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Le manga
Ambassadeur culturel du Japon
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- I - La naissance du manga
-ILa naissance du manga
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- I - La naissance du manga
La création d’un concept
avec Katsushika Hokusai (1760-1849)
Les ancêtres
Des œuvres apparaissent dès le XIIe siècle avec les peintures sur rouleaux (“e-maki ”)
qui peuvent atteindre 6 mètres de long. Organisées en séquences, ces peintures racontent
légendes, batailles et événements de la vie quotidienne. Ces rouleaux peuvent aussi être
comiques. Les yeux du lecteur font “défiler” le paysage en déployant le rouleau de droite à
gauche. Peut-être cette manière fluide de regarder et de lire a-t-elle survécu dans le manga.
Les “Toba-e”, dont le nom vient d’un grand peintre sur rouleau, sont un autre ancêtre du
manga. Ces recueils d’images satiriques mettaient en scène des situations comiques avec un
humour très visuel et peu de texte. Les premiers, œuvres d’Ooka Shumboku, apparurent au début
du XVIIIe siècle à Osaka.
Exemple de Toba-e,
auteur amateur
L’inventeur
Que pouvait bien signifier “manga” pour le peintre d’estampes Katsushika Hokusai lorsqu’il inventa ce terme ?
Pour lui, ce mot désignait des croquis spontanés, presque involontaires, dans lesquels il
pouvait jouer avec l’exagération, l’essence même de la caricature. Hokusai ne s’est jamais essayé
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- I - La naissance du manga
à la narration dans ses carnets de dessins mais, s’il vivait aujourd’hui, il retrouverait peut-être
dans le manga moderne un plaisir similaire, celui des expressions grotesques, des physionomies
comiques et d’un dessin désinhibé.
Œuvres de Katsushika Hokusai
En effet, le mot “manga” est à l’origine un terme japonais signifiant “images dérisoires”,
inventé par le peintre-caricaturiste Katsushika HOKUSAI (31 Octobre 1760 – 10 Mai 1849) et destiné à ses propres dessins, les “Hokusai Manga”. Ceux-ci paraissent entre 1814 et 1834 à Nagoya,
et sont composés d’une quinzaine de volumes comprenant plus de dix mille croquis.
Hokusai s’est notamment illustré dans la création d’ “Ukiyo-e” que l’on pourrait traduire
par “images du monde flottant” ou “images du monde fluctuant”. Il s’agit en réalité, d’estampes
censées refléter un monde en perpétuel changement, au travers de sensations et de sentiments
inchangés qui constituent la base et donc la référence de cette évolution. Ces images sont représentatives du mode de vie, d’événements historiques, des légendes ou des préoccupations du
monde japonais quel que soit le niveau social.
Le Mont Fuji par Katsushika Hokusai
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- I - La naissance du manga
Biographie de Katsushika Hokusai,
père du manga
1760 : Naissance dans le quartier de Warigesui. (Appellé aussi
Katsushika).
1763 : Adopté par une famille d'artisans. Son père adoptif, est un
fabricant de miroirs pour la cour du shogun. Hokusai, alors appelé
Tokitano, il manifeste des aptitudes pour le dessin et de la curiosité
pour la peinture.
1773-1774 : Apprenti dans un atelier de xylographie
1775 : Il grave lui-même les six dernières feuilles d'un roman humoristique de Sancho.
1778 : il intègre l'atelier du maître Katsukawa Shunsho. Période de
pauvreté il étudie les techniques dans des petites écoles.
1794 : il réintègre une école classique : le clan Tawaraya de la tradition Rimpa.
1795 : il illustre sous le nom de Sori le recueil poétique Kyoka Edo
no Murasaki qui lui vaut son premier succès.
1812 : Recueils de ses innombrables carnets de croquis, d’études originales et marginales. La publication de cette série de livres d’images
s'étend jusqu'en 1834 et comprend douze volumes.
1831 : Parution d’une de ses œuvres majeures : Fugaku Sanjurokkei
ou Trente-Six Vues du mont Fuji, qui lui vaut une reconnaissance
mondiale.
1839 : Un incendie vient dévaster son atelier, emportant avec lui les
travaux accumulés des dernières années.
Mai 1849 : Mort de celui-ci, il laisse derrière lui une œuvre qui comprend 30 000 dessins.
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- I - La naissance du manga
Le contexte historique
(La seconde Guerre Mondiale.)
Un garçon de 12 ans
Après presque six ans passés à superviser l’occupation
américaine et la reconstruction du Japon, le général Douglas
MacArthur avait conquis l’admiration des Japonais. Cependant,
elle s’évapora en une nuit lorsque, au cours d’un compte-rendu
ultérieur de sa mission devant le Sénat, il compara de façon
paternaliste les Japonais à “un garçon de 12 ans”. En fait, il avait
eu l’intention d’exprimer son estime pour la “capacité [des
Japonais] à adopter de nouveaux modèles, de nouvelles idées”.
Mais cette expression maladroite provoqua un réveil brutal chez
les Japonais, qui l’interprétèrent comme une insulte. Quoi qu’il
en soit, la phrase du général MacArthur était révélatrice de la
manière dont l’Occident voyait à l’époque le Japon : infantile,
immature, dépendant pour beaucoup du tutorat d’une Amérique
paternaliste.
Le général Douglas
MacArthur
Pendant des années, cette image d’Epinal suffit à conforter l’Occident dans sa supériorité. Mais cette illusion vola en éclat à la fin des années 60, lorsque les voitures et les produits électroniques japonais inondèrent soudain le marché mondial, et que le label “Made in Japan” devint
synonyme de qualité et d’innovation. Prises de court, les puissances occidentales accueillirent ce
jeune empire économique zélé avec un mélange d’anxiété et d’envie, tandis que toute une littérature se mettait à chanter les louanges de ce “modèle japonais” unique qui avait transformé un
pays vaincu en une superpuissance exemplaire en moins de deux décennies. Le “ garçon de 12
ans ” avait décidément bien grandi.
Alors que l’Occident assistait avec un étonnement non dénué de craintes à l’émergence de
ce nouveau géant, une autre caricature tout aussi paternaliste de l’infantilisme japonais naquit
au travers des premiers comptes-rendus de ces déconcertantes bandes dessinées, décidément
venus d’un autre monde.
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- I - La naissance du manga
Le début de l’ère manga
avec Osamu Tesuka
Osamu Tezuka modernise le Japon en 1949 (avec ses premiers mangas), il est considéré
comme le “Dieu du manga”.
le Shônen Manga
(le plus lu)
.
C’est après la seconde guerre mondiale que le
manga acquiert ces premières lettres de noblesse. Bien
entendu la BD japonaise existait déjà avant les années
50, mais ne se présentait pas encore sous la forme que
nous connaissons désormais [Rakuten Kitazawa 18761955]). Le public de prédilection reste les enfants et en
particulier les “Shônen”, les jeunes garçons en japonais.
Tezuka Osamu tire les rênes de cette révolution culturelle et dominera le genre des décennies durant. A l’aube du XXIème siècle, les jeunes lecteurs s’évadent au
gré des aventures de Naruto, de Hunter X Hunter, One
piece etc. De nombreux genres : manga d’action où
l’épopée martiale côtoie l’amitié virile (Saint Seiya), que
des manga d’humour (GTO), que des comédies sentimentales (Vidéo Girl Ai), des manga policiers (Detective
Conan) ou des manga de sports (Captain Tsubasa).
Astroboy, un des premiers
et des plus célèbres personnages
créés par Osamu Tesuka
Le Shôjo Manga
“Fruits baskets”, “Angel sanctuary”,...
C’est Tezuka encore une fois qui posera les bases du
manga pour “Shôjo” (jeune fille en japonais), avec Prince
Saphir en 1953. Des codes narratifs et graphiques viendront
les caractériser : des récits romantiques teintés de poésie et
de lyrisme, illustrés par un trait rond, des personnages aux
silhouettes filiformes et aux grands yeux expressifs, et des
héroïnes qui sont aussi bien romantiques et fragiles
(Candy), françaises et travesties (Lady Oscar, la rose de
Versailles), japonaise et super héroïne (Sailor Moon), collégienne et aventurière malgré elle (Fushigi Yugi), princesse
héritière et guerrière (Basara).
Candy, romantique et fragile.
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- I - La naissance du manga
Le Seinen Manga
“Gunnm Last Order”, “Angel Heart”,...
Le genre prend forme réellement à la fin des années 60 et se destine aux lecteurs ayant
grandi au gré des pages du Shônen manga, lecteurs qui sont dorénavant des “ Seinen ”, des jeunes
adultes au-delà de 17 ans. Le Seinen peut reprendre le manga d’aventure, d’action, de sports ou
de romance du Shônen mais il l’écrit sous une plume beaucoup plus adulte et élaborée. D’ailleurs
certains auteurs issus du Shônen reprennent leurs séries et offrent des suites plus mûres à destination de leur public désormais adulte par exemple Tsukasa Hojo avec City Hunter et sa suite,
Angel Heart.
* *
*
Tous les mangas existants sont loin de rentrer aisément dans telle ou telle catégorie. Elles
sont délimitées par des frontières parfois très floues et un manga peut aussi bien appartenir à un
genre autant qu’à un autre.
Aimez tout ce qui est vivant !
Né le 3 novembre 1928 à Toyonaka, Osamu Tezuka est celui dont le coup de crayon et les
coups de génie ont, sitôt après la guerre, donné à l’industrie du manga ses nouvelles fondations.
Ses travaux ont bercé des auteurs comme Hayao Miyazaki et Katsuhiro Otomo, tous deux reconnaissant que se sont les mangas d’Osamu Tezuka qui leur ont transmis l’envie de conter et la vocation artistique.
Œuvres à son actif : Astro le petit robot (SF), Black Jack (sorte d’autobiographie),
L’histoire des 3 Adolf (drame historique), Unico (conte de fée naïf), Bouddha (la religion), le Roi
Léo et plus de trois cent histoires différentes…
Après sa mort, en 1989, Tezuka laisse derrière lui un patrimoine et une œuvre immense,
portée par une maxime humaniste : “Aimez les hommes ! Aimez tout ce qui est vivant !” aimait-il
à répéter dans ses écrits.
Quelques années avant sa mort en 1989, le pionnier du manga Osamu Tezuka a fait cette
remarque : “Nous vivons aujourd’hui une époque où la bande dessinée est comme l’air qu’on respire. ” Il voulait dire par là que le manga était partout, omniprésent dans la vie quotidienne au
point d’en devenir un élément indispensable. Mais il voulait aussi nous alerter sur le fait que certains mangas peuvent vicier et polluer cette atmosphère. L’homme qui parlait avait voué toute sa
vie d’adulte à promouvoir ce média culturel.
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- I - La naissance du manga
Des dessinateurs à part :
Les mangaka.
Les “cadences infernales”
Avec le manga, les Japonais firent preuve de la même aisance qu’avec l’automobile ou les
puces informatiques, ils reprirent les bases des bandes dessinées américaines, c’est-à-dire la relation particulière entre l’image, le cadre et le texte et, en les adaptant à leur goût traditionnel pour
les divertissements populaires, les “japonisèrent” afin d’en faire un véhicule narratif avec sa
forme propre. Les mangas ne sont pas des comics, du moins tels que la plupart des gens les
connaissent en Occident. Les Japonais ont élargi son potentiel à de longues histoires d’une grande liberté formelle, portant sur presque tous les sujets et s’adressant aux deux sexes, à presque
tous les âges et toutes les catégories sociales.
Ni les éditeurs, ni les auteurs, ou “mangaka”, ne font fortune grâce aux revues ; ils gagnent
surtout de l’argent avec les recueils en livres et leurs nombreuses rééditions. Beaucoup de séries
s’étendent sur 20, 30 ou 50 volumes, voire 100 ou plus pour certaines. D’autres se contentent de
raconter leur histoire en une poignée de volumes, disons sur 600 ou 1000 pages, soit un temps de
lecture équivalent à un film.
Parmi les 300 plus grandes réussites, on peut citer Akira Toriyama, l’auteur de “Dragon
Ball”, l’un des japonais les mieux payés de l’Archipel. Le revenu annuel de Rumiko Takahashi a
augmenté au point de faire d’elle l’une des dix plus grandes fortunes du Japon.
Les éditeurs des hebdomadaires vivent dans la crainte que “leurs” dessinateurs ne tiennent
pas la date de remise, fixée en général une semaine avant la publication. Nombre d’entre eux
attendent donc avec anxiété le coup de fil des retardataires qui leur annonceront que l’épisode
est achevé. Il n’est pas rare qu’un éditeur patiente dans le studio du dessinateur, ou même dorme
sur place, jusqu’à ce que le travail soit fini. D’autres vont “enfermer” leurs “mangaka” en les isolant dans une chambre d’hôtel pour les protéger de toute distraction jusqu’à ce qu’ils aient terminé leurs planches.
Pour répondre aux commandes, la plupart des auteurs de mangas, surtout ceux qui travaillent pour les hebdomadaire, sont contraints de devenir de véritables patrons de studio, à la
tête d’une équipe de deux à vingt personnes, voire plus, avec qui ils partagent les tâches et leur
modeste rémunération à la page. C’est généralement le “ mangaka ” qui signe seul l’œuvre finie ;
tous les autres travaillent dans l’anonymat.
De plus, contrairement aux BD françaises, les mangaka travaillant à un rythme soutenu, les
séries paraissent assez fréquemment (tous les deux mois ?)
“Ventilateurs, climatiseurs, courants d’air : rien n’y fait. Dans le minuscule appartement où vit et travaille Hiroyuki Ooshima, l’ambiance est tropicale.
Plafond bas, lumière diffuse, bourdonnement des ordinateurs et de la table lumineuse
qui mangent tout l’espace, murs couverts de rayonnages surchargés : cet atelier de mangaka
ressemble à beaucoup d’autres. Un bocal, une cellule où tout est à portée de la main et où la
cloison qui sépare le lit du poste de travail a l’épaisseur d’un remords.”
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- I - La naissance du manga
Des goûts et des couleurs (absentes)
En ce qui concerne la mise en page, à l’exception de la couverture qui doit être accrocheuse, la couleur est limitée pour l’intérieur aux inserts ou aux dépliants destinés à lancer l’histoire d’ouverture, ainsi qu’à quatre ou huit autres pages disséminées, parfois pour les publicités.
Une seconde couleur, souvent l’orange, peut
être utilisée pour rehausser une série à succès ; on se sert parfois d’autres encres,
bleues ou violettes, ou de papiers de couleur
pastel. Tout le reste est en noir et blanc.
Le trait est brut, la ligne sobre, sans
artifices qui pourraient en compromettre le
sens.
La taille des yeux a été inspirée par les
créatures de Walt Disney (le regard est le
miroir de l’âme). Au début de la vague
manga dans les années 80, les mangaka s’inspiraient librement des personnages de
Le manga est avant tout en noir et blanc.
comics américains ainsi que de ceux de Walt
Disney. Mais actuellement c’est l’inverse qui se produit... on sent dans les dernières créations des
studios américains une inspiration très “manga”.
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- I - La naissance du manga
Les principales sources d’inspiration,
les genres.
Le succès que connaissent les mangas provient également de l’immense diversification des
genres : humour, fantastique et science fiction, historique, histoire romantique, drame, policier,
érotisme… Au Japon tous les sujets sont permis.
Fantaisie, rêve, cauchemar, philosophie, le manga démultiplie les points de vue à travers
une infinité de regards, sans jamais s’éloigner de la sincérité et de l’ardeur qui caractérisent ces
milliers d’auteurs.
Le surnaturel chez Miyazaki se nourrit de syncrétisme religieux, de mythologie et de références culturelles historiques. Nausicaa de la vallée du vent (1984) s’inspire d’une légende du VIe
siècle ; Princesse Mononoke (1997) se situe au XVe. Dans ce superbe conte, les forces magiques
de la forêt sont en guerre contre le clan des forgerons, qui avec la modernité, leur apportent la
mort. Dieux sangliers, loups et cerf, sont de la bataille. Ce ne sont pas des animaux innocents. A
l’époques où les Japonais étaient de grands chasseurs, avant l’arrivée du bouddhisme, les gibier
les plus traqués étaient le sanglier et le cerf. Quant au loup, “ ookami ” signifie “ grand dieu ” en
japonais. “Mononoke” n’est pas non plus un terme innocent : il évoque la force maléfique d’un
être en proie à la rage.
Pourquoi tant de jeunes Européens se reconnaissent-ils dans les histoires d’adolescents
japonais ? La société, l’environnement, le système éducatif sont si différents, alors pourquoi ?
Parce que les auteurs de mangas ont compris que raconter le quotidien d’un groupe de personnes
peut être passionnant : ce qui arrive au héros, ses relations avec les autres, son évolution prennent presque plus de place que l’intrigue proprement dite. La BD raconte des aventures ; le
manga, lui, met l’accent sur les personnages.
Certaines revues pour femmes proposent de véritables guides en bandes dessinées sur le
mariage, la grossesse, la santé ou l’éducation des enfants, d’autres par le même biais se font
l’écho des potins du petit écran ou encore de la vie des femmes battantes qui ont fait carrière
dans leur entreprise.
Les “mangaka” se sont eux aussi adonnés depuis longtemps au divertissement éducatif et à
la promotion persuasive. On trouve des manuels de soutien scolaire sous forme de mangas de la
maternelle au lycée. On peut apprendre presque tout par ce média. Des chefs expliquent en
bande dessinée comment préparer des plats sophistiqués, tandis que des sportifs aguerris montrent comment améliorer sa pratique du golf ou de la pêche.
Dans l’année qui a suivi sa publication en 1986, plus d’un million de personnes ont acheté
le manga de Shotaro Ishinomori expliquant le fonctionnement de l’économie japonaise. Cela
prouve à quel point le public est réceptif aux informations et aux idées délivrées par les mangas.
Cela explique aussi pourquoi la secte Aum Shinrikyo, responsable de l’attaque au gaz sarin dans
le métro en 1995, a pu convertir tant de fidèles par le biais de ses tracts en bande dessinée, et
pourquoi des ultra nationalistes ont choisi ce média en 1999 pour relancer leur propagande sur
les causes de l’engagement japonais dans la Seconde Guerre mondiale – prétendant que la principale motivation du Japon était d’empêcher la colonisation blanche de l’Asie.
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- I - La naissance du manga
Le manga dans tous ses états
Genre
Aosen
Public visé
Adultes.
Bishônen
Féminin
Cyber Punk
Ecchi
EroGekiga
Hentai
Heroic
Fantasy
Adulte
Adulte
Josei manga
Féminin
Kawaii
Féminin
Kodomo
manga
Tout âge.
Magical Girl
(Madokka)
Jeune public
féminin
Adulte
Masculin
Mecha :
Jeune public
masculin
Seinen manga Public mascu(ou seinen)
lin de 18 à 25
ans. Et autres.
Shôjo manga Jeune public
féminin
(ou shôjo)
Masculin avec
Shônen ai
des tendances
(amour de
homosexuelles.
garçon”)
Jeune public
Shônen
masculin
manga
Public homoYaoi
sexuel
Yuri (lys en
français)
Homosexuelles
Définition
Ce terme désigne les mangas pour adultes mais pas forcément de type érotique ou pornographique. Ce terme est employé pour parler d’un manga dont
la cible vise un public relativement adulte.
Traduit littéralement cela donne “beau garçon”. Ce terme désigne donc un
beau personnage masculin dans un anime ou un manga. Ce genre reprend
tous les mangas (dont la majorité de Shôjô) où les protagonistes sont de
beaux garçons. Bishônen Ai peut se traduire par Amour entre beaux garçons.
Courant culturel apparu il y a une dizaine d’années. C’est une science-fiction
poussée à l’extrême dans l’utilisation des réseaux, des cyborgs (robots à l’apparence humaine), de l’intelligence artificielle, de la réalité virtuelle... et
souvent de la violence. L’un des premiers films de cette catégorie est Blade
Runner. Un exemple de manga du style est Gunnm.
Hentai plus “soft”. Erotisme qui suggère le plaisir et la volupté.
Manga pornographique pour des lecteurs masculins autour de 1980.
Manga à caractère érotique, pervers.
L’heroic fantasy est un genre en vogue. Les univers heroic fantasy sont des
univers de rêve où la magie, le fabuleux, le féerique existent : recoins oubliés
d’un monde, passés ou avenirs mythiques, mondes parallèles... Les
Chroniques de la guerre de Lodos
Genre de manga destiné aux femmes de plus de 20 ans, surtout les femmes
au foyer et les employées de bureau.
Mignon, joli. Peut désigner les mangas dont les dessins sont colorés, fleuris,
mignons, ainsi que les produits dérivés de ces mangas.
On peut traduire ce terme littéralement par manga pour enfant dont la cible
principale est la tranche des 6-11 ans mais certains mangas ont du succès
auprès des lecteurs de tout âge.
Jeunes fille qui possède des pouvoirs et/ou une baguette magique pour sauver le monde. Gigi, Creamy, Emi Magique et plus récemment Pretear ou
Cyber Idol Mink.
Abréviation de “mechanics”, qui désigne les robots ou aussi un manga du
genre. Goldorak ou Gundam.
Genre destiné à un public masculin de 18 à 25 ans généralement mais beaucoup continuent à les lire jusqu’à 30 ou 40 ans (voir plus). Les thèmes principaux portent le plus souvent sur les affaires et la politique.
Manga destiné aux filles. Card Captor Sakura, Sailor Moon...
Désigne des relations homosexuelles masculines.
Manga pour les garçons. Gundam Wing, Dragon Ball Z...
Courant émergeant au Japon de mangas homosexuels masculins, généralement réalisés par des dessinatrices. Désigne par extension tout ce qui a trait
aux relations homosexuelles masculin
Manga homosexuel féminin, relations homosexuelles féminine.
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- I - La naissance du manga
Au Japon aujourd’hui
Comment sont–ils édités ?
Certaines revues mensuelles sont aussi épaisses que des annuaires téléphoniques, pouvant
compter plus d’un millier de pages, mais la plupart proposent en moyenne entre 200 et 400 pages
brochées. Lorsqu’elles sont trop volumineuses, on les édite avec un dos carré, comme de véritables livres.
Chaque jour s’entassent chez les marchands de journaux de nouvelles
livraisons, l’encre des pages à peine sèche, le papier dégageant encore
l’odeur âcre des produits chimiques qui ont servi à le fabriquer. Elles offrent
un flux incessant de nouvelles histoires pour attirer le lecteur. Les prix sont
maintenus très bas afin de l’inciter à essayer un titre et, si une histoire lui
plaît, de s’assurer qu’il pourra la suivre numéro après numéro.
L’hebdomadaire pour garçon “Shonen Sunday”, par exemple, ne coûte que
220 yens, soit 1,60 euros environ, pour plus de 400 pages. Les revues de mangas sont assez bon marché pour que les gens puissent en acheter une par jour
et la jeter ensuite.
Trois éditeurs –Kodansha, Shueisha et Shogakukan- se partagent en gros les deux tiers du
marché. Le reste se divise entre plusieurs éditeurs de taille moyenne qui peuvent accaparer jusqu’à 5% du marché, tandis que soixante-dix compagnies plus petites – souvent spécialisées dans
des sujets aussi divers que l’érotisme, les arts martiaux, le golf – se partagent les miettes.
Les mangas sont aussi édités sous formes de livres, rassemblant les épisodes d’une même
série, avec une impression et un papier de meilleure qualité, en volume d’environ 200 pages au
format semi-poche (tankobon), ou en volumes de 300 pages et plus au format poche (bunkobon).
Les couvertures sont en général illustrées d’un léger motif monochrome, recouvertes d’une
jaquette aux couleurs attractives.
Le manga
dans la vie quotidienne
Les Japonais âgés, ceux qui sont nés avant la Seconde Guerre mondiale, ont souvent du mal
à comprendre la consommation de bandes dessinées de leurs enfants, donc beaucoup sont euxmêmes parents. Une bonne partie de la minorité qui fait entendre son opposition aux mangas
appartient à cette ancienne génération. Mais nombre d’enfants du baby-boom nés après la guerre ont lu des mangas dans leur enfance ou leurs années d’école. Comme adolescents et étudiants
dans les années 60, ils rejetèrent les valeurs de leurs parents, y compris leur désapprobation
envers les mangas, et continuèrent à en lire. On disait à l’époque que les étudiants avaient à la
main gauche le magazine d’actualité libéral “Asahi Journal” et à la main droite l’hebdomadaire
de mangas pour garçons “Shonen Magazine”, ils étaient “ la génération du manga ”.
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- I - La naissance du manga
Ce sont leurs centres d’intérêt et leur absence de mépris pour ce média, qui ont en grande
partie nourri sa croissance et permis ses évolutions. Même s’ils se sont toujours attachés par
ailleurs à séduire chaque nouvelle génération, les éditeurs savent bien que ce serait une erreur
commerciale de perdre ces fidèles vieillissants, qui constituent aujourd’hui la plus grande partie
de la population japonaise.
La plupart des Japonais ne gardent pas chez eux ces grosses revues épaisses. Qui aurait la
place, surtout dans l’espace restreint des minuscules appartements citadins, sachant qu’une
année de la revue “ Shonen Sunday ” formerait une pile d’un mètre quarante de haut ?
Evidemment il y a aussi des Japonais qui, pour diverses raisons ne lisent pas du tout de
mangas. D’ailleurs, la grande majorité des millions de lecteurs de mangas sont des consommateurs occasionnels, qui se plaisent à suivre une histoire, parmi les titres les plus populaires en
revue ou en livre.
Moins importante mais loin d’être négligeable, une autre catégorie de lecteurs s’intéresse
de plus près aux mangas et s’attache à des œuvres qu’ils aiment, indépendamment de leur notoriété.
La troisième catégorie est celle des véritables “otaku”, ou fans obsessionnels, qui font du
manga un mode de vie.
Restent enfin les collectionneurs de mangas “rares”, beaucoup moins nombreux.
Où trouve-t-on les mangas?
Beaucoup de gens achètent les revues chez les marchands de journaux ou au kiosque du
coin. Quant aux mangas en livre, ils se trouvent dans les librairies spécialisées, et la plupart des
librairies généralistes ont un rayon, une section ou même un étage consacré aux mangas.
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- I - La naissance du manga
Quelques chiffres
Au Japon, il se vend 120 millions d’exemplaires de manga par semaine, magazines et livres
confondus. Au Japon, la bande dessinée est avant tout diffusée par la presse spécialisée. Trois éditeurs principaux dominent l’industrie de manga et de ses produits dérivés: Kodansha, Shueisha
et Shogakukan.
En 2003, les éditions Kodansha réalisaient dans la bande dessinée un chiffre d’affaires de
1482 millions d’euros, soit plus de 20 fois le chiffre d’affaires du plus important éditeur francophone de BD.
Les auteurs très populaires comme Toriyama Akira (Dragon Ball) figurent dans la liste des
artistes les plus riches du Japon. En 2004, 100 millions exemplaires de Slam Dunk de Inoue
Takehiko on été vendus.
Les produits dérivés apparaissent au Japon dès 1931. Au cours de sa carrière, Tezuka
Osamu a dessiné 150 000 planches, 400 séries et dirigés 21 séries d’animation pour la télévision.
Plus de 10 millions de volumes vendus de la série Say Hello to Black Jack.
L’immense majorité des manga destinés à un public féminin sont actuellement dessinés par
des femmes : une particularité unique au monde, dans le domaine de la bande dessinée comme
dans les autres industries culturelles.
Toutes les classes sociales sont touchées par les mangas. 40% des livres achetés, au total,
au Japon sont des mangas. Les plus grosses ventes se font avec les manga destinés aux adolescents, dont les thèmes sont souvent liés à la violence, comme le Cyber Punk ou L’héroic Fantasy.
15
- Ii - L’apparition du manga en France
- II L’apparition du manga
en France
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- II - L’apparition du manga en France
Des problèmes d’identification
A la différence des automobiles, de la hi-fi et des ordinateurs personnels japonais, les
mangas n’ont jamais été conçus pour l’exportation. Le style de leurs histoires et de leurs dessins
n’était destiné qu’à un public japonais, qui partageait des valeurs et une culture spécifiques, sans
se soucier des possibles réactions étrangères à leur traitement de la sexualité, de la religion ou
d’autres sujets sensibles. Quant à leur exportation, pourquoi un éditeur japonais s’en soucieraitil alors que les marchés étrangers de la bande dessinée sont si négligeables comparés à l’énorme
marché national, qui semble constamment se renouveler?
En 2004, alors même que les ventes s’étaient quelques peu tassées, on a estimé cette année
le chiffre d’affaires de l’industrie du manga à 5 milliards de dollars, c’est-à-dire environ dix fois
plus que l’ensemble du chiffre européen de la bande dessinée.
Ainsi, en France, dès son arrivé, on ne sait même pas si le tèrme “ manga ” est masculin ou
féminin, on utilise des pseudos tèrmes tel que Mangalisation ou encore Mangamania.
La publication en France
Le manga plaît à des jeunes qui cherchent quelque chose dont ils puissent se réclamer,
quelque chose que leurs parents n’approuvent pas forcément et comprennent encore moins.
Comme le dit l’éditeur Jacques Glénat : “ A l’âge de lire
des bandes dessinées, les jeunes se tournent plutôt vers la télévision et les jeux vidéo. Grâce au manga et à sa narration rapide, nous pouvons reconquérir le public adolescent. Et si certaines personnes le déplorent, je préfère quant à moi voir des
gamins faire la queue devant des librairies de manga plutôt
que devant des magasins de jeux vidéo.”
Un changement significatif a été l’adoption par les éditeurs et les lecteurs occidentaux du format livre de poche en noir
et blanc, le produit final au Japon, comme format privilégié pour
la publication des mangas. Lorsqu’en 1993 les éditions Glénat
ont commencé à publier “Dragon Ball” sous cette forme à un
rythme mensuel, ce titre est devenu la meilleure vente de la maison, avec un tirage moyen de 300 000 exemplaires. Le marché
français des mangas en poche a augmenté de 350% entre 1997 et
2004.
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- Ii - L’apparition du manga en France
Le succès vient par “l’étrange lucarne”
Le succès des Manga en Europe est probablement du à leur diffusion à la télévision et des
mangas tels que Dragon Ball Z, Saint Seiya (Les chevalier du Zodiaque), ou encore Pokemon.
Les Mystérieuses cités d’or (39 volets).
Une saga qui les a tenus en haleine au début des années 80. Savant mélange de mythes Incas et de science-fiction, cette fresque franco-japonaise avait
tout pour plaire. 24 ans après, qu’importe finalement si le graphisme suranné et
naïf peut difficilement rivalisé avec la virtuosité 3D d’aujourd’hui, le message de
la tolérance, lui, est toujours d’actualité.
Capitaine Flam, bien ancré dans l’univers audio-visuel de toute une
génération.
Ses aventures apparaissent pour la première fois à l’écran en 1978 au Japon. Le studio Toei Animation (Candy, Goldorak,
Albator) fournit une série de 13 histoires, en
52 épisodes. La France devra patienter trois
années. Curtis Newton, alias Capitaine
Future, naît de l’idée d’un éditeur, Léo
Margulies et prend vie sous la plume de l’écrivain Edmond Moore Hamilton, en 1940. Le
monde ne tarde pas à s’emparer du phénomène, y compris la France qui publiera le seul
récit du Capitaine Futur (Les Harpistes de
Titan) en 1977, année de la mort d’Edmond
Hamilton. Les japonais se révèlent les plus grands fans du Capitaine au point d’en faire une adaptation télévisée. Le dessin animé reprend très fidèlement la BD et inonde rapidement l’Europe,
l’Amérique latine et les Etats-Unis qui découvrent alors Star Wars. En France, l’émission Les
Visiteurs du mercredi sur TF1, programme, à partir du 7 Janvier 1981, chaque mercredi aprèsmidi à 15h, un épisode du Capitaine Flam. TV6 (ancêtre de M6) rediffusera quelques épisodes en
1987 tout comme Le Club Dorothée en 1988.
De plus en plus de manga sont adaptés à l’écran. Parmi les plus grands éditeurs, Glénat
fut le premier à traduire une série de livres, ce fut Akira, le chef d’?uvre de Katsuhiro Otomo, sortie en France en 1988. Les débuts furent difficiles. Dragon Ball d’Akira Toriyama fut la série “
anime ” pionnière et Glénat pris le risque de sortir les quarante-deux livres. Pour la majorité des
mangas, le sens de lecture reste intact.
18
- Ii - L’apparition du manga en France
Méfiance !
Au début, personne ne veut croire à cette BD venue d’Asie, au graphisme si curieux et aux
personnages aux pupilles trop dilatées. La lutte simpliste entre gentils et méchants est d’un autre
âge : à l’image du Yin et du Yang, les héros de manga passent du noir au blanc.
La profusion des manga est l’un des principaux facteurs d’augmentation de la production
BD. D’autant plus que les maisons d’édition possèdent tous des labels “manga” acheteurs de
licences : le groupe Média Participations (avec surtout Kana qui s’impose depuis cette année
comme le leader des éditeurs de mangas) a publié 12% des titres en 2005 de la production BD.
Les mangas se placent régulièrement parmi les meilleures ventes : Naruto dont 6 tomes
(tirés entre 70 et 110.000 exemplaires chacun) sont parus en 2005.
Les shojo, les shonen et les seinen représentent la quasi-totalité de la production manga
en France.
Les mangas étouffent-ils
les bandes-dessinées franco-belges ?
La France est, avec 10 millions d’exemplaires annuels, le plus gros consommateur de
manga au monde après le Japon.
En France, il existe une vraie tradition du livre et de la BD, contrairement aux autres pays.
Notre culture bande dessinée influe donc sur le choix des maisons d’édition qui voient dans le
manga un mode d’expression artistique. Malgré ces chiffres et ces faits plus que parlants, les
Français gardent une image très dépréciative du manga. Violence gratuite, sexe à gogo ou niaiserie affligeante, le manga n’a pas bonne réputation. La faute à qui ? Sans doute, pouvons-nous blâmer ‘Candy’ et ‘Ken le survivant’… ou plutôt les doublages nigauds dont ils ont été victimes et
leurs diffusions inappropriées. Le Club Dorothée aussi a grandement participé à la construction
de cette identité faussée de la culture nippone. Des clichés tenaces qui commencent tout juste à
disparaître grâce, entre autres, à une nouvelle vague de mangakas qui séduisent davantage les
médias français.
Il y a quelques temps, la démarche des distributeurs japonais est premièrement de s’implanter en France en interessant les adolescents avec des thèmes allant de l’action jusqu’à l’érotisme.
Ceci, ne plaisait déjà pas aux parents des européens, d’autant que les séries sont diffusées
essentiellement dans des émissions pour jeunes enfants, le public visé n’était alors pas atteint. A
cette époque, on pouvait alors voir dans le programme télévisés, les Bisounours suivis de séries
mangas extrêmement violentes. (Ex: Séries comme Hokuto No Ken : Ken le survivant)
En France, un certain nombre de préjugés sur les mangas semblent bien ancrés. Nous
avons intérrogé 100 personnes de 30 et 60 ans, dans la rue de la République à Lyon et avons noté
leurs réactions.
19
- Ii - L’apparition du manga en France
Ainsi, nous trouvons:
“Tous les personnages ont de grands yeux à la Bambi”
“Les revues de mangas sont aussi épaisses que des annuaires téléphoniques”
“Les hommes d’affaires en lisent dans les transports publics”
“Ils sont remplis de sexe et de violence”
Les mangas étaient et sont toujours victimes d’une double condamnation en Occident :
être japonais, et être des bandes dessinées.
Dans les années 80, alors que les premiers exemples, pas forcément représentatifs, de
mangas et d’anime commencèrent à être exportés, un cliché résumait tout le mépris occidental
envers les Japonais et leurs bandes dessinées : le “Salaryman” en costume cravate, dans le train
qui le menait à son travail, absorbé dans la lecture de sa revue de mangas débordant de sexe et
de violence. En 1987, un gros titre du “Wall Street Journal” raillait:
“Les hommes adultes au Japon lisent encore des BD et alimentent leurs fantasmes.”
Un souffle continu et durable.
Le manga est unn phénomène abordable qui s’installe et qui rapporte.
1970 : arrivée de desseins animés nippons comme Goldorak ou Candy.
1993 : Glénat traduit Akira et mise sur Dragon Ball (ventes à des centaines de milliers
d’exemplaires)
2004 : sortie de 500 nouveautés, soit une augmentation de 20%.
2006 : Le manga prime sur la BD franco-belge = Bilan 2006. Si la BD reste “le 3e segment
le plus important du marché du livre” - avec 12% des volumes de ventes annuelles, 41 millions d’albums vendus en France et près de 400 millions d’euros de chiffre d’affaires -, elle affiche “un recul
pour la deuxième année consécutive : -5,4% en volume et -4,2% en valeur”.
Et ce malgré les gros blockbusters Titeuf (tome 11, Zep, 646.000 exemplaires vendus), ou
Lucky Luke (tome 2, 268.000 exemplaires).
Dans le Top des séries vendues en 2006, “Titeuf” se retrouve à la troisième place derrière les mangas “Naruto” et “Dragon Ball”.
Mais à quoi est dû le succès ?
Succès? une histoire familière, dans laquelle on se reconnaît. Bien contre Mal (manichéenne), quête d’identité, volonté d’être aimé…
20
- Ii - L’apparition du manga en France
Le succès survient peut-être lorsqu’elle prend le problème dans un sens tout à fait différent
de ce qui avait été fait jusque là. Evangelion, qui proposait une série de portraits psychologiques
dans un univers de science-fiction apocalyptique. Utena parvient à allier à la fois un scénario captivant, un univers des plus originaux et un questionnement sur des thèmes aussi divers que
l’amour, le passage à l’âge adulte ou l’estime de soi.
Les mangas ont représenté 11 millions de volumes vendus pour un chiffre d’affaires de 72
millions (soit 7 euros en moyenne par manga). La croissance des manga par rapport à 2003 est
extraordinaire : le volume et la valeur ont quasiment doublé (40% et 50%)
Le rythme des mangas est la plupart du temps élevé (2 mois entre chaque tome).
Concernant les éditeurs en France, 80% du marché est détenu par trois sociétés, à savoir
Glénat Mangas, Média Participation (via Kana) et Pika, qui a pour particularité de ne vendre que
des manga contrairement à ses concurrents. En quatrième position, on retrouve Generation
Comics (Panini), l’éditeur qui monte, suivi de Tonkam, J’ai Lu et Casterman (Flammarion), Akata
(Delcourt). En tout, vingt-deux éditeurs se battent pour le marché des mangas, qui aurait un
potentiel de 240 millions d’euros de chiffre d’affaires, soit 30 millions de tomes vendus environ.
De plus, le manga est loin d’être cher car il ne coûte que la moitié d’une BD française et
comme le public touché par le manga est essentiellement les jeunes enfants et les adolescents,
ceux-ci préféreront acheter un manga plutôt qu’une BD par soucis d’économie.
Aujourd’hui, plus d’une bande dessinée sur trois achetées sur le marché français est un
manga. La France est le deuxième consommateur de mangas au monde après le Japon. La grande majorité des ventes de mangas se fait encore sur des titres pour ados (shonen, 70% des mangas vendus en 2006 contre 66% en 2005. Les séries pour filles (shojo) représentent 14% des titres
en 2006 et 2005, les titres pour adultes (seinen) 16% en 2006 contre 20% en 2005.
80% acheteurs sont des ados et des jeunes adultes qui ont entre 13 et 25 ans.
43,3 millions de BD vendues en 2004 = Augmentation des ventes de 46% en 2004 (72 millions de chiffre d’affaires), les mangas représentent désormais un achat de bande dessinée sur
quatre et son poids tend à s’accroître.
“Gunnm last order” (volume 3) arrive en tête des meilleures ventes de mangas avec plus de
50.000 exemplaires vendus. Il est suivi de près par la série “Naruto”. En fait 10 séries concentrent
plus de 40% des ventes de mangas.
Une reconnaissance
internationale
Ai Yazawa [39 ans]. En cours de publication depuis 2000, Nana fait l’objet d’un véritable
culte au Japon, adaptée au cinéma en 2005. En France, où seize volumes ont été traduits
(Delcourt) Nana à également trouvé son public.
C’est une histoire d’amitié entre deux jeunes femmes qui portent le même prénom mais
que tout sépare. Récemment installée à Tokyo, l’étudiante au c?ur d’artichaut et la rockeuse
gothique partagent le même appartement, traversent doutes, idylles et peines de c?ur, se disputent et se réconcilient…
Pourtant le phénomène Nana ne se cantonne pas aux lycéennes car cette histoire a su capter l’ambiance, les mots et les valeurs de son époque.
21
- Ii - L’apparition du manga en France
Ai Yazawa excelle à faire vivre ses personnages, à rendre leurs contradictions attachantes,
à peindre avec justesse et humour leurs tâtonnements de jeunes adultes.
Avec près d’un milliard de mangas vendus chez lui chaque année, le Japon, premier producteur et consommateur mondial de bulles, se soucie peu des autres pays. Aujourd’hui, les mangas nippons se taillent la part du lion aux Etats-Unis et surtout en Europe : en Espagne, en
Allemagne, en Italie, en Pologne, ils sont en tête des ventes. Même la France, avec ses grands
auteurs et sa tradition bédéphile, a, en l’espace de cinq ans, cédé beaucoup de terrain.
Aujourd’hui, les mangas constituent près de la moitié des parutions et pèsent 40 % du chiffre d’affaires du secteur. La Fnac et les librairies spécialisées : les rayons manga ne cessent de prospérer.
De 1991 à 2003, l’éditeur Glénat a écoulé 15 millions d’exemplaires des 42 volumes du
manga de Toriyama Akira, Dragon Ball, soit 100 millions d’euros. En 2004, la part du manga dans
les parutions de BD en France représentait 35% des nouveautés. Cette même année, 40% des
ventes BD de la Fnac sont des mangas. En dix ans, les établissements enseignant le japonais ont
enregistré une hausse de 70% et les professeurs de japonais ont vu leur effectif augmenter de 87%.
Japan Expo, principal salon sur le manga et la culture japonaise en France, comptait 2 400 visiteurs en 1999, sa première année. Cinq ans plus tard, le salon accueille 40 000 personnes au CNIT
de la Défense, à Paris. Le Voyage de Chihiro, du studio Ghibli (Miyazaki & Isao Takahata, fait 1
million et demi de spectateurs lors de sa sortie en France. Grand voyageur et curieux des autres,
Tezuka Osamu était venu en France à plusieurs reprises, pour le Festival de l’animation d’Annecy,
ainsi qu’en 1981, au Festival international de la BD d’Angoulême. En 2004, les deux shonen
manga les plus diffusés en France étaient Naruto de Kishimoto Masashi (60 000 exemplaires) et
Yu-Gi-Ho! de Takahashi Kazuki (50 000 exemplaires). Takahama Kan, mangaka associée au nouveau manga de Frédéric Boilet, a réalisé un album spécialement pour les éditions Casterman,
Deux expresso. En 2004, la série 20th Century Boys d’Urasawa Naoki (Monster) a remporté le Prix
du meilleur scénario au Festival international de la BD d’Angoulême.
Avec Akira, Otomo Katsuhiro a renouvelé les codes du manga à la fin des années 1980.
Cette série a été l’un des premiers mangas à être reconnu internationalement. Les mangas pour
adolescents, répondant à des normes graphiques et thématiques bien établies, représentent la
majeure partie des mangas adaptés hors du Japon. Veuve de Kurt Cobain et elle-même chanteuse, Courtney Love a créé avec Yazawa Aï un manga édité aux États-Unis: Princess Aï. Si la BD reste
embryonnaire en Afrique, on y trouve déjà des traces du manga. Salah Eddine Basti, un marocain
de 19 ans, a remporté en 2003 le concours BD de Casablanca avec Almoulatum0, histoire inspirée
de Zorro, à la sauce manga.
Certains pays d’Asie souffrent de la place grandissante du manga dans leurs librairies. En
Corée du Sud, si en 1999 et 2001 il s’est édité le même nombre de titres (un peu plus de 9000), la
part du manga dans ces sorties est passé de 3 000 à 4 500, alors que les albums d’origine coréenne (manhwa) sont passés de 4 000 à 2 700 !
Des récompenses
Le Festival de la Bande-Dessinée à lieu à Angoulême depuis 1974, du 25 au 28 Janvier.
Seulement 9 mangas sur les 44 titres sélectionnés.
1996. Promotion du festival à l’étranger.
22
- Ii - L’apparition du manga en France
2001 Retour d’un invité prestigieux : le Japon. Cette vitrine sur les mangas nippons attire
un nouveau public qui découvre ainsi le Festival. Cette année-là, le Festival enregistre un record
de fréquentation.
2003 : création des Rencontres internationales. Katsuhiro Otomo et Jirô Taniguchi (Prix du
Scénario pour son diptyque “Quartier Lointain” (Casterman). Le dessinateur japonais est allé
recevoir son prix, avec beaucoup d’émotion) ont, entre autres, permis à ce nouveau rendez-vous
de prendre son envol.
2004. Le Festival est allé remettre à Jirô Taniguchi le trophée matérialisant son Prix du
Dessin, décerné en janvier dernier pour “ Le Sommet des Dieux ” (publié depuis 2000 au Japon).
Jirô Taniguchi, l’un des auteurs japonais les plus connus du public français, physiquement absent
d’Angoulême, n’avait pu recevoir son trophée. Retard désormais comblé puisque le Festival, en la
personne de son directeur général Jean-Marc Thévenet, est allé remettre ce trophée en mains
propres à Jirô Taniguchi directement sur place dans la capitale japonaise. Côté franco-belge,
François Pernot, directeur général de Dargaud-Lombard (aujourd’hui premier éditeur de mangas
sur les marchés francophones avec son label éditorial Kana) et Yves Schlirf, directeur de Kana,
étaient également présents pour assister à la remise du trophée.
2005. Cette 32e édition voit aussi la naissance d’un événement scénique nouveau, les
Concerts de dessins, et consacre le lancement d’un espace permanent Manga–Manhwa, entièrement dédié aux bandes dessinées asiatiques.
Des partenariats
Ooshima réinvente à sa manière un héros emblématique de la
bande dessinée franco-belge : Spirou. Une version 100 % manga, en
noir et blanc, et dans le sens de lecture japonais (de la droite vers la
gauche), du personnage créé par Rob-Vel en 1938 et popularisé par
Franquin.
Après avoir pris de haut ce qui n’était à leurs yeux qu’une
mode, les gros éditeurs français ont réagi. Certains en créant leurs
propres collections, d’autres en rachetant des petites maisons spécialisées. Car c’est bien à la menace de disparaître que la BD francobelge se trouve confrontée. Derrière le succès de grandes séries
(Astérix, Titeuf, Largo Winch, XIII, Blake et Mortimer, Lucky Luke),
le reste de la production s’essouffle. Surtout, les acheteurs de BD
vieillissent. La plupart des jeunes étanchent leur soif de bulles dans
les mangas et ne se reconnaissent plus dans les codes européens.
Lorsqu’on est comme eux habitué à lire des histoires de 200 pages, rythmées, étoffées, et dont un
nouvel épisode en provenance du Japon sort chaque trimestre, on a du mal à se satisfaire d’un
album de 46 pages, fût-il beau et en couleurs. Surtout quand il faut attendre deux ans pour lire la
suite.
Du coup, l’idée a germé chez certains de jeter des passerelles entre la BD et le manga.
D’imaginer de nouveaux formats, des hybridations, autrement dit un euromanga. Jean-David
Morvan est de ceux-là. Scénariste de plusieurs séries à succès (Sillage, Nävis) et, depuis trois
albums, de Spirou, ce Rémois de 37 ans est persuadé que l’avenir de la bande dessinée passe par
23
- Ii - L’apparition du manga en France
le pays du Soleil-Levant. Pas un hasard donc s’il situe les nouvelles aventures du groom et de son
ami Fantasio à Tokyo. Depuis 2003, le trio qu’il forme avec le dessinateur espagnol José Luis
Munuera et le coloriste Christian Lerolle a impulsé une nouvelle dynamique au héros septuagénaire. “ Ce sont les mêmes notes, les mêmes instruments, mais c’est une autre manière de jouer.”
Dans cette immense librairie d’occasions située dans les sous-sols du frénétique quartier
de Shibuya, la richesse du manga et de ses produits dérivés (séries d’animation, figurines, cartes,
jouets, jeux vidéo...).
Internet a aboli les distances et, avec un agent bilingue à Tokyo qui fait le lien avec les
auteurs, plus rien n’est impossible. Mais c’est de son projet avec Jirô Taniguchi qu’il attend le
plus. Révélé par Quartier lointain, récompensé à Angoulême pour Le Sommet des dieux, très
courtisé par les éditeurs français, le dessinateur nippon de 59 ans est parvenu à réconcilier les
amateurs de BD traditionnelle avec le manga. Ses armes : un trait épuré et minutieux, et, surtout,
une rare faculté à rendre l’émotion d’un regard ou d’une situation. Féru de culture occidentale,
Taniguchi, qui a déjà signé un album avec Moebius, Icare, rêve en effet de faire des BD.
“Nous offrons aux dessinateurs japonais ce qu’ils n’ont pas chez eux : la possibilité d’utiliser la couleur, de travailler dans un plus grand format et avec un autre sens de lecture, bref de
faire de beaux albums cartonnés. Surtout, nous leur donnons le temps de fignoler les dessins. Un
luxe, dans ce pays où les mangaka à succès doivent fournir de quinze à vingt planches par semaine.”
Pour cet ex-libraire transformé en stratège, l’association Morvan et Taniguchi est un cheval de Troie, une façon de convaincre, bel objet en main, d’autres auteurs et éditeurs nippons de
tenter l’aventure. “ J’aimerais associer des scénaristes japonais à des dessinateurs franco-belges.
J’ai envie de voir également si nos héros nationaux sont adaptables en manga. Comme ce que l’on
essaie de faire avec Spirou. Pourquoi ne plairaient-ils pas au public japonais ? Si on y parvient,
c’est le jackpot ! On m’accuse souvent de vouloir tuer la BD franco-belge. Pas du tout ! Je viens de
là, j’aime ça, c’est ma culture. Mais, si on veut la sauver, il faut inventer de nouvelles formes et
trouver de nouveaux marchés. ”
Plutôt d’accord sur le diagnostic, Frédéric Boilet ne croit pas trop à ces remèdes. Installé
à Tokyo depuis près de dix ans, ce dessinateur, traducteur, adaptateur et aujourd’hui directeur de
la collection Sakka (auteur) chez Casterman, est une figure historique de l’“ implantation française au Japon. “ Il faut qu’il y ait une réelle envie. J’ai du mal à penser que l’on puisse travailler
en harmonie lorsqu’on vit à 10 000 kilomètres de distance et que l’on ne parle pas la même
langue. ” “ Les éditeurs japonais sont encore peu à croire à l’intérêt des échanges. Au contraire,
certains seraient plutôt enclins à nous mettre des bâtons dans les roues. Ils n’aiment pas trop que
les gaijins (étrangers) se mettent à parler japonais et communiquent directement avec “leurs”
auteurs. Ils font le black-out sur les adresses et les numéros de téléphone ; l’un d’entre eux m’a
même interdit de voir ou d’appeler Taniguchi ! ”
Euro-mangas
Pour faire carrière dans le manga, il suffit d’acheter suffisamment de manuels, les crayons
et le matériel adapté et on peut devenir mangaka. Il existe il est vrai une véritable demande pour
des auteurs occidentaux capables de dessiner dans le “ style manga ”. Quant à savoir si ces versions non japonaises peuvent être appelées des mangas, c’est discutable. Trop souvent, derrière
24
- Ii - L’apparition du manga en France
une ressemblance de façade, ces bandes se révèlent assez éloignées du rythme et de la psychologie caractéristiques des mangas. Pour les puristes, elles ne sont rien de plus que des imitations,
ou des “ pseudo-mangas ” ; pour d’autres, elles montrent à quel point l’influence du manga peut
avoir de multiples facettes.
Adaptations diverses et variées
Un éditeur nantais a lancé au début du mois, le premier
manga en Breton. “ Rouanez ar Forbanned ” (Les Editions du
temps) est la traduction de La Reine des bandits, manga de science-fiction du Singapourien Wee Tian Beng. Des versions en occitan,
en corse et en basque devraient suivre.
Le manga est en train d’influencer de plus en plus d’artistes
: comme James Cameron (Aliens) et les frères Wachowsky (The
Matrix) [adaptation de Ghost In The Shell de Mamoru Oshii qu’ils
vont même jusqu’à reprendre des scènes entières dans leurs longs métrages], Christophe Gans
(Le Pacte des Loups) [adaptation de Crying Freeman de Ryochi Ikegami], ainsi que d’innombrables auteurs de BD franco-belges.
Les passages TV de Love Hina (MCM), Yu Gi Oh! (M6), Pokemon (TF1 : chaînes hertziennes), Nana (Filles TV), Monster (Canal +), Fullmetal Alchemist (+ MCM) et GTO ont eu un
réel impact sur les ventes.
Le succès du manga papier provient aussi incontestablement du manga anime, car les européens français qui regardaient le club Dorothée continuent, par nostalgie, de suivre le phénomène manga en découvrant les productions récentes. D’une certaine façons, les personnes de cette
génération ont assimilé la culture nipponne et elles ont naturellement continué à poursuivre le
manga animé en lisant les mangas papier, en achetant les jeux vidéo ou produits dérivés car ils
ont l’impression que cela fait partie de leur culture.
25
- III - La mondialisation d’un mouvement culturel
- II La mondialisation
d’un mouvement culturel
26
- III - La mondialisation d’un mouvement culturel
Des éléments traditionnels modifiés
Le contexte de l’histoire
Pour que le manga ait un réel succès en Europe, il a dû s’adapter au monde occidental : personnages et génériques.En effet,pendant de nombreuses années, il parut impossible de vendre
des mangas en Occident. La xénophobie et les protectionnismes commerciaux furent des obstacles importants, en outre, les mangas devaient subir de coûteuses modifications avant d’être
distribués à l’étranger. Le manga détient donc son succès du fait qu’il se rapproche de l’Occident
: les personnages ont un look à la mode occidentale et le contenu du manga correspond aux
normes de l’occident (censure). Ceci permet donc aux occidentaux de mieux s’identifier à l’un
des personnages du récit.
Ainsi, nous avons observé ce qui changeait pour une meilleure exportation:
- Les génériques Japonais sont totalement changés pour des génériques plus enfantins, en
ce qui concerne les Anime.Les titres des séries sont modifiés. De cette manière la série Macross
devient Robotech, Kamigure Orange Road, Max & Cie. Ou encore Yû Yû Hakusho se change en
Robert et les monstres.
- Les noms des personnages sont adaptés. Dans DragonBall, Piccolo devient Satan Petit
Coeur, M. Satan devient M. Hercule, et Kurilin devient Krilin. ( Adaptés, en livre mangas également , je crois.)
- Les scènes les plus choquantes pour les enfants sont coupées, ce qui rend certaines
scènes incompréhensibles. Par exemple deux épisodes de Saint Seya (Les chevaliers du
Zodiaque) totalisant plus de 38 mn au Japon deviennent un seul épisode de 22 mn en France.
- Enfin, souvent les paroles les plus crues sont modifiées. De cette manière, dans le dessin
animé de Nicky Larson toutes les références faites par le héros à propos de “love hôtels” et de
“collections de petites culottes”, deviennent “restaurants végétariens” et “collections de mouchoirs”.
Outre leur longueur souvent considérable et les problèmes de traduction, les cases
devaient être remaniées afin de pouvoir être lues de gauche à droite. Ce problème ne pouvait être
réglé en “ inversant ” simplement les planches comme dans un miroir, car les personnages devenaient alors tous gauchers où les n?uds des costumes traditionnels se retrouvaient du mauvais
côté. Et si l’on gardait le sens original des cases en inversant seulement leur position dans la
séquence, les personnages pouvaient se retrouver à parler dans le mauvais ordre. Il n’est pas très
étonnant que les éditeurs occidentaux aient d’abord reculé devant les problèmes posés par
l’adaptation.
En revanche, l’exportation de dessins animés japonais ne demandait comparativement que
des changements mineurs, qui ne posaient pas de difficultés: traduction, doublage et peut-être
quelques coupes pour les séquences les plus violentes afin de s’adapter aux législations en
vigueur selon les pays.
27
- III - La mondialisation d’un mouvement culturel
De nombreux produits dérivés
Art-book : Livre d’art. Ouvrage luxueux consacré à un manga, anime, auteur, film, OAV...
Généralement la qualité des art-books est de qualité excellente et ils coûtent très cher.
Drama (CD Drama, Radio Drama) : Les CD audio relatifs à une série (ex : City Hunter)
comportent parfois des musiques auxquelles on ajoute des dialogues tirés de la série, ce sont des
dramas.
Garage-Kits : Ce sont des figurines le plus souvent en résine
mais certaines sont en plastique (pour les moins chères) ou en
métal (pour les plus chères) qu’il faut monter et peindre soimême. Les pièces sont pleines et moulées indépendamment. Ces
figurines représentent généralement des personnages ou des
robots de manga ou de japanimes et leur qualité est vraiment très
bonne. Malheureusement, ce domaine n’est réservé qu’aux fans
habiles de leurs mains...
Goodies (Goods) : L’ensemble des produits dérivés qu’engendre une série (posters, cartes à jouer, figurines...).
OST (Original Sound Track) : Bande originale d’un anime
ou d’un film d’animation.
Rami-card : Elle fait partie des goodies. C’est une petite (8,8cm x 5,8 cm) carte plastifiée,
qui est à l’effigie d’un personnage célèbre d’un manga ou d’un anime. Les rami-cards sont regroupées par collection et année. Exemple : les cartes de Shirow sur Dominion, publiées en 1999. Les
rami-cards sont importées du Japon comme les autres goodies.
Trading-card : Signifie littéralement “carte à échanger”. C’est une
carte cartonnée aux coins carrés. Format : 9 par 6.5 cm. Une Cardass est
la même chose qu’une trading-card, sauf que les cartes ont les bouts
arrondis.
Shitajiki : Sous-main en plastique généralement décoré d’un personnage ou d’un groupe venant d’une série manga ou d’un jeu vidéo.
Un autre phénomène s’observe :
la Japonisation
On constate une naissance de fans de plus en plus curieux : l’enseignement du Japonais
est lui-aussi très à la mode depuis le débuts des années 1990. Augmentation de 70% du nombre
d’établissements qui enseignent la langue ,
Le Japon exporte de plus en plus sa culture dans l’Hexagone parmis les 15-30 ans : c’est la
“ pop-culture ”.
28
- Conclusion Comme le savait très bien Tezuka, ce média reposera toujours sur une écologie fragile. A
l’instar d’autres formes de culture de masse, le manga tend à répéter bêtement la même recette.
Heureusement, la demande continuelle du public pour de nouvelles histoires rend nécessaire de
donner leur chance à de nouveaux talents qui y insufflent une vitale bouffée d’air pur.
Le marché naissant du manga fut cependant menacé dans plusieurs pays par la surproduction, des choix éditoriaux médiocres et une couverture médiatique globalement négative. Il
survécut et prospéra malgré tout, en captivant de nouvelles générations de lecteurs, s’appuyant
sur le succès des adaptations télévisées et des jeux vidéo, mais aussi grâce à Internet, qui permit
la consultation et le téléchargement d’extraits ou d’épisodes complets d’anime et de mangas, et
facilita les échanges –légaux ou non- au sein de la communauté des fans.
Le Japon réussit donc à s’ouvrir aux autres, et met toutes ses chances du côté de la mondialisation.
29

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