Des carreaux de haut vol s`illustrent à la Ghelamco

Transcription

Des carreaux de haut vol s`illustrent à la Ghelamco
POLYCARO
54
Ce fut peut-être la plus grande prouesse dans le monde du football belge depuis le match Antwerp-Sofia en 1989: la réalisation
à temps de la Ghelamco Arena, le nouveau stade du club de La
Gantoise. Avec dans le hall d’accueil, contrairement à la tendance sur le marché des collectivités, des carreaux céramiques
techniquement haut de gamme.
Des carreaux de haut vol s’illustrent
à la Ghelamco Arena à Gand
Course contre la montre
Peut-être faut-il vous rafraîchir la mémoire: au Bosuil, l’Antwerp
était mené 1-3 par les Bulgares du Vitosha Sofia à la 90ème
minute. Après six minutes d’arrêts de jeu, le Great Old finissait par l’emporter 4-3... Le site sur l’Ottergemsesteenweg en
bordure de Gand avait lui aussi besoin d’un véritable miracle.
Jim Van Landuyt, project manager de Ghelamco: “Je suis arrivé au moment le plus chaud, en mai 2013. Quand on voyait le
gros œuvre deux mois avant l’inauguration, on se disait: ‘bon
sang, tout ce qu’il reste encore à faire?” Dans la presse sont
parus des articles mettant sérieusement en doute la réception
à temps du projet. “Et chaque jour passaient sur le chantier des
supporters et des touristes demandant si le stade serait bel et
bien prêt à temps?”
Travaux 7 jours sur 7
Il fallait réussir, et cela allait être le cas. “Nous n’avions tout
simplement pas le choix”, affirme Jim Van Landuyt. “Le match
de gala inaugural contre le Vfb Stuttgart était prévu pour le 17
juillet et ensuite devait débuter le championnat belge. Tout été
réglé, il n’était pas possible de reporter. A un moment, un petit
millier d’hommes travaillaient en même temps sur ce chantier.
A la fin, nous avons mis toute l’équipe de Ghelamco sur ce projet, nos divisions de Knokke et de Bruxelles incluses, et avons
continué à travailler pratiquement 7 jours sur 7. Et durant de
très longues journées…” Le project manager de Ghelamco n’a
lui-même jamais désespéré, grâce à la discipline de fer avec laquelle le projet a été mené à bien: “Vous avez quoi qu’il en soit
un plan par étapes. Si vous passez réellement chaque fois les
étapes avec brio et quand vous voyez les importantes avancées
chaque fois réalisées, vous restez convaincu que c’est possible.
Et nous avons réussi!”
“Construisez donc notre stade”
Le dossier concernant le nouveau stade de La Gantoise était
en suspens depuis déjà des années (pour ne pas dire des décennies), mais tout s’est accéléré en 2008. Paul Gheyssen,
directeur de Ghelamco, a alors signalé au bourgmestre gantois Daniël Termont autour d’une coupe de champagne lors
de la Waregem Koerse que sa société immobilière Ghelamco
avait déjà réalisé des projets de construction à Varsovie et en
Russie, mais n’avait encore jamais rien pu construire à Gand.
“Construisez donc notre stade”, avait répondu le bourgmestre
avec son aplomb bien connu. Le reste est désormais du passé.
55
“La première demande de permis a été introduite en 2008,” affirme Ruth Pollet, architecte du projet de stade œuvrant pour le
prestigieux cabinet d’architecture gantois Bontinck. Ruth Pollet
a suivi le projet dès la phase la plus précoce, et en a dessiné le
concept global.
Football et business
La construction du stade sur la Ottergemsesteenweg à proximité de l’échangeur entre le ring R4 et les autoroutes E17 et E4,
a commencé en 2011. Le stade couvre une superficie d’environ
75.000 m² et compte 20.000 places, une tribune totalement
continue ainsi qu’une façade vitrée ininterrompue sur les trois
à cinq étages. Mais le site de Ghelamco est bien plus qu’un
simple temple du football, il s’agit aussi d’un centre d’affaires.
Ghelamco y a en effet également construit deux immeubles
de bureaux et le stade de football est déjà en soi un centre
d’affaires, avec de larges possibilités de networking. Ruth Pollet:
“Dès le début, nous l’avions dit: un côté du stade sera totalement dédié au club de La Gantoise et à ses VIP. Avec aussi le
restaurant étoilé Horseele avec vue sur le terrain et pouvant accueillir 150 à 180 convives, qui auront aussi directement accès
à la tribune VIP. Et à côté de cela également un Executive Club
(75 places assises, à l’intérieur et à l’extérieur) ainsi que des
skyboxes pour un total de 264 personnes.”
Le cœur du stade
Le double hall d’accueil forme le cœur du stade. En bas, on
trouve le ticketing et un escalier mécanique qui donne accès
aux espaces VIP en haut, à commencer par le grand espace
d’accueil VIP. “Le problème à l’Ottenstadion (l’ancien stade de
La Gantoise qui a entre-temps été démoli; ndlr.),” selon Ruth
Pollet, “c’est qu’il y avait bel et bien des loges mais que les occupants des différentes loges ne pouvaient jamais se rencontrer. Alors que le networking constitue tout de même un peu
l’objectif des formules business dans le monde du football.
C’est pourquoi, au stade Ghelamco, nous avons opté pour un
grand espace d’accueil, dans lequel 1.500 personnes peuvent
prendre place. Avant le match, elles peuvent y prendre l’apéritif
puis aller y boire une bière après le match, ou visiter le bar à
gin-tonic. En semaine, cet espace sera par ailleurs également
utilisé pour des conférences et autres événements.”
Ballon de foot disséqué
Le design du hall d’accueil a été réalisé par la société de design
polonaise Massive Design, dirigée par l’architecte d’intérieur
Przemyslaw “Mac” Stopa. Début 2014, le concept a remporté
un award prestigieux du magazine new-yorkais Contract Design.
“Massive Design est une société avec laquelle Ghelamco collabore souvent en Pologne”, explique Ruth Pollet. “Le concept,
m’ont-ils expliqué, s’inspire d’un ballon de foot disséqué, avec
de l’éclairage blanc en partie supérieure et de l’éclairage RGT
bleu sur les panneaux. Un parachèvement pour lequel rien ne
devait être fixé au plafond proprement dit, afin que le visiteur
n’ait pas l’impression qu’il s’agit d’un espace moins haut.”
Deux couleurs
Les sols dans l’espace d’accueil en haut et en bas ont été revêtus de grands carreaux blancs. “Le choix de ces carreaux est en
POLYCARO
POLYCARO
56
© cayman.be
| CREATIVE CONCRETE
BEVERSESTRAAT 85 | B-8530 HARELBEKE | T +32 (0)56 65 34 34 | F +32 (0)56 65 34 32 | [email protected] | WWW.CERABOS.BE
57
fait survenu au dernier moment”, selon Jim Van Landuyt. “On
cherchait un produit de qualité très haut de gamme, qui devait
surtout aussi être très brillant et posséder une allure chic. Nous
avons utilisé deux couleurs: le noir et le blanc, afin d’accentuer
l’escalier mécanique menant à l’espace VIP avec deux lignes.
Un effet qui invite vraiment à se rendre en haut. Les carrelages s’intègrent parfaitement dans le concept de Stopa, mais le
choix du matériau proprement dit a été fait par le directeur de
Ghelamco, Paul Gheyssens, en compagnie de ses fils Michaël
et Simon.”
Carrelage de haute technicité
Le choix s’est porté sur le produit Micron 2.0, d’Imola
Ceramica, une actualisation parue en 2012 du classique en
céramique pleine masse de l’entreprise italienne bien connue. Kristof Tsjoen, Sales & marketing manager du fournisseur
Cerabos (le département céramique du grossiste BomarbreMarbralys d’Harelbeek) nous explique: “Il s’agit d’une évolution
importante au niveau des carreaux. Il s’agit d’un carreau céramique pleine masse produit sur une ligne continue en 120x120
cm et qui est ensuite découpé aux formats modulés après compression. Au niveau technique, il s’agit ici d’un des carreaux
présentant la résistance à l’usure et la solidité les plus élevées.
Vous n’avez également pas cet aspect flammé typique que l’on
retrouve parfois sur les carreaux ‘full body’ ou ‘double loading’,
mais ces carreaux sont disponibles dans une palette de couleurs douces contemporaines. Grâce à ses nombreux formats
et possibilités de finition, il s’agit d’un matériau très architectural, idéal pour le marché des collectivités.”
Jongler sur le marché des collectivités
Même si le marché des collectivités ne veut pas toujours en entendre parler. Choisir un tel carreau haut de gamme n’est pas
évident de nos jours, souligne Kristof Tsjoen. “Pour ce projet
ont été proposés des matériaux en tous genres totalement inappropriés pour une telle application. Sur le marché des collectivités, on voit par ailleurs de plus en plus souvent que l’on ne tient
plus du tout compte des aspects techniques des matériaux. En
effet, seul le prix compte.” Kristof Tsjoen est dès lors très content que le directeur de Ghelamco Paul Gheyssen ait personnellement pris la bonne décision (contraire à la tendance): “Nous
n’aurions également pas livré de matériaux inappropriés. Il s’agit
finalement ici d’un projet de référence prestigieux; de telle sorte
que vous ne pouvez pas y poser des matériaux qui n’y ont pas
leur place.” C’est typique de la manière dont Cerabos se positionne sur le marché: pas comme le fournisseur de matériaux
uniquement, mais comme fournisseur de “Project Solutions in
Ceramics”. Ce qui signifie aussi du soutien technique, réfléchir
avec le client, jusqu’à un point tel que le fournisseur finit par devenir un partenaire.
Opération monstre au niveau logistique
Ce qui fut davantage la norme qu’une exception sur le chantier de la Ghelamco Arena, affirme Jim Van Landuyt. “Les fournisseurs ont tous apporté leur pierre à l’édifice. Notamment
aussi quand on voit combien certaines décisions ont été prises
tardivement. Ce fut plus particulièrement le cas pour le choix
des carreaux, de telle sorte que Cerabos a dû prester sous très
haute pression entre le passage de la commande et la livraison
des matériaux. Ils ont presque réalisé des miracles. Car quand
vous êtes sur un tel chantier, et que vous y travaillez 7 jours sur
7 avec environ 1.000 hommes (rien que la logistique et le transport constituait déjà un job à temps plein pour le chef de projet, ndlr.) pas besoin de vous dire qu’il y a des matériaux qui
s’endommagent ou qui se perdent. Nous l’avons tous vécu. Ce
fut également le cas avec les carreaux: ceux-ci devaient être
prolongés jusqu’en haut de l’escalier. Un calcul très précis. Et
quand vous entendez que toute une palette sur mesure a été
endommagée, cela vous fait avaler de travers. Il vous faut alors
revenir très vite vers le fournisseur pour passer une commande
d’urgence.”
Réflexion sur le chantier
“En effet, les deux derniers mois ont été très chargés”, sourit
POLYCARO
POLYCARO
58
Kristof Tsjoen. “Quel projet monstre, également: rien que
lorsqu’on pense aux matériaux haut de gamme qu’ils souhaitaient, à la finition, et ce avec de tels délais...” Dans de
telles circonstances, le rôle du fournisseur peut consister à offrir des possibilités supplémentaires, insiste Kristof
Tsjoen, surtout quand vous prétendez fournir des solutions. “A un moment, il faut tout simplement se joindre à
la réflexion, examiner quelles solutions vous pouvez vousmême apporter: soulager une partie de la pression sur ces
gens. Nous avons toujours pu tout livrer rapidement; nous
n’étions également pas loin. Nous avons également constitué un stock tampon, parce que nous savions que ce serait
nécessaire. Nous avons estimé plusieurs références avec
une marge de sécurité, pour être certain de pouvoir les livrer. Nous avons aussi directement commencé à réaliser
les maquettes et avons, en temps utile, mis la pression nécessaire tant sur le fabricant que sur les sous-traitants.”
Des lignes de contact courtes
Cerabos peut se charger de tout le sur-mesure en interne,
insiste Kristof Tsjoen. “Sur les escaliers, les carreaux sont
normalement mis en œuvre à la verticale, mais ici il fallait les poser sous un angle spécifique, ce que nous avons
aussi pu encadrer avec des maquettes. Nous disposons de
nos propres ateliers, allons réaliser les métrés, possédons
notre propre service de pose pour le sur-mesure comme
les tablettes de lavabo en composite pour les sanitaires.
Nous utilisons aussi surtout des lignes de contact courtes.”
Cerabos peut entre-temps se targuer d’une jolie expérience
dans le segment des collectivités et est habitué à faire face
à des dossiers complexes. “Mais ici, nous avons vraiment
dû tout mettre en œuvre pour tout mener à bien au niveau
tant de la logistique que de la technique de production.
Nous avons repris une grande partie du travail des chefs de
projet, comme le calcul des quantités, la réalisation en onglet de l’escalier, etc.” La pose proprement dite des 2.500
m2 carreaux était terminée avant même d’avoir commencé:
“Les carreleurs ont réalisé cette tâche, aux deux étages, en
2 à 3 jours”, précise Jim Van Landuyt. “Alors que certains
déchargeaient les carreaux du camion, d’autres s’attelaient
déjà à les poser”, ajoute Kristof Tsjoen.
D’un vélo à une Porsche
L’effort a été plus que considérable au printemps et au
début de l’été 2013. Mais le bilan final est particulièrement
positif pour toutes les parties. “Sur base de cela, nous recevons de nombreuses demandes pour du carrelage Imola
Micron 2.0, que nous voyons aussi faire son apparition
dans d’autres projets”, selon Kristof Tsjoen. “Le fabricant,
Imola Ceramica, a également vu le projet et était aux anges.
En Italie également, on y accorde beaucoup d’attention.
Cette réalisation va faire le tour du monde.”
Ce projet procure également de la satisfaction à l’architecte
du projet Ruth Pollet: “Ce fut naturellement complexe, mais
il s’agit d’un très beau travail. Relever des défis en groupe
est toujours agréable. Et j’aime encore et toujours revenir
sur le site, même si certaines imperfections se remarquent,
comme pour chaque projet. Et pour le club aussi, il faut
s’habituer: avant il roulait en vélo, et maintenant il a une
Porsche. Il faut encore un peu chercher comment fonctionner dans le bâtiment. Mais cela viendra avec le temps.”
“Le nom de Ghelamco est maintenant bien ancré”, conclut
Jim Van Landuyt, “nous figurons non seulement sur la carte
de Belgique, mais aussi du monde entier. Car nous avons
encore récemment remporté le titre de ‘Plus beau stade
du monde 2013’. Et ce face à des concurrents du Brésil,
d’Afrique du Sud, d’Arabie Saoudite, etc. Souvent de très
beaux temples de football, de grands clubs.” Que doit-on
enfin penser des rumeurs faisant état de la participation de
Ghelamco à la construction de stades pour d’autres clubs
belges? Jim Van Landuyt: “c’est très possible.” L’avenir
vous le dira...