines est exclusivement lié à la destruction des épitopes conformationnels (Kings, 1 994). Les protéines affectées par les traitements thermiques sont principalement les protéines du sérum (les lactalbumines, les lactoglobulines et les immunoglobulines) (Lorient; 2001). Le traitement thermique du lait de vache par micro-ondes semblent diminuer la reconnaissance des protéines du lactosérum (BLG et ALA) traitées par les anticorps spécifiques des protéines natives. En revanche, il ne semble pas être capable d’affecter considérablement le pouvoir allergénique des ces protéines (Kaddouri 2001, El Mecherfi; 2004). 3.5.2. Effet du traitement enzymatique : L'hydrolyse enzymatique consiste à couper les protéines en plusieurs fragments de plus faibles poids moléculaires. Ces coupures détruisent la structure tertiaire des protéines et dissocient les épitopes conformationnels et linéaires. L'hydrolyse de la BLG par la chymotrypsine, seule ou associée à la trypsine, et l'hydrolyse par la pepsine suivie de la chymotrypsine, diminuent de façon significative l'allergénicité de la BLG, mais sans la réduire totalement (Asselin et al, 1988 et 1989). 19 Un traitement thermique de la BLG avant l'hydrolyse enzymatique améliore la réduction de l'allergénicité (Bonomi et al; 2003). Toutefois, bien que l'hydrolyse déstabilise certains épitopes allergéniques, il a été démontré que les IgE de certains patients allergiques se fixaient plus efficacement à la BLG hydrolysée qu'à la BLG native (Haddad et al, 1979). Ceci suggère que l'hydrolyse enzymatique dissocie les épitopes conformationnels et démasque des épitopes initialement enfouis dans la cavité hydrophobe. Cependant, il a aussi été observé que plus le degré d'hydrolyse des protéines est élevé, plus l'allergénicité résiduelle est faible (Oldaeus et al; 1999, Giampietro et al, 2000, Fritsché ; 2003). 3.5.3. Effet du traitement par irradiation : La technique d'irradiation est récente. Selon Lee et al (2000), l'irradiation permet de diminuer efficacement l'antigénicité des aliments traités. Elle entraîne une perte de l'activité enzymatique de certaines protéines (Bhattacharya et al, 1995) ainsi que leur immunogénicité (Yang et al, 1996). En revanche Mimoun (2004) a montré que l'irradiation (aux rayons gamma) des protéines du lait et de lactosérum bovins (BLG et ALA), ne semblent pas diminuer l'antigénicité des protéines des laits et des lactosérums traités sous forme liquide ou de poudre, vis- à-vis des anticorps spécifiques des protéines natives. 3.5.4. Effet de la fermentation lactique : De nombreuses études mentionnent un effet antiallergique des produits laitiers fermentés, mais peu d'auteurs précisent si cet effet est lié à l'hydrolyse des épitopes allergéniques des protéines laitières, ou à une modulation de la réponse immune par les bactéries lactiques à l'origine de la fermentation (Cross et al, 2001). De nombreux cas d'allergies ont été rapportés suite à l'ingestion de différents fromages faits à partir de lait de vache, de chèvre ou de brebis (Umpierrez et al, 1999 ; Besler et al, 2001), mais aucune étude n'a été réalisée sur la modification de l'allergénicité des protéines laitières au cours de la fabrication fromagère. Par contre, Jedrychowski et Wroblewska (1999) ont rapporté que la fermentation du lait de vache par des bactéries lactiques mésophiles et thermophiles induisent une diminution significative de l'antigénicité de l'ALA et de la BLG, alors qu'elle n'affecte pas l'allergénicité mesurée par des tests sous cutanés. La diminution de l'allergénicité par l'hydrolyse bactérienne a également été réalisée de façon indirecte, en mesurant la production d'lL-4 in vitro en présence d'hydrolysat. Ainsi, Sütas et al (1996) ont rapporté une suppression de la synthèse d'IL-4 par les cellules mononuclées du sang, en présence de caséine hydrolysée par les enzymes intra20 cytoplasmiques de Lactobacillus rhamnosus GG. 4. Les laits fermentés : Le lait fermenté est le produit obtenu en faisant coaguler du lait entier par ensemencement à l'aide de bactéries lactiques, éventuellement en association avec des levures. Il existe un grand nombre de laits fermentés, développés dans les pays nordiques, le bassin méditerranéen et dans les pays de l'Est. Les plus connu dans notre pays sont le L’ben et le Rïyeb. Les laits fermentés se différencient les un des autres par leur état final : coagulum plus ou moins ferme, crème plus ou moins visqueuse, liquide du lait. Ils peuvent résulter d'ensemencements spontanés à température ambiante, ou d'ensemencements par une flore et à une température contrôlée. Ces produits laitiers fermentés ajoutent leurs propriétés propres aux qualités nutritionnelles du lait utilisé. Le type de lait fermenté le plus consommé est le yaourt ou yoghourt (Syndifrais, 1989) qui est obtenu essentiellement sous l'action simultanée de Lactobacillus bulgaricus et de Stœptococcus thermophilus Marcel, 2002). 4.1. Déroulement de la fermentation lactique dans le yaourt : Le lait, après chauffage, est refroidi à la température de fermentation et est alors ensemencé avec le levain. L'activité des bactéries du levain est, pour la plus grande part, gouvernée par la température comprise entre 30° et 45°C avec des taux d'inoculation compris entre 0,5 et 5 %. Dans la pratique actuelle, cette température d'incubation varie entre 42° et 45°C et le taux d'ensemencement est de 2%. Ce qui conduit à une durée de fermentation de 2 h 30 à 3 h. La croissance dans le lait de l'association du streptocoque et du lactobacille bénéficie généralement d'une synergie active des deux germes car elle est plus rapide que la croissance en culture pure de chacun d'eux (Corrieu et al, 1994). Il s’ensuit que les productions d'acide lactique, de composés d'arôme et de matériel polysaccharidique sont également plus rapides en culture associée. Le streptocoque utilise les peptides et les acides aminés libérés à partir des protéines du lait par le lactobacille alors que la croissance du lactobacille est stimulée par divers composés produits par le streptocoque, au premier chef l'acide formique, le CO2 et l'acide pyruvique. L'abaissement du pH du lait, consécutif à la production d'acide lactique, déstabilise progressivement les micelles de caséines par libération de sels de calcium et entraîne ainsi la formation d'un gel (Radke-Mitchell et Sandine, 1984). 21 4.2. Les ferments utilisés dans les préparations de laits fermentés : 4.2.1. Les ferments lactiques : Des bactéries lactiques sont aujourd'hui utilisées en industrie sous forme de ferments pour la fabrication de produits laitiers fermentés. Elles remplacent la flore acidifiante naturelle du lait cru. Elles permettent de s'affranchir des risques de contamination par des germes indésirables (Benbrenis, 2001). Les ferments lactiques laitiers constituent un groupe diversifié des bactéries qui ont néanmoins un certain nombre de caractéristiques communes : elles fermentent les sucres en produisant principalement de l'acide lactique. Elles sont Gram positives, catalase négatives et sont hétérotrophes. 4.2.1.1. Les ferments mésophiles : Les ferments lactiques mésophiles sont du genre Lactococcus et Leuconostoc. Leur croissance optimale se situe entre 25° et 35°C. 4.2.1.2. Les ferments thermophiles : Un certains nombre de cultures : Lactobacillus delbreckii ssp, Bulgaricus, Lactobacillus helveticus, Streptococcus thermophilus, Enterococcus et également des bifidobactéries sont appelées thermophiles, car leur température optimale de croissance se situe entre 37° et 47°C (Lamontagne et al, 2002). 4.2.1.3. Les ferments probiotiques : Les probiotiques sont des micro-organismes vivants capables d'exercer des effets physiologiques sur l'hôte (Raid, 1999). Généralement, il s’agit de bactéries ou de levures qu’on arrive à mettre sous forme de médicaments ou de compléments alimentaires (Bouloche et al, 1994). Les principaux microorganismes probiotiques utilisés à ce jour dans la préparation de laits fermentés sont des bactéries (Lactobacilles, Bifidobactéries, Propionibactéries, Escherichia coli et Enterocoques) et des levures (Ouwehand et al, 2002). Les deux espèces utilisées dans notre expérimentation sont des Lactobacilles et des Entérocoques. 4.2.1.3.1. Les Lactobacilles : Les lactobacilles sont en général des bâtonnets non flagellée, non sporulés et à Grampositif (Gomez et Malcata; 1999). Plus de 56 espèces de lactobacilles ont été dénombrées, 22 dont 21 ont été trouvées chez l'homme. Leurs principales caractéristiques sont : un métabolisme des sucres homofermentaire ou hétérofermentaire, des conditions de croissance anaérobies facultatives, un pourcentage de bases azotés (G+C) variant de 32 à 55% et une faible variabilité dans la composition des peptidoglycanes (tableau 6). Les Lactobacilles ayant des effets bénéfiques sur la santé humaine sont : Lactobacillus rhamnosus GG, Lactobacillus johnsoni La 1, Lactobacillus casei Shirota, Lactobacillus acidophilus NCFM, Lactobacillus plantarum 299V et Lactobacillus casei DN-114 001. 4.2.1.3.2. Les entérocoques : Les streptocoques isolés de l'intestin ou streptocoques du groupe D étaient classiquement distingués en deux groupes selon leurs caractéristiques physiologiques : Les "entérocoques" (Streptococcus faecium et Streptococcus faecalis) capables de croître dans des conditions hostiles et les "streptocoques du groupe D non-entérocoques" incapables de se multiplier dans des conditions hostiles. Actuellement, les entérocoques constituent un genre majeur au sein du groupe des bactéries lactiques. Ils sont trouvées naturellement dans le tube digestif de l'homme. Les deux espèces primitivement incluses dans le genre Enterococcus (Enterococcus faecalis et Enterococcus faecium) présentent un ensemble de caractères phénotypiques caractéristiques : présence de l'antigène du groupe D de Lancefield, hydrolyse de l'esculine, tolérance à 40 p. cent de bile, production d'acétoïne, fermentation du ribose, croissance à 10 °C et à 45 °C, croissance en présence de 6,5 p. cent de NaCl, croissance à pH 9,6 et synthèse d'une pyrrolidonyl-arylamidase (Bascomb et Manafi 1998). Ce sont des coques à Gram positif isolée ou en paires ou en courtes chaînes ou en petits amas. Leur morphologie peut varier selon les conditions de culture. Les entérocoques sont des bactéries ubiquistes présentes dans l’intestin de l’homme et des animaux, dans les eaux usées, dans l'eau douce, dans l'eau de mer, dans le sol et sur les végétaux (Bouvet et Couvry 1994). La plupart des espèces du genre Enterococcus participent à la composition des flores intestinales et certaines souches d’Enterococcus faecium posséderaient un effet favorable sur la croissance des animaux par compétition avec les germes pathogènes. 4.3. Les interactions positives et négatives dans les ferments : Il y a de nombreux exemples d'associations bactériennes dans les produits laitiers fermentés. L'exemple le plus classique est la symbiose (interactions positives observées dans 23 le yaourt, avec Sc. thennophilus et Lb. Delbrueckii subsp. Bulgaricus. En effet Lb. Delbnleckii subsp. Bulgaricus fourniraient les acides aminés et/ou les peptides nécessaires pour le développement et la croissance de Sc. thennophilus et à son tour Sc. thermophllus produirait de l'acide formique stimulant le développement de Lb. Delbrueckii subsp. Bulgaricus. Cette synergie peut aboutir à une augmentation de la croissance de ces deux espèces bactériennes et à une acidification du lait plus importante que la somme de ces activités propres à chacunes des espèces (Marcel, 2002). Tableau 3: Caractéristiques des Lactobacilles et des bifidobactéries (Gomez et Malcata ; 1999) Caractères Lactobacilles Bifidobactéries Physiologie Anaérobie Anaérobie % G+C Facultative 32-55 55-67 Métabolisme des Homofermentaire ou Hétérofermentaire sucres Hétérofermentaire Composition des peptidoglycanes Lys-D Asp- Ornlthine Variable % G+C Pourcentage des bases Azotés G : Guanine C : Cétosine Quant aux interactions négatives, elles se traduisent par une inhibition due à une production de peroxyde d'hydrogène, à une compétition vis-à-vis d'un substrat, a un rejet de produit du catabolisme, à une production de bactériocines ou à la production de phages (Juillard et al, 1987). Une majorité de souche de Lb. acidophilus produit une bactériocine d'origine chromosomique active seulement sur Lb Ieichmanii, Lb delbrueckii subsp bulgaricus, Lb Helviticus et Lb lattis (Barefoot et Klanhamert; 1983). Un composé actif (molécule active thermostable) est aussi produit par Streptococcus thermophilus contre Latococcus lattis, Bacillus, Pseudomonas et des Entérobactéries (Shahami et al; 1976). 24 4.4. Activités biologiques des ferments : 4.4.1. Activité protéolytiques des ferments : Au cours des procédés de fermentation, les protéines laitières sont hydrolysées par les enzymes des bactéries lactiques. Le système protéolytique des bactéries lactiques se compose de protéines membranaires, qui hydrolysent les protéines du milieu environnant et libèrent des peptides, et de peptidases intracytoplasmique qui dégradent les peptides. Les peptidases peuvent être des endopeptidases ou des exopeptidases. On distingue les carboxypeptidases des aminopeptidases, qui coupent du coté C- et Nterminal, respectivement. Ces enzymes peuvent libérer un, deux ou trois acides aminée, d'où l'appellation de di- ou tri-peptidyl carboxypeptidases ou aminopeptidases (Kunji et al, 1996). La majorité des peptidases sont intracellulaires, mais une certaine activité aminopeptidasique a été mesurée à l'extérieur des cellules (Shihata et Shah, 2000). L'activité protéolytique des lactobacilles est de plus en plus étudiée pour son importance dans la fabrication fromagère et le développement d'arômes (Bintsis et al, 2003). Le contenu intracellulaire en peptidases est spécifique de chaque souche bactérienne (Kunji et al, 1996). Cependant, plusieurs souches de L. paracasei sep. paracasei montrent le même profil d'activité protéolytique. Leurs activités endopeptidasique et dipeptidyl aminopeptidasique sont faibles, et inférieures aux activités carboxypeptidasique et dipeptidasique (Bintsis et al, 2003). L'activité protéolytique des bifidobactéries a été peu étudiée. Toutefois, elle semble assez faible et inférieure à celle observe avec les lactobacilles (Shihata et Sha; 2000). Leur caractéristique générale est une activité aminopeptîdasique, bien que des activités dipeptidasique, tripeptidasique et carboxypeptidasique aient été observées (EI-Soda et al, 1992). 4.4.2. La fermentation de sucres : La fonction principale des ferments lactiques est d'acidifier le lait, grâce à la βgalactosidase, qui hydrolyse le lactose du lait pour produire le galactose et le glucose. Ce dernier sera fermenté pour produire des composés acides, du CO2 ou l'alcool. La plupart des souches ne font pas fermenter le galactose. Ces ferments thermophiles n'utilisent que la fraction glucose du lactose et le galactose est secrété de la cellule lors de la fermentation (Lamontagne et al, 2002). 25 4.4.3. Production d'arômes : Les bactéries tactiques synthétisent un certains nombre d'arômes. Le diacétyl et l'acétaidéhyde étant considérés comme les plus imposants. Les lactobacillus (Lb Helvelticus, Lb Bulgaricus) synthétisent de l'acétaldéhyde. La teneur en acétaldéhyde est à la fois fonction de son degré de synthèse et du rythme de sa dégradation (Lamontagne et al, 2002). 4.4.4. Production de polysaccharides : Les polysaccharides excrétés par les bactéries lactiques sont appelés exopolysaccharides (EPS). Au moins trois produits utilisent des souches productrices d'EPS : le yogourt, les fromages à teneur réduite en gras et certains fromages de types mozzarella. La production d'EPS est affectée par la température, le pH et la composition du milieu de culture (Lamontagne et al, 2002). 4.4.5. Propriétés nutritionnelles des laits fermentés : Les propriétés nutritionnelles de laits fermentés sont déterminées par la composition chimique du lait (source de carbone, degrés d'hydrolyse des protéines et des matières provenant de la dégradation des constituants précédents ou d'une synthèse libres de glucose et galactose, des vitamines et des composés aromatiques (Lorient, 2001). Elle provoque aussi une amélioration de la digestibilité de protéines de lait. Ceci peut être expliqué par une hydrolyse partielle des protéines (Maton et al, 1996) et par l'effet de l'acidification qui disperse les micelles de caséines rendant leur protéolyse plus rapide (Renner et al, 1986). 4.5. Propriétés thérapeutiques des laits fermentés à base de probiotiques : Les effets bénéfiques des laits fermentés attribués aux probiotiques sont nombreux. Les principaux effets rapportés dans la littérature sont : la diminution des diarrhées à rotavirus, la diminution des diarrhées associées aux antibiotiques, la réduction de la pression sanguine, la diminution du taux de cholestérol sanguin, la diminution du risque de cancer du colon, l'amélioration de la digestion du lactose, la modification de l'écologie intestinale et la stimulation du système immunitaire (Marteau et al, 2001 ; Ouwehand et al, 2002 ; Fooks et Gibson, 2002). 26 4.6. Les principaux effets des probiotiques sur la réponse immunitaire : L’effet in vivo des probiotiques sur la réponse immune est peu documenté. Toutefois, quelques bonnes études in vitro et in vivo rapportent certains effets qui sont les suivants : Stimulation de la prolifération des cellules épithéliales (banale et al; 2002) Modulation de la maturation des cellules dendritiques (Christensen et al, 2002) Stimulation des cellules tueuses (Naturel Killer) (Nagao et al, 2000) Stimulation de la production d'lgA (Fukushima et al, 1998) Stimulation de la prolifération lymphocytaire (Kirjavainen et al; 1999). 4.7. Prévention des allergies par l’utilisation de probiotiques: La composition de la microflore intestinale des enfants allergiques diffère quantitativement et qualitativement de celle des enfants sains (Bjrksten et al, 2001 ; Kalliomaki et al, 200 ; Kirjavainen et al, 2002 ; Watanabe et al, 2003). La flore des enfants allergiques contient moins de bifidobactéries et plus de clostridies que les enfants sains, et cette différence se maintien jusqu’à l’âge adulte (Apostolou et al, 2001). De plus, la souche B.adolescentis (caractéristique de la flore des adultes) est majoritairement retrouvée dans la flore des enfants allergiques, alors que B.bifidum prédomine dans la flore des enfants sains (He et al, 2001). La composition de la flore intestinale joue donc un rôle important dans la prévention des allergies, mais l’administration orale de certaines souches probiotiques semble aussi avoir un effet bénéfique. En effet, l'administration quotidienne par voie orale de lait fermenté contenant Lactobacillus rhamnosus GG à des femmes enceintes et à leurs bébés, jusqu'à l'âge de six mois, diminue de moitié la fréquence de l'eczéma atopique chez les enfants âgés de deux ans (Kalliomzki et al, 2001). Cet effet protecteur est d'ailleurs maintenu chez les enfants jusqu'à l'âge de quatre ans (Kalliomzki et al, 2003). De plus, une étude dévoile que l'administration orale d'un lait fermenté contenant la souche probiotique d’E.coli à des bébés, durant une semaine, diminue de façon significative la fréquence des allergies à l’âge de 20 ans (Lodinova Zadnikova et al, 2003). L'administration de probiotiques chez des nourrissons manifestants des symptômes d'eczéma atypique durant l'allaitement maternel, diminue significativement la sévérité de 27 l'eczéma après deux mois de traitement (Isolauri et al, 2000). Cet effet a été confirmé par une étude clinique effectuée par le même groupe de recherche (Kirjavainen et al, 2003). Ces effets sont en partie expliqués non seulement par le pouvoir protéolytique des bactéries probiotiques qui vont hydrolyser les principaux épitopes issus des principales protéines allergéniques mais aussi par la souche elle-même qui induirait une tolérance orale aux protéines responsables de l’allergie. Pour l’un ou l’autre des mécanismes, les études révèlent une diminution des IL-4 (Sùtas et al, 1996), la stimulation de la production d'IL-10 (Pesai et al; 2000), l'augmentation de la production de TGF-β dans le lait maternel (Rautava et al; 2002), la diminution de la réponse inflammatoire chez les patients allergiques (Petto et al; 1998) et la suppression de la prolifération lymphocytaire en présence de Lactobacillus rhamnosus GG (Pesai et al; 1999). Comme cité auparavant, les auteurs mentionnent les effets réels des probiotiques mais ne précisent pas si ces effets sont liés à l'hydrolyse des épitopes allergéniques des protéines laitières, ou à une modulation de la réponse immune par les bactéries lactiques à l'origine de la fermentation par induction de la tolérance orale (Cross et al, 2001). 4.8. Rôle des probiotiques et de la microflore intestinale : Les données actuelles suggèrent que les bactéries de la microflore intestinale pourraient avoir un rôle primordial dans l'émergence et/ou l'activation des cellules T CD4+ régulatrices impliquées dans la tolérance orale. En effet, des bactéries Gram+, comme les Lactobacillus qui sont présentes constitutivement dans la flore intestinale, ont la capacité d’orienter in vitro la maturation et la production de cytokines de cellules dendritiques vers un profil donné et ce en fonction de la souche bactérienne utilisée (Christensen et al, 2002). Ainsi, L. reuteri, induit la production d’IL-10 (mais pas d’IL-12) ainsi qu’une expression faible de CD86 et des molécules du CMH de classe II par les CD, alors que L.casei, induit une importante production d’IL-12 et de TNF-a associée à une forte expression des molécules de surface (Christensen et al, 2002). Ceci suggère que via un effet sur les CD, les bactéries de la flore intestinale pourraient participer à l’orientation de la réponse T (Th1, Th2 ou Th3) au niveau intestinal. Il a été montré que Lactobacillus paracasei favoriserait la différenciation de cellules T CD4+ en une population productrice d’IL-10 et TGF-b et présentant une faible capacité proliférative, pouvant donc être assimilée, de part son profil cytokinique et son état potentiellement anergique, à une population T CD4+ régulatrice (Von der Weid et al, 2001). 28 Plus récemment, il a été démontré que les cellules T CD4+CD25+ régulatrices issues de différents organes lymphoïdes expriment à leur surface des Toll-like récepteurs (TLR-4, 5, -7 et –8) et que l’engagement du TLR-4 par le lypopolysaccharide (LPS), son principal ligand, entraîne l’activation des cellules CD4+CD25+ et favorise la survie de ces cellules ainsi que leur prolifération (Caramalho et al, 2003, Sakaguchi et al, 2003). Le traitement des cellules T CD4+CD25+ par du LPS augmente leur capacité inhibitrice in vitro et ce, même en absence de CPAg, suggérant que le LPS agit directement sur le TLR-4 de la cellule régulatrice (Caramalho et al, 2003, Sakaguchi et al, 2003). Ces observations laissent penser que les bactéries saprophytes de l'intestin pourraient favoriser les mécanismes de tolérance en agissant, soit directement sur la survie des cellules T CD4+ régulatrices ou, soit indirectement sur le conditionnement des CD tolérogènes. Figure 1 : Tissus lymphoïdes du tube digestif (a) et réponses immunes associées (b). Schéma simplifié d’une synapse immunologique entre une cellule dendritique (DC) et un lymphocyte T immature Th0 (c). Adapté de Janeway et Travers (1997) et Gougeon (1996). On peut donc conclure que la sensibilisation à des allergènes alimentaire est liée à un défaut de l'installation d'une « tolérance orale » induite soit par l’hydrolyse des protéines et/ou par la souche elle-même. Chez le nouveau-né et le nourrisson, la rupture de la tolérance immunitaire est le résultat d'une immaturité de la fonction intestinale, de déficit transitoire en 29 lgA, d'un terrain atypique, du temps d'exposition à l'antigène et d'effets immunosuppresseurs des infections virales, d'environnement néfaste (fumée pollution). Chez l'enfant, l'adolescent et l'adulte, la rupture de la tolérance immunitaire est le résultat d'irritants intestinaux, de parasites, d'alcool et de candidoses digestives (Molkhou; 1999). 30 MATERIEL ET METHODE 5. Matériel et méthode : 5.1. Préparation des ferments 31 Les bactéries utilisées dans ce protocole sont des lactobacilles (Lactobacillus plantarum et Lactobacillus sp) et une Entérocoque (Enterococcus feacium). Ces bactéries ont été isolées à partir de lait de vache cru. Deux laits fermentés ont été préparés à partir de deux associations de bactéries contenant chacune d’elles deux souches bactériennes différentes de lactobacilles et d’entérocoques : Enterococcus feacium + Lactobacillus sp pour le lait fermenté LF1 et Enterococcus feacium + Lactobacillus plantarum pour le lait fermenté LF2 Le lait de vache est fraîchement collecté est rapidement écrémé par centrifugation à 3500 tours/min, pendant 20 minutes. Le lait écrémé (LES) est ensuite stérilisé à 105°C pendant 10 min. Deux types de ferments ont été préparés : une pré-culture (inoculum) et une culture finale. Pour les pré-cultures, 1ml de culture sur bouillon MRS de chaque espèce bactérienne (109 à 1011 UFC/ml) est ensemencée dans 10 ml de lait supplémenté de 5 % d'extrait de levure (0,8g/l). Les pré-cultures sont ensuite incubées à 37°C pendant 24 heures jusqu'à coagulation. Les cultures finales de chaque espèce bactérienne sont obtenus par ensemencement du lait avec 5% de pré-culture (1ml/100ml de lait écrémé). Elles sont alors incubées dans un bainmarie à 45°C pendant 4 heures. Nos laits fermentés sont alors prêts : lait fermenté 1 (LF1) et lait fermenté 2 (LF2). Les objectifs de la préparation de ces laits fermentés sont : (1) la lyophilisation afin d’évaluer leurs taux de protéines totales, d’acides aminés ainsi qu’une électrophorèse; (2) et le gavage des souris pendant une période de 18 jours. 5.2.La lyophilisation Après congélation, on lyophilise nos préparations de laits fermentés (LF1 et LF2) et de lait écrémé et stérilisé (LES). Ces lyophilisats sont stocké à 20°C et à l’abri de la lumière et seront utiliser pour des dosages ultérieurs (Lowry, α-NH2 et électrophorèse). 5.2.1. La méthode de Lowry Elle permet le dosage des protéines totales. L'addition successive à une solution protéique diluée d'un sel de cuivre en milieu alcalin, puis d'un réactif de phénol de folincieucalteus (Merk) donne une coloration bleu, celle-ci résulte de la réduction de l'acide 32 phospho-tungsto-molybdique (réactif de folio) par la tyrosine, le tryptophane et la cystéine L contenues dans les protéines. Tableau 4: Composition des solutions utilisées pour le dosage des protéines totales selon la Technique de Lowry et al. Solution A NaCO3 Anhydre 2% dans la solution de soude 0,1N Solution B1 CUSO4 Solution B2 Tartrate de K et de Na 5% anhydre Solution à préparer extemporanément : Solution B : 1 ml de la solution B1 + 1 ml de la solution B2 + 8 ml d’eau distillée Solution C : 1 ml de la solution B + 50 ml de la solution A Solution E : Réactif de Folin dilue au demi (V/V) dans de l’eau distillée. On prend 1 ml de chaque échantillon (les échantillons sont dilués de façon à ce que la densité optique et les concentrations restent dans la gamme étalon), puis on ajoute 0,5 ml de réactif C, bien agiter et laisser agir à la température ambiante pendant 30 minutes . La lecture se fait au spectrophotomètre (Spectronic 401 Milton Roy) à la longueur d'onde de 750 nm. La concentration des protéines totales est calculée en référence à un courbe étalon obtenu avec la SAB (sérum albumine bovine). 5.2.2. Le dosage des α-NH2 On prépare notre solution de ninhydrine. On dissolve 0,8 g de Ninhydrine (Merck) dans un mélange de 80 ml d'éthanol à 99.5%, de 10 ml d'acide acétique et d’l g de chlorure de cadmium (CdCI2) (préalablement dissout dans un 1 ml d'eau distillée). Dans des piluliers, nous mettons successivement : - 500 µl de l'échantillon à doser (préalablement dilué), 33 - 1 ml de la solution de Ninhydrine. Après agitation, les tubes sont chauffés à 84°C pendant 5 min dans un bain marie jusqu'à la révélation de la couleur pourpre. Les tubes sont ensuite refroidis dans la glace. La lecture se fait au spectrophotomètre à la longueur d'onde de 540 nm. La concentration des fonctions α-NH2 libres est calculée en référence à une courbe étalon de leucine. 5.2.3. Electrophorèse sur gèle d'acrylamide-bisacrylamide en présence du SDS Pour évaluer les modifications induites par la fermentation lactique, les protéines des échantillons sont séparées par électrophorèse sur gel de polyacrylamide en présence de SDS décrite par Laemmji (1970). L'électrophorèse est une technique rapide, sensible et capable d'un haut degré de résolution. Le mélange de protéines est tout d'abord dissous dans une solution de SDS, qui rompe toutes les interactions non covalentes présentes dans ces molécules natives. Le mercaptoéthanol est également ajouté afin de réduire les liaisons disulfures. La charge négative acquise par la fixation du SDS est habituellement beaucoup plus grande que la charge des protéines natives, cette charge est rendue négligeable, les complexes SDS-protéines dénaturés sont ensuite soumis à une électrophorèse dans un gel de polyacrylamide. Les échantillons, dissous dans du tampon d'échantillon sont déposés dans des puits formés dans le gel. La migration des protéines se fait sous tension de 0,002 A par plaque pendant 1 h 30 minutes. Après migration, le gel est démoulé et mis dans une solution de coloration au bleu de Coomassie et la décoloration du gel est réalisée à l'aide d'une solution de décoloration. 5.3.Le gavage des souris 48 souris femelles de souche BALB/c provenant de l’institut Pasteur d’Alger et d’un poids moyen de 18 à 22 g et âgées de 5 à 7 semaines ont étaient réparties en 4 lots expérimentaux : 5.3.1. Un 1er lot de témoins négatifs (T-) 12 souris ont reçus par gavage, une solution de NaCl 9‰ à raison de 0,4 ml/j pendant toute la durée de l’expérimentation. Elles étaient répartis en 2 groupes dont 5 étaient sacrifiées au 22ème jour et les 7 autres au 54ème jour. 34 5.3.2. Un 2ème lot de témoins positifs (T+) Là aussi, 12 souris reçoivent par intubation une solution de NaCl 9‰ à raison de 0,4 ml/j pendant 18 jours puis, du 22ème jour jusqu’aux 54 jours, du lait de vache écrémé et stériliser (LES). Les souris étaient répartis en 2 groupe dont 5 étaient sacrifiés au 22ème jour et les 7 autres au 54ème jour. 5.3.3. Un 3ème lot pour l’association LF1 12 souris ont été gavé (0,4 ml) pendant 18 jours avec le LF1 (EFl + 22). Il s’ensuivait une autre période de sensibilisation au LES (toujours par gavage et avec la même quantité) du 22ème jour jusqu’aux 54 jours. Les souris étaient répartis en 2 sous-groupes dont 5 étaient sacrifiées au 22ème jour et les 7 autres au 54ème jour. 5.3.4. Un 4ème lot pour l’association LF2 Le même procédé utilisé pour le lait fermenté LF1 mais en utilisant des souches différentes (EFb+ Lp). Ici aussi, les souris étaient répartis en 2 sous-groupes dont 5 étaient sacrifiées au 22ème jour et les 7 autres au 54ème jour. Au cours de l’expérimentation, des échantillons sanguins ont été prélevés : - avant la colonisation bactérienne à J0 - avant la sensibilisation au lait de vache (LES) à J22 et ainsi qu’après la sensibilisation (J54). Le sang été prélevé à l’aide d’une pipette de pasteur, par ponction du sinus rétro-orbitaire. Ce sang est centrifugé à 3500 trs/min pendant 20 min à 4 C°. Les sérums sont mis en parties aliquotes et conservés à -20 C°. Juste après le prélèvement se sang, on sacrifice des souris et on prélève le jéjunum pour l’histologie. Le sérum obtenu va nous permettre de faire des dosages Immuno-enzymatique afin de vérifier les titres sériques en IgG anti-β-Lg. Nous avons utilisé la technique ELISA « indirecte » décrite par (Walker et al; 1973). 5.3.5. Le test ELISA Cette technique consiste à faire réagir les anticorps à doser avec l'antigène immobilisé par adsorption sur une phase solide. Le dosage est effectué sur des plaques de microtitration en polystyrène à 96 puis (NuNC Puis à fond plat) qui permettent l'adsorption de la plupart des 35 protéines diluées en milieu alcalin. Le sérum des animaux sensibilisés est ajouté. La fixation des anticorps est détectée par l'addition d'anticorps anti-immunoglobuline G à la peroxydase (Sigma). On dose l’enzyme marqueur à l'aide d'un substrat spécifique à l'enzyme, le peroxyde d’hydrogène (H2O2). Pour détecter le radical « O » formé pendant la réaction enzymatique, on ajoute un chromogène, l'orthophénylène diamine (OPD). 5.3.6. Etude histologique Le but est de vérifier l’existence de modification dans la structure histologique de l’intestin des souris femelles des animaux expérimentaux et témoins. Traitement des fragments Fixation Les tissus sont fixés dans du formol tamponné à 10% ensuite dans du formol dilué au 1/10 ème pendant 30 minutes. Déshydratation Après fixation, les tissus sont déshydratés dans 3 bains successifs d’acétone à température ambiante. Chaque bain dure 45 minutes. Clarification Cette opération s’effectue après la déshydratation. Les pièces sont placées dans deux bains successifs de toluène à 45 minutes. Inclusion L’inclusion est effectuée avec de la paraffine. Les échantillons sont placés dans deux bains successifs de paraffine pendant une heure chacun dans l’étuve à une température de 56C°, puis coulés dans des moules en plastique à température ambiante. Traitement des lames Après inclusion à la paraffine, les blocs contenant le fragment sont coupés à l’aide d’un microtome à une épaisseur de 4 m. Etalement sur lames Une fois les coupes terminées, elles sont mises sur une lame de verre recouvertes de colle (2 g d’albumine + 50 ml de glycérine dans 1000 ml d’eau distillée) puis placées sur une 36 plaque chauffante réglée à une température convenable, inférieure à celle du point de fusion de la paraffine. A l’aide d’une pince, les plis de la paraffine sont tirés légèrement de chaque côté. Ensuite, l’ensemble coupe-lame est retiré de la plaque et égoutté, essoré au papier Joseph et mis à sécher. Avant de procéder à la coloration des lames, il faut les déparaffiner et les réhydrater. Déparaffinage Pour déparaffiner les lames, il suffit de les placer dans deux bains successifs de toluène. Chaque bain dure 2 minutes. Réhydratation L’hydratation se fait dans 3 bains successifs d’alcool éthylique de degrés décroissants (100°, 95°, 90°, 70°). Chaque bain dure 2 minutes. Le dernier est suivi d’un rinçage à l’eau courante. Coloration Les lames sont colorées à l’hémalun–éosine, qui représente la plus simple des colorations combinées. La coloration du noyau est bleu-noir et le cytoplasme rose à rouge. La préparation du colorant hématoxyline de Harris (Tableau 4). La coloration des lames est effectuée comme suit : - Mettre les lames dans l’hématoxyline de Harris durant 2 à 3 minutes. - Laver les lames à l’eau ordinaire. - En cas de sur coloration, les lames sont trempées légèrement dans de l’alcool chlorhydrique pendant quelques secondes (100 ml d’alcool à 95°+ 5 gouttes de Hcl à 1%). - Bleuir dans une solution aqueuse saturée de carbonate de lithium (rinçage). - Laver les lames à l’eau ordinaire. - Mettre les lames dans un bain d’alcool éthylique 1 à 2 minutes. - Colorer les lames à l’éosine alcoolisée (2g d’éosine dans 100 ml d’alcool éthylique) pendant 5 minutes. - Rinçage des lames dans deux bains successifs d’alcool éthylique à 70° puis à 95°. - Mettre les lames dans du toluène pendant 1 minute. 37 - Mettre entre lame et lamelle une goutte de baume de Canada ou d’eukitt. - Laisser sécher puis observer au microscope. Mesure de la hauteur villositaire La mesure de la hauteur villositaire a été effectuée pour vérifier l’existence d’une atrophie villositaire chez les animaux traités à 0,45% et 1% de tartrazine par rapport aux témoins. Principe Les mensurations des hauteurs villositaires sont effectuées sous un microscope optique muni d’un micromètre oculaire. Pour déterminer le nombre de microns correspondant pour chaque objectif, nous plaçons sous un micromètre objectif qui est une sorte de lame présentant 200 divisions, chaque division correspond à 2 µm. Le micromètre oculaire comporte 100 divisions. Ces 100 divisions correspondent à 128 divisions sur le micromètre objectif pour l’objectif (x 10). Puisque les 200 divisions correspondent à 1280 µm. Pour l’objectif (x 10) chaque division correspond à 12,8µm. 5.4.Analyse statistique Les résultats sont exprimés par la moyenne ± erreur standard (X±SE) établie pour chaque groupe. Les moyennes sont comparées à l’aide du test « t » de Student en utilisant STATISTICA (version 6) après analyse de variance (ANOVA, 2007). Le seuil de signification retenu est celui qui est habituellement considéré, soit 5%. 38 RESULTATS 39 6. Résultats 6.1. Mesure de pH des différents laits Après 4 h d'incubation, le pH diminue dans les deux laits. Ca valeur est de: 5,57 ± 0,17 pour le lait LF1, 5,63 ± 0,17 pour le lait LF2 et 6,77 ± 0,07 pour le lait écrémé (LES). On observe une diminution significative du pH pour le lait LF1 par rapport au lait témoin LES (p<0,005) ainsi qu’une diminution significative du pH pour le lait LF2 par rapport au lait témoin LES (p<0,003). La variation de pH entre les deux laits fermentés n’est pas très importante. 6.2. Mesure des protéines totales des laits fermentés (LF1 et LF2) et dans le lait cru Les tests de Lowry et de α-NH2 ont été effectués avec des lyophilisats de laits fermentés (LF1 et LF2) et de lait écrémé et stérilisé (LES). Les quantités obtenues après lyophilisation sont mentionnées dans le tableau : Type de Lait Gramme de lyophilisat par litre de lait lyophilisé (g/l) LES (laits écrémé et stérilisé) 96 g/l LF1 (Lait fermenté) 95g/l LF2 94,3 g/l Tableau 6 : Masse de lyophilisat par litre de lait lyophilisé. Nous avons mesuré la teneur en protéines totales des deux laits fermentés (LF1, LF2) après 4 h d'incubation. Nos résultats montrent que la teneur en protéines totales de LF1 et LF2 ne diminue pas de façon importante pendant les 4 heures d'incubation. La teneur en protéines totales au temps initial d’incubation est de 38,53 ± 0,49 g/l pour le lait témoin LES. Après 4 h d'incubation avec les 02 associations de bactéries, cette teneur atteint les valeurs suivantes : 35,09 ± 1,76 g/l (p<0,002) pour le lait LF1 et 35,72 ±1,49 g/l 40 (p<0,0025) pour le lait LF2. D'autre part, nos résultats montrent que la diminution de la teneur en protéines totales mesurée dans le lait LF1 après 4 h d'incubation n’est pas significativement plus marquée par rapport à celle mesurée dans le lait LF2 (p<0,29) mais elle est significative par rapport à celle mesurée dans le lait témoin LES (p<0,002). De même on observe aussi une diminution significative de la teneur en protéines totales pour le lait LF2 par rapport au lait témoin LES (p<0,0025). Ces résultats montrent que pendant la fermentation, la dégradation des protéines du lait ne se fait pas de façon significative. Cette dégradation n'est pas totale même après 4 h d'incubation. Avant incubations Après 4h d’incubation 38,53 ± 0,49 g/l / LF1 / 35,09 +/- 1,76 g/l LF2 / 35,72 +/- 1,49 g/l LES (laits écrémé et stérilisé) Tableau 7 : Concentration de protéines totales par litre de lait. LF1 : Lait fermenté par Enterococcus feacium + Lactobacillus sp. LF2: Lait fermenté par Enterococcus feacium + Lactobacillus plantarum. LES: Lait cru écrémé et stérilisé (témoin). Nombre échantillons = 7 Tous les laits ont été incubés à 45°C pendant 4 heures. Les valeurs indiquées représentent la moyenne +/- erreur standard (ES). 41 6.3. Mesure des fonctions α-NH2 libres au cours du temps dans des laits fermentés (LF1 et LF2) et dans le lait cru Le tableau 6 représente les résultats de la mesure des fonctions α-NH2 libres pendant la fermentation, exprimés en équivalent leucine µM/ml (± moyenne erreur standard). La mesure de la libération des fonctions α-NH2 permet d'évaluer l'activité protéolytique des associations bactériennes utilisées pendant 4 h d'incubation. Nous observons pour les deux laits (LF1 et LF2) une légère augmentation de la libération des fonctions α-NH2. Ceci montre l'existence d'une hydrolyse des protéines du lait peu importante. Avant incubations Après 4h d’incubation 1,08±0,05 µM/ml / LF1 / 4,17±0,13 µM/ml LF2 / 3,77±0,34 µM/ml LES (laits écrémé et stérilisé) Tableau 8 : Résultats des fonctions α-NH2 libres avant et après incubation Au temps initial de l'incubation, la quantité des fondions α-NH2 libres mesurée dans le lait LES est de : 1,08±0,05 µM/ml. Après 4h d'incubation, la teneur en fonction α-NH2 est de : 4,17±0,13 µM/ml pour le lait LF1 (p<0,001), et de 3,77±0,34 µM/ml pour le lait LF2 (p<0,001). D'autre part, nous observons que la quantité des fonctions α-NH2 libres mesurée dans le lait LF1 n’est pas significativement plus élevée par rapport à celle mesurée dans le lait témoin LES et dans le LF2 (p<0 ,05). 6.4. Profils électrophorétiques L’électrophorèse permet la séparation des protéines de nos différents échantillons de laits (laits fermentés et lait cru). Le lait écrémé et stérilisé (LES) a été utilisé comme référence. Le profile 42 électrophorétiques du lait LES et des laits fermentés indiquent l'existence de plusieurs bandes traduisant la migration des différents composants protéiques analysés. Plusieurs électrophorèses ont été effectuées aboutissant toujours au même résultat. Ce résultat de d’électrophorèses est rapporté dans la figure 6. Figure 2 : Electrophorèse sur gel de polyacrylamide en présence de SDS de lait cru. Les puits 1et 4 contient les protéines de référence : Caséine, β-Lactoglobuline, αLactalbumine. Les puits de 2 et 5 contiennent l’échantillon de lait fermenté LF1 incubé pendant 4h à 45°C. Les puits de 3 et 6 contiennent l’échantillon de lait fermenté LF2 incubé pendant 4h à 45°C. 6.5. Etude immunoenzymatique des laits fermentés La technique ELISA, nous a permis de doser les IgG sériques des souris sensibilisés et de souris témoins (Figures 7, 8 et 9). 43 6.5.1. Souris témoin négatif et positif sensibilisées au lait de vache Le degré de sensibilisation des animaux à la BLG a été mesuré par dosage immuno-enzymatique indirect (ELISA-indirect). Le niveau de production d’IgG spécifiques anti-BLG dans le témoin positif est significativement élevé (titre 1/105) (***p< 0.001) en référence au témoin négatif avec un titre de 1/101 (figure 1). Ces résultats indiquent que la sensibilisation orale au lait de vache stimule la production d’IgG sériques anti β-Lg. 6.5.2. Souris colonisées avec du lait fermenté LF1, LF2 à J18 Après 18 jours de colonisation avec LF1 le titre en IgG anti β-Lg (1/102.7) est significativement plus bas (***p< 0.001) que celui obtenu chez le témoin positif (1/105). Nous obtenons presque le même résultat avec le groupe de souris LF2. Le titre en IgG anti-BLG (1/102.5) est significativement inférieur par rapport au témoin positif (**p< 0.001). 6.5.3. Souris colonisées avec du lait fermenté LF1, LF2 puis sensibilisées au lait de vache jusqu’à J54 Dans ce groupe, les souris sont dans un premier temps colonisées avec du lait fermenté LF1 et LF2 pendant 18 jours puis sont sensibilisées par voie orale au lait de vache écrémé (LES) jusqu’à J54. Pour le lot de souris du groupe LF1 sensibilisées au LES, on observe une augmentation d’IgG anti-BLG qui est hautement significative (***p< 0.001) par rapport au lot de témoin négatif. Par contre lorsqu’on les compare aux témoins positifs les valeurs sont comparables (figure 8). Pour le groupe LF2, on retrouve également un faible titre en IgG anti-BLG (1/104.3) (*p< 0.05) par rapport au témoin positif (figure 8). La comparaison des titres en IgG spécifique dans les groupes de souris LF1 et LF2 montre qu’il n’existe pas de différence significative entre les deux groupes (1/104.8, 1/104.3) (figure 9). 44 IgG Log (1/titre) 6 *** 5 4 témoin 3 T+ 2 1 0 Moyenne Figure3 : Titre en IgG sériques anti-BLG des souris témoin négatif et celles sensibilisées au lait de vache (LES). Témoin négatif : animaux recevant une solution saline à 9‰ Témoin positif : animaux recevant une solution saline puis sensibilisées par voie oral au lait de vache (LES). Les valeurs mentionnées sont : des moyennes ± erreur standard (n=6). (***p< 0.001) hautement significatif. 45 IgG Log (1/titre) 6 *** 5 4 témoin *** 3 ** T+ A18 2 B18 1 0 Moyenne Figure 4 : Titre en IgG sériques anti-BLG des souris témoin négatif, des souris sensibilisées au lait entier de vache et celles des souris colonisées avec des laits fermentés LF1 et LF2. Témoin négatif : animaux recevant une solution saline à 9‰. Témoin positif : animaux recevant une solution saline puis sensibilisées par voie oral au LES. LF1 animaux recevant du lait fermenté par (Enterococcus feacium+ Lactobacillus sp) de J0 à J18 par voie orale. LF2 animaux recevant du lait fermenté par (Enterococcus feacium+ Lactobacillus plantarum) de j0 à j18 par voie orale. Les valeurs mentionnées sont : des moyennes ± erreur standard (n=6). (***p< 0.001). 46 IgG Log (1/titre) 6 *** *** *** 5 4 témoin T+ 3 A54 2 B54 1 0 Moyenne Figure 5 : Titre en IgG sériques anti-BLG des souris témoin négatif, des souris sensibilisées au LES et des souris sensibilisées au lait de vache après colonisation avec des laits fermentés LF1 et LF2. Témoin négatif : animaux recevant une solution saline à 9‰. Témoin positif : animaux recevant une solution saline puis sensibilisées par voie oral au LES. LF1 animaux recevant du lait fermenté par (Enterococcus feacium+ Lactobacillus sp) de J0 à J18 puis sensibilisées par voie oral au LES. LF2 animaux recevant du lait fermenté par (Enterococcus feacium+ Lactobacillus plantarum) de j0 à j18 puis sensibilisées par voie oral au LES. Les valeurs mentionnées sont : des moyennes ± erreur standard (n=6). (***p< 0.001). 47 6.6. Etude histologique L’objectif de cette partie du travail est de vérifier si l’immunisation per os au lait cru entraîne chez la souris une modification de la structure de l’épithélium intestinal et de la composition en lymphocytes intra-épithéliaux. 6.6.1. Effet de l’immunisation sur la structure intestinale 6.6.1.1. Effet global La figure 6 représente une observation à moyen (X40) grossissement des villosités jéjunales d’une souris témoin négatif comparée à celle d’une souris témoin positif. Sur le plan structurale, les villosités du groupe de souris témoin négatif apparaissent longues et fines, bordées par un épithélium simple unistratifié. Elles sont constituées de cellules hautes à plateau strié pourvues de noyaux réguliers en position basale. Le chorion est d’aspect fibreux et apparaît polymorphe contenant diverses cellules immunitaires, peu abondantes. En revanche, chez les souris sensibilisées (témoins positifs), on distingue une atrophie partielle et une pseudostratification de l’épithélium (figure 6). De plus, chez certains animaux, l’épithélium est détaché du chorion. Ces résultats suggèrent que l’immunisation par voie parentérale au lait affecte de manière significative la structure de base de l’épithélium intestinal. 6.6.1.2. Effet sur la structure villositaire de l’épithélium intestinal La hauteur villositaire chez les témoins est de 49±1.25µm. Elle est significativement diminuée chez les souris sensibilisées au LES (38.62±0.66µm, p<0.0005) ainsi que chez les souris sensibilisées au LES après colonisation au LF1 et LF2 (39.43±0.87µm, p<0.0007) (figure 7 et 8). 6.6.2. Effet sur le nombre des LIE On remarque une très importante et très dense infiltration de lymphocytes intraépithéliaux au niveau des villosités jéjunales des deux groupes d’animaux immunisés. Ces résultats montrent que l’immunisation aux protéines du lait de vache entraîne une augmentation considérable des cellules immunitaires de l’intestin, résultant probablement d’une sollicitation accentuée du système immunitaire associé au tube digestif des souris immunisées. 48 Figure 6 : Témoins (-) VS Témoins (+) : Effet de l’immunisation par voie orale au lait de vache hauteur villositaire des fragments de jéjunum de souris Balb/c. Témoins (+): souris immunisées au lait de vache par voie orale. Témoins (-): souris témoins non immunisées. On note une diminution significative de la hauteur villositaire dans le lot de souris immunisées ai lait (LES) par rapport aux témoins. Les valeurs exprimées sont des valeurs ± erreurs standards (ES). 49 Figure 7 : Coupe histologique de jéjunum de souris du groupe LF1 avant sensibilisation au lait VS Groupe LF1 après sensibilisation lait de vache. Les valeurs exprimées sont des valeurs ± erreurs standards (ES). Témoins (+): souris immunisées au lait de vache par voie orale. Témoins (-): souris témoins non immunisées. On note une diminution significative de la hauteur villositaire dans le lot de souris immunisées ai lait (LES) par rapport aux témoins. Les valeurs exprimées sont des valeurs ± erreurs standards (ES). 50 Figure 8 : Coupe histologique de jéjunum de souris du groupe LF2 avant sensibilisation au lait VS Groupe LF2 après sensibilisation lait de vache. Les valeurs exprimées sont des valeurs ± erreurs standards (ES). 51 DISCUSSION 52 7. Discussion Ce travail a été réalisé avec comme objectif d’analyser et évaluer les effets des ferments lactiques (Enterococcus feacium, Lactobacillus sp et Lactobacillus plantarum) isolées à partir de lait de vache sur l’antigénicité vis-à-vis de la BLG et sur l’influence de ces derniers sur la structure histologique de l’intestin (jéjunum). Dans notre travail, nous avons utilisé comme modèle animal des souris femelles de souche Balb/c immunisées per os au lait de vache fraichement récolté. La voie orale a été choisis comme voie de sensibilisation car tous les laits fermentés sont ingérés et passent donc par voie digestive même si cette voie d’administration entraîne une production moins importante d’IgE spécifiques que la voie intra-péritonéale (Dearman et al, 2003). Dans ce travail, on a commencé par étudier la capacité de protéolyse de ces bactéries en les incubant dans du lait, fraichement récolté et écrémé, afin de doser le taux de protéines totales et d’acides aminés. Une diminution du taux protéique et une augmentation significative d’acides aminés dans les différents laits aurait été en faveur d’une importante protéolyse. Ceci n’est pas le cas pour nos laits fermentés dans lesquelles il y a eu effectivement protéolyse, mais avec un taux très faible. En effet, après 4H d’incubation à 45°C, il y a eu une diminution de seulement 9% et 7% de protéines totale pour les laits LF1 et LF2. Tandis que l’augmentation en acides aminés est de seulement 2,69 à 3,09 µMol pour les laits fermentés LF1 et LF2. Le résultat de l’étude électrophorétiques de ces différents laits confirme ce résultat. Les bandes d’électrophorèses des différentes protéines se trouvant dans les deux laits fermentés donnent presque le même profile électrophorétiques que celui du lait écrémé utilisé comme témoin et comme référence. Ces trois résultats suggèrent que les bactéries, utilisées en associations, n’hydrolysent pas les protéines de façon importante. Selon des expériences faites au laboratoire, ces mêmes bactéries, quand elles sont utilisées individuellement, arrivent à hydrolyser partiellement les caséines mais pas les autres protéines et notamment la BLG. Dans notre étude, ces même bactéries quand elles sont utilisées en association, n’arrivent même pas à hydrolyser partiellement la caséine. Ceci peut suggérer un antagonisme entre la croissance des bactéries utlisées (Enterococcus feacium et Lactobacillus sp pour le lait LF1 et Enterococcus feacium et Lactobacillus plantarum dans le lait LF2). 53 Mais malgré le peu d’hydrolyse bactérienne que provoquent ces bactéries lactiques, le résultat du test ELISA et de l’histologie prouvent qu’elles ont un effet immunomodulateur et un effet protecteur de la paroi intestinal. En effet le titre obtenu pour le groupe de souris (Témoins positifs), ayant été sensibilisées exclusivement au lait pendant les 54 jours de l’expérience, est de 1/10 5 (***p< 0.001). Ce titre d’anticorps anti-BLG (IgG) est significativement plus élevé que celui des souris n’ayant rien reçu (titre 1/101). Nous avons montré par là que le protocole d’immunisation par voie orale chez la souris Balb/c stimule la production d’anticorps sériques de type IgG anti-BLG. Tant que les souris recevaient le lait LF1 et LF2 durant les 18 premiers jours, le titre en IgG anti β-Lg est respectivement de 1/102.7 et 1/102.5 et est significativement plus bas (***p< 0.001) que celui obtenu dans le témoin positif (1/105). On suppose par là un effet antigénique des laits fermentés sur les souris mais beaucoup moins important que dans le groupe de souris n’ayant reçues que du lait. Ce qui confirme ce résultat, c’est le retrait après les 18 premiers jours du lait fermenté et la sensibilisation, ensuite, avec exclusivement du lait de vache jusqu’à la fin de l’expérience (54ème jour). Après ce changement de régime, le titre d’anticorps remonte jusqu’à 1/104.8 et 1/104.3 pour les souris ayant consommées respectivement les laits fermentés LF1 et LF2 en première période. Ceci suggère un effet positif de ces bactéries, non pas grâce à leur faculté de protéolyse des épitopes allergène des protéines du lait de vache, mais grâce à leur présence et un effet « directe » sur le système immunitaire et par là sur la structure de l’intestin. Selon la littérature, les probiotiques sont capables d’influencer le système immunitaire par contact avec les cellules immunocompétentes, en transmettant des signaux qui modifient la réponse immunitaire de l'organisme-hôte et ceci grâce, non pas à leur effet protéolytique mais grâce à leurs composants intra ou extracellulaires actifs. Leur action peut conduire à la modification de l’équilibre Th1/Th2 en faveur d’une augmentation de lymphocytes B produisant des IgA et d’une réduction concomitante de lymphocytes B sécrétant des IgE responsables des allergies (Ouwehand et al, 2002). 54 Figure 9 : Action des probiotiques et des prébiotiques sur le système immunitaire de l’intestin. Adapté de Ouwehand et al. (2002). Par exemple, Lactobacillus casei, L. delbrueckii ssp. bulgaricus et L. acidophilus augmente la production d’IgG1 en modifiant la balance en faveur de Th2 (Perdigon et al, 2002). Et ce sont les composants bactériens extracellulaires et/ou intracellulaire qui ont cette propriété de stimuler la réponse immunitaire. En effet, la paroi des bactéries lactiques a une structure typique des bactéries Gram+ caractérisée par une épaisse multicouche de peptidoglycane, décorée avec des protéines, des acides teichoïques, des polysaccharides et entourée, chez certaines espèces, par une couche para cristalline de protéines de la couche S (Delcour et al, 1999). Des études ont montré que le peptidoglycane, l’acide teichoïque et le contenu cytoplasmique de bactéries lactiques stimulent la production de certaines cytokines (IL-1, IFN-γ, IL-6, TNF-α...), l’activité du macrophage et la prolifération des cellules de plaques de Peyer (Iribe et al, 1981; Yamamoto et al., 1985; Meydani & Ha, 2000; Kankaanpa et al., 2003). L’effet immunomodulateur peut être également induit par les protéines de la couche S de la paroi et d’autres composants intracellulaires (acides nucléiques, peptides, protéines) ou extracellulaires (exopolysaccharides) (Grogono-Thomas et al. 2003), par l’ADN bactérien (Klinman et al, 2004). D’autre part, des composants bactériens extracellulaires ont également la propriété de stimuler la réponse immunitaire. Ruiz-Bravo et al. (2001) ont indiqué que des exopolysaccharides produits par le bacille Paenibacillus jamilae CP-7, administré par voie 55 intra péritonéale aux souris Balb/c ont permis de mettre en évidence des effets immunomodulateurs intéressants en améliorant la résistance à Listeria monocytogenes. Ces effets des probiotiques et de leurs composantes moléculaire sur l’équilibre Th1/Th2 est dépendant de la souche probiotique utilisée (Perdigon et al, 2002) et donc l’effet immunomodulateur des bactéries qu’on a utilisé pour fermenter le lait peut être du à ces molécules bactériennes. Afin de vérifier l’impact de ces laits fermentés au niveau intestinal, une étude histologique a été menée sur des fragments jéjunaux. Les résultats obtenus ont montré que l’immunisation au lait diminue significativement la hauteur villositaire chez les souris sensibilisées au lait de vache. Chez certains animaux, l’épithélium intestinal est séparé du corps de la lamina propria. Ces anomalies ne sont pas observées chez les souris témoins. De telles observations ont été décrites dans les anaphylaxies dues aux antigènes alimentaires (Curtis et al, 1990 ; Crow et al, 1994 ; Levine et Saltzman, 1998). L’atrophie villositaire partielle est remarquée au cours de l’hypersensibilité retardée non médiée par les IgE chez l’enfant présentant une entéropathie due au lait de vache (Mauneret-Vautrin, 1999 ; Dupont, 2002). La muqueuse intestinale reproduit les mêmes stigmates retrouvés au cours de la maladie de cœliaque en phase aigue (Buts, 2003). Nous avons remarqué aussi une importante augmentation des LIE et des lymphocytes de la lamina propria chez les souris immunisées. Les LIE sont augmentées sous l’action de cytokines libérées au cours des réactions inflammatoires (Ebert, 1998). L’entéropathie par sensibilisation aux protéines du lait de vache provoque une atrophie villositaire avec infiltrat inflammatoire variable de l muqueuse (Hankard et al, 1997 ; Guénard-Bilbault et Moneret-Vautrin, 2003). Notre travail démontre alors que la sensibilisation par voie orale affecte considérablement la hauteur villositaire ainsi qu’une augmentation des LIE observés chez les souris ayant ingérées du lait suggérant une réaction antigénique confirmée par le test ELISA. 56 CONCLUSION 57 8. Conclusion : Le but de ce travail est d’explorer la capacité protéolytique de deux associations de bactéries lactique isolées à partir de lait de vache (Enterococcus feacium + Lactobacillus sp et Enterococcus feacium + Lactobacillus plantarum) sur les protéines de lait écrémé et stérilisé en constituant des laits fermentés LF1 et LF2. Et à partir de là, évaluer l’antigénicité de ces lait fermentés et leurs impact sur la structure du jéjunum de souris Balb/c. Dans la première partie du travail, on a évalué ce pouvoir protéolytique bactérien par la méthode de Lowry, le dosage des α-NH2 et la caractérisation des protéines et des peptides par électrophorèse. La méthode de Lowry n’a pas révélé une diminution importante du taux protéique total pendant les 4h d’incubation à 45°C. Idem pour le dosage des α-NH2 qui n’a mit en évidence qu’une petite augmentation de la concentration des acides aminés dans les laits fermentés. Ces deux derniers résultats ont été confirmés par électrophorèse où on a eu des profiles électrophorétiques identiques entre les deux laits fermentés et le lait de vache prix comme référence. Ces résultats nous permettent de conclure que l’utilisation de ces deux associations de bactéries lactique (Enterococcus feacium + Lactobacillus sp) et (Enterococcus feacium + Lactobacillus plantarum) n’ont pas un important pouvoir de protéolyse des protéines de lait de vache. Dans la deuxième partie du travail, on a évalué l’antigénicité de ces deux associations de bactéries lactiques. Les anticorps sériques de quatre groupes d’animaux ont été évalués par la technique immunoenzymatique ELISA indirect. Un groupe de souris a reçu pendant 54 jours exclusivement du lait de vache et un autre groupe n’ayant rien reçu constituent les deux groupes témoins (Témoins négatifs et témoins positif). Les titres d’IgG sont élevés dans le groupe de souris sensibilisés exclusivement au lait de vache comparé au groupe non sensibilisé. Ce résultat confirme le pouvoir immunisant du lait de vache administré par voie orale. Les deux groupes restants ont reçus chacun d’entre eux un lait fermenté avec l’une des associations de bactéries lactiques pendant 18 jours. Après ces 18 jours de contact avec les laits fermentés, nous avons donné exclusivement du lait de vache jusqu’au 54 jour. Les titres d’IgG des souris ayant reçus des laits fermentés pendant 18 jours sont beaucoup moins élevés que le groupe de souris sensibilisés qu’avec du lait. Ce même titre augmente après cette période où ces même souris ont commencé à ne recevoir que du lait. 58 Ce résultat nous permet de suggérer un effet protecteur de ces laits fermentés mais, puisqu’elles ont un très faible effet protéolytique, nous suggérons que cet effet bénéfique est dû à l’effet direct de ces bactéries sur le système immunitaire. L’étude histologique nous permet d’aller aussi dans ce sens. En effet, les coupes histologiques des souris n’ayant reçue que du lait fermenté sont plus ferme et l’épithélium entérocytaire reste coller au chorion contrairement aux souris sensibilisées au lait de vache qui ont une structure détachés et une hauteur villositaire réduite. 59 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 60 1- Amiot J., Britten M. Composition, Propriétés physicochimiques, Valeur nutritive, Qualité technologique et Techniques d'analyse du lait In Sciences et technologie du lait : Transformation du lait , Lapointe-Vignola C. . Edit.presses Internationales (Polytechnique Montréal 2002 : 16-63. 2- Asselin J, Amiot J, Gauthier SF, Mourad W, Hebert J. Immunogenicity and allergenicity of whey protein hydrolysates. J Food Sci 1988; 53: 1208-1211. 3- Asselin J, Hebert J, Amiot J. Effects of in vitro proteolysis on the allergenicity of major whey proteins. J Food Sci 1989; 54: 1037-1039. 4- Brahim AC, et al. Étude de l’allergénicité d’un lait extensivement hydrolysé. 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Il est aussi de voir l’impact de ces laits fermentés sur la structure de base de l’intestin et sur l’antigénicité résiduelle à la BLG. Même si le déroulement des expérimentations s’est effectué en même temps, nous pouvons en distinguer deux grandes parties : Une première partie qui consiste à évaluer la capacité de protéolyse de nos deux associations de ferments lactiques par le biais des tests de Lowry, de la méthode de dosage des α-NH2 et de l’électrophorèse sur gel d’acrylamide. Une deuxième partie qui consiste à évaluer l’antigénicité résiduelle des laits (laits fermentés et non fermenté) par dosage immunoenzymatique indirect ELISA des anticorps sérique IgG anti-BLG en utilisant 04 groupes de souris Balb/c (n=12 / groupe de souris) immunisées par voie orale; ainsi qu’une étude histologiques de coupes sur jéjunum de ces mêmes souris pour voir l’influence de nos laits sur la structure de cette partie de l’intestin. Les résultats obtenus montrent que nos deux associations de ferments lactiques n’ont pas un important pouvoir protéolytique mais qu’elles arrivent, quand même, à moduler de façon significative l’antigénicité résiduelle et à mieux protéger la structure de l’intestin que le lait normal. Ceci peut suggérer un effet direct de ces bactéries sur le système immunitaire et sur la structure de l’intestin. Ces résultats peuvent être précisés en évaluant les prédominances IgG1 et IgG2a pour déterminer le type de polarisation ainsi qu’en évaluant les paramètres électrophysiologique en chambre de Ussing. Mots clés : Allergie; Probiotiques; Bactéries lactiques; Enteroccocus faecium; Lactobacilles; Lactobacillus plantarum; Lait de vache; -lactoglobuline; APLV; Laits fermentés.