1932-2012 profession #71 - Union des Clubs Professionnels de

Transcription

1932-2012 profession #71 - Union des Clubs Professionnels de
PROFESSION
#71
FOOTBALL
LE BULLETIN DE L’UNION DES CLUBS PROFESSIONNELS DE FOOTBALL • février/mars  2012 • www.ucpf.fr
1932-2012
© CRÉDIT PHOTO
LA FORMIDABLE HISTOIRE
DU FOOTBALL PROFESSIONNEL
ÉDITORIAL PAR JEAN-PIERRE LOUVEL
E
n 1932, le football français découvrait le
professionnalisme. Et rien ne fut simple.
Il lui a fallu vaincre tout d’abord les
réserves de ceux qui contestaient qu’un club
sportif puisse être professionnel et footballeur
un métier. Tout cela au nom d’une vision aristocratique qui ne voyait de noblesse que dans
l’amateurisme.
SOMMAIRE
Éditorial
Jean-Pierre Louvel
p. 1
ACTUALITÉS
Les fans de mode
investissent les stades !
Billet Philippe Diallo
1932 : naissance du
statut de club pro
80 e anniversaire
du Stade de Reims
Le supposé scandale
des salaires de footballeurs
par Pascal Boniface
p. 2
p. 3
p. 4
p. 8
p. 15
DOSSIER
Plus de sécurité dans les stades,
pour un meilleur accueil
p. 13
BRÈVES
140 e anniversaire du HAC
p. 16
Les années 1950 changèrent la donne, alors
que s’installait une certaine méritocratie par
le sport et qu’apparaissaient les premières
stars du ballon rond. Les exploits du Stade de
Reims ou du Racing cristallisèrent définitivement la passion du public.
Puis, ce fut le tour des verts de Saint-Étienne,
des canaris du FC Nantes, et plus récemment
de l’Olympique Lyonnais de dominer leur
époque attirant des millions de fans dans les
stades ou devant les écrans de TV.
La légende des clubs professionnels s’est
aussi écrite en Europe : la finale de Glasgow
en 1976, l’épopée bastiaise des Papi, Larios,
Lacuesta et Rep en 1978, et enfin les victoires
du PSG en coupe des coupes en 1996…
Après le 26 mai 1993, date historique où,
au Stade Olympique de Munich, l’OM battait
Milan AC 1 à 0, inscrivant enfin un club français au rang des vainqueurs de la Ligue des
Champions et faisant chavirer non seulement
la Canebière, mais toute la France. Ces joieslà ne s’effacent pas !
Acteurs majeurs du paysage sportif français, les
clubs professionnels ont su, malgré une concurrence internationale toujours plus vive, conserver
leurs valeurs d’excellence, de formation et de
solidarité vis-à-vis aussi bien du football amateur
que de l’ensemble du sport français.
Alors que nous célébrons ce 80e anniversaire,
nous sommes fiers de l’œuvre accomplie et
il nous importe aujourd’hui de cultiver et faire
fructifier ce précieux patrimoine. •
Excellence,
formation et
solidarité
PROFESSION #71
DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L’UCPF
LES FANS DE MODE
INVESTISSENT LES STADES !
L’UCPF et vente-privee.com ont créé
l’événement en proposant pour la première fois
une vente en ligne exceptionnelle de places
des championnats de France de Ligue 1 et
Ligue 2, du 1er au 11 décembre 2011.
L
es membres de vente-privee.com
avaient ainsi accès à des billets à
tarif réduit (entre 40 et 60 % du prix
de vente public) pour 100 rencontres disputées entre janvier et avril 2012, dans 37
villes de l’Hexagone.
Top 10
des ventes
- PSG/Évian TG
- OL/LOSC
- PSG/AC Ajaccio
- Stade Rennais/LOSC
- AS Saint-Étienne/Stade
Rennais
- OL/Dijon FCO
- OM/LOSC
- PSG/Toulouse FC
- AS Saint-Étienne/FC
Sochaux
- OM/Valenciennes FC
2
BILLET
© FEP - Philippe Germanaz
FÉVRIER / MARS  2012
FOOTBALL
ACTU
Cette opération a été
l’occasion pour le
sport n° 1 français de
démontrer sa capacité
à innover en associant les
clubs de l’élite avec le leader
de la vente événementielle
en ligne. Ce site est en
effet devenu en quelques
années un canal de distribution incontournable
pour les grandes marques
qui recherchent un moyen
alternatif de communiquer
et de vendre leurs produits
tout en créant l’événement.
À travers cette offre inédite, vente-privee.com
et les clubs professionnels s’inscrivaient dans
un partenariat gagnant/
gagnant : le football souhaitait s’ouvrir à
de nouveaux publics, au premier rang desquels les femmes qui représentent 66 %
des membres de vente-privee.com ; tandis que vente-privee.com entendait pour
sa part séduire un plus grand nombre
d’hommes qu’à l’accoutumée.
Objectifs atteints :
- 511 000 visiteurs uniques se sont rendus sur le site dédié « Ligue 1/Ligue 2 »
(qui comportait, outre la mise en avant des
clubs et de leurs affiches, des clips, des
animations, et un jeu-concours), ce qui
constitue un véritable « buzz » média ;
- Plus d’un acheteur sur deux est une
femme (58 % des acheteurs, versus 64 %
de femmes sur la base de vente-privée) ;
- 60 % des acheteurs ont moins de 34
ans.
L’acheteur-type est donc une jeune
femme trentenaire : les fans de mode
investissent les stades !
Il ressort également que les clients
se sont orientés vers les très bonnes
places du stade (catégorie 1 principalement) s’offrant ainsi exceptionnellement
le meilleur du spectacle à très bon prix.
C’est la confirmation que le public, audelà de l’aspect sportif, aspire à de bonnes
conditions d’accueil et de confort : de bon
augure pour les enceintes en construction
ou rénovation.
Alors qu’aucun objectif de vente
n’avait été projeté pour cette opération, compte tenu de son caractère
novateur, il s’agit également d’un succès commercial, avec 58 500 billets
vendus (dont 75 % sont des billets de
Ligue 1 et 25 % des billets de Ligue 2).
Jean-Pierre Louvel a salué cette première en déclarant : « Nous sommes tout
à fait satisfaits de cette opération qui nous
a permis de toucher de nouveaux publics.
Nos clubs ont été mis sur le devant de
la scène durant 10 jours de manière très
valorisante, tant sur le plan créatif que
commercial et cela s’est avéré porteur
auprès des clients de vente-privee.com
qui ne sont pas nos supporters habituels.
Souhaitons qu’une fois le match joué ils
reviennent dans nos stades, heureux du
spectacle qui les aura fait vibrer !  ». •
Le salaire de BECKHAM
PAR PHILIPPE DIALLO
D
avid Beckham a failli venir au PSG.
Jamais l’hypothèse de la venue d’un
joueur de football en France n’avait
suscité autant de commentaires. Tout y est
passé : son niveau sportif, son image, sa valeur
commerciale et même le shopping de sa
femme. Mais ce qui a surtout retenu l’attention, c’est son éventuelle rémunération. Et
chacun d’y aller de son commentaire voire de
son indignation.
Qu’un sportif mondialement connu ait pu
choisir la France pour s’établir, y payer
ses impôts, rendre plus attractif notre
championnat, aurait dû nous rendre fier et
renforcer notre espoir dans l’avenir. Mais
finalement pour certains ceci n’a que peu de
poids face au jugement moral.
Pourtant, les pourfendeurs sont parfois ceux-là
même qui se lamentent de l’abaissement
de l’attractivité de la France, qui s’insurgent
contre l’exil fiscal y compris des sportifs de
sport individuel. Cherchez la cohérence !
Surtout, ce sont souvent les mêmes qui,
en 1995 lorsque la Cour de Justice des
Communautés Européennes a par sa célèbre
décision Bosman reconnu la libre circulation
des joueurs au sein de l’UE, ont parlé d’une
libération des joueurs, d’une sortie de
l’esclavagisme…
Pourtant, c’est bien en grande partie dans cette
décision qu’il faut trouver l’explication de la
rémunération supposée de Beckham. Avec un
abaissement des frontières européennes sans
mesure d’accompagnement, sans harmonisation
fiscale et sociale, le marché du travail s’est trouvé
totalement dérégulé avec des conséquences
que nous avions prévues à l’époque mais qui
aujourd’hui sautent aux yeux de tous :
- Concentration des meilleurs joueurs dans
quelques équipes (lors de la désignation du
ballon d’or 2011 remporté par Messi, parmi les
10 premiers joueurs du classement 5 jouent
à Barcelone ou Real ; dans l’équipe type 2011
FIFA/FIFpro, seuls 3 clubs sont représentés
Real (4) / Barcelone (5) / Man chester United (2)).
- Concentration des revenus dans quelques
équipes (en 2009-2010, le cumul des budgets
des trois clubs les plus riches de la planète,
Real Madrid, Barcelone et Manchester United
était équivalent au chiffre d’affaires total des
40 clubs français de Ligue 1 et Ligue 2 !).
- Concentration des victoires dans quelques
équipes (sur la période post-Bosman
1996/2011, 2/3 des victoires en Ligue des
Champions sont revenues au quatuor Real,
Barcelone, MU et Milan AC).
Logiquement, cette concentration a profité aux
joueurs les plus talentueux qui sont courtisés
par les ténors de la scène européenne
prêts à leur offrir des rémunérations parfois
vertigineuses pour conserver leur domination
sportive et économique. Et cela ne devrait
pas s’arrêter puisqu’on voit émerger à l’Est,
en Asie ou aux États-Unis de nouveaux clubs
prêts à entrer dans la danse.
Aussi, plutôt que multiplier des indignations
qui sont souvent autant de poses médiatiques,
il serait plus intéressant et plus efficace de
s’interroger sur une régulation du football,
européenne dans un premier temps mais qui
devra rapidement « se mondialiser ».
Michel Platini, avec le Fair-play financier, a posé
un acte fort mais doit faire face aujourd’hui
encore à une réelle incertitude sur la licéité
de son application notamment en termes de
sanctions. L’Europe serait bien inspirée de lui
apporter un appui sur ce terrain-là.
Faut-il aller plus loin en limitant le nombre
de contrats dans une équipe, en limitant les
transferts du mercato hivernal, en plafonnant
les salaires et/ou les masses salariales ?
C’est par des réponses à ces questions que
nous trouverons aussi une réponse à la
question des hauts salaires. •
3
80 ANS DU FOOTBALL PROFESSIONNEL FRANÇAIS
Dossier 80 ans du football professionnel français
4
16 JANVIER 1932
ADOPTION DU STATUT
DE CLUB PROFESSIONNEL
En 1932, le football
français découvrait
le professionnalisme.
L
e football est apparu dans sa forme
moderne en Angleterre au milieu du
XIXe siècle. En 1863, plusieurs clubs
s’associent pour créer la Football Association (FA) afin de déterminer des règles
communes et de promouvoir ce sport, à
l’époque amateur. Les clubs anglais ont
rapidement évolué vers le professionnalisme, attirés par les recettes potentielles
de billetterie et désireux de rémunérer les
joueurs afin de recruter les meilleurs. Les
premières rétributions étaient en effet illicites et les scandales fréquents… La FA
a officialisé le football professionnel en
Angleterre dès 1885.
Le FC Sochaux-Montbéliard en 1931
En France, la bataille entre les défenseurs de l’amateurisme et ceux du
professionnalisme fait rage dans les
années 1920. Les premiers craignent que
la notion de jeu disparaisse, tandis que les
seconds estiment qu’il est bon pour le jeu
et les résultats de permettre aux joueurs
de se consacrer à leur sport. Alors que
les spectateurs viennent de plus en plus
nombreux et que les premières vedettes
du ballon rond apparaissent, la FFFA
(Fédération Française de Football Association, ancêtre de la FFF) tente de réfréner
la professionnalisation des joueurs. Mais
le phénomène prend néanmoins de l’ampleur, d’autant qu’il a déjà cours dans les
pays voisins : Tchécoslovaquie, Autriche,
Roumanie, Hongrie, Allemagne, Espagne...
L ES 20 CLUBS DU PREMIER
CHAMPIONNAT « NATIONAL »
Groupe A
Groupe B
•Club français
• Hyères Football Club
• Olympique lillois
• Olympique de Marseille
• FC Mulhouse
• OGC Nice
• SC Nîmes
• Racing Club de Paris
• Excelsior AC Roubaix
• Football Club de Sète
• Olympique Alès
• FC Antibes
• AS Cannes
• Sporting Club Fivois
• FC Metz
• SO Montpellier
• CA Paris
• Red Star Olympique
• Stade rennais Université Club
• FC Sochaux
Le 17 novembre 1930, une commission de la Fédération composée
notamment de Georges Bayrou,
Gabriel Hanot et Emmanuel Gambardella, institue le « joueur rétribué » et
permet d’aligner joueurs payés ou non au
sein d’une même formation.
Puis, le 17 janvier 1931, le Conseil
national de la FFFA adopte le principe
du professionnalisme, lequel aboutit
au vote, le 13 juin, du statut de joueur
professionnel. Son salaire mensuel est
même fixé à 2 000 francs (à titre indicatif,
le salaire mensuel moyen d’un ouvrier est
alors de 700 francs et celui d’un instituteur de 1 700 francs).
Un an plus tard, le 16 janvier 1932,
par 106 voix pour, 49 voix contre et
4 abstentions, le statut de club professionnel est accepté. Pour l’acquérir,
un club doit recruter au minimum huit
joueurs sous statut professionnel, avoir
eu des résultats probants par le passé et
avoir des recettes guichets suffisamment
importantes pour équilibrer les finances.
Pas moins de 50 clubs présentent leur
candidature au statut professionnel, 20
seulement sont sélectionnés. Certains
clubs hésitent à franchir le pas. Si les
dirigeants des clubs du Nord du pays
apparaissent plutôt hostiles à cette
évolution, de nombreux clubs du Sud
n’hésitent pas à poser leur candidature
auprès de la Fédération. Le Sud-est hérite
ainsi à lui seul de neuf des vingt sésames.
NAISSANCE DU CHAMPIONNAT
DE FRANCE PROFESSIONNEL
Depuis 1918, la seule compétition
nationale est la Coupe de France : un
championnat est organisé dans chaque
région et une phase finale regroupe les
meilleures équipes. Pour progresser, il
est primordial que les grands clubs s’affrontent dans un véritable championnat.
Or c’est une organisation difficile… Une
première tentative est lancée en 1927, qui
ne dure que trois saisons.
À l’été 1930, les dirigeants du FC
Sochaux, à l’initiative de Jean-Pierre
Peugeot, créent un tournoi national
réservé aux meilleurs clubs de France, sur
invitation : la Coupe Peugeot, connue également sous le nom de Coupe Sochaux.
Le succès de ce challenge est total.
Puis, le professionnalisme officiellement
adopté le 16 janvier 1932, la Coupe
Sochaux disparaît et laisse sa place à
un véritable Championnat de France
professionnel. Le coup d’envoi de
l’édition inaugurale – qui se joue à
deux groupes - est donné le 11 septembre 1932. Il semble qu’on n’y attache
5
Dossier 80 ans du football professionnel français
pas grande importance à l’époque. Le
sport préféré des Français est encore
sans conteste le cyclisme, qui fait régulièrement la une de l’hebdomadaire Le
Miroir des Sports, quant au quotidien
sportif L’Auto (prédécesseur de l’Équipe),
il annonce la nouvelle timidement sur une
seule colonne, la vedette étant donnée au
Grand Prix automobile de Monza…
Une première division - à deux groupes de
dix clubs - est alors mise en place (19321933). Une finale oppose les vainqueurs
de chaque groupe. Dès la saison suivante,
17 clubs sont admis à rejoindre les pros et
une Division 2 est mise sur pied.
L’Olympique Lillois,
1er Champion de France en 1933
M. le sous-secrétaire d’état
à l’Éducation nationale
récompense le champion
de France
La finale de 1933
au Stade de Colombes
La première finale a lieu le 14 mai 1933
au Stade olympique de Colombes et
voit s’affronter le vainqueur du Groupe
A, l’Olympique Lillois, au deuxième du
Groupe B, l’AS Cannes. Le FC Antibes,
vainqueur du groupe B censé prendre part
à la finale, a été en effet disqualifié par la
Fédération pour soupçon de corruption. Le
capitaine Lillois, Georges Beaucourt, reçoit
des mains du sous-secrétaire d’état à
l’Éducation nationale, M. Ducos, la coupe
récompensant le Champion de France,
offerte par le journal Le Petit Parisien.
Le Championnat prend le nom de « Division 1 » la saison suivante, en 1933, date
à laquelle le Championnat de Division 2
voit le jour. Cinq clubs se partagent les
sept premiers titres attribués, constituant
le noyau dur du championnat de 1932 à
1939 : le FC Sochaux-Montbéliard et le FC
6
actuellement le doyen de la L1 avec
37 saisons de présence.
• L’AS Saint-Étienne est le club le plus
couronné avec dix titres de champion
de France, devant l’Olympique de Marseille (9 titres) et le FC Nantes (8 titres).
• L’Olympique Lyonnais est le club qui
a remporté le plus de titres consécutifs
(7, entre 2002 et 2008).
• Depuis 1932, 82 joueurs ont marqué
plus de 100 buts en L1. Classement dominé par Delio Onnis (299
Des joueurs étrangers (britanniques et
autrichiens notamment) sont nombreux
à rejoindre les clubs français désormais
professionnels qui comptent ainsi dans
leurs rangs quelques-uns des meilleurs
joueurs de la planète. Un « effet » Coupe
du Monde est ressenti avec la tenue en
France de la Coupe du Monde 1938.
Mais la Seconde Guerre mondiale va
faucher le jeune football professionnel
français. Le professionnalisme est très
mal vu par le régime de Vichy, qui le
dissout en 1943 en créant des équipes
régionales. À la Libération, le football
professionnel français se dote d’une
structure propre : Le Groupement des
Clubs Autorisés, qui voit le jour dès le
27 octobre 1944. La refonte de la Division
1 est le sujet numéro 1 de l’été 1945.
Le 23 novembre 1957, le Groupement
prend le nom de Ligue Nationale de
Football. Le terme de « Groupement »
reste toutefois encore largement utilisé
jusqu’au cœur des années 1970, avant
que soit repris le nom de « Ligue Nationale de Football » dans les années 1980.
C’est à l’été 2002 que la Ligue Nationale de Football est rebaptisée la Ligue
de Football Professionnel, tandis que les
championnats prennent les noms actuels
de « Ligue 1 » et « Ligue 2 ». •
Les trophées d’aujourd’hui :
Trophée des Champions,
Championnat de France,
Coupe de la Ligue.
LA LIGUE 1, EN CHIFFRES ET EN LETTRES
• L e LOSC Lille Métropole est le
tenant du titre de la saison 2010-2011
• Depuis 1932, 72 clubs différents ont
évolué en L1.
•A
vec 64 saisons de présence en L1,
le FC Sochaux-Montbéliard détient
le record du nombre de saisons parmi
l’élite.
• Le FC Nantes détient le record de
longévité en L1 avec 44 saisons
consécutives (1962-2007).
• L e Paris Saint-Germain est
Sète (anciennement Olympique de Cette)
en remportent deux chacun ; le RC Paris,
l’Olympique de Marseille et l’Olympique
Lillois en conquièrent un pour leur part.
buts) devant Bernard Lacombe (255)
et Hervé Révelli (215). Aucun joueur
encore en activité en L1 n’a franchi la
barre des 100 buts.
• Depuis 1932, 19 joueurs ont joué plus
de 500 matchs en L1. Classement
dominé par les gardiens internationaux
Jean-Luc Ettori (602 matchs), Dominique Dropsy (596) et Dominique
Baratelli (593). Le premier joueur de
champ à figurer dans ce classement est
Alain Giresse (587 matchs). •
QUELQUES
DATES CLÉS
DU FOOT PRO
• 26 octobre 1863 en Angleterre : fondation de
la Football Association à Londres, naissance
et codification du football moderne, qui se
professionnalise outre-manche dès 1885
• 1872 : naissance du premier club français,
Le Havre Athletic Club (qui devient professionnel en 1933)
• 1904 : fondation de la FIFA à Paris
• 1917 : création de la Coupe de France (ou
Coupe Charles Simon, dirigeant sportif mort
au front en 1915), alors la seule épreuve à
caractère national
• 7 avril 1919 : fondation de la FFF - par transformation du « Comité français inter-fédéral »
(créé en 1906) - sous le nom de Fédération
française de football association (FFFA)
• 1929 : le Football Club de Sochaux, créé en
1928, s’affiche - en recrutant les meilleurs
joueurs français et étrangers qu’il avoue
officiellement payer à l’heure - comme le
premier club professionnel français
• 17 janvier 1931 : le Conseil national de la
FFFA adopte le principe du professionnalisme
• 13 juin 1931 : adoption du statut de joueur
professionnel
• 16 janvier 1932 : adoption du statut de club
professionnel
• 1932-1933 : premier championnat professionnel, remporté par l’Olympique Lillois
• 27 octobre 1944 : création du Groupement
des Clubs autorisés, précurseur de la LFP
• 1969 :
- la Ligue autorise la publicité sur les maillots
- la France est le premier pays au monde à
instaurer le contrat à temps (CDD de joueur
d’une durée de 3 ans) en remplacement du
contrat pro qu’on a pu appeler le « contrat à
vie »
• 1973 : établissement de la Charte du football
professionnel
• 1984 :
- première signature d’un contrat de retransmission TV en France
- création de la Direction Nationale du
Contrôle de Gestion
•28 février 1990 : Fondation de l’UCPF, dont
André Laurent devient le 1er Président
• 15 décembre 1995 : Arrêt Bosman, décision
de la Cour de justice des Communautés européennes (CJCE)
• 28 décembre 1999 : le Parlement vote un
nouveau statut pour les clubs, la Société Anonyme Sportive Professionnelle (SASP)
7
80 ANS DE LÉGENDE
EN ROUGE ET BLANC !
Real Madrid/Stade de Reims
– le score n’a pas encore
basculé…
© photo Franck Poidevin
Dossier 80 ANS DE LÉGENDE EN ROUGE ET BLANC !
Fauré, Fontaine, Muller, Colonna,
décembre 2011.
clubs champions qui vient d’être créée,
se qualifient pour la finale contre le Real
Madrid. Au Parc des Princes, les Madrilènes s’imposent 4 buts à 3 ; la déception
est d’autant plus grande que Raymond
Kopa, la première star du football français, va quitter le club pour intégrer le
Real… Le transfert a coûté 100 millions
de francs de l’époque au club espagnol.
La ville de Reims possède en ce
temps-là une deuxième cathédrale :
le stade Auguste Delaune. C’est là
que les caméras de l’ORTF se posent
pour diffuser le premier match en direct
de l’histoire du Championnat de France,
Reims-Metz, le 29 décembre 1956. Le
parc de téléviseurs est alors estimé à
700 000 en France, Georges de Caunes
est aux commentaires, c’est l’événement
de cette fin d’année.
Qui ne connaît la
légende du Stade
de Reims ? Le club
mythique qui - un
quart de siècle avant
la fièvre stéphanoise a fait du football une
passion nationale.
8
Le Stade de Reims est né le 18 juin
1931 - succédant à la Société Sportive
du Parc Pommery, fondée en 1911 – et
a adhéré au professionnalisme à l’été
1935. Doté d’un palmarès prestigieux,
il a remporté six titres de champion de
France, deux coupes de France et est
le premier club français à avoir atteint à
deux reprises la finale de la Coupe d’Europe des Clubs Champions.
C’est l’intronisation en tant qu’entraîneur du capitaine de l’équipe,
Albert Batteux, en 1951, puis l’arrivée de Raymond Kopa en 1952, qui
permettent aux champenois en pleine
ascension de devenir une équipe imbattable, appréciée en France comme à
l’étranger. On se déplace de Paris pour
admirer le beau jeu du grand club. Sacré
champion et vainqueur de la Coupe
Latine en 1953, Reims est parti pour
marquer les années 1950 et l’histoire du
ballon rond.
Après un nouveau sacre en championnat
en 1955, Batteux devient sélectionneur
de l’équipe de France, tout en restant
au club. La même année, les Stadistes
concentrés sur la Coupe d’Europe des
Pour pallier le départ de Kopa, le
club recrute l’avant-centre Just Fontaine, venant de l’OGC Nice, qui devient
meilleur buteur du championnat (1958
et 1960), et dont on ne compte plus les
exploits sous le maillot bleu – il est encore
à ce jour le meilleur buteur en une seule
phase finale de Coupe du monde avec
13 buts (Suède 1958). L’ère du grand
Reims coïncide en effet avec l’essor
de l’équipe de France qui compte
nombre de Rémois dans ses rangs
(Kopa, Fontaine, Bliard, Jonquet, Hidalgo,
Piantoni, Vincent) et atteint la troisième
place de la Coupe du monde de 1958.
Batteux prône une attaque millimétrée,
à base d’une-deux et de démarquages,
en avance sur son temps. Après lui,
le football français ne sera plus jamais
comme avant, son travail influençant de
nombreux entraîneurs. Ainsi le fameux
corner « à la rémoise » (tiré latéralement
vers un joueur éloigné du but pour que
ce dernier puisse ouvrir son angle de tir)
a survécu à toutes les modes.
Reims est de nouveau champion de
France en 1960 et 1962, mais parallèlement à un mauvais parcours européen.
Just Fontaine a pris sa retraite en 1962,
le club ne renouvelle pas le contrat d’Albert Batteux à l’issue de la saison 1963,
les stars sont parties : la grande épopée
s’achève.
Relégué en deuxième division dans les
années 1960, le club est l’ombre de
lui-même…
Albert
Batteux,
architecte
d’un football
nouveau
Albert Batteux
9
Dossier 80 ANS DE LÉGENDE EN ROUGE ET BLANC !
Le club va alors connaître un renouveau grâce notamment à deux
avant-centres de génie venus d’Argentine : Delio Onnis en 1971 et
Carlos Bianchi en 1973.
Banchi « El Goleador » sera sacré à cinq
reprises meilleur buteur du championnat (palmarès que seuls Onnis et Papin
ont égalé à ce jour) dont 3 fois sous le
maillot rémois. Lors de la seconde partie
de saison 1984-1985, il devient entraîneur-joueur du Stade de Reims, puis
commence sa carrière d’entraîneur la
saison suivante.
Un club
éternel
tourné
vers l’avenir
L’intervalle 1979-1992 est celui du
déclin. Le club reste en milieu de tableau
de D2 et fait face à une situation financière problématique. En l’absence d’un
repreneur, il est rétrogradé en D3 à la fin
de la saison 1990-1991. Puis le Tribunal
de Grande Instance prononce la liquidation judiciaire en octobre 1991. Le club
devient le Stade de Reims Champagne
FC, auquel la Fédération permet de
continuer le championnat, avant qu’une
nouvelle liquidation judiciaire soit prononcée en mai 1992, avec cessation de
toute activité.
Triste symbole : les 230 coupes et 200
fanions brodés sont alors vendus aux
enchères. Alain Afflelou les emporte
moyennant 700 000 francs.
Deux mois après ce verdict, le club renaît
sous l’appellation de Stade de Reims
Champagne et prend le départ du championnat de Division d’honneur du groupe
Nord-Est. Le football à Reims n’est pas
mort…
Mai 1994 voit la remontée en N3. En
1996, le groupe Speedy devient partenaire du club dont le publicitaire
Christophe Chenut prend les commandes. Sa première démarche consiste
à « racheter » les trophées à Alain Afflelou pour un franc symbolique.
Le club est de nouveau baptisé « Stade
de Reims » en juillet 1999. Il retrouve la
Ligue 2 après son titre de Champion de
France de National en 2004.
© photo Franck Poidevin
Le président Caillot est secondé par Olivier Létang, directeur général du club
depuis 2006 après y avoir été directeur
administratif et financier en même temps
que footballeur professionnel. Il fait partie du top 10 des joueurs ayant joué le
plus de matchs avec l’équipe première
du Stade de Reims (215). Encore une
histoire de cœur !
10
Tout comme Raymond Kopa, le
Stade de Reims a soufflé 80 bougies
en 2011. Relater son histoire, c’est évoquer les exploits, les champions et les
grandes heures qui en font un club éternel… tourné désormais vers l’avenir.
Jean-Pierre Caillot
et Olivier Létang
CADEAUX D’ANNIVERSAIRE
DU STADE DE REIMS
Jean-Pierre Caillot, douzième et
actuel président du club, succède
à Christophe Chenut en juillet 2004.
Entrepreneur rémois, il était partenaire
financier du club depuis 1993, devenu
vice-président en 2001. Cet amoureux
du Stade de Reims ne poursuit qu’un
objectif : la remontée du club de son
cœur en ligue 1. Sous sa présidence, le
club s’est stabilisé malgré une descente
en National à l’issue de la saison 20082009. En 2011, il a obtenu son meilleur
classement depuis plus de 20 ans en
terminant 10 e de Ligue 2, où il tient
aujourd’hui le haut du tableau.
Tout d’abord un match de gala
Le lundi 5 décembre 2011 à Delaune, le club rémois marquait le coup, à
l’occasion de la rencontre de championnat contre Nantes, en invitant plusieurs de ses anciennes gloires. Raymond Kopa, Just Fontaine, Carlos
Bianchi, Lucien Muller, Dominique Colonna, Georges Lech, Patrice
Buisset ont honoré leur ancien club par leur présence.
Bianchi et Kopa ont donné le coup d’envoi symbolique, sous les acclamations du public qui leur a offert une ovation debout. Le match s’est achevé
dans une ambiance de fête sur le score de 3-1.
© photo Franck Poidevin
En 1970, les dirigeants du football français choisissent de porter de 18 à 20 le
nombre d’équipes en D1. Reims, 4 e de
D2, est repêché au titre des services rendus à la nation footballistique.
Adeline Hazan et Carlos Bianchi
Puis une soirée événementielle
La soirée officielle d’anniversaire a eu lieu le mardi 6 décembre au
Domaine Pommery, toujours en présence des « grands anciens ». Les
invités ont pu savourer en avant-première le documentaire « Le Stade
de Reims, une odyssée en rouge et blanc » réalisé par le Rémois Olivier
Hennegrave.
À l’issue de la projection, Carlos Bianchi, l’ancien attaquant du Stade et de
l’équipe argentine, s’est vu décerner la médaille de la Ville de Reims des
mains de la Maire, Madame Adeline Hazan. Une consécration qui vient
récompenser ses années de joueur et d’entraîneur. Celui qui a conquis et
conservé le respect de tous les Rémois a déclaré : « Je reste fidèle à une ville
et à un club qui aura changé ma vie, qui fait partie de moi ».
Et enfin, un film hommage.
« Le Stade de Reims, une odyssée en rouge et blanc »
d’Olivier Hennegrave.
Ce documentaire retrace en 52 minutes l’histoire d’un club hors norme.
Un travail colossal, débuté en avril 2011, qui repose sur des documents
d’archives rares, des témoignages d’anciennes gloires mais aussi des
paroles de supporteurs. De la période faste des années 50, au début
de l’ère professionnelle en passant par la descente aux enfers de 1992.
Diffusé sur France 3 Champagne-Ardenne, ce film est également disponible en DVD pour le bonheur du grand public. •
11
LA SÉCURITÉ DANS LES STADES
LA SÉCURITÉ DANS LES STADES
PLUS DE SÉCURITÉ
DANS LES STADES,
POUR UN MEILLEUR ACCUEIL
Par Eve Derouesné et François Klein, avocats - KGA Avocats
À l’heure où les
clubs de football
professionnel ont
entériné la mise en
œuvre d’une licence
(la Licence club)
visant notamment
à promouvoir
l’image du football
en privilégiant un
accueil de plus
en plus convivial
pour le public, un
arrêt récent du
Conseil d’État mérite
diffusion.
12
soutenir moralement le Montpellier Hérault
Sport Club » - qui étaient regardés comme
à l’origine de ces incidents.
L
es dispositions de l’article L332-18
du Code du sport permettent de
faire suspendre d’activités, voire de
faire dissoudre, une association qu’on
qualifiera, pour plus de simplicité, de « supporters ». C’est l’effectivité de la mise en
œuvre de ces dispositions qui a été consacrée par le Conseil d’État dans un arrêt du
9 novembre 2011. Quels étaient les faits ?
- Le 20 février 2010, à l’occasion du déplacement à Saint-Étienne de Montpellier,
des fumigènes et bombes agricoles ont
été allumés par 96 supporters tentant de
contourner un dispositif policier installé en
sortie de train.
- Le 7 août 2010, à l’occasion de la venue
des Girondins de Bordeaux à Montpellier, des pierres, des bouteilles de verre et
une ceinture cloutée avaient été jetées en
direction des supporters bordelais.
- Le 18 septembre 2010, à l’occasion
du déplacement à Saint-Étienne de
Montpellier, des individus, se prétendant
supporters de ce même club, ont encore
lancé des pierres en direction des tribunes
adverses.
- Enfin, le 8 janvier 2011, à l’occasion
du déplacement à Reims du Montpellier
Hérault SC, des agressions envers des
personnes et envers les fonctionnaires
de police venus pour leur porter secours
ont été commises par des supporters de
Montpellier.
Ce sont les membres de l’Association
Butte Paillade 91 - qui a pour objet « de
C’est dans ces conditions que sur le
fondement des dispositions de l’article
L332-11, le ministre de l’Intérieur a déclenché la procédure tendant à la suspension
d’activité d’une association sportive et que,
finalement, le premier ministre a, par décret
du 31 janvier 2011, pris une décision de
suspension d’activité de l’association Butte
Paillade 91 d’une durée de 4 mois.
permettre l’application de la loi, venant
ainsi en aide aux clubs qui entendent faire
régner le calme dans leurs stades, voire
à l’extérieur, considérant que ceux-ci ne
doivent pas être le théâtre de violences.
Cette première décision relative à une
mesure de suspension d’activités confirme
l’efficacité de cette réglementation dont
l’une des difficultés de mise en œuvre
réside dans la nécessité d’imputer à
chaque fois les faits commis en masse à
des individus identifiés et ensuite d’établir
à chaque fois encore le lien entre ces individus et l’association sportive.
Saisi de recours en excès de pouvoir présenté par l’Association Butte Paillade 91
et par une personne physique, le Conseil
d’État a jugé, d’une part, au vu des pièces
du dossier et malgré les dénégations des
personnes mises en cause, que les incidents émanaient de personnes membres
de l’Association Butte Paillade 91. D’autre
part, il a considéré que ces faits avaient
« le caractère d’actes répétés de violence
sur des personnes, commis en réunion, en
relation ou à l’occasion de manifestations
sportives ».
En conséquence, le Conseil d’État a jugé
que les dispositions de l’article L332-18
du Code du sport étaient bien réunies et
a ainsi rejeté les demandes d’annulation
du décret pris par le ministre de l’Intérieur
en date du 31 janvier 2011 portant suspension d’activité de l’Association Butte
Paillade 91 pour une durée de 4 mois.
Cette affaire a le mérite d’illustrer comment, de manière utile, le Conseil d’État
accepte de procéder au rattachement
entre les individus en cause et l’association
sportive même si celui-ci pouvait apparaître parfois seulement indirect et partiel :
- pour les faits des 20 février et 18 septembre 2010 : c’est la fréquentation par les
personnes mises en cause des tribunes
occupées habituellement par l’Association
Butte Paillade 91 qui suffit ;
- pour ceux du 7 août 2010 : c’est la présence des noms de deux des personnes
mises en cause sur une délibération d’assemblée générale de l’Association ;
- pour ceux du 8 janvier 2011 : c’est la
reconnaissance par les personnes de leur
appartenance à l’Association dont l’un
assumait les fonctions de trésorier.
Il est ainsi rappelé que des textes existent,
lesquels permettent aux clubs et à leurs
dirigeants de cibler des fauteurs de
troubles et de stigmatiser ceux qui projettent une image frelatée du football,
empêchant l’évolution voulue par tous de
plus de convivialité dans des stades aux
structures améliorées.
Les pouvoirs publics et finalement la
juridiction ont démontré la volonté de
Il apparaît ainsi qu’il faut encourager de
telles initiatives comme multiplier l’interdiction au stade des « individus repérés » par
les clubs, leurs préposés ou les services
qu’ils mettent à disposition pour la sécurité
des spectateurs.
Mais c’est aussi en faisant la publicité sur
l’efficacité de ces mesures que les clubs
se sentiront confortés pour les mettre en
œuvre, dédaignant ainsi toute complicité
avec les soi-disant supporters - notion
dont il faut d’ailleurs relever qu’elle n’a
aucune définition juridique.
Alors que les pouvoirs publics imposent
aux clubs des mesures de plus en plus
coûteuses et drastiques en termes de
sécurité, il serait utile que les clubs utilisent
les dispositions légales à leur disposition,
en particulier en déclenchant la procédure
de suspension en cause en saisissant
à cet effet le ministre de l’Intérieur et en
présentant - comme ils en ont le droit des observations devant la Commission
nationale consultative de prévention des
violences lors des manifestations sportives.
Maintenons
la convivialité
dans les
stades
Nous savons aussi que cette voie est
incontournable pour que le spectacle du
football soit mieux vendu aux chaînes de
télévision et aux sponsors. •
13
DOSSIER LA SÉCURITÉ DANS LES STADES
OPINIONS
LES OUTILS D’AMÉLIORATION
DE LA LUTTE CONTRE LA VIOLENCE
DANS LES STADES
La loi n° 2010-201 dite LOPPSI 1 et la Loi
n° 2011-267 du 14 mars 2011 dite LOPPSI 2
comprennent un certain nombre de mesures
qui modifient le code du sport s’agissant de
la sécurité des manifestations sportives et de
la répression des violences qui peuvent être
commises à l’occasion de la tenue de celles-ci.
Ces mesures sont les suivantes :
• Un recours obligatoire à une société de
sécurité agréée pour la surveillance de l’accès
aux enceintes sportives pour toute manifestation sportive accueillant au moins 300
spectateurs (au lieu de 1500 précédemment)
(article L332-2 code du sport).
• La possibilité, par arrêté, pour le ministre de
l’Intérieur d’interdire le déplacement individuel
ou collectif de supporters ou de personnes
se comportant comme tels sur les lieux d’une
manifestation sportive dont la présence est
susceptible d’occasionner des troubles
graves pour l’ordre public. Cette interdiction
est limitée dans le temps, doit être naturellement motivée et préciser les communes de
départ et d’arrivée concernées par l’interdiction de déplacement (matches à l’extérieur)
14
(article L332-16-1 du code du sport). Le
non-respect d’une telle mesure est passible
de sanctions pénales (30 000  €/ 6 mois) ainsi
que (c’est obligatoire, sauf décision contraire
spécialement motivée) d’une interdiction judiciaire de stade d’un an.
• La possibilité, par arrêté, pour le représentant de l’État de restreindre la liberté d’aller
et de venir de supporters ou de personnes
se comportant comme tels sur les lieux
d’une manifestation sportive et dont la présence est susceptible d’occasionner des
troubles graves pour l’ordre public (matches
à domicile) (article L332-16-2 code du sport).
L’arrêté doit être limité dans le temps et
motivé et préciser le territoire sur lequel la
restriction s’applique. Les mêmes sanctions
pénales s’appliquent en cas de non-respect
de l’arrêté.
• La possibilité pour le Préfet de prendre une
mesure d’interdiction administrative de stade
(interdiction de pénétrer ou de se rendre aux
abords) pouvant aller jusqu’à 12 mois (24
mois en en cas de nouvelle mesure d’interdiction dans un délai de 3 ans) lorsqu’une
personne par son comportement d’ensemble
à l’occasion de manifestation sportive ou par
la commission d’un acte grave à l’occasion
de l’une de ces manifestations constitue une
menace pour l’ordre public ou si cette personne appartient à une association ou à un
groupement de fait dissous (ou suspendu) ou
participe à la reconstitution d’un tel groupement (article L332-16 du code du sport).
• L’obligation de « pointer » pour une
personne qui fait l’objet d’une interdiction judiciaire (ou administrative) de stade, tant pour
les matchs en France qu’à l’étranger (articles
L332-11 et L322-16 du code du sport).
• La communication facultative des interdits de stades par le Préfet aux associations
de supporters agréées ainsi qu’aux États
étrangers qui accueillent une manifestation
sportive à laquelle participe une équipe française (articles L332-15 et L332-16 du code
du sport).
• La communication obligatoire et systématique des interdits de stades par le Préfet aux
fédérations, mais aussi aux associations et
sociétés sportives (articles L332-15 et L33216 du code du sport).
• L’existence de sanctions pénales pour
participation aux activités d’une association
ou groupement de fait suspendu ou dissous
(article L332-19 du code du sport).
Il est intéressant de noter que la LOPPSI
2 avait été transmise au Conseil constitutionnel qui n’a pas jugé contraires à la
Constitution les dispositions de la loi permettant au ministre de l’Intérieur ou aux
préfets de restreindre la liberté d’aller et
venir des supporters, au motif que ces
dispositions opèrent entre le respect de la
liberté d’aller et venir et la sauvegarde de
l’ordre public, une conciliation qui n’est pas
manifestement déséquilibrée.
Par ailleurs, une disposition de cette même
loi qui visait à pénaliser le fait, sans autorisation du producteur, de l’organisateur
ou du propriétaire des droits d’exploitation
d’une manifestation sportive, culturelle ou
commerciale, d’offrir, de mettre en vente ou
d’exposer en vue de la vente, sur un réseau
de communication au public en ligne, des
billets d’entrée ou des titres d’accès à une
telle manifestation pour en tirer un bénéfice,
a été censurée par le Conseil constitutionnel
mais celle-ci, légèrement adaptée et modifiée devrait voir le jour dans le cadre de la
proposition de loi visant à renforcer l’éthique
du sport et les droits des sportifs.
Ainsi donc, tout un arsenal législatif couplé
à une implication concertée des pouvoirs
publics (ministère de l’Intérieur et ministère
de la Justice), des instances du football
et des clubs permettent une amélioration
considérable de la lutte contre les violences
dans les stades. •
LE SUPPOSÉ SCANDALE
DES SALAIRES DE FOOTBALLEURS
R
égulièrement, les hommes politiques
et les médias fustigent les salaires,
selon eux scandaleux, des joueurs
de football. Les chiffres peuvent donner le
vertige en période de crise économique.
À la réflexion, ces dénonciations font penser au proverbe chinois « quand le sage
montre la lune, l’imbécile voit le doigt ».
Les salaires de footballeurs n’ont rien de
commun avec ceux des citoyens ordinaires. Cela n’a pas toujours été comme
cela. Kopa a pu, avec ses premiers salaires,
se payer un vélo, néanmoins dès qu’il avait
une baisse de forme il entendait dans les
tribunes « feignant retourne à la mine ! ».
D’où vient l’argent des footballeurs ? Tout
simplement des recettes qu’ils génèrent.
Droits télé, sponsoring, merchandising,
recettes guichets. Les sommes en jeu
n’ont plus rien à voir avec ce qui existait
auparavant, mais contrairement aux spéculateurs qui produisent du chômage,
les footballeurs ne détruisent pas de la
richesse, ils en créent. Le jour où le public
ne suivra plus, leurs salaires seront réduits
d’autant. Personne n’est forcé d’aller au
stade, de regarder le match à la télé, de
s’acheter un maillot.
Au-delà des salaires des professionnels
toutes ces sommes ont des retombées
économiques positives pour le reste du
pays : impôts, redistribution au sport
amateur, etc. Si on supprimait le football
professionnel, le monde ne serait pas plus
juste pour autant. La vérité c’est que le
succès du foot crée de la jalousie. Le football est le sport populaire par excellence,
pratiqué par des millions de Français.
Peut-on être payé dans des conditions
exceptionnelles pour pratiquer ce qui est
un loisir ? Il n’y a pas aussi régulièrement
des attaques des hommes politiques
ou des médias sur le salaire des stars
de cinéma, des chanteurs qui eux aussi
gagnent des sommes conséquentes. On
pourra remarquer qu’il n’y a jamais de
campagnes contre le salaire des golfeurs
ou des pilotes de Formule 1, sports d’élite
au contraire du football.
Cependant, le comportement de certains
joueurs peut choquer. La notoriété et la
réussite suscitent non seulement des
droits, mais surtout des obligations. Le
bling bling et l’ostentatoire sont à bannir.
De nombreux professionnels parvenus
à maturité s’engagent dans des causes
d’intérêt général, on ne le sait pas suffisamment, les médias mettant plutôt
l’accent sur des errements individuels,
choquants mais minoritaires. •
Par Pascal BONIFACE,
Directeur de l’Institut de
Relations Internationales et
Stratégiques, Secrétaire général
de la Fondation du Football.
15
ACTU
« La Victoire » récompensée
à Madrid
L
a saison dernière, UCPF, LFP et Ministère de l’Intérieur menaient une campagne de communication
– intitulée « Sortons la violence du stade » - pour
affirmer leur volonté commune de lutter contre les violences dans nos stades.
Au cœur de ce dispositif figurait « La Victoire », film publicitaire
de 30 secondes orchestré par l’agence CLM-BBDO avec le
talentueux jeune réalisateur Colin O’Toole, démontrant que les
supporters violents ne viennent pas au stade pour le football...
Ce film a reçu la médaille de bronze dans la catégorie
« communication sociale » le 14 décembre dernier à
Madrid à l’occasion du 5e Festival International de Publicité
et Communication du Football, sous l’égide de la Liga de Fútbol Profesional.
Le HAC en 1904
CIEL ET MARINE
Yvon Kermarec, Vice-Président du club, accompagné de
Zef et de ses 2 créateurs, Daniel Traon et Noël Uchard de
l’agence de communication brestoise Image de Marque.
Bienvenue à
Zef le pirate !
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Maquette du magazine :
01 53 17 30 40
01 53 17 30 40
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16
UCPF : 88, avenue Kléber 75116 Paris – Tél. : 01 55 73 32 32 – Fax : 01 55 73 32 33 – [email protected]
Directeur de la publication : Jean-Pierre Louvel – Rédacteur en chef : Philippe Diallo
Rédaction : Marie-Laure Houari – Benjamin Viard – Bruno Belgodère – N° ISSN : 1168 – 8157
01 53 17 30 40
R
ennes a son hermine, Lorient, son merlu, Valenciennes son cygne, Lyon son lion, Caen son
viking… Nombre de clubs associent à leur
image une mascotte représentative des valeurs et des
symboles de leur équipe.
Le Stade Brestois, qui possède une identité forte, un
public et des supporters fiers de porter les couleurs rouges
et blanches, vient de franchir le pas avec la création d’une
mascotte que ne manquera pas de s’approprier le public et
notamment les plus jeunes : Zef le Pirate, un personnage
combatif, malin, un peu irrévérencieux et toujours, toujours,
prêt à partir à l’abordage !
advitam.fr
Jean-Pierre Louvel, président du Havre AC depuis
2000, a lancé les festivités
de cette année de commémoration le 13 janvier dernier, à l’occasion du
match contre le RC Lens ; elles vont s’égrainer tout au long de l’année et nous réserver
de jolies surprises.
Né au XIXe siècle, le H.A.C est fort de ses
fondations et affiche ses ambitions pour le
XXIe siècle : 2012 sera aussi résolument tournée vers l’avenir, avec l’inauguration du Grand
Stade du Havre le 12 juillet prochain.
01 53 17 30 40
Tout a commencé voici 140 ans, derrière
la palissade d’un terrain vague de l’avenue Foch, alors que la passion du football
élit domicile au Havre, transportée depuis
l’Angleterre dans les bagages d’étudiants…
Les couleurs ciel et marine symbolisent d’ailleurs les racines du club, ses
fondateurs exprimant ainsi
leur attachement aux Universités d’Oxford (bleu
marine) et de Cambridge
(bleu ciel).
advitam.org
’histoire du Havre Athletic
Club se confond avec
celle du football français. Fondé en 1872, le
doyen des clubs français
(et d’Europe continentale)
– devenu professionnel en
1933, un an après la création du statut pro – entend
célébrer son anniversaire en
beauté.
©Stade Brestois
L
140 ANS DE
PASSION INTACTE !