Chansons de France - Les amis de Georges

Transcription

Chansons de France - Les amis de Georges
1
z Douce France
C. Trenet (1943)
Il revient à ma mémoire
Des souvenirs familiers
Je revois ma blouse noire
Lorsque j’étais écolier
Sur le chemin de l’école
Je chantais à pleine voix
Des romances sans paroles
Vieilles chansons d’autrefois
Refrain
Douce France, cher pays de mon enfance
Bercée de tendre insouciance
Je t’ai gardée dans mon cœur
Mon village, au clocher aux maisons sages
Où les enfants de mon âge
Ont partagé mon bonheur
Oui je t’aime, et je te donn’ ce poème
Oui je t’aime, dans la joie ou la douleur
Douce France, cher pays de mon enfance
Bercée de tendre insouciance
Je t’ai gardée dans mon cœur
J’ai connu des paysages
Et des soleils merveilleux
Au cours de lointains voyages
Tout là-bas sous d’autres cieux
Mais combien je leur préfère
Mon ciel bleu, mon horizon
Ma grand’ route et ma rivière
Ma prairie et ma maison
z Les Comédiens
Par. J. Plante, mus. C. Aznavour (1962)
Refrain
Viens voir les comédiens
Voir les musiciens
Voir les magiciens
Qui arrivent
Viens voir les comédiens
Voir les musiciens
Voir les magiciens
Qui arrivent
1) Les comédiens ont installé leurs tréteaux
Ils ont dressé leur estrade
Et tendu des calicots
Les comédiens ont parcouru les faubourgs
Ils ont donné la parade
A grand renfort de tambour
Devant l’église une roulotte peinte en vert
Avec les chaises d’un théâtre à ciel ouvert
Et derrière eux comme un cortège en folie
Ils drainent tout le pays, les comédiens
2) Si vous voulez voir confondus les coquins
Dans une histoire un peu triste
Où tout s’arrange à la fin
Si vous aimez voir trembler les amoureux
Vous lamenter sur Baptiste
Ou rire avec les heureux
Poussez la toile et entrez donc vous installer
Sous les étoiles, le rideau va se lever
Quand les trois coups retentiront dans la nuit
Ils vont renaître à la vie, les comédiens
3) Les comédiens ont démonté leurs tréteaux
Ils ont ôté leur estrade
Et plié les calicots
Ils laisseront au fond du cœur de chacun
Un peu de la sérénade
Et du bonheur d’Arlequin
Demain matin quand le soleil va se lever
Ils seront loin, et nous croirons avoir rêvé
Mais pour l’instant, ils traversent dans la nuit
D’autres villages endormis, les comédiens
z La Varsovienne
Waclaw Swiecicki (1878)
1) En rangs serrés l’ennemi nous attaque
Autour de notre drapeau groupons-nous
Que nous importe la mort menaçante
Pour être forts soyons prêts à mourir
Mais le genre humain courbé sous la honte
Ne doit avoir qu’un seul étendard
Un seul mot d’ordre travail et justice
Fraternité de tous les ouvriers
O frères aux armes pour notre lutte
Pour la victoire de tous les travailleurs
Frères aux armes pour notre lutte
Pour la victoire de tous les travailleurs
2) Les profiteurs vautrés dans la richesse
Privent de pain l’ouvrier affamé
Ceux qui sont morts pour nos grandes idées
N’ont pas en vain combattu et péri
Contre les richards et les ploutocrates
Contre les rois contre les trônes pourris
Nous lancerons la vengeance puissante
Et nous serons à tout jamais victorieux
O frères aux armes pour notre lutte
Pour la victoire de tous les travailleurs
Frères aux armes pour notre lutte
Pour la victoire de tous les travailleurs
2
z La Complainte de Mandrin
Nous étions vingt ou trente
Brigands dans une bande
Tous habillés de blanc
A la mod’ des, vous m’entendez ?
Tous habillés de blanc
A la mod’ des marchands
La première volerie
Que je fis dans ma vie
C’est d’avoir goupillé
La bourse d’un, vous m’entendez ?
C’est d’avoir goupillé
La bourse d’un curé
J’entrai dedans la chambre
Mon dieu qu’elle était grande !
J’y trouvai mille écus
Je mis la main, vous m’entendez ?
J’y trouvai mille écus
Je mis la main dessus
J’entrai dedans une autre
Mon dieu qu’elle était haute !
De rob’s et de manteaux
J’en chargeai trois, vous m’entendez ?
De rob’s et de manteaux
J’en chargeai trois chariots
Je les portai pour vendre
A la foire en Hollande
Les vendis bon marché
Ne m’avaient rien, vous m’entendez ?
Les vendis bon marché
Ne m’avaient rien coûté
Ces Messieurs de Grenoble
Avec leurs longues robes
Et leurs bonnets carrés
M’eurent bientôt, vous m’entendez ?
Et leurs bonnets carrés
M’eurent bientôt jugés
Ils m’ont jugé à pendre
Ah ! c’est dur à entendre
A pendre et étrangler
Sur la place du, vous m’entendez ?
A pendre et étrangler
Sur la place du marché
Monté sur la potence
Je regardai la France
J’y vis mes compagnons
A l’ombre d’un, vous m’entendez ?
J’y vis mes compagnons
A l’ombre d’un buisson
« Compagnons de misère
Allez dire à ma mère
Qu’ell’ ne m’ reverra plus
J’ suis un enfant, vous m’entendez ?
Qu’ell’ ne m’ reverra plus
J’ suis un enfant perdu »
z La Java [de Mistinguett]
Par. A. Villemetz et Jacques-Charles
Mus. M. Yvain (1922)
Quand arrive le sam’di
Sans fout’ de vernis
Ni fair’ de toilette
Nous partons au galop
Avec mon costaud
Dans un bal musette
Où nous nous retrouvons
Rien qu’entre mec’tons
Et vraies gigolettes
Deux par deux on tourn’ on tourn’ et on
Fredonne au son de l’accordéon
Refrain
Qu’est-ce qui dégot’ le fox-trot
Et même le shimmy
Les pas english, la scottish
Et tout c’ qui s’ensuit
C’est la java, la vieill’ mazurka
Du vieux Sébasto
J’ suis ta Méness’, Je suis ta gonzess’
Tu es mon Julot
Tout contre moi, serre-moi
Bien fort dans tes bras
Je te suivrai, je ferai
Ce que tu voudras
Quand tu me prends
Dans mon cœur je sens comme un vertigo
J’aim’ ta casquett’, tes deux rouflaquett’s
Et ton bout d’ mégot
Mais boul’vard Saint-Germain
Les gens du gratin
Ils n’ont pas d’ principes
Dès que les purotins
Ont quelqu’ chos’ de bien
Il faut qu’ils leur chipent
A présent les mondains
Essay’nt mais en vain
De copier nos types
Et les poul’s de lux’ dans les salons
Chant’nt en se pâmant à leurs mich’tons
3
z Tout ça n’ vaut pas l’amour
z Y’a d’ la joie
Par. F. Perpignan, mus. Trebitsch (1922)
Par. C. Trenet, mus. C. Trenet et M. Emer (1937)
1) J’ viens d’épouser
L’tambour major d’ la tromp’ de Vienne
Un beau garçon
Fier comme un roi doux comm’ la crème
Eh bien figurez-vous
D’puis qu’il est mon époux
Je vois combien
Oh oui combien l’amour est doux
Aussi maint’nant
Il n’est plus rien qui m’asticote,
Ni le ciel bleu,
Les p’tits oiseaux ni les banknotes
Quand on m’ parl’ du printemps,
De plaisirs excitants
En riant gaiement je réponds simplement
1) Y’a d’ la joie
Bonjour, bonjour les hirondelles
Y’a d’ la joie
Dans le ciel par-dessus le toit
Y’a d’ la joie
Et du soleil dans les ruelles
Y’a d’ la joie, partout, y’a d’ la joie
Tout le jour, mon cœur bat, chavire et chancelle
C’est l’amour qui vient avec je ne sais quoi
C’est l’amour, bonjour, bonjour, les demoiselles
Y’a d’ la joie, partout, y’a d’ la joie
Tout ça n’ vaut pas l’amour
La belle amour, la vraie amour
L’amour qui vous enchante quand le cœur
Vous chante, la nuit et le jour
Tout ça n’ vaut pas l’amour
Les p’tits bécots
Qu’on met autour
Voilà pourquoi je chante toujours
L’amour, l’amour, l’amour
2) J’aime les fleurs,
Les di-amants et la toilette
Tout ce qui fait enfin la joie
D’une coquette
J’aime avoir sur le Pô
Un p’tit appartement
Et tout c’ qu’il faut
Pour vivre confortablement
Aussi j’ vous l’ dis
Sans peur qu’on me ridiculise
Je donn’rais tout,
Oui j’ donn’rais tout jusqu’à ma ch’mise
Car tous ces beaux joujoux,
Les fleurs et les bijoux
Le mobilier, les bracelets, les colliers
Tout ça n’ vaut pas l’amour
La belle amour, la vraie amour
L’amour qui fait revivre et qui vous
Enivre encore et toujours
Tout ça n’ vaut pas l’amour
Les p’tits bécots
Qu’on met autour
Voilà pourquoi je chante toujours
L’amour, l’amour, l’amour
Le gris boulanger bat la pâte à pleins bras
Il fait du bon pain, du pain si fin que j’ai faim
On voit le facteur qui s’envole là-bas,
Comme un ange bleu portant ses lettr’s au Bon Dieu
Miracle sans nom, à la station Javel,
On voit le métro qui sort de son tunnel,
Grisé de soleil, de chansons et de fleurs
Il court vers le bois, il court à tout’ vapeur
2) Y’a d’ la joie
La tour Eiffel part en balade
Comme un’ folle
Elle saute la Seine à pieds joints
Puis ell’ dit : "Tant pis pour moi si j’ suis malade,
J’ m’embêtais, tout’ seule, dans mon coin"
Y’a d’ la joie, le percepteur met sa jaquette,
Plie boutique, et dit d’un air très doux, très doux
« Bien l’ bonjour, pour aujourd’hui finie la quête,
Gardez tout, messieurs, gardez tout »
Mais voilà qu’ soudain, je m’éveille dans mon lit,
Donc j’avais rêvé, oui car le ciel est gris
Il faut se lever, se laver, se vêtir,
Et ne plus chanter si l’on n’a plus rien à dire
Mais je crois pourtant que ce rêve a du bon
Car il m’a permis de faire une chanson
Chanson de printemps, chansonnette d’amour
Chanson de vingt ans, chanson de toujours
3) Y’a d’ la joie
Bonjour, bonjour les hirondelles
Y’a d’ la joie
Dans le ciel par-dessus le toit
Y’a d’ la joie
Et du soleil dans les ruelles
Y’a d’ la joie, partout, y’a d’ la... ah ! ah ! ah !
Tout le jour, mon cœur bat, chavire et chancelle
C’est l’amour qui vient avec je ne sais quoi
C’est l’amour, bonjour, bonjour, les demoiselles
Y’a d’ la joie, partout, y’a d’ la joie
4
z Comm’ de bien entendu
Par. J. Boyer, mus. G. van Parys (1939)
Comm’ de bien entendu
Il se contenta d’ lui foutr’ le pied au cul
Comm’ de bien entendu
Introduction
Voici, contée sur un’ valse musette
L’histoire en quelques mots
Du beau roman d’une jeun’ midinette
Et d’un p’tit parigot
Tous les refrains d’amour sont un peu bêtes
Celui-là l’est aussi
Mais si vous r’prenez en chœur
Ma chansonnette
Je vous dirai : Merci !
6) Et, depuis l’on raconte
Comm’ de bien entendu
Qu’il y trouve son compte
Comm’ de bien entendu
Et, quand chez lui on monte
Comm’ de bien entendu
Il s’en va faire un p’tit tour au PMU
Comm’ de bien entendu
1) Elle était jeune et belle
Comm’ de bien entendu
Il eut l’ béguin pour elle
Comm’ de bien entendu
Elle était demoiselle
Comm’ de bien entendu
Il se débrouilla pour qu’elle ne le soit plus
Comm’ de bien entendu
2) Ils se mir’nt en ménage
Comm’ de bien entendu
Elle avait du courage
Comm’ de bien entendu
Il était au chômage
Comm’ de bien entendu
Ça lui f’sait déjà un joli p’tit rev’nu
Comm’ de bien entendu
3) Voulant faire un’ folie
Comm’ de bien entendu
Il offrit à sa mie
Comm’ de bien entendu
Un billet de lot’rie
Comm’ de bien entendu
Ça lui fit jamais que cent balles de perdues
Comm’ de bien entendu
4) Mais il se mit à boire
Comm’ de bien entendu
Ell’ ne fit pas d’histoires
Comm’ de bien entendu
Mais pour pas être une poire
Comm’ de bien entendu
Ell’ se consola en le faisant cocu
Comm’ de bien entendu
5) Il la trouva mauvaise
Comm’ de bien entendu
Mais elle ram’nait du pèze
Comm’ de bien entendu
Au lieu d’ ram’ner sa fraise
z C’est lui qu’ mon cœur a choisi
Par. R. Asso, mus. M. d’Yresne (1939)
1) Je m’ rappell’ plus comment
On s’était rencontrés
Je n’ sais plus si c’est lui
Qu’a parlé le premier
Ou bien si c’était moi
Qu’avais fait les avances
Ça n’a pas d’importance
Tout c’ que j’ veux me rapp’ler :
Refrain
C’est lui qu’ mon cœur a choisi
Et quand il m’ tient contre lui
Dans ses yeux caressants
Je vois l’ ciel qui fout l’ camp
C’est bon... c’est épatant
Il a pas besoin d’ parler
Il a rien qu’à m’ regarder
Et j’ suis à sa merci
Je n’ peux rien contre lui
Car mon cœur l’a choisi
2) Je n’ sais pas s’il est riche
Ou s’il a des défauts
Mais d’ l’aimer comm’ je l’aime
Un homme est toujours beau
Et quand on va danser
Qu’il pose sur mes hanches
Ses belles mains si blanches
Ça m’ fait froid dans le dos
3) J’ sais pas c’ qui m’arriv’ra
Si ça dur’ pas longtemps
Mais j’ me fich’ du plus tard
J’ veux penser qu’au présent
En tout cas il m’a dit
Qu’il m’aim’rait tout’ la vi-e
C’que la vie sera joli-e
S’il m’ai-me pour tout l’ temps
5
z L’Accordéoniste
M. Emer (1942)
1) La fill’ de joie est belle
Au coin d’ la rue Labat
Elle a un’ clientèle
Qui lui remplit son bas
Quand son boulot s’achève
Ell’ s’en va à son tour
Chercher un peu de rêve
Dans un bal du faubourg
Son homme est un artiste
C’est un drôl’ de p’tit gars
Un accordéoniste
Qui sait jouer la java
Elle écout’ la java
Mais ell’ ne la dans’ pas
Ell’ ne regarde mêm’ pas la piste
Mais ses yeux amoureux
Suivent le jeu nerveux
Et les doigts secs et longs de l’artiste
Ça lui rentr’ dans la peau
Par le bas, par le haut
Elle a envie d’ chanter, c’est physique
Tout son être est tendu
Son souffle est suspendu
C’est une vraie tordue d’ la musique
2) La fill’ de joie est triste
Au coin d’ la rue là-bas
Son accordéoniste
Il est parti soldat
Quand il r’viendra d’ la guerre
Ils prendront un’ maison
Ell’ sera la caissière
Et lui sera l’ patron
Que la vie sera belle
Ils s’ront de vrais pachas
Et tous les soirs pour elle
Il jouera la java
Elle écoute la java
Qu’ell’ fredonne tout bas
Ell’ revoit son accordéoniste
Et ses yeux amoureux
Suivent le jeu nerveux
Et les doigts secs et longs de l’artiste
Ça lui rentr’ dans la peau
Par le bas, par le haut
Elle a envie d’ pleurer, c’est physique
Tout son être est tendu
Son souffle est suspendu
C’est une vraie tordue d’ la musique
3) La fill’ de joie est seule
Au coin d’ la rue là-bas
Les fill’s lui font la gueule
Les hommes n’en veul’nt pas !
Et tant pis si ell’ crève
Son homm’ ne r’viendra plus
Adieu tous les beaux rêves
Sa vie, elle est foutue
Pourtant ses jambes tristes
L’entraînent au boui-boui
Où y’a un autre artiste
Qui joue toute la nuit
Elle écout’ la java... [accordéon]
Elle entend la java... [accordéon]
Elle a fermé les yeux... [accordéon]
Les doigts secs et nerveux... [accordéon]
Ça lui rentr’ dans la peau
Par le bas, par le haut
Elle a envie d’ gueuler, c’est physique
Alors pour oublier
Ell’ s’est mise à danser
A tourner au son de la musique
[accordéon]
Arrêtez !
Arrêtez la musique !
z Ballade irlandaise
Par. E. Marnay, Mus. E. Stern (1958)
Un oranger sur le sol irlandais
On ne le verra jamais
Un jour de neige embaumé de lilas
Jamais on ne le verra
Qu’est-ce que ça peut faire (bis)
Tu dors auprès de moi
Près de la rivière
Où notre chaumière
Bat comme un cœur plein de joie
Un oranger sur le sol irlandais
On ne le verra jamais
Mais dans mes bras
Quelqu’un d’autre que toi
Jamais on ne le verra
Qu’est-ce que ça peut faire (bis)
Tu dors auprès de moi
L’eau de la rivière
Fleure la bruyère
Et ton sommeil est à moi
Un oranger sur le sol irlandais
On ne le verra jamais
Un jour de neige embaumé de lilas
Jamais on ne le verra
Qu’est-ce que ça peut faire (bis)
Toi, mon enfant, tu es là
6
z Non, je ne regrette rien
Par. M. Vaucaire, mus. Ch. Dumont (1961)
Non, rien de rien
Non, je ne regrette rien
Ni le bien qu’on m’a fait, ni le mal,
Tout ça m’est bien égal
Non, rien de rien
Non, je ne regrette rien
C’est payé, balayé, oublié
Je me fous du passé
Avec mes souvenirs
J’ai allumé le feu
Mes chagrins, mes plaisirs
Je n’ai plus besoin d’eux
Balayées les amours
Avec leurs trémolos
Balayées pour toujours
Je repars à zéro
Non, rien de rien
Non, je ne regrette rien
Ni le bien qu’on m’a fait, ni le mal,
Tout ça m’est bien égal
Non, rien de rien
Non, je ne regrette rien
Car ma vie, car mes joies, aujourd’hui
Ça commence avec toi !
z Besame Mucho
Par. esp. C. Velasquez, Par. fr. F. Blanche, mus. C.
Velasquez (1941)
« Besame, besame mucho »
Dis-toi que c’est la prière qu’au vent j’ai confiée
Dis-toi que c’est le désir éternel
Qui s’envole vers toi que j’appelle
Les yeux ouverts dans la nuit,
Malgré l’heure qui fuit
Quand tout bas je te dis
« Besame, besame mucho »
Si je reviens mon amour, le bonheur va chanter
« Besame, besame mucho »
Et sa chanson n’aura plus qu’un seul mot :
aimer
3) Besame, besame mucho
Como si fuer’esta noche la ultima vez
Besame, besame mucho
Que tengo miedo perderte perdert’ otra vez
Quiero tenerte muy cerca mirar mi’en tus
Ojos verte junto’a mi
Piensa que tal vez mañana
Yo y’esta re lejos muy lejos de ti
Besame, besame mucho
Como si fuer’esta noche la ultima vez
Besame, besame mucho
Que tengo miedo perderte perderte amor
z Chevaliers de la Table ronde
1. Chevaliers de la Table ronde
Goûtons voir si ce vin est bon (bis)
Goûtons voir, oui oui oui
Goûtons voir, non non non
Goûtons voir si ce vin est bon (bis)
1) Besame, besame mucho
Embrasse-moi mon amour que je puisse oublier
Besame, puisqu’on se quitte
Tous les regrets d’un bonheur fait de tant de
baisers
Oui, je sais bien qu’un beau jour on revient,
Mais j’hésite, ce jour est si loin
N’y croyons pas, disons-nous toi et moi
Qu’on se voit pour la dernière fois
Besame, besame mucho
Embrasse-moi mon amour que je puisse oublier
Oublier le temps en fuite
Et ma chanson n’aura plus qu’un seul mot :
aimer
2. S’il est bon, s’il est agréable
J’en boirai jusqu’à mon plaisir
2) « Besame, besame mucho »
Si tu entends ce refrain des pays où je vais
7. Sur ma tombe je veux qu’on inscrive
« Ici gît le roi des buveurs »
3. J’en boirai cinq à six bouteilles
Une fille sur mes genoux
4. Si je meurs, je veux qu’on m’enterre
Dans une cave où il y a du bon vin
5. Les deux pieds contre la muraille
Et la têt’ sous le robinet
6. Et les quatre plus grands ivrognes
Porteront les quatr’ coins du drap
7
z La Java bleue
z La Complainte de la Butte
Par. G. Koger et N. Renard, mus. V. Scotto (1938)
Par. J. Renoir, mus. G. van Parys (1954)
Il est au bal musette
un air rempli de douceur
Qui fait tourner les têtes
Qui fait chavirer les cœurs
Tandis qu’on glisse à petits pas
Serrant celui qu’on aime dans ses bras
Tout bas l’on dit dans un frisson
En écoutant jouer l’accordé-on
Introduction
En haut de la rue Saint-Vincent,
Un poète et une inconnue,
S’aimèr’nt l’espace d’un instant
Mais il ne l’a jamais revue
Cette chanson, il composa,
Espérant que son inconnue
Un matin d’ printemps l’entendra
Quelque part au coin d’une rue
Refrain
C’est la java bleue, la java la plus belle
Celle qui ensorcelle,
Et que l’on danse les yeux dans les yeux
Au rythme joyeux
Quand les cœurs se confondent
Comme elle au monde il n’y en a pas deux
C’est la java bleue
Chérie, sous ton étreinte,
Je veux te serrer plus fort
Pour mieux garder l’empreinte
Et la chaleur de ton corps
Que de promesses, que de serments
On se fait dans la folie d’un moment
Mais ces serments remplis d’amour
On sait qu’on ne les tiendra pas toujours
1) La lune trop blême
Pose un diadème
Sur tes cheveux roux
La lune trop rousse
De gloire éclabousse
Ton jupon plein d’ trous
La lune trop pâle
Caresse l’opale
De tes yeux blasés
Princess’ de la rue
Sois la bienvenue
Dans mon cœur blessé
Refrain
Les escaliers de la Butte
Sont durs aux miséreux
Les ailes des moulins
Protègent les amoureux
z Heure exquise
Franz Léhar (1909)
Refrain
Heure exquise qui nous grise, lentement
La caresse, la promesse, du moment !
L’ineffable étreinte de nos désirs fous
Tout dit : gardez-moi puisque je suis à vous
Sanglots profonds et longs
Des tendres vi-olons
Mon cœur chante avec vous
Ah casse-cœur, ah casse-cou
Brebis prends bien garde au loup
Le gazon glisse et l’air est doux
Et la brebis vous dit : je t’aime, loup !
Refrain
Heure exquise qui nous grise, lentement
La caresse, la promesse, du moment !
L’ineffable étreinte de nos désirs fous
Tout dit : gardez-moi puisque je suis à vous
2) Petit’ mendigote
Je sens ta menotte
Qui cherche ma main
Je sens ta poitrine
Et ta taille fine
J’oublie mon chagrin
Je sens sur tes lèvres
Une odeur de fièvre
De goss’ mal nourrie
Et sous ta caresse
Je sens une ivresse
Qui m’anéantit
3) Mais voilà qu’il flotte
La lune se trotte
La princesse aussi
Sous le ciel sans lune
Je pleure à la brune
Mon rêve évanoui
8
z Mademoiselle de Paris
z T’as pas, t’as pas tout dit
Par. H. Contet, Mus. P. Durand (1948)
B. Lapointe (1975)
1) On l’appell’ Mad’moisell’ de Paris
Et sa vie c’est un p’tit peu la nô-tre
Son royaum’ c’est la rue d’ Rivoli
Son destin c’est d’habiller les au-tres
On dit qu’elle est petite main
Et s’il est vrai qu’elle n’est pas gran-de
Que de bouquets et de guirlan-des
A-t-elle semés sur nos chemins
Di da di dou dan ding dang dang
Di da di dou dan ding dang dang
Ell’ chante un air de son faubourg
Ell’ rêve à des serments d’amour
Ell’ pleure et plus souvent qu’à son tour
Mad’moisell’ de Paris
Ell’ donn’ tout le talent qu’elle a
Pour faire un bal à l’Opéra
Et file à la porte des Lilas
Mad’moisell’ de Paris
Il fait beau et là-haut
Ell’ va coudre un cœur à son manteau
2) Mais le cœur d’une enfant de Paris
C’est pareil aux bouquets de Violette
On l’attache au corsage un sam’di
Le dimanche on le perd à la fête
Adieu guinguette, adieu garçon
La voilà seule avec sa peine
Et recommence la semaine
Et recommence la chanson
Ell’ chante un air de son faubourg
Ell’ rêve à des serments d’amour
Ell’ pleure et plus souvent qu’à son tour
Mad’moisell’ de Paris
Ell’ donne un peu de ses vingt ans
Pour faire un’ collection d’ printemps
Et seul’ s’en va rêver sur un banc
Mad’moisell’ de Paris
Trois p’tits tours, un bonjour
Elle oublie qu’elle a pleuré d’amour
Ell’ chante et son cœur est heureux
Ell’ rêve et son rêve est tout bleu
Ell’ pleur’ mais ça n’est pas bien sérieux
Mad’moiselle de Paris
Ell’ vole à petits pas pressés
Ell’ court vers les Champs-Elysées
Et donne un peu de son déjeuner
Aux moineaux des Tuil’ries
Ell’ fredonne, ell’ sourit
Et voilà Mad’moisell’ de Paris
Refrain
T’as pas, t’as pas, t’as pas tout dit
T’as pas tout dit à ta Doudou
T’as des doutes et t’y dis pas tout
Et qui c’est qui l’a dans l’ dos
Toi !
T’as pas, t’as pas, t’as pas tout dit
T’as pas tout dit à ta doudou
T’as des doutes et t’y dis pas tout
Et c’est toi qui l’a dans l’ dos,
Han !
1) T’y as dit : "Je bouff’ rien que du caviar
C’est des petits œufs, j’ les mange à la coque
Je les fous en l’air quand ils sont trop noirs
Et j’en achète d’aut’"
Ben !
Si t’avais été moins vantard
T’aurais dit : "Je bouff’ que des pommes de
terre
Et le soir s’il fait du vent tard
Je prends un bol d’air"
Han !
2) T’y as dit : "Mon papa l’est riche
Il a des dents d’or, il met des cravates
Ma maman met des plum’s d’autriche
Et s’épil’ les patt’s"
Ben !
Si t’avais été plus modeste
T’aurais dit qu’ ta mère elle est modiste
Et que ton papa l’empeste
Parce qu’il est lampiste
Han !
3) T’y as dit : "J’ai une maison
Tapissée partout, mêm’ dans les toilettes
Avec la télévision
Montée sur roulettes"
Ben !
Si t’avais été plus honnête
Sans dire, des sornett’s sur ta maisonnette
Elle aurait sonné ta sonnette
Pour t’offrir son aide
Han !
Pour finir :
Di da di dou dan ding dang dang
Di da di dou dan ding dang dang
9
z Padam… Padam…
z Le Petit cordonnier
Par. H. Contet, mus N. Glanzberg (1951)
Par. F. Lemarque, adapt. mus. Revil (1953)
1) Cet air qui m’obsèd’ jour et nuit
Cet air n’est pas né d’aujourd’hui
Il vient d’aussi loin que je viens
Traîné par cent mill’ musiciens
Un jour cet air me rendra folle
Cent fois j’ai voulu dir’ pourquoi
Mais il m’a coupé la parole
Il parle toujours avant moi
Et sa voix couvre ma voix
Un petit cordonnier, qui voulait aller danser
Avait fabriqué des petits souliers
Une belle est entrée, qui voulait les acheter
Mais le cordonnier lui a déclaré
Ils seront à vous sans qu’ils vous coût’nt un sou
Mais il vous faudra danser avec moi
Ils seront à vous sans qu’ils vous coût’nt un sou
Mais il vous faudra danser avec moi
Padam… Padam… Padam…
Il arrive en courant derrièr’ moi
Padam… Padam… Padam…
Il me fait le coup du « souviens-toi »
Padam… Padam… Padam…
C’est un air qui me montre du doigt
Et je traîne après moi
Comme un’ drôle d’erreur
Cet air qui sait tout par cœur
2) Il dit : « Rappell’-toi tes amours
Rappell’-toi puisque c’est ton tour
Y a pas d’ raison pour qu’ tu n’ pleur’s pas
Avec tes souv’nirs sur les bras »
Et moi, je revois ce qui reste
Mes vingt ans font battre tambour
Je vois s’entrebattre des gestes
Tout’ la comédie des amours
Sur cet air qui va toujours
Padam… Padam… Padam…
Des « Je t’aim’ » de quatorze Juillet
Padam… Padam… Padam…
Des « toujours » qu’on achète au rabais
Padam… Padam… Padam…
Des « veux-tu », en voilà par paquet
Et tout ça pour tomber
Juste au coin d’ la rue
Sur l’air qui m’a reconnue
[Padam… Padam… Padam…]
Ecoutez le chahut qu’il me fait
[Padam… Padam… Padam…]
Comm’ si tout mon passé défilait
Padam… Padam… Padam…
Faut garder du chagrin pour après
J’en ai tout un solfèg’
Sur cet air qui bat
Qui bat, comme un cœur de bois
Petit cordonnier t’es bête, bête
Qu’est-c’ que t’as donc dans la tête, tête
Crois-tu que l’amour s’achète, chète
Avec un’ pair’ de souliers ?
Mais la belle accepta, elle emporta sous son
bras
Les petits souliers, pour aller danser
Cordonnier tout réjoui, a mis ses plus beaux
habits
Et s’est pomponné pour la retrouver
Mais hélas quand il voulut la fair’ danser
Elle lui rit au nez d’un p’tit air futé
Mais hélas quand il voulut la fair’ danser
Elle lui rit au nez d’un p’tit air futé
Petit cordonnier t’es bête, bête
Qu’est-c’ que t’as donc dans la tête, tête
Crois-tu que mon cœur s’achète, chète
Avec un’ pair’ de souliers ?
Mais à peine la belle avait-elle fait trois pas
Que ses p’tits souliers fur’nt ensorcelés
Ell’ se mit à tourner, comme un’ toupie déréglée
Et les musiciens n’y comprenaient rien
Ell’ tourna, tourna jusqu’au petit matin
Et tout épuisée se mit à pleurer
Ell’ tourna, tourna jusqu’au petit matin
Et tout épuisée se mit à pleurer
Petit cordonnier arrête, rête
Je me sens tourner la tête, tête
Tu ne dois pas être bête, bête
Pour m’avoir ensorcelée
Petit cordonnier arrête, rête
Que ta volonté soit faite, faite
Tout’ la vie le cœur en fête, fête
Dans tes bras je veux danser
10
z La Valse brune
Par. G. Villard, mus. G. Krier (1909)
1) Ils ne sont pas des gens à valse lente
Les beaux rôdeurs qui glissent dans la nuit
Ils lui préfèrent la valse entraînante
Souple et rapide, où l’on tourne sans bruit
Silencieux ils enlacent leurs belles
Mêlant la cotte avec le cotillon
Légers, légers, ils partent avec elles
Dans un gai tourbillon
Refrain
C’est la valse brune des chevaliers de la lune
Que la lumière importune
Et qui recherchent un coin noir
C’est la valse brune des chevaliers de la lune
Chacun avec sa chacune la danse le soir
Que l’ jeune homm’ à la main tenait
négligemment
3) En voyant l’émoi d’ la d’moiselle
Il s’approcha un p’tit peu d’elle
Et comm’ en chaque homm’ tout de suite
S’éveill’ le démon qui l’habite
Le jeune homm’ lui sortit sa... carte
Et lui dit j’ m’appelle Jules et j’habite rue
Descartes
4) L’ métro continue son voyage
Ell’ se dit c’ jeune homme n’est pas sage
Je sens quelque chos’ de pointu
Qui d’un air ferme et convaincu
Cherche à pénétrer dans mon... cœur
Ah qu’il est doux d’aimer, quel frisson de
bonheur
2) Ils ne sont pas tendres pour leurs épouses
Et quand il faut, savent les corriger,
Un seul soupçon de leurs âmes jalouses
Et les rôdeurs sont prêts à se venger
Tandis qu’ils font à Berthe, à Léonore,
Un madrigal en vers de leur façon
Un brave agent de son talon sonore
Souligne la chanson
5) Ainsi à Paris quand on s’aime
On peut se le dir’ sans problème
Peu importe le véhicule
N’ayons pas peur du ridicule
Dit’s lui simplement je t’en... prie
Viens donc à la maison manger des spaghetti
3) Quand à la nuit le rôdeur part en chasse
Et qu’à la gorge il saisit un passant
Les bons amis pour que tout bruit s’efface
Non loin de lui chantent en s’enlaçant
Tandis qu’il pille un logis magnifique
Ou d’un combat qu’il sait sortir vainqueur
Les bons bourgeois, grisés par la musique,
Murmurent tous en chœur
Par. E. Piaf, mus. Louiguy (1946)
z La jeune fille du métro
(Idylle souterraine, L. Henneve et G. Gabaroche
1933, dernier couplet Renaud)
1) C’était un’ jeune fille simple et bonne
Qui demandait rien à personne
Un soir dans l’ métro y’avait presse
Un jeune homm’ osa je l’ confesse
Lui passer la main sur les... ch’veux
Comme elle était gentille ell’ s’approcha un peu
2) Mais comme ell’ craignait pour ses robes
A ses attaques ell’ se dérobe
Sentant quelqu’ chos’ qui la chatouille
Derrièr’ son dos ell’ tripatouille
Et tomb’ sur une bell’ pair’ de... gants
z La Vie en rose
1) Des yeux qui font baisser les miens
Un rir’ qui se perd sur sa bouch’
Voilà le portrait sans retouch’
De l’homme auquel j’appartiens
Refrain
Quand il me prend dans ses bras
Il me parle tout bas
Je vois la vie en rose
Il me dit des mots d’amour
Des mots de tous les jours
Et ça m’ fait quelque chose
Il est entré dans mon cœur
Une part de bonheur
Dont je connais la cause
C’est lui par moi,
Moi par lui, dans la vie
Il me l’a dit, l’a juré pour la vie
Et dès que je l’aperçois
Alors je sens en moi
Mon cœur qui bat
2) Des nuits d’amour à en mourir
Un grand bonheur qui prend sa place
Les ennuis les chagrins s’effacent
Heureux, heureux pour mon plaisir
11
z Coin de rue
C. Trenet (1954)
1) Je m’ souviens d’un coin de rue
Aujourd’hui disparu
Mon enfance jouait par là
Je m’ souviens de cela
Il y avait une palissad’
Un taillis d’embuscad’s
Les voyous de mon quartier
Venaient s’y batailler
A présent il y a un café
Un comptoir flambant qui fait d’ l’effet
Une fleuris-te qui vend ses fleurs aux amants
Et mêm’ aux enterrements
Ce doux refrain de nos faubourgs
Parle si gentiment d’amour
Que tout le monde en est épris
C’est la romance de Paris
Que tout le monde en est épris
C’est la romance de Paris
La banlieue était leur vrai domaine
Ils partaient à la fin d’ la semaine
Dans les bois pour cueillir le muguet
Ou sur un bateau pour naviguer
Ils buvaient aussi dans les guinguettes
Le vin blanc qui fait tourner la tête
Et quand ils se donnaient un baiser, oui
Tous les couples en dansant se disaient
2) Je revois mon coin de rue
Aujourd’hui disparu
Je m’ souviens d’un triste soir
Où le cœur sans espoir
Je pleurais en attendant
Un amour de quinze ans
Un amour qui fut perdu
Juste à ce coin de rue
Et depuis j’ai beaucoup voyagé
Trop souvent en pays étrangers
Mondes neufs, constructions et démolitions
Vous m’ donnez des visions
C’est ici que s’arrêt’ mon histoire
Aurez-vous de la peine à me croire
Si je vous dis qu’ils s’aimèr’nt chaque jour
Qu’ils vieillir’nt avec leur tendre amour
Qu’ils fondèr’nt un’ famille admirable
Et qu’ils eur’nt des enfants adorables
Qu’ils mourur’nt gentiment, inconnus, oui
En partant comme ils étaient venus
3) Je crois voir mon coin de rue
Et soudain apparus
Je revois ma palissad’
Mes copains, mes glissad’s
Mon muguet d’ deux sous d’ printemps
Mes quinze ans, mes vingt ans
Tout c’ qui fut et qui n’est plus
Tout mon vieux coin de rue
Refrain
Où sont tous mes amants
Tous ceux qui m’aimaient tant
Jadis, quand j’étais belle
Adieu les infidèles
Ils sont je ne sais où, à d’autres rendez-vous
Moi, mon cœur n’a pas vieilli pourtant
Où sont tous mes amants
z La Romance de Paris
C. Trenet (1941)
Ils s’aimaient depuis deux jours à peine
Y a parfois du bonheur dans la peine
Mais depuis qu’ils étaient amoureux
Leur destin n’était plus malheureux
Ils vivaient avec un rêve étrange
Et ce rêve était bleu comm’ les anges
Leur amour était un vrai printemps, oui !
Aussi pur que leurs tendres vingt ans
Refrain
C’est la romance de Paris
Au coin des rues elle fleurit
Ça met au cœur des amoureux
Un peu de rêve et de ciel bleu
z Où sont tous mes amants
Par. M. Vandair, mus. Charlys (1935)
1) Dans la tristesse et la nuit qui revient
Je reste seule, isolée, sans soutien
Sans nulle entrave, mais sans amour
Comme une épave, mon cœur est lourd
Moi qui jadis ai connu le bonheur
Les soirs de fête et les adorateurs
Je suis esclave des souvenirs
Et cela me fait souffrir
2) La nuit s’achève et quand vient le matin
La rosée pleure avec tous mes chagrins
Toux ceux que j’aime, qui m’ont aimée,
Dans le jour blême sont effacés
Je vois passer du brouillard sur mes yeux
Tous ces pantins que je vois ce sont eux
Luttant quand même, suprême effort,
Je crois les étreindre encore
12
z Le Temps des cerises
Par. J.-B. Clément (1866), mus. A. Renard (1868)
Quand nous chanterons le temps des cerises
Et gais rossignols, et merles moqueurs
Seront tous en fête
Les belles auront la folie en tête
Et les amoureux du soleil au cœur
Quand nous chanterons le temps des cerises
Sifflera bien mieux le merle moqueur
Mais il est bien court le temps des cerises
Où l’on s’en va deux cueillir en rêvant
Des pendants d’oreille
Cerises d’amour aux roses pareilles
Tombant sous la feuille en gouttes de sang
Mais il est bien court le temps des cerises
Pendants de corail qu’on cueille en rêvant
Pour vous, grands de la terre
Et nous, pauvres canuts,
Sans drap on nous enterre
C’est nous les canuts
Nous sommes tout nus
Mais notre règne arrivera
Quand votre règne finira
Mais notre règne arrivera
Quand votre règne finira
Nous tisserons
Le linceul du vieux monde
Car on entend déjà
La tempête qui gronde
C’est nous les canuts
Nous n’irons plus nus
z La Marseillaise
Quand vous en serez au temps des cerises
Si vous avez peur des chagrins d’amour
Evitez les belles
Moi qui ne crains pas les peines cruelles
Je ne vivrai pas sans souffrir un jour
Quand vous en serez au temps des cerises
Vous aurez aussi des peines d’amour
J’aimerai toujours le temps des cerises
C’est de ce temps-là que je garde au cœur
Une plaie ouverte
Et dame fortune en m’étant offerte
Ne saura jamais calmer ma douleur
J’aimerai toujours le temps des cerises
Et le souvenir que je garde au cœur
z Les Canuts
(Aristide Bruant, 1894 – et non 1831)
Pour chanter Veni Creator
Il faut une chasuble d’or
Pour chanter Veni Creator
Il faut une chasuble d’or
Nous en tissons
Pour vous, grands de l’Eglise
Et nous, pauvres canuts
N’avons pas de chemise
C’est nous les canuts
Nous sommes tout nus
Pour gouverner il faut avoir
Manteaux ou rubans en sautoir
Pour gouverner il faut avoir
Manteaux ou rubans en sautoir
Nous en tissons
Rouget de Lisle (1792)
1) Allons enfants de la Patrie !
Le jour de gloire est arrivé
Contre nous de la tyrannie
L’étendard sanglant est levé (bis)
Entendez-vous dans les campagnes
Mugir ces féroces soldats ?
Ils viennent jusque dans vos bras
Egorger vos fils, vos compagnes
Refrain
Aux armes, citoyens !
Formez vos bataillons !
Marchons ! Marchons !
Qu’un sang impur
Abreuve nos sillons
2) Que veut cette horde d’esclaves
De traîtres, de rois conjurés ?
Pour qui ces ignobles entraves
Ces fers dès longtemps préparés (bis)
Français pour nous, ah quel outrage
Quels transports il doit exciter !
C’est nous, qu’on ose méditer
De-e rendre à l’antique esclavage !
3) Nous entrerons dans la carrière
Quand nos aînés n’y seront plus
Nous y trouverons leur poussière
Et la trace de leurs vertus (bis)
Bien moins jaloux de leur survivre
Que de partager leur cercueil
Nous aurons le sublime orgueil
De-e les venger ou de les suivre
13
z Sous le ciel de Paris
z Tourbillon
Par. J. Dréjac, mus. H. Giraud (1951)
Par. et mus. Bassiak (1962)
Sous le ciel de Paris
S’envole une chanson hum hum
Elle est née d’aujourd’hui
Dans le cœur d’un garçon
Sous le ciel de Paris
Marchent des amoureux hum hum
Leur bonheur se construit
Sur un air fait pour eux
Sous le pont de Bercy
Un philosophe assis
Deux musiciens quelques badauds
Puis les gens par milliers
Sous le ciel de Paris
Jusqu’au soir vont chanter hum hum
L’hymne d’un peuple épris de sa vieille cité
1) Elle avait des bagues à chaque doigt
Des tas d’ bracelets autour des poignets
Et puis elle chantait avec une voix
Qui sitôt m’enjôla
Elle avait des yeux des yeux d’opale
Qui m’ fascinaient, qui m’ fascinaient
Y avait l’ovale de son visage
De femme fatale qui m’ fut fatale
De femme fatale qui m’ fut fatale
Près de Notre-Dame
Parfois couve un drame
Oui mais à Paname
Tout peut s’arranger
Quelques rayons du ciel d’été
L’accordéon d’un marinier
L’espoir fleurit
Au ciel de Paris
Sous le ciel de Paris
Coule un fleuve joyeux hum hum
Il endort dans la nuit
Les clochards et les gueux
Sous le ciel de Paris
Les oiseaux du Bon Dieu hum hum
Viennent du monde entier
Pour bavarder entre eux
Et le ciel de Paris
A son secret pour lui
Depuis vingt siècles il est épris
De notre île Saint-Louis
Quand elle lui sourit
Il met son habit bleu hum hum
Quand il pleut sur Paris
C’est qu’il est malheureux
Quand il est trop jaloux
De ses millions d’amants hum hum
Il fait gronder sur eux
Son tonnerre éclatant
(Monter d’un demi-ton)
Mais le ciel de Paris
N’est pas longtemps cruel hum hum
Pour se fair’ pardonner
Il offre un arc-en-ciel
On s’est connu, on s’est reconnu
On s’est perdu d’ vue, on s’est reperdu d’ vue
On s’est retrouvé, on s’est réchauffé
Puis on s’est séparé
Chacun pour soi on est reparti
Dans l’ tourbillon d’ la vie
Je l’ai r’vue un soir, aïe aïe aïe,
Ça fait déjà un fameux bail
Ça fait déjà un fameux bail
2) Au son des banjos je l’ai reconnue
Ce curieux sourire qui m’avait tant plu
Sa voix si fatale, son beau visage pâle
M’émurent plus que jamais
Je m’ suis soûlé en l’écoutant
L’alcool fait oublier le temps
Je m’ suis réveillé en sentant
Des baisers sur mon front brûlant
Des baisers sur mon front brûlant
On s’est connu, on s’est reconnu
On s’est perdu d’ vue, on s’est reperdu d’ vue
On s’est retrouvé, on s’est réchauffé
Puis on s’est séparé
Chacun pour soi on est reparti
Dans l’ tourbillon d’ la vie
Je l’ai r’vue un soir, ah la la,
Elle est retombée dans mes bras
Elle est retombée dans mes bras
Quand on s’est connu,
Quand on s’est reconnu
Pourquoi s’ perdre de vue se reperdre de vue
Quand on s’est retrouvé,
Quand on s’est réchauffé
Pourquoi se séparer ?
Et tous deux on est reparti
Dans l’ tourbillon d’ la vie
On a continué à tourner
Tous les deux enlacés
Tous les deux enlacés
14
z Ta voix
z Ma môme
E. Recagno, R. Dumas (1930)
Paroles: Pierre Frachet. Musique: Jean Ferrat
(1968)
1) C’était par une nuit divine
Que de ta voix câline
Tu me pris jusqu’au jour
Pour toi, ce n’était que foli-e
Et je jurai, meurtri-e,
D’oublier ton amour
Mais quand j’entends ta voix
Qui chante comme une berceuse
J’adore malgré moi
Tes paroles même trompeuses
En rêve je revois
Tes étreintes si langoureuses
Et j’oublie ma vie douloureuse
Lorsque j’entends ta voix
2) Souvent, seule avec ma souffrance
J’ai rêvé de vengeance
Avec un autre amant
Lui dire à lui, bonheur suprême
« Oui, c’est toi seul que j’aime »
Voilà mon châtiment
Mais quand j’entends ta voix
Qui me prend et qui m’ensorcelle
Remplie d’un fol émoi
C’est toi seul que mon cœur appelle
Et je m’en viens vers toi
Comme un chien soumis et fidèle
L’existence me semble belle
Lorsque j’entends ta voix
3) Pourtant cette vie me tourmente
Un noir dessein me hante
Je voudrais en finir
D’un coup... te tuer de cette arme
Puis les yeux pleins de larmes
Pleurer ton souvenir
Mais quand j’entends ta voix
De mon cœur s’efface la haine
Et je sens malgré moi
Que vers toi mon destin m’entraîne
Je subirai ta loi
Que tes bras me servent de chaîne
Tu le vois je redeviens tienne
Lorsque j’entends ta voix !
Ma môme, ell' joue pas les starlettes
Ell' met pas des lunettes
De soleil
Ell' pos' pas pour les magazines
Ell' travaille en usine
A Créteil
Dans une banlieue surpeuplée
On habite un meublé
Elle et moi
La fenêtre n'a qu'un carreau
Qui donne sur l'entrepôt
Et les toits
On va pas à Saint-Paul-de-Vence
On pass' tout's nos vacances
A Saint-Ouen
Comme famille on n'a qu'une marraine
Quelque part en Lorraine
Et c'est loin
Mais ma môme elle a vingt-cinq berges
Et j'crois bien qu'la Saint'Vierge
Des églises
N'a pas plus d'amour dans les yeux
Et ne sourit pas mieux
Quoi qu'on dise
L'été quand la vill' s'ensommeille
Chez nous y a du soleil
Qui s'attarde
Je pose ma tête sur ses reins
Je prends douc'ment sa main
Et j'la garde
On s'dit toutes les choses qui nous viennent
C'est beau comm' du Verlaine
On dirait
On regarde tomber le jour
Et puis on fait l'amour
En secret
Ma môme, ell' joue pas les starlettes
Ell' met pas des lunettes
De soleil
Ell' pos' pas pour les magazines
Ell' travaille en usine
A Créteil
15
z L’Air de Paris
Par. F. Lemarque, Mus. M. Heyrai (1957)
On ne saura jamais
Si c’est en plein jour
Ou si c’est la nuit
Que naquit
Dans l’Ile Saint-Louis
L’ange ou bien le démon
Qui n’a pas de nom
Et que l’on appelle
Aujourd’hui
L’Air de Paris
Peut-être est-il venu
Au coin d’une rue
Comme un enfant perdu
L’Air de Paris
Ou là-haut dans le ciel
Passant d’un coup d’aile
Est-il descendu
Jusqu’à nous
L’Air de Paris
Toi tu es arrivée
Deux mille ans après
Moi je t’ai trouvée
Simplement
Sans te chercher
Devant un café-crêm’
Dans le matin blêm’
Je t’ai dit « Je t’aim’ »
Souviens-toi
Nous étions là
Deux ombres que la vie
Avait réunies
En plein cœur de Paris
Tout endormi
On s’est aimé d’amour
Et depuis ce jour
Tout notre passé
S’est changé
En avenir
On ne saura jamais
Si c’est en plein jour
Ou si c’est la nuit
Que naquit
L’Air de Paris
On ne saura jamais
Si le même jour
L’Amour vit le jour
Avec lui
Dans l’Ile Saint-Louis
On ne saura jamais
Si l’Air de Paris
Porte en lui tout l’amour
Du monde entier
Puisqu’il nous l’a donné
A quoi bon chercher
A quoi bon savoir
Ce que l’on ne saura jamais
z La Bicyclette
Par. P. Barouh, mus. F. Lai (1968)
1) Quand on partait de bon matin
Quand on partait sur les chemins
A bicyclette
Nous étions quelques bons copains
Y’avait Fernand, y’avait Firmin
Y’avait Francis et Sébastien
Et puis Paulette
On était tous amoureux d’elle
On se sentait pousser des ailes
A bicyclette
Sur les petits chemins de terre
On a souvent vécu l’enfer
Pour ne pas mettre pied à terre
Devant Paulette
2) Faut dire qu’elle y mettait du cœur
C’était la fille du facteur
A bicyclette
Et depuis qu’elle avait huit ans
Elle avait fait en le suivant
Tous les chemins environnants
A bicyclette
Quand on approchait d’ la rivière
On déposait dans les fougères
Nos bicyclettes
Puis on se roulait dans les champs
Faisant naître un bouquet changeant
De sauterelles, de papillons
Et de reinettes
3) Quand le soleil à l’horizon
Profilait sur tous les buissons
Nos silhouettes
On revenait fourbus, contents
Le cœur un peu vague pourtant
De n’être pas seul un instant
Avec Paulette
Prendre furtivement sa main
Oublier un peu les copains,
La bicyclette
On se disait c’est pour demain
J’oserai, j’oserai... demain
Quand on ira sur les chemins
A bicyclette
16
z Sous les toits de Paris
Par. R. Nazelles, mus. R. Moretti (1930)
1) Quand elle eut vingt ans, sa vieille maman
Lui dit un jour tendrement :
« Dans notre log’ment, j’ai peiné souvent
Pour t’él’ver fallait d’ l’argent
Mais t’as compris, un peu plus chaque jour
Ce que c’est le bonheur, mon amour
Sous les toits de Paris, tu vois ma p’tit’ Nini
On peut vivre heureux et bien unis
Nous somm’s seul’s ici-bas
On n’ s’en aperçoit pas
On s’ rapproch’ un peu plus et voilà
Tant que tu m’aim’s bien
J’ n’ ai besoin de rien
Près de ta maman
Tu n’as pas d’ tourments
C’est ainsi, qu’ cœur à cœur
On cueill’, comme une fleur
Sous les toits de Paris, le bonheur
2) Un jour sans façon un joli garçon
Comme on chant’ dans les chansons
Lui fit simplement
Quelques compliments
La grisa de boniments
« Nini, j’ te jur’ ça s’ fait plus la vertu
Je t’ador’, sois à moi, dis veux-tu ?
Sous les toits de Paris
Dans ma chambr’, ma Nini
On s’aim’ra, c’est si bon d’être unis
C’est quand on a vingt ans
Quand fleurit le printemps
Qu’il faut s’aimer,
Sans perdre un instant »
L’air était très pur
Et le ciel d’azur
Ell’ dit « Je n’ veux pas ! »
Puis elle se donna
C’est ainsi qu’en ce jour
Le vainqueur, comm’ toujours
Sous les toits de Paris, fut l’amour
3) Malgré les serments,
Hélas son amant
La quitta cruellement
La pauvre Nini
Pleura bien des nuits
Un soir on f’rapp’, c’était lui
Il supplia : « Ma chérie, j’ai eu tort,
Pardonn’-moi, tu sais je t’aime encor »
Sous les toits de Paris
Quelle joie pour Nini
De r’trouver un passé tant chéri
Quand il dit : « Maintenant
Tu sais, c’est le moment
Faut s’ marier tous les deux gentiment
Car rien n’est cassé, tout est effacé
Oublie le passé, et viens m’embrasser »
Vit’ Nini pardonna
Et l’ bonheur s’installa
Sous les toits de Paris c’est comm’ ça
z Accordéon
S. Gainsbourg (1962)
1) Dieu que la vie est cruelle
Au musicien des ruelles
Son copain son compagnon
C’est l’accordéon
Qui c’est-y qui l’aide à vivre
A s’asseoir quand il s’enivre
C’est-y vous c’est moi, mais non
C’est l’accordéon
Refrain
Accordez accordez accordez donc
L’aumône à l’accordé l’accordéon
2) Ils sont comm’ cul et chemise
Et quand on les verbalise
Il accompagne au violon
Son accordéon
Il passe une nuit tranquille
Puis au matin il refile
Un peu d’air dans les poumons
De l’accordéon
3) Quand parfois il lui massacre
Ses petits boutons de nacre
Il en fauche à son veston
Pour l’accordéon
Lui, emprunte ses bretelles
Pour secourir la ficelle
Qui retient ses pantalons
En accordéon
4 ) Mais un jour par lassitude
Il laiss’ra la solitude
Se pointer à l’horizon
De l’accordéon
Il en tirera cinquante
Centimes à la brocante
Et on f’ra plus attention
A l’accordéon
17
z Si tu veux... Marguerite
Par. V. Telly, mus. A. Valsien (1912)
1) Connaissez-vous Marguerite
Une femm’ ni grand’ ni p’tite
Qu’a des yeux troublants
Un teint rose et blanc
Une petit’ bouch’ d’enfant
Eh bien cett’ beauté suprême
Quand je lui ai dit je t’aime
M’a donné des fleurs
Me disant farceur
Je veux faire ton bonheur !
J’ lui dis merci du bouquet
Mais c’ n’est pas ça qu’il faudrait :
Refrain
Si tu veux fair’ mon bonheur
Marguerite, Marguerite
Si tu veux fair’ mon bonheur
Marguerit’ donn’ moi ton cœur
2) Ell’ me dit comm’ c’est dimanche
Je vais mettr’ ma robe blanche
Mes souliers d’ satin
Et dans un sapin
Nous filons à Tabarin
Ell’ ne dansait pas en m’sure
Ell’ piétinait ma chaussure
Dans mon œil bientôt
Ell’ me plant’ presto
L’épingle de son chapeau
Tu me crèv’s l’œil, c’est gentil
Mais c’est pas ça qui m’ suffit !
L’soir d’ la noce après la fête
Ell’ me dit en tête à tête
Toi tu m’as donné
Ton nom à porter
Moi j’ peux plus rien te r’fuser
Ayant tiré les verrous
Ell’ me dit mon cher époux
Dernier refrain
Maintenant pour ton bonheur
Marguerite, Marguerite
Maintenant, pour ton bonheur
Marguerite te donn’ son cœur !
z Les Amants d’un jour
Par. C. Delecluse et M. Senlis, mus. M. Monnot
(1956)
Moi j’essuie les verr’s au fond du café
J’ai bien trop à fair’ pour pouvoir rêver
Et dans ce décor banal à pleurer
Il me sembl’ encor’ les voir arriver
Ils sont arrivés se tenant par la main
L’air émerveillé de deux chérubins
Portant le soleil ils ont demandé
D’une voix tranquille, un toit pour s’aimer
Au cœur de la ville et je me rappelle
Qu’ils ont regardé d’un air attendri
La chambre d’hôtel au papier jauni
Et quand j’ai fermé la porte sur eux
Y’avait tant d’ soleil au fond de leurs yeux
Que ça m’a fait mal, que ça m’a fait mal
3) Le soir même sous sa fenêtre
J’chantais pour la voir paraître
Je suis malheureux
Car tes jolis yeux
Ont mis tout mon cœur en feu !
Alors elle par bonté d’âme
M’envoie pour éteindr’ ma flamme
Un seau d’eau viv’ment
M’disant gentiment
Es-tu plus heureux maint’nant ?
J’ lui dis merci du seau d’eau
Mais c’est pas ça qu’il me faut
Moi j’essuie les verr’s au fond du café
J’ai bien trop à fair’ pour pouvoir rêver
Et dans ce décor banal à crever
C’est corps contre corps qu’on les a trouvés
On les a trouvés se tenant par la main
Les yeux refermés vers d’autres matins
Remplis de soleil on les a couchés
Unis et tranquilles dans un lit creusé
Au cœur de la ville et je me rappelle
Avoir refermé dans le petit jour
La chambre d’hôtel des amants d’un jour
Mais ils m’ont planté tout au fond du cœur
Un bout d’ leur soleil et tant de couleurs
Que ça me fait mal, que ça me fait mal
4) Comm’ c’est un’ jeun’ fill’ bien sage
Ell’ dit j’ connais que l’ mariage
Je lui dis j’ veux bien
Et dès l’ lendemain
Son père m’accordait sa main
Moi j’essuie les verr’s au fond du café
J’ai bien trop à fair’ pour pouvoir rêver
Et dans ce décor banal à pleurer
Y’a toujours dehors la chambre à louer
18
z Pour une amourette
Lény Escudéro (1962)
Pour un’ amourette
Qui passait par là,
J'ai perdu la tête
Et puis me voilà,
Pour une amourette
Qui se posait là,
Pour un’ amourette
Qui m’tendait les bras…
Pour une amourette
Qui me disait viens,
J'ai cru qu'une fête
Dans’ et tend les mains,
Pour un’ amourette
Qui f’sait du bonheur,
J'ai fui la planète
Pour la suivr’ ailleurs…
Alors je m’ suis dit
T'es au bout du chemin
Tu peux t'arrêter là
Te reposer enfin
Et lorsque l'amour
S'est noyé dans ses yeux
J'ai cru que je venais
D'inventer le ciel bleu…
Pour un’ amourette
Qui m'avait souri,
Je m’ suis fait honnête
J'ai changé ma vie,
Pour un’ amourette
Qui savait m’aimer,
Pour un’ amourette
Qui croyait m'aimer…
Pour un’ amourette
L'amour éternel,
Dur’ le temps d'un’ fête
Le temps d'un soleil,
Et mon amourette
Qui était trop jolie,
Vers d'autres conquêtes
Bientôt repartit…
Le premier adieu
A gardé son secret
Ell’ emportait l'amour
Me laissant les regrets
Mais le dieu Printemps
Au loin refleurissait
Et tout contre mon cœur
Déjà il me disait :
Un’ p’tit’ amourette
Faut la prendr’ comme ça,
Un jour, deux peut-être
Longtemps quelquefois,
Va sécher tes larmes
A un nouvel amour,
De jeter déjà
Les peines d'un jour.
Un’ p’tit’ amourette
Un jour reviendra,
Te tourner la tête
Te tendre les bras,
Chanter la romance
Ou le rêve joli,
Mais je sais d'avance
Que tu diras oui…
Alors les amours,
Pour toi refleuriront
Tu aimeras encore
A la belle saison
Un’ p’tit’ amourette
Jamais trop jolie
Quand on sait d'avance
Ce que dure la vie…
z J’ai deux amours
Par. G. Keger et H. Varna, mus. C. Vence (1930)
1) On dit qu’au delà des mers
Là-bas sous le ciel clair
Il existe une cité
Au séjour enchanté
Et sous les grands arbres noirs
Chaque soir
Vers elle s’en va tout mon espoir
Refrain
J’ai deux amours
Mon pays et Paris
Par eux toujours
Mon cœur est ravi
Ma savane est belle
Mais à quoi bon le nier
Ce qui m’ensorcelle
C’est Paris, Paris tout entier
Le voir un jour
C’est mon rêve joli
J’ai deux amours
Mon pays et Paris
2) Quand sur la rive parfois
Au lointain j’aperçois
Un paquebot qui s’en va
Vers lui je tends les bras
Et le cœur battant d’émoi
A mi-voix
Doucement je dis "emporte-moi !"
19
z Où est-il donc ?
Par. A. Decaye et L. Carol, mus. V. Scotto (1925)
1) Y’en a qui vous parl’nt de l’Amérique,
Ils ont des visions de cinéma ;
Ils vous dis’nt "quel pays magnifique,
Notre Paris n’est rien auprès d’ ça".
Ces boniments-là rend’nt moins timide,
Bref l’on y part, un jour de cafard...
Ça f’ra un d’ plus qui, le ventre vide,
A New York cherchera un dollar
Parmi les gueuses et les proscrits,
Des émigrants au cœur meurtri,
Il dira, regrettant Paris
Où sont-ils tous nos vieux bals musette ?
Leurs javas au son d’ l’accordéon ?
Où sont-ils tous mes r’pas sans galette,
Avec un cornet d’ frites à deux ronds
Où sont-ils donc ?
Reprise à l’accordéon, puis :
Où sont-ils tous mes vieux bals musette ?
Leurs javas au son d’ l’accordéon ?
Où sont-ils tous mes r’pas sans galette,
Quand j’ bouffais même sans avoir un rond
Où sont-ils donc ?
z La Belle de Cadix
Refrain
Où est-il, mon Moulin d’ la Place Blanche ?
Mon tabac et mon bistro du coin ?
Tous les jours pour moi c’était Dimanche !
Où sont-ils, les amis, les copains ?
Où sont-ils tous mes vieux bals musette ?
Leurs javas au son d’ l’accordéon ?
Où sont-ils tous mes r’pas sans galette ?
Avec un cornet d’ frites à deux ronds
Où sont-ils donc ?
2) D’autres croyant gagner davantage
Font des rêves d’or encore plus beaux
Pourquoi risquer un si long voyage
Puisque Paris est plein de gogos ?
On monte une affaire colossale,
Avec l’argent du bon populo,
Mais un jour, crac... c’est le gros scandale :
Monsieur couch’ra ce soir au dépôt !
Et demain on le conduira
Pour dix années à Nouméa
Encor un de plus qui dira :
3) Mais Montmartre semble disparaître
Car déjà de saison en saison
Des Abbesses à la Place du Tertre,
On démolit nos vieilles maisons.
Sur les terrains vagues de la butte
De grandes banques naîtront bientôt
Où ferez-vous alors vos culbutes,
Vous les pauvres gosses à Poulbot ?
En regrettant le temps jadis
Nous chant’rons, pensant à Salis
Montmartre ton "De profundis" !
Dernier Refrain
Où est-il, mon Moulin d’ la Place Blanche ?
Mon tabac et mon bistro du coin ?
Tous les jours pour nous c’était Dimanche !
Où sont-ils, nos amis, nos copains ?
Par. M. Vandair, mus. F. Lopez (1945)
La Belle de Cadix a des yeux de velours
La Belle de Cadix vous invite à l’amour
Les caballeros sont là
Si dans la posada
On apprend qu’elle danse
Et pour ses jolis yeux noirs
Les hidalgos le soir
Viennent tenter la chance
Mais malgré son sourire et son air engageant
La Belle de Cadix ne veut pas d’un amant
Chica ! chica ! chic ! Ay ! Ay ! Ay ! (ter)
Ne veut pas d’un amant
La Belle de Cadix a des yeux langoureux
La Belle de Cadix a beaucoup d’amoureux
Juanito de Cristobal
Tuerait bien son rival
Un soir au clair de lune
Et Pedro le matador
Pour l’aimer plus encor
Donnerait sa fortune
Mais malgré son sourire et son air engageant
La Belle de Cadix n’a jamais eu d’amant
Chica ! chica ! chic ! Ay ! Ay ! Ay ! (ter)
N’a jamais eu d’amant
La Belle de Cadix est partie un beau jour
La Belle de Cadix est partie sans retour
Elle a dansé une nuit
Dans le monde et le bruit
Toutes les seguedillas
Et puis dans le clair matin
Elle a pris le chemin
Qui mène à Santa-Filla
La Belle de Cadix n’a jamais eu d’amant
La Belle de Cadix est entré au couvent
Chica ! chica ! chic ! Ay ! Ay ! Ay ! (ter)
Est entrée au couvent
20
z Siffler sur la colline
Paroles et Musique: Jean-Michel Rivat et Frank
Thomas (1968)
Oh oh, oh oh - Oh oh, oh oh
Je l'ai vu près d'un laurier, elle gardait ses
blanches brebis
Quand j'ai demandé d'où venait sa peau fraîche
elle m'a dit
C'est d'rouler dans la rosée qui rend les bergères
jolies
Mais quand j'ai dit qu'avec elle je voudrais y
rouler aussi
Elle m'a dit ...
Elle m'a dit d'aller siffler là-haut sur la colline
De l'attendre avec un petit bouquet d'églantines
J'ai cueilli des fleurs
et j'ai sifflé tant que j'ai pu
J'ai attendu, attendu, elle n'est jamais venue
A la foire du village, un jour je lui ai soupiré
Que je voudrais être une pomme suspendue à un
pommier
Et qu'à chaque fois qu'elle passe elle vienne me
mordre dedans
Mais elle est passée et tout en me montrant ses
jolies dents
Elle m'a dit ...
Elle m'a dit d'aller siffler là-haut sur la colline
De l'attendre avec un petit bouquet d'églantines
J'ai cueilli des fleurs et j'ai sifflé tant que j'ai pu
J'ai attendu, attendu, elle n'est jamais venue
Zaï Zaï Zaï Zaï, Zaï Zaï Zaï Zaï (2x)
Oh oh, oh oh (2x)
z C’est si bon
Par. A. Hornez, mus. H. Betti (1947)
1) Je ne sais pas s’il en est de plus blonde
Mais de plus belle il n’en est pas pour moi
Elle est vraiment toute la joie du monde
Ma vie commence dès que je la vois
Et je fais : Oh ! Et je fais : Ah !
C’est si bon de partir n’importe où
Bras dessus bras dessous
En chantant des chansons
C’est si bon de se dir’ des mots doux
Des petits riens du tout
Mais qui en disent long
En voyant notre mine ravie
Les passants dans la rue nous envient
C’est si bon de guetter dans ses yeux
Un espoir merveilleux
Qui donne le frisson
C’est si bon ces petit’s sensations
Ça vaut mieux qu’un million
Tell’ment, tell’ment c’est bon
2) Vous devinez quel bonheur est le nôtre
Et si je l’aim’ vous comprenez pourquoi
Elle m’enivre et je n’en veux plus d’autres
Car elle est tout’s les femmes à la fois
Ell’ me fait Oh ! Ell’ me fait Ah !
C’est si bon de pouvoir l’embrasser
Et puis d’ recommencer
A la moindre occasion
C’est si bon de jou-er du piano
Tout le long de son dos
Tandis que nous dansons
C’est inouï ce qu’elle a pour séduire
Sans parler de c’ que je n’ peux pas dire
C’est si bon quand j’ la tiens dans mes bras
De me dir’ que tout ça
C’est à moi pour de bon
C’est si bon et si nous nous aimons
Cherchez pas la raison
C’est parc’ que c’est si bon
C’est parc’ que c’est... trop... bon
z La Javanaise
S. Gainsbourg (1962)
1) J’avoue, j’en ai bavé, pas vous, mon amour
Avant d’avoir eu vent de vous, mon amour
Refrain
Ne vous déplaise
En dansant la Javanaise
Nous nous aimions
Le temps d’une chanson
2) A votre avis qu’avons-nous vu, de l’amour
De vous à moi, vous m’avez eu, mon amour
3) Hélas avril en vain me voue à l’amour
J’avais envie de voir en vous cet amour
4) La vie ne vaut d’être vécue sans amour
Mais c’est vous qui l’avez voulu mon amour
21
z La Mattchiche
Chanson populaire espagnole, par de Briollet et Léo
Lelièvre, arr. Ch. Borel-Clerc (1924)
1) Un Espagnol sévère
D’une ouvrière
Au moulin d’ la Galette
Fit la conquête
Il dit à sa compagne
Comme en Espagne
Je m’en vais vous montrer
Un pas à la mode
Qui va vous charmer
Amoureusement
Laissez-vous conduir’ gentiment
C’est la danse nouvelle Mademoiselle
Ainsi qu’une Espagnole
Lascive et folle
Il faut cambrer la taille
D’un air canaille
Cett’ dans’ qui nous aguiche
C’est la Mattchiche
Allons douc’ment
Ne pressons pas l’ mouv’ment
C’est palpitant et ça dur’ plus longtemps
2) Adorant qu’on la frôle
S’sentant tout’ drôle
La jolie Montmartroise
D’humeur grivoise
Se faisant plus câline
Tendre et féline
Dit à son hidalgo
J’ suis fatiguée, allons au dodo
Mais vers les minuit
Ils s’ réveillèr’nt en ch’mis’ de nuit
Puis redoublant de zèle
La demoiselle
Dit cett’ dans’ est un rêve
Faut que j’ me lève
Elle est bien plus exquise
Quand en chemise
On saut’ comme une biche
Viv’ la Mattchiche
O mon Trésor, ma petit’ gueul’ en or,
Encor, encor, je t’en prie serr’-moi fort
3) Depuis lors les p’tit’s femm’s
Chaqu’ soir se pâment
Pour cett’ danse espagnole
Qui les rend folles
La Mattchiche prenante
Et délirante
Maintenant fait fureur
Et mieux qu’ le cak’-walk
Met l’amour au cœur
Dit’s à vos amants
De vous la montrer rapid’ment
C’est la danse nouvelle Mesdemoiselles
Dans les bras d’un homm’ tendre
Il faut l’apprendre
J’ vous souhait’ jusqu’à l’aurore
D’danser encore
Cett’ dans’ qui nous aguiche
Viv’ la Mattchiche
Tout doucement
Sans presser le mouv’ment
Ce s’ra charmant
Car l’amour vous attend
z Aux Champs-Elysées
(Waterloo road, par. fr. de P. Delanoë,
par. orig. et mus. M. Wilsh et M. Deighan, 1969)
1) Je m’ baladais sur l’Avenue
Le cœur ouvert à l’inconnu
J’avais envie de dire bonjour
A n’importe qui
N’importe qui et ce fut toi
Je t’ai dit n’importe quoi
Il suffisait de te parler
Pour t’apprivoiser
Refrain
Aux Champs-Elysées (bis)
Au soleil, sous la pluie,
A midi, ou à minuit,
Il y a tout c’ que vous voulez
Aux Champs-Elysées
2) Tu m’as dit « J’ai rendez-vous
Dans un sous-sol avec des fous
Qui vivent la guitare à la main
Du soir au matin »
Alors je t’ai accompagnée
On a chanté, on a dansé
Et l’on n’a même pas pensé
A s’embrasser
3) Hier soir deux inconnus
Et ce matin sur l’Avenue
Deux amoureux tout étourdis
Par la longue nuit
Et de l’Etoile à la Concorde
Un orchestre à mille cordes
Tous les oiseaux du Point du Jour
Chantent l’Amour
22
z Ah ! le petit vin blanc
Par. J. Dréjac, mus. J. Dréjac et Ch. Borel-Clerc (1943)
1) Voici le printemps
La douceur du temps
Nous fait des avances
Partez mes enfants
Vous avez vingt ans
Partez en vacances
Vous verrez agiles
Sur l’onde tranquille
Les barques dociles
Aux bras des amants
De fraîches guinguettes
Des filles bien faites
Y a des chansonnettes
Et y a du vin blanc
Refrain
Ah ! le petit vin blanc
Qu’on boit sous les tonnelles
Quand les filles sont belles
Du côté de Nogent
Et puis de temps en temps
Un air de vieille romance
Semble donner la cadence
Pour fauter pour fauter
Dans les bois dans les prés
Du côté du côté de Nogent
2) Suivons le conseil
Monsieur le soleil
Connaît son affaire
Cueillons en chemin
Ce minois mutin
Cette robe claire
Venez belle fille
Soyez bien gentille
Là, sous la charmille
L’amour nous attend
Les tables sont prêtes
L’aubergiste honnête
Y’a des chansonnettes
Et y a du vin blanc
3) A ces jeux charmants
La taille souvent
Prend de l’avantage
Ce n’est pas méchant
Ça finit tout l’ temps
Par un mariage
Le gros de l’affaire
C’est lorsque la mère
Demande sévère
A la jeune enfant
Ma fille, raconte,
Comment, triste honte,
As-tu fait ton compte,
Réponds, je t’attends
z Mon amant de Saint-Jean
Par. L. Agel, mus. E. Carrara (1942)
1) Je ne sais pourquoi j’allai danser
A Saint-Jean, au musette
Mais il m’a suffi d’un seul baiser
Pour que mon cœur soit prisonnier
Comment ne pas perdre la tête
Serrée par des bras audacieux
Car l’on croit toujours
Aux doux mots d’amour
Quand ils sont dits avec les yeux
Moi qui l’aimais tant
Je le trouvais le plus beau de Saint-Jean
Je restais brisée sans volonté
Sous ses baisers
2) Sans plus réfléchir je lui donnai
Le meilleur de mon être
Beau parleur chaque fois qu’il mentait
Je le savais mais je l’aimais
Comment ne pas perdre la tête
Serrée par des bras audacieux
Car l’on croit toujours
Aux doux mots d’amour
Quand ils sont dits avec les yeux
Moi qui l’aimais tant
Je le trouvais le plus beau de Saint-Jean
Je restais brisée sans volonté
Sous ses baisers
3) Mais hélas à Saint-Jean comme ailleurs
Un serment n’est qu’un leurre
J’étais folle de croire au bonheur
Et de vouloir garder son cœur
Comment ne pas perdre la tête
Serrée par des bras audacieux
Car l’on croit toujours
Aux doux mots d’amour
Quand ils sont dits avec les yeux
Moi qui l’aimais tant
Mon bel amour, mon amant de Saint-Jean
Il ne m’aime plus... c’est du passé...
N’en parlons plus
23
z Bambino
Nisa, J. Larue, G. Fanciulli (1956)
1) Les yeux battus,
La mine triste et les joues blêmes
Tu ne dors plus,
Tu n’es que l’ombre de toi-même
Seul dans la rue,
Tu rôdes comme une âme en peine
Et tous les soirs,
Sous sa fenêtre on peut te voir
Je sais bien que tu l’adores
Et qu’elle a de jolis yeux
Mais tu es trop jeune encor
Pour jouer les amoureux
Et gratte, gratte, sur ta mandoline
Mon petit Bambino
Ta musique est plus jolie
Que tout le ciel de l’Italie
Et chante, chante de ta voix câline
Mon petit Bambino
Tu peux chanter tant que tu veux
Elle ne te prend pas au sérieux
Avec tes cheveux si blonds
Tu as l’air d’un chérubin
Va plutôt jouer au ballon
Comme font tous les gamins
2) Tu peux fumer
Comme un monsieur des cigarettes
Te déhancher
Sur le trottoir quand tu la guettes
Tu peux pencher
Sur ton oreille ta casquette
Ce n’est pas ça
Qui dans son cœur te vieillira
L’amour et la jalousie
Ne sont pas des jeux d’enfant
Et tu as toute la vie
Pour souffrir comme les grands
Et gratte, gratte, sur ta mandoline
Mon petit Bambino
Ta musique est plus jolie
Que tout le ciel de l’Italie
Et chante, chante de ta voix câline
Mon petit Bambino
Tu peux chanter tant que tu veux
Elle ne te prend pas au sérieux
Si tu as trop de tourment
Ne le garde pas pour toi
Va le dire à ta maman
Les mamans c’est fait pour ça
Et là, blotti dans l’ombre de ses bras
Pleure un bon coup et ton chagrin s’envolera
z Aragon et Castille
Par. B. Lapointe, mus. E. Lorin et Lapointe (1960)
Refrain
Au pays da-ga d’Aragon
Il y’avait tu-gu d’une fill’
Qui aimait les glac’s au citron… et vanille
Au pays de-gue de Castill’
Il y’avait tun-gun d’un garçon
Qui vendait des glaces vanill’… et citron
1) Moi j’aime mieux les glac’s au chocolat,
Poil aux bras
Mais chez mon pâtissier il n’y en a plus,
C’est vendu
C’est pourquoi je n’en ai pas pris,
Tant pis pour lui
Et j’ai mangé pour tout dessert,
Du camembert
Le camembert c’est bon quand c’est bien fait,
Viv’ l’amour
A ce propos, rev’nons à nos moutons...
2) Vendre des glac’s c’est un très bon métier,
Poil aux pieds
C’est beaucoup mieux que marchand de
mouron,
Patapon
Marchand d’ mouron c’est pas marrant,
J’ai un parent
Qui en vendait pour les oiseaux,
Mais les oiseaux
N’en achetaient pas, ils préféraient l’crottin,
De mouton
A ce propos, rev’nons à nos agneaux......
3) Mais la Castill’ ça n’est pas l’Aragon,
Ah ! Mais non
Et l’Aragon ça n’est pas la Castille,
Et la fill’
S’est passée de glac’s au citron,
Avec vanille
Et le garçon n’a rien vendu,
Tout a fondu
Dans un commerce, c’est moch’ quand le fond
fond,
Poil aux pieds
A propos d’ pieds, chantons jusqu’à demain....
24
z Un Gamin d’ Paris
Par. M. Micheyl, mus. A. Marès (1951)
Un gamin d’ Paris
C’est tout un poème
Dans aucun pays
Il n’y a le même
Car c’est un titi
Petit gars dégourdi
Que l’on aime
Un gamin d’ Paris
C’est le doux mélange
D’un ciel affranchi
Du diable et d’un ange
Et son œil hardi
S’attendrit devant une orange
Pas plus haut que trois pommes
Il lance un défi
A l’aimable bonhomme
Qui l’appelait : "mon petit"
Un gamin d’ Paris
C’est une cocarde
Bouton qui fleurit
Dans un pot d’ moutarde
Il est tout l’esprit
L’esprit de Paris qui musarde
Pantalons trop longs pour lui
Toujours les mains dans les poches
On le voit qui déguerpit
Aussitôt qu’il voit un képi
Un gamin d’ Paris
C’est tout un poème
Dans aucun pays
Il n’y a le même
Car c’est un titi
Petit gars dégourdi
Que l’on aime
Il est héritier
Lors de sa naissance
De tout un passé
Lourd de conséquences
Et ça il le sait
Bien qu’il ignore l’histoir’ de France
Sachant que sur les places
Pour un idéal
Des p’tits gars pleins d’audace
A leur façon fir’nt un bal
Un gamin d’ Paris
Rempli d’insouciance
Gouailleur et ravi
De la vie qui danse
S’il faut, peut aussi
Comm’ Gavroch’ entrer dans la danse
Un gamin d’ Paris
M’a dit à l’oreille
Si je pars d’ici
Sachez que la veille
J’aurai réussi
A mettre Paris en bouteille
z Pigalle
Par. G. Ulmer et G. Koger, mus. G. Ulmer et G.
Luypeerts (1946)
C’est un’ ru-e, c’est un’ place
C’est même tout un quartier
On en parle, on y passe
On y vient du monde entier
Perchée au flanc de Paname
De loin, el-le vous sourit
Car el-le reflète l’âme
La douceur et l’esprit de Paris
Un p’tit jet d’eau, un’ station de métro
Entourée de bistrots, Pigalle
Grands magasins, ateliers de rapins
Restaurants pour rupins, Pigalle
Là, c’est l’ chanteur des carr’fours
Qui fredonn’ les succès du jour
Ici l’athlète en maillot
Qui soulèv’ des poids d’ cent kilos
Hôtels meublés discrèt’ment éclairés
Où l’on n’ fait que passer, Pigalle
Et vers minuit un refrain qui s’enfuit
D’une boîte de nuit, Pigalle
On y croise des visages
Communs ou sensationnels
On y parle des langages
Comme à la tour de Babel
Et quand vient le crépuscule
C’est le grand marché d’amour
C’est le coin où déambulent
Ceux qui prennent la nuit pour le jour
Girls et mann’quins, gitan’s aux yeux malins
Qui lisent dans les mains, Pigalle
Clochards, cam’lots, tenanciers de bistrots
Trafiquants de coco, Pigalle
Petit’s femm’s qui vous sourient
En vous disant : « Tu viens chéri »
Et Prosper qui dans un coin
Discrèt’ment surveill’ son gagn’ pain
Un p’tit jet d’eau, un’ station de métro
Entourée de bistrots, Pigalle
Ça vit, ça gueul’, les gens diront c’ qu’ils
veul’nt
Mais au monde y a qu’un seul Pigalle
25
z Le Clair de Lune à Maubeuge
Par. P. Perrin, mus. P. Perrin et Cl. Blondy (1962)
3ème cplt : Cathy, Nadine, Elisabeth (mars 2000)
Je suis allé aux fraises
Je suis rev’nu d’ Pontoise
J’ai filé à l’anglaise
Avec une tonkinoise
Si j’ai roulé ma bosse
Je connais l’univers
J’ai même roulé carrosse
Et j’ai roulé les R
Et je dis non,
Non non non non
Oui je dis non
Non non non non
non non non non
Tout ça n’ vaut pas
Un clair de lune à Maubeuge
Tout ça n’ vaut pas
Le doux soleil de Tourcoing
Tout ça n’ vaut pas
Une croisière sur la Meuse
Tout ça n’ vaut pas
Des vacances au Kremlin... Bicêtre
J’ai fait toutes les bêtises
Qu’on peut imaginer
J’en ai fait à ma guise
Et aussi à Cambrai
Je connais toutes les mers
La mer Rouge, la Mer Noire
La Mer-diterranée
La Mer de Charles Trenet
Et je dis non,
Non non non non
Oui je dis non
Non non non non
non non non non
Tout ça n’ vaut pas
Un clair de lune à Maubeuge
Tout ça n’ vaut pas
Le doux soleil de Tourcoing
Tout ça n’ vaut pas
Une croisière sur la Meuse
Tout ça n’ vaut pas
Des vacances au Kremlin... Bicêtre
J’ai vu tous les spectacles
Qu’on peut imaginer
Mais j’en ai eu ma claque
Moi je préfèr’ chanter
J’ai dîné chez Maxim’s
J’ai soupé au Lido
Mais moi j’aime pas la frime
J’ préfèr’ les p’tits bistrots
Et je dis non,
Non non non non
Oui je dis non
Non non non non
non non non non
Tout ça n’ vaut pas
Un’ soirée Bachiques-Bouzou-kes
Tout ça n’ vaut pas
Chanter dans l’Jardin des Hall’s
Tout ça n’ vaut pas
Une bonn’ bouteill’, un cass’-croûte
Tout ça n’ vaut pas
Les copains autour d’un bar... à vins
z Chez Laurette
Par. M. Delpech, mus. R. Vincent (1965)
1) A sa façon de nous app’ler ses gosses
On voyait bien qu’elle nous aimait beaucoup
C’était chez elle que notre argent de poche
Disparaissait dans les machines à sous
Après les cours on allait boire un verre
Quand on entrait Laurette souriait
Et d’un seul coup nos leçons nos problèmes
Disparaissaient quand elle nous embrassait
C’était bien chez Laurette
Quand on y f’sait la fête
Elle venait vers nous, Laurette
C’était bien, c’était chouette
Quand on était fauché
Elle payait pour nous, Laurette
2) Et plus encore afin qu’on soit tranquille
Dans son café y’avait un coin pour nous
On s’y mettait pour voir passer les filles
Et j’en connais qui nous plaisaient beaucoup
Si par hasard on avait l’âme en peine
Laurette seule savait nous consoler
Elle nous parlait et l’on riait quand même
En un clin d’œil ell’ pouvait tout changer
C’était bien, chez Laurette
On y retournera
Pour ne pas l’oublier, Laurette
Ce s’ra bien, ce s’ra chouette
Et l’on reparlera
Des histoir’s du passé, chez Laurette
Ce s’ra bien, ce s’ra chouette
Et l’on reparlera
Des histoir’s du passé, chez Laurette
26
z Mon Homme
Par. A. Willemetz et J. Charles, mus. M. Yvain (1920)
1) Sur cette terr’, ma seul’ joie
Mon seul bonheur
C’est mon homme
J’ai donné tout c’ que j’ai
Mon amour et tout mon cœur
A mon homme
Et même la nuit
Quand je rêve c’est de lui
De mon homme
Ce n’est pas qu’il est beau
Qu’il est riche ni costaud
Mais je l’aime, c’est idiot
I’ m’ fout des coups
I’ m’ prend mes sous
Je suis à bout mais malgré tout
Que voulez-vous
Je l’ai tell’ment dans la peau
Qu’ j’en d’viens marteau
Dès qu’il s’approch’ c’est fini
Je suis à lui
Quand ses yeux sur moi se pos’nt
Ça m’ rend tout’ chose
Je l’ai tell’ment dans la peau
Qu’au moindre mot
I’ m’ f’rait faire n’importe quoi
J’ tuerais ma foi
J’ sens qu’il me rendrait infâme
Mais je n’ suis qu’un’ femme
Et j’ l’ai tell’ment dans la peau
2) Pour le quitter c’est fou
C’ que m’ont offert
D’autres hommes
Entre nous, voyez-vous
Ils ne valent pas très cher
Tous les hommes
La femme à vrai dir’
N’est faite que pour souffrir
Par les hommes
Dans les bals j’ai couru
Afin d’ l’oublier j’ai bu
Rien à faire, j’ai pas pu
Quand i’ m’ dit « viens ! »
J’ suis comme un chien
Y a pas moyen c’est comme un lien
Qui me retient
Je l’ai tell’ment dans la peau
Qu’ j’en suis dingo
Que cell’ qui n’a pas aussi
Connu ceci
Ose venir la première
Me j’ter la pierre
En avoir un dans la peau
C’est l’ pir’ des maux
Mais c’est connaître l’amour
Sous son vrai jour
Et j’ dis qu’il faut qu’on pardonne
Quand un’ femm’ se donne
A l’homm’ qu’elle a dans la peau
z Rio
L’incendie à Rio, par. M. Tézé, mus. G. Gustin
(1966)
1) En pleine nuit, une sirène
Appelle au feu tous les pompiers
Et tout Rio qui se réveille
Voit brûler l’usine de café
Il n’y a pas de temps à perdre
Sinon tout l’ quartier va brûler
Oui, mais voilà, pendant c’ temps-là
A la caserne on entend les pompiers crier
Refrain
Qu’est-ce qu’on a fait des tuyaux
Des lanc’s et de la grande échelle
Qu’est-ce qu’on a fait des tuyaux
Pas de paniqu’ il nous les faut
2) Mais l’incendie là-bas fait rage
Et le ciel est noir de fumée
Et tous les gens dans les étages
Se dis’nt "mais que font les pompiers ?"
Il n’y a plus de temps à perdre
Sinon tout l’ quartier va brûler
Oui, mais voilà, pendant c’ temps-là
A la caserne on entend les pompiers crier
3) Au p’tit matin on le devine
Tout le quartier avait brûlé
Il ne restait plus que des ruines
Sur des centain’s de mètr’s carrés
Quand tout à coup dans le jour blême
On vit accourir un pompier
Qui s’écria : "je viens d’ la part du capitain’
Vous dir’ de n’ pas vous énerver
Dernier refrain
On a r’trouvé les tuyaux
Les lances et la grande échelle
Mais on est en panne d’auto
Et on cherch’ la manivelle"
27
z La Chansonnette
Par. J. Dréjac, mus. P. Gérard (1966)
1) La, la, la, min’ de rien
La voilà qui revient
La Chansonnette
Elle avait disparu
Le pavé de ma rue
Etait tout bête
Les refrains de Paris
Avaient pris l’ maquis
Les forains, l’orphéon
La chanson d’ Mackie
Mais on n’oublie jamais
Le flonflon qui vous met
Le cœur en fête
Quand le vieux musicien
Dans le quartier
Vient revoir les anciens
Fair’ son métier
Le public se souvient
La Chansonnette... tiens, tiens...
2) Les titis, les marquis
C’est parti mon kiki
La Chansonnette
A Presley fait du tort
Car tous les transistors
Soudain s’arrêtent
Sous le ciel de Paris
Un accordéon
Joue la chanson d’ Mackie
Comme avant l’ néon
Cueilli par un flonflon
Un têtard en blouson
D’un franc d’ violettes
Va fleurir sa Bardot
Car malgré son
Aigle au milieu du dos
Le cœur est bon
Et sous ses cheveux gris
La Chansonnette... sourit
3) La, la, la, haut les cœurs
Avec moi, tous en chœur,
La Chansonnette
Et passons la monnaie
En garçon qui connaît
La Chansonnette
Il a fait sa moisson
De refrains d’ Paris
Les forains, l’orphéon,
La chanson d’ Mackie
Car on n’oublie jamais
Le flonflon qui vous met
Le cœur en fête
Il faut du temps, c’est vrai
Pour séparer
Le bon grain de l’ivraie
Pour comparer
Mais on trouve un beau jour
Sa Chansonnette... d’amour
z Tel qu’il est
Par. M. Vandair et Charlys, mus. M. Alexander (1935)
1) J’avais rêvé de prendre un homme
Un garçon chic et distingué,
Mais je suis chipée pour la pomme
D’un vrai tordu mal balancé
Ce n’est pas un Apollon mon Jules,
Il n’est pas taillé comme un Hercule
Malgré qu’il ait bien des défauts,
C’est lui que j’ai dans la peau
Refrain
Tel qu’il est il me plaît,
Il me fait de l’effet
Et je l’aime
C’est un vrai gringalet
Aussi laid qu’un basset
Mais je l’aime
Il est bancal du côté cérébral
Mais ça m’est bien égal
S’il a l’air anormal
C’est complet, il est muet,
Ses quinquets sont en biais
Mais je l’aime, il me plaît tel qu’il est
2) Il est carré mais ses épaules
Par du carton sont rembourrées
Quand il est tout nu ça fait drôle
On n’en voit plus que la moitié
Il n’a pas un seul poil sur la tête
Mais il en a plein sur les gambettes
Et celui qu’il a dans la main
C’est pas du poil, c’est du crin
3) Le boulot pour lui c’est la chose
La plus sacrée, il n’y touch’ pas
Pour tenir le coup il se dose
De Phosphatine à tous les r’pas
Ce qui n’est pas marrant c’est qu’il ronfle
On dirait un pneu qui se dégonfle
Et quand il faut se bagarrer
Il est encore dégonflé
28
z Mexico
z Le Soleil et la lune
Par. R. Vincy, mus. F. Lopez (1951)
C. Trénet, mus. C. Trenet et A. Lasry (1939)
On a chanté les Parisiennes
Leurs petits nez et leurs chapeaux
On a chanté les Madrilènes
Qui vont aux arènes
Pour le torero
On prétend que les Norvégiennes
Filles du Nord, ont le sang chaud
Et bien que les Américaines
Soient les souveraines
Du Monde Nouveau
On oublie tout
Sous le beau ciel de Mexico
On devient fou
Au son des rythmes tropicaux
Le seul désir qui vous entraîne
Dès qu’on a quitté le bateau
C’est de goûter une semaine
A l’aventure mexicaine
Au soleil de Mexico
1) Sur le toit de l’hôtel où je vis avec toi
Quand j’attends ta venue mon amie
Quand la nuit fait chanter
Plus fort et mieux que moi
Tous les chats, tous les chats, tous les chats
Que dit-on sur les toits,
Que répètent les voix
De ces chats, de ces chats qui s’ennuient
Des chansons que je sais,
Que je traduis pour toi
Les voici, les voici, les voilà
Refrain
Mexico, Mexico
Sous ton soleil qui chante
Le temps paraît trop court
Pour goûter au bonheur de chaque jour
Mexico, Mexico
Tes femmes sont ardentes
Et tu seras toujours
Le Paradis des cœurs et de l’Amour
Une aventure mexicaine
Sous le soleil de Mexico
Ça dure à peine une semaine
Mais quelle semaine, et quel crescendo
Le premier soir on se promène
On danse un tendre boléro
Puis le deuxième on se déchaîne
Plus rien ne vous freine
On part au galop
On oublie tout
Sous le beau ciel de Mexico
On devient fou
Au son des rythmes tropicaux
Si vous avez un jour la veine
De pouvoir prendre le bateau
Allez goûter une semaine
A l’aventure mexicaine
Au soleil de Mexico
A la fin :
Mexico, Mexico, Mexico, Mexico !
Refrain
Le soleil a rendez-vous avec la lune
Mais la lune n’est pas là et le soleil attend
Ici bas souvent chacun pour sa chacune
Chacun doit en faire autant
La lune est là, la lune est là,
La lune est là mais le soleil ne la voit pas
Pour la trouver, il faut la nuit
Il faut la nuit, mais le soleil ne le sait pas et
toujours luit
Le soleil a rendez-vous avec la lune
Mais la lune n’est pas là et le soleil attend.
Papa dit qu’il a vu ça, lui.
2) Des savants, avertis par la pluie et le vent
Annonçaient
Un jour la fin du monde
Les journaux commentaient
En termes émouvants
Les avis, les aveux des savants
Bien des gens affolés
Demandaient aux agents
Si le monde était pris dans la ronde
C’est alors que docteurs,
Savants et professeurs
Entonnèr’nt subito tous en chœur
3) Philosoph’s, écoutez,
Cette phrase est pour vous
Le bonheur est un astre volage
Qui s’enfuit à l’appel
De bien des rendez-vous
Il s’efface, il se meurt devant nous
Quand on croit qu’il est loin,
Il est là tout près d’ nous
Il voyage, il voyage, il voyage,
Puis il part, il revient,
Il s’en va n’importe où,
Cherchez-le, il est un peu partout
29
z Le Galérien
z Madelon
Par. M. Druon, mus. L. Poll (1947)
Par. L. Bousquet, mus. C. Robert (1914)
Je m’ souviens, ma mèr’ m’aimait
Et je suis aux galères
Je m’ souviens ma mèr’ disait
Mais je n’ai pas cru ma mère
Ne traîn’ pas dans les ruisseaux
T’bats pas comme un sauvage
T’amus’ pas comme les oiseaux
Ell’ me disait d’être sage
1) Pour le repos, le plaisir du militaire,
Il est là-bas, à deux pas de la forêt,
Une maison aux murs tout couverts de lierre
"Aux tourlourous", c’est le nom du cabaret.
La servante est jeune et gentille,
Légère comme un papillon,
Comme son vin, son œil pétille,
Nous l’appelons la Madelon.
Nous en rêvons la nuit,
Nous y pensons le jour,
Ce n’est que Madelon,
Mais pour nous c’est l’amour.
J’ai pas tué, j’ai pas volé
J’ voulais courir la chance
J’ai pas tué j’ai pas volé
J’ voulais qu’ chaqu’ jour soit dimanche
Je m’ souviens ma mèr’ pleurait
Dès qu’ je passais la porte
Je m’ souviens comme ell’ pleurait
Ell’ voulait pas que je sorte
Je m’ souviens ma mère disait
Suis pas les bohémiennes
Je m’ souviens comme ell’ disait
On ramass’ les gens qui traînent
Un jour les soldats du roi
T’emmèn’ront aux galères
Ils vous mèn’ront trois par trois
Comme ils ont emm’né ton père
Toujours, toujours ell’ disait
T’en va pas chez les filles
Fais donc pas toujours c’ qui t’ plaît
Dans les prisons y a des grilles
J’ai pas tué j’ai pas volé
Mais j’ai cru Madeleine
J’ai pas tué, j’ai pas volé
J’ voulais pas lui fair’ de peine
Tu auras la tête rasée
On te mettra des chaînes
T’en auras les reins brisés
Et moi j’en mourrai de peine
Toujours, toujours tu ram’ras
Quand tu s’ras aux galères
Toujours, toujours tu ram’ras
Tu pens’ras p’t’être à ta mère
J’ai pas tué, j’ai pas volé
Mais j’ai pas cru ma mère
Et je m’ souviens qu’ell’ m’aimait
Pendant qu’ je rame aux galères
Refrain
Quand Madelon vient nous servir à boire,
Sous la tonnelle, on frôle son jupon,
Et chacun lui raconte une histoire,
Une histoire à sa façon
La Madelon pour nous n’est pas sévère
Quand on lui prend la taille ou le menton
Elle rit, c’est tout l’ mal qu’elle sait faire
Madelon ! Madelon ! Madelon !
2) Nous avons tous au pays une payse
Qui nous attend et que l’on épousera
Mais elle est loin, bien trop loin pour qu’on lui
dise
Ce qu’on fera quand la classe rentrera
En comptant les jours on soupire,
Et quand le temps nous semble long
Tout ce qu’on ne peut pas lui dire
On va le dire à Madelon.
On l’embrasse dans les coins
Elle dit : « – Veux-tu finir... »
On s’ figur’ que c’est l’autr’
Ça nous fait bien plaisir
3) Un caporal en képi de fantaisie
S’en fut trouver Madelon un beau matin
Et fou d’amour, lui dit qu’elle était jolie
Et qu’il venait pour lui demander sa main
La Madelon, pas bête en somme,
Lui répondit en souriant :
« – Et pourquoi prendrais-je un seul homme
Quand j’aime tout un régiment ?
Tes amis vont venir,
Tu n’auras pas ma main,
J’en ai bien trop besoin
Pour leur verser du vin »
30
z Le p’tit bal perdu
Par. Robert Nyel, Mus. Gaby Verlor (1961)
1) C’était tout juste après la guerr’
Dans un p’tit bal qu’avait souffert,
Sur une piste de misère
Y en avait deux à découvert
Parmi les gravats ils dansaient
Dans ce p’tit bal qui s’appelait
Qui s’appelait, qui s’appelait
Qui s’appelait
Non, je n’ me souviens plus
Du nom du bal perdu
Ce dont je me souviens
C’est de ces amoureux
Qui ne regardaient rien autour d’eux
Y avait tant d’insouciance
Dans leurs gestes émus
Alors quelle importance
Le nom du bal perdu
Non, je n’ me souviens plus
Du nom du bal perdu
Ce dont je me souviens
C’est qu’ils étaient heureux
Les yeux au fond des yeux
Et c’était bien, et c’était bien
2) Ils buvaient dans le même verre
Toujours sans se quitter des yeux
Ils faisaient la même prière
D’être toujours, toujours heureux
Parmi les gravats ils souriaient
Dans ce p’tit bal qui s’appelait
Qui s’appelait, qui s’appelait
Qui s’appelait
Non, je n’ me souviens plus
Du nom du bal perdu
Ce dont je me souviens
C’est de ces amoureux
Qui ne regardaient rien autour d’eux
Y avait tant d’insouciance
Dans leurs gestes émus
Alors quelle importance
Le nom du bal perdu
Non, je n’ me souviens plus
Du nom du bal perdu
Ce dont je me souviens
C’est qu’ils étaient heureux
Les yeux au fond des yeux
Et c’était bien, et c’était bien
3) Et puis quand l’accordéoniste
S’est arrêté, ils sont partis
Le soir tombait dessus la piste
Sur les gravats et sur ma vie
Il était redev’nu tout triste
Ce petit bal qui s’appelait
Qui s’appelait, qui s’appelait
Qui s’appelait
Non, je n’ me souviens plus
Du nom du bal perdu
Ce dont je me souviens
C’est de ces amoureux
Qui ne regardaient rien autour d’eux
Y avait tant de lumière
Avec eux dans la rue
Alors la belle affaire
Le nom du bal perdu
Non, je n’ me souviens plus
Du nom du bal perdu
Ce dont je me souviens
C’est qu’on était heureux
Les yeux au fond des yeux
Et c’était bien, et c’était bien
z Le Plus beau tango du monde
Par. H. Alibertet R. Vincy, mus. V. Scotto et R. Sarvil
(1935)
1) Près de la grève,
Souvenez-vous
Des voix de rêve
Chantaient pour nous
Minute brève
Du cher passé
Pas encor’ effacé
Refrain
Le plus beau de tous les tangos du monde
C’est celui que j’ai dansé dans vos bras
J’ai connu d’autres tangos à la ronde
Mais mon cœur n’oubliera pas celui-là
Son souvenir me poursuit, jour et nuit
Et partout je ne pense qu’à lui
Car il m’a fait connaître l’amour
Pour toujours
Le plus beau de tous les tangos du monde
C’est celui que j’ai dansé dans vos bras
2) Il est si tendre
Que nos deux corps
Rien qu’à l’entendre
Tremblent encor’
Et sans attendre
Pour nous griser
Venez... venez danser
31
z Lili Marleen
(Par. H. Leip 1915, mus N. Schultz 1938)
Vor der Kaserne
Vor dem grossen Tor
Stand eine Laterne
Und steht sie noch davor
Dort wollen wir uns wiedersehn,
Bei der Laterne woll’n wir stehn
Wie einst Lili Marleen (bis)
Uns’re beiden Schatten
Sah’n wie einer aus
Dass wir lieb’ uns hatten
Das sah man leicht daraus
Und alle Leute soll’n es seh’n,
Wenn wir bei der Laterne steh’n
Wie einst Lili Marleen (bis)
Deine Schritte kennt sie
Deinen schönen Gang,
Alle Abend brennt sie
Doch mich vergass sie lang
Und sollte mir ein Leid gescheh’n,
Wer wird bei der Laterne steh’n ?
Mit dir Lili Marleen (bis)
Phonétique :
1) Foa dea cazèné
Foa dèm grosseun toa
Chtant aïne latèné
Ount chtét zi nor tafoa
Toat voleun vir ouns videazén
Baï dea latèné voln vir chtén
Vi aïnst Lili Marlén (bis)
2) Ounzré baïdeun chateun
Zan vi aïneur aous
Das via lip ouns hateun
Das za man laïcht daraous
Ount allé loïte zoln es zén
Vén vir baï dea latèné chtén
Vi aïnst Lili Marlén (bis)
3) Daïne schrité ként zi
Daïneun choïneun gang
Alé abeunt brènt zi
Dor mich fagas zi lang
Ount zolte mia aïn laït guéchén
Vea virt baï dea latèné chtén
Mit dia Lili Marlén (bis)
(Traduction :
Devant la caserne devant la porte cochère
Y avait une lanterne qui est toujours là
C’est là-bas que nous nous reverrons
Auprès de la lanterne nous voudrions être
Comme autrefois Lili Marlène
Nos deux ombres avaient l’air d’une seule
On voyait clairement que nous nous aimions
Et tout le monde doit s’en apercevoir
Quand nous sommes près de la lanterne
Comme autrefois Lili Marlène
Elle reconnaît tes pas, ta belle démarche
Tous les soirs elle est allumée
Mais moi elle m’a longtemps oublié
Et si jamais un malheur devait m’arriver
Qui serait auprès de la lanterne
Avec toi Lili Marlène)
z Quand on s’ promène
au bord de l’eau
Par. J. Duvivier, mus. M. Yvain (1936)
1) Du lundi jusqu’au samedi
Pour gagner des radis
Quand on a fait sans entrain
Son boulot quotidien
Subi le propriétaire,
L’percepteur, la boulangère,
Et trimbalé sa vie d’ chien :
Le dimanche viv’ment, on file à Nogent,
Alors brusquement, tout paraît charmant !
Refrain
Quand on s’ promène au bord de l’eau,
Comme tout est beau, quel renouveau !
Paris au loin nous semble une prison,
On a le cœur plein de chansons
L’odeur des fleurs nous met tout à l’envers
Et le bonheur nous soûle pour pas cher
Chagrins et peines de la semaine
Tout est noyé dans le bleu dans le vert
Un seul dimanche au bord de l’eau
Aux trémolos des p’tits oiseaux
Suffit pour que tous les jours
Semblent beaux
Quand on s’ promène au bord de l’eau
2) J’connais des gens cafardeux
Qui tout l’ temps s’ font des ch’veux
Et rêvent de filer ailleurs
Dans un monde meilleur
Ils dépensent des tas d’oseille
Pour découvrir des merveilles,
A moi ça m’ fait mal au cœur
Car y a pas besoin pour trouver un coin
Où l’on s’ trouve bien, de chercher si loin !
32
z Les amoureux des bancs publics
z Java qu’est-ce que tu fais là
Par. et Mus. G. Brassens (1952)
Par. E. Marnay, mus. E. Stern (1955)
1) Les gens qui voient de travers
Pensent que les bancs verts
Qu’on voit sur les trottoirs
Sont faits pour les impotents ou les ventripotents
Mais c’est une absurdité
Car à la vérité
Ils sont là, c’est notoir’
Pour accueillir quelque temps les amours
débutant’s
Java qu’est-c’ que tu fais là
Entre les deux bras d’un accordéoniste
Faut pas t’ gaspiller comm’ ça
Avec tous les gars
Qui s’ prenn’nt pour des artistes
Tu t’ ramèn’s et tu t’en vas
A l’envers, à l’endroit
Et tu miaules comme un chat
Qui s’ bagu’naud’ sur les toits
Java qu’est-c’ que tu fais là
Entre les deux bras d’un accordéoniste
Faut pas nous prendr’ pour des touristes
On n’est pas des auvergnats
Refrain
Les amoureux qui s’ bécot’nt sur les bancs
publics, bancs publics, bancs publics,
En s’ foutant pas mal du r’gard oblique
Des passants honnêtes
Les amoureux qui s’ bécot’nt sur les bancs
publics, bancs publics, bancs publics,
En s’ disant des « je t’aim’ » pathétiques
Ont des p’tit’s gueul’s bien sympathiques !
2) Ils se tiennent par la main
Parlent du lendemain
Du papier bleu d’azur
Que revêtiront les murs de leur chambre à
coucher
Il se voient déjà, douc’ment,
Ell’ cousant, lui fumant
Dans un bien-être sûr
Et choisissent les prénoms de leur premier bébé
3) Quand la saint’ famille Machin
Croise sur son chemin
Deux de ces malappris
Ell’ leur décoch’ hardiment des propos venimeux
N’empêch’ que tout’ la famille,
Le pèr’, la mèr’, la fill’, le fils, le Saint-Esprit,
Voudrait bien, de temps en temps,
Pouvoir s’ conduir’ comme eux
4) Quand les mois auront passé
Quand seront apaisés
Leurs beaux rêves flambants
Quand leur ciel se couvrira de gros nuages lourds
Ils s’apercevront, émus
Qu’ c’est au hasard des rues
Sur un d’ ces fameux bancs
Qu’ils ont vécu le meilleur morceau de leur
amour
T’en pinc’s un peu pour les ceuss’
Qui portent des bretelles
Faut voir à voir à savoir
Trier sa clientèle
Quand les poulets à sifflets
Te mettent tout en transes
Tu leur donn’s la contredanse
Et puis voilà
Java qu’est-c’ que tu fais là
Entre les deux bras d’un accordéoniste
Faut pas t’ gaspiller comm’ ça
Avec tous les gars
Qui s’ prenn’nt pour des artistes
L’ paradis tourne avec toi
A l’envers, à l’endroit
Viens donc voir un peu par là
Qu’on profite de ça
Java qu’est-c’ que tu fais là
On n’attend que toi pour balayer la piste
C’est pas joli d’être égoïste
Avec tes p’tits pot’s à toi
Java qu’est-c’ que tu fais là.......
Avec ta mine triste
Je cherche un accordéoniste
Pour m’endormir dans ses bras
33
z Les Grands boulevards
z Vesoul
Paroles: Jacques Plante. Musique: Traditionnel russe
(1951)
Jacques Brel (1968)
J'aime flâner sur les grands boulevards
Y a tant de choses, tant de choses
Tant de choses à voir
On n'a qu'à choisir au hasard
On s'fait des ampoules
A zigzaguer parmi la foule
J'aime les baraques et les bazars
Les étalages, les loteries
Et les camelots bavards
Qui vous débitent leurs bobards
Ça fait passer l'temps
Et l'on oublie son cafard
Je ne suis pas riche à million
Je suis tourneur chez Citroën
J'peux pas me payer des distractions
Tous les jours de la semaine
Aussi moi, j'ai mes petites manies
Qui me font plaisir et ne coûtent rien
Ainsi, dès le travail fini
Je file entre la porte Saint-Denis
Et le boulevard des Italiens
J'aime flâner sur les grands boulevards
Y a tant de choses, tant de choses
Tant de choses à voir
On y voit des grands jours d'espoir
Des jours de colère
Qui font sortir le populaire
Là vibre le cœur de Paris
Toujours ardent, parfois frondeur
Avec ses chants, ses cris
Et de jolis moments d'histoire
Sont écrits partout le long
De nos grands boulevards
J'aime flâner sur les grands boulevards
Les soirs d'été quand tout le monde
Aime bien se coucher tard
On a des chances d'apercevoir
Deux yeux angéliques
Que l'ont suit jusqu'à République
Puis je retrouve mon petit hôtel
Ma chambre où la fenêtre donne
Sur un coin de ciel
D'où me parviennent comme un appel
Toutes les rumeurs, toutes les lueurs
Du monde enchanteur
Des grands boulevards
T'as voulu voir Vierzon
Et on a vu Vierzon
T'as voulu voir Vesoul
Et on on a vu Vesoul
T'as voulu voir Honfleur
Et on a vu Honfleur
T'as voulu voir Hambourg
Et on a vu Hambourg
J'ai voulu voir Anvers
Et on a revu Hambourg
J'ai voulu voir ta sœur
Et on a vu ta mère
Comme toujours
T'as plus aimé Vierzon
Et on a quitté Vierzon
T'as plus aimé Vesoul
Et on a quitté Vesoul
T'as plus aimé Honfleur
Et on a quitté Honfleur
T'as plus aimé Hambourg
Et on a quité Hambourg
T'as voulu voir Anvers
On n'a vu qu'ses faubourgs
T'as plus aimé ta mère
Et on a quitté ta sœur
Comme toujours
Mais je te le dis
Je n'irai pas plus loin
Mais je te préviens
J'irai pas à Paris
D'ailleurs j'ai horreur
De tous les flons flons
De la valse musette
Et de l'accordéon
T'as voulu voir Paris
Et on a vu Paris
T'as voulu voir Dutronc
Et on a vu Dutronc
J'ai voulu voir ta sœur
J'ai vu le mont Valérien
T'as voulu voir Hortense
Elle était dans l'Cantal
J'ai voulu voir Byzance
Et on a vu Pigalle
à la gare Saint-Lazare
J'ai vu les Fleurs du Mal
Par hasard
T'as plus aimé Paris
Et on a quité Paris
T'as plus aimé Dutronc
34
Et on a quitté Dutronc
Maintenant je confonds ta sœur
Et le mont Valérien
De ce que je sais d'Hortense
J'irai plus dans l'Cantal
Et tant pis pour Byzance
Puisque j'ai vu Pigalle
Et la gare Saint-Lazare
C'est cher et ça fait mal
Au hasard
Mais je te le redis chauffe Marcel
Je n'irai pas plus loin
Mais je te préviens kaï kaï
Le voyage est fini
D'ailleurs j'ai horreur
De tous les flons flons
De la valse musette
Et de l'accordéon
T'as voulu voir Vierzon
Et on a vu Vierzon
T'as voulu voir Vesoul
Et on on a vu Vesoul
T'as voulu voir Honfleur
Et on a vu Honfleur
T'as voulu voir Hambourg
Et on a vu Hambourg
J'ai voulu voir Anvers
Et on a revu Hambourg
J'ai voulu voir ta sœur
Et on a vu ta mère
Comme toujours.
T'as plus aimé Vierzon
Et on a quitté Vierzon...
(chauffe... chauffe)
T'as plus aimé Vesoul
Et on a quitté Vesoul
T'as plus aimé Honfleur
Et on a quitté Honfleur
T'as plus aimé Hambourg
Et on a quité Hambourg
T'as voulu voir Anvers
Et on n'a vu qu'ses faubourgs
Tu n'as plus aimé ta mère
Et on a quitté sa sœur
Comme toujours... Chauffez les gars
Mais mais je te le reredis ... Kaï
Je n'irai pas plus loin
Mais je te préviens
J'irai pas à Paris
D'ailleurs j'ai horreur
De tous les flons flons
De la valse musette
Et de l'accordéon
T'as voulu voir Paris
Et on a vu Paris
T'as voulu voir Dutronc
Et on a vu Dutronc
J'ai voulu voir ta sœur
J'ai vu le mont Valérien
T'as voulu voir Hortense
Elle était dans l'Cantal
J'ai voulu voir Byzance
Et on a vu Pigalle
à la gare Saint-Lazare
J'ai vu les Fleurs du Mal
z Il est 5 heures, Paris s'éveille
Paroles: Jacques Lanzmann & Anne Ségalen, mus.
Jacques Dutronc (1968)
Je suis l'dauphin d'la place Dauphine
Et la place Blanche a mauvaise mine
Les camions sont pleins de lait
Les balayeurs sont pleins d'balais
Refrain
Il est cinq heures, Paris s'éveille
Les travestis vont se raser
Les stripteaseuses sont rhabillées
Les traversins sont écrasés
Les amoureux sont fatigués
Le café est dans les tasses
Les cafés nettoient leurs glaces
Et sur le boulevard Montparnasse
La gare n'est plus qu'une carcasse
La tour Eiffel a froid aux pieds
L'Arc de Triomphe est ranimé
Et l'Obélisque est bien dressé
Entre la nuit et la journée
Les banlieusards sont dans les gares
A la Villette on tranche le lard
Paris by night, regagne les cars
Les boulangers font des bâtards
Les journaux sont imprimés
Les ouvriers sont déprimés
Les gens se lèvent, ils sont brimés
C'est l'heure où je vais me coucher
Dernier refrain
Il est cinq heures, Paris se lève
Il est cinq heures, Je n'ai pas sommeil
35
z Nathalie
Par. Pierre Delanoë, mus. Gilbert Bécaud (1964)
La place Rouge était vide
Devant moi marchait Nathalie
Il avait un joli nom, mon guide
Nathalie
Que ma vie me semble vide
Mais je sais qu'un jour à Paris
C'est moi qui lui servirai de guide
Nathalie, Nathalie
z Le Métèque
G. Moustaki (1969)
La place Rouge était blanche
La neige faisait un tapis
Et je suivais par ce froid dimanche
Nathalie
Elle parlait en phrases sobres
De la révolution d'octobre
Je pensais déjà
Qu'après le tombeau de Lénine
On irait au café Pouchkine
Boire un chocolat
La place Rouge était vide
J'ai pris son bras, elle a souri
Il avait des cheveux blonds, mon guide
Nathalie, Nathalie...
Dans sa chambre à l'université
Une bande d'étudiants
L'attendait impatiemment
On a ri, on a beaucoup parlé
Ils voulaient tout savoir
Nathalie traduisait
Moscou, les plaines d'Ukraine
Et les Champs-Élysées
On à tout mélangé
Et l'on a chanté
Et puis ils ont débouché
En riant à l'avance
Du champagne de France
Et l'on a dansé
Et quand la chambre fut vide
Tous les amis étaient partis
Je suis resté seul avec mon guide
Nathalie
Plus question de phrases sobres
Ni de révolution d'octobre
On n'en était plus là
Fini le tombeau de Lénine
Le chocolat de chez Pouchkine
C'est, c'était loin déjà
Avec ma gueule de métèque
De Juif errant, de pâtre grec
Et mes cheveux aux quatre vents
Avec mes yeux tout délavés
Qui me donnent l’air de rêver
Moi qui ne rêve plus souvent
Avec mes mains de maraudeur
De musicien et de rôdeur
Qui ont pillé tant de jardins
Avec ma bouche qui a bu
Qui a embrassé et mordu
Sans jamais assouvir sa faim
Avec ma gueule de métèque
De Juif errant, de pâtre grec
De voleur et de vagabond
Avec ma peau qui s’est frottée
Au soleil de tous les étés
Et tout ce qui portait jupon
Avec mon cœur qui a su faire
Souffrir autant qu’il a souffert
Sans pour cela faire d’histoires
Avec mon âme qui n’a plus
La moindre chance de salut
Pour éviter le purgatoire
Avec ma gueule de métèque
De Juif errant, de pâtre grec
Et mes cheveux aux quatre vents
Je viendrai, ma douce captive
Mon âme sœur, ma source vive
Je viendrai boire tes vingt ans
Et je serai prince de sang
Rêveur ou bien adolescent
Comme il te plaira de choisir
Et nous ferons de chaque jour
Toute une éternité d’amour
Que nous vivrons à en mourir
Et nous ferons de chaque jour
Toute une éternité d’amour
Que nous vivrons à en mourir
36
z Etoile des neiges
C’est bien toi la rein’ de la place Blanche
Par. J. Plante, mus. F. Winckler (1947)
1) Dans un coin perdu de montagne
Un tout petit Savoyard
Chantait son amour dans le calme du soir
Près de sa bergère au doux regard
Etoile des Neiges
Mon cœur amoureux
S’est pris au piège
De tes grands yeux
Je te donne en gage
Cette croix d’argent
Et de t’aimer toute ma vie je fais serment
2) Hélas, soupirait la bergère
Que répondront nos parents
Comment ferons-nous,
Nous n’avons pas d’argent
Pour nous marier dès le printemps
Etoile des Neiges
Sèche tes beaux yeux
Le ciel protège
Les amoureux
Je pars en voyage
Pour qu’à mon retour
A tout jamais
Plus rien n’empêche notre amour
3) Et quand les beaux jours refleurirent
Il s’en revint au hameau
Et sa fiancée l’attendait tout là-haut
Parmi les clochettes des troupeaux
Etoile des Neiges
Tes garçons d’honneur
Vont en cortège
Portant des fleurs
Par un mariage
Finit mon histoire
De la bergère
Et de son petit Savoyard
z Julie la Rousse
R. L. Lafforgue (1956)
Refrain
Fais-nous danser Julie la Rousse
Toi dont les baisers font oublier
Petit’ gueule d’amour t’es à croquer
Quand tu passes en tricotant des hanches
D’un clin d’œil le quartier est dragué
Petit’ gueule d’amour t’es à croquer
Quand tu trimballes ton éventaire
Ton arsenal sans fair’ de chiqué
A vaincu plus d’un grand militaire
Petit’ gueule d’amour t’es à croquer
Les gens dis’nt que t’es d’ la mauvaise graine
Parc’ qu’à chaque homme tu donn’s la becquée
Et qu’ l’amour pour toi c’est d’ la rengaine
Petit’ gueule d’amour t’es à croquer
Chapeau bas, t’es une vrai citoyenne
Tu soulages sans revendiquer
Les ardeurs extra-républicaines
Petit’ gueule d’amour t’es à croquer
Car parfois tu travailles en artiste
Ton corps tu l’ prêtes sans rien fair’ casquer
A tous les gars qu’ont le regard triste
Dernier refrain
Dans tes baisers Julie la Rousse
On peut embrasser le monde entier
z Porque te vas
Jose Luis (1974)
Hoy en mi ventana brilla el sol
Y el corazon
Se pone triste contemplando la ciudad
Porque te vas
Como cada noche desperté
Pensando en ti
Y en mi reloj todas las horas vi pasar
Porque te vas
Todas las promesas de mi amor se iran contigo
Me olvidaras, Me olvidaras
Junto a la estacion lloraré igual que un niño
Porque te vas, Porque te vas
Bajo la penumbra de un farol
Se dormiran
Todas las cosas que quedaron por decir
Se dormiran
Junto a las manillas de un reloj
Esperaran
Todas las horas que quedaron por vivir
Esperaran
Todas las promesas de mi amor se iran contigo
Me olvidaras, Me olvidaras
Junto a la estacion yo lloraré igual que un niño
Porque te vas, Porque te vas, Porque te vas
37
z Le P’tit bal du sam’di soir
Mus. J. Delettre et Borel-Clerc
Par. J. Dréjac et J. Delettre (1947)
1) Dans le vieux faubourg
Tout chargé d’amour
Près du pont de la Villette
Un soir je flânais
Un refrain traînait
Un air de valse musette
Comme un vieux copain
Me prenait la main il m’a dit viens
Pourquoi le cacher
Ma foi j’ai marché, et j’ai trouvé
Le p’tit bal du sam’di soir
Où le cœur plein d’espoir
Dansent les midinettes
Pas de frais pour la toilette
Pour ça vous avez l’ bonsoir
Mais du bonheur dans les yeux
De tous les amoureux
Ça m’a touché c’est bête
Je suis entré dans la fête
L’air digne et le cœur joyeux
D’ailleurs il ne manquait rien
Y avait tout ce qu’il convient
Des moul’s et du vin rouge
Au troisièm’ flacon ça bouge
Au quatrième ça va bien
Alors il vaut mieux s’asseoir
L’patron vient vous voir
Il vous dit : « C’est la mienne »
Et c’est comm’ ça tout’s les s’maines
Au p’tit bal du sam’di soir
2) Vous l’avez d’viné, j’y suis retourné
Maintenant j’ connais tout l’ monde
Victor et Titi, Fernand le tout p’tit
Nénette et Mimi la blonde
D’ailleurs des beaux yeux
Y en a tant qu’on veut
Ils vont par deux
Et blagu’nt dans les coins
On est aussi bien qu’au Tabarin
Au p’tit bal du sam’di soir
Où le cœur plein d’espoir
Dansent les midinettes
Pas de frais pour la toilette
Pour ça vous avez l’ bonsoir
Mais du bonheur, des aveux
Car tous les amoureux
Se montent un peu la tête
Quand l’accordéon s’arrête
Ils vont s’asseoir deux par deux
De temps en temps un garçon
Pousse un’ petit’ chanson
Ça fait rêver les filles
Dans l’ noir y a des yeux qui brillent
On croirait des p’tits lampions
Oui des lampions merveilleux
Du carnaval joyeux
D’une fête éternelle
On serre un peu plus sa belle
Au p’tit bal du sam’di soir
3) Un dimanche matin
Avec Baptistin
(C’est l’ patron de la guinguette)
On s’est attablés
Et on a joué
Au ch’min d’ fer en tête à tête
Comme il perdait trop
Il a joué l’ bistrot
J’ai dit banco
J’ai gagné ma foi
Et depuis trois mois il est à moi
Le p’tit bal du sam’di soir
Où le cœur plein d’espoir
Dansent les midinettes
Pas de frais pour la toilette
Pour ça vous avez l’ bonsoir
Mais du bonheur dans les yeux
De tous les amoureux
Vous pensez si c’est chouette
Tout l’ monde perd un peu la tête
Ça fait qu’ tout est pour le mieux
Baptistin dans l’occasion
Perdait sa situation
En perdant sa boutique
Mais comme il est sympathique
Alors j’ l’ai pris comm’ garçon
Et c’est lui qui sert à boire
Aux amoureux dans l’ noir
Dans ma baraque en planches
Du samedi jusqu’au dimanche
Au p’tit bal du samedi soir
z Trois petites notes de musique
Par. H. Colpi, mus. G. Delerue (1961)
Trois petit’s not’s de musique
Ont plié boutique
Au creux du souv’nir
C’en est fini d’ leur tapage
Ell’s tournent la page
Et vont s’endormir
Mais un jour sans crier gare
Ell’s vous revienn’t en mémoire
38
Toi, tu voulais oublier
Un p’tit air galvaudé
Dans les rues de l’été
Toi, tu n’oublieras jamais
Une rue, un été,
Un’ fill’ qui fredonnait
La, la, la, la, je vous aime
Chantait la rengaine,
La, la, mon amour
Des parol’s sans rien d’ sublime
Pourvu que la rime
Amène "toujours"
U-ne romanc’ de vacances
Qui lancinante vous relance
Vrai, elle était si jolie
Si fraîche épanouie
Et tu n’ l’as pas cueillie
Vrai, pour son premier frisson
Elle t’offrait une chanson
A r’prendr’ à l’unisson
Trois petit’s notes de musique
Qui vous font la nique
Du fond des souv’nirs
Lèv’nt un cruel rideau d’ scène
Sur mille et un’s peines
Qui n’ veul’nt pas mourir
z Un jour tu verras
Par. Mouloudji, mus. G. van Parys (1954)
Un jour, tu verras
On se rencontrera
Quelque part, n’importe où
Guidés par le hasard
Nous nous regarderons
Et nous nous sourirons
Et la main dans la main
Par les rues nous irons
Le temps passe si vite
Le soir cachera bien nos cœurs
Ces deux voleurs qui gardent leur bonheur
Puis nous arriverons
Sur une place grise
Où les pavés seront doux à nos âmes grises
Il y aura un bal
Très pauvre et très banal
Sous un ciel plein de brume
Et de mélancolie
Un aveugle jouera de l’orgu’ de Barbarie
Cet air pour nous sera le plus beau l’ plus joli
Puis je t’inviterai
Ta taille, je prendrai
Nous danserons tranquill’s
Loin des gens de la vil-le
Nous danserons l’amour
Les yeux au fond des yeux
Vers une nuit profonde
Vers une fin du monde
Un jour tu verras
On se rencontrera
Quelque part, n’importe où
Guidés par le hasard
Nous nous regarderons
Et nous nous sourirons
Et la main dans la main
Par les rues nous irons
z Havanaise de Carmen
(Georges Bizet, 1875)
1) L’amour est un oiseau rebelle
Que nul ne peut apprivoiser
Et c’est bien en vain qu’on l’appelle
S’il lui convient de refuser
Rien n’y fait, menace ou prière
L’un parle bien, l’autre se tait
Et c’est l’autre que je préfère
Il n’a rien dit, mais il me plaît
Refrain
L’amour est enfant de Bohême
Il n’a jamais, jamais connu de loi
Si tu ne m’aimes pas, je t’ai-me
Si je t’aime, prends garde à toi
Prends garde à toi !
Si tu ne m’aimes pas,
Si tu ne m’aimes pas, je t’aime
Prends garde à toi !
Mais si je t’ai-me
Si je t’aime, prends garde à toi !
2) L’oiseau que tu croyais surprendre
Battit de l’aile et s’envola
L’amour est loin, tu peux l’attendre
Tu ne l’attends plus, il est là
Tout autour de toi, vite, vite
Il vient, s’en va, puis il revient
Tu crois le tenir, il t’évite
Tu crois l’éviter, il te tient
39
z Les Enfants du Pirée
z Bandiera Rossa
Musique & paroles originales : Manos Hadjidakis
Paroles françaises – Jacques Larue- 1960
Carlo Tuzzi (1908)
(prononcer th comme en anglais)
1) Ap to parathiro mou steln(o) éna di-o
Ké tria ké tesséra filia
Pou ftanoun sto limani éna ké di-o
Ké tria ké tesséra poulia
Pos ithéla na ika éna ké dio
Ké tria ké tesséra pédia
Pou san tha mégalossoun ola na guinoun
Lévendès guia kari tou Piréa
Refrain
Mon dieu que j'aime
Ce port du bout du monde
Que le soleil inonde
De ses reflets dorés
Mon dieu que j'aime
Sous leurs bonnets oranges
Tous les visages d'anges
Des enfants du Pirée
1) Avanti o popolo, alla riscossa,
Bandiera rossa, bandiera rossa
Avanti o popolo, alla riscossa,
Bandiera rossa trionferà.
Refrain
Bandiera rossa deve trionfar (ter)
E viva il comunismo e la libertà.
2) Avanti o popolo, alla stazione,
Rivoluzione, rivoluzione
Avanti o popolo, alla stazione,
Rivoluzione trionferà.
3) Non più nemici, non più frontiere :
Sono i confini rosse bandiere.
O proletari, alla riscossa,
Bandiera rossa trionferà.
2) Noyés de bleu sous le ciel grec,
Un bateau, deux bateaux, trois bateaux
S'en vont chantant
Griffant le ciel à coups de bec,
Un oiseau, deux oiseaux, trois oiseaux
Font du beau temps
Dans les ruelles d'un coup sec,
Un volet, deux volets, trois volets
Claquent au vent
Et faisant une rond’ avec,
Un enfant, deux enfants, trois enfants
Dansent gaiement
z Carioca
3) Je rêv’ aussi d'avoir un jour,
Un enfant, deux enfants, trois enfants
Jouant comm’ eux
Le long du quai, flânent toujours
Un marin, deux marins, trois marins
Aventureux
De notr’ amour on se fera,
Un amour, dix amours, mill’ amours
Noyés de bleu
Et nos enfants feront des gars,
Que les filles, un beau jour, à leur tour
Rendront heureux
Refrain
Carioca ! ensorcelante et belle
Carioca ! charmant refrain d’amour
Carioca ! tu nous donnes des ailes
Car la nuit, le jour
ton rythme ardent grise toujours
Par. L. Hennevé &L. Palex, mus. V. Youmans
(1933)
Connaissez-vous la Carioca ?
C’est pas l’fox trot ni mêm’ la polka
Sa musique au rythme nouveau
Rit et soupire amoroso
Avec un balanc’ment canaille
Qui vous affole et vous tenaille
C’est épatant de la danser
En s’enlaçant sans se lasser
Quand on connaît la Carioca
On n’dans’ plus ni fox-trot ni polka
On ne trouv’ rien de plus charmant
Que cette danse des amants
L’on d’vient très vite et de tout son cœur
Un intrépide carioqueur
Quand un nouveau béguin vous prend
C’est l’premier truc qu’on lui apprend
40
z Salade de fruits
Par. N. Roux, mus. A. Canfora et N. Roux (1959)
1) Ta mère t'a donné comme prénom
Salade de fruits, ah ! quel joli nom
Au nom de tes ancêtres hawaïens
Il faut reconnaître que tu le portes bien
Refrain
Salade de fruits, jolie, jolie, jolie
Tu plais à mon père, tu plais à ma mère
Salade de fruits, jolie, jolie, jolie
Un jour ou l'autre il faudra bien
Qu'on nous marie
2) Pendus dans la paillote au bord de l'eau
Y a des ananas, y a des noix de cocos
J'en ai déjà goûté je n'en veux plus
Le fruit de ta bouche serait le bienvenu
3) Je plongerai tout nu dans l'océan
Pour te ramener des poissons d'argent
Avec des coquillages lumineux
Oui mais en revanche tu sais ce que je veux
4) On a donné chacun de tout son cœur
Ce qu'il y avait en nous de meilleur
Au fond de ma paillote au bord de l'eau
Le palmier qui bouge c'est un petit berceau
L’amour peut-être s’est embarqué
Aimons-nous ce soir, sans songer
A ce que demain peut changer
Au fil de l’eau point de serments
Ce n’est que sur terre qu’on ment !
2) Pourquoi chercher à connaître
Quel fut ton passé ?
Je n’ouvre point de fenêtres
Sur les cœurs blessés
Garde pour toi ton histoire,
Véridique ou non
Je n’ai pas besoin d’y croire
Le meilleur chaînon
C’est ton nom
3) Ta bouche est triste et rappelle
Ces fruits mal mûris
Loin d’un soleil qui leur prête
Leurs chauds coloris
Mais sous ma lèvre enfiévrée
Par l’onde et le vent
Je veux la voir empourprée
Comme au jour levant
Fleur des champs
z Sur l’ pont des Arts
Le Vent, G. Brassens (1954)
Dernier refrain
Salade de fruits, jolie, jolie, jolie
Tu plais à ton père, Tu plais à ta mère
Salade fruits, jolie, jolie, jolie
C'est toi le fruit de nos amours !
Bonjour petit !
Refrain
Si par hasard, sur l’ pont des Arts
Tu croises le vent, le vent fripon
Prudence, prends garde à ton jupon
Si par hasard, sur l’ pont des Arts
Tu croises le vent, le vent maraud
Prudent, prends garde à ton chapeau
z Le Chaland qui passe
1) Les Jean-Foutre et les gens probes
Médis’nt du vent furibond
Qui rebrouss’ les bois,
Détrouss’ les toits, retrouss’ les robes
Les Jean-Foutre et les gens probes
Le vent, je vous en réponds,
S’en soucie et c’est justice
Comme de Colin Tampon
Par. it. E. Neri, par. fr. A. de Badet,
Mus. C. A. Bixio (1932)
1) La nuit s’est faite, la berge
S’estompe et s’endort
Seule au passage une auberge
Cligne ses yeux d’or
Le chaland glisse et j’emporte
D’un geste vainqueur
Ton jeune corps qui m’apporte
L’inconnu moqueur
De son cœur
Refrain
Ne pensons à rien, le courant
Fait de nous, toujours, des errants
Sur mon chaland, sautant d’un quai
2) Bien sûr, si l’on ne se fonde
Que sur ce qui saute aux yeux
Le vent sembl’ un’ brute
Raffolant de nuire à tout l’ monde
Mais une attention profonde
Prouv’ que c’est chez les fâcheux
Qu’il préfèr’ choisir les victimes
De ses petits jeux
41
z La Tendresse
Par. et mus. H. Giraud, N. Roux (1963)
1) On peut vivre sans richesse
Presque sans le sou
Des seigneurs et des princesses
Y en a plus beaucoup
Mais vivre sans tendresse
On ne le pourrait pas
Non, non, non, non,
On ne le pourrait pas
On peut vivre sans la gloire
Qui ne prouve rien
Etre inconnu dans l’histoire
Et s’en trouver bien
Mais vivre sans tendresse
Il n’en est pas question
Non, non, non, non,
Il n’en est pas question
Quelle douce faiblesse
Quel joli sentiment
Ce besoin de tendresse
Qui nous vient en naissant
Vraiment, vraiment, vraiment
Le travail est nécessaire
Mais s’il faut rester
Des semaines sans rien faire
Eh bien on s’y fait
Mais vivre sans tendresse
Le temps vous paraît long
Long, long, long, long
Le temps vous paraît long
2) Dans le feu de la jeunesse
Naissent les plaisirs
Et l’amour fait des prouesses
Pour nous éblouir
Oui mais sans la tendresse
L’amour ne serait rien
Non, non, non, non,
L’amour ne serait rien
Quand la vie impitoyable
Vous tombe dessus
Qu’on n’est plus qu’un pauvre diable
Broyé et déçu
Alors sans la tendresse
D’un cœur qui nous soutient
Non, non, non, non,
On n’irait pas plus loin
Un enfant nous embrasse
Parce qu’on le rend heureux
Tous nos chagrins s’effacent
On a les larmes aux yeux
Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu
Dans votre immense sagesse
Immense ferveur
Faites donc pleuvoir sans cesse
Au fond de nos cœurs
Des torrents de tendresse
Pour que règne l’amour
Règne l’amour
Jusqu’à la fin des jours
z Il n’y a plus d’après
G. Béart (1959)
1) Maintenant que tu vis
A l’autre bout d’ Paris
Quand tu veux changer d’âge
Tu t’offr’s un long voyage
Tu viens me dir’ bonjour
Au coin d’ la rue du Four
Tu viens me visiter
A Saint-Germain-des-Prés
Refrain
Il n’y a plus d’après
A Saint-Germain-des-Prés
Plus d’après-demain, plus d’après-midi
Il n’y a qu’aujourd’hui
Quand je te reverrai
A Saint-Germain-des-Prés
Ce n’ sera plus toi, ce n’ sera plus moi
Il n’y a plus d’autrefois
2) Tu me dis « Comm’ tout change »
Les rues te sembl’nt étranges
Même les cafés-crème
N’ont plus le goût qu’ tu aimes
C’est que tu es une autre
C’est que je suis un autre
Nous sommes étrangers
A Saint-Germain-des-Prés
3) A vivre au jour le jour
Le moindre des amours
Prenait dans ces ruelles
Des allur’s éternelles
Mais à la nuit la nuit
C’était bientôt fini
Voici l’éternité de Saint-Germain-des-Prés
42
z J’ai la mémoire qui flanche
z La Mauvaise réputation
Par. C. Bassiak, mus. C. B. et F. Rauser (1963)
G. Brassens (1952)
J’ai la mémoire qui flanche
J’ me souviens plus très bien
Comme il était très musicien
Il jouait beaucoup des mains
Tout entre nous a commencé
Par un très long baiser
Sur la vein’ bleu-tée du poignet
Un long baiser sans fin
Au village, sans prétention
J’ai mauvaise réputation
Qu’ je m’ démène ou qu’ je reste coi
Je pass’ pour un je ne sais quoi
Je ne fais pourtant de tort à personne
En suivant mon ch’min de petit bonhomme
Mais les brav’s gens n’aiment pas que
L’on suive une autre route qu’eux
Non, les brav’s gens n’aiment pas que
L’on suive une autre route qu’eux
Tout le monde médit de moi
Sauf les muets, ça va de soi
J’ai la mémoire qui flanche
J’ me souviens plus très bien
Quel pouvait être son prénom
Et quel était son nom
Il s’appelait, je l’appelais
Comment l’appelait-on ?
Pourtant c’est fou comme j’aimais
L’appeler par son nom
J’ai la mémoire qui flanche
Je m’ souviens plus très bien
De quell’ couleur étaient ses yeux
J’crois pas qu’ils étaient bleus
Etaient-ils verts, étaient-ils gris,
Étaient-ils vert-de-gris ?
Ou changeaient-ils tout l’ temps d’ couleur
Pour un non, pour un oui ?
J’ai la mémoire qui flanche
Je m’ souviens plus très bien
Habitait-il ce vieil immeuble
Bourré de musiciens ?
Pendant qu’il me, pendant que je,
Pendant qu’on f’sait la fête,
Tous ces saxos, ces clarinettes,
Qui me tournaient la tête
J’ai la mémoire qui flanche,
Je m’ souviens plus très bien
Lequel de nous deux s’est lassé
De l’autre le premier
Etait-ce moi, était-ce lui,
Était-ce moi ou lui ?
Tout c’ que je sais, c’est que depuis
Je n’ sais plus qui je suis
J’ai la mémoire qui flanche,
Je m’ souviens plus très bien
Voilà qu’après tout’s ces nuits blanch’s,
Il ne reste plus rien
Rien qu’un p’tit air qu’il sifflotait
Chaqu’ jour en se rasant :
Padoudoudi, doudadoudi, doudoudidoudida
Le jour du quatorze juillet
Je reste dans mon lit douillet
La musique qui marche au pas
Cela ne me regarde pas
Je ne fais pourtant de tort à personne
En n’écoutant pas le clairon qui sonne
Mais les brav’s gens n’aiment pas que
L’on suive une autre route qu’eux
Non, les brav’s gens n’aiment pas que
L’on suive une autre route qu’eux
Tout le monde me montre au doigt
Sauf les manchots, ça va de soi
Quand j’ croise un voleur malchanceux
Poursuivi par un cul-terreux
J’ lanc’ la patte et, pourquoi le taire
Le cul-terreux se r’trouv’ par terre
Je ne fais pourtant de tort à personne
En laissant courir les voleurs de pommes
Mais les brav’s gens n’aiment pas que
L’on suive une autre route qu’eux
Non, les brav’s gens n’aiment pas que
L’on suive une autre route qu’eux
Tout le monde se rue sur moi
Sauf les culs-d’-jatt’, ça va de soi
Pas besoin d’être Jérémie
Pour d’viner l’ sort qui m’est promis
s’ils trouv’nt une corde à leur goût
Ils me la passeront au cou
Je ne fais pourtant de tort à personne
En suivant les ch’mins
Qui n’ mèn’nt pas à Rome
Mais les brav’s gens n’aiment pas que
L’on suive une autre route qu’eux
Non, les brav’s gens n’aiment pas que
L’on suive une autre route qu’eux
Tout l’ mond’ viendra me voir pendu
Sauf les aveugl’s, bien entendu
43
z Le Jardin extraordinaire
C. Trenet (1957)
1) C’est un jardin extraordinaire
Il y a des canards qui parlent anglais
J’ leur donn’ du pain
Ils remuent leur derrièr’
En m’ disant : « thank you
Very much Monsieur Trenet ! »
On y voit aussi des statues
Qui se tienn’nt tranquill’s tout le jour, dit-on
Mais moi je sais que dès la nuit venue
Ell’s s’en vont danser sur le gazon
Papa, c’est un jardin extraordinaire
Il y a des oiseaux qui tienn’nt un buffet
Ils vendent du grain,
Des p’tits morceaux de gruyèr’
Comme clients ils ont
Monsieur l’ maire et l’ sous-préfet
Il fallait bien trouver,
Dans cette grand’ vill’ maussade,
Où les tourist’s s’ennuient
Au fond d’ leurs autocars,
Il fallait bien trouver
Un lieu pour la prom’nade
J’avoue qu’ ce sam’di-là
J’ suis entré par hasard
Dans dans
2) Dans ce jardin extraordinaire
Loin des noirs buildings et des passag’s cloutés
Y avait un bal
Qu’ donnaient des primevères
Dans un coin d’ verdure,
Des petit’s grenouilles chantaient
Une chanson pour saluer la lune,
Dès qu’ celle-ci parut, tout’ rose d’émotion
Elles entonnèrent, je crois, la valse brune
Un’ vieill’ chouett’ me dit : « quelle
distraction ! »
Maman dans ce jardin extraordinaire
J’ vis soudain passer la plus bell’ des filles
Elle vint près d’ moi
Et là m’ dit sans manière :
« Vous m’ plaisez beaucoup,
J’aime les homm’s dont les yeux brill’nt »
Il fallait bien trouver
Dans cette grand’ vill’ perverse
Une gentille amourette,
Un p’tit flirt de vingt ans
Qui me fasse oublier
Qu’ l’amour est un commerce
Dans les bars d’ la cité,
Oui mais, oui mais pas dans
Dans dans
3) Dans mon jardin extraordinaire
Un ang’ du bizarre, un agent, nous dit :
« Etendez-vous
Sur la verte bruyère
J’ vous jouerai du luth
Pendant qu’ vous s’rez réunis »
Cet agent était un grand poète
Mais nous préférions, Artémise et moi,
La douceur d’une couchett’ secrète
Qu’elle m’ fit découvrir au fond du bois
Pour ceux qui veul’nt savoir
Où c’ jardin se trouve
Il est, vous l’ voyez, au cœur d’ ma chanson
J’y vol’ parfois,
Quand un chagrin m’éprouve
Il suffit pour ça d’un peu d’imagination
Il suffit pour ça d’un peu d’imagination
z Fanchon
Anonyme (18ème siècle)
Amis, il faut faire une pause
J’aperçois l’ombre d’un bouchon
Buvons à l’aimable Fanchon
Chantons pour elle quelque chose
Refrain
Ah ! Que son entretien est doux
Qu’elle a de mérite et de gloire
Elle aime à rire, elle aime à boire,
Elle aime à chanter comme nous ! (ter)
Oui, comme nous.
Fanchon, quoique bonne chrétienne
Fut baptisée avec du vin
Un Bourguignon fut son parrain
Une Bretonne sa marraine
Fanchon préfère la grillade
A tous les mets plus délicats
Son teint prend un nouvel éclat
Quand on lui verse une rasade
Fanchon ne se montre cruelle
Que lorsqu’on lui parle d’amour
Mais moi je ne lui fais la cour
Que pour m’enivrer avec elle
44
z La Butte rouge
Par. Montehus, mus. G. Krier (1923)
1) Sur cette butte-là, y’avait pas d’ gigolet-te
Pas de marlou ni de beau muscadin
Ah ! c’était loin du moulin d’ la Galet-te
Et de Paname qu’est le roi des patelins
C’qu’elle en a vu, du beau sang, cette terre
Sang d’ouvriers et sang de paysans
Car les bandits qui sont cause des guerres
N’en meurent jamais,
On n’ tue qu’ les innocents
La butte rouge, c’est son nom
L’ baptêm’ s’ fit un matin
Où tous ceux qui grimpaient
Roulaient dans le ravin
Aujourd’hui, y’a des vignes,
Il y pouss’ du raisin :
Qui boira d’ ce vin-là
Boira l’ sang des copains
2) Sur cette butte-là, on n’y f’sait pas la noce
Comme à Montmartre
Où l’Champagn’ coule à flots
Mais les pauv’ gars
Qu’y avaient laissé des gosses
Y f’saient entendre de terribles sanglots
C’qu’elle en a bu, des larmes, cette terre,
Larmes d’ouvriers, larmes de paysans,
Car les bandits qui sont cause des guerres
Ne pleurent jamais
Car ce sont des tyrans
La butte rouge, c’est son nom
L’ baptêm’ s’ fit un matin
Où tous ceux qui grimpaient
Roulaient dans le ravin
Aujourd’hui, y’a des vignes,
Il y pousse du raisin
Qui boit de ce vin-là
Boit les larmes des copains
3) Sur cett’ butte-là,
On y r’fait des vendanges
On y entend des cris et des chansons
Filles et gars doucement s’y échangent
Des mots d’amour qui donnent le frisson
Peuvent-ils songer
Dans leurs folles étreintes
Qu’à cet endroit
Où s’échangent leurs baisers
J’ai entendu, la nuit, monter des plaintes
Et j’y ai vu des gars au crâne brisé ?
La butte rouge, c’est son nom
L’ baptêm’ s’ fit un matin
Où tous ceux qui grimpaient
Roulaient dans le ravin
Aujourd’hui, y’a des vignes,
Il y pousse du raisin
Mais moi, j’y vois des croix
Portant l’ nom des copains
z Amazing Grace
Par. John Newton, ancien négrier devenu
abolitionniste, 1779 ; mus. "New Britain," Mélodie
américaine du 19ème siècle
Amazing grace! How sweet the sound
That saved a wretch like me!
I once was lost, but now am found;
Was blind, but now I see.
‘Twas grace that taught my heart to fear,
And grace my fears relieved;
How precious did that grace appear
The hour I first believed.
Through many dangers, toils and snares,
I have already come;
‘Tis grace hath brought me safe thus far,
And grace will lead me home.
Phonétique (il faut rouler les r !):
Eumeïzing’ greïss ! Haou souitt ze saound
Zatt seïvd eu rouetch laïk mi
Aï ouanz ouaz lost beutt naou am faound
Ouaz blaïnd beutt naou aï si
Touaz greïss zatt tott maï heurtt tou fir
End greïss maï firz rilivd
Haou précheuss did zatt greïss eupir
Zi haour aï feurst bilivd
Srou méni dennjeurz toïlz end snerz
Aï hav olrèdi comm
Tiz greïss haz brott mi seïf zeus far
End greïss ouil lid mi homm
(Traduction: Merveilleuse grâce ! Si doux est ton nom
qu’il sauva un misérable tel que moi ; J’étais perdu, mais
me voilà sauvé ; J’étais aveugle, mais maintenant je vois.
Ce fut la grâce qui enseigna à mon cœur la peur, et ce fut
elle qui la chassa. La grâce m’apparut si précieuse, dès
qu’en elle je mis ma confiance. Malgré les dangers, les
épreuves et les pièges que j’ai dû traverser, la grâce m’a
toujours mené à bon port, et c’est elle qui me conduira à
ma destination finale.)
45
z Ah ! que nos pères
Ah ! que nos pères étaient heureux (bis)
Quand ils étaient à table
Le vin coulait à côté d’eux (bis)
Ça leur était fort agréable
Refrain
Ils buvaient à pleins tonneaux
Comme des trous
Comme des trous morbleu
Bien autrement que nous morbleu
Bien autrement que nous
Ils n’avaient ni riches buffets (bis)
Ni verres de Venise
Mais ils avaient des gobelets (bis)
Aussi grands que leurs barbes grises
Ils ne savaient ni le latin (bis)
Ni la théologie
Mais ils avaient le goût du vin (bis)
C’était là leur philosophie
Quand ils avaient quelque chagrin (bis)
Ou quelque maladie
Ils plantaient là le médecin (bis)
Apothicaire et pharmacie
Celui qui planta le Provins (bis)
Au doux pays de France
Dans l’éclat du rubis du vin (bis)
Il a planté notre espérance
z Paris Canaille
Léo Ferré (1953)
Paris marlou aux yeux de fille
Ton air filou tes vieill’s guenilles
Et tes gueulant’s d’accordéon
Ça fait pas d’ rent’s mais c’est si bon...
Tes gigolos te déshabillent
Sous le métro de la Bastille
Pour se soûler à tes jupons
Ça fait gueuler mais c’est si bon...
Brins des Lilas fleur de Pantin
Ça fait des tas de p’tits tapins
Qui font merveille en tout’ saison
Ça fait d’ l’oseille et c’est si bon...
Dédé la Croix, Bébert d’Anvers
Ça fait des mois qu’y sont au vert
Alors ces dam’s s’ font un’ raison
A s’ font bigam’s et c’est si bon...
Paris bandit aux mains qui glissent
T’as pas d’amis dans la police
Dans ton corsage de néon
Tu n’est pas sage mais c’est si bon...
Hold-up savants pour la chronique
Tractions avant pour la tactique
Un p’tit coup sec dans l’ diapason
Rang’ tes kopecks sinon t’es bon...
A la la une à la la deux
Fil’-moi trois tunes j’ te verrai mieux
La tout’ dernièr’ des éditions
T’es en galèr’ mais c’est si bon...
A la la der à la la rien
T’es un gangster à la mie d’ pain
Faut être adroit pour fair’ carton
La prochain’ fois tu s’ras p’têt’ bon
Paris j’ai bu à la voix grise
Le long des rues tu vocalises
Y a pas d’espoir pour tes haillons
Seul’ment l’ trottoir mais c’est si bon...
Tes vagabonds te font des scènes
Mais sous tes ponts coule la Seine
Pour la romance à illusion
Y a d’ l’affluence mais c’est si bon...
Môm’s égarées dans les faubourgs
Prairie pavée où pouss’ l’amour
Ça pousse encore à la maison
On a eu tort mais c’est si bon...
Regards perdus dans le ruisseau
Où va la rue comme un bateau
Ça tangue un peu dans l’entrepont
C’est laborieux mais c’est si bon...
Paris je prends au cœur de pierre
Un compt’ courant des bell’s manière
Un coup d’ chapeau à l’occasion
Il faut c’ qu’ y faut mais c’est si bon...
Des sociétés très anonymes
Un député que l’on estime
Un p’tit mann’quin en confection
C’est pas l’ bais’-main mais c’est si bon...
Pass’ la monnaie v’là du clinquant
Un coup d’ rabais and gentleman
Un carnet d’ chèque sans provision
Faut faire avec mais si c’est bon...
Un p’tit Faubourg Saint-Honoré
Trois petits fours et je m’en vais
Surpris’-partie surpris’-restons
On est surpris mais c’est si bon...
Paris flonflon t’as l’âme en fête
Et des millions pour tes poètes
Quelques centimes à ma chanson
Ça fait la rime et c’est si bon...
46
z Au Printemps
Jacques Brel (1958)
Au printemps, au printemps,
Et mon cœur et ton cœur
Sont repeints au vin blanc
Au printemps, au printemps,
Les amants vont prier
Notre Dam’ du bon temps
Au printemps,
Pour un’ fleur un sourir’ un serment
Pour l’ombre d’un regard
En riant
Tout’s les filles
Vous donn’ront leurs baisers
Et puis tous leurs espoirs
Vois tous ces cœurs
Comme des artichauts
Qui s’effeuill’nt en battant
Pour s’offrir aux badauds
Vois tous ces cœurs
Comm’ de gentils mégots
Qui s’enflamm’nt en riant
Pour les fill’s du métro
Au printemps, au printemps,
Et mon cœur et ton cœur
Sont repeints au vin blanc
Au printemps, au printemps,
Les amants vont prier
Notre Dam’ du bon temps
Au printemps,
Pour un’ fleur un sourir’ un serment
Pour l’ombre d’un regard
En riant
Tout Paris
Se chang’ra en baisers
Parfois même en grand soir
Vois tout Paris
Se change en pâturages
Pour troupeaux d’amoureux
Aux bergères peu sages
Vois tout Paris
Joue la fête au village
Pour bénir au soleil
Ses nouveaux mariages
Au printemps, au printemps,
Et mon cœur et ton cœur
Sont repeints au vin blanc
Au printemps, au printemps,
Les amants vont prier
Notre Dam’ du bon temps
Au printemps,
Pour un’ fleur un sourir’ un serment
Pour l’ombre d’un regard
En riant,
Tout’ la terre
Se chang’ra en baisers
Qui parleront d’espoir
Vois ce miracle
Car c’est bien le dernier
Qui s’offre encor à nous
Sans avoir à l’app’ler
Vois ce miracle
Qui devait arriver
C’est la première chance
La seule de l’année
Au printemps, au printemps,
Et mon cœur et ton cœur
Sont repeints au vin blanc
Au printemps, au printemps,
Les amants vont prier
Notre Dam’ du bon temps
Au printemps, au printemps, au printemps
z Si toi aussi tu m’abandonnes
High Noon, par. angl. N. Washignton, par. fr. M.
François et H. Contet, mus. D. Tiomkin (1952)
Si toi aussi tu m’abandonnes
O mon unique amour, toi !
Nul ne pourra plus jamais rien,
non, rien pou-our moi
Si tu me quittes plus personne
Ne comprendra mon désarroi
Et je garderai ma souffrance
Dans un silence
Sans espérance
Puisque ton cœur ne sera plus là
C’est la cruelle incertitude
Qui vient hanter ma solitude
Que deviendrai-je dans la vie
Si tu me fuis
J’ai tant besoin de ta présence
Tu restes ma dernière chance
Si tu t’en vas, j’aurai trop peur
Peur de ne plus vivre une heure
Si toi aussi tu m’abandonnes
Il ne me restera plus rien
Plus rien au monde plus personne
Qui me comprenne
Qui me soutienne
Ou qui me donn’ simplement la main
Attends ! Attends ! Attends… demain !
47
z Le Poinçonneur des Lilas
S. Gainsbourg (1958)
1) J’ suis l’ poinçonneur des Lilas
Le gars qu’on croise et qu’on n’ regarde pas
Y a pas d’ soleil sous la terre
Drôle de croisière
Pour tuer l’ennui j’ai dans ma vest’
Les extraits du Reader’s Digest
Et dans c’ bouquin y a écrit
Que des gars s’ la coulent douce à Miami
Pendant c’ temps que je fais l’ zouave
Au fond de la cave
Paraît qu’y a pas d’ sot métier
Moi j’ fais des trous dans des billets
J’fais des trous, des p’tits trous
Encor’ des p’tits trous
Des p’tits trous, des p’tits trous
Toujours des p’tits trous
Des trous d’ second’ classe
Des trous d’ premièr’ classe
J’fais des trous, des p’tits trous
Encore des p’tits trous
Des p’tits trous, des p’tits trous
Toujours des p’tits trous
Des petits trous, des petits trous
Des petits trous, des petits trous
2) J’ suis l’ poinçonneur des Lilas
Pour Invalid’s changer à Opéra
Je vis au cœur d’ la planète
J’ai dans la tête
Un carnaval de confettis
J’en amène jusque dans mon lit
Et sous mon ciel de faïence
Je n’ vois briller que les correspondances
Parfois je rêve, je divague
Je vois des vagues
Et dans la brume au bout du quai
J’ vois un bateau qui vient m’ chercher
Pour m’ sortir de ce trou
Où je fais des trous
Des p’tits trous, des p’tits trous
Toujours des p’tits trous
Mais l’ bateau se taille
Et j’ vois qu’ je déraille
Et je rest’ dans mon trou
A fair’ des p’tits trous
Des p’tits trous, des p’tits trous
Toujours des p’tits trous
Des petits trous, des petits trous
Des petits trous, des petits trous
3) J’ suis le poinçonneur des Lilas
Arts-et-Métiers direct par Levallois
J’en ai marre, j’en ai ma claque
De ce cloaque
Je voudrais jouer la fill’ de l’air
Laisser ma casquette au vestiaire
Un jour viendra j’en suis sûr
Où j’ pourrai m’évader dans la nature
J’ partirai sur la grand’route
Et coût’ que coûte
Et si pour moi il n’est plus temps
Je partirai les pieds devant
J’fais des trous, des p’tits trous
Encor’ des p’tits trous
Des p’tits trous, des p’tits trous
Toujours des p’tits trous
Y a d’ quoi d’venir dingue
De quoi prendre un flingue
S’faire un trou, un p’tit trou
Un dernier p’tit trou
Un p’tit trou,
un p’tit trou
Un dernier p’tit trou
Et on m’ mettra dans un grand trou
Et j’ n’entendrai plus parler d’ trous
Plus jamais d’ trous
De petits trous, de petits trous,
De petits trous
z Syracuse
Par. B. Dimey, mus. H. Salvador (1962)
J’aimerais tant voir Syracuse
L’île de Pâques et Kairouan
Et les grands oiseaux qui s’amusent
A glisser l’aile sous le vent
Voir les jardins de Babylone
Et le palais du grand Lama
Rêver des amants de Vérone
Au sommet du Fuji-Yama
Voir le pays du matin calme
Aller pêcher au cormoran
Et m’enivrer de vin de palme
En écoutant ..chanter le vent
Avant que ma jeunesse s’use
Et que mes printemps soient partis
J’aimerais tant voir Syracuse
Pour m’en souvenir à Paris
48
z La plus bath des javas
Une roue péta dans son gilet
Par. Georgius, mus. Tremolo (1925)
1) Je vais vous raconter
Une histoire arrivée
A Nana et Julot Gueul’ d’Acier
Pour vous raconter ça
Il fallait un’ java
J’en ai fait un’ bath écoutez-la
Mais j’ vous préviens surtout
J’ suis pas poèt’ du tout
Mes couplets n’ rim’nt pas bien
Mais j’ m’en fous
L’grand Julot et Nana
Sur un air de java
S’ connur’nt au bal musett’
Sur un air de javette
Ell’ lui dit : "J’ai l’ béguin"
Sur un air de javin
Il répondit : "Tant mieux"
Sur un air déjà vieux
Refrain
Ah ! Ah ! Ah ! Ah !
Ecoutez ça si c’est chouette
Ah ! Ah ! Ah ! Ah !
C’est la plus bath des javas
2) Ils partir’nt tous les deux
Comme des amoureux
A l’hôtel meublé du Pou Nerveux
Le lendemain, Julot
lui dit : "J’ t’ai dans la peau"
Et il lui botta le bas du dos
Ell’ lui dit : "J’ai compris,
Tu veux d’ l’argent, chéri,
J’en aurai à la sueur du nombril"
Alors ell’ s’en alla
Sur un air de java
Boul’vard de la Chapelle
Sur un air de javelle
Elle s’ vendit pour de l’or
Sur un air de javor
A trois francs la séance
Sur un air de jouvence
3) Son homm’ pendant ce temps,
Ayant besoin d’argent
Mijotait un vol extravagant
Il chipa, lui, Julot
Une ram’ de métro
Qu’il dissimula sur son pal’tot
Le coup était bien fait
Mais just’ quand il sortait
Alors on l’arrêta
Sur un air de java
Mais rouge de colère
Sur un air de javère
Dans le ventre du flic
Sur un air de javic
Il plongea son eustache
Sur un air de jeun’ vache
4) Nana ne sachant rien
Continuait son turbin
Six mois se sont passés...Un matin
Ell’ rentre à la maison
Mais elle a des frissons
Elle s’arrête devant la prison
L’échafaud se dress’ là
L’bourreau qui n’ s’en fait pas
Fait l’ coup’ret à la Pâte Oméga
Julot vient à p’tits pas
Sur un air de java
C’est lui qu’on guillotine
Sur un air de javine
Sa têt’ roul’ dans l’ panier
Sur un air de javier
Et Nana s’évanouille
Sur un air de javouille
z Méditerranée
Par. R. Vincy, mus. F. Lopez (1956)
Sous le climat qui fait chanter tout le Midi,
Sous le soleil qui fait mûrir les ritournelles,
Dans tous les coins on se croirait au Paradis
Près d'une mer toujours plus bleue, toujours plus
belle
Et pour qu'elle ait dans sa beauté plus de douceur
Mille jardins lui font comme un collier de fleurs...
Méditerranée
Aux îles d'or ensoleillées
Aux rivages sans nuages
Au ciel enchanté
Méditerranée
C'est une fée qui t'a donné
Ton décor et ta beauté
Mé-di-terranée !
Au clair de lune, entendez-vous dans le lointain,
Comme un écho qui, sur les vagues, s'achemine ?
Entendez-vous le gai refrain des tambourins
Accompagné du trémolo des mandolines ?
C'est la chanson qui vient bercer, toutes les nuits,
Les amoureux du monde entier qu'elle a séduits.
49
z Le Tord-Boyau
Par. P. Perret, mus P. Perret et F. Charpin (1963)
1) Il s’agit d’un boui-boui bien crado
Où les mecs par dessus l’ calendo
Se rinc’nt la cloison au Kroutchev maison
Un Bercy pas piqué des hann’tons
D’ temps en temps y’a un vieux pue-la-sueur
Qui s’offre un vieux jambon au vieux beurre
Et puis un’ nana, un’ jolie drôless’
Qui lui vant’ son magasin à fess’s
Au Tord-Boyaux le patron s’appell’ Bruno
Il a d’ la graiss’ plein les tiffs
Des gros points noirs sur le pif
2) Quand Bruno fait l’ menu et le sert
T’as les premièr’s douleurs au dessert
L’estomac à g’noux qui demand’ pardon
Les boyaux qui tricotent des napp’rons
Les rotules de Grand Mère c’est du beurre
A côté du bifteck pomm’ vapeur
Si avant d’entrer y t’ rest’ un’ molair’
Un conseil, tu la laisses au vestiaire
Au Tord-Boyaux le patron s’appell’ Bruno
Sa femme est mort’ y’a trois mois
D’un ulcère à l’estomac
3) Dans l’ quartier mêm’ le mois le plus doux
Tu n’ risques pas d’entendre « miaou »
Des greffiers mignons, y’en a plus besef
Ils sont tous dev’nus terrine du chef
Je m’ souviendrai longtemps d’un gazier
Qui voulait à tout prix du gibier
Il chuta avant de sucer les os
Les moustaches en croix sur le carreau
Au Tord-Boyaux le patron s’appell’ Bruno
Il envoie des postillons
Ça fait des yeux dans l’ bouillon
4) Sois prudent, prends bien garde au fromage
Son camembert a eu l’ retour d’âge
Avant d’ le sentir j’ te jure que t’hésites
Ou alors c’est qu’ t’as d’ la sinusite
Comme Bruno a un gros panaris
Le médecin a prescrit l’ bain-marie
Et subreptic’ment en t’am’nant l’assiette
Il le glisse au chaud dans la blanquette
Au Tord-Boyaux le patron s’appell’ Bruno
Rien qu’à humer l’ mironton
T’as la gueul’ plein’ de boutons
5) Il s’agit d’un boui-boui bien crado
Où les mecs par dessus l’ calendo
Se rinc’nt la cloison au Kroutchev maison
Un Bercy pas piqué des hann’tons
Cet endroit est tell’ment sympathiqu’
Qu’y a déjà l’ tout Paris qui rappliqu’
Un p’tit peu déçu d’ pas être invité
Ni filmé par les actualités
Au Tord-Boyaux le patron s’appell’ Bruno
Allez vit’ le voir avant
Qu’il s’achèt’ La Tour d’Argent
z Le loup, la biche et le chevalier
Par. M. Pon. Mus. H. Salvador (1950)
Une chanson douce
Que me chantait ma maman
En suçant mon pouce
J'écoutais en m'endormant
Cette chanson douce
Je veux la chanter pour toi
Car ta peau est douce
Comme la mousse des bois
La petite biche est aux abois.
Dans le bois, se cache le loup
Ouh, ouh, ouh ouh !
Mais le brave chevalier passa
Il prit la biche dans ses bras
La, la, la, la
La petite biche
Ce sera toi, si tu veux
Le loup, on s'en fiche
Contre lui, nous serons deux
Une chanson douce
Que me chantait ma maman
Une chanson douce
Pour tous les petits enfants
O le joli conte que voilà
La biche, en femme, se changea
La, la, la, la
Et dans les bras du beau chevalier
Belle princesse elle est restée
A tout jamais
La jolie princesse
Avait tes jolis cheveux
La même caresse
Se lit au fond de tes yeux
Cette chanson douce
Je veux la chanter aussi
Pour toi, ô ma douce
Jusqu'à la fin de ma vie (bis)
50
z Ma liberté
z La Marie vison
Georges Moustaki (1968)
Par. Roger Varnay, mus. Marc Heyral (1954)
Ma liberté
Longtemps je t'ai gardée
Comme une perle rare
Ma liberté
C'est toi qui m'as aidé
A larguer les amarres
Pour aller n'importe où
Pour aller jusqu'au bout
Des chemins de fortune
Pour cueillir en rêvant
Une rose des vents
Sur un rayon de lune
Refrain
Elle a roulé sa bosse elle a roulé carosse
Elle a plumé plus d'un pigeon
La Marie-Vison
Du côté d'la Chapelle
C'est comm'ça qu'on l'appelle
Même en été elle a sur l'dos
Son sacré manteau
Il est bouffé aux mites
Et quand elle a la cuite
Ell' n'peut pas s'empêcher de raconter
Que la vie était belle
Qu'ell' portait des dentelles
Et tous les homm's, oui tous les homm's
Etaient fous d'elle
Elle a roulé sa bosse elle a roulé carosse
Elle a plumé plus d'un pigeon la Marie-Vison
Ma liberté
Devant tes volontés
Mon âme était soumise
Ma liberté
Je t'avais tout donné
Ma dernière chemise
Et combien j'ai souffert
Pour pouvoir satisfaire
Tes moindres exigences
J'ai changé de pays
J'ai perdu mes amis
Pour gagner ta confiance
Ma liberté
Tu as su désarmer
Toutes mes habitudes
Ma liberté
Toi qui m'as fait aimer
Même la solitude
Toi qui m'as fait sourire
Quand je voyais finir
Une belle aventure
Toi qui m'as protégé
Quand j'allais me cacher
Pour soigner mes blessures
Ma liberté
Pourtant je t'ai quittée
Une nuit de décembre
J'ai déserté
Les chemins écartés
Que nous suivions ensemble
Lorsque sans me méfier
Les pieds et poings liés
Je me suis laissé faire
Et je t'ai trahie pour
Une prison d'amour
Et sa belle geôlière
Et je t'ai trahie pour
Une prison d'amour
Et sa belle geôlière
Mais un soir, un soir ce fut plus fort qu'elle
La v'la qui s'est mise à pleurer
Et son secret, son secret trop lourd pour elle
Dans un bistrot me l'a confié.
Refrain
Ell' n'a jamais cherché un p'tit cœur à aimer
Ell' n'a choisi que des ballots
Au cœur d'artichaut
A jouer de la prunelle de Passy à Grenelle
On perd son temps et ses vingt ans
V'là qu'ils fich'nt le camp
Pour ce sacré manteau
Qu'ell' voulait sur son dos
Elle a foutu au clou ses rêv's de gosse
Et ce sacré manteau
Qu'ell' a toujours sur l'dos
Ca l'a mené
A la Chapelle dans mon quartier
Elle a roulé sa bosse elle a roulé carosse
Elle a plumé plus d'un pigeon
Coda
La Marie-Vison
Vous, les jouvencelles
Ne fait's pas comme elle
S'aimer d'amour,
C'est ça qu'est bon
Sacré nom de nom !
51
z Gloire au Dix-septième
Par. Monthéus, mus. R. Chantelegret et P. Doubis
(1907)
1) Légitime était votre colère
Le refus était un grand devoir
On ne doit pas tuer ses père et mère
Pour les grands qui sont au pouvoir
Soldats votre conscience est nette
On n’ se tue pas entre français
Refusant d’ rougir vos baïonnettes
Petits soldats oui vous avez bien fait
Refrain
Salut, salut à vous,
Braves soldats du dix-septième
Salut, braves pious-pious
Chacun vous admire et vous aime
Salut, salut à vous
A votre geste magnifique
Vous auriez en tirant sur nous
Assassiné la République
2) Comm’ les autres vous aimez la France
J’en suis sûr même vous l’aimez bien
Mais sous votre pantalon garance
Vous êtes restés des citoyens
La Patrie c’est d’abord sa mère
Cell’ qui vous a donné le sein
Et vaut mieux même aller aux galères
Que d’accepter d’être son assassin
3) Espérons qu’un jour viendra en France
Où la paix, la concord’ règnera
Ayons tous au cœur cette espérance
Que bientôt ce grand jour viendra
Vous avez j’té la premièr’ graine
Dans le sillon d’ l’humanité
La récolte sera prochaine
Et ce jour-là vous serez tous fêtés
z Auprès de ma blonde
A. Joubert (fin 17ème siècle)
Dans les jardins d’mon père, les lilas sont fleuris
(bis)
Tous les oiseaux du monde vienn’nt y faire leurs
nids
Refrain
Auprès de ma blonde
Qu’il fait bon, fait bon, fait bon,
Auprès de ma blonde qu’il fait bon dormir
La caill’, la tourterelle, et la jolie perdrix
Et ma blanche colombe qui chante jour et nuit
Ell’ chante pour les filles qui n’ont pas de mari
Pour moi ne chante guère, car j’en ai un joli
Mais dites-moi donc, belle, où est votre mari ?
Il est dans la Hollande, les Hollandais l’ont pris
Que donneriez-vous, belle, pour ravoir vot’ mari?
Je donnerais Versailles, Paris et Saint-Denis
Les tours de Notre-Dame, l’clocher de mon pays
Et ma jolie colombe qui chante jour et nuit.
z L’Internationale
Par. E. Pottier (1871), mus. P. Degeyter (1888)
1) Debout les damnés de la terre
Debout les forçats de la faim
La raison tonne en son cratère
C’est l’éruption de la fin
Du passé faisons table rase
Foule esclave, debout debout
Le monde va changer de face
Nous ne sommes rien, soyons tout
Refrain
C’est la lutte finale
Groupons-nous et demain
L’Internationale sera le genre humain (bis)
2) Il n’est pas de sauveurs suprêmes
Ni Dieu, ni César ni tribun :
Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes !
Décrétons le salut commun !
Pour que le voleur rende gorge
Pour tirer l’esprit du cachot
Soufflons nous-mêmes notre forge
Battons le fer quand il est chaud !
3) Hideux dans leur apothéose
Les rois de la mine et du rail
Ont-ils jamais fait autre chose
Que dévaliser le travail ?
Dans les coffres-forts de la bande
Ce qu’il a créé s’est fondu
En décrétant qu’on le lui rende
Le peuple ne veut que son dû
52
z L’insurgé
Paroles d'Eugène Pottier-musique de Pierre Degeyter.
Après le vote de la loi d'amnistie, Eugène Pottier revient de son
exil aux Etats-Unis. C'est en 1884 qu'il compose l'Insurgé en
hommage à Blanqui et aux Communards
1) L’insurgé, son vrai nom, c’est l’Homme,
Qui n’est plus la bête de somme
Qui n’obéit qu’à la raison
Et qui marche avec confiance
Car le soleil de la science
Se lève rouge à l’horizon.
Refrain
Devant toi, misère sauvage,
Devant toi, pesant esclavage,
L’insurgé se dresse
Le fusil chargé.
2) On peut le voir en barricades
Descendr’ avec les camarades,
Riant, blaguant, risquant sa peau.
Et sa prunelle décidée
S’allum’ aux splendeurs de l’idée,
Aux reflets pourprés du drapeau.
3) Il comprend notre mèr’ aimante,
La planète qui se lamente
Sous le joug individuel.
Il veut organiser le monde
Pour que de sa mamell’ ronde
Coul’ un bien-être universel.
z Sur les quais du vieux Paris
Par. L. Poterat, mus. R. Erwin (1939)
Quand doucement tu te penches
En murmurant « C’est dimanche :
Si nous allions en banlieue faire un tour
Sous le ciel bleu des beaux jours »
Mille projets nous attirent
Mais dans un même sourire
Nous referons le trajet simple et doux
De nos premiers rendez-vous
Refrain
Sur les quais du vieux Paris
Le long de la Seine, le bonheur sourit
Sur les quais du vieux Paris
L’amour se promène en cherchant un nid
Vieux bouquinistes, belles fleuristes
Comme on vous aime, vivants poèmes
Sur les quais du vieux Paris
De l’amour bohème, c’est le paradis
Tous les vieux ponts nous connaissent
Témoins de folles promesses
Qu’au fil de l’eau, leur écho va conter
Aux gais moineaux effrontés
Et dans tes bras qui m’enchaînent
En écoutant les sirènes
Je laisse battre, éperdu de bonheur
Mon cœur auprès de ton cœur
z C’est un mauvais garçon
Par. J. Boyer, mus. G. van Parys (1936)
1) Nous les paumés
Nous ne sommes pas aimés
Des bons bourgeois qui nagent dans la joie
Il faut avoir, pour être à leur goût,
Un beau faux-col et un chapeau mou
Ça n’ fait pas riche une casquette
Ça donn’ le genre malhonnête
Et c’est pourquoi
Quand un bourgeois nous voit
Il dit en nous montrant du doigt
C’est un mauvais garçon
Il a des façons pas très catholiques
On a peur de lui
Quand on le rencontre la nuit
C’est un méchant p’tit gars qui fait du dégât
Sitôt qu’il s’explique
Ça joue du poing, d’ la tête et du chausson
Un mauvais garçon
2) Tout’s les bell’s dames
Plein’s de perles et de diam’s
En nous croisant ont des airs méprisants
Oui, mais demain, peut-être ce soir
Dans nos musettes ell’s viendront nous voir
Elles guincheront comm’ des filles
En s’enroulant dans nos quilles
Et nous lirons dans leurs yeux chavirés
L’aveu qu’elles n’osent murmurer
C’est un mauvais garçon
Il a des façons pas très catholiques
On a peur de lui
Quand on le rencontre la nuit
C’est un méchant p’tit gars
Qui fait du dégât sitôt qu’il s’explique
Mais y a pas mieux
Pour donner l’ grand frisson
Qu’un mauvais garçon
53
z La Complainte des infidèles
Par. C. Rim, mus. G.van Parys (1931)
Bonnes gens, écoutez la triste ritournelle
Des amants errants en proie à leurs tourments
Parce qu’ils ont aimé des femmes infidèles
Qui les ont trompés ignominieusement
Méfiez-vous, femmes cruelles
Qu’on vous en fasse tout autant
La douleur n’est pas éternelle
Même chez le meilleur des amants
Vaincues par vos propres armes
Vous connaîtrez à votre tour
Et le désespoir et les larmes
De la jalousie et de l’amour
Refrain :
Cœur pour cœur
Dent pour dent,
Telle est la loi des amants (bis)
Bonnes gens,
C’est le refrain des filles cruelles
Sans foi, ni serment
Trompées par leurs amants
Parce qu’ils ont aimé des femmes infidèles,
Ils se sont vengés victorieusement
Ah ! souffrez mes tourterelles
Vous voici en peine d’amant
Des inquiétudes mortelles,
C’est vous qui connaîtrez le tourment
Répandez vos jolies larmes
Oui, pleurez, c’est bien votre tour
Vous avez dû rendre vos armes
Et l’amour est mort, vive l’amour
z Le Temps du muguet
Par. fr. F. Lamarque, mus. et par. orig. B. SolovievSodoï et M. Matoussovski
1) (Phonétique)
Niè souichné v’sadou dajé chorori
Fsio zdiès zamiérouo do outra
Yesli bé znali, vé cac mnié darogui
Padmaskofskié viétchiéra
Yesli bé znali, vé cac mnié darogui
Padmaskofskié viétchiéra
2) Il est revenu, le temps du muguet
Comm’ un vieil ami retrouvé
Il est revenu flâner le long des quais
Jusqu’au banc où je t’attendais
Et j’ai vu refleurir
L’éclat de ton sourire
Aujourd’hui plus beau que jamais
3) Le temps du muguet ne dure jamais
Plus longtemps que le mois de mai
Quand tous ses bouquets
Déjà seront fanés
Pour nous deux rien n’aura changé
Aussi belle qu’avant
Notre chanson d’amour
Chantera comme au premier jour
4) Il s’en est allé le temps du muguet
Comm’ un vieil ami fatigué
Pour toute une année pour se faire oublier
En partant il nous a laissé
Un peu de son printemps
Un peu de ses vingt ans
Pour s’aimer, pour s’aimer longtemps
z A Paris
F. Lemarque (1948)
1) A Paris
Quand un amour fleurit
Ça fait pendant des s’main’s
Deux cœurs qui se sourient
Tout ça parce qu’ils s’aim’nt
A Paris
Au printemps
Sur les toits, les girouett’s
Tourn’nt et font les coquett’s
Avec le premier vent
Qui passe indifférent
Nonchalant
Car le vent
Quand il vient à Paris
N’a plus qu’un seul souci
C’est d’aller musarder
Dans tous les beaux quartiers
De Paris
Le soleil
Qui est son vieux copain
Est aussi de la fête
Et comm’ deux collégiens
Il s’en vont en goguett’
Dans Paris
Et la main dans la main
Ils vont sans se frapper
Regardant en chemin
Si Paris a changé
2) Y a toujours
Des taxis en maraud’
Qui vous chargent en fraude
Avant le stationn’ment
Où y a encor’ l’agent
54
Des taxis
Au café
On voit n’importe qui
Qui boit n’importe quoi
Qui parle avec ses mains
Qu’est là depuis l’ matin
Au café
Y a la Seine
A n’importe quelle heure
Elle a ses visiteurs
Qui la r’gard’nt dans les yeux
Ce sont ses amoureux
A la Seine
Et y a ceux
Ceux qui ont fait leur lit
Près du lit de la Seine
Et qui s’ lav’nt à midi
Tous les jours de la s’main’
Dans la Seine
z La Goualante du pauvre Jean
3) Et les autres
Ceux qui en ont assez
Parc’ qu’ils en ont vu d’ trop
Et qui veul’nt oublier
Alors ils s’ jett’nt à l’eau
Mais la Seine
Ell’ préfère
Voir les jolis bateaux
Se promener sur elle
Et au fil de son eau
Jouer aux caravell’s
Sur la Seine
Les ennuis
Y en a pas qu’à Paris
Y en a dans l’ monde entier
Oui mais dans l’ monde entier
Y a pas partout Paris
V’là l’ennui
A Paris
Au quatorze juillet
A la lueur des lampions
On danse sans arrêt
Au son d’ l’accordéon
Dans les rues
Il guinchait dans les salons
Il baffrait comm’ un cochon
Et lichait tous les tafias
Mais n’oubliez pas
Rien ne vaut un’ bell’ fille
Qui partag’ notre ragoût
Sans amour on est rien du tout
On est rien du tout
Pour gagner des picaillons
Il fut un méchant larron
On le saluait bien bas
Mais n’oubliez pas
Un jour on fait la pirouette
Et derrière les verrous
Croyez-moi on est rien du tout
On est rien du tout
Depuis qu’à Paris on a pris la Bastille
Dans tous les faubourgs
Et à chaque carr’four
Il y a des gars et il y a des fill’s
Qui sur les pavés
Sans arrêt, nuit et jour
Font des tours
Et des tours
A Paris
Par. R. Rouzaud, mus. M. Monnot (1954)
Esgourdez rien qu’un instant
La goualant’ du pauvre Jean
Que les femmes n’aimaient pas
Et n’oubliez pas !
Dans la vie y a qu’un’ morale
Qu’on soit riche ou sans un sou
Sans amour on est rien du tout
On est rien du tout
Lui aussi était rupin
Et fringué comme un gandin
Il pionçait dans de beaux draps
Mais n’oubliez pas
Dans la vie on est peau d’ balle
Quand notre cœur est au clou
Sans amour on est rien du tout
On est rien du tout
Esgourdez tous les galants
Soyez fiers de vos vingt ans
On ne les a qu’une fois
Et n’oubliez pas
Plutôt qu’une cordelette
Mieux vaut un’ femme à son cou
Sans amour on est rien du tout
On est rien du tout
Et voilà mes pauvres gens
La goualant’ du pauvre Jean
Qui vous dit en vous quittant
« Aimez-vous ! »
55
z Le piano du Pauvre
L'instrument d'service
Léo Ferré (1954)
Le piano du pauvre
Se noue autour du cou
La chanson guimauve
Toscanini s'en fout
Mais il est pas chien
Et le lui rend bien
Il est éclectique
Sonate ou java
Concerto polka
Il aim' la musique
Le piano du pauvre
C'est l'Chopin du printemps
Sous le soleil mauve
Des lilas de Nogent
Il roucoule un brin
A ceux qui s'plais'nt bien
Et fait des avances
Ravel ou machin
C'est déjà la fin
Mais v'là qu'y r'commence
Le piano du pauvre
Se noue autour des reins
Sa chanson guimauve
Ça va toujours très loin
Car il n'est pas chien
Toujours il y r'vient
Il a la pratique
C'est pour ça d'ailleurs
Qu'les histoir's de cœur
Finiss'nt en musique
Le piano du pauvre
Est un joujou d'un sou
Quand l'amour se sauve
Y a pas qu'lui qui s'en fout
Car on n'est pas chien
On le lui rend bien
On est éclectique
Jules ou bien machin
C'est déjà la fin
Mais v'là qu'on y r'pique
Le piano du pauvre
C'est pas qu'il est voyou
La chanson guimauve
On en prend tous un coup
Car on n'est pas chien
On a les moyens
Et le cœur qui plisse
Quand Paderewsky
Tir' de son étui
Le piano du pauvre
N'a pas fini d'jacter
Sous le regard fauve
Des rupins du quartier
Pendant qu'les barbus
Du vieil Institut
Posent leurs bésicles
Pour entendre au loin
Le piano moulin
Qui leur fait l'article
Le piano du pauvre
Dans sa boîte à bobards
S'tape un air guimauve
En s'prenant pour Mozart
S'il a l'air grognon
Et joue sans façons
Des javas perverses
C'est qu'il est pas chien
Et puis qu'il faut bien
Fair' marcher l'Commerce...
z Pour un flirt
Michel Delpech (1971)
La, la, la, la…
Pour un flirt avec toi
Je ferais n'importe quoi
Pour un flirt avec toi
Je serais prêt à tout
Pour un simple rendez-vous
Pour un flirt avec toi
Refrain
Pour un petit tour, un petit jour
Entre tes bras
Pour un petit tour, au petit jour
Entre tes draps
Je pourrais tout quitter
Quitte à faire démodé
Pour un flirt avec toi
Je pourrais me damner
Pour un seul baiser volé
Pour un flirt avec toi
Je ferais l'amoureux
Pour te câliner un peu
Pour un flirt avec toi
Je ferais des folies
Pour arriver dans ton lit
Pour un flirt avec toi
56
z Emmenez-moi
Par. G Aznavour, mus. G Garvarentz (1967)
1) Vers les docks ou le poids et l’ennui
Me courbent le dos
Ils arrivent le ventre alourdi
De fruits, les bateaux.
Ils viennent du bout du monde
Apportant avec eux
Des idées vagabondes
Aux reflets de ciel bleu,
De mirages.
Traînant un parfum poivré
De pays inconnus
Et d’éternels étés
Où l’on vit presque nu,
Sur les plages
Moi qui n’ai connu toute ma vie
Que le ciel du Nord
J’aimerais débarbouiller ce gris
En virant de bord.
Refrain
Emmenez-moi au bout de la terre
Emmenez-moi au pays des merveilles
Il me semble que la misère
Serait moins pénible au soleil.
2) Dans les bars à la tombée du jour
Avec les marins
Quand on parle de filles et d’amour
Un verre à la main
Je perds la notion des choses
Et soudain ma pensée
M’envole et me dépose
Un merveilleux été
Sur la grève,
Où je vois tendant les bras
L’amour qui comme un fou
Court au devant de moi
Et je me pends au cou
De mon rêve
Quand les bars ferment,
que les marins
Rejoignent leurs bords
Moi je rêve encor’ jusqu’au matin
Debout sur le port.
3) Un beau jour sur un rafiot craquant
De la coque au pont
Pour partir je travaillerai dans
La soute à charbon.
Prenant la route qui mène
A mes rêves d’enfant
Sur des îles lointaines
Où rien n’est important
Que de vivre,
Où des filles alanguies
Vous ravissent le cœur
En tressant m’a-t-on dit
De ces colliers de fleurs
Qui enivrent.
Je fuirai laissant là mon passé
Sans aucun remords
Sans bagage et le cœur libéré
En chantant très fort.
z Les petits papiers
S. Gainsbourg (1965)
Laissez parler les p’tits papiers
A l’occasion papier chiffon
Puissent-ils un soir papier buvard
Vous consoler
Laisser brûler les p’tits papiers
Papier de riz ou d’Arménie
Qu’un soir ils puissent papier maïs
Vous réchauffer
Un peu d’amour papier velours
Et d’esthétique papier musique
C’est du chagrin papier dessin
Avant longtemps
Laissez glisser papier glacé
Les sentiments papier collant
Ça impressionne papier carbone
Mais c’est du vent
Machin Machine papier machine
Faut pas s’ leurrer papier doré
Celui qu’y touche papier tue-mouches
Est moitié fou
C’est pas brillant papier d’argent
C’est pas donné papier-monnaie
Ou l’on en meurt papier à fleurs
Ou l’on s’en fout
Laissez parler les p’tits papiers
A l’occasion papier chiffon
Puissent-ils un soir papier buvard
Vous consoler
Laisser brûler les p’tits papiers
Papier de riz ou d’Arménie
Qu’un soir ils puissent papier maïs
Vous réchauffer
57
z C’est une fleur de Paris
Par. M. Vandair, mus. H. Bourtayre (1945)
1)Mon épicier l’avait gardée dans son comptoir
Le percepteur la conservait dans son tiroir
La fleur si belle de notre espoir
Le pharmacien la dorlotait dans un bocal
L’ex-caporal en parlait à l’ex-général
Car c’était elle notre idéal
C’est une fleur de Paris
Du vieux Paris qui sourit
Car c’est la fleur du retour
Du retour des beaux jours, des beaux jours
Pendant quatre ans, dans nos cœur
Elle a gardé ses couleurs
Bleu, blanc, rouge, avec l’espoir elle a fleuri
C’est une fleur de Paris
2) Le paysan la voyait fleurir dans ses champs
Le vieux curé l’adorait dans un ciel tout blanc
Fleur d’espérance, fleur de bonheur
Tous ceux qui se sont battus pour nos libertés
Au petit jour, devant leurs yeux l’ont vue briller
La fleur de France aux trois couleurs
C’est une fleur de chez nous
Elle est sortie de partout
Car c’est la fleur du retour
Du retour des beaux jours
Pendant quatre ans, dans nos cœurs
Elle a gardé ses couleurs
Bleu, blanc, rouge,
Avec l’espoir elle a fleuri
C’est une fleur de Paris
z Le Jazz et la java
Par. C. Nougaro, mus. J. Datin d’après un thème de
Haydn (1962)
Refrain
Quand le jazz est
Quand le jazz est là
La java s’en
La java s’en va
Il y a de l’orage dans l’air
Il y a de l’eau dans le… gaz
Entre le jazz et la java
1) Chaque jour un peu plus
Y’a le jazz qui s’installe
Alors la rage au cœur
La java fait la malle
Ses p’tit’s fess’s en bataille
Sous sa jupe fendue
Elle écrase sa Gauloise
Et s’en va dans la rue
2) Quand j’écoute béat
Un solo de batterie
V’là la java qui râle
Au nom de la patrie
Mais quand je crie bravo
A l’accordéoniste
C’est le jazz qui m’engueule
Me traitant de raciste
3) Pour moi jazz et java
C’est du pareil au même
J’ me saoule à la Bastille
Et m’ noircis à Harlem
Pour moi jazz et java
Dans le fond c’est tout comme
Le jazz dit " Go men "
La java dit " Go home "
4) Jazz et java copains
Ça doit pouvoir se faire
Pour qu’il en soit ainsi
Tiens, je partage en frère
Je donne au jazz mes pieds
Pour marquer son tempo
Et je donne à la java… mes mains
Pour le bas de son dos
Et je donne à la java mes mains
Pour le bas de… son dos
z Marjolaine
Par. F. Lemarque, mus. R. Revil (1957)
Un inconnu et sa guitare
Dans une rue pleine de brouillard
Chantait, chantait une chanson
Que répétaient deux autres compagnons
Marjolaine, toi si jolie
Marjolaine, le printemps fleurit
Marjolaine, j’étais soldat
Mais aujourd’hui
Je reviens près de toi
Tu m’avais dit : "Je t’attendrai"
Je t’avais dit: "Je reviendrai"
J’étais parti encore enfant
Suis revenu un homme maintenant
Marjolaine, toi si jolie
Marjolaine, je n’ai pas menti
Marjolaine, j’étais soldat
Mais aujourd’hui
Je reviens près de toi
58
J’étais parti pour dix années
Mais dix années ont tout changé
Rien n’est pareil et dans ta rue
A part le ciel, je n’ai rien reconnu
Car sur les bords d'la Mer du Nord
Elle se remit à faire du sport
Je tolérais ce violon d'Ingres
Sinon elle devenait malingre
Marjolaine, toi si jolie
Marjolaine, le printemps s’enfuit
Marjolaine, je sais trop bien
Qu’amour perdu
Plus jamais ne revient
Puis un beau jour j'en ai eu marre
C'était pis que la mer à boire
J'lai refilée à un gigolo
Et j'ai nagé vers d'autres eaux
En douceur, en douceur…
Un inconnu et sa guitare
Ont disparu dans le brouillard
Et avec lui ses compagnons
Sont repartis, emportant leur chanson
Z'étaient chouettes les filles du bord de mer
Z'étaient bêtes pour qui savait leur plaire
z A Joinville-le-Pont
Marjolaine, toi si jolie
Marjolaine, le printemps fleurit
Marjolaine, j’étais soldat
z Les Filles du Bord de Mer
Paroles et Musique: Salvatore Adamo 1964
Je me souviens du bord de mer
Avec ses filles au teint si clair
Elles avaient l'âme hospitalière
C'était pas fait pour me déplaire
Naïves autant qu'elles étaient belles
On pouvait lire dans leurs prunelles
Qu'elles voulaient pratiquer le sport
Pour garder une belle ligne de corps
Et encore, et encore…
Z'auraient pu danser la java
Z'étaient chouettes les filles du bord de mer
Z'étaient faites pour qui savait y faire
Y'en avait une qui s'appelait Eve
C'était vraiment la fille d'mes rêves
Elle n'avait qu'un seul défaut
Elle se baignait plus qu'il ne faut
Plutôt qu'd'aller chez le masseur
Elle invitait le premier baigneur
A tâter du côté de son cœur,
En douceur, en douceur…
En douceur et profondeur
Z'étaient chouettes les filles du bord de mer
Z'étaient chouettes pour qui savait y faire
Lui pardonnant cette manie
J'lui propose de partager ma vie
Mais dès que revint l'été
Je commence à m'inquiéter
Par. R. Pierre, mus. E. Lorin (1952)
1) J’ suis un p’tit gars plombier zingueur
J’fais des s’main’s de quarante-huit heures
Et j’attends qu’ les dimanch’s s’amèn’nt
Pour sortir ma grande Germaine
Ou bien une autr’ ça r’vient au même
Mais moi j’ préfère quand même Maimain’
A qui qu’un jour fougueux j’ai dit
Si qu’on allait s’ prom’ner chérie
Refrain
A Joinville-le-Pont, pon pon
Tous deux nous irons, ron ron
Regarder guincher, chez chez chez Gégène
Si l’cœur nous en dit, dit dit
On pourra aussi, si, si
Se mettre à guincher, chez chez chez Gégène
2) Au bord de l’eau y’a des pêcheurs
Et dans la Marn’ y’a des baigneurs
On voit des gens qui mang’nt des moul’s
Ou des frit’s s’ils aiment pas les moul’s
On mange avec les doigts c’est mieux
Y’a qu’ les bell’s fill’s qu’on mang’ des yeux
Sous les tonnelles on mang’ des glaces
Et dans la Marne on boit la tasse
3) Et quand la nuit tombe à neuf heures
Y’a p’us d’ pêcheurs, y’a p’us d’ baigneurs
Y’a p’us d’ belles filles sous les ramures
Y reste plus qu’ des épluchures
Mainmain’ me dit j’ai mal aux pieds
Sur mon vélo j’ dois la ram’ner
Mais dès l’ lundi j’ pense au sam’di
Quand vient l’ samedi, moi ça me dit
59
z Armstrong
Par. Claude Nougaro, mus. trad. USA (1964)
Armstrong, je ne suis pas noir,
Je suis blanc de peau
Quand on veut chanter l'espoir ?
Quel manque de pot,
Oui j'ai beau voir le ciel… l'oiseau…
Rien, rien, rien ne luit là-haut…
Les anges… zé-ro,
Je suis blanc de peau
Armstrong, tu te fends la poire,
On voit toutes tes dents
Moi, je broie plutôt du noir,
Du noir en dedans,
Chante pour moi, Louis… oh ! oui…
Chante, chante, chante…ça tient chaud…
J'ai froid… oh ! moi,
Qui suis blanc de peau…
Armstrong, la vie, quell’ histoire ?
C'est pas très marrant
Qu'on l'écrive blanc sur noir,
Ou bien noir sur blanc
On voit surtout du rouge…du rouge
Sang, sang, sans trêv’ ni repos…
Qu'on soit… ma foi,
Noir ou blanc de peau
Armstrong, un jour, tôt ou tard,
On n'est que des os
Est-c’ que les tiens seront noirs ?
Ce s’rait rigolo
Allez Louis, allé-luia…
Au-delà de no-s oripeaux…
Noir et blanc seront ressemblants…
Comm’ deux gout-tes… d'eau…
z Mon Manège à moi
Par. J. Constantin, mus. N. Glanzberg (1958)
Tu me fais tourner la tête
Mon manège à moi c’est toi
Je suis toujours à la fête
Quand tu me tiens dans tes bras
Je ferais le tour du monde
Ça ne tourn’rait pas plus qu’ ça
La terr’ n’est pas assez ronde
Pour m’étourdir autant qu’ toi
1) Ah c’ qu’on est bien tous les deux
Quand on est ensembl’ nous deux
Quelle vie on a tous les deux
Quand on s’aime comm’ nous deux
On pourrait changer d’ planète
Tant qu’ j’ai mon cœur près du tien
J’entends les flonflons d’ la fête
Et la terr’ n’y est pour rien
2) Ah oui parlons-en d’ la terre
Pour qui ell’ se prend la terre
Ma parol’ y’a qu’elle sur terre
Y a qu’ell’ pour fair’ tant d’ mystère
Mais pour nous y a pas d’ problème
Car c’est pour la vie qu’on s’aime
Et si y avait pas d’ vie même
Nous on s’aimerait quand même
Car... Tu me fais tourner la tête
Mon manège à moi c’est toi
Je suis toujours à la fête
Quand tu me tiens dans tes bras
Je ferais le tour du monde
Ça ne tourn’rait pas plus qu’ ça
La terr’ n’est pas assez ronde
Pour m’étourdir autant qu’ toi
z Tchi-Tchi
Par. R. Pujol, E. Audiffred et G. Koger, mus. V.
Scotto (1936)
1) Tu n’as que seize ans et faut voir comme
Tu affoles déjà tous les hommes
Est-ce ton œil si doux
Qui les mine ?
Ou bien la rondeur de ta poitrine
Qui les rend fous ?
Refrain
O Catarinetta bella Tchi-tchi
Ecoute l’amour t’appelle, Tchi-tchi
Pourquoi dire non, maintenant ? Ah Ah
Faut profiter quand il est temps ! Ah Ah
Plus tard quand tu seras vieille, Tchi-tchi
Tu diras baissant l’oreille, Tchi-tchi
Si j’avais su dans ce temps-là, Ah Ah
O ma belle Catarinetta
2) Malgré les jolis mots, les invites
Tu remets à demain, tu hésites…
Ça c’est, en vérité, ridicule !
Dis toi bien, au fond, que tu recules
Pour mieux sauter !
3) Pourquoi donc te montrer si rebelle ?
L’amour c’est une chose éternelle !
Demande-le, crois-moi, à ta mère :
Elle l’a chanté, avec ton père, bien avant toi
60
z La Foule
z La Marine
Par. M. Rivegauche, mus. A. Cabral (1953)
Georges Brassens (1953)
1) Je revois la ville en fête et en délire
Suffoquant sous le soleil et sous la joie
Et j’entends dans la musique les cris, les rires
Qui éclatent et rebondissent autour de moi
Et perdue parmi ces gens qui me bousculent
Etourdie, désemparée, je reste là
Quand soudain je me retourne, il se recule
Et la foule vient me jeter entre ses bras
On les r'trouve en raccourci
Dans nos p'tits amours d'un jour
Toutes les joies, tous les soucis
Des amours qui durent toujours
Emportés par la foule qui nous traîne,
Nous entraîne
Ecrasés l’un contre l’autre
Nous ne formons qu’un seul corps
Et le flot sans effort
Nous pousse enchaînés l’un et l’autre
Et nous laisse tous deux
Epanouis, enivrés et heureux
Entraînés par la foule, qui s’élance
Et qui danse une folle farandole
Nos deux mains restent soudées
Et parfois soulevés
Nos deux corps enlacés s’envolent
Et retombent tous deux
Epanouis, enivrés et heureux
2) Et la joie éclaboussée par son sourire
Me transperce et rejaillit au fond de moi
Mais soudain je pousse un cri parmi les rires
Quand la foule vient l’arracher d’entre mes
bras…
Emportés par la foule qui nous traîne,
Nous entraîne
Nous éloigne l’un de l’autre
Je lutte et je me débats
Mais le son de ma voix
S’étouffe dans les rires des autres
Et je crie de douleur
De fureur et de rage et je pleure
Et traînés par la foule, qui s’élance et qui danse
une folle farandole
Je suis emportée au loin
Et je crispe mes poings
Maudissant la foule qui me vole
L’homme qu’elle m’avait donné
Et que je n’ai jamais retrouvé…
C'est là l'sort de la marine
Et de toutes nos p'tites chéries
On accoste. Vite ! un bec
Pour nos baisers, l'corps avec
Et les joies et les bouderies
Les fâcheries, les bons retours
Il y a tout, en raccourci
Des grandes amours dans nos p'tits
On a ri, on s'est baisés
Sur les neunœils, les nénés
Dans les ch'veux à plein bécots
Pondus comme des œufs tout chauds
Tout c'qu'on fait dans un seul jour!
Et comme on allonge le temps!
Plus d'trois fois, dans un seul jour
Content, pas content, content
Y a dans la chambre une odeur
D'amour tendre et de goudron
Ça vous met la joie au cœur
La peine aussi, et c'est bon
On n'est pas là pour causer
Mais on pense, même dans l'amour
On pense que d'main il fera jour
Et qu'c'est une calamité
C'est là l'sort de la marine
Et de toutes nos p'tites chéries
On s'accoste. Mais on devine
Qu'ça n'sera pas le paradis
On aura beau s'dépêcher
Faire, bon Dieu ! la pige au temps
Et l'bourrer de tous nos péchés
Ça n'sera pas ça ; et pourtant
Toutes les joies, tous les soucis
Des amours qui durent toujours !
On les r'trouve en raccourci
Dans nos p'tits amours d'un jour...
61
z Le Déserteur
z L’homme à la moto
Par. B. Vian, mus. B. Vian et H. Berg (1964)
Par. J. Dréjac, mus. Lieber, Stoller (1956)
Monsieur le Président
Je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps
Je viens de recevoir
Mes papiers militaires
Pour partir à la guerre
Avant mercredi soir
Monsieur le Président
Je ne veux pas la faire
Je ne suis pas sur terre
Pour tuer de pauvres gens
C’est pas pour vous fâcher
Il faut que je vous dise
Ma décision est prise,
Je m’en vais déserter
Refrain
Il portait - des culottes
Des bottes de moto
Un blouson
De cuir noir avec un aigle sur le dos
Sa moto qui partait comm’
Un boulet de canon
Semait - la terreur
Dans toute la région
Depuis que je suis né
J’ai vu mourir mon père
j’ai vu partir mes frères
Et pleurer mes enfants
Ma mère a tant souffert
Qu’elle est dedans sa tombe
Et se moque des bombes
Et se moque des vers
Quand j’étais prisonnier
On m’a volé ma femme
On m’a volé mon âme
Et tout mon cher passé
Demain de bon matin
Je fermerai ma porte
Au nez des années mortes
J’irai sur les chemins
Je mendierai ma vie
Sur les routes de France
De Bretagne en Provence
Et je dirai aux gens
Refusez d’obéir
Refusez de la faire,
N’allez pas à la guerre
Refusez de partir
S’il faut donner son sang
Allez donner le vôtre
Vous êtes bon apôtre
Monsieur le Président
Si vous me poursuivez
Prévenez vos gendarmes
Que je n’aurai pas d’armes
Et qu’ils pourront tirer
Jamais il ne se coiffait,
Jamais il ne se lavait
Les ongles pleins de cambouis mais sur les
biceps il avait
Un tatouag’ avec un cœur
Bleu sur la - peau blêm’
Et juste à l’intérieur
On lisait : "Maman je t’aime"
Il avait une petit’ amie
Du nom de Marie-Lou
On la prenait en pitié,
Une enfant de son âge
Car tout l’ mond’ savait bien
Qu’il aimait entre tout
Sa chienne de moto bien davantage...
Marie-Lou la pauvre fille
L’implora, le supplia,
Dit : "Ne pars pas ce soir,
Je vais pleurer si tu t’en vas..."
Mais les mots furent perdus,
Ses larm’s pareillement
Dans le bruit de la machine et du tuyau
d’échappement
Il bondit comme un diabl’
Avec des flammes dans les yeux
Au passage à niveau,
Ce fut comme un éclair de feu
Contre u-ne locomotiv’
Qui filait vers le midi
Et quand on débarrassa les débris...
On trouva - sa culotte,
Ses bottes de moto
Son blouson
De cuir noir avec un aigle sur le dos
Mais plus rien de la moto et
Plus rien de ce démon
Qui semait la terreur
Dans toute la région...
62
z La Caissière du Grand café
Par. L. Bousquet, M. L. Izoird (1914)
V’là longtemps qu’après la soup’ du soir
De d’ssus l’ banc ousque je vais m’asseoir
Je vois une femme une merveille
Qu’elle est brune et qu’elle a les yeux noirs
En fait d’ femmes j’ m’y connais pas des tas
Mais je m’ dis en voyant ses appas
Sûrement que des beautés pareilles
Je crois bien qu’y en a pas
Elle est belle, elle est mignonne
C’est un’ bien jolie personne
De dedans la rue on peut la voir
Qu’elle est assis’ dans son comptoir
Elle a toujours le sourire
On dirait d’un’ femme en cire
Avecque son chignon
Qu’est toujours bien coiffé
C’est la caissièr’ du Grand café
Entouré d’un tas de verr’s à pied
Bien tranquill’ devant son encrier
Elle est dans la caisse, la caissière
Ça fait qu’on n’en voit que la moitié
Et moi que déjà je l’aime tant
J’ dis tant mieux qu’on cache le restant
Car si je la voyais tout entière
Je d’viendrais fou complèt’ment
Elle est belle, elle est mignonne
C’est un’ bien jolie personne
Et quand j’ai des sous, pour mieux la voir
Je rentre prendre un café noir
En faisant fondre mon sucre
Pendant deux trois heures je r’luque
Avecque son chignon
Qu’est toujours bien coiffé
La bell’ caissière du Grand café
C’est curieux comme les amoureux
On s’ comprend rien qu’avecque les yeux
Je la regarde, elle me regarde
Et nous nous regardons tous les deux
Quand ell’ rit c’est moi que je souris
Quand je souris c’est elle qu’elle rit
Maintenant je crois pas que ça tarde
Je vais voir le paradis
Elle est belle, elle est mignonne
C’est un’ bien jolie personne
Pour lui parler d’puis longtemps j’attends
Qu’ dans son café y ait plus d’ clients
Mais j’ t’en moqu’, c’est d’ pire en pire
On dirait qu’elle les attire
Avecque son chignon
Qu’est toujours bien coiffé
La bell’ caissière du Grand café
N’y tenant plus j’ai fait un mot d’écrit
J’ai voulu l’ lui donner aujourd’hui
Mais je suis resté la bouche coite
Et je sais pas qu’est-c’ qu’elle a compris
En r’gardant mon papier dans ma main
Ell’ m’a dit avec un air malin
Au bout du couloir, la porte à droite
Tout au fond vous trouv’rez bien
Elle est belle, elle est mignonne
C’est un’ bien jolie personne
Mais les femm’s, ça n’a pas de raison
Quand ça dit oui, ça veut dire non
Maint’nant elle veut plus que j’ l’aime
Mais j’ m’en moque, j’ l’aimerai quand même
Et j’ n’oublierai jamais
Le chignon bien coiffé
D’ la belle caissière du Grand café
z J’attendrai
Par. it. N. Rastelli, par. fr. L. Poterat
Mus. D. Oliveri (1937)
Les fleurs pâlissent, le feu s’éteint
L’ombre se glisse dans le jardin
L’horloge tisse des sons très las
Je crois entendre ton pas
Le vent m’apporte des bruits lointains
Guettant ma porte, j’écoute en vain
Hélas, plus rien, plus rien ne vient
Refrain
J’attendrai le jour et la nuit
J’attendrai toujours ton retour
J’attendrai car l’oiseau qui s’enfuit
Vient chercher l’oubli dans son nid
Le temps passe et court
En battant tristement
Dans mon cœur plus lourd
Et pourtant j’attendrai ton retour
Reviens bien vite, les jours sont froids
Et sans limite, les nuits sans toi
Quand on se quitte, on oublie tout
Mais revenir est si doux
Si ma tristesse peut t’émouvoir
Avec tendresse reviens un soir
Et dans mes bras tout renaîtra
63
z L’Orage
G. Brassens (1960)
Parlez-moi de la pluie, et non pas du beau temps
Le beau temps me dégoûte et m’ fait grincer les
dents
Le bel azur me met en rage
Car le plus grand amour qui m’ fut donné sur
terr’
Je l’ dois au mauvais temps, je l’ dois à Jupiter
Il me tomba d’un ciel d’orage
Par un soir de novembre, à cheval sur le toit
Un vrai tonnerr’ de Brest, avec des cris d’
putois,
Allumait ses feux d’artifice
Bondissant de sa couche en costume de nuit
Ma voisine affolée, vint cogner à mon huis
En réclamant mes bons offices.
"Je suis seule et j’ai peur, ouvrez-moi par pitié
Mon époux vient d’ partir faire son dur métier
Pauvre malheureux mercenaire
Contraint d’ coucher dehors quand il fait
mauvais temps
Pour la bonne raison qu’il est représentant
D’une maison de paratonnerres "
En bénissant le nom de Benjamin Franklin
Je l’ai mise en lieu sûr entre mes bras câlins
Et puis l’amour a fait le reste
Toi qui sèmes des paratonnerr’s à foison
Que n’en as-tu planté sur ta propre maison ?
Erreur on ne peut plus funeste.
Quand Jupiter alla se faire entendre ailleurs
La belle ayant enfin conjuré sa frayeur
Et recouvré tout son courage
Rentra dans ses foyers, fair’ sécher son mari
En m’ donnant rendez-vous les jours
d’intempéries
Rendez-vous au prochain orage
A partir de ce jour, j’ n’ai plus baissé les yeux
J’ai consacré mon temps à contempler les cieux
A regarder passer les nues
A guetter les stratus, à lorgner les nimbus
A faire les yeux doux aux moindres cumulus
Mais elle n’est pas revenue
Dieu fass’ que ma complainte aille, tambour
battant
Lui parler de la pluie, lui parler du gros temps
Auxquels on a t’nu tête ensemble
Lui conter qu’un certain coup de foudre assassin
Dans le mill’ de mon cœur a laissé le dessin
D’un’ petit’ fleur qui lui ressemble
z La Chanson des blés d’or
Par. C. Soubise - L. Lemaitre, mus. F. Doria (1882)
Mignonne, quand la lu-ne éclai-re la plain’
Aux bruits mélodieux
Lorsque – l’étoi-le du mystè-re revient
Sourire aux amoureux
As-tu parfois sur la colli-ne
Parmi les souffles caressants
Entendu la chanson divi-ne
Que chantent les blés frémissants ?
Refrain
Mignonn’, quand le soir descendra sur la terre
Et que le rossignol viendra chanter encor
Quand le vent soufflera sur la vaste bruyère
Nous irons écouter la chanson des blés d’or
(bis)
As-tu parfois sous la ramu-re à l’heure
Où chantent les épis
Ecouté leur joyeux murmu-re au bord
Des vallons assoupis
Connais-tu cette voix profon-de
Qui revient au déclin du jour
Chanter parmi la moisson blon-de
Des refrains palpitants d’amour
Mignonne, allons à la nuit clo-se rêver
Aux chansons du printemps
Pendant que des parfums de ro-se viendront
Embaumer nos vingt ans
Aimons sous les rameaux super-bes
Car la nature aura toujours
Du soleil pour dorer les ger-bes
Et des ro-ses pour nos amours !
z Jolie Môme
L. Ferré (1961)
Son bonhomm’ de mari avait tant fait d’affair’s
Tant vendu ce soir-là de petits bouts de fer
Qu’il était dev’nu millionnaire
Et l’avait emmenée vers des cieux toujours
bleus
Des pays imbécil’s où jamais il ne pleut
Où l’on ne sait rien du tonnerre
T’es toute nue sous ton pull
Y’a la rue qu’est maboul’
Jolie môme
T’as ton cœur à ton cou
Et l’bonheur par en-d’ssous
Jolie môme
64
T’as l’ rimmel qui fout l’ camp
C’est l’ dégel des amants
Jolie môme
Ta prairie ça sent bon
Fais en don aux amis
Jolie Môme
T’es qu’un’ fleur du printemps
Qui s’ fout d’ l’heure et du temps
T’es qu’un’ rose éclatée
Que l’on pose à côté
Jolie môme
T’es qu’un brin de soleil
Dans l’ chagrin du réveil
T’es qu’un’ vamp qu’on éteint
Comme un’ lampe au matin
Jolie môme
T’es qu’un’ pauvr’ petite fleur
Qu’on guimauv’ et qui meurt
T’es qu’une femme à r’passer
Quand son âme est froissée
Jolie môme
T’es qu’un’ feuille de l’automne
Qu’on effeuille monotone
T’es qu’un’ joie en allée
Viens chez moi la r’trouver
Jolie môme
T’es tout’ nue sous ton pull
Y’a la rue qu’est maboul’
Jolie môme.... !
z Passant par Paris
Anonyme, antérieure à la Révolution
Tes baisers sont pointus
Comme un accent aigu
Jolie môme
Tes p’tits seins sont du jour
A la coque à l’amour
Jolie môme
Ta barrière de frou-frou
Faut s’ la faire mais c’est doux
Jolie môme
Ta violette est l’ violon
Qu’on violente et c’est bon
Jolie môme
1) Passant par Paris
Vidant la bouteille (bis par le chœur)
Un de mes amis
Me dit à l’oreille
Chœur : BON BON BON
Solo : Le bon vin m’endort
L’amour me réveille
Chœur : Le bon vin m’endort
L’amour me réveille encor
T’es qu’un’ fleur de pass’ temps
Qui s’ fout d’ l’heure et du temps
T’es qu’une étoile d’amour
Qu’on entoile aux beaux jours
Jolie môme
T’es qu’un point sur les « i »
Du chagrin de la vie
T’es qu’une chose de la vie
Qu’on arrose qu’on oublie
Jolie môme
3) J’ai eu de son cœur
La fleur la plus belle
...Dans un beau lit blanc
Gréé de dentelles
T’as qu’une paire de mirettes
Au poker des conquêtes
Jolie môme
T’as qu’une rime au bonheur
Faut qu’ ça rime ou qu’ ça pleure
Jolie môme
T’as qu’un’ source au milieu
Qu’éclabousse du bon dieu
Jolie môme
T’as qu’un’ porte en voil’ blanc
Que l’on pousse en chantant
Jolie môme
2) Jean, prends garde à toi
On courtis’ ta belle
... Courtis’ qui voudra
Je me fie en elle
4) J’ai eu trois garçons
Tous trois capitaines
...L’un est à Bordeaux
L’autre à La Rochelle
5) L’plus jeune à Paris
Courtisant les belles
...Et l’ père est ici
Qui hâl’ la ficelle
65
z Milord
Par. G. Moustaki, mus. M. Monnot (1959)
Allez venez ! Milord
Vous asseoir à ma table
Il fait si froid dehors
Ici, c’est confortable
Laissez-vous faire, Milord
Et prenez bien vos aises
Vos peines sur mon cœur
Et vos pieds sur un’ chaise
Je vous connais, Milord
Vous ne m’avez jamais vue
Je ne suis qu’une fill’ du port
Une ombre de la rue...
Pourtant, j’ vous ai frôlé
Quand vous passiez hier
Vous n’étiez pas peu fier
Dame ! le ciel vous comblait
Votre foulard de soie
Flottant sur vos épaules
Vous aviez le beau rôle
On aurait dit le roi
Vous marchiez en vainqueur
Au bras d’une demoiselle
Mon Dieu ! qu’elle était belle
J’en ai froid dans le cœur...
Allez venez ! Milord
Vous asseoir à ma table
Il fait si froid dehors
Ici, c’est confortable
Laissez-vous faire, Milord
Et prenez bien vos aises
Vos peines sur mon cœur
Et vos pieds sur une chaise
Je vous connais, Milord
Vous n’ m’avez jamais vue
Je ne suis qu’une fille du port
Une ombre de la rue...
Dir’ qu’il suffit parfois
Qu’il y ait un navire
Pour que tout se déchire
Quand le navir’ s’en va
Il emm’nait avec lui
La douce aux yeux si tendres
Qui n’a pas su comprendre
Qu’ell’ brisait votre vie
L’amour, ça fait pleurer
Comme quoi l’existence
Ça vous donn’ tout’s les chances
Pour les reprendre après...
Allez venez ! Milord
Vous avez l’air d’un môme
Laissez-vous fair’, Milord
Venez dans mon royaume
Je soigne les remords
Je chante la romance
Je chante les milords
Qui n’ont pas eu de chance
Regardez-moi, Milord
Vous n’ m’avez jamais vue...
(pause)
Mais vous pleurez, Milord
Ça, j’ l’aurais jamais cru.
Eh ! bien voyons…, Milord
Souriez-moi, Milord
Mieux que ça, un p’tit effort...
Voilà, (voilà) c’est ça !
Allez riez ! Milord
Allez chantez ! Milord
Ta da da da, da da,
Mais oui, dansez, Milord…
La la la la…
z A la Bastille
A. Bruant (1910)
Quand elle était p’tite, le soir elle allait
A Sainte-Marguerite où qu’elle s’ dessalait
Maintenant qu’elle est grande, elle marche le soir
Avec ceux de la bande du Richard-Lenoir
Refrain
A la Bastille on aime bien Nini-Peau d’ Chien
Elle est si bonne et si gentille
Qu’on aime bien - qui ça ?
Nini Peau d’ Chien - où ça ? A la Bastille
Elle a la peau douce aux tâches de son
A l’odeur de rousse qui donne un frisson
Et de sa prunelle aux tons vert-de-gris
L’amour étincelle quand ses yeux sourient
Quand le soleil brille dans ses cheveux roux
L’ génie d’ la Bastille lui fait les yeux doux
Et quand elle s’ promène su’ l’ bout d’ l’Arsenal
Tout l’ quartier s’amène au coin du canal
Mais celui qu’elle aime, qu’elle a dans la peau
C’est Bibi-la-crème le roi des costauds
Parce que c’est un homme qui n’a pas l’ foie
blanc
Aussi faut voir comme Bibi l’a dans l’ sang
66
z Lily
P. Perret (1977)
On la trouvait plutôt jolie, Lily
Elle arrivait des Somalies Lily
Dans un bateau plein d’émigrés
Qui venaient tous de leur plein gré
Vider les poubelles à Paris
Elle croyait qu’on était égaux Lily
Au pays d’ Voltaire et d’Hugo Lily
Mais pour Debussy en revanche
Il faut deux noires pour une blanche
Ça fait un sacré distinguo
Elle aimait tant la liberté Lily
Elle rêvait de fraternité Lily
Un hôtelier rue Secrétan
L(ui) a précisé en arrivant
Qu’on ne recevait que des Blancs
Elle a déchargé des cageots Lily
Elle s’est tapé les sales boulots Lily
Elle crie pour vendre des choux-fleurs
Dans la rue ses frères de couleur
L’accompagnent au marteau-piqueur
Et quand on l’appelait Blanche-Neige Lily
Elle se laissait plus prendre au piège Lily
Elle trouvait ça très amusant
Même s’il fallait serrer les dents
Ils auraient été trop contents
Elle aima un beau blond frisé Lily
Qui était tout prêt à l’épouser Lily
Mais la belle-famille lui dit nous
Ne sommes pas racistes pour deux sous
Mais on veut pas de ça chez nous
Elle a essayé l’Amérique Lily
Ce grand pays démocratique Lily
Elle aurait pas cru sans le voir
Que la couleur du désespoir
Là-bas aussi ce fût le noir
Mais dans un meeting à Memphis Lily
Elle a vu Angela Davis Lily
Qui lui dit viens ma petit’ sœur
En s’unissant on a moins peur
Des loups qui guettent le trappeur
Et c’est pour conjurer sa peur Lily
Qu’elle lève aussi un poing rageur Lily
Au milieu de tous ces gugus
Qui foutent le feu aux autobus
Interdits aux gens de couleur
Mais dans ton combat quotidien Lily
Tu connaîtras un type bien Lily
Et l’enfant qui naîtra un jour
Aura la couleur de l’amour
Contre lequel on ne peut rien
On la trouvait plutôt jolie, Lily
Elle arrivait des Somalies Lily
Dans un bateau plein d’émigrés
Qui venaient tous de leur plein gré
Vider les poubelles à Paris.
z Le Chant des Partisans
Par. M. Druon, J. Kessel, mus. A. Marly (1944)
Ami entends-tu le vol noir des corbeaux
Sur nos plaines
Ami entends-tu ces cris sourds du pays
Qu’on enchaîne
Ohé ! partisans, ouvriers et paysans :
C’est l’alarme
Ce soir l’ennemi connaîtra le prix du sang
Et des larmes
Montez de la mine descendez des collines
Camarades
Sortez de la paille les fusils, la mitraille,
Les grenades
Ohé ! les tueurs à la balle et au couteau
Tuez vite
Ohé ! saboteurs attention à ton fardeau
D’ dynamite
C’est nous qui brisons les barreaux des prisons,
pour nos frères
La haine à nos trousses et la faim qui nous pousse,
la misère
Il y a des pays où les gens au creux des lits
Font des rêves
Ici nous, vois-tu, nous on marche et nous on tue,
nous on crève
Ici chacun sait ce qu’il veut ce qu’il fait
Quand il passe
Ami si tu tombes, un ami sort de l’ombre
A ta place
Demain du sang noir sèchera au grand soleil
Sur les routes
Chantez compagnons : dans la nuit la liberté
Nous écoute
Ami entends-tu les cris sourds du pays
Qu’on enchaîne
Ami entends-tu le vol noir des corbeaux
Sur nos plaines
67
z Le petit bonheur
F. Leclerc (1950)
C’est un petit bonheur que j’avais ramassé
Il était tout en pleurs sur le bord d’un fossé
Quand il m’a vu passer
Il s’est mis à crier
Monsieur ramassez-moi
Chez vous emmenez moi
Mes frèr’s m’ont oublié je suis tombé je suis
malade,
Si vous n’ me cueillez point je vais mourir,
quelle ballade !
Je me ferai petit tendre et soumis je vous le jure
Monsieur je vous en prie délivrez moi de ma
torture
J’ai pris le p’tit bonheur
L’ai mis sous mes haillons
J’ai dit faut pas qu’il meure
Viens-t-en dans ma maison
Alors le p’tit bonheur
A fait sa guérison
Sur le bord de mon cœur
Y avait une chanson
Mes jours mes nuits mes peines mes deuils mon
mal tout fut oublié
Ma vie de traîne-misère j’avais dégoût d’ la
recommencer
Quand il pleuvait dehors ou qu’ mes amis m’
faisaient des peines
J’ prenais mon p’tit bonheur et j’ lui disais c’est
toi ma reine
Mon bonheur a fleuri
Il a fait des bourgeons
C’était le paradis
Ça s’ voyait sur mon front
Or un matin joli,
Quand j’ sifflais ce refrain
Mon bonheur est parti
Sans me donner la main
J’eus beau le supplier le cajoler lui faire des
scènes
Lui montrer le grand trou qu’il me faisait au
fond du cœur
Il s’en allait toujours la tête haute sans joie sans
haine
Comme s’il ne voulait plus voir le soleil dans
ma demeure
J’ai bien pensé mourir
De chagrin et d’ennui
J’avais cessé de rire
C’était toujours la nuit
Il me restait l’oubli
Il me restait l’ mépris
Enfin que je me suis dit
Il me reste la vie
J’ai repris mon bâton, mes deuils, mes peines et
mes guenilles
Et je bats la semelle dans les pays de
malheureux
Aujourd’hui quand je vois une fontaine ou une
fille
Je fais un grand détour ou bien je me ferme les
yeux (bis)
z Avoir un bon copain
Par. J. Boyer, mus. W. Heymann (1930)
1) C’est le printemps
On a vingt ans
Le cœur et le moteur battent gaiement
Droit devant nous
Sans savoir où
Nous filons comme des fous
Car aujourd’hui
Tout nous sourit
Dans une auto qu’on est bien entre amis
Aussi chantons
Sur tous les tons
Le bonheur d’être garçons
Refrain
Avoir un bon copain
Voilà c’ qu’il y a d’ meilleur au monde
Oui car un bon copain
C’est plus fidèle qu’une blonde
Unis main dans la main
A chaque seconde
On rit de ses chagrins
Quand on possède un bon copain
2) Les doux aveux
Des amoureux
Avouons-le maintenant c’est vieux jeu
Sexe charmant
Tes longs serments
Ne sont que des boniments
Foin des baisers
Pour se griser
Sur une route il suffit de gazer
Le grand amour
Ça dure un jour
L’amitié dure toujours
68
z La rue de notre amour
Par. M. Vandair, mus. Alexander (1940)
1 - Elle est pleine, pleine de cafard
Des rengaines que chante un clochard
Sur le toit d'une vieille maison
Un moineau chante aussi sa chanson
Le ciel porte ses rêves d'azur
Sur les portes et sur les vieux murs
C'est un coin romantique et fané
Mais c'est là que notre amour est né.
2) Il est si doux
Mon cher trésor, d’être un peu fou
La vie est parfois trop amère
Si l’on ne croit pas aux chimères
Le chagrin est vite apaisé
Et se console d’un baiser
Du cœur on guérit la blessure
Par un serment qui le rassure
z Bella ciao
Air traditionnel, paroles 1943
Refrain
C'est la rue de notre amour
Tout au fond d'un vieux faubourg
On y voit roder le soir
Des amoureux dans les coins noirs
C'est la rue de nos désirs
Où l'amour a su fleurir
Tout au fond d'un vieux faubourg
C'est la ruelle des cœurs fidèles
Nous aimons toujours toujours
La rue de notre amour
2 - Elle est belle quand le ciel est bleu
Elle est belle même quand il pleut
Mais le jour où je t'ai rencontré
Le soleil avait tout éclairé
Le jour même c'est toi qui m'a dit
Je vous aime c'est pourquoi depuis
Nous n'avons qu'un logis pour nous deux
Dans la rue de nos premiers aveux.
z Parlez-moi d’amour
Jean Lenoir (1930)
Refrain
Parlez-moi d’amour
Redites-moi des choses tendres
Votre beau discours
Mon cœur n’est pas las de l’entendre
Pourvu que toujours
Vous répétiez ces mots suprêmes :
Je vous aime
1) Vous savez bien
Que dans le fond je n’en crois rien
Mais cependant je veux encore
Ecouter ce mot que j’adore
Votre voix aux sons caressants
Qui le murmure en frémissant
Me berce de sa belle histoire
Et malgré moi je veux y croire
Una mattina, mi son’ svegliato,
O bella ciao, bella ciao,
Bella ciao, ciao, ciao,
Una mattina mi son’ svegliato,
E ho trovato l’invasor.
O partigiano, portami via,
O bella ciao, bella ciao,
Bella ciao, ciao, ciao,
O partigiano portami via,
Che mi sento di morir.
E se io muoio, da partigiano,
O bella ciao, bella ciao,
Bella ciao, ciao, ciao,
E se io muoio da partigiano,
Tu mi devi seppellir.
E seppellire sulla montagna,
O bella ciao , bella ciao,
Bella ciao, ciao, ciao
E seppellire sulla montagna,
Sotto l’ombra d’un bel fior.
Cosi le genti che passeranno,
O bella ciao, bella ciao,
Bella ciao, ciao, ciao,
Cosi le genti che passeranno,
Mi dirranno “che bel fior”.
E quest’ è’l fiore del partigiano
O bella ciao, bella ciao,
bella ciao, ciao ciao,
E quest’ è’l fiore del partigiano
Morto per la liberta.
(Traduction : Ce matin, je me suis réveillé et
l’envahisseur était là. Adieu ma belle ! O partisans,
emportez-moi, je me sens le courage de mourir. Et si je
meurs comme un partisan tu devras m’enterrer.
M’enterrer dans la montagne, à l’ombre d’une belle
fleur. Et les gens qui passeront diront ‘‘Quelle belle
fleur’’. C’est la fleur du partisan mort pour la liberté)
69
z Je chante
Par. C. Trenet, mus. C. Trenet et P. Misraki (1937)
Je chante
Je chante soir et matin
Je chante
Sur mon chemin
Je chante
Je vais de ferm’ en château
Je chante pour du pain
Je chante pour de l'eau
Je couche
La nuit sur l'herbe des bois
Les mouches
Ne me piqu ‘nt pas
Je suis heureux
J'ai tout et j'ai rien
Je chante sur mon chemin
Les elfes
Divinités de la nuit
Les elfes
Couch’nt dans mon lit
La lune
Se faufil’ à pas de loup
Dans le bois, pour danser
Pour danser avec nous
Je sonne
Chez la comtess’aujourd’hui
Personne
Ell’ est partie
Ell’ n'a laissé
Qu'un plat d'riz pour moi
Me dit un laquais chinois
Je chante
Mais la faim qui me poursuit
Tourmente mon appétit
Je tombe
Soudain au creux d'un sentier
Je défaill’ en tombant
Et je meur’s à moitié
"Eh, gendarmes
Qui passez sur le chemin
Gendarmes
Je tends les mains
Pitié, j'ai faim
Je voudrais manger,
Je suis tout léger, léger"
Au poste
D'autres moustaches m'ont dit
Au poste
"Ah ! mon ami
C'est vous le
Le chanteur vagabond
On va vous enfermer,
Oui, votre compte est bon"
Non ! Ficelle
Tu m'as sauvé de la vie
Ficelle
Sois donc bénie
Car, grâc’ à toi j'ai rendu l'esprit
Je me suis pendu cett’ nuit
Et depuis ! Je chante
Je chante soir et matin
Je chante
Sur les chemins
Je hante les fermes et les châteaux
Un fantôme qui chant’
On trouv’ ça rigolo
Et je couche
Parmi les fleurs des talus
Les mouches
Ne me piqu’nt plus
Je suis heureux
Ca va, j'ai plus faim
Et je chante
Sur mon chemin
z Framboise !
B. Lapointe (1960)
1) Elle s’appelait Françoise,
Mais on l’appelait Framboise !
Une idée de l’adjudant
Qui en avait très peu, pourtant,
(des idées)...
Elle nous servait à boire
Dans un bled du Maine-et-Loire ;
Mais c’ n’était pas Madelon...
Elle avait un autre nom,
Et puis d’abord pas question
De lui prendre le menton...
D’ailleurs elle était d’Antib’s !
Refrain
Quelle avanie !
Avanie et Framboise
Sont les mamelles du Destin !
2) Pour sûr qu’elle était d’Antibes !
C’est plus près que les Caraïbes,
C’est plus près que Caracas.
Est-ce plus près que Pézenas ?
(Je n’ sais pas)
Et tout en étant Française,
L’était tout de même Antibaise :
Et bien qu’elle soit Française,
Et, malgré ses yeux de braise,
70
Ça n’ me mettait pas à l’aise
De la savoir Antibaise,
Moi qui serais plutôt pour...
3) Elle avait peu d’avantages :
Pour en avoir d’avantage,
Elle s’en fit rajouter
A l’institut de beauté
(Ah ! ah ! ah ! )
On peut, dans le Maine-et-Loire,
S’offrir de beaux seins en poire...
Y a un institut d’Angers
Qui opère sans danger :
Des plus jeunes aux plus âgés,
On peut presque tout changer,
Excepté ce qu’on ne peut pas...
4) "Davantage d’avantages,
Avantagent d’avantage"
Lui dis-je, quand elle revint
Avec ses seins Angevins...
(deux fois dix ! )
"Permets donc que je lutine
Cette poitrine angevine..."
Mais elle m’a échappé,
A pris du champ dans le pré
Et j’ n’ai pas couru après...
Je n’ voulais pas attraper
Une Angevine de poitrine !
Moralité :
Avanie et mamelles
Sont les framboises du Destin !
z Que reste-t-il de nos amours ?
Par. C. Trenet, mus. C. Trenet et L. Chauliac (1942)
1) Ce soir,
Le vent qui frappe à ma porte
Me parle des amours mortes
Devant le feu qui s’éteint
Ce soir
C’est une chanson d’automne
Dans la maison qui frissonne
Et je pense aux jours lointains
Refrain
Que reste-t-il de nos amours
Que reste-t-il de ces beaux jours
Une photo vieille photo de ma jeunesse
Que reste-t-il des billets doux
Des mois d’avril des rendez-vous
Un souvenir qui me poursuit sans cesse
Bonheur fané cheveux au vent
Baisers volés rêves mouvants
Que reste-t-il de tout cela
Dites-le moi
Un p’tit village, un vieux clocher
Un paysage, si bien caché
Et dans un nuage
Le cher visage de mon passé
2) Les mots
Les mots tendres qu’on murmure
Les caresses les plus pures
Les serments au fond du bois
Les fleurs
Qu’on retrouve dans un livre
Dont le parfum vous enivre
Se sont envolés, pourquoi ?
z Domino
Par. J. Plante, mus. L. Ferrari (1950)
1) Domino, Domino
Le printemps chante en moi Dominique
Le soleil s’est fait beau
J’ai le cœur comme un’ boîte à musique
J’ai besoin de toi, de tes mains sur moi
De ton corps doux et chaud
J’ai envie d’être aimée Domino
Méfie-toi mon amour
Je t’ai trop pardonné
J’ai perdu plus de nuits que tu n’ m’en as donné
Bien plus d’heures à t’attendre
Qu’à te prendre sur mon cœur
Il se peut qu’à mon tour je te fasse du mal
Tu m’en as fait toi-même et ça t’est bien égal
Tu t’amuses de mes peines
Et je m’use de t’aimer
2) Domino, Domino
Le printemps chante en moi Dominique
Le soleil s’est fait beau
J’ai le cœur comme un’ boîte à musique
J’ai besoin de toi, de tes mains sur moi
De ton corps doux et chaud
J’ai envie d’être aimée Domino
Il est une pensée que je ne souffre pas
C’est qu’on puisse me prendre ma place en tes
bras
Je supporte bien des choses
Mais à force c’en est trop
Et qu’une autre ait l’idée de me voler mon bien
Je ne donne pas cher de ses jours et des tiens
Je regarde qui t’entoure
Prends bien garde mon amour
71
3) Domino, Domino
J’ai bien tort de me mettre en colère
Avec toi, Domino,
Je sais trop qu’il n’y a rien à faire
T’as le cœur léger
Tu ne peux changer
Mais je t’aime, que veux-tu,
Je ne peux pas changer moi non plus
Domino, Domino
Je pardonne toujours mais reviens
Domino, Domino,
Et je ne te dirai plus rien
z Ça, c’est Paris
Par. L. Boyer et J. Charles, mus. J. Padilla (1926)
Refrain
Paris, reine du monde, Paris, c’est une blonde
Le nez retroussé, l’air moqueur
Les yeux toujours rieurs
Tous ceux qui la connaissent
Grisés par ses caresses
S’en vont mais revienn’nt toujours
Paris, à tes amours
1) La p’tit’ femm’ de Paris
Malgré ce qu’on en dit
A les mêmes attraits
Que les autres, oui, mais...
Elle possède à ravir
La manière d’ s’en servir
Elle a perfectionné
La façon d’ se donner
Ça, c’est Paris ! Ça, c’est Paris !
2) Mesdam’s, quand vos maris
Vienn’nt visiter Paris
Laissez-les venir seuls
Vous tromper tant qu’ils veul’nt
Lorsqu’ils vous reviendront
J’ vous promets qu’ils sauront
Ce qu’un homm’ doit savoir
Pour bien fair’ son devoir
Ça, c’est Paris ! Ça, c’est Paris !
z Les Copains d’abord
G. Brassens (1964)
Non, ce n’était pas le radeau
De la Méduse, ce bateau,
Qu’on se le dise au fond des ports
Dise au fond des ports
Il naviguait en père peinard
Sur la grand’mare des canards
Et s’app’lait Les copains d’abord,
Les copains d’abord
Ses fluctuat nec mergitur
C’était pas d’ la littérature
N’en déplaise aux jeteurs de sort
Aux jeteurs de sort
Son capitaine et ses matelots
N’étaient pas des enfants d’ salauds
Mais des amis franco de port
Des copains d’abord
C’étaient pas des amis de luxe
Des petits Castor et Pollux
Des gens de Sodome et Gomorrhe
Sodome et Gomorrhe
C’étaient pas des amis choisis
Par Montaigne et La Boétie
Sur le ventre ils se tapaient fort
Les copains d’abord
C’étaient pas des anges non plus
L’Evangile ils l’avaient pas lu
Mais ils s’aimaient toutes voiles dehors
Toutes voiles dehors
Jean, Pierre, Paul et compagnie
C’était leur seule litanie
Leur credo, leur confiteor
Aux copains d’abord
Au moindre coup de Trafalgar
C’est l’amitié qui prenait l’ quart
C’est elle qui leur montrait le nord
Leur montrait le nord
Et quand ils étaient en détresse
Leurs bras lançaient des SOS
On aurait dit des sémaphores
Les copains d’abord
Au rendez-vous des bons copains
Y’avait pas souvent de lapin
Quand l’un d’entre eux manquait à bord
C’est qu’il était mort
Oui, mais jamais au grand jamais
Son trou dans l’eau n’ se refermait
Cent ans après, coquin de sort, il manquait encor
Des bateaux, j’en ai pris beaucoup
Mais le seul qui ait tenu le coup
Qui n’ait jamais viré de bord,
Mais viré de bord
Naviguait en père peinard
Sur la grand’mare des canards
Et s’app’lait les copains d’abord
Les copains d’abord
Table
Accordéon
Accordéoniste (l’)
Ah ! le petit vin blanc
Ah ! que nos pères
Air de Paris (l’)
A Joinville-le-Pont
A la Bastille
Amants d’un jour (les)
Amazing Grace
Amoureux des bancs publics (les)
A Paris
Aragon et Castille
Armstrong
Au Printemps
Auprès de ma blonde
Aux Champs-Elysées
Avoir un bon copain
Ballade irlandaise (la)
Bandiera Rossa
Bambino
Bella ciao
Belle de Cadix (la)
Besame Mucho
Bicyclette (la)
Butte rouge (la)
Ça, c’est Paris
C’est lui qu’ mon cœur a choisi
C’est si bon
C’est un mauvais garçon
C’est une fleur de Paris
Caissière du Grand café (la)
Canuts (les)
Carioca (la)
Chaland qui passe (le)
Chanson des blés d’or (la)
Chansonnette (la)
Chant des Partisans (le)
Chevaliers de la Table Ronde
Chez Laurette
Clair de Lune à Maubeuge (le)
Coin de rue
Comédiens (les)
Comm’ de bien entendu
Complainte de la Butte (la)
Complainte de Mandrin (la)
16
5
22
45
15
58
65
17
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6
15
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27
66
6
25
25
11
1
4
7
2
Complainte des infidèles (la)
Copains d’abord (les)
Déserteur (le)
Domino
Douce France
Emmenez-moi
Enfants du Pirée (les)
Etoile des neiges
Fanchon
Filles du bord de mer (les)
Foule (la)
Framboise
Galérien (le)
Gamin d’ Paris (Un)
Gloire au Dix-septième
Goualante du pauvre Jean (la)
Grands boulevards (les)
Havanaise de Carmen
Heure Exquise (l’)
Homme à la moto (l’)
Il est 5 heures, Paris s’éveille
Il n’y a plus d’après
Insurgé (l)
Internationale (l’)
J’ai deux amours
J’ai la mémoire qui flanche
Jardin extraordinaire (le)
J’attendrai
Java bleue (la)
Java [de Mistinguett] (la)
Javanaise (la)
Java qu’est-ce que tu fais là
Jazz et la java (le)
Je chante
Jeune fille du métro (la)
Jolie Môme
Julie la Rousse
53
71
61
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1
56
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7
2
20
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57
69
10
63
36
Lili Marleen
Lily
Loup, la biche et le Chevalier (le)
Ma liberté
Ma môme
Madelon (la)
Mademoiselle de Paris
Marie vison (la)
Marine (la)
Marjolaine
Marseillaise (la)
Mattchiche (la)
Mauvaise réputation (la)
Méditerranée
Métèque (le)
Mexico
Milord
Mon amant de Saint-Jean
Mon homme
Mon manège à moi
Nathalie
Non, je ne regrette rien
Orage (l’)
Où est-il donc ?
Où sont tous mes amants ?
Padam
Paris Canaille
Parlez-moi d’amour
Passant par Paris
Petit bal du sam’di soir (le)
Petit bal perdu (le)
Petit bonheur (le)
Petit cordonnier (le)
Petits papiers (les)
Piano du pauvre (le)
Pigalle
Plus bath des javas (la)
Plus beau tango du monde (le)
Poinçonneur des Lilas (le)
Porque te vas
Pour un flirt
Pour une amourette
31
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9
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30
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36
55
18
Quand on s’ promène
Que reste-t-il ?
Rio
Romance de Paris (la)
Rue de notre amour (la)
Salade de fruits
Si toi aussi tu m’abandonnes
Si tu veux... Marguerite
Siffler sur la colline
Soleil et la lune (le)
Sous le ciel de Paris
Sous les toits de Paris
Sur le pont des Arts
Sur les quais
Syracuse
T’as pas, t’as pas tout dit
31
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40
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13
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40
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Ta voix
Tchi-Tchi
Tel qu’il est
Temps des cerises (le)
Temps du muguet (le)
Tendresse (la)
Tord-Boyau (le)
Tourbillon (le)
Tout ça n’ vaut pas l’amour
Trois petites notes
8
14
59
27
12
53
41
49
13
3
37
Un jour tu verras
38
Valse brune (la)
Varsovienne (la)
Vesoul
Vie en rose (la)
Y’a d’ la joie
10
1
33
10
3

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