Rapport du Groupe d`experts sur l`exploitation illégale des
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Rapport du Groupe d`experts sur l`exploitation illégale des
Lettre datée du 12 avril 2001, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Secrétaire général J e me réfè re à la dé c lara tion du Pré s ide nt du C ons e il de sé c urité e n da te du 2 juin 2000 (S/PR ST/2000/20), où le C onse il de s é curité m’a de ma ndé de me ttre e n pla ce un groupe d’expe rts s ur l’exploita tion illéga le de s re s s ourc e s na ture lles e t a utres riche s s es de la R épublique dé moc ratique du C ongo pour une pé riode de s ix mois . Le Cons e il a de mandé é ga leme nt que le Groupe d’e xperts , une fois cons titué , lui pré s e nte par mon intermé dia ire, un ra pport définitif à la fin de s on manda t. Suite à ma lettre da té e du 2 a vril 2001, j’ai l’honneur de vous tra ns me ttre le ra pport du Groupe d’e xpe rts , que m’a pré s e nté s on prés ide nt. J e vous s e rais re conna is s a nt de bie n vouloir le porter à l’a ttention du Cons e il. (Signé ) Kofi A. Annan Rapport du Groupe d’experts sur l’exploitation illégale des ressources naturelles et autres richesses de la République démocratique du Congo Table des matières I. Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A. Résumé. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Paramètres du rapport . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C. Plan général du rapport. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . D. Rappel des faits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . II. Exploitation illégale des ressources naturelles et autres richesses A. Les structures préexistantes qui facilitent l’exploitation illégale . . . . . B. Pillage systématique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C. Exploitation exogène et endogène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . D. Structures utilisées pour l’exploitation illégale des ressources naturelles E. Agents individuellement impliqués dans l’exploitation illégale . . . . . . F. Données économiques : confirmation de l’exploitation illégale des ressources naturelles de la République démocratique du Congo . . . . . III. Liens entre l’exploitation des ressources naturelles et la poursuite du conflit A. Comparaison entre budgets de la défense et dépenses militaires effectives B. Le financement de la guerre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C. Aspects particuliers de la relation entre l’exploitation des ressources naturelles et la persistance du conflit. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . D. Facilitateurs ou complices passifs? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . IV. Conclusion et observations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V. Recommandations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Paragraphes Page 1–24 4–8 9–16 17–20 21–24 25–108 26–31 32–45 46–70 71–86 3 3 4 5 6 6 7 8 10 15 87–93 94–108 19 21 109–212 28 110–124 28 125–172 173–180 30 38 181–212 213–218 219–242 40 44 45 Annexes I. Échantillon de sociétés qui importent des minéraux de la République démocratique du Congo via le Rwanda . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . II. Liste des pays visités et des représentants des gouvernements et organisations rencontrés III. Abréviations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49 51 61 I. Introduction 1. Da ns la dé c lara tion du Pré s ide nt da té e du 2 juin 2000 (S/PR ST/2000/20), le C ons e il de sé c urité a de mandé a u Sec ré taire gé né ral de me ttre e n pla c e un groupe d’expe rts s ur l’exploita tion illéga le de s re ss ource s nature lle s et a utres ric he ss e s de la R é publique dé moc ra tique du C ongo, pour une pé riode de s ix mois , dont le ma ndat s e rait le s uiva nt : – Examine r le s ra pports et ré unir les informations s ur toute s les a ctivités d’exploita tion illé ga le de s re ss ource s nature lle s et a utre s ric he ss e s de la R é publique démoc ratique du Congo, c e , notamme nt e n violation de la s ouve ra ine té du pa ys ; – Étudie r e t a na lys er le s lie ns e xis ta nt e ntre l’exploita tion de s re s sourc es na ture lles e t a utres riche s s es du pa ys e t la poursuite du conflit e n R é publique démoc ratique du Congo; – Prés e nter a u C ons eil des re comma nda tions . 2. Da ns la le ttre qu’il lui a adre s sé e le 31 juillet 2000 (S/2000/796), le Sec ré taire gé né ral a informé le Prés ide nt que le groupe s e c ompos e rait des pe rsonnalité s c i-aprè s : M me Sa fiatou B a -N’Da w (Côte d’Ivoire ) (Prés idente ); M . Fra nçois Ekoko (C a meroun); M . M e l Holt (Éta ts-Unis d’Amérique ); M . He nri M a ire (Suis s e ); M . M ous tapha Ta ll (Séné ga l). 3. Le Groupe d’expe rts a été s ec ondé pa r un c ons e ille r te chnique , un s pé cia liste des ques tions politique s , un a dminis tra te ur e t un s ec ré taire . A . R é su m é 4. L’exploita tion illéga le de s re s s ourc e s minéra le s e t fores tière s de la R é publique dé moc ra tique du C ongo s e pours uit à un rythme inquié tant. On peut dis tingue r de ux phas e s : le pilla ge s ysté ma tique e t l’exploita tion e ndogè ne e t exogè ne de s re s sourc es na ture lles . 5. Pillage s ys tématique . Penda nt c e tte premiè re phas e , le s s tocks de minéra ux, de ca fé , de bois , le bé tail et le s fonds qui s e trouva ie nt da ns le s te rritoires c onquis pa r le s a rmée s du B urundi, de l’Ouga nda e t du Rwa nda ont é té e nlevé s pour être soit tra ns féré s da ns c e s pa ys , s oit e xporté s s ur le s marc hés interna tiona ux re ss ortis s a nts de c e ux-ci, militaire s ou c ivils . pa r le s 6. E xploitation e ndogè ne et e xogè ne . Ce tte pha s e a e xigé planifica tion e t orga nis a tion. L’e xploita tion e ndogè ne a pu s e dé ve loppe r grâ ce a ux s truc tures prée xis tante s qui a va ient é té mise s a u point lors de la lutte pour le pouvoir mené e pa r l’Allianc e de s forc e s dé moc ra tique s pour la libé ration du C ongo-Zaïre . C e s s truc tures ont é té a mé lioré es pe u à peu e t de nouve a ux ré se a ux d’a c he mineme nt de s produits ont é té mis e n plac e . Qua nt à l’exploita tion e xogè ne , e lle a utilis é le s s ystè me s de contrôle mis e n pla c e pa r le R wa nda e t l’Ouga nda . Dans les de ux c a s, l’exploita tion a souve nt é té me née e n violation de la s ouve ra ine té de la R é publique démoc ratique du Congo, de la lé gis la tion na tiona le e t pa rfois du droit interna tiona l e t elle a donné lieu à de s a ctivités illic ites . Ce tte e xploita tion e ndogè ne e t e xogène e st dirigé e pa r ce rta ins a cte urs c le fs, y c ompris de s che fs militaire s e t de s homme s d’a ffa ire s , d’une part, et de s s e rvic e s gouverne menta ux, d’autre pa rt. 7. C e tte e xploitation illéga le a e u de ux type s de c ons é quenc e s : a ) a c c è s de l’armée pa triotique rwa ndais e à de s res s ource s fina nciè re s é norme s et e nric hiss e me nt de c he fs milita ires e t de c ivils ouga nda is ; b) mis e en plac e de ré s ea ux illé gaux dirigé s s oit pa r de s che fs milita ires s oit par de s c ivils . Ce s ont c e s de ux é lé ments qui c onstituent pour l’es s e ntie l le lien e ntre l’exploita tion de s re s sourc es na ture lles e t la pours uite du c onflit. Il exis te c e rtes d’autres fa cte urs : le rôle joué pa r c e rta ines e ntité s e t ins titutions e t le c omporteme nt opportunis te de c erta ine s s oc ié tés privé e s e t pe rsonnalité s influe ntes , y c ompris des dé cide urs e n R é publique démoc ratique du Congo e t a u Zimba bwe . C e rta ins dirige a nts de la région ont une res ponsa bilité direc te . Le Groupe d’e xpe rts e s t pa rvenu à la c onc lusion que de s me s ures très é ne rgique s doive nt ê tre pris e s si l’on ve ut me ttre fin a u c yc le de l’e xploitation de s re ss ource s nature lle s et de la pours uite du c onflit en R é publique démoc ratique du Congo. 8. Le s re c omma nda tions du Groupe d’expe rts ont tra it à six que s tions : 1) s anc tions c ontre le s pa ys et le s pa rtic ulie rs pa rticipa nt à de s a ctivités illé ga les ; 2) me s ures de pré ve ntion pe rme ttant d’éviter que la s itua tion ne s e reproduis e ; 3) dédommage me nt de s victime s de l’e xploita tion illé gale des re ss ource s na ture lles ; 4) mise a u point d’un c a dre pour la re cons truc tion; 5) a mé liora tion de s méc a nisme s et rè gle me nts inte rnationaux régis s ant c erta ine s res s ource s na ture lles ; et 6) que s tions de s éc urité. B. Paramètres du rapport 9. Mé thode . Éta nt donné la na ture de s tra vaux e t la c omple xité des ques tions e n c a us e, il a fa llu proc é der a vec s ouple s se pour ra ss e mbler les donné e s né c e ss a ires . Le Groupe d’expe rts a donc utilisé le s moyens c i-a près : a) R a ss e mble ment de donné e s prove na nt de s ourc e s primaire s . Doc ume nts officie ls de minis tère s et d’autre s ins titutions et c ompte s re ndus de ré unions entre diffé rents a c te urs ; b) R a ss e mbleme nt de donné es de s ource s s e conda ire s . R a pports , c omptes rendus d’a telie r, docume nts publié s ou non publié s ; c) Entre vues . Entre vue s s truc turé e s , s e mis truc turée s et non s truc turée s e t e ntretie ns de stiné s à opére r de s rec oupeme nts. 10. De trè s nombreus e s donné e s ont é té obtenue s de trois s ourc e s e s s entie lle s : a) Pa ys e t a utres e ntité s impliqué s da ns le c onflit, à s avoir : Angola , B urundi, Na mibie, Ouga nda, R é publique démoc ratique du Congo, R wa nda , Zimba bwe, R C D-Goma e t RC D-M L; b) « Tie rc es pa rtie s » : Alle magne , B e lgique , C a meroun, C hine , Da ne mark, Éta ts -Unis d’Amérique, Franc e , Ke nya, Pa ys -B a s, R é publique -Unie de Ta nza nie , R oya ume -Uni de Grande -Bre ta gne e t d’Irla nde du Nord, Suis s e , dive rs orga nis mes des Na tions Unie s, Fonds moné ta ire interna tiona l, B a nque mondiale , Orga nis a tion mondia le du comme rce , OC D E , Orga nis a tion interna tiona le du c a fé , De Be e rs , C onse il supé rieur du diama nt, As s oc ia tion inte rnationale des fa bric a nts de diama nts, Unive rs ity of M a ryla nd, W orld R e sourc es Institute e t C e ntre pour la re c herc he fore stiè re interna tiona le (C IFOR ); c) Diffé rents a c te urs e t pa rtie s prena ntes s ouha itant pour des ra is ons dive rse s communique r de s informa tions e t des obse rva tions a u Groupe d’e xpe rts . 11. Le s s é ries de donné e s dis ponible s e n ce qui c onc e rne la production e t l’exporta tion c ouvre nt la pé riode a lla nt de 1995 à 2000. Les donné e s ont été s ysté ma tique ment ana lysé e s sépa réme nt puis c onfronté es le s une s a ux a utres . C ette ana lyse c ompa ra tive a pe rmis a u Groupe d’expe rts de bie n c omprendre le s que s tions e n je u. En outre , il s ’es t atta c hé à vé rifier par re coupe ment cha que é lé ment d’informa tion. À c e tte fin, le s me mbre s du Groupe ont c he rc hé, da ns la me s ure du poss ible, à s’e ntrete nir a vec c e ux c ontre les quels des a c cus a tions gra ve s a va ie nt é té portée s . Lors qu’il ne le ur a pa s é té poss ible d’a voir ac c è s à c e s té moins cle fs ou à c e s a c teurs importants , ils s e s ont s ouve nt e ntrete nus a vec le s plus proche s colla bora teurs de c e ux-c i. Toute fois , la ma s se de donnée s rec ue illie s e s t trè s dé sé quilibré e. Le s donné e s sont abondante s e n c e qui c onc e rne l’Ouga nda, le R wa nda , le RC D-Goma , le RC DM L e t le M LC , c e qui tient en pa rtie au gra nd nombre d’initiés viva nt en R é publique démoc ratique du Congo e t e n Europe qui tra ita ie nt direc te ment ave c ce s dive rs es e ntité s e t qui ont offe rt de c ommuniquer a u Groupe pratiqueme nt tout c e qu’ils s a va ient, c e qu’ils a va ient vé cu ou c e qu’ils a va ient a cc umulé, s ous forme de docume ntation pa r e xe mple , pe nda nt le ur c olla boration. Pa r c ontre , la quantité e t la qualité de s donné es disponible s pour l’Angola , la Na mibie ou le Zimba bwe s ont bien moindre s, bien que le Groupe s e soit rendu da ns c e s pa ys. C e dé s é quilibre s e s e nt da ns le rapport. C e lui-c i a é té é tabli es s e ntie lleme nt pa r une méthode e mpirique c ombiné e a ve c une a na lys e é conomique de s donné e s ra s s emblé es , e t é ta yé e par de s é lé ments de p r eu v e . 12. Por tée du r apport. Sur le pla n gé ogra phique, on a c herc hé à ra ss e mbler des donné e s a u s uje t de te rritoire s oc cupé s e t non oc cupé s e n R épublique dé moc ratique du C ongo a ins i que de tout pa ys impliqué da ns le c onflit ou prés e ntant une importa nc e s tra té gique à d’autre s titres , gé ogra phique, fina nc ière ou a utre. En c e qui c onc e rne le s re s sourc es na ture lles , le Groupe a pris e s se ntielle ment e n c onsidé ration le s miné raux, les re ss ource s fore s tière s , le s produits agricole s e t d’autres riche s s es , e ss e ntielle ment les taxe s à pe rce voir. Étant donné le gra nd nombre de re ss ource s nature lle s exis tant e n R é publique dé moc ra tique du C ongo, l’intens ité de l’exploita tion à laque lle s e livrent de nombre use s partie s e t le peu de te mps e t de re ss ource s à la dis pos ition du Groupe , c e dernie r a formulé le s c ritère s ci-a près e n fonc tion de s que ls c hoisir les re ss ource s à pre ndre e n c ons idé ration : • Va leur comme rcia le de s re s s ourc e s e n va le ur a b so l u e ; • Intérê t que les partie s prê tent aux re ss ource s ; • Intens ité de l’e xploitation. 13. Sur la ba s e de c e s c ritère s , trois c a tégories de produits ont é té rete nue s : a ) res s ource s miné rale s , e s se ntielle ment c olombota ntalite , dia mants , or et c a ss ité rite ; b) produits de l’a griculture, de la forê t e t de la fa une, dont bois , c afé e t ivoire ; et c ) re s s ourc e s fina nc ière s , provena nt e s s e ntie lleme nt de la pe rce ption de ta xe s. D’autre s re s sourc es – cuivre, c oba lt, bé ta il, gorille s, okapis , ta ba c, thé, huile de pa lme e t re s s ourc e s fonc iè res – aura ient-e lle s aus s i mé rité de fa ire pa rtie des re ss ource s e t de s produits à pre ndre en c ons idé ration. Toute fois , c erta ine s ne ré ponda ient pas a ux c ritère s fixé s e t d’a utre s – c uivre e t c obalt notamme nt – aura ient e xigé plus de te mps que n’e n a va it le Groupe. Il e n e st ques tion da ns le rapport, à de s fins d’illus tra tion, ma is e lles n’ont pa s fait l’obje t d’une é tude s ys té matique. 14. Dé finitions . Lorsqu’il a fixé les para mè tre s du proje t, le Groupe a te nu un dé ba t a nimé s ur la dé finition e t l’interpréta tion des mots « illé ga lité » et « exploita tion » : 15. Illégalité . La pa rtie du ma ndat qui a le plus prê té à c ontrovers e es t le mot « illéga lité » s e rapportant à l’exploita tion. Pres que tous le s a c te urs e t obse rva teurs ont de mandé que le mot s oit dé fini c laire ment. De l’avis du Groupe , la dé finition de l’illéga lité repos e s ur qua tre é léme nts, tous liés à la prima uté du droit : a) Viola tion de la s ouve raine té. C e pre mier é léme nt e s t fondé s ur la fa çon dont le C onse il de s é curité c ompre nd l’illé ga lité , d’a près la de s cription du ma nda t du Groupe [voir la dé c lara tion du Pré side nt du Cons e il e n da te du 2 juin 2000 – (S/PR ST/2000/20)]. Il pos e c omme princ ipe que toutes les a c tivités – extra ction, produc tion, comme rcia lis a tion e t e xporta tion – qui s ont me né e s en R é publique démoc ratique du Congo s a ns le c ons e nteme nt du gouve rne me nt lé gitime s ont illé ga le s . Se lon c ette inte rpré ta tion, s e uls les force s non invité es e t le s re s sortiss a nts de s pa ys a uxque ls ce lle s-c i a ppa rtienne nt mè nent des a c tivités illéga les e n R é publique démoc ratique du Congo; b) R e spe c t de s règle ments e xis tant da ns le pa ys ou te rritoire où les a cte urs opè rent ou mè ne nt leurs a c tivités . Le Groupe c ons idère que , s i le s a utorité s e xerç a nt un pouvoir e t un c ontrôle e ffe ctifs s ur leur te rritoire s ouve rain rec onnais s e nt ou c ré e nt un c a dre de ré gle me nta tion de stiné à ré gir l’utilis a tion ou l’exploita tion de s re s sourc es , c e c a dre doit ê tre re spe c té. Si te l n’e s t pa s le c a s, il s e peut qu’il y a it violation du droit, et pa rta nt, le s a c tivité s pe uvent ê tre c ons idé rée s c omme illé ga les . Le Groupe cons idè re ici qu’une a c tivité illéga le e s t une ac tivité c ontra ire à un e ns e mble de rè gle me nts ; c) Incompa tibilité des pratiques c omme rc iale s norma le ment ac c e ptée s et de s mé thode s pra tiqué e s e n R é publique démoc ratique du Congo. Da ns c e ca dre , le Groupe es time que l’utilis a tion du pouvoir e t l’abus de pouvoir re lè ve nt de l’illé galité . C e tte c a tégorie c ompre nd le monopole c omme rcia l forc é , la fixa tion unila té rale de s prix par l’ac he teur, la c onfis c ation ou le pilla ge de s artic les produits pa r le s a griculte urs , et l’utilisa tion de forc e s milita ires da ns dive rs e s z ones pour proté ge r de s inté rêts pa rticulie rs ou pour c ré e r de s s itua tions de monopole; d) Viola tion du droit interna tiona l, y c ompris de s ins trume nts non c ontra igna nts. Le Groupe c ons idè re que le s a c tivité s e t trans a ctions e xé cuté e s e n viola tion du droit inte rnational s ont illéga les . Le Groupe a utilisé c e s é lé ments de faç on c omplé menta ire, s ans e xc lus ive , et re fus a nt de n’e n re tenir qu’un s e ul. À la s uite des disc us s ions qu’il a e ues a vec diffé rents me mbres du C onse il de s é curité, le Groupe a c onsidé ré que le C ons e il s ouha ita it une la rge interpréta tion de la notion d’illéga lité . 16. Ex ploitation. Le Groupe a c hois i de c ompre ndre e t d’inte rpré te r la rge me nt la notion d’e xploitation. Il y voit non s e uleme nt la production e t l’extrac tion, ma is a uss i toute s les a ctivités qui pe rme ttent a ux a c teurs e t partie s prena ntes de me ne r da ns le s s e c teurs prima ire , s e conda ire e t te rtia ire de s a c tivité s profes s ionne lles liée s a ux re s sourc es na ture lles e t d’a utre s ric hes s e s de la R é publique démoc ratique du Congo. C e tte interpréta tion la rge a pe rmis a u Groupe de pre ndre e n c onsidé ration l’extra ction, la production, la comme rcia lis a tion e t l’exportation de res s ourc e s na turelle s a insi que d’a utre s s e rvic e s te ls que tra nsports e t tra ns ac tions fina nc ière s . C. Plan général du rapport 17. Le ra pport s uit le pla n gé néra l ci-a près : le Groupe a tout d’abord a na lys é les s truc tures prée xista ntes qui ont fa cilité l’e xploitation illéga le de s res s ourc e s na turelle s de la R épublique dé moc ratique du C ongo. Il s ’a git notamme nt de s lie ns fina nc iers e t c ommerc iaux e t de s ré se a ux de trans port grâ ce a uxque ls le s a c tivité s a c tue lles d’exploita tion illéga le pe uve nt être mené e s. 18. Le Groupe a pa s s é e n revue les proc e s sus par le sque ls le s re s s ourc e s na ture lles s ont phys iqueme nt e xploitée s par le s force s d’oc c upa tion, e s se ntielle ment c e lle s du R wanda et de l’Ouga nda , e n colla bora tion a ve c c e rta ins groupe s rebe lles e n R é publique dé moc ra tique du C ongo. Il a ens uite a nalys é le s struc ture s a c tuelle s d’exploita tion, pour montre r c omment les proc e s sus ont é volué . Da ns la s ec tion s uiva nte , il a fa it le portrait de c e rta ins a c teurs pour montrer c ombie n il s ’agit d’une opéra tion orga nis ée e t bie n é ta blie . Les donné e s é c onomique s ont e ns uite é té a na lys é e s de faç on à c orroborer les c ons ta tations pré cé de ntes . 19. Le Groupe e s t a lors pa ss é à l’a nalys e de s lie ns c omple xes e ntre la poursuite du conflit e t l’e xploitation de s re s sourc es , e n utilis a nt pour c e fa ire de s e xe mple s préc is . Il a c he rché à montrer les dive rs moye ns pa r le sque ls le s s tructure s de pouvoir pe uve nt ma nipule r de s s itua tions dans leur inté rê t. C e tte s ec tion e s t dire cte me nt liée à ce lle qui pré c è de e t, da ns c e rtains c a s , le s informa tions s e répè te nt. La na ture très c omple xe du problè me é tudié fait que c e la é tait iné vitable . 20. Vient e ns uite un exa me n de ce rta ins a spe c ts qui s ont moins fonda menta ux ma is né a nmoins importa nts e t pe rtine nts : le s couve rture s officie lles e t non officie lles utilis é es , les fa cilitate urs e t les c omplice s pas s ifs. Le ra pport s e termine pa r un rés umé de s cons tata tions e t de s re comma nda tions d’ac tion. D. Rappel des faits 21. La R é publique dé moc ra tique du C ongo, situé e a u c oeur de l’Afrique é quatoriale c entra le, a une supe rfic ie de 2 267 600 kilomètre s c a rrés e t une population é va lué e a c tue lleme nt à 50 millions d’ha bita nts. Elle e s t dotée d’une biodivers ité re marqua ble , de re ss ource s miné ra les e t fore stiè res très riche s et de s ols fe rtile s se prêta nt à l’agriculture (voir c arte ). C e s c onditions fa vora bles , s urtout da ns l’e s t du pa ys , s ont à l’origine de l’oc c upation a c tuelle et de la lutte pour l’e xploita tion de s re ss ource s nature lle s . 22. Le s trouble s , qui ont e s se ntielle ment touc hé la partie e s t du pa ys , ont comme nc é e n 1994-1995 pa r l’a fflux de ré fugié s provoqué pa r la guerre da ns le pa ys vois in du R wanda . C e s ouda in a fflux de c e ntaine s de millie rs de ré fugié s, pa rmi les que ls s e trouva ie nt de s me mbres de l’Inte raha mwe, a cré é une nouve lle dyna mique dé mogra phique da ns la sous -ré gion, brutale me nt pe rturbé le dé lic at é quilibre de s é c osys tè mes e t provoqué de s problè me s de sé c urité le long de la frontiè re a vec le R w an d a . 23. La s ituation s ’e s t dé tériorée e nc ore e n 1996 lors que la gue rre a éc la té e ntre le s force s z aïroise s e t l’Allia nce de s force s démoc ratiques pour la libé ration du CongoZa ïre (AFDL), le mouve me nt re belle dirigé pa r La urentDé siré Ka bila e t soute nu pa r le s forc es a ngola ise s , ouga nda is e s et rwanda ise s . Ce tte c onquê te de l’es t de c e qui é ta it a lors le Za ïre a fonda menta leme nt modifié le je u de s forc es da ns la ré gion a ins i que l’exploita tion de s re ss ource s nature lle s . Aupa rava nt, la dis tribution s e fa is a it (pa r de s moye ns lé gaux e t illéga ux) pa r l’inte rmédia ire d’entrepris es c ongola is e s loc a les , dans la plupa rt de s ca s des e ntre pris e s dirigée s par de s c ivils . C e s mé thode s tra ditionne lle s ont é té rapideme nt re mpla c ée s par de nouvelle s s tructure s. En mê me te mps que de nouve aux a cte urs interve naie nt, de nouve lle s rè gle s ont é té mise s e n pla ce pour l’exploita tion de s re ss ource s nature lle s . Le s troupes é trangè res e t le urs « amis » ont ouve rte me nt pa rtic ipé à ce tte e xploita tion da ns le s « territoire s libé rés », e ncoura gé s indire cte me nt pa r le dirigea nt de l’AFDL, La ure nt-Dé s iré Ka bila . 24. En a oût 1998, de s hos tilité s ont é c la té de nouvea u da ns le nord, l’oue s t e t l’e s t du pays , ce tte fois e ntre le s force s rwa ndais e s e t ouga ndais e s , d’une pa rt, e t l’a rmé e c ongola is e a idé e pa r les a rmée s de l’Angola, de la Na mibie e t du Zimba bwe e t par de s force s s ouda nais e s e t tc ha die nnes , d’autre pa rt. Le Soudan e t le Tcha d ont de puis lors retiré le urs force s de la R é publique dé moc ra tique du C ongo. II. Exploitation illégale des ressources naturelles et autres richesses 25. L’exploita tion illéga le de s re s s ourc e s de la R é publique démoc ratique du Congo pa r le R wanda , le B urundi e t l’Ouga nda re vê t diffé rente s formes : c onfis c ation, e xploita tion dire c te, monopole forcé e t fixa tion de s prix. La confisc a tion e t l’e xploitation direc te de s ric he ss e s ont a tte int de s proportions te lle s que la gue rre e n Ré publique dé mocra tique du C ongo e s t de ve nue une « a ffa ire » trè s luc rative . Ava nt, toute fois , de dé finir les diffé rente s formes d’exploita tion illé gale e t le urs moda lités , il importe d’e xamine r le s s tructure s prée xis tante s qui ont fac ilité le proce s s us. A. Les structures préexistantes qui facilitent l’exploitation illégale 26. L’exploita tion illéga le1 des re ss ource s du pa ys pa r de s é trange rs a ve c la pa rticipa tion de C ongola is a c omme nc é a ve c la pre mière « gue rre de libé ration » e n 1996. Les re be lle s de l’Allianc e de s forc e s dé moc ra tique s pour la libé ration du C ongo-Zaïre (AFDL), a ppuyé s pa r de s militaire s a ngolais , rwa nda is et ouga nda is s e s ont e mpa ré s de s régions e s t e t sud-e st du Za ïre . Au fur e t à me s ure de le ur progre ss ion, l’homme qui é ta it a lors à la tête de l’AFDL, le dé funt La ure ntDé siré Ka bila, a vait s igné de s c ontra ts a vec un c e rtain nombre de s ocié té s é trangè res . De nombre ux ré c its e t docume nts indique nt que dè s 1997, une pre mière va gue de « nouve a ux hommes d’affa ire s » pa rlant uniqueme nt a ngla is , kinya rwa nda e t kis wa hili é tait déjà e n a c tivité da ns l’es t de la Ré publique dé mocra tique du C ongo2. C ’es t a lors qu’on a c omme nc é à s igna ler de fré que nts vols de bé ta il, de c a fé e n gra ins e t a utres res s ource s . Au moment où é c lata la guerre d’a oût 1998, Ouga nda is e t R wanda is (officie rs s upé rie urs e t leurs a s s ocié s ) s e re nda ie nt pa rfa iteme nt c ompte du pote ntie l de res s ource s na ture lles que re cé la it l’e st du pa ys e t s ava ie nt où le s trouve r. Pour c e rtains his torie ns, le s force s ouga ndais e s ont joué un rôle dé te rmina nt da ns la conquête des ré gions de W as ta , B unia, B e ni e t B ute mbo lors de la premiè re gue rre . 27. De s nombre ux ré c its e ntendus à Kampa la, il re s s ort que le s pa rtis a ns de la dé c is ion de s ’enga ge r dans le c onflit e n a oût 1998 s e re c ruta ient parmi les officie rs s upé rie urs qui a vaie nt s e rvi da ns l’e st du Za ïre pe nda nt la pre mière gue rre e t qui a va ie nt dé jà une idé e de s bonne s affa ire s que l’on pouvait réa lis er da ns la ré gion. C e rta ins té moins cle fs , qui a va ient s ervi da ns les premie rs mois du conflit da ns le s ra ngs de la fac tion re be lle du R as s e mble me nt c ongola is pour la dé mocra tie (R CD), ont dit que le s forc es ouga nda is e s se te na ie nt prête s à e ntrer dans le pa ys e t à oc c upe r les régions da ns le sque lles é taie nt s itué e s les mine s d’or et de dia mants . Le Groupe a été informé pa r dive rse s sourc es qu’à la fin de s e ptembre 1998, c e s forc es a vaie nt e nta mé de s disc us s ions ave c le gé né ra l Sa lim Sa leh c onc e rnant la c réa tion d’une s ocié té qui approvis ionne ra it l’es t de la R é publique démoc ratique du Congo e n marc ha ndis e s dive rs e s ta ndis que l’on e n importe ra it le s re s sourc es na ture lles . Ce proje t ne s ’es t jama is ma té ria lisé s ous la forme e nvis a gé e , mais se lon c e s sourc es , des disc us s ions s ur c e suje t e t d’autres opéra tions pos s ibles a ura ie nt é gale me nt e u lie u a ve c le Prés ident ouga ndais Yowe ri M use ve ni. 28. Si la s éc urité e t de s rais ons politique s ont é té invoqué es c omme motiva tion pre mière de la dé c is ion de s dirige a nts politique s d’entrer s ur le territoire e s t de la R é publique dé moc ra tique du C ongo, tout indique que c e rta ins officie rs de l’éta t-ma jor a va ient sa ns nul doute de s de s se ins plus obs c urs , à sa voir de s obje ctifs é c onomique s et fina nc iers . Que lque s mois a va nt que n’éc la te la gue rre de 1998, le géné ra l Sa lim Sa leh e t le fils a îné du Pré s ide nt M us e ve ni se s e raie nt re ndus dans la ré gion. Un mois a près l’ouve rture de s hos tilité s , le gé né ra l J a me s Ka z ini s e livrait dé jà à de s a c tivité s c omme rc iale s . Se lon de s s ource s digne s de foi, il c onna is sa it les s ec te urs dont on pouvait tire r le plus gra nd profit et s ’éta it immé dia te ment orga nis é de ma niè re à c e que le c omma ndeme nt loc a l s e rve pa rtout le urs c ommuns objec tifs é c onomique s e t financ ie rs. 29. L iens financ ier s e t c ommer c iaux. Dès le s pre mie rs mois de la rébe llion, la s truc ture e t le s rés e a ux fina nc iers é taie nt dé jà e n plac e . Au c oe ur de c e tte s truc ture , se trouve la B a nque de c omme rc e, du dé ve loppe ment et d’indus trie (BC DI) s is e à Kiga li. Se lon c e rta ines s ourc e s , le s Pré s ide nts Pa ul Ka gamé du R wa nda , M use ve ni e t le dé funt Laure nt-Dé siré Ka bila s ’é taie nt, à l’époque de la ré be llion de l’AFDL, e ntendus qua nt à la ré cupé ration de s res s ourc e s fina nc iè res e t à l’us a ge qui e n s e ra it fa it. De nombre us es s ourc e s ont dé duit de ce tte c olla boration que le s trois dirige a nts é ta ient ac tionna ires de la B CDI, ce qui n’é tait pa s le c a s . 30. L’exe mple s uiva nt illustre la na ture de s trans a ctions e t de s lie ns fina nc ie rs e ntre la B C DI, la Citibank de Ne w York qui lui s e rvait de c orres ponda nt, e t ce rta ine s s ocié té s e t pa rticulie rs : da ns une lettre s ignée pa r J . P. M oritz , Dire cte ur gé né ral de la Miniè re de B a kwanga (M IBA), s oc iété d’exploita tion de dia mants , a dres s é e à Ngandu Ka me nda , le Direc te ur gé néra l de M IBA donna it à ce lui-ci ins truction de vers e r 3,5 millions de dollars à la Gé né rale de c omme rc e d’import/export du C ongo (C OM IEX)3, soc ié té a ppa rte na nt au dé funt Pré s ide nt Ka bila et à ce rta ins de s e s proc he s a llié s te ls le M inistre Victor Mpoyo, à partir d’un c ompte de la B CDI, pa r l’inte rmédia ire d’un c ompte ouve rt à la C itiba nk. C e tte 3 1 2 D a n s le co n t e x t e du ma n d a t du G r o u p e d’ e x p e r t s . D e s éc h a n g e s co m m e r c i a u x tr a n s f r o n t i è r e s en t r e le s p e u p l e s de ce s ré g i o n s on t ex i s t é de to u t te m p s . C O M I E X es t im m a t r i c u l é e au re g i s t r e du co m m e r c e so u s l e N o 43 7 9 7 , nu m é r o na t i o n a l d’ i d e n t i t é 31 8 3 7 T , si è g e s o c i a l K i n s h a s a / G o m b é 4, av e n u e de la ju s t i c e . A d m i n i s t r a t e u r di r e c t e u r gé n é r a l : F r é d é r i c K a b a r e l e . s omme repré s enta it la contribution de M IB A à l’e ffort de guerre de l’AFDL. 31. Ré se au de tr ans por ts. Les a ctivités illé ga les ont é gale me nt bé né fic ié de l’a ncie n rés e a u de tra ns port qui e xis ta it a va nt la gue rre de 1998. C e lui-c i e s t cons titué d’importante s c ompa gnies a é rie nnes e t s oc iété s de trans port routie r, dont c e rtaine s ont a idé le s troupes de l’AFDL da ns le ur gue rre c ontre le régime de M obutu. Le trafic de s marc ha ndis e s tra ns portée s s’e ffe ctue toujours de la même maniè re. De s ma rcha ndis e s ou de s a rmes e ntre nt pa r la voie a é rie nne da ns le pa ys tandis que de s re ss ource s nature lle s ou le urs produits dé rivé s e n s orte nt. Une fe mme d’affa ire s qui opè re da ns la ré gion de puis quelque te mps, M me Az iza Kuls um Gula mali, pa r e xemple , utilis a it dé jà c e rés e a u da ns le s a nné es 80. Elle a ffréta it de s appa reils de la c ompagnie Air Ca rgo Za ïre pour trans porte r de s a rme s à de s tina tion des force s re be lle s Hutu (FDD) a u B urundi e t tra ns portait au re tour de s c igare ttes e n c ontreba nde . Depuis 1998, de s a vions dé colle nt de s a é roports milita ires d’Ente bbe e t de Kiga li trans porta nt de s arme s , du maté riel milita ire , de s troupe s a ins i que de s ma rcha ndis e s dive rse s pour le c ompte de c e rta ines s ocié té s. Ils s ont c ha rgé s au re tour de c a fé, d’or, ou tra ns portent de s diama ntaire s e t de s re pré s e nta nts de ce rta ine s soc ié tés e t, da ns c e rta ins c a s , de s troupe s . Le Groupe c onc lut que c ’es t s ur la ba s e de c e s ré s ea ux et s truc tures prée xista nts que s e déve loppe l’exploita tion a c tue lle de s re s s ourc e s na ture lles e n R é publique démoc ratique du Congo. B. Pillage systématique 32. Entre s epte mbre 1998 e t a oût 1999, le s z ones oc cupé e s de la R é publique démoc ratique du Congo ont é té dé pouillée s de tous le urs s toc ks : s tocks de minera is , de produits agricole s e t fores tie rs e t de béta il. Que lle que s oit la na tiona lité du pilleur, le proc e s s us é tait le mê me : de s troupe s burunda is e s, ouga nda is e s , rwa nda is e s e t/ou de s s olda ts du R C D, c omma ndée s par un officie r, visita ient les fe rme s , us ines e t ba nque s , se fa is a nt ouvrir porte s et c offres pa r la dire c tion. Ordre é ta it e nsuite donné a ux s olda ts de c ha rge r le s produits et le s bie ns s ur le s vé hicule s de l’a rmée . Le Groupe a re ç u de nombre use s informations e t réc la mations c onc e rnant c es a ppropriations illic ites pa r le s a rmé es ouga nda is e ou rwanda ise e t le urs a lliés loc a ux du R CD, dont on trouve ra c i-aprè s que lque s exe mples . 33. Da ns le s e c teur minie r, la soc ié té miniè re e t indus trielle du Kivu (SOM INKI) a va it cons titué en dive rs endroits des s toc ks de c olombotanta lite (coltan) pour une durée globa le de s ept a ns . À pa rtir de la fin nove mbre 1998, le s force s rwa nda is e s et le urs a llié s du R C D ont orga nis é l’e nlève me nt de c e s stoc ks e t leur trans port à Kiga li. Se lon les s ourc e s , de 2 000 à 3 000 tonne s de c as s itérite e t de 1 000 à 1 500 tonnes de c olta n ont a ins i été préle vée s dans la ré gion e ntre nove mbre 1998 e t avril 1999. Le Groupe a a ppris de s ourc e sûre qu’il a va it fa llu près d’un mois a ux R wanda is pour tra ns porter par a ir c e colta n à Kiga li. Il lui a va it d’autre pa rt é té communiqué de s doc uments officie ls , dont un da ns leque l le RC D rec onnais s a it a voir e nlevé six tonne s de c olta n e t 200 tonne s de c a ss ité rite prove na nt de SOM INKI d’une va le ur totale de 7 2 2 4 8 2 d o l l ar s . 34. Fin a oût 1998, le s troupe s du gé né ra l Ka z ini s e s ont é c lips é es , e mme na nt a vec e lles les s toc ks de bois d’oe uvre a pparte nant à la s oc ié té d’e xploitation fores tière AMEX-B OIS s is e à B a gboka . En dé ce mbre de la mê me a nné e, le mê me gé né ral a ordonné la c onfis c ation de tout le s tock de bois de la s oc iété La Fores tière . Le gé né ra l Ka z ini a urait été vu a u moins de ux fois da ns la ré gion où il a va it temporaire ment éta bli s on qua rtie r gé né ral, pe nda nt la pé riode où s ’e st e ffe ctué l e p i l l ag e . 35. En ja nvier 1999, da ns la provinc e de l’Équate ur, J e an-Pierre Be mba e t le gé néra l Ka z ini ont orga nis é une importa nte opé ra tion vis a nt la c onfis ca tion de ca fé en gra ins . M. B e mba é tait l’initia te ur de c e genre d’opé ra tions da ns la province , opé ra tions qu’il e ncoura ge a it e t perpé tua it. Da ns une lettre a dres s é e à l’un de s e s officie rs , il intimait à c e lui-c i de mettre à dispos ition un vé hic ule de plus gra nde s dime nsions , dont le be s oin s e fa is ait impé ra tive ment s entir. C e vé hic ule , s e lon la s ource d’informa tion, a lla it ulté rie ureme nt ê tre utilis é pour tra nsporter de s tonne s de c a fé e n gra ins . Un pa rtic ipa nt à c e tte opéra tion, qui a de puis a ba ndonné le mouve me nt, a e xpliqué qu’il a va it fa llu de ux mois pour trans porte r d’a us si é norme s qua ntité s de c afé . La provinc e produis a it a upa ra vant 60 % du c a fé robus ta produit da ns le pays . À la suite de c es s a is ie s , il n’y a plus e u pe ndant un a n auc un s toc k de ca fé à e xporte r da ns le s loc alité s de Bumba , Lis ala , Bos onzo, B inga et M inde mbo. La Soc iété c ongolais e du c a fé, qui é tait la plus gra nde déte ntric e de s toc ks de c a fé de la région, a fa it fa illite. Le pillage s ys té matique a tteigna it de te ls nive a ux qu’il e s t a rrivé une fois que M . B emba s’e mpare d’un s toc k de 200 tonnes de c a fé e n gra ins de la soc ié té SC IBE, qui a ppa rtena it à s on pè re, M . Sa olona B emba . La jus tice n’a pa s e nc ore tranc hé la que s tion. 36. Da ns c e rta ins c a s , de s us ines ont é té dé ma nte lé es ou on s ’e s t e mparé des pièc e s de re cha nge pour le s ma chine s; c ’es t c e qui s ’e s t produit nota mment à la ra ffine rie de s uc re de Ka liba da ns le s ud du Kivu. Au Groupe qui s ’éta it e nquis du dé mantè leme nt de c erta ine s us ine s , le c abine t du RC D a ré pondu que le s inve s tiss e urs é ta ient libre s de dé ma ntele r le urs us ine s e t de le s réins talle r où ils le voulaie nt. En ré s umé, le R C D re conna is s a it le phé nomène , ma is l’e xpliquait par la dé cis ion de l’inves tis se ur de dé loc a lis e r les usine s tout e n s ’a pprovisionnant e n ma tière s pre mière s e n R é publique démoc ratique du Congo. Il se mble qu’on s ’y s oit é gale me nt e mpa ré , e ntre a utres c hos e s , de voitures , c a r le s s ta tis tique s d’imma tric ulation e n Ouga nda ont a ugme nté de 25 % en 1999. 37. Le s e c teur fina nc ier n’a pa s é té non plus épa rgné . Un a nc ien me mbre du R C D a ya nt fa it dé fec tion e t qui a vait partic ipé à que lque s pilla ge s , a dit a u Groupe que le s milita ires rwanda is, a uss itôt qu’ils s ’éta ient e mpa ré s d’une ville , pre naie nt s ys téma tique me nt pour c ible les ba nque s loc a les . Trè s souve nt, ils utilis a ient de s homme s du R C D pour rama s se r l’arge nt, tandis que leurs s oldats a rmés e nc e rc laie nt la ba nque. C ’es t a ins i que la B a nque Kisa nga ni, une s ucc urs ale de la Ba nque c e ntra le , a é té visité e pa r du pe rsonnel du R C D ac c ompa gné de s olda ts rwanda is. Se lon les diffé rente s s ource s (Ba nque c e ntra le à Kins has a ou té moins oc ula ire s ), le monta nt de s s omme s ains i s ous tra ites e n fra ncs c ongola is a llait de l’équivale nt de un million à 8 millions de dolla rs de s États -Unis . L’opé ration a urait e u lie u e nviron de ux jours a près que de s fonctionna ire s de la B a nque ce ntrale e t du M inis tè re de s financ e s y a vaie nt dé posé l’arge nt de s tiné a u pa ie ment de s s ala ires de s fonctionna ire s e t que les bille ts e n a nc ie ns fra nc s c ongolais a va ie nt é té re mplac é s pa r de nouve aux bille ts. 38. L’arge nt a va it e nsuite é té tra ns féré , s ous e s c orte milita ire, à l’hôtel Palm B ea c h. La dire c tion de l’hôte l se ra ppe lle que de s sa c s ple ins d’a rge nt ont été e ntre pos é s da ns s e s loc aux s ous la ga rde pe nda nt que lque s jours de s olda ts a rmé s qui ne parla ient pas le lingala (la plus c ommuné ment pa rlé e de s la ngues c ongolais e s ). Une te lle opéra tion a vec la pa rticipa tion d’un ce rta in nombre de milita ires a rmé s pouva it-e lle s e dé roule r sa ns le c ons e nteme nt du c omma nda nt en c hef rwanda is e n R é publique démoc ratique du Congo e t s ans que c e lui-c i e n a it eu c onna is sa nc e ? 39. C e s e ra it le s a ides de J e a n-Pie rre Onde ka ne (un dirige a nt du R C D) qui aura ient retiré l’a rge nt de l’hôte l Pa lm B e ac h, l’a uraie nt a c he miné pa r a ir jusqu’à Goma e t re mis à Emma nue l Ka ma nzi (a nc ie n c he f du Dé pa rte ment de s fina nc es du R C D), qui s e s era it e nvolé e nsuite pour Kiga li. Le Groupe n’a pu ide ntifie r le de stina taire fina l de l’a rgent e t ne sa it pa s non plus c ombie n d’a rge nt s’e s t é va noui e ntre Kis a nga ni, Goma e t Kiga li. Toute fois , il a appris de ce rta ine s sourc es que M . Ka ma nz i a va it été briè ve ment emprisonné que lque te mps a prè s ce tte opé ration. C e lui-c i a ura it s e mble -t-il puis é dans l’arge nt qu’il a va it uniqueme nt ordre de trans porte r. M . Kama nz i a e xpliqué à de s a mis qu’il a vait s imple ment pris de s vac a nc es (deux mois ) à Kigali. 40. Au mome nt où s e déroulait c ette opé ra tion, plus ieurs ba nque s da ns la province de l’Équa te ur re c eva ie nt la visite de s homme s de M . B e mba . Selon une s ourc e digne de foi, s e s troupes a vaie nt re ç u ordre de vide r s ysté ma tique ment la ba nque aus s itôt qu’une ville a va it é té prise . C elle s -ci ont a ins i préle vé l’é quiva lent de 400 000 dollars à la s uc c ursa le de la B a nque c omme rc iale du C ongo à B umba, de 500 000 dolla rs à Lisa la et d’approxima tive me nt 600 000 dollars à Ge mena . 41. Kins ha s a n’a pa s été dava ntage é pa rgné pa r le pilla ge . Le Groupe a des preuve s d’une pra tique s ysté ma tique c ons is ta nt pour le dé funt Pré side nt Ka bila , a gis s a nt pa r proc ura tion, à pe rc evoir un c erta in pourc e ntage de s béné fice s des s ocié té s. C e rta ines c ompa gnies pétrolière s de la R é publique dé moc ra tique du C ongo, pa r e xe mple , ve rs aie nt quotidie nne me nt ou he bdoma da ire ment au titre de la rubrique obs c ure de taxe parafis cale des s omme s d’a rgent liquide a u dé funt Prés ide nt pa r l’inte rmédia ire de s on minis tre , ami e t homme de ma in, M . M poyo. D’autre s s oc iété s , c omme la M IB A, de vaie nt re ve rse r une partie de leurs bé né fice s a u ré gime du dé funt Prés ide nt e t toutes le s s oc iété s pa raé ta tique s e t privé es importa nte s éta ie nt priée s d’ouvrir de s c omptes à la B anque de c omme rce e t du dé ve loppe me nt (voir pa r. 78). 42. Toute fois , a ve c le te mps , la diminution progre ss ive du pillage s ys té matique que l’on vie nt de dé c rire a e xpos é au gra nd jour le s vols c ommis individue lleme nt pa r le s militaire s. À Bunia , pa r e xe mple , lors de s e ntre tiens orga nisé s par le Groupe , de s ONG, de s té moins oc ulaire s e t des victime s ont me ntionné de s ca s de c ivils c ongola is qui a va ient été tué s ou ble ss é s pour a voir rés is té à des te nta tive s de vol de la pa rt de s re be lle s du RC D e t de solda ts é trange rs. À B uka vu, des pa rtic ulie rs ont expliqué a ux me mbre s du Groupe c omme nt de s militaire s rwa nda is ava ie nt c onfis qué le s é c onomies de toute une vie en bille ts de banque de s États -Unis a ins i qu’une pa rtie de l’or a c heté à titre de monna ie re fuge pour se proté ge r de la dé va lua tion ré pé té e de s fra nc s c ongola is e t za ïrois . C es a gis s e ments a vaie nt c ontribué à a lime nter le re s s entiment c rois s ant de la popula tion congolais e à l’éga rd de s solda ts é trange rs e t de c erta ins re be lle s. 43. Le pillage des us ine s , de s stoc ks e t de s biens privé s n’é tait pas unique ment le fa it de solda ts is olé s , ma is é ta it e ncoura gé , e t pa rfois orga nis é e t c oordonné, pa r le s officie rs s upé rie urs de s a rmé es a uss i bien ouga ndais e que rwa nda is e. 44. C ’es t a ins i que , pour fac ilite r le pilla ge , le gé né ral Ka zini nomma it de s officie rs loya ux e t de s civils c ongola is dont il é ta it s ûr à de s pos tes de la fonc tion publique da ns de s ré gions a ya nt un riche pote ntiel e n re ss ource s nature lle s afin d’y impla nter s olide ment se s ré se a ux. C ’e st c e qui s’e s t pa s s é à Ituri, où il a nommé Adele Lots ove e n 1999 (voir pa r. 71). Aux ordre s de c e tte pyra mide de c ollabora teurs , c olone ls e t officie rs s upé rie urs , de s homme s de main s e livraie nt pour le ur c ompte au pilla ge . 45. De s e ntretie ns qu’a e us le Groupe a ve c de nombreux e t dive rs té moins , il res s ort que de s me mbres de pre mie r plan de s Gouve rne ments ouga nda is e t rwa nda is é taie nt très c e rta ineme nt a u c oura nt de la s itua tion, nota mment du pillage des s toc ks d’un ce rta in nombre d’us ine s . Da ns c e rta ins c a s , le nive a u de production de res s ource s miné ra les ne pouvait manque r d’a lerte r n’importe que l gouve rneme nt; la production d’or pour l’Ouga nda e t de c olta n pour le R wanda , pa r exe mple, é tait pa s s é e de 99 tonnes e n 1996 à 250 tonne s e n 1997. C. Exploitation exogène et endogène 46. Phas e d’exploitation. L’a mpleur du pilla ge s ysté ma tique a uquel s e s ont livrés à dive rs nivea ux en R é publique démoc ratique du Congo le s rebe lles e t le s milita ires é tra ngers a je té un voile sur les a c tivités d’exploita tion direc te pe ndant les 12 pre miers mois de la de uxiè me gue rre . Une fois é puis é s le s s toc ks de re ss ource s , les forc e s d’oc cupa tion e t le urs a llié s sont pa ss é s à une a utre pha se d’exploita tion a c tive . Le s C ongola is (c ivils e t milita ire s ) c omme le s é tra nge rs (c ivils e t milita ire s ) e ntreprirent d’exploite r dire cte me nt le s re s sourc es na ture lles . Plutôt que de ne me ntionner que briève me nt quelque s e xe mple s , on exa mine ra plus longue ment c i-a près un c a s pa rticulie r, qui e s t une e xce lle nte démons tra tion de s pra tique s illicite s a uxque lles a re c ours une s ocié té , e t de s a c omplic ité a vec le s force s d’oc c upa tion e t le Gouve rneme nt, a insi que de s re la tions inte rna tiona le s qu’elle met e n oe uvre pour e xploiter le s re s sourc es na ture lles de la Ré publique dé moc ra tique du C ongo. 47. É tude du c as DARA-For e st. Une s oc ié té fores tiè re ouga ndo-tha ïlanda is e a ppe lé e DAR A-Fores t s ’es t insta llée da ns la ré gion d’Ituri à la fin de l’anné e 1998. En ma rs 1998, c e tte s ocié té a va it s ollic ité l’octroi d’une c onc e s s ion fore s tière en R é publique démoc ratique du C ongo, conc e ss ion qui lui a va it été refus é e pa r le s a utorités de Kins ha s a . En 1999, la s ocié té a c omme nc é à a c he te r de s produits fore s tiers et, pour c e fa ire, a loué les s e rvic e s de pa rticulie rs c hargé s de réc olter le bois pour le lui reve ndre e ns uite. C e s pa rtic uliers éta ie nt initia leme nt de s bûc he rons congolais opé ra nt e n pa rte na ria t ave c de s Ouga ndais . La s ocié té DAR A s ’es t e nga gé e la même a nné e da ns la produc tion indus trie lle e n c ons truis ant une s c ierie à M a ngina . En 2000, e lle a vait obte nu du R CD-M L s a propre c onc es s ion. L’ana lyse de s é ries d’ima ge s re c ue illies par s a tellite s ur une c e rtaine pé riode révè le l’é tendue de la dé fore s tation qu’a s ubie la Provinc e orie nta le e ntre 1998 e t 2000. Le s forêts les plus e xploitée s s e s itue nt autour de Djugu, M a mba s s a, B e ni, Koma nda, Luna , M ont M oyo e t Aboro. L’aba ttage des a rbre s s’y e st e ffe ctué sa ns cons idé ra tion d’auc une rè gle minima le a c c epta ble d’exploita tion a s sura nt une ge s tion dura ble de la forêt ou ne se ra it-c e que de s pos s ibilités d’aba ttage dura bles . 48. Le bois d’oe uvre exploité dans c ette région oc c upé e pa r l’a rmé e ouga nda is e e t le R C D-ML trans itait e xclus ive me nt pa r l’Ouga nda ou é tait utilisé da ns c e pa ys . Il re ss ort de l’enquête que le Groupe a mené e à Ka mpa la que l’on pe ut se proc ure r fa c ile me nt da ns c e tte ville de l’a ca jou provena nt de la R é publique dé moc ra tique du C ongo que l’on paie moins che r que l’ac a jou ouganda is. C e tte diffé renc e de prix s ’explique s imple ment par le fa it que le bois e s t a c quis à moindre c oût e n R é publique dé moc ra tique du C ongo. Le bois d’oe uvre que l’Ouga nda s e proc ure da ns c e pa ys n’e s t pratiqueme nt s oumis à auc une ta xe. En outre, le s droits de doua ne ne s ont gé né rale ment pas a c quittés lorsque le s c a mions pa s s ent la frontiè re s ous e s c orte militaire ou s imple ment s ur instruc tions du c omma nde me nt loc al s ous le s ordres du gé néra l Ka z ini. Le bois d’oe uvre prove na nt de la R épublique dé moc ratique du C ongo e s t a lors e xporté ve rs l’Ouga nda, le Ke nya e t sur d’autres c ontine nts . Selon le s autorité s portuaire s du Ke nya , d’importante s qua ntité s de bois d’oe uvre é taie nt e xporté es ve rs l’As ie , l’Europe et l’Amé rique du Nord. 49. Le Groupe s ’es t a us s i rendu c ompte a u c ours de son e nquê te que de s bûc he rons ouga ndais viola ient la lé gis la tion fore s tiè re , re c onnue pa r leur allié R C D-ML, e n a ba ttant de s a rbre s qu’ils e xploitent dire c teme nt c omme bois d’oe uvre. La lé gis la tion c ongolais e c onc e rnant le pe rmis de c oupe n’autoris e que de s pa rtic ulie rs re ss ortis s a nts du C ongo à e xploiter du bois d’oe uvre e t se ule ment en pe tite s qua ntité s . Pour s e voir oc troye r de s c onc es s ions plus importa nte s , le s étra nge rs doive nt e n faire officie lleme nt la dema nde. Le s Ouga nda is ont c ommenc é pa r opé re r e n pa rte na ria t a ve c un C ongola is titulaire d’un pe rmis puis ont ra pide me nt e ntre pris de le s oudoyer pour qu’il leur s ous -loue c eluic i e n vue de s ’e n a s s urer à l’a venir la poss e s s ion e n viola tion direc te de la loi. 50. L’aba ttage d’arbres de stiné s à la produc tion e t l’exportation de bois d’oe uvre e n R é publique dé moc ra tique du C ongo n’a c es s é de s e fa ire e n toute illéga lité . Outre qu’e lle e xploite du bois d’oe uvre sa ns a utoris ation da ns un pays s ouve rain e t e n viola tion de s a lé gis la tion, DAR A-Fore st e xporte ré guliè re ment sa produc tion s ans s e s oumettre à a uc une proc édure de c e rtifica tion. Elle a tenté de prendre c ontac t ave c de s orga nis mes de c e rtific ation a gré és pa r le Fore s t Stewa rdship Counc il. C es orga nis mes e xige nt de l’exploita nt qu’il pré se nte c e rtains doc uments et pièc e s justifica tives que DAR A-Fores t n’a ja mais produits. C e tte s oc ié té e xporte pourtant du bois d’oeuvre e n viola tion de la proc é dure é tablie e t gé né rale me nt a c ce pté e pa r la c ommunauté mondiale des e xploitants fores tiers e t qui e s t maintena nt c ons idé ré e c omme un us age de droit interna tiona l. Le s s oc iété s qui importent c e bois d’oe uvre non doc ume nté prove nant de DAR AFores t sont es s e ntie lleme nt re s s ortis sa nte s de gra nds pa ys indus trialis és , nota mment la B e lgique , la Chine , le Da ne ma rk, le s Éta ts -Unis d’Amé rique , le J a pon, le Ke nya e t la Suis s e . 51. Le Groupe s ’es t é ga le ment rendu compte qu’il y a vait c ollus ion e ntre la s ocié té DAR A Grea t Lake Indus tries (DGLI) dont DAR A-Fore st e s t une filiale , de mê me qu’entre la soc ié té jumelle ouga nda is e Nyota W ood Indus tries e t le Minis tère ouga nda is de l’amé na ge me nt du territoire e t des e a ux e t forê ts a ux fins de la mis e e n pla ce d’un s ystè me fa c ilita nt la c e rtifica tion du bois d’oe uvre e n prove na nce de la R é publique démoc ratique du Congo. En mai 2000, DGLI a signé un c ontra t a ve c Sma rt W ood e t le R ogue Ins titute for Ec ology and Economy d’Oregon, Éta ts -Unis , c onc e rnant la dé livra nce de c e rtific a ts de c onformité de s produits fores tie rs. Le 21 mars 2000, le Dire c teur du groupe DAR A, Pros s y B a laba , a e nvoyé une le ttre au C ommis s aire le priant d’a utoris e r un repré se nta nt de Smart W ood à vis iter c erta ine s forê ts , notamme nt c e lles de B udongo e t B ugoma ; c e lui-c i éta it a tte ndu dans la ré gion ve rs la mi-avril. C e tte vis ite n’é tait qu’un artifice de stiné à a bus e r le re pré s e nta nt de Smart Wood auque l c e s forêts é taie nt pré se nté es c omme é tant c e lle s sur le sque lles porte raie nt le s ce rtific a tions afin de le c onva incre de c e rtifie r c onforme la produc tion de bois d’oe uvre de DAR A-Fore s t. Or, a u mome nt de ce tte visite , qui a e u lie u du 14 a u 16 a vril, le groupe DAR A n’ava it mê me pa s sollicité de c onc e s s ion dans la forêt de B udongo (Ouganda ). C e n’e s t que le 5 juillet 2000 que J ohn Kotira m du groupe DAR A é crivit a u Commiss a ire s ollic itant l’oc troi d’une conc e ss ion fore stiè re da ns c e tte forêt. 52. De rriè re tout c e la s e ca c he la volonté de se s e rvir de la forê t de Budongo e xploitée e n c onformité de s e xige nc es interna tiona les de c e rtific ation c omme modèle de s forêts d’où e st tiré le bois d’oe uvre en prove na nc e de la R é publique dé moc ra tique du C ongo, de te lle s orte que c e lui-c i s oit c e rtifié c onforme en l’abs e nce de tout é léme nt jus tifia nt c e tte c e rtifica tion. Le s pla ns qui doive nt pe rmettre de c ontourne r à l’a ve nir le s ys tè me interna tiona l s ont dé jà e n pla c e . Se lon de s doc ume nts interne s de la s o ci é t é D G LI, DARA-Fores t importera du bois d’oe uvre de la R é publique démoc ratique du Congo e n Ouga nda, où c e bois s e ra trans formé e n diffé rents type s de produits dans une nouve lle us ine à Nama nve qui dé bitera ce bois e n mê me te mps que du bois provena nt de l’exploita tion de forêts ouga nda is e s. Le s pa rtena ires de DGLI da ns c e monta ge s ont le s suiva nts : DAR A Europe GmbH d’Alle magne , Sha nton Pres ident W ood Supplie C o. Ltd. de C hine, Pres ide nt W ood Supply Co. Ltd. de Tha ïla nde, DARA Tropic al Ha rdwood, Portla nd (Oregon) de s Éta ts Unis . La ré partition des ve nte s de la s oc iété res te ra vrais e mbla bleme nt la même s oit e nviron 30 % à de stina tion de l’Extrê me-Orient, de la C hine , du J a pon e t de Singapour, 40 % à des tination de l’Europe e t 25 % à de stina tion de l’Amé rique du Nord. L’ac tionna riat e t la ge stion de DAR A Grea t Lake s Industrie s s ont a ux ma ins de re s s ortis sa nts ouga nda is e t de re s sortiss a nts thaïla nda is dont M. J ohn Supit Kotira n e t Prane e C ha nyutta sa rt, l’un e t l’autre re ss ortis s a nts thaïla nda is , e t Pros s y B a la ba , res s ortis s a nt ouga nda is . Selon ce rta ine s informations non c onfirmé es , de s me mbre s de la fa mille du pré side nt M us eve ni s e raie nt a c tionna ire s de DGLI, e nc ore qu’un s upplé me nt d’enquê te s oit né ce s s a ire pour le vé rifie r. 53. Le groupe DAR A a é ga leme nt mis en plac e un a utre monta ge lui pe rme tta nt de mene r se s a ctivités frauduleus e s e n R épublique dé moc ratique du C ongo. Le s a c tivités de DGLI c ons is te nt e n l’e xploita tion fore s tiè re e t e n dive rs es a c tivités fina nc ière s et indus trielle s. Profita nt de la c onfus ion qui s ’es t c réé e entre DAR AFores t, à la que lle a é té oc troyé e une c onc es s ion pa r le R C D, e t DGLI, DAR A-Fores t s e livre é gale me nt a u c omme rc e de s dia mant, de l’or e t du colta n. De s ra pports é mana nt de s pos te s douanie rs de Mpondwe , Kas indi e t B undbujyo c onc e rnant l’exporta tion pa r c a mion, en prove na nc e de la Ré publique dé mocra tique du C ongo, de miné ra ux te ls que la ca s s itérite e t le c olta n ont é té c ommuniqué s au Groupe . Au c ours de la vis ite qu’il a e ffe ctué e à B unia , ce lui-ci a é té informé que d’a utre s produits que du bois é taie nt c ha rgé s dans les c a mions c e ns é s ne rien trans porte r d’a utre; il y a tout lie u de pe ns e r qu’il s ’a gis s a it de colta n e t de c a ss ité rite . La fraude s’é te nd, e n outre, à l’é tablis se me nt de faux docume nts e t dé c lara tions « e n prove nanc e » de Kins ha s a. 54. Le ta ux d’a batta ge a ux a le ntours de B ute mbo, B e ni, B oga e t M a mbas s a es t inquié tant. L’a dminis tra tion du R C D-M L a re c onnu qu’e lle n’exe rç ait a uc un contrôle s ur le taux d’e xploita tion, le rec ouvreme nt de s ta xe s c onc e rnant les a c tivités d’aba ttage e t le s droits de doua ne aux points de s ortie . D’a prè s les réc its de té moins oc ulaire s , le s ima ges re cue illie s pa r s ate llite , les dé cla ra tions d’a c teurs principa ux e t la propre enquê te du Groupe , il e st s uffisa mme nt prouvé que l’exploita tion de bois d’oe uvre e s t dire cte me nt liée à la prés e nc e ouga nda is e dans la Provinc e orie nta le . C e s a c tivité s ont a tteint de s proportions a la rma ntes e t le s Ouga nda is (c ivils , milita ires e t s oc iété s ) y pa rtic ipe nt trè s la rge me nt. En ma i 2000, le RC D-M L a octroyé une c onc e s s ion de 100 000 he c ta res à DAR A-Fore st. Depuis s e pte mbre 1998, c ette soc ié té e xporte e n gros c ha que a nné e e nviron 48 000 mètre s c ube s de bois d’oe uvre . 55. Autre s plans d’e xtrac tion. Les B urundais e t le s R wanda is s e sont éga le ment livré s à des a c tivités d’aba ttage du bois ou ont é té a s soc ié s a vec de s e ntre pris e s congolais e s d’e xploitation fores tiè re. Les route s à e mprunte r pour a c hemine r le bois d’e ndroits é loigné s da ns la forê t s ont e n très mauva is é ta t. Toute fois , on trouve du bois c ongola is, c omme on l’appe lle à Bujumbura , a u B urundi e t au R wanda . C e pe nda nt, c erta ins B urunda is pa rtic ipe nt éga le ment à l’exploita tion d’éc orc e de Pr unus Afr ic ana, arbre c onnu e t utilis é e n mé dec ine pour le traite ment de la pros tate . Il re ss ort c la ireme nt de s s ta tis tique s c olle c tée s auprè s de s a utorités portua ires tanz a nienne s que le B urundi e xporta it c e s é c orce s en 1998 e t 1999. Il n’y a pa s toute fois de Pr unus Afr ic ana a u B urundi; on le trouve da ns le s forêts du Sud-Kivu. 56. I ndus tr ies e xtr ac tive s . Da ns le s e cte ur minier, l’extra ction dire cte é tait pra tiqué e de trois maniè res , à s a voir : a ) pa r des s olda ts pour le ur c ompte pe rsonnel; b) pa r de s villa geois orga nis é s pa r des c omma ndants rwanda is e t ouga nda is ; e t c ) pa r de s étra nge rs pour le c ompte de l’armé e ou des c omma ndants . 57. Le Groupe d’expe rts a eu c onna is sa nc e d’un c e rtain nombre de c a s où de s s olda ts pa rtic ipaie nt dire cte me nt à l’extra ction minière à W a ts a. Le 9 s e pte mbre, le c omma ndant loc a l de s Forc e s a rmé es ouga nda is e s a e xigé l’extrac tion d’or s ur le s pilie rs de s ga lerie s de s mine s de Gorumbwa , pour la que lle de la dynamite a é té utilis é e. Le 9 s e pte mbre, les ga lerie s s e sont effondré e s, c a us a nt la mort de plusie urs mineurs congolais . Quelque s mois plus ta rd, de s s olda ts ouga nda is qui é taie nt ve nus e xploite r de s mine s da ns le même se c te ur ont c ontra c té de s ma la die s res piratoires . D’a utres s olda ts de l’a rmée ouga ndais e ont e ux-mê mes rac onté à des a mis , à le ur re tour, c omme nt ils opé raie nt pour e xtraire de l’or. Il re ss ort de c es ré cits que , même lors que le s c omma ndants loc a ux é ta ient informés de c e s a c tivité s , il y ava it une ce rta ine indulgenc e . Le Groupe d’e xpe rts qualifie c e comporte me nt de c omplic ité pa s sive de la pa rt de c e rtains comma nda nts mais il n’e st pa s é ta bli que le s s olda ts aie nt pa rtagé a ve c leurs allié s le s miné raux en le ur poss e s s ion. 58. Le s C ongola is loc aux s e livrent de puis de nombre use s a nné e s à de s a c tivité s d’e xtra c tion pour leur propre compte. La nouvea uté c onc erna nt le ur pa rtic ipa tion ré s ide dans le fa it que c e rtains d’e ntre e ux é taie nt utilis é s comme ma in-d’oe uvre que l’on a « c onva incue » d’e xtra ire de l’or, de s dia ma nts ou de la c olombotanta lite (coltan). Da ns la loca lité de Bondo, provinc e de l’Équate ur, de s je unes de 12 à 18 a ns é taie nt re cruté s pa r J e a n-Pie rre B e mba . Les a llié s ouga nda is e ntra înaie nt le s rec rues e t le ur inc ulqua ient l’idé e que l ’ ar m é e ouga nda is e é ta it une « a rmé e de dé ve loppe me nt » dont l’obje ctif éta it d’a méliorer le s c onditions de vie de la popula tion. Aprè s la s é anc e d’exe rc ice phys ique d’une heure le ma tin, ils é taie nt e nvoyé s da ns le s mine s d’or a fin d’e xtra ire le mine rai pour le c ompte de s Ouganda is e t M. B e mba . D’a près de s té moins , à Kalima , le comma nda nt R uto, de l’APR , a e nga gé de ux équipes de C ongola is loc a ux pour e xtra ire du c olta n; c e s Congolais tra va illa ient s ous la s urve illanc e vigilante de s olda ts rwa nda is . 59. Da ns le dis tric t minie r de Kilo-Moto, le s c omma ndants ouga nda is loc a ux e t ce rta ins des s olda ts qui ga rda ie nt le s diffé rents points d’entré e de s s e c teurs minie rs a utoris a ient e t e nc oura gea ie nt la population loca le à s e livre r à des a c tivités d’extra ction. Suiva nt l’arra nge me nt c onclu e ntre les s olda ts e t les mine urs, c haque mine ur de vait dépos e r a u point d’e ntré e /de s ortie un gra mme d’or c ha que jour. Un important informate ur a dit a u Groupe d’e xpe rts qu’en moye nne 3 000 pe rsonne s e xploitaie nt c e tte va s te c onc e s s ion s ix jours par s e maine . C e tte s ourc e , c onfirmé e pa r d’a utre s sourc es , l’a informé que l’opé ra tion é tait bie n orga nis é e et s e dé roula it s a ns problè me. En moye nne , de ux kilogra mme s d’or éta ie nt livré s cha que jour à la pe rsonne dirige a nt le rés e a u. 60. Le de rnier plan d’extrac tion organis é e mis a u point pa r le s forc es d’oc c upation c omprend l’importa tion de ma in-d’oe uvre pour le s a c tivité s d’e xtra c tion. Ce s de rniè res a mena ie nt de la main-d’oe uvre de le ur propre pa ys e t a s s uraie nt la sé c urité e t le soutien logis tique né ce s s a ire s . En partic ulie r, le Rwa nda utilis a it de s pris onniers pour extra ire le c oltan moye nnant une ré duc tion de pe ine ou le ve rse me nt de montants limités pour a c he te r de la nourriture. Le Groupe d’expe rts a ré ce mme nt é té informé de la pré s enc e de 1 500 pris onniers rwa ndais à Numbi, te rritoire de Ka lehe . D’aprè s le même rapport, c e s prisonniers ont é té vus a lors qu’ils e xtraya ie nt du c oltan s ous la ga rde de solda ts de l’Armée patriotique rwa nda is e . L’orga nisa tion Human R ights W a tc h a fait é tat de la même information e n ma rs 2001. C e réc e nt ra pport confirme un gra nd nombre d’a utres informations e t réc its de témoins oc ula ires dé criva nt la pa rticipa tion de pris onniers , dont c e rta ins é ta ient d’a nc iens réfugiés . 61. I ncide nce s s ur le milieu natur e l. Le milie u na turel a aus s i s ouffe rt c ons idé rable ment du c onflit. De nombre use s informations e t sta tistiques d’orga nis a tions ré giona les de protec tion de l’e nvironne me nt indique nt que, da ns le s e c teur c ontrôlé pa r le s forc es ouga nda is e s e t le s rebe lles s ouda nais , prè s de 4 000 é lépha nts s ur une popula tion de 12 000 ont é té tué s da ns le pa rc de Ga ramba , da ns le nord-es t de la Ré publique dé moc ra tique du C ongo, e ntre 1995 e t 1999. La s itua tion da ns d’autre s pa rcs e t ré s e rve s es t tout a us s i gra ve , e n pa rtic ulie r da ns le pa rc de Ka huzi-B iega , la ré se rve d’oka pis e t le pa rc de Virunga . Le nombre d’oka pis , de gorille s e t d’é lé pha nts a forte ment diminué. Da ns le pa rc de Ka huzi-B iega , zone contrôlé e pa r les R wanda is e t le R C D-Goma e t ric he e n c olta n, il res ta it e n 2000 s e ule me nt de ux fa mille s d’é lépha nts s ur 350. Le s é c ologiste s cra igne nt que les a nima ux re s tants aie nt fui d’eux-même s ou a ient é té tués , du fa it que de ux tonnes de dé fe ns e s ont é té re pé ré e s da ns le se c te ur de B uka vu à la fin de 2000. Dès a vril 2000, environ trois tonne s de dé fens e s ont é té provisoire ment sa is ies pa r le RC D-M L à Is iro. À la suite de s forte s pre ss ions e xe rcé e s pa r l’Ouga nda , le c ha rge me nt a été débloqué e t tra nsfé ré à Ka mpa la . 62. Le Groupe d’expe rts dispos e d’informa tions indiqua nt que la cha s s e à l’é lé pha nt pra tiqué e e n viola tion du droit interna tiona l [c onve ntion s ur le c omme rc e interna tiona l de s es pè c es de fa une e t de flore s a uva ge s me nac é e s d’e xtinc tion (CITES)] é tait gé né ra leme nt bie n orga nis é e . Le s s oldats c ha s s a ient direc te ment, a ve c l’a c cord de le ur c omma ndant, ou ils fournis sa ie nt ma térie l e t prote c tion aux villa geois loc a ux a fin qu’ils cha s s ent e ux-mê mes da ns le but d’obtenir de s dé fens e s d’é lépha nt. Par e xemple , e n août 2000, le c olone l M uge ni de s Force s a rmé e s ouga nda is es e t plus ie urs de s e s solda ts ont é té dé c ouve rts a ve c 800 kilogra mme s de dé fens e s da ns le ur vé hicule prè s du Pa rc de Ga ra mba . Le Gouve rneme nt ouga nda is a re çu de s informa tions dé ta illé e s s ur ce t inc ide nt. Des té moins oc ula ires ont s igna lé au Groupe d’e xperts plus ieurs incide nts où de s solda ts rwanda is é ta ient impliqué s da ns le c ommerc e de la via nde d’élé phant e t de buffle. Da ns le s s e c teurs de B uka vu e t Goma , il s e mble qu’un c e rtain type d’arra nge me nt s oit a ppliqué : le s c ommanda nts prenne nt le s dé fe ns e s , le s solda ts né goc ie nt le prix de gros a ve c de s village ois e t c e s de rniers ve nde nt la via nde a u ma rc hé c omme déta illants . 63. La ré c olte du c a fé pa r de s non-propriéta ires de planta tions repré se nte une autre c a ra cté ristique de l’exploita tion de s re s sourc es na ture lles . Je a n-Pie rre B e mba , dirigea nt du M LC e t aujourd’hui Pré side nt du Front de libéra tion du C ongo, pa rte na ire du gé néra l Ka zini da ns une a ffa ire d’exploita tion de c a fé, a réc olté direc te ment du c a fé d’une planta tion dont il n’es t pas proprié taire . Lors de notre vis ite à Gba dolite , plus ieurs ha bita nts ont indiqué que le c a fé é ta it ré colté pa r de s homme s de M . B e mba da ns plusie urs pla nta tions privé e s a ppa rte na nt à de s pe rs onne s qui ava ie nt fui la région. 64. Monopoles e t fixation des prix. Les rebe lles e t le s force s rwa ndais e s e t ouga ndais e s s e s ont non s e ule me nt livré e s a u pilla ge e t à l’e xtra c tion de s res s ource s mais ils ont a us si e xploité illéga le ment le s ystè me c ommerc ia l. Da ns c e rta ins c a s , ils ont contraint les e ntre pris e s loc a les e t c e rtaine s e ntrepris es é trangè res à fe rmer. Les mé thode s utilis é e s va riaie nt, a llant du pilla ge a u ha rcè le ment de s proprié taire s; l’obje c tif fina l éta it d’obte nir le c ontrôle du c omme rc e loc al, a boutiss a nt à l’exe rc ice d’un c ontrôle s a ns préc é de nt de l’é c onomie da ns le s ré gions es t e t nord-e s t du C ongo. Lors de s es visite s s ur le te rra in, le Groupe d’e xpe rts a c ons ta té que le s bie ns de c ons omma tion e t a utres produits que l’on trouva it à Gba dolite e t B unia prove na ient pour la plupa rt d’Ouga nda . Lors d’une vis ite qu’ils ont e ffe ctué e à B unia , les membre s du Groupe ont a s s isté a u dé cha rgeme nt de c ais s e s de biè re d’un a vion e n prove na nc e de c e pa ys . À Gbadolite, la ma jeure pa rtie de s c igare ttes , des bois s ons, du pa pier de toilette , e tc . s ont importé s d’Ouga nda. De mê me , le s produits que l’on trouve à Kis anga ni, B uka vu et Goma provie nne nt e s se ntielle ment du B urundi ou du R wa nda . Les a rtic le s importé s pour le s z one s oc c upé e s tra nsite nt pa r le s ports de M ombas s a et Da r e s -Sala a m. C e s fa its ont é té c onfirmés lors d’une vis ite du Groupe d’e xpe rts a ux s e rvic e s de s doua ne s (Adminis tra tion fis c a le) à Ka mpa la . Pa r a illeurs , s uivant les importa teurs , c e rtaine s ta xe s ne s ont pa s a c quitté e s. Le R C D-ML a confirmé c e tte pratique a u Groupe lors de s e s entre tie ns à B unia , e n oc tobre 2000. 65. Le s force s rwa nda is e s et ouga nda is e s et le urs a llié s c ongola is e xploitaie nt é ga leme nt le s cultiva te urs loca ux, a uxque ls ils imposa ie nt de s prix e t des c onditions . Da ns un c a s , un e xploitant agricole viva nt à proximité du fleuve Ouba ngui, à 20 km de Gba dolite , a e xpliqué à un me mbre du Groupe d’e xperts de quelle maniè re il é ta it tributa ire des né goc ia nts pour la fourniture de s s a c s impos é s pa r les c olle c teurs de c afé (ac he teurs ). Si les e xploitants n’utilis a ient pas c e s s a c s, il e n rés ultait une ré duc tion a utoma tique du prix du c a fé . Le s s a c s n’é taie nt pa s fa briqué s da ns l’e st de la R épublique dé moc ratique du C ongo e t il fa lla it le s ac he ter. 66. Da ns un a utre c a s , une fe mme a e xpliqué c omme nt e lle-mê me e t s on mari ne pouva ie nt plus ve ndre leur huile de pa lme à la R é publique c entra fric a ine vois ine, ou l’expé dier à Kins ha s a pour obte nir un me illeur prix. Le c ontrôle de s ré s e aux c omme rcia ux pour de s produits c omme le c a fé e t l’huile de pa lme é ta it pres que tota l da ns le s z ones oc cupé e s, c e qui aboutit à un monopole de fa it, c omme c e lui qu’e xe rce M . B e mba s ur le s e xporta tions de c afé dans la provinc e de l’Équa teur. Le s ha bita nts de la province de meuré s da ns le s village s trava illaie nt plus pour une ré muné ra tion moindre, voire inexis tante . Le s orga nis a tions huma nitaire s a c tive s da ns le s z ones oc cupé e s ont me ntionné a u Groupe de s ca s où le s fe mmes , da ns ce rta ins villa ges , a va ie nt c e s sé d’envoyer le urs e nfa nts da ns le s c e ntres s anita ire s ca r e lles ne pos sé da ient plus de vê teme nts s imple s pour prés e rver le ur dignité . 67. L’exploita tion de s re s sourc es de vie nt e nc ore plus c onte s table lors que c e rta ins de s protagoniste s non s e ule me nt fa briquent de la faus s e monna ie congolais e ma is l’utilise nt pour ac qué rir des re ss ource s nature lle s . Se lon des s ourc e s fia bles , le groupe Victoria, dont l’ac tionna ire princ ipa l e s t le géné ra l Kha leb Akandwa na ho, a lia s Sa lim Sa leh, aura it pa rtic ipé à la fa bric a tion de fa us s e monna ie c ongola is e . Ce s bille ts s e rve nt à a c he te r le s produits de c ulture s c ommerc ia les , princ ipale me nt du c a fé . Une s ource très fiable a dé c laré a u Groupe d’expe rts qu’au milie u de 1999, Je a n-Pie rre B e mba a va it ordonné la fa brica tion de billets de 100 fra nc s c ongolais . Toute fois , le groupe Victoria a lui a uss i fabriqué de la faus s e monnaie c ongolais e pe nda nt la mê me pé riode . De fa it, à la fin de 1999, la provinc e de l’Équa teur é tait inondée de fa ux billets c ongola is ; M . B e mba a donc déc idé de s us pe ndre la fa bric a tion de fa ux bille ts de 100 franc s , y c ompris c e ux qu’il a va it fa it fa briquer, a fin d’enra ye r l’inflation da ns le s se c te urs qu’il c ontrôlait. 68. Le Groupe d’expe rts dispos e d’é léme nts é ta blis s ant que l’e xploitation illéga le de s res s ourc e s na turelle s dé pa s s e le c adre de s res s ource s miné rale s et a gricole s . Elle s e poursuit aus s i a c tive me nt e n ce qui c once rne le s trans a c tions fina nc iè res , les ta xe s e t le rec ours à une ma in-d’oe uvre bon ma rc hé , que notre manda t a qualifié d’autre s formes de ric he s s e . Le s ba nque s e t c ompa gnies d’as s uranc e s loc a les opé ra nt à Goma , Buka vi, Kisa nga ni, B unia et Gbadolite traite nt direc te ment a ve c Kiga li ou Ka mpa la . Un sys tè me de re c ouvre ment des impôts , a ppliqué da ns ce rta ins c as , a é té mis e n pla ce pa r le M LC , le R CD-M L e t le R C D-Goma , e n colla bora tion a vec le urs c ontre pa rties ouga nda is e s et rwanda ise s é tablie s. D’aprè s le s rebe lles , ce s impôts s e rvent à fina nc e r ou à a ppuye r l’e ffort de gue rre. En fa it, une pa rtie de s fonds colle cté s es t e nvoyé e à Kiga li (da ns le c a s du RC D-Goma ). En c e qui c onc erne les a nc ie ns me mbre s du R CD-M L e t le M LC , non s e uleme nt une pa rtie de s taxe s éta it e nvoyé e à Ka mpala , mais ce rta ins c olone ls e xige a ie nt un pa ie ment dire c t du RC D-M L. À B unia e t à B uka vu, la population a prote s té e t manifes té c ontre ce tte pra tique abus ive qu’elle a dé nonc é e. Da ns le s z ones c ontrôlée s par M . B e mba, le s ruraux qui trans porte nt de l’huile de pa lme s ur leur bic yc lette doive nt a c quitte r une taxe sur c elle -ci. c e rta ines s ourc e s , e lle a urait é ga le ment c ontribué à la ré affe c tation de terre s de s Lendus a ux He ma s. Du c ôté rwanda is, d’aprè s une sourc e fia ble , les a utorités rwanda ise s s era ie nt interve nue s pour obte nir la nomina tion de Ge rtrude Kite mbo c omme gouve rne ur du M a nie ma . 69. Le re c ours à la main-d’œuvre e nfantine e s t é gale me nt gé né ra lis é dans les te rritoire s oc c upés . C e rta ins e nfants se ra ient utilis és pour e xtra ire de l’or da ns le s mines de Kilo-Moto. Da ns la provinc e de l’Équa teur, de s e nfa nts ont é té vus dans des mine s de diama nt. Le s me mbres du Groupe d’expe rts ont noté la prés e nc e de jeune s re c rue s du M LC à l’aé roport de Gbadolite e t da ns la ville . À l’aé roport, ils a tte ndaie nt un vol, a près a voir ac he vé ré c emme nt le ur pé riode d’entra îne me nt milita ire. 72. Modes de tr ans por t. Les a ctivités illé ga les ont é té fa cilitée s par l’évolution de s moye ns de trans port dans la ré gion. Ava nt la se c onde guerre , la plupa rt de s é c ha nge s de bie ns e t de produits é ta ient effe ctué s pa r route . Da ns une la rge me sure , le s tra fiqua nts utilis a ient les la cs Kivu e t Ta nganyika pour fa ire pa sse r en c ontre bande de s biens e t produits à de s tina tion ou e n prove na nc e de la R é publique démoc ratique du Congo, e t da ns ce rta ins c as , ils utilis a ient des a é rone fs. Le c ha nge me nt s ’e st a c ce ntué a u c ours de s qua tre de rniè res a nné e s . Un nombre c rois s a nt d’avions s ont utilis é s pour tra nsporter de s produits e t de s a rme s en R é publique Démoc ratique du C ongo e t de va s te s qua ntité s de produits a gricole s e t de miné ra ux, e n pa rticulier ve rs Ka mpa la e t Kiga li. L’a utre fa it nouve a u c onc erna nt le rec ours a c cru a u tra ns port a é rie n a é té l’utilis a tion d’a vions loué s pa r l’armé e pour de s fonctions c ommerc iale s et non milita ires . Diffé rente s c a tégories de pe rsonne s, notamme nt de s s olda ts , de s journa lis te s e t des c omme rç ants , ont dé c rit a u Groupe d’expe rts le urs voya ge s da ns de s a vions trans porta nt é gale me nt de s s a c s de ca fé et d’autre s produits non milita ires . 70. Le s fa its s usme ntionné s a ttes te nt que le s proc é dure s e t mé thode s d’e xploita tion de s res s ource s na turelle s de la R é publique dé moc ra tique du C ongo é volue nt c ons ta mment. Le s forc e s d’occ upa tion ont c omme ncé pa r la méthode la plus s imple : le pilla ge de s rés e rve s . À me sure que les ré se rve s diminua ient, elle s ont mis a u point des moye ns effica c e s d’e xtra ire le s res s ourc e s s upplé menta ires néc e s s aire s pour ma intenir le urs c offres pleins . Enfin, tous le s moyens néc e s s aire s é ta ient re connus c omme mode s d’ac quis ition lé gitimes . Il re ss ort de tous les é léme nts e xpos é s plus ha ut que c e proc e s s us c ontinuera d’évolue r s elon qu’il s e ra jugé né ce s s a ire . D. Structures utilisées pour l’exploitation illégale des ressources naturelles 71. Struc ture s administr ative s . L’e xploita tion illé gale de s re s sourc es na ture lles e st fa cilitée pa r le s s tructure s a dminis tra tive s mis e s en plac e par l’Ouga nda e t le R wanda . Le s dirigea nts de c es pa ys ont nommé direc te ment et indire c teme nt de s gouverne urs ré giona ux ou de s autorité s loc a les , ou, plus gé né ra leme nt, nommé ou c onfirmé de s C ongolais à c e s pos te s. Un e xe mple typique , du côté ouga nda is , e s t la nomina tion du Gouve rneur de la provinc e d’Ituri. Le 18 juin 1999, le gé né ra l ouga nda is Ka z ini a nommé gouverne ur de ce tte provinc e Ade le Lots ove , C ongola ise qui a va it dé jà e xerc é de s fonc tions dans les gouve rneme nts de Mobutu e t Ka bila. Il re s sort cla ireme nt de s informations obtenue s qu’elle a pa rtic ipé à la c ollec te e t a u tra ns fe rt de fonds de la ré gion adminis tra tive qui lui a vait é té a s signé e a ux a utorité s ouga nda is es e n 1999. D’a prè s 73. Le c ha nge me nt interve nu da ns le s mode s de trans port s ’ac c ompa gna it d’un c hange ment dans les interve na nts e t d’une redé finition de s c ompa gnies de trans port. Les s ocié té s tra ditionne lles e t bie n é ta blie s , c omme TMK, ont vu le ur pa rt de marc hé diminue r, ta ndis que d’autres ont s imple me nt dispa ru (Air C a rgo Za ïre ). En même temps , de nouve lles s oc ié tés s ont a ppa rue s e t se s ont dé ve loppé e s , c omme Air Na ve tte e t J a mbo Safa ri, dont le s proprié ta ire s sont de s pare nts e t a mis de s gé néra ux, c olone ls e t prés idents , c ontrôlé e s pa r e ux. De l’a utre c ôté , les inte rvena nts e xtérie urs qui s ont a rrivé s da ns la région a ve c la « c onquê te » de Kins has a pa r l’AFDL pe nda nt la premiè re gue rre, e n tra ns portant de s troupe s , s ont re s tés e t ont cons olidé leurs positions ; c ’es t le c a s de Victor B utt, ma rcha nd d’a rmes notoire da ns la ré gion. La plupa rt de s vols à de s tina tion e t e n prove na nc e de la provinc e de l’Équa te ur e t de la provinc e orienta le pa rtent de l’aé roport milita ire d’Ente bbe . Lors d’une vis ite à Ka mpa la , le Groupe d’expe rts a été informé de s pré occ upa tions e xprimé e s pa r la Dire c tion de s impôts ouga nda is e a u Minis tère de la dé fe ns e c onc e rna nt la ques tion de s pe rtes de re c e tte s fisc a le s du fait que les produits e ntrant pa r a vion en R é publique démoc ratique du Congo e n prove nanc e de l’aé rodrome militaire d’Entebbe ou quitta nt le territoire c ongola is à de s tina tion de ce t a érodrome n’éta ient pas c ontrôlés e t qu’a uc une ta xe n’é tait rec ouvrée par le s s e rvic e s douanie rs. 74. Du c ôté ouga nda is , on mentionne ra trois gra nde s c ompa gnies privé e s : • Air Ale xa nde r, dont la proprié ta ire e st J ovia Akandwa na ho, é pouse de Sa lim Sa leh e t be lles oeur du Pré side nt M us eve ni. C e tte s ocié té a s s urait e s se ntielle ment des vols e ntre Ente bbe e t Kisa nga ni a vant le de rnie r comba t da ns c e tte ville . D’aprè s c e rtaine s s ource s , elle continue d’opé rer da ns le te rritoire c ontrôlé pa r les forc e s ouga nda is e s ; • Air Na vette , qui tra ite a ve c le gé né ral Sa lim Sale h e t J e a n-Pie rre B e mba . La c ompa gnie a s sure de s vols à de s tina tion de Gba dolite , Ge me na , Kisa nga ni, B unia et Ka mpa la , utilis a nt de ux a ppa re ils de type Antonov 26 e t Antonov 12; • Uganda Air C argo, qui tra va ille princ ipa le ment a vec le M inistè re ouga nda is de la dé fens e . Aupa ra vant, elle utilisa it un a ppa re il C -130 mais e lle e xploite a c tue lle ment un Iliouc hine 76 e t un Antonov 12. Ce tte c ompagnie a s s ure de s vols à de stina tion d’Entebbe , de Geme na , de Ba s a nka s u, d’Isiro e t de B uta. Le Groupe d’expe rts dispos e d’informa tions indiqua nt que la plupa rt de s c ompa gnies a é rie nnes privé e s ne s ont pa s proprié taire s de s appa reils qu’e lles utilis ent, ce ux-ci a ppa rte na nt gé né rale me nt à de s pers onne s c omme Vic tor B utt. 75. Du c ôté rwa nda is , dive rse s compa gnie s privée s opère nt da ns le territoire : • Ne w Gomair qui a s sure de s vols à de s tina tion de Kisa nga ni-Goma e t Kiga li. D’aprè s c e rtaine s s ourc e s , l’é pous e du M inis tre rwanda is de s fina nc e s figure ra it pa rmi les a c tionnaire s ; • Air Na vette , qui as s ure de s lia isons à de s tina tion de Goma , B ukavu, Kis a nga ni et Kiga li. D’a près c e rta ines s ourc e s , l’un de s principa ux a c tionna ire s , M ode s te M a ka buz a , é ga leme nt proprié ta ire de la c ompa gnie J a mbo Safa ri, e s t une pe rs onna lité c onnue da ns l’e ntoura ge du Pré s ide nt Ka ga mé ; • Air B oyoma , se rvice de na ve tte e ntre Goma e t Lodja ; d’a près c e rta ines s ourc e s , M . Onde kane , a ncie n pre mier Vice -Prés ide nt du R C D-Goma , figure rait parmi les a ctionna ire s; • D’autre s c ompa gnies , c omme la C ompa gnie a é rie nne de s Gra nds La cs e t C a rgo Fre t Interna tiona l, Sun Air Se rvice s et Kivu Air Se rvic e s, a s sure nt de s vols da ns la région. 76. De s c lients et d’autre s s ource s trè s fia bles ont indiqué que Sabe na C a rgo trans porta it de s res s ourc e s na ture lles illé ga les e xtra ites e n R é publique dé moc ra tique du C ongo. C e tte c ompa gnie trans porte rait du c oltan e xtra it de c e pa ys, de l’a é roport de Kiga li ve rs de s de stina tions e uropé e nnes . Le Groupe d’expe rts a de mandé à re nc ontrer des me mbre s de la direc tion de Sa be na à Ka mpa la et à Bruxe lle s , ma is pe rs onne n’a é té mis à s a dis pos ition pour un e ntretie n. 77. Ré se au financier . Toute s le s ac tivité s illé gale s me né e s da ns l’e s t de la R é publique dé moc ra tique du C ongo, mais princ ipa le ment les opé ra tions c omme rc iale s , utilis e nt le rés e a u financ ie r da ns une c e rta ine me s ure . L’une de s ca ra c téris tique s de ce ré se a u e s t le fait qu’il e s t ca pa ble de s ’a dapte r ra pide me nt a u nouve a u c ontexte politique et é c onomique . De s ville s c omme Kis a ngani e t Goma é ta ient dé jà de s c entre s c omme rc iaux importants pour le s dia ma nts e t le s bie ns de c ons omma tion. La plupa rt de s ba nques opéra nt da ns le s z ones oc cupé e s é ta ient dé jà éta blies e n R é publique dé moc ra tique du C ongo ava nt la gue rre d’a oût 1998. Le ur s iège ou le s ba nques c orre s ponda ntes s e trouva ie nt gé né ra leme nt à Kins ha s a. Avec l’oc c upation, c e s ba nque s e t leurs corre spondants ont s ouve nt tra ns fé ré le ur s iège à Kiga li. On me ntionnera e ntre autre s le s é tablis se me nts s uiva nts : • Union des B a nque s c ongola is e s ; bie n que son s iège de meure à Kins ha s a, e lle pours uit de s a c tivité s da ns de s s e c teurs c ontrôlé s pa r le R wanda ; • B a nque comme rcia le du C ongo, dont le s iège e st à Kins ha s a; e lle a de s filia les da ns l’es t de la R é publique démoc ratique du Congo. Le Dire c teur a été trans féré à Kiga li a fin de s upe rvis e r l’opé ra tion da ns l’e s t du pays . Ce tte ba nque e s t lié e à la B e lgola is e , cons ortium de banque s be lge s ; • B a nque comme rcia le du Rwa nda, dont le s iè ge e s t à Kiga li mais qui a de s opé ra tions à Kis anga ni, B uka vu et Goma. Le Gouve rne ment rwa ndais figure rait parmi les a c tionnaire s ; • B a nque à la Confianc e d’or (BANC OR ), l’une de s nouve lles ba nque s de Kiga li qui a c ommenc é s e s a c tivités e n 1995. J us qu’e n 1999, e lle a pparte nait à une fa mille mais , au dé but de 2000, un homme d’affa ire s , Tibe re R ujigiro, l’a a c heté e pour un prix très ba s, d’aprè s dive rse s sourc es . 78. Cas par tic ulier s de la B anque de c ommer c e, de dé ve loppeme nt e t d’indus tr ie (B CDI ) e t de la B anque de c ommerc e e t de dé ve loppeme nt (B CD). La B C DI, ba nque la plus ré ce nte , a é té c réé e e n novembre 1996; s on s iè ge e s t à Kiga li. Se s lie ns a ve c la Ré publique dé moc ra tique du C ongo remontent au dé but de la c onquê te de l’e x-Zaïre pa r l’AFDL. Elle e ffe ctua it la plupa rt de s tra ns ac tions fina nc ière s de l’Allia nc e a va nt l’arrivée a u pouvoir de La urent-Dé s iré Ka bila . Le Groupe d’e xperts a a ppris que s e s a c tionna ire s éta ie nt e s se ntielle ment le Front pa triotique rwa ndais , C OMIEX, Alfred Khalis s a e t plus ieurs Angolais . Les vé rita bles a ctionna ire s s ont le s a lliés , à l’e xce ption de l’Ouga nda . C erta ins docume nts , a cquis de vire me nt e t a utoris ations de pa ie ment é tablis pa r plus ieurs gra nde s s ocié té s e n Ré publique dé mocra tique du C ongo e ntre le dé but e t la fin de 1997 indiqua ient c laire ment que les ve rse me nts deva ie nt ê tre e ffe ctué s pa r l’intermé diaire de la B C DI, a u titre de la c ontribution à « l’effort de guerre ». Lorsque le Prés ident Kabila , a ujourd’hui dé cé dé , e s t arrivé a u pouvoir, il a c réé la B C D, dont la pa rtic ularité e s t d’a voir pour a ctionna ire s Trista r, C OMIEX et Alfre d Kha liss a , de la B C DI. Le FPR de meure a c tionna ire de la B CD, par l’inte rmédia ire de la B C DI e t de Tris ta r, ma lgré la gue rre . 79. Autre s soc ié tés privé e s. Dive rse s s oc ié tés ont é té c réé e s afin de fa ciliter la poursuite de s ac tivité s illé gale s e n R é publique dé moc ra tique du C ongo. D’a utres , é tablie s de puis des diza ine s d’a nné e s da ns la région, ont s uivi le mouve me nt, a ttiré e s pa r le s bé né fice s évide nts ré sulta nt de l’e xploitation de s res s ourc e s du pays . Aux c ôtés de l’Ouga nda, du M LC et du R C D-ML, les c hefs re be lle s e t les c adre s militaire s ouganda is ont c ré é de nouve lles s ocié té s e t e ntre pris e s en re coura nt à de s « prê te -noms ». Pratique me nt toutes c es e ntité s a ppa rtienne nt à des pa rtic ulie rs ou à de s groupe s de pe rsonnes . 80. Pa rmi les s ocié té s pa rtic ipant à l’a c quis ition illic ite de re s s ourc e s na ture lles da ns la R é publique dé moc ra tique du C ongo, Trinity e t Vic toria s e mblent les plus intére s sa nte s, c ompte tenu de le ur mode de fonc tionne me nt, de le urs a c tivités e t de leurs a c tionnaire s re s pec tifs. Le Groupe Victoria e s t pré s idé pa r M . Kha lil e t son s iège es t à Ka mpala . D’a près de s s ourc e s fia bles , ce de rnie r tra ite direc te ment ave c Mme Akandwa na ho pour les que s tions rela tive s a ux diama nts. M . Kha lil a de ux colla bora teurs en R é publique dé moc ra tique du C ongo, l’un à Kisa nga ni e t l’a utre à Gbadolite. Tous deux viendraie nt du Liba n; il s ’agit de M oha mme d Ga s sa n e t de M. Ta lal. Lors qu’il s’e s t re ndu à Gba dolite , le Groupe d’e xpe rts a re çu c onfirmation de la pré s enc e de l’un d’eux e t du rôle pré pondé ra nt qu’il joue da ns l’ac ha t de diama nts da ns la ré gion. Une s ourc e fiable a indiqué à s e s me mbres que le groupe Victoria a ppa rte na it conjointe ment à M uhooz i Kaine ruga be , fils du Pré s ide nt M us e ve ni, e t à J ovia e t Kha le b Akandwa na ho. Le groupe Victoria e s t lié a u c omme rce de s dia mants , de l’or et du c a fé . Il ac hè te c e s miné raux e t produits agricole s à Is iro, Bunia , B umba , B ondo, B uta e t Kis a nga ni. Il ac quitta it de s taxe s a u M LC ma is non a u R C D-M L. Lors que des fa ux bille ts (fra nc s c ongolais e t dolla rs de s Éta ts -Unis ) ont é té trouvés da ns le s s e c teurs où la s oc ié té a c hète les re ss ource s nature lle s , on a a c c usé le groupe Victoria. D’autres s ourc e s ont confirmé a ux e xpe rts que le groupe a va it pa rticipé à la fabrica tion de fa us s e monna ie. 81. Trinity e s t éga le ment un c a s intére s s ant. As ee nyi Tiba sima , de uxième Vic e -Pré s ide nt du R C DM L e t a ctue lleme nt C ommis s air e gé né r al adjoint du FLC, é tait « dire cte ur » de la s oc ié té. D’aprè s de s s ourc e s fia bles , il s ’agit d’une s oc iété fictive, c ongloméra t regroupa nt dive rse s entre pris e s a pparte nant à Salim Sa le h e t à s on é pouse . Son objec tif princ ipa l é tait de fa c ilite r le urs a c tivités c omme rc iale s da ns la Provinc e orienta le. À ce tte fin, M . Tiba s ima a ac c ordé une e xoné ra tion fis c a le te mpora ire pour toute s les a c tivités pours uivie s da ns les s ec te urs c ontrôlés pa r l’Ouga nda e t a dminis trés pa r le RC D-M L e n nove mbre 1999. La s oc iété a importé dive rs bie ns e t produits et s ’es t proc urée , dans la Provinc e orie nta le , de l’or, du c a fé e t du bois s ans a cquitter de ta xes . Dive rs es pe rsonnes , des Ouga nda is e t C ongola is , ont profité de la c onfus ion a u s uje t de la s ocié té pour e xporte r de la R é publique démoc ratique du Congo (pour le compte de Trinity) divers e s re s s ourc e s na ture lles s a ns non plus a c quitter de ta xe s. 82. Du c ôté rwa nda is , la plupa rt de s s oc iété s pours uiva nt de s a ctivités importante s lié e s à l’exploita tion de re s s ourc e s na ture lles de la R épublique dé moc ra tique du C ongo appa rtie nnent s oit a u Gouve rneme nt, s oit à des pe rsonnes très proc he s de s c olla borate urs du Pré s ide nt Ka ga mé. R wa nda M é ta ls , pa r e xe mple , e s t une s oc ié té lié e a u comme rce du c oltan. Elle a c hè te ce mine ra i e t l’exporte hors du c ontine nt. Le Groupe d’e xperts dis pose d’informations s é rie us es indiqua nt que le FPR c ontrôle c e tte s oc ié té. Au milieu de ja nvie r 2001, c e rtaine s s ource s trè s fia bles ont e u de s e ntre tiens a ve c la direc tion de Rwa nda M é tals à Kiga li. À ce tte oc c a sion, le Dire c teur leur a dé c laré que la s ocié té é ta it une e ntrepris e privé e qui n’ava it pa s de re lations a vec l’armé e . Il a a jouté qu’il de va it re ncontrer de s pa rtena ires c lefs le ma tin même . Tandis que le s disc us s ions se pours uiva ie nt, le s « parte naire s » s ont a rrivé s c omme pré vu mais , malhe ure us eme nt, ils porta ie nt l’uniforme de l’a rmé e rwa ndais e et é taie nt de s officie rs s upé rie urs. C e t inc ide nt c onfirme les informa tions de diffé rente s s ource s indiqua nt que R wanda Mé ta ls e s t c ontrôlée pa r le FPR . Entre -te mps, d’autre s é lé ments ont été obte nus, indiqua nt que l’Armé e pa triotique rwa ndais e (APR ) figura it pa rmi le s a c tionnaire s de la s oc iété Gra nds La c s M é tals , qui s e livre é ga le ment a u c ommerc e du c olta n. fourniture de pé trole et d’es s e nce à Goma et B uka vu. C e tte s oc ié té a ppartie ndra it à Erne s t Ha bimana , qui es t é troite ment lié à l’APR , e t en pa rtic ulie r a u comma nda nt Ka ras ira e t à M . Ga kwe rere . STIPAG, s oc ié té a ppa rte na nt à M . Mbugiye , opéra nt e n colla bora tion a ve c le c ommanda nt Ka z ura (che f de la s é c urité de l’Armé e rwanda ise e n R é publique dé moc ra tique du C ongo) et le c omma ndant Gate te , e s t l’une de s nouvelle s s oc iété s a s soc ié es a u c ommerc e du c a fé e t de s dia ma nts . Enfin, de nombreus e s pe tite s soc ié tés ont é té c ré ée s , dont les a c tionnaire s s ont toujours de s pers onna lités influe ntes da ns la nome nkla tura rwa nda is e ou da ns le s s tructure s de la R é publique dé moc ra tique du C ongo. C’e s t le c as de Grands Lac s Mé ta ls dont s e raie nt a c tionna ires les c omma ndants Ga te te, Da n e t Ka z ura. Da ns d’autre s c a s , de s s oc iété s é tra ngè re s intègre nt de s potenta ts loc aux da ns le urs c ons e ils d’adminis tra tion : c omme c ’es t le c a s de Ge s e lls c haft Für Elektrometa llurgie (GFE), a ve c Karl He inz Albe rs e t Emma nuel Ka manz i c omme pa rtena ires , ou de M DM , a ve c M . M a kabuz a . 83. J a mbo Safa ri e s t une a utre soc ié té dont l’éme rgenc e e t le déve loppe me nt ont indis pos é c e rtains à Goma e t B uka vu. Lors que la gue rre d’août 1998 a é c laté , M ode s te M a ka buz a ac he tait du pé trole au Ke nya e t le re ve nda it da ns l’es t de la Ré publique dé mocra tique du C ongo. La s ocié té a tiré a vanta ge d’un ré s ea u inte rne de fa ux ré cé pis sé s a u s e in du RC D-Goma e t de l’APR . D’aprè s une sourc e trè s fia ble , Ja mbo Sa fa ri fa ctura it a u R C D-Goma trois fois le s qua ntité s de pé trole livré e s e t toute c onte s tation de s c hiffres é tait reje té e. Da ns un e ffort e xce ptionne l vis a nt à éc la ircir la s itua tion, c erta ins me mbre s du R CD-Goma, lors de la de rnière réunion de l’As s e mblé e gé né rale e n juin 2000, ont de mandé la c réa tion d’une c ommis s ion a ux fins d’une vérifica tion interne de s comptes . Kiga li a a c ce pté de dépê c her un c olone l pour e ffe ctue r l’a udit, en c olla boration a ve c une é quipe du R C D. Une fois ré glée la que stion de s faux ré cé pis sé s e t du trop-pa yé , Kiga li a rappe lé le c olone l e t s uspe ndu l’e nquê te. C e rta ines s ourc e s ont confirmé l’exis tenc e de liens é troits e ntre M . M a ka buz a , proprié taire a ppa rent de J a mbo Safa ri e t le Pré side nt Ka ga mé . J a mbo Sa fari a dive rsifié s e s a c tivité s c omme rc iale s , poursuivant mainte na nt de s opé ra tions da ns le c a fé , a réc e mment a che té une flotte de nouve aux c a mions e t e st é gale me nt a s soc ié e a u tra ns port aé rie n a v ec A i r N a v et t e . 85. Se fondant s ur le s donné e s , ra pports et docume nts re çus e t a na lys é s , le Groupe d’e xpe rts a c onc lu que les s ystè me s d’e xploitation illéga le é ta blis par le s Ouga nda is e t le s Rwandais é taie nt différents . Da ns le ca s de l’Ouga nda , de s pa rticuliers , en gé né ra l de s officie rs s upé rie urs , us a nt de leur pouvoir s ur le urs c ollaborate urs e t c e rtains ca dre s de s mouveme nts re belle s , e xploite nt le s re s sourc es de la R épublique dé moc ratique du C ongo. Toute fois , c ela e st c onnu dans le milieu politique à Ka mpa la . 84. D’autre s c ompa gnies moins importante s opè rent é gale me nt a vec la protec tion de ce rta ins c omma nda nts loca ux. Pa r exe mple, Établiss e me nt Ha bie r pa rticipe à la 86. Da ns le c a s du R wanda , les ac tivité s ont un c a rac tè re plus s ysté mique . Il e xis te de s liens et de s é c hange s e ntre c e rta ines gra nde s soc ié tés , comme da ns le c as de Tris tar e t de la B C DI, e t, e n pre mier lieu, e ntre l’APR , le FPR , la B C DI, R wa nda M éta ls , Gra nds Lac s M éta ls e t Tris ta r. La dire ction de c es s ocié té s s e mble faire rapport s é pa ré ment a ux mê mes pers onne s e n ha ut de la pyramide. Pa r a illeurs , le s principa ux dirige a nts e ntre tienne nt de s re la tions pe rs onne lles a ve c dive rs c omma ndants , le s que ls font eux-même s rapport à la hiéra rc hie . Ce tte s tructure pyra mida le intégré e, a s soc ié e à la s tric te dis c ipline du groupe , a re ndu l’exploita tion de s re s sourc es c ongola is e s plus s ysté ma tique , e ffica c e et orga nis ée . Il e xiste é ga le ment des liens e ntre les s truc tures rwa nda is e s inte rne s d’exploita tion illé ga le e t c e lle s du R C D-Goma. Le Gouverne ment rwa nda is a c onc lu de s a rra ngeme nts a ve c le RDC -Goma a fin de trans fé rer des re ss ource s hors de la Ré publique dé moc ra tique du C ongo. Il e xis te un c as où de s prê ts s ont c ons e ntis pa r la BC DI au R C D a fin de pa ye r le s fournis se urs dont le s ac tivité s sont lié e s à l’APR . C e « rela is financ ie r » e st s tatuta ire ; en fa it, le s ta tut du R C D re c onna ît indire c teme nt le rôle du R wa nda dans la s upe rvision de s res s ource s fina nciè re s du mouve ment et s a pa rticipa tion à la pris e de déc is ions e t a u contrôle ou à la vé rific a tion des c ompte s . E. Agents individuellement impliqués dans l’exploitation illégale 87. La lis te qui s uit n’e s t pa s e xha us tive, ma is la s é lec tion opéré e pa r le Groupe d’expe rts é tait guidé e pa r le fa it que ce s pers onne s ont joué un rôle c ruc ial e n fournis sa nt un a ppui, en pa rra inant des ré se a ux ou e n fa cilitant l’exploita tion des re ss ource s nature lle s à l’inté rieur de la R é publique dé moc ra tique du C ongo e t é taie nt dire cte me nt impliquée s dans c es a c tivités . Du c ôté ouga nda is , on voit fré que mment a ppa ra ître de s noms fa milie rs, par e xemple le géné ra l Sa lim Sa leh, le gé né ra l J a me s Ka z ini, le c olone l Tika manyire, J ovia Akandwa na ho, le c olone l Uta fire , le c olone l M ugeni, M . Kha lil, Atee nyi Tibas ima , M busa Nyamwis i, Na him Khana ffe r, R oge r Lumba la, J e an-Yves Ollivie r, J e anPierre Be mba , Ade la Lots ove ou Abdu R ha ma n, ma is a uss i des nouve a ux ve nus c omme le c olone l Muyombo. 88. Le Groupe d’expe rts a dé c idé de conc e ntre r s on a ttention s ur trois a gents importants : le s de ux pre mie rs s ont le gé né ral Salim Sale h (e n retra ite ) et s on é pous e , J ovia Aka ndwana ho. Khale b Aka ndwa na ho, a lias Salim Sa leh, et s on é pous e J ovia sont au c oeur de l’exploita tion illéga le de s re s s ourc e s na ture lles da ns le s z one s tenue s pa r l’Ouganda et s e s a lliés . Il e s t le frè re c a de t du Pré side nt M us eve ni (trè s popula ire a u se in de l’armé e ) e t dirige e n sous -main de s a ctivités illé ga les da ns le s z ones s usme ntionné es . J ame s Ka z ini e s t s on bras droit e t s on e xé c uta nt. Il enc a dre e t protège M bus a Nyamwis i e t Ate e nyi Tiba s ima. En é c ha nge , ce s dernie rs protè ge nt s e s intérê ts c ommerc ia ux da ns le s ré gions qui s ont s ous la c oupe de l’a nc ien R CD-M L. Il a utilis é à la fois le groupe Victoria e t Trinity pour l’ac ha t e t la c omme rc ialis ation de diama nts , de bois, de c a fé e t d’or. Se lon des s ourc e s trè s fia bles c ons ultée s pa r le Groupe d’expe rts , Salim Sale h e s t soute nu pa r J ovia Akandwa na ho, qui es t plus a gre ss ive s ur la ques tion de l’exploita tion de s re s sourc es na ture lles de la Ré publique dé moc ra tique du C ongo et qui a un intérê t pa rticulie r pour le s dia mants . Toujours s e lon de s s ource s très fiable s , e lle s e rait à l’origine de s affronte ments à Kisa nga ni. Elle voula it a voir la ha ute ma in s ur le marc hé de s dia mants da ns c e tte ville, le « Dire c teur » du groupe Victoria, M . Kha lil, a ya nt confirmé que c e tte idé e é tait judic ie us e e t ré a lis a ble. 89. Le troisiè me a ge nt e s t le géné ra l J a mes Ka zini, a ncie n che f d’é ta t-ma jor de s FDPU e t ex-c omma ndant de s opé rations milita ires e n R é publique dé moc ra tique du C ongo. Il e s t orfèvre e n la matiè re; c ’es t lui qui orche s tre, orga nise e t dirige la plupart des a c tivités illéga les liée s à la prés e nce de s FDPU da ns le nord et le nord-e s t de la R é publique démoc ratique du Congo. Il e s t le bra s droit de Salim Sa le h, s ’appuie trè s la rge me nt s ur le ré s e au milita ire e n pla c e e t de s a nc ie ns c a mara de s e t c olla borate urs, c omme les c olone ls Tika ma nyire ou M uge ni, e t a de s rapports très é troits a ve c M M . Nya mwis i, Tibas ima e t Lumba la e t ave c Je a nPierre Be mba , toutes pers onne s qui ont fa c ilité s e s trans a c tions illé ga le s da ns le c omme rce de s dia mants , de la c olombota nta lite, du bois, de la faus s e monnaie , de l’or, du c a fé, e t le s importations de ma rc ha ndise s dans la Provinc e de l’Équate ur e t la Provinc e orie nta le . Il e ntre tiendra it de bonnes re lations a vec M . B a ra moto, a ncie nneme nt gé né ral s ous le ré gime du Pré side nt M obutu. B ie n qu’il a it é té dé mis de s es fonc tions de c omma ndant des force s armé e s ouganda ise s e n R é publique démoc ratique du Congo, s e s ré s e aux s ubs is tent. Le Groupe d’e xperts a de mandé à re ncontrer c e s a ge nts importants mais s a de mande a é té re je tée . 90. Le s a ge nts rwa nda is e t le s membres du R C D de Goma qui s ont impliqué s da ns l’e xploitation illéga le de s re ss ource s nature lle s de la R é publique dé moc ra tique du C ongo ne pe uve nt pa s ê tre diss oc iés de la s truc ture à la que lle ils a ppa rtie nne nt. La plupa rt de ce s pers onne s s ont a u s e rvice d’un s ys tè me. Le Groupe d’expe rts a né anmoins re marqué que c e rtains noms reve naie nt ré guliè reme nt ou que des individus ont joué un rôle pa rtic ulie r à un mome nt donné e t da ns te lle ou telle opéra tion. Outre les noms mentionné s da ns les pas s a ges re latifs a ux principa les s ocié té s, on pe ut e n c ite r plus ie urs a utre s . 91. Tout d’abord, Ali Hus s ein qui joue un rôle ma je ur da ns le s tra ns a c tions de diama nts e t d’or à B ukavu e t à Kisa nga ni. C eux qui ont e u affa ire à lui pré c é de mme nt ont s igna lé la prés e nc e d’un re s sortiss a nt rwa nda is lors de s né goc ia tions comme rcia les . C erta ins indic e s donnent à pe ns e r que le R wa nda is qui a s s is ta it a ux ré unions es t un fonc tionnaire tra va illa nt a u Ca binet du Pré s ide nt à Kiga li. Il y a e nsuite le c olone l J a mes Ka ba re be qui né goc ie c e rtaine s tra nsa c tions pour le c ompte de l’Armé e pa triotique rwanda ise . D’aprè s c e rtaine s s ourc e s , il aura it é té e n c onta c t a ve c Vic tor B utt [ou B out] à propos de la loc a tion de l’Ilyouc hine 76 qui a s e rvi à tra nsporter de la c olombota ntalite e ntre la R é publique démoc ratique du Congo e t Kiga li e t il s e rait a s soc ié à M oha me d Ali Sale m, Direc te ur de la s ocié té Globa l Mine ral qui a joué un rôle da ns l’a cha t de c olombotanta lite à B a kavu e t à Goma . Trois ième ment, Tibe re Rujigiro, membre du Front pa triotique rwanda is, qui e s t c ons idé ré c omme l’un de s principa ux ba ille urs de fonds du pa rti a u c ours de la guerre de 1990-1994. Il e s t l’un de s princ ipa ux a c tionnaire s de la s oc iété Tris tar Inve s tment, elle aus s i é troite me nt liée a u Front pa triotique rwa ndais . On dit qu’il s e livre é ga leme nt a u c omme rc e du taba c . 92. Quatriè meme nt, Az iza Kuls um Gula mali, e s t un c a s pa rtic ulie r pa rmi le s princ ipa ux a ge nts impliqués da ns l’exploita tion illéga le de s re s s ourc e s na ture lles de la R é publique démoc ratique du Congo. C e tte pe rsonne s e rait titulaire de plus ie urs pa ss e ports . Elle rés ide a lterna tive ment à B uka vu, à B ruxelle s ou à Na irobi e n fonc tion de son e mploi du temps . M me Gula mali a re connu a voir é té impliquée ja dis dans la gue rre c ivile a u B urundi. Se lon de s s ource s fia bles , e lle a fourni de s fonds e t de s a rme s a ux re be lle s hutus des Force s pour la dé fens e de la dé moc ra tie (FDD) a u B urundi. Pourtant, e lle a conc lu une nouvelle allia nc e a ve c le Gouve rneme nt rwa nda is et e s t de venue un a llié importa nt du ré gime de Kiga li e t du R CD de Goma . M me Gulama li a pa rtic ipé à de s trans a ctions d’or, de c olombotanta lite et de c a s s ité rite da ns le s te rritoires c ontrôlés pa r le s R wa nda is . Elle s e livra it a upara va nt à un tra fic d’arme s pour le c ompte de s Hutus burunda is e t é tait é ga le ment impliqué e dans un tra fic d’or e t d’ivoire . Son nom a pa r a illeurs é té mentionné à propos d’une c ontre bande de c iga re ttes . Selon de s sourc es très fiable s c ons ultée s par le Groupe d’expe rts , e lle utilis ait s on us ine de fa bric a tion de c igare ttes – ac tue lle me nt e n fa illite – c omme faç a de pour dis simuler s e s a c tivité s illéga les . Dans le c ommerc e de la c olombotanta lite , elle c ompte pa rmi s e s clie nts Starc k, la C oge c om e t la Soge m; la B a nque Bruxe lle s Lambe rt a s sure la ge stion de c e rtains de s e s c ompte s . Le Groupe d’e xpe rts a de mandé plus ieurs fois a u R CD de Goma s ’il pouvait re nc ontrer M me Gulama li e t a é ga leme nt c ontac té s e s c olla borate urs, mais e lle ne lui a ja mais ac c ordé d’entre tie n. 93. Le R C D de Goma l’a nommée derniè reme nt Direc trice géné ra le de la Soc ié té minière de s Grands La cs (SOM IGL), c ongloméra t formé pa r qua tre a s s oc ié s qui ont obte nu le monopole de la c ommerc ia lis a tion e t l’exportation de la c olombotanta lite . C e monopole a re nforc é s a pos ition prédomina nte da ns le comme rce de la c olombota nta lite da ns la ré gion. C he rc hant à c a rac té ris e r c e tte a s s oc ia tion, le R C D de Goma a dé c laré que M me Gula mali éta it trè s e ffica c e et ra pportera it c haque mois 1 million de dolla rs a u R CD. Selon c e rta ines s ourc e s c ons ulté e s pa r le Groupe d’e xpe rts , s on ré se a u de re lations e s t impres s ionna nt e t elle tie nt quas ime nt tous le s re s pons a ble s du R C D de Goma sous s a dé pe nda nc e. Elle s e livrera it é ga leme nt a ve c s a fille Djamila à un tra fic de fa us se monna ie . Elle e s t c onnue pour a voir fals ifié de s dé c lara tions en doua ne , notamme nt pour le s produits qu’e lle e xporte. Interrogé e ré ce mme nt à propos d’une fa us s e dé c la ration, da ns la que lle la colombota ntalite é ta it prés e ntée c omme é tant de la c as s itérite , e lle a répondu que tout le monde fais a it la mê me c hos e a ve c c e produit. Pour le Groupe d’expe rts , s a dé c lara tion montra it bien à que l point la fraude éta it ré pa ndue pa rmi le s soc ié tés qui e xporte nt de la c olombota nta lite. F. Données économiques : confirmation de l’exploitation illégale des ressources naturelles de la République démocratique du Congo 94. Le s donné e s empirique s e xposé e s plus ha ut sont é tayé e s pa r l’a na lys e éc onomique d’a utre s donné es prove na nt de s ource s diffé rente s. Ouganda 95. À la de mande du Groupe d’e xpe rts , le s a utorité s ouga nda is e s ont c ommuniqué de s donné e s dé taillé es , notamme nt s ur le volume de la produc tion e t de s e xporta tions de produits a gricole s te ls que le ca fé , le c oton, le thé et le ta ba c. En c e qui c onc e rne le s miné ra ux,les donné e s portent é ga le ment s ur la produc tion e t le s e xporta tions d’or et de c olombotanta lite . 96. Le s donné e s officie lles font a ppa ra ître des disc ordanc e s importa ntes : en premie r lie u, le volume de s e xporta tions d’or es t s ys té matiqueme nt s upé rie ur à c e lui de la production (voir ta blea u 1 e t figure 1). Tableau 1 Ouganda : exportation e t production de minerais , 1994-2000 Année A. Or Étain Colombotantalite Cobalt Exportations de minerais (en tonnes) 1994 0,22 – – – 1995 3,09 – – – 1996 5,07 3,55 – – 1997 6,82 4,43 2,57 – 1998 5,03 – 18,57 1999 11,45 – 69,50 2000 10,83 – – B. – 67,48 275,98 Production de minerais (en tonnes) 1994 0,0016 3,704 0,435 – 1995 0,0015 4,289 1,824 – 1996 0,0030 0,380 – – 1997 0,0064 1,810 – – 1998 0,0082 1,102 – 1999 0,0047 – – 76,74 2000 0,0044 – – 287,51 S o u r c e : U g a n d a Mi n i s t r y of E n e r g y an d Mi n e r a l D e v e l o p m e n t . L e s do n n é e s re l a t i v e s à l’ a n 20 0 0 po r t e n t su r la pé r i o d e ja n v i e r - o c t o b r e . – Figure 1 Ouganda : production et exportation d’or, 1994-2000 14 12 (En tonnes) 10 8 Production Exports 6 4 2 0 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 Année Year 97. L’éc a rt obs e rvé e ntre la produc tion e t le s e xporta tions pourrait avoir s on origine da ns l’exploita tion de s re s sourc es na ture lles de la R é publique dé moc ra tique du C ongo. La B a nque ce ntrale de l’Ouga nda a urait confié à des fonc tionna ires du FM I que le volume de s e xporta tions d’or ouga nda is e s ne reflé tait pa s le volume de la produc tion nationale e t que c e rtaine s e xporta tions pourraie nt ê tre imputa bles à de s « infiltra tions » p r o v en a n t de la R é publique dé moc ra tique du C ongo. Elle a indiqué que la va leur des e xporta tions d’or e ffe ctué e s pa r l’Ouga nda a tte igna it 105 millions de dolla rs e n se pte mbre 1997, c ontre 60 millions de dolla rs e n 1996 e t 23 millions e n 1995. 98. En de uxième lie u, le s donné es c ommuniqué e s pa r le s a utorité s ouganda ise s ne donne nt auc une indica tion s ur la production e t les e xporta tions de diama nts . Plus ie urs s ourc e s tie rce s (Orga nis a tion mondia le du c omme rc e, Fé dé ra tion mondia le de s bourse s de diama nts, C ons e il s upé rie ur du diama nt) font é tat d’exportations de dia mants en prove na nc e de l’Ouga nda a u c ours de s trois de rniè re s a nnée s . Ce s e xportations s ont s uspe c tes pour de multiple s ra is ons : a) L’Ouga nda ne produit pas de dia mants officie lleme nt; b) Le s e xporta tions de diama nts e n prove na nc e de l’Ouga nda n’ont é té obs e rvé e s que de puis que lque s a nné e s et c e phé nomè ne c oïncide curie us e me nt a vec l’oc c upation de la pa rtie orie ntale de la Ré publique dé mocra tique du C ongo (voir le ta blea u 2 e t la figure 2); c) Enfin, ce s faits sus me ntionné s c orrobore nt le s c onclus ions a uxque lle s le Groupe d’e xperts es t pa rve nu à la s uite d’inve s tiga tions mené e s s ur le te rra in, d’entre tie ns e t d’obs e rva tions e ffe ctué e s pa r de s tie rs quant à la néc e s s ité de s urve iller la z one dia mantifère s itué e à proximité de Kis a nga ni et de B a na lia . Ta ble a u 2 Ouganda : e xportations de diamants bruts , 1997-oc tobr e 2000 Année Volume (carats) Valeur (dollars É.-U.) 1997 1 511,34 198 302 1998 11 303,86 1 440 000 1999 11 024,46 1 813 500 2000 9 387,51 1 263 385 S o ur c e : Co n s e il su pé r i e ur du di a m an t . 99. C e s c hiffres s ont s ous -e s timé s e t c erta ins indic e s montre nt que l’Ouga nda a e xporté une plus gra nde quantité de dia ma nts . Toute fois , c e la n’a ppa ra ît pa s c laire ment dans les s tatis tique s du fait des ré gle me nta tions laxis tes e n vigueur dans les z one s de libre -é cha nge. En ve rtu de ce s régle menta tions , le s d i am a n t s prove na nt d’un pa ys quelc onque peuve nt re conditionnés e t ve ndus e nsuite à pa rtir d’un autre quelc onque c omme éta nt de s dia ma nts originaire s pa ys qui n’e st pa s né c es s a ireme nt c e lui me ntionné le s s ta tis tique s . Figure 2 Ouganda : volume des e xportations de diamants bruts, 1997-oc tobre 2000 100. Le s donné e s rec ue illie s a uprès de s ource s tie rc es quelc onque s montrent inva riable ment que l’Ouga nda e s t de ve nu un pa ys e xporta teur de diama nts; e lles révè le nt é gale me nt une c oïnc ide nc e e ntre les e xportations de diama nts de l’Ouganda et le s a nnée s de gue rre e n R é publique démoc ratique du Congo, c ’e st-à -dire 1997 et le s a nnée s s uiva ntes . Ta ble a u 3 Ouganda : e xportations de niobium, 1995-1999 ( E n m i l l i e r s d e d ol l a r s d e s É t a t s - U n i s ) A n né e N i ob i u m 1 9 95 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . – 1 9 96 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . – 1 9 97 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 1 9 98 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 580 1 9 99 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 782 S o ur c e : Or g a n is a t i on mo nd i a l e du co m m e rc e (do n n é es agr é gé e s ) . ê tre pays d ’u n da ns Figure 3 Ouganda : volume des e xportations de niobium, 1995-1999 101. En c e qui c onc e rne le niobium, on obs erve le mê me s c hé ma : produc tion nulle a va nt 1997, puis a ugme ntations s uc ce s s ive s dans les e xporta tions (voir le ta ble a u 3 e t la figure 3). 102. Trois iè meme nt, le s a utorité s ouganda ise s ont dé cla ré , da ns le urs ré pons e s a u que s tionna ire du Groupe d’expe rts , qu’il n’e xista it pa s de re gis tres s ur le tra ns it de s produits miné raux. Le Groupe d’e xpe rts a tout de mê me re çu de s informa tions prove na nt d’un pos te de doua ne ouga nda is situé à la frontiè re e ntre la Ré publique dé moc ra tique du C ongo et l’Ouga nda . Les re gis tres pour 1998, 1999 e t 2000 montre nt que de s produits miné ra ux ont é té e xporté s de la R é publique dé moc ra tique du C ongo e n Ouganda , de même que d’autre s produits de ba se (on pe ut s uppos e r que ce la se ra it vra i é ga leme nt pour le s a utres points d’e ntré e qui s ont a u nombre d’une diza ine ). Le s trois e xemple s c i-aprè s font a ppa raître une ha us s e da ns les mouve ments tra ns frontière s de re ss ource s nature lle s entre 1998 e t 1999. C a fé 1998 : 144 911 sa c s 1999 : 170 079 s a cs 2000 : 208 000 s a cs B ois d’oe uvre 1998 : 1 900 m3 1999 : 3 782 m3 e t 46 299 unité s 2000 : 3 272 m3 e t 3 722 unité s C a ss ité rite * 1998 : Né a nt 1999 : 30 kg 2000 : 151 fûts Rwanda 103. En ré pons e à la dema nde de sta tistiques formulé e pa r le Groupe d’e xpe rts, le s a utorité s rwa nda is es ont c ommuniqué les donné e s s uivante s : * La hausse soudaine enregistrée dans les importations de cassitérite peut également signifier une augmentation des importations de colombotantalite. Le Groupe d’experts a constaté que la cassitérite était souvent mentionnée au lieu de la colombotantalite, car ce dernier produit a une valeur plus élevée, ce qui se traduit par des taxes plus lourdes à l’importation en Ouganda. T able au 4 R wanda : Produc tion de minera is , 1995-2000 Minéraux Année Or (kg) Cassitérite (tonnes) Colombotantalite (tonnes) 1995 1 247 54 1996 1 330 97 1997 10 327 224 1998 17 330 224 1999 10 309 122 2000 10 437 83 S o u r c e : R w a n d a O ff i c i a l S t a t i s t i c s (N o 22 7 / 0 1 / 1 0 / M I N ) . Figure 4.A Rwanda : production de minerais , 1995-2000 Figure 4.B Rwanda : production d’or, 1995-2000 (kilogr ammes ) 104. Le s a utorité s rwa nda is es insis te nt é gale me nt s ur le fa it que le Rwa nda ne produit pa s de diama nts , de c oba lt, de z inc , de manga nè s e ou d’ura nium. Toute fois , malgré c e tte déc la ration, il es t a mple ment prouvé que le R wanda a e xporté de s diama nts . En fa it, de s organis mes te ls que l’OMC , le C onse il supé rieur du diama nt e t le Se rvic e de s sta tistiques de la B elgique ont c a lculé le volume de s importations pour de s produits de ba se dé terminé s e t c onfirme nt le fa it que le R wanda a e xporté de s dia mants (voir ta blea u 5). Les c hiffres de la produc tion font a ppa ra ître de s tenda nce s irré guliè re s pour l’or e t la c olombota ntalite à pa rtir de 1997 (voir fig. 4.A e t B ). Le fait que l’ac c rois s e ment de la produc tion e st interve nu pour le s de ux minéra ux a u moment où l’AFDL s outenue pa r les troupe s rwa nda is es s ’empa rait du pouvoir à Kinsha s a e s t révé late ur. Tableau 5 Rwanda : exportations de diamants bruts, 1997-octobre 2000 Année Volume (carats) Valeur (dollars É.-U.) 1997 13 060,39 720 425 1998 166,07 16 606 1999 2 500,83 439 347 2000 30 491,22 1 788 036 S o u r c e : C o n s e i l su p é r i e u r du di a m a n t . Figure 5 Rwanda : Volume des e xportations de diamants bruts, 1997-octobre 2000 105. B urundi. Il e s t dit da ns un mé mora ndum inté rieur du FM I que le B urundi ne produit pa s d’or, de diama nts , de c olombota nta lite, de c uivre , de c oba lt ou de mé ta ux de ba s e . En reva nche , il e xporte de s miné raux qu’il ne produit pa s . C omme da ns le ca s de l’Ouga nda e t du R wanda , le s exportations de dia mants effe ctué e s pa r c e pa ys ont c ommenc é e n 1998, da te qui c oïnc ide a vec l’oc c upation de la pa rtie orie ntale de la Ré publique dé moc ra tique du C ongo. Le s exportations de c olombotanta lite couvrent une pé riode plus longue (1995-1999), c e qui donne à pe ns er qu’elle s pourra ie nt a voir un c a rac tè re ré gulie r. 106. Angola, Namibie e t Z imbabwe . On a utilisé e xclus ive me nt de s s ource s tierc e s pour dé terminer s i le s te nda nc es de la produc tion et de s e xporta tions prés e ntaie nt ou non de s a nomalie s da ns c e s pa ys . Le s s tatis tique s dis ponibles re latives a ux produc tions e t a ux e xporta tions de l’Angola, de la Na mibie e t du Zimba bwe fa is a ie nt a ppa ra ître des te nda nc es re lativeme nt normale s e t n’ont pa s ré vé lé de c omporte ments sus pe cts . On a toute fois be soin de donné e s c ompléme ntaire s pour tranc he r la que s tion. Da ns le c a s du Zimba bwe , la c ompta bilité de s tra ns ac tions e n c ours e t de s trans a ctions e n a tte nte fournit c e rtaine ment de s indic a tions s ur les incide nce s qu’e lles pe uve nt a voir s ur la bala nc e de s pa ieme nts . 107. L’ana lyse de s donné e s éc onomique s e t de s re ss ource s e ffe ctué e plus ha ut, à l’aide de s chiffres c ommuniqué s pa r les diffé rents gouverne ments , montre que l’Ouga nda e t le R wanda ont e xporté de s dia mants et que c e tte a c tivité e s t dis s imulé e e t oc c ultée dans les s tatis tique s diffusé e s pa r c es pa ys . Ils ne produis e nt pa s de dia mants et n’en e xporte nt pa s non plus officie lleme nt. Il es t proba ble que c e s miné raux provie nne nt de la R é publique dé moc ra tique du C ongo e t qu’ils sont à la ba s e d’une é c onomie axé e sur la ré exportation. 108. En c e qui c onc e rne la Ré publique dé mocra tique du C ongo, la produc tion e t le s e xporta tions de minéra ux ré vè le nt une te ndanc e à la ba is s e, imputa ble e n pa rtie à l’oc c upation de s régions s itué e s à l’es t du pa ys. Toute fois , la dé térioration de l’infras tructure rura le c ons titue une e ntrave aus s i bie n pour l’e xploitation miniè re que pour les a ctivités a gricole s . III. Liens entre l’exploitation des ressources naturelles et la poursuite du conflit 109. Le s de ux s e c tions c i-des s ous é tudie nt le s lie ns qui e xis te nt e ntre l’exploita tion de s re s sourc es na ture lles e t la poursuite du c onflit e n Ré publique dé mocra tique du C ongo. Les que s tions qui y sont abordée s s ont interdé pe nda nte s , ma is on a pré féré mainte nir c ette distinc tion pour plus de c larté . La premiè re s e ction e s t c ons a c rée a ux dé pens e s militaire s de s diffé rents pa ys . On c ons tate que c es dé pe ns e s s ont trè s s upérie ures a ux monta nts ins crits a u budge t. La se c onde s e ction e s t c ons a c rée à une é tude dé ta illé e de la fa ç on dont le s pa rtie s c o n c er n é e s obtienne nt le fina nc e me nt s upplé menta ire né ce s s a ire à la pours uite de la gue rre4. Le Groupe d’expe rts e s t pa rve nu à la conc lus ion qu’il e xis te un lien e ntre l’exploita tion des re ss ource s na ture lles de la Ré publique dé mocra tique du C ongo e t la pours uite du c onflit. A. Comparaison entre budgets de la défense et dépenses militaires effectives Rwanda 110. Le R wa nda c ons a c re e nviron 3 % de s on PIB , s oit 29 % de s on budge t a nnue l, à la dé fe nse . Le budge t milita ire pour l’exe rc ice e n c ours s ’élè ve à 70 millions de dollars . Ce c hiffre officie l, c ommuniqué pa r le M inis tre de s fina nc e s , c ouvre toute s les dépe ns es : s olde s et prime s , a c ha t de maté riel e t ma inte na nc e du ma térie l e xista nt. 111. Le s s pé cia liste s militaire s qui conna is s e nt bie n la ré gion s’a c c orde nt pour dire que l’a rmée rwa nda is e utilis e du maté riel lé ge r, ce qui s ignifie que les dépe ns es à ce titre s ont depuis longtemps pe u éle vé es . Ils re conna is s e nt é ga leme nt que c ompte te nu de l’é tendue de la z one qu’il contrôle , le R wanda doit dis pose r d’au moins 25 000 hommes e n moye nne e n R é publique dé moc ra tique du C ongo pe nda nt le c onflit. De plus , l’utilisa tion d’a vions pour le trans port des troupe s e t de c e rta ins types de ma té rie l ains i que de fourniture s pe ut ê tre onére us e. 4 L e no m b r e de so l d a t s n’ e s t pa s re s t é co n s t a n t pe n d a n t la p é r i o d e de gu e r r e , et le s ch i ff r e s ci t é s ne so n t pa r c o n s é q u e n t qu e de s es t i m a t i o n s du no m b r e mo y e n . 112. Un proprié ta ire d’avion de la ré gion a dé c laré fa cture r e n moye nne 2 000 dolla rs de l’he ure pour la loca tion de son a ppa re il. C ompte te nu de s a propre e xpé rie nc e , à s a voir trois rota tions pa r jour dans une z one plus pe tite , le Groupe d’e xpe rts e s time le nombre de s orties pour le R wa nda à c inq pa r jour, d’une durée moye nne de s ix he ure s cha c une . Un s imple c alc ul pe rme t alors d’a rrive r à un c oût de 1,8 million de dolla rs pa r mois, s oit 21,6 millions de dolla rs pa r a n. 113. Si on s e ba s e s ur un e ffe ctif minimum de 25 000 homme s en R é publique démoc ratique du Congo e t une ré muné ration tota le (s olde plus prime s) de 100 dolla rs e n moye nne pa r homme e t par mois , on obtient le c hiffre de 2 500 000 dolla rs pa r mois , s oit 30 millions de dollars pa r a n. En d’autres te rme s , le s se ule s dé pens e s de trans port e t de pers onne l e n R é publique dé moc ra tique du C ongo s ’élè vera ie nt à 51,6 millions de dollars pa r a n, s oit e nviron le s trois qua rts du budget officie l de la dé fens e du R wa nda . Si on y ajoute la solde (50 dollars pa r mois e n moyenne ) de s 20 000 s olda ts s tationné s a u R wa nda , on c ons ta te que la pres que totalité du budget (63 millions de dolla rs) e s t c onsa c ré e à deux poste s de dé pe ns e s. Or, la pré s e nc e e n R é publique dé moc ra tique du C ongo implique é ga le ment d’autres dé pe ns e s de ba s e , pa r exe mple pour le s munitions, mê me s i le s troupes ne s ont é quipé e s que de ma térie l lé ge r, e t pour la ma intena nce e t le rempla ce me nt de ce ma térie l. 114. Tous le s e xperts militaire s c ons ulté s e s timent que le budge t officie l de la dé fens e du R wa nda ne peut à lui s e ul pe rme ttre de fina nc e r la guerre et la pré s enc e de troupe s e n R épublique dé moc ratique du C ongo. Le Groupe d’e xperts pa rta ge l’opinion du Pré s ide nt rwanda is Ka game , qui déc rit le c onflit e n Ré publique dé moc ra tique du C ongo comme « un c onflit qui s ’autofina nc e ». Ouganda 115. Officie lleme nt, l’Ouga nda c onsa c re e nviron 2 % de s on PIB à la dé fe ns e , et s e s dé pens e s à c e titre s ont s urve illée s pa r les institutions de B retton W oods . Pour l’exe rc ice 2000, le budge t de la dé fe ns e s ’éle vait à e nviron 110 millions de dolla rs . Il se rt à pa yer la s olde (e nviron 70 dolla rs pa r mois) de s 50 000 homme s que c ompte l’a rmée , dont e nviron 10 000 s ont s tationné s en R é publique démoc ratique du Congo, à paye r les pe ns ions de retra ite , à a c hete r le ma térie l e t à c ouvrir d’autre s be s oins . 116. Se lon dive rs es s ourc e s , 10 000 homme s e n moye nne , s ur un tota l de 50 000 que c ompte nt le s force s de dé fe ns e ouga ndais e s , s e raie nt s ta tionné s e n R é publique démoc ratique du Congo. Da ns le budge t, la s olde de c e s 50 000 homme s repré se nte à e lle s e ule e nviron 41 millions de dollars . Si on c ons idè re qu’une prime de 20 dolla rs pa r mois e s t ve rs ée à cha c un de s 10 000 homme s e n Ré publique dé mocra tique du C ongo, on obtient le c hiffre de 200 000 dolla rs pa r mois (en 1998 e t 1999), s oit 2,4 millions de dolla rs pa r a n. 117. Le s dé pens e s de trans port, ca lc ulée s sur la ba s e de 2 000 dolla rs de l’he ure, de s ix he ures e n moye nne par s ortie et de trois s ortie s pa r jour, repré se nte nt 12 960 000 dolla rs pa r an. C elle s lié e s à la ma inte na nc e e t a u re mpla c eme nt du maté riel s ont é gale me nt importa nte s . D’aprè s c e rtaine s s ource s , l’Ouganda a dé pens é en 1999 e nviron 126 millions de dollars pour se s forc e s a rmé es , s oit e nviron 16 millions de dollars de plus que le monta nt ins c rit a u budge t. Dé but janvie r 2000, le Gouverne ment a a nnonc é qu’il pa ss e ra it de 15,3 milliards de dolla rs z imba bwé ens e n 2000 à 13,3 milliards en 2001. Or, le s force s de dé fens e z imba bwée nne s c ompte nt e nviron 10 000 hommes e n R é publique démoc ratique du Congo, pour le s que lles le s dé pe ns e s s ’é lève nt à e nviron 3 millions de dollars des États -Unis par mois , s oit 36 millions de dolla rs pa r a n. Angola et Namibie 121. Le s troupe s que maintient l’Angola e n R é publique dé moc ra tique du C ongo sont moins importa ntes que c e lle s du Zimba bwe : d’aprè s c e rtaine s s ource s , e lle s s ’élè ve raie nt à e nviron 3 000 homme s . La Namibie n’a que 2 000 s olda ts e n R épublique dé moc ratique du C ongo. Le budge t de la dé fe ns e de la Na mibie e s t re s té s table de puis 1999 (24 millions de dolla rs na mibie ns ), e n dé pit de l’a ide a pportée à la R é publique démoc ratique du C ongo. Le c olle c tif budgé ta ire pour les force s armé e s e s t quant à lui reve nu de 89 millions de dolla rs na mibie ns e n 1999 à 76 millions e n 2001. Ré publique démocratique du Congo 118. De toutes le s pa rtie s en guerre , c ’e s t la Ré publique dé moc ra tique du C ongo qui prés e nte le plus de problè mes quand il s ’a git de c a lcule r le budge t de la dé fens e e t de dé terminer le s e ffe ctifs de l’armé e. Le ma nque de donné e s fia bles e t la qua s i-ine xis te nce de l’appa reil d’Éta t font qu’il e s t trè s difficile d’obtenir de s donné e s . Le pa ys es t e n gue rre depuis 1996, e t ava nt c e tte date l’armé e é ta it dé jà e n tra in de se dé sinté gre r. Dive rs expe rts milita ires que le Groupe d’expe rts a c ons ultés s ont d’ac c ord s ur un point : il es t e xtrê meme nt difficile d’e s time r les e ffe ctifs de l’armé e de la R é publique démoc ratique du Congo. D’a prè s ce ux qui ont e s s ayé , ils s era ie nt c ompris e ntre 50 000 e t 55 000 homme s . 119. Se lon c erta ine s s ourc e s officie lles , la R é publique dé moc ra tique du C ongo fait appe l à de s s oc iété s c hinois es e t d’Europe orie ntale pour se proc ure r le s a rmes e t le maté riel milita ire dont e lle a be s oin. Le Groupe d’e xperts dis pose d’indic ations c la ire s se lon le sque lles le Gouve rne ment congolais , e n dépit de s e s problè mes é c onomique s , a c ons a c ré de s s ommes très importa nte s à la dé fe nse du te rritoire. Zimbabwe 120. Le budget globa l de la dé fe ns e du Zimba bwe é ta it e n diminution a u mome nt où les forc e s z imbabwé e nne s s ont e ntré e s e n R épublique dé moc ratique du C ongo. Re belles 122. Le s mouve me nts re be lle s (M ouve me nt de libé ration du C ongo (M LC), R CD-Goma e t R C D-ML) ont le ur propre armé e . Le s e ffe ctifs militaire s du MLC s era ie nt c ompris e ntre 12 et 15 000 homme s, gé né ra leme nt é quipé s de maté riel lé ge r obte nu e n Ouga nda. M . J e a nPierre Be mba a c onc lu ave c ce rta ins inte rmédia ires e t homme s d’a ffa ire s de s marc hé s e n ve rtu de s que ls il le ur pe rme t d’e xe rce r leurs a c tivité s ou leur octroie de s c onc e s s ions d’e xploita tion miniè re c ontre la fourniture de c e rtains équipeme nts milita ires . En 1999, M . Kha lil a a ins i obte nu la c onc e s sion d’une mine de diama nts c ontre la fourniture de tre illis militaire s e t de c haus s e tte s fa briqués e n Ouga nda . 123. La ré muné ra tion de c e s s oldats e st inconnue. Le Groupe d’e xperts es t c epe ndant parve nu à la c onclus ion que c e s je unes n’éta ie nt pa s pa yés , mais qu’ils pouvaie nt re ce voir de temps à a utre une « aide » s ous forme d’une pe tite somme d’a rge nt. En c ons é que nc e , ils pre nne nt pa rt à l’e xploita tion de s res s ource s na turelle s . Le s dé pe ns e s lié es à la guerre sont minimes : ac ha t de munitions e t d’a rmes légè re s, trans port de s s olda ts pa r a vion e t a rgent vers é pa r le M LC a ux forc e s de dé fe nse ouga nda is e s et à ce rta ins officie rs de rang le plus é le vé pour le ur a ppui. Il e n e s t de mê me e n c e qui c onc e rne le R C D-M L, qui compte e nviron 3 000 s oldats . 124. Le s e ffe ctifs du R CD-Goma s ’élè ve raie nt, d’aprè s le s e s tima tions , de 12 à 15 000 homme s. Se lon c erta ine s s ourc e s , l’a rmé e rwa ndais e fournis s a it jus qu’à une date ré ce nte du maté riel milita ire a u R C D-Goma . Le Groupe d’expe rts n’a pa s obte nu le s c hiffres de mandé s c onc e rnant le budge t milita ire e t le s e s timations à ce s ujet s ont très difficile s à é tablir. Le s principa ux pos tes de dé pe ns e s ont le ma térie l militaire e t le tra ns port de s troupe s , a i n si que l’a pprovis ionne me nt en pé trole /es s e nc e . Appa remme nt, le ve rs eme nt de la s olde e s t a lé atoire de sorte que , lors qu’ils le pe uve nt, les s olda ts e s s a ient de s urvivre, y compris a ux dé pens de la popula tion e t de la fa une . En c onc lus ion, on c ons ta te que pour toute s les partie s c once rné es , le c onflit en R é publique démoc ratique du Congo c oûte c he r s e lon le s norme s afric aine s . La que s tion s e pos e a lors de s a voir c omme nt c e t effort de gue rre e s t financ é . B. Le financement de la guerre 125. Le s pa rtie s au c onflit ont princ ipa le ment trois moye ns pour obte nir le ma té rie l né c e s sa ire : a ) l’a c ha t direc t contre pa ieme nt d’a rmes e t de maté riel; b) le troc (c ’es t-à-dire l’obte ntion d’arme s c ontre des c onc e s s ions d’exploita tion miniè re ); e t c ) la c ré ation de c oentre pris e s. C ontra ireme nt à l’Angola e t à la Na mibie , le R wa nda e t l’Ouga nda ont, à de s de gré s divers , bé né fic ié s ur le pla n éc onomique du c onflit e n R é publique démoc ratique du Congo. Le Zimba bwe e st un c a s pa rticulie r, c ompte tenu du potentiel de s c onc e s s ions attribué e s à de s s oc iété s z imbabwé e nne s . Le s donné e s reç ue s de dive rse s s ourc e s, notamme nt de s pa ys impliqués da ns le c onflit, de l’OC DE et de s institutions de B retton W oods , montre nt que d’une ma niè re gé né rale la produc tion miniè re da ns le s trois pa ys a diminué , bien que l’on obse rve c e rtains pic s intére s sa nts e ntre 1997 e t 1999 (voir s e c t. II.F ci-de ss us ). On trouve ra ci-de ss ous que lque s exe mples de la faç on dont le s pa ys financ e nt le ur pré se nc e militaire e n R é publique démoc ratique du Congo. Rwanda 126. L’armé e rwa nda is e bé né fic ie dire cte me nt du c onflit e n R é publique dé moc ra tique du C ongo. Le Groupe d’expe rts a cons taté un ha ut de gré d’intégra tion entre l’appa reil milita ire , la burea uc ratie (c ivile ) et le monde de s a ffa ire s . L’a rmée rwa nda is e fina nc e s a gue rre e n R é publique démoc ratique du Congo de c inq faç ons : a ) la partic ipa tion direc te à de s a c tivité s c ommerc iale s ; b) le s res s ourc e s qu’e lle tire des pa rts qu’e lle dé tient da ns c e rta ines s ocié té s; c ) le s pa ie ments effe ctué s direc te ment pa r le R C D-Goma ; d) les impôts c ollec té s pa r le « B urea u C ongo », a ins i que le s ve rse me nts e ffe ctué s pa r de s individus e n c ontre pa rtie de la prote c tion de le urs e ntre pris e s as s urée pa r l’a rmé e rwanda ise ; e t e ) les prélè veme nts direc te ment opé ré s pa r l’armé e s ur le « pa ys ». 127. De puis 1998, le Dépa rteme nt de s rela tions e xtérie ure s a re ç u pa r l’intermé dia ire du Bure a u C ongo de s s ommes non né glige able s de dive rs c omptoirs . Plus ie urs c omptoirs de dia mants éta ie nt e n a c tivité à Kisa nga ni a vant que le monopole ne s oit donné à de ux d’entre e ux en juille t 2000. D’a prè s de s s ourc e s trè s fiable s , le s ta xe s s ont pa yée s dire c teme nt a u B ure a u C ongo : e n moye nne, un c omptoir qui a un c hiffre d’affa ire s de 4 millions de dollars de s États -Unis pa r mois ve rse 200 000 dollars pa r mois a u B urea u C ongo. Tout diama ntaire qui c he rc he à a che te r de s dia mants da ns la pa rtie orienta le de la R épublique dé moc ratique du C ongo ou à Kigali doit vers e r 5 % de la va le ur de l’ac ha t a u B ure a u C ongo a va nt la tra nsa c tion, c e qui e s t c ompa ra ble a u pource ntage (5 %) pa yé pa r les de ux c omptoirs qui c ontrôle nt le ma rc hé de Kis a nga ni. M M . Na s sour et Arsla nian, les de ux « dia ma nta ires du c onflit » de la partie orie nta le de la R é publique dé moc ra tique du C ongo ont a ins i ve rs é e n moye nne 2 millions de dollars pa r a n direc te ment a u B urea u C ongo. Le mê me pourc e ntage s’a pplique a ux autre s re ss ource s miniè res da ns la z one c ontrôlé e pa r le R C D- G o m a . 128. Avant juille t 2000, le s c omptoirs qui dé te na ie nt le monopole ve rsa ie nt l’inté gra lité de s 200 000 dollars pa r mois a u B ure au C ongo, mais de puis que le R C D-Goma a réc la mé s a pa rt, le s ve rs e ments s ont é gale me nt ré pa rtis e ntre le s de ux. Le Groupe d’expe rts e s time qu’e n de ux a ns le B urea u Congo a re çu e nviron 4 millions de dollars de s États -Unis sous forme de pa ieme nts direc ts e n é cha nge de l’a utoris a tion d’opé rer da ns le s z ones qu’il c ontrôle. 129. D’aprè s c e rtains doc uments , l’a rmée rwa nda is e pa rtic ipe ra it direc te ment à de s ac tivité s comme rcia les . C omme indiqué pré cé de mment, e lle c ontrôle une part importa nte de l’e xtra c tion et de la vente de c olta n pa r l’inte rmédia ire des s ocié té s R wa nda M éta ls e t Grands La cs M é tals . L’e s se ntiel de la c olta n e xtraite pa r des c ivils et de s prisonniers e st ve ndu à de s inte rmédia ire s (c ivils ou milita ire s ) qui la re ve nde nt à de s c omptoirs (dont c erta ins s ont c ontrôlés pa r l’a rmé e rwa ndais e ). La quas i-tota lité de la c olta n e s t envoyée à Kiga li, e t gé né ra leme nt s toc ké e dans des insta llations dé tenue s pa r le Gouverne ment. Une bonne pa rtie e s t de s tiné e à la s ocié té R wa nda M é tals et le res te e s t e xporté par c e rta ins profe s s ionne ls . R wa nda M é ta ls e t Gra nds La cs M é tals c onta c tent, dire c teme nt ou pa r l’inte rmé diaire du B urea u C ongo, les c lie nts : c erta ine s des le ttre s a dre ss é e s à de s c lients pote ntie ls e n Europe e t aux États -Unis sont s igné e s Da n, c ’e s t-à -dire par le Dire cte ur du B ure a u C ongo. 130. Le s c ours de la c olta n ont se ns ible me nt a ugme nté e ntre fin 1999 e t fin 2000, pé riode penda nt la que lle l’offre é ta it e n ba is se e t la dema nde e n ha us s e, e t s ’éta blira ie nt s e lon les e s tima tions à 200 dollars des États -Unis le kilo pour de la c olta n de qualité moye nne . C omme , d’a près le s e s tima tions d’un s pé c ia lis te , l’a rmé e rwanda ise e xporte rait au moins 100 tonne s pa r mois par l’inte rmédia ire de R wa nda M éta ls , le Groupe d’e xpe rts e n dé duit qu’elle pourrait avoir obte nu 20 millions de dolla rs pa r mois simpleme nt e n venda nt la colta n qu’en moye nne le s inte rmédia ire s pa ie nt e nviron 10 dolla rs pa r kilo a ux pe tits négoc iants . D’a près les e xpe rts e t des né goc ia nts , si l’on s e fonde s ur le s es timations le s plus é levé e s e n c e qui c onc erne les c oûts (ac ha t e t tra ns port du mine rai), l’a rmée rwa nda is e a re tiré a u minimum 250 millions de dolla rs s ur une pé riode de 18 mois , ce qui e s t s uffisa nt pour fina nce r les opéra tions milita ire s . Et c ’e s t ic i qu’a ppa ra ît le c e rc le vicie ux de la gue rre e n R é publique démoc ratique du Congo : la c oltan a pe rmis à l’a rmée rwanda ise de fina nc e r sa prés e nc e e n R é publique démoc ratique du Congo e t donc d’as s urer la prote c tion e t la sé c urité des individus e t de s soc ié tés qui e xtra ie nt la c oltan. C es de rnie rs e n ont retiré un béné fice qu’ils pa rta ge nt ave c l’a rmée qui à s on tour c ontinue de ma inte nir un e nvironne ment favorable à la pours uite de l’extra ction du mine ra i. Le s tra ns a c tions fina nciè re s e ntre les ba nque s rwa nda is e s (B C DI e t SONEX), les fournis se urs de l’armé e e t les orga nisme s du R C D-Goma c ons titue nt un a utre e xe mple de la fa çon dont le R wa nda fina nc e la gue rre . 131. La SONEX a é té fondé e en ma rs 1999 à Kiga li. Elle a ppa rtient a u R C D-Goma e t e st dirigé e pa r M . Emma nue l Ka ma nzi, a nc ie n re s pons a ble de s financ e s du R C D-Goma . Il s ’agit principa leme nt du « bra s » c omme rc ial e t financ ie r du RC D, pa r leque l tra nsite nt la plupa rt de s affa ire s comme rcia les e t fina nc iè res . Elle a é té fe rmée à la fin 2000, mais e lle a e u s uffisa mme nt de te mps pour ins ta ller un mé c anis me de tra ns fert de re ss ource s du R C D ve rs Kiga li. Le Groupe d’expe rts a re çu de s doc uments dé c riva nt le s tra nsa c tions fina nc ière s de la SONEX et de la B CDI. D’a près c e s doc ume nts, la B C DI a ac c ordé à la SONEX à la mi-1999 un prê t de 1 million de dollars des États -Unis pour paye r la fa cture de c ombus tible due à la s oc iété Ja mbo Sa fa ri. La SONEX deva it re mbours e r c e prê t ave c l’a rgent prove na nt de la vente de c olta n et de c a s s ité rite. En fé vrie r 2000, e lle a va it dé jà re mboursé e ntre 200 e t 300 000 dollars . Le prêt a c cordé pa r la B C DI s e mble fa ire partie du méc a nisme fina nc ier qui pe rme t de trans fé rer de l’a rge nt à Kiga li, a rge nt s ur le que l c erta ins me mbre s du R CD prélè ve nt une pa rt s ubsta ntielle . 132. La mê me a nné e, la SONEX a dépos é une nouve lle de mande de c rédit, d’un montant de 10 millions de dolla rs de s Éta ts -Unis , a uprès de la BC DI à Kigali qui lui a a cc ordé un prê t de 5 millions . D’a près l’un de c e ux qui ont pa rticipé à c e tte trans a ction, c e s 5 millions n’ont pa s é té e n fait vers é s à la SONEX ma is à la C itiba nk de Ne w York a ve c ordre de pa ye r le s fournis s e urs du R C D. C e tte trans a ction fina nc iè re e s t s us pec te à de nombreux é g ar d s . 133. Tout d’abord, le Front pa triotique rwanda is e s t a c tionnaire de la B C DI pa r l’intermé diaire de la s oc iété Tris ta r. Ens uite , le s fournis s e urs du R C D sont e s se ntielle ment des s ocié té s rwa nda is es dont le s proprié taire s s ont proche s de l’armé e ou du Front pa triotique . Troisiè me ment, la trans a ction a ve c la SONEX e st a s suré e pa r le c omma ndant Dan, du B urea u C ongo, membre pa r a llianc e de la fa mille de M . Ka ma nz i, Dire c teur du dé pa rte ment fina nce e t c e rve a u de l’ens e mble de l’opé ra tion. 134. Le s prê ts de la B CDI à la SONEX pourraie nt ê tre de s opé rations s oigne use me nt c onçue s de s tiné e s à trans fé rer de l’a rge nt de la B C DI à l’armé e rwa nda is e e t à pa ye r le s fournis s e urs de l’a rmée rwa nda is e par l’inte rmédia ire de la SONEX, c e qui c ons titue un moyen pa rmi d’autres de fina nc e r la guerre sa ns utilise r le budge t officie l. D’a près des s ourc e s fia bles , environ 700 000 dollars ont dé jà é té re mbours és pa r le RC D. Un docume nt du RC D-Goma déc rit e n déta il c omment c es re mbourse me nts de vra ie nt ê tre e ffe ctué s a ve c l’a rge nt re tiré de la ve nte de colta n. Pa r a illeurs , une pa rtie du million de dolla rs que M me Gula mali vers e cha que mois a u R C D en c ontre partie du monopole s ur la colta n pourra it é ga leme nt s e rvir à re mbours e r le prê t à la BC DI. Ouganda 135. C ontra ireme nt a u Rwa nda, l’Ouga nda n’a pa s mis e n pla c e de sys tè me e xtra budgé ta ire pour fina nc er s a prés e nc e e n Ré publique dé mocra tique du C ongo. Il utilis e le budge t ordina ire de la dé fens e , e t le dé ficit es t da ns une la rge me sure comblé pa r le Trés or. L’é conomie ouga nda is e a c e pe nda nt bé né fic ié du c onflit s ous forme d’un dé ve loppe me nt de s ré e xporta tions c e qui, par c ontre c oup, a e ntraîné un s urplus de rec e ttes pour le Trés or et a pe rmis d’a cc roître le budge t de la dé fe nse . 136. Le s ré e xportations c once rne nt le s re s sourc es na ture lles importée s de R é publique dé moc ra tique du C ongo, rec onditionné e s ou é tique tée s en ta nt que re ss ource s nature lle s ou produits ouganda is e t ré exportée s . C ’e s t le ca s d’une pa rtie de l’or, de s diama nts, de la c olta n e t du c a fé e xporté s pa r le pa ys . C e s ré e xportations ont trè s forteme nt c ontribué a u fina nc e ment de la gue rre e t c e de trois fa çons , c omme indiqué c i-a prè s . 137. Premiè reme nt, e lles ont pe rmis à c e rtains d’hommes d’affa ire s , c ommerç a nts e t né gocia nts importa nts , d’ac c roître leurs re ve nus . Da ns le s e cte ur du c afé , les né goc ia nts de Ka mpa la et de B ujumbura ont ains i re tiré un ga in s ubs tantiel. D’aprè s un expe rt du se c te ur qui vit da ns la ré gion, les e xporta teurs utilis e nt une as tuc e. C omme le c a fé a ra bic a produit à Bujumbura es t de me ille ure qualité que ce lui produit à Kivu, la diffé renc e de prix e ntre le s de ux pouvant dans c erta ins c a s a tteindre un tie rs, le s né goc ia nts y inc orpore nt du ca fé importé de R é publique démoc ratique du Congo e t le ve nde c omme du c a fé du B urundi, c e qui leur pe rme t d’e n obtenir un prix plus é levé . Les négoc iants ouga nda is utilise nt le mê me s trata gème e t e n profitent même doubleme nt : ils a c hè te nt du ca fé pe u c he r e n R é publique dé moc ra tique du C ongo, s ouve nt a ve c de la fa uss e monna ie, le mé lange nt à du c a fé ouga nda is e t le rée xporte nt e n tant que robus ta ouga nda is , qui es t de me ille ure qua lité que le robusta c ongolais . 138. De uxiè meme nt, l’e xploitation illéga le de l’or e n R é publique démoc ratique du Congo s ’e s t tra duite pa r une a mé liora tion se ns ible de la ba la nce de s pa ieme nts ouga nda is e , ce qui a renforcé la c onfianc e de s dona teurs multila téra ux e t, e n partic ulie r, du FM I (qui s ’inté res s e da va nta ge à la s itua tion du Tré s or) dans l’éc onomie du pa ys . Trois ième me nt, e lle a pe rmis d’ac c roître les re ce tte s du Tré s or s ous forme de ta xe s s ur le s bie ns , le s s e rvic e s e t le c omme rc e interna tiona l. Le s e ntretie ns a vec le C ommis s a ire a djoint de l’Autorité fis c a le rwanda ise ont ré vélé que la c ollec te de l’impôt s ’é tait très forte me nt a méliorée a u c ours de s c inq de rnière s a nné e s . Le s sta tistiques du FM I conc e rna nt la s itua tion budgé ta ire de l’Ouga nda c onfirme nt c e tte é volution positive s ur le s trois de rnière s a nné es . Une a nalys e dé taillée de la s truc ture e t de l’é volution de s opé rations budgé ta ire s montre que c e rtains se c te urs s e s ont mie ux c omportés que d’a utre s e t qu’il s’a git pour l’e ss e ntiel de s e cte urs lié s à l’agriculture e t à la s ylviculture e n R é publique démoc ratique du Congo. L’Ouga nda a pplique de s droits de doua ne s ur le s importa tions de grumes , de bois de s c ia ge ou de planc hes , y c ompris lorsqu’elle s s ont de s tiné e s à ê tre ré exportée s ve rs le Ke nya ou hors d’Afrique. 139. D’aprè s le s chiffres c ommuniqué s pa r le Gouve rneme nt ouga nda is , 1 800 c a mions c ha rgé s de grumes , de bois d’oe uvre, de c a fé , d’é corc e s mé dic inale s , de c as s itérite , de pyroc hlore , de mine rai de fe r, de thé et de quinine s ont e ntré s e n Ouga nda e ntre 1998 e t 2000, s oit e n moye nne 600 c a mions pa r a n, tous e nregis tré s pa r les fonc tionna ires de s douane s . Ains i que l’a dé jà fa it obs erve r M me Lots ove , l’exonéra tion fisc a le a c cordé e a ux e ntrepris es Victoria e t Trinity re pré s e nte nt un ma nque à ga gne r ne t de 5 millions de dolla rs pa r mois (il e xiste 15 points d’entrée ). Compte te nu du fait que le s e xonéra tions ne s ’a pplique nt pa s e n Ouganda et que la fis c a lité y e s t plus lourde , les droits pré le vé s s ur le s importa tions en trans it de res s ource s na turelle s e xploitée s par de s Ouganda is e t ce rta ins C ongolais dans la Provinc e de l’Équa teur e t la Provinc e orie ntale de vra ie nt ra pporter a u Tré s or a u moins 5 millions de dolla rs pa r mois . 140. Un a utre moyen de fina nc e r la prés e nc e de l’a rmée e n R é publique dé moc ra tique du C ongo c ons is te à a c he te r de s fourniture s milita ires à cré dit. L’armé e ouga nda is e s ’es t ains i proc uré e de l’es s e nce a uprè s de plus ie urs s ocié té s privé e s , la dette qui e n ré s ulte éta nt c ons idé rée c omme un e nde tte ment inté rieur. 141. Le Groupe a éga le ment appris que de s res pons a bles loca ux de l’armé e rwa nda is e c hoisis s a ient d’ignore r le ra cke t exe rc é pa r le urs s olda ts auprè s de la popula tion ou le ur pa rtic ipa tion à de pe tite s entre pris e s, c ons idé rant qu’il s ’agis sa it de « prime s ». Ce tte mé thode a é té trè s bien a c cue illie . De s informations re ç ue s d’amis e t de me mbre s de la fa mille de s olda ts de l’armé e ouganda ise qui ont s e rvi e n Ré publique dé mocra tique du C ongo montre nt c la ire me nt que le s s oldats préfè rent de loin c e tte forme de ré muné ration a ux prime s officie lles . Globa le ment, l’a rmée , se s dirige ants comme d’a utre s pe rsonnes c onc e rnée s parvie nne nt à ma nipuler le s fa cte urs budgé ta ires e t a utres pour c ons e rve r le c ontrôle de s te rritoires occ upé s. 142. La s ituation e n Ouga nda pe ut ê tre ré s umé e comme s uit : les rée xporta tions s e s ont tra duite s pa r un a c crois se me nt de s re c e tte s fis c a les e t donc une a ugme ntation de s liquidité s du Trés or. Le s e ntrepris es dirigé e s pa r de s Ouga nda is qui ont bé né fic ié du c onflit ont c ontribué da ns une c e rtaine mes ure a u dé ve loppe me nt de l’a c tivité é c onomique da ns de s s e cte urs te ls que l’indus trie e xtra c tive (or e t dia mant). La c roiss a nc e de ce s s ec te urs s ’es t répe rc uté e sur l’ens e mble de l’é conomie, de s orte que le PIB de l’Ouga nda a augme nté e n 1998 e t s’e s t à pe u prè s ma inte nu a u même nive a u e n 19995. Selon le s re spons able s ouga nda is , c e tte ha us s e du PIB a a utorisé une a ugmenta tion en te rme s abs olus du budget milita ire qui n’a c e pe nda nt pa s dé pa s sé 2 % du PIB c omme c onve nu. C e tte vigue ur a ppa rente de l’éc onomie ouga nda is e a c ontribué à donne r da va ntage confianc e a ux inves tis se urs a ins i qu’aux dona te urs bila té raux et multila téra ux qui, e n maintena nt le ur c oopéra tion e t le ur a s sis ta nc e , ont permis a u Gouve rne me nt de dé pe nse r da va nta ge pour le s que stions de sé c urité e t de cons a cre r l’aide bila téra le e t multilaté ra le à l’é duca tion, à la s a nté e t à l a g o u v er n a n ce . ML C, RCD-Goma et RCD-ML 143. Officie lleme nt, le s mouveme nts re belle s re ç oive nt l’es s e ntie l de le ur ma térie l milita ire pa r l’intermé dia ire de l’a rmée ouga ndais e et de l’a rmée rwa nda is e . Lors de s e ntre tiens que le Groupe d’expe rts a eus a ve c le M inis tre ouga nda is de la défe ns e e t le c hef d’éta t-major de l’armé e ouga nda is e, il a é té informé que les a rmes s a is ie s a ux forc e s a rmée s c ongolais e s é ta ient gé né ra leme nt donnée s a u M LC e t a u R C D-ML. Selon d’autre s s ource s , c e s groupe s se proc ure nt direc te ment une pa rtie du ma térie l dont ils ont bes oin s oit e n l’ac he tant s oit dans le c a dre d’opé ra tions de troc . Le Groupe d’e xperts a e u conna is s a nce d’une a ffa ire très intére s sa nte : à l’ins tiga tion du gé néra l Ka z ini, M . B e mba a négoc ié a ve c le s plus ha utes a utorités ouga nda is e s la libé ra tion de pilote s ukra inie ns dont l’Antonov a vait é té c a pturé , e n éc ha nge de quoi il a re ç u d’une « tie rce pa rtie » de s tre illis , de s botte s e t de s fourniture s médic ale s pour se s s olda ts. 144. Le R C D-Goma a mis e n plac e un s ystè me budgé ta ire princ ipa le ment bas é s ur le s e c teur e xtra c tif. Il e xis te da ns ce s e cte ur s ix forme s diffé rente s d’impôt 5 L e P I B a au g m e n t é sa n s in t e r r u p t i o n de p u i s le dé b u t de s a n n é e s 90 , ma i s un lé g e r fl é c h i s s e m e n t a ét é ob s e r v é en 1999. c onc e rnant huit type s de mine ra i, y c ompris le s plus importa nts (colta n, or e t diama nt). En s e fonda nt s ur le s s tatis tique s officie lles du R C D-Goma , le Groupe d’expe rts e n dé duit que la production d’or da ns le s zone s c ontrôlée s par le R C D-Goma s’e s t é ta blie e n moyenne à 60 kilos pa r mois , s oit 720 kilos pa r a n e n 1999 e t à 100 kilos pa r mois e n 2000. En c e qui c onc erne la c olta n, la produc tion s’e s t é levée à 27 tonne s pa r mois e n 1999 e t à 29 tonnes pa r mois e n 2000. Éta nt donné le nombre de c omptoirs (19 pour la colta n) e t le fait qu’il e xis te six type s diffé rents d’impôt, le Groupe d’e xperts e n dé duit que le s re c e tte s fis c a les c olle c tée s pa r le R C DGoma s ont re lativeme nt importa ntes . Il e s t toutefois difficile d’e n donne r une e s timation un tant soit pe u préc is e , mê me s i ce rta ine s pe rs onne s bie n informée s ont dé cla ré a u Groupe d’e xpe rts que la s itua tion fina nc ière s ’éta it a mé lioré e de puis la fin 2000 et que le s pe rspe c tive s de parve nir à un budge t équilibré éta ie nt me ille ures qu’e n 1999. Le s informations tirée s de docume nts e t obte nue s d’individus donne nt à pe nse r qu’en plus des impôts pré le vé s e t de s re ve nus que lui proc ure nt le s pa rts qu’il détie nt da ns la SOM IGL, le R C D-Goma pe rçoit 1 million de dolla rs pa r mois de la SOMIGL en é c ha nge du monopole de l’e xploitation de l a c o l t an . 145. E xemple s d’activités c ommer c iale s du RCDGoma. La ma jorité de s informa tions tiré e s de s docume nts e t de s rens e igne ments fournis pa r de s individus e n c e qui c onc e rne le s a c tivité s du R CD-Goma e n R é publique dé moc ra tique du C ongo, en R é publique Unie de Ta nz anie et a ille urs pe nda nt les hos tilité s montre nt c la ire me nt que le RC D-Goma e t d’a utre s c omme rc ialis ent les re ss ource s nature lle s de la R é publique démoc ratique du Congo – or, dia mants e t bois – via Dar e s -Sa la am. Pour fac iliter c es ve nte s et le ur donne r une a ppa re nc e de lé gitimité, il utilis e dive rs docume nts de stiné s à e n c a c he r les proprié taire s vé rita bles . Par e xe mple, da ns le c a s de l’or e t de s diama nts qu’il ve nd s ur le marc hé interna tiona l pa r l’inte rmédia ire de s on ré s e au fina nc ier e t logistique, il utilis e de s formulaire s d’e xportation officie ls c ongola is qui, d’aprè s le s timbres e t de s signa ture s , a uraie nt é té dé livré s à Kins ha sa e t à Lubumba shi. Ses repré s enta nts à Da r e s -Sala a m c oordonnent la ré c eption, la ré e xpé dition e t la vente de l’or e t de s dia ma nts . Les e nvois d’or trans itent par l’inte rmédia ire de l’a éroport interna tiona l de Da r es -Sa laa m en direc tion de Sri Lanka ou d’autres ré gions du monde . Le s dia ma nts s ont dépos é s à la B a nque de Ta nz a nie a va nt d’être rée xpédié s ve rs la B e lgique, le s Pa ys-B a s e t l’Afrique du Sud. 146. L’or e t le s dia ma nts s ont s oit vendus s oit é c ha ngé s c ontre de s a rme s et de s mé dica me nts utilis és pour pours uivre les hostilités . Les repré s enta nts du R C DGoma à Da r e s-Sa laa m s e c ha rge nt é ga leme nt de l’ac ha t de de nrée s a lime ntaire s e t d’a utres que s tions logis tique s liée s à l’e ffort de gue rre. Le bois prove na nt de la R é publique démoc ratique du Congo e s t expé dié pa r ba tea u de puis Da r e s -Sala a m ve rs la Grèc e et la B e lgique. En c e qui c onc e rne le s e xporta tions à de stina tion de la Grè c e, le s opé rations s ont e n pa rtie a rrangé es pa r une e ntrepris e d’importation/exporta tion de Goma . Le s e xpé ditions d’or, de dia mants e t de bois s ont é gale me nt orga nis ée s e n c oopé ra tion a ve c une s ocié té probable ment c réé e pour fac ilite r les opé ra tions fina nc ière s et logis tique s du R C D-Goma. Il importe de noter que le s a c tivité s s us mentionné e s s ont me née s par le R C D-Goma et qu’il ne s ’a git pas de s opé rations e ffe ctué e s pa r le Gouve rne me nt rwa nda is via Kiga li. e ntre pris e s publique s congolais e s e t de s s oc ié tés de pa ys a llié s à la Ré publique dé mocra tique du C ongo. 147. En c onc lus ion, le Groupe d’expe rts c ons ta te que le s princ ipaux groupe s rebe lles (MLC /FLC e t R C D-Goma ) s ont e n me s ure d’avoir a c c è s à s uffisa mme nt de moye ns fina nc iers pour a che te r le maté riel lége r dont ils ont be soin et dispos e nt à ce t e ffe t de leur propre ré s ea u e t de s c ontac ts né c e ss a ires . C ette autonomie crois sa nte s ’es t c onc ré tis é e ré c e mme nt pa r le fa it que le RC DGoma a de ma ndé à ce que le s s ommes ve rsé e s pa r les diama ntaire s a u B ure a u C ongo s oient répa rties é gale me nt e ntre le B urea u e t lui-mê me . Pa r a illeurs , il a la nc é des a ttaque s c ontre le R C D-ML de fa ç on à pre ndre s ous s on c ontrôle de s zone s ric hes e n re s s ourc e s miniè re s, c omme on l’a vu préc é demme nt. Au fur et à me sure que les groupe s rebe lles devront s e proc urer e uxmê mes leurs arme s , ils de vront trouve r de s re s s ourc e s fina nc ière s suppléme ntaire s , e t pa r c ons é que nt, le s a ffronte ments pour le c ontrôle de s z one s ric he s e n re ss ource s miniè res s e poursuivront, cré a nt a insi un c e rcle vic ie ux liant intime ment la pours uite de la gue rre e t l’e xploitation de s res s ourc e s na turelle s pa r le s re be lle s. 151. Or, c e tte trans a c tion de vie nt un vé ritable c a uc he ma r pour le Gouverne ment de la Ré publique Dé mocra tique du C ongo e t une c ata s trophe pour le c omme rce loca l des diama nts, s a ns pa rle r d’une c a us e d’e mba rras pour le pa ys vois in, la R épublique du C ongo, qui goûte a c tue lleme nt a ux sé duc tions du c omme rce illic ite de s diama nts. Se lon diffé rente s s ource s , l’IDI n’a ura it pa yé que 3 millions de dollars e nviron, a u lie u de s 20 millions de dollars , et n’aura it fourni a uc un maté riel milita ire . Ré publique démocratique du Congo 148. Le Gouverne ment de la Ré publique dé mocra tique du C ongo utilis e le s re s s ourc e s minéra le s e t l’indus trie miniè re pour fina nc e r la guerre . Entre 1998 e t le dé but de 2001, la stra tégie de fina nc e ment de la gue rre re pos a it s ur trois mé thode s : l’obte ntion d’e s pè c e s pa r l’attribution de monopole ; la le vé e dire c te ou indirec te de fonds prove na nt d’e ntre pris e s publique s e t de s oc iété s privé e s ; la cré a tion de c oe ntre pris e s unis sa nt de s 149. Obtention d’es pè c es . Le dé funt Pré s ide nt utilisa it dive rs moye ns pour le ver de s fonds : il a ins titué la « taxe pa ra fis c a le » (voir pa r. 41) e t a é ga le ment rec ouru à la c réa tion d’un monopole de la ve nte de s dia mants . 150. L e monopole de ve nte de diamants de la s oc iété I nter national Diamond I ndustr ie s (I DI). Selon de s s ourc e s gouverne menta les , l’obje ctif de c e monopole é tait double : d’abord, s e proc urer rapide ment de l’arge nt frais pour a che te r le s a rme s né c es s a ires e t ré s oudre c e rta ins problè me s a ve c le s a lliés du C ongo. De uxiè meme nt, a voir a c cè s à l’é quipe ment milita ire e t a ux re nse igneme nts is raé lie ns , é tant donné le s lie ns s péc ia ux que le Dire c teur de l’Inte rnational Diamond Indus tries , M. Da n Ge rtle r, e ntretie nt a ve c c e rtains gé né ra ux is raé lie ns . 152. Le Pré s ide nt J os e ph Ka bila a e xprimé la volonté de s on pa ys de libé ralis e r le comme rce des diama nts, e t le FM I e t la B a nque mondiale s ont très favora ble s à c e tte idée . Pourta nt, l’IDI mena c e de pours uivre le Gouve rneme nt de la R é publique dé moc ra tique du C ongo. Les trans a ctions c onclue s a ve c l’IDI s e révè lent une vé rita ble c a tas trophe pour le c ommerc e loc a l de s diama nts. C omme un monopole a é té a c c ordé à l’IDI, la plupa rt de s ve nde urs de dia mants opé rant dans la z one c ontrôlée pa r le Gouve rne me nt ont pa s sé le fle uve , pour ve ndre leurs dia mants à B ra zz a ville . On e s time que durant les trois pre miers mois de l’e xis te nc e de c e monopole, 60 millions de dolla rs de diama nts prove na nt de la R épublique dé moc ratique du C ongo ont é té ve ndus s ur le marc hé interna tiona l, le pa ys d’origine indiqué é tant la R é publique du C ongo. C e tte c ontre ba nde de diama nts prive l’éc onomie déjà e n ple in ma ras me de la R é publique démoc ratique du Congo d’importa nte s s omme s d’a rgent e t le Tré s or c ongola is de rec e ttes fisc a le s c onsidé rable s . C e tte a ffa ire montre que le be soin dé se s pé ré d’arge nt liquide pour fina nce r la dé fens e de s on te rritoire a sus c ité d’autre s problè me s a u Gouve rneme nt de la R é publique dé moc ra tique du C ongo e t, pa radoxa leme nt, l’a privé d’importante s re c ette s . 153. T r ans fer ts pr ove nant de s e ntr epr is es publiques . Un a utre moyen de fina nc e r la guerre a é té de prendre, direc te ment ou indire c teme nt, de s fonds da ns le s c a iss e s de s e ntreprise s publique s e t de ce rta ine s entre pris e s privé e s , princ ipa leme nt la Miniè re de B a kwanga (MIB A) e t la s oc ié té Gé néra le de s ca rrière s et de s mines (Géc a mine s ). Le Gouve rne me nt de la R é publique dé moc ra tique du C ongo pré lè ve , depuis a oût 1998, de ux c inquiè mes e n moyenne de s rec e ttes de la M IBA. Le Groupe d’e xperts a é té informé que , dans c erta ins c a s, c e ra pport a tte igna it trois c inquiè mes , soit l’é quiva le nt de 4 millions de dollars pa r vente , qui alla ient dire c teme nt da ns le s c a iss e s du Prés ide nt. Le Groupe d’expe rts a é gale me nt e u c onfirma tion que de s s oc iété s pé troliè res a vaie nt donné d’importante s s ommes d’arge nt s ous forme de « taxe s pa ra fis c a les » au Gouve rneme nt de la R é publique démoc ratique du Congo. Da ns la plupa rt de s c a s, c e s s ommes , en franc s congolais , ont été remis e s à M . M poyo qui a lla it e nsuite voir le Prés ident Laure nt Dé siré Ka bila. C e t a rgent é tait utilisé pour pa ye r les s a laire s e t les prime s de s solda ts c ongola is a u front. Se lon c erta ins officie rs c ongola is , le s « ta xe s pa rafis ca le s » n’ont jama is é té utilisé e s pour ac he ter de s a rmes . 154. La M IB A reç oit du Gouve rne me nt l’équivale nt de s de ux c inquiè mes des ve nte s de diama nts de la M IBA, e n franc s congolais cha ngés a u ta ux officie l, qui ne re pré s e nte qu’un qua rt du taux du ma rché para llèle . On e s time qu’e nviron 75 franc s c ongola is pa r dolla r c ha ngé dispa ra is s e nt de ce tte fa ç on, e t s ont pe ut-être utilis é s pour c ouvrir le s be s oins de la défe ns e6. 155. La c ontribution de la Gé c a mine s à l’e ffort de gue rre s e mble avoir e u lieu à de ux nive aux. D’une pa rt, un tie rs de s profits de la s oc iété Géné ra le de s c a rriè re s e t de s mine s a é té dire c teme nt pris pa r le Gouve rne me nt e n 1999 e t 2000. D’a utre pa rt, le Gouve rne me nt de la R é publique démoc ratique du Congo a c ontribué indire c teme nt a u fina nce me nt de s dé pe ns e s de s forc e s a rmée s zimba bwé e nne s e ntre mai 1999 e t oc tobre 2000. Un c as spécial : le Zimbabwe 156. Le Zimbabwe a financ é sa pa rtic ipa tion a u conflit e n R é publique démoc ratique du Congo de deux faç ons : 6 E n 20 0 0 , le ta u x de ch a n g e off i c i e l ét a i t de 23 fr a n c s c o n g o l a i s po u r 1 do l l a r . a ) e n préle vant des s omme s da ns le budge t de dé fens e du Zimba bwe; l’es s e ntie l de s dépe ns es milita ires z imba bwée nne s s e mble nt a ins i ê tre c ouve rte s pa r le budge t de c e pa ys ; b) le fina nc e ment indirec t de la guerre pa r les pa ieme nts direc ts pa r ce rta ine s entités c ongola is e s , nota mme nt de s entre pris e s. Se lon deux s ourc e s tout à fa it f i ab l e s , pe nda nt que M . B illy R a utenba ch é tait à la tête de la Gé c a mine s , c e tte s oc ié té a vers é les prime s des solda ts zimba bwée ns . C e s pa ieme nts s ont pe ut-ê tre lié s a u contrat c onc lu entre le Gouverne ment de la Ré publique dé mocra tique du C ongo e t la soc ié té R idge point. En fa it, une pa rtie de s droits d’e xploite r le s mine s de la Gé ca mines a été trans fé rée à R idgepoint, a ppa re mment sa ns contrepa rtie. Se lon c erta ine s s ourc e s, c e tte c ontre pa rtie, qui n’e st pa s me ntionné e dans le c ontra t, pourrait être le pa rta ge de s profits e ntre le Gouve rne me nt de la R épublique dé moc ra tique du C ongo et la s oc iété R idge point sur la ba se de 80 % pour le Gouve rne me nt e t 20 % pour R idge point. Selon c e rtaine s s ource s , curie us e me nt, M . M poyo, un ministre congolais , a s igné le c ontra t en s a qua lité de dirige a nt de la s ocié té R idgepoint, plutôt qu’en s a qua lité de me mbre du Gouve rneme nt de la R é publique démoc ratique du Congo. De ux mois a près la fin du contrat de M . R aute nba c h à la tête de la Gé ca mines , on a s igna lé a u Ka ta nga un vif mé conte nte me nt pa rmi les s olda ts z imbabwé e ns qui ne re ce va ient plus leurs prime s. 157. Le Groupe d’expe rts a ce pe nda nt noté une pratique qui ne relè ve pa s du fina nc eme nt de la gue rre , non plus que de l’a ide direc te . C e tte pra tique e s t qua lifié e , da ns le prés e nt ra pport, d’« inc ita tions à l’aide ». L’anc ie n Gouve rneme nt de la R é publique dé moc ra tique du C ongo a souve nt utilis é s e s va s te s re s sourc es a u Ka ta nga e t a u Ka sa i pour obte nir l’a ide de c e rtains a lliés ou pour c ouvrir c e rtaine s dé pe ns e s oc c a s ionné es pa r le ur pa rtic ipa tion à la gue rre . Parmi tous s e s allié s, c e rta ines s ocié té s e t ce rta ins res ponsa ble s z imba bwé ens ont profité tout pa rticulière me nt de c e dis pos itif. Le s e xemple s s uiva nts illustre nt la dive rsité de s moye ns utilis é s e t de s filiè res e xploitée s par le groupe de ha uts re spons able s qui dé c ide de s moda lité s de l’aide de s force s armé e s z imba bwé enne s à la R é publique dé moc ra tique du C ongo. La filiè re la plus large ment utilis é e é ta it la c ré a tion de c oentre pris e s. 158. Coentr e pris e s. L’un de s moye ns d’obtenir l’enga geme nt de c erta ins a llié s da ns la guerre a é té de le ur donne r de s inc ita tions fina nc iè res e n le ur mé na ge a nt de s pos sibilité s de fa ire des a ffa ire s da ns le s e cte ur minie r. L’opéra tion c omporte a u moins trois a s pec ts : a ) le s soc ié tés z imba bwé e nnes ont re ç u d’inté re ss a ntes c onc e s s ions miniè res ; b) le s s oc iété s z imbabwé e nne s ont utilis é le ur influe nc e a uprès du Gouverne ment de la R é publique démoc ratique du Congo pour noue r de s re lations d’affa ire s ave c de s s oc ié tés privé e s e t des e ntre pris e s publique s congolais e s; e t c ) à le ur tour, e lles ont profité d’un tra iteme nt pré fére ntiel. M IBA. À la dema nde de s forc es a rmée s zimba bwé e nne s e t s uivant les a vis de s M inis tre s Vic tor M poyo et M wenz e Kongolo7, le Prés ide nt La ure nt-Dé s iré Ka bila a a lors a ttribué de ux de s plus ric he s c onc e s sions de la M IBA – le s dé pôts de kimbe rlite de Ts hibua e t le s dé pôts alluviaux de la Se nga Se nga à la s ocié té Oryx Zimcon. C e lle-c i et la C OSLEG ont c ré é e ns emble la s o ci é t é S e n g am i n e s . 159. Se ngamines : e xe mple de c oe ntre pr is e . Le Groupe d’expe rts a éta bli qu’à la fin de 1998 une s oc iété z imba bwée nne privée dé signé e s ous le nom de « Ope ra tion Sove reign Legitima c y » (OSLEG), dont le s a c tionnaire s s ont le lieute na nt-gé né ral Vitalis M usungwa Zvina va s he , J ob W habira , a nc ien Sec ré taire pe rma ne nt du M inistè re de la dé fens e , One s imo M oyo, Prés ide nt de la M ine ra ls M a rke ting C orpora tion, du Zimba bwe, e t Is ia h R uz engwe , Direc te ur gé néra l de la Zimba bwe M ining Deve lopme nt C orpora tion, qui ont formé un pa rtena riat a ve c la C OM IEX; la C OSLEG es t né e de ce pa rte na ria t. Pa r son truc he ment, le Zimba bwe (plus e xa c te ment le pa rti ZANU-PF) a pu e xploiter e t ve ndre de s produits miné ra ux, du bois d’oe uvre et d’autre s re s sourc es na ture lles de la Ré publique dé moc ra tique du C ongo. 162. C omme promis , M . Al Shanfa ri a c omme ncé à inve s tir da ns la Senga mine s e t a utilis é le groupe de s ocié té B re c o, a ppa rte na nt à J ohn B re de nka mp, pour a c he miner du ma té rie l d’e xtrac tion jusqu’a ux mine s . En s a qua lité de pa rtena ire te chnique e t fina nc ie r, Oryx de va it rec e voir 40 %, l’OSLEG 40 % e t la C OSLEG 20 %. C omme les bes oins d’a rge nt ont augme nté , M. Al Shanfa ri a déc idé de lanc e r s a s oc ié té Oryx s ur le marc hé s e conda ire de Londre s , s ous le nom d’Oryx Dia monds . En ra is on de s vives objec tions é mis e s pa r plus ieurs de s pa rte na ire s , Oryx Dia monds a é té re tirée de la cote . Le nouve a u rè gleme nt inté rie ur de la s oc iété ne me ntionne mê me pa s le nom d’OSLEG8. Le Groupe d’e xperts a c e pe nda nt é té informé que l’augmenta tion des pa rts de la C OMIEX, te l qu’il re s s ort du nouve a u règle ment intérie ur de la s oc ié té de vait prés e rve r les intérê ts z imba bwée ns . Il a é ga leme nt é té informé qu’un paie me nt ne s e ra it fa it a u Gouverne ment de la Ré publique dé moc ra tique du C ongo qu’une fois que le prêt né ce s s a ire pour c ette opé ra tion (environ 25 millions de dolla rs ) a urait é té re mboursé . 160. Se lon des s ourc e s fia bles , le Groupe d’e xperts a a ppris qu’une dé léga tion z imba bwée nne dirigé e par l’exM inis tre de la justic e , M . Emme rson M na nga gwa , s’e s t re ndue da ns la ré gion du Ka sa i pour ins pe c ter dive rs es c onc e s s ions miniè res que le dé funt Prés ide nt Ka bila a vait a cc ordée s a ux force s armé e s z imba bwé enne s , e n é c ha nge de l’appui milita ire de ce pa ys . L’équipe é tait c ompos é e de l’e x-se c ré taire pe rmane nt du M inis tère de la dé fe ns e M . M oven M a ha c hi, du che f de s forc e s a rmée s , le géné ra l Zvina va s he , e t du Pré s ide nt de la M IBA, M . Ka dende Muya . C e pe nda nt, le s libé ralités de l’ex-Prés ide nt Ka bila aux milita ire s zimba bwé e ns n’alla ient pas s a ns difficulté s, c a r c e s militaire s n’ava ie nt pa s le s c onnais s a nc e s spé c ialis é es fina nc ière s ou te c hnique s né c es s a ires pour e xploiter les c onc e s s ions miniè re s. À la fin de 1998, M . Tha me r Al Sha nfa ri, Prés ide nt de la s oc ié té Oryx Na tura l Re s ource s (ONR ), a é té invité à fournir c es s péc ia lis te s de s que s tions fina nc ière s et te chnique s . M. Al Sha nfari a dé c idé de c rée r Oryx Zimc on, Ltd., une filiale commune d’Onyx Na tura l R e s ourc e s e t de la COSLEG. 161. Au lie u de c hois ir l’une de s divers e s mine s a ppa rte na nt à la COSLEG pour e ngage r de premie rs inve s tiss e me nts , Oryx Zimc on a voulu s’e mpare r de s me ille ures mine s , qui appa rtena ient a upa ra va nt à la 163. La fa c ilité ave c laque lle les c onc e s s ions de Ts hibua e t de la Se nga Se nga ont é té a c c ordé e s à la s oc iété Oryx, s a ns a ucun é ga rd pour les norme s lé ga les , et le traite ment préfé rentie l ré s ervé à Oryx montre nt la dé termina tion de l’a nc ien Gouve rne me nt de la R é publique démoc ratique du Congo à ré compe ns e r c e rta ins de se s a llié s . 164. Attribution de c once s s ions . Selon c e rtaine s s ourc e s , une trè s ré c e nte c onc e s sion de gise me nts de c oba lt et de c uivre (e n da te du 26 fé vrie r 2001) à Ka mbove -Ka ka nda a é té attribué e au Groupe KM C , qui 7 8 S e l o n ce r t a i n e s so u r c e s , M. M w e n z e K o n g o l o es t im p l i q u é d a n s la pl u p a r t de s tr a n s a c t i o n s de la C O M I E X . E t su r t o u t , o n cr o i t co m p r e n d r e qu ’ i l se r a i t le pr i n c i p a l li e n en t r e le s h a u t s re s p o n s a b l e s zi m b a b w é e n s te l s qu e l’ i n f l u e n t E m m e r s o n Mu n a n g a g w a , et le G o u v e r n e m e n t de la R é p u b l i q u e dé m o c r a t i q u e du C o n g o . L a ré p a r t i t i o n de s pa r t s so c i a l e s es t la su i v a n t e : O r y x 4 9 % , C O M I E X 33 % , MI B A 16 % , pa r t e n a i r e s co n g o l a i s 3 %. dé pe nd du Zimba bwée n B illy Ra ute nba c h. Se lon de s s ourc e s tout à fa it digne s de foi, dive rs minis tre s ont s igné la c onve ntion de c onc es s ion, de ux jours a va nt l’as s a s sina t de l’anc ien Prés ide nt La ure nt-Dé s iré Ka bila , e t a lors qu’il ne re s tait plus que s a s ignature à obtenir. Le s yndica liste de la Gé c a mine s a indiqué que la c e s sion a vait é té me né e à bie n, ma is le Pré s ide nt Jos e ph Ka bila a dé cla ré a u Groupe d’e xpe rts que le c ontra t n’é tait pas e ncore signé . S’il e s t s igné, il pourrait y a voir là l’indic e d’un ra pproc he me nt d’a ctivités . 165. On voit là e n e ffe t le rapproc he ment des a c tivités e t de s intérê ts de c erta ins homme s d’a ffa ire s zimba bwé e ns e t l’e xis te nce poss ible d’un lie n e ntre le c ommerc e de s a rmes e t le s a c tivité s minière s en R é publique dé moc ra tique du C ongo. En e ffe t, M . B re denka mp a urait de s intérê ts da ns c e tte e ntreprise , a lors qu’il pa s s e pour ê tre ma rcha nd d’a rme s . En nove mbre 2000, un mois a près le dé part de M . Ra ute nba c h de la Gé c amine s, M . B rede nkamp a ura it é ta bli un lie n dire ct a vec M . R a utenba c h. Se lon trois s o u r c es f i ab l e s , M . R a utenba c h, M . B re denka mp e t M. M una ngwana , l’ac tue l pré side nt du Parle ment zimba bwé e n, Pré side nt du pa rti ZANU-PF et direc te ur de nombreus e s s oc iété s a ppa rte na nt à c e pa rti, ont re nc ontré le défunt Pré s ide nt Ka bila pour né goc ier c ette tra ns ac tion, qui portait sur la pièc e c entra le de s c once s s ions miniè res de la Gé ca mines . Le Groupe d’expe rts ne tire a uc une c onc lus ion mais tient à montre r le c a rac tè re de s pe rsonnes impliquée s dans c es né goc ia tions , le ur his toire pa ss é e , le urs a c tivité s e t leur pos ition a ctue lle a u Zimba bwe. 166. De nombreus e s a utres trans a ctions s ont e n cours ; l’une d’elle s c once rne la fourniture de vivre s à l’a rmé e c ongola is e , pour laque lle le c ontra t de trans port a urait é té a ttribué à la s oc iété du gé néra l Zvina va s he . Le Prés ide nt R obe rt Muga be a urait déc la ré que le défunt Prés ide nt Ka bila lui a va it attribué une c onc e s s ion miniè re . 167. Le Gouverne ment de la RDC , souc ieux de dé fendre s on te rritoire e t de s e procure r du maté riel milita ire, a s igné un c ontra t d’une va le ur de plus ieurs millions de dolla rs a ve c le Gouve rne me nt c hinois . Le s sourc es officie lles à Kins has a , tout en c onfirmant c ette trans a c tion, a ura ient informé le Groupe d’expe rts qu’en é c ha nge , une c oe ntre pris e unis s a nt une s oc iété chinois e e t une entre pris e s e mi-publique congolais e s e s era it vu a ttribuer une c once s s ion miniè re . 168. Da ns le mê me e s prit, le Gouve rne ment de la R é publique démoc ratique du Congo a ura it pa ss é un a c cord ave c ce lui de la R é publique popula ire dé moc ra tique de C oré e , qui forme de s troupes c ongola is e s ; on c roit sa voir qu’en é c ha nge e lle a ura it re çu une c once s s ion miniè re , proche de Shinkolobwe , très riche e n ura nium. Le s Amé rica ins ont da ns le pa ss é e xploité c e tte mine d’ura nium. Inte rrogé s sur la ques tion, de s fonctionna ire s c ongola is ont indiqué que la forte radioa ctivité da ns la z one e n que s tion fa it qu’il e st impos s ible d’y trava iller. 169. Se lon c erta ins ha uts res ponsa ble s, la R é publique dé moc ra tique du C ongo aura it de mandé aux États -Unis d’envis age r de ré soudre c e problème de la radioac tivité da ns la z one e n que s tion, é tant donné le ur pré s enc e de longue da te da ns ce tte z one où e st e xtra it de l’ura nium. Un fonc tionnaire congolais a dé menti qu’un a c c ord a it é té pa s sé e ntre s on pa ys e t la R épublique populaire dé moc ra tique de C oré e , a va nça nt le fa it que le Gouve rneme nt c ongola is a ura it de mandé l’a s sis ta nc e des États -Unis (ce qui n’e st guère c ompa tible ave c la prés e nc e de Coré e ns du Nord pour e xploite r le s même s re ss ource s miniè res ). 170. Le Groupe d’expe rts dispos e de s uffisa mme nt d’élé me nts e t d’indic e s pour e s time r que le Gouve rneme nt c ongola is du Prés ident Laure nt-Dé s iré Ka bila a donné , s ous forme de poss ibilité s d’a c cè s , d’exploita tion e t de ges tion de s re s s ourc e s minière s , de fruc tue us e s inc itations qui, à leur tour a ura ie nt « conva inc u » le s a utorité s z imbabwé e nne s de de meure r e n R é publique dé moc ra tique du C ongo, inc itations qui é taie nt s i importante s que l’é quilibre de l’e ns emble du s e cte ur minier a u C ongo ris que d’en ê tre a ffe cté . On s e préoc c upe e n e ffe t da ns la région de l’a ttitude qu’adopteront à l’ave nir, pour res te r pré s ente s da ns le s e cte ur minier c ongola is , les s ocié té s minière s a c tue lleme nt mis e s s ur la touc he . Fa udra -t-il un a utre c ycle de gue rre s ou d’es c a lade de la viole nc e pour qu’elle s re trouve nt l’ac c è s a ux ric he s gis eme nts de c oba lt et de c uivre de la R épublique dé moc ratique du C ongo? Angola et Namibie 171. C e s de ux pa ys ont fina nc é leur partic ipa tion a u c onflit grâ ce à de s c rédits c onsa c ré s à la dé fens e da ns le ur budge t. Da ns le c as de l’Angola , c e rtaine s c onve ntions , mine ure s pa r rapport à c elle s c onc lue s pa r le s Zimba bwé ens , ont bien é té s igné e s . On pe ut cite r pa r e xemple la c réa tion de la s oc ié té Sonangol, dont Sona ngol Angola détie nt 60 % de s pa rts e t la C OMIEX 40 %. Pourta nt Sona ngol Angola e st une e ntreprise d’Éta t à 100 % (e lle fournit du pé trole à la R é publique dé moc ra tique du C ongo). Le s de ux pa ys ont éga le ment s igné une le ttre d’intention pour e xploite r e n commun le pé trole brut a u large de le urs c ôte s , une fois la pa ix re ve nue da ns la région. 172. Le Groupe d’expe rts a été informé pa r le s autorité s na mibie nne s de l’exis tenc e d’une c oe ntre pris e réunis sa nt une s oc iété na mibienne intitulé e « Augus t 26 », dont le princ ipal a c tionnaire es t le M inis tè re de la dé fens e , une s ocié té a mé rica ine e t une « s oc iété » de la R é publique dé moc ra tique du C ongo. D’a utre s tra ns ac tions impliquant des pa rtic ulie rs ont été s igné e s. À ce s tade , le Groupe d’e xperts ne re lève auc un indice notable donnant à pe ns e r que l’Angola et la Na mibie a ura ie nt c onc lu de s trans a c tions c ommerc ia les du type « a rme s et a ide c ontre re ss ource s nature lle s ». Le ur motiva tion s embla it ê tre unique ment politique e t s traté gique (da ns le c a s de l’Angola). Selon de s s ourc e s trè s fia ble s , la c réa tion de c oentre pris e s propos é e à c e s de ux pa ys é ta it un ma nque de gra titude plutôt qu’une inc itation à mainte nir leur a ide , e t c e s de ux pa ys ne l’ont jama is de mandé e xpre s s éme nt. C. Aspects particuliers de la relation entre l’exploitation des ressources naturelles et la persistance du conflit 173. On dit souve nt que le conflit a u C ongo e s t à fa ible intens ité, que le s a rmée s ne s ont pa s fa c e à fa ce c haque jour e t que les bata illes rangé e s e t autre s hos tilités gra ve s s ont rare s . Le Groupe d’e xpe rts a noté que le c onflit, e n Ré publique dé mocra tique du C ongo, e n pa rtic ulie r da ns les z one s oc c upée s s e dé roula it à trois nive a ux : a) Le s force s gouve rne me ntale s e t leurs allié s c ontre les rebe lles e t le urs a lliés ouga ndais , rwa ndais e t burunda is ; b) Le R C D-Goma et s e s a lliés rwa nda is c ontre le M ouveme nt de libé ra tion du C ongo ou R C D-ML e t s e s a lliés ouga ndais ; c) Le s mouve me nts re be lle s e t leurs a lliés (R wa nda ou Ouga nda) c ontre les forc e s dite s né gative s : Intera hamwe , M a ï-Ma ï e t a utres groupe s dis s ide nts . 174. En fa it, le conflit e n R é publique dé moc ra tique du C ongo s e poursuit s ur de ux fronts : le front officie l et le front non officie l. Le pre mie r es t c elui d’une gue rre c las s ique me tta nt a ux pris e s de ux a rmée s ou plus. C e front va de Pwe to à M banda ka, s e lon une ligne irrégulière pa s s a nt pa r divers e s loc a lité s . Le front non officie l es t c onc e ntré à l’intérie ur de z one s c ontrôlé es pa r le s re be lle s et le urs a llié s ouga nda is e t rwa nda is . 175. L’ana lyse de s ba taille s ra ngé e s et de s a c c roc ha ge s re ce ns é s e ntre le milieu de 1999 e t 2000 montre que : a) Da ns l’ens e mble , le nombre de ba tailles ra ngé e s c omporta nt l’e nga ge ment d’une a rmé e s ur le front officie l es t infé rieur à c e lui de s a c c roc ha ges , qui a é té de l’ordre de 96 e ntre 1999 et 2001; b) Le nombre de s ba taille s ra ngé e s diminue a u fil de s a ns . Au premie r trimes tre 2001, on n’e n s ignale que huit le long de la ligne de front officie lle; c) D’autre s ba ta ille s importa ntes ont e u lie u da ns le s z ones d’importanc e é c onomique é vide nte , a u vois ina ge de s gis eme nts de coba lt e t de c uivre du Ka tanga e t de la zone dia ma ntifè re de M buji M a yi. Le s s péc ia lis te s militaire s e s time nt que l’objec tif de s R wanda is e s t de d’empa rer de c e s z one s minière s pour prive r le Gouve rneme nt c ongola is de moye ns de fina nc e ment de s on e ffort de gue rre. Faute de c ontrôler c e s z ones , le Gouve rne ment de la R é publique dé moc ra tique du C ongo ne pourra it prolonge r la gue rre. C e tte a na lys e c onfirme que le dé sir de c ontrôle r le s re ss ource s nature lle s et le ur e xploitation e xplique nt la pe rsis tanc e de la gue rre e n R é publique dé moc ra tique du C ongo. Ce la pourrait fort bien ê tre le c a s pour toutes le s pa rtie s . Sur la bas e des c ons ta tations c once rna nt l’exploita tion illéga le de s re s s ourc e s de l’e s t du pays par le R wa nda e t l’Ouga nda , on pe ut éga le ment es timer que l’oc c upation de c ette autre z one minière riche conduira it à l’e xploita tion de c e s re s sourc es . En pa reil c as , le c ontrôle de ce s z one s , pa r le R wanda , pourrait s’a na lys e r princ ipale me nt c omme la poursuite d’un objec tif é c onomique e t financ ie r plutôt que c omme la volonté d’as s urer la s é c urité de s frontière s du R wanda . 176. Le nombre de s a c c roc ha ge s e ntre les forc e s re be lle s e t le urs a lliés e t le s groupe s armé s « M a ï-M a ï » a a ugme nté. Entre mai e t dé c e mbre 2000, on a s ignalé 177 c omba ts . La z one des hostilités e st gé né ra leme nt s itué e prè s de s gis e me nts de c olombotanta lite (colta n) e t de s z ones diama ntifè re s. Le Groupe d’expe rts e s t trè s porté à c roire que la plupa rt de s a c c roc ha ge s e ntre les s olda ts rwa nda is et le s M a ï-Ma ï ont e u lie u da ns c e qu’on a ppe lle la « c e inture du c olta n ». Dans c erta ine s loca lités , il y a e u jus qu’à 10 ac c rocha ge s e n 2000. Se lon c e rta ines s ourc e s , de nombreux témoigna ge s me ntionne nt la prés e nc e de solda ts rwanda is e t ouga nda is a s sura nt la sé c urité a utour de s mine s de c olombotanta lite et de dia mants . Le s res pons a bles du R C D-Goma ont c onfirmé le da nge r que repré s ente nt le s M a ï-M a ï e t les « forc e s né gative s » dans c es ré gions . Un ha ut re spons able congolais a pré cis é que s eule s de s e ntité s trè s bie n orga nis é e s, a yant l’équipe me nt de s é curité né c es s a ire, peuve nt s e livre r à l’exploita tion de la c olombota nta lite da ns c e s ré gions . Da ns c e tte a ffa ire pa rtic uliè re , l’a rmé e rwa ndais e es t la s e ule institution a yant c e potentie l da ns l’e st de la R épublique dé moc ra tique du C ongo. 177. T actique « inhabitue lle » du Rwanda. Les force s rwanda ise s inve s tis s e nt une z one pré c is e penda nt de ux jours , puis se re tire nt. Se lon nos s ourc e s , c e s a tta que s s e mble nt c oïnc ide r a ve c la pé riode d’extra ction de la c olombotanta lite et s a mis e e n s ac s , en vue d’une é vac ua tion par le s M a ï-Ma ï. Une fois atta qué s , les M aïM a ï a ba ndonnent le minera i, qui es t e ns uite e nlevé par de pe tits a vions . Le s solda ts rwanda is s e retirent à nouve a u e n a tte ndant les informa tions s ur la proc ha ine livra is on. Dans les ré gions où leur e mpris e e s t plus fa ible , le s forc e s rwa nda is es , e n pa rtic ulier, ont imaginé une ta c tique c ons is ta nt à c ons e rve r le c ontrôle de c e rta ins é c helons de s hié ra rchie s loc ale s . Da ns le s ré gions c ontrôlé e s pa r le s forc e s intera ha mwe e t M a ïM a ï, ou bie n l’Armée patriotique rwa nda is e monte de te mps à a utre de s opé rations milita ires qui le ur pe rme ttent de s ’e mpa re r te mpora ireme nt de ce s z one s et d’enle ver le mine rai e xtra it, ou bie n de s inte rmédia ire s s ont utilis é s pour a c qué rir le mine ra i de s M a ï-Ma ï e t a utre s « force s néga tive s ». 178. On s ignale a us s i de s bata illes rangé e s e ntre mouve me nts rebe lles da ns le s z ones riche s en mine ra is. Le 18 nove mbre 2000, le R C D-Goma e t s es a llié s rwanda is ba s és à Kis a nga ni ont a tta qué le s pos itions du M LC à B enga mis a , à 50 kilomètre s a u nord-oue s t de Kisa nga ni, e t ont pris le c ontrôle de c e tte z one diama ntifè re . Le 31 dé ce mbre 2000, le mê me R C DGoma e t s e s allié s ont la nc é une a tta que c ontre la z one c ontrôlée pa r le RC D-M L e t ont pris Kandole, une loca lité dia mantifère où l’on trouve éga le ment une c e rta ine qua ntité de c olombota ntalite . Pa r a illeurs , à la fin de dé c e mbre 2000, la fa ction R C D-Goma a la ncé une a utre a tta que de puis Lindi pour pre ndre le c ontrôle de La kutu, a utre loc alité s ituée da ns une z one dia mantifère . 179. Enfin, da ns les z one s où le s ris que s sont trop éle vé s, le s a dvers a ires , s’ils ne s ont pas de s e nnemis irréc oncilia ble s , de vienne nt de s pa rtena ires da ns dive rs e s tra ns a c tions . C ’e s t le ca s qua nd les M aï-M a ï ont pris la ngue ave c de s a che te urs c ivils de c olombota ntalite a ffilié s à l’Armé e pa triotique rwa nda is e, qui, à leur tour, ont ve ndu le mine rai à un c omptoir c ontrôlé pa r le s R wanda is e t leurs s oc iété s Gra nds La c s M é taux e t R wanda Mé ta l. L’a ffa ire la plus c onnue e st c e lle où le c hef de s M a ï-Ma ï, le géné ra l Pa diri, a informé de s a gents à Kigali, en nove mbre 2000, qu’il venda it 60 tonnes de c olombota nta lite. 180. L e s s tr até gies qui e ntre tie nne nt le c erc le vicie ux de la guer r e e t de l’exploitation de s r e s s our c e s de la Ré publique démocr atique du Congo : l’e xe mple de l’Ouganda. L’é ta t-ma jor ouga nda is a es s e ntie lleme nt utilis é le c onflit oppos a nt He ma e t Lendu. Le Groupe d’expe rts dispos e d’informa tions trè s fia bles montra nt s a ns a mbiguïté c omme nt le géné ra l Ka z ini e t le s c olone ls Kya ka ba le e t Aroc ha ont a idé à forme r diffé rente s milice s He ma , e t ont ma nipulé c e s groupe s e thniques pour le s a me ne r à s ’e ntre dé chire r. Il e s t éta bli que s i le c a mp de Ka z ini c ontribue à la forma tion de s He ma, le c olone l Pete r Ka rim e t son c amp a ide nt à forme r les Lendus . Le s de ux c a mps a ppartie nne nt pourta nt l’un e t l’a utre à l’a rmée ouga nda is e . On dispos e d’indic ations c onva inc ante s montrant que c erta ins é léme nts de l’a rmée ouga nda is e déc le nche nt de s viole nc es pour re ste r da ns la ré gion, da ns l’e s poir de c ontrôler le s z ones a urifè res e t le s zone s probable ment riche s en c olombotanta lite de Nyale ki. Il exis te donc une intention ma nife s te de la part de l’é tat-major ouga nda is de c ontrôle r c e s zone s ric hes e n mine rais et de le s c ons e rver e n vue d’une e xploita tion dura ble. L’ac c rocha ge qui a e u lie u à Nia -Nia en oc tobre 2000, où le s ca mps de Kaz ini e t de R oger Lumba la , de s forc es de dé fe ns e ouga ndais e s , s e sont atta qué s à un a utre groupe des force s armé e s ouganda ise s e t à la fac tion R C D-M L, n’e s t qu’un de s e xe mple s de c es lutte s divis a nt le s forc es a rmée s ouga nda is e s a u suje t du c ontrôle de zone s ric hes e n c olombota nta lite. Selon diffé rente s s ource s , R oge r Lumba la de la fa c tion R CDNa tiona le a urait été utilis é pa r le géné ra l Ka z ini pour c ontrôler la z one de B afwa s ende , ric he e n dia ma nts e t e n c olombotanta lite . D. Facilitateurs ou complices passifs? 181. Le lie n e ntre la prolonga tion du c onflit e t l’exploita tion de s re s sourc es na ture lles n’aura it pa s é té poss ible s i ce rta ine s entités qui ne sont pa s partie s a u c onflit n’y ava ie nt pa s, volonta ire me nt ou non, joué un rôle c ruc ia l. De s ba illeurs de fonds bila téra ux e t multila téra ux, a ins i que c e rta ins pa ys voisins et lointa ins , ont e n e ffe t fa c ilité de faç on pa s s ive l’exploita tion de s ric he s s e s de la R é publique dé moc ra tique du C ongo et la poursuite du c onflit; de mê me, le rôle joué pa r c e rtaine s e ntrepris es privé e s e t c e rta ins pa rtic uliers a é té dé te rmina nt. 182. Le Groupe d’expe rts a rec ue illi de s informations qui montre nt que le s lie ns e ntre un ce rta in nombre d’a c teurs e t de partie s pre na nte s s ont s i bie n struc turé s que c e rta ins gouve rne ments a ins i que de s entre pris e s importa nte s et de bonne ré puta tion mè ne nt leurs a c tivité s e n toute c onfia nc e. Ains i, pa r e xe mple, toute la docume ntation né c es s a ire à l’e xporta tion de la c olombotanta lite (coltan) e st dé livré e à Kiga li, a ve c de s c omplic es a u M inistè re de s mine s à Kins ha s a, ma is le s e ntre pris e s importatrice s e t le urs intermé dia ires s ont pa rfa iteme nt a u c oura nt de son origine ré e lle . Selon de s ma nife s tes de c ha rge me nt dont le Groupe a reç u c ommunica tion, la s oc iété Sabe na C a rgo e t la filia le SDV du groupe B olloré figure nt pa rmi le s principa ux ma illons de ce ré se a u d’e xploita tion et de poursuite de la guerre . De s milliers de tonne s de c olombotanta lite ont a ins i é té c hargé e s à partir de Kiga li ou ont trans ité pa r le port de me r de Da r e s -Sala a m. 183. Le Groupe a éga le ment de s indic a tions fa is ant é tat de l’implic a tion dire c te e t indirec te de c erta ins me mbre s du pe rs onne l d’a mba s s a de s e t d’orga nisme s de c oopé ra tion de pa ys dé ve loppé s qui ont fa c ilité l’ac quisition de miné raux illé ga ux. M . R a mnik O. Kotec ha , qui s e prés e nte c omme c ons ul honoraire de s États -Unis à B uka vu, non c onte nt de fac iliter la c onc lus ion de c ontra ts e ntre de s s oc iété s amé rica ine s e t de s né goc ia nts e n c olombota nta lite de la région, e s t prés ide nt d’un groupe d’entrepris es Kotec ha qui a s on s iège à B uka vu e t qui pra tique le né goc e de la c olombotanta lite . 184. Sur la ba s e de c e s fa its e t de leur a na lys e, le Groupe d’expe rts a conc lu que la haus s e de s reve nus de l’a rmée rwanda ise prove na nt de la vente de c olombotanta lite a é té fa c ilité e pa r le s trois gra nds fac te urs s uiva nts : a) Le rôle pa s s if qu’ont joué ce rta ine s e ntre pris e s privé es c omme la Sa bena e t la SDV dans le trans port de la c olombota ntalite ; la ba nque C itiba nk e n s a qua lité de ba nque c orre s ponda nte de la BC DI pour les a s pe c ts fina nc ie rs de l’opé ration; le s oi-dis a nt c onsul honora ire de s Éta ts -Unis à Buka vu; e t de s membres du pe rsonnel de c e rtaine s a mba ss a de s à Kiga li; b) La s oif de profit de c e rta ines e ntre pris e s é trangè res qui s ont prête s à fa ire de s a ffa ire s sa ns se préoc c upe r de le urs a s pe c ts illicite s ou de c e rtaine s irrégularité s (voir la lis te de soc ié tés fournie à l’appe ndic e 1); c) La lé gitima tion politique a cc ordée pa r c e rta ins pa ys dé veloppés . En novembre 2000, à Kiga li, le Groupe d’expe rts s ’es t fait dire que l’exploita tion illéga le de s ric hes s e s e t les profits de l’Armé e pa triotique rwa ndais e sont jus tifié s en ta nt que re mbourse me nt a u titre de la s é c urité a s s urée par le R w an d a . Bailleurs de fonds bilatéraux 185. Le s princ ipa ux ba ille urs de fonds bilaté ra ux du R wanda et de l’Ouga nda da ns un c erta in nombre de s e cte urs s ont le Roya ume-Uni, le Da ne mark, l’Alle magne et le s Éta ts -Unis . L’ana lys e des a c tivités de c oopé ra tion conc e rné e s ré vè le que le s s e c teurs qui bé né fic ient d’une a ide s ont la lutte contre la pa uvreté , l’éduc a tion et la gouverna nce . Parmi ce s s ec te urs, l’ea u e t l’a s sa iniss e me nt, la s a nté, la gouve rna nc e (y c ompris le s ré forme s ins titutionne lles ), la jus tic e e t les droits de l’homme (notamme nt e n ce qui c once rne le R wa nda ), s ont prioritaire s . Da ns c e rtains c a s , une aide dire c te a u budge t de l’Éta t es t fournie. La ba la nc e des pa ieme nts du R wanda révè le a insi que le soutien budgé ta ire dont bé né fic ie c e pa ys a ré guliè reme nt a ugmenté , pa s sa nt de 26,1 millions de dolla rs de s Éta ts -Unis e n 1997 à 51,5 millions de dolla rs e n 1999. Sa ns doute c e s outien e s t-il légitime , mais il pose quand même un problè me : de s dé pens e s e t des s e rvic e s c e nsé s ê tre a ss uré s e t fina nc é s pa r le s Gouve rne me nts ouga ndais e t rwa nda is s ont e n fa it fina nc é s pa r l’aide bila téra le e t cons titue nt a utant d’é c onomie s pour le budge t na tiona l. C e s é c onomies ont-e lles s e rvi à fina nc e r la guerre ? 186. L’Amba s sa de ur d’Alle ma gne à Kiga li a mentionné a u Groupe d’expe rts l’appui a pporté par s on pa ys a ux a c tivités c omme rc iale s a lle mande s re lative s a u pyroc hlore e t à la c olombotanta lite e n R é publique dé moc ra tique du C ongo oc c upée . Dans c e c a s pa rtic ulie r, la c oopé ration a lle mande a va it a c c ordé un prêt bonifié de 500 000 de uts c he ma rk à un c itoye n a llema nd du nom de Ka rl He inz Albe rs pour lui pe rme ttre d’éte ndre s e s a c tivité s re lative s à la c olombotanta lite en R é publique démoc ratique du Congo (SOM IKIVU), et l’entre pris e de M . Albers e st ga rdé e pa r de s s oldats du R C D-Goma . Bailleurs de fonds multilatér aux 187. La B a nque mondia le a loué la pe rforma nc e é c onomique de l’Ouga nda, a pré s e nté c omme un s ucc è s le s ré forme s a c c omplie s da ns le ca dre de s progra mme s d’ajus teme nt s tructure l e t a dé fendu la c a ndida ture de l’Ouga nda a u nouvea u progra mme d’allé ge me nt de la de tte lanc é sous le nom d’Initia tive en fa ve ur de s pays pa uvre s trè s e nde tté s . 188. Or, Le Groupe d’e xpe rts dis pos e d’indica tions s elon le sque lles c ette pe rforma nc e é c onomique s ’explique e n pa rtie , s urtout penda nt le s trois de rniè re s a nnée s , pa r l’exploita tion de s ric he s s e s de la R é publique dé moc ra tique du C ongo. Il res s ort c la ire me nt d’un é c ha nge de note s entre de s membres du pe rs onne l de la B a nque mondiale que la B a nque é tait a u c ourant de l’ac c rois s e ment nota ble de s e xporta tions d’or e t de diama nt d’un pa ys qui en produit trè s pe u et qui e xporte de s qua ntité s d’or qu’il n’es t pas e n me s ure de produire (voir par. 97). Des disc us s ions entre me mbres du pe rsonnel de la B anque mondiale confirme nt que ce tte s itua tion é tait c onnue : a u c ours de l’une de c es disc us s ions , un membre du pers onne l préve nait un c ollè gue que le s ile nc e de la B a nque mondiale s e re tournera it un jour c ontre e lle . 189. Da ns le c a s de l’Ouga nda e t de l’exploita tion par c e pa ys de s re s sourc es na ture lles de la Ré publique dé moc ra tique du C ongo, la B anque mondiale ne s ’es t ja mais inte rrogé e s ur l’a ugmenta tion de s e xportations ouga nda is e s de re ss ource s nature lle s et, à une oc c a s ion, un me mbre de s on pe rs onne l l’a même défe ndue . Pe nda nt la vis ite du Groupe d’e xpe rts e n Ouga nda, le re pré s e nta nt de la B a nque mondia le a exc lu toute implic a tion de l’Ouga nda da ns l’exploita tion de s riche s s es de la R épublique dé moc ratique du C ongo. Non c onte nte d’e nc ourage r indirec te ment l’Ouga nda e t le R wanda en dé fenda nt le ur c a us e , la B a nque mondiale a a uss i donné l’impres s ion qu’elle le s réc ompe ns a it e n propos a nt que c e s de ux pa ys bé né fic ie nt de l’Initia tive e n fa ve ur de s pa ys pa uvre s trè s ende ttés . 190. L’ombre portée pa r la Ba nque s ur le c onflit e n R é publique démoc ratique du Congo e s t enc ore plus a ppa re nte s ur le pla n budgé taire . La ba la nce de s pa ieme nts de l’Ouga nda e t du R wa nda révè le une a ugme ntation nota ble de le ur e ndette ment à long te rme a u titre du soutien a u budget. Or, le urs budge ts de la dé fens e ont augme nté e n c hiffres a bsolus , c e qui leur a pe rmis de c ontinuer à faire la gue rre . L’a ttitude de la B a nque en la ma tière ne s e mble pas ê tre s a ns préc é de nt. Lors de la c ris e au C a mbodge, pe nda nt le s anné e s 80, la B a nque mondiale a fe rmé le s ye ux s ur l’e xploita tion illic ite de la forêt c ambodgie nne; la que s tion se pose donc de s a voir s i la B anque mondiale a pour politique, lorsqu’elle tra ite a ve c s e s c lie nts , de fa ire c omme si le s ques tions (s ens ibles ou non) de gouve rna nc e a u se ns la rge du te rme n’exis taie nt pa s . Pays de transit 191. Le s pa ys de la ré gion ont fac ilité indire c teme nt e t pa ss ive ment le c ycle d’exploita tion des re ss ource s na ture lles de la Ré publique dé mocra tique du C ongo e t la pours uite du c onflit. On n’y c onsta te c e pe nda nt pa s , e n rè gle géné ra le, une intention pa rtic uliè re de dis s imule r la s itua tion ou de proté ger c e rta ins intérê ts . Te l e s t notamme nt le c a s de s pays dis pos ant de ports ma ritimes qui ont s e rvi de rela is pour l’e xportation de s res s ourc e s na ture lles . Ce s pays é taie nt e n effe t lié s pa r de s ac c ords e t c onventions s igné s da ns le c a dre d’orga nis a tions sous ré giona les c omme le M a rché commun de l’Afrique orienta le e t a us trale (COM ESA) pour les ports de M omba s a e t Dar e s -Sa la am e t l’Union doua nière e t é c onomique de l’Afrique c e ntra le /C ommuna uté é c onomique et m o n ét a i r e d’Afrique c e ntra le (UDEAC /CEM AC ) pour le port de Doua la . Le s princ ipaux ports utilisé s par l’Ouga nda , le R wa nda e t le B urundi pour e xporte r de s riche s se s nature lle s comme le bois , la c a s sité rite , le c a fé e t diffé rente s é c orce s à us a ge pharma c eutique s ont M omba s a e t Dar e s -Sa la am. Le port de Doua la a éga le ment été utilis é pour e xporte r du c a fé e n provena nc e de la provinc e de l’Équate ur e t a ya nt trans ité pa r B a ngui. 192. Se lon c erta ine s s ourc e s, le Gouverne ment c e ntra fric a in é ta it a u fa it de s ac tivité s comme rcia les du M ouve me nt de libé ration du Congo (M LC ) à B angui. De s a mis de M. J e an-Pierre Be mba , M M . J e a n-Yves Olivie r, J e a n-Pie rre Dupont e t J ea n-Pierre Sa be r, ont tous fa it de B a ngui la « ba se a rriè re » de le ur né goce de diama nts e t de c a fé. Le Gouve rne ment n’a jama is e mpê c hé le M LC de c onduire de s a ctivités é conomique s e n R é publique c e ntra frica ine. En outre, c e rta ins individus ont utilis é le te rritoire c entra fric a in pour y me ne r des a c tivités lé ga le s , c omme c e fut le c a s de Victor Butt, qui cha rgea it et dé cha rgea it du c a fé e t de s a rmes à l’a é roport de Ba ngui. 193. Toujours s e lon c e rta ines s ourc e s , c e rtains pa ys de la ré gion ont rés e rvé le meilleur a cc ue il à des fa mille s rwanda ise s jus tifiant d’une fortune s uffisa nte . Or la s olde de s imple s militaire s ne s aura it financ e r de s proprié tés e t un tra in de vie a uss i luxue ux. C omme nt c e s fa mille s a s s ure nt-elle s le ur tra in de vie ? D’où le ur vie nt le ur a rge nt? 194. Le Ke nya a joué un rôle diffé rent da ns l’e xploita tion de s ric he s s e s de la R é publique démoc ratique du Congo. Il a s e rvi de ba s e à la dis tribution de fa ux dolla rs a méric a ins e t a c c ue illi le s opé rations financ iè res de né goc ia nts qui e xporte nt de s re s sourc es na ture lles (bois , c a fé, taba c ) pa r le port de M ombas a . Le rôle décisif des dirigeants 195. C e tte partie du rapport te ntera de montre r c omment le s pré side nts e t a utres dé cide urs tolère nt, orga nis ent ou me tte nt e n plac e le c a dre e t le s c onditions qui pe rmette nt de prolonge r le s tatu quo de l’e xploitation e t de la guerre . Le Groupe d’e xpe rts s ’a bstie ndra de toute a lléga tion c onc e rna nt l’implic a tion pers onne lle de prés ide nts dans des a c tivités illéga les e t fina nc iè res ta nt qu’il n’aura pa s été proc é dé à une e nquê te plus a pprofondie . Ains i, pa r e xe mple , il a re ç u c ommunica tion d’a llé ga tions – qu’il a re jeté e s pour ins uffisa nc e de preuve s – fais a nt é tat de l’implic a tion de la fa mille du Pré side nt Ka game da ns le né goce de dia mants ; il a pré féré s e c once ntrer s ur le s é lé ments obje ctifs de la re s pons a bilité politique du Prés ide nt. De mê me, da ns c e rta ins ra pports e t c ommunica tions , le nom du Prés ident M us e ve ni é tait me ntionné e n qua lité d’ac tionna ire d’une e ntre pris e pa rtic uliè re . Le Groupe s ’a bs tie ndra de fa ire é tat de c e s ra pports jus qu’à ce que de s re c herc he s plus c omplè te s a ient é té e ffe ctué e s. Le Prés ident Paul Kagame 196. B ien que s a pos ition dans l’appa reil d’Éta t pa r ra pport à l’exploita tion de s re s sourc es na ture lles de la R é publique démoc ratique du Congo e t à la pours uite de la gue rre a it é volué , son rôle e st re sté déc is if. C e rôle s e s itue s ur trois plans : le pla n de s e s re lations a ve c le s milie ux d’a ffa ire s rwa ndais a ctifs e n R épublique dé moc ra tique du C ongo, le plan du c ontrôle qu’il e xe rce s ur l’a rmé e et le pla n de s struc ture s impliqué e s da ns le s a c tivités illéga les . 197. Se lon des s ourc e s fia bles , le Prés ide nt Ka ga me e ntre tient des ra pports é troits ave c de s homme s d’a f- fa ire s rwa ndais de pre mie r pla n. Ains i, pa r e xe mple , il e ntre tient de bonne s rela tions a ve c le « propriéta ire » de J a mbo Safa ri, M . Mode s te M a ka bus a. Il e s t éga le ment proc he d’Alfred Kha lis sa , « fondate ur de la B a nque de c omme rc e, de dé ve loppe ment et d’indus trie (BC DI) » e t a ncie n dire c teur de la B a nque de c ommerc e et de dé ve loppe me nt (B C D). Les mê mes s ourc e s ont dé c laré au Groupe d’expe rts que le Pré s ide nt Ka ga me es t très proc he de Tibè re R ujigiro, dont le gé né re ux a ppui fina nc ier a u Front popula ire rwa nda is pe nda nt la gue rre de 1990-1994 e st bien c onnu. M . R ujigiro es t a ctionna ire de la Trista r Inve s tme nt C ompa ny e t e ntre tient de s rapports très é troits a ve c le Front popula ire rwa nda is . C e proche c olla bora te ur du Prés ide nt Ka ga me entre tie nt lui-même de s rela tions d’affa ire s ave c Faus tin M bundu, c onnu pour s e s a c tivité s de ma rc ha nd d’a rmes . Tous c es homme s d’a ffa ire s prés e ntent une c a rac té ris tique c ommune : ils s ont direc te ment impliqué s da ns l’e xploita tion de s res s ource s na ture lles dans les z one s s ous c ontrôle rwanda is. De s s ourc e s va riée s ont dé cla ré a u Groupe d’e xpe rts que c hac un d’e ux a , à un mome nt ou à un a utre , bé né fic ié d’un « coup de pouc e » du Prés ident. 198. Lorsqu’il é tait M inis tre de la défe ns e, le Pré s ide nt Ka ga me a ré orga nisé ou a pprouvé la ré orga nis a tion de l’armé e rwa nda is e e t du M inis tè re de la dé fens e , qui a dé bouc hé s ur la c réa tion du M inistè re de s rela tions e xtérie ure s où s e trouve le « B urea u Congo ». C e burea u a été la c le f de voûte de s opé ra tions fina nc iè res de l’Armé e pa triotique rwanda ise (APR ). Le M inistre de la dé fens e de l’époque ne pouvait manque r d’ê tre a u c oura nt du mode de fonctionne me nt de l’APR e t de s e s opéra tions a u jour le jour. 199. De ux s ourc e s trè s fia bles ont dé cla ré a u Groupe d’expe rts qu’en s epte mbre 1998 lors d’une réunion a vec de s re prés e ntants du R CD e t de s officie rs s upé rie urs de l’APR , le Pré s ide nt Ka ga me, a lors vice -prés ident, ava it informé le s pa rticipa nts de la néc e s s ité de le ver de s fonds à ha uteur de 50 millions de dollars de s États -Unis pour a tteindre Kins ha s a e n de ux mois . 200. Enfin, lors qu’il a é té c onfronté à la que s tion de l’implica tion de l’APR da ns l’e xploitation de s ric he ss e s de la R épublique dé moc ratique du C ongo, le Pré s ide nt a dé cla ré , da ns une inte rvie w à la ra dio, que c e rtains c itoye ns rwa nda is e xe rça ie nt à titre privé de s ac tivité s c omme rc iale s e n R épublique dé moc ratique du C ongo. Fa ut-il voir da ns c e tte dé c lara tion une te nta tive dé libé rée d’abus e r un ce rta in nombre de pa rte na ire s du R wanda ou l’effe t d’un ma nque d’informa tion du Pré s ide nt s ur la ques tion? Toujours e s t-il que le Pré s ide nt a va it a dmis à une oc c as ion pré c éde nte que le c onflit e n Ré publique dé moc ra tique du C ongo se fina nç a it lui-mê me. Pris e nse mble, tous c e s é lé ments ré vè lent le de gré a uquel le Prés ide nt a conna is s a nce de la s itua tion, son a pprobation implic ite de la pours uite de l’e xploitation illéga le de s re ss ource s de la Ré publique dé mocra tique du C ongo e t, d’une c erta ine fa çon, sa c omplic ité a ins i que s a re spons abilité politique e t mora le. Le Prés ident Yoweri M use ve ni 201. Le rôle du Prés ident Yowe ri M us e ve ni da ns l’exploita tion de s re s sourc es na ture lles de la Ré publique dé moc ra tique du C ongo et la poursuite de la gue rre s e joue s ur le s pla ns s uiva nts : s a politique à l’éga rd de s mouve me nts rebe lles , s on a ttitude à l’éga rd de l’a rmée , e t la prote c tion fournie a ux a c tivité s illéga le s e t à le ur a uteurs . 202. Da ns la z one c ontrôlé e pa r l’Ouganda , le Prés ident M use ve ni a formé la ré be llion a u moule de sa philos ophie et de s e s vis é e s politiques . Il a c hois i d’exe rc er s on a utorité de faç on plus dé c e ntra lisé e e t n’inte rvie nt qu’e n c a s de problè me ma jeur. C e la ne l’empê c he pa s d’a voir une très bonne conna is s a nce de la s itua tion s ur le terra in. 203. M M . M busa Nyamwis i e t Tiba s ima , res pe ctive ment a ncie n pre mier e t de uxième vic e -pré s ide nts , s ont proc he s de s gé né raux Salim Sale h e t Kaz ini e t plutôt e nclins a ux affa ire s et à l’e xploita tion de s riche s se s na ture lles . En dé ce mbre 1999, un ra pport fais a nt é ta t de dé tourneme nts de fonds à ha ute ur de 10 millions de dolla rs de s Éta ts -Unis pa r M. M bus a M ya mwisi e t de 3 millions de dollars de s États -Unis pa r M . Tibas ima a é té re mis a u Pré s ide nt ouga nda is . En février 2000, un a utre rapport é ta it re mis a u Pré side nt M us eve ni, qui dé nonç a it c e lui-là la collusion entre le Trinity Group e t M . Tiba sima et s e s inc ide nc es s ur la pe rc e ption de s droits de doua ne . Le Prés ident M us e ve ni a donc chois i de c onfier la direc tion du Front de libé ra tion du C ongo à de s individus qui s ont le s complice s de c a rte ls illé ga ux. 204. Le Pré s ide nt M us e ve ni a é ga leme nt é té informé de la s ituation s ur le te rra in, de l’e xploita tion qui s ’y dé roula it e t du rôle joué par le s re prés e ntants du M LC e t du R C D-ML, nota mment par ra pport a u c onflit e ntre Hé mas e t Le ndus . 205. La fa mille du Pré side nt a e lle a us s i été très e nga gé e da ns de s a c tivité s c ommerc iale s da ns les z one s oc c upée s de la R épublique dé moc ratique du C ongo. Le gé né ral Sa lim Sale h et s a fe mme s ont a c tionna ire s de s s oc ié tés Victoria e t Trinity. Ils ont me né le urs a c tivités a vec a s s u r a n ce e t s a n s e n t r av e . 206. Le Groupe d’expe rts a conc lu que lors que le Prés ide nt re çoit de s informations e t qu’il dé c ide de ne pa s y donne r s uite, lorsqu’il nomme à de s pos te s de s individus qui e xe rce nt de s ac tivité s crimine lle s e t lorsque de s membres de s a propre fa mille mène nt de s a c tivités c rimine lle s en toute impunité, il de vient plus qu’évident que le Pré s ide nt lui-même s’e s t mis en s itua tion de c omplic ité. Le défunt Prés ident Laurent-Désiré Kabila 207. Son rôle da ns la pours uite de la gue rre lui a s urvé c u. Il e s t en pa rtie res pons a ble de la s itua tion a c tue lle à trois points de vue. Premiè reme nt, e n tant que dirige ant de l’AFDL, il a c réé un pré c éde nt e n c onfé rant une a ppa re nce de « lé ga lité » ou de légitimité à de s opéra tions néa nmoins illé ga les . Penda nt s a ma rc he s ur Kins ha s a, il a a c cordé de s conc e ss ions a lors mê me qu’il ne dis pos a it nulleme nt de l’autorité pour ce fa ire . C e rta ins groupe s armé s utilis e nt a ujourd’hui le s mê mes mé thode s da ns le ur lutte pour le pouvoir. 208. De uxiè meme nt, il a pe rmis e t toléré un c e rtain nombre d’e ntreprise s illé ga les à titre de réc ompe ns e pour s e s a lliés . Il a éga le ment lanc é le régime de troc e xis ta nt a fin de dé fe ndre s on te rritoire . Ce s ystè me e s t e n tra in de de ve nir une pra tique normale des groupe s re be lle s. 209. Trois iè meme nt, il a offe rt la me illeure e xc use e t le me ille ur pré texte à c e ux qui ont mé ticule use me nt planifié la faç on dont la c arte de la ré gion de vra it ê tre re de s s iné e e n vue d’e n re distribue r les riche s s es . De nombre use s s ourc e s ont dé c laré a u Groupe d’expe rts qu’elle s a va ient été pres s e ntie s e t s ’éta ient fait dema nder de ré fléc hir à la dis tribution des riche s s es de la R é publique démoc ratique du Congo a ins i qu’à le urs intérê ts pe rsonne ls . 210. Étant donné les faits , le s rapports e t le s informa tions re cue illis , le rôle dé cis if joué pa r les dirige ants ouga nda is e t rwa nda is rés ide da ns la faç on dont ils ont dé tourné le urs a rmée s de le ur miss ion pre mière , qui es t la protec tion du territoire , pour e n faire de s armé e s a u s e rvic e du c omme rce . De mê me, ils ont indirec te ment c réé , a u s e in de leurs a rmé es , les c onditions qui ont pe rmis aux plus hauts gra dés de me ttre e n pla c e de s ré se a ux qu’ils c ontrôlent. Ce s rés e a ux de vienne nt de s c a rte ls qui s’a pproprient la gue rre pour les re ss ource s na ture lles . 211. Le s Pré side nts Ka ga me et M use ve ni s ont s ur le point de de venir les parra ins de l’e xploitation illé ga le de s re s sourc es na ture lles e t de la prolongation du c onflit e n R é publique dé moc ra tique du C ongo. Ils ont offe rt indire c teme nt à des c a rte ls c rimine ls une oc c a s ion e xce ptionne lle de s ’orga nis er e t d’opére r da ns une ré gion fra gile e t s e ns ible . Enfin, le c omporte ment du dé funt Pré s ide nt Ka bila a peut-ê tre s emé les ge rme s d’un nouve a u c yc le da ns la gue rre pour le s re s s ourc e s de la R é publique démoc ratique du Congo. De s politic ie ns c omme J ea n-Pierre B e mba, M wenz e Kongolo, Victor M poyo, Adolphe Onus umba, J e an - P i er r e Onde ka ne ou Emma nue l Kama nz i, qui s ont prê ts à c onc lure n’importe que l a rrange ment par s oif du pouvoir ou volonté d’enrichis s eme nt pe rs onne l, e t de s e ntre pris e s c omme l’IDI et la Se ngamine s, dont c e rta ines a uraie nt de s lie ns a vec de s ma rcha nds d’a rme s ris quent fort de c rée r une s itua tion e ncore plus pré oc cupa nte e n R é publique démoc ratique du Congo. De même , le s c oentre pris e s e t les c onc e s sions a c c ordé e s à c e rta ins a llié s à titre de ré c ompe ns e ris que nt de provoque r des problè mes , é tant donné la nature de leurs ac tionna ires , qui s ont s oit de s militaire s s oit de s hommes politique s puis s a nts e t influe nts . C e tte s itua tion e s t ma inte na nt profondéme nt e nra ciné e e t a ffe cte la s ta bilité de s s truc tures de pouvoir da ns la ré gion. 212. Le lie n e ntre l’e xploitation de s re s s ourc e s na ture lles e t la pours uite du c onflit en R é publique démoc ratique du C ongo e st bien ré el, e t il s’a ppuie s ur c inq fa cte urs qui ne s ont pa s mutue lle me nt e xclus ifs : pre mière me nt, l’aptitude de c e rtains pa ys à fina nc e r la gue rre jus qu’à un c e rtain point en puis a nt da ns le urs re s sourc es propre s , c omme dans le c a s de l’Angola. Deuxiè meme nt, l’aptitude de c e rtains pa ys à préle ve r de s re s s ourc e s s ur l’enne mi e t à s ’e n s e rvir pour c onduire une gue rre préte ndume nt « a utofinanc é e », c omme da ns le c a s du R wanda . Troisiè me ment, la prope nsion de c e rta ins gouve rneme nts à mettre à profit et e xploiter une s itua tion de gue rre a fin de tra nsfé re r a u bé né fice de le ur é c onomie na tiona le de s ric hes s e s pré levé e s s ur un a utre pa ys , c omme da ns le c a s du Rwa nda e t du Zimba bwe. Quatriè meme nt, l’inté rêt qu’ont ce rta ins partic ulie rs e t e ntre pris e s privé es à prolonge r la guerre pour en tirer un bé né fic e politique, fina nc ier ou a utre. Il e n e st a ins i, pa r e xemple , de s gé né raux et a utre s officie rs de la ha ute hiéra rc hie des a rmée s ouga nda is e e t z imba bwé e nne, a ins i que de re s pons a bles e t de politicie ns pe u re comma nda bles (Victor M poyo, Ga ëta n Ka kudji, M wenz e Kongolo) du c ôté du Gouve rne me nt de la R é publique démoc ratique du Congo. C inquiè meme nt, l’aptitude de l’une de s pa rtie s au c onflit à offrir un intére s se me nt (s ous forme de produits miniers e t s ous d’autre s formes ) à s e s a lliés e t à s e s s olda ts , pa r exe mple la R é publique dé moc ra tique du C ongo. IV. Conclusion et observations 213. Le s princ ipa ux motifs du c onflit e n R é publique dé moc ra tique du C ongo s ont deve nus l’a cc è s à c inq r e s s o u r ce s miné ra les de pre miè re importa nc e –colombota ntalite, diama nt, c uivre , coba lt e t or –, a ins i que le c ontrôle e t le c ommerc e de c es ma tiè re s. La ric hes s e de la R é publique dé moc ra tique du C ongo s us c ite une c onvoitis e à laque lle il e s t difficile de ré sis te r du fait de l’ana rc hie e t de la fa ible s se de l’autorité c entra le. 214. L’exploita tion de s re s sourc es na ture lles de la R é publique démoc ratique du Congo pa r de s a rmé e s é trangè res revê t aujourd’hui un ca ra c tère aus s i bie n e ndogè ne qu’exogè ne . Le pillage , l’e xtors ion e t la c ons titution d’a s soc ia tions de c riminels s ont deve nus c hos e s coura nte s da ns les territoire s oc c upé s . Ce s orga nis ations, qui ont de s ramifica tions e t de s lie ns da ns le monde e ntier, cons titue nt un gra ve problème de s é curité a uque l la ré gion va ma inte na nt de voir faire fa c e . 215. Le s e c teur privé a joué un rôle dé te rmina nt da ns l’exploita tion de s re s sourc es na ture lles e t la pours uite de la gue rre. Un c e rtain nombre de soc ié tés ont a lime nté le c onflit dire cte me nt, é cha ngea nt de s a rme s contre de s re ss ource s nature lle s . D’a utre s ont fac ilité l’ac c è s à de s re ss ource s fina nc ière s qui se rve nt à ac he ter de s a rmes . C e rta ines s ocié té s s e cons a cra nt a u c omme rce de s re ss ource s miné ra les dans les que lle s le Groupe voit « le moteur du c onflit e n R épublique dé moc ratique du C ongo » ont cré é un c lima t propice à l’illéga lité da ns le c a dre des a c tivités d’extra ction minière dans le pa ys. 216. Le s donate urs bilaté ra ux e t multila té raux joue nt un je u é quivoque a ve c le s gouverne ments de s pays qui ont de s troupe s en R é publique démoc ratique du Congo. 217. Le s c he fs milita ires de diffé rents pa ys a va ient e t c ontinuent d’avoir be s oin de c e conflit pour diffé rente s ra is ons , dont l’a ppâ t du ga in e t la pos s ibilité de faire te mpora ire me nt pa ss e r à l’a rriè re-pla n c e rtains de s problè mes interne s de s dits pa ys . S’é tant rendu compte que la gue rre s ’e ntre tient elle -même , ils ont c réé ou proté gé le s rés e a ux c rimine ls qui pre ndront vrais e mbla bleme nt le rela is s i les a rmée s étra ngè re s quitte nt un jour la R é publique démoc ratique du Congo. 218. Du fa it de s on c a rac tè re lucra tif, le c onflit e n R é publique démoc ratique du Congo a c réé une s itua tion te lle que c hac un de s belligéra nts ga gne à tout coup. Adve rs a ire s et e nne mis s ’a s soc ie nt pa r moments en a ffa ire s (Ma ï-Ma ï e t R wa nda is , d’une pa rt, e t rebe lles c ongola is , de l’a utre ), le s pris onnie rs d’origine hutu trava illent da ns les mine s exploité e s pour le c ompte de l’Armé e pa triotique rwanda ise , les c omba ttants de s dive rs bords s ’a dres s e nt a ux mê mes ma rcha nds de c a nons et pa ss e nt pa r les même s inte rmédia ire s . La volonté de réus s ir e n affa ire s l’e mporte maintena nt s ur le s ouc i de la sé c urité . Seul le pe uple congolais es t perda nt a u re ga rd de c e tte gigante s que e ntre pris e . V. Recommandations Position de principe 219. Le Groupe re conna ît la va lidité de s rés olutions 1304 (2000) et 1341 (2001) du C ons e il de s éc urité, de mê me que c e lle de l’Ac cord de Lusa ka , qui dé finis s e nt le ca dre gé né ra l da ns le quel s ’ins c rive nt s on rapport e t s e s re comma nda tions . Il tient que c e ux-c i s ont c onforme s a uxdite s ré s olutions . Suivi 220. Le Groupe re comma nde que le C ons eil de s é c urité proroge le manda t du Groupe d’e xpe rts s ur l’e xploita tion illéga le de s re s s ourc e s na ture lles e t a utres riche s s es de la R é publique démoc ratique du Congo, a fin que c e lui-c i puis s e pours uivre s on enquê te e t fa ire ra pport sur les s truc tures e t ré s ea ux mis e n pla ce ou a ppuyé s par le s pa rtie s a u c onflit a fin d’e xploiter illé ga leme nt le s re ss ource s nature lle s de la R é publique dé moc ra tique du C ongo, nota mment aprè s le retra it de s forc es é trangè res . Sanctions 221. Le C ons eil devra it immédia teme nt dé c réte r un e mba rgo s ur l’importa tion e t l’e xportation de c olombotanta lite , niobium, pyroc hlore , c a s sité rite , bois , or e t diama nts e n provena nc e e t à de s tina tion du B urundi, de l’Ouganda et du R wa nda , qui ne s e ra it le vé que lorsqu’il dé c lare rait que c e s pa ys ne pre nnent plus pa rt à l’e xploita tion de s res s ource s na turelle s de la R é publique démoc ratique du Congo. Tous le s pa ys de vra ie nt s ’abs te nir de fa c ilite r l’importation ou l’exportation de s dite s re s s ourc e s. De s s a nctions de vra ie nt ê tre impos é e s à l’enc ontre de tout pa ys qui viole ra it l’emba rgo; les gouve rneme nts de vraie nt prendre toutes le s me s ure s né c e s sa ire s pour que le s s ocié té s a ya nt le ur s iège s ur le ur te rritoire e t le s individus qui violera ient l’emba rgo ne puiss e nt a gir impuné ment. 222. Le C ons eil devra it e xige r que tous le s Éta ts M e mbre s gè le nt s a ns a ttendre le s a c tifs fina nc iers des mouve me nts rebe lles e t de leurs dirigea nts . Le s Éta ts M e mbre s de vraie nt pre ndre les me sure s né c e ss a ires pour obtenir de leurs ins titutions fina nc ière s publique s et privé e s qu’e lle s ce s s e nt de tra iter a ve c les ba nque s identifiée s da ns le prés e nt ra pport, qui s e trouve nt a u B urundi, a u Rwa nda e t en Ouga nda . 223. Le C ons eil devra it ins tamme nt de mande r à tous les États M embre s de ge le r, immédia teme nt a prè s la public a tion du prés e nt ra pport, les a voirs fina nc ie rs de s s ocié té s ou individus qui c ontinue ra ient de pa rtic iper à l’exploita tion illéga le de s re s s ourc e s na ture lles de la R é publique démoc ratique du Congo. 224. Le Groupe re comma nde que le C ons eil déc rè te un e mba rgo immé dia t sur les livra is ons d’arme s e t de tout ma térie l milita ire de s tiné s a ux groupe s rebe lles opé ra nt e n R é publique dé moc ra tique du C ongo, et qu’il e nvis a ge de l’é tendre a ux Éta ts qui appuient c es groupe s ou le ur v i en n e n t e n ai d e . 225. Le Groupe re comma nde que le C ons eil e xige que toute c oopé ration militaire a ve c le s Éta ts a ya nt de s force s en R é publique démoc ratique du Congo, e n viola tion de la s ouve raine té du pa ys , s oit immé dia te ment s uspe ndue jusqu’à c e que c e lle s -ci s oient retirée s . Ques tions financièr es et éc onomiques 226. Le Groupe re comma nde que le C ons eil dema nde insta mment a ux États M embre s de ce s s e r de soute nir la ba lanc e de s pa ie ments de s pays de la région qui pre nne nt pa rt à l’e xploita tion illé gale des re ss ource s nature lle s de la R é publique dé moc ra tique du C ongo, jus qu’à c e qu’il a it a c quis la c onvic tion que l’e xploitation illéga le de s re ss ource s nature lle s a c e s sé . 227. Le Groupe re comma nde que le C ons eil dema nde à la B a nque mondiale e t a u FM I d’envisa ge r de c es s e r d’éta ye r le budge t de ce s pays jus qu’à la fin du c onflit. Au c a s où il ne s era it pa s dé montré de fa ç on proba nte, da ns le s de ux mois qui s uivront la public a tion du prés e nt ra pport, que c e s pa ys ont c es s é de prendre pa rt à l’exploita tion de s re s sourc es na ture lles de la Ré publique dé moc ra tique du C ongo, la c oopé ration e ntre c e s institutions e t les pa ys c ontre vena nts de vrait être s uspe ndue . La B a nque mondia le e t le FMI de vra ie nt é tablir de s dire c tive s gé né rale s c onc erna nt le ur c oopé ra tion ave c les pays partie s à des c onflits. 228. Le Groupe re comma nde que le C ons eil dema nde insta mment a ux États M embre s qui ont une frontière c ommune a ve c la R épublique dé moc ratique du C ongo ou s e rve nt de pays de tra ns it pour les marc ha ndis e s e t re ss ource s nature lle s qui e n provie nnent, de c ons titue r une c ommis s ion d’enquê te s ur c e lles des a c tivités fina nc ière s et é c onomique s mené e s s ur le ur te rritoire qui ont un rapport a vec la gue rre e n R é publique dé moc ra tique du C ongo, a ins i que de prendre le s me sure s né c e ss a ires pour me ttre fin a ux a c tivités qui c ontribue nt à la pours uite de s hos tilité s . Commerc e des diamants 229. Le C ons eil devra it de mande r à la R é publique dé moc ra tique du C ongo de prendre le s mes ures né ce s s a ire s pour mettre fin à la c irc ula tion illic ite de diama nts e n libé ralis a nt le c ommerc e de s diama nts . Il fa udra it qu’un me ss a ge s a ns é quivoque pa rvienne de la s orte à toutes le s s oc iété s qui s’e mploie nt à faire obsta c le à la libéra lisa tion de s ma rc hé s des miné ra ux. 230. Tous le s dia manta ire s opé ra nt da ns le s te rritoires oc cupé s pa r de s forc e s é tra ngè re s de vraie nt immédia teme nt c e s se r de tra ite r ave c les rebe lles , le B urundi, l’Ouga nda e t le R wanda . Au c as où ils ne le fe raie nt pa s , de s me s ures devra ient ê tre pris e s pa r l’inte rmédia ire du C onse il mondial du dia mant. La R é publique du C ongo e t la R épublique ce ntrafric aine de vra ie nt prendre le s mes ures né ce s s a ire s pour mettre un te rme a u s outie n dont bé né ficie le c omme rc e de diama nts illicite e t de dia mants de la gue rre . 231. Le Groupe s ous c rit e n outre à toute s les re comma nda tions rela tive s a ux diama nts que le Groupe d’expe rts c ons titué e n a pplica tion de la rés olution 1306 (2000), pour é tudier la que stion du c omme rce de s diama nts e t de s a rme me nts e n re lation a ve c la Sierra Le one , a formulé e s a ux pa ra gra phe s 155 à 166 de s on ra pport (S/2000/1195) e n c e qui c onc e rne le s dia mants , à s a voir nota mment : a) Qu’il devra it ê tre e xigé de la R épublique dé moc ra tique du C ongo et de tous le s autre s pa ys e xporta teurs de diama nts de la région qu’ils a ppliquent, da ns le s s ix mois , de s s ys tème s de c e rtifica tion a nalogues à ce lui a dopté pa r la Sie rra Le one ; b) Que le s gra nds c entre s de né goc e s ’e nte ndent pour ha rmonise r les é c ritures c onc e rnant les importa tions de diama nts bruts e t a dopte nt un s ys tè me qui fa s se c laire ment a ppa ra ître aus s i bie n le pays de prove na nc e que le pa ys d’origine ; c) Que tous le s pa ys qui importent de s diama nts bruts , en z one franc he ou non, partic ipe nt a u s ys tè me de « contrôle des bruts »; d) Que l’Union europée nne ne devra it c ompte r que pe u de points d’e ntré e pour les diama nts ; e) Que l’ONU e t le Cons e il mondia l du diama nt de vra ie nt é tablir une commiss ion c ha rgé e de procé de r à un c ontrôle annue l de l’a pplic a tion du s ys tème de c e rtifica tion; f) Que c ha cun des pa ys e xporta teurs de vrait publie r un rapport s ta tis tique s ur s a produc tion a nnue lle e t que tous les rapports a ins i é tablis de vraie nt ê tre c ompilé s pa r le C ons e il mondia l du diama nt e t/ou l’orga ne de ce rtific a tion qui de vra it ré s ulte r du « proc e ss us de Kimbe rley ». Forê ts et bois 232. Le Groupe propos e que les pays a ya nt de s ports ma ritimes ou de s ins ta lla tions de tra ns it rende nt c ompte a u Forum intergouve rne menta l s ur le s forê ts du tra ns it de bois pa r leur territoire . Éta nt donné que le bois e n prove na nc e de la Ré publique dé mocra tique du C ongo trans ite pa r le s ports de M omba s a e t Da r e s-Sa laa m, les Gouve rneme nts ké nye n e t ta nza nie n de vraie nt dé c lare r l’origine du bois e xpé dié à pa rtir de là a u Forum intergouve rneme ntal s ur le s forê ts e t lui faire te nir le s c e rtifica ts conc e rna nt c e bois . 233. Le Groupe re comma nde que le Fo ru m intergouve rneme ntal s ur le s forê ts unifie les diffé rents s ystè me s e t proc é dure s de c ertifica tion du bois . Le s ystè me de c ertifica tion de vra it ê tre fondé s ur l’ens e mble de princ ipe s, c ritè re s e t indic ate urs re tenus pa r le Groupe intergouve rne menta l s pé cia l sur les forêts e t le Forum inte rgouve rne me nta l sur les forêts . Il devra it ê tre e nvis a gé d’é tablir de nouve aux c ritè res a pplic a ble s e n c e qui c onc e rne le « bois de la guerre ». Le Forum intergouve rneme ntal s ur le s forê ts de vra it de ve nir ou dé signe r l’unique orga ne ha bilité à c ertifier le bois. La c ompos ition de c e t organe devra it re fléte r la dive rs ité de s a ge nts e t de s inté rêts en je u, de mê me que la s péc ificité de s régions. La mis e e n plac e d’un dis positif unifié de c e ge nre pe rmettrait d’éviter que la codifica tion ne tombe da ns le laxis me e t que de s orga ne s c e rtifica te urs pureme nt c ommerc iaux ne dé livre nt de s c e rtifica ts ou ne s oie nt te nté s de le fa ire. Le Groupe e xhorte le C ons e il à déc la rer le bois e t les produits fores tiers non ligne ux e n prove nanc e de s z one s de c onflit « bois e t produits fore s tie rs non ligne ux de la guerre ». Le s pa ys importa teurs de bois non c e rtifié de vra ie nt é tablir de s dire c tive s minimale s e t ins titue r des s a nc tions a pplic a ble s aux s oc ié tés qui importe nt du bois e t de s produits fore s tiers non ligne ux de pa ys en guerre ou a ux pris e s a ve c une gue rre c ivile da ns laque lle intervient la ré partition des re ss ource s nature lle s . le s force s a rmé e s rwa nda is e s, ouga nda is e s et burunda is e s et le urs a llié s , s oient inde mnis é s pa r les États c onc e rné s . Les biens confisqué s de vraie nt é gale me nt ê tre re stitués à leurs proprié ta ire s légitime s . Le s Gouve rne ments burunda is , ouganda is e t rwa ndais e t le urs a llié s de vraie nt inde mnis e r le s s oc iété s dont les biens e t le s s toc ks de ma tière s pre mière s – colombota ntalite, c a ss ité rite , or, bois et a utre s – ont é té c onfis qué s ou s a isis e ntre 1998 et 2000. Le C onse il pourra it é tudie r la ques tion de sa voir c omment le B urea u du C oordonna teur rés ident des Na tions Unie s à Kins ha sa pourra it a ider à rec ue illir le s élé me nts d’informa tion voulus touc hant les de mande s qui s e ra ient pré s e nté e s à c e t i t r e. 234. Le Groupe propos e , c omme s uite à la déc la ration du G-8 s ur la lutte contre l’e xploitation fores tiè re illéga le fa ite e n 1998, e t da ns le droit fil des disc us s ions qui s e pours uive nt au s ujet des « produits du bois de la guerre », qu’il s oit donné pour manda t a u Forum intergouve rneme ntal s ur le s forê ts de : 237. L’UNESC O, a gis s a nt e n colla bora tion a ve c le PNUE, le s e c réta riat de la Conve ntion s ur le c omme rc e interna tiona l de s e s pè ce s de fa une e t de flore sa uva ge s me na c é e s d’e xtinc tions e t les ONG oe uvra nt e n R é publique démoc ratique du Congo, de vrait éva luer l’ample ur de s dommage s c a us és da ns la ré s e rve de Ga ramba , le pa rc na tiona l de Ka huz i-B iega , la rés e rve de la fa une d’oka pis e t le pa rc de s Virunga , et propos e r de s s a nc tions à pre ndre c ontre les gouve rne me nts de s pa ys dont le s s olda ts ont pris part a u ma s sa c re d’a nima ux a ppa rte na nt à de s e s pè ce s mena c é es . a) R e cue illir, en c olla boration a ve c divers e s ONG, l’information e xista nt e n c e qui c onc erne l’exploita tion fores tière illé ga le e t le s « produits du bois de la gue rre » da ns le monde; b) Publie r c ha que a nné e une liste des pa ys prena nt pa rt a u c omme rce illéga l de bois e t de « produits du bois de la gue rre »; c) Soume ttre un ra pport a nnue l à l’As s e mblé e gé né ra le de s Na tions Unie s . 235. Le Groupe re comma nde que le s pa ys de tra ns it e t de de stina tion fina le du bois comme rcia lis é e xige nt de s s ocié té s d’e xploitation fores tiè re qu’elle s produis e nt le s c e rtifica ts d’origine du bois trans itant par le ur te rritoire ou y e ntra nt. C e s pa ys de vraie nt c ommuniquer la c opie de s c e rtific ats a ins i obte nus a u gouverne ment du pa ys d’origine da ns le s trois jours . Les pays qui omettra ient d’applique r la c ons igne s e raie nt te nus pour c omplic e s e t figure raie nt pa rmi c e ux fa c ilita nt le c ommerc e de « bois illic ite » e t de « produits du bois de la gue rre » qui s e raie nt é numéré s da ns le rapport du Forum intergouve rneme ntal s ur le s forê ts . Ré paration et indemnisation 236. Le Groupe re comma nde que le s pa rtic uliers , notamme nt le s e xploita nts a gricole s , le s groupe s re ligie ux e t le s soc ié tés dont les biens , le bé tail et le s c ulture s ont é té endommagé s , pillés ou e xpropriés pa r Cadre pour la re construction 238. Le C ons eil donne rait pour manda t à une c ommis s ion de s Na tions Unie s d’a ide r le Gouve rne ment de la R é publique démoc ratique du Congo à gé rer la tra ns ition da ns le s ré gions pré c é de mme nt oc cupé e s e t la dotera it de s moyens néc e s s aire s pour c e faire . La C ommis sion a ide ra it à c onc e voir e t à mettre e n plac e le c a dre juridique e t a dminis tratif requis e t à c ré er un c limat propic e à l’ac tivité é conomique . La C ommis sion aide rait é gale me nt à cré e r le s conditions né c e ss a ires pour re nforc er l’autorité de l’État e t lui pe rmettre de mieux a s sure r la s éc urité s ur le territoire na tiona l. Généralités 239. Le Groupe re comma nde que le C ons eil e nvis a ge de me ttre en plac e une insta nc e interna tiona le c ha rgé e d’enquê ter s ur le s a c tivité s é c onomique s c riminelle s d’individus (te ls que Ka le b Aka ndwa na ho, a lia s Salim Sa leh, Je a n-Pie rre B e mba , J ame s Ka z ini, M bus a Nyamwis i, Atee nyi Tiba sima , R oge r Lumba la , M me Az iza Kuls um Gula mali et le s a utres nommé s da ns le prés e nt ra pport), a ins i que de pours uivre les inté re ss é s , de mê me que les s oc ié tés e t le s age nts de l’Éta t dont le s a c tivités é c onomique s et fina nc ière s nuis e nt direc te ment ou indirec te ment à de s ge ns s a ns pouvoir ou à l’éc onomie fragile du pa ys . 240. Le Groupe re comma nde que le C ons eil e nvis a ge de me ttre en plac e un dis pos itif pe rma ne nt qui s e rait c ha rgé d’enquê ter s ur le tra fic de re s s ourc e s na ture lles da ns le s s itua tions de c onflit armé , de faç on à s uivre les doss ie rs dont s ont dé jà s a is is d’a utres groupe s , te ls que ce ux sur l’Angola, la R é publique dé moc ra tique du C ongo e t la Sierra Leone . 241. Le s Éta ts M e mbre s de vraie nt ê tre e nc oura gé s à a dopte r une légis lation qui inte rdis e a ux soc ié tés a ya nt le ur s iège dans leur territoire d’importe r ou d’exporte r de s re s sourc es na ture lles e n prove na nce ou à de stina tion de pa ys e nva his s e urs . Sécurité 242. Le Groupe de mande ins tamme nt a u Cons e il de te nir le s gouve rne ments de s pa ys pa rties a u c onflit e n R é publique démoc ratique du Congo, de même que les mouve me nts rebe lles e t le s militaire s c ité s da ns le ra pport, re s pons a ble s de tout tort c a us é à l’un quelc onque des me mbre s du Groupe . Le Cons e il de vra it e ncoura ge r les diffé rents pa ys à c ontinuer de ve ille r à la s é curité de cha c un de s me mbres du Groupe bien a prè s que c e lui-c i a ura é té dis s ous . Le C onse il de vra it e nga ge r le Se c réta ire gé néra l à pre ndre les dis pos itions né ce s s a ire s pour continue r d’a s s ure r la s é curité de s me mbre s du Groupe bie n a prè s que c e lui-c i aura été diss ous . Le Groupe a é té informé d’a c tes de ha rcè le ment c ommis à B unia e t da ns d’a utre s loc a lité s à l’e nc ontre d’individus qui a ura ie nt é té e n conta ct a vec c e rta ins de s e s me mbre s . Le C ons e il de vrait tenir le s autorité s du R wanda , de l’Ouga nda , du R C D e t du FLC re s pons a ble s de tout tort c a us é à des té moins qui ont dépos é de va nt le Groupe . Annexe I Échantillon de sociétés qui importent des minéraux de la République démocratique du Congo via le Rwanda Société Pays de destination Marchandise Cogem Belgique Cassitérites Muka-Entreprise Belgique Cassitérites Issa Allemagne Cassitérites Chpistopa Floss Allemagne Cassitérites Redemi Rwanda Cassitérites Banro-Resources Corp. Malaisie Cassitérites Coltan Canada Cassitérites Bharat République-Unie de Cassitérites Tanzanie Extano-Office Rwanda Coltan Coopimar Rwanda Coltan Geologistics Hanover Allemagne Coltan Rwasibo-Butera Suisse Coltan Eagleswings Pays-Bas Coltan Veen Pays-Bas Coltan Soger Belgique Coltan Patel Warehouse Pays-Bas Coltan Afrimex Royaume-Uni Coltan Pays-Bas Cassitérites Pays-Bas Coltan Belgique Coltan Belgique Coltan Belgique Cassitérites Belgique Étain Chimie Pharmacie Sogem Société Pays de destination Marchandise Cogecom Belgique Coltan Belgique Cassitérites Cogea Belgique Coltan Panalpina Kenya Coltan Tradement Belgique Coltan Belgique Cassitérites Ventro Star Royaume-Uni Coltan Raremet Inde Coltan Finconord Pakistan Coltan Finiming Ltd. Belgique Coltan Finconcorde Fédération de Russie Cassitérites Coltan Patel Inde Cassitérites Cicle International Belgique Coltan Masingiro Allemagne Coltan Union-Transport Allemagne Coltan Specialty Metal Belgique Coltan MDW Belgique Cassitérites Coltan Trasintra Belgique S o u r c e : A d m i n i s t r a t i o n fi s c a l e du R w a n d a . Cassitérites Annexe II Liste des pays visités et des représentants des gouvernements et organisations rencontrés Le Groupe d’expe rts s ur l’e xploitation illéga le de s res s ourc e s na turelle s e t autre s riche s s es de la R épublique dé moc ratique du C ongo s ouha ite e xprime r sa profonde re conna is s a nce a ux fonctionna ire s, diploma tes , repré se nta nts d’orga nis a tions non gouve rneme ntale s , a ge nts humanitaire s , journa liste s et a utre s pe rs onne s qui l’ont aidé da ns s e s e nquê te s e t ont pe rmis l’é la bora tion du pré se nt rapport. Le Groupe s ouha ite re merc ie r e n pa rticulie r la Mis s ion de l’Orga nis ation de s Na tions Unie s e n Ré publique dé mocra tique du C ongo (M ONUC ), e t spé c iale me nt l’Amba s sa de ur Ka mel M orja ne ; l’Office de s Na tions Unie s à Na irobi, e t spé c iale me nt M . Kla us Töpfer e t M . Ale xa nde r Ba ra banov; e t le B urea u du R e prés e ntant spé c ial du Se cré ta ire géné ra l pour la région de s Gra nds La cs de l’Afrique , e t spé c iale me nt l’Amba s sa de ur B e rha nu Dinka . Pa rmi les pa ys impliqués da ns le c onflit e n R é publique dé moc ra tique du C ongo, le Groupe s ouha ite noter e n pa rticulier la c oopéra tion qu’il a re ç ue de la R é publique de l’Ouga nda , qui a fourni a u Groupe toutes les informa tions qui ava ie nt é té de mandé e s. La lis te c i-aprè s e s t inc omplè te a fin de res pe c ter les voeux de c e ux qui ont de mandé l’a nonyma t, e n pa rticulier de s c itoye ns c ongola is qui ont mis le ur vie e n da nge r en fournis sa nt de s informations a u Groupe. Afrique du Sud Re pré s e ntants du Gouver neme nt M inis tè re de s a ffa ire s étra ngè re s Autre s Anglo-Americ an D e B e e rs Angola Re pré s e ntants du Gouver neme nt Vice -M inis tre de s re la tions e xté rie ures Vice -M inis tre de s fina nc e s M inis tre du pé trole M inis tre de la gé ologie e t de s mine s Or ganis mes e t bur eaux des Nations Unies R e pré s e nta nt du Sec ré taire gé né ral e t C he f de la M is sion de s Nations Unies e n Angola Bureau des Nations Unies en Angola B e lgique Re pré s e ntants du Gouver neme nt M inis tè re de s a ffa ire s étra ngè re s M inis tè re de s c ommunic ations, Adminis tra tion de l’a é rona utique M inis tè re de s financ e s M inis tè re de l’é c onomie C a bine t du Vic e-Pre mie r Minis tre e t M inis tre de s affa ire s étra ngè re s Adminis tra tion de s douane s et a c cis e s Office be lge du c ommerc e e xté rie ur Or ganis ations internationale s Euros ta t Orga nis ation mondiale de s doua ne s Autre s B e lgola is e B HP Dia monds a nd Mine rals BHV D i am o n d H i g h C o u n ci l Inde pe nde nt Dia mond Va lua tors Institut de politique et de ge s tion du dé veloppeme nt La nge r Dia monds Nordis ka Afrika ins titute t (Ins titut nordique pour l’Afrique ) M usé e roya l d’Afrique ce ntrale , Dé pa rteme nt de gé ologie e t de minéra logie Swis s C a rgo Fé dé ra tion mondia le de s bourse s de diama nt B u ru n d i Re pré s e ntants du Gouver neme nt S. E. le ma jor Pierre Buyoya, Prés ide nt de la R épublique du B urundi M inis tre de l’a griculture e t de l’éle vage M inis tè re de s financ e s M inis tre de s rela tions e xté rieure s e t de la coopé ration M inis tre de l’a mé na ge ment du te rritoire e t de l’environne ment M inis tre de s tra nsports, poste s et té léc ommunic ations Re pré s e ntants d’É tats B e lgique États -Unis d’Amé rique F r an c e R é publique démoc ratique du C ongo Or ganis mes e t bur eaux des Nations Unies e t or ganis ations inter nationale s M O NU C B urea u du R e pré s e nta nt s pé c ial du Se c réta ire gé né ra l a u B urundi P N UD B a nque mondiale É tats -Unis d’Amé r ique Re pré s e ntants du Gouver neme nt Dé pa rte ment d’Éta t B urea u de s a ffa ire s afric aine s B urea u de s a ffa ire s conc e rna nt le s orga nis a tions inte rnationale s C ynthia M c Kinne y, me mbre du C ongrè s, c inquiè me Distric t, Gé orgie Or ganis mes e t bur eaux des Nations Unies UNESC O et Fonda tion pour le s Na tions Unies /W hite Oa k C onfe renc e Or ganis ations internationale s B a nque mondiale Autre s Oregon Ce rtific a tion Group Smartwood Unive rs ity of M a ryla nd Fr anc e Re pré s e ntants du Gouver neme nt M inis tè re de s a ffa ire s étra ngè re s M inis tè re de la défe ns e M inis tè re de l’é c onomie , de s fina nce s e t de l’indus trie – Dire c tion du tré sor Agenc e fra nç ais e de dé ve loppe me nt Inspe c teur géné ra l de l’a viation c ivile e t de la mé téorologie Direc tion gé né ra le de s doua ne s e t droits indire cts – Sous -Dire ction de l’Union douaniè re e t de la c oopé ration inte rna tiona le B urea u de re che rc he s géologique s e t miniè res (B RGM ) Or ganis ations internationale s Orga nis ation de c oopé ration e t de dé veloppeme nt é c onomiques (OCDE) Kenya Re prése ntants du Gouvernement M inis tè re de s a ffa ire s étra ngè re s Adminis tra tion portua ire du Ke nya Re prése ntants d’États B e lgique Fé dé ra tion de R us sie F r an c e J a pon R é publique démoc ratique du Congo R oya ume -Uni de Grande -Bre ta gne e t d’Irla nde du Nord R e pré s e nta nt s pé c ial du R oyaume -Uni pour la ré gion des Grands La c s Zimba bwe Organisations internationales B urea u du Fa cilitate ur du proc e s sus de pa ix e n Ré publique dé mocra tique du C ongo Organismes e t bureaux des Nations Unies M O NU C B urea u de la c oordina tion des a ffa ire s huma nita ires B urea u du R e pré s e nta nt s pé c ial du Se c réta ire gé né ra l pour la région de s Gra nds La c s P N UD P N UE Office de s Na tions Unie s à Na irobi Autres organismes Interna tiona l C risis Group (IC G) Namibie Re pré s e ntants du Gouver neme nt M inis tre a djoint de s a ffa ire s étra ngè re s , de l’information e t de la diffusion M inis tre de s fina nc e s M inis tre a djoint de la dé fe ns e M inis tre de s mine s e t de l’éne rgie M inis tre de l’a griculture, de l’e au e t du déve loppe me nt rural M inis tre de l’e nvironneme nt e t du touris me Re pré s e ntants d’É tats C hine États -Unis d’Amé rique Fé dé ra tion de R us sie F r an c e R oya ume -Uni de Grande -Bre ta gne e t d’Irla nde du Nord Ouganda Re prése ntants du Gouvernement S. E. Yowe ri Ka guta M use ve ni, Prés ide nt de la R épublique de l’Ouga nda Adminis tra tion de l’a via tion civile Adminis tra tion fisc a le M inis tre de l’a griculture M inis tre de la dé fens e M inis tre de l’é ne rgie et de la mis e e n va leur des re ss ource s miné ra les M inis tre d’État c ha rgé de l’environne ment, de s res s ourc e s e n e au e t de s a ffa ire s fonc ière s Pre mie r Vic e -Pre mier M inis tre e t Minis tre des a ffa ire s étra ngè re s M inis tre de s fina nc e s M inis tre d’État c ha rgé de la pla nific ation e t des inve s tiss e me nts M inis tè re de s tra va ux publics , des trans ports e t de s c ommunic a tions C omité pa rle menta ire pour les a ffa ire s pré s ide ntielle s e t les a ffa ire s étra ngè re s Vice -Prés ide nt de la R épublique de l’Ouga nda Re prése ntants d’États B e lgique Da ne ma rk Fé dé ra tion de R us sie F r an c e I t al i e R oya ume -Uni de Grande -Bre ta gne e t d’Irla nde du Nord Envoyé spé c ial de l’Union e uropé enne pour la ré gion de s Grands La c s Organismes des Nations Unies B urea u de la c oordina tion des a ffa ire s huma nita ires P N UD C hefs de s e c réta riat des orga nis mes des Na tions Unie s à Kampa la Mé dias Ea st Afric a n M onitor Ne w Vis ion R a dio Ouga nda Top R a dio Té lévis ion ouga ndais e Ré publique démocratique du Congo Re prés entants du Gouvernement S. E. le gé néra l de divis ion J os eph Ka bila , Pré s ide nt de la R é publique dé moc ra tique du C ongo C ommis s aria t gé né ral du Gouve rne ment cha rgé des a ffa ire s de la M ONUC B a nque na tiona le du C ongo B a nque ce ntrale Dé pa rte ment de s forê ts Direc tion gé né ra le de s c ontributions (DGC ) Direc tion gé né ra le de s re c e tte s adminis tra tive s , judicia ires , doma niale s e t de pa rtic ipa tions (DGR AD) Institut c ongola is pour la c ons erva tion de la na ture (IC CN) M inis tre de s a ffa ire s fonc ière s , de l’environne ment, de la c onse rva tion de la na ture et du dé ve loppe ment touristique M inis tre de l’a griculture e t de l’éle vage M inis tre de s droits humains M inis tre de l’é c onomie, du c ommerc e et de l’indus trie M inis tre de l’é ne rgie M inis tre de s fina nc e s et du budget M inis tè re de s mines M inis tre d’État c ha rgé du pétrole M inis tre de s tra nsports e t communic a tions Office de s douane s et a c cis e s (OFIDA) Re prése ntants d’États B e lgique C hine États -Unis d’Amé rique F r an c e I t al i e C orps diplomatique de Kins has a Organismes e t bureaux des Nations Unies FA O B urea u du R e pré s e nta nt s pé c ial du Se c réta ire gé né ra l M O NU C B urea u de la c oordina tion des a ffa ire s huma nita ires Ha ut C ommis s aria t de s Na tions Unies a ux droits de l’homme P N UD HCR UNICEF PA M OMS Autres organismes C OSLEG Holding Fé dé ra tion des e ntre pris e s du C ongo (FEC ) Ge orge s Forres t Inte rnational Gouve rneur du Sud-Kivu e t dire c teurs provinc ia ux Obse rva toire gouve rnanc e -tra ns pa re nce (OGT) Groupe de s ocié té s Kotec ha M ouve me nt de libé ration du Congo S o ci é t é O l i v e R a ss e mbleme nt c ongola is pour la dé moc ra tie -Goma R a ss e mbleme nt c ongola is pour la dé moc ra tie -M L/Kisa nga ni T r af c a W orld R e sourc es Institute Royaume -Uni de Gr ande Br e tagne e t d’I rlande du Nor d Re pré s e ntants du Gouver neme nt Foreign a nd C ommonwe alth Office Autre s C luff M ining D e B e er s The Ec onomist Orga nis ation inte rna tiona le du c afé C ons e il mondial du dia mant Rwanda Re prése ntants du Gouvernement S. E. le gé néra l de divis ion Pa ul Ka ga me , Pré s ide nt de la R é publique r w an d a i s e C hef d’éta t-major M inis tre de l’é ne rgie , de l’ea u et de s re s sourc es na ture lles M inis tre de s a ffa ire s étra ngè re s M inis tre de s fina nc e s et de la planifica tion é c onomique M inis tre de l’a griculture, des forêts et de l’é leva ge M inis tre de s tra vaux public s, de s tra ns ports e t de s communic a tions M inis tre de l’é ne rgie , de s mine s e t des re ss ource s e n e a u M inis tre de s a ffa ire s fonc ière s , de s réins talla tions e t de l’e nvironneme nt B a nque na tiona le du R wanda Se cré ta ire géné ra l a u comme rce , à l’indus trie e t a u tourisme Adminis tra tion fisc a le du R wa nda Re prése ntants d’États Allema gne B e lgique C a na da C hine États -Unis d’Amé rique Fé dé ra tion de R us sie F r an c e Pa ys -B a s R oya ume -Uni de Grande -Bre ta gne e t d’Irla nde du Nord Suis s e B urea u de la dé lé ga tion de l’Union e uropé e nne Organismes e t bureaux des Nations Unies C EA FA O C hefs de s e c réta riat des orga nis mes des Na tions Unie s re prés e ntés a u R wa nda Tribuna l péna l inte rna tiona l pour le R wa nda M O NU C B urea u de la c oordina tion des a ffa ire s huma nita ires P N UD Suis s e Re pré s e ntants du Gouver neme nt M inis tè re s uis s e de s a ffa ire s étra ngè re s , C he f de la Direc tion politique Adminis tra tion fé dé ra le s uiss e Orga nis a tions inte rnationale s Orga nis ation mondiale du c omme rc e Autre s Socié té gé né rale de s urve illanc e Z imbabwe Re pré s e ntants du Gouver neme nt Se cré ta ire princ ipa l a ux a ffa ire s étra ngè re s M inis tre de l’é ne rgie et de s mines Direc te ur gé né ra l de l’Administra tion de l’a via tion c ivile Re pré s e ntants d’É tats B e lgique C hine États -Unis d’Amé rique Fé dé ra tion de R us sie F r an c e R oya ume -Uni de Grande -Bre ta gne e t d’Irla nde du Nord Or ganis mes des Nations Unie s e t organis ations inter nationale s P N UD C hefs de se c ré taria t de tous les orga nisme s de s Nations Unies re pré s e nté s a u Z i m b ab w e M é dias Zimba bwe Inde pe nde nt Da ily News Autre s First B a nking C orpora tion Limite d Zimba bwe Trans pa renc y Inte rna tiona l ZimTra de Annexe III Abréviations ADL APR BCD BCDI CEMAC Coltan COMESA COMIEX (1) COMIEX (2) COSLEG RDC FAO CEA FDD FLC FMI FPR GECAMINES IDI MIBA MLC MONUC OCDE OMC OSLEG OMS RCD RCD-Goma RCD-Kisangani RCD-National SOMIGL SOMIKIVU Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre Armée patriotique rwandaise Banque de commerce et de développement Banque de commerce, du développement et d’industrie Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale Colombotantalite Marché commun d’Afrique de l’Est et d’Afrique australe Compagnie mixte d’import-export Générale de commerce d’import-export du Congo Coentreprise entre la COMIEX et OSLEG République démocratique du Congo Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture Commission économique pour l’Afrique Forces pour la défense de la démocratie Front de libération du Congo (fusion du MLC et du RCD-ML) Fonds monétaire international Front patriotique rwandais Générale des carrières et des mines International Diamond Industries Minière de Bakwanga Mouvement de libération du Congo Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo Organisation de coopération et de développement économiques Organisation mondiale du commerce Operation Sovereign Legitimacy Organisation mondiale de la santé Rassemblement congolais pour la démocratie Rassemblement congolais pour la démocratie (basé à Goma) Rassemblement congolais pour la démocratie, basé à Kisangani, puis à Bunia, et désigné comme RCDML Rassemblement congolais pour la démocratieNational, situé à Bafwasende Société minière des Grands Lacs Société minière du Kivu SOMINKI PNUD PNUE HCR UNESCO UNICEF UDEAC UPDF PAM ZANU-PF ZDF Société minière et industrielle du Kivu Programme des Nations Unies pour le développement Programme des Nations Unies pour l’environnement Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture Fonds des Nations Unies pour l’enfance Union douanière et économique de l’Afrique centrale Uganda People’s Defence Forces Programme alimentaire mondial Zimbabwe African National Union Patriotic Front Zimbabwe Defence Forces