4 Au sujet de sous-marins allemands (I) Au sujet de sous

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4 Au sujet de sous-marins allemands (I) Au sujet de sous
Merci d’adresser vos courriers à la rédaction :
Frédéric STAHL, Marijolet, 12 560 ST LAURENT D’OLT et vos mails à [email protected]
Un problème technique sur le texte de la deuxième partie de l’article sur le canon indochinois, nous a obligés à
modifier le contenu du présent numéro. La suite sera donc publiée dans le N°85 de juillet.
Au sujet de sous-marins
allemands (I)
Bonjour. Dans le H.S. numéro 20 de Navires &
Histoire (les sous-marins de la Kriegsmarine),
vous indiquez page 19 :
- U.548 coulé le 19 avril 1945 par USS
BUCKLEY et USS REUBEN JAMES...
Page 20 :
- USS REUBEN JAMES coulé le 31 octobre
1941 par U.552.
Je pense qu’une erreur s’est glissée dans le
texte. J’ai fait quelques recherches ; d’après
le petit livre « German Submarines » de
H.T.LENTON, il est indiqué : U.548 coulé
par USN BOSTWICK, COFFMAN, THOMAS
et NATCHEZ le 30 avril 1945 à l’est du cap
Hatteras.
Je n’ignore pas que d’un livre à l’autre, les
faits et les dates ne correspondent pas toujours
et que les certitudes sont très difficiles. Mais
rendons à César...
Cordialement et sans critiques...
M. Jean Pichon
Merci pour votre sympathique message. Non,
il n’y a pas d’erreur, l’U.548 a bien été coulé
le 19 avril 1945 par les USS Buckley et USS
Reuben James. En effet l’USS Reuben James
coulé le 31 octobre 1941 est le destroyer DD245 de classe « Clemson » alors que celui qui
a coulé l’U.548 est le DE-153 de la classe
« Buckley ». Ce n’est pas l’U.548 qui a été
coulé par les USS Bostwick, USS Coffman,
USS Thomas et USS Natchez mais l’U.879.
Cette erreur est reprise par plusieurs sites dont
Wikipédia.
La rédaction
Au sujet de sous-marins
allemands (II)
Je lis avec grand intérêt le Tome III des
sous-marins de la Kriegsmarine. Encore
bravo et merci. Si vous le permettez,
j’aimerais vous faire partager quelques
remarques sans importance…
Page 6, il me semble que le terme employé
pour les systèmes de détection aéroporté
(MAD) est « détecteur d’anomalies
magnétiques ». C’est le mot utilisé dans
la Marine. Mais on s’en fout. Juste qu’à
l’occasion d’un prochain article….
Page 25, une question sur l’U.566 : la fin
de ce U-boot m’intrigue un peu. Sabordé
et 49 tués. Un suicide collectif ? J’ai du
mal à m’imaginer le scénario. Je serais
heureux que vous puissiez me donner
quelques explications.
Il semble y avoir une petite erreur de mise
en page pour les photos page 61 et 47.
Pas grave.
Page 78 U.754 , même si ce sous-marin
est bien affecté à la 1.Flottille de Brest,
la photo est prise à Lorient. On reconnait
la rive gauche du Scorff en aval du pont
Gueydon, en face de la caserne du
Péristyle qui, avant guerre, était le « 3e
dépôt des équipages ». Il est commun
de définir la zone visible comme étant
Le destroyer d’escadre DD-245 USS Reuben James qui sera coulé le 31 octobre 1941.(USNA)
4
« le champ de manœuvre des Fusiliers
Marins ». En fait, les installations sur
cette rive du Scorff sont du pont Gueydon
vers le large : parc des huiles, centre de
ballons captifs (carte de 1940), centre
d’aviation maritime et ensuite des
poudrières. Effectivement l’ancienne
école était un peu plus à l’intérieur des
terres, la nouvelle aussi.
J’ai un souci concernant les silhouettes
de certains sous-marins. A moins que je
ne me trompe, je trouve…. Voir le tableau
ci-après …
Page
95
100
106
108
109
110
N°
848
858
873
875
883
889
Type
IX D-2
IX C/40
IX D-2
IX D-2
IX D/42
IX C/40
Forme
Pont large
Pont effilé
Pont effilé
Pont effilé
Pont effilé
Pont large
Je remarque que sur les trois type IX D-2,
la forme du pont avant n’est pas la même.
Que deux U-boote de type IX C/40, l’un
le pont effilé, un autre le pont large. Tout
cela sous réserve d’une erreur de ma
part. Je ne maîtrise pas tout. Pourriezvous me donner une petite explication…
SVP. Voilà. Bravo pour ce travail. On
attend la suite.
M. François Pelissier
Navires et Histoire à travers les brèves
Frédéric Stahl
Les brèves du 6 mars au 7 mai 2014
« Voïna i Mir »
« Damas détient la clef de la maison Russie » (Catherine II)
Notre analyse n’était donc pas si mauvaise. Avant, il y avait le temps de guerre et
le temps de paix, mais c’était avant. Il y a déjà pas mal de temps que la guerre n’est
plus le temps séparant un premier acte initial d’agression d’un armistice et que la paix
n’est plus le temps borné entre un traité et une intention à la guerre. Avec la GWOT,
tous les repères ont sauté et aujourd’hui il n’y a plus qu’un temps, celui que nous
pouvons nommer la « guerre-et-paix » (Voïna i Mir en russe) dans laquelle les activités
« pacifiques » sont totalement entremêlées avec les actes de guerre. En 2011, sans
réellement le vouloir, les pays occidentaux engagés en Libye ont bien joué la première pièce d’une immense partie
d’échecs multidimensionnelle. Si les conseillers et autres experts avaient pris la peine d’ouvrir un livre d’histoire,
de déplier une carte et de tenir compte des dernières évolutions sur la scène mondiale, jamais ils n’auraient
entraîner les politiques dans un tel « merdier » mais il est trop tard, la première pièce a été jouée et lâchée. La
complexité de la partie ainsi entamée est telle que dès lors, les pièces vont bouger d’une façon automatique
en Syrie, en Irak, en Egypte, au Mali, en Centrafrique, au Sud-Soudan, en Corée, aux Senkaku/Diaoyu, dans
les îles Spratleys et Paracels…. mais également dans
les officines boursières et financières… Les prises
de position désordonnées des pays occidentaux sur
le dossier syrien, les événements de Kiev et l’arrivée
en Méditerranée de l’USS Donald Cook (voir N&H
n°83), navire symbole d’une sécurité européenne
assurée « from behind » par les Etats-Unis via la
couverture de l’OTAN en pleine crise ukrainienne,
vont amener Vladimir Poutine qui se veut le président
d’une « puissance intégrale » de tenter un coup en
manuel en sortant des automatismes et de rééquilibrer
la partie en jouant la pièce de Crimée…. A ce stade,
il n’est plus temps de gloser et la seule tâche morale
décisive doit consister à éduquer l’imagination morale
et penser, tant qu’il en est encore temps une éthique
de la non-puissance…
Vladimir Poutine n’est pas un Staline-bis, ni un Koutouzov-bis mais
bien plutôt le fils caché de la grande Catherine II. (DR)
7
1 - Le jeudi 6 mars,
jour où nous avons rendu notre
précédente copie et où la frégate
ukrainienne U 130 Hetman Sahaidachny rejoignait le port d’Odessa (1), la situation en
Crimée était pour le moins chaotique. Ce même jour, les Russes avaient ainsi sabordé le
bâtiment-base de plongeurs de 240 t (type « Yelva ») VM-416 (BM-416) désarmé en 2009
à côté de l’Ochakov coulé la veille (voir N&H n°83)… Les unités de la marine ukrainienne
présentes dans les bases de la péninsule se retrouvaient donc toutes bloquées dans les baies de
Sébastopol ou dans le lac Donuzlav. Ce 6 mars, 38 bases ou infrastructures des forces armées
ukrainiennes, en particulier les bases aériennes et les batteries de missiles antiaériens, sont
déjà aux mains de soldats russes alors que la Chine, embarrassée car elle tient au principe
d’inviolabilité des frontières, demande à la Russie de faire vite et d’éviter les affrontements…
1 – Le 28 février, cette frégate, avec à son bord le contre-amiral Andrey Tarasov, ne s’est donc par
rebellée contre les nouvelles autorités de Kiev mais contre l’annonce de la nomination de l’amiral
Denis Berezovsky.
Le contre-amiral Denis
Berezovsky, proche des
Russes, ne va rester que
36 heures à la tête de
la marine ukrainienne.
(DR)
Le 2 mars, le contreamiral Serhiy Haiduck,
proche de l’OTAN, va
remplacer Berezowsky à
la tête de ce qu’il reste de
la marine ukrainienne.
(DR)
8
2 - A ce stade, Poutine
et les autorités russes peuvent se satisfaire de l’annexion de la Crimée mais la
« crise ukrainienne » entre dans une nouvelle phase où toutes les institutions
publiques, semi-publiques et privées entrent en ligne et que de nombreux paramètres entrent en jeu : démographie, agences de notations,
city de Londres, énergie et en particulier gaz de schiste, pressions économiques, projet de Trans-Atlantic Free Trade Agreement (TAFTA),
politiques monétaires, gesticulations militaires, mouvements de navires, guerre des images avec de nombreux documents photographiques et
cinématographiques postdatés ou pris dans d’autres régions du monde, publication de cartes pseudo-didactiques fausses sans oublier le recours
à la bonne vieille propagande (les responsables ukrainiens, russes et autres n’hésitant pas à mentir comme des arracheurs de dents). Dans un
tel contexte, la Russie demande l’application des accords signés à Kiev le 21 février par trois ministres des affaires étrangères de l’UE et ne
reconnaît pas les nouvelles autorités mises en place le 22 et issues, pour elle, d’un coup d’état. A ce stade, une solution de compromis entre
l’UE et la Russie est encore possible mais c’est sans compter sur la stratégie « from behind » de l’administration américaine…
Le mercredi 26 mars, en mer Noire, le
collecteur de renseignements russe SSV201 Priazovye croise à moins de 4 milles
au large de Strilkove (Kherson) alors que,
près d’Henishesk, des soldats ukrainiens
prennent le contrôle de la station d’aide
à la navigation « Mars-75 » utilisée par
la « Flotte russe de la mer Noire »…
Deux unités ukrainiennes, le 1er bataillon
d’infanterie de marine de Féodossia
et la 1re compagnie de parachutistes
de Perevalny (Perevalne), quittent la
Crimée mais les Russes mettent la main
sur un grand nombre de véhicules et en
particulier de chars T-64 à Perevalny …
L’Alizé franchit les détroits turcs pour entrer
en mer Noire… Sous la pression du FMI,
les autorités ukrainiennes annoncent une
augmentation du prix de facturation du gaz
livré à la population de 50% à partir du 1er
mai… En Méditerranée, débute l’exercice
« Noble Dina » avec les destroyers DDG-61
USS Ramage, DDG-75 USS Donald Cook,
le pétrolier-ravitailleur T-AO-189 USNS
Lenthall, un P3C Orion du Patrol Squadron
9 et des unités grecques et israéliennes…
En Egypte, le maréchal Abdel-Fattah alSissi donne sa démission de l’armée pour
se présenter à la présidentielle (en grande
tenue militaire)… En Extrême-Orient,
en réponse au « Sommet USA-Corée du
Sud-Japon » à La Haye, la Corée du Nord
tire deux missiles balistiques à moyenne
portée Nodong… En Syrie, les forces
gouvernementales lancent une puissante
contre-offensive au nord de Lattaquié. En
moins de 48 heures, les « rebelles » vont
perdre près de 500 hommes…
Le jeudi 27 mars, en Crimée, la Russie
déploie une unité de chars dans le nord
de la péninsule et 40 000 hommes près
de la frontière Est de l’Ukraine. L’aviation
ukrainienne engage de son côté près de
Le 27 mars plusieurs trains chargés de chars russes venant de Kertch arrivent à Krasnoperekopsk
(Dzankoj) dans le nord de la Crimée. (DR)
cent chasseurs Mig-29, Sukhoi Su-27,
23 appareils d’attaque Sukhoi Su-24, 39
L-39 Albatross et des batteries de missiles
A Buk-M1, S-300V1 et S-300PS dans un
large exercice de défense aérienne… Aux
Philippines, au terme de 17 années de
négociation un accord de paix est signé
avec des représentants de la rébellion
musulmane (en particulier du Front Moro
islamique de Libération). Il accorde une
autonomie à l’île de Mindanao… En
Extrême-Orient, le porte-hélicoptères
LHD-6 USS Bonhomme Richard, les
transports de chalands de débarquement
LPD-9 USS Denver, LSD-48 USS Ashland,
le destroyer DDG-83 USS Howard et
des navires sud-coréens, dont le portehélicoptères LHD-6111 Dokdo, débutent
l’exercice « Ssang Yong » au large de la
Corée du Sud…
Le vendredi 28 mars, le porte-avions CVN75 USS Harry S. Truman franchit le canal
de Suez pour entrer en Méditerranée …
Le norvégien Jens Stoltemberg remplace
le danois Anders Fogh Rasmussen à la
tête de l’OTAN. Il ne prendra néanmoins
officiellement ses fonctions qu’en octobre…
En Inde, un missile Prithvi-II est tiré avec
succès depuis le polygone de Chandipur
dans l’Orissa… En France, le BPC(R) n°1
Vladivostok est de retour à Saint-Nazaire.
Ce même jour, le porte-avions R 91 Charles
de Gaulle quitte Toulon pour la qualification
à la mer des pilotes de chasse…
Le samedi 29, la Russie annonce qu’elle
va restituer à l’Ukraine 250 véhicules et
blindés pris en Crimée et que le retour
d’autres matériels pourra être négocié…
Presque tous les navires de la flotte
russe de la mer Noire sont de retour à
Sébastopol coupant court à une rumeur
sur une possible opération amphibie à
Odessa sous couvert d’un exercice en
Transnistrie …
Le dimanche 30 mars, une rencontre
improvisée se déroule à Paris entre
Sergueï Lavrov et John Kerry officiellement
pour tenter de faire tomber la tension mais,
dans les faits, pour entériner un bras de
fer diplomatique entre la Russie et les
Etats-Unis, dans le cadre duquel l’UE
devient un simple instrument . La Russie
pour qui il n’est pas question de remettre
en question l’intégration de la Crimée au
sein de la Fédération, prône une Ukraine
fédérale, solution bien entendue rejetée
par les autorités de Kiev. Le deal russe
est simple : « soit une Ukraine fédérale,
soit, à terme, une Ukraine qui, d’une
façon ou d’une autre, sera amputée de
tout le bassin du bassin du Donbass,
Les porte-hélicoptères LHD-6111 Dokdo et LHD-6 USS Bonhomme Richard, le 27 mars
participent à l’exercice « Ssang Yong ». (Photo Michael Achterling – US Navy)
29
l’Armée ukrainienne engage maintenant
des éléments de quatre brigades contre
les « rebelles du sud-est », sans compter
les unités du SBU et de la nouvelle garde
nationale qui reçoit ce même jour ses dix
premiers BTR-4 directement livrés par le
constructeur. Dans la soirée, les « insurgés
du sud-est »reçoivent le renfort d’un groupe
de volontaires composé de Cosaques de
Crimée … Ce même jour, en Pologne, des
paras américains, canadiens et polonais
débutent un exercice qui doit se prolonger
jusqu’au 9 alors que les chasseurs de mines
français M 642 Cassiopée et M 647 Aigle
arrivent à Gdynia. Ils doivent reprendre la
mer le 8 pour participer à l’exercice OTAN
« Open Spirit » qui doit se dérouler du 12
au 22 mai.… En Méditerranée, un voilier
et une petite embarcation transportant au
moins 65 migrants coulent en mer Egée
au large de Samos. Le bilan du naufrage
serait d’au moins 22 morts… La frégate
D 615 Jean Bart est de retour à Toulon…
Au Sud-Soudan, alors que les combats
continuent à faire rage dans la région de
Bentiu et alors que la tournée diplomatique
africaine du premier ministre chinois
succède de peu, et ce n’est pas un hasard,
à celle de Kerry, sous pression américaine,
le président Salva Kiir déclare qu’il accepte
de former un gouvernement intérimaire
d’union avec Riek Machar. A ce stade du
conflit avec ses dizaines de milliers de
victimes, cette annonce paraît, à première
vue, pour le moins absurde (il faut dire
que Kerry a annoncé que les Américains
allaient prendre des sanctions contre deux
généraux, un dans chaque camp)… Au
Nord-Soudan, deux navires de guerre
iraniens, la frégate N°73 Sabalan, le
pétrolier-ravitailleur N°422 Booshehr, font
escale à Port Soudan sous surveillance
israélienne…En Centrafrique, 450 km
au nord de Bangui, un détachement de la
force « Sangaris » affronte une quarantaine
de «rebelles » à l’arme lourde dans les
environs du village de Boguila (Nanga
Boguila). Le commandement français
fait intervenir des Mirage 2000D basés à
N’Djamena qui pulvérisent littéralement la
« colonne ennemie »…
Le mardi 6 mai, en Ukraine, les combats
se poursuivent autour de Slaviansk et
à Andriivka, un village au sud-ouest
de Kramatorsk mais dans les villes de
Slaviansk et Kramatorsk la situation est
calme et les « rebelles » profitent de
l’accalmie pour renforcer leurs positions
et les barrages
routiers avec des
blocs de béton. Le
bilan est de 8 morts
et 16 blessés… A
Lougansk, des « fédéralistes » remettent
en marche un char T-34/85 descendu du
piédestal sur lequel il était installé comme
« pot de fleurs » (5)… Les 47 ministres
des affaires étrangères du Comité des
ministres du Conseil de l’Europe, dont le
russe Sergueï Lavrov et l’ukrainien Andrii
Dechtchitsa, se réunissent à Vienne pour
« éviter la guerre civile ». Moscou regrette
que les pays occidentaux ne soient pas
prêts à reconnaître le sud-est de l’Ukraine
en tant que participant à part entière au
dialogue national inter-ukrainien… Berlin
recommande aux ressortissants allemands
de quitter l’Ukraine… La frégate FFG-50
USS Taylor effectue des exercices avec
des unités de la marine roumaine… En
Syrie, à Homs qui n’est plus qu’un immense
champ de ruines, un millier de combattants
de l’ASL et d’autres organisations et les
membres de leurs familles commencent à
évacuer la ville dans le cadre d’une trêve
conclue entre les autorités syriennes et
les « rebelles »… En Méditerranée, les
garde-côtes grecs repèrent et interceptent
une embarcation avec 24 migrants…
5 : Les évènements en Ukraine ont un côté ubuesque. Après les combats
médiévaux de la place du Maidan avec ses formations en tortue et ses
assauts à coup de lance, nous assistons à un remake de la révolution
de 1917 avec la remise en service de mitrailleuses Maxim et l’apparition
d’un « train blindé » en attendant, pourquoi pas, une nouvelle version de
la « Grande Guerre patriotique » avec ses T-34 et ses « orgues de Staline ».
Le patrouilleur hydroptère lance-missiles U 153 Priluki, une des
unités rendues par les Russes en avril, effectue une première sortie
d’entraînement, le 7 mai devant Odessa. (DR)
Le mercredi 7 mai,
jour où nous rendons cette copie, Vladimir Poutine rencontre le président de l’OSCE,
le Suisse Didier Burkhalter. Le président russe qui ne veut pas apparaître comme
celui qui joue le coup de trop, propose très diplomatiquement un scénario de désescalade comprenant : un arrêt immédiat des opérations
militaires et policières de l’Ukraine dans les oblasts du sud-est et un report du référendum prévu par les « séparatistes » le 11 mai. Sur
le terrain, les affrontements se poursuivent. Des tirs sont échangés à Marioupol où les forces gouvernementales reprennent, pendant
seulement quelques heures, le contrôle de l’hôtel de ville. Des combats à l’arme lourde, se déroulent toujours à l’ouest de Slaviansk et un
bus transportant des hommes des forces spéciales du SBU est attaqué entre Briansk et Marioupol (1mort). Dans la région de Slaviansk,
Arseniy Yatsenyuk, le premier ministre, effectue une visite auprès des troupes de la nouvelle garde nationale… L’Ukraine reçoit ce
même jour un premier versement de 3,19 milliards d’euros du FMI… Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire général de l’OTAN (sur le
départ) qui effectue une visite en Pologne justifie le renforcement des moyens militaires de l’Alliance Atlantique dans l’Est de l’Europe
« de la Baltique à la mer Noire »… En Méditerranée, le destroyer N°626 Vitse-Admiral Kulakov devient le navire-amiral du dispositif
naval russe au large de la Syrie… Au Mali, un soldat français est tué par un engin explosif… En Afghanistan, alors que les troupes de
l’OTAN amorcent leur retrait, les Taliban annoncent le lancement de leur offensive de printemps nommée «opération « Khaïbar »…
… A quatre jours du référendum controversé dans les oblasts de Donetsk, Slaviansk et Lougansk et à 18 jours de l’« hypothétique » élection
présidentielle du 25 mai, sur l’ensemble du territoire, en Ukraine, le chaos est total et le pays à deux doigts d’une véritable guerre civile. …
Bien entendu, une nouvelle fois, lorsque vous lirez ces pages, vous en saurez plus sur l’évolution des événements après le 7 mai, mais une
chose est certaine, le bilan de cette « Guerre globale » entamée en 2011 du côté de la Libye , et qui ne dit toujours pas son nom (et dont les
événements en Ukraine ne sont que l’une des expressions) est de plus en plus terrible (6) et devrait attirer l’attention des hommes politiques à
travers le monde avant que le processus d’engagement ne soit irréversible…
6 - Le bilan humain pour la période du 6 mars au 7 mai est le suivant : - Syrie : 9 656 morts (si le nombre des tués que nous avons relevé jour après jour depuis 2011 est
de 151 455, le bilan réel avec les décès causés par la guerre est probablement supérieur à 220 000 morts) - Sud-Soudan : 7 426 morts. La surmortalité dans la population,
particulièrement chez les enfants, a doublé depuis le début de cette guerre civile et le bilan de cette guerre « invisible » serait déjà de 40 000 à 50 000 morts. - Centrafrique :
4 327 morts dont 1 soldat ougandais (le bilan depuis le 13 décembre 2013 serait d’au moins 33 600 décès) - Nigéria : au moins 2 951 morts (depuis le début de l’année, le
bilan serait de 5 640 à 6 930 morts - Nord-Soudan : au moins 571 morts - Irak : au moins 1 296 morts dont 131 soldats et policiers - AfPak (Afghanistan-Pakistan) : 1
778 morts dont 7 soldats américains, 2 soldats canadiens, 6 militaires britanniques, 26 soldats afghans, 101 policiers afghans, 10 policiers pakistanais, 3 contractors américains,
167 enfants pakistanais morts de malnutrition, un journaliste suédois - Yémen : 497 morts dont 44 militaires, 2 policiers, 1 garde-frontière saoudien, 1 français et 42 migrants
africains - Inde : 116 dont 23 militaires tués par les maoïstes - RDC : au moins 101 morts - Mali : au moins 66 morts dont 1 soldat français - Libye : au moins 41 morts
dont 21 militaires - Egypte : 108 morts dont 19 soldats, 3 généraux (dont Ahmed Zaki, le responsable de la police anti-émeute) un colonel, 5 policiers et une journaliste
Liban : 59 morts dont 5 soldats et 9 Palestiniens - Somalie : au moins 78 morts dont 2 humanitaires (1 Anglais et 1 Français) - Kenya : 47 morts - Indonésie : 3 - Israël/
Palestine : 19 morts - Venezuela : 36 morts - Chine : 7 morts - Thaïlande : 5 morts dont 3 policiers - Ukraine : entre 205 morts et 277 morts dont 14 militaires et
policiers, et 1 humanitaire arménien, ainsi que 1 500 blessés - Cameroun : 1 soldat tué par Boko Haram - Algérie : 25 morts dont 14 policiers - Malawi : 2 morts Russie (Daguestan) : 13 morts - Turquie : 2 policiers… - Bahreïn : 2 morts… - Birmanie : au moins 22 morts - Arabie Saoudite : 5 morts - Philippines : 16 morts.
43
Février 1945 : Iwo Jima…
… les opérations « Jamboree » et « Detachment »
Frédéric Stahl
Des LVT(A) se dirigent vers les plages
d’Iwo Jima, le 19 février, lors de l’opération
« Detachment ». (USNA)
En Janvier 1945, le succès de l’opération « Mike » qui va déboucher sur la prise de Manille (30 janvier-5 mars), permet
à Nimitz de se voir enfin autorisé à lancer son offensive au cœur du Pacifique avec comme premier objectif Iwo Jima, une
des îles Volcano dans l’archipel des Bonin. Alors que, de son côté, l’amiral King reste un farouche défenseur d’une action
directe contre Okinawa avec le débarquement d’au moins quatre divisions des Marines et une division de l’US Army, Nimitz
utilise deux arguments pour justifier un débarquement à Iwo Jima avec trois divisions des Marines :
A - créer une base avancée pour que les chasseurs puissent escorter les B-29 de LeMay au-dessus du Japon ;
B - offrir un terrain de secours pour les B-29 endommagés.
Le problème, c’est que l’action contre Iwo Jima ayant été plusieurs fois retardée à cause de MacArthur, les Japonais ont
pu considérablement renforcer les défenses de l’île. Ce qui, au cours de l’été 1944, aurait presque été une formalité va
donc se transformer en un véritable calvaire doublé d’une boucherie en février-mars 1945 … Vu l’évolution de la situation
entre juillet 1944 et janvier 1945, il aurait été plus logique, et peut-être plus sensé, de se lancer directement à l’attaque
d’Okinawa car, dans trois mois, ici aussi, les défenses auront eu nettement le
temps d’être renforcées… Quoi qu’il en soit, repoussée à plusieurs reprises, la
date du débarquement à Iwo Jima (opération « Detachment ») est finalement
fixée au 19 février…
Au même moment, sur les bords de la mer Noire, lors de la conférence de
Yalta du 4 au 11 février, le président Roosevelt qui n’a encore aucune idée de la
puissance de l’arme nucléaire développée dans le cadre du projet « Manhattan »,
obtient de Staline que l’U.R.S.S. entre en guerre contre le Japon trois mois après
la chute de l’Allemagne alors que les Américains prévoient de leur côté un
débarquement sur la grande île de Kyushu le 1er octobre (opération « Olympic »
qui avait été initialement programmée pour le 1er mars) et sur Honshu le 31
décembre (opération « Coronet »). Au Japon, les dirigeants sont divisés. Si
certains prônent la recherche d’une paix séparée avec les Etats-Unis via Moscou,
d’autres prônent la résistance à outrance, persuadés qu’une fois débarqués
au Japon, les Américains connaîtraient un tel niveau de perte que le Japon se
trouvera en meilleure position pour négocier une paix honorable. En février,
la guerre du Pacifique va se transformer en une lutte à mort et les cinq mois
suivants, le Japon va recevoir plus de bombes que l’Europe entière pendant
toute la durée de la guerre.
Lors de la conférence de Yalta, en février 1945, Roosevelt et Staline s’accordent pour que
l’U.R.S.S. entre en guerre avec le Japon trois mois après la chute de l’Allemagne. (USNA)
46
Iwo Jima vue du côté japonais
En février 1944, l’île qui se trouve à 625 milles de Tokyo, ne
disposait que d’une garnison de 1 500 hommes et 20 avions
basés sur l’aérodrome n°1 de Chidori. En juin l’effectif est passé
à 5 170 hommes avec des renforts envoyés en avril-mai mais
l’île ne dispose d’aucune infrastructure de défense sérieuse.
Il faut attendre la fin du mois d’août pour que la garnison soit
portée à 14 000 hommes mais les réseaux de défense restent
encore très limités. Le major-général Tadamichi Kuribayashi
à qui la défense des îles Bonin a été confiée, reste persuadé
que les Américains vont effectuer un débarquement à Iwo Jima
plutôt qu’à Chichi Jima. Il faut dire que cet homme très cultivé
qui a été élevé au Canada et qui était opposé à l’entrée en
guerre, comprend ce qui anime les Américains… En novembre
1944 avec le début des bombardements, il est persuadé que
les forces américaines vont profiter de la relative faiblesse du
dispositif japonais pour débarquer, mais rien ne vient. Cela lui
laisse trois mois pour parfaire les défenses de l’île et en janvier
1945, il fait creuser 30 km de tunnels, 120 km de tranchées,
installer 750 postes de combat bien protégés, de nombreux
abris enterrés ou creusés dans la roche et la plus grande
partie des canons antiaériens sont affectés à la défense au sol
et placés dans des abris malgré les bombardements quasijournaliers des B-24 Liberator à partir du 8 décembre. Il fait
également installer de nombreux faux canons et quelques
chars trompe-l’œil en pierres (voir encadré n°1). Même s’il a
obéi aux ordres de Tokyo lui enjoignant d’établir une ligne de
défense le long des plages, Tadamichi Kuribayashi qui sait que
ses troupes ne pourront tenir longtemps la partie centrale de l’île
et en particulier le secteur du terrain d’aviation N°1, a établi un
plan de défense qui doit permettre de prendre les Américains
en tenaille entre le mont Suribachi et une zone de défense
en croissant de lune passant sur le terrain d’aviation n°2.
I - Les forces japonaises dans les îles Bonin (Ogasawara Gunto)
Les îles Bonin sont situées à 1 200 km de Tokyo. Elles sont divisées en quatre sous-groupes : les archipels de Muko Jima, Chichi
Jima, Haha Jima et des Volcano où se trouve l’île d’Iwo Jima. La défense de ces îles est confiée à la 109e division du major-général
Tadamichi Kuribayashi complétée par quelques unités annexes…
I/1 Garnison japonaise d’Iwo Jima
2
Iwo Jima est une petite île de moins de 24 km sur
laquelle trois aérodromes ont été construits ou sont en cours
de construction mais ils n’accueillent que quelques avions en
panne ou endommagés :
- le terrain n°1, près du hameau de Chidori au sud, dans la partie
la plus étroite de l’île au nord du mont Suribachi ;
- le terrain n°2 près du petit village de Motoyama ;
- le terrain n°3 dont la construction a été arrêté, le plus au nord.
La garnison, placée sous le commandement de Tadamichi
Kuribayashi est forte de 21 060 hommes, dont 15 260 soldats
de l’armée formant le gros de la 109e division, 5 100 marins
du contre-amiral Toshinosuke Ichimaru (essentiellement les
servants des pièces de la 109e division d’artillerie AA) et 700
travailleurs « Gunzoku » … Le point le plus haut de l’île est le
mont Suribachi qui culmine à 166 m. Au nord, le petit plateau de
Yotoyama s’élève à 90 m au niveau du « mont Motoyagana ».
La végétation est rase et la couverture végétale est limitée. Le
sol de toute la partie centrale de l’île est essentiellement formé
de sable volcanique noir. Il y a également près de 1 050 civils
sur l’île habitant dans les hameaux de Motoyama, Chidori,
Osakayama, Chidori, Omura, Minami, Higashi, Nishi, Kita.
Les forces alignées pour la défense de l’île sont :
- la 2e brigade mixte de la 109e DI, commandée par le majorgénéral Sadasue Senda ;
- le 26e régiment de chars du colonel Takeishi Nishi ;
- 17e régiment d’infanterie mixte du major Tamachi Fujiwara ;
- 145e régiment autonome du colonel Masuo Ikeda ;
- la brigade d’artillerie divisionnaire du colonel Chosaku Kaido ;
- des éléments de garnison de la Marine du contre-amiral
Toshinosuke Ichimaru chargés surtout de la mise en œuvre des
pièces de défense antiaérienne et côtière ;
- le 204e bataillon de construction (marine) composé de
travailleurs coréens et de 400 habitants d’Iwo Jima ;
Ces unités mettent en œuvre les armes suivantes :
- au moins 12 mortiers lourds (Spigot) Type 98 de 320 mm (20e
bataillon d’artillerie indépendant) ;
- 40 à 70 rampes lance-roquettes de trois modèles différents de
200 à 400 mm (mis en œuvre par trois compagnies) ;
- au moins 4 ou 12 canons courts (mortiers-obusiers) de marine
Type 3 de 200 mm ;
- 4 canons de marine Type 41 de 150 mm ;
- 4 canons de marine Type 3 de 140 mm ;
- 7 canons de marine Type 3 de 120 mm ;
- 8 canons courts de 120 mm Type 3 ;
- 12 canons de marine AS/AA de 80 mm Type 3 ;
- 10 obusiers de 120 mm Type 38 ;
- 35 canons de 75 mm Type 38 et Type 90 ;
- 5 canons de montagne de 75 mm Type 41 ;
- 94 canons AS/AA de 75 à 127 mm dont quelques montages
doubles de 100 mm/L65 Type 98 ;
- 200 canons légers AA de 20 Type 98 et 25 mm Type 96 (ces
derniers le plus souvent en montages doubles) ;
47
L’une des affiches du film «12 years, a
slave». (DR)
Le navire négrier Les Deux Sœurs, armé à Honfleur, transporte 150 esclaves à la
Martinique, sous le commandement du capitaine Delomosne. (DR)
LES NAVIRES NÉGRIERS
René Alloin
Aux États-Unis, la cérémonie des Oscars du 2 mars 2014, a décerné trois récompenses, meilleur film, meilleur scénario adapté et
meilleur second rôle féminin pour le film «12 years, a slave». A travers ce film, c’est un hommage rendu à ces hommes déracinés et
exploités par les négriers. Nous allons, à notre humble niveau, rappeler ce que fut le transport de ces Noirs, à travers les océans (1).
L’esclavage ne date pas de la traite des Noirs, même si dans l’opinion publique, les deux sont indissociables. Il suffit de poser la question : A
qui vous fait penser le mot esclavage ? et beaucoup vous répondront : « au trafic des Noirs vers l’Amérique ». En fait, l’esclavage existe depuis
l’Antiquité, dès qu’un peuple en asservit un autre ou conquiert de nouveaux territoires. Il n’est pas question ici de développer ce sujet mais de
rappeler comment le « trafic d’ébène » s’est instauré et quelles ont été les méthodes employées pour le mettre en œuvre.
Début de l’esclavage
en Amérique
Tout a véritablement commencé lorsque
les Espagnols ont débarqué sur les rivages
américains. Christophe Colomb effectue son
premier voyage transatlantique en 1492. Deux
ans plus tard, au retour de son 2e voyage à
bord de la Marie-Galante, il ramène 500
Amérindiens Arawaks dont 200 mourront
au cours de la traversée. Les survivants sont
vendus comme esclaves 5 000 maravedis
chacun. En 1498, des Noirs sont embarqués
dans les caravelles dès le troisième voyage
tandis que se met en place des repartimientos,
également appelés Encomienda qui attribuent
aux colons espagnols des communautés
indiennes utilisées comme force de travail,
sous réserve de les nourrir et de les instruire
dans la religion catholique. Dans la réalité,
il s’agit d’un travail forcé effectué dans des
conditions déplorables. Les Indiens sont plus
particulièrement astreints à l’orpaillage ou
aux travaux agricoles. Dans certains lieux, des
mines d’or sont exploitées et les Amérindiens y
périssent par milliers à cause de l’insuffisance
de nourriture, des maladies apportées par les
colons et des maltraitances permanentes. Des
voix s’élèvent contre ces agissements et, en
1513, les « lois de Burgos » sont promulguées
pour protéger les indigènes. Hélas, bien peu des
administrations coloniales les respectent car
elles nuisent aux profits, plus particulièrement
miniers. En 1517, Charles Quint autorise
l’esclavage des Indiens qu’il interdira en
1526 avant d’affranchir tous les esclaves des
Indes occidentales, suite à la « Controverse de
Valladolid » de 1550 réunissant théologiens,
juristes et administrateurs du royaume. Au
Brésil, les Portugais ouvrent de nombreuses
sucreries et forcent également la main
d’œuvre locale à « coopérer ». Cette nouvelle
richesse, rapportée des pays conquis, ne peut
laisser les autres états européens indifférents.
C’est ainsi que les Pays-Bas développent leur
commerce avec l’océan Indien et l’Amérique
du Sud, utilisant eux aussi la main d’œuvre
locale pour leur plus grand profit mais refusant
de pratiquer l’esclavage et fustigeant les
Espagnols et les Portugais pour leurs pratiques
discriminatoires. Les Anglais plantent
massivement de la canne à sucre à la Barbade
puis en Jamaïque, tout comme les Français
qui accroissent ces cultures aux Antilles. Il
faut se rendre à l’évidence, la main d’œuvre
se raréfie alors que les exploitations minières
ou agricoles prennent de l’ampleur. Les rois
de France et d’Angleterre développent alors la
traite négrière dans les années 1670. Si l’océan
Atlantique a officiellement été vaincu à la fin
du XVe siècle, l’Afrique est depuis longtemps
déjà, l’objet de convoitises et la navigation
le long de ses côtes permet d’aborder de
nombreux territoires où une main d’œuvre
peut être facilement recrutée.
1 - Plusieurs films ont traité, à leur manière, de l’esclavage. Voici une rapide filmographie des plus marquants :
La case de l’oncle Tom (1927 et 1964) - Autant en emporte le vent (1939) - Roots (1955) - Mandingo (1975) - Ceddo (1977) - Sankofa (1995) - Amistad (1997)
- Beloved (1998) - Django Unchained (2013) - Lincoln (2013) - 12 years, a slave (2013).
74
Débarquement de Christophe Colomb le 6 décembre 1492 à l’île
Española (Haïti), alors appelée Quisqueya par les Amérindiens.
(Gravure de Théodore de Bry XVIe siècle)
Début de la traite des
Noirs africains
En 1619, le premier arrivage d’engagés
noirs sur la côte Est américaine déploie dixneuf hommes à Jamestown, en Virginie. Il
ne s’agit pas d’esclaves mais de travailleurs
« libres » que l’on peut assimiler à une
forme de servage. Après un temps déterminé,
trente-six mois pour la France par exemple,
l’engagé peut acheter sa terre ou rentrer dans
son pays avec un petit pécule. L’esclavage
ne s’y développera que soixante ans plus
tard. Après s’être emparés d’Elmina, au
Ghana, détenue jusque-là par les Portugais,
les Hollandais créent au Brésil leur propre
système de traite négrière avec une partie
de la population. Il est important d’apporter
des éclaircissements sur les termes « traite
négrière » et « esclavage ». L’esclavage et
la traite s’alimentent mutuellement car ces
termes sont hélas indissociables. Ce sont des
phénomènes distincts tant par leurs durées,
leurs lieux, que par les hommes qui pratiquent
ces activités. D’ailleurs, si la traite est abolie
L’édition de 1718 du sinistre code noir
établie par Colbert, organisant la traite
des Noirs, tente néanmoins de régir
ce commerce en y apportant certaines
mesures de modération. (DR)
Exploitation des Amérindiens dans les mines d’or, sous la
surveillance des colons espagnols. (DR)
par l’Angleterre et les États-Unis en 1807 et
par la France en 1815, l’esclavage ne sera
supprimé qu’en 1833 par l’Angleterre, 1848
par la France et seulement en 1865 par les
États-Unis. Nous l’avons vu, les Hollandais
sont opposés à l’esclavage mais acceptent les
nouveaux profits procurés par les transports
d’Afrique vers l’Amérique du Sud. Pour les
Hollandais, la traite n’est qu’un commerce
d’hommes, de femmes et d’enfants mais, très
hypocritement, n’est pas considérée comme
un commerce d’esclaves puisque l’on sousentend que la plupart d’entre eux sont nés
libres et ne deviendront des esclaves qu’au
moment de leurs ventes dans les colonies.
En 1635, la Compagnie des îles d’Amérique,
nouvellement créée par Richelieu, signe un
contrat avec le néerlandais Daniel Trezel afin
qu’il exploite la canne à sucre en Martinique
puis en Guadeloupe. Trois ans plus tard, Trezel
entérine un engagement avec le marchand
rouennais Daniel Rozée afin qu’il lui fournisse
100 esclaves au prix de 200 livres chacun. Dès
1640, la population d’esclaves de la Martinique
est estimée à un millier de personnes. Ce trafic
s’amplifie et des bateaux anglais et hollandais
apportent de la main d’œuvre bon marché à la
Martinique pour remplacer les blancs dans les
plantations de tabac. En 1642, le commerce
des Noirs est autorisé par Louis XIII.
Le transport des Noirs d’Afrique est engagé
et va se poursuivre légalement jusqu’au début
du XIXe siècle et même au-delà par des
négriers disposant de bateaux rapides pour
déjouer les Marines royales d’Angleterre ou
de France lancées à leurs trousses, afin de
fournir les colonies espagnoles de Cuba ou de
Porto Rico ou celles danoises comme SaintThomas.
En 1638, un colon français installé à la
Guadeloupe, Charles Liènard de l’Olive,
demande la possibilité de s’approvisionner
en Noirs de la côte d’Angole qui désigne
non seulement les côtes de l’Angola mais
également celles du Congo, plus au nord. La
même année, la première vente aux enchères
de vingt-trois engagés volontaires se déroule à
Jamestown, en Virginie. Ils ne sont cependant
pas encore considérés comme des esclaves
à vie. Toujours en 1638, à Boston, William
Carte des terres de la région de Le Marin, au sud de la Martinique, concédée par la
Compagnie des îles d’Amérique créée par Richelieu. (Extrait d’un document d’Antoine
Sobesky)
75
Les LCT civils français 2
Le caboteur franco-sénégalais Foncillon amarré à la rive d’un fleuve sénégalais,
fin 1949 ou début des années 50. C’est bien un ancien chaland type LCT (le LCT
1189) ayant trafiqué en Manche en 1944, puis ayant travaillé en Gironde en 1946.
Les rivages au sud du cap Vert, au Sénégal, sont bas et marécageux.
LES FONCILLON
Par Jean-Yves Brouard
ET
SOULAC
Remerciements : Jean-Charles et Benoît Ruviella, Yves-Guy Bertrand, Yvon Perchoc, Yves Cariou, Yvan Letellier, Jean-Michel Robert, Jack Daussy, Adrien Etcheverry. Les photos non
créditées qui accompagnent cet article proviennent de la négathèque de la famille Ruviella ; Christian Ruviella, aujourd’hui décédé, fut graisseur sur un LCT bordelais, le 1206, puis employé
par la SNIE sur les Foncillon et Soulac du 11 juin 1949 au 15 août 1959 en tant que second puis chef mécanicien (avec une interruption du 30 janvier 1954 au 1er mars 1957).
Deux ex-chalands de débarquement stationnant à Bordeaux au lendemain de la guerre sous les numéros LCT 1179 et
1189 ont été transformés en caboteurs coloniaux pour le compte de la Société navale d’importation et d’exportation (SNIE).
Voici leur histoire détaillée et totalement inédite.
La Société navale d’importation et
d’exportation, dont le siège est à Paris
avec des bureaux à Bordeaux et une
agence à Dakar, a mis en service, à
la demande du Haut-Commissariat de
l’Afrique occidentale française, plusieurs
caboteurs à partir de 1947. Elle a été
créée le 1er juillet 1946, mais le même
été, les deux LCT qu’elle fera transformer
l’année suivante furent d’abord confiés au
Consortium des grands vins de France un
regroupement de sociétés de viticulteurs
chargé de commercialiser les productions
françaises, lequel les remit lui-même à
l’un de ses membres, la Société vinicole
d’exportation et d’armement français. La
décision de l’affectation des LCT 1179 et
1189 à cette Société vinicole date du 5
août 1946. Le Port autonome de Bordeaux
avait remis ces chalands à la disposition
du ministère de la marine, qui lui-même
les rétrocéda à la société. Ils ne font pas
partie des premiers chalands arrivés dès
l’été 1945 en Gironde (voir N&H 83),
mais avaient été achetés à l’Angleterre
88
mi-janvier 1946 par le Gouvernement
français avec 15 autres chalands, sur
une demande de la Direction des ports,
pour la navigation fluviale : estuaires de la
Gironde, de la Loire... Parmi ce lot, 10 LCT
étaient destinés à Bordeaux ; leur arrivée
fin février 1946, venant d’Angleterre via
Cherbourg en convoi escorté, porte le
Le Soulac est lui aussi un ancien chaland de débarquement anglais (LCT 1179), devenu caboteur
sur la côte d’Afrique. Par rapport à un LCT d’origine, on remarque d’emblée divers changements,
comme l’ajout de locaux extérieurs, d’une embarcation de sauvetage sur l’arrière, des mâts, etc.
(Collection Yvon Perchoc)

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