Synthèse du rapport annuel - Observatoire des nouveaux concepts

Transcription

Synthèse du rapport annuel - Observatoire des nouveaux concepts
Synthèse
du rapport annuel
Année
2010
L’OBSERVATOIRE DES NOUVEAUX CONCEPTS COMMERCIAUX
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L'observatoire
des
nouveaux
concepts commerciaux, créé en
janvier 2010 par l'action conjointe
de la Direction Générale de la
Compétitivité, des Industries et des
Services (DGCIS), du Conseil du
Commerce de France (CdCF) et du
Pôle
de
compétitivité
des
Industries du COMmerce (PICOM),
est un dispositif de veille mutualisé à
l’échelle de la profession visant à
détecter de manière précise les
mutations du commerce par l'analyse
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assignés à l'observatoire :
- Recenser les nouveaux concepts
permettant de suivre l'intensité de
l'activité innovatrice dans le secteur
du commerce" %," -%-" 278/%&,%-"
composantes,
- Décrire les nouveaux concepts afin de
permettre
d'en
expliciter
les
principales caractéristiques, de faciliter
les comparaisons, voire de fournir la
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- Décrypter les dernières tendances à
l'oeuvre dans le commerce de détail,
dont l'apparition de nouveaux concepts
constitue des signaux faibles.
La mise en oeuvre de l’ONCC a été
confiée au CREDOC (Centre de
recherche
pour
l’étude
et
l’observation des conditions de vie
en collaboration avec l’IFLS (Institut
Français du Libre-Service).
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son environnement au cours des vingt dernières années. On peut
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En 2010, l’Observatoire des Nouveaux Concepts Commerciaux , créé sous
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1
Les principales caractéristiques des nouveaux concepts
Répartition
par branchepremier
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L’habillement,
Répartition des nouveaux concepts 2010 par secteur
d’activité
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Une forte concentration des nouveaux concepts au sein de l’agglomération parisienne
Les nouveaux concepts sont localisés de manière privilégiée dans les zones de chalandise les plus denses, à savoir
l’agglomération parisienne (58%) et les grandes villes de plus de 200 000 habitants (29%). Si les débouchés sont importants
au sein de la capitale, la concurrence y est également très vive en raison de la saturation d’un certain nombre de quartiers.
De plus, l’écart entre la localisation parisienne et la localisation en province est amené à se réduire au cours du temps. En
effet, les concepts parisiens, voués à être dupliqués à grande échelle en cas de succès, seront pour la plupart étendus à
d’autres villes. C’est le cas, par exemple, des enseignes Acuitis, Les enfants de Noé, l’Esprit Jardiland et la Manufacture
d’Intérieurs.
La vitalité du commerce urbain et la prédominance des formats « boutique »
Les centres-villes concentrent plus de trois nouveaux concepts sur cinq recensés en 2010. Cette prépondérance du
commerce urbain s’explique, dans une large mesure, par le poids de l’habillement dans l’activité de création des nouveaux
concepts (79% des cas recensés dans l’habillement sont localisés en centre-ville contre 54% pour l’ensemble des nouveaux
concepts hors habillement). En outre, on observe également le développement de concepts exclusivement dédiés au milieu
urbain (petits formats de proximité), à l’instar de Carrefour Express, C Express, Hal’Shop dans l’alimentaire, et de Greenway
(enseigne spécialisée dans la mobilité urbaine) dans le non alimentaire, ce qui vient confirmer l’impression de vitalité de ce
type de commerce. Cet engouement des Français pour le commerce de proximité se fait ainsi au détriment du commerce de
périphérie et se traduit par une surreprésentation des formats « boutique » parmi les nouveaux concepts, en raison principalement du prix très élevé du foncier dans les centres-villes. Ainsi, 51% des cas recensés se développent sur des
surfaces inférieures à 150 m² et 16% sur moins de 50 m².
Les nouvelles enseignes recensées en 2010 (1/3)
- 7 nuits
-
Acuitis
Arte International
Athena
Au pays
Aviatic jeans
-
Bar à pelotes Phildar
BCBG / Hervé Léger
Beauty Box by colorii
Brico Usine
C Express
Carati
-
Carrefour Express
Carrefour Planète
Centre Commercial
Compagnie des marchés
Confo Déco
Confo Dépôt
-
Damart Sport
Ela Stone
Eric Favre
Ethnic Angel
Franklin et Marshall
Fripop
2
Une forte emprise des groupes de la distribution
Les nouveaux concepts sont le plus souvent initiés par les groupes de la distribution (45%) tels que Casino, Auchan ou Carrefour dans l’alimentaire, ou encore Bricorama, Conforama, Jardiland ou Go Sport dans le non alimentaire. Ces derniers
Répartition
par
branche
s’inscrivent
dans
une
logiqued’activité*
de segmentation de leur clientèle, soit en séparant leurs différentes activités (à l’instar de
Phildar qui sépare son activité de prêt-à-porter de celle de vente de fils à tricoter), soit en déclinant différents formats de
magasin (tels que Carrefour avec Carrefour Express). Les investisseurs individuels sont également relativement dynamiques
en matière de création de nouveaux concepts (33%) et sont souvent à l’initiative de concepts originaux (Centre Commercial,
Moustaches…) les mettant à l’abri d’une concurrence frontale avec les grands groupes de la distribution. Enfin, les industriels
poursuivent leur mouvement d’intégration aval, mais à un rythme moins soutenu que par le passé. En 2010, ils
sont à l’origine d’un nouveau concept sur cinq contre un tiers en 2006.
Par ailleurs, l’ouverture du marché français aux acteurs étrangers se poursuit, le poids de ces derniers parmi les investisseurs
se révélant relativement important (25% des nouveaux concepts recensés, dont les trois quarts sont d’origine européenne).
Il s’agit principalement de groupes de la distribution qui implantent une enseigne, nouvelle en France mais souvent solidement installée dans son pays d’origine. Cela témoigne du processus de globalisation dans lequel est engagé
le secteur du commerce.
Vers une généralisation du modèle « click and mortar »
Les initiateurs de nouveaux concepts sont nombreux à avoir pris en compte les enjeux de leur présence sur Internet puisque
84% d’entre eux disposent d’un site contre 66% en 2005. Toutefois, ils sont à peine la moitié à avoir adopté une stratégie
multicanale en raison principalement du coût financier et de l’investissement intellectuel encore important que représente
la mise en place d’un site marchand et du système logistique associé. Toutefois, cette proportion est également
en progression puisque seuls 20% des concepts lancés il y a cinq ans disposaient d’un site marchand.
Le développement durable, une problématique encore peu intégrée
La plupart des nouveaux concepts étudiés ont intégré la dimension écologique dans la construction de leur point de vente
(80%). Toutefois, ces considérations environnementales relèvent davantage d’une obligation réglementaire que d’un
véritable parti pris écologique. En revanche, la prise en compte du développement durable via l’offre de produits ou la
gestion de la relation client résulte davantage de choix stratégiques. Au travers de leur aménagement et des messages évocateurs distillés au sein des magasins, certaines enseignes (Centre Commercial, L’échoppée Locale) développent une
composante immatérielle dans le registre de l’écologie ou de l’éthique, renforçant ainsi les convictions des initiés ou convertissant les novices à ces différents enjeux. Toutefois, peu de nouveaux concepts ont mis au centre de leur stratégie la
composante environnementale. La plupart se contentent d’intégrer quelques éléments afin de valoriser leur image sociétale.
Une conception des points de vente “orientée client”
Les nouveaux concepts tentent de faire de leur point de vente un lieu agréable, les clients ne venant plus exclusivement
pour faire leurs courses mais également pour se distraire et vivre une expérience particulière.
Un cadre de vente plus agréable
Si le parti pris des enseignes discount en matière de décoration est davantage dicté par des considérations budgétaires que
par des préoccupations esthétiques, les nouveaux concepts véhiculant une dimension immatérielle forte (écologie, éthique)
ou ceux positionnés haut de gamme / luxe accordent, quant à eux, un soin tout particulier à l’aménagement de leur point de
vente. La tendance générale est à l’utilisation de plus en plus importante de matériaux naturels (parquet, pierres apparentes
aux murs, boiseries, bois dans la confection des rayonnages) et de teintes naturelles (beige, marron, vert), s’expliquant principalement par la prédominance parmi les nouveaux concepts recensés d’enseignes positionnées haut de gamme et/ou développant des valeurs immatérielles autour de l’écologie. La musique, même si le genre diffusé ne fait pas l’objet d’une réflexion
stratégique de la part du commerçant, est également fortement présente au sein des points de vente (72% des nouveaux
concepts), l’objectif principal étant de créer une ambiance de fond. A contrario, la mise en place de diffuseurs d’odeurs reste
encore peu fréquente et demeure l’apanage des concepts vendant des parfums d’intérieur. .
Les nouvelles enseignes recensées en 2010 (2/3)
-
Greenway
Hal’Shop
Hoalen Ocean Store
Jack Wolfskin
JD King of trainers
Kiko
-
Kuyichi
La compagnie du linge
La manufacture d’intérieurs
Lacoste (enfant)
Lacoste Live
L’atelier cuisinier
-
Le coq sportif
L’échoppée locale
Les enfants de Noé
Les fées de Bengale
L’espace Néo Mundo
L’esprit Jardiland
-
Little French trotters
Lou and Home
Moustaches
My Sweet Bio
Natura
Noelie
3
Enfin, même si l’organisation de l’offre par catégories de produits est très souvent observée parmi les nouveaux concepts, on
constate une volonté croissante de la part des commerçants d’offrir une meilleure visibilité de l’offre et de simplifier le
parcours du client par le biais d’une organisation reposant sur l’univers de consommation. Ainsi, ils réunissent au sein d’un
même
point de par
vente
des produits
hétérogènes mais complémentaires sur le plan des usages.
Répartition
branche
d’activité*
Vers un enrichissement de la prestation commerciale
La majorité des nouveaux concepts recensés (70%) a opté pour une rupture avec l’exposition linéaire des produits et pratique
la mise en situation de l’offre à travers l’utilisation de mannequins ou encore la création de différents univers de la maison,
aux ambiances faciles à recréer par le client. Les nouveaux concepts ne se contentent plus de vendre un produit
mais se veulent force de proposition en matière d’utilisation de leur offre.
En outre, de nombreuses enseignes cherchent à affirmer la vocation « lieu de vie » de leur point de vente et à renforcer la
relation qu’elles entretiennent avec leur client. Pour ce faire, nombre d’entre elles accroissent la communication au sein du
point de vente avec la clientèle (52%) et proposent des services de plus en plus attrayants (au moins un service dans 60% des
cas). Si le programme de fidélisation constitue le service le plus répandu, les animations, la personnalisation des produits et
la livraison à domicile sont particulièrement bien représentés. On voit par ailleurs se développer les espaces de
conseil, la mise à disposition de coach ou encore la garde d’enfants.
Enfin, au-delà de l’enrichissement de la prestation commerciale en services et de la mise en situation de l’offre, certaines
enseignes vont jusqu’à proposer des solutions « bouquets ». Cette approche passe généralement par une prise en charge
personnalisée de chaque client, comme c’est le cas pour Manufacture d’Intérieurs qui, outre la vente de placards, assure
les aménagements à l’aide d’un architecte d’intérieur.
La progression des valeurs immatérielles
Le déploiement d’un imaginaire immatériel permet d’apporter un supplément de valeur à l’offre des distributeurs, les clients
choisissant d’acheter le produit pour son utilité mais aussi parce qu’ils adhèrent aux valeurs de l’enseigne. En 2010, on a
observé une forte progression de la place accordée à l’immatériel puisque 80% des nouveaux concepts recensés développent
ce type de composante contre environ 50% en 2002. Les dimensions immatérielles sont de nature très diverse selon les
enseignes. Les registres les plus représentés sont le luxe, la modernité, l’écologie et le street/citadin..
Les partis pris en matière de positionnements stratégiques
Dans un environnement concurrentiel exacerbé et internationalisé, les groupes de la distribution doivent effectuer les choix
stratégiques adéquats. Ainsi, les grandes tendances en matière de positionnement marketing des nouveaux concepts
ont pu être décryptées au travers de la grille d’analyse présentée par P. Moati (2001) .
La différenciation, une stratégie gagnante (vs stratégie de compétitivité-prix)
La majorité des nouveaux concepts visités s’inscrit dans une démarche de différenciation pure (73%), fondée sur
l’aménagement du point de vente et/ou sur l’offre.
Di érencia!on de l’o re et de l’aménagement
Di érencia!on de l’o re seule
Di érencia!on de l’aménagement seul
Posi!onnement « prix » ou mixte
33%
0%
40%
27%
Différents leviers ont été actionnés par les distributeurs pour différencier leur offre de produits, à savoir :
- l’originalité de l’assortiment (62% des enseignes interrogées),
- la qualité (57%),
- la richesse de l’offre de services (28%).
Les nouvelles enseignes recensées en 2010 (3/3)
-
Open House
Origeen
Papstar
Partisans du goût
Pimlico
Prixbas
-
Rue de la fête
Rue Hérold
Sabon
Salsa
Sita Murt
Sport shoes department
-
Suite 381
Tag Heuer
Terre de marin
Terre d’Oc
The family market
Thomas Sabo
-
Tila March
Uah
Un dimanche à Paris
Urban drive
4
Toutefois, dans un contexte marqué par la sensibilité accrue des consommateurs aux prix, quelques concepts ont choisi de
se positionner résolument du côté des prix bas, mais ils demeurent très minoritaires. Il ne s’agit pas de « discount cheap »,
les nouveaux concepts entretenant leur compétitivité-prix sans pour autant négliger la qualité de leurs produits et la
profondeur
de leur
Répartition
par assortiment.
branche d’activité*
Enfin, même si les deux positionnements génériques (prix et différenciation) semblent a priori inconciliables selon la théorie
de M. Porter, il apparaît depuis plusieurs années que face à l’intensification de la concurrence, l’association d’une forte
compétitivité-prix et d’une différenciation marquée constitue un puissant facteur de compétitivité. Ainsi, certaines enseignes ont su concilier ces deux approches, en apparence dichotomiques, et mettre en place une stratégie qualifiée de
différenciation à moindre coût.
L’analyse réalisée nous permet d’observer une corrélation évidente entre les enseignes ayant opté pour une stratégie de
différenciation forte et la bonne - voire très bonne - qualité de l’aménagement, ainsi qu’entre un positionnement prix bas et
une faible qualité de l’aménagement. A contrario, il n’apparaît pas de lien direct entre l’originalité consacrée à
l’aménagement et la différenciation de l’enseigne ou sa bonne compétitivité-prix.
Une domination des stratégies de segmentation (vs stratégies globales)
Une large majorité des nouveaux concepts interrogés ont choisi de s’adresser uniquement à une frange de la population en
segmentant leur clientèle, que ce soit selon des critères démographiques, de niveau de vie, ou correspondant à des occasions
de consommation particulières ou à des registres immatériels spécifiques. Ces concepts segmentants affichent clairement
leur positionnement au travers de la construction de leur assortiment, de l’aménagement du point de vente et de leur mode
de communication afin d’être clairement identifiés et reconnus auprès de la cible visée. La tendance consiste
donc à un ciblage de plus en plus fin de la demande.
Quelques concepts seulement s’adressent de manière exhaustive à l’ensemble du marché et pratiquent un marketing indifférencié. Il s’agit, par exemple, du nouveau concept d’hypermarché de Carrefour baptisé Planet, du concept de bricolage
discount de Bricorama ou encore de l’enseigne Entendre, spécialisée dans les appareils auditifs.
Des positionnements « bouquet » majoritaires (vs positionnements « produit »)
Une large majorité des nouveaux concepts interrogés ont opté pour un positionnement « bouquet », réunissant au sein de
leur point de vente des biens et services provenant de filières d’approvisionnement différentes mais dotés d’une cohérence
du point de vue des consommateurs. Cette cohérence peut être de nature fonctionnelle (les produits convergent vers un
même usage), à l’instar de Brico-Usine qui regroupe l’ensemble des éléments nécessaires au bricolage, ou encore de Greenway répondant au besoin de mobilité urbaine en proposant à la fois des modes de déplacement, des accessoires qui leur sont
dédiés ainsi qu’un service de réparation. Elle peut également être symbolique, résidant dans l’appartenance à un même
univers de consommation. C’est le cas par exemple de Chevignon (style vintage) ou de Lou and Home (prêt-à-porter féminin,
accessoires et objets de décoration destinés à la femme active). La prépondérance de ce positionnement
témoigne de la volonté des distributeurs d’apporter des solutions globales aux besoins des clients.
Quelques nouveaux concepts ont toutefois conservé un positionnement produit. Il s’agit essentiellement d’enseignes de
l’habillement, à l’instar de Lacoste ou Athena.
La prédominance des spécialistes (vs généralistes)
Parmi les enseignes visitées, toutes se caractérisent comme spécialistes ou multi-spécialistes, proposant un large choix et
véhiculant une image de compétence dans le domaine concerné. Certains concepts sont initiés par des distributeurs dont
l’activité principale réside dans l’exploitation de formats généralistes. C’est le cas de Partisans du goût (Auchan), Confo
Déco (Conforama) ou Bar à pelotes (Phildar). Il s’agit là d’une stratégie de déclinaison des formats de la part des groupes de
la distribution, permettant de segmenter la clientèle.
Les remodelages recensés en 2010 (1/2)
-
Alain Figaret
Benetton
Burberry
Burton of London
Caroll
Charles Jourdan
-
Chevignon
Courir
De Neuville
Entendre
Espace SFR
Eurodif
-
Franck et fils
Furet du nord
Glup’s
Go Sport
Hermes
Heure et Montres
-
Houles
Jennyfer
JYSK
Keria
L’affaire des doubles rideaux
Leader Price
5
En conclusion, il apparaît que la dégradation du contexte économique n’a pas fondamentalement remis en cause la
dynamique de création de nouveaux concepts commerciaux. Toutefois, si le bilan quantitatif est plutôt satisfaisant, celui en
termes d’innovation au sein de ces nouvelles structures est plus mitigé.
Dans
le commerce,
parle d’innovations
Répartition
par on
branche
d’activité* conceptuelles lorsque la nouveauté porte sur l’ensemble du mix magasin – produit
(l’offre de biens et services, le cadre de vente, la localisation…). Or, l’analyse des nouveaux concepts recensés en 2010 dans le
cadre de l’ONCC laisse apparaître très peu de cas réellement innovants. Cette caractéristique est particulièrement vraie au
sein des remodelages qui s’inscrivent pour la plupart dans une logique de réaménagement du point de vente afin de faire face
au vieillissement du concept. Parmi les nouveaux concepts, les innovations sont plus courantes même si, pour la plupart, ces
dernières ne portent que sur l’un des éléments du mix produit-magasin, que ce soit la conception du
point de vente, l’offre ou encore le positionnement marketing original.
La faiblesse du nombre de nouveaux concepts innovants reflète ainsi l’absence de rupture fondamentale au sein du
secteur du commerce. On constate au contraire une certaine continuité des tendances de transformation amorcées il y a
une vingtaine d’années. L’orientation client des concepts a tendance à se renforcer, s’exprimant au travers de :
- l’enrichissement de la prestation commerciale, certains nouveaux concepts allant jusqu’à adopter une
posture d’apporteurs de solutions via une offre de bouquets de biens et services,
- un ciblage de plus en plus précis du marché de façon à répondre à l’hétérogénéité et à la complexité croissante de la demande,
- une qualité croissante de l’aménagement des points de vente, les magasins étant pensés comme de
véritables lieux de vie promettant des expériences positives aux clients.
1 La méthode de recensement de la Correspondance de l’Enseigne diffère sensiblement de celle de l’ONCC. Toutefois, elle est l’unique
source permettant un suivi historique de la dynamique de création des nouveaux concepts.
2 La méthodologie utilisée est disponible à la fin de ce document.
3 Le positionnement des nouveaux concepts a été opéré sur la base des données issues des entretiens téléphoniques et des visites de
magasins.
4 P. Moati (2001), L’avenir de la grande distribution, Odile Jacob, Paris.
Les remodelages recensés en 2010 (2/2)
-
Lepape
Lush
Mais il est où le soleil ?
Match
Max Mara
Mim
-
Monceau Fleurs
Mondial tissus
Nature et découvertes
New Look
Nocibé
Oxybul
-
Oya
Patrice Bréal
Ralph Lauren
Redskins
San Marina
Socoo’c
- Vet’Affaires
6
Méthodologie de l’ONCC
épartition par branche d’activité*
Définition d’un nouveau concept commercial
Dans l’analyse, nous distinguons deux catégories de nouveaux concepts : la transformation de concept opérée par une enseigne existante (on parlera alors de remodelage pour reprendre le jargon de la distribution) et la création d’une nouvelle enseigne ex nihilo. Par souci de pertinence analytique, nous n’avons retenu que les concepts susceptibles d’être exploités à l’échelle
d’un réseau de points de vente en cas de succès, puisque seuls ces derniers sont susceptibles d’influencer les tendances
d’évolution du secteur de la distribution. Nous avons donc exclu les nouveaux concepts portés par des commerçants indépendants isolés. Toutefois, ce choix méthodologique se heurte à la difficulté d’apprécier a priori la capacité d’une nouvelle enseigne à se développer en réseau. Seul le suivi dans le temps des concepts pourrait nous permettre de juger de leur potentiel de
développement. La définition adoptée comporte une seconde limite : bien que l’adjectif « nouveau » renvoie à l’idée
d’innovation, cette définition ne prend pas en compte le caractère innovant des nouveaux concepts. Toutefois, il s’agit là d’un
choix méthodologique assumé en raison notamment de la difficulté qu’il y a à apprécier a priori le caractère innovant d’un
nouveau concept. De plus, la subjectivité d’une telle évaluation aurait abouti à un biais analytique notoire. Enfin, le degré
d’innovation constitue l’une des caractéristiques intrinsèques des nouveaux concepts et la suppression d’un tel facteur
d’analyse aurait nui à la représentativité de l’étude. Autrement dit, les nouveaux concepts ne sont pas nécessairement innovants et leur degré d’innovation constitue une information que nous avons été amenés à traiter dans l’analyse.
Identification des nouveaux concepts
Deux types de source ont été mobilisés pour procéder au recensement des nouveaux concepts :
- les sources documentaires (La Correspondance de l’Enseigne, la presse spécialisée telle que LSA, Points de
Vente, Le Journal du Textile, Linéaires, etc.) qui ont fait l’objet d’un dépouillement au fil de l’eau ;
- les remontées d’informations de la part du réseau de correspondants de l’Observatoire dans les structures partenaires : fédérations professionnelles, groupes de distribution, structures d’études sectorielles (IPEA, IFM,
IFLS...), échantillon de CCI en région, etc.
Description et qualification des nouveaux concepts
Parallèlement au recensement statistique des nouveaux concepts, afin de préciser leur contenu, nous avons procédé à une
analyse documentaire fondée sur la lecture de la presse spécialisée et, le cas échéant, sur la visite du site Internet des enseignes concernées. La collecte d’informations a par ailleurs été approfondie pour une partie des nouveaux concepts au moyen
d’une enquête de terrain (enquête téléphonique et/ou visite en magasin). A cet effet, deux questionnaires ont été élaborés. Le
premier a été administré à un responsable de réseau (responsable du développement, directeur marketing, etc.) ou à défaut
un responsable de magasin. Il vise à obtenir des précisions sur le contenu du concept concerné (détails sur l’assortiment, la
gamme de services offerts, etc.) et la manière dont les acteurs définissent leur concept, son positionnement, sa cible privilégiée... L’enquête téléphonique a été menée dans près de 41% des nouveaux concepts recensés (soit 46 enseignes, dont 31
nouvelles enseignes et 15 remodelages). Nous avons été confrontés à un taux de refus relativement élevé de la part des
acteurs, en particulier dans les enseignes existantes. Le second questionnaire a quant à lui été rempli à l’occasion d’une visite
en magasin. Il vise essentiellement à recueillir des faits d’observation sur l’environnement du point de vente (capacité
d’attraction, accessibilité, etc.), l’aménagement et la décoration du point de vente (principe d’organisation de l’offre, matériaux utilisés, couleurs dominantes, etc.), l’offre de produits (composition et déclinaison de l’assortiment, gamme de service
offerts, etc.). Il a également pour fonction de positionner les nouveaux concepts au regard d’un certain nombre de dimensions
stratégiques (compétitivité-prix, différenciation, etc.) qui ont fait l’objet d’une évaluation subjective de la part de l’enquêteur.
Les visites de magasin ont porté sur 83 enseignes (soit 73% de l’ensemble des enseignes recensées), dont 49 nouvelles enseignes et 34 remodelages. Il convient de souligner la limite de cette démarche, à savoir la part importante de subjectivité qu’elle
implique dans le cadre des entretiens téléphoniques (subjectivité des réponses données par les responsables de réseau) et dans
celui des visites de magasin (certaines variables ont impliqué une évaluation, un jugement de la part de l’enquêteur). Par
conséquent, les analyses de ce rapport ont essentiellement une valeur illustrative.
Contacts de l’ONCC :
CREDOC
7 Rue du chevaleret
75 013 - Paris
IFLS
118 Avenue de France
75 013 - Paris
Céline Funel
01 40 77 85 24
Bernard Bresson
01 46 46 14 92
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