1932-2012 profession #71 - Union des Clubs Professionnels de
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1932-2012 profession #71 - Union des Clubs Professionnels de
PROFESSION #71 FOOTBALL LE BULLETIN DE L’UNION DES CLUBS PROFESSIONNELS DE FOOTBALL • février/mars 2012 • www.ucpf.fr 1932-2012 © CRÉDIT PHOTO LA FORMIDABLE HISTOIRE DU FOOTBALL PROFESSIONNEL ÉDITORIAL PAR JEAN-PIERRE LOUVEL E n 1932, le football français découvrait le professionnalisme. Et rien ne fut simple. Il lui a fallu vaincre tout d’abord les réserves de ceux qui contestaient qu’un club sportif puisse être professionnel et footballeur un métier. Tout cela au nom d’une vision aristocratique qui ne voyait de noblesse que dans l’amateurisme. SOMMAIRE Éditorial Jean-Pierre Louvel p. 1 ACTUALITÉS Les fans de mode investissent les stades ! Billet Philippe Diallo 1932 : naissance du statut de club pro 80 e anniversaire du Stade de Reims Le supposé scandale des salaires de footballeurs par Pascal Boniface p. 2 p. 3 p. 4 p. 8 p. 15 DOSSIER Plus de sécurité dans les stades, pour un meilleur accueil p. 13 BRÈVES 140 e anniversaire du HAC p. 16 Les années 1950 changèrent la donne, alors que s’installait une certaine méritocratie par le sport et qu’apparaissaient les premières stars du ballon rond. Les exploits du Stade de Reims ou du Racing cristallisèrent définitivement la passion du public. Puis, ce fut le tour des verts de Saint-Étienne, des canaris du FC Nantes, et plus récemment de l’Olympique Lyonnais de dominer leur époque attirant des millions de fans dans les stades ou devant les écrans de TV. La légende des clubs professionnels s’est aussi écrite en Europe : la finale de Glasgow en 1976, l’épopée bastiaise des Papi, Larios, Lacuesta et Rep en 1978, et enfin les victoires du PSG en coupe des coupes en 1996… Après le 26 mai 1993, date historique où, au Stade Olympique de Munich, l’OM battait Milan AC 1 à 0, inscrivant enfin un club français au rang des vainqueurs de la Ligue des Champions et faisant chavirer non seulement la Canebière, mais toute la France. Ces joieslà ne s’effacent pas ! Acteurs majeurs du paysage sportif français, les clubs professionnels ont su, malgré une concurrence internationale toujours plus vive, conserver leurs valeurs d’excellence, de formation et de solidarité vis-à-vis aussi bien du football amateur que de l’ensemble du sport français. Alors que nous célébrons ce 80e anniversaire, nous sommes fiers de l’œuvre accomplie et il nous importe aujourd’hui de cultiver et faire fructifier ce précieux patrimoine. • Excellence, formation et solidarité PROFESSION #71 DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L’UCPF LES FANS DE MODE INVESTISSENT LES STADES ! L’UCPF et vente-privee.com ont créé l’événement en proposant pour la première fois une vente en ligne exceptionnelle de places des championnats de France de Ligue 1 et Ligue 2, du 1er au 11 décembre 2011. L es membres de vente-privee.com avaient ainsi accès à des billets à tarif réduit (entre 40 et 60 % du prix de vente public) pour 100 rencontres disputées entre janvier et avril 2012, dans 37 villes de l’Hexagone. Top 10 des ventes - PSG/Évian TG - OL/LOSC - PSG/AC Ajaccio - Stade Rennais/LOSC - AS Saint-Étienne/Stade Rennais - OL/Dijon FCO - OM/LOSC - PSG/Toulouse FC - AS Saint-Étienne/FC Sochaux - OM/Valenciennes FC 2 BILLET © FEP - Philippe Germanaz FÉVRIER / MARS 2012 FOOTBALL ACTU Cette opération a été l’occasion pour le sport n° 1 français de démontrer sa capacité à innover en associant les clubs de l’élite avec le leader de la vente événementielle en ligne. Ce site est en effet devenu en quelques années un canal de distribution incontournable pour les grandes marques qui recherchent un moyen alternatif de communiquer et de vendre leurs produits tout en créant l’événement. À travers cette offre inédite, vente-privee.com et les clubs professionnels s’inscrivaient dans un partenariat gagnant/ gagnant : le football souhaitait s’ouvrir à de nouveaux publics, au premier rang desquels les femmes qui représentent 66 % des membres de vente-privee.com ; tandis que vente-privee.com entendait pour sa part séduire un plus grand nombre d’hommes qu’à l’accoutumée. Objectifs atteints : - 511 000 visiteurs uniques se sont rendus sur le site dédié « Ligue 1/Ligue 2 » (qui comportait, outre la mise en avant des clubs et de leurs affiches, des clips, des animations, et un jeu-concours), ce qui constitue un véritable « buzz » média ; - Plus d’un acheteur sur deux est une femme (58 % des acheteurs, versus 64 % de femmes sur la base de vente-privée) ; - 60 % des acheteurs ont moins de 34 ans. L’acheteur-type est donc une jeune femme trentenaire : les fans de mode investissent les stades ! Il ressort également que les clients se sont orientés vers les très bonnes places du stade (catégorie 1 principalement) s’offrant ainsi exceptionnellement le meilleur du spectacle à très bon prix. C’est la confirmation que le public, audelà de l’aspect sportif, aspire à de bonnes conditions d’accueil et de confort : de bon augure pour les enceintes en construction ou rénovation. Alors qu’aucun objectif de vente n’avait été projeté pour cette opération, compte tenu de son caractère novateur, il s’agit également d’un succès commercial, avec 58 500 billets vendus (dont 75 % sont des billets de Ligue 1 et 25 % des billets de Ligue 2). Jean-Pierre Louvel a salué cette première en déclarant : « Nous sommes tout à fait satisfaits de cette opération qui nous a permis de toucher de nouveaux publics. Nos clubs ont été mis sur le devant de la scène durant 10 jours de manière très valorisante, tant sur le plan créatif que commercial et cela s’est avéré porteur auprès des clients de vente-privee.com qui ne sont pas nos supporters habituels. Souhaitons qu’une fois le match joué ils reviennent dans nos stades, heureux du spectacle qui les aura fait vibrer ! ». • Le salaire de BECKHAM PAR PHILIPPE DIALLO D avid Beckham a failli venir au PSG. Jamais l’hypothèse de la venue d’un joueur de football en France n’avait suscité autant de commentaires. Tout y est passé : son niveau sportif, son image, sa valeur commerciale et même le shopping de sa femme. Mais ce qui a surtout retenu l’attention, c’est son éventuelle rémunération. Et chacun d’y aller de son commentaire voire de son indignation. Qu’un sportif mondialement connu ait pu choisir la France pour s’établir, y payer ses impôts, rendre plus attractif notre championnat, aurait dû nous rendre fier et renforcer notre espoir dans l’avenir. Mais finalement pour certains ceci n’a que peu de poids face au jugement moral. Pourtant, les pourfendeurs sont parfois ceux-là même qui se lamentent de l’abaissement de l’attractivité de la France, qui s’insurgent contre l’exil fiscal y compris des sportifs de sport individuel. Cherchez la cohérence ! Surtout, ce sont souvent les mêmes qui, en 1995 lorsque la Cour de Justice des Communautés Européennes a par sa célèbre décision Bosman reconnu la libre circulation des joueurs au sein de l’UE, ont parlé d’une libération des joueurs, d’une sortie de l’esclavagisme… Pourtant, c’est bien en grande partie dans cette décision qu’il faut trouver l’explication de la rémunération supposée de Beckham. Avec un abaissement des frontières européennes sans mesure d’accompagnement, sans harmonisation fiscale et sociale, le marché du travail s’est trouvé totalement dérégulé avec des conséquences que nous avions prévues à l’époque mais qui aujourd’hui sautent aux yeux de tous : - Concentration des meilleurs joueurs dans quelques équipes (lors de la désignation du ballon d’or 2011 remporté par Messi, parmi les 10 premiers joueurs du classement 5 jouent à Barcelone ou Real ; dans l’équipe type 2011 FIFA/FIFpro, seuls 3 clubs sont représentés Real (4) / Barcelone (5) / Man chester United (2)). - Concentration des revenus dans quelques équipes (en 2009-2010, le cumul des budgets des trois clubs les plus riches de la planète, Real Madrid, Barcelone et Manchester United était équivalent au chiffre d’affaires total des 40 clubs français de Ligue 1 et Ligue 2 !). - Concentration des victoires dans quelques équipes (sur la période post-Bosman 1996/2011, 2/3 des victoires en Ligue des Champions sont revenues au quatuor Real, Barcelone, MU et Milan AC). Logiquement, cette concentration a profité aux joueurs les plus talentueux qui sont courtisés par les ténors de la scène européenne prêts à leur offrir des rémunérations parfois vertigineuses pour conserver leur domination sportive et économique. Et cela ne devrait pas s’arrêter puisqu’on voit émerger à l’Est, en Asie ou aux États-Unis de nouveaux clubs prêts à entrer dans la danse. Aussi, plutôt que multiplier des indignations qui sont souvent autant de poses médiatiques, il serait plus intéressant et plus efficace de s’interroger sur une régulation du football, européenne dans un premier temps mais qui devra rapidement « se mondialiser ». Michel Platini, avec le Fair-play financier, a posé un acte fort mais doit faire face aujourd’hui encore à une réelle incertitude sur la licéité de son application notamment en termes de sanctions. L’Europe serait bien inspirée de lui apporter un appui sur ce terrain-là. Faut-il aller plus loin en limitant le nombre de contrats dans une équipe, en limitant les transferts du mercato hivernal, en plafonnant les salaires et/ou les masses salariales ? C’est par des réponses à ces questions que nous trouverons aussi une réponse à la question des hauts salaires. • 3 80 ANS DU FOOTBALL PROFESSIONNEL FRANÇAIS Dossier 80 ans du football professionnel français 4 16 JANVIER 1932 ADOPTION DU STATUT DE CLUB PROFESSIONNEL En 1932, le football français découvrait le professionnalisme. L e football est apparu dans sa forme moderne en Angleterre au milieu du XIXe siècle. En 1863, plusieurs clubs s’associent pour créer la Football Association (FA) afin de déterminer des règles communes et de promouvoir ce sport, à l’époque amateur. Les clubs anglais ont rapidement évolué vers le professionnalisme, attirés par les recettes potentielles de billetterie et désireux de rémunérer les joueurs afin de recruter les meilleurs. Les premières rétributions étaient en effet illicites et les scandales fréquents… La FA a officialisé le football professionnel en Angleterre dès 1885. Le FC Sochaux-Montbéliard en 1931 En France, la bataille entre les défenseurs de l’amateurisme et ceux du professionnalisme fait rage dans les années 1920. Les premiers craignent que la notion de jeu disparaisse, tandis que les seconds estiment qu’il est bon pour le jeu et les résultats de permettre aux joueurs de se consacrer à leur sport. Alors que les spectateurs viennent de plus en plus nombreux et que les premières vedettes du ballon rond apparaissent, la FFFA (Fédération Française de Football Association, ancêtre de la FFF) tente de réfréner la professionnalisation des joueurs. Mais le phénomène prend néanmoins de l’ampleur, d’autant qu’il a déjà cours dans les pays voisins : Tchécoslovaquie, Autriche, Roumanie, Hongrie, Allemagne, Espagne... L ES 20 CLUBS DU PREMIER CHAMPIONNAT « NATIONAL » Groupe A Groupe B •Club français • Hyères Football Club • Olympique lillois • Olympique de Marseille • FC Mulhouse • OGC Nice • SC Nîmes • Racing Club de Paris • Excelsior AC Roubaix • Football Club de Sète • Olympique Alès • FC Antibes • AS Cannes • Sporting Club Fivois • FC Metz • SO Montpellier • CA Paris • Red Star Olympique • Stade rennais Université Club • FC Sochaux Le 17 novembre 1930, une commission de la Fédération composée notamment de Georges Bayrou, Gabriel Hanot et Emmanuel Gambardella, institue le « joueur rétribué » et permet d’aligner joueurs payés ou non au sein d’une même formation. Puis, le 17 janvier 1931, le Conseil national de la FFFA adopte le principe du professionnalisme, lequel aboutit au vote, le 13 juin, du statut de joueur professionnel. Son salaire mensuel est même fixé à 2 000 francs (à titre indicatif, le salaire mensuel moyen d’un ouvrier est alors de 700 francs et celui d’un instituteur de 1 700 francs). Un an plus tard, le 16 janvier 1932, par 106 voix pour, 49 voix contre et 4 abstentions, le statut de club professionnel est accepté. Pour l’acquérir, un club doit recruter au minimum huit joueurs sous statut professionnel, avoir eu des résultats probants par le passé et avoir des recettes guichets suffisamment importantes pour équilibrer les finances. Pas moins de 50 clubs présentent leur candidature au statut professionnel, 20 seulement sont sélectionnés. Certains clubs hésitent à franchir le pas. Si les dirigeants des clubs du Nord du pays apparaissent plutôt hostiles à cette évolution, de nombreux clubs du Sud n’hésitent pas à poser leur candidature auprès de la Fédération. Le Sud-est hérite ainsi à lui seul de neuf des vingt sésames. NAISSANCE DU CHAMPIONNAT DE FRANCE PROFESSIONNEL Depuis 1918, la seule compétition nationale est la Coupe de France : un championnat est organisé dans chaque région et une phase finale regroupe les meilleures équipes. Pour progresser, il est primordial que les grands clubs s’affrontent dans un véritable championnat. Or c’est une organisation difficile… Une première tentative est lancée en 1927, qui ne dure que trois saisons. À l’été 1930, les dirigeants du FC Sochaux, à l’initiative de Jean-Pierre Peugeot, créent un tournoi national réservé aux meilleurs clubs de France, sur invitation : la Coupe Peugeot, connue également sous le nom de Coupe Sochaux. Le succès de ce challenge est total. Puis, le professionnalisme officiellement adopté le 16 janvier 1932, la Coupe Sochaux disparaît et laisse sa place à un véritable Championnat de France professionnel. Le coup d’envoi de l’édition inaugurale – qui se joue à deux groupes - est donné le 11 septembre 1932. Il semble qu’on n’y attache 5 Dossier 80 ans du football professionnel français pas grande importance à l’époque. Le sport préféré des Français est encore sans conteste le cyclisme, qui fait régulièrement la une de l’hebdomadaire Le Miroir des Sports, quant au quotidien sportif L’Auto (prédécesseur de l’Équipe), il annonce la nouvelle timidement sur une seule colonne, la vedette étant donnée au Grand Prix automobile de Monza… Une première division - à deux groupes de dix clubs - est alors mise en place (19321933). Une finale oppose les vainqueurs de chaque groupe. Dès la saison suivante, 17 clubs sont admis à rejoindre les pros et une Division 2 est mise sur pied. L’Olympique Lillois, 1er Champion de France en 1933 M. le sous-secrétaire d’état à l’Éducation nationale récompense le champion de France La finale de 1933 au Stade de Colombes La première finale a lieu le 14 mai 1933 au Stade olympique de Colombes et voit s’affronter le vainqueur du Groupe A, l’Olympique Lillois, au deuxième du Groupe B, l’AS Cannes. Le FC Antibes, vainqueur du groupe B censé prendre part à la finale, a été en effet disqualifié par la Fédération pour soupçon de corruption. Le capitaine Lillois, Georges Beaucourt, reçoit des mains du sous-secrétaire d’état à l’Éducation nationale, M. Ducos, la coupe récompensant le Champion de France, offerte par le journal Le Petit Parisien. Le Championnat prend le nom de « Division 1 » la saison suivante, en 1933, date à laquelle le Championnat de Division 2 voit le jour. Cinq clubs se partagent les sept premiers titres attribués, constituant le noyau dur du championnat de 1932 à 1939 : le FC Sochaux-Montbéliard et le FC 6 actuellement le doyen de la L1 avec 37 saisons de présence. • L’AS Saint-Étienne est le club le plus couronné avec dix titres de champion de France, devant l’Olympique de Marseille (9 titres) et le FC Nantes (8 titres). • L’Olympique Lyonnais est le club qui a remporté le plus de titres consécutifs (7, entre 2002 et 2008). • Depuis 1932, 82 joueurs ont marqué plus de 100 buts en L1. Classement dominé par Delio Onnis (299 Des joueurs étrangers (britanniques et autrichiens notamment) sont nombreux à rejoindre les clubs français désormais professionnels qui comptent ainsi dans leurs rangs quelques-uns des meilleurs joueurs de la planète. Un « effet » Coupe du Monde est ressenti avec la tenue en France de la Coupe du Monde 1938. Mais la Seconde Guerre mondiale va faucher le jeune football professionnel français. Le professionnalisme est très mal vu par le régime de Vichy, qui le dissout en 1943 en créant des équipes régionales. À la Libération, le football professionnel français se dote d’une structure propre : Le Groupement des Clubs Autorisés, qui voit le jour dès le 27 octobre 1944. La refonte de la Division 1 est le sujet numéro 1 de l’été 1945. Le 23 novembre 1957, le Groupement prend le nom de Ligue Nationale de Football. Le terme de « Groupement » reste toutefois encore largement utilisé jusqu’au cœur des années 1970, avant que soit repris le nom de « Ligue Nationale de Football » dans les années 1980. C’est à l’été 2002 que la Ligue Nationale de Football est rebaptisée la Ligue de Football Professionnel, tandis que les championnats prennent les noms actuels de « Ligue 1 » et « Ligue 2 ». • Les trophées d’aujourd’hui : Trophée des Champions, Championnat de France, Coupe de la Ligue. LA LIGUE 1, EN CHIFFRES ET EN LETTRES • L e LOSC Lille Métropole est le tenant du titre de la saison 2010-2011 • Depuis 1932, 72 clubs différents ont évolué en L1. •A vec 64 saisons de présence en L1, le FC Sochaux-Montbéliard détient le record du nombre de saisons parmi l’élite. • Le FC Nantes détient le record de longévité en L1 avec 44 saisons consécutives (1962-2007). • L e Paris Saint-Germain est Sète (anciennement Olympique de Cette) en remportent deux chacun ; le RC Paris, l’Olympique de Marseille et l’Olympique Lillois en conquièrent un pour leur part. buts) devant Bernard Lacombe (255) et Hervé Révelli (215). Aucun joueur encore en activité en L1 n’a franchi la barre des 100 buts. • Depuis 1932, 19 joueurs ont joué plus de 500 matchs en L1. Classement dominé par les gardiens internationaux Jean-Luc Ettori (602 matchs), Dominique Dropsy (596) et Dominique Baratelli (593). Le premier joueur de champ à figurer dans ce classement est Alain Giresse (587 matchs). • QUELQUES DATES CLÉS DU FOOT PRO • 26 octobre 1863 en Angleterre : fondation de la Football Association à Londres, naissance et codification du football moderne, qui se professionnalise outre-manche dès 1885 • 1872 : naissance du premier club français, Le Havre Athletic Club (qui devient professionnel en 1933) • 1904 : fondation de la FIFA à Paris • 1917 : création de la Coupe de France (ou Coupe Charles Simon, dirigeant sportif mort au front en 1915), alors la seule épreuve à caractère national • 7 avril 1919 : fondation de la FFF - par transformation du « Comité français inter-fédéral » (créé en 1906) - sous le nom de Fédération française de football association (FFFA) • 1929 : le Football Club de Sochaux, créé en 1928, s’affiche - en recrutant les meilleurs joueurs français et étrangers qu’il avoue officiellement payer à l’heure - comme le premier club professionnel français • 17 janvier 1931 : le Conseil national de la FFFA adopte le principe du professionnalisme • 13 juin 1931 : adoption du statut de joueur professionnel • 16 janvier 1932 : adoption du statut de club professionnel • 1932-1933 : premier championnat professionnel, remporté par l’Olympique Lillois • 27 octobre 1944 : création du Groupement des Clubs autorisés, précurseur de la LFP • 1969 : - la Ligue autorise la publicité sur les maillots - la France est le premier pays au monde à instaurer le contrat à temps (CDD de joueur d’une durée de 3 ans) en remplacement du contrat pro qu’on a pu appeler le « contrat à vie » • 1973 : établissement de la Charte du football professionnel • 1984 : - première signature d’un contrat de retransmission TV en France - création de la Direction Nationale du Contrôle de Gestion •28 février 1990 : Fondation de l’UCPF, dont André Laurent devient le 1er Président • 15 décembre 1995 : Arrêt Bosman, décision de la Cour de justice des Communautés européennes (CJCE) • 28 décembre 1999 : le Parlement vote un nouveau statut pour les clubs, la Société Anonyme Sportive Professionnelle (SASP) 7 80 ANS DE LÉGENDE EN ROUGE ET BLANC ! Real Madrid/Stade de Reims – le score n’a pas encore basculé… © photo Franck Poidevin Dossier 80 ANS DE LÉGENDE EN ROUGE ET BLANC ! Fauré, Fontaine, Muller, Colonna, décembre 2011. clubs champions qui vient d’être créée, se qualifient pour la finale contre le Real Madrid. Au Parc des Princes, les Madrilènes s’imposent 4 buts à 3 ; la déception est d’autant plus grande que Raymond Kopa, la première star du football français, va quitter le club pour intégrer le Real… Le transfert a coûté 100 millions de francs de l’époque au club espagnol. La ville de Reims possède en ce temps-là une deuxième cathédrale : le stade Auguste Delaune. C’est là que les caméras de l’ORTF se posent pour diffuser le premier match en direct de l’histoire du Championnat de France, Reims-Metz, le 29 décembre 1956. Le parc de téléviseurs est alors estimé à 700 000 en France, Georges de Caunes est aux commentaires, c’est l’événement de cette fin d’année. Qui ne connaît la légende du Stade de Reims ? Le club mythique qui - un quart de siècle avant la fièvre stéphanoise a fait du football une passion nationale. 8 Le Stade de Reims est né le 18 juin 1931 - succédant à la Société Sportive du Parc Pommery, fondée en 1911 – et a adhéré au professionnalisme à l’été 1935. Doté d’un palmarès prestigieux, il a remporté six titres de champion de France, deux coupes de France et est le premier club français à avoir atteint à deux reprises la finale de la Coupe d’Europe des Clubs Champions. C’est l’intronisation en tant qu’entraîneur du capitaine de l’équipe, Albert Batteux, en 1951, puis l’arrivée de Raymond Kopa en 1952, qui permettent aux champenois en pleine ascension de devenir une équipe imbattable, appréciée en France comme à l’étranger. On se déplace de Paris pour admirer le beau jeu du grand club. Sacré champion et vainqueur de la Coupe Latine en 1953, Reims est parti pour marquer les années 1950 et l’histoire du ballon rond. Après un nouveau sacre en championnat en 1955, Batteux devient sélectionneur de l’équipe de France, tout en restant au club. La même année, les Stadistes concentrés sur la Coupe d’Europe des Pour pallier le départ de Kopa, le club recrute l’avant-centre Just Fontaine, venant de l’OGC Nice, qui devient meilleur buteur du championnat (1958 et 1960), et dont on ne compte plus les exploits sous le maillot bleu – il est encore à ce jour le meilleur buteur en une seule phase finale de Coupe du monde avec 13 buts (Suède 1958). L’ère du grand Reims coïncide en effet avec l’essor de l’équipe de France qui compte nombre de Rémois dans ses rangs (Kopa, Fontaine, Bliard, Jonquet, Hidalgo, Piantoni, Vincent) et atteint la troisième place de la Coupe du monde de 1958. Batteux prône une attaque millimétrée, à base d’une-deux et de démarquages, en avance sur son temps. Après lui, le football français ne sera plus jamais comme avant, son travail influençant de nombreux entraîneurs. Ainsi le fameux corner « à la rémoise » (tiré latéralement vers un joueur éloigné du but pour que ce dernier puisse ouvrir son angle de tir) a survécu à toutes les modes. Reims est de nouveau champion de France en 1960 et 1962, mais parallèlement à un mauvais parcours européen. Just Fontaine a pris sa retraite en 1962, le club ne renouvelle pas le contrat d’Albert Batteux à l’issue de la saison 1963, les stars sont parties : la grande épopée s’achève. Relégué en deuxième division dans les années 1960, le club est l’ombre de lui-même… Albert Batteux, architecte d’un football nouveau Albert Batteux 9 Dossier 80 ANS DE LÉGENDE EN ROUGE ET BLANC ! Le club va alors connaître un renouveau grâce notamment à deux avant-centres de génie venus d’Argentine : Delio Onnis en 1971 et Carlos Bianchi en 1973. Banchi « El Goleador » sera sacré à cinq reprises meilleur buteur du championnat (palmarès que seuls Onnis et Papin ont égalé à ce jour) dont 3 fois sous le maillot rémois. Lors de la seconde partie de saison 1984-1985, il devient entraîneur-joueur du Stade de Reims, puis commence sa carrière d’entraîneur la saison suivante. Un club éternel tourné vers l’avenir L’intervalle 1979-1992 est celui du déclin. Le club reste en milieu de tableau de D2 et fait face à une situation financière problématique. En l’absence d’un repreneur, il est rétrogradé en D3 à la fin de la saison 1990-1991. Puis le Tribunal de Grande Instance prononce la liquidation judiciaire en octobre 1991. Le club devient le Stade de Reims Champagne FC, auquel la Fédération permet de continuer le championnat, avant qu’une nouvelle liquidation judiciaire soit prononcée en mai 1992, avec cessation de toute activité. Triste symbole : les 230 coupes et 200 fanions brodés sont alors vendus aux enchères. Alain Afflelou les emporte moyennant 700 000 francs. Deux mois après ce verdict, le club renaît sous l’appellation de Stade de Reims Champagne et prend le départ du championnat de Division d’honneur du groupe Nord-Est. Le football à Reims n’est pas mort… Mai 1994 voit la remontée en N3. En 1996, le groupe Speedy devient partenaire du club dont le publicitaire Christophe Chenut prend les commandes. Sa première démarche consiste à « racheter » les trophées à Alain Afflelou pour un franc symbolique. Le club est de nouveau baptisé « Stade de Reims » en juillet 1999. Il retrouve la Ligue 2 après son titre de Champion de France de National en 2004. © photo Franck Poidevin Le président Caillot est secondé par Olivier Létang, directeur général du club depuis 2006 après y avoir été directeur administratif et financier en même temps que footballeur professionnel. Il fait partie du top 10 des joueurs ayant joué le plus de matchs avec l’équipe première du Stade de Reims (215). Encore une histoire de cœur ! 10 Tout comme Raymond Kopa, le Stade de Reims a soufflé 80 bougies en 2011. Relater son histoire, c’est évoquer les exploits, les champions et les grandes heures qui en font un club éternel… tourné désormais vers l’avenir. Jean-Pierre Caillot et Olivier Létang CADEAUX D’ANNIVERSAIRE DU STADE DE REIMS Jean-Pierre Caillot, douzième et actuel président du club, succède à Christophe Chenut en juillet 2004. Entrepreneur rémois, il était partenaire financier du club depuis 1993, devenu vice-président en 2001. Cet amoureux du Stade de Reims ne poursuit qu’un objectif : la remontée du club de son cœur en ligue 1. Sous sa présidence, le club s’est stabilisé malgré une descente en National à l’issue de la saison 20082009. En 2011, il a obtenu son meilleur classement depuis plus de 20 ans en terminant 10 e de Ligue 2, où il tient aujourd’hui le haut du tableau. Tout d’abord un match de gala Le lundi 5 décembre 2011 à Delaune, le club rémois marquait le coup, à l’occasion de la rencontre de championnat contre Nantes, en invitant plusieurs de ses anciennes gloires. Raymond Kopa, Just Fontaine, Carlos Bianchi, Lucien Muller, Dominique Colonna, Georges Lech, Patrice Buisset ont honoré leur ancien club par leur présence. Bianchi et Kopa ont donné le coup d’envoi symbolique, sous les acclamations du public qui leur a offert une ovation debout. Le match s’est achevé dans une ambiance de fête sur le score de 3-1. © photo Franck Poidevin En 1970, les dirigeants du football français choisissent de porter de 18 à 20 le nombre d’équipes en D1. Reims, 4 e de D2, est repêché au titre des services rendus à la nation footballistique. Adeline Hazan et Carlos Bianchi Puis une soirée événementielle La soirée officielle d’anniversaire a eu lieu le mardi 6 décembre au Domaine Pommery, toujours en présence des « grands anciens ». Les invités ont pu savourer en avant-première le documentaire « Le Stade de Reims, une odyssée en rouge et blanc » réalisé par le Rémois Olivier Hennegrave. À l’issue de la projection, Carlos Bianchi, l’ancien attaquant du Stade et de l’équipe argentine, s’est vu décerner la médaille de la Ville de Reims des mains de la Maire, Madame Adeline Hazan. Une consécration qui vient récompenser ses années de joueur et d’entraîneur. Celui qui a conquis et conservé le respect de tous les Rémois a déclaré : « Je reste fidèle à une ville et à un club qui aura changé ma vie, qui fait partie de moi ». Et enfin, un film hommage. « Le Stade de Reims, une odyssée en rouge et blanc » d’Olivier Hennegrave. Ce documentaire retrace en 52 minutes l’histoire d’un club hors norme. Un travail colossal, débuté en avril 2011, qui repose sur des documents d’archives rares, des témoignages d’anciennes gloires mais aussi des paroles de supporteurs. De la période faste des années 50, au début de l’ère professionnelle en passant par la descente aux enfers de 1992. Diffusé sur France 3 Champagne-Ardenne, ce film est également disponible en DVD pour le bonheur du grand public. • 11 LA SÉCURITÉ DANS LES STADES LA SÉCURITÉ DANS LES STADES PLUS DE SÉCURITÉ DANS LES STADES, POUR UN MEILLEUR ACCUEIL Par Eve Derouesné et François Klein, avocats - KGA Avocats À l’heure où les clubs de football professionnel ont entériné la mise en œuvre d’une licence (la Licence club) visant notamment à promouvoir l’image du football en privilégiant un accueil de plus en plus convivial pour le public, un arrêt récent du Conseil d’État mérite diffusion. 12 soutenir moralement le Montpellier Hérault Sport Club » - qui étaient regardés comme à l’origine de ces incidents. L es dispositions de l’article L332-18 du Code du sport permettent de faire suspendre d’activités, voire de faire dissoudre, une association qu’on qualifiera, pour plus de simplicité, de « supporters ». C’est l’effectivité de la mise en œuvre de ces dispositions qui a été consacrée par le Conseil d’État dans un arrêt du 9 novembre 2011. Quels étaient les faits ? - Le 20 février 2010, à l’occasion du déplacement à Saint-Étienne de Montpellier, des fumigènes et bombes agricoles ont été allumés par 96 supporters tentant de contourner un dispositif policier installé en sortie de train. - Le 7 août 2010, à l’occasion de la venue des Girondins de Bordeaux à Montpellier, des pierres, des bouteilles de verre et une ceinture cloutée avaient été jetées en direction des supporters bordelais. - Le 18 septembre 2010, à l’occasion du déplacement à Saint-Étienne de Montpellier, des individus, se prétendant supporters de ce même club, ont encore lancé des pierres en direction des tribunes adverses. - Enfin, le 8 janvier 2011, à l’occasion du déplacement à Reims du Montpellier Hérault SC, des agressions envers des personnes et envers les fonctionnaires de police venus pour leur porter secours ont été commises par des supporters de Montpellier. Ce sont les membres de l’Association Butte Paillade 91 - qui a pour objet « de C’est dans ces conditions que sur le fondement des dispositions de l’article L332-11, le ministre de l’Intérieur a déclenché la procédure tendant à la suspension d’activité d’une association sportive et que, finalement, le premier ministre a, par décret du 31 janvier 2011, pris une décision de suspension d’activité de l’association Butte Paillade 91 d’une durée de 4 mois. permettre l’application de la loi, venant ainsi en aide aux clubs qui entendent faire régner le calme dans leurs stades, voire à l’extérieur, considérant que ceux-ci ne doivent pas être le théâtre de violences. Cette première décision relative à une mesure de suspension d’activités confirme l’efficacité de cette réglementation dont l’une des difficultés de mise en œuvre réside dans la nécessité d’imputer à chaque fois les faits commis en masse à des individus identifiés et ensuite d’établir à chaque fois encore le lien entre ces individus et l’association sportive. Saisi de recours en excès de pouvoir présenté par l’Association Butte Paillade 91 et par une personne physique, le Conseil d’État a jugé, d’une part, au vu des pièces du dossier et malgré les dénégations des personnes mises en cause, que les incidents émanaient de personnes membres de l’Association Butte Paillade 91. D’autre part, il a considéré que ces faits avaient « le caractère d’actes répétés de violence sur des personnes, commis en réunion, en relation ou à l’occasion de manifestations sportives ». En conséquence, le Conseil d’État a jugé que les dispositions de l’article L332-18 du Code du sport étaient bien réunies et a ainsi rejeté les demandes d’annulation du décret pris par le ministre de l’Intérieur en date du 31 janvier 2011 portant suspension d’activité de l’Association Butte Paillade 91 pour une durée de 4 mois. Cette affaire a le mérite d’illustrer comment, de manière utile, le Conseil d’État accepte de procéder au rattachement entre les individus en cause et l’association sportive même si celui-ci pouvait apparaître parfois seulement indirect et partiel : - pour les faits des 20 février et 18 septembre 2010 : c’est la fréquentation par les personnes mises en cause des tribunes occupées habituellement par l’Association Butte Paillade 91 qui suffit ; - pour ceux du 7 août 2010 : c’est la présence des noms de deux des personnes mises en cause sur une délibération d’assemblée générale de l’Association ; - pour ceux du 8 janvier 2011 : c’est la reconnaissance par les personnes de leur appartenance à l’Association dont l’un assumait les fonctions de trésorier. Il est ainsi rappelé que des textes existent, lesquels permettent aux clubs et à leurs dirigeants de cibler des fauteurs de troubles et de stigmatiser ceux qui projettent une image frelatée du football, empêchant l’évolution voulue par tous de plus de convivialité dans des stades aux structures améliorées. Les pouvoirs publics et finalement la juridiction ont démontré la volonté de Il apparaît ainsi qu’il faut encourager de telles initiatives comme multiplier l’interdiction au stade des « individus repérés » par les clubs, leurs préposés ou les services qu’ils mettent à disposition pour la sécurité des spectateurs. Mais c’est aussi en faisant la publicité sur l’efficacité de ces mesures que les clubs se sentiront confortés pour les mettre en œuvre, dédaignant ainsi toute complicité avec les soi-disant supporters - notion dont il faut d’ailleurs relever qu’elle n’a aucune définition juridique. Alors que les pouvoirs publics imposent aux clubs des mesures de plus en plus coûteuses et drastiques en termes de sécurité, il serait utile que les clubs utilisent les dispositions légales à leur disposition, en particulier en déclenchant la procédure de suspension en cause en saisissant à cet effet le ministre de l’Intérieur et en présentant - comme ils en ont le droit des observations devant la Commission nationale consultative de prévention des violences lors des manifestations sportives. Maintenons la convivialité dans les stades Nous savons aussi que cette voie est incontournable pour que le spectacle du football soit mieux vendu aux chaînes de télévision et aux sponsors. • 13 DOSSIER LA SÉCURITÉ DANS LES STADES OPINIONS LES OUTILS D’AMÉLIORATION DE LA LUTTE CONTRE LA VIOLENCE DANS LES STADES La loi n° 2010-201 dite LOPPSI 1 et la Loi n° 2011-267 du 14 mars 2011 dite LOPPSI 2 comprennent un certain nombre de mesures qui modifient le code du sport s’agissant de la sécurité des manifestations sportives et de la répression des violences qui peuvent être commises à l’occasion de la tenue de celles-ci. Ces mesures sont les suivantes : • Un recours obligatoire à une société de sécurité agréée pour la surveillance de l’accès aux enceintes sportives pour toute manifestation sportive accueillant au moins 300 spectateurs (au lieu de 1500 précédemment) (article L332-2 code du sport). • La possibilité, par arrêté, pour le ministre de l’Intérieur d’interdire le déplacement individuel ou collectif de supporters ou de personnes se comportant comme tels sur les lieux d’une manifestation sportive dont la présence est susceptible d’occasionner des troubles graves pour l’ordre public. Cette interdiction est limitée dans le temps, doit être naturellement motivée et préciser les communes de départ et d’arrivée concernées par l’interdiction de déplacement (matches à l’extérieur) 14 (article L332-16-1 du code du sport). Le non-respect d’une telle mesure est passible de sanctions pénales (30 000 €/ 6 mois) ainsi que (c’est obligatoire, sauf décision contraire spécialement motivée) d’une interdiction judiciaire de stade d’un an. • La possibilité, par arrêté, pour le représentant de l’État de restreindre la liberté d’aller et de venir de supporters ou de personnes se comportant comme tels sur les lieux d’une manifestation sportive et dont la présence est susceptible d’occasionner des troubles graves pour l’ordre public (matches à domicile) (article L332-16-2 code du sport). L’arrêté doit être limité dans le temps et motivé et préciser le territoire sur lequel la restriction s’applique. Les mêmes sanctions pénales s’appliquent en cas de non-respect de l’arrêté. • La possibilité pour le Préfet de prendre une mesure d’interdiction administrative de stade (interdiction de pénétrer ou de se rendre aux abords) pouvant aller jusqu’à 12 mois (24 mois en en cas de nouvelle mesure d’interdiction dans un délai de 3 ans) lorsqu’une personne par son comportement d’ensemble à l’occasion de manifestation sportive ou par la commission d’un acte grave à l’occasion de l’une de ces manifestations constitue une menace pour l’ordre public ou si cette personne appartient à une association ou à un groupement de fait dissous (ou suspendu) ou participe à la reconstitution d’un tel groupement (article L332-16 du code du sport). • L’obligation de « pointer » pour une personne qui fait l’objet d’une interdiction judiciaire (ou administrative) de stade, tant pour les matchs en France qu’à l’étranger (articles L332-11 et L322-16 du code du sport). • La communication facultative des interdits de stades par le Préfet aux associations de supporters agréées ainsi qu’aux États étrangers qui accueillent une manifestation sportive à laquelle participe une équipe française (articles L332-15 et L332-16 du code du sport). • La communication obligatoire et systématique des interdits de stades par le Préfet aux fédérations, mais aussi aux associations et sociétés sportives (articles L332-15 et L33216 du code du sport). • L’existence de sanctions pénales pour participation aux activités d’une association ou groupement de fait suspendu ou dissous (article L332-19 du code du sport). Il est intéressant de noter que la LOPPSI 2 avait été transmise au Conseil constitutionnel qui n’a pas jugé contraires à la Constitution les dispositions de la loi permettant au ministre de l’Intérieur ou aux préfets de restreindre la liberté d’aller et venir des supporters, au motif que ces dispositions opèrent entre le respect de la liberté d’aller et venir et la sauvegarde de l’ordre public, une conciliation qui n’est pas manifestement déséquilibrée. Par ailleurs, une disposition de cette même loi qui visait à pénaliser le fait, sans autorisation du producteur, de l’organisateur ou du propriétaire des droits d’exploitation d’une manifestation sportive, culturelle ou commerciale, d’offrir, de mettre en vente ou d’exposer en vue de la vente, sur un réseau de communication au public en ligne, des billets d’entrée ou des titres d’accès à une telle manifestation pour en tirer un bénéfice, a été censurée par le Conseil constitutionnel mais celle-ci, légèrement adaptée et modifiée devrait voir le jour dans le cadre de la proposition de loi visant à renforcer l’éthique du sport et les droits des sportifs. Ainsi donc, tout un arsenal législatif couplé à une implication concertée des pouvoirs publics (ministère de l’Intérieur et ministère de la Justice), des instances du football et des clubs permettent une amélioration considérable de la lutte contre les violences dans les stades. • LE SUPPOSÉ SCANDALE DES SALAIRES DE FOOTBALLEURS R égulièrement, les hommes politiques et les médias fustigent les salaires, selon eux scandaleux, des joueurs de football. Les chiffres peuvent donner le vertige en période de crise économique. À la réflexion, ces dénonciations font penser au proverbe chinois « quand le sage montre la lune, l’imbécile voit le doigt ». Les salaires de footballeurs n’ont rien de commun avec ceux des citoyens ordinaires. Cela n’a pas toujours été comme cela. Kopa a pu, avec ses premiers salaires, se payer un vélo, néanmoins dès qu’il avait une baisse de forme il entendait dans les tribunes « feignant retourne à la mine ! ». D’où vient l’argent des footballeurs ? Tout simplement des recettes qu’ils génèrent. Droits télé, sponsoring, merchandising, recettes guichets. Les sommes en jeu n’ont plus rien à voir avec ce qui existait auparavant, mais contrairement aux spéculateurs qui produisent du chômage, les footballeurs ne détruisent pas de la richesse, ils en créent. Le jour où le public ne suivra plus, leurs salaires seront réduits d’autant. Personne n’est forcé d’aller au stade, de regarder le match à la télé, de s’acheter un maillot. Au-delà des salaires des professionnels toutes ces sommes ont des retombées économiques positives pour le reste du pays : impôts, redistribution au sport amateur, etc. Si on supprimait le football professionnel, le monde ne serait pas plus juste pour autant. La vérité c’est que le succès du foot crée de la jalousie. Le football est le sport populaire par excellence, pratiqué par des millions de Français. Peut-on être payé dans des conditions exceptionnelles pour pratiquer ce qui est un loisir ? Il n’y a pas aussi régulièrement des attaques des hommes politiques ou des médias sur le salaire des stars de cinéma, des chanteurs qui eux aussi gagnent des sommes conséquentes. On pourra remarquer qu’il n’y a jamais de campagnes contre le salaire des golfeurs ou des pilotes de Formule 1, sports d’élite au contraire du football. Cependant, le comportement de certains joueurs peut choquer. La notoriété et la réussite suscitent non seulement des droits, mais surtout des obligations. Le bling bling et l’ostentatoire sont à bannir. De nombreux professionnels parvenus à maturité s’engagent dans des causes d’intérêt général, on ne le sait pas suffisamment, les médias mettant plutôt l’accent sur des errements individuels, choquants mais minoritaires. • Par Pascal BONIFACE, Directeur de l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques, Secrétaire général de la Fondation du Football. 15 ACTU « La Victoire » récompensée à Madrid L a saison dernière, UCPF, LFP et Ministère de l’Intérieur menaient une campagne de communication – intitulée « Sortons la violence du stade » - pour affirmer leur volonté commune de lutter contre les violences dans nos stades. Au cœur de ce dispositif figurait « La Victoire », film publicitaire de 30 secondes orchestré par l’agence CLM-BBDO avec le talentueux jeune réalisateur Colin O’Toole, démontrant que les supporters violents ne viennent pas au stade pour le football... Ce film a reçu la médaille de bronze dans la catégorie « communication sociale » le 14 décembre dernier à Madrid à l’occasion du 5e Festival International de Publicité et Communication du Football, sous l’égide de la Liga de Fútbol Profesional. Le HAC en 1904 CIEL ET MARINE Yvon Kermarec, Vice-Président du club, accompagné de Zef et de ses 2 créateurs, Daniel Traon et Noël Uchard de l’agence de communication brestoise Image de Marque. Bienvenue à Zef le pirate ! advitam.org Maquette du magazine : 01 53 17 30 40 01 53 17 30 40 advitam.fr 16 UCPF : 88, avenue Kléber 75116 Paris – Tél. : 01 55 73 32 32 – Fax : 01 55 73 32 33 – [email protected] Directeur de la publication : Jean-Pierre Louvel – Rédacteur en chef : Philippe Diallo Rédaction : Marie-Laure Houari – Benjamin Viard – Bruno Belgodère – N° ISSN : 1168 – 8157 01 53 17 30 40 R ennes a son hermine, Lorient, son merlu, Valenciennes son cygne, Lyon son lion, Caen son viking… Nombre de clubs associent à leur image une mascotte représentative des valeurs et des symboles de leur équipe. Le Stade Brestois, qui possède une identité forte, un public et des supporters fiers de porter les couleurs rouges et blanches, vient de franchir le pas avec la création d’une mascotte que ne manquera pas de s’approprier le public et notamment les plus jeunes : Zef le Pirate, un personnage combatif, malin, un peu irrévérencieux et toujours, toujours, prêt à partir à l’abordage ! advitam.fr Jean-Pierre Louvel, président du Havre AC depuis 2000, a lancé les festivités de cette année de commémoration le 13 janvier dernier, à l’occasion du match contre le RC Lens ; elles vont s’égrainer tout au long de l’année et nous réserver de jolies surprises. Né au XIXe siècle, le H.A.C est fort de ses fondations et affiche ses ambitions pour le XXIe siècle : 2012 sera aussi résolument tournée vers l’avenir, avec l’inauguration du Grand Stade du Havre le 12 juillet prochain. 01 53 17 30 40 Tout a commencé voici 140 ans, derrière la palissade d’un terrain vague de l’avenue Foch, alors que la passion du football élit domicile au Havre, transportée depuis l’Angleterre dans les bagages d’étudiants… Les couleurs ciel et marine symbolisent d’ailleurs les racines du club, ses fondateurs exprimant ainsi leur attachement aux Universités d’Oxford (bleu marine) et de Cambridge (bleu ciel). advitam.org ’histoire du Havre Athletic Club se confond avec celle du football français. Fondé en 1872, le doyen des clubs français (et d’Europe continentale) – devenu professionnel en 1933, un an après la création du statut pro – entend célébrer son anniversaire en beauté. ©Stade Brestois L 140 ANS DE PASSION INTACTE !